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DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 [ NRP Octobre 2015, n°28 Société Onorientour : les nouvelles scènes culturelles arabes à nu Anaïs Heluin L’abrogation de la peine de mort ne signifie pas l’impunité Nadir Iddir Des Algériens en manque de loisirs, Maisons de jeunes et cybercafés. O. HIND « SI LE PATRIMOINE NATUREL M’ÉTAIT CONTÉ » Droit Culture/Médias Economie Industrialisation de l’Algérie : Il faut changer de logiciel ! Seghir Smail

NRP Octobre n°28 - cdesoran.org · Les nouveautés du code de ... Octobre 2015, n°28 La NRP remercie la Maison de la Culture Scientifique ... l’homme doit se comporter en « chef

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DossierDOSSIER

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NRP Février 2015, n°25

[

NRP Octobre 2015, n°28

Société

Onorientour : les nouvelles scènes culturelles arabes à nu

Anaïs Heluin

L’abrogation de la peine de mort ne signifie pas l’impunitéNadir Iddir

Des Algériens en manque de loisirs,

Maisons de jeunes et cybercafés.O. HIND

« SI LE PATRIMOINE NATUREL

M’ÉTAIT CONTÉ »

Droit

Culture/Médias

EconomieIndustrialisation de l’Algérie : Il faut changer de logiciel !

Seghir Smail

Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR,

Lamya TENNCI, Sid Ahmed ABED, Mokhtar MEFTAH, Samir REBIAI, Laid Nasro OUENZAR

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

EconomieIndustrialisation de l’AlgérieIl faut changer de logiciel !, SeghirSmail , p.9

Des chercheurs anglo-saxons décryptent : Rente pétrolièreet démocratie sont-elles compatibles en Algérie ?, Tahar J,p.10

SociétéLe Burkini en lycra flotte sur le littoral algérien, Jean-LouisLe Touzet,p.11

Des Algériens en manque de loisirs, Maisons de jeunes etcybercafés, Cyril, p.12

La politisation des commissions culturelles au niveau des com-munes en cause., p.12

DroitLes nouveautés du code de procédure pénale : Protection dela société et respect des libertés individuelles et du droit de ladéfense,Houria Akram, p.13

L’abrogation de la peine de mort ne signifie pasl’impunité,Nadir Iddir,p.14

Culture/MédiasOnorientour : les nouvelles scènes culturelles arabes à nu, AnaïsHeluin, p.15--16

MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS D’ALGER : Porte ouvertesur un trésor de l’humanité, Anissa LOURDJANE, p.16

Bibliographie, p.17

Dossier

« SI LE PATRIMOINE NATUREL M’ÉTAIT CONTÉ »»Conférence au musée d’Oran : «La loi permet à n’importe quelcitoyen de saisir la justice quand il s’agit d’atteinte à un patrimoine»,Ziad Salah, p.4

Sétif. Ouled Ayad : Si les cascades m’étaient contées,KamelBeniaiche, p.4-5

CLASSEE EN 1971 PAR LA CONVENTION INTERNATIONALE DERAMSARLa réserve naturelle de Réghaïa et son lac en danger,Abdelkrim Amarni, p.5Les gazelles du Tassili menacées d’extinction,D.T.,p.6Les jardins-terrasses de Kristel : Un site vivant du patrimoineOranais en voie de disparition, Samir SLAMA p.6-7La grotte Capéletti d’Oued Taga (Batna) : une zone humide « néo-lithique »,. p.7-8PARC NATIONAL DU DJURDJURA Un patrimoine menacé,S. AitHamouda,P.8

[email protected]

N° 28, Octobre 2015

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NRP, Octobre 2015, n°28

La NRP remercie la Maison de la Culture Scientifique pour son soutien financier.

Editorial

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NRP, Octobre 2015, n°28

Leïla TENNCI

Il est fort connu que la notion de patrimoine naturel s’as-socie non seulement au concept de « patrimonialité » quisuggère une valeur, voire un besoin de sauvegarde et derestauration mais aussi à la « nature », au monde naturel,à cet « autre » être vivant avec ses différentes formes. Cette

altérité a toujours été banalisée par le narcissisme de l’homme croyant qu’il est le centre dumonde et oubliant parfois que la vie de cet « autre » est éperdument liée à sa propre vie. C’estcette interaction entre l’homme et la nature qu’on oublie très souvent. Imaginons seulement uninstant un monde sans ses espèces animales et végétales, un monde sans ses grottes ancestra-les, sans ses terrasses-jardins, bref : un monde sans identité, sans passé, car c’est de cela qu’ils’agit. Ignorer ses racines naturelles, c’est comme rejeter sa famille, c’est comme faire abstrac-tion de son propre corps. Oublier son passé, c’est comme ne pas envisager son avenir car si l’onne veut pas entendre de ses ancêtres cela voudrait dire qu’on ne pense pas à ses enfants. Lanature est donc cette « maison de tous » où l’homme doit se comporter en « chef de famille »pour le bien de tous car ce dernier doit la léguer aux générations futures. Cette nature compo-sée d’un ensemble d’espèces vivantes et dont l’homme oublie qu’il est aussi une espèce vivantecomme toutes les autres et qu’il n’est pas plus supérieur que les autres, que son humanité enfait partie. Tout le monde sait que l’homme est différent des autres êtres vivants par le langageet la raison mais ce qu’on oublie aussi c’est que la nature peut s’exprimer, « parler » surtoutquand elle « souffre » ou qu’elle « est en colère ». Oui, la nature a son langage et très souventviolent. Si on l’agresse, elle se défend. Si l’homme est doté de la faculté de mémoire mais aussitout à fait prêt à une amnésie partielle ou totale, la nature, elle, possède une autre espèce demémoire, celle des racines enfuies sous les bétons, sous les océans, sous des espaces sablon-neux, dans des grottes à travers des peintures rupestres, dans les yeux d’une gazelle qu’ons’apprête à abattre, dans la couleur d’un flamand rose au bord d’un lac empoisonné par lesdéchets domestiques et industriels, dans la musique d’une cascade ancestrale… Il est vraiqu’aujourd’hui, le pouvoir de l’argent et des nouvelles technologies a fait en sorte que toutecette mémoire naturelle ne compte pas, qu’il faut la laisser aux personnes dites « idéalistes » ouqu’on nomme aujourd’hui « les écologistes », mais ces nouveaux riches et ces nouvelles scien-ces ont oublié que la nature peut aussi être en guerre contre l’homme. Combien de nouvellesmaladies allons-nous avoir ? Combien de séismes, de tsunamis allons nous subir ? Le réchauffe-ment climatique est-il prêt à régresser ? C’est pour cette raison que l’homme doit faire la paixavec la nature, en respectant son passé naturel qui est le sien et en laissant vivre les autres êtresvivants. Il est fort nécessaire de revenir vers cette nature qui ne demande qu’à vivre et qu’à fairevivre l’homme. Une construction patrimoniale n’est pas liée seulement aux pouvoirs politiques,elle remporte aussi l’adhésion de beaucoup et fait sens collectivement. Elle passe par une cons-truction sociale, citoyenne et universelle. Et c’est parce qu’on n’est pas seul au monde, qu’ondoit se protéger les uns et les autres, c’est-à-dire l’homme et la nature. Le patrimoine matérielhumain n’est pas plus supérieur que le patrimoine naturel. Ils sont mêlés, dépendant l’un del’autre, donc contraint à vivre ensemble. C’est ce conte là que les enfants de demain voudrontentendre avant de s’endormir !!!

« SI LE PATRIMOINE NATUREL

M’ÉTAIT CONTÉ »

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NRP, Octobre 2015, n°28

DOSSIERConférence au musée d’Oran :

«La loi permet à n’importe quel citoyen de saisir la justice quand ils’agit d’atteinte à un patrimoine»

Dans une conférence donnée, Mr.Betrouni Mourad, directeur centralau niveau du ministère de la Culturechargé de la protection légale desbiens culturels et de la valorisationdu patrimoine culturel, au MuséeAhmed Zabana, a passé en revue lestextes de lois se rapportant au patri-moine. Après un détour théorique,le conférencier a signaléqu’en 1962, 400 sites historiques ontété classés par l’administration colo-niale. La première loi nationale serapportant au patrimoine est cellede 1962 qui était une simple «recon-duction des lois françaises». Il aurafallu « attendre 1967 pour voir la pre-mière loi algérienne », dira t-il .Cette ordonnance s’intitule « Protec-tion des sites et monuments histori-ques et fouilles archéologiques ».Commentant cette ordonnance, ildira «on a protégé avec les mêmesinstruments, sans s’interroger». Decette ordonnance, il ressort que«le patrimoine est sans voix » et quesa protection devient «une simplequestion technique et non politi-que». Autrement dit «lapatrimonialisation est une préroga-tive de L’Etat et non pas de la société»ajoutera-t-il. Pour lui, la loi 98/04 mar-que une certaine avancée, puis-qu’on est passé «au questionnementidentitaire» du patrimoine. Usantd’un autre langage, il dira que c’est

là «la reconnaissance politique de lapatrimonialité». Cependant,cette loi a gardé les mêmes mécanis-mes que ceux de mise auparavant.Relevant des écueils de cette mêmeloi, i l citera le cas des villagestraditionnels considérés «comme si-tes naturels». En clair, le conféren-cier ajoutera que «l’État s’est chargéde la protection du patrimoine, main-tenant c’est à la société de s’appro-prier ses valeurs ». Lors des débats,Mr Betrouni, interpellé sur la ques-tion de la protection de cet héritage,dira «la loi 98/04permet à n’importequel citoyen de saisir la justice et dese constituer partie civile quand ils’agit d’atteinte à un patrimoine».Abondant dans ce sens, il déploreque «le ministère de la culture veuttout chapeauter» alors qu’il n’est pasun ministère de souveraineté. Il plai-dera vivement pour l’implicationcitoyenne dans la protection et lapréservation du patrimoine. Il noteraque 80% du patrimoine archéologi-que algérien est à l’air libre, dans unpays qui a la dimensiond’un continent. Il jugera l’implicationcitoyenne d’incontournable. Le der-nier maillon juridique est «Le Schémanational de l’aménagement du terri-toire» produit en 2010. Conséquencede cette nouvelle perception, la dis-solution des circonscriptions archéo-logiques, au nombre de trois, cou-

vrant que le Tell et ignorant leSud du pays. «Un déficitmémoriel» relève t-il. Il dira quele découpage archéologiquedatait de 1949. Le plus impor-tant à ses yeux, c’est, dira-t-il«la première fois qu’on a com-mencé à s’interroger sur la no-tion du territoire». Mais malgréce dispositif juridique, le con-férencier tonnera : «nousn’avons pas encore réalisé lamutation nécessaire pour se re-garder par nous mêmes». Et des o u l i g n e rle désengagement sur ce pland’une institution comme l’Uni-versité. «N’ayant rien venir dela part de l’Université, nousavons décidé de créer l’ÉcoleNationale de la Restauration».Il commentera même l’ensei-gnement de l’histoire où prédo-mine toujours la perception despécialité dans une ère biendéterminée. Le conférencier aplaidé pour une refondation dela recherche dans le domainearchéologique et historique etsurtout pour plus d’implicationde la société, notamment à tra-vers la société civile, dans ledomaine de la préservation etla protection du patrimoine.

Sétif. Ouled Ayad : Si les cascades m’étaient contées…Sétif recèle d’innombrables sitestouristiques d’une valeur inestima-ble. Trônant à plus de 1700 mètresd’altitude, le mont Megres, situé à20 kilomètres d’Aïn Fouara, est enhiver le lieu de prédilection des adep-tes de ski... Par sa richesse biologi-que, la forêt des babors (2367 hecta-res) est une réserve naturelle d’unebeauté sublime. Abritant des espè-ces rares tels la sittelle des Babors etle sapin de Numidie, la forêt fait par-tie des meubles de ces monts de2000 mètres. Fief des civilisationsanciennes, Djemila (ex-Cuicul) estl’autre attraction des plainessétifiennes où les stations therma-les de Hammam Guergour, Ham-mam Soukhna, Ouled Yeles, Ham-mam Boutaleb, connues pour leurseaux chlorurées sodiques, boostentles potentialités touristiques d’unewilaya pléthorique en patrimoine ar-

chéologique et naturel.Méconnues du grandpublic, les cascadesd’Ouled Ayad sontl’autre merveille decette région…Pas faci-les d’accès, les chutesprécitées se trouvant àtrois kilomètres d’ouedEl Berd, … ne laissentpas indifférent leurs vi-siteurs. Subjugués parun paysage à l’état sau-vage, les hôtes deslieux n’en croient pas leurs yeux. En dépit deschemins sinueux pour yaccéder, l’espace…esthospitalier. La splen-deur du site vous faitoublier les désagré-ments causés par ceschemins escarpés.

30 Avril2015

Ziad Salah

Kamel Beniaiche

NRP, Octobre 2015, n°28

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Avant de poser le pied en ces lieuxenchanteurs, le randonneur estobligé d’avaler 3 kilomètres d’uneroute étroite et éventrée. Abandon-nées par leurs habitants martyriséspar les terroristes ayant écumé leslieux, des centaines de maisonnet-tes vides témoignent des momentsdifficiles vécus par la région où lecalme et la quiétude reprennent ledessus… Pour bien profiter de l’es-pace se trouvant à cinq minutes (vold’oiseau) des monts babors, on doitescalader des escaliers exigeant dusouffle et une bonne condition phy-sique. «Il est navrant qu’un site aussimagnifique en mesure de créer del’emploi ne bénéficie pas de l’atten-tion des chargés du secteur du tou-risme. Pour permettre à la communed’engranger des recettes substan-tielles, il suffit de réhabiliter le réseauroutier, créer un parking, installer unposte de la protection civile et desgîtes de repos, tout en préservant l’environnement naturel. Destinationde prédilection de centaines de visi-teurs, qui viennent chaque jour des

quatre coins du pays et de l’étran-ger pour s’y ressourcer et chercherla fraîcheur, l’endroit a besoin d’unevéritable prise en charge des pou-voirs publics, interpellés plus que ja-mais. En outre, on doit savoir que leweek-end le lieu pouvant créer aubas mot plus de 100 emplois est noirde monde», dira Amine, un amou-reux de l’espace, ayant tenu à le fairedécouvrir à des cousins venus deFrance… De leur côté, les enfantsd’oued El Berd abondent dans lemême sens : «Les cascades d’ouledAyed peuvent donner un grandcoup de fouet au développement de la région qui a souffert des exactionsdes terroristes. Pourvu que les auto-rités locales, à leur tête le wali quis’est déplacé dernièrement sur leslieux tiennent les engagements pris.On ne demande pas la lune, mais unplan d’aménagement du site qu’ondoit non seulement protéger et pré-server, mais classer dans la rubriquedu patrimoine touristique national.Avec ses chutes d’eau, la montagne,la végétation sauvage, une nature à

couper le souffle, l’endroit dis-pose d’innombrables atoutsdevant faire de lui une destina-tion touristique de premierplan. Avec la chute du prix dupétrole, le moment est doncvenu pour faire du tourisme unsecteur stratégique. Les casca-des d’ouled Ayed sont en me-sure de drainer des milliers detouristes d’Algérie et d’ailleurs.Pour ce faire, il suffit de la vo-lonté et de l’engagement despouvoirs publics qui doiventnous aider à montrer l’autre vi-sage de notre belle région quirevient à la vie. En valorisant lesite, l’économie de la région quiattend le raccordement au gaznaturel, une commodité destemps modernes, n’en seraque bénéficiaire» …

CLASSEE EN 1971 PAR LA CONVENTION INTERNATIONALE DE RAMSARLa réserve naturelle de Réghaïa et son lac en danger

Dernier vestige des marais de la Mi-tidja, la réserve naturelle de Réghaïaet son lac, avec son écosystème etsa faune, sont grandement menacéspar la pollution industrielle, prove-nant des zones d’activités économi-ques et d’habitat de la wilaya d’Al-ger, mais aussi par les rejets domes-

tiques. Des efforts sont déployéspour lutter contre les effets de lapollution sur cette réserve humide,classée site protégée par la Conven-tion de Ramsar, en Iran, signée en1975 par 171 pays…La détériorationcontinue de la qualité de l’eau du lacmenace également de disparition deplusieurs espèces animales et végé-tales protégées. «La plus grandecontrainte à la préservation du lac deRéghaïa est le déversement des

oueds El Biar et Réghaïa, pollués parles eaux usées domestiques et cel-les chargées de matières chimiques,mais non raccordés à une stationd’épuration», a expliqué le directeurdu centre, AbdelghaniBoumessaoud…Cet endroit ac-cueille trois espèces d’oiseaux d’eau

mondialement mena-cées de disparition, àsavoir la sarcelle mar-brée, le fuligulenyroca etl’érismature à têteblanche qui niche àRéghaïa. 3000oiseaux d’eau fré-quentent le lac quiaccueille enmoyenne 47 espèceslocales et migratricesd’oiseaux chaque an-née, selon les statisti-ques du centre cyné-

gétique. Composé de cinq écosystè-mes (marin, marécageux, de dunes,lacustre et forestier), le lac deRéghaïa s’étend sur une superficiede 1575 hectares dont 900 en mer,600 de forêt et dunes en plus d’unplan d’eau douce de 75 ha.» Sa fauneest constituée de 206 espècesd’oiseaux (flamant rose, canard sou-chet, col vert, bécassine et de 21 es-pèces de mammifères (chacal, ge-nette, sanglier, renard famélique,

etc...), de 12 espèces de pois-sons, de 170 groupes d’inver-tébrés et de 71 races de repti-les et d’amphibiens. Sa ri-chesse floristique est compo-sée de 233 espèces de plantesinventoriées et de 25 espècesde flore marine. En Algérie,1451 zones humides sont re-censées, dont 762 naturelles et689 artificielles. Au moins 50d’entre elles sont des sitesd’importance internationaleclassés sur la liste de Ramsar.Le centre de Réghaïa a saisi, enoctobre 2013, la DGF et la wi-laya d’Alger sur l’urgence detrouver une solution à la pollu-tion de plus en plus envahis-sante du lac de Réghaïa», a in-diqué Mr. Boumessaoud..Parailleurs, la direction du centrecynégétique place ses espoirsdans le changement de statutdu lac qui lui permettra de met-tre en place une «gestion inté-grée» du site. Le classementdes 1.541 zones humides re-censées en Algérie doit êtrefait par la commission nationaledes aires protégées, prévuedepuis 2011, mais qui n’est tou-jours pas opérationnelle.

05 Septembre 2015

Abdelkrim Amarni

02 Juillet2015

NRP, Octobre 2015, n°28

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D.T.

29 Mai2015

Les gazelles du Tassili menacées d’extinctionLes gazelles du Tassili se font de plus enplus rares, menacées notamment par lebraconnage. L’extrême Sud-Est du paysrecèle plusieurs espèces de gazelles.C’est le cas de l’antilope-Addax qui a en-tièrement disparu de l’erg Admer, au sudde Djanet, suite à une chasse effrénéedans la première moitié du siècle écoulépar les méharistes. Les gazelles conti-nuent cependant de faire l’objet dechasse tant pour leur chair que pour ser-vir d’animal de compagnie, finissant en-fermée dans une cage et qui ne tardentpas à dépérir faute d’espaces et de nour-ritures adaptés. La faune algérienne estvariée. Elle compte des centaines d’es-pèces protégées par un décret daté du20 août 1983 et par un arrêté du 17 jan-vier 1995. L’Addax-antilope du désert aconnu une régression dramatique en1980. L’oryx, antilope du désert, est aussien voie d’extinction. Des empruntes luiappartenant ont été signalées aux alen-tours du Tassili N’Ajjers…Le mouflon àmanchettes, ou mouton sauvage, évoluedans les reliefs montagneux et les pla-teaux désertiques. Excellent grimpeur,il fréquente le nord du parc national duTassili. Lui aussi est menacé de dispari-tion par excès de chasse. Ces espèces ontété depuis longtemps, la cible del’homme. La plupart d’entre elles figu-rent dans des peintures rupestres repro-duisant des scènes de chasse…La dé-fense des animaux menacés d’extinctionconstitue une priorité nationale, scienti-fique, écologique et même morale…Sila biodiversité disparaissait, il n’y aura plusde futur parce que nos vies sont liées. Il

existe trois types debraconnage: « à l’arme à feu,aux projecteurs et aux piègestraditionnels ». Seule lachasse traditionnelle est tou-jours tolérée. Cette chasse sé-lective participe à la préser-vation du patrimoinefaunistique en appelant à l’ap-plication de la loi. Plusieursmesures sont mises en place,à travers notamment la créa-tion de nouveaux postes desurveillance dans le grandparc du Tassili et la création en 2010 de lanouvelle brigade des services des forêtsde lutte contre le braconnage, qui doitcoordonner ses actions avec l’ensembledes partenaires (administration, forêts,environnement, OPNT, Douanes etGendarmerie)…En plus de la révision destextes relatifs aux mesures de protec-tion de la faune et de la flore contre lebraconnage, de nouvelles mesures desanction seront prises à l’encontre despilleurs de ce patrimoine faunistique,floristique et archéologique…Pour rap-pel, le Parc National du Tassili a été créeen 1972, l’intérêt des ressources du parc,notamment ses célèbres gravures rupes-tres et préhistoriques, lui a valu d’êtreinscrit parmi les biens du patrimoinemondial auprès de l’Unesco et d’êtreclassé comme première réserve saha-rienne de la Biosphère en 1986 auprèsdu M.A.B. S’étendant sur une superficiede 80 000 Km², le Parc du Tassili N’Ajjersest situé dans la partie orientale du Sa-hara centrale. Il s’agit d’un très vaste pla-

teau basculé vers le Nord Est,bien individualisé sur sa limiteOuest par une longue falaiseabrupt qui atteint par endroit600 ou 700m, faisant du Tassiliune sorte de forteresse natu-relle, pénétrable au niveau dequelques échancrures: «LesAkbas». L’intérieur de la forte-resse est parcouru par un in-croyable réseau de canyons. Laflore du Tassili fait partie de larégion botanique «Saharo-Ara-bique» qui s’étend du Sahara

occidentale jusqu’à la péninsulearabique. D’une manière géné-rale, elle comprend des espècespropres au désert africain auxquel-les s’additionnent des espèces deséléments méditerranéens et tro-picaux. Le Tassili présente un tauxd’endémisme élevé proche de 50%,qui est représenté essentielle-ment par: Le Cyprès du Tassili (230arbres) et l’Olivier de laperrine.Parmi les espèces menacées parl’exploitation abusive de leur bois,on cite l’Acacia et le Tamarix. On yrencontre également des plantesmédicinales ainsi que des planteshygrophiles représentées parPhragmites communis. Le Tassiliest caractérisé par une faune ori-ginale. Elle est représentée par degrands mammifères : mouflon àmanchette, les gazelles dorcas, leGuépard. On note également laprésence du Goundi du Sahara,l’Addax, le fennec, le chat des sa-bles, le fouette-queue, le renard.Au niveau des lacs, la faune est re-présentée par des barbeaux et despoissons chat. L’avifaune est repré-sentée par l’aigle royal, la buse fé-roce, la Chouette. Le Parc Natio-nal du Tassili recèle une diversitéliée aux contrastes entre les zo-nes arides et les zones humides. Ilest le plus grand musée préhisto-rique du monde avec plus de 15000œuvres rupestres répertoriées.

Les jardins-terrasses de Kristel :Un site vivant du patrimoine Oranais en voie de disparition

Ils existent depuis la nuit des tempset ils sont les témoins d’une histoiremillénaire de toute la région. Ils sontle support séculaire d’une culturesociale et de techniques hydrauliqueancestrales. Ils sont les paysages for-gés par des centaines de générationsd’agriculteurs qui se sont succédésur le site. Ils sont aujourd’hui endanger. Guettés par la culture du

béton qui commence à les envahirpeu à peu et ils courent le risque dedisparaitre à jamais. Ils sont les jar-dins de Kristel ou ces nouveaux ri-ches n’hésitent pas à raser les mu-rets de pierres sèches pour cons-truire leurs résidences secondaires,raccordant en catimini leurs égoutsaux canaux d’irrigation des

jardins...Le déversementdes eaux usées dansle système d’irrigation risque àterme de détruire les jardins etla principale source économi-que de la bourgade…Les jar-dins en terrasse de Kristel quis’étendent du cœur du villagejusqu’au rivage sont aménagéssur des pentes édifiées en pay-

Samir SLAMA

NRP, Octobre 2015, n°28

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rasses pour créer des espaces deproduction en modérant la non-planéité du terrain.Ces aménagements sont d’unegrande simplicité mais seulementapparente. Car retenir les sols sur desversants instables, pour pouvoir lescultiver a nécessité de la part de ceshommes est un savant façonnagedes territoires. Au point d’ailleurs oul’on n’a pas hésité à les qualifier de«civilisation pétrée».Une civilisation passée maitre dansl’agencement des cailloux, car c’està partir de l’agencement de ces der-niers que l’on est arrivé à gérer et àcontrôler le drainage des pentes etl’irrigation des cultures. Ces murs depierre sèche, conçus comme devéritables réseaux d’assainissementdu sol, laissent passer cette eau,grâce aux cailloutis placé derrière lespierres du parement. Le propre dela terrasse, que l’on irrigue par épan-

La grotte Capéletti d’Oued Taga (Batna) :une zone humide « néolithique »

La grotte de Khenguet Si Mohamed-Tahar, également connue sous l’ap-pellation de grotte Capéletti, situéedans la commune d’Oued Taga (Ba-tna) doit son importance particulièreau fait d’avoir servi d’abri à l’hommedepuis l’ère néolithique qui marqueles origines du pastoralisme berbère.Découverte au début du XXème siè-cle par le français d’origine italienne,Jean-Baptiste Capéletti, cette grottequi porte depuis 1969 le nom de cethomme figure parmi les premièrescavités naturelles utilisées parl’homme en Afrique du Nord. Denombreux spécialistes affirmentque cette caverne a accueill il’homme entre 7.000 et 3.000 ansavant notre ère. Capéletti avait dé-couvert, dans cette excavation néo-lithique, des haches en pierre polie,des poteries, des parures en plumed’autruche, ainsi que des herminet-tes (sorte de petites haches pour dé-grossissage des troncs d’arbre) qu’ilavait emmenées en France où ellessont encore conservées au départe-ment de la préhistoire du Musée del’Homme de Paris tandis que certainsautres objets se trouvent au Muséenational du Bardo à Alger. La grotteCapéletti qui continue d’intéresserles anthropologues se trouve dans larégion de Berbaga, sur le montTimagoul, à une altitude de plus de1.350m au-dessus du niveau de lamer, au milieu d’un paysage ver-doyant qui l’a habilitée à servir derefuge aux premiers berbères il y’a

environ 7.000 ans. Les objets trou-vés dans cette grotte, égalementappelée Foum Qsantina, étayent lathèse selon laquelle les bergers dunéolithique avaient choisi cettegrotte comme refuge estival pourleurs bêtes, leurs provisions et leursobjets précieux. Ce type de refugeconstitue « l’ancêtre » des Thakliath,ces édifices collectifs construits parla population locale, en pierre et surplusieurs niveaux, dont les ruinessont encore visibles sur les flancs desmontagnes des vallées d’OuedLabiod et d’Oued Abdi. Des fouillesont été menées sur ce site, notam-ment entre 1934 et 1936, sous la di-rection de Thérèse Rivière, GermaineTillion et Jacques Faublée, tous troisanthropologues du musée del’Homme de Paris, puis entre 1968 et1970 par Colette Roubet, chercheuse

au CNRS. Ces travaux ont éta-bli de manière formelle qu’unesuccession de populations pas-torales avaient vécu dans cettegrotte utilisée durant la bellesaison et temporairementabandonnée vers la f in del’automne, juste avant la surve-nue des grands froids. La fa-mille Capéletti s’était installéeen 1848 dans cette région desAurès dont Jean-Baptistetomba fou amoureux. Il f itconstruire en 1900 le premiermoulin à grains de la région etépousa une femme chaouienommé Hemama originaire deChir près de Menaâ. Capélettivendait aussi le guano (excré-ments) des chauves-souris quise trouvaient dans la grotte etdont il révéla l’existence,

sages originaux, trop rares danscette partie Sud du bassin méditer-ranéen ou la terre est en vérité aussirare que l’eau. Des hommes ont, aufil des siècles, trimé dur pour cons-truire les terrasses de culture pierrepar pierre, mais c’est l’eau de la mon-tagne voisine qui a été l’outil princi-pal de leurstructuration…Les jardins-terrassesne sont pas vieux de quelques siè-cles. Ils sont beaucoup plus anciensque cela. Les murettes antiques quiles constituaient sont écroulées dansl’épaisseur hiastorique des sols for-més à partir de l’érosion de la monta-gne toute proche. Mais les jardinsde Kristel ne sont pas seulementporteurs d’une épaisseur historique.Ils sont aussi porteurs d’une sciencede l’aménagement et d’une sciencehydrologique aussi vieille que l’huma-nité. Les versants des montsde Kristel ont été construits en ter-

dage de l’eau depuis la nuit destemps, est d’absorber une par-tie des eaux de pluies et d’irri-gation par infiltration, de régu-ler son transfert et de réduireles processus de reptation dusol.. C’est pour tout cela que lesj a r d i n s - t e r r a s s e sd e K r i s t e l m é r i t e n td’être classés site vivantdu patrimoine culturel. Il y aaujourd’hui péril en la demeure,car l’abandon des jardins ac-compagne celui des travauxd’entretien et de restaurationdes réseaux hydrauliques, quiservent d’ores et déjà d’égoutsà ciel ouvert pour les nouveauxpropriétaires…

23 Mars 2015

NRP, Octobre 2015, n°28

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21 Décembre 2014

PARC NATIONAL DU DJURDJURA

Un patrimoine menacé

Le Parc National du Djurdjura, unjoyau de la nature est en péril. Et celan’est pas seulement engendré par leréchauffement climatique, mais parl’homme. En dépit du travail de sen-sibilisation de nombreuses associa-tions, plus de neuf, s’intéressant à laprotection de l’environnement, lePND enregistre de plus en plus dedégâts dans sa diversité tant floraleque faunique. S’étendant sur 18 550ha, le Parc National du Djurdjura està califourchon entre les wilayas deTizi-Ouzou et Bouira. Son territoirebaigne dans un écosystème botani-que, faunistique et climatique parti-culier qui lui a valu des réflexionsscientifiques depuis le 19e siècle,pour son éventuelle classification enréserve de la nature. Les sites quiétaient les plus en vue sont Tikjda,Lalla Khedidja, Tala Guilef et la cédraiedes Aït Ouabane. Pendant la coloni-sation, la zone de Tikjda a pu obtenirun statut spécial par rapport au restedu territoire, ce qui préfigurait déjàune ébauche de parc naturel. Sur leplan réglementaire, c’est en 1983que le massif du Djurdjura accéda austatut de Parc National (PND) sous latutelle du Muséum national de lanature, réorganisé par un décret da-tant du 9 février 1991 en Agence Na-tionale de la Nature (ANN) sous la tu-telle de la Direction Générale des Fo-

rêts (DGF). Un ancien technicienautrichien, Mustapha Muller, ami dela Révolution algérienne qui a long-temps exercé dans l’activité desparcs en Algérie, témoigne: «Très ra-pidement après 1962, et avec tousles problèmes qu’il y avait, l’Algériepensait à la création de ces parcsnationaux. Un des premiers accordsque la jeune république avait conclusavec la Bulgarie était précisément unaccord sur l’élaboration d’un pré-pro-jet de recréation du Parc National duDjurdjura. 1983 était l’année de la lé-galisation de ces activités avec la pro-mulgation du décret présidentielportant ‘’statut-type des parcs natio-naux’’. (…) Je vois le parc du Djurd-jura en premier lieu dans un sens depréservation d’un ensemble d’éco-systèmes extrêmement précieuxqu’il faut ouvrir aux scientifiques età un tourisme-nature. Pas n’importequel tourisme. On ne va pas dans unparc qui a une faune et une flore ra-res pour se ‘’défouler’’ ! Certainsparcs, comme le Djurdjura, pourrontdevenir des sources en devises for-tes grâce à une clientèle étrangèrequi viendrait voir, et en deux heuresd’avion de l’Europe, une faune sur-prenante et en liberté». La missiondévolue aux parcs nationaux se ré-partit en plusieurs actions, à savoir lapréservation de la flore et de la fauneet de leurs biotopes, la conservation

des sites archéologiques,spéléologiques etgéomorphologiques et le dé-veloppement des activités derecherche scientifique et devulgarisation. La défense de labiodiversité est inscrite actuel-lement comme l’une des prio-rités de la communauté inter-nationale. L’Algérie, signatairedes textes relatifs à labiodiversité, compte 3 200 es-pèces botaniques dont 640sont menacées de disparitioncomme le cyprès du Tassili, lesapin de Numidie et le pin noir.La montagne du Djurdjuracompte, dans l’état actuel dela recherche, 990 espèces deplantes dont 32 sont endémi-ques, 145 rares et 70 très ra-res. Sur le plan faunistique,des espèces en voie de dispa-rition trouvent dans la réservedu Djurdjura le refuge idéalpour leur préservation. Il enest ainsi de l’hyène rayée, lamangouste, la genette et quel-ques rapaces comme le perc-noptère, le gypaète barbu etl’aigle royal. L’animal emblé-matique de ces tréfonds demontagne est sans conteste lesinge magot qui vous ac-cueille, quelle que soit la voiepar laquelle vous pénétreriezdans le Parc. Les oiseaux sontégalement bien représentéspuisqu’on y rencontre pasmoins de 114 espèces dont 47sont migrateurs. Pour sauve-garder l’écosystème en place,l’administration du Parc a dupain sur la planche d’autantplus que la zone est très peu-plée sur les deux versants dela montagne…

d’abord au géologue Robert Laffitte.Pour le chef du réseau de recense-ment des grottes de la wilaya de Ba-tna, Capéletti est assurément la plusimportante des 53 grottes ayant à cejour été recensées dans la wilaya deBatna. Les spécialistes du réseauœuvrent à explorer les zones humi-

des et à répertorier les espèces qui yvivent, notamment les chauves-sou-ris. Une réflexion est engagée pourtrouver les moyens de valoriser cessites naturels dont certains sont en-tourés de mythes entretenus par latradition orale locale. Il est notam-ment souhaité l’aménagement de

pistes carrossables permettantl’accès à ces sites situés, pourla majorité, dans des zones oùle relief est très accidenté.

01 Février 2015

S. Ait Hamouda

NRP, Octobre 2015, n°28

[ECONOMIE]

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Industrialisation de l’AlgérieIl faut changer de logiciel !

Sortir du tout-pétrole passenécessairement par la promotion del’activité industrielle. [..] Dans un papier publiédans Liberté économie du 17 octobre2013, nous écrivions :«Contrairement à beaucoup d’idéesreçues, une conjonctureexceptionnellement favorables’offre à l’Algérie [..]le contexteéconomique mondial reste marquépar la persistance d’une croissancetrès faible. Cette situation pousse lesentreprises des paysindustrialisés à rechercherdes relais de croissancedans les pays moinsdéveloppés qui offrent desfacteurs de compétitivitésignificatifs. À cet égard,l’Algérie offre toujoursavantages comparatifsnotables : faible coût de lamain-d’œuvre et del’énergie, une force detravail jeune et éduquéepouvant se formerrapidement aux exigencesde la productionindustrielle, une grandeproximité géographiqueet culturelle avec Europe, notremarché potentiel privilégié.

[..] Une véritable «grammaireindustrielle» est née avec des notionsnouvelles qui structurent désormaisla fabrication industrielle dans lemonde : fragmentation des chaînesde valeur, globalisation du sourcing,maximisation des avantagescomparatifs… La fabrication del’IPhone donne une bonneillustration des nouveauxparadigmes de la productionindustrielle : pas moins de neuf pays(USA, Japon, Taïwan, Allemagne,France, Corée du Sud et Chine)participent à la fabrication et aumontage des différents composantsdu célèbre produit d’Apple ! Laplupart des pays émergents ont saisil’opportunité des chaînes de valeursmondiales (CVM) pour assurer leurdéveloppement industriel.

[..] il s’agit d’abandonner les visionsindustrielles qui semblentaujourd’hui guider les choixstratégiques de l’Algérie ; enparticulier, la stratégie de l’import-substitution, consistant à vouloirremplacer les importations par desproduits nationaux afin de réduirenotre dépendance à l’égard de

l’étranger. Reposantnécessairement sur des mesuresprotectionnistes préjudiciables à lacompétitivité, ce qui leur fermait lesmarchés à l’export, les politiquesimport-substitution ont étéprogressivement abandonnées dansla plupart des pays à partir des années80. C’est pourquoi les initiativeslancées avec l’usine de montageRenault d’Oran ou celle de Tiaretpour les véhicules tout-terrain n’ontaucune chance de pouvoir stimuler

une industrie automobile algériennecompétitive, capable de s’imposersur le marché mondial.

[..]Il se trouve que les opportunitésoffertes par les chaînes de valeursmondiales sont particulièrementbien adaptées aux exigences dediversif ication de l’économiealgérienne. Intégrer ces chaînes devaleur offre en effet aux entreprisesalgériennes la possibilité d’éleverrapidement leur compétitivité enrépondant eff icacement à leursprincipales faiblesses : obsolescencetechnologique, des économiesd’échelle, diff iculté d’accès auxmarchés extérieurs. En outre, labase industrielle installée, aussi bienau niveau des entreprises publiquesque privées, permettraprogressivement de développer denouvelles chaînes de valeur localeset, in f ine, de capter une partsignif icative de la valeur ajoutéeglobale des productions en jeu.

Enfin, l’intégration aux chaînes devaleurs mondiales est ouverte auxgrandes entreprises mais surtout auxPME puisqu’elle permet deconcentrer ses ressources sur unnombre restreint de segments deproduction, ce qui facil ite

grandement le développement deses compétences et limiteconsidérablement la complexité dela logistique industrielle. Elle offreainsi aux PME algériennes qui s’yimpliquent le meilleur moyen deréussir leur «mise à niveau» ; et cela,de façon beaucoup plus sérieuse etefficace que tout programme de cetype piloté par les pouvoirs publicsquelles que soient les ressourcesfinancières qu’on lui allouerait. Pourêtre eff icace, l ’intégration aux

chaînes de valeurmondiales suppose desstratégies nationalesd’accompagnement degrande envergure. Ils’agit en effet desupprimer lesprincipaux obstacles àl’intégration et à lamontée en gamme enaméliorant de façonsignificative le climatdes affaires dans sesd i f f é r e n t e scomposantes. Il s’agiraaussi de renforcerc e r t a i n e sinfrastructures clés

dans le fonctionnement des chaînesde valeur. En particulier, il estindispensable que l’Algérie se dotele plus tôt possible de ports en eauprofonde de taille réellementmondiale, adossés à de vastes zonesindustrielles.

[..]Il s’agit aussi de se donner lesmoyens de piloter l’ensemble duprocessus pour préserver sesobjectifs fondamentaux et leconsolider progressivement au furet à mesure de sa mise en œuvre. Etc’est là la vraie valeur ajoutée despouvoirs publics qui trouvent ici leurpleine utilité dans le développementindustriel. En particulier, le ministèrede l’Industrie, en coordination avecles autres ministères concernés(F inances, Commerce, Travail,Justice…),

[..]La crise qui s’annonce pourl’économie algérienne nous interditde continuer à ignorer lesdynamiques qui structurentdésormais la production industrielledans le monde. Pour cela, lespouvoirs publics devront avoir lecourage de changer de logiciel.

07 Octobre2015

Seghir Smail

NRP, Octobre 2015, n°28

[ECONOMIE]

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Des chercheurs anglo-saxons décryptent :Rente pétrolière et démocratie sont-elles compatibles en Algérie ?

Hossein Mahdavy, dans les années 1970, en travaillant sur l’idée d’un «Etat rentier» avec l’Iran, fut l’un despremiers chercheurs à conceptualiser le problème auquel font face une majorité des Etats disposant d’unerente pétrolière. Depuis l’élaboration de cette notion, plusieurs travaux brillants ont suivi cette tentative

conceptuelle, en développant et en consolidant une théorie de l’Etat rentier, qui puisse expliquer les difficul-tés politiques que traversent généralement les Etats ayant des sources constantes de revenus exogènes,

notamment avec les rentes pétrolières.Le premier point établit un lien entreles revenus directement perçus parl’Etat et la manière dont celui-ci vautiliser ces ressources pour satisfaireun certain nombre de demandespopulaires, et empêcherl’émergence de toute potentiellecontestation du système.

Un régime peut, par exemple,comme ce fut le cas lors despremières décennies aprèsl’indépendance, avec Ahmed BenBalla puis avec Houari Boumediene,dépenser les revenus issus de larente dans des projets deredistribution ambitieux :construction d’écoles, d’usines,d’hôpitaux, éducation gratuite,allocations de chômage, soutien dela consommation et de l’agriculturepar des subventions. Tant que lesprix ne baissent pas et que lesrevenus de la rente sont stables,l’Etat n’a pas trop à s’inquiéter de la« loyauté » de la population, et unrégime autocratique peut perdurersans craindre sa remise en cause. Deplus, les revenus de la rentepermettent de f inancer lesdépenses militaires, et doncd’encadrer un système de répressionqui peut faire pression sur lapopulation en cas de chocs politiquesou économiques. En sciencepolitique, on peut mesurer ce degréde répression en observantl’importance de la part des dépensesmilitaires, notamment en calculant lataille de ce budget par rapport au PIBde l’Etat.

Pour l’Algérie, les chiffres sontflagrants. A partir des années 1980,les revenus de la rente pétrolière ontcommencé à baisser, et l’Etat n’a paspu maintenir le rythme de sesdépenses publiques. Un certainnombre de chercheurs sepermettent donc d’associer cesdeux variables, et de voir dans lesmouvements sociaux de cettedécennie la répercussion directe dela chute des revenus issus dupétrole. De plus, malgré la baissesensible des dépenses publiques, onpeut voir une hausse significativedes dépenses militaires de 1985 à

1994, qui appuie fortementl’argument du système répressif.

Le deuxième point concerne lastructure sociale de l’Etat-nation.Les recherches menées sur le sujetfont l’hypothèse d’une structuresociale radicalement altérée par ladomination économique d’une rentepétrolière. Camilla Sandbakken, en2006, a expliqué comment lesclasses marchandes et les élitestraditionnelles étaientprogressivement remplacées parune classe de rentiers, constituée dehaut-fonctionnaires technocrates etd’off iciers militaires. LeonardWantchekon, en 2004, montrait luiqu’une classe ouvrière, potentiellesource d’opposition au pouvoir, étaiten effet effacée par l’absence degrands groupes industriels, et pluslargement, par le manque d’activitésproductives, empêchantl’émergence de syndicats puissantset contestataires. Cet argument estintéressant lorsqu’on l’analyse sousla lorgnette de la nation algérienne,car on peut en effet observer unbouleversement des rapports entreclasses sociales après la découverteet l’exploitation de la rentepétrolière en Algérie. La structurede classes après l’indépendanceétait uniforme, mais les troisdécennies fastes qui ont suivi cettepériode l’ont profondémentaffectée. D’une part l’élite du FLN,composée de bureaucrates et demilitaires. D’autre part l’absenced’une classe moyenne ou d’unevéritable classe ouvrière, dotéed’une conscience de classe, quipuisse s’opposer à la politique dugouvernement. On observe aussique les principaux syndicats sontsous contrôle du gouvernement.Lorsque la situation économique acommencé à se dégrader, dans lesannées 1980, et que l’Etat fut misprogressivement sous pression demouvements populaires, onconstate que ceux-ci étaient le fruitd’une contestation étudiante et/oureligieuse, et que syndicats etmouvements ouvriers n’étaient pasorganisés dans cette perspective.

Le troisième point de la théorie de larente parait en revanche moinsconvainquant, car il suppose unecorrélation entre un Etat rentier etun faible niveau de taxes.L’argument tente de montrer que lepeuple aura moins de revendicationssociales du fait de la maigre taxationimposée par l’Etat. Les travauxactuels montrent que ce lien n’estpas statistiquement prouvé, et qu’unfaible niveau de taxes ne signifie pasune moindre implication politique dupeuple.

Dans d’autres Etats rentiers, à l’instarde la Libye ou du Nigeria, on retrouvedes situations politiques quiconfirment les hypothèses des deuxpremiers points évoqués, et lesétudes entreprises par deschercheurs tel que Sandbakken,Wantchekon ou Michael Rossappuient en effet ces conclusions.

La rente pétrolière constitue doncune variable importante pourcomprendre les racines des régimesautocratiques, mais tout un certainnombre d’autres facteurs doiventêtre mobil isés pour saisir lesdiff icultés qu’ont ces nations àimplanter des structuresdémocratiques durables. Le taux dechômage, les bouleversementsdémographiques, les tensionsethniques et sociales, doivent eneffet aussi être pris en considération.

En réalité, ces chercheurs montrentmoins le lien entre « rentiérisme »et démocratieque la montée enpuissance de certains groupes de lasociété civile grâce aux processus delibéralisation et à l’appui desnouvelles technologies. Néanmoins,ces processus-là nous rendentcertainement optimistes, et nousfont réaliser que la rente pétrolièrene constitue en rien un murinfranchissable pour un peuple quisouhaite s’affranchir de la tutelled’un Etat autoritaire.

23 Septembre 2015

Tahar J

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NRP, Juin 2015, n°27

[SOCIÉTÉ]Le Burkini en lycra flotte sur le littoral algérienLa mode cette année est à la pudeur. Le burkini, le hijab de plage, connaît un succès croissant. Ainsi la morale

est sauve, la concupiscence tenue à distance et le chic préservé.

Le paréo s’envole au vent mesquin.Le deux-pièces est une offense à lamorale. Il reste le burkini, cettetrouvaille vestimentaire, qui faitfureur cet été sur les plages enAlgérie, et dans tout le Maghreb.Dans l’été qui meurt doucement, latendance générale fut cette annéeà la «pudeur».Qu’est-ce au juste quele burkini, aussi appelé maillot hijab ?Créé par un styliste turc en 2007, cejustaucorps en lycra est assorti d’unpantalon, d’une petite robe et d’unecagoule recouvrant la tête et le cou.Comptez entre 55 et 65 euros pourcet ensemble de plage.Un progrès ?

Mais que cache ce succès ? Le burkinitémoigne-t-il d’une démocratisationou d’une moralisation desplages ? Contrairement à ce qu’onpourrait immédiatement penser,l’Algérie ne serait pas tombée dansla nuit polaire en adoptant le burkini.Fatma Oussedik, anthropologue etprofesseur de sociologie àl’université d’Alger II, apported’éclairants éléments de réponse: «D’abord, comprendre que lesfemmes négocient avec leur universet l’ordre social. Le vêtement, danstoutes les sociétés, contribue à

inscrire les hommes comme lesfemmes dans un paysage social.L’espace balnéaire est un espace danslequel les Algériennes n’étaient pasprésentes. Ces endroits étaientfermés à leur présence. Un trop petitnombre avait accès aux plaisirsbalnéaires, dans un pays situé au bordde la Méditerranée. Les autresfemmes s’y rendaient la nuit ou sebaignaient, loin des regards,entièrement vêtues.»

Osons l’anachronisme : la France,sous la Restauration, a connu uneversion assez proche du burkini, maisun burkini en laine vierge, qui prenaitl’eau et qui mettait trois jours àsécher.

Dans son ouvrageremarquable L’Occident et le désir durivage (1750-1840), l’historien AlainCorbin écrit ceci : «Nous sommes en1840, à Royan : la pudeur et la peurdu viol oculaire ordonnent la tenuede bain […]. Le costume de bain secompose d’une chemise et d’unpantalon réunis […]. Les jeunes fillesajoutent à cet ensemble un jupon quia pour but de dissimuler lahanche.» Tout ceci pour dire quoi ?Que les femmes algériennes, grâce 02 Septembre 2015

au burkini, découvrent en massel’invention de la plage. On peut parlerde progrès.«Fini le bikini, place auburkini»

«Ces scènes de femmes voiléescantonnées sur la plage résumentaujourd’hui de nouvelles habitudes»,écrit Saïd Arezki dans un excellentarticle publié dans JeuneAfrique : «Algérie, fini le bikini, placeau burkini.» On osera faireremarquer toutefois que le bikini, enAlgérie, est nettement en perte devitesse sur le littoral, hormis peut-être à Béjaïa, en Kabylie maritime.

Jeune Afrique voit dans l’essor duburkini la conséquence d’unecertaine modernité. Souvent deuxvoitures par famille, «la relativeaccalmie sécuritaire et les habitudesdes sorties familiales», interrogel’hebdo, auraient-elles modif iél’image renvoyée de la jeune femmealgérienne ?«C’est surtout un moyende dire : nous sommes musulmanes,nous connaissons les textes. Maisaussi: nous nous approprions ainsides espaces nouveaux qui n’étaientréservés qu’aux hommes», expliqueFatma Oussedik.«Les femmes sonten quête de plus de droits»

La sociologue précise toutefoisque «porter le burkini sur une plagede la côte d’Azur, espace soumis à unemorale sociale différente, a une autresignification». Mais «dans le cas de lasociété algérienne, porter le burkinipermet à un plus grand nombre defemmes de connaître les plaisirs de laplage. Cela se déroule dans lacontrainte des rapports entre lessexes et de la morale dominante.»

Doit-on qualif ier cette nouvellemode de «libération» de lafemme ? «Je pense, analysel’universitaire, qu’on peut parlerd’un processus en cours, où lesfemmes sont en quête de plus dedroits.» Moralité : le grand style duburkini printemps-été 2015 restaurela majesté de la femme algériennedans l’espace balnéaire. Le Burkini aaussi un avantage considérable : ilévite les coups de soleil et levieillissement de la peau.

Jean-Louis Le Touzet

NRP, Juin 2015, n°27

[SOCIÉTÉ]

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Des Algériens en manque de loisirs, Maisons de jeunes et cybercafés.

Deux facteurs sont indispensables àl’émergence d’une culture de loisirs: le temps et l’espace. Les Algériensdisposent globalement de temps,mais manquent cruellementd’espaces de loisirs culturels, sportifset divertissants. Les autorités ont faillià leur mission de doter les localitésd’infrastructures de loisirs. Mais celadépend aussi du budget qui leur estalloué. Les maisons de jeunes sontdes structures abandonnées, il n’y apresque rien à l’intérieur.

Ce sont juste une façade pourmontrer que les autorités fontquelque chose. Il faut savoir que plusde 20 000 citoyens ont fréquenté lesite les Sablettes pendant l’étédernier. Le quotidien de la plupartdes Algériens est caractérisé par uneroutine de travail -maison sansaucune coupure. Ils n’ont pas lechoix parce que l’offre en matièrede loisirs est peu ou pas existante,vu que ces derniers ne constituentpas une priorité pour les décideurs.

A Alger, l’offre de loisirs est minime :le parc d’attractions de Ben Aknoun,le jardin d’Essai Hamma, ou le parcde la foire (Safex). Voyons ce que ditTripAdvisor, une sourceincontournable pour les voyageurssur internet : «Il faut distinguer lesdeux parties du parc : le parcd’attractions sinistre, avec sesmanèges tout droit sortis del’époque soviétique, du parcanimalier, qui bénéf icie d’unemplacement privilégié, avec un belespace boisé propice aux balades,mais en état de dégradation constant(animaux malades et chétifs,hygiène moyenne)».

A la forêt Bouchaoui, il y agénéralement un monde fou lesweek-ends. «Il faut prendre encompte le fait que les Algériens sonten majorité des jeunes de moins de35 ans, donc très attachés auxnouvelles technologies», analyse unexpert IT. Ils ne peuvent se passerde Facebook, You Tube et les jeuxen ligne. Il est nécessaire de prévoirces outils au niveau des cybercaféset des maisons de jeunes.

Il est nécessaire de prévoir un espaceconvivial, des micro-ordinateurspuissants, une connexion rapide etfiable. Il est important aussi de mettreà la disposition des cybernautes les

différents accessoires PC écessairesà une bonne exploitation desapplications et jeux web : casques,manettes, flash disk, imprimantes etscanners. Malheureusement, vu laqualité de la connexion internet etle fait que les jeunes ont trouvé uneautre alternative (ADSL, 3G), lesjeunes ont commencé à déserter lescybercafés.

Certains responsables et médiasprésentaient ces cybercafés commedes lieux de débauche. Il ne faut pasnier que ce phénomène existe, maisil faut le combattre intelligemment.

La politisation des commissions culturelles auniveau des communes en cause.

Ce n’est pas comme en ville. Ce n’estmême pas comme au chef-lieu de lacommune. La vie dans le village estinexistante durant les journées deRamadhan. Une journée dans unelocalité quelconque de la wilaya deTiziOuzou renseigne suffisammentsur le décalage flagrant dans la priseen charge du volet loisir entre lesgrands centres urbains et les villagespresque tous isolés. Le quotidien estmorose. La vie est plate du leverjusqu’au coucher de soleil. Le matin,le village se réveille silencieusement.Un silence qui sera plus profond aumilieu de la journée sous un soleilestival torride. Un par un, lesvillageois sortent de leurs demeures.Tous ont le pas léger, pressésd’atteindre le prochain arrêt defourgon pour aller au chef-lieu de lacommune.

Là où les frémissements de la viesont visibles. Les jeunesessentiellement ne restent jamaisdans le vil lage dont les placesprincipales restent vacantes toute lajournée. A travers les petites ruelles,les vieux et les femmes marchent àpas pressés de rentrer. Les portes seferment derrière eux dans un gestequi exprime le désir de rentrer secacher le plus vite possible.

Les places des villages ne sont pluscomme jadis occupées. Aujourd’hui,elles sont désertes. Ceux qui, fautede moyens, ne peuvent plus allervers les grands centres urbains, seréfugient devant l’écran des télés.Après la rupture du jeûne, de petitsbalbutiements d’animation

commencent à se faire sentir maiscela ne dure qu’un instant. Lemoment de digérer avant de choisirentre une soirée au bruyant café duvillage ou retourner devant la télépour se faire avaler la soirée à l’aidedes nombreux sitcoms. En fait, cetteamère condition de vie dans lesvillages pose la question essentielledu rôle des commissions culturellesqui somnolent au niveau des APC.Ces élus choisis pour animer laculture dans leur commune ne sontmême pas connus par les citoyens.

Ces dernières années, cescommissions dont le rôle est detravailler en partenariat avec lesassociations culturelles localess’affairent plus à faire de la politiquequ’à leur vraie tâche. Dans certainescommunes, ces commissions font untravail de sape envers les associationsqui ne s’allient pas politiquementavec les partis majoritaires. Un purdévoiement du rôle de la commissionculturelle.

Enfin, rappelons que durant unebonne partie des années 1990, lesassociations culturelles avaientassuré une grande animationculturelle durant les mois deRamadhan. Des soirées artistiqueset théâtrales marquaientquotidiennement le mois deRamadhan. Une belle période avantque la politique ne tue lesassociations culturelles.

25 Juin 2015

06 Juillet 2015

Cyril

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NRP, Octobre 2015, n°28

[DROIT]Les nouveautés du code de procédure pénale :Protection de la société et respect des libertés individuelles et du droit de la défenseL’adoption de l’ordonnance du 23 juillet 2015 modifiant et complétant l’ordonnance n° 66-155 du 8 juin 1966

portant code de procédure pénale, a été positivement accueillie par l’ensemble des auxiliaires de la justice et lesdéfenseurs des droits et libertés de l’homme

L’adoption de l’ordonnance du 23juillet 2015 modifiant et complétantl’ordonnance n° 66-155 du 8 juin 1966portant code de procédure pénale, a été positivement accueillie parl’ensemble des auxiliaires de lajustice et les défenseurs des droitset libertés de l’homme, notammentles cadres gestionnaires publics avecla dépénalisation de l’acte de gestiontant elle consacre les droits de ladéfense et concilie leprincipe de protection dela société et celui durespect des libertésindividuelles, le droit de ladéfense et l’efficacité

de l’appareil représentantl’action publique.

C’est dire l’importance desnouvelles règles régissantl’action pénale depuis ledébut de la plainte d’unevictime, la dénonciation oula constatation d’uneinfraction, jusqu’à ladécision judiciairedéfinitive, et jusqu’à laforme avec l’introductionde l’assistance du gardé à vue parl’avocat, la comparution immédiate,la médiation et la mesure deplacement sous surveillanceélectronique.

Les amendements introduits aucode de procédure pénale quis’inscrivent dans le processuscontinu de la réforme de la justice,d’actualisation de la législation auxnormes et standards universels etd’amélioration des mécanismes etdispositifs d’action du systèmejudiciaire, notamment par leconcours d’assistants spécialisés autravail du parquet, dans le butd’éclairer l’enquête préliminaire, laprotection des témoins, de sorte àles mettre eux-mêmes et leursproches, à l’abri de menaces enrelation avec des informations qu’ilsseraient susceptibles de fournir à lajustice, et la possibilité pour l’officierde police judiciaire, aprèsautorisation du parquet, decommuniquer certainesinformations au public sur un dossieren cours, dans le respect de la

présomption d’innocence et de lavie privée, précise la même source.

Les amendements introduitsagissent également, sur lemouvement de l’action de diligenterle traitement des dossiers relevantdu pénal, avec notamment la miseen place de la procédure de

médiation, alternative auxpoursuites en matière de délits etcontraventions ne portant pasatteinte à l’ordre public,l’instauration de la procédure decomparution immédiate, dans lerespect des droits de la défense.

Les dispositions du nouveau code deprocédure pénale amendent denombreux articles en matière detraitement des délits mineurs parvoie d’ordonnance pénale,applicable lorsque la peine prévueest inférieure à deux années, et lasimplification de la procédure depourvoi en cassation, puisqu’ellespermettent au justiciable de pouvoirformaliser son dossier au niveau dela juridiction ayant rendu lasentence, sans se déplacer à la Coursuprême.

En effet, le code de procédurepénale qui prévoit le renforcementdes droits des justiciables, avec lavisite de la personne en garde à vuepar un avocat et la limitation de ladétention provisoire aux affaires

passibles d’une peine égale à troisans, avec la possibilité d’y substituerla surveillance électronique.

Les nouvelles innovationsintroduites, au nombre de quatre,ont également, trait aurenforcement de la protection descadres gestionnaires. Dans ce cadrel’ordonnance promulguée le 23juillet au J.O., précise que lorsque

des infractions pénalessont commises aupréjudice d’une entrepriseéconomique, dont l’Etatdétient la totalité descapitaux ou d’uneentreprise à capitauxmixtes, l’action publiquen’est engagée que surplainte des organessociaux concernés.D’autres amendementsont été intégrés au codede procédure disposantque la non-dénonciationde ces infractions par lesmembres des organessociaux serait passible depoursuite.

Le nouveau texte de loi pour lequelle gouvernement est chargé deprendre les mesures nécessairespour son entrée en vigueur dans undélai maximal de six mois comme leprévoit la loi adoptée, introduitd’importantes innovations visant àmoderniser l’action publique, avecsurtout le concours d’assistantsspécialisés au travail du parquet,pour éclairer l’enquête préliminairetenant compte de la présomptiond’innocence et de la vie privée,l’instauration de la procédure decomparution immédiate, dans lerespect des droits de la défense, letraitement des délits mineurs parvoie d’ordonnance pénale,applicable lorsque la peine prévueest inférieure à deux années, et lasimplification de la procédure depourvoi en cassation niveau de lajuridiction ayant rendu la sentence, sans se déplacer à la Cour suprême.

Houria Akram

11 Octobre 2015

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NRP, Octobre 2015, n°28

[DROIT]L’abrogation de la peine de mort ne signifie pas l’impunité

- Des associations et des militantsdes droits de l’homme, dont faitpartie la Ligue algérienne dedéfense des droits de l’homme(LADDH), ont annoncé l’annéedernière, à l’occasion de la Journéemondiale contre la peine de mort, lelancement d’une campagnenationale pour «supprimerdéfinitivement cette peineinfamante». Il a été égalementconvenu de lancer une coalition pourque le projet aboutisse. Qu’en est-ilune année après ces déclarations ?

La coalition est constituée etsusceptible d’être élargie.Malheureusement nous butons,comme toutes les associations, quitiennent à leur indépendance, surdes problèmes de logistique. On nepeut pas mener des actions(séminaires, colloques, plaidoyerspar des brochures, des bulletins, desplacards publicitaires, formations demilitants, etc.) sans aide et sansfinancement. La Ligue est asphyxiéesur le plan f inancier. Nousfonctionnons avec des moyens debord très limités. Cependant, nouscontinuons à organiser desrencontres et à travailler sur laquestion de l’abolition de la peine demort et les actions à lancer sonttoujours d’actualité.

- L’Algérie a observé, depuis 1993, unmoratoire sur les exécutionscapitales. Il semblerait qu’un avant-projet de loi visant l’abolition de la

peine de mort serait bloquéau niveau du ministère de laJustice. Pourquoi l’Etatalgérien, qui a ratifiéplusieurs conventionsinternationales, hésite àfranchir le pas et abolir lapeine ?

Notre pays a effectivementadhéré au moratoire onusiensur la peine de mort depuis1992 et, à ce titre, les dernièresexécutions ont eu lieu en 1992.Paradoxalement, nos tribunauxcriminels et depuis la date indiquéecontinuent à prononcer descondamnations à mort. Noussommes donc un pays abolitionnistede fait et la logique veut que les 23ans de gel aboutissent à laproclamation de l’abrogation de lapeine de mort. Il est temps que notrepays ratifie le deuxième protocolefacultatif sur la peine de mort pourdevenir un pays abolitionniste dejure.

- Le «droit de l’hommiste» dupouvoir, Me Farouk Ksentini,président de la Commissionnationale consultative depromotion et de protection desdroits de l’homme (Cncppdh),affirme être un ferventabolitionniste. Dans une déclarationdatant de 2009, l’organisme qu’ilpréside espère voir le législateurnational, qui a déjà eu l’occasion de

le faire motu proprio,décider de la suppression dela peine de mort dans tousles cas, autres que celui del’homicide volontaireprémédité. Que pensez-vousd’une telle propositionconsidérée par son initiateurcomme un «compromis» ?

Les statistiques à l’échelleinternationale montrent quedans les pays qui ont aboli lapeine de mort, la criminalitén’a pas augmenté et quedans les pays qui l’ontmaintenue et qui exécutentles condamnés à mort, lacriminalité n’a pas diminué,au contraire dans certainspays non abolitionnistes ellea même augmenté.

Le maintien de la peine demort n’est pas dissuasif par

rapport à la criminalité, alors il neconstitue pas un argument sérieux.Ceux qui sont toujours exécutésappartiennent aux démunis, lespauvres, ceux que la vie a laissés enmarge de la société et les plusvulnérables. La peine de mort netouche pas les plus puissants, ils ontles moyens d’en échapper ! Jevoudrais aussi préciser quel’abrogation de la peine de mort nesignifie guère l’impunité des auteursde crimes mais simplementsubstituer à la peine de mort despeines alternatives comme la prisonà vie.

- L’argument religieux est toujoursévoqué pour rejeter le discoursabolitionniste. Pensez-vous que lasociété soit «prête» à accepterl’abolition de cette peine lorsquel’on se rappelle les appels aumeurtre prononcés après les faitsdivers sanglants signalés cesdernières mois (meurtres etdisparitions d’enfants, homicides,viols, terrorisme, etc.) ?

Nous sommes sur un terrain juridico-politique et non religieux. L’Algériea ratif ié les conventionsinternationales relatives aux droitsde l’homme, notamment le pacteinternational relatif aux droits civilset politiques qui consacre le droit àla vie, le bannissement de la tortureet les traitements inhumains etdégradants. Je dois juste préciserque trois pays musulmans ont déjàaboli la peine de mort, notammentla Turquie. La peine de mort est untraitement inhumain, dégradant et latendance mondiale va dans le sensde son abolition.

11 Octobre 2015

Nadir Iddir

NRP, Octobre 2015, n°28

[CULTURE/MÉDIAS]

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Onorientour : les nouvelles scènes culturelles arabes à nuCinq mois durant, quatre jeunes d’origine maghrébine effectuent un périple à la

découverte des scènes culturelles émergentes du monde arabe.Pour alimenter le site Onorient créé il ya plus de deux ans, Hajar Chokairi, GhitaChil la, Oumayma Ajarrai et MehdiDrissi…ont souhaité donner de l’ampleurà cette expérience journalistique menéeen parallèle de leurs études en France.Le projet Onorientour est donc né de cetensemble. Le 13 septembre donc, lesquatre jeunes gens commenceront parle Maroc un voyage de cinq mois à traversle monde arabe (Maroc, Tunisie, Algérie,Égypte, Liban, Émirats arabes unis etQatar) à la découverte d’artistes et delieux culturels émergents. Leur but :dresser une cartographiede ces foyers créatifs,nourrie d’articles et devidéos qui serontcentralisés sur uneplateforme interactive.

Contre les clichésorientalistes et lessentiers battus de l’art,désireux de montrer àleur lectorat occidentaldes visages arabesabsents des médias, cesexplorateurs… tisserontau cours de leurspérégrinations uneréflexion sur la notiond’arabité dans l’art contemporain. Un filrouge prometteur de récits vifs etintelligents, qui donneront à penser desdeux côtés de la Méditerranée. Danschaque pays, un workshop réunira aussiartistes et citoyens autour de cettethématique… Hajar Chokairi, étudiantede 22 ans à HEC et co-fondatrice deOnorient, nous livre ses motivations.

Le Point Afrique : Votre projet se déploieautour d’un terme qui n’a pasd’équivalent en Occident : la « rihla », àla fois déplacement physique, voyageexistentiel et genre littéraire arabeconsacré à ce double mouvement.Pourquoi avoir décidé de vous appropriercette manière d’écrire le voyage néedans le Maroc du XIe siècle ?

Hajar Chokairi : Dans l’équipe, noussommes deux Marocaines, une Maroco-Néerlandaise et un Franco-Algérien. La« rihla » fait donc partie des référencesculturelles de la majorité d’entre nous.Durant les deux grandes époques dedomination arabe, du XIe au XIVe siècle,puis au XIXe siècle, ces récits de voyagedont les plus connus sont ceux d’IbnBattûta (1304-1377) ont été pour lapopulation de l’époque une ouverture

incroyable sur l’ensemble du mondearabe et au-delà. Descriptions et analysessans jugement de valeur des sociétéstraversées, ces textes étaient aussiintéressants pour les pays visiteurs quepour les lieux visités. C’est ce que nouscherchons à réaliser : faire découvrir àun lectorat occidental démarchesartistiques et culturelles dont personnene parle, et dans la rive sud de laMéditerranée favoriser si possible deséchanges entre artistes et structures desdifférents pays qui communiquent trèspeu entre eux... Nous n’avons pas la

prétention d’être des Ibn Battûtacontemporains, mais seulement demoderniser la « rihla » grâce auxtechnologies numériques... Pourintéresser un maximum de lecteurs, nousrenonçons aussi à une descaractéristiques de la « rihla »traditionnelle : la mise en avant de lasubjectivité de l’auteur. Notre écrituresera celle d’Onorient : journalistique, etaccompagnée de contenus vidéo etaudio.

De la politique à la religion, en passantpar l’économie, les récits d’Ibn Battûtaet de ses confrères voyageursabordaient l’ensemble des aspects del’existence des populations rencontrées.Pourquoi vous concentrer sur la vieculturelle ?

Dans les médias, les pays arabes sontpresque toujours synonymes de guerreou d’islamisme, et souvent traités avecforce clichés orientalistes. L’art et laculture permettent d’éviter ces écueilstout en abordant des sujets sensibles.Car, loin de nous réfugier derrière laculture pour éviter de dire la violence,nous cherchons à dire celle-ci de lameilleure manière possible. À travers les

démarches de personnes qui formalisentpar les arts plastiques, la musique ou lethéâtre leurs réflexions sur leurssociétés. L’art est toujours politique,surtout dans des pays où la libertéd’expression est limitée. La résistancepar l’art prend toutes sortes de formes.À Kasserine en Tunisie par exemple, unpoulailler a été transformé en ciné-clubpour enfants pour lutter contrel’extrémisme. À Casablanca, le studio IWAaide de jeunes artistes sans moyens àlancer leurs projets...

Le site Onorient datedu lendemain desrévolutions arabes.Pensez-vous que la vieculturelle des paysconcernés ait ététransformée enprofondeur par cesévénements ?

C’est ce que je pensaisau moment dulancement deOnorient, et jusqu’àune époque récente.Je parlais volontiersd’une effervescenceartistique, d’un

bouillonnement culturel. Je suis revenuede cette idée. Certes, les révolutions ontpermis aux artistes de s’emparer del’espace public. Ils ont tout d’un coup étéplus visibles et plus libres qu’avant. Maisau Maroc comme dans le reste du mondearabe, il n’y a pas de culture de la culture.Les politiques continuent de ne soutenirqu’une poignée d’artistes, selon descritères, hélas, bien peu artistiques. Laquasi-totalité des initiatives culturelles etartistiques y sont donc « alternatives »,contrairement à ce qu’on peut voir enOccident… Malgré le manque demoyens, des structures voient quandmême le jour et des artistes se battentpour continuer à créer. Il y a donc unevraie force dans cette précarité, mais onne peut vraiment pas parlerd’effervescence. Si notre projet peutfaire progresser là-bas l’idée que l’artn’est pas un luxe, qu’on peut s’yintéresser même dans des conditionssociales et politiques difficiles, ce seraitpour nous une très belle récompense.

Présentés pendant les révolutionscomme outil central d’organisation et derésistance, Internet et les réseauxsociaux contribuent-ils à structurer lesscènes artistiques et culturelles du

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[CULTURE/MÉDIAS]

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monde arabe ? Quel en a été votre usagepour la construction d’Onorientour ?

La blogosphère joue un rôle central dansla vie culturelle arabe. Grâce à Onorient,nous sommes bien inscrits dans cesréseaux dans lesquels on finit très vitepar tous se connaître. De nombreuxblogueurs et internautes nous ontaiguillés vers des artistes et des lieux àdécouvrir ; nous avons fait desrecoupements, puis une sélection dequinze artistes multidisciplinaires et devingt lieux... Si des plateformes web demise en contact d’artistes et de lieuxculturels commencent à voir le jour dans

MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS D’ALGERPorte ouverte sur un trésor de l’humanité

Niché sur un promontoire dominant lejardin du Hamma avec une vue etperspective sur la mer, le Musée nationaldes beaux-arts d’Alger (Mnba) compteplus de 8 000 œuvres dont certainesd’une richesse inestimable. Un fabuleuxtrésor de l’humanité attend le visiteur...Le site magique est pourtant trop calmeavec une maigre affluence. Fondé en1927, le Musée national des beaux-artsd’Alger est un chef-d’œuvred’architecture.Le musée domine le quartier duHamma et donne de sa terrasseune vue imprenable sur le jardind’Essai jusqu’à la baie d’Alger. Ilretrace plus de 600 ans d’histoirede l’art universel et contientquelque 8000 œuvres dont ladoyenne des toiles de l’écoleitalienne date de 1385. On ytrouve des œuvres de légende dela peinture et de la sculpture telsque Pissarro, Monet, Renoir,Picasso, Matisse... Dans la galeriedes bronzes, on peut admirer desRodin ou Antoine Bourdelle...Parmi les grandes figures de l’artalgérien, le musée détient uneimpressionnante collection parmilaquelle Racim, Issiakhem,Khadda ou Baya Mahieddine.Six siècles d’histoire de l’artClassé patrimoine historique depuis 1997,le Mnba fait partie des plus beauxmonuments de la capitale. Les raresvisiteurs qui hantent les lieux, souventdes étrangers, n’en reviennent pas dejouir seuls dans les galeries face à desœuvres d’une valeur universellemonumentale… «Je n’ai jamais imaginéun Renoir aussi seul», nous dit avec lesourire une jeune Parisienne habituéeaux foules devant le Louvre ou le muséed’Orsay. Selon M.Chouider, chef deservice de la conservation et ingénieurde laboratoire, la question de ladésaffection du public se situe au niveaude la culture de la muséologie qui ne faitpas partie des loisirs de l’Algérienmoyen… Des passants interrogés dansla rue nous affirment que le problèmeest ailleurs et que c’est le manque decommunication autour de ce haut lieude culture qui fait défaut à sa

fréquentation. Zaki, 24 ans et étudiant àla fac centrale nous dit: «Je connaisvaguement le Musée des beaux-arts,près du jardin d’Essai mais je ne sais pasquelles œuvres il renferme, on n’en parlepas beaucoup dans les médias.» Yasmine,une jeune mère de famille ajoute: «Jepensais que c’était ça l’école des beaux-arts!». Peut-on parler de déf icit

d’information concernant le plusimportant musée d’art du continentafricain? D’après M. Chouider, beaucoupde moyens sont mis en œuvre pourpromouvoir le musée. Récemment, il aaccueilli durant deux mois dans la galeriedes bronzes, une exposition à l’occasionde la clôture des célébrations duCinquantenaire de l’indépendancealgérienne.Le rayonnement de l’art algérienPour la médiatisation du musée, une foispar trimestre environ, une exposition estorganisée... Le musée organiseégalement des manifestationsculturelles; des vernissages et desactivités pédagogiques comme desateliers organisés deux fois par semaine,destinés aux enfants et aux jeunesadolescents, dont le but est d’éveillerleurs sens à l’art et à la création. La quasi-totalité des œuvres des pensionnaires dela villa Abdeltif est exposée au Musée des

beaux-arts. On peut alors y voir despeintures d’Etienne Dinet, EugèneFromentin ou Léon Cauvy. La villa Abdeltifest l’un des plus célèbres palais d’Algerde l’époque ottomane.Durant la colonisation, il était affecté à lacréation artistique. Les tableaux despeintres abdeltifiens étaient exposés auMusée des beaux-arts d’Alger etreprésentaient principalement despeintures urbaines d’Alger, de femmes

rurales algériennes dans lestyle orientaliste. Le palais aré-ouvert ses portes en 2008et accueille aujourd’hui lesiège de l’Agence algériennepour le rayonnement culturel.Une bibliothèque de 17.000ouvragesHormis l ’art universel, lemusée accorde une placeimportante à l’art algérien. Ony trouve des miniatures deRacim à qui est consacréetoute une galerie, maiségalement des peinturesd’Issiakhem, Bouzid, Temmamou encore Khadda. MadameToualbia, conservatrice dupatrimoine culturel et descollections, nous fait part deson enthousiasme quant à

l’acquisition prochaine d’un tableau deRacim… Le musée participe égalementà la découverte de jeunes talents enexposant des œuvres d’étudiants àl’Ecole des beaux-arts, s ituée auTélémly… La bibliothèque du muséerenferme elle aussi un trésorinestimable. En y entrant, on se senttransporté dans une autre dimension...On y trouve suspendues des peinturesnaïves de Baya Mahieddine telles que«Oiseaux en cage entourés de deuxfemmes», ce qui ajoute au lieu un aspectintimiste et émouvant. Le lieu abrite unfonds documentaire de 17.000 ouvragesspécialisés dans l’histoire de l’art, l’un desplus importants de la Méditerranée,certains datant du XVIIe siècle classéschefs-d’œuvre…

le monde arabe, c’est encore unetendance marginale. Creative commons,communauté d’origine américaine quis’est récemment développée dansl’ensemble du monde arabe et qui militepour le partage libre et légal des œuvreset des produits culturels, nous a toutefoisété d’un précieux secours. Idem pour laplateforme Art in Maghreb, qui recouvreun champ géographique large, etquelques autres initiatives plus éclatées.

Pensez-vous donner une suite àOnorientour ?Ce qui est sûr, c’est que le réseau quenous allons nous constituer pendant

notre « rihla » continuera d’alimenter lesite Onorient. Et pourquoi pas poursuivrel’aventure en faisant grandir ce site, quipourrait devenir un vrai média culturel àl’échelle du monde arabe ? Il faut desalternatives à la presse officielle. Autreidée : créer autour d’Onorient unincubateur d’artistes, qui pourrait fairele lien entre les rives sud et nord de laMéditerranée. Anaïs Heluin

18 Aout 2015

15 Octobre 2015

Anissa LOURDJANE

[BIBLIOGRAPHIE]

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[REVUE]

"Hizya est une jeune femme comme les autres, telle-ment comme les autres ! Ce qui se confirme – si besoinen était – à l’écoute des confidences entendues dans lesalon de -coiffure où elle a finalement trouvé du travail,malgré son diplôme d’interprète de la fac d’Alger. Tou-jours chez ses parents, sous l’œil attentif de ses frères,elle rêve à une vie de liberté et à un grand amour…comme au cinéma !

HizyaMaïssa Bey

Editions de L’Aube/Barzakh ,2015

[FILM]

Fils du Shéol

Anouar Benmalek

Editions Calmann-Lévy ,2015

Trois histoires d'amour pour remonter à l'origine dumal?Trois générations, deux génocides. Tout commencedans la touffeur ignoble d'un wagon à bestiaux. Le jeuneKarl y fait la connaissance d'Helena, son bref et uniqueamour le temps du voyage. À son arrivée en Pologne, legamin juif est gazé.Dès lors, depuis un étrange séjour desmorts, le Shéol, il est condamné à regarder évoluer lessiens et à tenter d'éviter désespérément la catastrophe

Madame Courage de Merzak Allouache 2015

[MUSIC]DéMoCraToz : Jazairi w manensache

ROMS ET TSIGANES EN EUROPE

MÉDITERRANÉENNE

Confluences Méditerranée n°93

Milena Doytcheva

Dossier dirigé par Milena Doytcheva

Editions L’Harmattan ,2015

Comme beaucoup de jeune des bidonvilles de Mostaga-nem dans l’Ouest algérien, Omar est accro aux psycho-tropes surnommés "Madame Courage", des comprimésd’Artane très prisés pour leur effet euphorisant etpsychostimulant qui donne un sentiment de toute-puis-sance. Un matin dans le centre-ville, alors que Selma sepromène avec ses copines, Omar s’apprête à la dépouillerde son collier en or, lorsqu’il croise son regard.