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Interview 3 Le Petit Bleu • Jeudi 28 mars 2013 Cocktail de bienvenue P ortes ouvertes Portes ouvertes Portes ouvertes Samedi 30, Samedi 30, dimanche 31 mars dimanche 31 mars et lundi 1 et lundi 1 er er avril avril Samedi 30, dimanche 31 mars et lundi 1 er avril Site : http://www.jardin-du-littoral.com - E-mail : [email protected] La Croix aux Merles - SAINT-CAST LE GUILDO Tél. 02 96 41 15 73 - 06 13 42 73 65 NOMBREUX LOTS NOMBREUSES PROMOTIONS * s o u s o b l i g a t i o n d ' a c h a t TOMBOLA TOMBOLA TOMBOLA * * Animations sur site 11 11 e Anniversaire La Croix aux Merles 22380 Saint-Cast Le Guildo T/Fax : 02 96 41 04 12 [email protected] - www.alfa-nautic.com Opération spéciale Intervenants : RAPALA, POWERLINE, ILLEX INTERNATIONAL, SOLOPLASTE Présentation des nouveautés en électronique TOMBOLA 1 GPS Combiné 1 VHF Portable 1 Gilet automatic 1 ensemble Pêche Nbx autres lots 10 P O R T E S O U V E R T E S FORMATION : COMMENT UTILISER LA VHF (par la SNSN) NOUVEAUTÉ : SIMULATEUR DE PÊCHE ESSAIS DE LEURRES EN BASSIN Est-ce que ça vous étonne si on vous compare à Stéphane Hessel ? J’ai une trop grande admira- tion pour Hessel pour ne pas être étonnée que quelqu’un puisse me comparer à lui. Bien qu’à la réflexion, notre parcours est parallèle comme les bas-côté d’une route qui, évidemment, ne se ren- contrent pas. Mes com- bats ont été les siens mais nous n’avons pas eu la même vie, les mê- mes relations, la guerre terminée. Que faites-vous au- jourd’hui ? Êtes-vous toujours en lutte ? Je vais avoir 90 ans. Bien qu’en plutôt bonne forme physi- que et encore potable sur le plan de l’intellect, je n’ai peut-être plus l’allant d’il y a quelques années. Cependant, j’ai encore par- ticipé à des as- sociations d’aide aux sans pa- piers. Je fais toujours des confé- rences. Je serai à Monza (Milan) puis à Brescia pour y parler des crimes imprescriptibles des Nazis à l’encontre des malades enfants et adultes qu’ils ont assassinés parce que susceptibles de souil- ler la race supérieure. J’ai travaillé pendant trois ans sur le sujet et ai participé à des colloques sur le thème en Allemagne, en Suisse et en France. Je travaille pour une Université populaire « Le savoir partagé » de Dieulefit où je réside. Ainsi, la semaine prochaine, je suis sur la sellette pendant quatre heures (trois séances) pour des cours sur la biologie de la mé- moire. Dans quelle région vivez- vous ? Depuis que j’ai quitté Genève, il a plus de 20 ans, j’habite dans une superbe région, la Drôme provençale. Je partage ma vie en- tre ce lieu, Saint-Cast et Bastia où vit mon dernier fils. J’y fréquente quelques militants non pas indé- pendantistes mais réclamant une certaine autonomie qui, leur sem- ble-t-il, leur permettrait de lutter plus efficacement que le pouvoir central contre la mafia omnipré- sente. Parlez-nous de vos parents, Marthe et Jean : eux aussi, ont été nommés Justes de France pour avoir sauvé des Juifs ? Mon père et ma mère ont en effet reçu la médaille des Justes pour avoir hébergé pendant plus d’un an Daniel et Simone Liso- prawski qui sont devenus et res- tés mon frère et ma sœur. Mes pa- rents sont venus s’installer à Di- nan vers l’année 37. Auparavant, nous étions au port du Guildo où je suis née. Mon père y a continué son métier de marchand de vélos puis de Vélo solex. Il était très im- pliqué (déjà quand nous habi- tions à Saint-Cast-le-Guildo) dans les sociétés sportives dont la Di- nannaise. Ancien coureur cy- cliste, il a été entraîneur de plu- sieurs équipes dans le Tour de France. Il était, je crois, assez connu dans le milieu sportif de Di- nan. Ma mère tenait le café resto des Sports fréquenté par des sportifs. Mon père a été membre de réseaux de résistance. À ses obsèques, en 1953, plusieurs dis- cours le faisaient revivre comme résistant. Il est décédé à l’âge de 50 ans. Dès lors ma mère a vécu à Saint-Cast où nous avions une maison où je reviens encore cha- que année. Avez-vous conservé des liens avec Dinan ? Dinan reste pour moi la plus belle petite ville de France. J’y viens souvent lorsque je suis à Saint-Cast. Je circule dans mon passé de collégienne avec bon- heur ! Recueilli par Pierre-Yves GAUDART ‘Dinan est la plus belle ville de France’ Remerciement Un grand merci à Henri La- guitton, de Bobital, (conseil- ler principal d’éducation, sous-directeur des Corde- liers de 1970 à 1988) de nous avoir fait connaître Anne Beaumanoir, cette femme dont il a lu le récit et qu’il a rencontrée, enthousiaste, l’année dernière. Après le 19 mars 1962, Anne Beaumanoir gagne l’Algérie dans sa voiture personnelle, avec une carte d’identité de réfugiée algé- rienne. Elle n’est plus la docto- resse rouge mais une ‘pied- rouge’ comme on appelle les Eu- ropéens venus participer à la construction d’une Algérie nou- velle. Avec une demi-douzaine de copains, la voici aux « avant-pos- tes du futur ministère de la Santé et des Affaires sociales » du gou- vernement de Ben Bella qu’elle avait rencontré quelque temps aupara- vant. « Il fallait meubler au plus vite le dé- sert sanitaire, faire fonction- ner les hôpitaux, redémarrer dès l’automne la fa- culté de méde- cine. » Alors qu’elle est désormais membre du cabi- net du ministère de la Santé algé- rien, Ben Bella lui annonce qu’il va lui donner la nationalité algé- rienne bien qu’elle n’ait rien de- mandé. Anne Beaumanoir ne va pas aux réceptions données au Palais du Gouvernement mais elle rencontre, dans d’autres contextes, le futur ‘Che’ Guévara ou encore Nasser. L’aventure algérienne prend fin lorsque Ben Bella est renversé par le colonel Boumediene le 19 juin 1965. La directrice de la for- mation médicale et para-médi- cale est recherchée. Une fois en- core, la voici contrainte à la clan- destinité, jusque dans un souter- rain. La jeune quadragénaire est alors expulsée d’Algérie. Le programme de formation qu’elle a contribué à mettre sur pied est réduit à néant tout comme « l’éducation sanitaire ba- sique et adaptée pour le peuple ». Elle ne reverra ce pays qu’en 1989. Lors d’un séjour où, dans un carnet intime, elle revient sur cette époque et n’hésite pas à se remettre en question sur la façon dont elle voulait ‘changer la vie’ des Algériens. « Les condi- tions économi- ques du pays auraient voulu que chacun de nous modère ses ambitions quand il s’agissait de domaines non prioritaires. » Et ce qui la blesse, tou- jours au- jourd’hui, « c’est de voir que l’Al- gérie n’a pas encore décollé ». Anne Beaumanoir, alors sous l’objet de poursuites judiciaires (jusqu’à l’amnistie en 1966), ne peut rentrer en France et choisit donc la Suisse où elle exerce à l’hôpital universitaire de Genève jusqu’à sa retraite. Durant toute sa vie, Anne Beaumanoir, la petite Dinannaise devenue neurophysicienne n’a cessé de lutter. Lutter comme elle l’écrit joliment « pour que vos en- nemis d’aujourd’hui soient vos amis de demain ». PYG La Pied-rouge Anne Beaumanoir L’enfance au Guildo Dans son livre ‘Le feu de la mémoire’, Anne Beaumanoir consacre un chapitre important à son enfance dans la région dinannaise. À 7 ou 8 ans, elle passe beaucoup de temps dans la famille Betentou, des Ro- manichels. Le ’papou’ lui apprend des contorsions, des figures de sauts avec plusieurs cerceaux. Elle aurait tant voulu en faire son métier ! Elle évoque un monde si différent et pourtant pas si lointain dans le temps : sa mémère qui, enfant, dormait dans la paille après un bol de soupe. « Elle fut placée comme vachère et avait pour salaire annuel une paire de sabot et deux vêtements. Un soir, elle me dit ‘Tu sais, jusqu’à ce que je parte de Corseul, je n’aimais que les vaches. J’avais faim, alors quelquefois, j’en trayais une avec ma bouche. » À l’école, publique qu’Anne Beaumanoir a fréquentée, personne n’était riche. C’est peut-être ce monde difficile, jalonné d’injustice qui a fait d’Anne Beaumanoir une résistante de tous les jours. Puis, après le ‘certif’ la voici pensionnaire au collège de Dinan jusqu’à ce que ses parents s’installent en ville comme restaurateurs. Dans l’atelier de cycles du père, une partie est libérée pour un forum où l’on vient par- ler « des luttes victorieuses de Blum et de Thorez ». Anne Beaumanoir milite encore pour diverses causes.

PB2013 (Page 3)

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3Le Petit Bleu •Jeudi 28 mars 2013

Cocktailde bienvenue

Portes ouvertesPortes ouvertesPortes ouvertesSamedi 30,Samedi 30,

dimanche 31 marsdimanche 31 marset lundi 1et lundi 1erer avril avril

Samedi 30,dimanche 31 mars

et lundi 1er avril

Site : http://www.jardin-du-littoral.com - E-mail : [email protected]

La Croix aux Merles - SAINT-CAST LE GUILDOTél. 02 96 41 15 73 - 06 13 42 73 65

NOMBREUX LOTSNOMBREUSES

PROMOTIONS

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TOMBOLATOMBOLATOMBOLA**

Animations sur site

1111eAnniversaire

La Croix aux Merles 22380 Saint-Cast Le Guildo T/Fax : 02 96 41 04 12 [email protected] - www.alfa-nautic.com

◆ Opération spéciale◆ Intervenants : RAPALA, POWERLINE, ILLEX INTERNATIONAL, SOLOPLASTE◆ Présentation des nouveautés en électronique

TOMBOLA1 GPS Combiné1 VHF Portable

1 Gilet automatic1 ensemble PêcheNbx autres lots

10

PORTES

OUVERTE

S

FORMATION :COMMENT UTILISER LA VHF (par la SNSN)

NOUVEAUTÉ : SIMULATEUR DE PÊCHEESSAIS DE LEURRES EN BASSIN

Est-ce que ça vous étonne sion vous compare à StéphaneHessel ?

J’ai une trop grande admira-tion pour Hessel pour ne pas êtreétonnée que quelqu’un puisseme comparer à lui. Bien qu’àla réflexion, notre parcoursest parallèle comme lesbas-côté d’une route qui,évidemment, ne se ren-contrent pas. Mes com-bats ont été les siensmais nous n’avons paseu la même vie, les mê-mes relations, la guerreterminée.

Que faites-vous au-jourd’hui ? Êtes-voustoujours en lutte ?

Je vais avoir 90ans. Bien

qu’en plutôt bonne forme physi-que et encore potable sur le plande l’intellect, je n’ai peut-être plusl’allant d’il y a quelques années.

Cependant, j’aiencore par-

ticipé àd e s

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sociations d’aide aux sans pa-piers. Je fais toujours des confé-rences. Je serai à Monza (Milan)puis à Brescia pour y parler descrimes imprescriptibles des Nazisà l’encontre des malades enfantset adultes qu’ils ont assassinésparce que susceptibles de souil-ler la race supérieure. J’ai travaillépendant trois ans sur le sujet et aiparticipé à des colloques sur lethème en Allemagne, en Suisse eten France. Je travaille pour uneUniversité populaire « Le savoirpartagé » de Dieulefit où je réside.Ainsi, la semaine prochaine, jesuis sur la sellette pendant quatreheures (trois séances) pour descours sur la biologie de la mé-moire.

Dans quelle région vivez-vous ?

Depuis que j’ai quitté Genève,il a plus de 20 ans, j’habite dansune superbe région, la Drômeprovençale. Je partage ma vie en-tre ce lieu, Saint-Cast et Bastia oùvit mon dernier fils. J’y fréquentequelques militants non pas indé-pendantistes mais réclamant unecertaine autonomie qui, leur sem-ble-t-il, leur permettrait de lutterplus efficacement que le pouvoircentral contre la mafia omnipré-sente.

Parlez-nous de vos parents,Marthe et Jean : eux aussi, ontété nommés Justes de Francepour avoir sauvé des Juifs ?

Mon père et ma mère ont eneffet reçu la médaille des Justespour avoir hébergé pendant plusd’un an Daniel et Simone Liso-prawski qui sont devenus et res-tés mon frère et ma sœur. Mes pa-rents sont venus s’installer à Di-nan vers l’année 37. Auparavant,nous étions au port du Guildo où

je suis née. Mon père y a continuéson métier de marchand de vélospuis de Vélo solex. Il était très im-pliqué (déjà quand nous habi-tions à Saint-Cast-le-Guildo) dansles sociétés sportives dont la Di-nannaise. Ancien coureur cy-cliste, il a été entraîneur de plu-sieurs équipes dans le Tour deFrance. Il était, je crois, assezconnu dans le milieu sportif de Di-nan. Ma mère tenait le café restodes Sports fréquenté par dessportifs. Mon père a été membrede réseaux de résistance. À sesobsèques, en 1953, plusieurs dis-cours le faisaient revivre commerésistant. Il est décédé à l’âge de50 ans. Dès lors ma mère a vécu àSaint-Cast où nous avions unemaison où je reviens encore cha-que année.

Avez-vous conservé desliens avec Dinan ?

Dinan reste pour moi la plusbelle petite ville de France. J’yviens souvent lorsque je suis àSaint-Cast. Je circule dans monpassé de collégienne avec bon-heur !

Recueilli par Pierre-YvesGAUDART

‘Dinan est la plus belle ville de France’

Remerciement☞ Un grand merci à Henri La-guitton, de Bobital, (conseil-ler principal d’éducation,sous-directeur des Corde-liers de 1970 à 1988) de nousavoir fait connaître AnneBeaumanoir, cette femmedont il a lu le récit et qu’il arencontrée, enthousiaste,l’année dernière.

Après le 19 mars 1962, AnneBeaumanoir gagne l’Algérie danssa voiture personnelle, avec unecarte d’identité de réfugiée algé-rienne. Elle n’est plus la docto-resse rouge mais une ‘pied-rouge’ comme on appelle les Eu-ropéens venus participer à laconstruction d’une Algérie nou-velle. Avec une demi-douzaine decopains, la voici aux « avant-pos-tes du futur ministère de la Santéet des Affaires sociales » du gou-vernement de Ben Bellaqu’elle avaitr e n c o n t r éq u e l q u etemps aupara-vant. « Il fallaitmeubler auplus vite le dé-sert sanitaire,faire fonction-ner les hôpitaux,redémarrer dèsl’automne la fa-culté de méde-cine. »

Alors qu’elleest désormaismembre du cabi-net du ministèrede la Santé algé-rien, Ben Bella luiannonce qu’il valui donner la nationalité algé-rienne bien qu’elle n’ait rien de-mandé. Anne Beaumanoir ne vapas aux réceptions données auPalais du Gouvernement maiselle rencontre, dans d’autrescontextes, le futur ‘Che’ Guévaraou encore Nasser.

L’aventure algérienne prendfin lorsque Ben Bella est renversépar le colonel Boumediene le 19juin 1965. La directrice de la for-mation médicale et para-médi-cale est recherchée. Une fois en-core, la voici contrainte à la clan-

destinité, jusque dans un souter-rain. La jeune quadragénaire estalors expulsée d’Algérie.

Le programme de formationqu’elle a contribué à mettre surpied est réduit à néant toutcomme « l’éducation sanitaire ba-sique et adaptée pour le peuple ».Elle ne reverra ce pays qu’en1989. Lors d’un séjour où, dansun carnet intime, elle revient surcette époque et n’hésite pas à seremettre en question sur la façon

dont elle voulait‘changer la vie’des Algériens.« Les condi-tions économi-ques du paysauraient vouluque chacun denous modèreses ambitionsquand ils’agissait dedomaines nonprioritaires. »Et ce qui lablesse, tou-jours au-j o u r d ’ h u i ,« c’est devoir que l’Al-gérie n’a pas

encore décollé ».Anne Beaumanoir, alors sous

l’objet de poursuites judiciaires(jusqu’à l’amnistie en 1966), nepeut rentrer en France et choisitdonc la Suisse où elle exerce àl’hôpital universitaire de Genèvejusqu’à sa retraite.

Durant toute sa vie, AnneBeaumanoir, la petite Dinannaisedevenue neurophysicienne n’acessé de lutter. Lutter comme ellel’écrit joliment « pour que vos en-nemis d’aujourd’hui soient vosamis de demain ».

PYG

La Pied-rouge

Anne Beaumanoir

L’enfance au GuildoDans son livre ‘Le feu de la mémoire’, Anne Beaumanoir consacre unchapitre important à son enfance dans la région dinannaise. À 7 ou 8ans, elle passe beaucoup de temps dans la famille Betentou, des Ro-manichels. Le ’papou’ lui apprend des contorsions, des figures desauts avec plusieurs cerceaux. Elle aurait tant voulu en faire son métier !Elle évoque un monde si différent et pourtant pas si lointain dans letemps : sa mémère qui, enfant, dormait dans la paille après un bol desoupe. « Elle fut placée comme vachère et avait pour salaire annuel unepaire de sabot et deux vêtements. Un soir, elle me dit ‘Tu sais, jusqu’à ceque je parte de Corseul, je n’aimais que les vaches. J’avais faim, alorsquelquefois, j’en trayais une avec ma bouche. »À l’école, publique qu’Anne Beaumanoir a fréquentée, personne n’étaitriche. C’est peut-être ce monde difficile, jalonné d’injustice qui a faitd’Anne Beaumanoir une résistante de tous les jours.Puis, après le ‘certif’ la voici pensionnaire au collège de Dinan jusqu’à ceque ses parents s’installent en ville comme restaurateurs. Dans l’atelierde cycles du père, une partie est libérée pour un forum où l’on vient par-ler « des luttes victorieuses de Blum et de Thorez ».

AnneBeaumanoir

milite encorepour diverses

causes.