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D. Guillaume OPTION LETTTRES MODERNES PROGRAMME 1 Écrit : commentaire composé (récit, prose) 1. Nerval, Sylvie 2. Urfé, L’Astrée 3. Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves 4. Montesquieu, Lettres persanes 5. Rousseau, La Nouvelle Héloïse 6. Duras, Moderato Cantabile 7. Stendhal, La Chartreuse de Parme 8. Balzac, Eugénie Grandet 9. Maupassant, Une vie 10. Proust, Un amour de Swann COMMENTAIRE COMPOSÉ : BIBLIOGRAPHIE — 1) Généralités : . Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV: Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, “Points” Seuil . Bernard DUPRIEZ : Gradus. Les procédés littéraires, 10x18. . Ferdinand de SAUSSURE : « Principes généraux » et « Linguistique synchronique » in Cours de linguistique générale, Payot . Émile BENVENISTE : « L’homme dans la langue » (chap. 18, 19, 20, 21) in Problèmes de linguistique générale 1, « Tel » Gallimard — 2) Pour l’étude de la prose narrative, et en particulier du roman . Gérard GENETTE : « Discours du récit » in Figure III, « Poétique », Seuil . Anne HERSCHBERG-PIERROT: Stylistique de la prose, « Lettres sup », Belin

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D. Guillaume

OPTION LETTTRES MODERNES PROGRAMME 1

Écrit : commentaire composé (récit, prose)

1. Nerval, Sylvie

2. Urfé, L’Astrée

3. Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves

4. Montesquieu, Lettres persanes

5. Rousseau, La Nouvelle Héloïse

6. Duras, Moderato Cantabile

7. Stendhal, La Chartreuse de Parme

8. Balzac, Eugénie Grandet

9. Maupassant, Une vie

10. Proust, Un amour de Swann

COMMENTAIRE COMPOSÉ : BIBLIOGRAPHIE

— 1) Généralités :

. Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV: Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, “Points” Seuil . Bernard DUPRIEZ : Gradus. Les procédés littéraires, 10x18. . Ferdinand de SAUSSURE : « Principes généraux » et « Linguistique synchronique » in Cours de linguistique générale, Payot . Émile BENVENISTE : « L’homme dans la langue » (chap. 18, 19, 20, 21) in Problèmes de linguistique générale 1, « Tel » Gallimard — 2) Pour l’étude de la prose narrative, et en particulier du roman

. Gérard GENETTE : « Discours du récit » in Figure III, « Poétique », Seuil . Anne HERSCHBERG-PIERROT: Stylistique de la prose, « Lettres sup », Belin

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Commentaire composé 1

Gérard de Nerval, Sylvie (1854)

II « Adrienne »

— G.de Nerval (1808-1855)[G. Labrunie] :

+ Première génération romantique, et pourtant modernité d’une œuvre svent énigmatique.

. Ami de Th. Gautier et V. Hugo, fut parmi les gilets rouges de la bataille

d’Hernani (1830).

. Œuvre se singularise par fascination et connaissance de l’Alllemagne (ami de Heine,

traducteur du Faust de Gœthe 1828, admirateur et traducteur de Hoffmann).

. Plusieurs orientation ds œuvre : auteur dramatique et librettiste d’opéras-comiques,

récit de voyage (en Orient 1848-51), récits, poésie, intérêt pour ésotérisme et alchimie

(Nicolas Flamel).

+ Biographie tourmentée : orphelin de mère très jeune / père médecin militaire ds armée NB,

élevé par gd-oncle ds Valois (> cult. des Lumières) ; amours malheureuses / cantatrice Jenny

Colon ; atteintes de la folie àp. 1841 > crises, internement : récit ds Aurélia (posth. 1855) : se

pend près du Châtelet.

+ Sylvie = une des Filles du feu (motif de l’amour), entre contes du valois et de l’Italie (+

ésotériques) + sonnets id Chimères

— Milieu du siècle : grande forme narrative moderne (roman, nvelle) = en place, cf. roman

balzacien depuis années 30 (1835 : Père Goriot > 1836-7 = db. / conception Comédie

humaine), nouvelles (Mérimée Vénus d’Ille 1837) / relation à la poésie pas vraiment redéfini

depuis fin 18e (rythme comme expression de l’âme en prose aussi : Rousseau >

Chateaubriand ; révélation de l’être des choses et manifestation d’une force historique : all. >

VH).

+ Particularité de Sylvie, in Filles du feu : recherche de soi ds incertitide amoureuse à travers

tvl de mémoire et d’imagination (annonce Pst.) + insertion ds un livre qui comprend aussi des

poèmes en vers, 12 sonnets ésotériques des Chimères, recherche / révélation métaphysique

(relation forte entre vers et prose : cf. Baud.)

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. Vie moderne / rêverie passéiste vers nature : nart. sort d’un th., pris de doute / actrice

après laquelle il soupire > en pleine nuit, repense à ses amours de jeunesse.

. > lecture.

+ Comment tvl. proprement poétique du txt. (richesse imaginaire : cf. « reine des facultés »

Baud., attention thématique et stylistique / mélodie) s’articule-t-il / quête mélancolique et

désabusée du nart. ? > v. :

. Imaginaire de la mémoire > Présence absence des figures fém. > comment le récit

rêve l’hist. ?

— I. Imaginaire de la mémoire

+ 1) Racines et ramifications du passé

. Un approfondissement de l’ancien : de l’histoire au mythe

— Valorisation de l’ancien : cf. adj. « vieux airs »7, « anciennes

romances »29-30, « aïeules »35, « anciens rois de Fr. »55-6.

— « château du temps de HIV » 1(1589-1610) > « vieux pays de Valois +

« sang des Valois »56»9(14e-16e (entre Capétiens et Bourbons) // « la

Béatrice de Dante »49-50(14e) + « lauriers »44(antiquité grecque).

. De l’architecture au sang : intériorisation du passé ds les êtres.

— « château » + « pays » (espace cult. > naturel) > « sang des Valois » fin : cf.

mise en valeur de la tradit° et filiation : vieux airs transmis par mères7-8,

voixjeunes imitent les aïeules 34-5, Adrienne petite-fille d’un descendant

d’une famille alliée aux Valois (leur sang ds ses veines : passé ds présent).

+ 2) Une campagne immémoriale

. Isotopie villageoise :

— Explicitée par le mot « hameau » (13), impliquée par la proximité du

château, par l’usage réglé de la danse (18-9), voire la connaissance des

romances, trad. pop. (29-30) ; cf. aussi « pays » au sens de région, province

(9).

— Surtout exploitée au plan connotatif : atmosphère pure d’origines idéales,

cf. « français si natt. pur »8, « cœur de la France »10 > Sylv. « si vive et si

frâiche »13, « voix frâiche »27 = nature profonde de cette culture, hist.,

tradition ; idéal d’innocence et transparence < Rousseau (cf. Starobinski :

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La transparence et l’obstacle) : chant des romances, cf. exactement scène

de Nouvelle Héloïse V.7(1755) = chant des vendangeuses, manifestant

innocence des cœurs (citer in Staro.).

. L’éternité du conte : campagne déréalisée par V. initiale (« Je me représentais » :

svnir / It°), peu de précisions (ambiance de rêve) + dvlppt. du motif de la romance : château

réel > imaginaire (avec « princesse »31) + « toujours ».

+ 3) Réalités sensibles atténuées

. Nuances : teintes et formes posées avec retenue

— « face rougeâtre » + « pierres jaunies » du château2-3 > peinture faïence

en « camaïeu »25 (verni transparent laissant voir couleur…) + « clair de

lune naissant »38.

— Forme > ligne mélodique = modulation des lignes : « encoignures

dentelées »3 > « trilles chevrotantes », « frisson modulé », « voix

tremblante »33-5.

. Voiles visibles et audibles : pureté ne se montre que voilée (suggestion / pudeur)

— « voix » = « voilée » (27-8), homophonie suggérant liaison essentielle >

comparaison (≠ simplt. exemple, mais analogie de nature avec paysage) :

« filles de ce pays brumeux » (28-9).

— > se réalise ds décor : « hâle » de Sylv. (14-5)[détail le plus sensible-

sensuel / description physique des femmes] ; sur pelouse « faibles vapeurs

condensées »41 = idéal > « Nous pensions être au paradis » 42-3 (croyance,

jouissance elle-même retenue : conscience de la fiction)

+ Retenue, ds It° du passé et de la campagne sous leurs formes sensibles = caractérise aussi

figures et dynamique de l’intrigue amoureuse, de la romance qu’agence le récit de souvenirs

rêveurs / pers. complémentaire de Sylv et Adr. + comportement et sentiment du héros

narrateur.

— II. Présence absence des femmes

+ 1) Sylvie la discrète

. Le nom et le décor :

— N. marqué par son étymologie (< silva = forêt : nature « sauvage ») et

tradition qui s’en est suivie (N. de pastorale [roman de bergers et

bergères] : cf. Silvandre et Sylvie in L’Astrée) ; caractérisation par

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fraîcheur et pureté : cf. nymphe, divinités féminines antiques de la nature

(Naïades : eau, Hamadryades : bois).

— Nom même de Sylvie se diffuse ds texte : « ce vieux pays de Valois »9,

« Sylvie » > fille si vive et si fraîche… son profil régulier 12-4 ; transparaît

sous définition d’Adrienne 56 : « le sang des Valois coulait ds ses veines »

> « ns ne devions plus la revoir… elle repartit pour un couvent. / Quand je

revins près de Sylvie… »

. Phases élusives de sa présence : apparaît et demeure par déduction / contexte, autres.

— D’abord seult. élt. d’un pluriel indéfini : « Des jnes filles »6 (on ne sait pas

leur relation, même simplt. spatiale / narrateur) > relativt. Nbses (Syl. pas

singulière) : « J’étais le seul garçon »11 > Sylv. = compagnie que possède

le nart. : « ma compagne »12.

— Caractérisation première lui ôte ce qui sera donnée à Adr. : « petite fille » +

« tte jeune encore » 12-3 / Adr. « grande » (« petite-fille »54 ms / gde

lignée) = suggère que trop jeune « encore » pour être O / désir ; « yeux

noirs » + hâle 14-5 = dévalorisant ds registre du conte médiéval déployé

ensuite ; ms détails donnant réalité.

— R. toute en discrétion : cf. fin = modestie ds reproche (mérite pas couronne

64) > silence comme marque de passion (65) ; traitement par le narrateur:

n’avait pas remarqué ses pleurs 60-1 + « je revins près de Sylv. » < avait

été ss doute à ses côté ds ronde, jusqu’à ce qu’il se lève pour couronner

Adr. (43).

. La seconde : traitement grammatical de l’action / Sylvie.

— Plutôt O des V dont nart. est le S que S elle-même : « j’avais amené…

Sylv. »11, « Je n’aimais qu’elle, jeune voyais qu’elle — jusque là ! »16 =

prvilège de l’exclusivité avec parallélisme lyrique : interrompu par un

simple adv..

— Pleure à la fin 61 > 2x S d’un V de parole (+/—) : tj. comme réaction, scd

tps / action du nart..

+ 2) Adrienne ou l’image

. Apparition et action retardées : selon modalités différentes / Sylv.

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— O d’une restriction : « à peine avais-je remarqué »16sq > S. mais d’un V

Pnal de sens passif : « se trouva placée »19 > COS et CC« On ns dit »20,

« En lui donnant… de lui presser » 22-3, « autour d’elle »27.

— Ms apparition et action marquées par soudaineté (dramatisation, efvet de

rupture) : « Tt d’un coup » près de moi18 > « aussitôt… elle chanta »27-9.

. Diffusion de puissance (nocturne) : relation forte entre Ad. et ce qui l’entoure

— 37-9. Son chant accompagne la descente de la nuit + seule à recevoir

lumière de la lune (comme lune celle du soleil : chaîne cosmique +

évocation de Cybèle, déesse de la lune et magicienne). > magie : 39-40 = se

tait et « personne n’osa rompre le silence » (le charme).

— Diffusion plus concrète de son être : cf. 23-5 cheveux d’or touche joues du

nart. > trouble ; 41-2 : vapeur déroulent flocons = comme cheveux.

. Une silhouette de peu de réalité (double, croissance, hypogramme)

— Entièrement définie par et par rapport aux discours des autres : voix

anonyme (« qu’on appelait Ad. »17-8, « On ns dit de ns embrasser »20-21,

« C’était, ns dit-on »54, « on lui avait permis »57) + (narcissisme du)

narrateur : « Nos tailles étaient pareilles »20 (homophonie) > elle comme

Béatrice qui sourit au poète qu’il est 49-51 (+ fonction rédemptrice).

— Outre que disparaît ds château et couvent (52 sq.) = « développant sa taille

élancée » : valeur du pp. + sémantisme du V sont imperfectifs > suggère

processus infini, disparition par extension aux dimensions de l’espace et de

la nuit (fin / Aurélia : héros transporté ds le ciel avec gde compagne).

+ 3) Un amoureux ensorcelé

. Une action rare et peu efficiente

— À part « se représenter »db., « aimer » et « voir »15 = pas S. de V. d’action

> le seul véritable = 43 « Je me levai » > Vbes suivants = action qui en

découlent et qui l’inversent : « Je rapportai »15, « Je posai »47, « je

revins »60 > actions vaines / Sylvie : « Je lui offris »62, « Je voulus en

vain »64. Entièrement déterminée par désir ?

— Action centrale (érection ?) = en écho précurseur / « Ad. se leva »52 +

précédé de possible image érotique (« blancs flocons sur les pointes »42) >

épanchements liquides ds texte : « sang » Ad.56, « larmes »62.

. Un sujet régi par le groupe et l’affect

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— Pas de véritable coexistence entre deux sujets « je » / « elle » = succession

37-55 : « Elle » > « Je » > « Elle » : simple croisement, comme ds ts le

récit.

— Nart. pris db. et fin ds cercle collectif du « nous » : « nous dansions »17 >

« nous ne devions plus la revoir »58 ; amorce de son activation

(amoureuse) ne dépend pas de lui : 22-3 « je ne pus m’empêcher de lui

presser la main ».

+ Importance de la main (qui presse + qui couronne 61) > soupçon sur nature de l’érotisme

mais aussi signe (mise en abîme) / activité d’écriture (cf. Béatrice sourit / poète + lauriers

peuvent le couronner). Ce que ns lison présenté comme représentation subj. : à travers peu de

réalité des fig. fém. comme ds activité incertaine du nart.-pers se travaille une représentation

onirique du temps (rêveur et précis) + imaginaire déterminant pour le récit = cercle et sa

négation.

— III. Le récit rêve l’histoire. + 1) Temps du rêve, temps du récit

. Imparfait : l’imperfectif à ancrage incertain

— Temps qui fait plonger au cœur du temps, ds développement d’une action

(processus, sentiment) passé : ns plonge ss transition ds temps du svnir

semi-rêvé « Des jnes filles dansaient »7 > moment magique où chante

Adrienne, avec écho au-delà de sa fin : « À mesure qu’elle chantait… Ns

pensions… »37-43.

— Imparfait flotte entre deux niveaux narratifs : récit 1e (aventures parisienne

du nart. + retour ds le Valois, à Loisy) / récit 2nd. (aventures advenues

pendant sa jeunesse) = « Je me représentais »1 / « Des jnes fille dansaient »7

> « J’étais le seul garçon »11 : ss transition > même degré de R des deux

scènes.

. Un présent éternel = vers quoi tend natt. à dériver le récit 2nd : tps. des contes « qui

racontent tj. les malheurs d’une princesse »30-1, du mythe : Béatrice « sourit au poète »50, de

l’usage immémorial : jnes filles « imitent » la voix des aïeules.

. Passé simple : dessine nettement le drame d’Adrienne. Sur fond flottant de

l’imparfait, matière rêveuse du récit = trace la forme du récit, qui n’a rien de flou.

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— « A. se trouva… avec moi »19 > « On ns dite de ns embrasser » > « Je ne

pus m’empêcher de lui presser la main » > « On s’assit » > « elle chanta » >

« Elle se tut » > « je me levai », « je rapportai », je déposai » > A. se leva »

> « je revins près de Sylvie ».

. Prégnance de l’imaginaire n’empêche pas récit de prendre forme : hypnose de la

mémoire qui revient, relie + fatalité irrépressible du récit qui avance, sépare = cercle /

sa négation.

+ 2) Le charme des cercles

. La succession des cercles : décor, gestes et objets (+/- les uns ds les autres,

accompagnant intériorisation du passé).

— Lieux : place encadrée d’arbres 4 au cœur de la France 10 > Ad. (+nart.) au

centre du cercle des auditeurs 20, 39.

— Mvt de danse : la ronde 7

— O. = la couronne, résultat d’un geste, de tressage, nouée 46, 61.

. Symboles : le cercle et son dehors (N comme Adrienne : sort du cercle — mais lui ne

reste exclu, n’en crée que par I / autres qui y sont pris : ronde, couvent, famille ; cf. fin du

récit).

— A. = celle qui sort du cercle (villageois) : comme le nart., ds la scène, ms

aussi plus largt. ds le récit, où vient de Paris.

— Tt. le récit = peut se lire comme vaine tentative de faire un cercle : déboire

amoureux avec Aurélie > retrouver authenticité (et amour ?) au pays de son

enfance : Sylvie mariée (revient pas…) + apprend à la fin qu’Ad. (qui pour

lui ressemble à Aur.) morte au couvent. + ne parvient pas à reconquérir

Aurélie.

— Ds le passage : Ad. quitte ronde pour retrouver cercle familial, comme

Sylvie / nart. en est exclu = reste ext. au cercle (pour les écrire ?)

— Le passé qui donne son fond métaphorique au présent (par ressemblance et différence) =

ne peut donner corps qu’à un manque. La ressource poétique de la puissance imaginaire et des

correspondances, à travers la représentation d’un passé, la figuration du désir, ne permet de

résoudre la quête sur laquelle se fonde le récit. Comme ds la construction élaborée par un Pst.,

gq admirateur de Nval, l’écriture conduit à un temps retrouvé ms ne montre pas comme le

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nart. devient écrivain : brièveté du récit poétique ne permet pas clôture d’un univers, comme

roman. Plus profondt. Pê, crise subj. reste ouverte : seul, le S. du récit reste « l’autre ».

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NERVAL Sylvie (1854)

— Problématique : Comment les aspects poétiques du texte s’articulent-ils au récit d’une quête ? — I. L’imaginaire de la mémoire

+ 1) Racines et ramifications du passé . a> Un approfondissement de l’ancien : de l’histoire au mythe . b> De l’architecture au sang : intériorisation du passé ds les êtres.

+ 2) Une campagne immémoriale . a> Isotopie villageoise . b> L’éternité du conte

+ 3) Réalités sensibles atténuées . a> Nuances . b> Voiles

— II. La présence absence des femmes

+ 1) Sylvie la discrète . a> Le nom et le décor : . b> Phases élusives d’une présence . c> La seconde

+ 2) Adrienne ou l’image . a> Apparition et action retardées . b> Diffusion de puissance . c> Une silhouette de peu de réalité

+ 3) Un amoureux ensorcelé . a> Une action rare et peu efficiente . b> Un sujet régi par le groupe et l’affect

— III. Le récit rêve l’histoire.

+ 1) Temps du rêve, temps du récit . a> Imparfait : l’imperfectif à ancrage incertain . b> Un présent éternel . c> Passé simple : le drame d’Adrienne

+ 2) Le charme des cercles . a> Succession, emboîtement . b> Une symbolique narrative ? Le cercle et son dehors

— Conclusion : Le retour imaginaire ne permet pas la clôture d’un univers, et laisse le narrateur à son altérité.

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Commentaire composé 2

Honoré d’Urfé, L’Astrée (1607-27 ; 1633)

— Roman précieux comme ph. mondain, où litt. occupe place centrale : miroir des usages et

moyen de réflexion.

+ Nott. le cas ds 1e préciosité, Hôtel (et marquise) de Rambouillet : 1620-48 = le plus

brillant (par fréquentation et esprit : Richelieu, Malherbe, Voiture, Laroch., , Balzac,

Voiture…)[P. Corneille] > scnde, après la Fronde : Mlle de Scudéry [Clélie + Carte du

Tendre](+ bourgeois).

+ Liée à la soc. > engloutie par le temps ?

. Marque forte sur écrivains majeurs : Lf > Rss. in Nvlle Héloïse.

. < certes utopie romanesque : idéal + nature (rêve mondain > fondt. Philosophique) ;

ms aussi construction même de l’œuvre, qui en fait ouvrage de réflexion.

+ Ds le Forez, en Gaule (Ve s) Céladon aime Astrée, qui l’a banni, elle le croit mort (< disc.

trompeur d’un jaloux) ; la retrouvera < idée du druide Adamas : Cél. se déguise ne jne fille >

amitié d’Astr. …

. Enchâssement de max. intrigues et pers. (la principale, parfois minoritaire) : jeux de

réflexion ds discussions spéculatives sur l’amour > en comprendre portée et fctnt partic :

abstraction, mondanité, romanesque.

— I. L’abstraction précieuse.

+1. L’invention d’un mythe platonicien

. Urfé se réclame explicitement de Marcile Ficin (néoplatonisme de la Renaiss. :

amour comme accès à l’Idée) : croisement de l’esprit baroque (éclat de m’image) + classique

(rationalité).

. Fabrication d’un mythe àp d’une double référence : androgyne originel du Banquet

(séparation de l’androgyne > moitié d’âme et corps séparés se cherchent) + pierre aimantée du

Ion (auditeur < rhapsode < poète < dieu : comme chaîne aimantée par pierre d’Héraclée :

emporté par inspiration).

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— Inscription ds paganisme du décor pastoral (< Virgile ms aussi Théocrite :

ap Platon ; fabrication artificiellee, syncrétisme) : cf. grand dieu fabriquant

d’âmes < démiurge du Timée.

— Inflexion du mythe : rappelle au lecteur que causeurs et amants du texte

traversés par inspiration (mise en abyme de l’acte d’écriture : vertige

baroque / peu de réalité).

. Mythe d’une assez grande complexité : comprendre ts cas de figures possibles (Kama

Sutra de l’âme…) àp d’un mythe fondée sur 2 élts (âme + aimants) > combinatoire ingénieuse

= esprit précieux (grand concetto).

— Minéralité (aimant : avec jeu par suggestion de fausse étym. / aimer,

amour…) : marque d’un figement du réel par l’esprit (J. Rousset).

— . Saisie de la réalité par analogies dvlppées et inattendues.

+ 2. Une casuistique amoureuse.

. Abstraction du vocabulaire :

— Effacement du cadre pastoral : « berger » et « bergère » = « homme » et

« femme » (l.23, 54).

— « âme » + « corps », réitération de « aime » (ss souci de variété ou

élégance : cf. 14 sq., 28-9, 33 sq.…, « impossible », « effets » 14-5,

« connaissance » 44, « nombre » 49, « conceptions »69 : très répétitif, pas

de nuance psy.

— Traduction concrète (imagée, allégorique) des situations amoureuses = voc.

minimal, terme de gde extension et faible compréhension (rien de pictural,

pas de variation ds matérialité ni sensations : cf. Desc. = monde comme

pure matière et étendue…) : « toucher », « lieu », « magasin », « aimant »,

« pierre », « pièce », « force », « unie », « séparée ». « rompue ».

— Deux inflexions plus concrètes < pb. de l’inconstance, qui fait avancer le

dialogue : « âme larronnesse »10-11 + « calamite » fin.

. Articulations d’une syntaxe didactique :

— phrases complexes > conjonctions « que » : 1, 6, > 61 sq.« et que »

— élection du binaire (distinction des cas, opposés) : id. + « quant à » 15 et

17, « d’ici » 31 et 33, « ou / ou » (> ternaire : A/Babc)39-41.

— Récurrence du « c’est que » (présentatif explicatif : oral) : 16-18, 23-4, 29-

30 ; « venir de », « procéder de » ; « de même » (raisont. par analogie)…

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— II. Un dialogue mondain + 1. La mise en scène des paroles

. Très grande abondance des verbes de paroles, et nott. « dire », comme si essentiel =

ds cette circulation des mots (autant que ds ce qui est dit : à l’image de ce qui est dit =

circulation des couples) : 1, 20, 22, 22, 23, 31, 39, 45, 45, 51, 58, 68, 70, 71 (+ «répondre »).

. Alternance disc. directe / indirecte = restitution / transmission > long développement

brouillant la distinction : disc. du dialogue (polylogue), ss locuteur clairement assignable.

— dvlppt. DD = + nbx ms + brefs : l. 23-30, 39-44, 47-56,

— cf. DI l.1-19 avec effact. des « que » (théorie gale)

+ 2. L’individu et le groupe

. Articulation (opposition) = clair ds répartt° des répliques et mises en sc. du dialogue :

propos dvlppés de Silvandre / questions brèves des autres (Céladon, Diane, Sylvie, Corilas).

— caricature de dialogue platonicien < élaboration dialectique de la vérité ne

se fait pas ds égalité de parole : un homme sait / les autres interrogent.

— Cf. pê : Hôtel de Rambouillet où échanges de propos spirituels / amour et

litt., ms sous le règne de la Marquise (l’incomparable Arthénice).

. Pourtant, véritable mise à l’épreuve du locuteur par le gpe, et locuteur en tient

compte ds adresse et raisonnement.

— « On » + objections (cas partic. difficile / théorie générale) = ouvre le

second temps du récit : Ns propres déclinent ce « on », dont crières = arist.

(cf. « gentil »69 : gentilhomme < gens…).

— Adresse : « Prenez-garde »27 + 44 sq. vérification par « nous disons que…

aimant oublié » (locution en usage)

— S’adresse au gpe = aussi le divertir (sérieusement) > considérations sur

amour = prennent forme narrative (cf. p. simple > glisst au présent de

galité) ; pê nécess de satisfaire le gpe (aristocratie) ds obsessions

d’expliquer inégalités amoureuses par calculs qui maintient l’égalité

(plusieurs amours = - forts : 27, 63 sq. ; 49 sq.) : fict° amoureuse présentée

au gpe intéresse l’intime des pers..

— III. Un épisode romanesque

+ 1 Inflexions subjectives (voire lyriques) de la discussion

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. Termes évaluatifs et modalisateurs ds appréciation du discours : « fort bien » 21,

« gentil » 69 ; « Vraiment… doit être » 68-9.

. Pers. du dialogue pas désincarnés : ex. Corilas = « fit une demande selon ce qui le

touchait pour lors » < jeu mondain recouvre préoccupations personnelles, et chacun le sait

(nart. omniscient, à ce moment ; foct° zéro). Autres id. :

— Diane Artémis : N > chaste chasseresse > quest° / absence d’amour.

— Silvandre fin du dialg. = celui qui sait tout ignore son origine (aimera

Diane)

— Surtt. : Sylvie = nymphe, se dit ignorante en amour (> Q proche de Diane)

+ interdit de consulter Fontaine de Vérité d’Amour (> savoir si on est aimé

ou non = pb. pour Céladon, qui rapporte propos de Silv.) = connaissance

sur l’amour a fct° cardinale / intrigue global du roman.

+ 2. L’enchâssement des intrigues et des voix

. Usurpation de voix : polyphonie romanesque ici tend à être résorbée par son pers.

principal.

— Mvt. du passage = glissement du récit au discours ds propos rapporté =

intrusion de la voix narrative (de Céladon) ds récit du mythe : « comme je

vous ai dit » 50-51 (tps du disc. + PNP ancré ds situation d’énonciation du

récit 1e).

. Montée du récit premier : questions non plus à Silvandre,ms à Céladon.

— Usurpation de voix peut se comprendre comme besoin pour Cel.

D’acquérir ascendant / Sylvie < il veut savoir s’il est aimée d’Astrée.

. Autant que le mythe, la structure narrative est donc spéculative (spéculaire) : roman =

fiction où pers. réfléchissent leur histoire ds d’autres qu’on leur raconte.

— Réflexion = s’étaye sur communauté ms garde dimension

vertigineuse (réserve d’ignorance fin : de Silvandre, de Cél.), qui peut se

répercuter sur le lecteur : cf. feuilletage discret de la voix narrative

apparemment la plus neutre : « dit-il »39 (N = Céladon : homodiégétique),

« répondit Cél. »47 (N = ? : exodiégétique).

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Commentaire composé 4

Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves (1678)

— Introduction. + L’art de Lftte = pris entre baroque et classicisme :

. Souci des apparences et de soi (th. de Corneille ; premiers romans de Lftte :

Zaïde en 1671) / rigueur morale et souci esthétique d’unité (Racine [Andromaque =

1667, Phèdre = 1677]; La Rochefoucault, dont Lftte était proche [Maximes = 1664]).

+ Le roman fit sensation à sa sortie : < résistance considérée comme invraisemblable

de la PCl. à son amour pour le duc de Nemours ; > scène choquante de l’aveu à son

mari, Monsieur de Clèves.

. Après cet aveu : PCl se retire à la campagne (fuit la cour au moment du sacre du

nouveau roi Charles IX) > Nem. la suit, lui-même filé par un h. de Monsieur de Cl..

+ Lecture > plan : intrigue amoureuse, spécifiée par registre élevé, héroïque + souci d’une

représentation qui permette méditation morale (> analyse).

. Pbmatique = équilibre de l’amorce et rétention de la passion (forces respectives

proportionnelles).

— I. Une aventure héroïque

+ 1) L’univers des héros

. Social :

— Réitération des titres : Monsieur de… + « un gentilhomme qui était à

lui »8-9 (vassalité) , « ce prince » 18 (exemplaire / collectivité).

. Caractérisation hyperbolique : ou du moins tj. haut degré de qualité (même ds

détails)

— Qualité connu de Nemours (galant : vrai noble aussi, cf. siège de Metz 54

[effet de R]) et Monsieur de Clèves (amour) > découverte : gentilhomme

fidèle et d’esprit (2x : 8-9, 15-17 : « très… toute… » > 39« admirable

beauté » (corporelle) Mme de Clève.

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— Prétérition + hyperbole : par négation + 59-60 « le plus beau lieu du

monde ».

+ 2) Les degrés de l’action

. Espace et obstacles : succession (enchâssement), comme ds un conte.

— nuit + forêt > double palissade > fenêtre = porte (37) [bq. ouverte]

— cf. passage « difficile »30> 31 « sitoit que » = lumière et ouverture, comme

par enchantement.

. Des sujets agents : de l’être (qualités essentielles : classicisme) à l’acte.

— gentilhomme : « était » > « s’acquitta » (15-16)

— Nem. : V. d’action + passé simple = « vint à bout », « s’approcha »35, « se

rangea » 36 (+ « vit »)

— PCl : 38sq. « était », « avait », « était » > « faisait »46 > « prit et s’en

alla »53, « s’assit et se mit »56.

— II. La vision du désir

+ 1) Les signes du désir

. Le corps : 41-43 dévoilement exceptionnel du corps < explicité, ds genre sérieux, non

mythologique.

— cheveux = voile et signe possible d’un certain désordre des sens.

— Amorcé par le fait que préparation de la scène = mise en mvt. des corps

(gentilhomme [à la place de M. de Cl.) + Nem. [quittant d’abord la cour])

. Le désir : glose des l’époque / symbolisme sexuel de la « canne des Indes »

manipulée avec douceur > devient « flambeau » éclairant longue rêverie.

— Atténuation par le fait que doit être décodé, interprété : signe renvoie à

passé + circonstances adjacentes à l’intrigue (éloignement du centre

ardent) : 47sq. canne PCl. [dissimulation] < sœur de Nem. > Nem.

— Id. : 44 ruban < tournoi, 54tableau > siège de Metz où était Nem..

+ 2) L’impossible intensité

. La suggestion : par détails concrets non glosés (/ d’autres le sont) = « Il faisait

chaud » + nudité partielle : cf. fréquence du rougissement chez PCl. (corps signe / trouble et

pudeur).

. L’extraordinaire :

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— qualifie canne des Indes 47 : beauté + étrangeté (sens propre : pas

ordinaire).

— Idem / comportement que pourrait motiver amour chez mari : départ de la

cour semblerait « extraordinaire » = écart / norme de la cour : étiquette,

obligation sociale : révèle source de la rétention…

. Mvts bloqués :

— 38-40 : Nem. à peine maître de son « transport » (sens devient littéral ?)

— 1sq. M. de Clève « eut envie de partir » mais soupçon de la cour > relai du

gentilhomme : V. au p. simple (« résolut », « ordonna ») = remplacent ce

mouvement (lui fournissent médiation).

— PCl. se met en mvt. sous effet de l’amour puis, comme ts les pers. =

s’arrête et regarde : + retiré que les autres (cf. fin) < en reste à

représentation.

— III. Détours et rigueur de la représentation

+ 1) L’enchâssement des regards

. Réitération du V :

— passe du gentilh. à Nemours 25 sq. > 33, 38, 38, 46 > infinitif 59 sq.

— en fait, relai de la représentation verbale : cf. MCl. / gentilh.9sq. =

« conta », dit », ordonna » > celui-ci lui redira tt.

. Délégation et relais de la vision :

— MCl. > gentilh. > Nem. > PCl. (> Nem)

— À l’image de la structure baroque préférentielle des romans (dont reste un

ex. ds PCl. : aventures amoureuses que Vidame de Chartres raconte à

Nem.) + amorce / fin : réclusion PCl. (seule avec son idéal).

+ 2) La rétention narrative

. La voix du monde : transmission explicite de la vision merveilleuse et du trouble à un

public de qualité = cf. commentaire final.

— « On » + rapport à la langue commune.

— « par nul autre amant » = faire comprendre/ imaginer sentiment, ds monde

homogène à celui de Nem.

. L’abstraction du point de vue :

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— omniscient, disant et analysant successivement les pensées des divers pers.

= succession de foct° interne (nart ; ext. : 15 sq. + fin).

— Ms : position délicate, où rendu de la particularité s’étaye de catégories

abstraites, idéales, cf . articles = indéfini qui tente de cerner la

particularité : 51 « une grâce et une douceur » + que + « les sentiments »

(commus < ceux de PCl.), surtt. 56 « une att° et une rêverie » + que + « la

passion » (= sens gal)

— Conclusion : + Admiration que doivent susciter les pers. = effort pour définir leur capacité d’act° ; celle-ci sont en

réaction / passion que le texte montre et retient = tvl. d’une représentation qui multiplie jouissance du

regard pour mieux abstraire pt. de vue moral.

. Cette esthétique semble homogène au devenir du personnage principal = se retire (s’abstrait) pour

ne pas assouvir sa passion / celle-ci tellement forte que la PCl. en meurt.

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Mme DE LAFAYETTE La Princesse de Clèves (1678)

— Problématique : Comment le texte concilie-t-il visée romanesque et exigence morale ?

— I. Une aventure héroïque

+ 1) L’univers des héros . a) . Une élite sociale

. b) Des caractérisations hyperboliques

+ 2) Les degrés de l’action . a) Espace et obstacles . b) De l’être à l’acte.

— II. La vision du désir

+ 1) Les signes du désir . a) Le dévoilement du corps

. b) Les objets du désir

+ 2) L’impossible intensité . a) La suggéré . b) L’extraordinaire . c) Mouvements bloqués

— III. Détours et rigueur de la représentation

+ 1) L’enchâssement des regards . a) Dire et voir . b) Les relais de la vision

+ 2) La rétention narrative . a) La voix du monde

. b) L’abstraction du point de vue :

— Conclusion : Le travail de la représentation configure une jouissance du regard, à la mesure de laquelle

s’abstrait le point de vue moral.

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Commentaire composé 5

Montesquieu, Lettres persanes (1721)

— Introduction. +Situation du roman.

. Crise du romanesque (< poids de la tradition héroïque : roman précieux + question du

rapport à l’histoire : mémoires ; composition chaotique, éclatée), vogue de l’orientalisme

(traduction des Mille et une nuits par Galland, 1702), affleurement des Lumières (Pierre

Bayle : 1682 Pensées sur la comète de 1680).

+ Montesquieu (1680-1755) : appartient à noblesse de robe ; débuts mondains et succès evc

LP > études pour son grand œuvre.

+ Bien avant élaboration de son ouvrage synthétique L’Esprit des lois (1748) : propose

roman réflexif qui est aussi une synthèse critique (interdit en France) des goûts et mœurs du

temps (Régence, rococo) [mort L14 1715 ; L15 1723] = polyphonie, éclatt., traits d’esprit.

. Satire mondaine s’approfondit en critique philosophique de la société ; ms dispositif

romanesque empêche que se délivre un discours univoque : raison romanesque.

. Axe = suivre pensée (à deviner) du style et de la fiction (porteurs de pensée, et

moyen d’une pensée, en mvt.).

— I. Une mise en scène satirique des mœurs

+ 1) La satire du jeu

. a) Jeu comme puissance de galité descriptive 1-3 = pose registre discursif de la lettre

(détournement de genre) + vaut comme catégorie descriptive très gal : « état » (= situation ds

la société) > élargissement par confusion des catégories (lignage, possession, honnêteté =

familiale, éco et éthique).

— futilité = pertinente / large champ descriptif « Europe » < aveuglement,

confusion des catégories.

. b) Jeu comme puissance irrésistible balayant tte raison :

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— raison suffisante pour que se suspense tte raison > suppression de tte

alternative ou contradiction : 2« seul » titre tient lieu… met 3« tout

homme » au rang des honnêtes gens + double adversatif montre

enfermement ds faux jugt. (4-6 « quoique » + « mais »)

— Cf. jeu en acte = passion voire instinct l. 21-22 (« espérances… fureurs » +

vie les quitte avant désespoir) : montre forme de dénaturation > 31

prophète interdit jeux de hasard.

+ 2) La satire des femmes

. a) Mise en scène misogyne = à mettre au compte du tyran oriental (≠ société

mondaine de Paris, où femmes affranchies…) + thématique traditionnelle gauchie : Eve la

tentatrice subissant la tentation (et ruinant son mari 14 : cf. Adam).

. b) Uniquement animées par passion et volonté mauvaise :

— cf. goût du jeu + passion amoureuse (§2) + « coquetterie » (§3)

— volonté de nuire (14) + ruse (« moyens pour ts les âges »16) > faut se

méfier de « leur empire » en les multipliant (35-6).

. c) Mise en scène dégradante (quasi macabre), par accent croissant sur l’âge et perte

de maîtrise de soi :

— processus de vieillisst. « à mesure »11 > vacuité et solitude comme réalités

de leur condition alors (« le vide »12-3) > ad. fort et superlatif absolu « la

plus décrépite »17 > allégorisation métonymique dix femmes par

apposition = « dix siècles »20 (sorcelleries ?) > hésitat° feinte « créancier »

/ « légataire »26.

— 20 sq.« fureurs » + impossible apaisement, au risque de la mort = indécence

(obscénité) d’un désir ss fin.

+ Femme = critique exemplaire (bouc émissaire) / critique d’une société manquant de vertu

(≠ exemple romain et gc / modération arist. et honneur monarch.)

— II. Une critique philosophique de la société

+ 1) L’être et l’avoir

. a) Vacuité et vanité de l’être.

— tautologie : état que d’être 1-2.

— Détermination par l’usage (teinté de passion) et la convention : 1 premier

verbe du texte (copule « est en usage » ≠ essence, vérité [cf. Pascal :

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« vérité au deçà dees Pyrénées, erreur au delà »] > 8 « très adonnées »

(dépendance)

. > 6-7 « on est convenu d’être incorrigible » : paradoxe d’un accord sur un

caractère (dénaturation)

— Alternative à l’être vide, vain ou dénaturé = être languissant : 34 « c’est une

passion languissante » : amortissement.

. b) Privation de l’avoir : posséder = perdre + vaut lieux se priver d’avoir.

— Seule possession = moyen de déposséder ceux qui possèdent : 15 « elles

ont des moyens [de ruiner leurs maris] pour ts les âges » = possession

frénétique, qui change avec le temps (thème sapant possession) >

— Équivalence de la possession et du temps qui la mine (lien gain-perte ds le

jeu) = « elles n’auraient jamais le tps de s’apaiser » 23 [th. pascalien du

désir frénétique cherchant vainement à combler l’absence de Dieu]

— Alernative = privation d’origine divine : « il nous a interdit l’usage »29 +

« priver »28 + « ôter »32.

+ 2) La mécanique des passions

. a) Un calcul des excès : réduction du S à une combinatoire quantitative.

— §2 pbmatique quantitative suggérée par réitération de « passion » (10, 11,

12) [démultiplication avec passage au pluriel du dernier anaphorique : « des

autres »].

— Analyse d’un système de vase communiquant : jeu sert amour >

décroissance amour entraîne croissance (libidinale) du jeu + critique ds

terme de « vide » = ce que laisse passion qd s’est retirée (mine par avance

passion d’avoir, acquérir < passion = perte de soi, de son être).

. b) Allégresse phrastique mime, orchestre et place à distance critique le mouvement

des passions.

— art de la clausule, au niveau de la phrase comme du paragraphe : glisst. « de

probité »3 > « ss examen » 4 > « mais […] incorrigible » 6-7 = annule tte

pertinence à qq raisonnt.

— oppositions binaires : « vieillissent » / « rajeunir »11-12, « tendre

jeunesse… vieillesse décrépite »16-7 (chiasme), « vie »/ « désespoir »24

(paradoxe), « créanciers » / « légataires »26) = relations non explicitées >

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confiance à l’intelligence du lecteur : politesse + style paratactique des

Lumières (peu de subordination, et peu complexes).

— Dynamique ternaire : « habit, coquetterie, jeu »17-8 (avec variations) // « il

ns a », « il ns a », « il les a » 29 sq. > ternaire augmenté avec anaphore de

« ds » 21-22 (« fureurs » rajouté = dépasse et résume les termes

précédents).

+ Écriture participe donc d’une analyse critique des termes qu’elle met en relation > id. /

dispositif romanesque épistolaire, polyphonique,

— III. La raison romanesque

+ 1) L’ajointement des points de vue

. a) Personne et non-personne : opposition très clair, correspondant à Persans /

Européens, avec basculement à la moitié du texte.

— Europe : « le jeu », « les femmes », « cette passion « , « elles »…

— Perse : « J’ai vu »19, 21-22 > « tu aurais dit »22 > « tu aurais été en

doute »25 [critique portée au compte de l’autre : évidence ds le partage du

raisonnable] > « notre » et « nous » dernier § = locuteur / allocutaire >

interlocuteurs (ns inclusif).

— Inflexion : 6 « on » à valeur de galité pour Europe = possible valeur de P1P

de cet indéfini (projection ds ipensée de l’autre qd posée comme la plus

absurde).

— Présence de l’énonciateur = par évaluatifs, assez rares (critique ds

dispositif).

. b) Les gauchissement du temps

— Passage du présent de galité au p. composé rapportant une expérience

personnelle : accompli du présent « j’ai vu » = valeur « examen »4.

— > feuilletage rhétorique du temps : cond. passé « tu aurais dit »22 sq. =

fiction critique

— P. composé à la fin avec valeur de galité (accomplir du présent) : porte

critique de cette raison, qui s’appuie sur une histoire (≠ rationnalité,

intemporel >présent).

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. pointe de l’actuel : « ns » peut avoir valeur partic. (Usbek + Ibben) >

présent aussi : cf. 33 « L’amour, parmi ns, ne porte ni trouble, ni fureur. » =

pt. de vue critique pris ds un autre jeu des passions.

+ 2) Une raison relative

. a) Un sultan raisonnable ?

— Inversion / critique adressée à l’Europe : « fureur » 22 > 34, « passion

chère »10 > « languissante »34.

. clausule harmonique, avec finales homophoniques : « empire » /

« désirs »36-7, « amour-âme-calme-femme »33 sq..

— Grande retenue ds affirmation de la vérité : modalisateurs + impersonnels

27« Il semble que » + 31« il lui a été impossible »

. Morale aussi de la modération (tradition antique, stoïque comme

épicurienne) : « tempère »36.

. b) L’impossible lucidité.

— Montée du discours : de l’énonciation (et affirmation) personnelle en même

temps que de la thématique amoureuse = marque limites de ce disc., et le

prend ds dispositif romanesque.

. Cf. intrigue : désordre croissant ds le sérail d’Usbek > femmes le

trompent, eunuques le trahissent > répression par Sélim : Roxane

empoisonne les eunuques et se donne la mort (dernière lettre).

— Narration articule pensée politique : principes spécifiques liées aux régimes

divers (vertu / démocratie, modération / aristocratie, honneur / monarchie,

crainte / despotisme) + organisation des pvrs (séparation : ici confusion du

législatif, exécutif et judiciaire…).

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Commentaire composé 6

Marivaux, La Vie de Marianne (1731-41)

— Introduction. +Spécificité de Marivaux (1688-1763)

. Triple carrière =

— La plus connue : théâtre = comédie se sentiments (ds filiation comédies de

Corn. : esprit plus que comique ≠ trad. enfermée ap. Molière : comédie de

mœurs, caractère, intrigue) : finesse de l’analyse, jeu d’apparence et

duperie de soi-même autant que des autres, virtuosité verbale [> Musset].

Ex. : La surprise de l’amour 1722, Le Jeu de l’amour et du hasard 1730,

Les Fausses confidences 1737.

— Carrière et ambition de journaliste : Le Spectateur français, L’Indigent

philosophe, Le Cabinet du philosophe (àp 1720) = observation des mœurs

et réflexions morales, àp de petits détails saisies ds le quotidien (>pratique

du croquis sur le vif, méditation sur petits riens).

— Romancier : ap. qqs. parodies de l’héritage héroïque, s’inscrit ds vogue du

roman mémoire et du roman sentimental (voire larmoyant : cf. Pamela de

Richardson) + amorce roman de formation : parcours réaliste d’un S ds la

soc. du temps. Cf. Vie de Marianne 1731-41 (inachevé : feuilleton) +

Paysan parvenu 1734-5.

+ Introspection joue de la mise en scène de paroles et de l’analyse abstraite (ds tradition des

moralistes fr. 17e [Pascal, Laroch.])

. Parole plurielle : théâtrale, cad. oral, ms ss immédiateté > Mvt. d’une pensée :

analyse (classique) de l’amour propre ne relève pas de la simple galté et impose surtt. le

rythme (allure) d’une recherche (devenir).

— I Une parole plurielle : entre sincérité et duplicité

+ 1) La mise en scène des paroles : théâtralité du disc..

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. Sc. relatée = jeu complexe d’apparences [ds réalité prosaïque : cf. soc, noms…] : ne

pas se trahir (condition de lingère : ≠ arist., comme l’annonce robe) / ne pas trahir Climal

(entretient Marianne et lui paye beaux atours < obtenir ses grâces), qui lui-même est un

hypocrite.

. > parole rapportées sont diversement réelles ds la fiction + jouées :

— disc. directe (et indirecte : « qui parlait de… »16) de la dame et de

Marianne : §1 ds la scène racontée.

— Discours de M. à elle-même ds sc. racontée : « dis-je en moi-même »10

— Écrit de Marianne comme discours adressé : « Je vs le demande »24,

« N’est-ce pas, madame ? » 41, « pause »49, « J’ai fini »70

— Mise en sc. de paroles fictives ds sc. narrées (Mme Dutour et Toinon 31

sq.) et ds réflexion qui s’ensuit (« vs diraient ts les hommes »59) : cf.

abondance des conditionnels passés et subj. impft (irréels du passé : 18-9,

30).

+ 2) Une parole vive : l’écrit comme captation de voix (transversalt. / opposition disc.

rapporté-discours personnel)

. Subjectivation :

— termes évaluatifs (et nott. adj.) : mélioratifs / péjoratifs [ds jugt. Moral],

avec divers locuteurs, Marianne comme dame, comme h exemplaire fin.

— Certaine familiarité du disc. : « bonne odeur de sa vie » 25, « une jolie

mignonne avec mes grâces » (27 : joli = sacré = laudatif paradoxal [cf.

« beau salaud »]) > « vs prenez à gauche » 63 [= vs trompez]

— Incorrection : anacoluthe entre protase et apodose syst hyp db. = « Si

c’était… cela est… » [serait]

. Traits d’oralité :

— Questions : ss réponse en situation de dialogue (rafale dame db.) / avec

réponse ds disc. de Marianne (dialogue int. : §3, 66 sq.).

— Fréquence de la modalité exclamative : parties de phrase ou phrase entière,

verbale ou non (10-11, 19, , 34, ,57 : Oh ! interjection exprimant le ht degré

[fct° expressive])

— Progression par répétition : anaphore « pas »4, « Marianne » 19sq,

« pressé »-« ns-« orgeil »38 sq., « estime » et « considération »52 sq., « si »

61-2.

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— Antéposition du thème : « cette dame » > « elle »16, « cette vertu » >

« la »42, « Cet orgueil » 44.

+ 3) De soi à soi : creusement de l’instance énonciative

. Distance entre la narratrice et le personnage qu’elle a été = permet construction de la

critique et de l’analyse.

— Analyse : « ce qui me frappa d’abord, ce fut… »13, « moi-même… prêtée à

son imposture » 27.

— Critique / jugt et attitude qui firent les siennes : « je n’avais pas l’esprit bien

fait » 12 > « voilà ce qui devait me faire trembler… c’était là le véritable…

et non… »34 sq. = opposition de soi à soi.

. > Passage au présent de galité

— II Le mouvement d’une pensée + 1) L’analyse de l’amour propre

. Mise en scène de la vanité chez la jne fille :

— reproche paradoxal (fsse modestie, coqueterie, embarras réel ?) / sa « figure »6,

« fureur » de la ramener 11

— > dénonciation de sa duplicité : « friponne » liée à un « hypocrite »20 sq.

[narratrice partage pt de vue de la dame] ; mise à distance : « une jolie

mignonne avec mes grâces » (art. indéf. + possessifs avec P3)

. Analyse en 3 temps :

— assimilation de l’identité à l’orgueil ≠ vertu 38 sq.

— orgeil < nature et vertu < éducation 42 sq.

— préférence pour honneur (< orgueil) / estime (< vertu) 51 sq.

+ 2) Une généralité très personnelle

. Analyse en situation :

— greffée sur incise ds dialogue : 5 sq., 10 sq. > jugt. critique 19 sq.

. Articulation du récit et de l’analyse :

— récit de pensées « je ne l’aperçus » > galisation au présent : « On va

d’abord » 37.

. Valeur du « ns » :

— « madame » 41 > « ns » 42 = femmes (/ « On » = la soc., d’abord

masculine)

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— Galisation à « ts les hommes » 59 = se fait sur mode personnel

(prosopopée) : « je » / « vous » > retour brutal au « je » de Marianne 70 :

prééminence du mvt de la pensée / son contenu.

+ 3) Discours d’une allure : précisions et corrections

. Exigence d’élucidation (dévoilement : ≠ opinion, It° 17-8) et clarté :

— critique = appeler les ch par leur nom : cf. « friponne » + « hypocrite » >

« nom » 23.

— Distinction par couples opposés : orgueil / vertu, un / deux…, acquisition /

naissance, éducation / nature, considération / estime : analyse au sens

propre.

. Tvl. par petites touches : un impressionnisme intellectualiste. Même logique ds

recherche du mot juste et expressivité par oralité du disc., et raffint edes distinctions

analytiques :

— juxtaposition (apposition) de conversation : laquais, femme (4, 16), ricochet

par « c’est » et « c’est-à-dire » (21) > pésentatifs 40 sq., 47 sq, 67 sq..

— marqua finale : polyptote = distinctions par rebond > pointe « qui les mérite

n’y arrive guère » (art de la conversation)

— Primauté du mvt. immédiat / construction (conceptuelle et fictive) : analyse

et réflexion suspend narration = digression [cf. Marianne : va où elle est

déjà depuis tj. : noblesse…].

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Commentaire composé 7

Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761)

— Introduction. +Succès et particularité du roman de Rss.

. Ds période gde productivité philosophique de Rss. : 1762 = CS et Émile (à l’Ermitage

chez mme d’Épinay, puis Montmorency, chez mal de Luxembourg) >

— succès du roman < épistolaire et sentimental (voire larmoyant) : liée à

intérêt pour musique et lyrisme (parti des « Bouffons » = musiciens italiens

et mélodie / français et harmonie ; 1752 : opéra Pergolèse / Rameau).

— élément d’un syst. philosophique en construction : primauté de la

sensibilité et de la vertu pour fonder bonh humain (>D et loi morale inscrite

au cœur : Kt.) > utopie + mise à l’épreuve.

+ Situation :

. Précepteur SP aime Julie (> rapprochement / Héloïse et Abélard : amour > émasculé

sur les ordres du chanoine Fulbert > correspondance philo et amoureuse) : ms mésalliance

impossible ; or : baiser, puis liaison > père décide de mrier Julie à noble suédois, M. de

Wolmar : a lieu, SP pas le dt d’écrire > à cousine Claire + anglais Edouard le convainc de

monter sur goëlette qui fera tour du monde (topos du voyage formateur).

+ Pbmatique : fonction du discours, qui illustre moins des idées (cœur, vertu) qu’il ne les

met à l’épreuve.

. Lettre d’adieu paradoxale < se prolonge et s’infléchit

. Parole lyrique qui vise aussi à certaine efficacité.

— I. Une parole oblique

+ 1) Ambivalences d’une détermination

. Départ sans cesse retardé :

— présent révèle sa valeur de futur proche = « Je pars » > « je vais … » 3x >

se projette ds avenir de plus en plus lointain (futur simple : je ne verrai 10).

— > passage au conditionnel : « serait affreux » 15

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— fin : « Il faut finir » 26 > « Il faut partir »36 = tj. pas fait (alors qu’a déjà dit

« Adieu » 26 sq.) + passage par l’impers.

— Présent à valeur d’actualité presque caricaturale (/ mise en sc. énonciative

du roman épistolaire) : 34 sq. « J’entends le signal… je vois fraîchir le

vent… »

. Une décision mal assumée : assez peu de P1 sujet (plutôt « vs »).

— Passage par (appui sur) des autorités extérieures, pers. et impers. : « il faut

respecter » 6 sq. « Julie et la vertu l’ordonnent »8-9.

— Passage à l’irrationnel, appui sur arrêts du destin : « Ciel inexorable ! »24

+ 2) Une destinatrice à tiroirs

. S’adresse à Claire < interdiction d’écrire à Julie (tj. schème de type pastorale…)

— « chère et charmante cousine » 1 [= de Julie : SP se place de son pt de vue]

> « vous »§2 (/ lettre remise par Milord Edw.)

— « vous » ambiv. §1 = après avoir évoqué « Julie » 8 (déjà « loin de vs » :

Julie, et non Claire, motive recherche d’un « asile »).

. Glisst. > s’adresse aux deux femmes : « charmantes cousines »26 > « vous »29 : Julie

≠ l’absente, comme db. + in « votre amie »23.

. Mère(s) et mer : apostrophes aux absents (éloquence à l’antique)

— « ma mère »24-5 > SP ds position du « fils » // enfant de Julie

— « Mer vaste » + « sein »36-8 = océan comme figure maternelle où s’enfouir

autant que s’enfuir : façon de retrouver Julie < se résout pas à ce départ

vertueux.

+ 3) De la lettre comme influence.

. Rêverie, tentative, d’avoir action / pers. qui lui imposent au fond sa situation pénible.

— 15-6 : « vous me verrez… ou vs ne me reverrez jamais » = décide à

l’avance de l’action de l’autre (quasi valeur injonctive).

— Impératif 30sq = du désintéressement à l’apitoiement < se dit lui-même

comme absent, déjà mort (p. simple) [voir leur impute responsabilité de sa

mort-suicide].

— II. Les pénombres du chant + 1) Une rhétorique idéalisante

. Les deux cousines :

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— charme : « charmante », « beautés » > unicité : « incomparables »,

« uniques sur la terre », « chacune = seul O digne du cœur de l’autre » >

vertu : « pures et célestes » [qualités données parmi d’autres : ce qui situe

un niveau], « tendres et inséparables » : utopie de pureté et d’autarcie.

. Milord Edward :

— « ami, bienfaiteur, père » : triade croissante.

— Valorisé par ricochet de contact / Julie et Claire : « vos yeux les

reverront »22 [fétichisme ; principe de la relique + contact à distance…] =

achève jeu sur regard comme forme de présence 15 sq..

. Les périls courus et souffrances éprouvées par St Preux : hyperboles

— « errer ds l’univers »4, « à la merci des flots »9-10, « ds des mers

inconnues où règnet d’éternels orages » (6/8)11-12 ; rem. : « asile au

monde »5 = normalt. ds tournure négative (suggère son inexistence)

— « cessa de vivre » loin de vs 33.

+ 2) Vers une prose poétique

. Énonciation lyrique (fonction expressive)

— modalité exclamative et interjections [galt lié à évaluatifs] :

« Insensé… ! »3-4, « loin de vs ! »6, « affreux de ne plus vs voir ! »13,

« Ah ! Milord… »22, « le bonh d’être mère ! »24 [valeur — antiphrastique

— de l’exclamation : cf. suite…], « O ma mère… »24

. Batt rythmique par anaphores pathétiques : galt. ternaire ou binaire

— « je vais » 3x2sq, « il faut » 2x 6sq, « Ds trois… » 4x9 sq, « Vs connaissez

> Vs connûtes »19 sq., « Adieu »4x 26sq, « il faut » 2x35sq.,

« Mer… »2x36.

. Cadences, retrouvant mètre trad. ou non

— alex. et hm : 1-2 ? « Insensé… »3, « Ds 3 mois… »11, « Vs connaissez

mon âme… »19 « vos yeux les reverront… »22, « je vois… » 35 sq., « Mer

vaste, mer immense… »

— Expression et artificialité

+ 3) Du lyrisme comme acte

. Disc. cède ou fait mine de céder à continuité sous-jacente du sentiment : cf. pts

suspension.

— Laisse entendre douleur en résonance à phrase qui vient de s’achever : 24

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— Aposiopèse = mime interruption de la parole sous le coup de l’émotion :

« ds 3 ans pê… »12, « si jamais… »34.

. SP. recourt à rhétorique du sublime < suggérer gde douleur, muette :

— 19 sq. = deviner ce que Miord et lui disent pas.

. Lettre ds son ensemble comme chantage au suicide (< a aussi pour but, avec caution

lyrique de la souffrance exprimée, même sincèrement, de se voir rappelé…).

— péril du voyage, sous-entendus des pts de suspension.

— Concl.

+ Lettre met en scène pers. et parole idéalisant vertu et accordant primauté au « cœur » (14,

38) : pas de naïveté de croyance / possibilité d’une pureté qui reste utopique, voir

fantasmatique, ressort du désir et de l’effort moral (qui ne l’emporte qu’au prix de

constructions rigoureuses et douloureuses : roman, et Clarens…).

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ROUSSEAU

La Nouvelle Héloïse (1761)

— Problématique :

Quelle est la fonction du discours épistolaire dans ce roman philosophique du cœur et de la vertu ?

— I. Une parole oblique

+ 1) Ambivalences d’une détermination

. a> Un départ différé

. b> Une décision peu assumée

+ 2) Une destinatrice à tiroirs

. a> Deux femmes

. b> Mère et mer

+ 3) De la lettre comme influence.

. a> Un futur sous contrainte

. b> Un passé rhétorique

— II. Les pénombres du chant

+ 1) Une rhétorique idéalisante

. a> Désirable pureté

. b> Périls et souffrances

+ 2) Vers une prose poétique

. a> Énonciation lyrique

. b> Battements rythmiques

+ 3) Du lyrisme comme acte

. a> Suspens et continuité

. b> Chantage sublime

— Conclusion :

L’écriture de la lettre permet une mise en scène de la différence entre cœur et vertu.

Leur coïncidence résulte d’un désir et d’un effort moral que peuvent lier seulement des constructions

rigoureuses : celles de l’utopie romanesque.

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DM n°1

Marguerite Duras

Moderato Cantabile, 1958

Tous les vendredis, Anne Desbaresdes emmène son enfant récalcitrant à sa leçon de piano. Le professeur habite au-dessus d’un café où un jour, pendant la leçon, une femme est étranglée par son amant. La femme et l’enfant voient l’homme embrasser le cadavre sanglant. Ils assistent à l’arrestation. Fascinée, avec son jeune fils la mère revient le lendemain sur les lieux du crime. Un jeune homme aux yeux bleus l’aborde.

— Introduction.

+Position de Duras

. Œuvre précède et débordde le nouveau roman, auquel elle a pu servir d’ex. : Les

Impudents 1943 > 1996… et gd succès àp de L’Amant1984

. Écriture caractérisée à la fois par déconstruction du personnage (exploration de

micro-mvt de conscience : Tropismes Sarraute 1938-57 < Ère du soupçon 1956) + mise à plat

du descriptif (rétention de l’interprétation, monde énigmatique de surface : Robbe-Grillet Le

Voyeur 1955 >Pour un nouveau roman1963 ; > pratique du cinéma) / fidélité à des

thématiques romanesques traditionnelles (éternelles) [de PCl à Mme Bovary] = passion

exacerbée, faisant risquer, éprouver la mort [> pratique du théâtre]. > articulation des deux ?

. À trvers : représentation spatiale, tprelle, relations entre pers. (dramaturgie).

— I. Pulsations de l’espace

+ 1) L’ouverture au dehors

. Extérieur perçu à distance : regard, ouïe > ambiance portuaire et lumineuse (qqs.

détails > effet de réel) = logique cinématographique

. a) Écoute :

— « Une autre sirène retentit »28 > positionnt de l’ouïe : l’enfant « devait

chanter »47 (> distance / Anne)

. b) Regard :

— explicite (5 : foct° interne / Annne), « Entre eux, […] on voyait le soleil se

coucher ds la mer… » (plutôt foct° zéro)

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— impliqué par le dialogue : « Regardez, les js allongent… »77 > « AD

regarda… » 79 [construction absolu : O à deviner d’ap. dialogue]

.> implicite : « ds le port un mvt. d’hs s’annonça » > 29-30 : « Un

remorqueur arriva »

. c) Plus encore pê : espace ext. impliqué, et précisé, par propos de l’homme =

prolongement imaginaire de l’espace ext immédiatement sensible :

— « au bord de la mer ou ds les squares »12-3, 26-7 « Fonderie de la Côte ; Vs

habitez Bd de la Mer » > expansion et resserrt 66-7 : « au bout du Bd de la

Mer. Un grand jardin fermé. »

+ 2) Un intérieur oppressant

. a) Intérieur exigu : café, encombré d’Os (plus de précision et de repères) = logique

théâtrale (tragique)

— 2-3 « radio » > « verres », « comptoir » > 56sq. « radio » > « comptoir » >

80 « manteau »

— Espace intérieur empli par milieu sonore indéterminé, tacite : « baissa la

radio »2 > 56 « augmenta un peu le volume »

— > gêne de la femme, oppressé par « bruit »60 > resserrt sur soi : enlacement

de l’enfant 21sq, « ajusta son manteau »79

. b) Oppression crée par afflux de l’extérieur ds l’intérieur :

— Enfant à l’image de ce va-et-vient : entre 19-20 > 30-1 sort brusquement >

72 revient = déplacement tj. difficile ou violent : « se fraya »20, impulsion

« brutale »31, « traqué »72 = finalement comme rejeté vers l’int..

— Mvt des hommes, afflux des clients : premiers hommes 19, h très nbs

entrent 36sq > sorties, allées et venues > derniers client 57.

+ 3) Présences cosmiques

. a) Ballet d’éléments qui constituent le fond de la scène > échos immédiat sur le

comportement des êtres :

— 42-3 soleil ds mer + ciel qui flambe = gain de concrétude et d’intensité ds

ce mélange des élts (feu-eau, air-feu) > jeu de l’enfant ont secret

« indiscernable »

— 77-8 allongement des jours selon h (phrase mimétique) > AD ajuste

manteau « lentement » (adv. fin de phrase, comme répétition) ;

. b) Mvt et présence des hommes acquiert caractère cosmique :

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— décrits comme inanimés, ou en tt cas pas doués de volonté : « un mvt

d’hommmes » 8 > enfant se fraye un passage à travers eux 20 > « Entre

eux » 40 = pur obstacle visuel.

— Grand comparant = « mer » : cf. « jeu de leurs allées et venues »41 + masse

initial et accompagnement de la fin du jour (rythme cosmique)

— > exacerbe sexualisation latente : 74 « monde » + « clients » = d’abord

perçu comme masculin « les hommes » (8,19, 36).

+ Espace comme ouverture et constriction, flux et alternance >

— II. Rythmes du temps

+ 1) Le dialogue ou l’impossible présent

. a) Dialogue = régime de la scène (TR = TH ; accentué par intrusion galt directe des

propos rapportés) ; or : évitement du présent d’actualité, comme si actuel = ce qui se gagne,

ou fait intrusion, cf. :

— indication de l’heure db. : « Six heure déjà »1

— Impératif > présent duratif doit curieusement être étayé par spectacle

actuel : 77 « Regardez , les jours allongent »

— 51 nécessité de partir (impératif catégorique : moral ?) = comme irruption

du danger.

. b) Sinon, présent = habitude ou galité : propos de l’h décrivant mode de vie de la

femme / de la femme évoquant éducation des enfants, et du sien en particulier.

— Homme : 25 sq, 66 sq / Femme : 33 sq, 49-50, 61 sq. (avec passage je > on :

évitt du partic), 70 sq. ; passage à l’hypothétique : « Je voudrais »48, « Si vous

saviez »61.

. c) Difficulté de tenir le présent > dialogue s’amorce par étayage sur le passé :

— Homme doit redire ce qu’il a dit : 11 « je vous disais » = imparfait replonge

ds instant suspendu > 53 sq h fait part de son exp et pensée passées (a vu la

femme ss être vu d’elle = position de force).

— F. s’appuie sur accomplissement du crime 14 « J’y ai pensé » + dérive vers

hypothèse 16 « Je n’aurais pas pu… » > 61 « Si vous saviez… »

. Alternances, récurrences, ruptures : temporalité du récit relève plus de la composition

que du déroulement.

+ 2) Les rythmes du récit

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. a) Progression basée, très classiquement, sur alternance entre régime de la scène

(dialogue) et dominance du résumé (énoncés du narrateur : 2 sq., 19 sq, 28 sq, 36 sq, 56 sq,

69, 72 sq, 79-80) ≠ série d’accélération-ralentisst..

— Deux grandes interruptions (dialogue suspendu), puis fin = dialogue haché.

— Particularité ds emploi des temps.

. b) Rareté de l’imparfait : durée et description ds coulée narrative centrale / entrée des

hommes 37, jeu de l’enfant 45 sq, decription ext. 40 sq « on voyait ».

— Résistance à l’imperfectif comme au présent = narration reste à l’ext. des

actions > p. simple = ponctuel.

. c) Dominance du passé simple (récit d’actions) avec valeur variable > certaine

désorientation temporelle, mise sur même plan de durées diverses (syncope : pas

d’insistance — de marque spécifiques — sur temps forts)

— tendance à la scène (TR = TH) : « baissa »2, « retentit »28, « se dégagea »,

s’en alla »30sq, « se rapprocha » 38, « augmenta »56, , « se tourna, fit

grimace »59, … = temporalité de petites actions brèves, homogène / temps

du dialogue.

— Passage au résumé (< sens du verbe, ou précisions circ.) : « S’affaira,

prépara »2, « resta un long moment »4, « mvt d’hs s’annonça »8, « hs

entrèrent », « enfant se fraya »19-20, , «remorqueur arriva »30, enfant

« s’en alla »31, 39 sq. « clients arrivèrent. D’aute s’en allèrent », « enfant

revint », resta là »72-3.

— Certaine indétermination : AD « regarda »69, 79.

+ 3) Thèmes et contrepoints

. Dialogue pas véritablement formé de questions et réponse > entrelacement de ce que

sait h/f (centré sur « Vous ») + ce que dit f/éducation (centré sur « Je ») = entrelacement

thématique qui se complexifie, et se généralise à tt le récit, à travers nott des mots thèmes : cf.

radio, comptoir, hs ds narration.

— Leçon de piano : ds propos AD (16, 33 [redondance partielle], 70).

— « Enfant » : circule des propos de l’h à ceux de la femme en passant par

narration (12, 19, 30 > anaphore « Il » de AD = renvoie pas à réplique

précédente de l’h, ms à la situation, dont ns informe narrat° [id. anaphore

très lâche « leur » = enfants 62 ; 43, 48, 65, 72).

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— Élt du décor portuaire : quai (5, 29), mer (13, 27, 42, 67), lumière (42-3, 72,

77-8).

. Progression pas par convention de la représentation narrative, ms par agencement

plutôt poétiques de thèmes > maîtrise narrative spécifique ds apparent dénuement : sens aussi

ds manière dont s’organise restriction de l’info.

— III Ellipses des êtres

+ 1) Un point de vue sélectif

. a) Position narrative globalement behaviouriste : pt. de vue externe, comme d’un

autre client du café — ms qui regarderait préférentiellement AD, et ne s’abstiendrait pas de

commentaire [≠ neutre].

— cf. « comme si »5 sq > hypothèse / état d’esprit AD

— Position proche d’AD et h / enfant 46-7

— Évaluatifs du narrateur : « long moment »4, « assez brutale »31,

« affirma »71 (peut sous-entendre fausseté) + métaphorisation : « « ciel qui

flambait »43, « traqué par le crépuscule »72 : entre distance poétique et

accointance avec pers principal (dont nous donne le N d’emblée, même

sous forme soc ≠ h).

. b) Glissement de l’interprétation des gestes et mines à focalisation interne (ou

omnisciente — ou laisse à imaginer apparences à interpréter = interprétation >

représentation).

— Interprétation : « ds un silence stupéfié »5, « L’enfant… curieux »20, « Elle

le regarda, perplexe, revenue à elle »69.

— Foc int probable: « accepta le bruit, l’oublia »60.

. Soit behaviourisme avec inflexions lyriques (vers nart, et vert pers.) : positions

spécifiques >

+ 2) Le poids de l’homme

. a) Présence mystérieuse, opaque, ds mesure où rien sur son identité, et aucune autre

info sur ses pensées que ce qu’il dit / présence de l’élucidation < apporte au lecteur infos les

plus précises sur identité d’AD. : auxiliaire du nart (observateur de longue date 11, 53) ds

relation au lecteur, au monde réel (vraisemblable).

— État civil, inscription ds la société : « Mme D, f du directeur… Fonderies

de la Côte » 24sq. : registre en rupture / reste du texte [peu matériel]

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— Donne adresse, mais de façon plus vague, et qui relie à la nature : « bd de la

Mer »26, « au bout du bd de la Mer »66 = circonscrit alentours ms en

laissant le centre intact : cf. « gd jardin fermé »67.

. b) Poids de sa présence tient à son appui sur des élts qui le transcendent :

— Quantité de temps : « longtemps »11, « souvent » + « un jour » [= jamais,

enfin]53, « jours allongent »77.

— Un exemplaire de ces hommes qui affluent comme l’océan, « bruissant »9

> prolongent leur mvt. : « pour faire place… se rapprocha un peu plus

d’elle »38 : tt roman = mvt pour en savoir plus sur cette femme + rapprocht

entre elle et l’h. .

+ 3) Anne ou l’élusion

. a) O. méta-littéraire. Prétexte à une dilacération de topoï + jeu onomastique

— Contournement du premier regard (Stend, Fb) ; bovarysme ; monde de

Mauriac [Thérèse Desqueyroux 1927 = f avide de passion tente

d’empoisonner son mari].

— N > cf. débarcadère, débarras, débardeur, Déroulède [écrivain et h

politique fin 19-db 20 > cf. Chauvin] (France réac comme son esthétique

romanesque…)

. b) Une mère ambiguë.

— Accrochement désespéré au rôle de mère [amour débordant, débordé], à

deux exceptions près: pensée du crime passionnel, qui l’attire sur ces lieux

(14 sq.) > nécessité de rentrer car tard 51 (> remède = allongt des

journées77) : comme si chassée par tension qu’elle retrouve ne ce lieu, à

parler avec cet homme.

— Qqs ambivalences ds cette position [/ enfant qui a position presque

autonome : ne cesse de s’en aller] : perception tragique, presque mortelle,

de l’enfant : sa 1e évocation par l’h 12 > celle du crime par la femme ; 61sq

amour (préoccupation) si intense que présenté comme un grand malh

auquel remède possible = séparation (comme crime passionnel)

— Avoue recherche de plaisir personnel : 70-1.

. c) Support (motivation) indéterminé des actions d’AD : « y » (avec brouillage

d’anaphore)14, « il faut que j’en convienne »35, « je voudrais… tant de ch à la

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fois »48, « tt le bonh qu’on leur veut »61 > béance : cf. constuction absolu de

« regarda »79.

— Impossibilité de faire face à des désirs contradictoires > rapprochement

amoureux, physique (baiser) deviendra aussitôt distance.

— Écriture se caractérise par logique contrapuntique : petite musique = aussi ds composition

du sens <

+ Silence (subtilement tremblé, tt de même : cf glissements de pt de vue) sur les sentiments /

concrétude des notations sensibles, nott. visuelles : portent pesée tragique et amoureuse, voire

sexuelle à travers structuration de l’espace et manifestations cosmiques.

+ Tvl du temps comme matériau porteur de tonalités existencielle : évitement de l’actuel ms

aussi de tout devenir, act° placées à distance et ss ordre de grandeur > agencement temporel

tient à l’entrelacement de thèmes récurrents, à leurs modifications (nature = mer > jardin

fermé…)

+ Dramaturgie où s’esquisse chasse du désir : h qui vise la f qui l’évite ms le laisse

poursuivre.

. Identité sociale des protagonistes (disc soc impitoyable de l’h, défensif de la f) = sert

de repoussoir à l’intrigue passionnelle que ce réalisme étaye [+ cf. engagement politique de

Durad] : ouvrier comme incarnation de la force brute (haine soc / passion) qui peut changer

les choses / bourgeoise comme potentialité de fuite hors d’une aliénation.

. Exemple des relations délicates que peut entretenir Nouveau Roman / tradition

romanesque (clé aussi du succès de Duras ≠ tard).

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CC 8 : STENDHAL La Chartreuse de Parme (1839)

— Scène très connue de F. à Waterloo = initiation paradoxale d’un pers. : comprend pas,

comme Candide 1764, ou plus tard F. Moreau pendant les journées de 1848 in ES 1869 —

et rien d’englobant, et pas de jugement clair sur la scène, même ironiquement.

+ Position sing. de Stendh : avant modernité de la désillusion (Fb.), un peu en deçà du

moment romantique (cf. écriture de Waterloo par VH, nott. in Misérables 1862), plus proche

de l’effort de pensée des Lumières = écriture sans désespoir d’une violence historique quine

délivre pas de signification évidente. Ressource > subj. (« égotisme » : moi assumé comme

aune de tte chose ; cf. tvl. auto-bio Vie de Henri Brulard [1835-6 > posth.])

. Importance ds la scène : romantisme napoléonien de Fabrice del Dongo (comme de

Julien Sorel — et de Stend. : valorisation de la virtu italienne [Chroniques ital. an 30-40]),

jeune noble milanais (fils en fait d’un officier français) qui désire à tout prix, alors qu’Italie

aux mains de l’Autriche conservatrice, se battre avec armée de NB..

+ Comprendre ambivalences de la techniques narratives autant que de la morale stendh. :

mimèsis de l’égarement par savants enchaînement de détails concrets permettant analyses

d’un esprit (sensualisme + idéologie) + recherche d’une éthique ds le jeu nart. / pers..

. Plongée ds pensée du pers = temps de guerre > Analyse d’une pensée > recherche

d’un positionnement éthique(héroïsme / bonh)

— I. Plongée dans la guerre : le temps d’un novice + 1) Accélérations

. a) Régime classique du résumé = rare [logique < sc d’action] : « les gx et l’escortent

desendirent ds 1 ptt chemin »28, « Il médita longtemps » 63

. b) Surtout : rapidité de l’action militaire (tant que F. galope à cheval) +

désorientation du témoin= rendues par CCT + séries de V au passé simple qui scandent

l’action et introduisent galt une pause descriptive ou méditative (incluse ds rapidité gobale de

l’action, entre 2 p. simples) :

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— « Tt à coup, on partit »1, « Qqs intants après, F vit »1-2, « Il entendit »9, >

« Le maréchal s’arrêta »30, « Il regarda les hussards »37, « il tourna la tête

vers l’ennemi »41 > > « Tt à coup… F. vit 4 h qui arrivaient… », « Un des

gaux partit »56sq, « F se trouva à côté dun Mal des logis »60.

. c) Effets de la vitesse :

— Avancée ds l’action implique retour en arrière ds l’espace < constater

résultat d’une action déjà achevée : 8 sq « Il entendit … : c’étaient deux

hussards qui tombaient… lorsqu’il les regarda, ils étaient déjà à 20 pas de

l’escorte » [espace mesure vitesse].

— Enchaînement de pensées > retour à l’action réelle en coure : imperfectif :

16 sq « … se dit-il… se répétait-il… À ce moment, l’escorte allait ventre à

terre… »

+ 2) Ralentis

. a) Scène = dialogue ou discours intérieur, galt en décalage complet / horreur de la

guerre et soucis stratégiques : présent de F = globalt irréel…

— actuel : présent de l’indicatif ou présentatifs = 16 sq « m’y voilà donc

enfin… Me voici un vrai militaire. » > 54-5 « Ah ! ns sommes attaqués »

— réflexions gales : 32 « Ns n’avons point des figures… en Italie »

— p. composé comme accompli du présent : 16 « J’ai vu le feu ! » = acquis de

ce moment, pour F. [se projette ds avenir ou pourra s’en targuer, et qui

commence maintt]

— > méditation / avenir : « Jamais… je ne serai comme ça »33

. b) Confirmation d’irréalité ds dialogie final au présent :

— actualité comme naïveté : « c’est la 1e fois que j’assiste à la bataille »

[article déf générique]

— > discussion = faites de définitions (conformité / type, ou identification) :

66sq. (3x V. être)

. c) Pauses descriptives :

— ds moment d’accalmie : V d’état 41 sq « C’étaient des lignes… ces

hommes lui semblaient… Leur longues files… ne lui paraissaient pas… »

— valeur durative et itérative, accompagnant mv des troupes [description en

mvt.] : 18sq « L’escorte allait … c’étaient des boulets qui faisaient voler…

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il voyait la fumée… il lui semblait entendre des décharges… ; il n’y

comprenait rien du tt. »

— sc. saisie au vol [p simple] > pause descriptive [imparfait ds relative intro

par « qui » : 2sq. « F vit… une terre labourée qui était remuée… » ; 11 sq

« Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval tt sanglant qui se débattait ds

ses propres entrailles… » [pause descriptive permet effet de pathétique ss

commentaire ; pas d’évaluatifs]

+ 3) Syncopes : temps faible sur temps fort

. Style paratactique empêche dramatisation(par annonce, préparation, valorisation) ms

exacerbe ruptures thématiques.

— 8 pense à la gloire du Maréchal (Ney) > 9 « cri sec » = mort de deux

hommes

— 15 sg coule ds boue > 16 joie d’être au feu.

— 54 « ventre à terre » (hâte, dger, action) > interjection de joie «Ah ! »

. Composition par juxtaposition qui fait sens (mise en scène d’une naïveté + critique

d’un non sens : trad. Candide Volt. > Bout nuit Céline) : implique position narrative (plutôt

distante) qui permet l’analyse : la mène (cf. Bzc àp mêmes années) + la suggèreau lecteur

(trad. style des lumières).

— II. Analyse de la sensation : le candide et son narrateur

+ 1) Morcellement et découpage de l’espace

. a) Pas de perception globalisante, qui permettrait aussi que se bâtisse compréhension

de la situation par le S : < horizon voilé par fumée des tirs (pratique même de la guerre,

concrètt, brouille l’intelligibilité du réel)

— 21sq. « fumée blanche de la batterie à une distance énorme » > 49sq.

« fumée empêchait de rien distinguer… fumée blanche»

— > importance, par moments, des notations sonores = fond confus avec élts

discrets qui se détachent : silence > 9 « cri », 23-4« ronflement égal et

continu » des coups de canon / 25 « décharges bcp plus voisines »

. b) Détails

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— 4sq.« fond des sillons » + « crêtes » > « petits fragments noirs » > 28 « petit

chemin » > 44 « hs lui semblaient tt petits » > 48 « au petit pas » > 59

« petit canal »

— 32 « très blond, avec une grosse tête rouge » > 38 « moustaches jaunes »

— Isolement des petits nbres (vision analytique) : 9 sq. = 2 hussards ; 53 sq.

= 4hs, 2 parlent au Mal, 1 des gaux part = 2 hussards + 4 hs > scène finale

= à deux pers. (isolés sur fond de grand nbre, armée du pple).

. c) Géométrisation : effort d’agencement de cette réalité chaotique, pulvérisée.

— Essai de mesure : 2 = 20 pas en avant > 6 = 3 ou 4 pieds haut ; 28 = 5 pieds

en contrebas

— Effort permanent de positionnement relatif du pers. : cf. prép. spatiale et

adv. (> parfois temporelle) : « en avant »2, « auprès de lui »9, « au

milieu »23, « en contrebas »29, 47, « vers l’ennemi »41, 53, « à côté d’un

Mal »

— Schématisation visuelle insistante (déréalisante, par simplification) : «42

« lignes fort étendues d’hs rouges » [réactivation sens concret du subst, par

adjs] > « longues files »44 = comme « haies » [réification] > 46 « ligne de

cavalier trottait pour se rapprocher du chemin » [rapprochement de lignes]

= à rapprocher des nbres et de « petit » = hs comme points / taches groupés

en lignes : cf. 51 « se détacher sur cette fumée blanche ».

+ 2) Matérialité

. a) Substances de la guerre : non solide, avec tendance au mélange (≠ analyse claire et

distincte) > horreur, ou répulsion.

— S’opposant à l’effort de lucidité, notations ponctuelles montrent une

matière de la confusion, liquide et gazeuse : fumée (21, 49, 51), eau (canal

59)

— 2sq. « terre labourée » + « remuée » > « eau » > terre « humide » > 12 sq.

« sanglant » + « entrailles » > mélange ultime = 16 « le sang coulait ds la

boue » > 28 « chemin plein d’eau », id 49 « pataugeant ds la boue »

. Rem. = mvt. global de descente (en + d’une proximité initiale / terre) :

« descendirent »27 > « chemin en contre-bas »47 : comme enfer, avec

recherche d’un Dante pour orienter voyage (Mal.)

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. b) Couleurs plates : effort pour contenir confusion matérielle > plutôt qu’effet de réel

et gain de matérialité, simplification chromatique.

— Fumée blanche (22, 52) / tête rouge 32 [contraste : moustaches jaunes 38 +

terre noire et herbe verte tacite…], hommes rouges 42, cavaliers rouges 46 :

opacité naïve [sens = uniforme ennemi] + réduction de la totalité de l’être à

un attribut visuel ss nuance.

— Héros pê refuge de la nuance comme signe de vie : « moi qui suis si pâle »

34 = gamme possible (cf. degrés : adv. « si »), avec coloration diverses

selon visibilité du sang, + émotion (vie) : « rougir »40 ; trad. aussi du héros

délicat (travaille pas en plein air) / pers. plus rustaud (tj. armée de

conscription : paysans…).

— À comparer avec « cri sec »9 comme rétention de l’expressivité : « je fais ts

mes efforts pour être sec » = marque stylistique (atticisme…) >

+ 3) Mécanismes d’une pensée

. a) Perceptions et pensées rapportées

— V. de perception et d’effort perceptf = « vit »2, 53, « remarqua »7,

« entendit »9, « put le voir »31, « regarda »11, 37, ≠ activité d’observation

proprement militaire du Mal « avec sa lorgnette » 30-1 < Fabrice examine

bataille en tant qu’évt. symbolique et affectif.

— V restreignant validité à l’apparence (modalisateurs) : « sembler »24, 43,

« paraître »45 =incertitude F + restriction du narrateur.

— Simple enregistrement des pensées : le plus fréquent = « se dit-il »16, 55,

62 : dialogue int. (qui peut sous-entendre mise en scène…)

. b) De la sensation à la compréhension : formation des sensualistes (Condillac) et

idéologues (Destutt de Tracy).

— Démarche inductive laissée au lecteur, àp description analytique du

concret : 3sq. foc interne / terre mouillée fragmentée > narration de cette

perception avec lexique abstrait, ss interprétation ni émotion (léger

étonnement) : 7« F. remarqua cet effet singulier »

. 18 sq. escorte ventre à terre > « notre héros comprit que c’étaient des

boulets » [+ probable situation de fuite] = 2 étapes (sensation > pensée)

d’un processus de compréhension.

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— Perception > explication (parataxe) : 8-9 « Il entendit… > : c’étaient deux

hussards »

— Analyse plus morale, de la vanité : 32 sq. observation + méditation /

apparence des hussards (semble en rester à ce niveau) > traduction par le

nart. : « Pour lui, … Jamais je ne serai un héros. »

— III. Mise en scène de l’héroïsme : le rêve et l’apparence + 1) Un étrange bonheur

. a) Enfermement en soi : cf. qd emprisonné ds tour Farnese + Julien Sorel id =

moment de bonheur.

— Enfermement ds sa conscience : décalage des sentiments / présence du

monde réel (en particulier joie : 17, 54) = forme d’esthétisation (cf.

schématisaton formes et couleur, absence de mise en perspective hist. et

politique).

— Spectacle coloré + « petit » + « bon enfant »61 = tonalité enfantine de la

vision > généalogie imaginaire montre identité (familiale) pbmatique 67-8

[« Qui êtes vous ? + frère de la femme d’un capit.] > malaise / regard

d’autrui [honte, culpabuilité]40, 62-3.

. b) Représentation de la bataille : un monde d’essences

— Préoccupation essentielle = conformité de ce qui est perçu / image que le

héros s’en faisait a priori (types) > jeu / article + présent d’actualité

. Accès direct au type = art. défini : 16 « m’y voici donc enfin, au feu ! »

. Illustration du type par exemplaire authentique : 17 « un vrai militaire »,

37« un héros », 66 « une véritable bataille ».

+ 2) Distances narratives

. a) Évaluations et analyses : cf. « on » 1, 50 = P1P/P3P [« ns »/ « ils »]

— Évaluatifs accompagnent galt pt vue de Fabrice : 3« singulière »,

7« singulier », 12 « horrible », 33 « très blond », « grosse tête », 42

« lignes fort étendues » ≠ 63 « Il médita longtemps » (humour / effort de

pensée du pers. > résultat burlesque exhibant marginalité)

— > 8 foc zéro où F. = O d’analyse, décomposé : « sa pensée se remit à

songer… » [critique de la vanité : tournure montre F peu maître, peu S de

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ses propres pensées, mécaniques], 19 « notre héros comprit » [possessif

ironique], 40-1 interprétation d’un geste « pour finir son embarras, il tourna

la tête vers l’ennemi »

. c) Le spectacle des regards

— Scène de l’échange de regards 37 sq (3x regarder + 1x regard : saturation) =

révélatrice de l’analyse et de son sens : primauté de l’image, du monde, des

autres et de soi, ds recherche d’un position au monde [< sensation + It° :

amour propre : trad. philosophique + moraliste] > nart° = regard au second

degré.

— Distance permet représentation critique, analytique, ms aussi sympathie

avec le héros < vivacité (énergie) de la vision : grâce de la schématisation

enfantine, fraîcheur ds juxtaposition de sentiments et sensations

contradictoires, intensité ds surgissement du détail « vrai ».

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STENDHAL

La Chartreuse de Parme (1839)

— Problématique : Comprendre les ambivalences de la techniques narratives stendhalienne, entre effort de

compréhension réaliste et morale égotiste.

— I. Plongée dans la guerre : le temps d’un novice

+ 1) Accélérations

. a> Prédominance de l’action

. c> Effets de la vitesse

+ 2) Ralentis

. a> Scènes : irréel présent de Fabrice

. b> Pauses descriptives

+ 3) Syncopes

. a> Un style paratactique

. b> Des juxtapositions signifiantes

— II. Analyse de la sensation : le candide et son narrateur

+ 1) Espace : le découpage de la confusion

. a> Confusion

. b> Détails

. c> Géométrisation

+ 2) Matérialité : l’horreur et le schème

. a> Substances de guerre

. b> Couleurs plates

+ 3) Mécanismes d’une pensée

. a> Perceptions et pensées rapportées

. b> De la sensation à la compréhension

— III. Mise en scène de l’héroïsme : le rêve et l’apparence

+ 1) Un étrange bonheur

. a> En soi comme dans une tour

. b> La bataille : un monde d’essences

+ 2) Distances narratives

. a> Évaluations et analyses

. b> Le spectacle des regards

— Conclusion : La distance narrative, variable, permet à la fois une sympathie dans la représentation de

sensations intenses, et la suggestion d’une position critique : elle se place entre la nostalgie d’un héroïsme naïf et

l’évidence d’une histoire en perte de signification.

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DS n°1

Guy de Maupassant, Une vie (1883)

Jeune fille de bonne famille normande, après ses années d’éducation au couvent, Jeanne épouse bientôt le vicomte de Lamare. Ils reviennent de leur voyage de noce en Corse et s’installent au château conjugal, Les Peuples, où vivent aussi les parents de Jeanne. Le vicomte la négligera vite, la trompera bientôt. Il mourra, avec sa maîtresse, dans la maison roulante où ils se retrouvaient et que le mari trompé fera rouler dans un ravin.

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CC 9 : BALZAC Eugénie Grandet (1833)

— Balzac = inventeur du réalisme romanesque moderne

+ Idéologie romantique

. = croyance en une réalité que le discours peut expliquer (ambition

philosophique de son œuvre) ; modèle naturaliste : Geoffroy St. Hilaire

(formation et ambition philosophique 18e < père) = implique aussi vision

énergétique, vitaliste, du monde et de la société [≠ naturalisme : théorie

complète, systématique, préformée, illustrée par œuvre].

. Œuvre totale : idée de la comédie humaine vers 1835 = retour des

pers. + envers du tapis de la soc contemporaine.

+ Pbmatique romanesque : roman comme analyse du réel jusque dans son

détail matériel (notamment économique, ms aussi inscription des caractères et

des comportements ds particularité anatomique [physiognomonie de Lavater +

phrénologie de Gall] > importance du disc. du narrateur ms aussi des

descriptions.

. Question du point de vue narratif : focalisation, mais aussi mise en

scène concrète motivant le regard porté sur un lieu, des Os, une personne

(placement ou déplacement ds l’espace / logique explicative).

. Absence d’événement > rapport au récit : réserve de signes (indices +

amorces — cf. Genette, FIII) ; valeur possible de symbole ou de métaphore.

+ EG. : = pê première œuvre véritablement « balzacienne » (ap. début

romanesques — Horace de St. Aubin — et fantastiques : Peau de chagrin

1831) ; analyse complexe d’une réalité (dimension historique et économique)

se noue en intrigue.

. Père Grandet = spéculateur enrichi nott. pendant RF. ; sa fille

courtisée.

. Fascination de B pour pers réussissant ds soc (bourgeoisie montante,

arrivistes type Rastignac, bagnard comme Trompe-la-mort…)

+ Pbmatique = fonctionnement et herméneutique de la description, ds sa

relation avec narration.

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. Figuration d’une puissance, qui s’affirme nott. ds rapport au temps >

puissance = aussi de l’écriture, qui se condense et de pbmatise par décor.

— I. Puissance de Grandet

+ 1) Résistance aux aléas du temps et de l’hist. (sa fortune traverse les

régimes)

. a) Attaques de l’extérieur (Cruchot > trous)

— Richesse de Gr suscite convoitise de familles entières (< épouser

Eugénie), et des camps qui les soutiennent (> néologismes) : « Cruchotins » /

« Grassinistes » 1-3 ; nbre des troupes : cf. 4 Cruchot et les leurs 7sq. ;

convoitise implique union physique (aussi) / Eugénie >

— De même : maison = percée d’ouvertures : « baie »34, « trous »38,

« porche » 42, « bas-relief »43-4, porte « fendue »51, par la « grille »44,

« voûte »66… > cf. fonction défensive « au temps des guerres civiles »65-6 [=

façon de voir soc capitaliste bourgeoise…]

— Nécess de remplir « trésor presque vide »87.

. b) Une forteresse

— Solidité : « chêne massif »50, « maintenue… boulons »52

— Défense et emprisonnement : « abritée… remparts »33, « geôle »43,

grille + barreaux 53-4.

+ 2) Construction

. a) Rhétorique financière

— Déploiement d’un champ sémantique financier (notamment en fin de

syntagme et de phrase > rythme obsédant) : « valant trois millions »5 (terme

d’une gradation ds caractérisation), « mise en vente… réaliser ses capitaux »5-

6, « la vente par petits lots »9, « marché en or… adjudicataire… prix des

lots »10-3, « vendre… homme solvable… argent comptant » 13-5, « paya…

escompte… formalités »18-9.

— Articulation de ses notions par argumentation des Cruchot, alliés

intéressés de G : disc narrativisé résume (« conclut un marché… lui

persuadant » 10sq.) > artgt° dvlppée au DIL : « il valait mieux… comptant » 13

sq.

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. b) Articulation architecturale

— Description suit de même, analytiquement, construction de la maison :

piliers + voûte > baie de la porte 34 [pierre vermiculée 38 sq.] > au-dessus 43

sq. : cintre + bas-relief > plinthe + végétation > redescend porte 50 sq. :

boulons + grille [avec marteau] > à travers grille 64 sq..

— Progression de proche en proche = cf. reprise de mot avec article indéf.

> démonstratif (appui sur le connu) : 43-5 « un bas-relief » > « ce », 56-8 « un

marteau » > « ce marteau », 53-64 « une grille » > « la petite grille ».

+ Force de G = aussi résistance au temps dont il tente aussi de faire un allié

— de même que ce bourgeois profite de la Restauration pour continuer à

s’enrichir, même aux dépens de l’aristocratie.

—II. Force et temps

+ 1) Rapacité

. a) L’investissement ou le temps de l’action (faim > p simple > à blanc)

— Richesse et convoitise = décrites en termes organiques (d’autant plus

frappant que rupture d’isotopie, en contexte) : « convoyé vers l’œsophage »16-

7 [V implique accroissement d’échelle]

— Progression implacable de l’action par série de p. simples narratifs :

« fut mise en vente »5 > « conclut… un marché »10 > « fut alors convoyé »16,

« le paya »18 > « eut retentisst. »19 > « alla voir »20 > « revint »23 >

« décida »27.

— Action rapide prend place ds temps historique (envisagée avec recul,

mémorable : O de chronique) : « Au commencement de 1818… »

. b) Un acte pur : abstraction et sauvagerie

— Stratégie = accomplie par les Cruchot, G attendant ds l’ombre [manière

de « comprendre » rétention que manifeste la maison : « pâle, froide,

silencieuse »32 = force retenue] > accélération : paye comptant + surtout va

voir son château [rapidité ds passage au possessif : 20, 22] « à l’occasion d’une

charrette » + y jette « coup d’œil »22 = y accorde peu de valeur (contraste : 3

millions / charrette) + passe peu de temps [cf. h act : éco en temps réel : temps

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≠ exp, mais donnée abstraite pour logique financière] : réalité du bien

l’intéresse pas.

— Logique purement capitaliste : conversion du bien réel en argent >

exploitation jusqu’à la destruction : cf. « couper à blanc ses bois »27 (cf.

« saigner à blanc ».

+ 2) Accumulation

. a) Du temps debout

— Ancienneté de la maison, qui porte marques du temps :

. PQP, passé ds le passé : piliers 15sq. « avaient été… constuits en tuffeau »

= tient « à peine… 200 ans » ; intempéries « avaient pratiqué » trous ds la

pierre : « long usage avait effacé » figure bouffonne du marteau 64.

. Part. passé, à valeur d’accompli, sant en partic l’usure : « rongée »45

(« noire » implique salissure du temps : « déjà » > = noircies), 50-1

« désséchée, fendue », « marches dégradées »68.

. Références à un passé lointain + inscription historique plus précise (outre

1818) : « nos ancêtres… antiquaire… jadis »59sq. ; « pierres vermiculée…

architecture française » 41 [mode Renaissance], « guerres civiles »65-6 [de

religion, ou disc. conservateur / Rév. Fr.].

. b) L’accroissement du capital

— Ancienneté et usure de la maison montre avarice : absence

d’investissement pour la restaurer [maison pérenne manifestant sa force : ≠

monarchie, qui a dû être restaurée…]

— Temps = argent qui travaille, pour G : cf. 23-4 = « certain d’avoir placé

ses fonds à cinq » (pour cent) : rente, placement qui rapporte régulièrement ;

argent qui se féconde.

+ 3) Nature : énergie immanente à G et à ses lieux = l’arrache au temps

historique (> mythe et nature…)

. a) Un mircrocosme : fortune et maison à G réunissent élts naturels

— Fortune de G ici = de la terre convertie en argent : cf. marquis doit

« réaliser ses capitaux »6-7 (< res latin) > ce que fait effectivement G : son

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argent devient terre (15 « payer la terre en argent comptant ») > argent de

nouveau (placement, exploitation) [abstraction / matérialité : cf. or ds le roman]

— Minéral, en relation avec eau < « tuffeau » (pierre molle : entre solide et

poudreux, voire crémeux…) comme pierre du littoral de la Loire 35-6 + 70

murs « humides, pleins de suintement » : maison comme dégradé de

consistances.

— Végétal : bois de la porte [≠ bois coupé de ses forêts] > intrinsèquement

lié au lieu cf. « pariétaire »48 + suggestion de feu (vital) par « jaune » et

cerisier (rouge) [+ noir : comme brûlure] > couleurs primaires (noir, blanc,

jaune, rouge — manque le bleu : couleur républicaine ms aussi lié à monarchie

fr [suspens du politique national]…)

. Air : circule malgré tout par baie, fissure, grille…

— Absence de vie animée : occultée par cette forme de force (nature

morte)

. b) Des forces en travail : ente forces de vie et de mort

— Force de l’usure, du temps, qui mettent en péril résistance de G : trou,

noircissure, effacement.

— Mais aussi : accroissement de la vie (qui peut mettre en péril

construction, prévision humaine…) = cf. jeunes plantes (germination).

— Savoir faire humain peut faire travailler processus naturels (chimie) : cf.

vin mais aussi saumure = eau salée pour conserver aliments, ou liquide qui

exsude de ses aliments : N de la ville même (23) comme signifiant une

conservation productive, ms toute proche du pourrissement (cf. eau saumâtre =

stagnante, mêlée d’eau de mer).

. Cf. 67 « voûte verdâtre » + murs « pleins de suintements »

+ Condensation de force humaine volontaire toute proche des grands

processus naturels = renvoie à l’ambition balzacienne d’une œuvre totalisante

(thésaurisant tte la Comédie humaine…), conçue sur le modèle des sciences

naturelles — l’artiste ou le savant participant de la force dont ils montrent

l’agencement.

— III. Grilles de lecture (Une porte à lire)

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+ 1) Abymes : tvl narratif tend à se mettre lui-même en scène.

. a) Grandet O de discours

— Hauts faits de G suscitent commentaires : « étonnement de Saumur »18,

« retentissement à Nantes et Orléans »19-20.

— Etre et actes de G ont engendré locution qui demande long détour

analytique = inflexion de la narration et de la voix narrative / « la maison à

Monsieur G »31 (tournure pop accueillie par discours magistral du nart.)

. b) La porte : de l’architecture à l’art

— Présence croissante de l’art : « pierre vermiculée »41 > 43 sq. « bas-

relief » avec figures des « quatre Saisons » [temps : maison arbore signe de ce

qu’elle affronte] > 53 « dessins symétriques » des boulons > 58sq. figure

bouffonne sur marteau jacquemart (N d’un miniaturiste fr 14e + h frappant sur

horloge : temps…)

. c) Signes métatextuels (point d’adm + lecteurs de la porte)

— Jusqu’à la typographie : « point d’admiration »60 [exprime ce que peut

inspirer G ?] > porte comme texte à lire : cf. termes qui deviendront

métaphores et concept pour désigner la langue, voire le texte [et peuvent de tte

façon évoquer un code] = « grille »53 [> décoder] + « système »52 [cf.

Saussure — ms déjà linguiste romantique Humboldt db. 19e + langue comme

entité vivante chez VH]

— Mise en abyme du lecteur : cf. lecture de la porte par « antiquaire » 62 +

de la grille par « curieux »66.

+ 2) Indices

. a) Un investissement annonciateur

— Grandet tente de profiter des déboires financiers du jeune marquis de

Froidfond : cf. tentera de racheter créances de son frère en faillite et suicidé /

neveu, Charles, est aimé d’Eugénie qui lui donnera son or.

. b) Signes de vie

— Vie féconde s’affirme envers et contre tout ds ce bâtiment carcéral : cf.

nott. « petit cerisier assez haut déjà »49-50 = cf. Eugénie, qui n’aura jamais

d’enfant (fruits).

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— Possible évocation du braquemart par le « jacquemart »60 (d’autant

plus que références à Touraine + Rabelais : cf. guerre picrocholine entre

Cruchotins et Grassinistes — veine burlesque et gauloise des Contes

drôlatiques 1832-37) : sexualité entravée d’Eugénie, malgré candidats frappant

à la porte.

+ 3) Jugements [pb. du nart omni-scient-potent]

. a) Évaluations et complicité narrative

— Présence forte du narrateur, qui justifie récit par les besoins de

l’analyse : « Il est maintenant facile de comprendre » (30) + suppose

collectivité formée avec lecteurs français (« nos ancêtre »59, auxquels suppose

connaissances / végétations des campagnes (cf. déixis de notoriété : « ces

végétations dues au hasard »47-8).

— Adj. évaluatifs montrent certaine distance / pers., et notamment

Grandet : ironie ds emphase légèrement archaïsante (« avantage signalé » 2) +

« magnifique pensée »24 = se détache sur fond prosaïque avec suggestion de

cruauté (primitive) : œsophage + couper à blanc. Jugement selon position du

narrateur — écrivain pê ≠

. b) Une porte miroir ?

— Maison et porte peuvent signifier vaine résistance de G / inéluctable

force de vie quoi mène à la mort : aura beau palper ses écus, mourra (avant sa

fille, qui aura donné argent à celui qu’elle aime — même pour en être ensuite

abusée : amoralité de la vie qui va).

— Mais : G participe de cette force naturelle qui le déborde > cf.

Comédie humaine participe, comme œuvre, à la substance humaine que

travaille énergie infini = comme G, B écrivain se dit débordé par sa matière, ne

contrôle pas ce qu’il élabore (féconde) : voit que « l’envers de la tapisserie »,

ne peut que « rêver l’effet d’ensemble ».

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BALZAC

Eugénie Grandet (1833)

— Problématique :

Fonctionnement herméneutique de la description, entre réalisme et sémiotique romanesque.

— I. Puissance de Grandet

+ 1) Résistance

. a) Des agressions

. b) Une forteresse

+ 2) Construction

. a) Rhétorique financière

. b) Articulations architecturales

—II. Force et temps

+ 1) Rapacité

. a) L’investissement ou le temps de l’action

. b) Un acte pur : abstraction et sauvagerie

+ 2) Accumulation

. a) Du temps debout

. b) L’accroissement du capital

+ 3) Nature

. a) Un mircrocosme

. b) Des forces en travail

— III. Grilles de lecture

+ 1) Abymes

. a) Grandet : un objet de discours

. b) La porte : de l’architecture à l’art

. c) Signes métatextuels

+ 2) Indices

. a) Un investissement annonciateur

. b) Signes de vie

+ 3) Jugements

. a) Évaluations et complicité narrative

. b) Une porte miroir ?

— Conclusion :

À travers la description, l’imaginaire déterministe de Balzac met en place une dramatisation

romanesque des choses.

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CC 10 : MAUPASSANT Une vie (1883)

— Maup. : élève de Fb + rattaché au naturalisme de Zola (à travers sa participation aux

Soirées de Médan 1880, avec Boule de suif) = souci de la documentation : réalisme social

normand ou parisien, plus qu’argumentation scientifique, davantage présente ds sa veine

fantastique + gde exigence formelle : recherche d’une beauté propre à la prose chez Fb. (+

parfois splendeurs orientales proches du Parnasse) / emprunts aux ressource (naturel et

historique : lignée romantique) du lyrisme (Zola, parfois Fb.) ds rendu de la subjectivité.

. Cf. époque : àp Baud = épuration de la poésie romantique en idéalisme symboliste, ds

refus de la société bourgeoise (honnie aussi de Fb.).

+ Une vie = reprend ce qui est déjà topos du réalisme romanesque français : triste vie et

aspirations romanesques d’une provinciale (Mme de Rênal in RN de Stendh, EG ou Mme de

Mortsauf in Lys de Bzc, Mme Bovary de Fb.) > Maup. radicalise pbmatique en raréfiant évt. :

femme sans amant, ms trompée par son mari.

. Passage étudié exlpaire : essentiellement analyse et description / vacuité d’une vie

après années de couvent et mariage

. Comment roman, entre aspiration à transfiguration artistique et exigence naturaliste

de lucidité et de précision, représente une âme privée de ses jeunes espérances ?

— I. Effort d’analyse

— II. Représentation figurée, ds le paysage

— III. Remise en cause de la temporalité romanesque (dramatisation +

évolution)

— I Vue sur les tourments d’une âme + 1) L’analyse des sentiments

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. a) L’abstraction du vocabulaire : surtout, mais pas seulement, au seuil du passage,

pour donner sens et ambiance à la suite. Plongée analytique et réflexive ds une âme (avant

sensation).

— Vocabulaire courant : tourné d’abord vers avenir = « songeries » (3),

« rêves »18, « espérances »(4), « espoir » 14, « illusions »(6), « amour »7,

« inquiétudes »14 / « souvenir »69

— Plus grande abstraction (suffixe > déverbaux) : « agitation » (4),

« déterminations »10, « désolation »77, « pressentiment »58

— Verbes et adjectifs : « réfléchir »11, « rêvassant »61, « songer »62,

« sangloter » /« triste »35, « douloureux »47, « alanguie »62

. b) Une certaine in décision

— Explicite : « espoirs indéfinis » 14, sens des suffixes = « songeries »3,

« rêvassant »61

— Liée d’abord à l’attente : cf. « préoccupée de l’avenir »3 > « attente

d’amour »7 > « inquiétudes de l’inconnu »15 > pb = « fini d’attendre »15.

— Persiste ds ennui et tristesse, comme faiblesse psychique, manque de

tension, incapacité à déterminer d’avantage les états et désirs de l’âme

[langueur] : « sentait… vaguement »17, « presque sans songer »62 =

équivalent psychique du « rien à faire » (1-2)

— Cf. déterminants et PNs indéfinis (voire subst. de sens id.) : « de

songeries »3, « une certaine désillusion, un affaissement des rêves »18,

« une envie » 62 / « Elle sentait tout cela »17, « Qqch l’appesantissait »58,

« le souvenir d’une ch bne et finie »69.

+ 2) Quelques nuances d’un savoir

. a) Le scalpel de l’âme

— Explication omnisciente du moment psychologique de Jeanne :

détermination de l’indéfini [substitution du connu à l’inconnu], chez J,

laisse un grand vide = attente de l’amour > mariage rapide et irréfléchi >

« réalité quotidienne » ≠ « douce réalité des premiers js »12-3 ; analyse

pessimiste [seul bonh = ds attente > R = ennui (voire déception, tristesse)]

alimentant atm naturaliste (h = animal aveugle peu capable de bonh, au-

delà de la satisfaction des instinct).

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. Composante naturaliste = analyse déborde celle de la psychologie pour

proposer (assez discrètement) savoir sur la nature : couleur des feuilles

d’automne = réaction des arbres au froid « selon la nature de leurs

sèves »54-5 > glissement, par paronomase, du lyrique au scientifique (ou

réminiscence de Lucrèce : De natura rerum) : « arômes » > « atomes

fécondants »29.

— Un point de vue surplombant : jugement et galité, voire omniscience =

connotation péjorative des suffixes indéfinis + « agitation »4, « illusions »6

/ « on épouse en ces brusques déterminations »9-10, « la vive secousse que

donne… le svnir… »68sq. [déictique + défini de notoriété] / « la vie

monotone qui commençait »59 (= science du nart autant qu’It° de Jne) +

science des buts (pê plus que Jn elle-même) : « dormir pour échapper à la

tristesse »63, « rentra pour ne point sangloter »77.

. Id. malgré effet d’oralité (plutôt ton du conteur que DIL) : « Oui,

c’était fini d’attendre. »

. b) Une voix mêlée ?

— Partage d’évaluation = nott. ds description du paysage, à travers sensations

et sentiments de Jne, mais avec lge du narrateur (< registre relativement élevé + élts de

style poétique et littéraire : cf. 25 sq. métaphore, inversions…) : part d’une sensation

simple = « vitres froides »19 > pê « humide et dur paysage »74.

— Partage des voix ? Qd tournure plus familière (mais possible oralité du

conteur) : « triste à faire pleurer »36, « l’avenue de petite mère »56-7

+ Analysant les sentiments de J plus qu’il n’en fait entendre l’expression à travers la voix

narrative, M s’attache surtt à faire éprouver une conscience et ses marges à travers leur

symbolisation ds le paysage.

— II La symbolisation des sentiments + Recours massif à la personnification : métaphore ou comparaisons (cf. « pareilles à »37 +

modalisateurs « semblai(en)t »47, 52 [rappelle caractère figural de la ressemblance =

maintient distance analytique, ≠ enthousiasme poétique]).

+ 1) Une paysage endeuillé

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. a) Une sensation de froid [àp vitre de Jeanne > amplification à la nature]

— Circule ds le paysage, animés > inanimés : « cri frileux »49 des oiseaux

cherchant un abri [une hypallage : attribuer à certains mots d’une phrase ce

qui appartient à d’autres, ss erreur de sens possible] > « maigreur

grelottante des peupliers presque nus » + « branches grêles

tremblaient »32-3 [suggestion, par alitération (pronomase) de fausse

étymologie + déplacement de sens N+adj > adj+V]

— Métaphore filée : nature habillée (cf. Charles d’Orléans : rondeau « Le

Printemps » : « Le temps a laissé son manteau / De vent, de froidure et de

pluie, / Et s’est vêtu de broderie, / De soleil luisant, clair et beau. » > 52 sq.

« parure » tilleul et platane, « velours rouge » + « soie orange » = réaction

au froid ; plus encore = besoin d’épaisseur : « épais tapis »31 > « épais

rideau » protecteur 50 > communication à l’âme : vent enveloppe Jne d’une

« épaisseur de désolation »76-7.

. b) Tristesse et mort

— « lugubre » [sens étym = signe de deuil] + risque de « sangloter » fin75-7,

amorcés par description bosquet via comparaison : « lamentable comme la

chambre d’un mourant »40-1 > murmure feuille = comme « douloureux

soupir d’agonie » 47.

— > suggestion macabre : « maigres branches » = comme osseuse ; sans

chaude parure de vie printanière [épaisseur : « muraille verte »41], reste

« dentelle de bois fin »43-44 = squelettique [vanité : style 15e comme

Charles d’Orléans]

— Valeur funèbre d’un tropisme descendant : chute des feuilles 39 (fin : chute

de phrase) [alourdie par contrepoint prosaïque évoquant rapacité des

paysans normand, contaminant paysage : feuille comme « larges sous

d’or »] > « feuilles tombées »45 > 63-4 envie de se coucher et dormir.

+ 2) Vains élans de vie

. a) Une plénitude passée

— Après agitation innocente et naïve du couvent, c’est printemps (nature de

mai 22 sq. + paroles amoureuses de Julien 60 sq.) + été (Corse 67 sq.) qui

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ne sont plus présents que comme souvenir [cf. PQP 23-4, 61, 67] > clausule

29 « n’existait plus » > « ch bonne et finie »69.

— Plénitude, / Corse 67 sq. [cf. perte de force et majesté des oiseaux : aigle >

mouette 65 > « tts petits oiseaux » 48], se manifeste par intensité de la

caractérisation (adj et CDN, nott chromatique : « vive », « radieuse »,

« sauvage », « roses », « d’azur ») + possessifs (coappartenance des ch ≠

présent : tt se défait) : « son » + parfum, soleil, « ses » + montagnes, golfes,

ravins.

. Cette plénitude = sensible : composante impressionniste du

naturalisme (cf. chez les Goncourt).

. b) Abstraction de la vie

— Substantifs abstraits + CDN et prop relat / concret, ds description du

printemps au jardin : 24sq. « la gaieté… des feuilles, et la poésie verte

[hypallage] du gazon où flambaient… », « Et cette griserie de l’air… » >

« une envie de se coucher… » 62-3 ; parfois l’inverse : « la vive secousse

que donne le souvenir… »68-9, « une telle épaisseur de désolation »

— Poétismes = verbes métaphoriques (et comparaison) + inversion : 25sq.

« où flambaient les pissenlits, où saignaient les coquelicots… » = certaine

surcharge des procédés poétiques trad., comme si moindre évidence (de

même : adj. relativement redondants + « azur » / Corse 70).

— Statut critique du chant métaphorique de la nature : romantisme d’une

Bovary passé au filtre flaubertien + naturaliste.

+ Symbolisation des sentiments confirme mvt de leur analyse + contribue à instaurer

dominance endeuillée qui participe à un figement du récit, en l’absence d’action : idéal

flaubertien (livre sur rien) + tendance naturaliste : processus mentaux et psychiques (ou

collectifs : éco, soc — déterminisme : Zola) l’emporte sur actions individuelles qu’ils

englobent.

— III Le récit et sa mort

+ 1) Les mouvements d’une âme en peine

. a) Une trame narrative réelle, où l’action s’annule

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— Enchaînement des passés simples + CC = pose étapes d’un parcours qui

finit par revenir sur lui-même : « Alors elle s’aperçut »1 > « Alors plus rien

à faire… »16 > « Elle se leva et vint… Puis, elle se décida à sortir. »21sq. >

40 »Elle alla jusqu’au bosquet » > « Puis elle s’assit »60> « Tt à coup elle

aperçut »65 > 68 « Elle reçut au cœur… » > 74 « Alors [le paysage]

l’enveloppa > elle rentra… »

. b) Sorties du temps vécue

— Pauses descriptives entre étapes de la progression de Jeanne ds jardin

(= montrent dispositif descriptif en focalisation interne, avec pers. témoin

mobile) :

. suivent imparfait du début, plutôt à valeur de résumés : agitation

« emplissait »4 > attente d’amour « se trouvait … accomplie »8, « Elle

sentait tout cela… »17

. pause descriptive = simultanéités de procès, en un instant de

perception (dilatation [langueur] du temps subj.) : s’allongeait 31,

tremblaient 33 arbustes heurtaient 43, murmure semblait soupir47 ; vie qui

commençait 59 ; paysage l’entourait74.

— Tendance forte à quitter ce possible instant < valeur itérative, ou durative

confinant à la galité (> promenade de Jne a valeur d’exlparité / vérité de ce

paysage, tq il est et sera)

. itératif : feuilles tombaient 35 sq., Jne allait et venait 56

. duratif gal : « flambaient » etc. 25 sq. même pas centrés sur présent de

Jne (dit vérité récurrente et gale du printemps tq. elle l’imagine àp d’une

exp. Euphorique) > muraille verte qui séparait et faisait secrète les allées

41-2, brise poussait etc. feuilles 46, qqch l’appesantissait58

— Présent de galité, infinitif = renvoient au savoir du nart. : « comme on

épouse »9, « plus rien à faire »16, la secousse que donne le svnir68

+ 2) Paralysie du devenir ?

. a) Engourdissement

— Difficulté à vivre le présent, entre anticipation enthousiaste ou déprimée, et

remémoration d’un bonheur éphémère (cf. seul évt. brusque du passage :

« Tt à coup » > hirondelle rappelle aigle corse 65 sq. = rappelle brusquerie

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du mariage (ms dit à l’imparfait) : temps de l’illusion, de l’erreur [surprise

du sentiment]).

— Faible force du présent < pris ds continuité d’une atmosphère de vie :

« réalité quotidienne » ≠ « douce réalité des 1e jours »12-3 [cf. titre du

roman, qui dite temporalité de l’insignifiance, où évts se fondent ds totalité

ordinaire : < aussi article défini : une vie, parmi d’autres] : tps vide du

« jamais »2, 17 ; « continuelle agitation »4 / « continuelles averses »30 >

force d’inertie à vaincre pour passer de l’immobilité au mvt : « se décida à

sortir » 21 [≠ décider de…], « sans cesse » pluie35, « vie monotone »59.

. Équivalent spatial = longueur, qui prend parfois sens tprel : « tt le long

du jour »35, « longs ennuis »58-9 > cf. avenues « s’allongeaient »31.

. Équivalent psychique = « affaissement »18, « appesantiss(ement) »58,

devenir « alanguie »62.

. b) Répétition : évt. ne parvient pas à se différencier suffisamment, ds flux lent du

temps de Jeanne, pour devenir unique.

— temporalité itérative de la description, du sentiment qui remémore svnir, du

parcours qui est un aller retour.

— Équivalent stylistique : différentes formes de réitération = procédé poétique

(plutôt d’amplification enthousiaste) scande ici langueur de l’existence.

. Répétitions à proprement parler : « plus rien à faire, plus jamais rien à

faire »1 > « plus rien à faire »16 > « la même campagne, la même herbe, les

mêmes arbres » 22

. Homéoptotes [reprise de terminaison grammaticales ; cas particulier

d’homéotéleute : assonance en fin de groupe, en prose] : 8sq.« L’h espéré,

rencontré, aimé, épousé… comme on épouse… » [polyptote], 38-9 feuilles

mortes « se détachaient, tournoyaient, voltigeaient et tombaient », 46 tas de

feuilles que « la brise poussait, remuait, amoncelait »

. Parallélismes [avec anaphore] : 17 « à une certaine désillusion, à un

affaissement de ses rêves », 29« l’air chargé de vie, d’arômes, d’atomes

fécondants » [+ paronomase], 63« envie de se coucher, de dormir », 70 sq.

Corse « avec son parfum…, son soleil…, ses montagne…, ses golfes…ses

ravins où roulent des torrents » [allitération en [r] : surcharge prosodique

sur indice possible de la mort de Julien de Lamare].

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+ ≠ Fb, où style peut constituer rachat / prosaïsme désespérant du réel (d)écrit. Ici : légère

outrance du style suggèrent facticité guettant toute forme de transfiguration. Cf. prose

naturaliste réalise plus encore pessimisme de la recherche symboliste elle-même, où , selon

mot de Baud, la tension vers l’ « Idéal » artistique ne se disjoint jamais du « Spleen » : cf.

dédicace à Gautier = Les Fleurs du mal ne peuvent être que « maladives ».

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CC 11 : PROUST Un amour de Swann(1913)

— Projet proustien à comprendre ds lignée des gds romanciers du 19e siècle + comme

amorce des révolutions dont se réclamera le nveau roman (et < pensées de son temps, nott

symbolisme) :

+ Totalisation romanesque :

. Bzc : œuvre qui soit un monde à l’image de la société de son temps (cf. mondanité

pstienne), une totalité évolutive ms construite, jouant nott sur la récurrence des pers d’un

livre à l’autre (> montrer ≠ pts de vue ≠ effets de temporalité) [importance du roman-fleuve

db de siècle : cf. Martin du Gard, R. Rolland].

— > exigence de grands cadres narratifs (intrigue + soc), et d’une totalisation.

. Fb. : plongée ds subjectivité des pers + élaboration d’une œuvre parfaite ( impers.) àp

des matériau du temps (détails concrets + histoire) [art pour l’art > naturalisme]

— > subjectivisme + exigence formelle

+ Remise en cause des schéma nartf traditionnels (caractère + action) < :

. Caractère des pers non constitué d’avance, non défini ms en élaboration permanente

> action ne diffère pas de cette construction+ mouvance de soi-même, àp de l’exp. la plus

quotidienne (> impressions, sentiments, pensées).

— > reproche de s’égarer ds détail insignifiants (< hiérarchisation des évts =

pers, et non sociale…).

. < Symbolisme [ds lignée romantique, alld nott] (cf. Mallarmé) :

— idéalisme : art permet révélation (d’idées non accessibles autrement, et qui

peuvent être personnelles) [cf. Hegel chez Mall]

— impressionnisme : sensations fournissent accès à cette forme de

transcendance [cf. Bergson].

+ > Dispositifs romanesque pstien : = raconter naissance, élaboration d’une vocation

d’écrivain (dimension réflexive) àp de souvenirs d’enfance, d’exp. de l’amour et de l’art.

. Sensation > Mémoire involontaire > réflexion et écriture.

. UAS = matériau ds cette élaboration : Sw comme pers relais (connaissance des gd-

parents du nart.) / art (échec < fctnt par stéréotype + utlitariste / vie : phrase de Vinteuil

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comme hymne de l’amour Sw-O, Zephora de Boticelli) et amour (jalousie comme It°

possessive et aliénante : ≠ art).

+ > passage : en quoi exp. musicale de Sw. est-elle exemplaire du projet romanesque

pstien ?

. Sensation > réflexion > tpralité spécifique (recherche du temps perdu…)

— I. Une écriture de la sensation

+ 1) Musique et matière

. a) La musique comme mer [cf. Baudelaire]

— Réseau lex de la liquidité : «sécrétés » 4 > « clapotement liquide » +

« comme … agitation des flots »8sq. = formation d’un tableau

— Hors de ce tableau, résurgences d’une métaphore filée : « submergées »31,

34 sq. « liquidité… « fondu »… émergent… plonger » > comparaison

396sq. « comme ouvrier… fondation durables au milieu des flots » >

presque lexicalisées [cf. déjà « émergent »] : « ondes sonores »56.

. b) Synesthésies

— Réversion du musical sur le visuel : « que charme et bémolise le clair de

lune »10-11 = mot technique (mettre des bémols) + jeu possible sur éthym.

(charme > carmen = chant) ou esquisse de personnification.

— Parfum : « comme certaines odeurs de rose… narines »16 sq.

— Toucher (possible) : « ligne du violon… résistante, dense »6, « sensation

de… ténuité, de stabilité, de caprice »28 sq.. [= possible nvelle

personnification < aux frontières sensations / sentiments, pensées] ;

sentiment musical comme sensation corporelle globale : « ouvert… l’âme »

15-6

— Goût : 3-4 « goûté la qualité matérielle » (syllepse abstrait/concret : =

apprécier / découvrir le goût)

+ 2) Le dégagement de la forme

. a) Un idéal contemplatif

— Dominance des analogies visuelles

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— Explicitation de la vision, comme possibilité de stabiliser la sensation

musicale pour mieux la comprendre (sens tradt le plus abstrait = cf. image

de la pensée chez Plat. + idées de schèmes chez Kant) : « il avait vu »7, « ss

pouvoir nett discerner aucun contour »12, « devant nos yeux »27, « une

transcription… sur laquelle il avait jeté les yeux »46sq., « Il s’en

représentait… il avait devant lui »50sq.

. b) Art et géométrie : la ligne de la phrase

— Représentation visuelle de la musique = recherche d’une forme linéaire, à

opposer à la « masse… indivise »8 de la sensation initiale.

. Représentée aussi par piano (harmonie : vertic / mélodie du violon :

horizont.) « au-dessous » de la phrase = moins idéale.

— Lignes : « ligne du violon mince,… directrice »6 [donne un sens, vers

abstraction], « masse… plane et entrechoquée » du piano9 [structurer la

masse : eau > glace — glaçon, banquise…] > « couvrir surfaces… tracer

des arabesques »26sq.,

— Arts associées : « architecture »53 = mémoire tvlle à « établir des

fondations durables »40, écriture = « transcription sommaire et

provisoire »46, « la graphie »51, peinture, « dessin »53 = « les groupement

symétriques »50-1

+ Rendu (impressionniste, subjectiviste) de la sensation = au service d’un projet réflexif.

— II. Une ambition analytique + 1) Une position abstraite

. a) Nuances d’une pensées (lex.)

— Analyse de la sensation

. qualités perçues : « qualité matérielle des sons »3-4, « certaines

odeurs… ont la propriété de dilater nos narines »16sq., « des surfaces de

dimensions variées »27,

. singularités : « le plaisir particulier »37, « des voluptés

particulières »57

. difficulté à spécifier : : « distinguer un contour »12 (55), « il avait pu

éprouver une impression aussi confuse, une de ces

impressions…impression. Une impression de ce genre…sine materia »19-

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24 (33), « recueillir la phrase ou l’harmonie »14, « Mais… notes évanouies

avant que ces sensations soient assez formées… »30sq, « motifs à peine

discernables »35,

— Fonctionnement de la pensée « lui avait ouvert… l’âme »15,

. activité mentale : « la mémoire…comparer… différencier »39sq, 45,

« Il s’en représentait… »50, « … de la pensée, et qui permet de se rappeler

la musique »54,

. ignorance : « il ne savait lui-même »14, « il ne savait pas la

musique »19,

. difficulté à spécifier : : « ss pvr… donner un nom à ce qui lui

plaisait »12-3, « impossibles à se décrire, à se rappeler, à nommer,

ineffables »38, « dont il n’avait jamais eu l’idée… dont il

sentait… connaître…»58 > « éprouvé… comme un amour inconnu »60

. b) Généralisation : glissements entre cas particulier du pers et réflexion gale (avec,

ainsi, intimité aussi d’un « ns » ≠ impers. + concrétisé par matière de l’analyse = sensations

fines) [galité concrète].

— Présent de l’indicatif : 17, 21, 24, 30, 39, 52,

— « ns » de galité : 18, 25, 27, 31, 42

— déictique de notoriété : 20, 52

+ 2) Le travail de l’analogie = pont entre particularité de la sensation et abstraction générique

de la réflexion < amorce identification de qualités spécifiques.

. a) Métaphores et comparaisons

— métaphores : fréquence des verbales < centralité ds la prédication (cœur du

jugt).

. substantives : impression enveloppe « de sa liquidité et de son « fond » »

34 [guillemets signifient par connivence conscience de l’impropriété (existe

pas de mot juste), du caractère figuré de l’expression], « une

transcription… »46,

* génitive : « ligne du violon »6, « masse de la partie du piano »8 [>

adj. : « multiforme… »], « ondes sonores »56,

. adjective : « la mauve agitation des flots »10 [hypallage]

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. verbale : « sons sécrétés par les instruments »4, « flots que charme et

bémolise le clair de lune »10, phrase ou harmonie « qui lui avait ouvert

…l’âme »15, notes « tendent à couvrir [surface], à tracer [arabesques],

sensations « submergées » par les suivantes31, « envelopper »33,

« émergent »35, une phrase « s’élevant »55,

— comparaisons : « comme la mauve agitation des flots … »9sq., « comme

certaines odeurs de roses… »16 sq., « comme un ouvrier qui travaille… »[>

subst. : fondations etc…]39,

. b) Place et fonction du récit (de la narration : cf. phrase comme actant, situat° de

l’anecdote)

— Importance des dvlppts analogiques et réflexifs montrent ds situation et

pers. de Sw. un exemple / théorie de la perception et mémoire musicale

[prenant place ds th gale des arts, et en partic ; de la littérature]

— Étapes précises d’un mode de connaissance : difficulté à identifier

sensation > recours à l’analogie, synesthésie (impression de Sw >

métaphores de Pst.) ; difficulté à conserver trace de cette impression >

mémoire conserve « fac-simile » > possibilité de comparaison (et donc

différenciation) lors de nouvelle perceptions.

. Suggestion d’un idéalisme symboliste (sensations artistiques renvoient

à R transcendante — ou type d’exp humaine — ss autre équivalent) : cf.

GF 329, 484.

— Exp. de Sw. = : forme de mise en abîme de l’exp. de l’œuvre (pensée par

Pst à travers mise en abîme ds parcours du nart. « Marcel »).

+ Réflexivité et analogies = essentiels au tvl narratif.

— III. Temps et révélation

+ 1) L’agencement de la mémoire

. a) L’expérience de Swann

— Sensation présente comme réminiscence d’une sensation passée : « L’année

précédente, ds une soirée… »

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— Récurrence voire dominance des PQP, entre passages réflexifs : « il avait

entendu » > id. max db . = renvoi à la scène précédente > passé immédiat /

l’intant de la reconnaissance : « la sensation… que Sw avait ressenti… »44

sq. > « Cette fois, il avait distingué nett… »55 sq.

. imparfaits duratifs (voir équivalents d’un présent de galité, ou DIL) :

« il ne savait pas la musique »18-19

. imparfaits de retour à la scène cadre : « il ne savait lui-même »14-5,

« Il s’en représentait l’étendue… »50

. b) Analogie et narration

— Analogie entre les scènes, les occurrences de la petite phrase : temporalité

comme déploiement métaphorique.

— Réminiscence de Sw. (perception au second degré, à travers filtre mémoire)

= image / récit du nart. : roman (dont UAS) = très largement svnir au

second degré (se souvient qu’il se réveillait en pleine nuit > se rappelait le

passé).

— Exemplaire des scènes de mémoire involontaire ds roman : petite

madeleine Combray > pavés inégaux TR.

. Différence apparaît ds spécificité du pers. de Sw : phrase musicale

dévoyée, prétexte à amour = « éprouvé comme un amour inconnu »60

[« comme » d’approximation, ≠ analogie précise]

+ 2) Le temps de l’œuvre

. a) L’instant

— Tps de la sensation dont musique permet représentation exemplaire < son

médium spécifique est tprel [≠ peinture, litt.] (cf. réflexion St. Augustin in

Confessions, pour définir et spécifier le temps = part de la musique).

— > Marquage d’étapes irréversibles ds processus sensible : « D’abord »3 >

« Ms à un moment donné »11 > « à peine… que… séance tenante »43sq.

— Champ lex (nott métaphorique) de la vitesse et de l’instabilité, source de

confusion (explique aussi choix du liquide — et du linéaire) pour figurer le

musical : « évanouies », « submergées », « aussitôt disparaître », « jeté les

yeux »…

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— Équivalent stylisitique = épanorthose (phrase qui revient sur elle-même

pour renforcer / adoucir/nier ce qui a été dit avant) [lecture possible de la

juxtaposition = aller vers le plus juste] : 20-1, 23, 29, 37-8, 53-4.

. b) Vers un présent paradoxal : mémoire, intelligence

— Mémoire comme recherche du « durable »40 àp de l’éphémère.

— Élaboration de cette durée en même temps que perception du devenir, le

tout fixé = tvl d’orchestration du roman en gal ms aussi de la phrase (sx) ds

son amplitude : exp tprel + saisi synthétique de significations. Cf.

épanorthoses et :

. amplification : par listes d’adjs (ligne violon et masse piano 6 sq, 9sq),

« connus… impossibles… »36sq. [amplification amène à signaler par tiret

protase du système hypothétque]

. retardement : antéposition des circonstants « Ms à un moment… »11

sq.,

. incises : « il ne savait… »15, « selon leur hteur et quantité »26,

« comme … fugitives »39sq.

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PROUST

Un amour de Swann (1913)

— Problématique : Dan quelle mesure cette relation d’une expérience musicale est-elle

exemplaire du projet romanesque proustien dans son ensemble ?

— I. Une écriture de la sensation + 1) Musique et matière

. a> La musique comme la mer

. b> Synesthésies

+ 2) Le dégagement de la forme

. a> Un idéal contemplatif

. b> Art et géométrie : la ligne de la phrase

— II. Une ambition analytique + 1) Une position abstraite

. a> Nuances d’une pensées

. b> Généralisation

+ 2) Le travail de l’analogie

. a> Métaphores et comparaisons

. b> Un épisode exemplaire

— III. Temps et révélation

+ 1) L’agencement de la mémoire

. a> L’expérience de Swann

. b> Analogie et narration

+ 2) Le temps de l’œuvre

. a> L’instant

. b> Le présent de la phrase : mémoire et intelligence

— Conclusion : L’épisode est exemplaire du projet romanesque proustien dans la mesure où,

dans la construction narrative mais aussi par le mouvement même de la phrase, il propose

l’élaboration esthétique et réflexive d’une sensation à travers la mémoire.