122
NOTE DE CONJONCTURE JUIN 2008 Baisse de régime INSEE CONJONCTURE

NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

NOTE DE CONJONCTURE

JUIN 2008

Baisse de régime

I N S E E C O N J O N C T U R E

Page 2: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

NOTE DE

CONJONCTURE

Juin 2008© Insee 2008

Institut national de la statistique et des études économiquesDirecteur général : Jean-Philippe CotisDirection générale : 18 boulevard Adolphe Pinard - 75675 PARIS Cedex 14Téléphone : 01.41.17.50.50 / Télécopie : 01.41.17.66.66Adresse internet : http://www.insee.fr

Page 3: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

■ Directeur de la publication

Jean-Philippe Cotis

■ Rédacteurs en chefÉric DuboisPierre-Olivier BeffyLaurent ClavelChristelle Minodier

■ ContributeursFranck ArnaudAntonin AviatPatrick AubertJosé BardajiJean-Charles BricongneFrédéric BrouilletFranck CachiaMélanie ChassardMathilde ClémentVéronique CordeyVincent CottetOlivier DorothéeHélène Erkel-RousseJean-Marc FournierPhilippe GallotNicolas GrelicheGuillaume GuerreroVéronique GuihardSylvain HeckAudrey IselGuy LalanneFabrice LangumierDidier LefebvreBertrand LhommeauRonan MahieuVincent MarcusFrédéric OuradouBenoît OurliacCyril RebillardSophie RenaudNicolas de RiccardisÉric RubiloniPhilippe ScherrerOlivier SimonMarguerite SylvanderFrédéric TalletHélène ThélotMarie Zergat-BonninThierry Ziliotto

■ Secrétariat de rédactionet mise en pageJean-William AngelDominique MichotMaria DiazDenise Maury-Duprey

■ SecrétariatSamuel BertéNathalie ChampionNelly CoustéAntoine Le Roux

Les notes de conjoncture sont disponibles dès leurparution sur le serveur internet de l'Insee dans la ru-brique Conjoncture - Analyse de la conjoncture àl'adresse : www.insee.fr.

ISSN 0766-6268

Impression d’après documents fournisJOUVE - PARIS

Rédaction achevée le 12 juin 2008

Page 4: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

COMPTE ASSOCIÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

BAISSE DE RÉGIME

VUE D'ENSEMBLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

CONJONCTURE INTERNATIONALE

• Synthèse internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

• Pétrole et matières premières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

• Marchés financiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

• États-Unis et Royaume-Uni. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

• Japon, Chine et Asie émergente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

• Zone euro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

• Prix à la consommation au sein de la zone euro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

CONJONCTURE FRANCE

• Échanges extérieurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

• Recettes fiscales des administrations publiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

• Prix à la consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

• Emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

• Chômage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

• Salaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

• Revenus des ménages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

• Consommation et investissement des ménages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

• Résultats des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

• Investissement des entreprises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

• Stocks . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

• Production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

Éclairages• Appréhender l’incertitude autour de la prévision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15

• S'oriente-t-on vers un crédit crunch ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61

• La relance fiscale aux États-Unis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .66

• Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages . . . . . . . . . . 95

• Un nouvel indicateur synthétique du climat des affaires dans le commerce de détail et le commerceet la réparation automobile. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121

DOSSIERS

• Loi Galland et prix à la consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

• Les effets de l’appréciation de l’euro sur l’économie française . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Page 5: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Baisse de régime

Au premier trimestre de 2008, la croissancemondiale a rebondi après s’être nettement af-

faiblie au quatrième trimestre de 2007. Il s’agit tou-tefois d'une embellie passagère et le ralentissementà l’œuvre depuis la mi-2007 devrait se poursuivresur le reste de l’année 2008.

Trois évolutions continuent en effet de peser sur l’é-conomie mondiale. En cause, tout d’abord, la chutede la construction immobilière, qui ne donne pas designal d'accalmie et touche aussi bien les États-Unisque l’Irlande, l’Espagne ou le Royaume-Uni.Vient ensuite le renchérissement des matières pre-mières agricoles et pétrolières, dont la poursuite ali-mente la hausse des prix à la consommation. Laponction ainsi opérée sur le pouvoir d’achat vients’ajouter à la baisse de valeur du patrimoine immo-bilier pour freiner la consommation des ménages.La crise des marchés financiers, qui incite les ban-ques à freiner le crédit, tend enfin à se prolonger.La France s'est tenue jusqu'ici à l’écart du ralentisse-ment mondial, affichant encore une robuste crois-sance du PIB au premier trimestre (+0,6 %).Mais les enquêtes de conjoncture signalentdésormais un retournement des anticipations deschefs d’entreprise qui touche l’ensemble des sec-teurs.Le ralentissement de l’économie mondiale pèse surles carnets de commandes, de sorte que la produc-tion manufacturière ne devrait plus guère croître aucours des prochains trimestres.La demande des ménages français tend en outre às'affaiblir. Comme dans les autres pays industriali-sés, la consommation pâtit de la hausse des prix des

matières premières et le pouvoir d’achat du revenune devrait qu'assez faiblement progresser en 2008.Comme c’est le cas habituellement en phase de frei-nage du revenu, le taux d’épargne devrait baisser etsoutenir la consommation. Mais cette baisse s’an-nonce modeste, les ménages semblant privilégier lemaintien d’une épargne de précaution abondante.

En outre, la France subit à son tour un retournementdu marché immobilier. L’investissement résidentieldes ménages, encore en croissance l’année der-nière, devrait nettement baisser en 2008, comme lelaisse attendre la chute des mises en chantier dudébut d’année.Ainsi, la croissance française devrait être faible d’icila fin de l’année (+0,0 % à +0,2 % par trimestre).Sur l’ensemble de l’année elle serait limitée à 1,6 %.La baisse du chômage, encore sensible au premiertrimestre, devrait quasiment s’interrompre et le tauxde chômage s'établirait à 7,1 % en France métropo-litaine en fin d'année.Au-delà des aléas récurrents portant sur l’environ-nement international de la France, et qui n’ont pasdisparu (pétrole, taux de change, vitesse de résorp-tion des tensions financières,...), ce scénario est af-fecté de deux aléas plus nouveaux.Tout d’abord, si la chute des mises en chantier dudébut d’année se poursuivait dans les mois à venir,l’investissement des ménages pourrait amputer da-vantage encore la croissance française. À l’inverse,la bonne résistance dont a fait preuve jusqu’à pré-sent l’investissement des entreprises pourrait se pro-longer un peu plus longtemps qu’anticipé et soutenirainsi l'activité, dans un contexte où des tensions per-sistent encore sur l'appareil de production.

Juin 2008 7

Page 6: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

La forte croissance enregistréeau sein de la zone euroet au Japon au premier

trimestre a surpris

Au premier trimestre de 2008, la croissance des économies avancées a légère-ment rebondi (+0,5 % après +0,3 % au quatrième trimestre de 2007). Commeprévu, l’économie américaine est restée proche de la stagnation et leRoyaume-Uni a continué de ralentir (+0,4 % après +0,6 % au quatrième tri-mestre). En revanche, la croissance a nettement surpris à la hausse au Japon(+1,0 %) et en zone euro (+0,7 %). L’Allemagne a notamment affiché un taux decroissance très élevé (+1,5 %).

Mais elle sembleen partie surestimée

Ces performances doivent être relativisées : la croissance du Japon au quatrièmetrimestre a été revue à la baisse et le jour supplémentaire de février pourrait avoirété insuffisamment corrigé dans les statistiques officielles japonaises ; en outre, leretour à la normale de l’octroi des permis de construire a temporairement dopél’investissement en logement des ménages. De même, en Allemagne, la correc-tion positive des jours ouvrables est très forte au premier trimestre (Pâques ayanteu lieu au premier trimestre) et la clémence de la météo a stimulé l’activité dans laconstruction.

Le ralentissement de l’économie mondiale n’aurait marquéqu’une pause

Les enquêtes qualitatives de conjoncture ont poursuivi leur détérioration (cf. gra-phique 1). Le rebond de la croissance mondiale au premier trimestre ne remetdonc pas en cause la réalité du ralentissement en cours : l’économie mondialereste affectée par la crise financière et la poussée de l’inflation qui rogne le pou-voir d’achat des ménages.

En 2008, les perturbationsfinancières persisteraient

En effet, malgré les injections répétées de liquidités par les principales banquescentrales et les baisses de taux d’intérêt de la Fed, les tensions sur les marchésmonétaires persistent encore. Cette situation, défavorable au financement deprojets par emprunts bancaires, devrait perdurer en 2008 tant que les pertes liéesà la crise financière ne seront pas complètement soldées. L'atténuation du mou-vement de fuite vers la qualité observée depuis avril semble néanmoins augurerun apaisement progressif des tensions.

8 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

1 - Indicateur d'activité (Purchasing Manager's Index) dans les économies avancées

Source : Insee

Page 7: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

L’inflation mondiale est élevée

Le prix du pétrole resteraità un niveau élevé

L’inflation est élevée dans la plupart des pays. Elle est alimentée par la hausse desprix des matières premières. Ainsi, le prix du baril de Brent a augmenté d’environ50 % depuis le début de l’année, passant de 90 $ en janvier à plus de 135 $ dé-but juin avant de se replier légèrement. La demande de pétrole est dynamique etdevrait le rester, du fait des pays émergents et du Moyen-Orient, même si l’éco-nomie mondiale ralentit. Dans le même temps, l’offre de pétrole inquiète :l’OPEP ne semble pas disposée à mobiliser des capacités additionnelles limi-tées ; l'absence d’investissement handicape la production russe et les tensionsgéopolitiques, notamment au Nigéria, continuent de perturber l’extraction depétrole. Le prix du baril de Brent devrait donc rester élevé, fluctuant autour de130 $ d’ici à la fin de l’année.

L’inflation alimentairetouche particulièrement

les pays émergents

Les prix des principales denrées alimentaires telles que le blé ou le riz atteignentégalement des niveaux élevés et leur décrue ne pourra être que progressive (cf.graphique 2). La mise en place de nouvelles productions nécessite en effet desdélais parfois importants. En outre, le renchérissement des équipements agrico-les et des engrais a sans doute limité plus que d’habitude les nouveaux investisse-ments. De surcroît, les récentes catastrophes naturelles qui ont affecté la Chine etla Birmanie ont touché des régions agricoles importantes pour la production deriz. La hausse des prix des matières premières agricoles se diffuse enfin aux pro-duits alimentaires transformés. Elle affecte plus fortement les ménages dont lapart du budget consacrée à l’alimentation est importante, notamment les ména-ges des pays émergents et les ménages les plus modestes dans les économiesavancées.

La consommation devraiten souffrir

Pâtissant de l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat des ménages, et du ralentis-sement du commerce mondial, les économies émergentes ralentiraient à leurtour. Dans la plupart des économies avancées, la consommation devrait nette-ment freiner, à l’exception notable des États-Unis : la relance fiscale donne tem-porairement un net surcroît de revenu aux ménages.

L’inflation réduit les marges demanoeuvre des politiques

monétaires face auralentissement de l'activité

Dans ce contexte inflationniste, la Fed et la Banque d’Angleterre ont récemmentopté pour le statu quo de leur politique monétaire. Ce statu quo devrait perdurercar l’inflation resterait au-dessus des objectifs des banques centrales, limitantainsi leur possibilité à assouplir les politiques monétaires en cette période de ra-lentissement. La BCE, qui n'a pas modifié ses taux depuis l'été dernier, semblemême prête à les relever.

Mars 2008 9

Vue d'ensemble

2 - Pétrole, boisseau de blé et riz

Source : Insee

Page 8: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

La dégradation conjoncturelle est amplifiée par les difficultésdu secteur immobilier

La crise immobilière américaineest l’une des plus sévères de

l'après-guerre

Le ralentissement est plus marqué dans les pays où le marché immobilier s’est re-tourné brutalement. Aux États-Unis, la crise du marché immobilier n’est pas ter-minée : les ventes de logements continuent de baisser, les stocks de logementsinvendus sont au plus haut et les mises en chantier au plus bas. Cette crise immo-bilière est d’ores et déjà l’une des plus sévères de l'après-guerre. L’investissementen logement des ménages continue de chuter et leur consommation commenceà pâtir de la baisse de leur patrimoine immobilier. L’économie américaine devraitdans ces conditions connaître une quasi-stagnation au cours des prochains tri-mestres. L'activité resterait toutefois soutenue par un commerce extérieur qui pro-fiterait de la dépréciation passée du dollar et, temporairement, par la relancefiscale.

Le retournement des priximmobiliers est également

brutal au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni également, le marché immobilier s’est retourné. L’investisse-ment en logement des ménages aurait reculé au premier trimestre en lien avec unajustement assez brutal des prix immobiliers. D’ici la fin de l’année, la croissanceéconomique serait atone.

En zone euro, la situation dumarché immobilier est moins

préoccupante en moyenne

En zone euro enfin, la situation de l’immobilier est moins préoccupante enmoyenne, même si les marchés immobiliers de certains pays comme l’Espagne,la Finlande ou l’Irlande s’ajustent brutalement et qu’il n’est pas exclu que d’autresleur emboîtent le pas. En outre, l’investissement non résidentiel devrait permettreà l’investissement en construction de continuer d’augmenter. Contrairement auxÉtats-Unis et au Royaume-Uni, la zone euro devrait bénéficier d’une demande in-térieure un peu plus soutenue du fait du plus grand dynamisme des salaires, no-tamment en Allemagne et en Italie. Néanmoins, la consommation serait freinéepar le niveau élevé de l’inflation et le commerce extérieur pâtirait de l’apprécia-tion passée de l’euro et du ralentissement mondial. La croissance devrait doncrester modeste, comme le suggère la dégradation continue des enquêtes euro-péennes de conjoncture.

Le commerce extérieur français souffriraitd’un environnement moins porteur

Les exportations de la Francemarqueraient le pas

Handicapées par un environnement mondial peu porteur et l’appréciationpassée de l’euro, les exportations devraient marquer le pas dès le deuxième tri-mestre, après la bonne surprise du premier trimestre : les dernières donnéesdouanières et le repli attendu des importations de nos principaux partenaires eu-ropéens laissent augurer un recul (- 0,1 %). Au second semestre, les exportationsresteraient atones, comme le suggère la détérioration quasi continue des carnetsde commandes étrangers depuis la fin de l’année dernière.

La croissance des importationsse tasserait

Les importations ralentiraient également. Au deuxième trimestre, elles stagne-raient en réaction à un premier trimestre très dynamique, notamment pour les im-portations énergétiques. Sur l’ensemble de l’année enfin, le ralentissement de lademande intérieure limiterait la croissance des importations totales (+2,7 % en2008).

Le commerce extérieurpèserait sur la croissance

Au total, le commerce extérieur français ne confirmerait pas sa bonne tenue de lafin de 2007 et du début de 2008. La contribution comptable des échanges exté-rieurs à la croissance serait à nouveau légèrement négative et le déficit commer-cial se creuserait.

10 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

Page 9: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

L’amélioration s’est poursuivie sur le marché du travail

L’emploi ralentiraitprogressivement en 2008

Après une année faste sur le front de l’emploi (plus de 380 000 emplois créésdans l’ensemble de l’économie en 2007 dont 352 000 salariés dans les secteursconcurrentiels), les créations d’emploi seraient moins nombreuses en 2008 (en-viron +200 000 dont +193 000 salariés dans les secteurs concurrentiels).D’une part, l’emploi salarié du secteur marchand s’ajusterait progressivement autassement de l’activité. D’autre part, les sorties des dispositifs de contrats aidéscontinueraient d’être supérieures aux entrées, freinant l’emploi salarié non mar-chand. Le ralentissement de l’emploi serait toutefois progressif. Les services auxentreprises (+79 000 emplois) et aux particuliers (+70 000 emplois) resteraientles secteurs les plus créateurs d’emploi.

La baisse du chômageserait limitée

Au premier trimestre, le taux de chômage au sens du BIT a de nouveau baissé (re-pli de 0,2 point). Comme au quatrième trimestre de 2007, ce recul est plus mar-qué que ne le suggèreraient l’augmentation de l’emploi et la hausse tendanciellede la population active. À partir du deuxième trimestre, le moindre dynamisme del’emploi et le retour à la tendance de la population active devraient limiter labaisse du chômage (7,1 % fin 2008).

L’inflation ampute le pouvoir d’achat

Le revenu nominal desménages ralentirait en 2008

Au premier semestre de 2008, les revenus salariaux resteraient assez dynami-ques en raison de la bonne tenue du marché du travail. En revanche, ils décélére-raient progressivement au second semestre sous l'effet du ralentissement del’emploi. En outre, les prélèvements obligatoires seraient plus dynamiques en2008, en dépit de l'effet modérateur de la loi TEPA. Deux facteurs viendraientnourrir, en effet, la progression des prélèvements obligatoires. D’une part, l’im-pôt sur le revenu devrait retrouver son rythme normal de progression après unebaisse exceptionnelle en 2007. D’autre part, la mise en place du prélèvement àla source de la CSG sur les revenus du patrimoine et des placements conduirait àavancer le versement de cet impôt. Au total, le revenu nominal des ménagesn’augmenterait que de 2 % au premier semestre de 2008 et de 1,3 % au second(après +2,8 % au second semestre de 2007).

L’inflation atteindrait 3,6 %sur un an cet été

Ce ralentissement intervient alors que la hausse des prix à la consommation estforte. L’inflation alimentaire devrait rester élevée, la flambée des cours des matiè-res premières agricoles continuant de se répercuter sur les prix à la consomma-

Mars 2008 11

Vue d'ensemble

3 - Prix à la consommation en France

Source : Insee

Page 10: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

tion. De plus, la nouvelle envolée du prix du pétrole pousse l’inflationénergétique à la hausse. Au total, la hausse des prix de détail dépasserait les 3 %en glissement annuel (3,6 % cet été, cf. graphique 3). Sous l’hypothèse conven-tionnelle d’un prix du baril de Brent stable autour de 130 $, l’inflation énergé-tique se modèrerait à partir de l’automne, contribuant à ramener la hausse desprix à la consommation autour de 2,8 % en glissement annuel en fin d’année.

L’inflation sous-jacentedépasse légèrement les 2 %

L’inflation sous-jacente, qui augmente régulièrement depuis le début de 2006,poursuivrait par conséquent sa progression (+2,2 % en glissement annuel auquatrième trimestre de 2008). Celle-ci traduit la diffusion progressive des haus-ses de prix des matières premières aux biens produits en France et à l’étranger, enparticulier les produits alimentaires transformés et les produits manufacturés. Latransmission de la hausse des prix de production aux prix à la consommationpourrait toutefois s’atténuer un peu : la loi de modernisation de l’économie et laloi Chatel devraient en effet commencer à modérer l’évolution des prix dans lagrande distribution.

L’inflation serait de 3,2 %en moyenne en 2008

En moyenne annuelle, l’inflation s’établirait à 3,2 % en 2008 (après 1,5 % en2007), un niveau inobservé depuis plus de quinze ans (+3,2 % également en1991). Les hausses des prix alimentaires et des prix énergétiques seraient respon-sables chacune d’environ un point de hausse.

Les gains de pouvoir d’achatseraient modestes

tout au long de 2008

Du fait de la hausse de l’inflation et d’un revenu moins dynamique qu’en 2007, lepouvoir d’achat du revenu des ménages ne devrait que faiblement progresser(+0,9 % en moyenne annuelle, +0,0 % par unité de consommation), avec enparticulier une nette décélération du pouvoir d'achat du salaire par tête. L’impactde ces évolutions sur la consommation devrait être amorti, les ménages tirant unpeu sur le surcroît d’épargne accumulé en 2007 : le taux d’épargne baisserait lé-gèrement en 2008 (15,3 % après 15,7 % en 2007).

La demande intérieure faiblirait

La consommation freineraitnettement

Toutefois, la consommation aurait du mal à repartir après le coup d’arrêt du pre-mier trimestre (+0,1 % après +0,6 % au quatrième trimestre de 2007) : sa crois-sance serait comprise entre +0,1 % et +0,3 % par trimestre, un rythme bieninférieur à la tendance de longue période. La consommation alimentaire devraitnotamment continuer de souffrir de la hausse des prix alimentaires. Le déblocageanticipé de la participation permise par la loi pour le pouvoir d’achat pourraittoutefois soutenir dans une certaine mesure la consommation au second se-mestre.

L’investissement en logementdes ménages reculerait

L’investissement des ménages reculerait dès le deuxième trimestre après avoirstagné au premier. Les données concernant les mises en chantier sont certes fra-giles en raison d’un changement de méthode de collecte, mais leur recul est simarqué que sa réalité paraît assurée ; en outre, les stocks de logements neufs in-vendus ont dépassé leur pic de 1992 et le nombre de transactions s’est franche-ment affaissé depuis la fin de 2007 ; enfin, les prix immobiliers semblentplafonner et les taux des crédits immobiliers ont légèrement augmenté depuis l’é-té dernier. Le retournement de l’investissement en logement des ménages est dé-sormais engagé en France, même si une incertitude demeure quant à sonampleur.

L’investissement productifferait preuve

d'une certaine résistance

Le ralentissement prononcé de la consommation et le repli de l’investissementdes ménages affaibliraient la demande intérieure. A contrario, l’investissementproductif la soutiendrait légèrement. En effet, son ralentissement serait modéré àcourt terme (+4,4 % en 2008 après +7,3 % en 2007). Le tassement de l’activitéet les conditions de financement moins favorables ne seraient pas propices à de

12 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

Page 11: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

nouveaux projets. Mais la vigueur persistante de l’investissement jusqu'au débutde 2008 pourrait augurer une descente probablement plus lente que dans les cy-cles précédents.

Une croissance faible en prévision

La croissance serait de 1,6 %en 2008

Au total, la croissance devrait restée très modérée d’ici la fin de 2008. Après lerebond du premier trimestre (+0,6 %), elle serait comprise entre +0,0 % et+0,2 % par trimestre. Notre scénario central (cf. éclairage « Appréhender l'incer-titude autour de la prévision ») conduit à une croissance de +1,6 % en 2008.

La dégradation des enquêtesse traduirait par un

ralentissement de l'activitédès le deuxième trimestre

La dégradation des enquêtes de conjoncture observée dans tous les secteurséconomiques (cf. graphique 4) se concrétiserait dès le deuxième trimestre par unnet ralentissement de l'activité. En particulier, la production devrait nettement flé-chir dans les services et reculer dans la construction. Au second semestre, elleresterait atone : les services marchands devraient pâtir du tassement de laconsommation ; la production manufacturière stagnerait, en ligne avec la baissedes perspectives de production en mai ; la production en BTP souffrirait du re-tournement immobilier et du repli habituel des dépenses de travaux publics aprèsles élections municipales.

L’ampleur du retournementimmobilier constitue

le principal aléa

L’ampleur du retournement du marché immobilier constitue un aléa à la baissenon négligeable pour notre scénario, dans la mesure où le recul des mises enchantier n’a pas été supposé se prolonger en prévision. À l’opposé, la vigueurpersistante de l’investissement des entreprises pourrait perdurer au-delà du dé-but d’année : la relative singularité du cycle d’investissement productif actuelpourrait conduire à un ralentissement plus modéré qu’anticipé de l’investisse-ment total. ■

Mars 2008 13

Vue d'ensemble

4 - Le climat des affaires dans l’industrie et les services

Source : Insee

Page 12: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

14 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

France : équilibre ressources-emplois en volumeaux prix de l'année précédente chaînés, données cvs-cjo, moyennes trimestrielles ou annuelles, en %

2006 2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

PIB 0,7 1,0 0,0 0,5 0,6 0,6 0,7 0,3 0,6 0,2 0,0 0,2 2,4 2,1 1,6

Importations 1,0 2,0 -0,5 1,7 2,3 1,8 1,8 -1,1 1,9 0,0 0,3 0,5 6,5 5,9 2,7

Dépenses de consommationdes ménages 0,9 0,1 0,5 0,4 0,8 0,8 0,6 0,6 0,1 0,1 0,1 0,3 2,5 2,5 1,3

Dépenses de consommationdes APU* 0,5 0,4 0,2 0,4 0,2 0,4 0,4 0,3 0,2 0,4 0,3 0,3 1,4 1,3 1,2

FBCF totale 0,8 2,1 0,8 1,9 1,2 0,6 1,0 1,1 1,1 0,0 -0,4 -0,4 5,0 4,9 2,2

dont : ENF 0,5 2,5 1,1 2,7 2,0 1,1 1,7 1,2 1,8 0,4 0,2 0,6 5,4 7,3 4,4

Ménages 1,9 2,3 1,4 0,8 0,5 0,3 0,3 0,8 0,0 -1,1 -1,7 -2,5 7,1 3,0 -1,5

Exportations 2,3 1,9 -1,4 1,0 0,9 1,6 1,1 -0,2 3,1 -0,1 0,0 0,3 5,6 3,2 3,9

Contributions :Demande intérieure hors stocks 0,8 0,6 0,5 0,7 0,8 0,7 0,6 0,6 0,4 0,1 0,1 0,2 2,8 2,7 1,5

Variations de stocks** -0,4 0,4 -0,2 0,0 0,2 -0,1 0,3 -0,6 0,0 0,1 0,0 0,0 -0,1 0,2 -0,2

Commerce extérieur 0,3 0,0 -0,2 -0,2 -0,4 -0,1 -0,2 0,3 0,3 0,0 -0,1 0,0 -0,3 -0,8 0,3

Prévisions* Dépenses de consommation des APU et des ISBLSM** Les variations de stocks sont y compris acquisitions nettes d'objets de valeur.Source : Insee

Page 13: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Mars 2008 15

Vue d'ensemble

Éclairage - Appréhender l’incertitude autour de la prévision

Les prévisions de cette note de conjoncture se présentent sous laforme de valeurs précises. Ainsi, la croissance du PIB est prévue à1,6 % sur l’ensemble de l’année 2008 : sous l’hypothèse que lesprévisions de l’Insee ne sont pas systématiquement trop optimis-tes ou trop pessimistes (on dira alors qu’elles sont « sans biais »),cette prévision peut être considérée comme le chiffre attendu enmoyenne compte tenu de l’information aujourd’hui disponible.

Cette prévision n'est pourtant pas exempte d’incertitudes.Celle-ci provient des nombreux chocs qui peuvent affecter l’envi-ronnement international : chocs sur les prix du pétrole, le taux dechange, les taux d’intérêt... Elle trouve aussi son origine dans laconnaissance imparfaite qu'ont les économistes des comporte-ments des agents français et étrangers (taux d’épargne desménages, anticipations de demande des entreprises,...) : ceux-cine peuvent être estimés qu'avec imprécision sur le passé ; ils peu-vent également évoluer et ne pas être conformes en prévision àce qu'ils ont pu être sur le passé. Les scénarios potentiels sontdonc nombreux.

Il n’est pourtant pas envisageable de présenter l’ensemble de cesscénarios : une note de conjoncture n’y suffirait pas ! C’est pour-quoi le diagnostic des prévisionnistes se cristallise, trèsgénéralement, dans une prévision unique et centrale.

Ce faisant, les lecteurs de la note, comme d’ailleurs ses produc-teurs, risquent de perdre de vue l’incertitude inhérente à ce typed’exercice. Pour conjurer ce risque, on propose ici deux appro-ches complémentaires qui permettent d’illustrer de manièreconcise l’incertitude qui entoure la prévision :

● un « graphique des risques », inspiré de la pratique de laBanque d’Angleterre et qui illustre de manière visuelle l’incerti-tude globale qui entoure la prévision de croissance du PIB ;

● une évaluation de l’impact que pourraient avoir sur le scénarioglobal, toutes choses égales d’ailleurs, des écarts sur quelquesvariables centrales (taux de change, pétrole).

L’incertitude systématique autour de la prévision :le « graphique des risques »

Popularisé par la Banque d’Angleterre, le « fan chart » (qu’onpourrait traduire littéralement en français par graphique en éven-tail, mais qu’on a préféré appeler graphique des risques) retraceautour de la prévision centrale la distribution de probabilités at-tachée au scénario : la première bande, la plus foncée, couvreles scénarios les plus probables autour du scénario central, l’en-semble de ces scénarios ayant une probabilité totale de 10 % ; sion ajoute les deux bandes légèrement moins foncées immédiate-ment au-dessus et immédiatement en dessous de la bandecentrale, la probabilité cumulée des trois bandes centrales atteintainsi 20 %. Et ainsi de suite, en allant du centre vers l’extérieur etde la bande la plus foncée aux bandes les plus claires, jusqu’à at-teindre une probabilité cumulée de 90 %. Ainsi, au fur et àmesure que les bandes s’élargissent, est couvert un champ despossibles de plus en plus vaste.

Pour construire le graphique des risques présenté ici, la largeurde ces bandes a été estimée à partir de l’historique des erreurs deprévision associées aux notes et points de conjoncture publiéspar l’Insee entre 1989 et 2006. En effet, sous les hypothèses quela volatilité des chiffres de croissance et que la méthodologie uti-

lisée par les prévisionnistes de l’Insee n’ont pas changé durant lapériode, la distribution de ces erreurs de prévision calculée à par-tir des réalisations passées est une bonne mesure de ladistribution des erreurs futures et donc de l’incertitude qui entoureune prévision donnée. Ces hypothèses semblent fortes, mais enpratique, on ne constate pas - et c’est heureux ! - de tendance à ladégradation, ni - hélas ! - de tendance à l’amélioration de la qua-lité des prévisions.

Les erreurs de prévision ont été calculées en rapportant la prévi-sion de croissance du PIB à celle publiée par les comptestrimestriels lors des premiers résultats. Ces erreurs peuvent êtreconsidérées comme suivant, à chaque trimestre, une loi normaled’espérance nulle et d’écarts-types respectifs 0,28 %, 0,33 % et0,37 % pour les premier, deuxième et troisième trimestres de pré-vision. Par rapport à la prévision de la note de conjoncture, laréalisation du premier trimestre prévu (le deuxième trimestre de2008 pour ce qui concerne la présente note), a par exemple90 % de chances d’être située dans un intervalle de +/- 0,45 %(1)

autour de cette prévision.

Ces valeurs peuvent paraître élevées. Mais d’une part, elles sontinférieures à la volatilité des chiffres de croissance du PIB issusdes premiers résultats des comptes trimestriels : leur écart-types’établit à 0,43 % sur la même période. D’autre part, elles sontcomparables à celles retenues par la Banque d’Angleterre pourbâtir son propre graphique des risques sur la période1997T4-2006T2(2). Enfin, l’intervalle est très sensiblement réduitsi on se contente d’une probabilité de 50 %.

Lorsqu’ils sont construits par les banques centrales, les « fancharts »s’appuient sur l’historique des erreurs de prévisions mais peuventle cas échéant s’en écarter en fonction de l’analyse des risquesfaite par les membres du Conseil de politique monétaire. Onpourrait ainsi considérer aujourd’hui que, du fait du dérèglementdes marchés financiers, la prévision est plus incertaine qu’à l’ac-coutumée. On peut aussi à l’occasion considérer que les risquesautour du scénario le plus probable, celui qui est reporté dans lanote, sont dissymétriques. C’est par exemple l’hypothèse qu’avaitretenue la Banque d’Angleterre lorsque les ménages avaient reçudes dividendes exceptionnels du fait de la transformation de plu-sieurs sociétés immobilières en banques en 1997 : la Banqueconsidérait que l’impact sur la consommation et donc sur lacroissance de ces dividendes exceptionnels serait faible ; mais lerisque principal encouru par la Banque d’Angleterre était claire-ment de sous-estimer cet effet, et donc plus de sous-estimer quede surestimer la croissance. Cette appréciation de l'asymétrie auxrisques est importante pour le banquier central, dans la mesureoù des évènements très éloignés de la prévision centrale (unebaisse des prix à la consommation notamment) peuvent avoir desconséquences désastreuses (entrée en déflation par exemple).

On a toutefois choisi dans cette note de ne pas s’écarter de la va-riance historique des erreurs de prévision, l’introduction d’unedose de subjectivité paraissant difficile à justifier.

(1) Soit le produit de 0,28 par 1,65, la valeur qu’une loi normale centréeréduite dépassera en valeur absolue dans 10 % des cas.(2) La Banque d’Angleterre avait alors retenu comme écarts-types moyenssur les glissements annuels correspondants les valeurs de 0,28 %, 0,55 %et 0,73 %. Concernant les erreurs de prévision de l’Insee, les écarts-typessur ces glissements annuels s’établissent à 0,28 %, 0,40 % et 0,71 %.

Page 14: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

16 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

Le graphique des risques construit à partir du scénario de cettenote de conjoncture peut ainsi donner lieu aux interprétations sui-vantes (cf. graphique 1) :

● la prévision centrale pour le deuxième trimestre est de +0,2 % ;cette prévision doit être considérée comme celle de probabilitéla plus élevée ;

● le chiffre correspondant qui sera publié par les comptes trimes-triels a 50 % de chances d’être compris entre 0,0 % et + 0,4 % ;avec un degré de probabilité plus élevé, de 90 %, on peut direqu’il devrait être compris entre -0,3 % et +0,6 % ; la probabilitéque la croissance du deuxième trimestre soit inférieure à celledu premier trimestre est donc très élevée ; en outre, la probabi-lité que le chiffre soit négatif n’est pas négligeable, de l’ordrede 30 % ;

● pour le troisième trimestre, l’incertitude autour de la prévisions’accroît légèrement ; on estime que le chiffre qui sera publiépar les comptes trimestriels a 50 % de chances d’être comprisentre -0,2 % et +0,25 % et 90 % de chances d’être compris

entre -0,5 % et +0,6 % ; comme pour le deuxième trimestre, laprobabilité que ce chiffre soit inférieur à celui du premier tri-mestre est élevée (plus de 95 %) ; et le risque que le chiffrepublié soit négatif est cette fois de près de 50 % ;

● pour le dernier trimestre de 2008 enfin, l’incertitude croît denouveau ; avec une prévision de +0,2 %, le chiffre qui sera pu-blié par les comptes trimestriels a cette fois 50 % de chancesd’être compris entre -0,1 % et +0,4 % et 90 % de chancesd’être compris entre -0,4 % et +0,8 % ; la probabilité que cechiffre soit supérieur à celui du premier trimestre reste faible, àenviron 10 % ; la probabilité que le chiffre soit négatif est del’ordre de 30 %.

Le même type de graphique peut, sous certaines hypothèses,être également construit pour la moyenne annuelle 2008. Ain-si, avec une prévision centrale évaluée à 1,6 %, le premier tauxde croissance annuel publié a 50 % de chances d’être comprisentre 1,3 % et 1,8 %. Il a 90 % de chances d’être compris entre0,9 % et 2,2 %, la probabilité de dépasser 2 % étant faible,évaluée ici à 15 % environ (cf. graphique 2).

2 - Le graphique des risques associé au scénario de la note de conjoncture(cas de la prévision annuelle)

1 - Le graphique des risques associé au scénario de la note de conjoncture(cas des prévisions trimestrielles)

Page 15: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Mars 2008 17

Vue d'ensemble

L’impact sur la prévision d’hypothèses différentesdu prix du pétrole et du taux de change

Parmi les chocs qui peuvent faire s’écarter l’économie de la prévi-sion présentée dans cette note, figurent au premier chef les chocssur le prix du pétrole et le taux de change de l’euro. Le scénarioprésenté dans cette note repose sur l’hypothèse d’une stabilité àl’horizon de la prévision de ces grandeurs. Néanmoins, leur vola-tilité est telle depuis quelques années qu’elles peuvent s’établir àl’horizon de la prévision à des niveaux très différents de ceux rete-nus en prévision, en hausse comme en baisse.

Ainsi, la prévision de la note de conjoncture de juin 2007 repo-sait sur l’hypothèse d’une stabilité des prix du pétrole autour de65 $ le baril de brent et d’un taux de change autour de 1,35 $pour 1 €. Or, le prix du baril s’est finalement établi à 75 $ le barilau troisième trimestre et 89 $ le baril au quatrième trimestre. Demême, l’euro s’est apprécié au second semestre de 2007, attei-gnant 1,37 $ au troisième trimestre et 1,45 $ au quatrièmetrimestre.

Dans le cas où les évolutions observées seraient très différentesde celles retenues dans la note, le deuxième trimestre n’en seraitguère affecté, car les prix pétroliers et les taux de change sont engrande partie constatés (deux mois et demi sur trois) au momentde la finalisation de la prévision. Mais les trimestres suivants le se-raient nettement plus.

Il est exclu de décrire précisément les scénarios qui en ressorti-raient, car au-delà de ces changements d’hypothèses, il estimportant d’en connaître la cause. Par exemple, une mêmehausse des prix du pétrole peut provenir d’une hausse de la de-mande, d’une raréfaction de l’offre, d’un accroissement destensions géopolitiques, avec des implications très différentes enmatière de croissance mondiale sous-jacente, qu’il conviendraitde prendre en compte dans un scénario complet. Aussi,donne-t-on les ordres de grandeur qui ressortent de variantes« standard » issues de modèles macroéconométriques (cf. ta-bleaux 1 et 2) : l’incertitude autour des effets précis des chocscorrespondants n'est pas négligeable.

Ces résultats permettent d’estimer les conséquences par exempled’un prix du pétrole plus bas, à 110 $ en moyenne sur le secondsemestre. Les prix du pétrole seraient alors plus bas de 20 $ quedans le scénario de cette Note de conjoncture. Toutes choseségales d’ailleurs, l’inflation, mesurée en glissement annuel, seraitplus faible de 0,4 % au troisième trimestre et de 0,7 % au qua-trième trimestre (cf. tableau 1). Dans le scénario central, elleterminerait l’année à 2,8 %. Avec un prix du pétrole à 110 $ ausecond semestre, elle pourrait ainsi revenir autour de 2 %. Lacroissance serait légèrement plus forte de 0,1 % au troisième tri-mestre (+0,1 % au lieu de 0,0 %) et de 0,2 % au quatrièmetrimestre (+0,4 % au lieu de +0,2 % prévu). En moyenne sur2008, la croissance serait plus forte de 0,1 %, atteignant 1,7 %au lieu de 1,6 %.

Les conséquences d’un prix du pétrole plus élevé de 20 $ au se-cond semestre que dans le scénario associé à la note (150 $ aulieu de 130 $) peuvent être estimées de la même manière, les ef-fets pouvant être considérés comme symétriques des précédents.Ainsi, toutes choses égales d’ailleurs, l’inflation, mesurée en glis-sement annuel, serait relevée de 0,4 % au troisième trimestre etde 0,7 % au quatrième trimestre : elle atteindrait alors 3,5 % enfin d’année. La croissance serait plus faible de 0,1 point au troi-sième trimestre et de 0,2 point au quatrième trimestre que dans lescénario central de la note : elle serait alors négative ou nulle cesdeux trimestres. En moyenne annuelle, elle serait alors de 1,5 %.

Il est également possible d’illustrer l’impact d’une appréciationdu taux de change effectif de l’euro (cf. tableau 2). Supposonspar exemple que l’euro s’apprécie de 5 % au troisième trimestre :cela correspondrait sur le second semestre à une appréciation demoitié égale à celle constatée entre mai 2007 et avril 2008, maissur une période deux fois plus longue (appréciation de 9,3 % del’euro par rapport aux autres devises, pondérées par le poidsqu'elles ont dans la concurrence subie par les exportateurs fran-çais) ; toujours sur la base des évolutions depuis un an, celasignifierait un euro à 1,67 dollar (au lieu de 1,55), 0,86 livre (aulieu de 0,79) et 161 yens (au lieu de 162). La croissance fran-çaise serait alors, toutes choses égales d'ailleurs, plus faible de

2008 - T3 2008 - T4 2008(moyenne annuelle)

Croissance du PIB (en point) 0,1 0,2 0,1

Inflation (IPC en GA) (en point) -0,4 -0,7 -0,4

Emploi (en milliers) 0 20 5

Tableau 1Effet d'une baisse de 20 $ du baril de pétrole à taux de change inchangé

(en écart au scénario de la note de conjoncture)

Source : maquette Insee, à partir des modèles Mésange et NIGEM.

2008 - T3 2008 - T4 2008(moyenne annuelle)

Croissance du PIB (en %) -0,3 -0,1 -0,2

Inflation (IPC en GA) (en %) -0,1 -0,1 -0,1

Emploi (en milliers) -25 -50 -20

Tableau 2Effet d’une hausse de 10 % de l’euro par rapport aux autres devises

(en écart au scénario de la note de conjoncture)

Source : « Les effets macroéconomiques de la hausse de l’euro », Note de conjoncture, juin 2008, Insee

Page 16: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

18 Note de conjoncture

Vue d'ensemble

0,15 % au 3e trimestre et de 0,05 % au 4e trimestre, soit une crois-sance légèrement négative (-0,1 %) au troisième trimestre etlégèrement positive (+0,1 %) au quatrième trimestre. Enmoyenne annuelle, la croissance française serait alors de 1,5 %(cf. tableau 2)(3).

L’impact qu’aurait une dépréciation équivalente de l’euro (soit uneuro à 1,44 dollar, 0,73 livre et 160 yens) serait symétrique : lacroissance française pourrait alors atteindre 0,2 % à 0,3 % autroisième trimestre comme au quatrième. En moyenne annuelle,la croissance française serait alors de 1,7 %.

Rappelons que ces calculs ne sont qu’illustratifs, mais qu’ils four-nissent des ordres de grandeur sur l’incertitude qui entoure laprévision du seul fait que des données importantes comme le tauxde change ou le pétrole peuvent être sujettes à des mouvementsde grande ampleur, extrêmement difficiles à anticiper. Ils permet-tent également au lecteur qui n’aurait pas les mêmes hypothèsesque l’Insee en la matière d’ajuster les prévisions de la note enfonction de ses propres hypothèses. Ceci n’épuise évidemmentpas les sources d’incertitudes. ■

(3) Le tableau 2 est présenté pour des raisons de lisibilité avec un effet de10 % et non pas de 5 % comme dans la variante exposée ci-dessus.

Page 17: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Dossiers

Page 18: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 21

Loi Galland et prix à la consommation

Xavier BoutinGuillaume Guerrero

Divisions :

- Marchés et stratégiesd'entreprise- Synthèse conjoncturelle

Entrée en application au début de 1997, la loi Galland est soup-çonnée d'avoir poussé à la hausse les prix de détail. À partir de

2004, elle a été remise en cause progressivement, et ses modalités ontété modifiées à plusieurs reprises. On se propose dans ce dossierd'évaluer l'impact sur les prix de la loi Galland, puis de ses réformessuccessives.

Du point de vue de l'analyse microéconomique, la loi Galland a affaibli laconcurrence entre distributeurs, en leur interdisant de répercuter auconsommateur les « marges arrière » consenties par les producteurs (rabaispour présentation des produits en tête de gondole par exemple). Une ana-lyse des prix relevés en magasin montre en effet que le lien entre la concen-tration locale de magasins et les prix de détail a disparu après l'instaurationde la loi. Ainsi, là où la concentration des magasins était faible, la concur-rence relativement forte et les prix plutôt bas, l'application de la loi Gallanda entraîné des hausses de tarifs.

L'analyse macroéconomique suggère, elle aussi, que la loi Galland a eupour effet d'accroître les prix de détail. Entre 1997 et 2004, les prix des pro-duits de grande consommation dans la « grande distribution étendue » ontcrû plus vite que ceux des « autres formes de commerce », moins concernéspar la loi. L'écart de prix entre ces deux formes de vente explique une partiede la hausse des prix de détail. Le surcroît de hausse des prix à la consom-mation imputable à la loi aurait été de l'ordre d'un point de pourcentage surla période 1997-2004. Les premières remises en cause de cette loi, interve-nues en 2004 et 2005, ont probablement permis de diminuer les prix à laconsommation de 0,4 point depuis 2004.

Page 19: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

La définition par la loi Galland du seuil de revente à pertea entraîné une hausse non attendue des prix

La loi Galland a rendu effectivela notion de seuil de revente à perte

L’interdiction française de larevente à perte est ancienne et

singulière en Europe

L’interdiction de la revente à perte découle de la loi du 2 juillet 1963. Elle a été re-prise et précisée par l’ordonnance de 1986 relative à la liberté des prix et de laconcurrence. Depuis lors, il est interdit pour un distributeur de vendre en dessousde son prix d'achat unitaire (« prix réel facturé »). Cette réglementation découlede plaintes de producteurs : la pratique de prix d’appel par certains distributeursles contraignait à baisser leur prix de vente pour tous.

Ce type de réglementation est singulier en Europe, à l’exception notable del’Irlande où une interdiction similaire a existé entre 1987 et 2005.

Elle était dans les faitsdifficilement applicable à ses

débuts

Les contrats d’approvisionnement des grandes surfaces contiennent de nom-breuses clauses rendant difficile l’estimation du prix réel d’achat par un tiers. Leprix unitaire n’est qu’une partie de ce tarif, qui contient le plus souvent égalementde nombreuses remises et rabais. Il est par exemple courant qu'un producteurconsente une remise à un distributeur ayant augmenté ses ventes annuelles surun de ses produits. De même, la fourniture de services de vente, comme les têtesde gondole, est souvent rémunérée de manière rétroactive sous forme de rabais.Ces remises et rabais peuvent prendre des formes variées : ils peuvent être quan-titatifs, rétroactifs, liés à des services multiples et réciproques, etc. L’ordonnancede 1986 permettait d’inclure dans les factures les remises « acquises » et dont lemontant était « chiffrable à la date de la facturation ». Cette formulation floue lais-sait d’importantes possibilités de modification de ce prix par des déclarations deremises artificielles. En pratique, il était ainsi difficile de déterminer la pertinencedes facturations pour chaque produit et l’interdiction de la revente à perte restaitpurement théorique.

La loi Galland a rendul’interdiction de revente à perte

effective

La loi Galland a donné une définition précise et simple du prix d’achat effectif etdonc du seuil de revente à perte : « Le prix d’achat effectif est le prix unitaire figu-rant sur la facture majoré des taxes sur le chiffre d’affaires, des taxes spécifiquesafférentes à cette revente et du prix de transport. » Depuis 1997, la définition duprix d’achat est ainsi réduite au prix figurant sur la facture dont on ne déduit au-cune remise qui serait acquise en fin d’année par exemple. Par ailleurs, les con-trôles sont renforcés par la loi, et les amendes augmentées. Seules les margesformellement acquises au moment de la facturation et présentes sur la facture, lesmarges avant, sont ainsi transférables aux consommateurs finals à travers desbaisses du prix de vente final. Toutes les autres remises, par exemple condition-nelles à un volume de vente annuel, à la mise à disposition d’une étendue mini-mum de linéaire, à une coopération commerciale ou simplement liées au respectd’engagements mutuels sur une certaine période, sont par opposition qualifiéesde marges arrière et donc exclues du seuil de revente à perte. De ce fait, les mar-ges arrière ne peuvent d’aucune manière être rétrocédées au consommateur.

La loi Galland a conduit à une élévation des prix

Une loi qui favorise un relâchement de la concurrence...

Les marges arrière ont pris uneimportance croissante depuis

l’instauration de la loi

La loi Galland limite la part des remises que les distributeurs sont en mesure deretransmettre au consommateur. Collectivement, les producteurs et les distribu-teurs avaient donc intérêt à privilégier la part de ces marges arrière dans le prix devente final payé par le consommateur, puisqu’elles constituaient une marge as-surée n’étant pas susceptible d’être affectée par la concurrence. De fait, d’aprèsl’association de producteurs ILEC, la part moyenne des marges arrières est pas-

22 Note de conjoncture

Loi Galland et prix à la consommation

Page 20: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

sée de 22 % du prix de gros en 1998 à 32 % en 2003. Comme le déclare un rap-port d’experts (rapport Canivet), la négociation commerciale s’est globalementdéplacée des marges avant (les remises incluses sur factures) aux marges arrières(les remises rétroactives et les coopérations commerciales, qui ne peuvent figurersur la facture) :« Il reste que, progressivement, s’est opéré un déplacement par les entreprises dela négociation commerciale du prix de vente facturé tel qu’il résulte de l’applica-tion des conditions générales de vente (CGV) vers les réductions de prix hors fac-ture et la coopération commerciale, cet ensemble constituant ce qu’il est convenud’appeler la "marge arrière". »

Dans des cas extrêmes, desentreprises ont utilisé le seuil

de revente à perte pour secoordonner sur des prix de

détail artificiellement élevés

Dans des cas extrêmes, des entreprises ont mis en place un système de remisesfaussement conditionnelles afin de fixer le seuil de revente à perte à un niveau ar-tificiellement élevé. Ainsi, le Conseil de la Concurrence (décision 05-D-70) a parexemple condamné un distributeur de cassettes vidéo enregistrées ainsi que cer-tains de ses distributeurs pour avoir utilisé un tarif complexe dans lequel la qua-si-totalité des remises était présentée de manière conditionnelle. Ce prix devientalors naturellement le seuil de revente à perte. Néanmoins, bien que ces remisessoient formellement conditionnelles, il apparaissait qu’une partie importanted'entre elles était toujours versée aux distributeurs. Cela a conduit le Conseil de laConcurrence à considérer qu’il s’agissait d’une manipulation du seuil de reventeà perte dont l’objectif était d’éliminer la concurrence entre distributeurs et d’im-poser des prix artificiellement élevés au consommateur. Des pratiques compara-bles ont été condamnées plus récemment dans le secteur de la vente de jouets(Conseil de la Concurrence, cas 07-D-50).

... et une augmentation des prix

Une augmentation de la partdes marges arrière au

détriment des marges avantconduit à un prix plancher

sectoriel

Le seuil de revente à perte constitue un prix en dessous duquel un produit ne peutse vendre. Si le seuil est bas par rapport au prix de vente habituel d’un bien, iln’affecte pas réellement les pratiques de prix des distributeurs : s’ils le souhaitent,ceux-ci peuvent en particulier décider de fixer des prix plus bas que leurs concur-rents, par exemple pour être plus compétitifs. Si la pratique de modification duseuil pour faire monter les prix est généralisée, ce seuil est fixé à un niveau artifi-ciellement élevé. Il contraint alors effectivement les distributeurs, qui ne sont plusen mesure de baisser leur prix de vente pour être plus attractifs que leurs concur-rents. Ce seuil constitue donc un prix plancher. Les conditions générales de venteproposées par les producteurs ne peuvent être discriminatoires et s’appliquent demanière uniforme à tous les distributeurs. Le prix plancher est alors sectoriel. Puis-qu’aucun distributeur ne peut vendre en dessous de ce même prix, les distribu-teurs ont donc l’assurance que leurs concurrents ne pourront proposer de prixplus bas pour le même produit.

Les prix planchers sectorielsréduisent la concurrence entre

distributeurs

Il y a deux grands types de concurrence sur les produits vendus au consomma-teur : celle que se livrent les producteurs différents vendant le même type de pro-duit (concurrence inter-marques) et celle que se livrent les distributeursconcurrents sur des produits ou des marques identiques (concurrence intra-mar-ques). Ainsi, lorsque la concurrence entre producteurs est faible, c’est le niveaude concurrence en aval, c’est-à-dire entre les magasins, qui détermine le prix devente final. La concurrence intra-marques est ainsi fondamentale pour garantirdes prix relativement concurrentiels, même en l’absence d’alternative au produc-teur. Or, l’existence de prix planchers sectoriels élimine cette concurrence entre

Juin 2008 23

Loi Galland et prix à la consommation

Page 21: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

distributeurs et conduit donc à des prix de détail élevés(1). Pour cette raison, ledroit de la concurrence est particulièrement sévère avec les pratiques de prix im-posés ou de prix planchers, qui sont automatiquement interdites en droits euro-péen et américain.

Le développement des marges arrière et la généralisation des prix planchers sec-toriels que la loi Galland a suscités devraient ainsi avoir entraîné une hausse desprix de détail. Dès 2000, Patrick Rey et Jean Tirole exprimaient cette préoccupa-tion dans un rapport du Conseil d’analyse économique. Plus récemment, cettepréoccupation a été relayée par un rapport d’experts commandé en 2004 par leministre de l’Économie (rapport Canivet) et par un avis du Conseil de la Concur-rence (avis 04-A-18), qui soulignent que la loi Galland risque de favoriser descomportements anticoncurrentiels. Le niveau élevé des prix ne découlerait pas di-rectement de la loi, mais de pratiques concurrentielles facilitées par celle-ci(2). Enparticulier, ce n’est pas l’existence des marges arrière qui est problématique,mais le fait de les exclure du seuil de revente à perte : cela incite à la manipulationdes conditions générales de vente et, finalement, permet l’élimination de laconcurrence entre distributeurs et entraîne l'augmentation des prix.

Un test empirique sur données microéconomiquesconfirme les effets non souhaités de la loi Galland

La loi Galland a bien affaibli laconcurrence entre distributeurs

L’analyse microéconométrique confirme que la loi Galland a permis la réductionde la concurrence entre les distributeurs, conduisant à des hausses de prix. En1994, la concurrence semble effective : la concentration locale de magasins aun impact important et significatif sur les prix de détail (voir annexe 1). Au con-traire, en 1999, soit trois ans après la loi Galland, cette relation a disparu : lesprix de détail ne dépendent plus de la concentration de magasins dans une zonede chalandise. La relation entre prix et concentration est une des plus robustesmises en évidence par l’analyse économique. La disparition de cette relation estdonc un fait particulièrement significatif. Il s'explique par la généralisation de l’u-sage du seuil de revente à perte comme prix plancher sectoriel, éliminant de factola concurrence sur les prix entre distributeurs.

L’effet haussier sur les prixest plus important

dans les hypermarchés

Selon leur implantation, par exemple plus ou moins proche des centres-villes, lesmagasins sont plus ou moins substituables pour les consommateurs, et donc plusou moins sensibles au degré de concurrence locale. Par exemple, les clients desmagasins au centre des grandes villes se rendent à pied à leur point de vente. Ladistance parcourue par le consommateur est donc un facteur plus important quepour les hypermarchés, situés en périphérie des villes. Ainsi, à distance égale,deux magasins de centre-ville sont moins substituables que des hypermarchés.De fait, l’analyse empirique confirme que ces derniers étaient plus réceptifs à laconcurrence locale en 1994(3). L’élimination de cette concurrence aura donc euun impact plus important dans les hypermarchés. Enfin, une analyse complémen-taire suivant les prix d’un ensemble de magasins sur la période confirme que lesprix ont bien augmenté de manière plus importante dans les magasins initiale-

24 Note de conjoncture

Loi Galland et prix à la consommation

(1) Pour une présentation de la littérature récente sur les relations verticales, voir P. Rey etT. V ergé, « The Economics of Vertical Restraints », dans Handbook of Antitrust Economics(édité par P. Buccirossi), M.I.T. Press, 2008. Pour une présentation plus spécifique des pro-blématiques liées à la loi Galland, voir P. Biscourp, X. Boutin et T. Vergé, « The Effects ofRetail Regulations on Prices: Evidence from the Loi Galland », document de travail de laDESE n° G 2008/02, Insee 2008.(2) La Loi Galland rend l’imposition du seuil non seulement possible, mais particulière-ment crédible puisque toute vente en dessous de ce seuil est illégale. Dans le premier casprécédemment cité, lorsqu’un magasin vend une cassette en dessous du prix « tarif », c’estau titre du respect de la Loi Galland que le producteur intervient pour lui demander d’aug-menter son prix de détail, bien souvent suite à une dénonciation d’un concurrent.(3) Pour le détail sur ce point et sur le suivant, voir P. Biscourp, X. Boutin et T. Vergé, « TheEffects of Retail Regulations on Prices: Evidence from the Loi Galland », document de tra-vail de la DESE n° G 2008/02, Insee 2008.

Page 22: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

ment meilleur marché : la généralisation de prix planchers sectoriels a conduit àune convergence « par le haut » des prix.

En conclusion, les effets microéconomiques de la loi Galland semblent bien cor-respondre à ce que prévoyaient les théories économiques. La création d’un seuilde revente à perte a éliminé la concurrence entre distributeurs et augmenté lesprofits des producteurs et des distributeurs au détriment des consommateurs.Néanmoins, si l’analyse microéconométrique permet de valider ces effets, elle nepermet pas de mesurer la perte macroéconomique des consommateurs sousforme d’augmentation générale des prix. C’est l’objectif de l’analysemacroéconométrique développée dans la suite de ce dossier.

L’analyse macroéconomique donne un ordre de grandeurde l’impact de la loi Galland et de ses remises en cause

La hausse des prix imputable à la loi Gallandpourrait aller jusqu'à un point

L’analyse macroéconomiqueconfirme la hausse des prix

due à la loi Galland

L’analyse macroéconomique confirme l’étude microéconomique : la loi Gallandserait responsable d’une hausse des prix à la consommation de l’ordre d’un pointsur la période 1997-2004(4).

Cette analyse s’appuie sur les indices de prix des produits de grande consomma-tion de la « grande distribution étendue » et des « autres formes de vente » publiéspar l’Insee depuis 1998. La « grande distribution étendue » regroupe les points devente à prédominance alimentaire d’une surface supérieure à 120 m². Elle necomprend pas le hard discount. Celui-ci est inclus dans les « autres formes devente », qui recouvrent tous les autres points de vente, dont les petits magasinsspécialisés (boucheries, boulangeries...). Les produits qui y sont vendus ne sontpas, dans leur majorité, de grandes marques. Par conséquent, ces formes devente sont beaucoup moins concernées par la loi.

La hausse des prix des produits de grande consommation a été plus forte de 4,2points entre 1997 et la mi-2004 dans la « grande distribution étendue » que dansles « autres formes de vente »(5) et, inversement, la baisse de ces prix a été plusfaible de 4,1 points depuis la mi-2004, date à laquelle ont commencé lespremières remises en cause de la loi Galland, intervenues en 2004 et 2005(cf. encadré) . Les produits de grande consommation vendus par la « grande dis-tribution étendue » représentent 10 % environ de l’indice des prix. Si on fait l’hy-pothèse que ce différentiel mesure l'impact de la loi Galland sur les prix, on peutévaluer à un peu moins d'un demi-point cet impact cumulé.

Toutefois, l’hypothèse que le différentiel de prix capte exactement l’impact de laloi Galland est une hypothèse forte. Ainsi, on ne peut pas exclure a priori que cedifférentiel capte d’autres phénomènes, qui auraient par exemple pu conduire àla baisse les prix dans les « autres formes de ventes », comme par exemple desgains de productivité plus forts dans le hard discount qui auraient fait baisser leurs

Juin 2008 25

Loi Galland et prix à la consommation

(4) Déjà fin 2004, le rapport Canivet soulignait une augmentation des prix dans la grandedistribution. Pour ce faire, il comparait, d’une part, les prix des produits essentiellementvendus en grande surface aux autres prix et, d’autre part, les prix de ces produits avec ceuxde nos voisins européens. Les prix des produits alimentaires et de grande consommationauraient ainsi augmenté plus rapidement que ceux des autres produits. En outre, ils au-raient progressé plus vite en France que dans la plupart des pays de la zone euro.Néanmoins, ce rapport ne donnait pas d’évaluation quantitative de l’effet de la loi Gal-land sur l’inflation.(5) Ce calcul est fait en prenant comme hypothèse raisonnable que le différentiel de prixentre les deux circuits de distribution s’élevait comme entre 1998 et la mi-2004, à 0,5 %par an entre 1997 et 1998 (période pour laquelle l’indice des prix dans la « grande distri-bution étendue » n ’est pas disponible).

Page 23: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

prix relativement à la grande distribution. À l’inverse, si cette variable capte quali-tativement l’effet de la loi Galland, elle peut en sous-estimer l’impact, d’une partparce qu’elle ne couvre pas tout à fait l’ensemble des produits concernés, d’autrepart, parce que les autres distributeurs, confrontés à une concurrence moins rudede la grande distribution, ont pu également relever leurs marges.

L'analyse économétriquepermet d’isoler les effets

spécifiques de la loi Galland...

C’est pourquoi une analyse complémentaire est nécessaire. Celle-ci s’appuie surune modélisation économétrique, qui fait dépendre les prix à la consommationde l’écart de prix entre la « grande distribution étendue » et les « autres formes devente », variable dont on souhaite ici mesurer l’effet, et des autres facteurs qui in-fluent sur les prix, dont on ne cherche pas à mesurer les effets mais dont il faut te-nir compte pour éviter notamment d’imputer à la loi Galland ce qui pourraitrelever d’autres phénomènes.

... d’autres facteursconjoncturels et structurels

Parmi ces autres facteurs, on trouve des éléments conjoncturels :- le gel des prix dans la grande distribution entre novembre 2001 et mars 2002 ajustifié des hausses, opérées soit au cours du troisième trimestre de 2001, soitaprès le premier semestre de 2002 ;- la dépréciation de l’euro a renchéri le prix des produits alimentaires importés li-bellé en monnaie étrangère ;- la crise de la vache folle en octobre 2000 et l’apparition de la fièvre aphteusedepuis février 2001 ont eu aussi des effets inflationnistes. Le report de la de-mande sur le poisson et les autres catégories de viande s’est traduit par unehausse des prix de ces produits.

Certains facteurs structurels ont également poussé les prix des produits de grandeconsommation à la hausse :- les coûts salariaux unitaires dans le commerce ont accéléré au début des an-nées 2000 ;- la concentration dans le secteur de la grande distribution a réduit la concur-rence par les prix ;- la législation sur l’urbanisme commercial qui protège les principaux opérateursde la grande distribution a amplifié les effets de la concentration. Ces derniers seretrouvaient bien souvent juges et parties lorsqu’il fallait attribuer un permis deconstruire à un concurrent.

26 Note de conjoncture

Loi Galland et prix à la consommation

Les étapes de la remise en cause de la loi Galland

Le 17 juin 2004, sous l’égide des pouvoirs publics, les distribu-teurs et les industriels s’engagent à baisser durablement les prixdes produits de grande consommation. Dans la foulée, le mi-nistre de l’économie commande un rapport qui analyse lalégislation existante et ses effets d’un point de vue économique, etpropose des réformes pour faire baisser les prix.

Le 18 octobre 2004, le rapport de la commission Canivet est re-mis au gouvernement.

Le 2 août 2005, la loi Dutreil II, qui s’inspire du rapport Canivet,autorise la déduction d’une partie des marges arrière du prix d’a-chat au fournisseur. Peut-être déduite du prix d’achat :

● au 1er janvier 2006, la part des marges arrière excédant 20 %de ce prix

● au 1er janvier 2007, la part des marges arrière excédant 15 %de ce prix

Le 4 janvier 2008, la loi Châtel est publiée au journal officiel. Àcompter du 1er mars 2008, les distributeurs sont autorisés à sous-traire du prix d’achat l’ensemble des marges arrière. ■

Nous illustrons ce mécanisme de déduction des marges arrière dans le tableau suivant, sous l’hypothèse théorique que les marges arrière représentent 35 %du prix d’achat.

1997 à 2005 1er janvier 2006 1er janvier 2007 1er mars 2008Prix d'achat 100 100 100 100

Marges arrière 35 % 35 % 35 % 35 %

Part déductible 0 15 20 35

Seuil de revente à perte 100 85 80 65

Page 24: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

La loi serait responsable d’unsurcroît d’inflation de l’ordre

d’un point de pourcentage

Concrètement, des variables représentant des prix de production et des prix d’im-portation des biens concernés, ainsi que des coûts salariaux du commerce ontété introduites dans les équations économétriques expliquant les prix à laconsommation (cf. annexe 2 pour plus de détail). Deux estimations complémen-taires ont été menées pour mesurer l’impact de la loi.

La première estimation repose sur un modèle de l’inflation « sous-jacente ». Lestarifs publics (électricité, gaz, etc.) et les produits à prix volatils ou sensibles auxaléas climatiques (produits pétroliers et 68 % des produits alimentaires : produitsfrais, viande, vin, etc.) sont exclus du champ de l’inflation « sous-jacente ». Cer-tains produits alimentaires qui ont pu être affectés par la loi sont par conséquentécartés. À l’opposé, cette estimation intègre des services et certains produits ma-nufacturés qui ne sont pas concernés par la loi Galland, la rendant moins précisesur l’effet global. Selon ce modèle, la loi aurait augmenté l’inflation « sous-ja-cente » d’1,6 point sur la période 1997-2004 (cf. tableau et graphique 1). L’im-pact correspondant sur l’inflation d’ensemble est alors estimé à 1 point.

La seconde estimation repose sur un modèle moins agrégé comprenant deuxéquations : une équation de prix des produits alimentaires, hors fruits, légumes etpoissons frais, et une équation des produits manufacturés principalement vendusen grande surface(6). Selon ce modèle, la loi serait responsable d’un surcroît de3,1 points de hausse des prix des produits alimentaires hors produits frais (cf. ta-bleau et graphique 2), et de 1,1 point de hausse des prix des produits manufactu-

Juin 2008 27

Loi Galland et prix à la consommation

Impact total sur la période de la loi Galland et de ses réformes(en point de pourcentage)

Secteurs (pondération 2008) 1997 T1 - 2004 T3 2004 T4 - 2008 T1

IPC sous-jacent (61,4 %) 1,6 -0,7

Alimentation hors produits frais (14,3%) 3,1 -2,4

Produits manufacturés principalement vendus en grande surface (5,6 %) 1,1 -1,4

Indice d'ensemble (100%)

Méthode "sous-jacent" 1,0 -0,4

Méthode "alimentation + produits manufacturés vendus dans les grandes surfaces" 0,5 -0,4

1- Contributions à la croissance de l'IPC sous-jacent

Source : Insee

(6) Ces produits sont les articles de ménage en textile, la vaisselle, les produits d’hygiène etbeauté, de bricolage et de sports et loisirs. Ils représentent à peu près 6 % de l’indice desprix. Certains produits manufacturés dont le réseau de distribution est très spécifique sontexclus du champ de l’étude (par exemple, les automobiles ou les vêtements et chaussures).

Page 25: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

rés principalement vendus en grande surface (cf. tableau). Au total, l’impact surl’inflation d’ensemble est alors estimé à 0,5 point entre 1997 et 2004.

Ainsi, quelle que soit l’évaluation, la mesure utilisée pour capter l’impact de la loiGalland, à savoir l’écart de prix entre la « grande distribution étendue » et les « au-tres formes de vente », a bien le signe attendu (positif) sur la période 1997-2004.En outre, son impact estimé est supérieur à l’impact mécanique : même s’il faut in-terpréter avec prudence les résultats des estimations économétriques, ce résultattend à indiquer que l’effet de la loi Galland s’est fait sentir au-delà des produits degrande consommation vendus dans la grande distribution.

Les remises en causes successives du seuil de revente à perteont fait baisser les prix

Les remises en causesuccessives de la loi Galland

auraient fait baisser les prix de0,4 point environ

Même s’ils n’avaient pas été chiffrés, les effets non désirés sur les prix étaient bienadmis depuis le rapport Canivet (2004). Ils ont conduit le législateur à progressi-vement remettre en cause la loi Galland (cf. encadré). Les mesures prises pourfaire baisser les prix dans la grande distribution permettent de redéfinir le seuil derevente à perte, en incorporant les marges arrière. Nous avons estimé les effetsde ces mesures en utilisant les mêmes méthodes que précédemment : depuis lequatrième trimestre de 2004, les premières remises en cause de la loi Galland,intervenues en 2004 et 2005, auraient pour l’instant fait diminuer les prix de 0,4point environ (cf. tableau).

Cependant, les effetsdes réformes semblent avoir

marqué une pause récemment

Néanmoins, les effets des réformes semblent avoir marqué une pause récem-ment. Même si le glissement annuel des prix des produits de grande consomma-tion dans la « grande distribution étendue » demeure inférieur à celui des « autresformes de vente » (cf. graphique 3), les variations mensuelles sont quasi identi-ques depuis la fin de l’année 2007.

Par ailleurs, au premier trimestre de 2008, les prix à la consommation dans l’ali-mentation hors produits frais ont augmenté plus fortement que ne le suggèrent lesdéterminants économétriques (cf. graphique 2). Cette hausse, affectant aussi bienles prix des grandes surfaces que ceux des « autres formes de vente », pourrait s’ex-pliquer par plusieurs facteurs : une transmission de la hausse des prix à la produc-tion dans l’industrie agroalimentaire plus rapide qu’habituellement ou uneaugmentation des marges globales (producteurs et distributeurs) par exemple. ■

28 Note de conjoncture

Loi Galland et prix à la consommation

2 - Contributions à la croissance des prix à la consommation dans l'alimentation hors produits frais

Note : les résidus ne figurent qu’à partir de l’année 2007 par souci d’une meilleure lisibilité du graphique.Source : Insee

Page 26: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 29

Loi Galland et prix à la consommation

3 - Glissements annuels des prix des produits de grande consommation

Source : Insee

Annexe 1- Test microéconométrique

Dans un régime de concurrence normal, les prix de détail sont réceptifs à la concurrence locale entre magasins. Au contraire, si le seuil derevente à perte a été utilisé par les acteurs pour instaurer un prix minimum sectoriel, le prix de vente final ne dépend plus de la structure demarché locale. Biscourp, Boutin et Vergé (2008) s’appuient sur cette intuition pour examiner de manière systématique l’impact de la loiGalland sur les prix de détail en France. Cette étude s’appuie sur les relevés de prix utilisés par l’Insee pour calculer l’indice des prix à laconsommation (IPC), ainsi que sur des données de localisation de magasins. Elle se concentre sur les biens homogènes, vendus dans laplupart des magasins. Les auteurs construisent un indicateur de concentration local, qui prend ses valeurs entre 0 et 1. Cet indicateur estd’autant plus élevé qu’il y a localement peu de magasins. Si la concurrence entre distributeurs est effective, les prix doivent être plus élevésdans les zones les plus concentrées.

Afin de tester les effets de la loi Galland, les auteurs régressent le logarithme du prix sur la concentration locale, avant et après la loi (res-pectivement 1994 et 1999). Pour éviter de capter des effets liés aux caractéristiques de la zone, les plus importantes d’entre elles ont étéintroduites dans les régressions : en particulier, le revenu moyen et la population (qui est une mesure de densité puisque les zones sont detaille fixe). Les résultats de ces régressions sont présentés dans le tableau(1).

Ainsi, en 1994, la corrélation entre prix et concurrence locale est importante et significative. Un marché totalement concentré (indice deconcentration égal à 1) aurait un prix en moyenne 10,3 % plus élevé qu’un marché totalement concurrentiel (indice de concentration égal à0). En 1999, le rapport est de 1,8 % et n’est pas significatif. Cela indique un changement de régime profond cohérent avec l’utilisation sys-tématique du seuil de revente à perte comme prix plancher sectoriel. Ces valeurs extrêmes de l’indice de concentration ne s’observentcependant pas en réalité. L’écart « standard » observé entre les secteurs les plus concentrés et les moins concentrés sur cette période est de0,11 (écart type). L’écart de prix typique observé entre les magasins situés dans les zones plus ou moins concentrées était donc de 1% enmoyenne en 1994, alors qu’il était statistiquement nul en 1999. ■

1994 1999

Concentration locale 0,103***(0,025)

0,018(0,024)

Densité 0,016***(0,003)

0,09***(0,002)

Revenu (log) 0,023***(0,010)

0,025**(0,013)

Nombre d'observations 4197

Lecture : une variation de 0,5 de l’indicateur de concurrence locale correspond à un prix plus élevé d’environ 5 % en 1994 et de 0,9 %seulement en 1999. L’écart type de cet indicateur étant de 0,11, un magasin situé dans une zone plus concentrée d’un écart type avait des prixplus élevés de 1% en moyenne. Entre parenthèses figurent les variances estimées de paramètres, calculées à l’aide d’une méthode robuste(méthode dite cluster commune).Note : 3, 2 et 1 étoiles correspondent respectivement à coefficients significatifs aux seuils de 1 %, 5 % et 10 %. Variables incluses dans larégression mais non reportées dans ce tableau : indicatrices par produits et par an, par type et par an, par enseigne et par an. La concentrationest un indice HHI fondé sur la surface de vente dans une zone de 10 km à vol d’oiseau autour de la commune du magasin.Sources : Insee, LSA

(1) Pour plus de détail sur la méthodologie et les données utilisées par les auteurs, se reporter à l’étude « The Effects of Retail Regulations on Prices: Evidencefrom the loi Galland », P. Biscourp, X. Boutin et T. Vergé, document de travail de la DESE n° G 2008/02, Insee 2008.

Page 27: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

30 Note de conjoncture

Loi Galland et prix à la consommation

Annexe 2 - Les modèles d’évaluation des effets de la loi Galland sur l’inflation

L’analyse macroéconomique repose sur les outils de prévision de l’inflation dont dispose l’Insee, notamment un modèle global basé surune boucle prix-salaires. Au sein de cet outil, plusieurs équations ont été ré-estimées afin de tester les effets de la loi Galland sur l’inflation.Deux approches différentes ont été utilisées, basées sur des modélisations respectivement agrégées et désagrégées des prix de détail. Dansce qui suit, nous ne présentons pas le modèle complet, mais les équations principales où la différence des logarithmes des prix dans la« grande distribution étendue » et dans les « autres formes de vente » intervient.

Ces équations se présentent comme des modèles à correction d’erreur. Elles ont pour la plupart la propriété souhaitable d’homogénéitéstatique et dynamique : à long terme et à court terme, une hausse de 1 % des prix exogènes conduit à une hausse de 1 % du prix expliqué.Ces propriétés permettent une stabilité à long terme du système et la définition d’un taux de chômage d’équilibre indépendant de l’infla-tion.

Le premier modèle est fondé sur une modification de l’équation d’inflation sous-jacente dans le modèle global de prévision. Le secondmodèle est basé sur une approche plus désagrégée où la différence des logarithmes des prix dans la « grande distribution étendue » et dansles « autres formes de vente » intervient d’une part dans l’équation des prix à la consommation dans l’alimentation hors produits frais, etd’autre part, dans l’équation des prix à la consommation des produits manufacturés principalement vendus dans la grande distribution.

Modèle 1

Équation de l’indice des prix sous-jacents :

Période d’estimation 1990 T2-2007 T4

Statistiques de Student entre parenthèses

∆ ∆log( ) , , . log( )( , ) ( , )

IPCSJ IPCSJt t= + −−0 005 0 38 08 0 4 4

1 , . log( ) , . log( )( , ) ( , )

17 0 281 9

32 8

4−

− −+ −∆ ∆IPCSJ IPCSJt t 0 076

0 06

7 51

7 31

, .log( )

, .log( )

( , )

( , )

−−

−+

IPCSJ

Pxprod

t

t + +− −0 016 0 000313 8

1, log( _ _ ) , .( ) ( , )c

t tPxIM EC ED Galland − +−

0 003 04 48 0

, .( , )

dum t tIPCSJε

R2 = 0,86

où IPCSJ : indice des prix sous-jacents

Pxprod : prix à la production dans le secteur marchand (sur le marché intérieur)

PxIM_EC_ED : prix des biens de consommation et des automobiles importés

Galland : différence des logarithmes des prix dans la « grande distribution étendue » et dans les « autres formes de vente »

Modèle 2

Équation des prix à la consommation dans l’alimentation hors produits frais :

Période d’estimation 1979 T3-2008 T1

∆ ∆ ∆log( _ ) , . log( _ ) , . l( , ) ( , )

Px HF Px HFt t= +−0 48 0 097 9

12 0 ( )

og( _ ) , . log( _ ) , . log(, ( , )

Px HF Px EB Pt t− + +45 2 3 6

019 015∆ ∆ x EB

CSU EJ dum t

t

ct

_ )

, . log( _ ) , .( ) ( , )

−−

+ −

1

37 6

0 09 0 02 82∆ 3 0 003 0 0012 2 2 6

+ + +, . ,( , ) ( , )

_∆Gallandt tPx HFε

R2 = 0,91

où Px_HF : prix à la consommation dans l’alimentation hors produits frais

Px_EB : prix à la production de l’industrie agro-alimentaire (sur le marché intérieur)

CSU_EJ : coûts salariaux unitaires dans le commerce

Équation des prix à la consommation des produits manufacturés principalement vendus dans la grande distribution :

Période d’estimation : 1983 T2-2008 T1

∆ ∆log( _ ) , . log( _ ) ,( , ) ( , )

Px MAN Px MANt t= +−0 66 0 0816 1

12 8

. log( _ ) , . log( _ _ ) ,( , ) (

∆ ∆Px EC Px IMP ECt− −−

+ −14 4

80 06 0 095 5

1

3 91

20 04 0 01

, )

( , ) (

.log( _ )

, .log( _ ) ,

Px MAN

Px EC

t

t

−+ +, ) ( , ) ( )

.log( _ _ ) , . , .6

15 5

0 0003 0 0001Px IMP EC TRENDtc

− + + Galland Gallandt t tPx MAN

− + + +12 4 5 5

0 002 015, . ,( , ) ( , )

_∆ ε

R2 = 0,92où Px_MAN : prix à la consommation des produits manufacturés principalement vendus en grande surface

Px_EC : prix à la production des biens de consommation (sur le marché intérieur)

Px_IMP_EC : prix des biens de consommation importés

TREND : tendance déterministe à partir de 1983 T2

Page 28: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 31

Les

Les effets de l’appréciation de l’eurosur l’économie française

Franck Cachia

Division

Synthèse conjoncturelle

Depuis 2002, le taux de change de l’euro par rapport au dollar aug-mente presque continûment : l’euro s’est ainsi apprécié de 8,2 %

par an en moyenne, passant de 0,88 dollar pour un euro au premier tri-mestre de 2002 à une parité de 1,58 en avril 2008. L’euro s’est égale-ment apprécié vis-à-vis du yen et de la livre anglaise, mais dans unemoindre mesure. En tenant compte de l’ensemble des devises pondé-rées par leur poids dans la concurrence subie par la France, l’apprécia-tion du taux de change de notre économie est moindre mais restesignificative : elle s’élève à 17 % depuis 2002, soit 2,2 % par an. Il s’agitdonc d’une évolution économique de première importance.Une appréciation du change affecte tout d’abord la compétitivité à l’exportationet à l’importation. Quel que soit l’indicateur retenu, la compétitivité des produitsfrançais sur les marchés internationaux s’est dégradée de manière significative.Depuis le début de l’année 2002, les prix des exportations françaises de pro-duits manufacturés (exprimés en euros) ont augmenté de 0,2 % par an enmoyenne alors que les prix d’exportation de nos principaux concurrents ontbaissé, en euros, de 0,6 % par an. La hausse de la devise européenne est aussià l’origine de l’accélération de la perte de compétitivité des producteurs locauxsur le marché domestique. Elle a en effet contribué à modérer les prix d’impor-tation en France, qui ont reculé de 1,2 % par an en moyenne depuis 2002. Cespertes de compétitivité-prix de la production nationale, tant sur le marché do-mestique qu’à l’étranger, se poursuivraient en 2008.L’impact du taux de change sur l’économie fait intervenir de nombreux méca-nismes, dont l’évaluation nécessite l’utilisation d’un modèle bouclé de l’éco-nomie. Ainsi, la baisse des quantités exportées et la hausse des importationspèsent sur la croissance du produit intérieur brut. L’investissement et l’emploien pâtissent. En revanche, la baisse du prix des consommations intermédiai-res (matières premières notamment) permet aux entreprises de contenir leurscoûts de production. Pour les ménages, la hausse du change est synonyme àcourt terme de baisse du prix des biens consommés et donc de gains de pou-voir d’achat. Le surcroît de consommation qui en résulte permet de compen-ser en partie l’impact négatif de l’appréciation de l’euro sur la croissance.D’après les modèles macroéconométriques, une appréciation permanentede 10 % de l’euro par rapport aux autres devises se traduirait à court terme parun recul significatif de la croissance économique en France, de l’ordre de 0,5point par an les trois premières années, et par une baisse de l’inflation de 0,2point à 0,3 point par an.Ainsi, d’ici la fin de l’année, l’appréciation de l’euro survenue depuis le débutde 2007 devrait amputer la croissance française de 0,1 à 0,2 point par tri-mestre.Il s'agit là d'effets de court terme. À long terme, des mécanismes correcteursentrent en jeu, qui permettent de ramener l'activité vers son niveau potentiel.La baisse durable de l'inflation, voire la réduction des primes de risque relati-vement aux monnaies qui se déprécient, peuvent même à long terme soutenirle potentiel de croissance de l'économie.

Page 29: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

L’euro s’est considérablement

apprécié depuis 2002

Depuis 2002, l’euro s’est sensiblement apprécié par rapport à de nombreusesdevises (cf. graphique 1). Entre janvier 2002 et avril 2008, l’euro est ainsi passéde 0,88 dollar à 1,58 dollar (+78 %), de 0,62 livre à 0,79 livre (+29 %), et de115 yens à 163 yens (+42 %). Il s’agit d’évolutions économiques de premièreimportance pour les économies de la zone euro, et en particulier pour l’éco-nomie française.

Les effets d’une appréciation

du change sont complexes

Les effets d’une appréciation du change sur l’économie sont complexes. L’effet leplus immédiat, mais pas si simple à mesurer, concerne les prix et les volumesd’importations et d’exportations ; il nécessite de définir précisément la nature dela concurrence à laquelle sont confrontés les producteurs français et de prendreen compte les comportements de marge des exportateurs nationaux et étrangers.La première partie de ce dossier y est consacrée.

Une appréciation du change met également en jeu, à partir de la réaction ducommerce extérieur, de multiples effets indirects (effets de « bouclage macroéco-nomique ») : certains de ces effets indirects transitent par les prix, et notammentles prix à la consommation, les salaires, etc. (cf. schéma) ; d’autres effets indirectspassent par l’activité, l’emploi, la demande intérieure, etc. Une appréciation duchange entraîne notamment un transfert de valeur du patrimoine des pays dont lamonnaie s’apprécie vers ceux dont la monnaie se déprécie. Ce transfert n’est pasneutre sur les comportements de dépense des ménages et des entreprises, mêmesi son impact sur l’économie réelle est plus lent à se manifester. Enfin, la banquecentrale, confrontée à une inflation plus basse et une activité plus faible, doitadapter ses taux d'intérêt. Seule une modélisation macroéconomique boucléepeut permettre d’évaluer ces effets complexes, même si c’est souvent au prix denombreuses hypothèses. Tel est l’objet de la deuxième partie de ce dossier. À par-tir des évaluations obtenues, la troisième partie présente une estimation des effetsde l'appréciation de l'euro depuis un an et demi sur la prévision de cette note.

Une appréciation de l’euro fait baisser les exportationset augmenter les importations

Une appréciation de l’euro a pour effet direct de dégrader la compétitivité-prixdes producteurs français, à la fois face aux concurrents sur les marchés étrangerset face aux concurrents qui exportent sur le marché français, et donc de faire bais-ser les exportations et monter les importations.

32 Note de conjoncture

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

1 - Taux de change de l’euro par rapport aux principales devises (base 100 en 2002)

Source : DataInsight, Insee

Page 30: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

L’appréciation de l’euro fait baisser la compétitivité-prixdes exportations françaises

L’appréciation de l’euro

augmente le prix des produits

exportés pour le client étranger

L’appréciation de l’euro face aux monnaies des pays concurrents a en généralpour conséquence d’augmenter pour les clients le prix des produits importés deFrance par rapport à ceux importés d’autres pays en dehors de la zone euro(cf. encadré 1). En effet, si les prix pratiqués sont fixes en euro, alors l’apprécia-tion du change se traduit par une hausse équivalente du prix payé par le client fi-nal. Les exportateurs français ont certes la possibilité d’ajuster leurs prix pours’aligner sur ceux de la concurrence en rognant d’autant sur leurs marges. Maisen pratique, si les exportateurs font effectivement un effort de marge pour amortirl’effet de l’appréciation du change, la compensation est loin d’être complète. Ceteffort de marge se situerait entre 20 % et 40 %, selon les estimations des différentsmodèles(1). Ainsi, une hausse de 1 % des prix de production se répercuterait surles prix d’exportations à hauteur de 60 % à 80 %.

La concurrence à l’exportation

est multiple

Sur un marché donné, les exportateurs d’une économie sont confrontés à deuxtypes de concurrence : celle des producteurs locaux et celle des autres exporta-teurs. Ainsi les constructeurs automobiles français - ou même japonais - expor-tant depuis la France vers le Royaume-Uni font face à la concurrence :

● des constructeurs produisant sur le sol britannique et qui bénéficient vis-à-visdes constructeurs exportant depuis la France d’une appréciation de l’euro parrapport à la livre ;

● des constructeurs exportant depuis la zone euro (allemands, italiens, etc.) etqui sont désavantagés comme les constructeurs exportant depuis la France parl’appréciation de l’euro ;

Juin 2008 33

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

Schéma - Effets d’une appréciation du taux de change effectif nominal sur le commerce extérieur

Source : Insee

(1) À ce sujet, se reporter par exemple à COE-Rexecode et à Allard-Prigent et al. (2002).

Page 31: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

● des constructeurs exportant depuis les pays hors zone euro et horsRoyaume-Uni (les États-Unis, le Japon, la Corée, etc.) qui bénéficient vis-à-visdes constructeurs exportant depuis la France de la dépréciation de leur devisepar rapport à l’euro.

Une dégradation de la

compétitivité-prix à

l’exportation de la France y

compris dans les pays de la

zone euro

Contrairement à ce qui est parfois dit, ce n’est donc pas parce que l’essentiel desexportations françaises est à destination de la zone euro que les exportations dela France ne sont guère affectées par une appréciation de l’euro : nos exporta-tions à destination de la zone euro subissent en effet elles aussi une dégradationde leur compétitivité vis-à-vis de l’ensemble des producteurs qui exportent enzone euro depuis des pays dont la devise s’est dépréciée par rapport à l’euro(États-Unis, Japon, Royaume-Uni, Chine, etc.).

Le taux de change effectif

traduit l’impact du change sur

la compétitivité-prix à

l’exportation

Pour bien mesurer la pression exercée sur la compétitivité-prix à l’exportation parles évolutions de change, il est donc nécessaire de recourir à un indicateur retra-çant les évolutions du taux de change par rapport à un panier de devises regrou-pant l’ensemble des concurrents sur les marchés d’exportation. C’est la notionde taux de change effectif (cf. encadré 1).

Il tient compte de l’ensemble

des mouvements des

principales devises

Sur la période récente, le taux de change effectif de la France est orienté à lahausse, reflétant l’appréciation de l’euro par rapport à l’ensemble des principa-les devises, en particulier vis-à-vis du dollar (cf. graphique 1). Depuis le début del’affaiblissement du dollar en 2002, l’euro s’est en effet apprécié en moyenne de8,2 % par an vis-à-vis de la devise nord-américaine. L’appréciation de l’euro aété légèrement moins vive par rapport au yen (+5,6 %) et plus modérée vis-à-visde la livre britannique (+3,0 %). Au cours de la même période, l’euro s’est en re-vanche déprécié par rapport aux devises de certains pays émergents. Le taux dechange effectif permet de prendre en compte, par exemple, la dépréciation ré-cente de l’euro vis-à-vis du bath thaïlandais, qui s’élève à 7 % en 2007. Au totalle taux de change effectif de la France s’est ainsi apprécié de 17 % depuis janvier2002, soit 2,2 % par an en moyenne. L’appréciation du taux de change effectif dela France se poursuivrait en 2008 : la hausse sur l’ensemble de l’année attendrait+3,4 %. Cette prévision repose en particulier sur une hypothèse de stabilisationdes taux de change bilatéraux au deuxième semestre de 2008.

Le taux de change effectif peut

être corrigé des prix

La concurrence entre exportateurs s’effectue sur le prix de vente final et intègredonc, en plus des effets de la compétitivité-change (mesurés par le taux dechange effectif), les évolutions de prix d’exportation en monnaie locale, dans l’é-conomie considérée et chez les concurrents. Supposons par exemple que le prix(en euros) des produits français destinés à l’exportation augmente de 3 %, contreune hausse de 2 % (en dollars) aux États-Unis. Si, dans le même temps, l’euro sedéprécie de 1 % vis-à-vis du dollar, alors les produits français ne perdront pas encompétitivité-prix par rapport aux produits américains. Cet exemple montre unecompensation entre les effets change et les effets prix, mais ces effets peuventaussi se cumuler. Une fois corrigé des évolutions de prix entre le pays concerné etses concurrents à l’exportation, le taux de change effectif devient un taux dechange effectif réel. Ce dernier représente un prix relatif à l’exportation(2) (rapportentre les prix à l’exportation d’un pays et ceux de ses concurrents) et correspond àune mesure de la compétitivité-prix à l’exportation.

Le taux de change effectif réel

est moins volatil que le taux de

change effectif nominal

Le taux de change effectif réel apparaît plus stable que le taux de change effectifnominal (cf. graphique 2). Cette stabilité relative reflète ainsi une certaine com-pensation entre les effets prix et les effets change : une dépréciation du taux dechange favorise d’une part la hausse des prix de production en renchérissant lesconsommations intermédiaires (matières premières, notamment) et d’autre part

34 Note de conjoncture

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

(2) Uniquement si les prix utilisés sont des prix d’exportations. Cependant, le recours auxprix de consommation est souvent privilégié, notamment pour des questions de disponibi-lité et de fiabilité des données.

Page 32: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

celle des produits finis. En outre, à moyen terme, la causalité se renverse entre lesprix et le taux de change : une inflation moins élevée dans un pays se traduit gé-néralement par une appréciation de son taux de change. Ainsi, l’appréciation dutaux de change effectif réel de la France depuis 2002 est environ deux foismoindre que celle du taux de change effectif nominal (+8,0 % contre +17,0 %).La hausse du taux de change effectif réel de la France s’accélérerait en 2008(+2,6 % après +0,7 %).

Une appréciation du change fait généralementbaisser les volumes exportés

La sensibilité des exportations

à la compétitivité-prix n’est pas

la même selon les pays

Toutes choses égales par ailleurs, la hausse du taux de change effectif de lamonnaie nationale fait donc augmenter le prix des produits exportés sur le mar-ché international. Il s’ensuit une baisse de la compétitivité-prix à l’exportation dupays concerné, susceptible de freiner les volumes exportés. L’ampleur de l’impactdépend de la sensibilité des exportations aux variations de la compétitivité-prix àl’exportation. Les exportations allemandes, par exemple, sont généralementconsidérées comme moins sensibles aux variations de prix relatifs que les expor-tations françaises : on estime qu’une baisse de 1 % de la compétitivité-prix à l’ex-portation des produits allemands entraînerait à long terme un recul de 0,3 pointdu volume des exportations, contre 0,7 point dans le cas de la France, lorsqu’onmodélise les exportations de ces deux pays à partir de leurs déterminants tradi-tionnels, la demande mondiale et le taux de change effectif réel (cf. encadré 2).

Elle dépend notamment de la

compétitivité « hors-prix »

Ces différences en termes d’« élasticités-prix(3) » des exportations s’expliquent enparticulier par des différences de compétitivité hors-prix : les produits allemandsbénéficient d’une meilleure image de marque et d’un positionnement plus pro-noncé sur les segments du haut de gamme que les produits français, ce qui leurpermet de soutenir plus facilement une hausse de leurs prix à l’exportation. Les in-dustriels exportateurs semblent accorder une importance toute particulière à lacompétitivité hors-prix à l’exportation : en France, ils sont en effet plus de 80 % àjuger que la qualité des produits constitue un facteur très important dans la com-pétitivité sur les marchés étrangers. Le prix des produits n’arrive qu’en secondeposition, avec environ 65 % d’entre eux qui jugent ce critère très important(cf. Bardaji et Scherrer, 2008).

Juin 2008 35

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

2 - Taux de change effectif (TCE) nominal et réel de la France (base 100 en 2002)

Champ : ensemble des produits manufacturésSources : Insee et direction générale du Trésor et de la Politique économique (DGTPE)

(3) L’élasticité-prix des exportations désigne ici le pourcentage de variation des volumesexportés correspondant à une hausse de 1 % de la compétitivité-prix à l’exportation.

Page 33: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Mais la compétitivité hors-prix

est très difficile à mesurer

Cependant, la mesure de la compétitivité hors-prix est rendue difficile par l’é-tendue des facteurs qui entrent en ligne de compte. De plus, les enquêtes qui sontréalisées dans ce domaine renseignent sur l’appréciation par les acteurs concer-nés (chefs d’entreprise, en général) des différents facteurs explicatifs de la com-pétitivité hors-prix mais ne fournissent pas de mesure directe de ces déterminants.Enfin, pour intégrer ces aspects dans une mesure de compétitivité pertinente d’unpoint de vue économique, il faudrait qu’ils soient évalués relativement auxéconomies concurrentes, ce qui est particulièrement difficile.

L’appréciation du change se traduit en général par une baissedu prix et une augmentation du volume des importations

L’appréciation de l’euro réduit

le prix des importations de

matières premières

La variation du change a également un impact, symétrique, sur le marché fran-çais : une appréciation de l’euro a pour effet de diminuer les prix des importa-tions. Cet effet est direct et immédiat pour les matières premières, telles le pétrole,dont les prix sont déterminés au niveau mondial : l’existence de marchés de cota-tion du pétrole à Londres (pour le baril de Brent) à New York (pour le West TexasInstrument) garantit l’existence d’un prix unique en dollar pour des pétroles dequalité identique. Une appréciation de l’euro se traduira donc par une baisse desprix du pétrole payé par les pays de la zone euro, et donc de la France.

L’appréciation de l’euro

pourrait entraîner une hausse

du prix de l’or noir en dollar...

Certes, l’appréciation de l’euro peut en retour entraîner une hausse du prix dupétrole exprimé en dollar. Ce sera le cas si la demande de pétrole des pays de lazone euro augmente en réaction à la baisse du prix du pétrole en euro ; mais ceteffet est à court terme suffisamment faible pour être négligé (l’élasticité-prix de lademande est à court terme généralement considérée comme très faible). Ce serale cas également si l’offre de pétrole, notamment des pays de l’OPEP, est cette foissensible à son prix, exprimé en termes du pouvoir d’achat qu’il procure : les pro-ducteurs de pétrole pourraient diminuer leur offre et, ce faisant, en faire monterles prix.

Les évolutions depuis un an des prix du pétrole et du taux de change de l’euro parrapport au dollar peuvent laisser penser que ce second mécanisme est très im-portant : la hausse des prix du pétrole en dollar et la hausse du taux de change del’euro par rapport au dollar sont allés depuis un an de pair, y compris dans leursmouvements à très court terme (cf. graphique 3).

36 Note de conjoncture

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

3 - Prix du baril de brent en dollar et taux de change euro-dollar

Source : DataInsight

Page 34: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

... mais cette relation est peu

probable

Deux arguments viennent toutefois relativiser l'importance du lien entre prix dupétrole en dollar et taux de change de l'euro. D’une part, cette corrélation peuttraduire une causalité de sens inverse : par exemple, la Banque centrale améri-caine semble pondérer actuellement davantage l’activité que l’inflation dans sesobjectifs, alors que c’est l’inverse pour la Banque centrale européenne ; unehausse des prix du pétrole peut ainsi entraîner des anticipations de hausse du dif-férentiel de taux entre la zone euro et les États-Unis et peser sur le dollar(4).D’autre part, cette corrélation n’est pas du tout évidente sur longue période(cf. graphique 4), laissant penser que le lien apparu récemment entre taux dechange de l’euro par rapport au dollar et prix du pétrole en dollar est largementaccidentel.

Ainsi, l'hypothèse qu’une appréciation de l’euro fait bien baisser les prix du pé-trole en euros et, plus généralement, des matières premières importées par laFrance, n'apparaît pas déraisonnable.

Plus généralement,

l’appréciation de l’euro réduit

le prix de l’ensemble des

importations

Une appréciation de l’euro a également pour effet de faire baisser les prix des au-tres biens et services importés par la France, mais l’effet exact est plus difficile àestimer. En effet, pour de nombreux biens et services, les producteurs peuventadapter leur comportement de prix en fonction du marché où ils exportent et del’intensité de la concurrence à laquelle ils sont confrontés (phénomène connusous le nom de pricing-to-market).

L’impact dépend du

comportement de marge des

exportateurs étrangers

Sur un marché très concurrentiel, un exportateur étranger ajustera son prix demanière à s’aligner sur les prix de la concurrence locale et étrangère et l’effet duchange sur les prix en euros de ce bien sera faible. C’est notamment le cas dansle secteur des biens de consommation courants. À l’inverse, un exportateur pro-duisant des biens très spécifiques aura son prix largement déterminé par sescoûts et transmettra presque intégralement les mouvements de change.

Au total, une appréciation de l’euro entraînera une baisse des prix d’importationplus ou moins forte selon la part des différents biens sur le marché. Dans le cas dela France, les estimations disponibles laissant à penser que 50 % environ de l’ap-préciation de l’euro se transmet au prix des produits manufacturés (cf. parexemple Allard et al. (2002)). On peut ainsi estimer que l’appréciation de l’euro

Juin 2008 37

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

4 - Corrélation entre les variations trimestrielles du prix du baril de brent en dollaret celles du taux de change euro-dollar

Sources : DataInsight, calculs Insee

(4) À ce sujet, on pourra se reporter à « Ben’s Bind » The Economist du 3 mai 2008, pages79-80.

Page 35: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

a fait baisser les prix d’importation de la France de l’ordre de 1,0 % par an depuis2002, l’ampleur de la baisse (-1,2 % en moyenne par an depuis 2002, cf. gra-phique 5) étant en réalité un peu supérieure à ce seul effet mécanique. En 2008,la compétitivité-prix à l’importation devrait de nouveau baisser, de 0,7 % (après-3,2 % en 2007), du fait de l’appréciation du taux de change effectif de la France.La dégradation de la compétitivité à l'importation qui résulte de l'appréciation duchange favorise alors les producteurs étrangers par rapport aux producteursfrançais, et les importations en sont renchéries.

À court terme en revanche, en l’absence de réactionde politique monétaire, l’appréciation du change provoqueune amélioration de la balance commerciale en valeur

Au total, une appréciation du change effectif doit donc se traduire par une dété-rioration des échanges extérieurs en volume. Plus la sensibilité des volumes d’ex-

38 Note de conjoncture

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

5 - Compétitivité-prix à l’importation (base 100 en 2000)

Champ : ensemble des produits manufacturésSource : Insee

6 - Taux de change effectif (TCE) nominal de la France et prix des importations (base 100 en 2000)

Champ : ensemble des produits manufacturésSources : DGTPE, Insee

Page 36: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

portation et d’importation à la compétitivité-prix est forte, et plus l’impact sur lesvolumes échangés est important.

L’appréciation de l’euro a pesé

sur les exportations de la

France et poussé ses

importations

La hausse du taux de change effectif réel depuis le début des années 1990 a pé-nalisé le commerce extérieur de la France. Depuis 2002, la hausse de l’euro entermes réels aurait freiné les exportations françaises à hauteur de 0,3 point enmoyenne par trimestre. En 2008, cette contribution devrait être de nouveau né-gative (-0,5 point en moyenne par trimestre). Ces pertes de compétitivité-prix sesont accompagnées d’un recul des parts de marché relatives à l’exportation(5)

(cf. graphique 7). De manière symétrique, les importations de produits manufac-turés ont été poussées par la baisse de la compétitivité-prix à l’importation (+0,3point en moyenne par trimestre), en partie suscitée par l’appréciation du change.En 2008, cette contribution serait plus modérée (environ +0,1 point en moyennepar trimestre).

À court terme, la balance

commerciale (en valeur) peut

s’améliorer

À court terme, néanmoins, une appréciation du change a plutôt un impact positifsur la balance commerciale en valeur : les effets-prix (hausse du prix des exporta-tions, baisse du prix des importations) l’emportent sur les effets-volumes (baissedes exportations, hausse des importations)(6). En effet, les quantités échangées neréagissent pas instantanément à une modification des prix relatifs alors que l’im-pact d’une hausse du change sur les prix d’exportation et d’importation est im-médiat. Ces délais d’ajustement des volumes peuvent s’expliquer d’abord parl’imparfaite substituabilité entre produits domestiques et produits étrangers.Ensuite, les producteurs étrangers ne peuvent pas forcément répondre immédia-tement à un supplément de demande (dans le cas d’une appréciation du changenational). Par ailleurs, les contrats d’échange de marchandises sont souvent si-gnés à l’avance et à un taux de change qui n’est pas celui du marché au momentoù la transaction est effectuée, ce qui contribue à retarder l’impact d’une varia-tion du change sur les volumes échangés.

Juin 2008 39

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

7 - Parts de marché relatives et taux de change effectif réel (base 100 en 2000)

Champ : ensemble des produits manufacturésSources : DGTPE, Insee

(5) Les parts de marché relatives à l’exportation sont mesurées par le rapport entre les ex-portations d’un pays et la demande mondiale qui lui est adressée.(6) Ce phénomène est généralement connu sous le nom de courbe en J (ou en J inversé,dans le cas d’une appréciation de la devise nationale, ce qui est le cas ici) : uneappréciation de la devise nationale entraîne à court terme une amélioration de la balancecommerciale, les effets prix l’emportant sur les effets volumes. L’impact devient ensuite né-gatif, la réaction des volumes échangés devenant trop importante.

Page 37: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Les effets désinflationnistes d’une appréciation de l’euroatténuent son impact négatif sur l’activité économique

Les mouvements du commerce

extérieur suscitent des

enchaînements

macroéconomiques complexes

À la suite d’un mouvement sur les changes, les évolutions du commerce extérieurentraînent des réactions « en chaîne » sur l’ensemble de l’équilibre macroécono-mique. La baisse d’activité due à la baisse des exportations et à la déformation dupartage du marché intérieur au profit des importations suscite un ajustement pro-gressif de l’investissement des entreprises et des effectifs. A contrario, la baissedes prix d’importation entraîne une baisse des prix de consommation, d’investis-sement et de consommations intermédiaires qui vient amortir en partie ces effetsdéfavorables sur l’économie. En particulier, la baisse des prix de consommationest favorable au pouvoir d’achat des ménages. Elle suscite, en outre, une modé-ration des salaires, laquelle vient en retour limiter la perte initiale de compétitivité.

La politique monétaire peut

contrebalancer la baisse

d’activité due à l’appréciation

du change

La politique monétaire peut également entrer en jeu. La baisse de l’inflation en-traînée par l’appréciation du change signifie en effet que la banque centrale abesoin de taux d’intérêt moins élevés pour atteindre sa cible d’inflation. Cetteréaction peut être amplifiée si la banque centrale réagit également à la baisse dela croissance due à l’appréciation du change, soit qu’elle tienne compte explici-tement du déficit d'activité (output gap) dans ses objectifs, soit qu’elle tiennecompte du fait qu’une telle diminution de l’output gap apaise les tensions infla-tionnistes futures.

Les modèles

macroéconomiques fournissent

un cadre d’analyse

quantitative

Évaluer l’ensemble de ces mécanismes suppose l’utilisation d’un modèle ma-croéconométrique bouclé. La mise en cohérence dans un cadre comptable desévolutions macroéconomiques et la prise en compte des interactions entre l’en-semble des grandeurs macroéconomiques constitue la force de ces modèlespour ce type d’évaluation.

Ils ont aussi leurs faiblesses. En particulier les comportements décrits par ce typede modèle sont basés sur des estimations entourées par nature d’une imprécisionnotable, ce qui fragilise tout particulièrement les évaluations qui résultent de phé-nomènes jouant dans des sens opposés. C’est le cas par exemple de la consom-mation des ménages, qui est soutenue par la baisse des prix, mais handicapéepar la baisse de l’emploi et des revenus du capital. La réaction de politique mo-nétaire est également assez incertaine, dans la mesure où elle se laisse moins fa-cilement mettre en équation que d’autres comportements, surtout s’agissantd’une banque centrale aussi jeune que la Banque centrale européenne.

De même, les profils de certaines variables sont évalués avec imprécision. S’il estainsi généralement acquis que l’impact d’une appréciation du change sur l’acti-vité tend à s’amenuiser à long terme, le moment où cet impact commence à seréduire ne peut pas être déterminé avec précision.

Les résultats des modèles

doivent donc être interprétés

avec prudence

C’est pourquoi les évaluations présentées ici, basées sur l’utilisation du modèleInterlink de l’OCDE (qui permet notamment une modélisation complète de l’éco-nomie de la zone euro), doivent être considérées comme fournissant de simplesordres de grandeur. En particulier, la dynamique trimestrielle est souvent plus fra-gile que la dynamique annuelle. Néanmoins, elles sont dans l’ensemble qualita-tivement proches des évaluations comparables (cf. par exemple Carton (2003) etHenriot (2008)).

Il est important d’utiliser un

modèle multinational

Comme illustré précédemment, une variation du change a des effets complexespour l’économie domestique, mais aussi pour les économies étrangères. À cetitre, seul un modèle multinational peut permettre de prendre en compte l’en-semble des bouclages extérieurs. Par exemple, l’appréciation de l’euro crée unexcès de demande dans les économies étrangères qui conduit à une hausse de

40 Note de conjoncture

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

Page 38: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

l’activité et des prix dans ces pays, et par conséquent à une augmentation deleurs importations.

En tenant compte du commerce

intra-zone, les résultats

donnent un ordre de grandeur

de l’appréciation de l’euro sur

l’économie française

Pour ces raisons, nous avons donc choisi d’utiliser la nouvelle mouture du mo-dèle Interlink de l’OCDE. Il s’agit d’un modèle multinational, incorporant la poli-tique monétaire et l’impact du change sur la valorisation des stocks d’actifsétrangers. Ce modèle tient compte du commerce intra zone euro, qui représenteun peu plus de la moitié du commerce extérieur de la France. L’estimation de l’im-pact d’une appréciation de l’euro sur les exportations de la zone prend parexemple en compte l’effet de ce choc sur l’activité économique en Allemagne, etdonc sur les exportations françaises, de la même manière que si l’évaluationavait été centrée sur la France. En première approximation, les résultats de la si-mulation présentée peuvent donner ainsi un ordre de grandeur de l’appréciationde l’euro sur l’économie française.

Une appréciation de l’euro de

10 % réduirait la croissance

annuelle de 0,5 point les

premières années

En zone euro, une appréciation de l’euro de 10 % par rapport à l’ensemble desmonnaies réduirait la croissance annuelle d’environ 0,5 point les trois premièresannées (cf. tableau). Dès la première année, l’activité est freinée : la croissancetrimestrielle est réduite de 0,3 point le premier trimestre, puis d’un dixième depoint les trois trimestres suivants. En effet, la perte de compétitivité-prix entraîneun recul modéré des parts de marchés tant à l’exportation qu’à l’importation. Ceteffet est progressivement amplifié par la dépréciation du patrimoine des entrepri-ses et dans une moindre mesure de celui des ménages : l’appréciation de l’eurodiminue la valeur des actifs étrangers détenus par les agents domestiques, entraî-nant par exemple une baisse de la valeur du patrimoine des ménages. La baissede l’activité est néanmoins limitée par la baisse des taux d’intérêt permise par ladiminution de l’inflation et l’affaiblissement de l’activité de la zone. Cet effet esttoutefois progressif et ne commence à mordre qu’à partir du deuxième trimestre.

L’assouplissement de la

politique monétaire limite l’effet

de l’appréciation

La réaction des autorités monétaires pourrait également permettre une atténua-tion de l’appréciation initiale du change : la baisse des taux rend en effet l’euromoins attractif par rapport aux autres devises. Nous n’avons toutefois pas tenucompte de ce type d’effet car, empiriquement et en moyenne, les taux de changene réagissent pas de manière attendue aux écarts de taux (la « parité non cou-verte des taux d’intérêt » n’est pas empiriquement vérifiée).

Juin 2008 41

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

Effets estimés sur la zone euro d’une appréciation de 10 % de l’euro contre toutes monnaies(écart au scénario central, en points de pourcentage)

Impact surTrimestre Année

1 2 3 4 1re 2e 3e 4e

PIB -0,3 -0,4 -0,6 -0,7 -0,5 -1,1 -1,5 -1,7

Consommation privée -0,5 -0,6 -0,7 -0,8 -0,7 -1,1 -1,4 -1,5

Investissement -0,2 -0,2 -0,5 -0,6 -0,4 -1,0 -1,3 -1,2

Exportations (y compris intra-zone) -1,0 -2,1 -3,0 -3,8 -2,5 -4,7 -5,2 -4,6

Importations (y compris intra-zone) -1,0 -2,0 -2,9 -3,5 -2,3 -4,2 -4,1 -3,1

Inflation -0,1 -0,1 -0,2 -0,3 -0,2 -0,4 -0,7 -0,8

Emploi -0,1 -0,2 -0,3 -0,4 -0,3 -0,6 -0,6 -0,4

Prix d’exportation (y compris intra-zone) -0,2 -0,6 -0,9 -1,1 -0,8 -1,6 -2,3 -2,9

Prix d’importation (y compris intra-zone) -0,3 -0,5 -0,7 -0,9 -0,6 -1,2 -1,8 -2,5

Balance commerciale (en points de PIB) 0,0 -0,1 -0,2 -0,2 -0,1 -0,4 -0,6 -0,7

Notes de lecture :le PIB serait réduit de 0,5 point la première année et de 1,1 point au bout de la deuxième année. Le taux de croissance serait donc amputé de 0,6point la deuxième année. Ainsi, excepté pour l’inflation, les nombres du tableau représentent l’impact cumulé ; le taux de croissance entre deuxpériodes est obtenu au premier ordre par la différence entre ces nombres. Pour l’inflation, l’effet se lit directement : l’inflation est diminuée de 0,4point la deuxième année. La différence entre deux périodes souligne l’accélération ou la décélération des prix à la consommation.Les exportations et les importations comprennent le commerce intra-zone. Leur interprétation doit être faite avec prudence. Par exemple, unehausse des exportations entraîne mécaniquement une hausse des importations, une grosse partie des échanges s’effectuant entre pays membres.Source : variante effectuée à partir du modèle Interlink, OCDE.

Page 39: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

L’impact est progressif sur les

volumes d’échange

L’impact de la hausse de l’euro sur les volumes échangés est progressif, reflétantles délais d’ajustement des volumes aux variations de prix. L’effet sur les exporta-tions atteindrait son apogée au bout de trois ans (en retrait de 5,2 points par rap-port au scenario central). Les importations reculeraient également, du fait d’unedemande intérieure moins dynamique qui ferait plus que compenser la baisse decompétitivité-prix à l’importation. Toutefois, dès la troisième année, les achats seredresseraient en raison, d’une part, de la croissance des volumes d’importationsliée aux pertes de compétitivité-prix des producteurs locaux sur le marché domes-tique, et d’autre part, de la hausse de la demande intérieure, consécutive àl’assouplissement de la politique monétaire

L’inflation est réduite (-0,2

point dès la première année)

Les effets désinflationnistes d’une appréciation de l’euro apparaissent clairementdès la première année (-0,2 point) : la baisse des prix d’importation favorise le ra-lentissement des prix de la consommation des ménages. L’effet sur l’inflation est àla fois direct (baisse du prix des produits finis importés) et indirect : la baisse duprix des produits importés nécessaires à la production nationale (comme les ma-tières premières ou les biens intermédiaires, par exemple) permet une baisse desprix de production, qui se répercute sur les prix de vente au consommateur. Cerecul de l’inflation bénéficie au pouvoir d’achat des ménages et vient en partiecompenser l’effet négatif sur leur revenu de la baisse de l'emploi et des revenusdu capital.

Par ailleurs, la baisse des prix de production permet de compenser en partie lahausse du prix des exportations (exprimées en devises) et limite également lespertes de compétitivité-prix des producteurs locaux sur le marché domestique etsur les marchés étrangers, d’autant que l’excès de demande de produits étran-gers augmente les prix des producteurs étrangers. La baisse moins marquée desexportations en volume dès la troisième année, et leur redressement dès l’annéesuivante, est en partie imputable à cet effet prix. Cet effet est moins visible pour lesimportations du fait de l’amélioration relative de l’activité économique à partir dela quatrième année, qui stimule la demande intérieure et donc les importations.Sans cette baisse des prix de production, la hausse des importations seraitnéanmoins plus nette.

La balance commerciale se

dégrade d’un demi-point dès la

deuxième année

La balance commerciale est très légèrement positive au premier trimestre, mêmesi cet effet n’est pas significatif, les prix d’importation diminuant légèrement plusque les prix d’exportation. La transmission des pertes de compétitivité-prix aux vo-lumes échangés contribue à détériorer progressivement la balance commercialeselon le profil théorique en « J ». Néanmoins, celui-ci n’est pas extrêmement mar-qué, sans doute en raison des multiples effets de bouclage qui interviennent dèsle premier trimestre. Au total, la balance commerciale se dégrade d’undemi-point environ dès la deuxième année.

Au total, une appréciation de l’euro entraîne donc à un horizon de court-moyenterme un recul significatif de l’activité économique, imputable en grande partie àla dégradation du commerce extérieur en volume. Cet effet se résorbe progressi-vement en raison de l’impact désinflationniste d’une appréciation du change, quise traduit notamment par une hausse de la consommation des ménages et uneatténuation des pertes de compétitivité-prix des producteurs locaux.

Il s'agit là d'effets de court terme. À long terme, des mécanismes correcteurs en-trent en jeu, qui permettent de ramener l'activité vers son niveau potentiel. Labaisse durable de l'inflation, voire la réduction des primes de risque relativementaux monnaies qui se déprécient, peuvent même à long terme soutenir le poten-tiel de croissance de l'économie.

42 Note de conjoncture

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

Page 40: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

En France, les mouvements de change enregistrés depuisdébut 2007 retireraient environ un demi-point à lacroissance annuelle de 2008

Un effet sur le PIB de -0,1 à

-0,2 point sur les trois

prochains trimestres

D’ici la fin de 2008, l’appréciation subie par l’euro depuis 2007 amputerait lacroissance du PIB français de 0,1 à 0,2 point par trimestre. Sur l’ensemble del’année, cet impact est évalué à 0,6 point. Il résulterait à la fois de l’effet dépressifdes hausses de l’euro sur la demande intérieure et de son impact direct sur lesperformances du commerce extérieur.

Malgré l’atténuation de

l’inflation, les hausses de

l’euro pénaliseraient la

consommation des ménages

français en 2008

L’appréciation de l’euro permettrait de modérer l’inflation d’environ 0,2 point en2008 ; la hausse des prix serait freinée de moins de 0,1 point par trimestre en2008. La consommation des ménages serait pourtant amputée, de l’ordre de0,7 point sur l’ensemble de l’année. En particulier, l’appréciation de la monnaieeuropéenne retirerait 0,2 point environ à la croissance de la consommation desménages sur les trois derniers trimestres de 2008.

Cet effet sur la consommation est en partie imputable au recul de l’emploi. Ce-lui-ci serait pénalisé à hauteur de 0,3 point en 2008 (-0,1 point par trimestre).L’appréciation de l’euro toucherait aussi l’investissement, dont la croissance an-nuelle serait freinée de 0,5 point en 2008 (-0,1 point aux trois derniers trimestres2008).

Les hausses de l’euro

pèseraient sur la balance

commerciale en 2008

Enfin, la balance commerciale perdrait environ 0,2 point de PIB en 2008, soit unpeu plus de 3 milliards d’euros, en raison des mouvements de change. En prévi-sion, seul le troisième trimestre de 2008 serait néanmoins touché (-0,1 point).L’effet sur la balance commerciale serait en grande partie imputable aux exporta-tions : les hausses de l’euro retrancheraient en effet environ 3 points à la crois-sance des exportations en 2008. L’impact serait notamment important au coursdes trois prochains trimestres (-0,9 point par trimestre). ■

Juin 2008 43

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

Page 41: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Bibliographie

1 - C. Allard-Prigent, C. Audenis, K. Berger, N. Carnot, S. Duchêne et F. Pesin, Présentation du modèleMÉSANGE, Modèle Économétrique de Simulation et d’ANalyse Générale de l’Économie, document de travail de ladirection de la Prévision, mai 2002.

2 - J. Bardaji et P. Scherrer, « Mondialisation et compétitivité des entreprises françaises », Insee Première n° 1188,mai 2008.

3 - E. Berger et V. Passeron, Les importations françaises : le rôle de la demande des entreprises et des exportations,dossier de la Note de Conjoncture de juin 2002.

4 - O. Blanchard et D. Cohen, Macroéconomie, Pearson Education, 2002.

5 - B. Carton, « Effets d’une appréciation de l’euro sur l’activité de la zone euro : que disent les modèles ? », AnalysesÉconomiques n° 14, direction de la Prévision, octobre 2003.

6 - Coe-Rexecode, La compétitivité française en 2007, document de travail n° 3, décembre 2007.

7 - J. Dufort et F. Murray, Impact de l’appréciation du taux de change sur la croissance des exportations et du PIB duQuébec, direction de l’analyse des relations économiques extérieures, ministère du Développement économique etrégional et de la Recherche du Québec, décembre 2004.

8 - S. Guillou, « Pourquoi les entreprises françaises souffrent-elles de la force de l’euro ? », Lettre de l’OFCE n° 295,février 2008.

9 - A. Henriot, Macroeconomic impact of the appreciation of the euro, présentation à l’Association des instituts euro-péens de conjoncture économique (AIECE), avril 2008.

10 - P.J. Lloyd et X. Zhang, The Armington Model, University of Melbourne and Productivity Commission.

11 - NIESR, The World Model manual, mimeo, avril 1999.

12 - J.H. Stock et M.W. Watson, « A Simple Estimator of Cointegrating Vectors in Higher Order Integrated Systems »,Econometrica, vol. 61, n° 4, pages 783-820, juillet 1993.

44 Note de conjoncture

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

Page 42: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 45

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

Encadré 1 - Taux de change et indicateurs de compétitivité-prix

Compétitivité-prix à l’importation

Le choix d’importer ou non un produit dépend en partie du rapport entre le prix du produit disponible sur le marché domestique et celuid'un produit équivalent fabriqué à l’étranger. La compétitivité-prix à l’importation rapporte le niveau du prix des importations (Pi

M) à celui

des prix de la production domestique destinée au marché intérieur, c’est-à-dire le prix de la production diminuée des exportations et des

marges à l’exportation (Piprod X m esx− − arg ) :COMPIT P

Pi

iM

iprod X m esx

= − − arg. La compétitivité-prix à l’importation augmente lorsque les prix à

l’importation progressent plus rapidement que les prix de la production destinée au marché local (les produits domestiques gagnent encompétitivité-prix par rapport aux produits étrangers).

La compétitivité-prix à l’importation doit être calculée sur un champ sectoriel pertinent, regroupant des produits sur lesquels producteurslocaux et producteurs étrangers sont effectivement en concurrence. Dans le cas de la France, la production domestique d’hydrocarburesétant très faible, l’acheteur potentiel est contraint de s’approvisionner à l’étranger, quel qu’en soit le prix. C’est pourquoi la compétitivi-té-prix à l’importation de la France est généralement calculée sur le champ des produits manufacturés.

Compétitivité-change et compétitivité-prix à l’exportation

La compétitivité-change d’une économie retrace les évolutions de la monnaie domestique par rapport à un ensemble de concurrents etnon plus par rapport à un seul pays ou une seule zone monétaire. Le taux de change effectif, qui est une pondération des taux de changede l’économie domestique avec les autres économies, est une mesure de la compétitivité-change à l’exportation :

TCE eij

Jij

ij==Π

1( )θ , où TCEi est le taux de change effectif du pays i, eij le taux de change de la monnaie du pays i par rapport à celle du pays j

(par exemple, 1euro=eFR US USD) et (θ θ θi ij iJ1, ..., , ..., ) le système de pondérations utilisé. La question du choix de la pondération est dis-cutée plus bas. Dans ce cadre conventionnel, une appréciation du change effectif du pays i correspond à une augmentation de TCEi .

Pour passer de la compétitivité-change à la compétitivité-prix à proprement parler, il faut prendre en compte dans l’indicateur utilisé l’é-volution des prix dans le pays considéré et chez ses concurrents. En effet, si par exemple le taux de change de l’euro par rapport au dollars’apprécie fortement mais que, dans le même temps, les prix à l’exportation augmentent moins vite en France qu’aux États-Unis, cela limi-tera la perte de compétitivité-prix des exportateurs français vis-à-vis des exportateurs américains. C’est la notion de taux de change

effectif réel, qui s’écrit formellement de la manière suivante : TCER P

Pei

j

JiX

jX ij

ij

=⎡

⎣⎢⎢

⎦⎥⎥=

Π1

( )

θ

, où PiX est un indice de prix d’exportations relatif au

pays i.

La taux de change effectif réel exprime un prix relatif à l’exportation si les prix considérés sont les prix d’exportations. Dans ce cas, une me-

sure équivalente au taux de change effectif réel est donc : COMPETP

Pi

j

JjX

iX

ij

= =Π

1( )θ

, où les prix à l’exportation (PiX , Pj

X ) sont exprimés en

monnaie commune.

En revanche, dans le cas où les prix utilisés sont par exemple les prix à la consommation, ce qui est souvent le cas en raison de leurs plusgrandes disponibilité et fiabilité dans de nombreux pays, l’indicateur de taux de change effectif réel ne peut plus être assimilé à un prix re-latif à l’exportation.

Pondérations

Le calcul du taux de change effectif, nominal ou réel, dépend étroitement du système de pondérations utilisé. La première approcheconsiste à pondérer par la structure géographique à l’exportation du pays considéré. Le calcul de ces pondérations, dites « simples », s’ef-

fectue donc de la manière suivante :θijS i j

i

X

X= → , où Xi j→ représente les exportations du pays i à destination du pays j et Xi les exportations

totales du pays i. Cette approche est néanmoins trompeuse, puisqu’elle ne prend pas en compte la concurrence éventuelle exercée par lepays j sur les marchés tiers. Par exemple, le poids du Japon dans les exportations françaises est relativement faible (de l’ordre de 1,5 %) sibien qu’une appréciation de l’euro par rapport au yen ne semble avoir qu’un impact limité sur le change effectif avec pondérations sim-ples. Cet impact est en réalité beaucoup plus important une fois qu’il a été tenu compte de la concurrence entre exportateurs sur lesdifférents marchés d’exportations (par exemple la concurrence entre exportateurs français et japonais sur les marchés d’Asie du Sud-Est).En utilisant ce type de pondérations, dites « doubles », le poids du Japon monte à 6,0 %. De manière formelle, on définit un système de

doubles pondérations de la manière suivante : θijD i l

ill i

Lj l

l

XX

X

M= →

=≠

→∑1

, où Ml représente les importations totales sur le marché l. θijD dépend

donc conjointement du poids dans les exportations du pays i de chacun des L marchés et de la part de marché du pays j sur ces mêmesmarchés.

Page 43: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

46 Note de conjoncture

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

D’un point de vue économique, la pondération utilisée devrait aussi tenir compte de la concurrence entre exportateurs et producteurs lo-caux (concurrence entre exportateurs français et producteurs japonais sur le marché japonais, par exemple). En pratique, lorsque lemarché d’exportation et le concurrent à l’exportation coïncident (i. e, lorsque l=j), la pondération doit donc faire intervenir l’importancede la production domestique sur le marché l. Plus précisément, on a :

θilD i l

i

l

j ljj i

JXX

PROD

X

= →

→=≠

∑1

, où PRODl est la production domestique sur le marché l. ■

Encadré 2 - La modélisation macroéconométrique du commerce extérieur de la France

Les fondements économiques de la modélisation du commerce extérieur

Les bases théoriques des équations de prévision du commerce extérieur proviennent du modèle d’Armington (1969), une référence de lamodélisation opérationnelle du commerce international. Ce modèle repose sur deux hypothèses fondamentales :

Hypothèse 1 Discernabilité des produits par origine géographique

Au sein d’un même secteur, les produits originaires d’un pays donné sont homogènes. Mais les produits nationaux et importés sont suppo-sés discernables selon la provenance géographique, donc imparfaitement substituables.

Hypothèse 2 Indépendance des choix entre catégories de biens

Les préférences des consommateurs pour différents produits en concurrence sur un marché donné ne sont pas affectées par leurs achatssur les autres marchés.

Les équations d’échange bilatéral découlent d’un programme d’optimisation du consommateur, qui se déroule en deux temps (en raisonde l’hypothèse 2).

Notations

j pays importateur

I nombre total de pays partenaires (j compris)

i un des pays d’origine du produit k

xkij demande d’importation du pays j en produit k en provenance de i

xkjj demande de j en produits domestiques k

pkij prix du produit k originaire de i demandé par j

U ( ) fonction d’utilité du consommateur

Rj budget global de j

1re étape Allocation du budget global par types de biens

Max U x x x sc px k K

j j kj Kj kjk

K

kj( ) ,...,

( , ..., , ..., )= =

∑1

11

x Rkj j≤

2e étape Allocation de chaque dépense sectorielle par produits de différentes origines géographiques

Max U x x x sc px i I

kj k j kij kIj kikij

( ) ,...,( , ..., , ..., )

=11 j

i

I

kij kj kjx p x=∑ ≤

1

Hypothèse 3 La fonction d’utilité sectorielle est à élasticité de substitution constante

Les équations d’échange bilatéral s’écrivent alors de la manière suivante :

Log x Log x Logp

pLokij ki j kj

kij

ki jkj( ) ( )'

'= −

⎣⎢⎢

⎦⎥⎥

+σ σ g kij

ki j

αα '

⎣⎢⎢

⎦⎥⎥

Où σkj est l’élasticité de substitution et αkij des paramètres de préférences.

Les équations d’importations et d’exportations globales dérivent des équations d’échange bilatéral :

Page 44: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 47

Les effets de l'appréciation de l'euro sur l'économie française

Équation d’importations

Log M Log DI Logp

pLogkj kj kj

M

DIkj

kj

kj

( ) ( )= −⎛

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+σ σαM

DIM

kj

kj

kjc

α

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+

en notant :

M xkj kiji j

=≠∑ les importations globales du pays j en produit k

DI x Mkj kij kj= + la demande intérieure du pays j en produit k

pMkj

le prix des importations du pays j en produit k

pDIkj

le prix de la demande intérieure du pays j en produit k

Équation d’exportations

Log X Log DM Logp

pLogkj kj kj

FX

Xkj

kj

kj

( ) ( )= −⎛

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+σ σαX

FXX

kj

kj

kjc

α

⎝⎜⎜

⎠⎟⎟

+

en notant :

X xkj kjii j

=≠∑ les exportations globales du pays j en produit k

DM Mkji j

I xx ki

kji

kj

=≠Π . la demande mondiale adressée au pays j en produit k

pFXkj

le prix des exportations adressées au pays j en produit k

pXkj

le prix des exportations totales du pays j en produit k

Les équations de commerce extérieur utilisées dans la modélisation opérationnelle diffèrent quelque peu des équations théoriques : pourles importations, on utilise la demande globale pondérée (demande des agents pondérée par leurs contenus respectifs en importationsmanufacturières) plutôt que la demande intérieure : cela permet d’avoir une vision plus fine de l’impact des différentes composantes de lademande sur les importations. Pour les exportations, on utilise le taux de change effectif réel plutôt qu’un indicateur de compétitivité tradi-tionnel. Enfin, les paramètres de préférences n’étant pas estimables en tant que tels, ils sont regroupés dans le terme constant.

Méthodologie générale d’estimation des équations

Les équations de commerce extérieur sont estimées à partir de modèles à corrections d’erreurs (MCE), selon la méthodologie proposéepar Stock et Watson (1993). Pour le modèle de prévision des exportations de produits manufacturés, la relation de cointégration à estimerest donc la suivante :

x c dm compet dmt LT t t ii q

q

t i ij q

q= + + + +

=−−

=−∑ ∑α β α β

'

'

' '

' '∆ ∆compett j t

LT− + ε

où : les variables en logarithme sont notées en minuscules

∆ = −( )I L est l’opérateur de différenciation et εtLTun bruit blanc gaussien

Le MCE s’écrit donc : ∆ ∆ ∆ ∆x c x dm compt ii

q

t i jj

q

t j kk

q

CT= + + +

=−

=−

=∑ ∑ ∑φ α β

1 0 0

' ' 'et rest k t

LTtCT

− −− +γ ε1

où res x c dm compettLT

t LT t t− − − −= − + +1 1 1 1(� �� )α β

Une méthodologie similaire est utilisée pour modéliser les importations de produits manufacturés. ■

Page 45: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Conjonctureinternationale

Page 46: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Au premier trimestre, la croissance des écono-mies avancées a légèrement rebondi (+0,5 %après +0,3 %), grâce aux performances inat-tendues des économies allemande et japo-naise. Ces performances étant pour une bonnepart dues à des facteurs exceptionnels, leur dis-parition accentuerait, au deuxième trimestre, leralentissement à l’œuvre dans les économiesavancées.

Sur l’ensemble de l’année, l’activité des écono-mies avancées fléchirait (+1,5 %, après +2,4 %en 2007), du fait des effets conjugués de condi-tions de financement durcies, de la hausse del’inflation et de la chute des marchés immobi-liers. En outre, les économies émergentes mon-trent des signes d’essoufflement, concourantégalement au ralentissement de l’économiemondiale.

L’activité fléchirait nettementà l’horizon de la fin de l’année

Le PIB des économies avancées(1) ralentirait d’ici àla fin de l’année, comme le signale la dégradationdes perspectives globales d’activité dans l’industrie

manufacturière restituée par les enquêtes Purcha-sing Manager’s Index (PMI) : celles-ci laissent anti-ciper au deuxième trimestre une croissance du PIBdes économies avancées de l’ordre de 1,5 % englissement annuel (cf. graphique 1). De même,dans le secteur des services l’indicateur d’activitéPMI a baissé en avril, suggérant un nouveau ralen-tissement. La croissance serait même un peu plusfaible au deuxième trimestre qu’au second se-mestre, du fait du contrecoup attendu de la crois-sance exceptionnelle du premier trimestre enAllemagne et au Japon, pour une bonne part im-putable à des facteurs exceptionnels (cf. tableaux 1et 2).

Ainsi en 2008 la croissance des économies avan-cées fléchirait (+1,5 % en moyenne annuelle,après +2,4 % en 2007). De même, les indicateursconjoncturels annoncent un ralentissement dansles grands pays émergents (Brésil, Russie, Inde etChine). Les pays émergents dans leur ensemblepourraient pâtir du dérapage de l’inflation qu’a

Juin 2008 51

Synthèse internationale

Tableau 1Ensemble des pays industrialisés : équilibre ressources-emplois en volume

en %

Variations trimestrielles Variations annuelles

2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

PIB 0,5 0,5 0,8 0,3 0,5 0,0 0,3 0,1 2,8 2,4 1,5

Consommation privée 0,6 0,4 0,5 0,3 0,4 0,3 0,5 0,1 2,4 2,3 1,5

Consommation publique 0,3 0,6 0,7 0,3 0,4 0,4 0,4 0,4 1,6 1,9 1,7

Investissement 0,1 -0,2 0,3 0,0 -0,3 -1,5 -1,2 -1,1 3,6 0,5 -2,2

Exportations 0,8 1,4 3,3 1,1 1,5 0,3 0,8 0,8 8,6 6,5 5,2

Importations 1,1 -0,2 1,6 -0,2 0,5 -0,1 0,0 -0,3 6,5 2,7 0,9

Contributions à la croissance

Demande intérieure hors stocks 0,5 0,3 0,5 0,3 0,3 0,0 0,2 0,0 2,6 2,0 1,0

Stocks 0,1 -0,1 0,2 -0,2 0,0 -0,1 0,0 0,0 0,1 -0,1 -0,1

Extérieur -0,1 0,3 0,1 0,2 0,2 0,0 0,1 0,1 0,2 0,5 0,6

PrévisionsSources : instituts statistiques nationaux, FMI, calculs Insee

(1) Notre champ est identique à celui du World EconomicOutlook du FMI. La méthodologie d’agrégation ainsi queles outils économétriques sont présentés dans la Note deconjoncture de mars 2008 (cf. éclairage « Mesurer les évo-lutions macroéconomiques internationales »).

Page 47: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

entraîné la forte hausse des prix alimentaires et dudurcissement des politiques monétaires qui pour-rait en résulter, même si les sources purement inter-nes de leur forte croissance des dernières annéessubsistent (rattrapage de productivité, exode ru-ral...). Au total, le glissement annuel du PIB mon-dial fléchirait à 4,0 % à la fin de 2008 (contre 5,5 %en moyenne en 2007).

Dans cet environnement international moins por-teur, la demande mondiale adressée à la Franceprogresserait sur un rythme modéré à l’horizon dela fin de 2008, notamment en raison du ralentisse-ment des importations européennes et du recul dela demande des États-Unis. Elle croîtrait en fin depériode de prévision à un rythme inférieur à samoyenne de longue période.

Des pressions inflationnistespartout dans le monde

Les prix des matières premières agricoles et éner-gétiques ont crû très fortement depuis l’été dernier,entraînant une nette hausse de l’inflation dans lespays avancés (cf. graphique 2) et plus encore dansles pays en développement. Le cours du baril deBrent poursuit en effet sa hausse amorcée début2007 et a même frôlé les 140 $ début juin. Les prixagricoles semblent ralentir, mais l’impact deshausses passées continue de se faire sentir sur lesprix à la consommation.

À l’horizon de la fin de l’année, l’inflation sous-ja-cente augmenterait légèrement dans la plupart despays, les effets de diffusion des hausses des prix desmatières premières excédant l’impact désinflation-niste du ralentissement de l’activité. L’inflation to-tale refluerait progressivement au second semestre

52 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

Tableau 2PIB des principaux pays industrialisés

en %

Variations trimestrielles Variations annuelles

2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Ensemble 0,5 0,5 0,8 0,3 0,5 0,0 0,3 0,1 2,8 2,4 1,5

États-Unis 0,2 0,9 1,2 0,1 0,2 -0,1 0,4 0,0 2,9 2,2 1,3

Japon 1,1 -0,6 0,2 0,7 1,0 0,2 0,4 0,4 2,4 2,0 1,9

Royaume-Uni 0,7 0,8 0,6 0,6 0,4 0,2 0,2 0,2 2,9 3,0 1,7

Zone euro, dont : 0,8 0,4 0,7 0,3 0,8 0,0 0,2 0,2 2,9 2,6 1,6

Allemagne 0,6 0,2 0,7 0,3 1,5 -0,3 0,3 0,3 3,1 2,6 2,1

Italie 0,3 0,0 0,2 -0,4 0,4 0,1 0,1 0,2 1,9 1,4 0,3

PrévisionsSources : instituts statistiques nationaux, FMI, calculs Insee

1 - Croissance et indice PMI manufacturier

Sources : JP Morgan, instituts statistiques nationaux, FMI, calculs Insee

Page 48: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

de 2008 après un pic en milieu d’année, sous l’hy-pothèse d’une stabilisation des prix du pétroleautour de 130 $ le baril.

Les tensions sur les marchésfinanciers s’apaiseraient

Les tensions sur les marchés interbancaires persis-tent : l’écart entre le taux à trois mois du marchémonétaire et le principal taux directeur américainse situe à nouveau très au-dessus de sa moyennede long terme. Néanmoins, la réduction de l’écartentre les taux du marché monétaire et les taux àtrois mois des titres publics semble témoignerd’une moindre fuite vers la qualité. Par ailleurs, les

écarts de taux (spreads) entre les rémunérationsdes obligations des entreprises et les obligationspubliques se sont stabilisés dans la plupart deséconomies avancées, même s’ils restent à des ni-veaux élevés. Au second semestre, les tensions surles marchés monétaires devraient s’atténuer sanstoutefois disparaître, les incertitudes sur les bilansbancaires ne pouvant pas être totalement levéesau cours de l’année.

D’ici à la fin de l’année, la Fed devrait choisir le sta-tu quo en matière de taux directeurs, en raisond’une croissance molle et d’une inflation qui reste-rait élevée. La BCE a maintenu son taux principalde refinancement stable à 4 % depuis l’été dernier,préoccupée, d’un côté par les pressions inflation-nistes croissantes, et d’un autre côté par la persis-

Juin 2008 53

Conjoncture internationale

2 - Tensions inflationnistes (économies avancées)

Sources : instituts statistiques nationaux, FMI, Data Insight, calculs Insee

3 - Politique monétaire (économies avancées)

Sources : instituts statistiques nationaux, FMI, Data Insight, calculs Insee

Page 49: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

tance des tensions sur les marchés monétaires et ladégradation de la conjoncture en zone euro. Ellesemble aujourd'hui prête à les relever.

Dans leur ensemble, les politiques monétaires res-tent accommodantes et nourrissent peut-être en-core des risques inflationnistes à moyen terme : lestaux d’intérêt de court terme restent un peu infé-rieurs à la croissance nominale dans les pays avan-cés (cf. graphique 3) et la liquidité reste trèsabondante.

Principal aléa :l’impact de la crise financière

L’impact de la crise financière constitue le principalaléa à la baisse : le durcissement des conditions de

financement et l’accroissement de l’aversion aurisque pourraient peser dans le monde entier surles décisions d’investissement des ménagescomme des entreprises. En outre, l’inflation pèsede nouveau sur l’économie mondiale, et de nou-velles hausses des prix des matières premièresénergétiques et alimentaires constituent un risqueà la baisse sur notre scénario de prévision. À l’in-verse, une plus grande résilience des économiesémergentes ou un apaisement des tensions moné-taires pourraient atténuer le ralentissement de lacroissance mondiale, au risque d’une intensifica-tion des tensions inflationnistes. ■

54 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

Page 50: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 55

Sur le marché du pétrole, les tensions physiquessont restées vives au deuxième trimestre de2008 : la demande en provenance des paysémergents demeure vigoureuse et l’offre s’estréduite. Les évènements géopolitiques du moisde mai ont affecté la production et accentué lahausse du prix du baril de Brent. Par la suite, cestensions pourraient s’atténuer, mais les coursresteraient malgré tout volatils d’ici la fin del’année, le cours du baril de Brent fluctuant au-tour de 130 $ en moyenne.

Les cours des matières premières hors énergieont fortement progressé au premier trimestre, enraison d’une hausse des prix des matières ali-mentaires et des matières minérales. Pour ledeuxième trimestre, les informations disponibleslaissent attendre une stabilisation globale desprix : la hausse des prix des matières alimentai-res serait compensée par la baisse des cours desmatières minérales, les prix des autres matièresindustrielles évoluant peu.

Les cours du pétrole ont reprisleur hausse au deuxième trimestre

En avril, la production mondiale de pétrole a dimi-nué, principalement en raison de la baisse de laproduction des pays hors Opep (cf. tableau 1). Au

Royaume-Uni notamment, à la fin du mois d’avril,une grève dans la raffinerie de British Petroleum àGrangemouth a entraîné l’arrêt de la productionen Mer du Nord (700 000 barils par jour). L’offre aégalement baissé dans les pays de l'Opep, notam-ment au Nigéria. Cette contraction de l'offre aconduit à une baisse des stocks (-8 millions de ba-rils), au lieu de l'augmentation saisonnière at-tendue. Elle s'est également traduite par unehausse du prix du baril.

En mai, un regain de tensions géopolitiques s’estégalement produit, poussant le baril de Brentau-dessus de 130 $ (cf. graphique 1). Le régimeiranien s’est ainsi opposé à toute proposition quiviolerait son droit à développer son programmenucléaire. Au Nigéria, les indépendantistes duMEND ont attaqué par deux fois les infrastructurespétrolières de Shell. De plus, Exxon Mobil, premierproducteur étranger au Nigéria avec une produc-tion de 800 000 barils par jour en régime normal,a été confronté à une grève. Enfin, l’armée turquea de nouveau réalisé des incursions en territoireirakien contre les Kurdes indépendantistes, alimen-tant les craintes d’une interruption de l’extractionou de l’acheminement de pétrole d’Irak. Les ten-sions physiques sont également restées vives aumois de mai, en raison de la faiblesse de la pro-duction non Opep. En effet, en Europe et en Amé-rique du Nord, l'épuisement progressif des champspétrolifères a contraint l'offre.

Pétrole et matières premières

Tableau 1Production totale de pétrole brut et de gaz naturel liquide (GNL)

en millions de barils par jour

Données trimestrielles Moyennes mensuelles

2007 2008 mars2008

avr.2008

mai2008T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Opep excluant l'IrakQuotas de production 25,8 26,8 26,8 27,3 27,3 27,3 - - 27,3 27,3 27,3

Production de pétrole brut 29,0 28,6 29,0 29,6 30,0 29,9 29,7 29,5 29,7 29,5 29,8

Irak(1) 1,9 2,0 2,1 2,3 2,4 2,4 2,4 2,4 2,4 2,4 2,5

Total Opep, production de GNL(1) 4,8 4,8 4,8 4,9 4,9 5,0 5,2 5,4 4,9 5,0 5,0

Total (y compris GNL(1)) non Opep 50,0 49,8 49,3 49,9 49,7 49,3 49,9 51,2 49,8 49,2 49,3

dont : Amérique du Nord 14,4 14,4 14,2 14,1 14,2 13,9 14,1 14,4 14,3 13,9 13,9

Russie 9,9 10,0 10,1 10,1 10,0 10,0 10,2 10,3 10,0 9,9 10,0

Europe hors Russie 5,4 5,0 4,8 5,1 5,0 4,6 4,5 4,7 5,0 4,8 4,6

Production totale(2) 85,6 85,2 85,2 86,7 87,0 86,6 87,2 88,5 86,8 86,1 86,6

Prévisions(1) GNL : gaz naturel liquide(2) La production totale est obtenue en sommant le total non Opep et la production de pétrole brut et de GNL de l'OPEP ainsi que laproduction irakienneSources : Agence internationale de l’énergie (rapport de mai 2008), Insee

Page 51: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Face à une production peu dynamique, la de-mande des pays émergents ne donne, pour l'ins-tant, aucun signe de fléchissement (cf. tableau 2).Après une légère détente à la fin du mois de mai,les cours du pétrole sont repartis brutalement à lahausse début juin, frôlant les 140 $. Le prix du barilde Brent a notamment bondi de 16 $ en 2 jours(les 5 et 6 juin).

Le baril de Brent fluctueraitautour de 130 $ en prévision

Au second semestre, les tensions sur le marchéphysique pourraient s’atténuer. Même si la de-mande mondiale continuerait d'être tirée à lahausse par les fortes demandes de la Chine et duMoyen-Orient, leur dynamisme serait néanmoinslégèrement contrebalancé par la modération de laconsommation en Europe et aux États-Unis parrapport à l’année dernière (cf. tableau 2). En outre,certains pays (Taïwan, Malaisie et Indonésie) com-

mencent à réduire les subventions à la consomma-tion domestique de pétrole qui pèsent de plus enplus lourd dans les budgets publics. Au total, la de-mande mondiale de pétrole ralentirait en 2008(+0,9 % après +1,3 % en 2007). À l'opposé, laproduction mondiale accélérerait grâce à l’abou-tissement de nouveaux projets en Asie centrale, auBrésil et au Canada et la fin de la période d’entre-tien des puits. Le maintien d’une forte demande etla hausse parallèle de l’offre conduiraient à unestabilisation des prix à 130 $ à l’horizon de la fin de2008 (cf. tableau 3).

Le prix du pétrole pourrait baisser si le ralentisse-ment de l’économie mondiale était plus importantqu’anticipé. À l’inverse, les prix pourraient de nou-veau monter si des retards intervenaient sur leschantiers de production en Asie centrale, si la de-mande des pays en développement s’avéraitsous-évaluée ou encore si les tensions géopoliti-ques s’accentuaient.

56 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

Tableau 2Demande totale de pétrole, y compris gaz naturel liquide

Données trimestrielles, en millions de barils par jour Glissement annuel, en %

2007 2008 2007 2008T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Amérique duNord 25,7 25,4 25,5 25,5 24,8 25,1 25,2 25,2 1,8 1,5 -0,2 0,6 -3,6 -1,5 -1,3 -1,4

Europe 16,0 15,7 16,1 16,4 16,0 15,9 16,1 16,2 -4,5 -1,8 -1,2 -0,7 -0,2 1,4 -0,1 -0,7

Chine 7,3 7,7 7,5 7,6 7,9 8,1 7,9 8,0 4,4 5,2 4,2 4,5 7,1 4,3 5,2 5,4

Moyen-Orient 6,4 6,5 6,7 6,4 6,7 6,8 7,1 6,8 4,9 5,9 4,2 3,7 4,9 4,0 5,7 5,9

Monde 86,1 85,1 85,6 87,1 86,6 86,1 86,5 88,0 0,5 1,8 1,2 1,7 0,6 1,2 1,0 1,0

PrévisionsSource : Agence internationale de l’énergie (rapport de mai 2008)

1 - Prix du baril de pétrole depuis 2000

Source : Financial Times

Page 52: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Une envolée des coursdes autres matières premièresau premier trimestre

Au premier trimestre de 2008, les prix des matièrespremières hors énergie importées par la France ontfortement augmenté (+11,8 %), après une légèrehausse au quatrième trimestre de 2007. La fortehausse des cours des matières premières indus-trielles (+10,9 %) s’est ajoutée, contrairement ausecond semestre de 2007, à la flambée persistantedes prix des matières premières alimentaires(+15,8 %).Les prix des matières premières industrielles ont ac-céléré en raison de la forte appréciation du mineraide fer (+65,0 % ; cf. graphique 2) et des métauxnon ferreux (+6,5 %). Les prix des métaux précieuxont tous accéléré du fait de leur statut de valeur re-fuge (+27,5 % ). A contrario, les prix des matièresagro-industrielles sont restés stables (-0,3 %) : lahausse des cours des matières textiles et du caout-chouc a été compensée par la baisse du prix dubois de construction liée au ralentissement de laconstruction aux États-Unis .

La hausse des cours des matières premières ali-mentaires a concerné tous les produits à l’excep-tion du thé (-0,5 %) qui avait flambé au quatrième

trimestre. Les cours des oléagineux ont légèrementralenti au premier trimestre (+16,0 % après+19,0 % au trimestre précédent). À l’opposé, lesprix des denrées tropicales ont fortement accéléré(+16,8 % après +6,1 % au quatrième trimestre de2007), notamment celui du cacao (+22,8 %) enraison de grèves en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, laforte demande mondiale d’énergie s’est traduitepar une vive demande en céréales et en sucre,composants des biocarburants. Ainsi les céréaleset le sucre se sont renchéris (respectivement+30,2 % et +24,2 %). La réallocation des surfacescultivées vers les semences les plus rentables etl’augmentation des cheptels américains explique-raient aussi en partie les hausses des prix des cé-réales.

Au deuxième trimestre de 2008, les prix des matiè-res premières hors énergie importées par la Francedevraient se stabiliser, selon les informations dis-ponibles. Certes, les prix de certains produits ali-mentaires (maïs, riz, soja) continueraient decroître, à un rythme toutefois moins soutenu qu’aupremier trimestre ; mais les prix d’autres produitsalimentaires comme le blé ou le robusta et lescours des matières premières minérales subiraientune correction à la baisse, après la hausse du pre-mier trimestre. ■

Juin 2008 57

Conjoncture internationale

2 - Variations de prix des matières premières au premier trimestre

Source : DataInsight

Tableau 3Prix trimestriel du baril de Brent

Niveaux trimestriels Niveaux annuels

2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Baril de « Brent daté » en dollars 57,7 68,6 74,9 88,9 96,9 120,8 130,0 130,0 65,1 72,5 119,4

Taux de change euro-dollar 1,31 1,35 1,38 1,45 1,50 1,56 1,55 1,55 1,26 1,37 1,54

Baril de « Brent daté » en euros 44,1 50,8 54,4 61,3 64,6 77,4 83,9 83,9 51,9 52,6 77,4

PrévisionsSources : Financial Times, Eurosystème,Insee

Page 53: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Aux États-Unis comme en zone euro, les ban-ques centrales sont confrontées d'un côté à despressions inflationnistes croissantes, qui milite-raient pour une hausse des taux d'intérêt, et d'unautre côté à un ralentissement de l'activité et à lapersistance des tensions interbancaires, quiplaideraient pour la politique inverse. La BCEpourrait relever ses taux cet été, comme son pré-sident l'a évoqué lors de la conférence de pressedu 5 juin et la Fed ne devrait plus baisser ses tauxd'ici la fin de l'année.

Les marchés monétaires restent tendus, malgréles injections répétées de liquidités et les baissesdes taux d’intérêt américains. Les banques an-noncent qu’elles sont en train de durcir leursconditions de crédit, même si les conséquencessur la croissance des encours de crédit ne sontencore guère visibles, à l'exception des créditsimmobiliers.

Sur le marché des changes, nous retenons l’hy-pothèse conventionnelle de 1,55 dollar pour uneuro.

Hausse possible des taux directeursde la Fed et de la BCE

La Fed, après avoir baissé son taux directeur denombreuses fois depuis le mois de septembre2007 (de 5,25 % à 2 %), a modifié son discours, en

mettant l’accent sur les risques inflationnistes : enavril, les prix à la consommation ont augmenté de3,9 % en glissement annuel, et la hausse du corePCE (déflateur du Personal Consumption Expendi-ture, hors éléments volatils) dépassait le seuil d’in-flation de la Fed.

D’ici à la fin de l’année, le scénario le plus pro-bable en matière de taux directeurs américains,compatible avec notre prévision d’une croissancemolle et d’une inflation qui resterait élevée(cf. fiche « États-Unis et Royaume-Uni »), est que laFed ne baisse plus ses taux. C’est aussi ce qu’anti-cipent les marchés. Si le redémarrage de l’activitéétait plus rapide que prévu, et si les tensions infla-tionnistes persistaient, une remontée des taux di-recteurs à l’horizon de la fin de cette année seraitmême envisageable. De nouvelles baisses de tauxsont toutefois possibles outre-Atlantique, dans lecas où la croissance ne montrerait pas de signe deredressement courant 2008.

La BCE a maintenu son taux principal de refinance-ment stable à 4 % depuis l’été dernier. Elle restepréoccupée par le risque inflationniste. En effet, lahausse des prix dépasse 3 % en zone euro, soit bienau-delà de la cible fixée à 2 % par la BCE. La BCEcraint notamment l’apparition d’une spirale infla-tionniste alimentée par les revendications salaria-

58 Note de conjoncture

Marchés financiers

1 - États-Unis : taux d’intérêt à court terme

Source : DataInsight (dernier point : 6 juin 2008)

Page 54: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

les. Les derniers discours de la BCE laissent ainsientendre qu'une hausse des taux serait possible cetété.

Les tensions sur les marchésinterbancaires persistent

L’écart entre le taux à trois mois du marché moné-taire (USD-LIBOR) et le principal taux directeuraméricain était quasi nul au premier trimestre. Il estdepuis remonté (70 points de base le 6 juin) et sesitue à nouveau très au-dessus de sa moyenne delong terme(1) (cf. graphique 1). Ce nouveau creuse-ment traduit vraisemblablement le changementdes anticipations vis-à-vis de la politique moné-taire de la Fed : les intervenants de marché sem-blent désormais considérer comme peu probableque la Fed baisse de nouveau son taux directeurdans les mois à venir. Au premier trimestre, les anti-cipations avaient poussé à la baisse les taux à troismois, compensant ainsi la prime de liquidité exigéepar les prêteurs sur le marché monétaire, et mas-quant les tensions persistantes sur les marchés in-terbancaires.

Néanmoins, la réduction de l’écart entre les tauxdu marché monétaire et les taux à trois mois des ti-tres publics (cf. graphique 1) semble témoignerque la fuite vers la qualité est moins prononcée queles mois précédents. Par ailleurs, les écarts de taux(spreads) entre les rémunérations des obligationsdes entreprises et les obligations publiques ont re-flué aux États-Unis, même s’ils restent à des ni-

veaux très élevés par rapport à il y a un an. Ils ontcessé de s’accroître en Allemagne (cf. gra-phique 2).

Prenant acte des tensions persistantes sur les mar-chés monétaires, la Fed a de nouveau mené uneaction concertée avec la BCE et la Banque natio-nale suisse à partir du 2 mai. Cette action a consis-té en une amplification des accords de swapsconclus fin janvier afin d’accroître les financementsen devises. Concernant plus spécifiquement lemarché américain, la Fed a également décidéd’augmenter le montant des liquidités adjugéesaux banques et d’élargir la gamme des titres ac-ceptés en garantie lors de ses opérations de refi-nancement. Le bilan de la Fed s’est ainsi nettementdéformé : le montant de titres publics qu’elle dé-tient a fortement diminué au profit de titres plus ris-qués qu’elle n’avait jusque-là jamais portés à sonbilan.

De même, la Banque d’Angleterre a présenté le 21avril un plan visant à augmenter les liquidités dusystème bancaire et à restaurer la confiance. Ceplan prévoit de racheter aux établissements britan-niques pour au moins 50 milliards de livres de prêtsimmobiliers dont ils ne peuvent se défaire et de leséchanger contre des obligations d’État.

Au second semestre, les tensions sur les marchésmonétaires devraient s’atténuer sans toutefois dis-paraître, les incertitudes sur les bilans bancaires nepouvant pas être totalement levées au cours del’année.

Juin 2008 59

Conjoncture internationale

2 - Allemagne : rendements des émissions obligataires des sociétés non financièreset des émissions publiques et spreads

Source : Bundesbank (dernier point : 5 juin 2008)

(1) Calculé depuis le milieu de l'année 1990, l'écart moyende long terme s'élève environ à 25 points de base.

Page 55: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Les conditions de financementse durcissent auprès des banques...

Depuis l’été 2007, les conditions de financementbancaire consenties aux ménages et aux entrepri-ses se durcissent assez généralement dans les paysindustrialisés. Aux États-Unis, c’est le cas pour àpeu près toutes les catégories de crédit aux entre-prises et aux ménages, selon le Senior Loan OfficerOpinion Survey on Bank Lending Practices réalisépar la Fed en avril 2008. Le resserrement est parti-culièrement net pour les crédits à la consommationet les crédits industriels et commerciaux.

Le durcissement des conditions de prêts est égale-ment perceptible au Royaume-Uni. Dans son Cre-dit Conditions Survey d’avril, la Banqued’Angleterre rapporte un durcissement d’ensemblesur les crédits aux ménages et aux entreprises aupremier trimestre, et anticipe qu’il se poursuivra audeuxième trimestre. Cette enquête insiste particu-lièrement sur la restriction de l’offre de crédits hy-pothécaires proposés aux ménages, du fait destensions sur la liquidité.

En zone euro aussi, le resserrement des conditionsde crédit aux entreprises continue, notammentpour les plus grandes d’entre elles, selon le BankLending Survey effectué par la BCE en avril 2008.Les turbulences sur les marchés financiers sont in-voquées comme un élément explicatif important.Un durcissement des crédits aux ménages est éga-lement relevé, qu’il s’agisse des prêts immobiliersou à la consommation. Au deuxième trimestre de2008, le resserrement des conditions de crédit de-vrait s’amplifier selon cette enquête.

La France n’échappe pas au mouvement général.Ainsi, les critères d’octroi des crédits aux entrepri-ses se sont également durcis tandis que la de-mande était généralement perçue en repli aupremier trimestre de 2008, selon l’enquête de laBanque de France sur la distribution du crédit. Audeuxième trimestre de 2008, ce durcissement de-vrait s’amplifier. Cependant, les critères d’octroides crédits aux ménages, à l’habitat et à laconsommation seraient quasiment stables au pre-mier semestre.

Ce durcissement des conditions d’octroi a toutefoisdes effets différenciés sur les volumes de crédits ac-cordés selon les pays. En France, le volume des

crédits obtenus par les sociétés non financières aété peu touché jusqu’à présent : leur endettementcroît toujours à un rythme élevé en avril, à 11,4 %.La croissance des financements accordés aux mé-nages reste également soutenue, quoiqu’en légèredécélération depuis la fin de l’année 2006 (leurendettement croît de 9,9 % en avril après 10,3 %en mars).

... et s’assouplissentsur les marchés actions

Un apaisement des tensions est en revanche visibledu côté des marchés d’actions. Ainsi, les indicesdes principales places financières ont remonté de-puis le mois de mars (cf. graphique 3), soutenus enpartie par le succès des levées de fonds de certainsétablissements financiers (UBS et Société Généralepar exemple). Les cours restent toutefois très vola-tils, en raison notamment des incertitudes sur lesprovisions restant à passer par les institutions finan-cières.

Aux États-Unis, avec un Price earning ratio (PER (2)),corrigé du cycle ou non, supérieur à sa moyennede long terme, il n’est pas exclu que la remontéedes cours boursiers ne soit que temporaire. Un telscénario ne serait pas sans conséquence sur lesmarchés européens.

L’arrêt de la baisse des tauxaux États-Unis peut permettred’enrayer la baisse du dollar

Depuis la fin du mois d’avril, l’euro est assez vola-til, notamment vis-à-vis du dollar, ce qu’on peut ex-pliquer en partie par les anticipations demouvements sur les taux directeurs américains eteuropéens. Il reste, pour l’instant, en deçà de sespoints hauts du mois d’avril. L’euro avait en effetalors dépassé le seuil de 1,6 dollar et de 0,8 livre etle taux de change effectif réel de l’euro avait atteintun niveau record depuis son lancement.

Notre prévision repose sur l’hypothèse convention-nelle d’un maintien de l’euro autour de ses niveauxrécents, soit 1,55 dollar. ■

60 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

(2) Ce ratio rapporte la capitalisation boursière d’une en-treprise à ses bénéfices, ce qui représente le coût du capitalexprimé en fonction des bénéfices réalisés. Il peut aussi s’in-terpréter comme les anticipations de bénéfices futursrapportées aux bénéfices présents.

Page 56: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 61

Conjoncture internationale

3 - Indices boursiers

Source : DataInsight (dernier point : 6 juin 2008)

Éclairage - S’oriente-t-on vers un credit crunch ?

Depuis le début de la crise financière, les enquêtes menéespar les banques centrales signalent un durcissement desconditions de financement bancaire pour les entreprises etpour les ménages (cf. fiche « Marchés financiers »). Ce dur-cissement se traduit soit par un taux d’intérêt du crédit plusélevé (effet prix), soit par un refus d’accorder des prêts (effetvolume), qui passe par exemple par une augmentation du ni-veau de garantie exigé.

Les raisons en sont relativement bien identifiées : d’abord, lacrise de confiance a rendu les banques plus réticentes à seprêter entre elles, entraînant à la fois une hausse des taux surle marché interbancaire et des problèmes de liquidité que lesbanques centrales ont vigoureusement combattus. Ensuite,la chute de la qualité des actifs que détiennent les banques etle retour, dans leur bilan, d’actifs qu’elles en avaient sorti(dans les SIV, Special Investment Vehicle, notamment) a dé-gradé leurs ratios prudentiels (fonds propres rapportés auxcrédits), nécessitant soit une recapitalisation, soit une réduc-tion de leur actif (notamment par une baisse des prêtsaccordés). Enfin, le ralentissement économique et le retour-nement des marchés immobiliers conduisent les banques àse montrer plus sélectives pour éviter une hausse des défautsà moyen terme.

Le durcissement des conditions de financement bancaire ades conséquences négatives sur l’économie réelle : d’unepart, une restriction de l’offre de crédit pénalise l’investisse-ment des entreprises, et ce d’autant plus que leur tauxd’autofinancement est faible (cas des États-Unis et de laFrance actuellement) ou que les conditions de financementsur les marchés des actions sont peu favorables ; d’autrepart, en limitant les capacités d’achat immobilier pour lesménages, cette restriction de l’offre peut amplifier le retour-nement immobilier en cours dans beaucoup de paysdéveloppés et freiner la consommation des ménages enréaction à la perte de valeur de leur patrimoine immobilier.

Les conséquences négatives sur l’économie seront d’autantplus prononcées que la dégradation de l’offre de crédit estimportante. Faut-il donc craindre dans les trimestres à venirun resserrement du crédit (credit squeeze) ou même un étran-glement du crédit (credit crunch)(1) ?

On n’observe pas actuellement de dégradationtrès marquée de l’offre de crédit

Le durcissement, décrit par les enquêtes, des conditions de fi-nancement des entreprises et des ménages auprès desétablissements de crédits ne s’est pas traduit par un effondre-ment des crédits (cf. graphiques 1 et 2). Les crédits detrésorerie ou à la consommation aux ménages ont plutôtaugmenté. De même, les prêts aux entreprises ont eu ten-dance à croître fortement depuis l’été 2007, qu’il s’agissedes crédits industriels et commerciaux (États-Unis) ou des cré-dits à l’investissement et de trésorerie (France). En revanche,les crédits à l’habitat aux ménages s'érodent, de façon netteaux États-Unis, assez marquée en zone euro (le taux de crois-sance des crédits à l’habitat est tombé à 5,9 % en avril 2008,alors qu’il s’élevait encore à 8,6 % un an plus tôt), et atténuéeen France. Aux États-Unis, l’émission de prêts subprime s’estcomplètement asséchée et la diminution du patrimoine im-mobilier a fortement réduit le montant des « rechargeshypothécaires ». En France, la modération des crédits à l’ha-bitat est imputable à la baisse de la demande plus qu’à larestriction de l’offre de crédit, d'après les enquêtes.

(1) La croissance des crédits aux ménages et aux entreprises a réguliè-rement dépassé 10 % par an dans la plupart des pays développésdepuis plusieurs années. Selon le FMI, une croissance des crédits entre1 % et 4 % par an définirait un credit squeeze, et une croissance infé-rieure à 1 %, un credit crunch (cf. Global Financial Stability Report,Containing Systemic Risks and Restoring Financial Soundness, avril2008). Ces chiffres restent conventionnels mais donnent un ordred’idée sur l’échelle relative des restrictions d’offre de crédit.

Page 57: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

62 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

La probabilité d’un credit crunch pour les tri-mestres à venir est faible

La croissance du crédit peut sembler contradictoire avec ledurcissement des conditions d’octroi affiché dans les enquê-tes. Cette augmentation peut tenir en partie à desphénomènes de report : les entreprises peuvent par exempledélaisser le financement par titres de dette pour les crédits(2)

et les obtenir auprès des banques, du moins pour celles dontla situation financière est saine. C’est d’ailleurs ce qu’onconstate en France, où la croissance du financement par ti-tres de dette diminue régulièrement depuis l’été 2007.

Une autre explication tiendrait au fait que, dans le contextede la crise financière actuelle, de nombreuses entreprises re-cherchent la liquidité. Elles tireraient donc sur leurs lignes decrédit, leur crédit-relais, et leur crédit confirmé, anticipantéventuellement sur leurs besoins, d’autant que les lignes decrédit souscrites avant la crise proposent des taux d’intérêtmoins élevés qu’actuellement.

En revanche, la BCE écarte l’idée que les statistiques de cré-dit seraient soutenues artificiellement par la réintégrationdans le bilan des banques d’un certain nombre d’instrumentsqui étaient auparavant hors bilan, tels que les véhicules de fi-nancement de titrisations.

Au total, la vigueur persistante du crédit traduit sans douteune dynamique ancienne, au moins pour partie. Le durcisse-ment annoncé par les banques dans les enquêtes devraitainsi se faire progressivement sentir dans les statistiques decrédit. Le maintien actuel de la croissance du crédit laissemalgré tout penser que ce ralentissement devrait être modé-ré : parler de credit crunch paraît aujourd’hui prématuré. ■

2 - France : taux de croissance des crédits aux ménages et aux entreprises(accordés par les établissements de crédit)

Source : Banque de France

(2) À ce sujet, pour l’année 2007, voir Sédillot F., « Les comptes finan-ciers de la Nation en 2007 : sur fond de tensions sur les marchésfinanciers, dynamisme persistant du crédit aux agents non financiers »,Bulletin de la Banque de France, n° 170, février 2008.

1 - États-Unis : taux de croissance des crédits aux ménages et aux entreprises(accordés par les banques commerciales)

Source : Réserve Fédérale américaine

Page 58: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 63

La phase de quasi-stagnation, dans laquelle l’é-conomie américaine est entrée au quatrième tri-mestre de 2007, se poursuivrait en 2008. Lestimulus fiscal viendrait toutefois apporter unsoutien temporaire à la consommation des mé-nages en seconde partie d’année.

L’activité britannique ralentirait, essentiellementdu fait d’une décélération de la demande desménages. En particulier, ces derniers réduiraientleur investissement en raison du retournementdes prix immobiliers et du resserrement desconditions de crédit.

Croissance faible aux États-Unismalgré le stimulus fiscal

D’ici à la fin de l’année, l’économie américaine su-birait de nouveau les effets du retournement immo-bilier et de la crise financière. D’une part,l’investissement résidentiel devrait de nouveau re-culer. Une comparaison des indicateurs quantita-tifs d’activité à leur niveau lors des crisesimmobilières précédentes(1) montre en effet que lafin du cycle n’est sans doute pas atteinte (cf. gra-

phique 1). D’autre part, la consommation fléchi-rait, du fait des pertes de richesse, notamment im-mobilières, du recul de l’emploi (qui s’est replié enmai pour le cinquième mois consécutif) et du ralen-tissement des salaires au cours des prochains tri-mestres. Le stimulus fiscal apporterait toutefois unsupplément de revenu qui soutiendrait temporaire-ment la consommation au second semestre (cf.éclairage « La relance fiscale aux États-Unis »).Enfin, le repli de l’investissement des entreprises sepoursuivrait (-1,0 % par trimestre à l’horizon de lafin de l’année, après -0,1 % au premier trimestre,cf. tableau 1), en raison notamment du durcisse-ment des conditions de financement.

Néanmoins, l’économie américaine continueraitde bénéficier de la dépréciation passée du dollar.Celle-ci permettrait d’amortir les effets du ralentis-sement attendu de la demande étrangère : les ex-portations croîtraient encore de 0,8 % partrimestre. La dépréciation passée du dollar ampli-fierait de surcroît la baisse des importations, in-duite par la faiblesse de la demande intérieure. Lacontribution comptable du commerce extérieur àla croissance du PIB resterait ainsi positive à l’hori-zon de la fin de 2008.

Au total, l’économie américaine ralentirait nette-ment en 2008 (+1,3 %, après +2,2 % en 2007).Le principal aléa porte sur la consommation des

États-Unis et Royaume-Uni

Tableau 1États-Unis : équilibre ressources-emplois en volume

en %

Variations trimestrielles Variations annuelles

2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

PIB 0,2 0,9 1,2 0,1 0,2 -0,1 0,4 0,0 2,9 2,2 1,3

Dépenses de consommationdes ménages (70 %) 0,9 0,3 0,7 0,6 0,2 0,5 0,8 0,0 3,1 2,9 1,9

Investissement (16 %) -1,1 0,8 -0,2 -1,0 -2,0 -3,3 -3,1 -2,9 2,4 -2,9 -7,1

Non résidentiel (10 %) 0,5 2,6 2,3 1,5 -0,1 -1,0 -1,0 -1,0 6,6 4,7 1,3

Résidentiel (6 %) -4,4 -3,1 -5,6 -7,0 -7,1 -7,0 -6,5 -6,0 -4,6 -17,0 -23,4

Exportations (10 %) 0,3 1,8 4,5 1,6 -0,7 0,8 0,8 0,8 8,4 8,1 5,8

Importations (16 %) 1,0 -0,7 1,1 -0,4 -0,7 -0,5 -1,0 -1,5 5,9 1,9 -1,8

Contributions à la croissance :Demande intérieure hors stocks 0,4 0,6 0,6 0,3 0,0 -0,1 0,2 -0,4 2,9 1,9 0,6

Variations de stocks -0,2 0,1 0,2 -0,4 0,1 -0,1 0,0 0,0 0,1 -0,3 -0,3

Commerce extérieur -0,1 0,3 0,3 0,3 0,2 0,2 0,2 0,3 -0,1 0,6 1,0

PrévisionsNote : les % entre parenthèses représentent le poids dans le PIB en valeur en 2005.Sources : BEA, calculs Insee

(1) En particulier, cette comparaison conduit à rapprocherla crise actuelle de celle de 1978.

Page 59: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

ménages qui pourraient, soit adopter un compor-tement plus prudent qu’anticipé, soit, à l’inverse,décider de consommer la quasi-totalité du supplé-ment de revenu distribué par le fisc américain. Parailleurs, la crise financière pourrait peser davan-tage sur les décisions d’investissement des entre-prises, alors que le commerce extérieur pourraitsoutenir la croissance américaine davantage queprévu.

Au Royaume-Uni, l’économieralentirait fortement en 2008du fait du retournementdes prix immobiliers

Le marché immobilier a tout d’abord été pénalisépar les hausses de taux d’intérêt décidées par laBanque d’Angleterre au 1er semestre de 2007. De-puis l’été 2007, il a en outre pâti de la crise finan-cière, qui pousse les banques à être plus restrictivesdans leurs conditions d’octroi de crédits.

Les prix immobiliers reculent ainsi depuis octobre2007 (cf. graphique 2) et l’investissement des mé-nages, qui a commencé à se replier au second se-mestre de 2007 (-0,6 % au quatrième trimestre de2007, après -1,0 % au trimestre précédent), conti-nuerait de baisser (-2 % aux deuxième et troisièmetrimestres et -1 % au quatrième trimestre de 2008,cf. tableau 2 ).

La consommation subirait également les consé-quences du retournement immobilier (+0,0 % audeuxième trimestre, puis +0,1 % par trimestre ausecond semestre), malgré le rebond inattendu dupremier trimestre (+1,3 %). En particulier, l’effet derichesse immobilière qui soutenait la consomma-tion s’inverserait, les prix immobiliers devant conti-nuer à baisser. De plus, l’emploi britanniques’ajusterait progressivement, jusqu’à la fin del’année, au ralentissement en cours de l’activité.Enfin, la forte hausse des prix de l’énergie et desmatières premières alimentaires persisterait, nour-rissant l’inflation. Celle-ci resterait supérieure à3 % d’ici la fin de 2008. Par conséquent, le pouvoird’achat des ménages britanniques n’augmenteraitque de manière mesurée en 2008.

Au total, la demande des ménages ne soutiendraitque très faiblement la croissance en 2008.

L’investissement des entreprises a reculé au pre-mier trimestre de 2008 du fait du resserrement desconditions de crédit. Il marquerait le pas au coursdes prochains trimestres, comme le laisse augurerla stabilisation de l’opinion des chefs d’entreprisesur les perspectives de production du secteur ma-nufacturier.

Le soutien du commerce extérieur serait modesteau cours des trois derniers trimestres de 2008. Lesexportations britanniques n’ont pas augmenté aupremier trimestre, à l’opposé des autres pays euro-péens. Elles se redresseraient légèrement audeuxième trimestre (+1,1 %), bénéficiant de la dé-préciation de la livre sterling. Elles croîtraient par la

64 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

Tableau 2Royaume-Uni : équilibre ressources-emplois en volume

en %

Variations trimestrielles Variations annuelles

2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

PIB 0,7 0,8 0,6 0,6 0,4 0,2 0,2 0,2 2,9 3,0 1,7

Dépenses de consommationdes ménages (62 %) 0,8 0,7 0,8 0,1 1,3 0,0 0,1 0,1 1,9 3,0 2,1

Investissement* (17 %) 1,4 -1,2 2,1 1,8 -1,6 -0,6 -0,6 -0,3 7,9 6,2 -0,3

Non résidentiel (11 %) 0,1 0,5 2,7 1,8 -1,4 0,0 0,0 0,0 -4,7 7,9 1,5

Résidentiel (5 %) 1,2 0,8 -1,0 -0,6 -2,5 -2,0 -2,0 -1,0 9,2 3,3 -5,9

Exportations (26 %) -1,0 0,7 1,4 -0,5 0,0 1,1 0,5 0,5 11,0 -5,3 1,7

Importations (30 %) 0,6 -0,7 4,3 -1,0 -0,6 0,5 0,0 0,0 10,0 -2,9 0,9

Contributions à la croissance :Demande intérieure hors stocks 0,9 0,3 1,0 0,3 0,8 0,0 0,1 0,1 3,1 3,5 1,7

Variations de stocks 0,3 0,1 0,6 0,1 -0,6 0,0 0,0 0,0 -0,1 0,1 -0,2

Commerce extérieur -0,5 0,4 -0,9 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,0 -0,5 0,2

PrévisionsNote : les % entre parenthèses représentent le poids dans le PIB en valeur en 2005.* L'investissement inclut également l'investissement public, non détaillé ici.Sources : ONS, calculs Insee

Page 60: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

suite plus lentement, en raison notamment du ra-lentissement de la demande étrangère. La crois-sance des importations serait plus faible encore(+0,5 % au deuxième trimestre, puis +0,0 % partrimestre au second semestre), du fait de la dépré-ciation de la livre et du ralentissement de la de-mande intérieure, si bien que la contributioncomptable du commerce extérieur à la croissancedu PIB serait positive (+0,1 point par trimestre).

Au total, la croissance du PIB fléchirait sensible-ment (+1,7 %, après +3,0 % en 2007). L’ampleurdu ralentissement de la consommation et l’impactdu resserrement du crédit sur l’investissementconstituent les principaux aléas entourant cetteprévision. ■

Juin 2008 65

Conjoncture internationale

2 - Retournement des prix immobiliers britanniques

Sources : UK National Statistics, prévisions Insee (au-delà du trait)

1 - Évolution des ventes de logements anciens aux États-Unislors des différentes crises immobilières

Note de lecture : le graphique représente le niveau trimestriel des ventes de logements anciens lors des différentes crises immobilièresaméricaines, normalisé à 100 au début de la crise.Sources : National Association of Realtors, prévisions Insee (trois derniers points de 2005-T3 en prévision)

Page 61: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

66 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

Éclairage - La relance fiscale aux États-Unis

Le Congrès américain a voté un plan de relance fiscale en fé-vrier 2008. Des relances de ce type ont déjà eu lieu dans lepassé. Sur la base de leurs évaluations et des résultats d’uneenquête auprès des ménages, le stimulus fiscal de 2008 ap-porterait un surplus de croissance estimé à +0,1 point audeuxième trimestre de 2008 et à +0,4 point au troisième. Parcontrecoup, la croissance serait amputée de 0,2 point auquatrième.

Le stimulus fiscal devrait soutenir les revenusdès le mois de mai

Face à la dégradation des perspectives économiques auxÉtats-Unis, et notamment pour contrecarrer le ralentissementde la consommation des ménages, les parlementaires ontvoté un plan de relance fiscale. Celui-ci consiste principale-ment en un crédit d’impôt d’un montant total de 116milliards de dollars(1), ciblé vers les ménages les plus modes-tes. Pour les ménages en dessous du seuil d’imposition sur lerevenu, il prend la forme d’un impôt négatif. Concrètement,une personne seule ayant un revenu annuel « brut ajusté »(concept incluant tous les types de revenus, les allocations,prestations et aides) compris entre 3 000 et 75 000 dollars(plafond doublé pour un couple marié) recevra entre 300 et600 dollars (le double pour un couple marié). Pour chaqueenfant vivant dans le foyer, le ménage recevra 300 dollarssupplémentaires. Par ailleurs, en réponse au durcissementdes conditions de financement des entreprises et des ména-ges, le plan de relance fiscale comporte deux autres mesuressusceptibles de soutenir la croissance à court terme : une in-citation à investir pour les entreprises, d’un montant total de50 milliards de dollars, reposant sur une augmentation duplafond du montant déductible des investissements et du tauxd’amortissement ; et une hausse du plafond des prêts hypo-thécaires garantis par la Federal Housing Administration, cequi permettrait à certains ménages de refinancer leur prêt oud’étaler leurs paiements.

Le plan de relance fiscale est devenu une loi le 13 février2008 (Economic Stimulus Act (ESA) of 2008), après ratifica-tion par le Président. L’administration fiscale américaine(l’IRS) a annoncé le calendrier de distribution du supplémentde revenu aux ménages américains. La quasi-totalité desmontants serait versée aux deuxième et troisième trimestresde 2008(2), selon les estimations du comité du Congrès res-ponsable du suivi et de l’évaluation des impôts (JointCommittee on Taxation) (cf. tableau 1).

Des mesures similaires ont été prisespar le passé

Ce type de relance fiscale par crédit d’impôt a déjà eu lieuaux États-Unis (Tax Reduction Act (TRA) de 1975, EconomicGrowth and Tax Relief Reconciliation Act (EGTRA) de 2001,

Jobs and Growth Act (JGA) de 2003). L’analyse de ces épiso-des peut permettre d’anticiper l’impact de la loi actuelle(cf. tableau 2 pour les principaux éléments de comparaison).

Deux tiers environ du revenu supplémentaire a été en généralconsommé, sur trois trimestres, dont la moitié dès le premiertrimestre. Néanmoins, la comparaison de la relance actuelleavec celles de 2001 et de 2003 est probablement biaisée parl’aspect durable de ces réformes (qui ont un impact jusqu’en2011). En revanche, la comparaison avec la relance de1975, également temporaire, semble plus justifiée, et les ef-fets estimés sont alors plus faibles. Blinder (1981) estime ainsique la consommation a augmenté de 16 % du montant ducrédit d’impôt dans le trimestre qui a suivi et a eu encore deseffets dans les trimestres suivants (21 % en cumulé après unan). À partir de données mensuelles, Poterba (1988) trouveun effet du même ordre : de 12 à 24 % au total dans le casdes relances à caractère temporaire. Modigliani et Steindel(1977) ont trouvé des effets encore plus faibles.

L’apport des enquêtes auprès des ménages

L’enquête de confiance auprès des ménages de l’Universitédu Michigan incorpore régulièrement une question sur lesanticipations d’utilisation du crédit d’impôts : « What will youmostly do with tax rebate? » (cf. tableau 3). D’autres enquêtesdu même type donnent des résultats assez proches : près dela moitié des personnes interrogées déclarent vouloir allégerla charge de leur dette, entre un quart et un tiers des ménagesdéclare vouloir principalement dépenser l’argent reçu, et lereste souhaite épargner. L’analyse a posteriori des relances

(1) 106 milliards de dollars imputés au budget 2008 et 10 milliardsimputés au budget 2009.(2) L’IRS n’exclut pas dans son calendrier d’envoyer certains chèquesau quatrième trimestre. La loi lui interdit par contre d’envoyer deschèques après le 31 décembre 2008.

Dates d'envoiMénagesconcernés(millions)

Montant distri-bué

(milliards de $)

TOTAL 130 116

DIRECT (internet) 34 30

02-mai 7 6

09-mai 19 17

16-mai 8 7

CHEQUE (poste) 96 86

16-mai 9,5 9

23-mai 8,5 8

30-mai 7,0 5

06-mai 12,5 11

13-juin 12,5 11

20-juin 11,5 10

27-juin 11,5 10

04-juillet 11,5 10

11-juillet 11,5 10

Tableau 1

Calendrier de distributiondu stimulus fiscal

Page 62: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 67

Conjoncture internationale

de 2001 et 2003 a conduit à observer un taux plus élevé deconsommation du revenu (cf. Agarwal et al. 2008, Coronadoet al. 2005), notamment parce que certains ménages qui dé-claraient vouloir principalement se désendetter ont dépenséune partie de l’argent en consommation. Mais les ménagesaméricains sont aujourd’hui plus endettés qu’en 2001 et leprécédent de 1975 laisse à penser que les ménages de-vraient moins consommer qu’en 2001 ou 2003 le surcroît derevenu. Une estimation plausible est donc qu’environ un tiersdu total du montant reçu serait consommé.

Le stimulus fiscal apporterait quelquesdixièmes de croissance trimestrielle en plus,aux deuxième et troisième trimestres

Les premières informations disponibles sur le mois de mai nesignalent pas d’augmentation des ventes, ce qui laisse antici-per une croissance modérée de la consommation audeuxième trimestre. Par la suite, le tiers du supplément de re-venu distribué serait consommé d’ici la fin de l’année, etprincipalement au troisième trimestre (cf. tableau 4). L’impact

en termes de croissance supplémentaire du PIB serait un peuinférieur, puisqu’une partie du surcroît de consommationpasserait en importations.

Par ailleurs, l’augmentation du montant des investissementsdéductible pour les entreprises, mécanisme précédemmentutilisé aux États-Unis en 2002 et en 2003, aurait un impactmodéré. Diverses analyses à partir d’enquêtes (Knittel 2007,Cohen et Cummins 2006) estiment en effet que, bien queplus de la moitié des entreprises aient bénéficié de cette me-sure, seulement 10 % des investissements ont été affectés, entermes de calendrier ou de niveau. Ceci constitue néanmoinsun facteur de hausse et nous amène à retenir une prévisiond’investissement des entreprises un peu plus optimiste que ceque les déterminants usuels suggéreraient, notamment ledurcissement des conditions de financement.

Au total, le surplus de croissance apporté par le stimulus fis-cal serait de l’ordre de +0,1 au deuxième trimestre et +0,4point au troisième. Par contrecoup, la croissance du PIB se-rait amputée de 0,2 point au quatrième trimestre. ■

TRA EGTRA JGA ESA

Année 1975 2001 2003 2008

Mois Mai Juillet-septembre Juillet-août Mai-juillet

Récession** Nov 73 Mars 2001 - (craintes début 2008)

Montant par individu 100-200$ 300$* 300-600$*

Supplément par enfant 400$ 300$

Montant total(milliards de $) 38 15 116

Remarques Réduction permanente des taux marginaux d’imposition

Tableau 2

Relances fiscales aux États-Unis

* Les montants sont doublés pour un couple.** Mois du début de la récession d'après la datation officielle du NBER.Sources : Joint Committee on Taxation, IRS

Relances fiscales Dépense Épargne Remboursement de prêts

EGTRA 2001 32 23 45

JGA 2003 24 27 49

ESA 2008 28 26 46

Tableau 3

Destination des précédents suppléments de revenu

en %

Lecture : lors de la relance fiscale de 2001, 32 % des ménages interrogés déclaraient vouloir principalement dépenser le supplémentde revenu.Source : enquête auprès des ménages de l'Université du Michigan

Page 63: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

68 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

2008 T2 2008 T3 2008 T4 TOTAL

Sur le RDB(en valeur)

En milliards de $ 96 20 0 116

Sur le taux decroissance trimestriel +3,6 -2,7 -0,8 +1,2 (*)

Sur la consommation(en volume)

En milliards de $de 2000 4 16 10 30

Sur le niveau (en point) +0,2 +0,8 +0,5 +1,5

Sur le taux decroissance trimestriel +0,2 +0,6 -0,2 +0,4 (*)

Sur le PIB (en volume)

Sur le niveau (en point) +0,1 +0,5 +0,2 +0,8

Sur le taux decroissance trimestriel +0,1 +0,4 -0,2 +0,2 (*)

Tableau 4Impact estimé de la relance fiscale de 2008

(*) : impact sur la moyenne annuelle de 2008

Page 64: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Au Japon, l’activité a de nouveau accéléré aupremier trimestre de 2008 (+1,0 %, après+0,7 % au trimestre précédent). Cette embellie,due pour partie à des facteurs exceptionnels, se-rait temporaire : l’activité ralentirait d’ici la fin de2008, du fait de la faiblesse de la demande inté-rieure et du fléchissement du commerce exté-rieur.

Dans les pays d’Asie du Sud-est comme enChine, la croissance de l’activité se modéreraitquelque peu à l’horizon de la fin de l’année, enraison du ralentissement attendu de leurs princi-paux partenaires et du durcissement des politi-ques monétaires.

L’activité économique japonaiseralentirait en 2008

La consommation des ménages japonais a forte-ment accéléré au premier trimestre de 2008. Cetteperformance pourrait s’expliquer en partie par uneffet de jours ouvrables (février ayant un jour sup-plémentaire en 2008) que certains analystes consi-dèrent comme insuffisamment corrigé dans les

comptes japonais. Néanmoins, les déterminantsde la consommation demeurent plutôt mal orien-tés. Les salaires devraient notamment rester atonesdans les trimestres à venir. En effet, les tensions surle marché du travail se sont de nouveau relâchéesau premier trimestre, comme le signale le repli duratio des offres aux demandes d'emploi, et les en-treprises font pression sur les salaires pour amortirl’effet du renchérissement des matières premièressur leurs marges. Dans ce contexte de faible pro-gression des salaires et de stagnation de l’emploi,le pouvoir d’achat des consommateurs japonaisfléchirait au cours des prochains trimestres, grevéen outre par la poussée de l’inflation. Parallèle-ment, la confiance des ménages japonais se dé-grade significativement, notamment les intentionsd'achat de biens durables (cf. graphique 1). Enconséquence, la consommation des ménages de-vrait croître faiblement d’ici la fin de l’année(+0,2 % par trimestre au second semestre). Ellestagnerait même au deuxième trimestre, par con-trecoup de la forte croissance du premier.

L’investissement des ménages a rebondi au pre-mier trimestre de 2008 après quatre trimestresconsécutifs de recul, grâce au retour à la normalede l’octroi de permis de construire amorcé depuis

Juin 2008 69

Japon, Chineet Asie émergente

Japon : équilibre ressources-emplois en volumeen %

Variations trimestrielles Variations annuelles2007 2008 2006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

PIB 1,1 -0,6 0,2 0,7 1,0 0,2 0,4 0,4 2,4 2,0 1,9

Dépenses de consommationdes ménages (57 %) 0,6 0,2 0,0 0,4 0,8 0,0 0,2 0,2 2,0 1,5 1,3

Investissement (23 %) 0,7 -3,0 -0,9 -0,4 1,0 1,3 0,8 0,7 1,3 -0,6 0,9

Non résidentiel (15 %) 0,8 -2,5 0,8 1,2 0,2 1,5 0,8 0,8 4,3 1,9 2,6

Résidentiel (4 %) -1,6 -4,5 -8,0 -9,2 4,6 2,5 1,5 1,0 0,9 -9,3 -5,4

Consommation publique (18 %) 0,3 0,2 0,1 0,8 -0,4 0,0 0,0 0,0 -0,4 0,7 0,3

Exportations (14 %) 3,3 1,2 2,8 2,6 4,0 -2,0 1,0 1,0 9,7 8,6 7,0

Importations (13 %) 0,8 0,7 -0,1 0,9 1,4 -1,5 0,5 0,5 4,2 1,8 1,5

Contributions à la croissance :Demande intérieure hors stocks 0,5 -0,6 -0,2 0,3 0,6 0,3 0,3 0,3 1,4 0,8 1,0

Variations de stocks 0,1 -0,2 -0,1 0,1 -0,1 0,0 0,0 0,0 0,2 0,1 -0,1

Commerce extérieur 0,4 0,1 0,5 0,3 0,5 -0,1 0,1 0,1 0,8 1,1 1,0

PrévisionsNote : les % entre parenthèses représentent le poids dans le PIB en valeur en 2005.Sources : Cabinet Office, calculs Insee

Page 65: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

la fin de 2007(1). Cette normalisation se poursui-vrait à l’horizon de la mi-2008 : l’investissementdes ménages continuerait de progresser dans lesprochains trimestres, à un rythme toutefois moinssoutenu qu’en début d’année (cf. graphique 2). Ducôté des entreprises, après le ralentissement enre-gistré en début d’année, l’investissement rebondi-rait au deuxième trimestre de 2008, comme lesuggère la bonne tenue des commandes de ma-chines enregistrées au premier trimestre. En se-conde partie d’année, la faiblesse de la demandeintérieure et le tassement du commerce extérieurinciteraient les entrepreneurs à modérer leurs dé-penses d’investissement.

Les exportations reculeraient nettement audeuxième trimestre (-2,0 %), après un premier tri-mestre exceptionnellement élevé (+4,0 %). Ellesretrouveraient cependant un peu d’allant au se-cond semestre, du fait de la bonne tenue de la de-mande des partenaires asiatiques du Japon, sanspour autant renouveler les performances de 2007.Quant aux importations, elles diminueraient audeuxième trimestre du fait du fléchissement de l’ac-tivité économique, avant de progresser à nouveauen seconde partie d’année.

Au total, l'économie japonaise croîtrait quasimentau même rythme en 2008 qu'en 2007 (+1,9 %,après +2,0 %).

La Chine ralentirait modérémentfin 2008

La Chine a de nouveau enregistré une croissance àdeux chiffres au premier trimestre de 2008(+10,6 % de croissance du PIB en glissement an-nuel), un peu en retrait toutefois par rapport à2007 (glissement annuel oscillant entre 11 % et12 % en 2007). Ce léger fléchissement est essen-tiellement imputable à un tassement des exporta-tions : sur les cinq premiers mois de 2008, leurglissement annuel est passé à 23 % environ, contreplus de 26 % en 2007 (cf. graphique 3). Sur cettemême période, les importations ont progressé plusvite que les exportations, si bien que l’excédentcommercial chinois a baissé de plus de 8 % parrapport à 2007. Cette baisse de l’excédent com-mercial pourrait s’amplifier d’ici à la fin de l’annéeen raison du ralentissement attendu de l’activitéaux États-Unis et en zone euro.

L’investissement des entreprises est resté très dyna-mique au premier trimestre. Cependant, les entre-preneurs chinois pourraient modérer leursdépenses d’investissement au cours des trois der-niers trimestres, du fait de la dégradation des pers-pectives à l’exportation. Les effets des multiplesresserrements monétaires passés pourraient éga-lement commencer à se faire sentir. Les conditionsde crédit pourraient même se durcir à l’horizon dela prévision, en raison de la poursuite des tensionsinflationnistes dans les prochains trimestres, en dé-pit des mesures de contrôle des prix mises en placepar les autorités chinoises.

Au total, la croissance chinoise s’effriterait légère-ment à l’horizon de la fin de 2008, essentiellementdu fait d’un commerce extérieur un peu moinsporteur.

70 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

1 - Confiance des ménages japonais

Source : Economic and Social Research Institute

(1) En juin 2007, la législation a en effet été durcie pour ren-forcer le respect des normes anti-sismiques ; il en a résultépendant quelques mois une forte baisse de l’octroi des per-mis de construire, en voie de rattrapage depuis fin 2007.

Page 66: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

La croissance de l’investissementplafonne en Asie émergente

L’inflation a continué de progresser en Asie duSud-Est en début d’année 2008, sous l’effet durenchérissement des matières premières, notam-ment alimentaires. Sur l’ensemble de la zone, leglissement annuel des prix s’établit ainsi à +5,9 %en avril (après +4,1 % en décembre 2007). Ce re-gain d’inflation pourrait inciter les banques centra-les de ces pays à durcir leur politique monétairedans les prochains trimestres.

Dans le même temps, la croissance de la zone estdemeurée soutenue au début de l’année 2008 :+6,0 % de croissance en glissement annuel,comme lors des deux précédents trimestres. L’acti-vité resterait portée par un commerce extérieur flo-rissant et une demande intérieure vigoureuse. Lacroissance de l’investissement des entreprises s’é-roderait cependant, du fait de la dégradation desperspectives d’exportations et du probable durcis-sement des politiques monétaires. L’activité indus-trielle perdrait donc un peu de son allant, commele signale le retournement des indicateurs conjonc-turels avancés en Corée du Sud et à Taïwan. ■

Juin 2008 71

Conjoncture internationale

2 - Mises en chantier au Japon

Lecture : les données des mises en chantier sont décalées de 3 moisSource : ESRI, Ministry of Land, Infrastructure and Transport

3 - Exportations chinoises

Source : données douanières

Page 67: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Le PIB de la zone euro a nettement rebondi aupremier trimestre de 2008 (+0,8 %, après+0,3 % au quatrième trimestre de 2007). Lestrois principaux pays de la zone, l’Allemagne, laFrance et l'Italie, ont contribué à ce rebond, tan-dis que la plupart des autres pays enregistraientun ralentissement prononcé.

Mais la croissance de la zone euro se tasseraitau cours des prochains trimestres : la demandeintérieure ralentirait encore, sous l’effet deshausses des prix des matières premières alimen-taires et énergétiques, et aussi du retournementdes marchés immobiliers ; en outre, les exporta-tions pâtiraient du fléchissement de la demandemondiale et de la forte appréciation de l’euro.Pour l’ensemble de l’année 2008, le PIB de lazone euro décélérerait à +1,6 %, après +2,6 %en 2007.

Le regain de croissance du premiertrimestre de 2008 serait temporaire

En zone euro, les enquêtes de conjoncture, dansl’industrie comme dans les services, se sont dégra-dées entre le troisième trimestre de 2007 et le pre-mier de 2008 (cf. graphique 1). Elles ne laissaientpar conséquent pas présager un rebond de l’activitéaussi fort au premier trimestre de 2008 (+0,8 %).

Cette accélération serait en effet pour l’essentielattribuable à des facteurs exceptionnels. En Alle-magne notamment, la météo clémente de l’hiver asoutenu l’activité dans la construction, habituelle-ment faible en cette saison ; par ailleurs, le chan-gement de trimestre des fêtes de Pâques, tombéesau premier trimestre en 2008 et au deuxième en2007, pourrait avoir fragilisé la correction desjours ouvrables. Au total, la croissance trimestrielledu PIB allemand a atteint le rythme exceptionnel de+1,5 %. En Italie, une grève des transporteurs ennovembre et décembre derniers avait paralysé l’é-conomie, entraînant un fort recul de l’activité auquatrième trimestre de 2007 (–0,4 %) entièrementrattrapé début 2008 ; ce profil particulier du PIBitalien a également contribué à l’accélération del’activité en zone euro.

La tendance à la baisse dans les enquêtes deconjoncture s'est maintenue sur le début dudeuxième trimestre de 2008, le rebond dans lesservices en mai compensant à peine la chute dumois d’avril. Bien qu’elles suivent la dégradationgénérale, les enquêtes allemandes résistent mieuxque celles des autres principaux pays de la zone,en particulier dans l’industrie.

D’ici la fin de 2008, la croissance de la zone euroserait très modérée, en ligne avec le ralentissementannoncé par toutes les enquêtes auprès des entre-prises. Elle s’établirait à +0,2 % par trimestre au

72 Note de conjoncture

Zone euro

1 - Zone euro : PIB et indicateurs synthétiques des enquêtes

Sources : Commission européenne, Eurostat, calculs Insee

Page 68: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

second semestre (cf. tableau 1). Elle serait mêmenulle au deuxième trimestre où la correction del’activité exceptionnelle dans la construction enAllemagne au cours des deux premiers mois del’année pèserait à hauteur de –0,2 point sur lacroissance du PIB de la zone.

En moyenne annuelle, le PIB de la zone euro ralen-tirait fortement en 2008 (+1,6 %, après +2,6 % en2007 et +2,9 % en 2006).

Juin 2008 73

Conjoncture internationale

Tableau 1PIB de la zone euro et des principaux pays de la zone euro

en %

Variations trimestrielles Moyennes annuelles

2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

ALLEMAGNE (28 %)(1)

PIB 0,6 0,2 0,7 0,3 1,5 -0,3 0,3 0,3 3,1 2,6 2,1

Consommation des ménages -1,8 0,8 0,3 -0,8 0,3 0,3 0,3 0,3 1,1 -0,5 0,5

FBCF totale 1,7 -1,4 0,7 1,5 3,7 -1,5 0,4 0,4 7,0 5,1 3,9

Consommation publique 1,8 0,1 0,4 -0,6 1,3 0,2 0,2 0,2 0,9 2,1 1,3

Exportations -0,3 0,8 2,5 1,3 2,4 -0,5 1,0 1,0 12,9 8,0 5,3

Importations 1,6 -1,7 2,9 0,2 3,5 -0,5 1,2 1,2 11,5 5,0 5,3

Contributions :Demande intérieure hors stocks -0,5 0,1 0,4 -0,2 1,0 -0,1 0,3 0,3 2,1 1,1 1,3

Variations de stocks 1,9 -1,0 0,3 0,0 0,7 -0,2 0,0 0,0 -0,1 -0,1 0,6

Commerce extérieur -0,8 1,1 0,0 0,5 -0,2 0,0 0,0 0,0 1,1 1,6 0,3

ITALIE (19 %)(1)

PIB 0,3 0,0 0,2 -0,4 0,5 0,1 0,1 0,2 1,9 1,4 0,5

Consommation des ménages 1,0 0,1 0,2 -0,4 0,1 0,1 0,1 0,2 1,1 1,5 0,2

FBCF totale -0,1 -0,5 -0,1 0,5 -0,2 0,1 0,3 0,3 2,7 0,8 0,3

Consommation publique 0,4 0,0 0,3 0,1 0,4 0,1 0,1 0,1 0,9 1,3 0,8

Exportations 1,6 -1,8 2,3 -1,2 1,4 0,3 0,3 0,3 6,4 4,5 1,7

Importations 1,3 -0,7 1,2 -1,0 -0,5 0,4 0,4 0,4 6,0 4,0 -0,3

Contributions :Demande intérieure hors stocks 0,6 -0,1 0,2 -0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 1,4 1,3 0,3

Variations de stocks -0,4 0,4 -0,3 -0,2 -0,2 0,0 0,0 0,0 0,4 -0,1 -0,4

Commerce extérieur 0,1 -0,3 0,3 -0,1 0,6 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,6

ZONE EURO (28 %)(2)

PIB 0,8 0,4 0,7 0,3 0,8 0,0 0,2 0,2 2,9 2,6 1,6

Consommation des ménages 0,2 0,6 0,4 -0,1 0,2 0,2 0,3 0,3 1,9 1,6 0,9

FBCF totale 1,2 0,0 0,9 1,0 1,6 -0,5 0,3 0,3 5,4 4,3 2,7

Consommation publique 0,9 0,3 0,8 0,0 0,4 0,4 0,4 0,4 2,0 2,3 1,4

Exportations 0,9 0,9 2,2 0,3 1,9 0,5 0,8 0,8 7,8 5,9 4,4

Importations 1,6 0,2 2,4 -0,3 1,9 0,8 1,0 1,0 7,5 5,3 4,3

Contributions :Demande intérieure hors stocks 0,5 0,4 0,6 0,2 0,5 0,1 0,3 0,3 2,6 2,3 1,4

Variations de stocks 0,5 -0,3 0,1 -0,1 0,2 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1

Commerce extérieur -0,3 0,3 0,0 0,2 0,0 -0,1 -0,1 -0,1 0,2 0,3 0,1

Prévisions(1) Part dans le PIB de la zone euro(2) Part dans le PIB des pays industrialisésSource : Eurostat

Page 69: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

La consommation des ménagesresterait modérée en 2008,après un recul fin 2007

L’emploi en zone euro n’a pas encore été affectépar la modération de la croissance, du fait des dé-lais habituels d’ajustement du marché du travail auralentissement de l’activité (cf. éclairage « Le ralen-tissement récent de la productivité en France et enAllemagne»). La situation du marché de l’emploiest toutefois désormais contrastée au sein des paysde la zone, après une amélioration conjointe aucours des deux années précédentes (cf. gra-phique 2). Ainsi, en Espagne, dont le secteur de laconstruction a fortement contribué aux créationsd’emploi de l’ensemble de la zone depuis 10 ans,le retournement du marché immobilier a entraînéune hausse du taux de chômage de 1,5 point surun an. En Allemagne en revanche, le taux de chô-

mage a poursuivi sa décrue sur le début de l’année2008 à un rythme soutenu de –0,4 point par tri-mestre comme depuis deux ans.

Sur l’ensemble de l’année 2008, les créationsd’emploi en zone euro devraient toutefois se mo-dérer ; l’emploi augmenterait ainsi de 1,6 % (après+1,9 % en 2007), et le taux de chômage se stabili-serait à partir du deuxième trimestre à 7,1 % de lapopulation active.

Les tensions sur le marché du travail et la hausse del’inflation, qui resterait au-dessus de 3 % sur l'en-semble de l’année 2008, devraient entraîner uneaccélération des salaires. Celle-ci serait toutefoismodeste, l’ajustement des salaires à l’augmenta-tion des prix à la consommation demeurant partielcomme ces dernières années. Le pouvoir d’achatdes ménages, grevé par la flambée des prix des

74 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

Tableau 2Zone euro : compte des ménages

en %

Variations trimestrielles Moyennes annuelles

2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Coût du travail 1,3 1,0 1,0 1,2 1,2 1,2 1,0 1,0 4,0 4,3 4,4

- emploi salarié 0,6 0,5 0,4 0,4 0,6 0,4 0,2 0,2 1,7 1,9 1,6

- coût salarial par tête 0,6 0,5 0,6 0,8 0,6 0,8 0,8 0,8 2,2 2,3 2,9

Revenu disponible brut (RDB) 1,2 0,7 0,8 1,0 1,0 1,2 1,0 1,1 3,7 3,8 4,1

Taux d'épargne (en % du RDB) 13,5 13,0 12,9 12,9 12,9 13,1 13,1 13,3 12,9 13,1 13,1

Déflateur de la consommationdes ménages 0,5 0,6 0,5 1,1 0,8 0,8 0,8 0,5 2,2 2,1 3,2

Masse salariale réelle 0,8 0,3 0,5 0,1 0,3 0,4 0,2 0,5 1,7 2,1 1,3

- coût salarial par tête réel 0,2 -0,2 0,1 -0,3 -0,2 0,0 0,0 0,3 0,0 0,2 -0,3

Pouvoir d'achat 0,7 0,1 0,3 -0,1 0,2 0,4 0,2 0,6 1,5 1,7 0,9

PrévisionsSources : Eurostat, calculs Insee

2 - Taux de chômage harmonisés dans la zone euro

Source : Eurostat

Page 70: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

matières premières alimentaires et énergétiquesdepuis le troisième trimestre de 2007, retrouveraitprogressivement une croissance plus soutenue àpartir du deuxième trimestre de 2008. Néanmoins,en moyenne sur l’année, le pouvoir d’achat desménages décélérerait nettement (+0,9 % en 2008après +1,7 % en 2007, cf. tableau 2).

La consommation des ménages a marqué le pasfin 2007, reculant de 0,1 %, malgré la forte crois-sance des achats de véhicules soutenus par l’anti-cipation d’un changement de fiscalité en France eten Italie. En dépit du contrecoup attendu de cesachats exceptionnels de voitures, elle a rebondidébut 2008 à +0,2 %, du fait de l’Allemagne etdans une moindre mesure de l’Italie, les deux prin-cipaux pays où la consommation avait reculé fin2007. Elle resterait sur un rythme de +0,2 % à+0,3 % d’ici la fin de l’année, en lien avec la fai-blesse attendue des gains de pouvoir d’achat et lamontée des inquiétudes partagées par les ména-ges des principaux pays de la zone euro sur la si-tuation économique future.

L’investissement en sursisau premier trimestre

La phase de descente du cycle d’investissement enéquipement, amorcée au deuxième semestre de2006, a été temporairement suspendue par un re-gain de croissance fin 2007, qui s’est prolongé surle premier trimestre de 2008. Fin 2007, l’investis-sement a été soutenu par un comportement d’anti-cipation en Allemagne lié à une réforme de lafiscalité des entreprises. Le contrecoup attendu aupremier trimestre de 2008 ne s’est pas produit :l’investissement en équipement a continué decroître à un rythme élevé. Cependant, l’investisse-

ment s’écarte du comportement prédit par ses dé-terminants usuels : les perspectives de demandesont en baisse, les tensions sur les capacités deproduction se relâchent (cf. graphique 3) et lesconditions de financement, affectées par la crise fi-nancière, tardent à se normaliser (cf. fiche « Mar-chés financiers »). La bonne performance dupremier trimestre ne devrait donc pas être durable,et sur les trois derniers trimestres de 2008 l’investis-sement en équipement ralentirait (+2,5 % en glis-sement annuel en fin d’année, contre +6,0 % aupremier trimestre).

Parallèlement, l’investissement en construction ré-sidentielle stagnerait en 2008 : c’est ce que sug-gère le ralentissement des permis de construiredélivrés depuis un an, en lien avec le retournementdes marchés immobiliers en Espagne, en Irlande eten Finlande notamment. Le secteur de la construc-tion non résidentielle se porterait légèrement mieuxet assurerait une croissance encore positive de l’in-vestissement en construction sur l’ensemble del’année (+1,5 %). Le pic du premier trimestre, dûnotamment à l’avancement de chantiers en Alle-magne en raison d’un hiver clément, serait enpartie corrigé dès le trimestre suivant.

Des échanges extérieurs freinés

Les échanges extérieurs de la zone euro ont peuprogressé à la fin de l’année 2007. La demandemondiale adressée à la zone a en effet reculé auquatrième trimestre. Le rebond des exportations aupremier trimestre de 2008 (+1,9 %) a surpris.Cette forte croissance des exportations excède eneffet ce que laissait attendre la croissance de la de-mande étrangère (+0,6 %). Par ailleurs, l’appré-ciation de l’euro dégrade depuis deux ans la

Juin 2008 75

Conjoncture internationale

3 - Zone euro : investissement en équipement et taux d'utilisation des capacités

Sources : Commission européenne, Eurostat

Page 71: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

compétitivité-prix à l’exportation des entreprises dela zone (l’euro s’est ainsi apprécié de 6,8 % depuisle début de 2006 en termes effectifs réels) ; lesparts de marché gagnées sur le début de l’annéene devraient par conséquent pas être conservéesau cours des prochains trimestres. Les exportationsseraient affectées par la dégradation de l’environ-nement international de la zone euro, ainsi que parl’effet négatif sur le commerce intra-zone du ralen-

tissement de la demande intérieure. Elles décélère-raient sur l’ensemble de l’année, à +4,4 %. Lesimportations suivraient un profil semblable, maisavec des taux de croissance un peu supérieurs, etla contribution comptable des échanges extérieursà la croissance serait négative à l’horizon de la fin2008 (-0,1 point par trimestre). ■

76 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

Page 72: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 77

Fin 2008, l’inflation « sous-jacente » (hors ali-mentation et énergie, mais y compris taxes indi-rectes) atteindrait 1,8 % en glissement annuel enzone euro. En effet, l’envolée des prix des matiè-res premières continuerait de se diffuser à cer-tains produits manufacturés et certains services.L’inflation d’ensemble culminerait à presque4,0 % cet été. Elle redescendrait à 3,0 % en find’année, sous l’hypothèse d’une stabilité desprix du pétrole à 130 $ le baril au second se-mestre. En moyenne annuelle, l’inflation d’en-semble atteindrait 3,5 % en 2008 (après 2,1 %en 2007).

L’inflation « sous-jacente »atteindrait 1,8 %

L’inflation « sous-jacente » telle que mesurée parEurostat(1) atteindrait en fin d’année 1,8 %, après1,6 % en avril (cf. tableau et graphique 1). L’en-volée des prix des matières premières continueraitde se diffuser aux prix de certains produits manu-

facturés, de la restauration et des services de trans-port. Toutefois, le fléchissement de la demande etl’appréciation de l’euro limiteraient cette accéléra-tion des prix.

Entre le début et la fin de 2008, l’inflation des pro-duits manufacturés augmenterait légèrement(0,9 % en décembre contre 0,8 % en avril, cf. ta-bleau). L’accélération récente des prix des biens in-termédiaires dans l’industrie, qui reflète l’envoléedes cours des matières premières, pousserait lesprix de détail à la hausse, hausse toutefois at-ténuée par le fléchissement de la demande et l’ap-préciation de l’euro.

En avril, l’inflation des services s’est repliée (2,3 %après 2,5 % en décembre 2007, cf. tableau) : le re-lèvement de la TVA et le renchérissement des fraisd’inscription à l’Université en Allemagne, quiavaient poussé à la hausse l’inflation début 2007,ne se reproduisent en effet pas cette année.

Fin 2008, le glissement annuel des prix desservices remonterait légèrement, à 2,4 %. L’en-volée des prix des matières premières se propage-rait aux secteurs de la restauration et destransports. En outre, les négociations salariales enzone euro ont abouti à des revalorisations plus im-portantes que l’année passée. Mais le fléchisse-ment attendu de la demande pourrait inciter lesentreprises à rogner sur leurs marges, ce qui limite-rait ainsi l’accélération des prix.

Prix à la consommationau sein de la zone euro

Inflation de la zone eurovariations en %, contributions en points

juin 2007 déc. 2007 avril 2008 juin 2008 déc. 2008Moyennesannuelles

Secteurs (poids dans l'indice en 2008) ga cga ga cga ga cga ga cga ga cga 2006 2007 2008

Ensemble (100,0 %) 1,9 1,9 3,1 3,1 3,3 3,3 3,9 3,9 3,0 3,0 2,2 2,1 3,5

Alimentation (alcools et tabac inclus)(19,5 %) 2,4 0,5 4,3 0,8 5,4 1,1 5,8 1,1 3,6 0,7 2,4 2,8 5,0

dont : produits alimentaires (15,8 %) 2,1 0,3 4,8 0,7 6,0 0,9 6,4 1,0 3,6 0,6 2,3 2,7 5,5

boissons alcoolisées et tabac (3,7 %) 3,6 0,1 2,5 0,1 3,2 0,1 3,5 0,1 3,7 0,1 2,7 3,4 3,4

Énergie (9,8 %) 0,9 0,1 9,2 0,9 10,8 1,1 15,5 1,5 11,2 1,1 7,7 2,6 12,9

Inflation sous-jacente (70,7 %) 1,9 1,3 1,9 1,3 1,6 1,2 1,8 1,2 1,8 1,3 1,4 1,9 1,8

dont : produits manufacturés (29,7 %) 1,0 0,3 1,0 0,3 0,8 0,2 0,8 0,2 0,9 0,3 0,6 1,0 0,9

services (40,9 %) 2,6 1,0 2,5 1,0 2,3 0,9 2,5 1,0 2,4 1,0 2,0 2,5 2,5

Prévisionsga : glissement annuelcga : contributions au glissement annuel

(1) Hors alimentation, alcools, tabac et énergie mais ycompris taxes indirectes. À titre de comparaison, l’indice« sous-jacent » de l’Insee n’exclut que 68 % des produits ali-mentaires (produits frais, viandes, produits laitiers, etc.)mais est corrigé de l’effet des taxes indirectes ; par contre,les produits de santé et les services dont les prix sont admi-nistrés sont écartés du champ de l’indice.

Page 73: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

L’inflation volatilefléchirait à l’automne

Après une détente en février, l’inflation énergétiqueest repartie à la hausse dans le sillage de laflambée du prix du Brent. La nette augmentationdes prix du pétrole au début des mois de mai et juin(cf. fiche « Pétrole et matières premières ») pous-serait le glissement annuel des prix énergétiquesautour de +15,5 % en juin. Puis, l’inflation énergé-tique se replierait à 11,2 % en fin d’année (cf. ta-bleau et graphique 2) : le prix du baril de Brent a eneffet été supposé stable en prévision alors qu’ilavait fortement augmenté fin 2007.

L’inflation alimentaire poursuivrait sa progressionjusqu’à l’été. Encore modérée début 2008, lahausse des prix des viandes relaierait par la suitecelle des produits alimentaires transformés, en rai-son du renchérissement de l’alimentation animale.En fin d’année, l’inflation alimentaire se replieraitautour de 3,6 %, les hausses de prix du second se-mestre de 2007 commençant à disparaître du glis-sement annuel (cf. tableau).

En 2008, la hausse des prix, prévue à 3,5 % enmoyenne (cf. tableau), dépasserait le seuil d’infla-tion de la Banque centrale européenne. Elle seraitmême la plus élevée depuis 1996, date de créa-tion de l’indice de prix harmonisé de la zone euro.La flambée des cours des matières premières aurapoussé à la hausse l’inflation volatile, i. e. les prix

de l’énergie et de l’alimentation, à partir de l’été2007 et, dans une moindre mesure, l’inflation« sous-jacente ». Cet effet haussier sur l’inflation« sous-jacente » devrait avoir été compensé(2) parla disparition en 2008 de l’impact du relèvementde la TVA en Allemagne.

L’inflation en France dépasseraitlégèrement celle de la zone euro

Du fait notamment de l’instauration en Franced’une franchise médicale début 2008 et au mo-ment où les effets de la hausse de la TVA en Alle-magne disparaissaient du glissement annuel pourla zone euro, l’inflation en France est devenue su-périeure à la moyenne de la zone, (cf. fiche « Prix àla consommation France ») alors qu’elle lui était in-férieure jusque-là. En outre, les remises en causesuccessives de la loi Galland avaient jusqu’alorspermis une moindre inflation alimentaire enFrance. La pause récente de cet effetdésinflationniste a réduit l’écart d’inflation entre laFrance et la zone euro. L’inflation française resteraitlégèrement supérieure à celle de la zone euro jus-qu’à la fin de l’année. ■

78 Note de conjoncture

Conjoncture internationale

1 - Indices des prix à la consommation harmonisés en France et en zone euro

Sources : Eurostat, prévision Insee

(2) Artificiellement car il est peu fondé d’incorporer dans unindicateur d’inflation « sous-jacente » des hausses ponc-tuelles de taxes.

Page 74: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 79

Conjoncture internationale

2 - Inflation en zone euro : contributions des postes les plus volatils

Sources : Eurostat, prévision Insee

Page 75: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

ConjonctureFrance

Page 76: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

En 2008, les exportations de biens et services dela France accélèreraient légèrement (+3,9 %après +3,6 % en 2007). Après leur forte pro-gression du premier trimestre, elles croîtraienttrès faiblement voire stagneraient à l'horizon dela fin de l'année. Elles seraient en effet freinéespar la faiblesse de la demande en provenancede nos principaux partenaires commerciaux etpar la hausse, continue jusqu’en avril, du tauxde change effectif réel de la France, dont les ef-fets se feraient sentir progressivement.

Les importations françaises de biens et servicesperdraient de la vigueur en 2008 (+2,7 % après+6,2 % en 2007). Elles stagneraient audeuxième trimestre, après un premier trimestredynamique. Puis leur croissance serait modeste,en lien avec une demande intérieure modérée.

Sur l’ensemble de l’année, la contributioncomptable du commerce extérieur à la crois-sance serait positive. Elle s’élèverait à +0,3point.

Les exportations marqueraient lepas aux deuxième et troisièmetrimestres de 2008

Sur l’année 2008, la croissance des exportationsfrançaises de biens et services serait quasi équiva-lente à celle de 2007 (+3,9 % après +3,6 %, unefois les chiffres corrigés de la fraude à la TVA, cf. ta-bleau). Elle serait tirée par l’embellie, inattendueau vu du ralentissement de l’économie mondiale,du premier trimestre (+3,1 %). Au deuxième tri-mestre de 2008, les exportations reculeraient parcontrecoup (-0,1 %) puis augmenteraient à nou-veau au second semestre, mais très légèrement(+0,0 % et +0,3 % respectivement aux troisième etquatrième trimestres, cf. tableau), handicapées parle ralentissement mondial et les effets retardés del’appréciation de l’euro (cf. dossier « Les effets del’appréciation de l’euro sur l’économie fran-çaise »).

Les exportations de produits manufacturés aug-menteraient davantage en 2008 qu’en 2007 :+5,6 % après +4,2 %. Leur profil au cours de2008 épouse celui des exportations totales : netteaccélération au premier trimestre puis faible pro-gression (cf. graphique 1).

Juin 2008 83

Échanges extérieurs

Prévision de croissance des échanges extérieursévolutions en % aux prix de l'année précédente chaînés

Variations trimestrielles Variations annuelles

2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Importations

Ensemble des biens et services 2,3 1,8 1,8 -1,1 1,9 0,0 0,3 0,3 6,5 (6,2) 5,9 (6,2) 2,7

Produits manufacturés (73 %)* 3,6 1,4 3,1 -0,9 3,0 0,5 0,4 0,5 8,5 (8,1) 7,5 (8,0) 4,9

Exportations

Ensemble des biens et services 0,9 1,6 1,1 -0,2 3,1 -0,1 0,0 0,3 5,6 (5,2) 3,2 (3,6) 3,9

Produits manufacturés (72 %)* 0,7 2,2 1,0 0,9 3,7 0,0 0,0 0,5 7,6 (6,9) 3,6 (4,2) 5,6

Prévisions* Part des exportations (respectivement, importations) de produits manufacturés dans les exportations (respectivement, importations)totalesEntre parenthèses, le taux de croissance corrigé de la fraude à la TVA en 2006Source : Insee

Page 77: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

L’envolée du premier trimestre (+3,7 %) tient pourl’essentiel à la forte croissance des livraisons auxprincipaux partenaires commerciaux européens dela France. En particulier, les ventes de la France àl’Allemagne ont bondi de 7,4 % au premier tri-mestre en valeur. Tous les produits y ont contribué,et notamment les biens d’équipement et les biensintermédiaires. Les exportations vers les pays émer-gents sont restées dynamiques au premier trimestreavec notamment la livraison d’un paquebot à Pa-nama et la vente de deux satellites, dont un destinéau Brésil.

A contrario, sur les trois autres trimestres, les expor-tations manufacturières croîtraient faiblement :atones au deuxième trimestre (+0,0 %), en contre-coup d’une croissance du premier trimestre très su-périeure à ce que justifierait la croissance desdébouchés, elles stagneraient de nouveau au troi-sième trimestre avant de se redresser très légère-ment en fin d'année (+0,5 % au quatrièmetrimestre).

Cette faiblesse des exportations manufacturièresserait liée à l’atonie de la demande mondialeadressée à la France : quasi nulle au deuxième tri-mestre (+0,1 %), elle augmenterait faiblement ausecond semestre (+0,5 % par trimestre). En outre,la hausse du taux de change effectif de la France seserait accentuée au deuxième trimestre (+1,5 %après +0,8 % au premier trimestre), en dépit du lé-ger reflux de l’euro au cours du mois de mai. L’élé-

vation régulière du taux de change effectif de laFrance depuis près de deux ans continuerait de pe-ser sur la compétitivité-prix des produits français.

Hors produits manufacturés, les exportations debiens reculeraient nettement au deuxième trimestrede 2008. En particulier, la forte hausse des ventesde produits énergétiques au premier trimestre(+13,5 %), due en partie à des livraisons excep-tionnelles d’uranium enrichi, serait corrigée audeuxième trimestre (-6,0 %). Les exportations deproduits agricoles et agroalimentaires stagne-raient (+ 0,0 %), après avoir bénéficié au premiertrimestre (+5,0 %) de la réalisation de grands con-trats avec certains pays émergents, notamment leBrésil et l’Inde.

Enfin, les exportations de services se redresseraientlégèrement au deuxième trimestre de 2008(+1,0 %), après trois trimestres de baisse.

La croissance des importationsresterait modéréed'ici la fin de 2008

Sur l’ensemble de l’année 2008, les importationsde la France en biens et services croîtraient nette-ment moins qu’en 2007 (+2,7 % après +6,2 %une fois les chiffres corrigés de la fraude à la TVA).La croissance des trois derniers trimestres serait eneffet modérée (cf. tableau).

84 Note de conjoncture

Conjoncture France

1 - Exportations de produits manufacturés et contributions économétriques

Note de lecture : la courbe représente la croissance trimestrielle des exportations de produits manufacturés. Celle-ci est modélisée parune relation économétrique faisant intervenir la demande mondiale et le taux de change effectif réel (compétitivité-prix). Les barresreprésentent les contributions de chacune de ces variables au taux de croissance des exportations manufacturières, ainsi que celle durésidu de l’équation économétrique. Par exemple, au premier trimestre de 2007, les exportations de produits manufacturés ont progresséde 0,7 % : l’impact de la demande mondiale est évalué à +1,8 point, celui du taux de change effectif réel à -0,3 point. Le résidu contribueà hauteur de -0,8 point.Source : calculs Insee

Page 78: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Les importations de produits manufacturés ralenti-raient elles aussi sensiblement en 2008 par rap-port à 2007 (+4,9 % après +8,0 %). Ceralentissement serait en grande partie dû à la mo-dération de la consommation des ménages en2008 (+1,3 % après +2,5 % en 2007).

Au premier trimestre de 2008, les importations deproduits manufacturés ont fortement rebondi(+3,0 % après -0,9 % au quatrième trimestre de2007). Deux facteurs expliquent ce rebond : labonne tenue de l’investissement des entreprises(+1,8 % au premier trimestre) et la hausse desconsommations intermédiaires incorporées auxexportations. De surcroît, au premier trimestre de2008, la compétitivité-prix à l’importation des pro-duits français a reculé de 0,2 % (cf. encadré 1 dudossier « Les effets de l’appréciation de l’euro surl’économie française »). À l’inverse, l’atonie de laconsommation des ménages au premier trimestre(+0,1 %) n’a pas favorisé les achats à l’étranger.

Au deuxième trimestre, la croissance des importa-tions de produits manufacturés serait modérée(+0,5 %) : l’atonie de la consommation et de l’in-vestissement l’emporterait sur la légère aggrava-tion des pertes de compétitivité-prix desproducteurs nationaux, en ligne avec la nouvellehausse du taux de change effectif de l’euro (cf. gra-

phique 2). Par la suite, les importations manufactu-rières resteraient peu dynamiques (+0,4 % et+0,5 % respectivement aux troisième et quatrièmetrimestres).

Hors produits manufacturés, la croissance des im-portations faiblirait nettement au cours des pro-chains trimestres : au deuxième trimestre de 2008,les importations de produits agricoles et agroali-mentaires se replieraient (-2,0 %) après le bond ex-ceptionnel du premier trimestre ; les importationsde produits énergétiques se stabiliseraient(+0,0 %).

Enfin, le recul des importations de services, quis’est amplifié au premier trimestre de 2008, se mo-dérerait quelque peu au deuxième.

Au total, la contribution comptable du commerceextérieur à la croissance du produit intérieur brutserait négative ou nulle à partir du deuxième tri-mestre de 2008, le ralentissement des exportationsétant plus marqué que celui des importations.Mais, sur l’ensemble de l’année, cette contributionserait légèrement positive, à +0,3 %. ■

Juin 2008 85

Conjoncture France

2 - Importations de produits manufacturés et contributions économétriques

Note de lecture : la courbe représente la croissance trimestrielle des importations de produits manufacturés. Celle-ci est modélisée parune relation économétrique intégrant la demande adressée par la France à l’étranger, un indicateur de compétitivité-prix à l’importationet une tendance temporelle (trend). Les barres représentent les contributions de chacune de ces variables à ce taux de croissance, ainsique celle du résidu de l’équation économétrique.Source : calculs Insee

Page 79: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

86 Note de conjoncture

En 2007, les recettes fiscales perçues par les ad-ministrations publiques(1) ont ralenti (+3,1 %après +5,6 %), essentiellement du fait dumoindre dynamisme des recettes d’impôts cou-rants sur le revenu et le patrimoine. Notamment,la réforme du barème de l’impôt sur le revenudes personnes physiques (IRPP), la revalorisa-tion de la PPE et l’impact moindre qu’en 2006de la réforme du régime des acomptes d’impôtsur les sociétés (IS) ont entraîné un net ralentis-sement des recettes.

En 2008, les recettes fiscales des administra-tions publiques accéléreraient légèrement à+3,7 %, du fait notamment des impôts courantssur le revenu et le patrimoine (+4,7 % après+2,5 %), l’IRPP retrouvant un rythme plus habi-tuel après la baisse enregistrée en 2007.

Les recettes d’impôts sur laproduction ont été dynamiques en2007...

En 2007, les recettes d’impôts sur la production etles importations sont restées dynamiques (+3,4 %après +3,7 %). Les recettes de TVA, qui en consti-tuent la moitié, ont augmenté sur un rythme moinssoutenu qu’en 2006 (+3,5 % après +4,1 %). Lesimpôts spécifiques sur les produits(2) ont de leurcôté diminué de 0,3 % par rapport à 2006.

En outre, les recettes d’impôts sur les salaires et lamain-d’œuvre ont nettement accéléré (+9,2 %après +0,8 % en 2006). Cette forte hausse résulted’une accélération de la taxe sur les salaires(3) etd’une augmentation des cotisations au Fonds na-tional d’aide au logement (FNAL). En effet, l’article148 de la loi de Finances pour 2007 a introduitune cotisation supplémentaire au FNAL pour lesemployeurs publics.

Enfin, les autres impôts liés à la production(4), per-çus essentiellement au profit des collectivités loca-les(5), ont augmenté plus rapidement qu’en 2006(+5,7 % après +3,0 %), notamment du fait de lataxe professionnelle.

... mais les recettes d’impôtscourants ont nettement décéléré

Les recettes d’impôts courants sur le revenu et lepatrimoine ont nettement ralenti en 2007 (+2,5 %,après +8,7 % en 2006). Ce ralentissement dé-coule essentiellement de la décélération des recet-tes d’impôts sur le revenu versés par les sociétés(+5,5 % après +28,6 %), en partie du fait du trai-tement comptable de la suppression de l’avoir fis-cal. Toutefois, même hors cet effet comptable, (cf.Note de conjoncture de juin 2006, encadré page82), les recettes d’impôts sur le revenu versés parles sociétés ont nettement ralenti (+5,5 % après+12,5 %). En effet, la poursuite de la réforme durégime des acomptes d’IS a eu un effet moins im-portant en 2007 qu’en 2006, le dispositif ayantseulement été étendu aux entreprises réalisant unchiffre d’affaires d’au moins 500 millions d’euros(contre 1 milliard auparavant).

Les recettes d’impôts sur le revenu payés par lesménages ont également ralenti (+0,4 % après+2,4 %). Une fois neutralisé l’effet du traitementcomptable de la suppression de l’avoir fiscal(6), cesrecettes décélèrent encore plus nettement (+0,4 %après +6,9 %). En effet, l’IRPP a baissé en 2007,du fait de la refonte de son barème, de l’augmen-tation de la prime pour l’emploi et du développe-ment des crédits d’impôts.

Les autres impôts sur le revenu et le patrimoine ontde nouveau fortement augmenté en 2007, mais unpeu moins que l’année précédente (+7,5 % après

Recettes fiscalesdes administrations publiques

(1) Les recettes fiscales regroupent :les impôts sur la production et les importations, tels que laTVA, la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP), lataxe professionnelle, la taxe foncière, la taxe sur les salaires;les impôts sur le revenu et le patrimoine des sociétés et desménages ;les impôts en capital, soit essentiellement les droits de muta-tion et de succession.(2) Ces impôts contiennent notamment la TIPP, la taxe surles tabacs et les produits de l’enregistrement de mutations.(3) La taxe sur les salaires est due par les employeurs qui nesont pas soumis à la TVA sur la totalité de leur chiffre d'af-faires.(4) Ces impôts comprennent essentiellement la taxeprofessionnelle et la taxe foncière.(5) La taxe d’habitation des ménages est enregistrée encomptabilité nationale dans les autres impôts sur le revenuet le patrimoine.(6) Même s’il est quasi neutre au niveau du total des impôtscourants sur le revenu et le patrimoine et donc des recettesdes administrations publiques.

Page 80: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

+9,7 % en 2006). De fait, les recettes de taxed’habitation et d’impôt de solidarité sur la fortune(ISF) ont été de nouveau assez dynamiques.

Enfin, les impôts en capital, constitués principale-ment des droits de succession et des droits de do-nation, ont rebondi en 2007 (+6,9 %). Ils avaientfortement reculé en 2006 (-7,3 %), avec la dispari-tion au 31 décembre 2005 des mesures exception-nelles favorisant les donations(7).

Les recettes fiscales accéléreraientun peu en 2008

En 2008, les recettes fiscales des administrationspubliques accéléreraient légèrement (+3,7 %après +3,1 % en 2007), essentiellement du faitdes recettes d’impôts courants sur le revenu et lepatrimoine (+4,7 % en 2008 après +2,5 % en

2007), et dans une moindre mesure des recettesd’impôts sur la production et les importations(+3,6 % après +3,4 %).

L’accélération des impôts courants sur le revenu etle patrimoine résulterait d’un retour à la normaledes rentrées d’IRPP, après la baisse de 2007 due àla refonte du barème de cet impôt. Ainsi, les recet-tes d’impôts sur le revenu payés par les ménagesrepartiraient sur un rythme de +4,0 % en 2008,après +0,4 % en 2007. Par ailleurs, les recettesnettes de CSG sur les revenus du patrimoine et deplacement augmenteraient sensiblement en 2008,sous l’effet de la mise en œuvre du prélèvement àla source des cotisations sociales perçues sur lesdividendes. Cette mesure permet en effet d’antici-per d’un an le versement de cet impôt par rapport àla méthode de prélèvement antérieure.

En outre, les recettes d’impôts sur le revenu verséspar les sociétés accéléreraient à +6,9 % en 2008(après +5,5 % en 2007) sous l’impulsion de ren-trées nettes d’IS très dynamiques. En revanche, lesrecettes des autres impôts sur le revenu et le patri-moine ralentiraient nettement en 2008 (+1,0 %

Juin 2008 87

Conjoncture France

Impôts perçus par les administrations publiques (1)

(poids correspondant à l'année 2005)

Moyennes semestrielles (évolutions en %) Niveaux enmilliards d’euros

Moyennes annuelles(variation en %)

2006 2007 20082006 2007 2008 2006 2007 2008

S1 S2 S1 S2 S1 S2

Impôts sur la productionet les importations (56,6 %) 2,4 0,6 2,2 1,8 2,4 0,6 275,3 284,7 294,9 3,7 3,4 3,6

TVA totale grevant les produits (26,2 %) 2,4 0,8 1,5 3,0 3,1 1,5 128,1 132,6 139,7 4,1 3,5 5,4

Impôts spécifiques sur les produits (14,7 %) 5,0 -1,1 0,4 -0,4 2,8 1,1 71,8 71,5 73,8 5,1 -0,3 3,2

Impôts sur les salaireset la main-d’oeuvre (4,4 %) 0,3 0,4 7,2 3,4 1,8 1,0 20,6 22,5 23,4 0,8 9,2 4,0

Autres impôts liés à la production (11,3 %) 0,3 2,3 4,0 1,0 0,5 -1,9 54,8 57,9 57,9 3,0 5,7 0,0

Impôts courants sur le revenuet le patrimoine (41,5 %) 5,6 2,2 2,2 -1,5 3,7 3,4 211,6 216,8 226,9 8,7 2,5 4,7

Impôts sur le revenu verséspar les sociétés (8,4 %) -6,5 42,7 -11,

5 2,9 6,9 -2,9 51,6 54,5 58,2 28,6 5,5 6,9

Impôts sur le revenu verséspar les ménages (29,2 %)(2) 9,8 -9,7 7,7 -3,4 2,5 6,5 140,2 140,8 146,4 2,4 0,4 4,0

Autres impôts sur le revenuet le patrimoine (3,4 %) 3,5 1,9 7,4 -1,7 3,8 -3,7 17,5 18,8 19,0 9,7 7,5 1,0

Impôts en capital (1,9 %) -11,4 2,2 5,9 -0,3 -7,9 -16,6 8,3 8,9 7,5 -7,3 6,9 -15,7

Total des impôts perçus par les APU 3,5 1,3 2,2 0,3 2,8 1,5 495,2 510,4 529,4 5,6 3,1 3,7

PrévisionsLes impôts sont classés et évalués ici selon les conventions de la Comptabilité nationale.(1) Centrales, locales et de sécurité sociale(2) Recouvrant notamment l'impôt sur le revenu proprement dit (IRPP) et la CSGN. B. : i) les chiffres entre parenthèses donnent la structure de l'année 2005.ii) certaines données comme la TVA totale grevant les produits et les impôts spécifiques sur les produits sont corrigées des jours ouvrables, cequi a un effet sur les données annuelles.iii) les chiffres présentés ici pour les impôts sur le revenu versés par les ménages et par les sociétés sont y compris retraitement comptable del'avoir fiscal : ceci explique le fort gonflement de l'impôt versé par les sociétés et la forte baisse de l'impôt sur le revenu versé par les ménagesau second semestre de 2006 (cf. encadré de la Note de conjoncture de juin 2006).Source : Insee

(7) Les donations consenties en pleine propriété entre le 25septembre 2003 et le 31 décembre 2005 ont bénéficiéd’une réduction de droits de 50 %.

Page 81: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

après +7,5 % en 2007), l’aménagement de l’ISFmis en œuvre par la loi en faveur du travail, del’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA) contribuantnotamment à hauteur de près de 3 points à ceralentissement.

De même, la forte baisse des recettes d’impôts encapital (-15,7 % après +6,9 %) serait imputable àl’allègement des droits de donation et de succes-sion voté dans le cadre de la loi TEPA.

Les recettes d’impôts sur la production et les impor-tations augmenteraient de 3,6 % en 2008 (après+3,4 % en 2007). D’un côté, les recettes de TVAtotale grevant les produits et les recettes d’impôtsspécifiques sur les produits accéléreraient nette-

ment (respectivement +5,4 % et +3,2 %, après+3,5 % et -0,3 % en 2007) : les rentrées de ces im-pôts ont été plus dynamiques au premier trimestrede 2008 que ce que laissaient attendre l’évolutionde leur base taxable. De l’autre, les recettes d’im-pôts sur les salaires et la main-d’œuvre ralenti-raient mais resteraient relativement dynamiques(+4,0 % après +9,2 %), grâce notamment à laprogression de la taxe sur les salaires et à la bonnetenue des cotisations au FNAL. En particulier, letaux de cotisation au FNAL des employeurs publicsest passé de 0,20 % à 0,40 % au 1er janvier 2008,rejoignant ainsi celui du secteur privé. Enfin, lesautres impôts liés à la production se stabiliseraient,du fait du plafonnement de la taxe professionnelle(+0,0 % après +5,7 %). ■

88 Note de conjoncture

Conjoncture France

Contributions des principaux impôts

Source : Insee

Page 82: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Jusqu’à la fin de l’année, l’envolée des coursdes matières premières continuerait de se diffu-ser aux prix à la consommation en France, pous-sant l’inflation « sous-jacente » à la hausse(2,2 % au quatrième trimestre de 2008 contre2,0 % au premier trimestre). L’inflation d’en-semble culminerait à 3,6 % cet été, avant de sereplier à 2,8 % en décembre, sous l’hypothèsed’un prix du pétrole stable à 130 $ le baril deBrent au second semestre. Sur 2008, l’inflations’établirait à 3,2 % en moyenne, avec notam-ment une forte contribution des prix de l’alimen-tation et de l’énergie.

L’inflation « sous-jacente »continuerait d’augmenteravant de s’infléchir

L’inflation « sous-jacente »(1) progresserait jusqu’autroisième trimestre de 2008 (cf. graphique 1), à2,3 % (après 2,0 % au premier trimestre) : l’envoléedes prix des matières premières devrait continuerde se diffuser aux prix alimentaires hors produits

frais et à certains produits manufacturés. En find’année, l’inflation « sous-jacente » s’infléchirait à2,2 %. La hausse passée des prix des matières pre-mières alimentaires aurait atteint ses pleins effets,tandis que la loi de modernisation de l’économie(2)

et la loi Chatel pourraient modérer l’évolution desprix dans la grande distribution (cf. graphique 2).

Stabilité de l’inflationdes produits manufacturés

L’inflation des produits manufacturés demeureraitautour de 0,2 % jusqu’en décembre (cf. tableau).L’envolée des cours des matières premières conti-nuerait de se diffuser aux prix de détail, et les effetsde la hausse des prix et des coûts salariaux dans lespays émergents commenceraient à se faire sentirsur les prix de certains produits importés. Mais laforte appréciation de l’euro depuis la mi-2007compenserait en partie ces effets inflationnistes. Labaisse de l’inflation des « produits de santé » du faitde la mise en libre-accès de plus de 200 médica-ments jouerait dans le même sens.

Juin 2008 89

Prix à la consommation

1 - Prix à la consommation en France

Source : Insee

(2) La loi, en discussion au Parlement au moment du bou-clage de cette note, autoriserait en particulier la liberté denégociation des tarifs entre distributeurs et fournisseurs. Enfaisant jouer la concurrence, les distributeurs s’assureraientune baisse de prix de leurs fournisseurs, qu’ils pourraientrépercuter aux consommateurs.

(1) C’est-à-dire hors tarifs publics et produits à prix volatils,corrigée des mesures fiscales. L’indice « sous-jacent » incor-pore notamment 32 % des produits alimentaires.

Page 83: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

L’inflation des services serait stableégalement

Dans l’ensemble des services, l’inflation seraitstable, à 2,4 % en décembre. Cette stabilité résul-terait d’évolutions opposées. Trois facteurs joue-raient à la baisse. En premier lieu, la Commissioneuropéenne a enjoint aux opérateurs téléphoni-ques de diminuer les prix des SMS et de l’internetmobile en provenance ou à destination de l’étran-ger. En second lieu, un amendement à la loi Chatelimpose une baisse des tarifs des services d’assis-tance technique à compter du 1er juin. Enfin, la re-valorisation des honoraires des médecins de 2007ne devrait pas être reconduite cette année. À l’in-verse, le glissement annuel des prix de l’ « hôtellerieet restauration » augmenterait, ce qui compense-rait les diminutions précédentes. En effet, l’annéedernière, la baisse des prix à la sortie des vacancesd’été avait été particulièrement prononcée, en dé-pit de l’organisation de la coupe du monde de rug-by en France. Par ailleurs, le renchérissement desproduits alimentaires aurait un impact positif, maispour l’instant limité, sur les prix de la restauration.

L’inflation énergétique décroîtraitvers 11 % en fin d’année

Compte tenu de l’hypothèse conventionnelle d’unprix du baril de Brent stable en prévision (cf. fichePétrole et matières premières), l’inflation énergé-tique décroîtrait à partir du mois d’août (cf. gra-

phique 3). Dans le secteur de l’électricité et du gaz,l’ouverture à la concurrence du marché des parti-culiers n’a pas eu d’effet significatif sur les prix jus-qu’à présent. Cette mesure continuerait de resterneutre à l’horizon de notre prévision.

La hausse des prixdes produits alimentairess’atténuerait au dernier trimestre

Le glissement annuel des prix alimentaires aug-menterait à 6,0 % en juillet, avant de s’abaisser à5,1 % en fin d’année. La flambée des cours desmatières premières alimentaires continuerait de serépercuter sur les prix à la consommation. Mais,sous l’hypothèse que la stabilité des cours des ma-tières premières alimentaires importées enregistréedepuis quelque mois perdure, la hausse des prix audernier trimestre de 2008 serait moins importanteque celle de l’année dernière. De plus, l’instaura-tion de la loi de modernisation de l’économie exer-cerait un effet modérateur sur les prix dans lagrande distribution.

En moyenne annuelle, l’inflation augmenterait net-tement (3,2 % après 1,5 % l’année passée), du faitessentiellement de l’impact qu’aura eu la flambéedes cours des matières premières sur les prix de l’a-limentation et de l’énergie. ■

90 Note de conjoncture

Conjoncture France

2 - Contributions à l'inflation sous-jacente trimestrielle

Note de lecture : la courbe représente l’inflation sous-jacente trimestrielle, qui dépend de la croissance trimestrielle des prix à laproduction dans le secteur marchand, et des prix des biens de consommation et des automobiles importés. Une variable supplémentaireest introduite (« réformes de la loi Galland ») pour prendre en considération les effets baissiers sur les prix qu’induisent les réformessuccessives de la loi Galland entamées fin 2004. La relation qui est présentée ici fait partie d’un modèle plus large (boucle prix-salaire)qui tient compte également du rôle des anticipations d’inflation lors des négociations salariales. Les histogrammes représentent lescontributions économétriques des variables à l’inflation sous-jacente. Par exemple, au troisième trimestre de 2007, l’inflationsous-jacente s’est établie à 0,35 % ; les prix à la production expliquent 0,55 point, la variable « Réformes de la loi Galland » et les prix desbiens de consommation et des automobiles importés contribuent négativement (-0,1 point chacun). La contribution du résidu est alorsnulle pour ce trimestre.Source : Insee

Page 84: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 91

Conjoncture France

3 - L'inflation en Francecontributions des postes les plus volatils

Source : Insee

Les prix à la consommationévolutions en % et contributions en points

Regroupements IPC*(pondérations 2008)

juin2007

déc.2007

mai2008

juin2008

déc.2008

Moyennesannuelles

ga cga ga cga ga cga ga cga ga cga 2006 2007 2008

Alimentation (16,4 %) 1,3 0,2 3,1 0,5 5,7 0,9 5,6 0,9 5,1 0,8 1,6 1,4 5,4

Tabac (1,8 %) 0,1 0,0 6,2 0,1 6,2 0,1 6,2 0,1 0,0 0,0 0,3 2,6 3,7

Produits manufacturés (31,6 %) -0,1 0,0 0,4 0,1 0,1 0,0 0,3 0,1 0,2 0,1 -0,3 0,0 0,3

Énergie (7,9 %) -0,3 0,0 10,6 0,8 15,4 1,2 18,0 1,4 11,4 0,9 6,5 1,7 14,6

dont : produits pétroliers (5,0 %) -1,0 0,0 17,1 0,8 22,4 1,1 26,7 1,3 16,1 0,8 6,8 1,5 21,7

Services (42,3 %) 2,5 1,1 2,4 1,0 2,4 1,0 2,4 1,0 2,4 1,0 2,5 2,6 2,4

dont : loyers-eau (7,4 %) 3,4 0,3 3,4 0,3 2,3 0,2 2,3 0,2 2,2 0,2 3,6 3,5 2,5

services de santé (5,1 %) 1,5 0,1 1,8 0,1 1,8 0,1 1,8 0,1 0,9 0,0 2,5 2,4 1,5

transports-communications (5,3 %) 0,5 0,0 0,3 0,0 2,8 0,2 2,7 0,1 2,7 0,1 -1,9 0,6 2,2

autres services (24,5 %) 2,8 0,7 2,7 0,7 2,5 0,6 2,5 0,6 2,8 0,7 2,9 2,7 2,6

Ensemble (100 %) 1,2 1,2 2,6 2,6 3,3 3,3 3,5 3,5 2,8 2,8 1,6 1,5 3,2

Ensemble hors énergie (92,2 %) 1,3 1,2 1,9 1,7 2,3 2,1 2,3 2,1 2,1 1,9 1,3 1,5 2,2

Ensemble hors tabac (98,2 %) 1,2 1,2 2,5 2,5 3,3 3,2 3,5 3,4 2,9 2,8 1,7 1,5 3,2

Inflation sous-jacente (61,4 %)** 1,5 0,9 1,8 1,1 2,0 1,2 2,1 1,3 2,2 1,4 1,1 1,5 2,1

Ensemble IPCH* 1,3 1,3 2,8 2,8 3,7 3,7 3,9 3,9 3,1 3,1 1,9 1,6 3,6

Prévisionsga : glissement annuelcga : contribution au glissement annuel* Indice des prix à la consommation (IPC) harmonisé (IPCH)** Indice hors tarifs publics et produits à prix volatils, corrigé des mesures fiscalesSource : Insee

Page 85: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

92 Note de conjoncture

En 2007, plus de 380 000 emplois ont été créésdans l’ensemble de l’économie française. Cetteprogression tient en grande partie à l’accéléra-tion de l’emploi salarié dans les secteurs concur-rentiels (+352 000 après +228 000 en 2006).Comme au cours des années précédentes, lesservices aux entreprises et aux particuliers ainsique la construction sont les secteurs les pluscréateurs d’emploi.

Les créations d’emploi seraient moins nombreu-ses en 2008 (+199 000 emplois dans l’en-semble de l’économie). L’emploi salariémarchand s’ajusterait en effet progressivementau ralentissement de l’activité et l’emploi salariénon marchand serait freiné par la baisse dunombre de bénéficiaires de contrats aidés.

Des créations d’emploi moinsnombreuses dans les secteursmarchands en 2008

En 2007, l’emploi salarié des secteurs principale-ment marchands hors agriculture a fortement ac-céléré (+310 000 après +188 000 en 2006). Aupremier semestre de 2008, les créations d’emploi

devraient rester robustes, mais elles fléchiraient ausecond, du fait principalement du tassement del’activité (cf. graphique 1).

La baisse du nombre de salariés dans l’industries’accentuerait

L’industrie a perdu moins d’emplois en 2007 queles années précédentes (-37 000, après -61 000en 2006). La diminution de l'emploi industriel se-rait en revanche plus marquée en 2008 (-72 000emplois). Les chefs d’entreprise signalent que labaisse des effectifs devrait encore s’accentuer audeuxième trimestre, selon les enquêtes de conjonc-ture. Par ailleurs, les perspectives de croissance dusecteur manufacturier se dégradent.

La construction créerait des emplois à un rythmemoindre

La construction a créé 61 000 emplois en 2007(après +59 000 en 2006). Les enquêtes deconjoncture dans la construction indiquent cepen-dant qu’un pic a sans doute été atteint en 2007(cf. graphique 2). Aussi, les créations d’emploi se-raient en baisse en 2008 avec moins de 40 000emplois créés dans ce secteur.

Emploi

1 - Contributions dynamiques à la variation de l'emploi marchand non agricole

Source : calculs Insee

Page 86: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Les services marchands tireraient fortementl’emploi à la hausse

Bien que déjà très marqué, le ralentissement del’emploi qui se dessine dans les services mar-chands depuis quelques mois se poursuivrait :149 000 emplois seraient créés au total en 2008(contre 195 000 en 2007). Dans le même temps,l’emploi dans le commerce progresserait modéré-ment (+0,1 % par trimestre, cf. tableau 1). Dansl’ensemble, l’emploi dans le secteur tertiaire mar-chand croîtrait de 1,6 % en 2008, soit 178 000postes supplémentaires.

Les secteurs non marchandsseraient moins créateurs d’emploi

En 2007, les effectifs des secteurs non marchandsont augmenté de 67 000 (+1,0 %), principale-ment au premier semestre. La fin de l’année a étémarquée par une forte baisse du nombre de béné-ficiaires de contrats aidés non marchands (publicet privé), les contrats du plan de cohésion socialeayant fini leur montée en charge (contrat d’accom-pagnement vers l’emploi - CAE, contrat d’avenir -CAV) (cf. tableau 2). En 2008, cette baisse dunombre de bénéficiaires de contrats aidés s’accen-

Juin 2008 93

Conjoncture France

Tableau 1

Évolution de l'emploi

Créations d'emploi surla période (en milliers) CVS

Évolution de l'emploisur la période (en %) CVS

Niveauxde fin de période(en milliers) CVS

2006 2007 2008 2008S1

2008S2 2006 2007 2008 2008

S12008

S2 2006 2007 2008

Salariés du secteur concurrentiel(1)+(2) 228 352 193 125 67 1,3 2,0 1,1 0,7 0,4 17761 18114 18306

Secteurs principalementnon marchands (1)(établissements privés seulement)

40 42 48 25 23 2,0 2,1 2,3 1,2 1,1 2036 2078 2126

Secteurs principalementmarchands (2) 188 310 145 100 44 1,2 2,0 0,9 0,6 0,3 15726 16036 16181

Industrie : -61 -37 -72 -29 -43 -1,6 -1,0 -2,0 -0,8 -1,2 3719 3682 3610

dont :Industrie manufacturière -52 -40 -62 -25 -37 -1,8 -1,4 -2,1 -0,9 -1,3 2929 2890 2827

Construction 59 61 39 22 16 4,4 4,3 2,6 1,5 1,1 1411 1472 1511

Tertiaire essentiellement marchand 189 286 178 107 71 1,8 2,7 1,6 1,0 0,6 10595 10881 11059

dont :Commerce 19 47 13 6 6 0,6 1,5 0,4 0,2 0,2 3037 3084 3097

Services marchands (y compris intérim) 149 195 149 90 59 2,8 3,6 2,6 1,6 1,0 5461 5656 5805

Créations d'emploisur la période (en milliers)

Évolution de l'emploisur la période (en %)

2006 2007 2008 2008S1

2008S2 2006 2007 2008 2008

S12008

S2

Secteurs principalementmarchands 188 310 145 100 44 1,2 2,0 0,9 0,6 0,3

Salariés agricoles -5 -8 -8 -4 -4 -1,5 -2,4 -2,4 -1,2 -1,2

Tertiaire principalementnon marchand(y compris établissements privés)

81 67 47 23 24 1,2 1,0 0,7 0,3 0,3

Non-salariés 21 15 15 8 8 0,9 0,7 0,7 0,3 0,3

EMPLOI TOTAL 283 384 199 127 72 1,1 1,5 0,8 0,5 0,3

Prévisions(1) Secteurs EB-EP

Note de lecture : 352 000 emplois ont été créés dans le secteur concurrentiel durant l'année 2007. Cela correspond à une hausse de2,0 %. Au 31 décembre de 2007, ce secteur comprenait 18 114 000 salariés.Source : Insee, estimations d’emploi

Page 87: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

tuerait, du fait du faible nombre d’entrées prévues.En revanche, l’emploi public non aidé continueraitde croître, quoiqu’un peu moins vite qu’en 2007.

L’emploi privé des secteurs non marchands (aidé etnon aidé) serait également en hausse après uneannée 2007 dynamique (+42 000 emplois) :48 000 emplois seraient créés en 2008.

Au total, les effectifs augmenteraient de 47 000dans l’ensemble des secteurs non marchands en2008. ■

94 Note de conjoncture

Conjoncture France

2 - Solde d'opinion des chefs d'entreprise sur l'évolution prévue des effectifs salariés

Source : Insee, enquêtes de conjoncture

Tableau 2

Variation du nombre de bénéficiaires de contrats aidés (estimations)En milliers

2005 2006 2007 2008Contrats Emploi Solidarité -89 -21 - -

Contrats Emploi Consolidé -35 -36 -18 -2

Contrats d'Accompagnement dans l'Emploi 121 45 -16 -57

Contrats d'Avenir 15 60 13 -1

Contrats Emploi-jeunes -35 -25 -19 -9

Total -25 23 -40 -68

PrévisionsSource : Insee

Page 88: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 95

Conjoncture France

Éclairage - Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne :similitudes et décalages

En France, la croissance se situe depuis l’année 2004 sur unrythme stable, autour de 2 % par an, voire légèrement supé-rieur. Dans le même temps, l’emploi a accélérésensiblement, en particulier dans le secteur marchand, pas-sant de destructions d’emploi en 2004 à une croissanceannuelle des effectifs de 2 % en 2007 (cf. graphique 1).Outre-Rhin, la phase d’accélération du cycle conjoncturel aété plus marquée mais l’accélération de l’emploi est égale-ment plus forte que celle de l’activité (cf. graphique 2) : tandisque le creux du cycle allemand en 2003 a correspondu à unecroissance nulle et à des destructions d’emploi de l’ordre de2 % par an, le dynamisme de haut de cycle en 2007 révèleune croissance de l’emploi de 3 % par an en moyenne an-nuelle, équivalente à celle de la valeur ajoutée. Ainsi, aucours de cette phase de reprise économique dans les deuxpays, la productivité a fortement ralenti, stagnant quasimenten 2007.

Pour comprendre ces évolutions, il est nécessaire de bien me-surer l’impact du cycle économique sur la productivité autravers du mécanisme du « cycle de productivité ».

Les gains de productivité chutenten haut de cycle

Structurellement, les évolutions de l’emploi suivent celles dela croissance avec un certain délai de transmission entre l'ac-tivité et l’emploi. En effet, les entreprises font desanticipations imparfaites de leurs perspectives d’activité et,par conséquent, de leur besoin en main-d’œuvre. Elles s’a-daptent donc avec retard aux changements conjoncturels.De plus, l’embauche d’un nouveau salarié comporte descoûts (de recherche, de formation, etc. ), de même que la sé-paration d'avec un salarié (coûts de licenciement, perte dusavoir spécifique accumulé par le salarié sur son poste...).Ainsi, une entreprise préfèrera en général attendre de savoir

si le choc positif ou négatif d’activité qu’elle subit est durablepour ajuster en conséquence ses effectifs. Les évolutions ob-servées de l’emploi sont effectivement légèrement retardéeset de moindre ampleur que celles de l’activité (cf. graphiques1 et 2). En conséquence, les gains de productivité qui tradui-sent la différence d’évolution entre l’activité et l’emploi onttendance à être forts en phase de reprise conjoncturelle :alors que l’emploi continue de baisser à la suite du ralentisse-ment passé, la valeur ajoutée se remet à progressersensiblement. À l’inverse, après un sommet de cycle, l’emploibénéficie du dynamisme récent de l’activité lorsque celle-cicommence à ralentir. Les gains de productivité peuvent alorsêtre très faibles voire négatifs.

La productivité en France a progressé rapidement pendantles années 1980 (croissance supérieure à 2 % par an) puis anettement ralenti après la récession du début des années1990. Les mesures d’allègement de charges sociales sur lesbas salaires instaurées en 1993 ont pu favoriser le travail peuqualifié, contribuant à diminuer la productivité apparente. Enoutre, les réductions de cotisations qui ont accompagné laréduction du temps de travail ont pu aussi tirer à la baisse lesgains de productivité à la fin de la décennie. L’effet du cycleétant toujours présent, lors de l’entrée en ralentissement éco-nomique de 2001-2003 la productivité a même reculé,l’emploi réagissant alors avec retard à la chute de la crois-sance.

En Allemagne, les gains de productivité ont été comparablesà ceux de la France dans les années 1980. En revanche,l’Allemagne n’a pas subi le ralentissement de la productivitéobservé en France dès le début des années 1990. La réunifi-cation avec l’Allemagne de l’Est a brutalement fait chuter leniveau de productivité puis, dans une dynamique de rattra-page, la productivité allemande a progressé à un rythme

1 - Emploi, valeur ajoutée et productivité en France

Champ : secteur marchand non agricole, emploi salariéSource : Insee

Page 89: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

96 Note de conjoncture

Conjoncture France

soutenu jusqu’au milieu de la décennie. Depuis la fin des an-nées 1990, les gains de productivité ont, comme en France,diminué en Allemagne.

Toutefois, le ralentissement de la productivité depuis 2005en France comme en Allemagne est plus surprenant. Leséquations d’emploi pour les deux pays permettent de quanti-fier plus précisément ce mouvement.

L’emploi s’ajuste moins vite à la croissance enFrance

Les modélisations de la dynamique de l’emploi utilisées(1) icireposent sur des modèles à correction d’erreur dont l’équa-tion de long terme retrace l’existence de gains deproductivité tendanciels. Cette tendance comporte des rup-tures en raison de la réunification allemande et desralentissements observés des gains de productivité.

À partir de ces équations, on peut évaluer la réaction del’emploi à un choc permanent d’activité (de 1 % sur le ni-veau) pour quantifier les délais d’ajustement entre ces deuxgrandeurs, en France comme en Allemagne. La hausse del’activité entraîne immédiatement un début d’ajustement,très partiel, de l’emploi. L’adaptation de l’emploi à cette élé-

vation de l’activité se poursuit les trimestres suivants : au boutd’un an, l’emploi progresse de près de 0,6 % en France et0,8 % en Allemagne. À cet horizon, il subsiste donc encoredes gains de productivité cycliques, de l’ordre de 0,2 % enAllemagne et de 0,4 % en France.

Prenant en compte cette dynamique de l’emploi vis-à-vis del’activité ainsi que des effets tendanciels et de coût du travail,les équations d’emploi française et allemande montrent quel’ajustement entre l’emploi et la croissance est plutôt bien ex-pliqué jusqu’en 2005 (cf. les contributions et les résidus del’équation d’emploi pour la France dans la fiche Emploi). Ce-pendant, dans les deux pays, l’emploi observé est plusdynamique en 2006 et 2007 et donc la croissance de la pro-ductivité plus faible qu’attendu. Cette part inexpliquée sereflète en particulier dans les résidus positifs estimés dans l’é-quation d’emploi en 2006 et 2007, en France comme enAllemagne.

En revanche, depuis la mi-2007 l’évolution de l’emploi estrevenue plus en ligne avec ses déterminants en France et aété supposée le rester en prévision. Mais, du fait du net ralen-tissement de l’activité au cours de 2008, le cycle deproductivité jouerait fortement cette année, si bien que lacroissance de la productivité ne se redresserait pas, malgréle retour à un comportement d’emploi plus en ligne avec sesdéterminants qu’en 2006 et 2007. ■

2 - Emploi, valeur ajoutée et productivité en Allemagne

Champ : approximation du secteur marchand non agricole, emploi salariéSources : Destatis, calculs Insee

(1) La spécification de l’équation d’emploi pour la France est détailléedans le dossier Emploi, chômage, activité : du constat à la prévision,note de conjoncture de mars 2008, page 42.

Page 90: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

En 2007, le taux de chômage a baissé forte-ment, grâce à de très nombreuses créationsd’emploi : il est descendu à 7,4 % en moyenneau dernier trimestre de 2007 contre 8,4 % un anplus tôt. Au premier trimestre de 2008, le taux dechômage au sens du BIT a de nouveau baissé,de manière inattendue : il s’établissait à 7,2 %de la population active en France métropoli-taine. Les créations d’emploi ont été moins dy-namiques et la population active observée amarqué le pas au premier trimestre.

D’ici la fin de 2008, le taux de chômage se stabi-liserait : les créations d’emploi seraient moinsnombreuses mais la population active retrouve-rait une croissance voisine de sa tendance demoyen terme. Le taux de chômage s’établirait à7,1 % en moyenne à la fin de l’année.

Le taux de chômage s’établità 7,2 % de la population activeau premier trimestre de 2008

En 2007, la baisse du chômage entamée début2006 s’est accentuée (-238 000 chômeurs après-163 000 en 2006), grâce à la hausse des créa-tions d’emploi : environ 380 000 emplois ont étécréés en 2007, après plus de 280 000 en 2006(données en fin de trimestre(1) ; cf. fiche « Emploi »).

Au premier trimestre de 2008, le chômage a denouveau baissé (-77 000) et le taux de chômages’est établi à 7,2 % des actifs résidant en Francemétropolitaine. Les créations d’emploi ont étémoins dynamiques et la population active ob-servée a marqué le pas au premier trimestre, con-trairement à ce que laissaient attendre lesévolutions démographiques et l’effet d’appel exer-cé par l’amélioration du marché de l’emploi (cf. ta-bleau).

Quasi-stabilité du chômagejusqu’à la fin de l’année 2008

D’ici la fin de 2008, le chômage devrait se stabili-ser (7,2 % au deuxième trimestre et 7,1 % au se-cond semestre), du fait de moindres créationsd’emploi (cf. fiche « Emploi ») et d’un retour de lapopulation active sur sa tendance. En effet, mêmesi elle a légèrement reculé depuis la fin de l'année2007, selon les estimations tirées des chiffres del’emploi (issus des estimations d’emploi) et deschiffres du chômage (issus de l’enquête « Emploi »),la population active a augmenté chaque année,

Juin 2008 97

Chômage

Taux de chômage au sens du BIT

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans ou plusSource : Insee, enquête Emploi

(1) Ces chiffres, issus de la fiche «Emploi» de cette note deconjoncture, diffèrent des données du tableau de cettefiche, où les évolutions sont calculées en moyenne trimes-trielle.

Page 91: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

de +160 000 personnes par an en moyenne,entre 2003 et 2007 (cf. tableau). En 2008, cettetendance devrait se poursuivre, à un rythme toute-fois ralenti.

La vigueur de la démographie est le principal fac-teur qui explique la hausse tendancielle de la po-pulation active(2) : entre début 2003 et fin 2007, lenombre de personnes de 15 à 64 ans a augmentéde 1,2 million. Cette évolution de la population enâge de travailler est désormais essentiellementportée par l’augmentation du nombre de seniors(55-64 ans), dont le taux d’activité reste inférieur àcelui des jeunes. Ainsi, la contribution de la démo-graphie et du taux d’activité tendanciel continued’augmenter, mais sur un rythme de moins enmoins soutenu : +53 000 en 2008, après +92000 en 2007 et +150 000 en 2006.

La légère baisse de la population active observéedepuis la fin de l’année 2007 devrait être en partiecompensée à partir du deuxième trimestre de2008 : contrairement à la période récente, la con-tribution « résiduelle » de la population active de-vrait être positive (+7 000 par trimestre). En effet,sur le passé, la somme de l’emploi et du chômageobservés n’est pas égale à la modélisation de lapopulation active obtenue à partir de donnéesstructurelles. Il reste une contribution « résiduelle »(ligne (d) du tableau), qui reflète principalement lesincertitudes d’estimation du chômage, de l’em-ploi, des projections démographiques et de modé-lisation des comportements de flexion(2). Du fait del’ampleur inhabituelle de cette contribution « rési-duelle » sur la période récente, son évolution àcourt terme constitue un aléa important pour laprévision. ■

98 Note de conjoncture

Conjoncture France

Évolutions de la population active, de l'emploi et du chômage (en moyenne sur la période)en milliers

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2007T1

2007T2

2007T3

2007T4

2008T1

2008T2

2008T3

2008T4

Glissements annuels (de T4 à T4) Glissements trimestriels

Population des 15-64 ans 281 235 246 271 205 114 61 54 48 41 34 28 25 27

Population des 15-59 ans 252 195 186 12 -73 -114 -16 -17 -19 -22 -25 -28 -30 -31

Population active 160 148 228 122 136 100 122 50 -5 -30 -2 44 33 24

dont :(a) Contribution de la popu-lation et du taux d'activitétendanciel

236 137 163 150 92 53 28 24 21 19 16 14 12 11

(b) Effets de flexion estimés -100 -27 12 52 111 66 31 37 21 22 24 21 13 8

(c) Effets estimés des politi-ques publiques -2 5 15 0 2 -2 2 2 2 -4 -3 2 0 -2

(d) Autres fluctuations decourt terme (résidu) 27 32 38 -79 -69 -17 62 -14 -49 -67 -39 7 7 7

Emploi -44 89 181 285 374 219 106 117 76 75 75 64 44 36

Chômage 204 59 48 -163 -238 -119 16 -67 -81 -106 -77 -20 -11 -12

Taux de chômage (%) 8,8 8,9 9,0 8,4 7,4 7,1 8,4 8,1 7,8 7,4 7,2 7,2 7,1 7,1

Prévisions

Notes de lecture :- Les évolutions d'emploi dans ce tableau diffèrent de la fiche « Emploi » de cette note de conjoncture, car elles sont calculées en moyennetrimestrielle, alors qu'elles sont données en fin de trimestre dans la fiche « Emploi ».- La prévision est effectuée ici sur le champ de la France métropolitaine. L'écart avec le taux de chômage dans l’ensemble métropole etDom est globalement constant, ce dernier étant environ de 0,4 point de pourcentage plus élevé que le taux sur la France métropolitaine.- Emploi et chômage ne sont pas ici estimés sur des champs strictement équivalents : population totale pour l’emploi, population desménages (hors collectivités) pour le chômage. L’impact de cette différence de champ étant très faible (la population hors ménagesreprésente moins de 1 % de la population active), elle est négligée ici pour l’exercice de prévision du chômage.Champ : France métropolitaineSource : calculs Insee

(2) Cf. dossier « Emploi, chômage, activité : du constat à laprévision », note de conjoncture de mars 2008.

Page 92: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

En 2008, les salaires nominaux du secteur mar-chand non agricole seraient plus dynamiquesqu’en 2007. Le salaire moyen par tête augmen-terait de 3,2 % (après +3,1 % en 2007), du faitde la poussée de l’inflation. En termes réels , l’é-volution serait moins favorable : le salairemoyen par tête corrigé de l’inflation stagneraiten 2008 (après +1,6 %).

Dans les administrations publiques, le salairemoyen par tête augmenterait moins vite en2008 qu’en 2007 (+2,3 % en 2008, après+2,7 % en 2007). En termes réels, il baisseraitde 0,9 % (après une hausse de 1,2 % en 2007).

Avec l’inflation, le salaire de baseaccélèrerait en 2008...

En 2008, le salaire de base nominal (cf. encadré 1)accélérerait (+3,1 %, après +2,7 % en 2007). Lemoindre dynamisme du marché du travail ne feraitqu’atténuer la diffusion de la hausse des prix auxsalaires.

En particulier, l’inflation importante de la fin de2007 et du début de 2008 participerait à une aug-mentation du Smic plus forte en 2008 qu’en 2007.En effet, l’inflation a dépassé les 2 % entre mai2007 et mars 2008, entraînant une première reva-lorisation du Smic au 1er mai 2008 (cf. encadré 2

« La revalorisation du Smic »). Le Smic devrait aug-menter de nouveau au premier juillet pour tenircompte de l'augmentation des prix survenue de-puis et intégrer la moitié de la hausse du pouvoird'achat du salaire horaire ouvrier. Au total, la reva-lorisation du Smic serait sensiblement plus forte en2008 (+3,2 %) qu’en 2007 (+2,3 %).

... comme le salaire moyen par tête

Le salaire moyen par tête devrait accélérer légère-ment (+3,2 % en 2008, après +3,1 % en 2007 ;cf. graphique 1). La réforme des heures supplé-mentaires aurait soutenu la hausse du salairemoyen par tête fin 2007 et début 2008 (cf. ta-bleau). Cet effet positif devrait toutefois s’estomperprogressivement.

Le salaire réel stagneraitdans le secteur marchand...

L’accélération des prix entre la mi-2007 et lami-2008 ne se transmettrait que partiellement auxsalaires. Le salaire de base réel et le salaire moyenpar tête réel devraient donc ralentir assez nette-ment en 2008 (respectivement -0,1 % et 0,0 %,après des hausses respectives de +1,2 % et+1,6 % en 2007).

Juin 2008 99

Salaires

Évolution du salaire moyen par tête*, du salaire mensuel de base et du PIB

* Champ : secteur marchand non agricoleSources : Dares, Insee

Page 93: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

...et baisserait dans lesadministrations publiques en 2008

Dans le sillage de la hausse du Smic au 1er mai,l’indice minimum de la fonction publique a étéaugmenté de 5 points au 1er mai. De plus, le pointd’indice de la fonction publique a été revalorisé de0,5 % au 1ermars 2008 et devrait l’être de 0,3 % au1er octobre. Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2008,l’indice des traitements de la fonction publiqueaugmenterait de 0,9 %.

En outre, une hausse de 1 à 4 points d’indice de-vrait être attribuée aux agents de catégories C àcompter du 1er octobre et une prime devrait être at-

tribuée aux agents dont le traitement indiciaire amoins crû que l’inflation sur la période 2003-2007(mise en place du dispositif général de garantie in-dividuelle du pouvoir d’achat - GIPA).

Au total, sur la base des mesures annoncées, le sa-laire moyen par tête des administrations publiquesaugmenterait de 2,3 % en 2008, une hausse unpeu inférieure à celle de 2007 (+2,7 %).

En termes réels, le SMPT des administrations publi-ques baisserait en 2008 (-0,9 %, après une haussede +1,2 % en 2007). ■

100 Note de conjoncture

Conjoncture France

Évolution du salaire mensuel de base (SMB) et du salaire moyen par tête (SMPT)dans le secteur marchand non agricole et dans les administrations publiques

évolution en %

Données CVSTaux de croissance trimestriels Moyennes

annuelles

2007 20082007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Salaire mensuel de base (SMB) 0,7 0,7 0,6 0,6 0,8 0,9 0,8 1,1 2,7 3,1

Salaire moyen par tête (SMPT)- dans le secteur marchandnon agricole (SMNA) 1,2 0,2 0,6 0,8 1,0 0,8 0,7 0,9 3,1 3,2

- dans les administrations publiques(APU) - - - - - - - - 2,7 2,3

Indice des prix à la consommationdes ménages 0,3 0,6 0,5 1,0 0,9 0,8 0,8 0,5 1,5 3,2

SMB réel 0,4 0,1 0,1 -0,4 -0,1 0,1 0,0 0,6 1,2 -0,1

SMPT réel (SMNA) 0,9 -0,4 0,1 -0,2 0,1 0,0 -0,1 0,4 1,6 0,0

SMPT réel (APU) - - - - - - 1,2 -0,9

PrévisionsSource : Insee

Encadré 1 - Le SMB et SMPT, les deux indicateurs de salairesutilisés dans la Note de conjoncture

Le salaire mensuel de base (SMB) : la rémuné-ration du travail, à structure constante

L’évolution du salaire mensuel de base (SMB) reflète la varia-tion moyenne des salaires, à structure de qualificationconstante. Cet indice est estimé à partir de l’enquête trimes-trielle Acemo de la Dares (enquête sur l’activité et lesconditions d’emploi de la main-d’œuvre). Cette enquêteconcerne chaque trimestre 20 000 à 30 000 établissementsou entreprises de 10 salariés ou plus du secteur concurrentielnon agricole. Le SMB est relevé pour 16 catégories profes-sionnelles. Chaque établissement ou entreprise déclare lesalaire de base d’un poste de travail considéré comme repré-sentatif d’une catégorie professionnelle. Ce poste de travailest suivi au fil des enquêtes. Le SMB exclut les primes et lesgratifications de toute nature, ainsi que la rémunération desheures supplémentaires.

Le salaire moyen par tête (SMPT) : le revenuversé par l’ensemble des entreprises

L’évolution du salaire moyen par tête (SMPT), tel qu’il est cal-culé par les Comptes nationaux, reflète celle des salairesversés par l’ensemble des entreprises. Cet indicateur résultede la comparaison des évolutions de la masse salariale totaleet du nombre de salariés, qui sont toutes deux mesurées àpartir de sources exhaustives (données fiscales auprès desentreprises). Par rapport au SMB, il prend notamment encompte les très petites entreprises, et intègre les effets destructure (évolution des qualifications, de la part du tempspartiel), conjoncturels (niveau des heures supplémentaires) etsaisonniers (primes). Le SMPT est donc davantage unconcept de revenu qu’un concept de rémunération du travailcomme c’est le cas pour le SMB. ■

Page 94: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 101

Conjoncture France

Encadré 2 - La revalorisation du Smic :une hausse automatique lorsque l’inflation dépasse 2 %

Le salaire minimum de croissance est revalorisé au 1er juilletde chaque année en tenant compte de l’évolution de mai àmai de l’indice mensuel des prix à la consommation, hors ta-bac, des ménages urbains dont le chef est ouvrier ouemployé (série nationale - Métropole + Dom) augmenté dela moitié de l’évolution de mars à mars du pouvoir d’achat dusalaire horaire de base ouvrier (SHBO)(1).

Cependant, lorsque l’indice des prix à la consommation,hors tabac, des ménages urbains dont le chef est ouvrier ouemployé atteint un niveau correspondant à une hausse d’aumoins 2 % par rapport à l’indice constaté lors de l’établisse-ment du salaire minimum immédiatement antérieur, le Smicest relevé dans les mêmes proportions à compter du premierjour du mois qui suit la publication de l’indice entraînant cerelèvement. ■

(1) L’indice des prix à la consommation hors tabac des ménages ur-bains dont le chef est ouvrier ou employé (série nationale - Métropole+ Dom) est utilisé pour déflater le SHBO.

Page 95: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

En 2008, le pouvoir d’achat du revenu de l’en-semble des ménages ralentirait nettement(+0,9 % après +3,3 % en 2007) : il pâtirait de laforte hausse de l’inflation (+3,1 % après+2,0 %), et de la décélération du revenu dispo-nible brut des ménages (+4,1 % après +5,4 %en 2007). Par unité de consommation, le pou-voir d’achat stagnerait (+0,0 % après +2,4 %en 2007).

Deux facteurs expliquent l’essentiel de la décé-lération du revenu disponible brut en 2008 : lenet ralentissement des revenus d’activité au se-cond semestre et l’accélération des impôts ver-sés par les ménages après une baisse

exceptionnelle en 2007 des taux de prélève-ments obligatoires. Les autres composantes durevenu (loyers, revenus de la propriété)progresseraient également moins en 2008,mais la croissance des prestations sociales semaintiendrait.

Décélération des revenus d’activitéen 2008

En 2008, les revenus d’activité ralentiraient avecl’activité (+4,0 % après +4,6 % en 2007 ; cf. ta-bleau 1) : l’excédent brut d’exploitation (EBE) des

102 Note de conjoncture

Revenus des ménages

Tableau 1Revenu disponible brut des ménages

évolution en %

Moyennes semestrielles Moyennes annuelles2006 2007 2008

2006 2007 2008S1 S2 S1 S2 S1 S2

Revenu disponible brut (RDB) (100 %) 2,3 2,9 2,5 2,8 2,0 1,3 4,8 5,4 4,1

dont :Revenus d'activité (70 %) 2,0 2,1 2,5 2,0 2,1 1,7 4,0 4,6 4,0

Salaires bruts (60 %) 1,9 2,1 2,5 1,9 2,2 1,8 3,9 4,5 4,1

EBE des entrepreneurs individuels (10 %) 2,7 2,5 2,5 2,7 1,5 1,2 4,3 5,1 3,5

Prestations sociales en espèces (29 %) 3,0 1,5 1,9 1,9 1,7 1,8 4,4 3,7 3,6

EBE des ménages purs (12 %) 4,2 4,4 4,9 4,0 2,2 1,9 8,3 9,3 5,2

Revenus de la propriété (10 %)(*) 9,9 -6,1 7,2 1,4 1,5 1,9 5,2 4,5 3,2

Prélèvements sociaux et fiscaux (-23 %)(*) 6,6 -4,2 5,1 -1,1 2,1 3,7 4,2 2,4 3,5

Cotisations des salariés (-8 %) 3,1 1,8 2,2 1,6 1,4 1,8 5,2 3,9 3,1

Cotisations des non-salariés (-2 %) 4,4 2,2 1,3 2,6 1,8 1,4 7,8 3,8 3,8

Impôts sur le revenu et le patrimoine(y compris CSG et CRDS) (-13 %)(*) 9,1 -8,5 7,6 -3,2 2,7 5,2 3,2 1,2 3,6

Revenus hors impôts 3,1 1,5 3,0 2,1 2,0 1,8 4,6 4,9 4,0

Prix de la consommation des ménages(comptes nationaux trimestriels) 1,2 0,9 0,9 1,3 1,8 1,3 2,2 2,0 3,1

Pouvoir d'achat du RDB 1,2 2,0 1,5 1,5 0,2 0,0 2,6 3,3 0,9

Pour informationRevenus de la propriété(hors retraitement comptable de l'avoir fiscal) 6,8 4,3 1,7 1,4 1,5 1,9 10,9 4,5 3,2

Impôts sur le revenu et le patrimoine(hors retraitement comptable de l'avoir fiscal) 6,8 -0,9 3,3 -3,2 2,7 5,2 7,2 1,2 3,6

PrévisionsNote : les chiffres entre parenthèses donnent la structure de l’année 2002.Remarque sur (*) : la lecture des chiffres indiqués doit être réalisée avec prudence. En effet, ils reflètent essentiellement les conséquencescomptables de la suppression de l'avoir fiscal. Cette suppression et son remplacement par un nouveau dispositif ont peu d'effet sur le revenuréel des ménages, mais du fait du traitement par la comptabilité nationale de l'avoir fiscal, ils perturbent fortement les évolutions constatéesdes contributions aux revenus. Se reporter à la Note de Conjoncture de juin 2006, encadré page 82 pour plus de précisions.Source : Insee

Page 96: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

entrepreneurs individuels(1) (+3,5 % après +5,1 %l’année passée) et la masse salariale reçue par lesménages (+4,1 % après +4,5 %) ralentiraient deconserve. Le ralentissement de la masse salarialeconcernerait aussi bien celle reçue des entreprisesnon financières (+4,6 % après +4,7 % en 2007)que celle versée par les APU (+2,3 % après+3,6 % en 2007 ; cf. tableau 2).

La masse salariale reçue par les ménages décélè-rerait plus fortement en fin d’année (+1,8 % au se-cond semestre, après +2,2 % au premier), du faitdu ralentissement graduel de l’emploi salarié, no-tamment dans les secteurs principalement mar-chands non agricoles (cf. graphique 1 et fiche« Emploi »).

Le rythme de croissancedes prestations socialesse maintiendrait en 2008

En 2008, la progression des prestations socialesen espèces resterait en ligne avec celle de l’annéeprécédente (+3,6 % après +3,7 % en 2007, cf. ta-bleau 3).

En particulier, les prestations de Sécurité socialecroîtraient à un rythme proche de celui de l’an der-nier (+4,1 % après +3,9 %) : les prestations ma-ladie et vieillesse enregistreraient la mêmeprogression qu’en 2007; les prestations familleprogresseraient faiblement (après avoir été soute-nues en 2007 par la fin de la montée en charge dela prestation d’accueil du jeune enfant), tandis queles allocations chômage continueraient de dimi-

nuer, du fait de l’amélioration du marché du tra-vail, mais à un rythme plus modéré que les deuxannées précédentes.

Retour à une hausse plus habituelledes prélèvements obligatoiresen 2008

Les prélèvements obligatoires repartiraient sur unrythme plus élevé en 2008 (+3,5 % après +2,4 %en 2007), notamment du fait de l’accélération desimpôts versés par les ménages(2) (+3,6 % après+1,2 %). Cette forte progression s’expliqueraitprincipalement par celle des impôts sur le revenu(+4,0 % après +0,4 % en 2007, cf. fiche « Recet-tes fiscales des administrations publiques »), l’im-pôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP)revenant à la normale après la refonte de leur ba-rème pour 2007.

Par ailleurs, la CSG sur les revenus du patrimoineet de placement augmenterait en 2008, du fait dela mise en œuvre du prélèvement à la source de cetimpôt sur les dividendes, qui en avance le verse-ment.

À l’inverse, les effets de la mise en place des exoné-rations sur les heures supplémentaires en octobre2007 se feraient pleinement sentir en 2008 : les

Juin 2008 103

Conjoncture France

(2) Les évolutions concernant les impôts et les revenus de lapropriété sont présentées « hors retraitement comptable del’avoir fiscal ». En effet, en comptabilité nationale, au lieud’enregistrer l’avoir fiscal comme un crédit d’impôt venantminorer l’impôt sur le revenu, on considère que cet avoirfiscal majore les dividendes reçus par les ménages et l’onrectifie à due concurrence l’impôt sur le revenu payé. Cetraitement augmente donc d’un même montant les impôtset les revenus de la propriété. La suppression de l’avoir fis-cal en 2006 induit la suppression de ce retraitement, doncun choc à la baisse d’ampleur équivalente sur les dividen-des reçus et les impôts payés, qui n’a pas d’impactéconomique. Ce retraitement comptable est neutre sur lerevenu des ménages. La suppression de l’avoir fiscalelle-même n’a qu’un effet faible sur le revenu.

Tableau 2De la masse salariale des entreprises non financières à celle reçue par les ménages

évolution en %

Moyennes semestrielles Moyennes annuelles2006 2007 2008

2006 2007 2008S1 S2 S1 S2 S1 S2

Entreprises non financières (ENF) (66 %) 2,1 2,2 2,5 2,0 2,6 2,0 4,3 4,7 4,6

dont : Salaire moyen par tête 1,7 1,5 1,7 1,2 1,9 1,6 3,3 3,1 3,3

Entreprises financières (5 %) 3,6 1,7 3,1 0,4 2,9 2,8 6,3 4,2 4,5

Administrations publiques (24 %) 1,2 1,7 2,0 1,5 1,1 0,8 2,8 3,6 2,3

Ménages hors entrepreneurs individuels (2 %) 1,3 4,3 5,7 4,0 2,4 2,2 4,9 10,0 5,5

Masse salariale brutereçue par les ménages (100 %) 1,9 2,1 2,5 1,9 2,2 1,8 3,9 4,5 4,1

dont : Secteurs concurrentiels non agricoles 2,2 2,2 2,7 1,9 2,5 2,0 4,4 4,8 4,6

PrévisionsN.B. : les chiffres entre parenthèses donnent la structure de l’année 2002.Source : Insee

(1) L’excédent brut d’exploitation (EBE) des entrepreneursindividuels est le solde du compte d’exploitation des entre-prises individuelles. Il s’agit d’un revenu mixte puisqu’ilrémunère le travail effectué par le propriétaire de l’entre-prise individuelle et éventuellement les membres de safamille, mais contient également le profit réalisé en tantqu'entrepreneur.

Page 97: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

cotisations versées par les salariés ne progresse-raient que de 3,1 % en 2008 (après +3,9 %l’année passée). Les autres impôts courants(3) se-raient également moins dynamiques en 2008(+1,0 % après +7,5 %), à la suite notamment del’aménagement de l’impôt sur la fortune (ISF) par

la loi TEPA. Enfin, la croissance des cotisations ver-sées par les non-salariés resterait sur sa tendance(+3,8 % comme l’an dernier).

Ralentissement des autrescomposantes du revenu

Les autres composantes du revenu, à savoir l’EBEdes ménages purs (4) et les revenus de la propriété,enregistreraient une progression moindre en 2008qu’en 2007. L’EBE des ménages purs ralentiraitsensiblement (+5,2 %, après une croissance parti-culièrement élevée, +9,3 %, en 2007), en ligne

104 Note de conjoncture

Conjoncture France

1 - Décomposition de la masse salariale des ménagessur le champ concurrentiel non agricole

Source :

(3) Il s’agit principalement d’impôts locaux (taxe d’habita-tion, une partie de la taxe foncière sur les propriétés nonbâties), d’une partie de la carte grise et de l’impôt de soli-darité sur la fortune.(4) L’EBE des « ménages purs » correspond aux loyers queles particuliers propriétaires de logement perçoivent deleurs locataires ou pourraient percevoir s’ils mettaient leurbien en location, corrigés de la taxe foncière (dits alorsloyers « fictifs »).

Tableau 3Les transferts sociaux reçus et versés par les ménages

évolution en %

Moyennes semestrielles Moyennes annuelles2006 2007 2008

2006 2007 2008S1 S2 S1 S2 S1 S2

Prestations sociales en espècesreçues par les ménages (100 %) 3,0 1,5 1,9 1,9 1,7 1,8 4,4 3,7 3,6

Prestations de Sécurité Sociale (70 %) 3,3 1,5 2,1 2,1 2,0 1,9 4,5 3,9 4,1

Prestations de régimes privés (7 %) 3,9 2,5 1,9 2,0 1,1 1,8 7,0 4,2 3,0

Prestations directes d’employeur (14 %) 0,5 1,6 2,9 2,3 1,8 2,0 2,0 4,9 4,0

Prestations d’assistance sociale (9 %) 3,4 0,5 -1,0 -0,4 -0,3 0,3 5,2 -1,0 -0,3

Total des prélèvements sociaux 2,7 2,2 2,1 1,3 1,3 1,9 5,0 3,9 2,9

Cotisations sociales effectives verséespar les ménages (100 %) 3,1 2,3 2,1 1,2 1,2 1,9 5,4 3,9 2,8

dont : Cotisations des employeurs(1) (64 %) 2,9 2,5 2,2 0,9 1,0 2,1 5,3 3,9 2,5

Cotisations des salariés (29 %) 3,1 1,8 2,2 1,6 1,4 1,8 5,2 3,9 3,1

Cotisations des non-salariés (7 %) 4,4 2,2 1,3 2,6 1,8 1,4 7,8 3,8 3,8

PrévisionsNote : Les chiffres entre parenthèses donnent la structure de l’année 2002.(1) Les cotisations employeurs sont à la fois reçues et versées par les ménages en comptabilité nationale : elles n’ont donc pas d’effet sur lerevenu disponible brut.Source : Insee

Page 98: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

avec les loyers. Le net infléchissement des dividen-des reçus par les ménages modèrerait la crois-sance des revenus de la propriété (+3,2 % après+4,5 %).

Infléchissement du pouvoir d’achaten 2008

En 2008, le revenu disponible brut (RDB) nominalralentirait donc fortement (+4,1 %, après +5,4 %en 2007), alors que les prix à la consommation ac-

céléreraient (+3,1 % après +2,0 % au sens du dé-flateur de la consommation). Le pouvoir d’achatfléchirait donc nettement en 2008 (+0,9 %, après+3,3 % l’an dernier ; cf. graphique 2). Le pouvoird’achat par unité de consommation, le conceptpertinent pour tenir compte des évolutions démo-graphiques, stagnerait en 2008 (après + 2,4 % en2007 - cf. encadré). ■

Juin 2008 105

Conjoncture France

2 - Pouvoir d'achat du revenu disponible et contributions

(1) EBE des ménages purs, revenus de la propriété et transferts courantsRemarque : ces contributions sont calculées « hors retraitement comptable de l'avoir fiscal »Source : Insee

Encadré - Différentes mesures du pouvoir d’achat

Le revenu des ménages qui est présenté et analysé dans laNote de conjoncture représente l’ensemble des revenus per-çus par la totalité des ménages. C’est en effet cette grandeurqui est pertinente au niveau macro-économique, parexemple pour construire l’équilibre entre ressources (PIB etimportations) et emplois (consommation, investissement, ex-portations...) ou pour prévoir le PIB.

Cette grandeur doit être corrigée si on souhaite mesurer lepouvoir d’achat moyen des Français, de manière à tenircompte à la fois de la croissance du nombre de ménages etde l’évolution de leur composition.

La correction la plus pertinente de ce point de vue consiste àdiviser le revenu par le nombre d’unités de consommation enFrance. Ce concept permet de tenir compte de la croissance

démographique, mais aussi du fait que certaines consom-mations peuvent être partagées au sein d’un ménage (lesappareils ménagers par exemple). Un ménage de taille im-portante réalise donc certaines « économies d’échelle » parrapport à un ménage de taille plus faible. Sur la période2000-2007, la croissance moyenne du nombre d’unités deconsommation par an est environ de 0,9 % (par comparai-son, la croissance moyenne du nombre d’habitants est de0,7 % par an sur la même période et la croissance moyennedu nombre de ménages est de 1,3 % par an).

Ainsi, en 2008, la croissance du pouvoir d’achat par unité deconsommation stagnerait (après +2,4 % en 2007). Par habi-tant, la hausse serait un peu plus forte (+0,2 % après +2,6 %en 2007), tandis que par ménage le pouvoir d’achat baisse-rait (-0,4 % après +2,0 % en 2007). ■

Page 99: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

106 Note de conjoncture

Au premier trimestre de 2008, la consommationdes ménages a marqué un coup d’arrêt (+0,1 %après +0,6 %). En particulier, la consommationénergétique a nettement reculé et la consomma-tion en automobiles fortement ralenti.

D’ici la fin de 2008, la consommation des mé-nages ne devrait que faiblement augmenter,sous l’effet du ralentissement du pouvoir d’a-chat, de la forte hausse des prix et de la moindredécrue du chômage.

L’investissement des ménages a stagné au pre-mier trimestre. Il devrait diminuer d’ici la fin del’année, du fait notamment de la hausse régu-lière des taux d’intérêt depuis deux ans et du re-tournement des anticipations de prix sur lemarché immobilier.

Coup d’arrêt de la consommationdes ménages au premier trimestrede 2008

Au premier trimestre de 2008, la consommationdes ménages a quasiment stagné (+0,1 % après+0,6 % au trimestre précédent, cf. tableau), aprèsavoir été relativement dynamique en 2007(+2,5 %).

Cette atonie peut être pour partie imputée à labouffée d’inflation que subit la France depuis l’été2007. En particulier la consommation en produitsagro-alimentaires a de nouveau diminué ce tri-mestre, du fait sans doute de l’augmentationcontinue des prix alimentaires (cf. graphique 1).

L’atonie de la consommation tient également pourpartie à deux facteurs exceptionnels : d’abord, ladouceur du mois de janvier, qui a permis aux mé-nages d’alléger leur facture énergétique (-0,5point sur le total), ensuite le contrecoup des achatsde véhicules de décembre 2007, en anticipationde la mise en place du système de bonus-malus(-0,1 point).

Deux autres facteurs exceptionnels ont toutefoisjoué en sens inverse : d’une part, la consommationen services de transport a rebondi (+2,9 % après-0,6 %), par contrecoup des mouvements de grèvedu quatrième trimestre ; d’autre part, la mise enplace des franchises médicales au 1er janvier 2008a joué à la hausse sur les dépenses de santé desménages (+2,9 % après +0,8 %).

Consommation etinvestissement des ménages

1- Contributions par produit à la croissance trimestriellede la consommation effective des ménages

Source : Insee

Page 100: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Par compensation, cette mesure a contribué pourun demi-point à la décélération des dépenses indi-vidualisables des administrations publiques(1)

(+0,0 % après +0,2 %), compensée en partie parle rebond des allocations logement.

La consommationdevrait rester atoneà partir du deuxième trimestre

D’ici à la fin de 2008, la consommation devraitcroître faiblement (0,1 % à 0,3 % par trimestre).Elle serait en effet handicapée par la faiblesse desgains de pouvoir d’achat (cf. graphique 2 et fiche« Revenu des ménages »). La baisse du taux d’é-pargne, attendue lorsque le revenu ralentit, seraitpar ailleurs limitée. L’arrêt de la diminution du chô-mage pousserait en effet les ménages à se consti-tuer une épargne de précaution. En outre, lamontée de l’inflation nécessite un effort d’épargnesupplémentaire pour maintenir la valeur des actifsliquides qu’ils détiennent (effet « d’encaisses réel-les »). Enfin, notamment dans sa composante ali-mentaire, l’inflation pèse sur les ménages les pluscontraints en matière de dépenses de consomma-tion. À l’inverse, le déblocage anticipé de la parti-cipation, l’une des dispositions de la loi pour lepouvoir d’achat(2), devrait pousser le taux d’é-

pargne à la baisse, même si la morosité des mar-chés financiers risque de retenir une partie des sa-lariés d’y recourir.

Au total, le taux d’épargne ne devrait que peu bais-ser en 2008 (+15,3 % après 15,7 %). Les ména-ges conserveraient ainsi un comportement trèsprudent, en cohérence avec la dégradation de leurconfiance que révèle l’enquête mensuelle deconjoncture auprès des ménages.

Les premières informations laissent ainsi présagerune croissance très faible de la consommation audeuxième trimestre. La consommation en produitsmanufacturiers est même en baisse en début de tri-mestre, les conditions météorologiques médiocresaux mois de mars et avril ayant affecté sensible-ment les dépenses en habillement-textile-cuir.

Les dépenses de consommation individualisabledes administrations publiques devraient retrouverune tendance plus élevée, après le ralentissementdû au traitement comptable de l’introduction desfranchises médicales (+0,4 % par trimestre sur lereste de l’année 2008).

L’investissement des ménagesdiminuerait en 2008

L’investissement des ménages devrait nettement di-minuer sur le reste de l’année 2008, après avoirstagné au premier trimestre. En effet, l’ensembledes indicateurs conjoncturels est actuellement malorienté. Le ralentissement de la demande de loge-ments, amorcé en 2005 selon les promoteurs im-mobiliers (enquête trimestrielle de conjoncture del'Insee), s’est en effet poursuivi en 2007 et au débutde 2008. Les mises en chantier de logement ont

Juin 2008 107

Conjoncture France

2- Consommation des ménages et contributions économétriques à ses évolutions

Source : Insee

(1) La consommation individualisable des administrationspubliques recouvre les dépenses engagées par les admi-nistrations publiques et dont les bénéficiaires sontidentifiables individuellement. Il s’agit pour la plupart deprestations sociales remboursées (ex. partie rembourséedes dépenses de santé). Dans le cas présent, l’instaurationdes franchises a poussé à la baisse ces prestations, les dé-penses correspondantes ayant été au moins en partiefinancées par les ménages.(2) Loi 2008-111 du 8 février 2008, publiée au JournalOfficiel le 9 février 2008.

Page 101: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

ainsi commencé à baisser à l’été 2007 et la baisses’est accentuée en avril 2008. Même si ces don-nées sont plus fragiles qu’à l’accoutumée, en rai-son d’un changement de méthode de collecte, latendance à la baisse ne paraît pas devoir êtreremise en cause.

Le durcissement des conditions de financement del’investissement logement est le principal facteur àl’origine de ce retournement progressif du marché.Le taux des crédits à l’habitat s’est en effet tout d’a-bord stabilisé en 2005 et n’a quasiment pas cessé

de monter depuis début 2006. La demande desménages en a été freinée, et ce d’autant plus que leniveau élevé des prix de l’immobilier nécessite unrecours important au crédit et peut de surcroît avoirfini par provoquer un retournement des anticipa-tions. La crise financière, en poussant les banquesà devenir plus restrictives dans l’octroi du crédit(cf. fiche « Marchés financiers ») peut avoir renfor-cé ce mouvement. Le ralentissement du pouvoird’achat du revenu cette année devrait égalementcontribuer à l’amplifier. ■

108 Note de conjoncture

Conjoncture France

Dépenses de consommation et investissement des ménagesévolution en %

Évolutions trimestrielles Évolutions annuelles2006 2007 2008

2006 2007 2008T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Dépenses totalesde consommationdes ménages

0,9 0,1 0,5 0,4 0,8 0,8 0,6 0,6 0,1 0,1 0,1 0,3 2,5 2,5 1,3

dont :

Alimentation (17 %) 0,1 -0,1 0,3 0,2 0,5 0,8 -0,1 -0,5 -0,7 -0,1 0,0 0,0 0,6 1,2 -1,1

Produits manufacturés(24 %) 0,6 0,8 0,8 1,3 1,5 0,6 1,3 0,2 0,4 -0,2 0,0 -0,1 3,3 4,3 1,1

Énergie (7 %) 5,4 -3,9 -0,6 -5,1 0,4 2,6 2,2 3,1 -5,0 1,1 0,2 0,3 -0,4 -1,1 -0,2

Services (52 %) 0,9 1,0 0,6 0,8 0,6 0,6 0,7 0,6 1,0 0,1 0,3 0,6 3,2 2,7 2,3

Dépensesindividualisablesdes administrations

0,6 0,5 0,2 0,6 0,3 0,6 0,4 0,2 0,0 0,4 0,4 0,4 1,6 1,7 1,1

Consommationeffective totale 0,8 0,2 0,5 0,4 0,7 0,8 0,6 0,5 0,1 0,1 0,2 0,3 2,3 2,3 1,3

Investissementdes ménages 1,9 2,3 1,4 0,8 0,5 0,3 0,3 0,8 0,0 -1,1 -1,7 -2,5 7,1 3,0 -1,5

PrévisionsN.B. : les chiffres entre parenthèses donnent la structure de l'année 2006.Source : Insee

Page 102: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

En 2007, le taux de marge au coût des facteursdes sociétés non financières a légèrement aug-menté, atteignant 32,5 % (contre 32,3 % en2006). L’évolution favorable des termes de l’é-change (les prix de la valeur ajoutée ayant aug-menté plus vite que ceux à la consommation) etles premiers effets des exonérations d’heuressupplémentaires ont plus que compensé le netrecul des gains de productivité, inférieurs à lacroissance du salaire réel. Le taux de marge ausens de la comptabilité nationale s’est établiquant à lui à 31,3 % en 2007 (après 31,2 % en2006).

En 2008, le taux de marge augmenterait denouveau légèrement en moyenne annuelle(32,6 % au coût des facteurs, et 31,4 % au sensde la comptabilité nationale), du fait notammentde la baisse du taux de cotisation employeur,due aux exonérations d’heures supplémentai-res. Néanmoins, il baisserait progressivementen cours d’année, en ligne avec le ralentisse-ment prévu de l’activité.

Un taux de marge en légère hausseen 2007

En 2007, le taux de marge(1) au coût des facteursdes sociétés non financières a légèrement aug-menté (32,5 % après 32,3 % en 2006, cf. tableau).Pourtant l’accélération des effectifs (+ 1,7 % en

2007 après +1,1 % en 2006, cf. fiche « Emploi »),en regard de la stabilité de la croissance de la va-leur ajoutée (+ 2,2 % après +2,3 %), s’est traduitepar un fléchissement des gains de productivité : lacontribution de ces derniers (+0,4 point) a ainsiété inférieure à celle du salaire moyen par tête(SMPT) réel (-0,7 point), alors que ces facteurs secompensaient en 2006.

Ces facteurs, pesant sur le taux de marge, ont tou-tefois été plus que compensés par l’évolution favo-rable des « termes de l’échange » : en effet, les prixdu pétrole exprimés en euros n’ont pas augmentéen moyenne annuelle entre 2006 et 2007, et lesprix à la consommation ont donc au total crûmoins vite que les prix de la valeur ajoutée. Les pre-miers effets des exonérations d’heures supplémen-taires, poussant le taux de cotisation employeur à

Juin 2008 109

Résultats des entreprises

(1) Le taux de marge TM mesure la part de la valeur ajoutéequi rémunère le capital. Sa variation peut se décomposerde façon comptable entre :- les évolutions de la productivité (Y/L), avec Y la valeur

ajoutée et L l’emploi, et du ratio du prix de la valeur ajoutéeau prix de la consommation, ou termes de l’échange(Pva/Pc), qui jouent positivement ;- les évolutions du salaire moyen par tête réel (SMPT/Pc) etdu taux de cotisation employeur (W/SMPT, où W représentel’ensemble des rémunérations), qui jouent négativement.Cette décomposition (cf. dossier de la Note de conjoncturede juin 2003) est synthétisée dans l’équation suivante :

TMEBEVA

W L

Y PLY

WSMPT

SMPTP

PPva c

c

va= ≈ − = −1 1

.

.

1 - Taux de marge des sociétés non financières

Source : Insee

Page 103: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

la baisse, se sont également fait sentir, contribuantà hauteur de +0,2 point à l’évolution du taux demarge.

Les exonérations d’heuressupplémentaires soutiendraientle taux de marge en 2008

En 2008, le taux de marge au coût des facteursaugmenterait de nouveau légèrement, s’établis-sant en moyenne annuelle à 32,6 % (cf. gra-phique 2). En effet, les exonérations d’heuressupplémentaires réduiraient le taux de cotisationemployeur, contribuant pour +0,5 point à l’évolu-tion du taux de marge sur l’ensemble de l’année.Les gains de productivité ralentiraient encore ; ilsseraient compensés par un ralentissement encore

plus net des salaires réels, du fait notamment duralentissement de l’amélioration du marché du tra-vail et de moindres distributions de bonus dans lesecteur financier (cf. fiche « Salaires »). Enfin, lestermes de l’échange contribueraient peu à l’évolu-tion du taux de marge.

En profil trimestriel, le taux de marge diminueraittoutefois progressivement, en ligne avec le ralen-tissement de l’activité. La faiblesse des gains deproductivité et le regain de l'inflation énergétique etalimentaire contribueraient à la baisse du taux demarge aux deuxième et troisième trimestres. Auquatrième trimestre, la hausse du salaire réel seraitcompensée par le repli attendu de l’inflation im-portée en fin d’année. ■

110 Note de conjoncture

Conjoncture France

2 - Contributions à la variation du taux de marge au coût des facteurs

* sociétés non-financièresSource : Insee

Page 104: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 111

Conjoncture France

Décomposition du taux de marge des sociétés non financières (SNF)en %

Variations trimestrielles Variationsannuelles

2006 2007 20082006 2007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Taux de marge (en niveau) 30,8 31,5 31,1 31,2 30,8 31,2 31,6 31,4 31,7 31,4 31,2 31,2 31,2 31,3 31,4

Variation du taux de marge 0,1 0,7 -0,4 0,1 -0,4 0,4 0,4 -0,2 0,3 -0,3 -0,2 0,0 0,6 0,1 0,1

Taux de marge au coûtdes facteurs (en niveau) 32,0 32,7 32,2 32,3 32,0 32,4 32,9 32,6 32,9 32,7 32,5 32,4 32,3 32,5 32,6

Variation du taux de margeau coût des facteurs 0,1 0,6 -0,4 0,1 -0,3 0,4 0,5 -0,2 0,3 -0,3 -0,2 -0,1 0,4 0,1 0,2

Contributions à la variationdu taux de margeau coût des facteurs

des gains de productivité 0,3 0,5 -0,3 0,2 0,1 0,1 0,2 -0,1 0,2 -0,1 -0,1 0,0 0,8 0,4 0,2

du salaire par tête réel -0,2 0,0 -0,1 -0,6 -0,3 0,2 0,0 0,0 -0,1 0,0 0,0 -0,4 -0,8 -0,7 -0,1

du taux de cotisation employeur -0,1 0,0 -0,1 -0,1 0,1 0,0 0,1 0,3 0,2 0,0 0,0 0,0 -0,2 0,2 0,5

du ratio du prix de la valeur ajoutéeet du prix de la consommation 0,1 0,2 -0,1 0,7 -0,2 0,1 0,2 -0,5 0,1 -0,3 -0,1 0,2 0,5 0,4 -0,4

Rappel

Valeur ajoutée en volume 0,6 1,0 0,1 0,6 0,6 0,7 0,7 0,3 0,6 0,2 0,0 0,2 2,3 2,2 1,6

Emploi des SNF 0,2 0,4 0,5 0,3 0,5 0,6 0,4 0,4 0,4 0,3 0,2 0,1 1,1 1,7 1,3

Salaire moyen par tête 1,0 0,6 0,6 1,0 1,0 0,4 0,6 0,8 1,0 0,9 0,7 0,9 3,3 3,1 3,3

Prix de la consommation 0,6 0,6 0,5 0,1 0,6 0,6 0,5 0,9 0,9 0,9 0,6 0,4 2,2 2,0 3,1

Prix des consommationsintermédiaires 0,7 0,7 0,7 0,2 0,6 0,9 0,8 1,3 0,8 1,4 0,9 0,5 2,9 2,7 4,1

Prix de production 0,6 0,8 0,6 0,6 0,5 0,9 0,8 0,9 0,9 1,0 0,7 0,6 2,7 2,7 3,5

Prix de valeur ajoutée 0,8 0,9 0,5 1,0 0,2 0,8 0,9 0,1 1,0 0,5 0,4 0,7 2,9 2,5 2,5

PrévisionsSource : Insee

Encadré : méthodologie

Le champ retenu dans cette fiche a légèrement changé de-puis la note de conjoncture de mars 2008. Le concept detaux de marge utilisé auparavant reposait sur la valeurajoutée brute, conformément aux conventions usuelles de lacomptabilité nationale. Désormais on retient aussi le conceptde valeur ajoutée au coût des facteurs (obtenue à partir de lavaleur ajoutée brute en lui retirant les impôts sur la produc-tion nets des subventions d’exploitation) pour calculer le tauxde marge. Son évolution est alors d’interprétation écono-mique plus directe : la valeur ajoutée au coût des facteurs

représente la ressource effective de l’entreprise. Elle permetla rémunération du travail et celle du capital. Elle n’est pasperturbée par certaines mesures fiscales concernant les en-treprises, comme avait pu l’être le taux de marge au sens dela comptabilité nationale par la réforme de la PAC en 2006.Pour ce qui est de l’analyse économique, on privilégieradonc l’approche au coût des facteurs. Le graphique 1 pré-sente les profils du taux de marge selon ces deux concepts :bien qu’ils diffèrent en niveau(1), leurs évolutions sont globa-lement similaires. ■

(1) Le taux de marge (part de l’EBE dans la valeur ajoutée) au coût desfacteurs est supérieur d’environ 1,0 % au taux de marge au sens de lacomptabilité nationale. En effet, la valeur ajoutée au coût des fac-teurs s’obtient à partir de la valeur ajoutée brute en lui retirant lesimpôts sur la production nets des subventions d’exploitation. Le mon-tant des impôts étant supérieur à celui des subventions, la quantitéretirée est positive et par conséquent la valeur ajoutée au coût desfacteurs est inférieure à celle de la comptabilité nationale, l’EBE res-tant par ailleurs inchangé.

Page 105: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Au premier trimestre de 2008, l’investissementdes entreprises a progressé de 1,8 %, porté pardes dépenses en biens d’équipement en net re-bond.

À partir du deuxième trimestre, le ralentissementattendu de l’activité et les effets du durcissementdes conditions de financement devraient peserplus fortement sur l’investissement. Sa crois-sance trimestrielle serait inférieure à +0,6 % enprévision.

Sur l’année, l’investissement des entreprisesaugmenterait de 4,4 % et le taux d’investisse-ment resterait à son niveau du premier trimestretout au long de 2008 (19,8 %, après 19,4 % en2007).

Fort rebond des investissementsen biens d’équipementau premier trimestre

Au premier trimestre de 2008, la formation brutede capital fixe (FBCF) des entreprises non financiè-res (ENF) a augmenté de 1,8 % (cf. tableau), dansle prolongement d’une année 2007 dynamique.Le taux d’investissement a continué de progresser :il atteint désormais 19,8 %, dépassant ainsi les plushauts niveaux atteints au cours des vingt dernièresannées (cf. graphique 1). En particulier, l’investis-sement en biens manufacturés a nettement pro-gressé au premier trimestre de 2008 (+2,7 %après +0,2 %). Les entreprises ont fortement aug-menté leurs investissements en biens d’équipementmécaniques (+4,4 %). En revanche, elles ont ra-lenti un peu leurs dépenses en services, notamment

informatiques (+1,4 % après +2,0 % au qua-trième trimestre) et, plus significativement, celles enconstruction (+0,8 % après +2,0 %).

Coup de freinau deuxième trimestre

À partir du deuxième trimestre, le repli attendu del’activité et le durcissement des conditions de fi-nancement devraient peser plus fortement sur l’in-vestissement (+0,4 % au deuxième trimestre). Leralentissement de la FBCF se poursuivrait au troi-sième trimestre (+0,2 %). Les investissements enbiens manufacturés pourraient toutefois reprendrede la vigueur en fin d’année, grâce notamment àl’apaisement des tensions financières, et le taux decroissance de la FBCF se redresserait modérémentà +0,6 % au quatrième trimestre. Sur l’ensembledu second semestre, le taux d’investissement, à19,8 %, ne progresserait plus.

Malgré cette atonie prévue, la FBCF des ENF pro-gresserait de 4,4 % sur l’ensemble de l’année2008, l’acquis de croissance s’élevant déjà à+3,8 % au premier trimestre.

Des conditions moins favorablesà l’investissement

Le ralentissement attendu sur les trois derniers tri-mestres est à relier à la dégradation du climat desaffaires, que les chefs d’entreprise signalent depuisplusieurs mois consécutifs. Tant dans l’industrieque dans les services, elle apparaît peu favorable àl’engagement de nouveaux projets : d’abord, l’in-

112 Note de conjoncture

Investissement des entreprises

Investissement des entreprises non financières (ENF)variation par produit aux prix chaînés de l'année précédente, en %

Variations trimestrielles Variations annuelles2007 2008

2006 2007 2008T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Produits manufacturés 2,5 0,5 1,9 0,2 2,7 0,4 0,0 0,5 3,3 6,1 4,3

Bâtiment et travaux publics 2,6 1,5 0,7 2,0 0,8 0,0 -0,1 0,0 6,8 9,3 3,0

Autres 0,4 1,8 2,3 2,0 1,4 0,8 0,8 1,2 7,3 7,2 5,9

Ensemble des ENF 2,0 1,1 1,7 1,2 1,8 0,4 0,2 0,6 5,4 7,3 4,4

PrévisionsSource : Insee

Page 106: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

dicateur de révision reste proche de sa moyenne delongue période dans l’enquête d’avril 2008 sur lesinvestissements dans l’industrie (cf. graphique 2),laissant attendre une faible croissance à courtterme de l’investissement des entreprises industriel-les. Ensuite, les demandes de crédit d’investisse-ment devraient fortement ralentir selon l’enquêtede la Banque de France. Or, ces dernières années,

c’est le recours accru au crédit qui a permis aux en-treprises d’accroître leurs investissements, alorsmême que le taux d’autofinancement de ces inves-tissements baissait (cf. graphiques 1 et 3). Enfin, ducôté de l’offre de crédit, le coût du financement aaugmenté au cours des deux dernières années(cf. graphique 3) et les établissements de créditconfirment dans les dernières enquêtes leur inten-

Juin 2008 113

Conjoncture France

1 - Taux d’investissement et d’endettement*

* La dette comprend des crédits des institutions financières et les titres de créances.

Sources : Insee, comptes financiers trimestriels et annuels rétropolés avant 1994 (en cours de validation)

2 - Indicateur de révision des investissements dans l’industrie manufacturière

Note de lecture : l’indicateur de révision moyenne résume les évolutions des révisions des entreprises entre deux enquêtes successivespour les investissements d’une même année. À chacune des enquêtes de l’année d’intérêt (janvier, avril et octobre), l’évolution parrapport à l’enquête antérieure peut être calculée entreprise par entreprise. Agrégées, ces évolutions fournissent un indicateur de positionde la distribution des révisions individuelles, qui constitue un bon indicateur pour améliorer la prévision des variations trimestrielles de laformation brute de capital fixe des sociétés non financières (cf. dossier de la Note de conjoncture de mars 2005).

Sources : Insee, enquête trimestrielle sur les investissements dans l'industrie et comptes trimestriels.

Page 107: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

tion de poursuivre le durcissement des conditionsd’octroi de crédit aux entreprises (cf. fiche « Mar-chés financiers »).

Les dépenses en constructioncontinueraient de ralentir

Après une croissance très vigoureuse en débutd’année, les dépenses en produits manufacturésaugmenteraient de 0,4 % au deuxième trimestre.

Le ralentissement se poursuivrait au troisième tri-mestre (+0,0 %) avant une amélioration modesteà la fin de l’année (+0,5 %) en ligne avec l’apaise-ment attendu des tensions financières et le redres-sement de l’activité.

Si les capacités de production de l’industrie manu-facturière restent assez fortement sollicitées, lestensions sur l’appareil productif sont devenuesmoins prégnantes aux deux premiers trimestres, se-lon l’enquête de conjoncture dans l’industrie(cf. graphique 4).

114 Note de conjoncture

Conjoncture France

3 - Taux d’autofinancement des SNF* et taux d’emprunt réels à long terme**

* Le taux d’autofinancement des sociétés non financières (SNF) est le ratio de l’épargne des sociétés non financières rapportée à leursinvestissements.** Le taux réel désigne ici le taux d’intérêt des crédits nouveaux aux entreprises non financières dont le taux est soit révisable selon unepériodicité supérieure à l’année, soit à taux fixe d’une durée initiale supérieure à 1 an. Ce taux est déflaté par l’indice des prix à laproduction de l’ensemble des biens et services.

Sources : Insee, comptes trimestriels et Banque de France

4 - Tensions sur les capacités de production de l’industrie manufacturière

* Proportion d'entreprises qui, si elles recevaient plus de commandes, ne pourraient pas produire davantage avec leurs moyens actuels.

Source : Insee, enquête trimestrielle sur l'activité dans l'industrie

Page 108: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

La décélération des dépenses en constructionamorcée au premier trimestre se prolongerait pen-dant le reste de l’année (+0,0 % au deuxième tri-mestre, puis une très légère baisse au secondsemestre). Dans l’enquête d’opinion trimestrielled’avril 2008, les entrepreneurs de travaux publicss’attendent notamment à une dégradation accé-lérée de leur activité due à la commande privée.

Les « autres investissements des entreprises »constitueraient la principale contribution à l’inves-tissement total (+0,8 % au deuxième trimestre). Lesperspectives d’activité des services informatiquessont notamment toujours bien orientées selon ladernière enquête services. Néanmoins, les «autresinvestissements des entreprises» devraient croître àun rythme plus modéré en 2008 (+5,9 %, après+7,2 % en 2007), du fait du ralentissement atten-du de l’activité. ■

Juin 2008 115

Conjoncture France

Page 109: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Au premier trimestre de 2008, la contributiondes stocks à la croissance a été nulle : la contri-bution négative de 0,1 point des produits manu-facturés est compensée par celle des produitsénergétiques, positive et de même ampleur.

Au deuxième trimestre de 2008, la contributiondes stocks à la croissance serait légèrement po-sitive du fait des produits manufacturés. La con-tribution serait nulle au second semestre de2008, les principaux déterminants des varia-tions de stocks étant relativement stables. Surl’ensemble de l’année 2008, les variations destocks retrancheraient 0,2 point à la croissance.

Contribution nulle des stocksà la croissance du premier trimestre

Au premier trimestre de 2008, la variation desstocks a eu une contribution nulle à la croissance(cf. tableau). La contribution négative des stocks deproduits manufacturés (-0,1 point) a en effet étécompensée par la contribution positive des pro-duits énergétiques (+0,1 point).

La contribution négative des stocks de produitsmanufacturés provient pour l’essentiel de l’accélé-ration des ventes à l’étranger de biens d’équipe-ment et de biens de consommation. Plusprécisément, les exportations des produits de laconstruction navale, aéronautique et ferroviaireont fortement progressé (+5,8 %), en raison no-tamment de la vente d’un paquebot et de deux sa-tellites. Dans le même temps, les importations sesont contractées (-1,8 %). À un degré moindre, leséchanges extérieurs de l’industrie pharmaceutiqueont également été excédentaires, les exportationsayant crû plus rapidement que les importations. Acontrario, le solde des échanges en automobiledevient déficitaire, mais il n’atténue que légère-ment la contribution négative des stocks de pro-duits manufacturés à la croissance.

La contribution positive des stocks de produitsénergétiques à la croissance du premier trimestrede 2008 s’explique par la progression des impor-tations (+1,9 %) couplée à la chute des dépensesde consommation des ménages (-5,0 %), en partieliée à la douceur exceptionnelle des températuresau cours des deux premiers mois de l’année.

116 Note de conjoncture

Stocks

Contribution des variations de stocks à la croissanceen points de PIB

Évolutions trimestrielles Évolutionsannuelles

2007 20082007 2008

T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

Produits agricoleset agroalimentaires 0,0 0,0 0,0 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1

Produits manufacturés 0,4 -0,3 0,4 -0,5 -0,1 0,1 0,0 0,0 0,1 -0,3

dont : biens de consommation 0,1 0,0 0,0 -0,1 -0,1 - - - 0,1 -

automobile 0,2 -0,1 -0,1 0,1 0,0 - - - 0,0 -

biens d'équipement 0,2 -0,2 0,5 -0,3 -0,1 - - - 0,0 -

biens intermédiaires -0,1 0,1 0,0 -0,2 0,0 - - - 0,0 -

Produits énergétiques -0,1 0,2 -0,1 -0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

Autres (construction, services) 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

TOTAL (1) 0,2 -0,1 0,3 -0,6 0,0 0,1 0,0 0,0 0,2 -0,2

(1) Les variations de stocks sont y compris les acquisitions nettes d'objets de valeur.Source : Insee

Page 110: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Une contribution à la croissancefaible au deuxième trimestre,nulle en fin d’année

Au deuxième trimestre de 2008, la contributiondes stocks à la croissance pourrait être positive(+0,1 point, cf. tableau), du fait d’un léger réajus-tement des stocks en produits manufacturés aprèsles contributions négatives observées aux deux tri-mestres précédents.

L’hypothèse de relative stabilité des déterminantstraditionnels des variations de stocks conduit à re-tenir une contribution nulle des stocks à la crois-

sance au cours des deux derniers trimestres de2008. En effet, l’influence de la légère diminutiondes taux d’intérêt de court terme (cf. fiche “ Finan-cement de l’économie ”) serait contrebalancée parle repli de la demande globale. Cette prévision estconfortée par les réponses des industriels interro-gés dans la dernière enquête de conjoncture. Se-lon ces derniers, les stocks seraient actuellement enligne avec les perspectives de production (cf. gra-phique).

Au total, sur l’ensemble de l’année 2008, la contri-bution des stocks à la croissance serait légèrementnégative (-0,2 point, après +0,2 point en 2007). ■

Juin 2008 117

Conjoncture France

Opinion des industriels sur leurs stocks et sur leurs perspectives de production

Note de lecture : chaque point trimestriel représente la moyenne de trois enquêtes mensuelles de conjoncture. La droitereprésentée en gras indique que les industriels jugent globalement leurs stocks en ligne avec l’état des perspectives deproduction. Le point correspondant au deuxième trimestre de 2008 s’en rapproche sensiblement.Source : Insee

Page 111: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

En 2008, la production de l’ensemble des bran-ches ralentirait (+1,9 %, après +2,5 % en2007). Dynamique au premier trimestre de2008 (+0,7 %), la croissance s’effriterait nette-ment au deuxième (+0,2 %) : le climat des affai-res a atteint en mai son plus bas niveau depuis lafin de 2005, et ce, quel que soit le secteur consi-déré. Elle se maintiendrait à peu près à cerythme au second semestre.

La production, jusqu’alorsrésistante, pâtirait des chocséconomiques mondiaux

Après un premier trimestre de 2008 dynamique, lacroissance de la production se tasserait, en lienavec les chocs économiques mondiaux (+0,2 %,+0,1 % et +0,2 % respectivement aux deuxième,troisième et quatrième trimestres de 2008, cf.compte associé page 127). En particulier, un ra-lentissement est attendu dans les services et l’in-dustrie manufacturière (cf. graphique 1). Lacroissance des services marchands hors com-merce et transports serait de seulement +0,3 % enmoyenne sur les trois derniers trimestres de 2008(contre +0,9 % en moyenne entre 2000 et 2006).

L’ensemble des grandes branches ralentirait audeuxième trimestre, voire se contracterait légère-ment (pour la construction), à l’exception de l’é-

nergie : sa production se redresserait après avoirbaissé au premier trimestre en raison de la clé-mence des températures. Au troisième trimestre de2008, ce fléchissement généralisé se poursuivrait ;le recul de la construction serait plus marqué et laproduction manufacturière se replierait égale-ment. En fin d'année, les services gagneraient légè-rement en dynamisme et la productionmanufacturière cesserait de reculer.

Industrie :la production ralentirait, et mêmereculerait d'ici la fin de l'année

La production manufacturière a progressé de0,7 % au premier trimestre de 2008, après un tri-mestre de stagnation. Cette hausse est essentielle-ment imputable au redressement de l’activité dansles industries des biens d’équipement (+1,3 %) etdes biens intermédiaires (+0,7 %). Dans le secteurautomobile, la production a faiblement progressé(+0,3 %), après une forte augmentation au tri-mestre précédent. Dans l’industrie des biens deconsommation, la production a été stable.

Les chefs d’entreprise interrogés en avril dans l’en-quête mensuelle de conjoncture dans l’industrieanticipent un léger ralentissement de l'activité in-dustrielle. La production manufacturière progres-serait ainsi plus modérément au deuxième

118 Note de conjoncture

Production

1 - Contributions sectorielles à la croissance de la production totale

Source : Insee

Page 112: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

trimestre de 2008 (+0,2 %). En ligne avec le replisensible des perspectives personnelles de produc-tion déclaré par les entrepreneurs à la dernière en-quête de conjoncture (cf. graphique 2), laproduction manufacturière se contracterait légère-ment au troisième trimestre de 2008 (-0,2 %),avant de repartir un peu à la hausse (+0,2 %) audernier trimestre.

Au total, la croissance de la production manufac-turière ralentirait à +1,6 % en 2008, après +2,3 %en 2007.

Construction :l’activité se contracteraità partir du deuxième trimestre

Au premier trimestre de 2008, la production dansle secteur de la construction a progressé à unrythme moins soutenu (+0,5 %, après +1,2 % auquatrième trimestre de 2007). Ce ralentissement aconcerné aussi bien le secteur du bâtiment que ce-lui des travaux publics. En outre, l’investissementdes ménages s’est contracté et celui des adminis-trations publiques et des entreprises non financiè-res s’est modéré.

Au deuxième trimestre de 2008, la production sereplierait dans le secteur de la construction(-0,2 %). D’une part, l’activité dans le bâtiments’essoufflerait, comme l’attestent les dernières en-quêtes de conjoncture : les carnets de commandeset les prévisions d’activité des entrepreneurs pourles prochains mois se dégradent nettement (cf. gra-phique 3). D’autre part, l’activité dans les travauxpublics se contracterait, notamment du fait d’un re-pli habituel après des élections municipales.

Au second semestre de 2008, le recul de l’activitédans le bâtiment s'accentuerait, dans le sillage dela demande des ménages en logements (cf. fiche« Consommation et investissement des ména-ges »), et l’activité dans les travaux publics resteraitatone. La production du secteur de la constructioncontinuerait ainsi de diminuer (-0,5 % et -0,7 %respectivement aux troisième et quatrième tri-mestres).

Au total, la croissance du secteur de la constructionralentirait nettement, à seulement +1,2 % en 2008contre plus de 4 % en 2007.

Services marchands :la croissance se modéreraità partir du deuxième trimestre

Au premier trimestre de 2008, la production deservices marchands (autres que commerce, trans-ports et activités financières) a nettement accéléré(+1,2 %, après +0,8 % au quatrième trimestre de2007), du fait de la vigueur à la fois des servicesaux entreprises et des services aux ménages.

Les services aux entreprises ont bénéficié d’une de-mande soutenue des autres secteurs de l’éco-nomie, notamment de l’industrie. L’activité desservices opérationnels (intérim, sécurité, servicesde nettoyage, etc. ) a en particulier fortement aug-menté au premier trimestre de 2008 (+1,5 %après +0,3 % au trimestre précédent). Du côté desservices aux particuliers, les activités récréatives,culturelles et sportives ont soutenu la production(+1,1 % au premier trimestre de 2008, après+0,7 % au trimestre précédent), grâce notammentà l’augmentation de la fréquentation des cinémasau premier trimestre.

Juin 2008 119

Conjoncture France

2 - Perspectives personnelles de production des industrielset indice de la production industrielle

Source : Insee

Page 113: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Au deuxième trimestre de 2008, l’activité dans lesservices marchands ralentirait fortement (+0,3 %après +1,2 % au premier trimestre) : d’une part, lesecteur des services aux particuliers pâtirait du flé-chissement des dépenses de consommation desménages ; d’autre part, le repli de l’activité manu-facturière pèserait sur les services aux entreprises.

Au second semestre de 2008, le rythme de l’activitédans les services marchands resterait très modéré(+0,2 % et +0,4 % respectivement aux troisième etquatrième trimestres). Les chefs d’entreprise interro-gés en mai signalent en effet une stabilisation de laconjoncture dans les services : l’indicateur synthé-tique du climat des affaires se maintient à 103, lé-gèrement au-dessus de la moyenne de longuepériode.

Sur l’ensemble de l’année 2008, la production desservices marchands progresserait de 2,8 %, unrythme à peine inférieur à celui de 2007 (+3,0 %)grâce à la très bonne performance du premiertrimestre.

L’activité commerciale fléchiraiten 2008 avec le ralentissementde la consommation

Après la pause du quatrième trimestre de 2007,l’activité commerciale a fortement accéléré au pre-mier trimestre de 2008 (+0,7 %), du fait de la vi-gueur des exportations et malgré des dépenses deconsommation des ménages atones (cf. fiches« Échanges extérieurs » et « Consommation et in-vestissement des ménages »).

Aux deuxième et troisième trimestres, l’activitécommerciale marquerait à nouveau le pas, péna-lisée par la faiblesse de la demande, tant intérieure

qu’étrangère. C’est ce que laisse attendre la dé-gradation du climat des affaires entre décembre2007 et avril 2008, signalée par les détaillants in-terrogés dans l’enquête de conjoncture dans lecommerce de détail et le commerce et la répara-tion automobile (cf. graphique 4 et éclairage « Laconstruction d’un climat des affaires dans le com-merce de détail et le commerce et la réparation au-tomobile »). En fin d'année, l'activité commercialeretrouverait un peu d'allant (+0,2 % au quatrièmetrimestre), dans le sillage de la consommation desménages.

Dans le commerce de gros, les perspectives géné-rales d’activité se sont de nouveau dégradées enmai. Toutefois, l’opinion sur les ventes du com-merce de biens d’équipement se maintient, enligne avec un investissement des entreprises enproduits manufacturés attendu en légère crois-sance (cf. fiche « Investissement des entreprises »).

Retour à la normale pour l’énergie,ralentissement dans les transportset statu quo pour l’agroalimentaire

La production énergétique a reculé au premier tri-mestre de 2008 (-0,3 %), en raison de la clémencedu climat en janvier et février. Par contrecoup, ellerebondirait au deuxième trimestre (+0,6 %). Au se-cond semestre, nous retenons l’hypothèse d’un re-tour à la tendance de ces dernières années(+0,2 %), sous l’hypothèse d’une météorologienormale.

La production de la branche transports a accéléréau premier trimestre de 2008 (+0,7 %, après+0,2 % au quatrième trimestre de 2007). Cetteaccélération est en grande partie imputable au re-tour à la normale après les grèves de l’automne

120 Note de conjoncture

Conjoncture France

3 - Activité prévue dans la construction

Source : Insee

Page 114: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

dans les transports publics. D’ici la fin de l’année,la production de transports ralentirait progressive-ment, en lien avec le reste de l’économie. Les bran-ches agricole et agroalimentaire confirmeraientquant à elles en 2008 leur précédente croissance

(+0,8 % en moyenne annuelle, après +0,7 % en2007, et -0,4 % en 2006). En particulier, les surfa-ces cultivées en céréales ont légèrement augmentéen 2007 et cette hausse devrait se poursuivre en2008. ■

Juin 2008 121

Conjoncture France

4 - Climat des affaires dans le commerce

Source : Insee

Éclairage - Un nouvel indicateur synthétique du climat des affairesdans le commerce de détail et le commerce et la réparation automobile

Sur le modèle des autres secteurs, un indicateur du climat desaffaires a été développé dans le commerce de détail et lecommerce et la réparation automobile. Cet indicateur ré-sume l’opinion des chefs d’entreprise sur la conjoncture dusecteur : plus la valeur est élevée, plus le jugement des entre-preneurs est favorable. Il constitue un bon indicateur del’évolution de la production du commerce en France.

Synthétiser les soldes d’enquête

L’indicateur du climat des affaires a été construit à partir del’enquête de conjoncture dans le commerce de détail et lecommerce et la réparation automobile. Cette enquête col-lecte notamment des informations sur les perspectivesgénérales d’activité, les ventes passées et prévues, les stocks,les intentions de commandes et les effectifs passés et prévus.Pour la plupart qualitatives et trimodales (réponses possi-bles : « en hausse », « stable » ou « en baisse »), les réponsessont ensuite synthétisées sous forme de soldes d’opinion(écart entre le pourcentage de réponses « en hausse » et le

pourcentage de réponses « en baisse »). Les soldes sont en-suite corrigés des variations saisonnières (CVS). L’enquête,bimestrielle depuis 1964, est devenue mensuelle fin 1990.Les informations sont recueillies directement auprès de 3 750chefs d'entreprise du secteur, et permettent ainsi de disposerrapidement d’indicateurs fiables pour l’analyse et la prévi-sion de court terme.

Construit sur la base des quatre principaux soldes d’opinionde l’enquête, l’indicateur synthétique du climat des affairesretrace l’évolution commune à ces soldes, ce qui permet unelecture synthétique plus aisée de l’enquête. Les soldes retenussont ceux relatifs :

● aux perspectives générales d’activité ;

● aux intentions de commandes ;

● aux effectifs prévus ;

● aux ventes passées.

Page 115: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

122 Note de conjoncture

Conjoncture France

Un outil de suivi de la conjoncturedans le commerce

Cet indicateur traduit l’état de la conjoncture dans le com-merce (cf. graphique 1). Il reflète bien les évolutions de laproduction dans le commerce et les cycles conjoncturels dusecteur tels qu’ils apparaissent dans les comptes :

● les creux de 1993 (correspondant à la récession écono-mique générale) et de 1997 (creux de croissance après lefort rebond de 1995), le « trou d’air » de 1998, ainsi que lecreux de 2002 (après l’éclatement de la bulle internet) ap-paraissent sensiblement au même moment sur l’indicateursynthétique et dans les comptes nationaux;

● de même, l’indicateur signale bien les pics de 1995, de2000 et de fin 2002 ainsi que le retour de la croissancedans le commerce à partir de juillet 2005.

Le nouvel indicateur synthétique peut contribuer quantitative-ment au diagnostic conjoncturel, notamment pour prévoir lacroissance de la consommation des ménages en produitsmanufacturés. La corrélation est visible sur le graphique 2 etl’apport du climat des affaires dans le commerce de détail etle commerce et la réparation automobile pour prévoir laconsommation est confirmé économétriquement. ■

1 - Indicateur synthétique et production dans le commerce

Source : Insee

2 - Indicateur synthétique et consommation des ménages

Source : Insee

Page 116: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Compte associé

Page 117: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

126 Note de conjoncture

Page 118: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 127

Page 119: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

128 Note de conjoncture

Page 120: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 129

Page 121: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

130 Note de conjoncture

Page 122: NOTE DE CONJONCTURE - INSEE · • Le ralentissement récent de la productivité en France et en Allemagne : similitudes et décalages .....95 • Un nouvel indicateur synthétique

Juin 2008 131