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Gypsophila struthium L. nouvelle espèce pour la flore du Maroc Abdelmonaim HOMRANI BAKALI* 1 et Jean-Paul PELTIER 2 1. Centre régional de la recherche agronomique d’Errachidia, Maroc *([email protected]) 2. 6 place de la Commune 38130 Echirolles, France. Gypsophila struthium L., new species for the flora of Morocco Résumé. La présence de Gypsophila struthium L. (Caryophyllaceae) est signalée pour la première fois au Maroc, dans la région du Drâa-Tafi- lalet. Une brève description et la localisation géographique précise de l’espèce sont présentées. Mots-clés : Gypsophila, Caryophyllaceae, Drâa-Tafilalet, Maroc. Abstract. The presence of Gypsophila struthium L. (Caryophyllaceae) is reported for the first time in Morocco, in the Drâa-Tafilalet region. A brief description and precise geographical location of the species are presented. Keywords: Gypsophila, Caryophyllaceae, Drâa-Tafilalet, Morocco. INTRODUCTION Lors d’une prospection dans le cadre des travaux de recherche de l’INRA destinée à découvrir la flore et la végétation de la région de Drâa-Tafilalet et plus précisément la province de Tinghir, l’attention de l’un de nous deux (A. H B) a été attirée par une Caryophyllaceae qui a été reconnue immédiatement comme appartenant au genre Gypsophila. Le genre Gypsophila compte approximativement 150 espèces (Barkoudah 1962, Mabberley 2008). C’est principalement un genre eurasiatique, plus précisément E-méditerranéen et irano-touranien. La plus grande diversité d’espèces se trouve en Turquie, dans la région du Caucase et en Iran (Barkoudah 1962, Bittrich 1993). En Espagne, il existe huit espèces appartenant à trois sections différentes (Castroviejo et al. 1990). La flore pratique du Maroc (Fennane et al. 1999) et l’inventaire et chorologie (Fennane & Ibn Tattou 2005) ne signalent au Maroc qu’une seule espèce, Gypsophila pilosa Hudson (=Gypsophila porrigens (L.) Boiss.) La plante est présente dans le Maroc oriental, mais sa spontanéité est mise en doute (Chavanon 1989). La Tunisie et l’Algérie abritent Gypsophila pilosa Hudson (Le Floc’h et al. 2010, Kazi Tani 2013). La nouvelle espèce a été déterminée par l’un de nous deux (A. H. B.) à l’aide de Flora Iberica (Castroviejo et al. 1990). Il s’agit de Gypsophila struthium subsp. struthium, taxon endémique des basses collines (400-900 m) de gypse du Messinien, du centre, de l’est et du sud-est de l’Espagne (Nieto et al. 2013). DESCRIPTION DE GYPSOPHILA STRUTHIUM La description est faite à partir de matériel frais. C’est une plante pérenne suffrutescente (Fig. 1), de 40–140 cm, glabre, à tiges creuses, dressées dès la base, épaissies au niveau des nœuds. Feuilles linéaires 8–65 x 1–3,5 mm, opposées, sessiles, à bases subconnées, subtriquètres, mucronées, succulentes, sans stipules. Fleurs disposées en dichases. Inflorescence corymbiforme ou capituliforme. Bractées des inflorescences petites, à larges marges scarieuses blanchâtres. Fleurs actinomorphes, hermaphrodites et pentamères. Calice de 3–4,5 mm, campanulé, divisé jusqu’au milieu, à lobes ovales-lancéolés, aigus, verts, glabres avec une marge scarieuse blanche. Pétales plus longs que le calice, de 3,5– 5,5 mm, entiers, blancs (parfois rose lilas) à onglet plus long que le limbe. 10 étamines à filets filiformes, blancs, glabres, à anthères ordinairement violacées, médifixes. 2 carpelles soudés, ovaire sessile, ovoïde, glabre. 2 styles, libres, filiformes. Carpophore tout petit. Capsule dépassant peu le calice, de 3-5 mm, ovoïde, s’ouvrant par 4 dents. Graines réniformes de 1,2-1,9 × 1-1,4 mm, à tubercules alignés bien visibles, noirs ou bruns. Flora Iberica (Castroviejo et al. 1990) décrit deux sous- espèces qui diffèrent selon l’architecture de l’inflorescence. Gypsophila struthium subsp. struthium a une inflorescence capituliforme (pédicelles de 0-1,5 (3) mm), tandis que Gypsophila struthium subsp. hispanica (Willk) G. López a une inflorescence corymbiforme (pédicelles de 0,5-4 (6) mm). En Espagne, les deux subsp. occupent des régions géographiques différentes bien que souvent adjacentes. Gypsophila struthium subsp. struthium occupe le centre, l’est et le sud-est du Pays et Gypsophila struthium subsp. hispanica (Willk) G. López le nord-est. Elles ont pour origine une spéciation allopatrique (Nieto et al. 2013, De Luis et al. 2018). La plante de Boutaghrar possède une inflorescence capituliforme. Les pédicelles des fleurs mesurent entre 0,5 à 3 mm : il s’agit donc de la subsp. struthium. La clé de détermination du genre Gypsophila de la flore pratique du Maroc (Fennane et al. 1999) devient : - Plantes annuelles poilues à poils articulés et étalés inégaux …………………………………..……...…G. pilosa - Plantes pérennes suffrutescentes glabres ..…G. struthium - Inflorescences capituliformes; pédicelles 0- 1,5 (3) mm ........ ............................................................... subsp. struthium e-ISSN : 2458-7184 Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, Section Sciences de la Vie, 2020, n° 42, 59-62 -Note courte-

-Note courte- · 2021. 1. 22. · Flora Iberica (Castroviejo et al. 1990) décrit deux sous-espèces qui diffèrent selon l’architecture de l’inflorescence. Gypsophila struthium

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  • Gypsophila struthium L. nouvelle espèce pour la flore du Maroc

    Abdelmonaim Homrani Bakali*1 et Jean-Paul peltier2

    1. Centre régional de la recherche agronomique d’Errachidia, Maroc *([email protected])2. 6 place de la Commune 38130 Echirolles, France.

    Gypsophila struthium L., new species for the flora of Morocco

    Résumé. La présence de Gypsophila struthium L. (Caryophyllaceae) est signalée pour la première fois au Maroc, dans la région du Drâa-Tafi-lalet. Une brève description et la localisation géographique précise de l’espèce sont présentées.Mots-clés : Gypsophila, Caryophyllaceae, Drâa-Tafilalet, Maroc.Abstract. The presence of Gypsophila struthium L. (Caryophyllaceae) is reported for the first time in Morocco, in the Drâa-Tafilalet region. A brief description and precise geographical location of the species are presented.Keywords: Gypsophila, Caryophyllaceae, Drâa-Tafilalet, Morocco.

    INTRODUCTIONLors d’une prospection dans le cadre des travaux de

    recherche de l’INRA destinée à découvrir la flore et la végétation de la région de Drâa-Tafilalet et plus précisément la province de Tinghir, l’attention de l’un de nous deux (A. H B) a été attirée par une Caryophyllaceae qui a été reconnueimmédiatement comme appartenant au genre Gypsophila.Le genre Gypsophila compte approximativement 150 espèces (Barkoudah 1962, Mabberley 2008). C’est principalement un genre eurasiatique, plus précisément E-méditerranéen et irano-touranien. La plus grande diversité d’espèces se trouve en Turquie, dans la région du Caucase et en Iran (Barkoudah 1962, Bittrich 1993). En Espagne, il existe huit espèces appartenant à trois sections différentes (Castroviejo et al. 1990).

    La flore pratique du Maroc (Fennane et al. 1999) et l’inventaire et chorologie (Fennane & Ibn Tattou 2005) ne signalent au Maroc qu’une seule espèce, Gypsophila pilosa Hudson (=Gypsophila porrigens (L.) Boiss.) La plante est présente dans le Maroc oriental, mais sa spontanéité est mise en doute (Chavanon 1989). La Tunisie et l’Algérie abritent Gypsophila pilosa Hudson (Le Floc’h et al. 2010, Kazi Tani 2013).

    La nouvelle espèce a été déterminée par l’un de nous deux (A. H. B.) à l’aide de Flora Iberica (Castroviejo et al. 1990). Il s’agit de Gypsophila struthium subsp. struthium, taxon endémique des basses collines (400-900 m) de gypse du Messinien, du centre, de l’est et du sud-est de l’Espagne (Nieto et al. 2013).

    DESCRIPTION DE GYPSOPHILA STRUTHIUMLa description est faite à partir de matériel frais. C’est une

    plante pérenne suffrutescente (Fig. 1), de 40–140 cm, glabre, à tiges creuses, dressées dès la base, épaissies au niveau des nœuds. Feuilles linéaires 8–65 x 1–3,5 mm, opposées, sessiles, à bases subconnées, subtriquètres, mucronées, succulentes, sans stipules. Fleurs disposées en dichases.

    Inflorescence corymbiforme ou capituliforme. Bractées des inflorescences petites, à larges marges scarieuses blanchâtres. Fleurs actinomorphes, hermaphrodites et pentamères. Calice de 3–4,5 mm, campanulé, divisé jusqu’au milieu, à lobes ovales-lancéolés, aigus, verts, glabres avec une marge scarieuse blanche. Pétales plus longs que le calice, de 3,5–5,5 mm, entiers, blancs (parfois rose lilas) à onglet plus long que le limbe. 10 étamines à filets filiformes, blancs, glabres, à anthères ordinairement violacées, médifixes. 2 carpelles soudés, ovaire sessile, ovoïde, glabre. 2 styles, libres, filiformes. Carpophore tout petit. Capsule dépassant peu le calice, de 3-5 mm, ovoïde, s’ouvrant par 4 dents. Graines réniformes de 1,2-1,9 × 1-1,4 mm, à tubercules alignés bien visibles, noirs ou bruns.

    Flora Iberica (Castroviejo et al. 1990) décrit deux sous-espèces qui diffèrent selon l’architecture de l’inflorescence. Gypsophila struthium subsp. struthium a une inflorescence capituliforme (pédicelles de 0-1,5 (3) mm), tandis que Gypsophila struthium subsp. hispanica (Willk) G. López a une inflorescence corymbiforme (pédicelles de 0,5-4 (6) mm).

    En Espagne, les deux subsp. occupent des régions géographiques différentes bien que souvent adjacentes. Gypsophila struthium subsp. struthium occupe le centre, l’est et le sud-est du Pays et Gypsophila struthium subsp. hispanica (Willk) G. López le nord-est. Elles ont pour origine une spéciation allopatrique (Nieto et al. 2013, De Luis et al. 2018).

    La plante de Boutaghrar possède une inflorescence capituliforme. Les pédicelles des fleurs mesurent entre 0,5 à 3 mm : il s’agit donc de la subsp. struthium.

    La clé de détermination du genre Gypsophila de la flore pratique du Maroc (Fennane et al. 1999) devient :- Plantes annuelles poilues à poils articulés et étalés inégaux …………………………………..……...…G. pilosa- Plantes pérennes suffrutescentes glabres ..…G. struthium- Inflorescences capituliformes; pédicelles 0- 1,5 (3) mm ....................................................................... subsp. struthium

    e-ISSN : 2458-7184Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, Section Sciences de la Vie, 2020, n° 42, 59-62

    -Note courte-

  • 60 Homrani & Peltier - Gypsophila struthium L. nouvelle espèce pour la fore du Maroc

    Figure 1. Gypsophila struthium subsp. struthium, A : plante en floraison ; B : coupe transversale de la tige ; C : tiges feuillées ; D : coupe transversale de la feuille ; E : vue latérale de l’inflorescence ; F : fleurs ; G : capsule et fleur ; H : graines réniformes; I : specimens d’herbier de Gypsophila struthium subsp. struthium.Figure 1. Gypsophila struthium subsp. struthium, A: flowering plant; B: cross section of the stem; C: plant showing linear leaves; D: cross-section of the fleshy leaf; E: lateral view of inflorescence; F: flowers; G: capsule and flower; H: subreniform seeds; I: herbarium specimens of Gypsophila struthium subsp. struthium.

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  • 61Homrani & Peltier - Gypsophila struthium L. nouvelle espèce pour la fore du Maroc

    SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET ÉCOLOGIE

    Gypsophila struthium subsp. struthium a été observée la première fois le 17-06-2019 à environ 20 km au N. de Kelâa M’Gouna, à proximité du village de Boutaghar. Sa géolocalisation est géolocalisation est 31 22’30.73"N / 6°9’17.27"W ce qui la situe sur les piémonts du revers méridional du Haut Atlas oriental (Fig. 2). Des planches d’herbier (N° RAB111407) sont déposées dans les collections de l’herbier de l’Institut scientifique de Rabat (Fig. 1).

    La plante occupe le lit et les berges de l’oued M’Goun où elle est plus au moins abondante et atteint exceptionnellement 1.40 m à proximité des canaux d’irrigation des berges de l’oued. Elle est aussi présente dans la formation à Artemisia herba-alba Asso qui colonise le versant nord du Jbel Tialouite (Fig. 3), à des altitudes comprises entre 1550 m et 1750 m. Le sol est peu évolué, rubéfié, limoneux et le gypse affleure.

    La végétation est clairsemée, composée surtout de buissons bas (un astérisque indique les endémiques), associés à des espèces rudérales, correspondant à un paysage de steppe. Les espèces les plus remarquables sont : Nerium

    oleander L. (lit de l’oued M’Goun), Artemisia herba-alba Asso, *Artemisia atlantica Coss. & Dur. var. maroccana Maire, *Carthamus fruticosus Maire, Launaea arborescens (Batt.) Murb., *Hertia maroccana (Batt.) Maire, Lygeum spartum L., Ononis angustissima Lam., Astragalus armatus Willd., Anabasis oropediorum Maire, Salsola vermiculata L., *Euphorbia megalatlantica Ball, Thymus satureioides Coss., *Cladanthus eriolepis (Maire) Oberpr. & Vogt, Diplotaxis harra (Forssk.) Boiss., *Cheirolophus benoistii (Humbert) Holub, *Lavandula tenuisecta Coss. ex Ball, *Teucrium malenconianum Maire, Centaurea pubescens Willd, Moricandia arvensis (L.) DC.

    Il s’agit d’une formation dégradée que nous n’avons pas pu rattacher à une des unités syntaxonomiques définies sur le revers méridional du Haut Atlas oriental (Quézel et al. 1994).

    REMERCIEMENTSNous remercions le Pr Mario Martinez-Azorin du CIBIO

    (Instituto Universitario de la Biodiversidad), Université de Alicante, PO Box 99, E-03080 Alicante, Espagne qui a confirmé la détermination.

    Figure 2. Localisation de Gypsophila struthium subsp. struthium au Maroc (schéma topographique : Quézel et al. 1994, divisions géographiques du Maroc : Fennane et al. 1999).Figure 2. Geographical location of Gypsophila struthium subsp. struthium in Morocco (topography: Quézel et al. 1994, geographical divisions of Morocco: Fennane et al. 1999).

  • 62 Homrani & Peltier - Gypsophila struthium L. nouvelle espèce pour la fore du Maroc

    RÉFÉRENCESBarkoudah Y. I. 1962. A revision of Gypsophila, Bolanthus,

    Ankyropetalum and Phryna. Wentia, 9, 1-203.Bittrich V. 1993. Caryophyllaceae. In: Kubitzki, K., Rohwer, J. &

    Bittrich, V. (Eds.) The families and genera of vascular plants, vol. 2. Springer Verlag, Berlin, 230–231.

    Castroviejo S., Laínz M., López González G. et al. 1990. Flora Ibrica. Plantas vasculares de la Península Ibérica e Islas Baleares. vol. II Platanaceae-Plumbaginaceae. Real Jardin Botanico, CSIC, Madrid, 891p.

    Chavanone G. 1989. Note sur la présence de Gypsophila porrigens (L.) Boiss. dans le Maroc oriental. Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, série multidisciplinaire, 13, 93.

    De Luis M., Bartolome C., Garcia Cardo O. et al. 2018. Sympatric and allopatric niche shift of endemic Gypsophila (Caryophyllaceae) taxa in the Iberian Peninsula. PLoS ONE 13(11): e0206043. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0206043

    Fennane M., Ibn Tatou M., Mathez J. et al. (eds) 1999. Flore pratique du Maroc. Manuel de détermination des plantes vasculaires (vol. 1). Travaux Institut Scientifique, Rabat, série Botanique, 36, 1-558.

    Fennane M.et Ibn Tatou M. 2005. Flore vasculaire du Maroc. Inventaire et chorologie. Vol. 1. Travaux Institut Scientifique, Rabat, série Botanique, 37, 1-483.

    Kazi Tani C. 2013. Premier témoignage sur la présence de Gypsophila pilosa Huds. en Algérie. Poiretia, 5, 20-27.

    Le Floc’ E., Boulos L &Vela E. 2010. Catalogue synonymique commenté de la flore de Tunisie. République tunisienne. Ministère de l’Environnement et du Développement durable. Banque nationale de Gènes, 500 p.

    Martinez-Niéto M.I., Segarra-Moragues J.G., Merlo E. et al. 2013. Genetic diversity, genetic structure and phylogeography of the Iberian endemic Gypsophila struthium (Caryophyllaceae) as revealed by AFLP and plastid DNA sequences : connecting habitat fragmentation and diversification. Botanical Journal of the Linnean Society, 173, 654–675.

    Mabberley, D.J. (2008) Mabberley’s Plant-Book, 3rd ed. Cambridge University Press, Cambridge, 1040 p.

    Quézel P., Barbéro M., Benabid A et al.1994. Le passage de la végétation méditerranéenne à la végétation saharienne sur le revers méridional du Haut Atlas oriental (Maroc). Phytocoenologie, 22, 4, 537-582.

    WEBOGRAPHIE

    Web 1. Base de données des plantes d’Afrique (version 3.4.0). Conservatoire et Jardin botanique de la Ville de Genève and South African National Biodiversity Institute, Pretoria, http://www.villege.ch/musinfo/bd/cjb/africa/>, accès novembre 2019.

    Figure 3. Gypsophila struthium subsp. struthium sur sol gypsifère du versant nord du Jbel Tialouite.Figure 3. Gypsophila struthium subsp. struthium on gypsiferous soil in the northern slope of Jbel Tialouite.

    Manuscrit reçu le 02/12/2020Version révisée acceptée le 14/12/2020

    Version finale reçue le 15/12/2020Mise en ligne le 16/12/2020