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P R E S T I G E 4 0 44 D É C E M B R E 2 0 1 3 J A N V I E R 2 0 1 4 45 DÉCORATION & ARCHITECTURE Et la lumière est… Une porte qui s’ouvre ou un store qui se lève automatiquement, une alarme ou une climatisation qui s’enclenche, un centre de calcul qui fonctionne 24 heures sur 24, un dispositif de reconnaissance faciale, tous ont en commun d’avoir besoin d’un électron qui passe et, par conséquent, d’ingénieurs capables de penser ces systèmes qui peuvent aller jusqu’à un niveau très élevé de complexité. La société Ingénieurs-Conseils Scherler SA, qui va fêter son 50 e anniversaire en 2014, en a fait sa spécialité. D ans l’univers du sans-fil et, parce qu’elle est peu visible, on tend à occul- ter celle que l’on appelait il n’y a pas si longtemps encore, «la fée électricité». Pourtant, sans elle, plus rien ne fonctionne. La moindre panne peut devenir dramatique: pensons aux salles d’opération dans les hôpitaux. Elle peut également entraîner des pertes considérables: ima- ginons la rupture de la chaîne du froid dans un entrepôt frigo- rifique ou l’arrêt soudain d’un centre de calcul qui couvre plu- sieurs continents! Chacun d’entre nous a fait l’expé- rience de la prise toujours située au mauvais endroit, qui néces- site l’utilisation de ces rallonges disgracieuses dans lesquelles on ne cesse de se prendre les pieds. C’est précisément l’un des dé- fis auxquels est régulièrement confrontée l’ingénierie électrique: comment penser une installation de manière à ce qu’elle puisse fa- cilement être adaptée aux chan- gements inéluctables de son envi- ronnement? Dans une usine par exemple, l’ingénieur doit penser l’installation pour les machines d’aujourd’hui, mais aussi pour celles qui viendront les remplacer dans cinq à dix ans. Il doit anti- ciper pannes, entretien, modifi- cations légères, et concevoir son système électrique de manière à minimiser les arrêts de produc- tion. Sous la pression du temps La nécessaire adaptabilité ou la modularité des installations ré- pond à des questions de coûts et, plus encore, à des problèmes de temps. Il n’est pas rare que les ingénieurs se voient fixer des dé- lais d’intervention extrêmement brefs. Un bon exemple est celui de la chambre froide: la durée maximale de l’intervention y est de 90 minutes; au-delà, toute la marchandise est perdue! Imaginez la rénovation, dans un bâtiment occupé, de tout une installation électrique avec des contraintes de bruit et de pous- sière. Les bureaux adjacents sont occupés, il y a des contraintes de temps: tout doit être fini en l’es- pace d’un week-end. D’ailleurs, l’un des challenges relevés par Ingénieurs-Conseils Scherler SA a consisté à déménager et re- mettre en état de fonctionne- ment les bureaux de 400 per- sonnes entre le vendredi soir et le lundi matin. Si les délais ne sont pas toujours aussi brefs, la contrainte de temps est une composante incontournable pour tous les projets d’installa- tions électriques dans un bâti- ment. Innovation, sécurité, économies A la polyvalence des installa- tions et à la rapidité d’interven- tion peuvent également s’ajou- ter des demandes esthétiques. Ainsi, ces bureaux de direction dans lesquels les interrupteurs devaient être invisibles: il a donc fallu recourir à un revêtement bois et trouver des interrupteurs susceptibles d’être également re- couverts d’une fine couche de ce même revêtement. La demande peut également être technolo- gique et c’est aux ingénieurs qu’il incombe de parcourir les foires spécialisées pour trouver le produit adapté. Hausse de la délinquance et so- phistication des bâtiments obli- gent, la demande de sécurité est en forte croissance. Alors qu’il y a un peu plus de dix ans, les barres d’or destinées à une usine jurassienne lui étaient livrées simplement entassées dans une camionnette, la chose n’est plus possible aujourd’hui. A l’exté- rieur comme dans les usines, les points de contrôle se sont multi- pliés. Et là encore, la technologie a évolué. Par exemple, en ma- tière d’accès biométrique, on est passé de la reconnaissance digi- tale à la reconnaissance faciale, voire à celle des flux sanguins de la main. La sécurité, ce sont également des normes de plus en plus ri- goureuses, au point que l’ar- chitecte ne peut plus faire l’im- passe de l’ingénieur sécurité, une évolution relativement ré- cente puisque les premiers di- plômés de la protection incendie (HEIG-VD, ECA) sont sor- tis il y a deux ans à peine. Et leur domaine d’intervention est vaste, puisqu’il va du processus d’autorisation de construire à la conception de la prévention in- cendie, en passant par la gestion des risques, jusqu’au suivi de la réalisation. Suivant ses compé- tences, l’ingénieur sécurité peut assumer la gestion de la sûreté et de la santé-sécurité au travail. L’heure n’étant plus au courant bon marché, chaque projet doit être assorti d’un bilan énergé- The New Qatar National Museum – Doha, Qatar Maître d’ouvrage: Qatar Petroleum Doha Architectes: J. Nouvel – E. Maria Date de réalisation: 2008 à 2012 / ouverture en 2015 (selon Hill International, art. octobre 2013) Prestation I-C Scherler: éclairagiste spécialisé. Opéra de Lausanne Prestation I-C Scherler: Ingénierie en électricité, installations électriques courant fort, courant faible.

P R E S T I G E • 4 0 Et la lumière est… · Ingénieurs-Conseils Scherler SA: la fiche technique I mplantée à Genève depuis 1964, la société qui possède des succursales

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Page 1: P R E S T I G E • 4 0 Et la lumière est… · Ingénieurs-Conseils Scherler SA: la fiche technique I mplantée à Genève depuis 1964, la société qui possède des succursales

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44 D É C E M B R E 2 0 1 3 – J A N V I E R 2 0 1 4 45

DÉCORAT ION & A R C H I T E C T U R E

Et la lumière est…Une porte qui s’ouvre ou un store qui se lève automatiquement, une alarme ou une climatisation qui s’enclenche, un centre de calcul qui fonctionne 24 heures sur 24, un dispositif de reconnaissance faciale, tous ont en commun d’avoir besoin d’un électron qui passe et, par conséquent, d’ingénieurs capables de penser ces systèmes qui peuvent aller jusqu’à un niveau très élevé de complexité. La société Ingénieurs-Conseils Scherler SA, qui va fêter son 50e anniversaire en 2014, en a fait sa spécialité.

Dans l’univers du sans-fil

et, parce qu’elle est peu

visible, on tend à occul-

ter celle que l’on appelait il n’y

a pas si longtemps encore, «la

fée électricité». Pourtant, sans

elle, plus rien ne fonctionne.

La moindre panne peut devenir

dramatique: pensons aux salles

d’opération dans les hôpitaux.

Elle peut également entraîner

des pertes considérables: ima-

ginons la rupture de la chaîne

du froid dans un entrepôt frigo-

rifique ou l’arrêt soudain d’un

centre de calcul qui couvre plu-

sieurs continents!

Chacun d’entre nous a fait l’expé-

rience de la prise toujours située

au mauvais endroit, qui néces-

site l’utilisation de ces rallonges

disgracieuses dans lesquelles on

ne cesse de se prendre les pieds.

C’est précisément l’un des dé-

fis auxquels est régulièrement

confrontée l’ingénierie électrique:

comment penser une installation

de manière à ce qu’elle puisse fa-

cilement être adaptée aux chan-

gements inéluctables de son envi-

ronnement? Dans une usine par

exemple, l’ingénieur doit penser

l’installation pour les machines

d’aujourd’hui, mais aussi pour

celles qui viendront les remplacer

dans cinq à dix ans. Il doit anti-

ciper pannes, entretien, modifi-

cations légères, et concevoir son

système électrique de manière à

minimiser les arrêts de produc-

tion.

Sous la pression du tempsLa nécessaire adaptabilité ou la

modularité des installations ré-

pond à des questions de coûts et,

plus encore, à des problèmes de

temps. Il n’est pas rare que les

ingénieurs se voient fixer des dé-

lais d’intervention extrêmement

brefs. Un bon exemple est celui

de la chambre froide: la durée

maximale de l’intervention y est

de 90 minutes; au-delà, toute la

marchandise est perdue!

Imaginez la rénovation, dans un

bâtiment occupé, de tout une

installation électrique avec des

contraintes de bruit et de pous-

sière. Les bureaux adjacents sont

occupés, il y a des contraintes de

temps: tout doit être fini en l’es-

pace d’un week-end. D’ailleurs,

l’un des challenges relevés par

Ingénieurs-Conseils Scherler SA

a consisté à déménager et re-

mettre en état de fonctionne-

ment les bureaux de 400 per-

sonnes entre le vendredi soir et

le lundi matin. Si les délais ne

sont pas toujours aussi brefs,

la contrainte de temps est une

composante incontournable

pour tous les projets d’installa-

tions électriques dans un bâti-

ment.

Innovation, sécurité, économiesA la polyvalence des installa-

tions et à la rapidité d’interven-

tion peuvent également s’ajou-

ter des demandes esthétiques.

Ainsi, ces bureaux de direction

dans lesquels les interrupteurs

devaient être invisibles: il a donc

fallu recourir à un revêtement

bois et trouver des interrupteurs

susceptibles d’être également re-

couverts d’une fine couche de ce

même revêtement. La demande

peut également être technolo-

gique et c’est aux ingénieurs

qu’il incombe de parcourir les

foires spécialisées pour trouver

le produit adapté.

Hausse de la délinquance et so-

phistication des bâtiments obli-

gent, la demande de sécurité est

en forte croissance. Alors qu’il

y a un peu plus de dix ans, les

barres d’or destinées à une usine

jurassienne lui étaient livrées

simplement entassées dans une

camionnette, la chose n’est plus

possible aujourd’hui. A l’exté-

rieur comme dans les usines, les

points de contrôle se sont multi-

pliés. Et là encore, la technologie

a évolué. Par exemple, en ma-

tière d’accès biométrique, on est

passé de la reconnaissance digi-

tale à la reconnaissance faciale,

voire à celle des flux sanguins de

la main.

La sécurité, ce sont également

des normes de plus en plus ri-

goureuses, au point que l’ar-

chitecte ne peut plus faire l’im-

passe de l’ingénieur sécurité,

une évolution relativement ré-

cente puisque les premiers di-

plômés de la protection incendie

(HEIG-VD, ECA) sont sor-

tis il y a deux ans à peine. Et

leur domaine d’intervention est

vaste, puisqu’il va du processus

d’autorisation de construire à la

conception de la prévention in-

cendie, en passant par la gestion

des risques, jusqu’au suivi de la

réalisation. Suivant ses compé-

tences, l’ingénieur sécurité peut

assumer la gestion de la sûreté et

de la santé-sécurité au travail.

L’heure n’étant plus au courant

bon marché, chaque projet doit

être assorti d’un bilan énergé-

The New Qatar National Museum – Doha, QatarMaître d’ouvrage: Qatar Petroleum DohaArchitectes: J. Nouvel – E. MariaDate de réalisation: 2008 à 2012 / ouverture en 2015 (selon Hill International, art. octobre 2013)Prestation I-C Scherler: éclairagiste spécialisé.

Opéra de LausannePrestation I-C Scherler: Ingénierie en électricité, installations électriques courant fort, courant faible.

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P R E S T I G E • 4 0

tique. Il ne s’agit donc plus seu-

lement de veiller à ce que tout

fonctionne, encore faut-il que

ce fonctionnement, y compris

celui de la climatisation et de la

ventilation, soit optimisé. Côté

ingénieurs, le métier est donc

devenu encore plus technique,

côté client, il faut arriver à se

convaincre que les surcoûts à la

construction pourront être com-

pensés par une consommation

moyenne plus faible et, si l’ingé-

nieur est rigoureux, par un prix

de maintenance raisonnable. On

estime par exemple que pour

ce qui concerne l’éclairage, un

éclairage intelligent qui maxi-

mise l’utilisation de la lumière

naturelle permet d’économiser

40% d’énergie par rapport à

ce qui était standard pour une

usine construite il y a seulement

15 ans.

Les entreprises sont de plus en

plus souvent en demande d’opti-

misation par l’utilisation d’éclai-

rage LED. Sa luminosité modu-

lable permet en effet de suivre le

cycle naturel de la lumière: plus

chaude le matin, plus puissante à

partir de midi et à nouveau décli-

nante en fin de journée.

Une vaste palette de réalisationsDe la prison de Champ-Dollon

à ce qui sera la plus grande ma-

ternité de Suisse, en passant par

les immeubles de Rolex à Plan-

les-Ouates et aux Acacias ou

ceux de banques comme le Cré-

dit Suisse, Lombard Odier, la

Banque Cantonale de Genève ou

encore le tout nouvel immeuble

de la Banque Piguet Galland

& Cie SA, sans oublier l’EPFL

ou l’Opéra de Lausanne et, plus

loin, les usines Richemont dans

le Jura, la palette des objets au

service desquels les ingénieurs

de I-C Scherler SA ont mis en

œuvre leur savoir-faire est vaste.

Elle s’étend même à l’étranger,

notamment au Qatar (New Qa-

tar National Museum) et à la

Chine (bureaux administratifs

de IATA), ainsi qu’à des colla-

borations avec des architectes

prestigieux tels que Jean Nou-

vel, Sanaa et le double national

français et suisse Bernard Ts-

chumi.

Comment s’explique ce succès?

Si le coût du service est un élé-

ment important de la demande,

il n’est, de loin, pas le seul. L’ex-

périence, ainsi que le fait d’être

un acteur reconnu sur le mar-

ché, un modèle d’organisation

qui permet de prendre des dé-

cisions rapides, une capacité à

trouver des solutions dans des

délais assez courts, une capacité

à innover et à accompagner le

client dans ses décisions, sans

oublier cette vertu cardinale

qu’est la rigueur de la planifica-

tion, sont autant d’atouts indis-

pensables pour se profiler sur

un marché dont la complexité

technique s’accroît sans cesse.

Ce qui fait dire au spécialiste:

«Pour chaque objet, vous êtes

condamné à avoir un ingé-

nieur!». n

Véronique Bühlmann

D É C E M B R E 2 0 1 3 – J A N V I E R 2 0 1 4 47

DÉCORAT ION & A R C H I T E C T U R E

Ingénieurs-Conseils Scherler SA: la fiche technique

Implantée à Genève depuis 1964, la société qui possède des succursales à Lausanne et Fribourg, occupe 70 personnes spécialisées dans l’ingénierie électrique et la sécurité, ce

qui fait d’elle l’une des plus grandes sociétés de ce type en Suisse romande. Elle gère chaque année pour plus de 80 millions de francs d’installations électriques représentant environ 800 millions de francs de bâtiments construits ou rénovés. Depuis cinq ans, ses chiffres d’affaires annuels varient entre 10,5 et 12 millions, une stabilité ancrée dans la philosophie maison qui vise à maintenir une rotation du personnel aussi réduite que possible. Avec des collaborateurs qui cumulent jusqu’à 25 ans d’expérience, c’est un gage de fiabilité: pour chaque projet, il existe toujours au sein de la société un ingénieur qui a déjà été confronté une fois au moins à la problématique particulière qui se présente. Autre particularité de cette société composée en majorité d’ingénieurs HES, elle est résolument formatrice: «Les écoles ne nous offrent pas les spécialistes dont nous avons besoin. Nous estimons qu’il faut au moins cinq ans pour former un bon planificateur capable d’aller sur le terrain et d’y organiser efficacement le travail», explique Jacques Mühlestein, directeur de la société.A l’heure actuelle, Ingénieurs-Conseils Scherler SA compte 13 associés, qui sont tous action-naires de la société (précisons que cette dernière appartient à la holding bernoise Polyplan. Avec un total de 400 collaborateurs, cette dernière est l’un des plus grands bureaux d’élec-tricité de Suisse). Sur le plan organisationnel, chacun des associés a la responsabilité de 5 à 6 personnes et fonctionne pratiquement comme une PME indépendante, qui assume les responsabilités financières et opérationnelles de ses projets. Cette structure permet à chaque entité d’être extrêmement réactive au niveau décisionnel, un atout maître pour des projets dans lesquels les contraintes de temps peuvent être extrêmes.En 2012, la société a racheté RG Riedweg & Gendre SA, bureau d’ingénieurs spécialisé dans le chauffage, la ventilation et le sanitaire, ce qui lui permet de répondre aux problèmes posés par la transition énergétique et de disposer désormais d’une expertise avérée dans les domaines de la géothermie, de l’énergie solaire, de l’utilisation de l’eau de nappe phréa-tique ou du lac ou du couplage chaleur-force. Précisons enfin que le bureau d’ingénieurs est certifié ISO 9001 depuis 1997 et ISO 14001 depuis 2012, et qu’il dispose d’un système management entièrement développé en interne, autant de gages de qualité essentiels pour assurer des projets de plus en plus complexes.

Centre de Congrès Swiss Tech Convention Center à l’EPFL - RenensPrestations Riedweg & Gendre: énergies renouvelables. Le centre est chauffé et rafraîchi grâce aux rejets énergétiques d’une partie du campus de l’EPFL, associés à des panneaux solaires thermiques, si bien que l’énergie renouvelable atteint 80% du total des énergies de froid, de chaud et d’électricité consommées. Ajoutons cette autre réalisation de Riedweg & Gendre dans l’Ecoquartier les Vergers à Meyrin: l’indice de consommation énergétique pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire y sera de zéro grâce à la compensation globale des consommations électriques par des pompes à chaleur et des auxiliaires ventilation/chauffage par des panneaux solaires photovoltaïques.

Rolex Plan-les-Ouates/GEArchitecte: Atelier d’architecture Brodbeck-RouletDate de réalisation: 2000 à 2007Prestation I-C Scherler: Ingénierie électrique.

Tour de l’Esplanade, FribourgArchitectes: Dominique Perrault Architecture, Paris; Architram, RenensPrestation I-C Scherler: Electricité et sécurité incendie.