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Parcours de soin périnatal des femmes primo-arrivantes :Etude de cas en Bretagne.
Quelques réflexions issues de l’analyse d’entretiens effectués auprès de femmes migrantes enceintes ou ayant récemment accouché dans la ville de Rennes.
Journée SOLIPAM – 16 novembre 2016.
�Anne-Cécile Hoyez (UMR CNRS 6590 ESO/Université Rennes 2)�Clélia Gasquet-Blanchard (UMR CNRS 6590 ESO/EHESP)
Quelques éléments de contexte� Une recherche académique (géographie et
sociologie)� Un programme de recherche collaboratif (un
centre médical, le département de santé publique Université Rennes 1)◦ MIGSAN « MIGRATIONS ET SANTÉ : Analyse des
variations dans l’accès aux soins des populations migrantes à l’échelle locale »
Le projet MIGSAN� Question principale: quelles sont les modalités d’accès aux soins pour un groupe de
population souvent repéré comme étant plus marginalisé que les autres?◦ NB: « accès aux soins » est une entrée pour l’analyse, pas le seul point d’intérêt◦ NB: notion de « migrants » et « primo-arrivants » cache une réalité complexe
� Objectif: ◦ mieux comprendre les différents mécanismes et facteurs qui jouent un rôle dans ce domaine,
en favorisant une entrée par l’approche locale, ◦ et mieux prendre en compte les données de contextualisation vis-à-vis des parcours de soins
de patients primo-arrivants
� Cadre de réflexion:◦ dimension spatiale des « parcours de vie » dans nos domaines de recherche et « expérience
des espaces » dans lesquels ils s’inscrivent et se déroulent (villes, quartiers, habitat, réseaux sociaux)
◦ aller-retours entre théorie (parcours/trajectoires) et méthodologie, mobilisation et débats sur les concepts pertinents pour l’analyse, la compréhension et l’explication des phénomènes observés
Le terrainFocus sur Rennes (échelle de la ville et de sa métropole):-Un CHU (« Hôpital Sud ») où se situe le « pôle maternité »-Un réseau de soins dédié aux primo-arrivants (Réseau Louis Guilloux)
Le recueil des données sur les trajectoires de femmes enceintes migrantes� 24 patientes enceintes ayant consulté pour un suivi pré et post-natal ou ayant
accouché depuis moins d’une semaine, au sein du service gynécologie et maternitédu CHU de Rennes.
� Entretiens (enregistrés et restranscrits pour la grande majorité) réalisés, avecautorisation du chef de service maternité gynéco-obstétrique, avec l’appui dessages-femmes et aides-soignantes
� Ces femmes sont de différentes nationalités� Certaines femmes sont arrivées depuis quelques semaines en France, d’autres y
vivent depuis plusieurs années ; mais toutes sont nées à l’étranger et ont migré aucours de leurs vie ; certaines peuvent avoir eu des grossesses et accouchementdans leur pays d’origine
Synthèse biographie et trajectoire d’Omara� Cette jeune femme d’origine cubaine vit en France depuis 1998, suite à son mariage avec un Français.
Elle obtient un permis de résidente en 2003. Elle donne naissance à un premier enfant la même année. En 2004, son mari décède accidentellement juste avant la naissance de leur 2ème enfant. Elle se retrouve alors seule avec ses deux enfants sans famille en France. Elle est prise en charge par les services sociaux, et obtient un petit appartement à Rennes. En 2006, elle se marie avec un autre Français et donne, la même année, naissance à un 3ème enfant. Le couple divorce en 2008. Elle se retrouve à nouveau seule avec trois enfants à charge et est régulièrement aidée par les services sociaux. En 2009, elle s’installe avec son partenaire actuel, un homme cubain. Entre 2008 et 2011, elle subit 3 fausses-couches et affronte, suite à cela, des complications de santé majeures, traitées à Cuba lors de séjours temporaires. Quand nous l’avons rencontrée, elle venait juste de donner naissance à un 4ème enfant. Elle se décrit comme « hyperfertile » (elle a eu 7 grossesses et 4 enfants) et a formulé une demande de ligature des trompes. Cette intervention lui a été refusée au motif qu’elle a moins de 30 ans (alors que la loi ne pose aucune limite d’âge). Elle était très anxieuse au sujet de ses deux aînés, pris en charge par l’ASE, et de son 3ème enfant, placé sous la responsabilité de son 2ème
mari. Elle est très inquiète aussi pour le devenir de son nourrisson et de son couple : la demande de visa de résident pour son partenaire a été refusé, et il était sur le point de tomber dans la catégorie des « sans-papiers ». Aussi, en tant que mère de 3 enfants de nationalité française, d’un enfant pour qui cette nationalité n’est pas acquise et conjointe d’un homme susceptible d’être expulsé du territoire, elle se trouve prise au piège d’une situation administrative inextricable. Pour toutes ces raisons, elle développe beaucoup d’angoisses notamment en raison des risques et menaces d’origine administratifs plutôt que de ses conditions de vie ou de santé personnelles.
Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes
Santé
Famille
CoupleEnfants
Conjoint 1Mariage 1
Arrivée en France suite au mariageMobilités
Ruptures
Femme roumaine Femme comorienne
Grossesse
Vivent dans un T1Demande de logement social
Agression de l’AS, plainte et procès
Demandes régulières de ligature des trompes (refusées)
Peu d’entouragefamilial et amicalDécès
du conjoint durant la 2ème
grossesse
Conjoint 2Mariage 2
G1P1 G2P2 G3P3
Conjoint 3
Séjours à Cuba réguliers pour les papiers
Conjoint 4 (cubain)
G4FC1 G5FC2 G6FC3
Femme cubaine
G7P4
Fille ainée anorexique
Fils ainé énurésique
Maltraitanceen préfecture
Complication grave suite à l’opération pour la dernière fausse couche
Cuba 3 mois (papiers + opération)
Placement des deux ainés à l’ASE,3ème prit chez son père
Date
Synthèse biographie et trajectoire d’Eva� La trajectoire de cette jeune femme serbe est marquée initialement par une migration
estudiantine. Elle arrive à 18 ans en France et décide par la suite d’y rester. Elletravaille sans contrat dans une pâtisserie parisienne. Durant cette période elle résidedans un centre social, puis est hébergée chez une amie à Rennes. Son conjoint larejoint en France, mais il réside chez sa sœur à Tours, le couple ne peut alors serencontrer qu’occasionnellement. La jeune femme obtient un emploi de baby-sitter àtemps plein. Cependant, la femme qui l’emploie la sous-paie et la situation de la jeunefemme s’apparente à de l’esclavage domestique. Elle quitte cet emploi et trouve unhébergement dans un centre social pour femmes et entame une procédure judiciaire àl’encontre de son ex-patronne. Elle attend le jugement. En fonction de l’issue et desindemnités éventuelles, le couple réfléchit à un retour au pays et à l’ouverture d’uncommerce. Elle tombe enceinte et, après son accouchement, les services sociaux luiproposent une place dans un centre d’hébergement « mère-enfant ». Elle refuse cetteplace car elle préfère rester avec son conjoint et ne peut imaginer la maternité sansl’aide quotidienne de son conjoint.
Grossesse
Femme roumaine
Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes
Mobilités
Arrivée à Paris à 18 ans (études)
Travail (au noir) dans une pâtisserie parisienne
Santé Projet d’opération (plastique)
RupturesLeviers
Famille Couple
Au foyer
2 mois chezune amie à Rennes
« Jeune fille au pair »: exploitation 8
mois
Conjoint arrive àTours (chez sa
sœur)
Procèspour
esclavage
Foyer pour femmes
G1P1
Projet de retour en Roumanie : ouverture
d’un commerce
Attente du jugement pour esclavage
domestique
Postnatal :Refuse une place en
foyer (refuse séparation avec son
conjoint)
Femme cubaine Femme comorienne
Date
Synthèse biographie et trajectoire de Noura� Cette jeune femme native des Comores arrive à Mayotte avec ses parents quand elle
est enfant. Elle y grandit et tombe enceinte en 2005. Elle ne reste pas en lien avec lepère. Elle accouche à Mayotte prématurément. Son enfant est transféré pour soins à laRéunion où elle ne peut pas l’accompagner. Elle est séparée de lui durant plusieurssemaines. Les médecins de Mayotte l’informent que si des problèmes dedéveloppement chez son enfant apparaissent, ils seront mieux pris en charge enFrance métropolitaine. Observant effectivement un retard de développement chez sonfils, la jeune femme choisi de migrer en France. Sa sœur vit à Rennes, ce qui participe àson choix dans la destination. Dans un premier temps, elle vient avec un visa d’étudequi lui permet également de bénéficier d’une chambre en cité universitaire. Elle laisseson enfant à sa mère à Mayotte le temps de s’installer en France pour pouvoirl’accueillir convenablement. Après 7 mois, elle le fait venir pour la mise en place desoins adaptés. Il est suivi par une assistante sociale et en Centre Médico-Psychologique(CMP). Au moment de l’entretien, elle vient d’obtenir un logement social de 4 pièces,et consulte pour un suivi de grossesse coordonné par un médecin généraliste et leservice gynécologie et obstétrique du CHU de Rennes.
Femme comorienne
Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes Trajectoires du soin pour des femmes enceintes migrantes
Famille CoupleEnfants
NB : Pas d’information sur les
conjoints
Grossesse
SantéConseil :
si problème de développement persistantchez son enfant => soins en France
Accouchement prématuré à Mayotte.
Enfant transféré en néonatalogieà la Réunion sans sa mère
G1P1
Arrivée des Comores à Mayotteenfant avec ses parents. Grandit à
Mayottetitre de séjour : rapprochement familial
Mobilités
RupturesLeviers
Sœur vit dansles environsde Rennes
Arrivéeà Rennes
(visa étudiant)
Inscription Université (Licence)
BoursièreLogée en Cité
U
T4 HLM
Retard de language = AVS pour son garçon suivit en
CMPP
G2
Suivi coordonné par MG et visite
à la consult obstétriquede l’hôpital Sud
Arrivée de son fils
7 mois après
Femme cubaine Femme guinéenne Femme roumaine
Date