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Notre droite, Nos vérités ! Par Camille Bedin Livre numérique, Nanterre, 6 novembre 2012, www.notredroite.fr

Notre droite, nos vérités !

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Livre numérique par Camille Bedin

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Notre droite,

Nos vérités !  

 

 Par  Camille  Bedin  

     

     

Livre numérique, Nanterre, 6 novembre 2012, www.notredroite.fr

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SOMMAIRE Préambule. A la « génération Sarkozy » : la génération de la reconquête ! Partie 1. Une droite qui donne envie d’agir Notre génération : contre la fatalité, l’envie d’agir Notre droite, ni tiède, ni extrême : une identité juste et forte Besoin de solidité Une France enracinée et tournée vers l’avenir Partie 2. Vérités pour une France entreprenante, décomplexée et solidaire Bon sens et vérités Une France entreprenante ! Vérité 1 � Le travail crée le travail et… les « patrons » sont nos amis ! Vérité 2 � Le CDI : source de précarité ? Vérité 3 � La répartition capital / travail est… stable et, sans le capital, le travail n’existe pas ! Vérité 4 � Mieux vaut faire de nos jeunes des entrepreneurs que des fonctionnaires Vérité 5 � Le « made in France » : la marinière de trop ? Une République décomplexée Vérité 6 � Ecole : pas besoin de moyens en plus mais besoin de profs évalués à la performance ! Vérité 7 � Ecole de la République : non, l’autorité n’est pas réactionnaire ! Vérité 8 � Etre Français n’est pas qu’un bout de papier Vérité 9 � Mieux vaut réguler l’immigration que ghettoïser les immigrés

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Vérité 10 � Oui, l’islam inquiète : pour une République forte et un islam français Un Etat efficace et solidaire Vérité 11 � Trop d’Etat tue l’Etat Vérité 12 � « Ras le bol de payer pour les autres » Vérité 13 � La générosité n’est pas l’assistanat Vérité 14 � L’Europe ne fait plus rêver : à nous de la réinventer Conclusion. La génération de la reconquête Vérité 15 � La droite est profondément moderne !

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PREAMBULE

Nanterre, le 6 novembre 2012

A la génération Sarkozy : la génération de la reconquête !

Quelques mois après le 6 mai 2012, j’ai eu envie de livrer ce témoignage militant : celui d’une génération qui a grandi en politique avec Nicolas Sarkozy et qui est aujourd’hui celle de la reconquête. Les meetings que nous avons vécus à la Concorde, à Villepinte, au Trocadéro, partout en France, ont réuni au même endroit toute notre ferveur, tous nos espoirs. Noyés en un même élan, à l’unisson derrière ces marées de drapeaux tricolores, nous n’étions plus qu’un peuple de militants. Cette campagne de 2012, que nous avons menée avec tant d’intensité, a été celle de la raison contre la facilité.

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Contrairement à la « rupture » de 2007, 2012 était plutôt la campagne de la gravité. Une gravité fervente face à la situation réelle de notre pays et de notre monde en crise ; une gravité emprunte de raison, de réalisme et d’ambition pour notre pays, comparée au déni idéologique, savamment calculé et entretenu, de la gauche. Nous avons lutté contre un fossoyeur du « rêve français » qui a bassement surfé sur l’anti-sarkozysme médiatique, faisant croire que gouverner, c’est faire plaisir et distribuer. Dans ces épreuves, une génération s’est levée. De la création de l’UMP en 2002 à son renouvellement cette année, portant à la fois le souffle de 2007 et la gravité de 2012, une génération a émergé. Notre génération. Elle a désormais un rôle à jouer. Nous sortons plus forts des dix années qui viennent de se passer. Nous sommes désormais la génération d’une droite unie dans une même famille politique : nous ne voulons plus connaître les divisions stériles du

RPR et de l’UDF, que nous n’avons jamais connus. Nous sommes la génération d’une droite enracinée et fière de son identité : nous revendiquons la capacité à dire haut et fort « nous sommes de droite, et nous en sommes fiers », nous ne voulons pas revenir à une droite pudique, honteuse,

celle-là même qui était choquée des prises de positions de Nicolas Sarkozy. Nous sommes la génération d’une droite profondément moderne et tournée vers l’avenir, qui assume la nécessité de la « rupture » et qui préférera toujours le courage de la réforme, sans tabou, aux petits pas timides de réformettes inutiles.

‘‘Portant  le  souffle  de  2007  et  la  gravité  de  2012,  une  génération  s’est  levée.  Notre  génération.  Elle  a  désormais  un  rôle  à  jouer.’’  

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Dans ces pages, c’est donc de cette droite, « notre droite », dont il est question. Une droite qui ose. Elle seule est capable de penser avec audace, courage et liberté la France que nous voulons. Il est vrai que toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre. Ce sont pourtant ces vérités, « nos vérités », que nous devons revendiquer avec énergie et détermination si nous voulons être force de reconquête pour construire la France de demain. A nous de jouer !

‘‘Notre  droite  :  enracinée  et  fière,  moderne  et  tournée  vers  l’avenir.  Une  droite  qui  ose.’’  

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Partie 1.

UNE DROITE QUI DONNE ENVIE D’AGIR

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NOTRE GENERATION : CONTRE LA FATALITE, L’ENVIE D’AGIR DEPUIS QUE NOUS SOMMES NES, dans les années 1980 ou 1990 pour les plus jeunes, nous ne vivons et n’entendons parler que de chômage de masse, de désindustrialisation, de dette publique, de perte de repères et de frontières, de crise d’identité, de faillite de l’Ecole, de panne de l’ascenseur social, de défiance à l’égard de nos élites,… Nous vivons dans l’atmosphère pesante d’un débat public étouffé et malsain, avec des sujets interdits qui finalement nous « sautent à la figure » dans des explosions publiques et violentes : les émeutes des banlieues, le « non » à la Constitution européenne, le 21 avril 2002… Comprenez bien ce que signifie le monde dans lequel nous avons grandi : entre 1961 et 1981, la croissance était de 4,5 % en moyenne, avec des records à 6% ; pour nous, entre 1981 et 2011, elle a été de 1,8 % en moyenne ! Quant au chômage, il a été en moyenne à 9,1 %, avec un record le plus bas à 7 % en 1981... Comprenez aussi que pour notre génération, l’équipe de France victorieuse de 1998, symbole d’unité et d’ambition nationales, n’est pas loin d’être reléguée aux livres d’histoires ou, en tout cas, aux vestiges d’une époque révolue. Nous appartenons à un pays craintif, peureux, méfiant. Nous appartenons à une tradition toujours jalouse de la réussite des uns, envieuse de l’argent des autres, soucieuse de son propre confort (entendez : ses loisirs, ses vacances, ses RTT). Nous vivons dans une Nation qui est dans le déni : déni du monde compétitif qui nous entoure,

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déni de nos lourdeurs administratives, déni de nos dépenses publiques, déni du besoin de réformes. La France vit au-dessus de ses moyens et ne semble pas s’en rendre compte. Nous vivons enfin dans un pays qui refuse de constater le malaise du vivre-ensemble et de poser la question de son identité nationale. Pire, notre pays laisse ceux qui en ont vraiment besoin sur le bord de la route : le nombre de personnes en-dessous du seuil de pauvreté augmente ; les milieux populaires subissent de plein fouet les revirements économiques et leurs enfants ne peuvent plus compter sur une Ecole en perte de vitesse pour s’en sortir ; les jeunes et les seniors ne trouvent plus d’emploi. Pour terminer de brosser ce tableau noir, les classes moyennes ont le sentiment de payer pour tout le monde sans jamais pouvoir bénéficier du fruit de leurs efforts, quant aux plus aisés, aux investisseurs, mais aussi aux entrepreneurs quels qu’ils soient, ils partent à l’étranger. Face à cet échec, agissant comme un révélateur du « mal français », le gouvernement socialiste n’a rien trouvé de mieux à faire que… d’embaucher toujours plus de fonctionnaires (6000 fonctionnaires crées pour 2013, une première depuis 2003). Voilà le contexte pesant et immobile, le « modèle » social français immuable et incontestable, dans lequel nous avons toujours grandi. A croire que nous ne savons rien faire d’autre que cultiver la dépense publique. A croire que nous ne pouvons rien faire d’autre que d’assister patiemment à la faillite de ce modèle. A croire qu’il n’existait plus personne dans ce pays pour dire qu’il fallait arrêter les frais, dire la vérité, briser les tabous et… réformer. A croire que notre génération était condamnée au pessimisme !

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Ce contexte, j’aimerais qu’on le comprenne, fait que ma génération, née dans les années 1980 ou 1990, n’a pas la même vision des choses que les générations qui nous précèdent.

Notre vision du monde est différente. Nous n’avons jamais connu la croissance et la prospérité. Pour les plus jeunes d’entre nous, le mur de Berlin n’existe que dans les livres d’histoire, le marché unique a toujours

été une réalité et avec lui l’abolition des contrôles douaniers, l’année d’étude à l’étranger est généralisée, l’Europe n’est plus un rêve de paix mais une réalité complexe. Nous avons grandi avec la circulation de l’information et la Révolution numérique. Bref : le monde s’ouvre à nous comme jamais, et en même temps, notre société nous semble irrémédiablement bloquée et sclérosée. Nous sommes une génération réaliste, non idéaliste. Certaines études nous disent même incroyablement pessimistes. C’est dans ce contexte de fatalisme que beaucoup d’entre nous sont devenus « sarkozystes ». Il a réveillé en nous l’envie d’agir. Il nous a donné envie de nous engager. Tout est devenu « dicible », envisageable, possible. Nicolas Sarkozy a d’abord incarné, dès 2002, une bouffée d’oxygène avant de devenir un véritable espoir de modernité, de volontarisme et d’ambition pour notre pays. Contrairement à beaucoup de jeunes militants, mon appartenance à la droite et mon adhésion à l’UMP n’allaient pas vraiment de soi… Mon père lisait Libération et le Nouvel Obs, et ma mère Télérama. Nous regardions le journal télévisé uniquement sur France 2. En un mot, je n’avais jamais connu la culture du Figaro et de TF1... !

‘‘Notre  génération  était,  jusqu’à  Nicolas  Sarkozy,  condamnée  au  pessimisme.’’  

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Pourtant, j’avais conscience d’une chose : 14 ans de Mitterrand et 5 ans de Jospin, c’était autant d’années d’immobilisme et de conformisme idéologique, alors que le monde accélérait autour de nous… Je savais donc que je n’étais pas de gauche… L’arrivée au devant de la scène de Nicolas Sarkozy a été un révélateur. Il a apporté le remède anti-fatalité, tant attendu. Comme tant d’autres, j’ai aimé le contraste qu’il donnait avec la classe politique de l’époque. Il était en lui-même une rupture, un changement d’époque, un vent de modernité, d’audace et de courage, qui balayait ce milieu poussiéreux et vieillissant. J’ai adhéré à ses valeurs, son discours, ses prises de position, son anti-conformisme, son refus des tabous et du politiquement correct. J’ai été séduite par son énergie, son volontarisme, sa détermination. Pour notre génération, il est un repère. NOTRE DROITE NI TIEDE, NI EXTREME : JUSTE ET FORTE LA DROITE QU’A SU REINVENTER Nicolas Sarkozy est à la fois extrêmement solide sur ses valeurs fondamentales et pleinement adaptée à la réalité du monde d’aujourd’hui. C’est pour cette droite que nous nous sommes engagés, c’est cette droite que nous voulons perpétuer. Cette droite est d’abord une droite qui s’assume, au contraire de la tiédeur du passé. Nous avons beaucoup entendu parler, en ce moment d’élections internes, de droite décomplexée et de droite forte. Je crois que ce ne sont pas que

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des slogans de campagne. Ils dépassent largement la bataille interne. Ils rendent compte d’un réel besoin des militants, de tous les militants, dans l’après-Sarkozy : celui de conserver l’audace et la fierté de nos convictions, face aux discours bon-teints et aux leçons des bien-pensants qui ne connaissent la réalité de la société qu’à travers les papiers du Monde ou des rapports de sociologues. Maurice Druon, grand résistant, co-auteur du Chant des Partisans, a dit : "En France il y a deux grands partis de gauche ; l'un d'eux s'appelle, par convenance, la droite". Cela résume parfaitement le sentiment que nous avions avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy au premier plan de la scène politique. Je me souviens très nettement de cette période où les militants de la toute récente UMP disaient autour de moi : c’est la première fois qu’avec un homme politique, on ose se dire de droite, haut et fort, sans crainte, sans tiédeur. Nicolas Sarkozy, à la tête de l’UMP, a rompu avec la tiédeur d’une droite qui préférait se définir par rapport à la gauche, plutôt que se définir elle-même. L’UMP est devenue le lieu où se créaient les débats, et c’est cette fois la gauche qui était contrainte de se définir par rapport à la droite. Souvenez-vous des débats et des grandes conventions sur le « travailler plus pour gagner plus », des discours de Nicolas Sarkozy où il intégrait Jaurès ou le Front Populaire à notre propre héritage alors même que cette gauche morale et bien-pensante dévalorisait le travail, ou encore de ses propositions sur la réussite pour tous, sur l’Etat qui ne ressemble plus à la société, sur l’assistanat issu de notre modèle social, sur la faillite du modèle républicain et de la méritocratie, sur la place des religions dans

‘‘Nicolas  Sarkozy  a  rompu  avec  la  tiédeur  d’une  droite  qui  

préférait  se  définir  par  rapport  à  la  gauche,  plutôt  que  

se  définir  elle-­‐même.  ’’  

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notre vivre-ensemble… sur tous ces sujets, la gauche était contrainte de répondre, souvent acculée par tant de vérités enfin étalées au grand jour. Cette droite, fière de l’être, doit continuer son travail de dénonciation du politiquement correct et d’énonciation de propositions de bon sens pour réformer en profondeur la société, sans tomber dans l’extrême. C’est cet équilibre qui a fait la force de Nicolas Sarkozy et duquel nous devons nous inspirer : ni tiède, ni extrême, simplement juste, simplement sensé. Nicolas Sarkozy n’était jamais dans l’extrême, simplement dans la justice: s’il parlait d’un côté de rétablir les peines planchers et d’être extrêmement sévère avec les récidivistes, il disait aussi qu’il fallait supprimer la double peine. Il savait parler des « racailles » et des « voyous » dans les quartiers (expressions qui n’ont jamais choqué que quelques militants de gauche et les intellectuels des beaux quartiers ; Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur démissionnaire de Lionel Jospin parlait lui de « sauvageons »…) tout en mettant en place les dispositifs d’égalité des chances et d’excellence pour ceux – la grande majorité – qui souhaitent s’en sortir par leur travail. Il parlait d’immigration en sachant dire que le principal problème venait de

l’intégration. Il savait lutter contre le communautarisme qui met en danger l’unité de la République, sans confondre unité et uniformité. Il valorisait la richesse de notre pays dans toute sa diversité, dans une tradition

‘‘  Nicolas  Sarkozy  n’était  jamais  dans  l’extrême,  mais  toujours  dans  la  justice:  s’il  parlait  d’un  côté  de  rétablir  les  peines  planchers,  il  proposait  de  l’autre  de  supprimer  la  double  peine.  ’’  

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républicaine profondément ouverte et généreuse, mais il savait reconnaître qu’accueillir « toute la misère du monde » n’était pas possible, sauf dans l’indignité. Ce sont ces positions, ces discours, ces idées qui font que le « sarkozysme » est inclassable, impossible à enfermer dans une quelconque case des analystes politiques. Il avait, en somme, réussi une synthèse des droites dans une droite assumée. La « droite forte » que nous appelons de nos vœux n’est donc pas une droite qui marche sur une seule jambe, à la droite de la droite. Elle ne peut qu’être un tout, un ensemble, dans lequel nous devons sans cesse être attentifs à l’équilibre entre l’exigence de fermeté et celle de justice, entre le besoin de méritocratie par le travail et l’égalité des chances au départ, entre la générosité de notre modèle social et la lutte contre l’assistanat. C’est parce que l’on est ferme que l’on peut être juste, et réciproquement. C’est parce que la règle est claire et forte, que l’on peut être libre. La gauche l’oublie beaucoup trop souvent. C’est donc parce que cette droite doit être un ensemble cohérent que le débat sur sa droitisation n’a pas lieu d’être. L’UMP, depuis 2002, a un objectif : ne pas laisser le Front National surfer sur les angoisses des Français. Dire que le FN est un Front anti-national est vrai parce qu’il fait son lit sur les malheurs de la France et que ses solutions heurteraient bien plus notre pays qu’elles ne lui feraient du bien. Il prospère là où les Français souffrent. Il profite des souffrances, des craintes, des inquiétudes : il en fait son pain, les pétrit dans tous les sens afin de bien les réchauffer, puis les entretient d’une élection à l’autre. Là où la France s’enlise, le FN est heureux. Là où les partis désertent, le FN accourt. S’il a prospéré, c’est parce que nos responsables

‘‘  Là  où  la  France  s’enlise,    le  FN  est  heureux.  ’’  

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politiques n’ont pas su répondre aux inquiétudes des Français. Pire, ils les ont souvent niées. Le meilleur exemple est la chute de Lionel Jospin en 2002, pourtant si convaincu de sa valeur et de celle de sa politique. Je veux d’ailleurs dénoncer l’implacable et scandaleuse responsabilité de la gauche dans le succès du Front National. Cette responsabilité, c’est d’abord celle qu’elle a pu partager avec tous ceux qui ont ignoré les inquiétudes des Français. Mais c’est aussi, et surtout, celle d’une tactique odieuse qui fait le jeu du Front National contre la droite républicaine. Oui, chacun sait que François Mitterrand a introduit la proportionnelle pour que le FN s’installe durablement dans a vie politique et nuise à la droite. Personne ne doit être dupe de la stratégie socialiste qui consiste à culpabiliser la droite dès qu’elle parle, pour la rendre honteuse et ainsi exaspérer les électeurs… les précipitant dans les bras de la famille Le Pen. Qui ne voit pas que dans les débats sociétaux du président Hollande, il y aussi la volonté de diviser la droite et de renforcer le FN ? Lorsqu’autant d’électeurs font le choix du Front National, deux choix s’offrent aux responsables politiques : ne pas en parler et le mettre aux bans des partis, en espérant qu’en ne lui faisant pas de publicité, le phénomène se calmera de lui-même comme s’il était indépendant des inquiétudes réelles des Français ; ou oser mettre les sujets sur la table. Ainsi, au-delà du « pain au chocolat » et du « racisme anti-blancs », les Français se demandent réellement, avec angoisse, si nous allons tous pouvoir partager un seul destin commun. Ils se posent notamment la question au sujet de l’islam.

‘‘  L’implacable  et  scandaleuse  responsabilité  de  la  gauche  

dans  la  montée  du  Front  National.  ’’  

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Ils ne confondent pas islam et islamisme, car chacun sait où est la différence et la question de l’extrémisme ne fait débat pour personne. Ils se demandent simplement si la pratique de l’islam, notamment dans les quartiers-ghettos, est compatible avec l’idée qu’ils ont de la République, dans laquelle on ne se définit pas prioritairement en fonction de sa religion ni de sa communauté. Or, ils ont le sentiment que l’islam est devenu une revendication ostentatoire, identitaire, communautaire. Qu’on le regrette ou non, les faits sont là : pour les Français aujourd’hui l’islam pose des questions. Je ne sais pas si, en lui-même, l’islam est problématique, je pense même le contraire : en théorie, la pratique de l’islam est compatible avec la République qui a fait le choix en 1905 de ne pas se mêler des religions tant qu’elles ne portent pas atteinte à la liberté de l’autre et à la dignité de chacun. En revanche, je sais que balayer d’un revers ces inquiétudes en les jugeant non fondées et racistes, c’est empirer la situation. Je comprends ces inquiétudes lorsque je vois régulièrement, dans ma ville à Nanterre ou ailleurs, des jeunes se revendiquer être avant tout « musulmans », « algériens » ou « arabes » (mélangeant toutes les identités), plutôt que français, sans pour autant partager une grande connaissance de leurs cultures d’origine. Ce repli identitaire est réel. Il s’explique en partie par des raisons sociales, historiques et économiques bien connues. Mais la France ne peut pas se contenter de le regretter quand il devient aussi contraignant et oppressant que dans certains quartiers Parler de ce malaise, dire qu’il est problématique, n’est pas faire preuve de xénophobie ou de populisme. Ce n’est pas se « droitiser ». J’ai même la prétention de croire que c’est se soucier davantage du vivre-ensemble que tous ceux qui ferment les yeux et attendent dans l’espoir que « ça passe ». C’est poser un problème qui existe et, par conséquent, entamer la réflexion pour trouver des solutions.

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Le fantasme de la droitisation est, en revanche, la vraie source d’un malaise bien français : l’absence de sérénité dans le débat public. Le déchaînement permanent contre Nicolas Sarkozy et la violence des propos contre Jean-François Copé révèlent que le problème ne vient pas de leurs discours, mais de l’incapacité de notre pays à aborder ces sujets avec sérénité.

Une réaction sereine aurait été de prendre chaque cas bien réel (les difficultés qui peuvent se poser en période de Ramadan, celles des communes et des écoles à gérer certaines revendications particulières comme la mixité filles-garçons dans certaines classes, etc…), d’identifier l’ampleur de ces situations,

et de trouver l’origine du problème. Une fois cela fait, chacun aurait pu reconnaître, sans heurter, qu’il existe effectivement un problème de vivre-ensemble et d’identité partagée, et qu’il faut en débattre. Au contraire, le déferlement de haine contre ceux qui rendent compte de ces réalités ne fait que replier chacun sur ses positions, au point de rendre impossible tout espace de dialogue constructif. Je le vois dans la commune où j’habite, il est difficile de trouver des terrains d’échange. Chacun a pris l’habitude de renvoyer l’autre à son extrémisme, sans écouter, sans entendre les inquiétudes exprimées de part et d’autre. Dans ce contexte, la responsabilité du politique est grande. J’ai pu constater qu’au-delà des clichés véhiculés, Jean-François

‘‘  Parler  du  malaise  des  Français,  ce  n’est  pas  se  «  droitiser  »  :  j’ai  même  la  prétention  de  croire  que  c’est  se  soucier  davantage  du  vivre-­‐ensemble  que  tous  ceux  qui  ferment  les  yeux.  ’’  

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Copé par exemple a su mettre en pratique de réels échanges avec la communauté musulmane, très ouverte à un vrai débat sur ces sujets. Il n’est pas le seul dans ce cas.

La

responsabilité des faiseurs d’opinion est

très importante.

Qu’il est facile d’être

payé pour juger et condamner, sans jamais se confronter soi-même aux citoyens ! Entendre sur toutes les ondes et, surtout, sur celles du service public financées par nos impôts, un déferlement continu de haine dès qu’un leader de droite émet des propos qui irrite leurs oreilles, n’aide pas à résoudre le problème. Entendre tout Saint-Germain-des-Prés énoncer un flot de banalités qui réjouit les étudiants des beaux quartiers, se glosant de leur ouverture d’esprit si éloignée de la vulgarité et de la médiocrité des hommes politiques, est insupportable. Le mépris est insupportable. Il nourrit le fantasme d’une droitisation toxique pour notre pays, en même temps qu’il entretient le ressentiment du peuple contre ses élites. Au fond, il se dessine une opposition toujours plus nette entre une partie de la société, fortunée, protégée, pour qui passer une soirée au restaurant ou un week-end à Londres est une banalité, et une autre, qui peine et se heurte sans cesse à des blocages et des plafonds de verre et dont le rêve est, simplement, de partir en vacances. Cette division m’inquiète. Non parce que je fantasme sur une société d’individus tous égaux, mais parce que ces deux mondes s’ignorent.

‘‘Entendre  sur  toutes  les  ondes  et,  surtout,  sur  celles  du  service  public  financées  par  nos  impôts,  un  déferlement  continu  de  haine  dès  qu’un  leader  de  droite  prend  la  parole,  est  insupportable.  ’’    

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BESOIN DE SOLIDITE CE QUE CERTAINS APPELLENT « DROITISATION » révèle en réalité une véritable tendance de notre société qui, elle, fait certainement peur aux bien-pensants : la recherche de repères et d’identité, contre la fuite en avant du relativisme. La société française souffre depuis quelques décennies d’une crise de l’Etat et de l’absence criante de solidarité effective. L’Etat-Providence, cet Etat social qui s’est mis en place dans la seconde moitié du XXème siècle, a progressivement pris le monopole de la solidarité. Comme le disait Tocqueville, « l’Etat ayant pris la place de la Providence, il est naturel qu’on l’invoque à tout propos »1. Les citoyens ne comptent plus que sur lui pour les accompagner, de la naissance à la mort, tout est pris en charge. Tous les autres repères qui existaient au sein même de la société, comme les Eglises, la solidarité de voisinage, le Parti, les syndicats, ont progressivement disparu. Le problème, c’est que l’Etat-Providence est un produit de luxe et dispendieux pour enfants gâtés. Lorsque la croissance a fléchi, personne n’a osé le réformer, tout le monde a continué à tirer sur la corde et la France s’est endettée de manière irresponsable. En somme, avoir un Etat-Providence pendant les 30 Glorieuses était possible. Les soixante-huitards ont continué à profiter d’un jouet cassé et ont repoussé le remboursement de la facture à                                                                                                                1  Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 1835

‘‘Le  problème,  c’est  que  l’Etat-­‐Providence  est  un  produit  de  

luxe  pour  enfants  gâtés.  ’’  

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demain… qui arrive aujourd’hui. L’Etat n’a plus les moyens d’assurer les prestations qu’il prétend offrir. Dans la mondialisation, il n’a plus les mêmes pouvoirs qu’hier. L’économie a évolué, la société a changé, mais

l’Etat lui s’effondre.

Les Français

ont espéré que le

socialisme sauverait la bête. Mais ce dernier nous a précipités dan le ravin… Laissés seuls, nous sommes devenus hyper individualistes, ne comptant que sur nous-mêmes pour nous en sortir. Ruiné, l’Etat en reste aux obsessions comptables qu’il n’a jamais osé affronter. Nous avons ainsi créé une société administrative et désincarnée, avec un Etat tentaculaire, dans laquelle les derniers bataillons bureaucratiques protègent toujours plus ceux qui sont au cœur de cet appareil, et laissent de côté ceux qui ont pourtant le plus besoin d’aide. Dans cette société profondément inéquitable et terriblement froide, les individus manifestent de plus en plus le besoin de reprendre leur destin en main, de retrouver des repères et de développer des solidarités plus proches et plus « humaines ». C’est ainsi que j’interprète l’importance donnée à la famille, notamment chez les plus jeunes, ainsi qu’au regain suscité par l’institution du mariage. C’est aussi ainsi qu’il faut voir la croissance permanente du nombre d’associations dans notre pays. C’est enfin à travers ce prisme que je comprends à la fois l’attachement des Français à leur identité locale (leur village, leur région) mais aussi leur besoin d’une identité nationale forte et renouvelée.

‘‘Les  68ards  ont  repoussé  le  remboursement  de  la  facture  à  demain…  qui  arrive  aujourd’hui.  ’’    

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L’absence du sentiment de solidarité et de destin partagé suscite le besoin d’une « France forte », qui sache où elle va et avec qui, dans la réaffirmation de nos valeurs et de nos symboles. Si les drapeaux tricolores ont perpétué tant d’enthousiasme et d’émotion pendant la campagne présidentielle, c’est que nous en avions besoin. Cela nous a tout simplement fait du bien. Dans ces circonstances, l’erreur de la gauche est majeure. C’est celle du relativisme. Non seulement la gauche refuse de parler des « sujets qui fâchent » tels que celui de notre identité nationale, mais elle s’obstine dans son idéologie en niant tous les repères traditionnels dont notre société a besoin, notamment pour les milieux les plus populaires. En agissant ainsi, elle se coupe encore davantage de ce qui était, en un temps

désormais révolu, sa

« base » électorale : les plus modestes, les ouvriers, les

classes moyennes « inférieures ». Elle a perdu le contact avec leurs réalités et leurs besoins. Elle les a abandonnés. Je vois trois exemples qui illustrent la manière dont la gauche a abandonné les milieux populaires et a choisi la fuite en avant au nom d’un Progrès social dévoyé. La gauche n’est plus ouvrière ni populaire, elle est « caviar, bobo et cannabis ». Le droit de vote des étrangers, d’abord, remet en cause l’idée française de la citoyenneté et de la nationalité, comme si celles-ci n’avaient aucun rapport, comme si la citoyenneté se bradait, comme si l’appartenance à la Nation n’avait plus de sens. Pourquoi, en effet, devenir Français, s’il suffit d’habiter en France pour réclamer les mêmes droits qu’un citoyen français ou qu’un autre qui a fait l’effort de le devenir? Participer aux choix qui décident de notre destin commun n’est pas un dû. Cela ne doit

‘‘  L’erreur  de  la  gauche  est  celle  du  relativisme.  La  gauche  est  devenue  «  caviar,  bobo  et  cannabis  ».  ’’  

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jamais l’être. Accorder le droit de vote aux étrangers n’est pas une solution : cela brouille encore plus le sens d’être citoyen et d’être Français. Accorder ce droit de vote serait confondre générosité, valorisation de nos différences et dislocation de la société. Il est possible en France, de reconnaître nos origines (bretonnes, corses, picardes, mais aussi immigrées) sans nuire à notre identité partagée. Aux Etats-Unis, l’organisation en communautés est très forte et pourtant le sentiment national l’est aussi. Je ne rêve pas de ce modèle américain, qui ne nous correspond pas, mais il est la preuve que nous avons tort de ne parler que des minorités locales et d’oublier notre identité nationale. Le débat sur le mariage homosexuel, l’adoption et la Procréation Médicalement Assistée, le projet d’abandon des références au « père » et à la « mère » dans les livrets de familles, ou les polémiques sur le traitement des genres dans les manuels scolaires, constituent une autre source de confusion des repères. Comme si être une femme ou un homme n’avait plus d’importance ou n’était qu’une question de choix socialement déterminé. C’est renoncer à nos différences et nier nos identités ! C’est ajouter de la confusion morale à la confusion institutionnelle du débat sur le mariage et la famille. Bien sûr, les couples homosexuels sont aimants ; mais il n’existe pas, et il ne saurait exister, un droit à avoir un enfant. Le débat, enfin, sur la dépénalisation du cannabis ou sur l’ouverture des salles de consommation de drogues achève de brouiller toutes les cartes. En remettant en cause un interdit de notre société, quel message envoyons-nous aux plus jeunes et à la société dans son ensemble ? Où pose-t-on maintenant les limites de ce qui est

‘‘Ces  fantasmes,  ce  sont  ceux  de  bourgeois  qui  fument  leur  joint  à  la  

fin  d’un  dîner  mondain.  ’’  

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faisable ou infaisable, légal ou illégal, dans ce pays ? Comment explique-t-on aux enfants que la drogue est interdite, mais que consommer du cannabis (créateur de loques humaines) est toléré ? Comment leur dire que se piquer est un danger mortel alors que dans le même temps on prétend expliquer au JT de 20 heures que consommer des drogues dures, dont le trafic reste interdit, peut se faire dans certains espaces payés par nos impôts où l’on fournira un espace confortable pour se droguer en toute tranquillité ? Ces fantasmes, ce sont ceux de bourgeois qui fument leur joint à la fin d’un dîner mondain arrosé de grands crus, confortablement vautrés dans un canapé luxueux, au cœur d’un appartement lustré (par leurs employés) au centre des grandes villes. Ces délires ne sont pas ceux de la mère de famille qui, après un long trajet de transport en commun, rentre dans son HLM de sa journée de travail, croise son neveu collégien qui fait le « chouf » en bas de l’immeuble, et retrouve son étudiant de fils les yeux injectés de sang, vaseux dans le sofa face à la télévision, parce qu’il a séché les cours et fumé du shit comme d’autres fument du tabac ! Si ces trois sujets ne sont pas à mettre sur le même plan, ils sont de mon point de vue tout aussi problématiques pour la société que nous voulons construire, parce qu’ils brouillent et effacent les repères. Or je crois profondément que la période actuelle n’est pas à la fuite en avant relativiste, comme si tout se valait et que rien, au fond, n’avait de réelle importance. Nous avons besoin de valeurs solides, de repères solides, de frontières non pour diviser et séparer mais pour mieux les dépasser. C'est en étant sûrs de nos racines et solides sur nos fondamentaux que nous pourrons construire une France qui a à nouveau confiance en l’avenir : ce n’est qu’en sachant qui elle est, qu’elle saura où elle va.

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UNE FRANCE TOURNEE VERS L’AVENIR Finalement, notre génération qui a subi tant de fatalisme, de pessimisme et d’immobilisme, a besoin d’une droite qui assume sa volonté de réformer sans tabou et sans peur du changement, tout en sachant parler à un peuple en mal de repères, d’identité et de valeurs. Alexis de

Tocqueville disait : « le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les

ténèbres ». Ce n’est qu’avec une droite forte de ses valeurs et de ses convictions, qui ne tombe ni dans l’extrême ni dans la tiédeur, que nous serons en mesure de préparer l’avenir. Nous avons du travail ! Après le quinquennat de Nicolas Sarkozy qui a posé les bases de cette France forte, nous allons devoir faire face au sabotage d’une gauche idéologue et passéiste, qui n’a que faire des besoins profonds des Français. Dans ce contexte, nous devons retrouver le souffle de la rupture et la profondeur d’une France solide. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons reconquérir, territoire par territoire, année après année, notre pays. Cette France que nous devons bâtir doit être celle de l’espoir, de l’envie, de la jeunesse, de la confiance, de la liberté.

‘‘  Ce  n’est  qu’en  sachant  qui  elle  est  que  la  France  saura  où  elle  va.  ’’    

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La République que nous devons reconstruire doit être décomplexée, sereine, ouverte, fière. L’Etat que nous devons repenser doit être à nouveau utile, efficace, solidaire. Tels sont, je crois, les trois piliers de « notre droite » pour la France de demain.

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Partie 2.

VERITES POUR UNE FRANCE

ENTREPRENANTE, DECOMPLEXEE ET SOLIDAIRE

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BON SENS ET VERITES OSER. PARLER AVEC FRANCHISE. Porter un nouveau souffle. Dire nos vérités. Briser des tabous. Faire preuve de bon sens. La droite de 2012 doit continuer de porter un message de vérité et d’ambition, sans craindre d’être caricaturée ou huée par certaines « corporations » ou certaines « castes », simplement parce que toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre. La France est devenue trop rigide. Elle décourage le travail, la croissance de l’emploi et la création de richesses. Elle ne laisse pas sa place aux entrepreneurs, à l’innovation, à la créativité. Elle accuse les patrons. Elle suspecte tous ceux qui ont envie de réussir. Elle n’est plus suffisamment compétitive, ni attractive. La République, cet idéal de vivre-ensemble, n’est plus méritocratique. Elle ne permet pas l’ascension sociale. Elle dévalorise le mérite et rêve parfois de le plafonner. Elle semble avoir oublié que c’est en permettant à chacun d’avoir sa chance, librement, par son travail et par ses efforts, que s’améliorera le vivre-ensemble. Ses règles sont parfois remises en cause ou incomprises. Son identité est malmenée. Elle ne s’applique pas de la même façon sur tous les territoires. L’Etat a tellement grossi qu’il est devenu un monstre impotent. Dans le même temps, tout le monde se tourne vers lui pour récupérer une part du pactole, comme si l’argent tombait du ciel Or la réalité, c’est qu’il n’a

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plus d’argent et qu’il asphyxie les solidarités individuelles. Il veut tout faire à la place de tout le monde. Pire, il crée des inégalités. Il y a d’un

côté ceux qui sont ses privilégiés : les fonctionnaires, les professions sous statut et tous ceux qui ont assez d’influence pour obtenir une loi qui les protège ou une subvention qui les place sous perfusion ; et de l’autre, il y a ceux qui

sont dans la sphère privée, celle où l’emploi n’est ni protégé ni garanti, où les grèves sont moins fréquentes, où les conditions de travail sont souvent difficiles. Enfin, l’Etat oppresse. Il crée des impôts, toujours plus d’impôts, sans qu’on sache vraiment à quoi ils servent, pour se financer sur le dos de ceux qui travaillent et qui aimeraient bien profiter davantage du fruit de leurs efforts. De nombreuses réformes du quinquennat précédent ont permis de faire sauter des verrous, de briser des tabous, d’entamer des révolutions structurelles, en plein cœur d’une crise internationale, économique, budgétaire, qu’il a fallu gérer. Il faut continuer sur ce chemin. Il faut le faire d’autant plus face à une gauche qui rivalise d’imagination pour renforcer tout ce qui va mal dans ce pays : les contraintes qui pèsent sur les entreprises, sur le marché du travail et sur l’innovation ; le malaise républicain, l’échec de

‘‘Il  y  a  d’un  côté  ceux  qui  sont  privilégiés  :  les  fonctionnaires,  les  professions  sous  statut  et  tous  ceux  qui  ont  assez  d’influence  pour  obtenir  une  loi  qui  les  protège  ou  une  subvention  qui  les  place  sous  perfusion…’’  

…  et  de  l’autre,  il  y  a  ceux  qui  sont  dans  la  sphère  privée,  où  l’emploi  n’est  pas  protégé  ni  garanti,  où  les  grèves  sont  moins  fréquentes.  ’’  

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l’Ecole et la perte des repères ; l’augmentation de la dépense publique et le matraquage fiscal. A croire qu’elle se lève, chaque matin, en se demandant quelle rigidité, quel impôt ou quelle taxe elle pourrait bien inventer pour financer les dépenses folles de la veille. Il est urgent de décoincer ce système qui étouffe et ses élites bien-pensantes qui, jusqu’à présent, n’ont pas été d’une grande aide pour révéler à l’opinion l’ampleur de la catastrophe. Provoquons un choc de l’opinion. Celle-ci est tout à fait prête : les récents sondages et études témoignent bien, par exemple, que les Français ont conscience de la nécessité de réformer en profondeur ou de diminuer la dette et les dépenses publiques. Cependant, il faut persévérer dans l’explication des solutions. Nicolas Sarkozy a voulu contourner les corps intermédiaires (syndicats, lobbys administratifs, corporations professionnelles,…) pour toucher directement les Français, choquant par ce procédé l’ensemble du microcosme. Le recours au référendum annoncé lors de la campagne de 2012 était une des solutions pour éviter ceux qui empêchent les réformes et imposent la passivité. Il a eu bien raison : dans une démocratie, les corps intermédiaires devraient relayer les inquiétudes, rechercher l’intérêt général. Dans notre société, ils sont autant d’organisations cherchant à récupérer une part du gâteau fiscal. Ce sont ces groupes qui, dans chacune de leurs branches, freinent des quatre fers pour empêcher la moindre réforme de voir le jour et pour protéger leurs propres privilèges. Continuons donc de briser ces idées-reçues, passons au-delà de ces esprits de corps, et expliquons un certain nombre de vérités, pas si difficiles à comprendre. D’un mot, essayons le bon sens !

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Pour cela, voici un certain nombre de vérités, certainement pas exhaustives, mais relevant du bon sens et qui sont les points de départ incontournables d’un « déverrouillage » de notre société. UNE FRANCE ENTREPRENANTE ! NOUS AVONS BESOIN DE RENOUER AVEC UNE FRANCE terre d’espérance et de confiance. Une France jeune, entreprenante, créative, innovante. Une France où le travail soit encouragé, comme moteur de l’épanouissement et de la réussite pour chacun. Pour cela, il faut mettre fin à un certain nombre de clichés et… changer de mentalité. Le monde a changé. L’économie française ne peut plus raisonner avec des clichés socialistes qui datent d’un autre temps : un temps où il y avait

la planification à la soviétique, où il n’y avait pas Internet, où il n’y avait pas de libre circulation, où la France pouvait

tout simplement fonctionner en circuit fermé, sans rien demander à personne. Ce temps est révolu, pour le plus grand bien des consommateurs, des salariés, des citoyens ! Nous sommes entrés dans l’ère de l’innovation, de la technologie, du choix. Ce monde-là ne peut pas être perçu en permanence comme un danger : au contraire ! Il doit être source de nouvelles croissances, de nouvelles idées, de nouvelles expériences. Chaque Français doit y trouver sa place : par le travail. Dans ce monde-là, ne raisonnons plus en bons marxistes : les entrepreneurs sont nos amis, ils créent l’emploi ; le capital est un bien, il

‘‘  Le  monde  a  changé.  L’économie  française  ne  peut  plus  raisonner  avec  des  clichés  socialistes  qui  datent  d’un  autre  temps.  ’’  

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permet l’investissement ; la compétition est positive, elle permet la baisse des prix et l’innovation. Raisonnons de manière dynamique, et cassons les clichés !

IL EST UTILE DE RAPPELER QUE LES « GRANDS PATRONS », avec leurs « grosses entreprises capitalistes », ne représentent qu’une extrême minorité de notre structure économique et entrepreneuriale. Moteur de la croissance, ce sont les PME qui représentent 99,8% (!) des entreprises de notre pays. Elles créent plus 55% de la valeur ajoutée totale. Plus de 9 millions de personnes travaillent dans plus de 2 millions de PME. Les chefs d’entreprise de ces PME se vivent d’ailleurs davantage comme des « entrepreneurs » que comme des « patrons ». Par conséquent, faut-il aussi le rappeler, c’est tout ce tissu entrepreneurial et ce sont tous ces chefs d’entreprises, allant du CAC 40 à la plus petite entreprise artisanale, qui créent le travail, la richesse, la valeur ajoutée, l’investissement, la compétitivité et le pouvoir d’achat. Dans une économie qui marche, les entrepreneurs créent, innovent. Souvent, ils échouent. Quand ils réussissent, ils peuvent faire fortune ; et ils créent des emplois, ils baissent les prix, ils répondent à de nouveaux besoins. Imagine-t-on seulement le nombre d’emplois qu’a créé un Steve Jobs en créant l’iPhone ? Ceux chez Apple, mais aussi ceux chez tous ceux qui créent des produits autour ?

VERITE  1.  LE  TRAVAIL  CREE  LE  TRAVAIL  ET…  LES  PATRONS  SONT  NOS  AMIS  !  

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Nous avons besoin de tous ces entrepreneurs, de tous ces chefs d’entreprise.

La priorité numéro 1 d’un Gouvernement devrait être de les renforcer, des les attirer, des leur donner tous les moyens de se développer et d’être les meilleurs. C’est vital pour notre économie. Les solutions pour améliorer leur cadre de travail et leur donner toutes les chances de réussite et de compétitivité sont connues… Elles jouent principalement sur 3 leviers : le coût du travail, trop élevé et contre-productif ; le temps de travail, trop restreint et contraignant ; le code du travail, trop complexe et décourageant. Il est donc urgent, comme chacun le sait !, d’alléger le coût du travail – par exemple par un transfert des charges sur la TVA – afin de favoriser l’emploi et la compétitivité. Dans un même registre créateur de flexibilité, l’augmentation du temps de travail est un impératif d’autant plus important que la gauche a maintenant « re-fiscalisé » le seul outil qui donnait un peu d’air aux entreprises et aux salariés: les heures supplémentaires. Les entrepreneurs, chefs d’entreprise, ont du expliquer pourquoi, en l’espace de quelques semaines, les salariés avaient perdu en salaire net, sans que les entreprises ne changent évidemment rien à la feuille de paie. C’est le cas d’un jeune créateur d’entreprise qui a embauché plusieurs salariés dans sa start-up après avoir travaillé dur pendant deux ans pour monter sa boite. Il a du expliquer à ses salariés, début octobre 2012, pourquoi ils avaient perdu près de 100 euros sur leurs feuilles de paie de septembre.

‘‘  Les  PME  représentent  99,8%  (!)  des  entreprises  de  notre  pays.  ’’  

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Revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires était donc une erreur économique, sociale et morale. Maintenant qu’elle est commise, nous devons proposer la seule solution radicale encore valable : allonger la durée du travail. C’est un mensonge de dire qu’on peut gagner plus en travaillant moins. Pour produire, il faut travailler. Le raisonnement est simple, mais il est vrai. Le problème en France, c’est qu’on veut toujours appliquer une solution uniforme à toutes les situations. C’est absurde. En matière de temps de travail, il faudrait permettre à chaque branche, ou chaque entreprise même, de le définir. Cet allongement du temps de travail pourrait également se faire, à la demande des entrepreneurs notamment, sur une base annuelle, afin d’ajouter davantage de flexibilité pour les entreprises qui pourraient adapter leur temps de travail en fonction de leurs cycles et de leurs modèles économiques. Si une entreprise veut travailler 20 heures payées 50, et qu’elle reste viable ainsi, qu’elle le fasse ! Mais si dans une autre il faut travailler 40 heures par semaines, qu’elle soit libre de le faire. Pour limiter les abus, ou donner une base à ceux qui ne parviendraient pas à un accord, un temps de travail légal de référence pourrait être conservé. Il pourrait passer à 39h ou 40h hebdomadaire.

Enfin,

l’assouplissement du Code du Travail est devenu le

serpent de mer des dernières décennies… Il existe en France 38 formes de contrat de travail différentes, 27 régimes dérogatoires et le Gouvernement va encore créer de nouveaux dispositifs… Les chefs d’entreprises n’y comprennent plus rien, et préfèrent ne pas embaucher – comble ! – plutôt que de se prendre au piège de ces rigidités extrêmement coûteuses en temps, en frais juridiques et budgétaires.

‘‘  Assouplir  les  conditions  de  licenciement  permettrait  la  création  de  près  de  2  millions  d’emplois  supplémentaires.  ’’    

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Le résultat est affligeant. Comme le souligne l’Ifrap2, « d’après les résultats obtenus au Danemark qui a procédé à la suppression des obstacles au licenciement en 1993, ce seraient environ 12 % de salariés que les entreprises embaucheraient en plus si les entraves à la possibilité de licencier étaient assouplies, soit 2 millions d’emplois supplémentaires en France ». Peut-on sérieusement, aujourd’hui en France, avec un chômage qui dépasse les 3 millions de personnes, se permettre de tenir cette réserve d’emplois au chaud, non pourvue ? Ces trois axes de réforme (coût du travail, temps de travail, code du travail) sont impératifs. Ils sont récurrents dans tous les rapports, gauche et droite confondues – dans celui de Monsieur Gallois, par exemple. Et pourtant, ces sujets n’avancent pas. Il est temps d’y remédier !

NOUS VIVONS DANS UN SOCIETE-FORTERESSE de privilèges. Il y a d’un côté ceux qui sont protégés par le système (CDI, fonctionnaires, professions sous statut,…), autrement dit les « insiders », et les autres (CDD, intérim, chômeurs, personnes en grande précarité,…), les « outsiders ». Cette société dominée par un Etat omniprésent et devenu impotent, a donc recréé des privilégiés, les aristocrates de notre République. Bien sur, ces « outsiders » sont le plus souvent les jeunes, les seniors ou les femmes.

                                                                                                               2. Fondation Ifrap, Propositions pour 2012, oct. 2011

VERITE  2.  LE  CDI,  SOURCE  DE  PRECARITE  ?  

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Qu’on comprenne bien : en France, 87% des salariés sont en CDI. C’est d’ailleurs ce contrat qui concentre le maximum de droits et garantis. Par contre, la majorité des embauches se fait en CDD. Pourquoi ? Parce qu’une fois en CDI, il est coûteux de licencier, de s’adapter, de flexibiliser son entreprise aux contraintes internes et externes. Ainsi, comme ce contrat implique un certain nombre de rigidités pour les entreprises, celles-ci ont recours à une souplesse … à la marge : CDD,

intérim, etc. Conclusion, il existe en effet un certain nombre de précaires dû

aux rigidités du CDI et, plus largement, du Code du travail. Cette précarité n’est donc pas tant le fait du marché que la faute de l’Etat qui le bloque ! Dans ce contexte, il est urgent de briser toutes les barrières à l’entrée de cette forteresse qu’est le marché du travail. Le premier, le plus évident, qui entre d’ailleurs dans la logique d’allègement de notre Code du Travail, consiste à supprimer la dualité CDI et CDD et à mettre en place un contrat de travail unique, dont les droits du salarié augmenteraient avec le temps. Le droit à la formation, par exemple, deviendrait central. Par ailleurs, une autre manière de permettre à chacun d’entrer plus facilement sur le marché du travail serait d’agir sur le SMIC. La phrase suivante heurtera certainement beaucoup de sensibilités, mais elle ne fait que révéler une vérité économique : dans certaines branches, le SMIC coûte trop cher aux entreprises qui préfèrent, par conséquent, ne pas embaucher.

‘‘  Supprimer  la  dualité  CDI  et  CDD  et  mettre  en  place  un  contrat  de  travail  unique  ’’  

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Ainsi, une augmentation du SMIC de 1% détruit entre 15 000 et 25 000 emplois. Le choix existe : rémunérer mieux et moins de salariés (les autres restants au chômage), ou offrir plus d’emplois malgré une plus grande disparité des salaires. En outre, le SMIC actuel empêche d’augmenter les salaires des employés qui se situent juste au-dessus du SMIC. Il serait donc utile de rendre plus de liberté aux différentes branches et entreprises en leur permettant de négocier un SMIC qui correspondrait à leurs besoins, dans le cadre bien sûr d’une limite légale, afin de favoriser la croissance de l’emploi et l’augmentation des salaires. Enfin, le public le plus touché par la rigidité du travail est la jeunesse. Les jeunes les moins diplômés ou pas diplômés sont aujourd’hui les plus en difficultés. Afin d’inciter les entreprises à les embaucher, il serait intéressant de supprimer toutes les charges qui pèsent sur le SMIC d’un jeune peu ou pas diplômé entre 16 ans et 25 ans afin de favoriser leur emploi, sans rien changer au salaire net final (comme le dispositif zéro charge pour les TPE).

La vieille querelle capital/travail est malheureusement revenue de plus belle dans nos débats.

VERITE    3.  LA  REPARTITION  CAPITAL  /  TRAVAIL  EST…  STABLE  ET,  SANS  LE  CAPITAL,  LE  TRAVAIL  N’EXISTE  PAS  !  

‘‘  Une  hausse  du  SMIC  de  1%  détruit  entre  15  000  et  25  000  emplois.  Créons  plutôt  un  SMIC  par  branche  et  un  SMIC  

zéro  charge  pour  les  jeunes.  ’’  

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Caractéristique de notre pays socialisant sur le plan économique, nous ne savons pas raisonner de manière dynamique et regarder les vrais enjeux de la répartition entre revenus du travail et revenus du capital. D’abord, il se trouve que contrairement à tous les « on-dits », la répartition entre capital et travail en France ne s’est pas

« aggravée » en faveur du capital. Elle est restée à peu près stable depuis une trentaine d’année, autour d’une répartition 2/3 pour le capital, 1/3 pour le travail3.

Ensuite, autre erreur régulièrement faite : le capital mérite d’être rémunéré et non surtaxé en permanence parce que d’une part, il n’est pas synonyme de « rente » et d’autre part, il est plus risqué que le travail. Or la prise de risque, nécessaire à l’investissement, doit être encouragée, et non sanctionnée dans notre économie ! Quand un investisseur ou un entrepreneur investit de l’argent dans une jeune entreprise, il prend le risque de le perdre, parce qu’il fait le pari qu’elle se développera. C’est indispensable pour la vitalité de l’économie ! Par conséquent, le capital n’est pas le « grand méchant loup » de notre économie : il est, avec le travail, un moteur irréductible de la croissance et, in fine, de la création d’emplois et de richesses pour notre pays. En un mot : sans capital, le travail n’existe pas !                                                                                                                3 Rapport de Jean-Philippe Cotis pour l’INSEE, « Partage de la valeur ajoutée,

partage des profits et écarts de rémunérations en France », 2009

‘‘  le  capital,  qui  n’est  pas  synonyme  de  «  rente  »,  mérite  d’être  rémunéré  et  non  surtaxé  parce  qu’il  est  plus  risqué  que  le  travail.  ’’  

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NOUS SOMMES A L’AUBE d’une nouvelle Renaissance. Jamais le monde n’a bougé aussi vite qu’en ce début de XXIème siècle. Jamais les hommes n’ont vécu aussi longtemps et n’ont eu de telles opportunités d’échanger, de s’informer, de se déplacer. Les révolutions de l’informatique, puis d’Internet et, au-delà, de la circulation de l’information, bouleversent notre environnement, notre façon de vivre et de travailler. Les conséquences sont simples : dans cette société nouvelle, la structure de notre économie change à toute vitesse. L’entrepreneuriat et l’innovation sont au cœur de cette révolution. S’il existe un réel dynamisme de l’entrepreneuriat en France grâce à un capital humain bien formé, innovant et créatif, il y a surtout un potentiel entrepreneurial incroyablement sous exploité ! Selon une récente étude d’Ernst & Young4, la France se situe au 19ème rang des pays du G20 en termes de culture entrepreneuriale. L’Inde et la Chine connaissent, évidemment, un souffle entrepreneurial qui ne cesse d’être plus fort et puissant. Les Etats-Unis conservent leur réputation de terre d’innovation et de « self-made men », source majeure de compétitivité pour leur économie. La France est en déficit de cette culture. Pire, elle développe dès l’école une mentalité dans laquelle on a peur de l’échec, on a peur de se tromper, on a peur d’être différent du moule imposé. Il est donc nécessaire pour notre pays de trouver un nouveau

                                                                                                               4 Ernst & Young, Baromètre de l’entrepreneuriat, 2011  

VERITE  4.  MIEUX  VAUT  FAIRE  DE  NOS  JEUNES  DES  ENTREPRENEURS  QUE  DES  FONCTIONNAIRES  

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souffle en plaçant au cœur de son éducation ce « big bang » des mentalités. En effet, les jeunes de notre pays ne demandent qu’à créer leurs entreprises – notamment ceux qui viennent des quartiers populaires et qui ont bien compris que le marché du travail traditionnel leur était trop fermé. Si le système éducatif et de formation à la française possède des atouts d’intelligence incontestables, ils sont sous exploités en raison des rigidités qui pèsent sur lui. La culture entrepreneuriale, de l’innovation et de la prise de risque, doit être transmise dès le plus jeune âge… à l’école. Michel Serres l’expliquait très clairement5: les élèves ne sont sociologiquement plus les mêmes que sous l’école de la IIIème République. Majoritairement urbains, ils n’ont jamais connu la guerre, ils ont une espérance de vie de quatre-vingts ans au moins et, « alors que leurs prédécesseurs se réunissaient dans des classes ou des amphis homogènes culturellement, ils étudient au sein d’un collectif où se côtoient désormais plusieurs religions, langues, provenances et mœurs. Pour eux et leurs enseignants, le multiculturalisme est de règle ». Ils vivent dans le virtuel d’un monde dont les medias, les réseaux sociaux et Internet font figure d’enseignants. La pédagogie, dans ce cadre, doit donc changer radicalement. Cette pédagogie doit avoir deux piliers : l’apprentissage rigoureux et solide des savoirs et compétences fondamentaux (lire, écrire,                                                                                                                5 Michel Serres, « Eduquer au XXIème siècle », in Le Monde, 5 mars 2011

‘‘  La  France  développe  dès  l’école  une  mentalité  dans  laquelle  on  a  peur  de  

l’échec.  ’’  

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compter) d’une part ; « apprendre à apprendre » et « apprendre à innover » d’autre part, pour permettre aux élèves d’appréhender au mieux une vie pendant laquelle ils travailleront nécessairement plus longtemps, et devront s’adapter en permanence à l’évolution de la société. Le monde a changé : les carrières linéaires dans une seule entreprise n’existent plus. Pour réussir, il faut maîtriser les fondamentaux et savoir s’adapter aux évolutions. Concrètement, cela signifie qu’outre les matières fondamentales, il faut développer chez les plus jeunes l’esprit d’initiative. Cela commence dès l’école primaire, avec la participation à des concours en tous genres, ou l’élaboration d’un projet d’établissement, comme l’élaboration d’un Club de lecture pour une Maison de retraite, cela peut aussi être un projet communal, comme un plan de piste cyclable,…. Au collège et au lycée, chaque équipe pédagogique devrait avoir la capacité d’organiser des cours pluridisciplinaires, dans lesquels seraient mélangés la science avec la philosophie, les mathématiques avec la physique,… selon les souhaits des enseignants et leur volonté de développer un projet particulier. Par exemple, dans un bassin régional dominé par le secteur aéronautique, cela peut-être un projet autour de la construction d’une fusée miniature. Dans un secteur de montagne, cela peut-être un projet culturel et sportif, lié au tourisme. Dans un secteur désindustrialisé, ancien bassin minier, cela peut-être un projet novateur, tourné vers les nouvelles technologies, ou vers la recherche. Les professionnels et entreprises locales pourraient y être associées, pour donner un caractère concret qui complèterait l’apprentissage théorique.

‘‘  Outre  les  connaissances  fondamentales,  il  faut  développer  

l’esprit  d’initiative  et  rapprocher  les  entrepreneurs  de  l’école.  ’’  

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Au-delà de cette approche multidisciplinaire, il est d’ailleurs nécessaire de rapprocher les entrepreneurs des élèves. Des cours d’entrepreneuriat peuvent être mis en place dès la 4ème, comme la comptabilité, l’initiation au business plan (avec des projets concrets !) et des rencontres avec des entrepreneurs qui viendraient témoigner de leurs parcours, sur le modèle de ce que fait l’association « 100 000 entrepreneurs ». Les collèges et les lycées pourraient développer un pôle « stage et entreprises » afin d’organiser des forums réguliers. Des « classes métiers-études » pourraient être mises en place dès la 4ème sur le modèle des sports études, afin de permettre à des élèves de découvrir des métiers de leur choix dès cet âge. Dans le même temps, l’apprentissage doit retrouver toute sa place dans notre société. De même, dans les formations supérieures, les entrepreneurs manifestent le désir de multiplier les actions de mentorat, de coaching et d’échanges, par des séminaires mais aussi dans le cadre des incubateurs, afin d’apporter un soutien opérationnel et un véritable accompagnement aux plus jeunes d’entre eux. Beaucoup d’autres moyens sont à inventer afin de redonner à notre système d’éducation et de formation le souffle nécessaire à l’épanouissement individuel, à la prise de risque et à l’innovation. Mais c’est seulement en faisant la promotion de cette culture nouvelle, révolutionnaire pour nos mentalités, que nous créerons le « big bang » nécessaire à faire de la France un pays à la hauteur de son Histoire : le pays de la Renaissance.

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LA PHOTO D’ARNAUD MONTEBOURG, ministre du redressement productif, en marinière m’a interpellée pour deux raisons. Je me suis d’abord étonnée du ridicule d’une telle démarche : si un ministre de droite avait fait la même chose, il aurait eu droit à une bronca l’accusant de populisme, voire de pétainisme, et n’aurait certainement pas pu continuer d’exercer ses fonctions. Monsieur

Montebourg est un habitué des coups médiatiques, dans son ministère sans administration pour mettre en œuvre sa politique, c’est une manière d’exister. Mais ce n’est pas tout…

Sur le fond, j’ai trouvé que la revendication du « made in France » allait cette fois trop loin. La communication politique ne doit pas être faite aux dépens du raisonnable. Proclamer le « made in France » a un sens : celui de renforcer la compétitivité de notre pays et d’encourager en particulier les secteurs qui font notre valeur ajoutée. Ce n’est certainement pas faire croire aux consommateurs qu’il est possible de faire du « made in France » au même prix qu’ailleurs et sur tous les produits. Plutôt que de penser « franco-français », solution qui ne ferait que diminuer le pouvoir d’achat du consommateur, il faut penser compétitivité, attractivité, rayonnement, valeur ajoutée. La France peut être fière de ses atouts : qu’elle commence par les renforcer et les encourager plutôt que d’essayer de contraindre le consommateur à payer plus cher n’importe quel produit, juste parce qu’il aura été fait en France !

VERITE  5.  LE  «  MADE  IN  FRANCE  »  :  LA  MARINIÈRE  DE  TROP  ?  

‘‘  Le  «  made  in  France  »,  ce  n’est  pas  mentir  aux  consommateurs  et  penser  «  franco-­‐français  »,  c’est    penser  compétitivité,  attractivité  &  rayonnement.  ’’  

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Récemment, Monsieur Montebourg a proposé de mettre en place des rayons de produits « made in France » dans les supermarchés. Tout cela n’est que marketing, mais pourquoi pas ? Je voudrais juste rappeler cette anecdote historique : en 1887, les parlementaires britanniques ont voulu que leurs concitoyens puissent identifier les produis nationaux pour les acheter. Pour cela, ils ont obligé les produits allemands à porter une mention « made in germany ». Résultat ? Les ventes de produits allemands ont explosé, les consommateurs britanniques les identifiant à la qualité. Quelles leçons en tirer ? D’abord, que le patriotisme du consommateur a ses limites … son portefeuille compte davantage ! Ensuite, que le consommateur recherche le meilleur rapport qualité prix. S’il pense que le prix du produit fabriqué en France est justifié par sa qualité et qu’il en a les moyens, il le préférera au produit étranger de moindre qualité et de moindre prix.

Le « made in France » doit correspondre à une véritable stratégie de politique économique, que je

déclinerais en deux volets : le premier serait, tout simplement, de renforcer la compétitivité « prix » de nos entreprises, grâce aux mesures citées et développées ci-dessus (augmentation du temps de travail, baisse du coût du travail, allègement des contraintes juridiques et administratives, flexibilité du marché du travail). Cela attirerait davantage d’investisseurs en France et cela permettrait aux entreprises françaises de se maintenir en France et de s’y développer. Le second volet vise à développer la compétitivité de long terme. Le monde a changé. Dans les échanges internationaux, certains pays fabriquent des produits bien moins chers que nous ne savons ou pouvons le faire. Cela ne veut pas dire que nous devons renoncer à toute vision

‘‘Au  lieu  de  produire  un  vêtement  cheap,  nous  devons  en  faire  un  produit  de  grande  qualité.’’  

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industrielle. Il faut que nous fassions mieux. Au lieu de produire un vêtement cheap, nous devons en faire un produit de grande qualité. L’entreprise Lejaby a été reprise sur ce modèle. Au lieu de faire des matériaux de construction sans originalité, nous devons en proposer qui soient plus innovants, plus respectueux de l’environnement, plus favorables aux économies, etc. L’innovation, la recherche et développement, doivent être sans cesse encouragées : nous avons fait des « pôles de compétitivité », il faut renforcer leurs performances et tourner toujours plus les universités vers la création. La recherche privée doit par exemple être incitée en simplifiant les dispositifs d’allégement des charges qui, en pratique, favorisent les entreprises de services aux dépens des entreprises industrielles. Nous devons investir, en permettant de nouvelles formations, les secteurs de l’écologie, du numérique, de la haute technologie. Nous ne devons pas valoriser que les parcours purement intellectuels ; avoir des milliers d’étudiants en philosophie, c’est super ; mais avoir des artisans d’excellence, des chercheurs à la pointe, c’est mieux pour accroître la production. Pas la peine pour réaliser cela de revenir au gosplan : il faut laisser se développer les initiatives et faciliter les synergies. En outre, il faut continuer de valoriser certains secteurs dans lesquels la France est particulièrement forte : l’industrie du tourisme, le luxe, les métiers de main d’œuvre d’excellence, les arts culinaires, la créativité, l’agroalimentaire, les services, l’artisanat,… Or, même dans ces secteurs, les entreprises connaissent trop d’entraves et ne sont pas aussi performantes qu’elles pourraient l’être, en raison de la complexité des normes ou du manque de formation des salariés (pas assez nombreux ou pas assez qualifiés, comme dans le tourisme, ce qui est un comble pour notre pays) !

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La France possède de formidables atouts. Pourtant, elle se met toute seule des bâtons dans les roues et ne sait pas suffisamment les valoriser., Nous sommes à la fois très forts pour les métiers à forte valeur ajoutée technologique et en même temps très réputés pour la qualité qu’on trouve « au coin de la rue », de la boulangerie jusqu’à l’artisan-créateur en passant par l’industrie de luxe. La montée en gamme dans ces secteurs devrait nous permettre d’enrichir notre pays, tout en élargissant une clientèle toujours très friande de ce qui est fabriqué dans l’hexagone. Ce « made in France », qui fait notre fierté et notre renommée, ne correspond en rien à l’idée de « consommer français partout et pour tout ». Chacun ses spécialités, chacun sa qualité, chacun ses prix : laissons libre le consommateur de choisir ! UNE REPUBLIQUE DECOMPLEXEE DEUX QUESTIONS SE POSENT aujourd’hui à notre modèle républicain : celle de la méritocratie qui n’existe plus et celle du vivre-ensemble qui, visiblement, est traversé aujourd’hui d’une certaine angoisse. Ces problèmes ne vont pas l’un sans l’autre. La question identitaire (le mot ne me fait pas peur, j’y reviendrai) serait toute aussi fondamentale mais plus marginale si l’ascenseur social fonctionnait et si chacun avait le sentiment de trouver sa place dans une société qui avance. Or, notre société est en panne : les Français ont peur du déclassement et, en même temps, peur des autres. Quand on ne sait plus qui on est, on ne peut pas savoir où l’on va. Quand on ne sait plus sur quoi on repose, toute ouverture est un risque de fragilisation nouvelle.

‘‘  Quand  on  ne  sait  plus  qui  on  est,  on  ne  peut  pas  savoir  où  l’on  va.  ’’  

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La République est effectivement affaiblie : rares sont ceux qui croient encore que l’égalité des chances est une réalité. Rares sont ceux qui ne voient pas que l’Ecole n’offre pas les possibilités de réussite qu’elle promet, même à ceux qui travaillent dur. Rares sont ceux qui ignorent que le marché du travail est jonché de cadavres d’entrepreneurs découragés, de travailleurs empêchés … Rares sont aussi ceux qui ne se posent pas cette question : veut-on encore, tous, aujourd’hui en France, partager le même destin, avec les mêmes valeurs et la même détermination ? C’est un fait, la France a changé. C’est un fait aussi, sa pluralité nouvelle a grandi dans le non-dit et l’implicite, pour exploser soudain, se révélant dans des crises identitaires. Oui, une partie des Français aujourd’hui s’interrogent sur la cohésion de notre société. Bien sûr, certains n’aiment pas l’altérité. Mais beaucoup se demandent légitimement et calmement si les images des minorités que la télévision leur renvoie ne sont pas la preuve que l’unité de la société française est en jeu. Beaucoup se disent que dès lors que nous sommes obligés de nous interroger sur ce qui fait notre communauté, c’est que celle-ci a disparu. C’est un constat. Il appartient aux responsables politiques et plus encore à la génération à laquelle j’appartiens d’imaginer comment cet avenir collectif est possible. Beaucoup de Français ont aujourd’hui le sentiment que cette vision d’un avenir collectif n’existe pas, ou existe trop peu. Ils le voient grignoter de plusieurs parts : par la construction européenne d’abord, qui par sa réalisation difficile interroge l’efficacité des Etats tout en proposant un projet supranational trop faible pour constituer une alternative crédible ; par l’émergence des régionalismes ensuite, avec ses mouvements très marketing et faussement traditionnels qui conjuguent société de consommation ultra-mondialisée et mode des « retours aux racines locales » ; enfin par la reconnaissance des minorités nouvelles et un mouvement vers les « communautés ».

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La société française est engagée, comme d’autres, dans ce double mouvement. D’un côté, elle constate qu’elle change. De l’autre, elle permet l’essor des communautés, parce que l’Etat qui organisait les solidarités auparavant a échoué. C’est vrai des populations immigrées par exemple, mais pas seulement. Tout cela suscite des angoisses. En particulier l’immigration. On peut rappeler que des populations immigrées se sont intégrées avant celles venues d’Afrique à la seconde moitié du XXème siècle ; on peut souligner que cela ne s’est pas toujours très bien passé. Je crois qu’il ne faut cependant pas écarter d’un revers de la main l’impression générale que l’immigration récente est particulière parce qu’elle concerne une population pratiquant une autre religion que le christianisme et parce que la situation économique depuis 40 ans est

désastreuse. On peut juger que ces sentiments ne

sont pas fondés et produire une abondance de thèses historiques montrant que la France a déjà connu ces situations ou d’études économiques soulignant que l’immigration est un atout … Si la démocratie et la vie politique étaient d’une simplicité scientifique, cela serait parfait. Mais ce qui est historiquement vrai ne l’est pas toujours politiquement. C’est donc au politique de travailler à reconstruire un sentiment d’avenir partagé et d’identité collective. Car je suis convaincue que la France ne peut exister dans le monde sans avoir un sens de ce qui la définit, de ce qui fonde sa communauté, de ce qui est son identité. La démocratie repose sur le peuple et en France, sur la Nation. Y appartenir, c’est s’engager dans un projet républicain collectif. Cela

‘‘  Réinventons  une  République  décomplexée.  ’’  

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implique nécessairement sentiment de destin partagé, un sentiment d’identité collective. Un rapide regard sur le monde nous montre qu’il est possible de reconnaitre la pluralité du corps social tout en organisant un fort patriotisme national : c’est le cas des Etats-Unis par exemple. Pour autant, l’exemple américain des « communautés », très fortes, qui organisent l’ensemble de la vie sociale, ne correspond pas à l’histoire française. Ce sont ces défis majeurs que doit maintenant affronter une République décomplexée. Il faut donc réinventer notre République française. Cette République décomplexée passe par plusieurs voies : d’abord, renouer avec l’Ecole du mérite et avec la confiance, pour que chacun trouve sa place dans la société ; ensuite, redonner du sens à être et devenir Français, mais aussi revoir la politique d’immigration pour mieux favoriser l’intégration ; enfin, réaffirmer haut et fort les principes d’une République forte pour que l’islam, source de malaise pour des Français inquiets de leur identité (à raison ou à tort), ne soit plus en mesure de représenter un quelconque danger et que naisse un « islam français ».

L’ECOLE DE LA REPUBLIQUE EST EN SITUATION D’ECHEC. Cependant, disons le franchement et un bonne fois pour toutes : si elle échoue, ce n’est pas par manque de moyens ! Notre budget consacré à l’Education nationale est largement dans la moyenne des pays développés. C’est le premier de l’Etat. Il est en

VERITE  6.  ECOLE  :  PAS  BESOIN  DE  MOYENS  EN  +  MAIS  DE  PROFS  EVALUES  A  LA  PERFORMANCE  !  

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constante augmentation, depuis des décennies. En 1980, la « dépense intérieure d’éducation », c'est-à-dire l’ensemble des dépenses publiques et privées, représentait 6,4% du PIB ; aujourd’hui, elle est à 6,9%, au dessus de la moyenne de l’OCDE et surtout au dessus des pays qui réussissent le mieux dans les classements internationaux comme. Dans les comparaisons internationales, la France est loin de démériter. Simplement, ces moyens sont mal gérés ! Comment expliquer qu’il y ait un tel manque d’enseignants devant les élèves, alors qu’en moyenne,

nous avons un ratio

enseignants/élèves dans la moyenne de l’OCDE6 ? En effet, il existe plus de 30 000 professeurs qui

sont aujourd’hui sans classe et sans activité pédagogique : 30 000 enseignants qui n’enseignent pas ! Et ce Gouvernement veut encore créer des postes ? Parler du nombre de postes d’enseignants, c’est toucher à un tabou en France. Pourtant, les faits sont là. Le nombre d’élèves par classe dans notre pays est globalement stable sur la dernière décennie et si le taux d’encadrement (nombre d’enseignants pour 100 élèves) est plus faible, c’est parce que la « composante administrative » est plus forte en France que dans les autres pays. On a beaucoup parlé des réductions de postes dans l’Education nationale. Rétablissons une vérité : leur nombre est passé de 1,17 millions en 2005

                                                                                                               6 La dépense par élève est : dans la moyenne de l’OCDE pour les étudiants ; supérieure à la moyenne pour le second degré ; un peu inférieure à la moyenne pour le premier degré (mais c’est aussi le cas de la Finlande qui a pourtant d’excellents résultats dans les classements internationaux).

‘‘  Quelle  ironie  :  sous  Nicolas  Sarkozy,  la  part  des  enseignants  dans  l’Education  nationale  a…  augmenté  !  ’’  

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à un peu plus d’un million en 2012. Cependant, l’essentiel de la réduction n’a pas porté sur les enseignants, mais sur les personnels administratifs et techniques, qui ont subi 72% de la diminution ! Ainsi, les enseignants représentaient 75% des postes en 2005 mais … 81,4% en 2012. Quelle ironie : grâce à Nicolas Sarkozy, la part des enseignants dans l’Education nationale a augmenté ! Pourtant, avec les moyens dont nous disposons, nous réussissons moins bien que la moyenne des pays de l’OCDE. Ainsi, 300 000 élèves quittent chaque année le CM2 avec de graves lacunes. Ils sont environ un sur cinq à ne pas maîtriser, à cet âge, les fondamentaux (lire, écrire, compter). Plus tard, ils sont 140 000 à quitter le système scolaire sans diplôme. Au moment de la journée d’appel (JAPD), un jeune sur dix se révèle incapable de lire. Les pays du Nord de l’Europe (par exemple) obtiennent de meilleurs résultats scolaires avec autant, voire moins, de moyens. Ayons donc l’honnêteté de dire qu’il y a des inefficacités et des gaspillages. Si la Nation consacre autant de moyens à l’Education, alors elle est en droit d’exiger des résultats ! Pour obtenir ces résultats, il est urgent de réhabiliter les notions d’émulation, de réussite, de performance. Le mot « efficacité » ne doit pas nous faire peur ! La réalité est malheureusement que ces mots, pourtant dynamiques et positifs, font partie d’un lexique inconnu de l’Education Nationale. Pire, un lexique imprononçable et grossier, un langage banni dont le terrible usage vous condamne à être traités d’affreux « libéraux » ou, pire, de honteux « capitalistes » adeptes de la « concurrence » (entendez : synonyme de l’Enfer), qui vous adonnez à une « dérive comptable » et à une « tentative inimaginable de destruction de l’Ecole de Jules Ferry, de l’Ecole des Lumières, de l’Ecole Publique ». Rien de moins.

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Bref, si vous avez simplement envie de parler de performance à l’Ecole, alors mieux vaut sortir protégés et vous apprêter à vous faire insulter de méprisables individus qui n’êtes même pas dignes d’oser réfléchir au moindre commencement de solution pour réformer notre intouchable Education nationale. En un mot, vous n’avez rien compris, alors circulez, il n’y a rien à voir. Il se trouve que, fort heureusement, de nombreux parents et même des enseignants (révolution !), ont bien compris que le système n’était pas performant. La preuve : le succès incontesté de l’Ecole privée et des cours particuliers. Autre preuve : la Suède (parmi d’autres), si vantée pour son modèle « social-démocrate » tout en modération … qui en œuvre des solutions fondées sur la liberté des parents, la concurrence et l’autonomie des établissements depuis des années ! Chaque année, des familles de toutes origines multiplient les demandes d’inscription, notamment dans l’enseignement catholique. Chaque année, l’enseignement privé est obligé de refuser des élèves, faute de places disponibles. Les parents recherchent la qualité de l’enseignement, la prise en charge individualisée des élèves, la dimension d’autorité et d’apprentissage des règles7. 56 % des Français souhaitent inscrire leurs enfants dans                                                                                                                7 « 50 ans après la loi Debré, quel regard les Français portent-ils sur la liberté d’enseignement ? », Institut CSA, Novembre 2009

‘‘La  réalité  est  que  le  mot  de  «  performance  »  fait  partie  d’un  

lexique  grossier  pour  l’Education  Nationale.    

 Si  vous  vous  risquez  à  le  prononcer,  c’est  que  vous  n’êtes  pas  digne  de  

l’Ecole  de  Jules  Ferry.  ’’  

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l’enseignement catholique : un Français sur deux ! Au total, presque 9 Français sur 10 plébiscitent l’existence d’un secteur privé ! Je le vois quotidiennement à Nanterre : les familles qui souhaitent se tourner vers l’enseignement catholique ne sont pas nécessairement chrétiennes, à tel point que l’enseignement catholique a publié récemment un guide pour bien accueillir « les musulmans en école catholique ». Enfin, dernière preuve de l’insuffisance des performances scolaires selon les parents, la constante augmentation des cours particuliers et le développement de ce business y compris sur Internet. Bref : les idéologues qui bloquent les réformes au nom de l’égalité permettent au final … à ces entreprises scolaires de faire de coquets chiffres d’affaires ! Il est donc temps de révolutionner l’Ecole et d’en faire une institution efficace et méritocratique, pour le meilleur des enfants de ce pays. Cela passe d’abord par l’autonomie des établissements, qui va de pair avec leur évaluation à la performance. Cette autonomie est pédagogique : chaque enseignant doit pouvoir adapter ses méthodes et son programme aux élèves. Elle est aussi administrative et budgétaire : le chef d’établissement doit pouvoir, avec ses équipes, recruter les personnels et gérer les murs, organiser des partenariats, trouver des financements privés. Le Ministère doit bien sûr fixer des objectifs nationaux (par exemple, que les élèves sachent lire, écrire et compter à la fin du CM2) et les évaluer en toute transparence, avec publicité des résultats pour qu’ils soient accessibles à tous, tout en laissant les équipes libres des méthodes et moyens matériels et humains pour y parvenir.

                                                                                                                                                                                                                                                                                 

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S’y opposer, c’est supposer soit que les enseignants ne sont pas assez compétents, soit qu’ils renonceraient à pousser leurs élèves vers le haut. Que ceux qui veulent adopter des méthodes dites « traditionnelles » le fassent ; que ceux qui préfèrent des méthodes issues du « pédagogisme » le fassent aussi. Au final, les évaluations permettront de savoir lesquels

permettent le mieux aux élèves de savoir lire à la fin du CM2, et les parents jugeront ! Cette autonomie des établissements doit aller de pair avec la liberté de choix des familles, facilitée par la mise en place de « vouchers » (chèques éducation). Cela existe en Suède, aux Pays-Bas…

Notre système ne permet qu’à deux catégories d’élèves de s’en sortir pleinement – là encore, jetons un pavé dans la marre : les enfants de profs et de cadres, qui ont accès soit aux bonnes informations et aux bons tuyaux, soit aux moyens financiers pour les acheter. A titre d’information, un enfant d’inactif a 13 fois plus de risque de redoubler son CP qu’un enfant d’enseignant et trente fois plus d’abandonner l’école avant la fin de la classe de troisième… Aujourd’hui, les enfants d’enseignants sont ceux qui réussissent systématiquement le mieux. Pourquoi ? Probablement parce qu’ils ont accès à des informations, des codes pour comprendre. Comme je ne suis pas de gauche… je ne propose pas de sanctionner ceux qui réussissent ; au contraire, il me semble normal que les enseignants fassent profiter leurs enfants de leurs savoirs. C’est la force de la transmission, de l’héritage. Mais je trouve anormal que l’on ne fasse rien pour réformer, pour donner cette chance à ceux qui ne l’ont pas, en banlieue, dans les milieux ruraux, etc. Alors bien sûr, on peut se

‘‘  Chaque  établissement  doit  pouvoir  adapter  ses  méthodes  aux  élèves,  recruter  les  personnels,  gérer  les  moyens  budgétaires.  ’’    

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mentir : tout ça, c’est « la faute à Sarko ». Mais la réalité, c’est que l’Ecole dysfonctionne depuis bien plus longtemps. Que la Gauche l’a enferré dans une idéologie bloquée de l’augmentation des moyens - qu’une partie de ses responsables dénonce en privé. L’hypocrisie de la carte scolaire doit cesser. Chacun sait que ces catégories de familles contournent allègrement le système grâce au bon choix d’options par exemple, ou au réseau familial et professionnel. Ceux qui sont condamnés à supporter la mauvaise école du coin sont ceux qui sont les moins favorisés. C’est ce système qui est considéré comme « juste » par le microcosme de l’intelligentsia socialo-bobo parisienne qui, bien sûr, n’a pas à le subir. Pourquoi les chroniqueurs et les spécialistes ne disent-ils pas ce que tout le monde sait ? Par exemple d’un lycée du 20ème arrondissement de Paris accueille tous les fils de profs du 93 et ceux des « parents FCPE », comme me le disait un proviseur d’un lycée difficile, indigné par cette pratique. Le système des chèques éducation permettraient donc à toutes les familles de choisir l’établissement, public ou privé, de leur choix. Cela permettrait aussi de révolutionner le mode de financement de l’Education nationale, à la performance et au mérite. En pratique, un établissement recevrait un budget en fonction du nombre d’élèves qu’il reçoit (donc du nombre de « chèques éducation » qu’il collecte), ceux-ci étant libres de quitter les lycées poubelles et les collèges désespérés. Les établissements seraient donc incités à attirer les élèves et leurs familles. Bien sûr, ce financement serait complété par des

‘‘  Supprimer  la  carte  scolaire,  remettre  des  «  chèques  éducation  »  aux  parents  pour  qu’ils  choisissent  leur  établissement,  et  fermer  les  

écoles  les  plus  sinistrées.  ’’    

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dotations qui confieraient davantage de moyens à ceux qui sont les plus défavorisés, dans une logique de péréquation, véritable source d’équité. On peut très bien imaginer un « bonus » qui serait attribué aux établissements pour chaque élève d’un milieu social défavorisé ou d’un quartier isolé ou difficile, en plus du chèque. Plutôt que de donner à peu près la même chose à chacun, on donnerait réellement plus à ceux qui ont moins. Le résultat de ces solutions est simple : l’autonomie, la liberté de choix et le nouveau mode de financement créeraient de l’émulation vers la performance, pour le plus grand bien des élèves qui en profiteront. Alors oui, dans un premier temps, les meilleurs établissements attireront plus d’élèves. Les autres devront en revanche chercher à être attractifs autrement. Il faudra même, peut-être, avoir le courage de fermer certains établissements les plus en difficultés, pour investir massivement dans d’autres. Ce système à la performance n’est que du bon sens, en somme. Soit les

établissements sont bons et ils attirent les élèves. Soit ils sont mauvais et les familles les

fuient. Evidemment,

certains prétendent que les lycées de ZEP seront désertés. C’est à n’y rien comprendre : soit les enfants sont heureux dans ces écoles, et ils y resteront ; soit ils ce n’est pas le cas et alors je ne vois pas bien au nom de quels principes on peut obliger des familles à scolariser leurs enfants dans des établissements qu’ils pensent être nuisibles à leur avenir.

‘‘  Dans  les  pays  qui  paient  mieux  leurs  profs,  les  horaires  sont  plus  lourds,  les  vacances  plus  courtes  et  les  contraintes  de  résultats  existent.  ’’    

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Cette réforme de structure va de pair avec une autre réforme, celle du métier et du statut d’enseignant : ils devraient être contractuels et passer davantage de temps dans l’établissement, en étant payés au mérite. Sans les enseignants, il n’y a pas de réussite possible. Ils sont la clé de l’instruction de nos enfants. Nous avons besoin qu’ils soient mieux valorisés et respectés, mais aussi plus présents et performants. Bien sûr, le niveau d’études des enseignants devrait être le gage d’une formation accrue et d’une rémunération supérieure. Mais il faut, là encore, se confronter à une réalité « politiquement incorrecte » : dans les pays qui paient mieux leurs enseignants, les horaires sont plus lourds, les vacances plus courtes et les contraintes de résultats existent souvent. Car oui, les enseignants ont souvent un temps de travail réel proche de 40 heures hebdomadaires (c'est-à-dire en incluant l’intégralité du travail au-delà des seules heures de cours, qui elles oscillent entre 15 et 24 heures selon le statut) mais une grande partie s’effectue chez eux et ils n’ont que 144 jours de classe … sur 365 par an. Or, c’est une évidence : les élèves ont davantage besoin d’eux, notamment en dehors des heures de cours. Le temps de présence des enseignants devrait donc augmenter, proportionnellement à leurs salaires, en prévoyant des espaces de travail au sein des établissements. Alors, payer davantage les enseignants au temps en fonction d’un temps de travail plus long, les rémunérer au mérite fait bondir d’avance tous les syndicats. Pourtant, je ne vois pas pourquoi nous nous en priverions si d’autres pays le font ailleurs, et si cela permet de sauver des générations entières de ce corporatisme et de cet immobilisme qui les condamnent à l’échec ! Les

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élèves n’ont pas à payer le prix fort pour le conservatisme de leurs élites, trop attachées à leurs privilèges. L’OCDE a publié récemment une étude qui expliquait que la rémunération à la performance des enseignants pouvait justement avoir des effets sensibles en France ! Bien sûr, il faudra déterminer comment mesurer cette performance : aux résultats des élèves ? à leurs progressions ? mais aussi en demandant aux enseignants de se fixer leurs propres objectifs par exemple ? Les « charter schools » ou « free schools » du système anglo-saxon permettent d’encourager la performance des établissements et d’adapter chaque enseignement aux besoins locaux des élèves. A Chicago, lieu souvent précurseur pour les innovations pédagogiques depuis les années 1960/1970, le dispositif de rémunération des enseignants du système public à la réussite de leurs élèves a ainsi été expérimenté. Bien sur, il ne s’agit pas d’évaluations nationales, mais adaptées au niveau scolaire local, et qui évalue la progression et non la réussite à tel ou tel examen. Il est ironique de voir que dans la ville du Président Obama, ce sont des militants de gauche qui ont décidé qu’il fallait prendre en main la réussite pour tous par tous les moyens, y compris privés, alors qu’en France cette même gauche se dresse contre toute réforme de l’Ecole. Dans ce contexte, les enseignants ne seraient plus une profession sous statut. Ils pourraient être valorisés ou licenciés selon leurs évaluations, par une autorité indépendante du ministère pour éviter toute intrusion politique. Il est étonnant que le métier d’enseignant, si crucial, si important pour la société et pour l’avenir de nos enfants, soit une profession dans laquelle le résultat ne compte pas… ! De manière anecdotique, mais révélatrice de la mentalité française, il existe des pays, comme

‘‘Les  élèves  n’ont  pas  à  payer  le  prix  fort  pour  le  conservatisme  de  leurs  

élites,  trop  attachées  à  leurs  privilèges.  ’’  

 

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l’Allemagne, où des sites Internet permettent aux élèves de noter leurs enseignants… Cette pratique a été interdite par la justice en France. Comme si le métier d’enseignant était plus important à protéger que leur résultat auprès des élèves ! Cette révolution de l’autonomie, de la liberté et de la performance, serait enfin le début d’un nouveau souffle pour tous ceux qui souffrent de l’échec de l’Education nationale. Elle marquerait la fin des conservatismes et l’entrée véritable de la France dans un nouveau monde, dynamique, méritocratique, moderne.

POUR CONTINUER DE REVOLUTIONNER L’ECOLE, il faut ensuite restaurer l’autorité et mettre fin à la fuite en avant et au nivellement par le bas. Je crois à la solidité des repères et de la transmission. On ne peut pas demander à l’Ecole de remplacer les parents. Il n’en reste pas moins que l’institution scolaire a un rôle à jouer. Il faut être inflexible : les entorses aux règles du vivre-ensemble doivent être sanctionnées. J’ai rencontré trop de proviseurs qui ne veulent pas faire de vague et fuient devant leurs responsabilités ! Je vois bien que les professeurs qui signalent des incidents sont parfois mal vus par leur hiérarchie. Il y a beaucoup trop de familles qui n’apprennent plus à leurs enfants le respect de l’autorité. Cela doit cesser. L’Ecole doit être un lieu préservé.

VERITE  7.  ECOLE  DE  LA  REPUBLIQUE  :  NON,  L’AUTORITE  N’EST  PAS  REACTIONNAIRE  !  

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Les parents doivent donc être associés et responsabilisés, au sein d’écoles des parents, lieux d’accueil, de pédagogie et de dialogue, au sein des établissements. Souvent, les parents sont dépassés face à l’institution scolaire. Une méfiance réciproque s’est installée entre elle et eux. Ils n’osent pas aller voir les enseignants, de peur de se voir adresser des reproches sur l’éducation de leurs enfants ; et les enseignants font de moins en moins appel aux parents, qu’ils perçoivent parfois comme démissionnaires dans l’éducation de leurs enfants. Il faut qu’ils se parlent. Je me souviens avoir rencontré des parents qui ne savaient pas que leur enfant devait avoir des

bulletins de note trimestriels…

Arrivés récemment en France, ils ignoraient tout du système scolaire

français. Sûrement auraient ils dû être un peu plus entreprenants … mais peut être aussi le Collège aurait il pu organiser une réunion de début d’année pour le leur expliquer … Un pont doit à nouveau être jeté entre les parents et l’Ecole, car ils forment ensemble une communauté dont le centre est l’enfant. Il est nécessaire de rétablir la confiance. Dans ces « écoles de parents », ils pourraient apprendre le fonctionnement concret de l’Ecole (horaires, cantine, orientation, suivi du carnet de correspondance, bulletin de notes), se voir proposer des formations sur des thèmes pédagogiques (comment aider ses enfants à faire ses devoirs), profiter de cours de Français pour ceux qui le souhaitent, bénéficier de séances explicatives de la Laïcité, recevoir des formations de prévention à la consommation de drogue,… Une fois par trimestre, par exemple, il pourrait y avoir une séance impérative sur les règles du vivre-ensemble (respect de la laïcité, mixité scolaire, respect du règlement intérieur).

‘‘  Pour  des  écoles  des  parents  :  lieu  de  responsabilisation  et  d’apprentissage  des  règles  de  l’Ecole  ’’    

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Etre intransigeants sur le respect des principes républicains à l’Ecole pourrait aussi passer par un engagement signé des élèves, des parents et des enseignants, afin de responsabiliser chacune des parties dans sa mission de favoriser le vivre-ensemble. Cette charte serait signée en début d’année, après un rendez-vous individualisé parents-élèves-enseignant principal (par exemple), et contiendrait notamment le règlement de l’établissement, un rappel des droits et devoirs des parents et de l’élève et un guide d’accompagnement de l’élève à destination des parents. Elle serait disponible et devra être signée en Français, mais le texte pourra aussi disponible, en annexe, en langue(s) étrangère(s) si cela est nécessaire, à la discrétion de l'établissement, afin de s’assurer que tous les parents aient bien pris connaissance des règles fondamentales. Un avenant pourra être ajouté à la charte, rédigé par l’enseignant avec les parents et l’élève. Il permettre d’inscrire des objectifs pédagogiques et scolaires plus personnels en fonction des besoins de chaque famille (par exemple, sur le comportement de l’élève, son assiduité, son engagement à progresser dans une matière ou un domaine en particulier,…). Cette charte prévoirait une gradation dans la punition en cas de non respect : allant de la retenue jusqu’à l’exclusion. Le fait de la signer, lors d’un rendez-vous individuel, par toutes les parties, responsabilise les élèves et leurs parents. Cette responsabilisation participe du même principe que la Loi Ciotti visant à lutter contre l’absentéisme en milieu scolaire et malheureusement en voie d’abrogation par le Gouvernement de François Hollande. Puisque les parents sont les premiers responsables de l’Education de leurs enfants, ils ne peuvent pas se désintéresser de leur absentéisme ou de leur comportement. Leur implication au sein de l’Ecole, par cette charte et par l’école des parents est donc indispensable.

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Cette implication n’est d’ailleurs pas vue comme une contrainte : bien souvent, elle est demandée par des parents qui aimeraient comprendre davantage comment ils peuvent aider leurs enfants et qui se sentent démunis. Un autre moyen de restaurer le sens du vivre-ensemble est d’encourager les établissements, dans le cadre de leur autonomie, à mettre en place un code vestimentaire commun, pour faire de l’Ecole ce lieu républicain de neutralité, de mixité et de laïcité. Ce code pourrait aller du simple « code couleurs » au port d’une chemise blanche ou d’un sweat-shirt d’établissement, jusqu’au port d’un uniforme.

Loin de l’accusation de « retour à l’Ecole du passé », le code vestimentaire a trois avantages,

définitivement modernes. D’abord, il permettrait de gommer les inégalités sociales entre les élèves. Ensuite, il favoriserait l’idée de l’Ecole comme un lieu sanctuarisé du vivre-ensemble : aller à l’école ne doit jamais être anodin, ce n’est pas un lieu comme les autres. S’habiller différemment pour aller en cours permet de protéger ce lieu essentiel pour notre vivre-ensemble et d’accroitre la conscience de son caractère particulier. Ce symbole développerait enfin la fierté d’appartenir à un établissement, contribuant à revaloriser l’image de l’Ecole pour les élèves et leurs familles. Cette fierté marche bien dans les pays nordiques ou anglo-saxons, où les élèves portent fièrement l’emblème de leurs écoles et revendiquent leur appartenance à tel ou tel établissement, qu’il soit bien ou moins bien réputé ! Dans les quartiers populaires, cette proposition est plébiscitée par les parents. Quand j’en parle, ils me citent automatiquement les bienfaits

‘‘  Encourager  le  port  d’un  code  vestimentaire  à  l’Ecole  pour  rétablir  l’égalité  des  chances  et  la  fierté  d’appartenir  à  un  établissement.  ’’    

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similaires pour leurs enfants de s’habiller en costume, par exemple, pour certains enseignements professionnels : le fait même de s’habiller « différemment » de l’ordinaire les met dans de meilleures dispositions. Evidemment, cette proposition m’a value de me faire traiter d’affreuse réactionnaire. On m’a aussi dit que l’uniforme, c’était l’uniformisation et l’oppression des libertés individuelles… J’invite tous ceux qui font ces critiques à regarder la manière dont l’uniforme est porté au Japon : les élèves français, sans leur uniforme, sont les moins créatifs et les plus ternes de la planète, au regard de ces jeunes japonais excentriques, créatifs, à la pointe de la mode et pourtant… vêtus de leurs uniformes ! Le Japon allie conservatisme et modernité dans un esprit avant-gardiste que j’ai toujours aimé. Si c’est cela, être réactionnaire, alors je le revendique !

SOUVENT, QUAND IL S’AGIT D’EVOQUER LE DROIT DE VOTE des étrangers en quelques phrases dans des débats télévisés, les journalistes et l’opinion résument la question au fait communautaire : mettre en place le droite de vote pour les étrangers aux élections municipales encouragerait les revendications communautaires. Ce serait d’ailleurs un écueil probable. Sauf que, de mon point de vue, le débat ne peut se résumer à cela.

VERITE  8.  ETRE  FRANÇAIS  N’EST  PAS  QU’UN  BOUT  DE  PAPIER  

‘‘  A  ceux  qui  disent  que  l’uniforme  est  réactionnaire  et  tue  la  personnalité  des  

jeunes,  je  dis  :  regardez  l’excentricité  des  Japonais  en  uniforme…  si  c’est  cela  être  

réac,  alors  je  le  suis  !  ’’    

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Le droit de vote des étrangers, c’est avant tout la négation pure et simple de notre conception de la citoyenneté profondément liée, en France, à celle de la nationalité. Pour voter, il faut être Français, c'est-à-dire s’engager à partager une communauté de destin. Seule exception : les citoyens européens n’ont pas besoin d’être Français pour voter, parce qu’ils partagent de toute façon, de manière choisie et réciproque, une communauté de destin au sein de l’Union européenne avec le peuple français. Dans ce contexte, voter est un acte de volonté et de partage de ce destin commun. Il appartient à la conception française de la Nation, comme étant l’expression d’un consentement et d’un désir de vivre-ensemble. Ce « plébiscite de tous les jours » suppose, dans cette idée de Renan, d’avoir fait des sacrifices et d’être disposés à en faire encore. Etre citoyen en France n’est donc pas anodin : cela ne se fait pas uniquement parce qu’on habite sur ce territoire, n’y parce qu’on y paie des impôts (quelle vision bien censitaire du citoyen !), être citoyen en France signifie prendre part à l’histoire de son pays, à l’amour de son pays et surtout au destin de son pays, dans le bonheur comme dans la souffrance. Cela engage. Bien sûr, on peut proposer qu’il en soit autrement ; mais alors il faut le dire clairement et en mesurer les conséquences. Il y a quelque chose de digne, une dimension d’honneur, quand un ressortissant étranger choisit la France et décide après un certain nombre d’années et de maturité, de revêtir la nationalité française. C’est qu’il veut partager notre destin national ! Devenir Français relève d’un parcours de longue haleine, réclamant volonté et persévérance. Ceux qui empruntent ce chemin et qui le mènent jusqu’au bout sont heureux et fiers de se voir un jour remettre la nationalité française. Devenir Français, être Français, prend un sens bien particulier ! Je recommande au lecteur de se rendre un jour à une cérémonie de remise

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de nationalité. Vous verrez la fierté et la joie de ceux qui la reçoivent. Pour ceux qui, comme moi, sont nés Français, il s’agit d’une véritable leçon d’amour de ce que nous sommes ensemble, de notre destin collectif, de la chance que nous avons. Cette cérémonie devrait d’ailleurs être un moment obligatoire de toute leçon d’instruction civique. Par ailleurs, elle devrait être élargie à l'ensemble des modes d'acquisition de la nationalité française (par

naturalisation

comme aujourd’hui, mais aussi par déclaration ou automati

que à la majorité) et être rendue obligatoire en mairie. A cette occasion, pourrait être pris un engagement solennel et individuel de respecter les principes de la République. La nationalité n’est pas anodine. Distribuer le droit de vote revient, à mon sens, à mépriser tous ceux qui font l’effort de devenir français. D’une certaine manière, cela revient à rabaisser le fait même d’être citoyen en créant plusieurs catégories de citoyens. Cela nie la force de notre identité nationale partagée, plébiscite quotidien. Délier le fait d’être Français de sa citoyenneté, c’est abandonner un peu plus notre destin national, dans un moment de doute où les responsables politiques devraient rechercher l’effet inverse. Ceux qui sont en faveur du droit de vote des étrangers le justifient en disant que ce serait une manière de mieux intégrer les étrangers dans nos quartiers populaires. Je crois que c’est plutôt en valorisant le fait d’être français que nous renforcerons l’intégration ! et non par une fuite en

‘‘  Il  y  a  quelque  chose  de  digne  quand  un  ressortissant  étranger  choisit  de  revêtir  la  nationalité  française.  On  ne  peut  effacer  cet  honneur  d’un  geste  de  la  main  en  distribuant  le  droit  de  vote.  ’’    

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avant vers la facilité, en évitant soigneusement de poser la question du sens de la collectivité, aux dépens de ce qui fonde notre vision de la France et de la citoyenneté française. Il est donc urgent de réapprendre qu’être Français n’est pas qu’un bout de papier, dès le plus jeune âge. L’apprentissage du civisme et des symboles de notre République, comme la Marseillaise, pourraient être instaurés dès le CP. Apprendre, entendre, connaître l’hymne national devrait être une évidence ! Je ne vois pas où serait l’agression contre nos histoires personnelles : a-t-on déjà vu la fierté des jeunes hispaniques Américains qui chantent l’hymne national avec force … sans oublier pour autant la culture de leurs parents ? Au-delà, ces cours d’instruction civique pourraient avoir pour vocation concrète d’organiser avec les élèves des activités réelles pour participer à la citoyenneté au sein de l’établissement : par exemple, des « conseils extra-scolaires » (rassemblant parents, enseignants, élèves) pourraient permettre d’organiser du bénévolat (visite régulière en maison de retraites, soutien scolaire aux enfants en difficultés par les plus « grands », cours de Français pour les parents,…).

L’IMMIGRATION EST UNE CHANCE et la France est une République ouverte et généreuse. Sauf que… Notre ascenseur social est en panne, l’égalité des chances est mise à mal, l’intégration échoue dans divers endroits de la République, et les Français

VERITE  9.  MIEUX  VAUT  REGULER  L’IMMIGRATION  QUE  GHETTOISER  LES  IMMIGRES  

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se sentent de plus en plus menacés dans leur identité. Il faut donc se poser les bonnes questions et y trouver des réponses : comment concilier immigration et intégration ? Comment concilier la nécessité d’une immigration économique ciblée et l’impératif d’un vivre-ensemble serein ? Comment, en un mot, faire à nouveau de l’immigration une richesse et une chance pour la France, perçue comme telles par les Français ? Avant d’aborder concrètement les réponses à ces questions, une précision : oui, je crois que l’immigration est une chance. La France s’est construite de sa diversité. Elle a rassemblée les bretons et les corses, mais aussi les italiens, les polonais, et les réfugiés espagnols. Elle a uni des cultures différentes, des mineurs du Nord aux Pieds-Noirs d’Algérie. Les uns comme les autres portaient en eux la fierté de la France. La théorie économique est claire à ce sujet : l’immigration est une richesse. La libéralisation totale des flux humains pourrait augmenter la richesse mondiale de 39 trillions de dollars en vingt-cinq ans. Economiquement, les gains de l’immigration sont connus : elle favorise la croissance, elle encourage l’innovation, elle accroît les recettes fiscales8. L’immigrant arrive avec son envie de réussir, sa volonté de créer (Google, DuPont et près de 40% des grandes entreprises américaines ont été créées par des immigrants ou leurs enfants). Il apporte des nouvelles idées souvent. Cette diversité est féconde. Cependant, cette diversité ne peut se faire aux dépens du sens d’un avenir collectif, car elle fragilise alors la société. Les évolutions de l’immigration sont profondément liées à celles du sentiment d’identité et de destin partagés. En ce sens, le fameux ministère de l’immigration et de

                                                                                                               8 I.Goldin, G. Cameron, M. Balarajan, Exceptional People: How Migration Shaped Our World and Will Define Our Future, 2011, Princeton University Press

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l’identité nationale n’était pas une aberration. Il avait, au contraire, un but : mieux accueillir permet de mieux intégrer, et mieux intégrer permet de mieux vivre-ensemble. Le faisceau de réponses aux problèmes de l’intégration des immigrés en France est large. Parmi les solutions, il y a le rétablissement de l’égalité des chances et de la méritocratie par l’Ecole de la République. Il y a aussi la relance du marché du travail en brisant toutes les rigidités structurelles pour redynamiser l’emploi. Il y a encore l’importance de redonner du sens au fait d’« être français » et de « devenir français ». Toutes ces solutions ont été abordées plus haut. Au-delà, il est nécessaire de corriger les difficultés de l’intégration à leur source : créer des ghettos et concentrer les populations dans

certains

quartiers urba

ins n’ont

jamais été des solutions harmonieuses au vivre-ensemble. Si nous étions dans le modèle communautaire anglo-saxon, cela ne serait peut être pas perçu comme un tel problème. Mais ce n’est pas le cas. Dans notre système républicain qui privilégie l’unité aux communautés, en pleine crise économique et sociale, nous créons là les ressorts d’un malaise identitaire ressenti par l’ensemble de la population. Pour empêcher la constitution de ces ghettos, il faut réguler dès le départ l’immigration en fonction des régions d’accueil. Le Haut Conseil à l’Intégration (HCI) recommande ainsi que le Gouvernement applique une politique d'attribution des visas de long séjour dont les délais de délivrance varieraient en fonction des lieux de résidence, en prenant comme critères les capacités d'accueil. Concrètement, il faudrait

‘‘Faisons  varier  les  délais  d’attribution  des  visas  en  fonction  des  capacités  d'accueil  des  régions.  ’’    

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déterminer chaque année les capacités d'accueil au plan régional, et proposer au Gouvernement et au Parlement un niveau maximum d'entrées par région. Cette politique permettrait de modifier structurellement, en profondeur, l’accueil des immigrés dans notre pays. Une dernière tendance, engagée par Nicolas Sarkozy, consiste à renforcer l’immigration choisie en fonction de critères économiques (bassin d’emploi, filières d’emploi, dans une logique de besoin par branches) et à la privilégier à l’immigration familiale. J’ajouterai à cette politique la nécessité d’encourager l’accueil des étudiants, en délivrant une carte de séjour à tout étudiant étranger diplômé d’une université française et ayant une emploi ou une promesse d’emploi. En effet, un pays comme le Canada connaît une expansion économique importante grâce à sa politique d’attraction des étudiants. Le rayonnement intellectuel de nos universités en dépend, tout comme la capacité d’attraction de notre pays pour rester dans la compétition mondiale.

LA QUESTION DE L’ISLAM doit se poser dans le cadre du vivre-ensemble. Une part non négligeable des Européens voit cette religion comme une menace à leur identité, laquelle leur apparaît déjà fragilisée. De quelle peur ou de quel malaise parle-t-on ici ? Il faut le dire clairement : pour une grande partie des Français, il est « bizarre » de croiser une femme ou une jeune fille qui porte un voile lui couvrant une grande partie de la tête et du corps, la dérobant aux yeux des autres. Peut-être est-ce simplement de la peur de ce qu’ils ne connaissent pas. Ce sentiment peut conduire à l’impression d’un changement de la culture française ou d’une évolution d’identité non maîtrisée, non voulue. Qu’on les approuve ou non, ces inquiétudes sont réelles. Il est honteux

VERITE  10.  OUI,  L’ISLAM  INQUIETE  :  POUR  UNE  REPUBLIQUE  FORTE  ET  UN  ISLAM  FRANÇAIS  

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pour le débat public qu’elles soient balayées d’un revers de la main méprisant, doublé d’une accusation de racisme. Car s’il y a incompréhension, il faut admettre aussi que la mère et sa fillette de 7 ans voilées de la tête aux pieds, mains incluses, ne laissant transparaitre que leurs visages voire leurs yeux en plein mois d’été portent aussi sur elles une forme d’ostentation ou de revendication, qu’elles le veuillent ou non. Est il illégitime de se demander s’il y a là seulement l’exercice de la liberté individuelle, respectable dans le cadre de notre laïcité, ou s’il y a aussi parfois l’exigence revendiquée de transformer la société française, mue par des convictions religieuses radicales ? Ce sont ces craintes et ces questionnements qu’il faut comprendre et qu’il faut poser, sereinement, en distinguant ce qui relève de la liberté individuelle et ce qui relève de la revendication ostentatoire. Si une très grande partie des Français musulmans vivent leur foi dans la

discrétion, le partage et

l’humilité, comme tant

d’autres pratiquants,

des groupes minoritaires d’extrémistes enveniment les relations sociales et manipulent certains jeunes. Dans le même temps, un discours victimaire se dessine parmi les musulmans qui refusent la laïcité, perçue comme une agression. Dans certains quartiers, j’ai effectivement entendu des jeunes m’expliquer que si une fonctionnaire ne pouvait pas porter le voile, c’était par pure discrimination. Personne ne leur avait expliqué que c’est l’un des principes de base de la laïcité ! Il existe aussi, dans ces « quartiers » (et au-delà), une banalisation de l’antisémitisme qui est inquiétante. Cette haine du « Juif » se confond

‘‘Je  crois  à  l’importance  de  la  foi  pour  chacun,  mais  la  foi  ne  saurait  s’imposer  au  politique.  ’’    

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parfois de façon explosive à ces revendications identitaires, porteuse d’une très préoccupante bombe à retardement pour la société française. Les ingrédients mélangent confusément l’islamisme radical à une identification au peuple palestinien dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Rien de tout cela n’est bon. Et tout cela m’inquiète. Il est d’ailleurs dommage que l’islam de France n’arrive pas à se structurer davantage ni à favoriser l’émergence d’autorités réellement représentatives capables de s’affirmer dans le débat public, autrement que par des luttes de pouvoir internes. Cet « islam français », comme le dit l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou, devrait parler Français et former ses imams et les aumôniers qui vont en prisons ou dans les hôpitaux, par exemple, comme cela se fait en Allemagne qui encourage les formations théologiques dans les universités. Cet islam français serait aussi capable d’expliquer ce qui, dans la religion musulmane, relève des impératifs de la foi comme les 5 piliers (la profession de foi, la prière, le ramadan, le pèlerinage, l’aumône traditionnelle) de ce qui n’est pas essentiel et peut s’adapter à la vie dans la République, comme les autres religions l’ont fait. Ces difficultés à se structurer, les malaises et les peurs qui sont liés à l’islam, montrent finalement une chose : la République est fragile. La France a plus que jamais besoin d’une République forte, infaillible dans ses principes fondamentaux. C’est dans ce cadre que se pose la question

‘‘  Cet  islam  français,  qui  parle  Français,  serait  capable  d’expliquer  ce  qui  relève  des  impératifs  de  la  foi  de  ce  qui  n’est  pas  l’essentiel  et  qui  

peut  s’adapter  à  la  vie  dans  la  République.  ’’  

 

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laïque. Il est nécessaire de la poser avec précaution, car elle touche au plus profond de notre liberté de penser et de croyance. Je crois à l’importance de la foi pour chacun et pour la société dans son ensemble. La laïcité ne doit pas être transformée en attaque, voire en haine, de la religion. C’est arrivé, ces derniers temps. C’est dommage et dangereux. Il faut donc être prudent quant à l’usage qui est fait de la laïcité, car en défendant avec « trop » de virulence des positions « laïcardes », ce sont toutes les religions qui sont touchées et non les seuls radicaux qui menacent la République. C’est d’ailleurs bien pour cette raison que l’Eglise catholique, par exemple, ne manque pas de dénoncer les idées les plus extrémistes. La foi, quelle qu’elle soit, a le droit de s’exprimer dans le débat public. Il me semble légitime d’entendre ce que l’Eglise catholique, le Grand Rabbin ou la Fédération protestante (parmi d’autres) ont à dire sur le mariage homosexuel. Mais la foi ne saurait s’imposer au politique. L’égalité entre les sexes, inscrite dans la loi, prévaut, qu’elles que soient les convictions religieuses. La mixité à l’Ecole publique, qui en découle, est essentielle. Le fonctionnement du service public ne peut ni ne doit être remis en cause par des revendications d’un culte ou d’un autre. La République doit être infaillible sur ces valeurs. Cela passe bien sûr par l’Ecole. Par exemple, l’Ecole publique doit rester ferme sur deux grands principes de la vie quotidienne, auxquels tout le monde doit se plier. Le premier est la mixité filles-garçons : à la première réserve émise par les élèves ou leurs parents (par exemple, refus de s’asseoir à côté d’une fille ou refus de pratiquer un sport), un rendez-vous doit être immédiatement pris pour un entretien individuel avec les familles, afin de réaffirmer le caractère inébranlable de ce principe républicain.

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Le second principe est de permettre à chaque enfant de manger à la cantine : la cantine est un lieu de mixité sociale indispensable aux parents, notamment les plus modestes mais pas seulement, et d’apprentissage du vivre-ensemble. Chaque élève doit pouvoir y déjeuner. Les réclamations d’ordre religieux (ou autres, comme celles des familles végétariennes) n’ont pas à entrer en ligne de compte. Libre à chaque enfant de ne pas manger ce qui lui déplait, sans en faire une réclamation. Libre aussi à l’établissement, en fonction de ses besoins, d’organiser des réunions avec les autorités locales et les parents d’élèves pour trouver des solutions dans le respect des principes républicains (par exemple, en évitant de servir du porc comme seule plat principal…).

Une fois

encore, associer

les parents est crucial. L’ école des parents et la charte à signer par toutes les parties en début d’année, solutions proposées ci-dessus, trouvent toute leur signification dans la pédagogie et la gestion quotidienne du fait religieux dans l’espace public. Enfin, l’apprentissage du vivre-ensemble à l’Ecole passe aussi, à mon sens, par l’instauration d’une initiation aux grandes religions monothéistes, à travers l’Histoire notamment. En effet, le principal problème du vivre-ensemble est la méconnaissance de l’Autre. Les jeunes ignorent aujourd’hui l’histoire de la France, celle de leurs origines et méconnaissent encore davantage celle des autres. Tout cela encourage l’incompréhension, la méprise, l’insulte facile, la discrimination ou le racisme. Ces cours pourraient avoir lieu sous forme de séminaires, une fois par trimestre par exemple, et permettraient d’expliquer les fondamentaux de chacune des religions.

‘‘  Pour  une  initiation  aux  grandes  religions  monothéistes  à  l’Ecole.  ’’    

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UN ETAT EFFICACE & SOLIDAIRE

« Il n'est presque aucune profession, il n'est aucune catégorie sociale qui

n'ait, depuis vingt-cinq ans, réclamé ou exigé de lui protection, subventions, détaxation ou réglementation (…). Nous sommes encore un

pays de castes.» - Jacques Chaban Delmas TOUT LE MONDE LE SAIT, ET POURTANT… Il semble qu’il faille sans cesse le redire : la France est trop endettée (notre dette publique correspond à…91% du PIB !). La part des dépenses publiques est largement supérieure à la moyenne de l’OCDE (56% du PIB contre un peu moins de 45% pour la moyenne de l’OCDE. Enfin, le poids de la fonction publique dans la population active est trop important : avec près de 6 millions de personnes pour 28 millions d’actifs, il représente environ 13% du PIB ! Si l’on comprend bien la nécessité de la dépense publique, force est de constater qu’elle est inefficace. Dépenser, oui ; sans compter, non. Il est évident que nos partenaires ne sont ni sous administrés, ni sous développés ; pourtant ils font autant, voire mieux, avec moins ! Bref, l’Etat est trop lourd et en devient inefficace, pour au moins trois raisons. L’Etat est inefficace parce qu’il entretient lui-même la crise actuelle de la dette : contrairement aux « on dit » de la gauche, ce ne sont pas les marchés qui sont responsables de la crise, mais l’Etat : c’est la dérive des

VERITE  11.  TROP  D’ETAT  TUE  L’ETAT  

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finances publiques depuis des décennies qui a conduit la dette à un niveau devenu quasi insoutenable. Le rapport Pébereau le disait plus poliment, mais c’est parce que la France a été gérée n’importe comment et que nos responsables ont été trop lâches que la dette explose. Comprenons bien : chaque année, l’Etat prélève 44% du PIB en impôt. Et pourtant, il dépense beaucoup plus… ! Pour financer ce déficit, il emprunte. Ca fait 40 ans cela dure. Pas besoin d’être très savant pour voir que cela n’est pas sain. L’Etat est inefficace parce qu’il pèse sur les générations à venir : continuer comme cela signifierait que la dette dépasserait les 100% du PIB dans les années qui viennent. Bien sur, ce sera la nouvelle génération qui devra radicalement se serrer la ceinture, fiscalement, socialement, économiquement, pour être capable de rembourser ce train de vie de l’Etat ! Car une dette, un emprunt, pour un Etat comme pour un ménage, cela se rembourse… Quels parents contractent tant de dettes, par paresse, qu’ils les transmettent jusqu’à leurs petits enfants ? C’est honteux… L’Etat est inefficace, enfin, parce qu’il asphyxie l’économie. En marque d’argent, il fait les poches de tous les contribuables, ménages et entreprises. Or, il est une règle économique simple et toujours vérifiée : au final, c’est toujours le consommateur qui trinque. Quand l’Etat augmente les impôts des entreprises, parce qu’il a la flemme de se réformer et de faire quelques économies, il augmente leurs coûts. Elles ont alors le choix : soit elles réduisent leurs marges, mais alors elles paient moins les salariés ou investissements moins pour préparer l’avenir ; soit elles augmentent leurs prix … En outre, prisonniers de visions dépassées, l’Etat entrave le développement économique en l’asphyxiant de règles, normes, règlements, taxes en tous genres. Il est devenu incapable d’assurer suffisamment les dépenses d’investissement et le développement des secteurs d’avenir (enseignement supérieur, recherche, par exemple). Trop lourd et trop cher, le secteur public devient un poids, un obstacle majeur à la croissance économique.

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Par ailleurs, et ce n’est pas anecdotique, la croissance de l’Etat conduit assez légitimement à une croissance des contrôles des citoyens. Si l’Etat finance votre vie quotidienne, il n’est pas anormal qu’il vérifie que vous utilisiez bien son argent. Si en plus il n’a plus un rond, il sera encore moins tolérant. L’augmentation de la dépense publique, c’est l’augmentation du contrôle social. On peut le comprendre. Mais au-delà d’un certain niveau, ce n’est probablement pas très sain. Voilà pourquoi réduire la dette, réduire le train de vie de l’Etat, réduire les dépenses, réduire le secteur public, sont devenus des urgences vitales pour relancer la croissance de notre pays. En 2010, grâce aux différentes réformes, la dépense publique avait arrêté de croitre pour la première fois depuis 30 ans. Ce premier pas aurait du être salué à sa juste valeur et poursuivi bien au-delà. Au contraire, le gouvernement de François Hollande a choisi la stratégie inverse : relancer le développement du secteur public et le financer non pas par des économies, mais en allant chercher l’argent dans la poche des

Français. Imaginez : le Gouvernement a augmenté les impôts de 33 milliards d’euros en 6 mois selon ses proches

chiffres. Cela signifie 500 euros d’impôts en plus par Français ! Or… on sait bien que tous les Français ne paient pas l’impôt. Cette stratégie est parfaitement assumée : les responsables socialistes jugent « absurdes » (Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale) le respect de la règle des 3% de déficit. En un mot, ils ont fait un choix : sacrifier les Français et protéger l’administration. C’est une divergence stratégique majeure avec ce que la droite défend. En ce sens, je n’ai pas peur d’une

‘‘  Il  faut  arrêter  de  mentir  aux  Français  :  augmenter  les  impôts  ou  baisser  la  dépense  publique,  cela  n’a  pas  du  tout  les  mêmes  effets  !  ’’    

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opposition frontale au désastre économique auquel les socialistes nous conduisent ! Le choix socialiste de hausse de la fiscalité pour toute stratégie économique ne peut pas permettre une réduction de la dette et va tuer le peu de croissance qu’il nous reste. Il faut arrêter de mentir aux Français : économiquement, augmenter les impôts ou baisser la dépense publique, cela n’a pas du tout les mêmes effets. Les études économiques le montrent : si la réduction des dépenses peut permettre de réduire la dette, la hausse des impôts, plus volatile et conjoncturelle9, ne le peut pas. En période de crise économique, elle a même des effets récessifs. Brefs, on fonce droit dans le mur et à chaque nouvelle décision du Gouvernement, on accélère un peu plus dans ce sens. Les Français le sentent d’ailleurs bien : un récent sondage publié dans Challenges montre que 81% des Français pensent que le Gouvernement aurait dû baisser la dépense publique plutôt qu’augmenter la fiscalité. Pour désendetter réellement notre pays, il faut avoir le courage de reprendre la stratégie de diminution de la fonction publique. La règle du 1 fonctionnaire / 2, qui consiste à ne pas remplacer tous les départs à la retraite, était la bonne. Alors on a beaucoup crié, notamment dans l’Education nationale, les syndicats enseignants prétendant leur profession atteinte : mais dans ce ministère, la diminution des postes a été assumée par les personnels non enseignants. Les profs eux, représentaient 74% du personnel du ministère en 2000 … et 81% en 2012 !                                                                                                                9 http://papers.nber.org/papers/w18336#fromrss étude de l’économiste Alberto

Alesina

‘‘  Réservons  le  statut  de  la  fonction  publique  aux  seules  fonctions  

régaliennes.  Les  près  de  6  millions  de  fonctionnaires  coûtent  trop  cher.  ’’  

 

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Il faut aller plus loin et réformer en profondeur le statut de la fonction publique. Celle-ci est trop rigide. Le statut des fonctionnaires qui était autrefois une garantie pour eux et un gage d’efficacité pour la Nation n’est plus qu’une contrainte qui empêche une gestion efficace de la dépense publique, en décalage total avec la réalité des autres Français. Les fonctionnaires sont trop nombreux, coûtent trop chers (ils sont payés en moyenne 5% de plus que dans le privé, pour un temps de travail de 37 heures contre 38,5 dans le privé), sont employés à vie avec des conditions de retraite pour favorables que celles du privé. Il faut changer cela : à l’avenir, réservons le statut de fonctionnaire aux seules fonctions régaliennes (police, armée, justice). Les nouvelles recrues dans ces secteurs seraient fonctionnaires ; les autres seraient des contractuels. Cette priorité s’accompagne bien sûr de la réduction du millefeuille administratif et de la diminution impérative des dépenses de l’Etat et des collectivités territoriales. Il faut cesser de couper les cheveux en quatre pour espérer repousser l’échéance au maximum. On ne peut plus attendre. Le Gouvernement doit s’imposer une obligation de réduction de la dépense publique. Les marges sont énormes : une rapide comparaison avec nos voisins montre qu’ils dépensent souvent beaucoup moins pour des résultats au moins équivalents. Cela sera douloureux, c’est vrai. Mais il sera encore plus douloureux de le faire quand la France sera à genoux parce qu’elle ne supportera plus le poids de sa dette. Ce qui est le plus triste, c’est que tout cela est connu, archi connu. Faut-il rappeler les rapports Pébereau, Attali, Camdessus et tant d’autres ? Faut-il rappeler les avertissements des institutions internationales ? Nicolas Sarkozy avait amorcé une dynamique. Ce qui m’inquiète, c’est que François Hollande fait machine arrière et fonce en sens inverse. Faut-il rappeler que pour la première fois depuis 2003 l’Etat a créé des postes nets supplémentaires ? Jusqu’à maintenant, on remplaçait moins que le nombre de départs totaux. Au final, il y avait donc une légère baisse du

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nombre d’agents. Cette année, il y a plus de créations que de suppression. Le problème c’est qu’un fonctionnaire, on le paie jusqu’à sa mort, c'est-à-dire pendant sa vie active et pendant sa retraite… Au-delà du désendettement, les questions de déréglementation sont prioritaires pour alléger cet Etat devenu omniprésent. L’Etat doit faire enfin son « grand ménage » ! Les professions réglementées, les comités Théodule, les régimes spéciaux,… sont autant de « niches » de « privilèges et de connivences » (selon une expression de Jacques Attali), coûteuses pour les Français et auxquels il faudrait mettre un terme. Par exemple, les Français paient 6 milliards d’euros pour les régimes spéciaux de retraite (SNCF, RATP,…). Les 100 000 « intermittents » coûtent un milliard d’euros à l’assurance chômage (qui est endettée à hauteur de 15 milliards). D’autres types de « niches » existent : la formation professionnelle est gérée de manière opaque par plusieurs organismes syndicaux ; les syndicats, selon le rapport Perruchot, détourneraient l’équivalent de 28000 emplois temps plein de la fonction publique ; les intercommunalités sont financées de manière également opaque, sans contrôle ; les agences publiques et autres comités emploient des centaines d’agents sans que le « retour sur investissement » puisse être évalué,… STOP ! Ce vaste méli-mélo de privilèges organisés par l’Etat ne peut plus durer ! Avant de dénoncer l’injustice entre les plus « riches » et les plus « pauvres », encore faut-il casser les véritables injustices de notre société, ; celles dont on ne parle pas, entre des populations surprotégées et le reste de la population : chômeurs, jeunes, seniors, femmes, handicapés, peu qualifiés ou non diplômés. Là est le réel scandale d’Etat que notre génération ne doit jamais cesser de dénoncer !

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IL EXISTE UN SENTIMENT D’EXASPERATION qui monte dans la société française : celui d’une partie de la classe moyenne qui n’en peut plus de payer « pour les autres ». Je regardais cet été un reportage de France 3 au sujet de la CAF de Seine-Saint-Denis qui finance en partie des vacances des ménages au RSA. Ce geste généreux et dont on ne peut que se réjouir pour les enfants qui en ont bénéficié a pourtant un grave travers : il doit laisser un très fort goût d’amertume à tous les ménages qui vivent gagnent peu, qui paient des prélèvements en tous genre (sur le revenu, prélevés sur leurs feuilles de salaires, etc.), qui élèvent leurs enfants et qui, au bout du compte, ne peuvent pas eux-mêmes se payer des vacances ou trop peu. Ceux-là assistent passivement à la générosité d’un modèle social qui les laisse sur le bord de la route. Dans ce système, ceux qui travaillent, qui galèrent, qui sortent à peine la tête de l’eau, ont ainsi le sentiment pénible de ne rien recevoir mais de tout financer. La lutte contre l’assistanat et contre les fraudes doit, dans ces conditions, être sans faille. C’est pour cela que la Droite forte a fait des propositions intransigeantes (la suppression à vie des allocations sociales pour les fraudeurs récidivistes ou la création d’une carte vitale biométrique pour tous les assurés). Ceux qui ne voient pas monter l’exaspération profonde d’une grande partie des contribuables sont aveugles, ou aveuglés. Au-delà, une autre question doit être abordée, qui l’est insuffisamment : celle de la justice de notre système fiscal. Je ne parle

VERITE  12.  «  RAS  LE  BOL  DE  PAYER  POUR  LES  AUTRES  »  

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pas de la justice entre « riches » et « pauvres » : cette question focalise tout le débat et est ressassée sans fin. Je voudrais qu’on s’intéresse un peu à un autre enjeu : comment faire pour que l’impôt ne soit plus perçu comme une injustice, une confiscation qui finance un énorme gaspillage ? Comment faire en sorte que le citoyen se réapproprie à travers l’impôt qu’il paie le modèle social dans lequel il vit et auquel il participe ? Je crois qu’il est impératif de repolitiser la question fiscale. Aujourd’hui, elle n’a plus grand-chose de démocratique : l’impôt est automatiquement reconduit d’une année sur l’autre. La seule différence c’est qu’on ajoute de nouvelles couches de prélèvements, pour presser au

maximum les

contribuables. Tout

cela fonctionne totalement

à l’envers : il est tout de même extraordinaire que l’appareil administratif détermine ses besoins et les impose ensuite aux citoyens ! Ce devrait être l’inverse ! Pourquoi n’a-t-on pas le courage de demander aux Français ce qu’ils sont prêts à payer ? Pour y parvenir, je vois trois solutions possibles La première est un serpent de mer : rendre l’impôt obligatoire pour chacun. Il est anormal que seul un Français sur deux paie l’impôt sur le revenu. De manière symbolique, il serait tout à fait acceptable pour tout le monde de contribuer à l’effort fiscal, même de manière infime. Il est important que tous les Français aient à l’esprit cette notion de contribution à la collectivité (ne parle-t-on pas de contribuables ?). Evidemment, je n’ignore pas qu’en pratique tous les consommateurs

‘‘  Rendre  l’impôt  obligatoire  pour  chacun,  même  de  manière  infime,  afin  que  tous  les  Français  aient  le  sentiment  de  contribuer  à  l’effort  collectif.  ’’    

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participent déjà, à travers la TVA par exemple. Mais il est important qu’il y ait une démarche active de contribution. La deuxième solution est de créer un « impôt volontaire ». Comme beaucoup de Français, j’en ai marre des donneurs de leçons. Régulièrement, Monsieur Noah en tête, ils viennent nous expliquer que payer des impôts, c’est vraiment le pied ! C’est leur « kif » de l’année : trouver normal de faire un chèque au fisc. Et plus il est gros, plus leur bonne conscience est soulagée. D’ailleurs, ils se roulent par terre pour

exiger qu’on augmente les impôts. Car oui, eux ils

sont généreux. Eux ils aiment les autres. Eux, ils ont

tellement d’argent

qu’ils aimeraient en donner encore et encore et encore. Et si toi, misérable électeur UMP, tu penses que tu donnes trop, c’est que tu es un affreux égoïste, un être sans cœur, un monstre de sans froid aveuglé par l’argent roi. Soit. Ce qui ne cesse de m’interroger c’est pourquoi ces belles âmes n’envoient pas déjà, d’elles-mêmes, tout leur argent au Ministère des Finances ? D’après Monsieur Hollande, on est riche à partir de 4 000 euros pour un ménage. Alors pourquoi tous les donneurs de leçons ne se contentent ils pas de cette somme et n’envoient ils pas tout ce qu’ils ont

‘‘Pour  tous  les  donneurs  de  leçons  à  la  Noah,  dont  le  «  kif  »  est  de  payer  des  impôts  puisque  eux  sont  généreux,  contrairement  à  nous,  égoïstes  électeurs  de  l’UMP  :  créons  un  impôt  volontaire  pour  qu’ils  puissent  donner  tout  leur  argent  à  l’Etat  !  Et  voyons  «  combien  »  ils  aiment  la  France,  eux  qui  en  sont  partis!’’    

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en plus pour contribuer à l’Etat ? Pourquoi sont ils obligés d’attendre d’y être contraints par la puissance publique ? Ras le bol de cette hypocrisie ! Quand on travaille dur, il n’est pas illégitime de vouloir profiter de son argent. Surtout quand on a en plus l’impression que l’Etat ne le dépense pas vraiment de manière efficace. Par conséquent, je propose qu’on permette à tous ceux qui le souhaitent de donner effectivement plus à l’Etat que ce qu’il réclame sur leurs feuilles d’imposition. Chacun, quel que soit son salaire, pourrait ainsi faire don d’une partie de son argent, même infime, à l’Etat. Cela se pratique dans les pays anglo-saxons comme les Etats-Unis. Au-delà de l’anecdote, l’impôt volontaire est une manière très sérieuse de rendre l’impôt à nouveau « contributif », développée par le philosophe allemand Peter Sloterdijk. Il propose de redonner son sens à la fiscalité : celle d’une participation à la collectivité. Payer ses impôts, c’est s’engager envers son pays, participer à son financement. C’est un geste fort et, au fond, d’une certaine noblesse. Aujourd’hui, ce n’est que contrainte et confiscation. Enfin, troisième solution, le fléchage de l’impôt vers la politique publique de son choix. Il s’agit de permettre à chaque contribuable de choisir l’usage d’une partie de son impôt sur le revenu (par exemple, 10% ; soit à peu près 7 milliards d’euros). Le but est de réintroduire un peu le choix des citoyens dans l’utilisation des dépenses ! Concrètement, cela signifie qu’au moment de payer son impôt sur le revenu, le contribuable pourra cocher une case qui indiquera vers quelle politique publique il veut orienter cette portion de son impôt. Ainsi, s’il souhaite favoriser l’Education nationale, la santé publique ou à la sécurité publique, il le pourra ! Pour éviter des discriminations territoriales, son choix se limitera à une politique publique et non à la destination finale de

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la dépense (telle école ou hôpital) ; mais ce choix lui permettra au moins de savoir à quoi sert une partie de son argent. Cet outil sera donc une véritable indication de ce qu’attendent les citoyens en matière de service public. Il me semble évident qu’une telle mesure de « réappropriation » de l’impôt par le citoyen permettrait de réhabiliter la conscience de l’utilité de l’impôt, au profit d’un meilleur service public. J’entends déjà ceux qui crieront que « leur » ministère ou « leur » politique aura moins de fonds. Ma réponse sera claire : si les contribuables ne veulent pas vous financer, interrogez vous sur votre légitimité ! Après tout, je ne vois pas bien ce qu’il y a de choquant à prendre en compte les préférences des citoyens dans une démocratie !  

ALLEGER L’ETAT EST PRIMORDIAL. Cependant cela ne veut pas dire qu’il faille tirer un trait sur la générosité du modèle français : bien au contraire ! Il est nécessaire de réhabiliter une réelle générosité : celle entre les citoyens. C’est ce que les anglo-saxons appellent « empowerment » : faire en sorte que les citoyens eux-mêmes se prennent en charge et organisent leurs

VERITE  13.  LA  GENEROSITE  N’EST  PAS  L’ASSISTANAT  

‘‘Le  contribuable  pourrait  cocher  une  case  qui  indique  vers  quelle  politique  publique  il  veut  orienter  une  partie  de  

son  impôt.’’    

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solidarités. Ce n’est pas tout à fait nouveau : ces politiques existent depuis les années 1960, notamment à Chicago. Elles confient de plus en plus de responsabilités aux citoyens. En somme, l’Etat leur dit « voici l’argent, à vous de gérer car vous êtes les meilleurs connaisseurs de la vie du quartier, etc. ». Par exemple, des habitants peuvent mettre en place une politique de sécurité dans leur rue. Plus innovant : les parents peuvent décider de créer une école, pour laquelle ils décident du projet pédagogique, font partie d’une sorte de Conseil d’administration, , etc… Ainsi, les solidarités de voisinage sont extrêmement fortes et l’entraide est une réalité. Autre manière de penser la solidarité sans passer par le prisme de l’Etat : les associations et fondations font appel au privé, assurant ainsi le dynamisme de leurs activités de solidarité et leur proximité avec le monde de l’entreprise. Les plus riches eux-mêmes sont très actifs, organisant de grandes actions de philanthropie. Dans cette vision, la société se prend en main, elle aussi. Elle ne fait pas que se reposer sur l’Etat. Au contraire, souvenons-nous de la canicule de 2003 : les personnes âgées mourraient dans le silence, sans que les voisins, ni même les familles, ne s’en rendent compte. Et quand la France a pris de conscience de ce qui s’était passé, qu’elle laissait mourir ses anciens, elle s’est tournée vers l’Etat : « qu’as-tu fait ? », comme s’il était le seul responsable ; comme si ce n’était pas avant tout à chacun d’entre nous de nous préoccuper de notre voisin ou de notre grand-mère ! La France a peut-être un modèle social très généreux, mais cela n’encourage pas à la solidarité réelle ! Je suis pourtant convaincue que la société civile est la meilleure source de solidarité qui soit. Elle ne connaît pas les entraves ou les lenteurs administratives, elle fait appel à ce qu’il y a de meilleur dans chacun des

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individus, elle réhabilite la générosité et la solidarité entre les gens, elle contribue à créer un vivre-ensemble véritablement plus humain et chaleureux. Les associations sont les premières concernées : en France, elles sont trop dépendantes des financements publics, ce qui les met dans des situations intenables dès lors que ceux-ci diminuent. Je pense à une association de quartier à Nanterre, qui souffre beaucoup des différents retournements des collectivités locales. Je pense aux « Restos du Cœur » qui luttent pour récupérer des financements européens. Il n’y a certainement pas de solution idéale, mais je crois que le recours au financement privé est devenu un impératif. Non seulement cela incite les associations à bâtir des modèles plus viables et efficaces, contrôlés et transparents, mais aussi à se rapprocher du monde de l’entreprise, ce qui peut notamment être très utile à toutes les associations de réinsertion, de formation, de coaching, d’accompagnement vers l’emploi, mais aussi dans les domaines de l’environnement, des discriminations,… Beaucoup d’entreprises sont demandeuses. Afin d’encourager la réappropriation par les citoyens de cette forme de solidarité, l’outil fiscal pourrait à nouveau être utile : il faudrait permettre aux contribuables de faire don, s’il le souhaite, de 5% de son impôt sur le revenu à une ou plusieurs associations de son choix. Cette possibilité viendrait compléter les dispositifs qui existe déjà (réduction d’impôt principalement) et encouragerait l’activité associative en France. Elle assurerait une nouvelle source de financement pour les associations et favoriserait le développement d’une « conscience civique » des contribuables qui trouveraient là, comme avec l’impôt

‘‘  Permettre  aux  contribuables  de  faire  don,  s’il  le  souhaite,  de  5%  de  son  impôt  sur  le  revenu  à  une  ou  

plusieurs  associations  de  son  choix.  ’’  

 

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volontaire ou le fléchage de l’impôt (propositions ci-dessus), une utilité concrète et efficace pour leur argent. En clair, si le financement public doit perdurer, il ne doit plus être unique. D’ailleurs, il doit désormais s’accompagner d’évaluations plus précises, plus strictes et systématiques de l’action des associations.

EN 2009, j’ai eu l’honneur d’être candidate sur la liste de l’UMP aux élections européennes en Ile-de-France. Mon sentiment européen est, depuis lors, resté très paradoxal. Je suis à la fois consciente de la chance que nous, Français, avons d’appartenir et d’être moteurs de ce formidable projet qu’est l’Union Européenne. Dans le même temps, je ne peux cependant m’empêcher de penser que ce projet ne fait plus rêver, ni moi, ni notre génération, ni une large majorité de Français. L’Union européenne est en effet entrée dans une deuxième phase de son histoire. Des débuts de sa construction à la mise en place de l’euro, de la seconde guerre mondiale à la chute du mur en passant par la guerre froide, son histoire a été celle de la pacification du continent. L’Europe était un rêve qui est progressivement devenu réalité. Elle a rassemblée des peuples longtemps en guerre. Elle a surmonté l’horreur de la Seconde guerre mondiale et la déchirure abjecte du totalitarisme soviétique. C’est à cette Europe-là qu’a été remis le Prix Nobel de la paix en cette année 2012.

VERITE  14.  L’EUROPE  NE  FAIT  PLUS  REVER,  A  NOUS  DE  LA  REINVENTER  !  

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Depuis quelques années, l’Europe patauge. Elle est entrée dans cette deuxième partie de son histoire où elle doit maintenant se définir une autre identité que celle d’être le continent de la paix. Ma génération n’a (fort heureusement) connu ni les guerres mondiales, ni la guerre froide, ni même la réunification (ne gardant que de vagues souvenirs, pour les plus « anciens », des images de la chute du Mur). Les plus jeunes n’auront même jamais utilisé un Franc de leur vie. L’Euro ou Erasmus font partie de notre vie. Le marché unique est une réalité quotidienne, tout comme la traversée de l’Europe sans s’arrêter aux frontières. En revanche, nous connaissons de l’Union européenne son image bureaucratique et technocratique, l’incapacité à s’exprimer d’une

seule

voix (notam

ment lors des opérations extérieures ; des Balkans à la Libye en passant par l’Irak), les laborieuses consultations des peuples sur l’avenir de l’Europe de moins en moins souvent couronnées de succès, la Banque centrale européenne accablée de tous les maux, les discours souverainistes de plus en plus hargneux et, enfin, la crise économique gérée sommets après sommets à Bruxelles. Nous savons cependant une chose : dans le monde multipolaire des « grandes puissances » (Chine, Japon, Brésil, Etats-Unis, Russie, pays d’Asie du sud-est,…), la France toute seule se sentirait bien seule sans l’Union européenne. L’Euro, contrairement aux idées-reçues, nous a considérablement protégés. Les contraintes européennes en matière de déficits publics nous sauvent d’une fuite en avant qui serait ruineuse pour notre génération et les générations à venir. Sans l’Europe, nous serions relégués, allant de dévaluation en crises de la dette, d’échecs commerciaux en renoncements.

‘‘  Le  drame  de  l’Union  européenne,  c’est  d’avoir  évacué  la  politique.  ’’    

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Ce constat peut-il suffire à bâtir un projet européen solide, qui rassemble les peuples derrière un même rêve ? Malheureusement, non. Si le projet de paix n’est plus suffisant pour avancer, l’Europe doit maintenant se poser la question des peuples : elle s’est construite sans eux, elle doit maintenant continuer avec eux. Le drame de l’Union européenne, c’est d’avoir évacué la politique. Elle est présentée comme une évidence technique, sans alternative. Qu’on soit bien clairs : je suis convaincue que l’Europe est une opportunité et même plus, notre avenir. Mais je regrette qu’elle ne soit pas incarnée. Je regrette qu’elle se soit laissée enfermer dans un présentation sans vie, sans projet : elle est désormais perçue comme une contrainte… De très nombreuses questions se posent donc aujourd’hui aux peuples de l’Union européenne. La question de notre identité commune et de l’élargissement de l’UE, d’abord : jusqu’où celle-ci doit-elle aller ? Quelles sont ses frontières ? La question de son approfondissement, ensuite : dans l’Union actuelle, partageons nous tous les mêmes valeurs ? Voulons-nous partager le même système économique, fiscal, social ? Sur quels critères ? La Belgique souhaite-t-elle avoir les mêmes règles fiscales que la France, la France souhaite-t-elle avoir les mêmes règles fiscales que les pays d’Europe de l’Est ? L’Allemagne est-elle prête à financer le modèle social français ? L’Union européenne doit-elle être autre chose qu’un marché ? Peut-elle être une union réellement politique ? une fédération ? Comment la rendre plus démocratique ? Nous devons poser concrètement et clairement la question de l’avenir et de l’objet de l’Union européenne. L’Europe ne peut plus avancer dans l’ambiguïté. Ces questions sont banales. Elles sont même, certainement, « café du commerce » aux yeux des techniciens de l’Europe. Pourtant, elles sont irrésolues. Elles ne sont même pas posées dans le débat français qui,

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disons-le, se moque de l’Union Européenne ! Nous accusons les candidats à la présidentielle américaine de ne pas avoir parlé de l’Union européenne dans leur débat sur les questions internationales : nous n’en parlons pas nous-mêmes ! Par conséquent, je ne vois pas d’autre solution que celle de lancer un débat sur plusieurs années, dans tous les pays de l’Union, sur l’avenir que les peuples veulent pour leur territoire. Nous sommes citoyens de l’Union européenne, c’est donc en tant que tels que nous devons nous exprimer. Cette consultation aurait pour but de répondre aux questions évoquées plus haut. Elle se donnerait le temps et les moyens de le faire. Internet nous permet d’organiser un tel travail. Les députés européens élus, malheureusement inconnus en France, devraient sillonner le territoire afin d’organiser de tels débats. Les partis politiques pourraient prendre en charge une partie de l’organisation. Tout comme la société civile grâce aux associations. Cela se pourrait se faire en accueillant en France des élus, des représentants, des personnalités, des associations,… de toute l’Union européenne ! Ce débat ne peut rester franco-français ! Une telle consultation ne peut en revanche se faire qu’à certaines conditions. La première est de décider d’un moratoire sur l’élargissement. Plus aucun pays ne doit rentrer dans l’UE sans que nous n’ayons résolu cette question : quelle identité et quel projet pour l’Europe? Je suis bien consciente que l’Europe est une dynamique et que nous ne pouvons arrêter sur le papier un projet défini et définitif.. Aucun pays ne s’est construite de manière arrêtée et instantanée. Mais il faudrait déjà être tous d’accords sur le fait que l’Union doive devenir un pays ! En outre, la fuite en avant trouve aujourd’hui ses limites auprès des peuples

‘‘  Un  moratoire  sur  l’élargissement.  ’’    

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européens qui aimeraient bien savoir où ils en sont. Soit nous sommes une démocratie, soit nous sommes une technostructure. Le deuxième préalable à ce débat sur l’Union européenne est d’accepter une Europe à plusieurs vitesses, à plusieurs cercles. Il y a des pays qui veulent et qui peuvent avancer au même niveau et à la même vitesse ; d’autres qui souhaitent ne profiter que du libre échange. Acceptons cela, c’est justement la nature même de l’Europe de ne pas être figée ! Enfin, le dernier préalable est d’apprendre l’Europe dès le plus jeune âge : de la même manière que l’identité nationale s’apprend (le drapeau, l’hymne, les symboles,…), l’Europe, notre autre citoyenneté, doit également s’apprendre dès l’école primaire. Au

collège et au lycée, les institutions européennes doivent faire partie du programme, non pas sur une heure de classe et de manière anecdotique, mais au même titre que les institutions de la

Vème République. Si les citoyens sont libres de critiquer, de remettre en cause ou d’approuver, ils doivent le faire en connaissance de cause. C’est cela l’éducation. Je crois donc que notre génération est intrinsèquement européenne : nous avons depuis quasiment toujours la citoyenneté européenne, contrairement à nos parents. Je crois, en revanche, qu’elle ne se sent pas européenne. Nous ne nous sentons pas appartenir à un éventuel peuple européen. Quoi qu’il en soit, il s’agit certainement d’un des plus grands défis de notre génération : permettre à l’Europe de continuer d’avancer mais, cette fois, avec les peuples.

‘‘  Apprendre  l’Europe    dès  le  plus  jeune  âge.  ’’    

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Conclusion.

LA GENERATION DE LA RECONQUETE

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LA DERNIERE DES « VERITES » de ce livre concerne la droite. A nous, maintenant, de savoir amorcer le tournant de la reconquête. Après 10 ans d’existence et 10 ans de gouvernement, après de nombreuses défaites aux élections locales, l’UMP a besoin d’un nouveau départ. Elle doit le faire dans l’esprit de modernité qui la caractérise. Force de propositions, à contre-sens de la pensée ambiante, c’est justement par notre capacité à ne pas suivre bêtement « l’air du temps » que, paradoxalement, nous sommes modernes. Je crois fondamentalement qu’être « moderne » en politique, ce n’est pas, contrairement à ce que disait Baudelaire, suivre aveuglément la « futilité » ou le « transitoire » pour être à la mode. Etre moderne en politique, c’est justement savoir percevoir ce qui est immuable de ce qui est contingent, savoir faire la différence entre les revendications passagères et une vision éternelle des valeurs qui fondent notre société. C’est être à la fois profondément réformateur afin de faire entrer notre pays dans de nouvelles époques, sans jamais céder aux sirènes de la mode et des tendances qui passent. C’est lutter contre la facilité de la fuite en avant annoncée par les prophéties de St-Germain-des-Prés :

VERITE  15.  LA  DROITE  EST  PROFONDEMENT  MODERNE  !  

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« c’est comme ça, c’est le progrès, pas la peine de s’y opposer ». En ce sens, peut-être qu’être conservateur est foncièrement moderne ! Comme

j’espère l’avoir démontré dans ce livre, peut-être que vouloir la continuité et la solidité de nos valeurs fondamentales pour que notre

société regarde l’avenir avec sérénité, face au progressisme bon-teint d’une gauche coupée des préoccupations populaires, est effectivement le comble de la modernité. Outre cette capacité à discerner le fondamental de l’accessoire, je crois volontiers que la modernité politique correspond aussi aux vertus de « savoir dire non » et à la capacité à se « révolter » : ce mot de révolution n’est pas fondamentalement de droite, et pourtant… la droite sait très bien « dire non ». Elle ne doit pas se révolter pour protéger et défendre ses privilèges – c’est désormais la gauche qui a ce monopole. Elle doit se révolter pour briser les privilèges d’une France devenue bien trop corporatiste et rigide. En cela, je ne renie rien d’une campagne menée avec les Jeunes de l’UMP en 2008 où, pour les 40 ans de mai 1968, nous avions proclamé « 40 ans plus tard, la jeunesse qui bouge a changé de camp ! ». Bien sûr, nous n’avons rien des soixante-huitards de l’époque et ne revendiquons en rien l’état dans lequel, certainement de bonne foi, ils ont mis la société : dévalorisant l’autorité, ils ont renforcé le « chacun pour soi » et l’absence de respect de l’autre ; dévalorisant les modèles traditionnels de la famille ou des institutions, ils ont renforcé la perte de repères et la fuite en avant. Par conséquent, il existe aujourd’hui un juste retour de balancier d’un peuple qui réclame à nouveau repères et frontières. Dans les années 2000, c’est désormais notre jeunesse, la jeunesse de droite, qui est « avant-gardiste » réclamant à la fois un ordre

‘‘  Etre  conservateur  est  profondément  moderne  !  ’’    

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immuable, garantie d’un meilleur vivre-ensemble, et une réforme profonde de la société face à une jeunesse de gauche dont la seule idée est de « défendre les acquis ». Quel renversement de tendance ! La droite a deux pièges à éviter dans les mois et années qui viennent : Manuel Valls et le Front National. Le premier risque pour la droite serait en effet de croire que seule l’impopularité du gouvernement socialiste suffira à pousser les électeurs à voter pour la droite, par une sorte de mouvement mécanique de balancier. Les électeurs auront besoin d’une alternative crédible et solide vers laquelle se retourner, même en cas d’impopularité. En outre, parier sur l’impopularité des socialistes serait sans compter l’arrivée d’un Manuel Valls comme Premier Ministre, ou simplement comme homme fort de ce gouvernement à l’image de ce qu’a été Nicolas Sarkozy au début du second quinquennat de Jacques Chirac. Cette éventualité est, je crois, un élément important à surveiller pour la droite. Manuel Valls a emprunté une stratégie qui est jusqu’à aujourd’hui la même que celle de l’ascension de Tony Blair en Grande-Bretagne : homme de la gauche britannique, Tony Blair est devenu le Monsieur Sécurité du New Labour alors en formation. Il est devenu populaire en conciliant fermeté et solidarité. Son parcours médiatique « initiatique » a été un sans faute. Il s’est petit à petit imposé comme le seul crédible de son camp politique, élargissant son discours à

‘‘La  droite  a  deux  pièges  à  éviter  dans  les  mois  et  années  qui  viennent  :    

Manuel  Valls  et  le  Front  National.  ’’    

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d’autres thèmes de société. Il me semble que c’est exactement dans cette voie que Manuel Valls s’est engagé, lui qui, pariant sur l’échec de Jean-Marc Ayrault, est déjà en train de préparer sa succession et la phase suivante de son plan, afin de s’imposer comme l’homme fort de la gauche française. Bien sûr, ce raisonnement trouve deux limites : d’abord, il faudrait que Manuel Valls parvienne à convaincre ses électeurs qu’il est un homme de gauche… ; ensuite, il faut qu’il arrive à produire des résultats dans son domaine d’action. Or, il reste contraint par la politique du reste du Gouvernement (par exemple, par la Ministre de la Justice) et par le fait que son discours dépasse largement ses actes : les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. Le second risque pour l’UMP serait de retomber dans l’ignorance du Front National, comme à l’époque « d’avant » Nicolas Sarkozy. La stratégie de Marine Le Pen est claire : elle tend la main aux militants et adhérents de l’UMP afin de faire croire, progressivement, qu’il n’y a pas tant de différences que cela entre l’extrême-droite et nous et qu’elle ne serait, justement que la droite de la droite. Elle tente de rendre le « rassemblement bleu marine » acceptable, au même titre que n’importe quelle autre formation. Son premier enjeu, désormais, est donc d’emporter un certain nombre de villes, entre 10 000 et 30 000 habitants lors des élections municipales de 2014. Elle serait ainsi certaine d’être solidement ancrée dans le paysage politique, pouvant de là préparer 2017. Elle a commencé, ainsi, à investir et à former ses candidats aux élections municipales dès le mois d’octobre 2012, soit un an et demi avant les échéances. Ne soyons donc pas dupes : François Hollande et le Parti socialiste sont assez tacticiens pour envenimer le débat et mettre de l’huile sur le feu du chaudron extrémiste, afin d’alimenter la montée du Front national et de tenter de mettre l’UMP en difficulté. C’est pour cela que

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nous devons plus que jamais rester forts sur les sujets qui préoccupent les Français, sans tabou, tout en étant extrêmement clairs sur tout ce qui nous sépare de ce parti. L’UMP doit maintenant repartir du terrain pour reconquérir la France.

L’échec de l’UMP ne s’explique pas, j’en suis convaincue, par le fond de notre discours : l’UMP de Nicolas Sarkozy a su correspondre à une véritable attente populaire, imperceptible du microcosme parisien.

L’échec de l’UMP, notamment aux élections intermédiaires, s’explique davantage par un abandon progressif du terrain à la gauche. Celle-ci a su préparer une nouvelle génération, former des élus, communiquer sur ses implantations locales. Elle a consolidé ses réseaux locaux et entretenu sa proximité, lorsque nos responsables étaient mobilisés – et c’est normal – par l’action parlementaire et gouvernementale. Elle a ainsi réussi à se rendre en partie crédible dans l’opinion grâce à l’émergence de ses barrons locaux (Jean-Marc Ayrault, Ségolène Royal et, par exemple, tous les présidents de régions). La reconquête de nos territoires passe donc, inévitablement, par un travail minutieux de terrain. Il est urgent de permettre l’émergence d’une nouvelle génération d’élus et de militants sur tous les territoires, village par village, canton par canton, ville par ville, circonscription par circonscription. Il s’agit d’un travail de longue haleine, demandant volonté et persévérance.

‘‘  La  gauche  a  su  préparer  une  nouvelle  génération.    A  nous,  maintenant,  de  prendre  en  main  le  destin  de  notre  famille  politique,  par  la  racine.  ’’    

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Notre génération est bien sûr aux avant-postes d’une telle reconquête. Le but des jeunes de l’UMP et, en général, de toute la nouvelle génération, c’est d’être à la pointe de ce mouvement, en étant les premiers des militants. Je crois ainsi qu’il est important que dans chacune de nos fédérations, dans chacune de nos villes, nous ayons bien la préoccupation de préparer la transition et le renouvellement de l’UMP. Quoi qu’il en soit, c’est à nous de prendre en main le destin de notre famille politique, par la racine. Nous devons le faire avec les moyens les plus modernes comme avec ceux les plus traditionnels. Par exemple, aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi en Grande-Bretagne, se développe depuis quelques années le « micro-targeting ». Il s’agit d’adresser spécifiquement les messages et

propositions que nous faisons aux

personnes particulièrement

concernées. Ce moyen nous permettrait de développer de nouveaux liens avec la société civile, qui nous fait défaut à droite. La gauche, par exemple, a ainsi su « noyauter » le milieu associatif. Nous n’aurions pas du le lui laisser le monopole de ce secteur important de la vie sociale. Nous pourrions par exemple parler davantage aux habitants des banlieues et ne pas laisser non plus ce terrain à la gauche. Comme je le disais dans mon livre « Pourquoi les banlieues sont de droite », nous avons par exemple un message qui correspond bien mieux aux attentes des habitants des banlieues que celui d’une gauche qui ne s’y intéresse qu’au moment des élections : nous croyons au travail et au mérite, nous voulons encourager les gens à réussir par eux-mêmes, à gagner de l’argent (ni le mot d’argent ni celui de réussite n’est honteux ! au contraire) ; nous valorisons la famille, les vertus de la transmission et de

‘‘  Renouer  avec  la  société  civile  qui  nous  fait  défaut,  à  droite.  ’’    

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la tradition (religieuse, culturelle), le respect des aînés. Or, dans les quartiers, le « monde de la finance » n’a jamais été l’ennemi (!!) et le mariage ou l’adoption pour des couples homosexuels n’a jamais été un idéal. Nous devrions donc être en capacité de nous adresser directement, en cohérence totale avec nos valeurs, aux habitants de ces quartiers : par la voie d’Internet, des courriers, du « phoning » (appels téléphoniques),… Il existe d’autres exemples : nous pourrions nous adresser spécifiquement aux entrepreneurs ou aux chefs d’entreprise quand il s’agit de compétitivité ; aux salariés quand il s’agit de pouvoir d’achat et, plus particulièrement, à certains salariés seulement lorsque nous proposons des solutions contre les délocalisations ; aux familles nombreuses ou aux familles célibataires selon les problèmes débattus sur la fiscalité des ménages,… Bien sûr, nous le faisons déjà auprès de nos adhérents, de temps à autres. Seulement, il serait efficace de multiplier ces actions et de les élargir, en bâtissant de nouveaux réseaux. Ce travail doit aussi se traduire au niveau local : localement, il est plus facile pour les membres de l’UMP au sein d’une commune ou d’un territoire de tisser des liens dans chaque milieu, dans chaque quartier. Dans les pays anglo-saxons, ce travail est « automatisé » et pris en charge de manière professionnelle par des entreprises de micro-targeting, ou des cellules de marketing politique intégrées aux partis politiques eux-mêmes. Enfin, ce « micro-targeting » ne peut être déconnecté du travail de terrain. Je suis par exemple convaincue de la nécessité du porte-à-porte. La campagne d’Obama 2008 a été le meilleur exemple d’une utilisation couplée « micro-targeting »/porte-à-porte : l’un n’allait pas sans l’autre. Le porte-à-porte a ainsi été ciblé sur des publics choisis et définis à

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l’avance. Il a alors été d’une redoutable efficacité, renforcée par la transformation des personnes rencontrées en véritables porte-paroles de la campagne de Barack Obama, démultipliant la portée de chaque ménage visité, avec un effet boule de neige sur tout le territoire. Souvent, les citoyens ne connaissent pas les acteurs politiques locaux : c’est donc à nous d’aller vers eux. Lors de la dernière campagne présidentielle, les militants socialistes ont eu recours au porte-à-porte et, comme militante, je suis certaine que cela a porté ses fruits. L’efficacité du porte-à-porte est meilleure que tous les tractages ou collages réalisés, qui n’ont qu’un atout : assurer une présence, là où le porte-à-porte participe directement de l’exercice de conviction. Il permet, notamment en période de reconquête, de témoigner de notre présence au plus près des Français et sur tous les terrains, notamment les plus difficiles, et « pas seulement à l’approche des élections » comme il nous est souvent reproché. Lancer un plan national de porte-à-porte dès janvier 2013 est donc indispensable pour être à nouveau et partout directement au contact des Français.

Face à l’ampleur du travail de reconquête pour 2014, il devient urgent d’investir nos candidats aux

élections municipales dès le mois de janvier 2013, afin de leur donner les moyens d’être prêts au plus tard un an avant les échéances. Une année n’est pas de trop pour constituer une équipe municipale, repérer les nouveaux talents, faire émerger une nouvelle génération, se former sur la situation de la ville ou l’organisation d’une campagne.

‘‘  Lancer  un  plan  national  de  porte-­‐à-­‐porte  …  

 

…et  investir  nos  candidats  aux  municipales  dès  janvier  2013.  ’’  

 

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Dans ce cadre, une véritable stratégie, minutieuse, de conquête et de reconquête devrait être mise en place : chaque ville, chaque cas, devrait être étudié avec attention afin de délivrer des formations et des candidatures qui correspondent à chaque situation. De manière concrète, chaque ville (ou éventuellement circonscription) à reconquérir devrait être dotée d’une permanence UMP un an à l’avance et bénéficier de l’aide de l’ensemble de la fédération afin d’assurer un mininum de temps d’ouverture par semaine. Ces permanences sont des lieux essentiels pour lancer une dynamique, assurer une présence et rencontrer les habitants. Finalement, l’UMP, dès janvier 2013, doit se transformer en gigantesque plateforme de services aux candidats, pour qu’ils puissent mener les campagnes les plus efficaces possibles et, qu’ainsi, ils puissent rencontrer le maximum de Français. Enfin, nous devons bâtir une plateforme programmatique solide afin d’être une alternative crédible pour les Français. Cette alternative doit nous permettre de nous dégager du piège dans lequel les faiseurs d’opinion et les détenteurs de la pensée unique veulent nous faire tomber : nous résumer à un parti identitaire, dont les seules préoccupations seraient l’immigration ou l’islam. Nous n’avons jamais été ce parti là, et nous ne le serons pas. Si cet enjeu identitaire est une attente des Français dont nous avons le devoir de parler, cela n’est absolument pas notre seul discours, bien au contraire. Je continue à croire que ce sont le travail, le pouvoir d’achat, la compétitivité et la sortie de crise économique qui sont les premières réponses aux problèmes de notre société. Sur ce thème, notre message est

‘‘  Une  permanence  pour  chaque  ville  ou  chaque  circonscription  

de  conquête  !  ’’    

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l’inverse de celui du Front national et l’inverse de celui de la gauche ! Ce sont mêmes leurs deux programmes qui se ressemblent ! Gauche et FN proposent toujours plus de protectionnisme, d’étatisme, de planification et de contrôle. Ils proposent, en un mot, toujours plus de… socialisme, là où nous proposons de renforcer l’attractivité de notre économie, la puissance de nos entreprises, la capacité d’innovation de nos entrepreneurs ! Au-delà des questions économiques, sociales et régaliennes, il existe des champs nouveaux que l’UMP peut investir : c’est le cas de l’éducation par exemple. Les responsables politiques de droite sont perçus, par principe, comme incompétents ou illégitimes sur cette question, toujours laissée à la gauche. Il s’agit d’un sujet que je connais bien car il s’approche énormément de celui de l’égalité des chances ou de celui des banlieues : des sujets qui, dès lors qu’on les évoque, soit vous « étiquettent » comme de gauche, soit vous rendent quasiment illégitimes pour en parler si vous êtes de droite. Autres champs nouveaux à investir pour la droite : les banlieues bien sûr, mais aussi les zones rurales ou les zones « périurbaines » trop méconnues et qui votent de plus en plus massivement pour le FN. La droite a un discours à leur tenir : celui de la récompense du travail, de la lutte contre l’assistanat, de la méritocratie ou de la solidité de nos valeurs républicaines. Nous devons leur consacrer une part centrale lors du prochain programme de l’UMP. L’une des solutions, visibles et efficaces, serait de créer sur ces thèmes des « laboratoires » d’idées, des think tanks propres à la droite, et spécifiques à ces sujets : un laboratoire de l’Education par exemple. Ils

‘‘  Un  laboratoire  de  l’Education,  laboratoire  d’idées  et  

d’expérimentations  sur  le  terrain,  grâce  à  notre  réseau  

d’élus  ’’    

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permettraient de travailler en profondeur ces thématiques, de tisser un réseau de spécialistes, experts et membres de la société civile, mais aussi d’expérimenter sur le terrain des solutions concrètes à l’image de ce que fait l’Institut Montaigne, en s’appuyant sur le réseau d’élus locaux de l’UMP. Cela nous permettrait de travailler le fond sans être déconnecté

du terrain. Il existe encore d’autres sujets qui méritent un « focus » particulier de l’UMP : la jeunesse par exemple.

En effet, François Hollande a décrété que la jeunesse était sa priorité. Je propose donc qu’un an après sa prise de fonction, le 6 mai 2013, soient organisés les Etats-Généraux de la Jeunesse ! Nous le ferions sous forme de bilan des politiques engagées par le Gouvernement de gauche aux vues de leurs promesses, ainsi que grâce à des benchmarks approfondis de ce qui fonctionne à l’étranger. Cela permettrait de confronter la gauche à ses responsabilités. Cela permettrait aussi à l’UMP de développer sa propre vision de la jeunesse et de la partager avec les jeunes eux-mêmes, venus de la société civile. Enfin, une dernière façon de procéder à ce renouveau programmatique serait de mettre en place un « Terra Nova » de droite, chargé de faire émerger de nouvelles idées dans le débat public, de prospecter à l’étranger en réalisant des benchmarks et des études approfondies, de réunir les membres de la société civile dans tous les domaines, de former les élus,… à la manière du travail réalisé entre 2005 et 2007 par Nicolas Sarkozy avec Emmanuelle Mignon. Le but de ce travail est, à l’image de ce qu’a réalisé David Cameron avec sa « big society » de faire émerger une vision cohérente de la société, embrassant l’ensemble des sujets autour d’une même idée. Dans le cas de

‘‘  Convoquer  en  mai  2013  les  Etats-­‐Généraux  de  la  Jeunesse,  priorité  annoncée  du  candidat  Hollande.’’    

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Cameron, l’idée était par exemple de favoriser l’émergence d’une société civile capable de se endre en mains dans tous les domaines (économique, scolaire, associatif, social), en conciliant individualisme et sens de la solidarité et de la générosité. Cela correspondait profondément aux attentes et aux besoins du peuple britannique. Avant d’achever ce livre, il existe un dernier pavé dans la marre, une dernière vérité qui me tient à cœur. Il y a un chantier de modernisation de la vie politique qui dépasse largement celui de l’UMP et dont il n’est jamais question en France : interdire le cumul fonction publique / engagement politique. Il est d’ailleurs étrange que ce débat ne soit pas plus important. En effet, en France, la fonction publique est théoriquement neutre. Contrairement aux Etats-Unis par exemple, elle n’est pas politique : elle transcende les

clivages et elle est sensée être la garante de l’unité et de la continuité des politiques publiques et des services publics dans le temps. Lorsque les majorités changent, l’administration garantit ainsi

la continuité du service public, au-delà des orientations politiques. C’est aussi dans la vision française une garantie de l’égalité de traitement des citoyens : l’administration, n’ayant pas d’orientation politique, ne peut pas être soupçonnée de traiter différemment les citoyens. Il en va de l’honneur et de l’indépendance de la fonction publique d’être insoupçonnable d’un quelconque esprit partisan. Pourtant, notre système n’est pas cohérent : si véritablement la fonction publique était neutre, les fonctionnaires ne pourraient pas, comme certains le font en pratique, revendiquer une appartenance politique ni exercer un mandat en même temps que leur fonction. En

‘‘  Moderniser  la  vie  politique  :  interdire  le  cumul  fonctionnaire/engagement  politique  !’’    

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effet, si le principe de neutralité du service public interdit aux fonctionnaires de faire de leurs fonctions un instrument de propagande, ils peuvent tout à fait être investis d’un mandat politique ou être militants politiques (outre leur appartenance syndicale). Un enseignant peut être élu où il le souhaite, y compris dans la commune dans laquelle il enseigne. Les seules restrictions sont définies par la jurisprudence en fonction de la hiérarchie, des responsabilités, du contexte,…. Elle est sensée être très forte dans le cas des hauts fonctionnaires, proches du pouvoir exécutif. Elle concerne aussi les agents territoriaux qui ne peuvent pas être élus de la même entité territoriale que celle où ils travaillent (un fonctionnaire dans une collectivité régionale ne peut être conseiller régional de la même région). Elle concerne enfin les parlementaires, mis en disponibilité dès lors qu’ils sont élus – avec la certitude de retrouver leur emploi à la fin de leur mandat, s’ils sont battus par exemple. Enfin, les conditions de réserve sont plus strictes pour les préfets, les militaires, les juges, les policiers. Un Préfet ne peut pas, par exemple, prendre sa carte dans un parti politique. Les militaires le peuvent uniquement de façon exceptionnelle, avec validation de la hiérarchie. Par conséquent, si des obligations existent (réserve et neutralité), les situations sont à très forte géométrie variable, elles évoluent sans cesse avec la jurisprudence, elles sont complexes et peu lisibles pour le citoyen. Ainsi, même si les agents publics laissent effectivement leurs opinions à la porte de leur travail, la neutralité reste une sorte de fiction juridique en pratique. Or, la fonction publique doit être absolument au dessus de tout soupçon. Il est donc important de clarifier la situation et d’aller dans le sens d’une stricte neutralité. Par conséquent, je propose un principe simple : de la même manière qu’avec la Droite forte, nous avons proposé l’interdiction du droit de grève pour les fonctionnaires, je suis en faveur d’une fonction publique réellement neutre dans laquelle tout fonctionnaire entrant dans

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n’importe laquelle des fonctions publiques (Etat, territoriale, hospitalière) devra choisir entre son métier et son engagement politique (de militant ou d’élu), à l’image d’un Préfet ou d’un militaire par exemple. Cette proposition est cohérente avec celle faite plus haut de réserver le statut de fonctionnaire aux seules fonctions régaliennes : ainsi, ce ne serait pas 5 à 6 millions de personnes qui seraient concernés par le principe de neutralité. Ces solutions existent d’ailleurs à l’étranger. Bien sûr, plusieurs degrés restent envisageables pour mettre ce principe en pratique : le premier est d’interdire strictement le cumul fonction publique / engagement politique sans condition (mandat et militantisme politique interdits) ; le deuxième est de réserver cette interdiction au cumul fonction publique / mandat politique (exécutif et non exécutif) ; le troisième, moins strict, est d’obliger un fonctionnaire élu (à un mandat exécutif ou non) à démissionner de la fonction publique au bout d'un mandat s'il veut conserver ses fonctions d’élu (Bruno Le Maire a par exemple choisi de démissionner). Si cette clarification est contestée, alors nous devons assumer que la fonction publique n’est pas strictement neutre et qu’elle devient politique, à l’américaine. Pourquoi pas, d’ailleurs ? Mais dans ce cas, assumons-le : cela signifie que les administrations changent à chaque nouvelle majorité. En attendant d’en arriver là (bien loin de la tradition française), clarifier l’obligation de neutralité et le devoir de réserve par une application stricte aurait trois mérites évidents. Le premier, bien sûr, serait de mettre fin au caractère ubuesque de la situation actuelle qui consiste à entendre, dans la vie quotidienne, des agents de l’Etat ou des collectivités connus comme tels par la population (des hauts fonctionnaires, des enseignants, des magistrats,

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des fonctionnaires municipaux, des fonctionnaires territoriaux,…) prendre ostensiblement partie devant des citoyens. Le deuxième mérite serait de mettre en phase la vie politique et la réalité du monde contemporain : il n’est pas sain par exemple que 2/3 du Gouvernement actuel soient fonctionnaires. Cela explique en grande partie les rigidités de notre modèle économique et social dirigé par un personnel politique qui ne connaît pas la réalité de la sphère privée ou du monde de l’entreprise. En effet, ils regardent la société de façon biaisée, depuis un monde dans lequel existent encore la garantie d’avoir un travail à vie, l’impossibilité (ou presque) d’être licencié, l’absence de concurrence, la possibilité de quitter un travail en ayant l’assurance d’en trouver un autre, la garantie de faire 35 heures sans que l’on vous demande d’en faire plus, la méconnaissance de la culture du « client roi » ou encore l’absence de contrainte de performance. Dans un pays dans lequel l’enjeu économique principal est la baisse de la dépense publique et le retour de la croissance, un tel biais rend compliqué la mise en place des réformes nécessaires. Enfin, le troisième mérite, lié au précédent, serait de renouveler la classe politique et d’y intégrer l’ensemble des professions de notre société. Cela rendrait la classe politique plus représentative. En effet, il est facile pour un fonctionnaire de se présenter et, une fois élu, de savoir qu’il n’a pas à se préoccuper de son retour dans la vie professionnelle le jour où son mandat prend fin. Il s’agit d’un privilège exceptionnel qui déséquilibre nos instances politiques. Au même titre que tous les autres privilèges de la fonction publique mentionnés plus haut dans ce livre, celui-ci doit être aboli.

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Toutes ces « vérités » ne font certainement pas toutes plaisir à entendre. Pourtant, il me semblait nécessaire de les écrire : si à 27 ans, on ne les dit pas, à quel moment le fera-t-on ? L’essence de la politique est de se battre afin d’essayer de faire bouger les lignes en faveur de nos convictions les plus profondes. Militante à Nanterre, comme l’ensemble des militants à travers les fédérations, c’est cette force qui nous motive, qui nous mobilise, qui nous rassemble. C’est cette énergie que nous devons porter. Nous avons beaucoup appris des derniers mois et des dernières années. Le 6 mai 2012 a été un tournant : à notre génération, maintenant, d’en faire un rebond. Il ne tient qu’à nous d’y arriver, en conservant notre fraîcheur, notre audace, notre énergie. Village par village, ville par ville, canton par canton, circonscription par circonscription, à nous de reconquérir la France !

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