22

Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste
Page 2: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste
Page 3: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

Penelope Crumb

TROUVE SA CHANCE

Page 4: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste
Page 5: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

Penelope Crumb

SHAWN K. STOUTillustrations par Valeria Docampo

Traduit de l’anglais par Patricia Guekjian

TROUVE SA CHANCE

Page 6: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

Copyright © 2013 Shawn K. StoutCopyright pour les illustrations © 2013 Valeria DocampoTitre original anglais : Penelope Crumb Finds Her LuckCopyright © 2014 Éditions AdA Inc. pour la traduction françaiseCette publication est publiée en accord avec Philomel Books, une division de Penguin Young Readers Group.Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

Éditeur : François DoucetTraduction : Patricia GuekjianRévision linguistique : Féminin plurielCorrection d’épreuves : Nancy Coulombe, Catherine Vallée-DumasMontage de la couverture : Sylvie ValoisIllustrations de la couverture et de l’intérieur : Valeria DocampoMise en pages : Sylvie ValoisISBN papier : 978-2-89752-020-5ISBN PDF numérique : 978-2-89752-021-2ISBN ePub : 978-2-89752-022-9Première impression : 2014Dépôt légal : 2014Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque Nationale du Canada

Éditions AdA Inc.1385, boul. Lionel-BouletVarennes, Québec, Canada, J3X 1P7Téléphone : 450-929-0296Télécopieur : [email protected]

DiffusionCanada : Éditions AdA Inc.France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99Suisse : Transat — 23.42.77.40Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Imprimé au Canada

Participation de la SODEC.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Stout, Shawn K. [Penelope Crumb finds her luck. Français] Penelope Crumb trouve sa chance (Penelope Crumb ; 3) Traduction de : Penelope Crumb finds her luck. Pour les jeunes de 8 ans et plus. ISBN 978-2-89752-020-5 I. Docampo, Valeria, 1976- . II. Guekjian, Patricia. III. Titre. IV. Titre : Penelope Crumb finds her luck. Français.PZ23.S76Pea 2014 j813’.6 C2014-941146-4

Page 7: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

Pour Anna et Lily

Page 8: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste
Page 9: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

J ’ai parfois peur d’attraper la Mauvaise Chance. Je ne sais pas exactement comment on attrape la Mauvaise Chance, mais j’imagine que ça doit être comme

attraper la grippe. Ou avoir des verrues. (Mais en vérité, si tu as la grippe ET des verrues, ta chance n’est probablement déjà pas si bonne.)

Certaines personnes semblent avoir la Mauvaise Chance pas mal souvent. À part mon père qui est mort et enterré et le fait que mon frère est un extraterrestre, ma chance a été assez bonne jusque-là. Pas très bonne, mais pas très mau-vaise non plus. C’est comme ça que j’aime ça. Parce que s’il y a une chose que je sais à propos de la Mauvaise Chance, c’est qu’elle vient avec la Bonne Chance. On ne peut avoir l’une sans l’autre.

C’est ce qui me rend nerveuse, parce qu’il y a eu beau-coup de bonne chance aujourd’hui :

1. Maman est partie plus tôt pour aller travailler.2. Un bâtonnet glacé à l’orange pour le petit déjeuner.

Deux, en fait.3. J’ai retrouvé un tee-shirt que j’avais perdu depuis

longtemps dans le bac à chiffons. Il me fait encore, sauf pour la partie qui recouvre mon ventre.

1.

Page 10: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

2

4. L’extraterrestre s’est levé tard et a manqué l’autobus.5. Deux bâtonnets glacés dans la boîte à lunch : Quatre,

en fait.6. Aucun test-surprise sur les signes décimaux.7. Angus Meeker est resté chez lui ; il a une grippe

intestinale.8. Aucun commentaire méchant sur la taille de mon

nez.9. Patsy Cline m’a souri.

Avec toutes ces bonnes choses, je sais que la Mauvaise Chance doit être au coin de la rue. Mais je ne peux pas trop penser aux coins de rue pour tout de suite parce que made-moiselle Stunkel nous laisse utiliser de la pâte à modeler dans le cours d’art. Donc, je suis occupée à faire une vache.

Patsy Cline Roberta Watson, mon ex-meilleure amie, aime les vaches à la folie. Mais au lieu de dessiner des taches comme celles des vraies vaches, je dessine des cœurs dans la pâte à modeler avec le bout de mon crayon. Juste parce que.

Je dépose la vache sur le coin de mon bureau pour qu’elle soit le plus près possible de Patsy Cline sans sauter par- dessus l’espace qui sépare nos pupitres. Patsy Cline aplatit sa pâte à modeler dans une forme qui pourrait représenter un ver de terre qui a été écrasé par un camion de livraison. Ou peut-être un cheval avec une pneumonie. Patsy Cline n’est pas très bonne en art.

Je fais un son qui ressemble à « krrrrrrreu » dans ma gorge et j’attends que Patsy regarde en ma direction. Elle le

Page 11: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste
Page 12: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

4

fait, Dieu merci, mais l’expression sur son visage dit : « Tu devrais couvrir ta bouche. »

— Désolée, lui dis-je, même si je ne suis pas vraiment désolée parce que c’était une fausse toux, donc seulement de faux microbes dont Patsy n’a pas besoin d’avoir peur.

— Mais regarde.Je lui montre la vache du doigt.Lorsqu’elle la voit, ses yeux deviennent grands et presque

pleins de larmes et elle dit :— Oh que j’aimerais que les vaches aient des cœurs

comme ça dans la vraie vie !Ce qui me fait sourire.Mais là, Vera Bogg, qui est la toute nouvelle meilleure

amie de Patsy Cline, retrousse son nez minuscule et dit :— Mais les vaches ont des cœurs, Patsy Cline.Sapristi. Ça, c’est bien Vera Bogg.Avec son ongle rose, Vera fait un visage souriant dans

une petite boule et l’empile sur deux autres boules.— Je pense que ce serait mieux si tu la faisais plus comme

une vraie vache, me dit Vera en repoussant son bandeau rose plus loin sur sa tête. Et où est sa queue ?

Je suis sur le point de remettre Vera sur le droit chemin en ce qui concerne l’art, Patsy Cline et les vaches, mais j’aplatis plutôt la vache avec mon point. Si Vera Bogg ne sait pas que l’art n’a pas besoin d’avoir l’air réel, que tout le monde sait que les vaches ont un cœur à l’intérieur, et que Patsy Cline est allergique aux choses qui ont des queues, eh bien, ce n’est pas moi qui vais le lui dire.

Page 13: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

5

Mademoiselle Stunkel se promène dans les rangées et lorsqu’elle arrive à mon pupitre, elle regarde ma vache apla-tie et dit :

— Penelope, tu as fait une crêpe ? C’est très bien.Mais elle le dit d’une manière qui me fait penser qu’elle

ne mange que des gaufres.Lorsqu’elle passe à côté de Patsy Cline, elle hoche la tête

vers son cheval malade, qui est quasiment mort, et puis s’ar-rête directement devant Vera Bogg.

— Oh, Vera, dit-elle. Quel bonhomme de neige char-mant ! Tu es vraiment quelque chose.

Et ensuite, elle fait tout un plat de ce quelque chose.Le visage de Vera Bogg devient aussi rose que le reste de

son ensemble. C’est le genre de rose qui me fait penser aux saucisses crues. Le genre qui vous rend malade si on ne les cuit pas assez longtemps. Vera Bogg est la Préférée de tous les temps de mademoiselle Stunkel. C’est bien pour ça qu’elle en fait tout un plat pour un bonhomme de neige ennuyeux.

Si monsieur Léonard de Vinci était ici, il dirait sans aucun doute : « Il me semble apparent, bonté divine, que mademoiselle Stunkel ne saurait pas faire la différence entre une roche pleine de trous et un chef-d’œuvre. » Parce que c’est comme ça que les artistes morts parlent.

Puis, Vera Bogg commence à dire à Patsy Cline à quel point la sculpture en pâte à modeler de Patsy Cline est belle, et comment elle aimerait pouvoir faire quelque chose d’aussi beau. Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel. Même Patsy Cline a l’air d’en douter, mais là elle dit :

Page 14: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

6

— Est-ce que tu sais ce que c’est censé être ?Vera Bogg s’écarquille les yeux et, après avoir fixé la

masse sur le bureau de Patsy pendant un bon moment, elle dit :

— Eh bien, ça pourrait être un tas de choses.— C’est un violon, dit Patsy Cline.— C’est exactement ce que j’allais dire, dit Vera. Un

violon.Patsy hoche la tête et sourit et là, je ne peux que secouer

la tête. Parce que je ne comprendrai jamais, mais jamais, comment Vera Bogg peut être la Préférée de tous les temps de Patsy et non moi.

Pendant ce temps, je moule ma crêpe en tigre affamé, que je prévois entraîner à mordre les chevilles de Vera Bogg, et mademoiselle Stunkel a une annonce importante à faire, donc il faut l’écouter.

Un homme, qui a de barbe seulement sur son menton et pas sur ses joues, entre dans la classe et s’assoit sur le bureau de mademoiselle Stunkel. Pas sur une chaise, mais sur son bureau. Je ne pense pas que mademoiselle Stunkel aime ça parce qu’elle lui lance un regard qui dit : « Les chaises sont des chaises pour une raison. »

Mademoiselle Stunkel dit :— J’aimerais vous présenter monsieur Rodriguez. Il

visite les écoles de notre secteur pour nous parler d’un nou-veau projet d’art excitant.

Tout d’un coup, je suis tout ouïe.Monsieur Rodriguez balance ses jambes et sourit.

Page 15: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

7

— Hé, dit-il. Comme mademoiselle Stinkel a dit…— Stunkel, dit mademoiselle Stunkel, et elle agite son

doigt en os de poulet vers nous pour nous faire comprendre que ce n’est pas drôle du tout. Même si ça l’est vraiment.

— Désolé, mauvaise voyelle, dit monsieur Rodriguez en éclaircissant sa voix. Stunkel. En tout cas, je fais le tour de la ville à la recherche de bénévoles qui aimeraient partici-per à un projet d’art. Nous allons peindre une murale à la Résidence bienheureuse pour aînés de Portwaller.

— Oh.Je laisse tomber le tigre et lève la main très haut.Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle

Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste parce que je peindrais une murale sur la lune. Sur une pierre de lune. Ou même sur un gâteau de lune. Je, Penelope Crumb, vais être une artiste célèbre quand je serai grande, et peindre des murales est ce que les artistes célèbres font. Vous n’avez qu’à le demander à Léonard de Vinci. (Ce que vous pourriez faire s’il n’était pas mort.)

— Le thème de la murale est les comptines de la mère l’Oie, dit monsieur Rodriguez, et si vous voulez partici-per, vous devez vous présenter les prochains samedis et dimanches. Donc, si vous avez un entraînement de soccer ou vous dînez avec votre grand-maman tous les dimanches, vous devrez changer vos plans.

Il balance ses jambes de nouveau et sourit. Puis, il nous dit à quel point ça touchera les personnes de la Résidence

Page 16: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

8

bienheureuse pour aînés de Portwaller parce qu’elles n’ont plus vraiment grande raison de vivre étant donné qu’elles sont si vieilles et presque mortes.

Mademoiselle Stunkel caresse sa broche de lézard du jeudi et dit :

— Alors, si c’est une activité à laquelle vous aimeriez participer, levez la main.

Ma main est toujours levée, mais mademoiselle Stunkel est occupée à regarder tout autour de la salle et à noter les noms des autres enfants sur une feuille de papier. Je lève l’autre main dans les airs et fais de grands cercles pour qu’elle ne puisse pas me manquer. Et ça fonctionne, parce que monsieur Rodriguez me désigne du doigt et dit à mademoiselle Stunkel :

— En voilà une bien vivante là-bas.Mademoiselle Stunkel soupire et dit :— Penelope Crumb, j’ai déjà mis ton nom sur la liste,

donc à moins que tu essaies de faire signe à quelqu’un sur Mars, baisse la main, s’il te plaît.

Tout le monde rit, ce qui fait rougir mes joues. Mais ensuite, monsieur Rodriguez gratte sa barbe de menton et me dit :

— Je trouve ça plutôt édifiant que l’art t’enthousiasme autant.

Édifiant. Je ne sais pas ce que ça veut dire exactement, mais on dirait qu’il trouve que je suis éduquée. Ce que made-moiselle Stunkel ne me dit jamais. Je souris et lui fais un sourire qui veut dire : « S’il te plaît, dis à mon enseignante qu’elle est très pas-édifiante. » Et c’est une bonne chose

Page 17: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

9

que mademoiselle Stunkel ne soit pas douée pour savoir ce que veulent dire les visages, parce qu’elle aurait définiti-vement envoyé un billet à la maison cette fois-ci.

C’est là que Patsy Cline lève la main et dit :— Et si on n’est pas bon en dessin ?Ce qui est vraiment une surprise. Pas parce que Patsy

Cline n’est pas bonne en dessin — elle ne l’est pas —, mais juste le fait qu’elle veuille participer à un projet en art tout court. Surtout les samedis et dimanches, car sa mère la fait répéter pour des compétitions de chant.

Monsieur Rodriguez dit :— Pas besoin de t’inquiéter pour ça. Et je parie que tu es

meilleure que tu ne le penses.Elle ne l’est pas.Patsy Cline sourit et me lance un regard qui veut dire :

« Je ne suis peut-être pas si mauvaise que ça après tout. » Je fais un sourire qui dit : « Eh bien, tu n’es définitivement pas la pire, Patsy Cline. » Parce que c’est la vérité. Et même si ça ne l’était pas, ce n’est pas le genre de chose qu’on dit à son ancienne meilleure amie. Surtout lorsque ce qu’on veut plus que tout est de la récupérer.

Et puis, je me dis que c’est de la Bonne Chance, car je vais avoir Patsy Cline pour moi toute seule, Dieu merci. Et après qu’elle m’aura vue peindre, elle dira assurément : « Penelope Crumb, tu es ma Préférée parce que tu es la plus merveilleuse des artistes et j’avais tort de te laisser tomber et de choisir Vera Bogg, parce qu’une personne qui porte autant de rose ne peut être bien dans sa tête. »

Page 18: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

10

Mais à ce moment, la Mauvaise Chance me retrouve parce que la prochaine chose que je vois est Vera Bogg qui lève la main.

C’est peut-être ces ongles roses, mais je ne pense qu’à une chose : « Je ne veux pas que la Mauvaise Chance s’ap-proche de moi. » Et tout d’un coup, le tigre est dans ma main, mais seulement pendant un instant, parce qu’il bondit sur Vera.

Et je dois dire que pour un tigre non dompté, il est pas mal bon. Le tigre fait tomber sa main, heurte son bureau et tombe par terre. Je crois que sa tête se détache, pauvre créa-ture. Puis, Vera hurle.

C’est là que je sais que la Mauvaise Chance m’a vraiment trouvée, parce que mademoiselle Stunkel pointe son doigt d’os de poulet vers moi et me dit que je peux être assurée qu’elle enverra un billet à la maison.

Page 19: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

T errible manque me renverser.— Attention, dit-il en ouvrant la porte de

notre appartement. En fait, c’est lui qui ne fait pas attention, mais je décide de garder ça pour moi, parce que la dernière chose dont j’ai besoin après une journée de Mauvaise Chance est d’une attaque d’extraterrestre.

Alors qu’il passe à côté de moi pour se rendre aux marches, il heurte mon bras, et je laisse tomber le billet de mademoiselle Stunkel. Il laisse aussi tomber quelque chose : un casque de football. Et c’est là que je remarque qu’il porte tout un équipement de football. Ce qui ne fait aucun sens parce que j’étudie mon frère étroitement depuis qu’il est devenu extraterrestre, surtout pour m’assurer qu’il n’essaie pas de me transformer en extraterrestre et aussi pour le rap-porter à la NASA, et s’il y a une chose que je sais, c’est que les extraterrestres ne pratiquent aucun sport. Du moins, pas celui-ci.

— J’ai dit fais attention, répète-t-il, au cas où je ne l’au-rais pas entendu la première fois.

Et il me donne un coup de poing avec ses jointures sur le bras.

Je me frotte le bras.— Tu as un ensemble de football.

2.

Page 20: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste

12

— C’est un uniforme, p’tit génie. Pas un ensemble. Tu ne sais donc rien ?

Puis, il va chercher son casque qui a roulé derrière lui.Pendant qu’il s’occupe à faire ça, je cherche le billet. Je

veux le saisir avant qu’il puisse le lire et me dire que je suis bizarre, et que si on envoie un billet de plus à la maison, maman va m’envoyer au Texas pour vivre avec tante Renn.

Le billet de mademoiselle Stunkel est à côté de son pied et je bondis sur lui avant qu’il ait une chance de le saisir. J’at-terris sur ses chaussures et ses lacets piquent mon ventre, mais j’attrape mon billet et le cache rapidement sous mon chandail.

Il hurle mon nom. Et c’est là que l’odeur me frappe de plein fouet. Les extraterrestres ont les pieds les plus puants qui soient, des pieds qui sentent l’été dans le métro. C’est parce que c’est là qu’ils ont le cerveau. (Dans leurs pieds, pas dans le métro.)

— Beurk !Je me pince le nez, mais je suis déjà à moitié morte à

cause de la puanteur. Je le sais parce que je ne sens plus mes cheveux ni mes sourcils.

— Débarque, dit Terrible en essayant de me déloger de ses chaussures.

J’essaie de m’éloigner, vraiment, mais, maintenant, je ne sens plus mes genoux non plus.

— Arrête de faire l’andouille ! crie-t-il.Et pendant que je suis au sol, je vois un autre billet juste

derrière ses jambes. Ce qui fait que je me demande si Terrible

Page 21: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste
Page 22: Penelope Crumb...Monsieur Rodriguez me sourit, puis mademoiselle Stunkel me dit d’attendre et que monsieur Rodriguez n’a pas fini. Mais je n’ai pas besoin d’entendre le reste