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Avril 2016 PLANIFICATION FAMILIALE NATURELLE CONNAISSANCE DE LA FERTILITE ET RÉGULATION DES NAISSANCES PAR LES MÉTHODES D’AUTO-OBSERVATION N°136 - MILAN II NFP 2015 Nourrir la Vie, Alimenter l’Amour, Soutenir la Famille Congrès mondial MILAN 11-14 juin 2015

PLANIFICATION FAMILIALE NATURELLE · Et pour être aussi dans l’actualité,… peut-être avez-vous déjà lu Amoris laetitia? Nous vous proposons, les premières réflexions de

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Avril 2016

PLANIFICATION FAMILIALE NATURELLE

CONNAISSANCE DE LA FERTILITE ET RÉGULATION DES NAISSANCES PAR LES MÉTHODES D’AUTO-OBSERVATION

N°136 - MILAN II

NFP 2015 Nourrir la Vie, Alimenter l’Amour, Soutenir la Famille

Congrès mondial MILAN 11-14 juin 2015

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BULLETIN MAO 136 – Avril 2016

Le voici enfin ce bulletin MAO après une

longue pause (que le temps passe

vite !!), le revoilà donc avec le prin-

temps ! ... Et quelques petites modifica-

tions de mise en page …

Il fait suite au bulletin n°133-134, qui donnait un premier retour sur quelques interventions du Congrès

PFN de Milan en juin. Nous vous proposons donc dans celui-ci de nouvelles contributions, que nous

l’espérons, vous aurez à cœur de lire (ou relire si vous étiez à Milan).

Vous pourrez ainsi avoir un petit aperçu de la richesses des interventions grâce à Jean-Bernard et Marie

Joly d’Angoulême, puis nous quitterons l’Europe avec Dany Sauvage, qui nous racontera comment les pays

d’Afrique et de Maurice découvrent « L’intimité conjugale dans le dessein de Dieu », ce dont nous pouvons

nous réjouir avec elle ; ensuite un résumé de la présentation du site des cycles par Isabelle Ecochard avec

des exemples concrets des possibilités que celui-ci offre et grâce à Charles-Daniel Maire une réflexion sur

« Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » ; nous poursuivrons avec Françoise Pinguet qui nous

parle « De la connaissance du cycle à la relation à Dieu ». Voici matière à approfondir notre réflexion pour

mieux accompagner les couples...

Nous vous présentons le livre des témoignages du vécu de la PFN que nous offrent Gaëtan et Céline Ma-

rion « Ils ont osé les Méthodes Naturelles ».

Et pour être aussi dans l’actualité,… peut-être avez-vous déjà lu Amoris laetitia ? Nous vous proposons, les

premières réflexions de Mgr Mélina, président de l’Institut JP2 au Latran, et de René et Isabelle Ecochard

sur cette exhortation apostolique dont nous aurons sans doute l’occasion de reparler… En effet, le pape

François « ne recommande pas une lecture hâtive. Elle sera plus bénéfique, tant pour les familles que pour

les agents de pastorale familiale, s’ils l’approfondissent avec patience, morceau par morceau… », et, nous

dit encore le Saint Père « j’espère que chacun à travers la lecture, se sentira appelé à prendre soin avec

amour de la vie des familles, car elles ‘’ne sont pas un problème, elles sont d’abord une opportunité’’. » n°7

Et aussi un petit rappel page 7 (pour ce premier numéro de 2016), car n’oublions pas de régler la cotisation

du CLER A&F, pour recevoir le numéro 137, si ce n’est pas déjà fait !

Dans la joie de ce temps de Pâques, bonne lecture !

L’antenne PFN

PS. Ne le cherchez pas ! … Nous retrouverons le Testez-vos-connaissances dans le pro-chain bulletin où nous reviendrons sur le week-end de Formation Continue des 30-31 jan-vier, (http://www.chassang.fr/mao/formations.html pour les impatients…) avant de repartir dans les régions !

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– La PFN AUT

Organisé par l’IEEF Institut Européen d’Éducation Familiale, ce congrès international de PFNcation Familiale Naturelle) sur le thème Vie, Alimenter l’Amour, Soutenir la Familleen même temps que la grande Foire Internationale de Milan dont elle rejoint le thème «nète ». En 4 jours, les participants nous ont fait faire le tour du monde : Amérique du Nord avec Canada, Australie, Asie avec la Corée, le Viet Nam, le Kirghizstan Afrique avec Congo, Kenya, Bur-kina, Cameroun, Ile Maurice, Europe avec France, Italie, Grande Bretagne, Belgique, Alle-magne, Pologne, Russie, Tché-quie, Ukraine. Et j’en oublie sans doute.

Le point commun était l’utilisation des Méthodes Naturelles de Planification Familiale.apportait son témoignage. Quelques idées sont revenues souvent : - le bonheur d’utiliser les méthodes naturelleselles sont efficaces, elles ne font pas de mal et elles sont gratuites.

- la nécessité d’informer les évêques et les prêtres, de leur donner les connaissances de base indispesables à la compréhension pour qu’ils puissent sotenir le programme. Sans leur aval, rien ne peut se faire.

- la possibilité d’utiliser la PFN1 pour favoriser la conception. Plusieurs témoignages de femmes qui avaient essayé une fécondation in vitro sans succès. Grâce à l’observation, elles ont pu concevoir facilment.

Les pays de l’Est nous ont particulièrement tochés. 1 PFN Planification Familiale Naturelle NFP Natural Family Planning

USA,

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COMPTE RENDU du Congrès

La PFN AUTOUR du MONDE – Marie et Jean Bernard JOLY

Marie est monitrice à Angoulême

Organisé par l’IEEF Institut Européen d’Éducation congrès international de PFN (Planifi-

) sur le thème « Nourrir la Vie, Alimenter l’Amour, Soutenir la Famille » a lieu en même temps que la grande Foire Internationale de Milan dont elle rejoint le thème « Nourrir la Pla-

En 4 jours, les participants nous ont fait faire le tour

on des Méthodes Naturelles de Planification Familiale. Chaque pays apportait son témoignage. Quelques idées sont

le bonheur d’utiliser les méthodes naturelles : elles sont efficaces, elles ne font pas de mal et elles

la nécessité d’informer les évêques et les prêtres, de leur donner les connaissances de base indispen-sables à la compréhension pour qu’ils puissent sou-tenir le programme. Sans leur aval, rien ne peut se

pour favoriser la conception. Plusieurs témoignages de femmes qui avaient essayé une fécondation in vitro sans succès. Grâce à l’observation, elles ont pu concevoir facile-

nous ont particulièrement tou-

PFN Planification Familiale Naturelle

Au KIRGHIZSTAN, il y a 70% de musulmans. C’est une anglaise du Pays de Galles, Collin Norman, qui a apporté la PFN il y a 10 ans. La PFN s’adapte bien aux traditions culturelles, de plus on fait des économies, on n’a pas à acheter de contraceptifs. Avec la contraception, on paie pour se faire du mal alors que la PFN prend en charge la santé de notre épouse. La PFN nourrit la famille comme un trésor créé par Dieu. Dans ce peuple nomade, les liens familiaux sont très forts.

En RUSSIE, témoignage d’un couple qui ne fréquente pas l’Église, mais se sont unis dans l’idée d’une parentalité consciente. Mais après 6 ans de mariage, l’enfant ne venait pas. Ils ont suivi une semaine de cours de PFN. Cela a amélioré leurs relations. La grossesse est venue l’année qui a suivi.

En UKRAINE il y a un programme d’intérêt national pour l’éducation à la vie conjugale. Le 17 juin il doit y avoir une audience au Parlement au sujet de la famille abordant la défense de la famille, l’amour et la Planification Familiale Natu Au VIETNAM, le père Hiên, de Hà Nôi, a bien montré les difficultés que rencontre la diffusion de la PFN, difficultés dues à la fois au régime politique, à la mentalité ambiante qui fait rechercher la facilté et à la méconnaissance des prêtres qque ce sujet ne les concerne pas. Malgré tout, l’équipe des formateurs reste enthousiaste et ative.

En POLOGNE, la PFN a commencé dès les années 1970-80 avec JPII et son groupe de jeunes couples avec le docteur Wanda Polstavskaparle dans son livre). Puis sont intervenus différents groupes de PFN européens, en particulier le CLER avec Françoise Pinguet puis François et Michèle Guy en 1986. Toutes les paroisses avaient une monitrice M.A.O. En 1994 s'est tenu de LUBLIN le dernier grand congrès de la FIDAF.

USA,

Au KIRGHIZSTAN, il y a 70% de musulmans. C’est une anglaise du Pays de Galles, Collin Norman, qui a apporté la PFN il y a 10 ans. La PFN s’adapte bien aux traditions culturelles, de plus on fait des économies, on n’a pas à acheter de

a contraception, on paie pour se faire du mal alors que la PFN prend en charge la santé de notre épouse. La PFN nourrit la famille comme un trésor créé par Dieu. Dans ce peuple nomade, les liens familiaux sont très forts.

En RUSSIE, témoignage d’un le qui ne fréquente pas l’Église,

mais se sont unis dans l’idée d’une parentalité consciente. Mais après 6 ans de mariage, l’enfant ne venait pas. Ils ont suivi une semaine de cours de PFN. Cela a amélioré leurs relations. La grossesse est venue

ui a suivi.

En UKRAINE il y a un programme d’intérêt national pour l’éducation à la vie conjugale. Le 17 juin il doit y avoir une audience au Parlement au sujet de la famille abordant la défense de la famille, l’amour et la Planification Familiale Naturelle.

Au VIETNAM, le père Hiên, de Hà Nôi, a bien montré les difficultés que rencontre la diffusion de la PFN, difficultés dues à la fois au régime politique, à la mentalité ambiante qui fait rechercher la facili-té et à la méconnaissance des prêtres qui pensent que ce sujet ne les concerne pas. Malgré tout, l’équipe des formateurs reste enthousiaste et ac-

En POLOGNE, la PFN a commencé dès les 80 avec JPII et son groupe de jeunes

avec le docteur Wanda Polstavska (qui en

Puis sont intervenus différents groupes de PFN européens, en particulier le CLER avec Françoise Pinguet puis François et Michèle Guy en 1986. Toutes les paroisses avaient une monitrice

En 1994 s'est tenu à l'Université catholique de LUBLIN le dernier grand congrès de la FIDAF. En

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2011 a eu lieu une conférence sur le commence-ment de la vie, avec promotion de la PFN. Un cours sur la PFN a été donné à la Faculté pour 400 étu-diants. En TCHÈQUIE : un anglais travaillant en Tchéquie, a insisté pour que les curés comprennent qu’il ne s’agit pas seulement d’une méthode mais d’un mode de vie. Si le curé n’est pas au courant, on ne peut pas organiser de cours. Le prêtre n’a pas à connaître tous les détails mais il doit comprendre pour promouvoir et encourager. La formation initiale des catéchistes peut se faire à partir du Catéchisme de l’Église Catholique. Ensuite on peut ajouter des détails sur la Planification Fami-liale. En AFRIQUE, les actions de développement de la PFN sont regroupées dans la FAAF - Fédéra-tion Africaine d’Action Familiale-, sous la direction de l’équipe de l’Ile Maurice qui a exposé son action. Un couple du KENYA, disait aussi qu’il est néces-saire d’organiser une information aux médecins pour qu’ils donnent leur aval aux méthodes natu-relles Et pendant ce temps, la FRANCE peine à faire se développer les Méthodes Naturelles. Une sage femme a fait état de plusieurs femmes qui commencent avec enthousiasme et abandonnent après une visite chez leur gynécologue qui leur dé-conseille fortement de continuer. Nous avons aussi reçu un enseignement à plusieurs voix sur l’aspect anthropologique et théo-logique de la PFN : « Dieu Amour et Créateur unit le dialogue d’Amour vers la transmission de la vie. » « Expériences d’évangélisation de l’intimité conju-gale dans la catéchèse des paroisses et des dio-cèses. » Ce tour du monde nous a conforté dans notre désir de mieux faire connaître les méthodes naturelles ici en France, en nous montrant que d’autres ont été confrontés aux mêmes difficultés mais qu’elles sont surmontables.

Ce congrès a été l’occasion de rencontrer Dany et Jacky Sauvage, un couple de l’Ile Maurice, qui ac-ceptent de prendre la suite de Marie pour la super-vision du programme TQS2 du Viet Nam. Ils ont pu échanger longuement avec le père Hiên, curé de la paroisse de Thai Hà à HaNôi, centre de la diffusion de TQS. Ils se sont mis d’accord pour un séjour à HàNôi en octobre 2016. Dany et Jacky pourront vérifier le travail des formateurs et les aider à se perfectionner. Dany et Jacky Sauvage sont déjà engagés dans la Fédération Africaine d’Action Familiale, réseau qui regroupe les services PFN des pays africains. Ils ont accepté de s’occuper aussi du Viet Nam. Nous sommes très contents de cette solution.

- 17 juin 2015

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Jean-Bernard et Marie Joly au Mali - 2012

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2 TQS Tu Quan Sat traduction vietnamienne de MAO Méthodes d’Auto Observation

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L’INTIMITE CONJUGALE DANS LE DESSEIN DE DIEU Danièle Sauvage

Secrétaire Exécutive de la FAAF *

Je suis très heureuse de partager avec vous l'expérience de la Fédération dans sa mission d'ai-der les couples à grandir dans l'intimité conjugale selon le plan de Dieu dans une collaboration avec l'Institut Jean Paul II et le SCEAM (Symposium des Conférences Épiscopales d'Afrique et de Madagas-car, structure Fédérant l'ensemble de l'Eglise Catho-lique en Afrique). La Fédération Africaine d'Action Familiale regroupe 20 associations de 30 pays d'Afrique engagées à la promotion de la famille à travers l’éducation de la vie et de l'amour et l'enseignement des méthodes naturelles de régulation des naissances. Grandir ensemble et devenir des frères C'est ce qui m'habite aujourd’hui en regardant l'évolution de la FAAF c'est de voir comment la ri-chesse de chacun, l'échange des idées, nous a me-né à grandir dans notre approche auprès des couples mais surtout à devenir des frères et sœurs d'un même père. Un réseau c'est toute une force ! La FAAF a beaucoup évolué au niveau du contenu de ses formations durant ces dernières années et parallèlement nos liens avec l'Institut Jean Paul II et le SCEAM se sont renforcés. A la rencontre des 10 ans de la FAAF les membres ont redéfini leur vision comme étant pour un épa-nouissement intégral de la famille comme sanc-tuaire de la vie et de l’amour. Tout un programme de vie, avec pour base l'intimité conjugale avec Dieu.

1. Passer de l’Éducation aux valeurs à l’Évangélisation de l'amour

Aider les couples à renforcer leur relation conjugale à travers les méthodes naturelles de régulation des naissances a toujours été l'objectif des membres de la Fédération créée en 2001.

Cela comprenait : Promouvoir les valeurs, le vrai sens de la sexualité, l'amour, le dialogue, la fidélité et le respect de l'autre, le respect du cycle. Tout cela était important pour nous mais nous avions soif de plus... il nous manquait quelque chose...

A force de travailler à développer une vision juste

de la nature humaine à travers les différentes for-

mations sur l’anthropologie cela nous a conduits à approfondir le plan de Dieu sur l'amour, le mariage et le don de la vie et nous avons compris notre ap-port spécifique dans ce domaine de l’évangélisation de la sexualité conjugale. Nous passions alors de l’éducation aux valeurs à l’évangélisation de l'amour intégrée aux méthodes naturelles.

2. Enseignements de l’Église sur la famille et la transmission de la vie. Nous étions convaincus que les documents de l’Église sur la famille étaient un trésor à découvrir L'apport de Jean Paul II à travers ses catéchèses rassemblait comme dans un grand puzzle les diffé-rents éléments du plan de Dieu sur l'amour humain et donnait sa place aux méthodes naturelles, cela ouvrait de nouvelles perspectives.

Congrès FAAF* nov. 2013

Ile Maurice

* Fédération Africaine d’Action Familiale

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Les méthodes naturelles avaient trouvé une voix et un langage. Le mode de vie proposé aux couples a un lien direct avec la bonne nouvelle du Christ sur l'amour et nous aide à entrer dans ce mouvement d'amour du Christ pour son Église. Nos éducateurs aidaient les couples à vivre leur vocation comme voulue par Dieu - ils évangélisaient l'intimité conju-gale.

3. Collaboration avec l'Institut JP II pour le contenu de la formation

1) Être des catéchistes de la famille

Nous comprenions que nos éducateurs étaient des catéchistes de la famille et que les méthodes natu-relles permettaient aux couples de vivre pleinement leur vocation comme voulue par Dieu. Nous avons décidé de rechercher un langage adé-quat pour annoncer avec des mots simples l'entiè-reté du message chrétien sur l'amour et la trans-mission de la vie et avons alors réalisé l'importance de travailler un document pour annoncer ce mes-sage. Nous avons alors fait appel aux professeurs de l'Institut de Cotonou pour nous aider à écrire le livret « Repères pour vivre en chrétien l'amour, le mariage et la famille ». C'est là que démarre notre collaboration avec l'Institut JP II. Ce fut une sacrée aventure et formation que d’écrire ce document avec l'aide des professeurs de l'Institut et une trentaine de membres. Ce docu-ment est devenu un important outil de travail pour nos éducateurs. “A guide for Living Christian Love, mar-riage, and family” en anglais. 2) Membres anglophones

Les membres des pays anglophones sont impatients de la mise en place de la section anglophone de l'Institut JP. En attendant, nous avons la chance de travailler avec un professeur de la Zambie formé à l'Institut de Rome. C'est un cadeau que de bénéficier de son aide. Avec les membres anglophones nous avons travaillé un manuel sur l’Évangile de la Famille et formons des formateurs sur ces sujets.

Le manuel a été traduit en bemba en Zambie et servira de base pour la mise en place de la Pastorale Familiale et ensuite du service de la vie.

4. Collaboration avec les professeurs de l'Institut pour la formation des formateurs

L'Institut nous aide à entrer dans toute la plénitude du plan de Dieu pour le couple, dans ce grand mys-tère de l'amour nuptial et nous aide à apporter dans des mots simples cette bonne nouvelle aux couples dans le concret de leur vie. Ils sont nos guides et ont une place importante dans nos ses-sions de formation.

Nous bénéficions non seulement de l'aide de l'Insti-tut aux différentes sessions de formation mais aussi des ex-étudiants.

Au mois de mars nous étions à Dedza au Malawi et notre ami professeur était un des facilitateurs, c'était beau de le voir animer la formation en chi-chawa, la langue des participants. Et quel surprise de voir que ces jeunes couples présents intéressés à devenir de futur éducateurs étaient des catéchistes de leur paroisse, tous très enthousiastes à vivre la méthode en attendant de la partager aux autres. Ce sera une belle expérience à suivre !

Malgré la pression des organismes internationaux pour l'utilisation des contraceptifs nous sommes témoins de la demande pour les méthodes natu-relles parmi les couples Africains. Ne pas offrir les méthodes naturelles c'est comme priver les couples de nourriture...

Les prêtres de Dedza ont exprimé le souhait d’être formés à l’Évangile de la Famille et cette formation se fera très bientôt.

Quand on est témoin de tout cela on comprend bien ce que nous disait déjà, en 1969 le Pape Paul VI, à Kampala :

«La nouvelle patrie du Christ, c’est l’Afrique »

Visite de Paul VI aux enfants de l’hôpital de Kampala OUGANDA - 1969

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Un peu comme des missions complémentaires qui se fécondent mutuellement, l’Institut aide à avan-cer dans la compréhension du message et la FAAF à travers ses membres agit dans le concret de l'inté-gration du vécu des couples et des jeunes à travers la mise en place de service de la vie, la formation des éducateurs, un encadrement et toute une pé-dagogie de croissance proposée aux couples et aux jeunes. 5. Collaboration sur le terrain avec les ex étu-diants

Petit à petit nous sommes entrés en contact avec les ex-étudiants de l'Institut responsables de la Pas-torale Familiale de leur diocèse en répondant à leur demande pour les aider à mettre en place le ser-vice de la vie avec une place privilégiée aux mé-thodes naturelles. Nous sommes témoins de leur motivation et engagement. C'est aussi fascinant de voir à quel point les prêtres formés à l'Institut comprennent la valeur de notre travail et la valeur du vécu des méthodes naturelles au sein des couples.

Nous avons plusieurs expériences de collaboration je vais en citer quelques unes :

- Porto Novo au Bénin : nous collaborons pour ai-der au démarrage du service de la vie avec 3 ex- étudiants de JP II, (un prêtre et 2 laïcs). Au mois d’août 38 éducateurs seront formés à Porto Novo et a déjà deux superviseurs de formés. Le prêtre s'est investi personnellement pour aider à la mise en place de la structure, motive les responsables et éducateurs, anime plusieurs sessions de formation avec les couples en se servant du livret « Repères

pour vivre en chrétien l'amour le mariage et la fa-

mille ». C'est un service qui promet un grand rayonnement dans la région et ils ont déjà commencé à aider un diocèse voisin à Lokossa dont le prêtre a aussi été formé à l'Institut.

- Au Burundi, 3 prêtres et 2 religieuses étudiants sont engagés dans la Pastorale Familiale de 4 dio-cèses qui démarrent le service de la vie. Certains sont impatients et veulent que le service s'établisse rapidement dans toutes les paroisses.

- Au Rwanda, le secrétaire de la Commission Épis-copale de la Famille est aussi aumônier de l'Action Familiale du Rwanda accompagne de près l'associa-

tion et fait régulièrement des émissions à la radio sur l’évangile de la famille.

Quelles forces et quels encouragement n'avons nous pas avec ces ex-étudiants !

6. Mise en place de la Pastorale Familiale

A la demande des diocèses pour aider à la mise en place de la pastorale familiale nous avons aussi commencé à développer un nouveau programme de formation, cela se fait aussi avec les ex étu-diants. Nous sommes conscients à quel point une bonne organisation de la pastorale familiale favo-rise l'annonce de l’Évangile de la famille et du ser-vice de la vie avec la transmission de la vie. Nous animions une session à Bangui avec les prêtres responsables de la Pastorale Familiale de plusieurs diocèses lorsque les rebelles entrés dans la ville ont écourté notre programme !!

7. Notre Collaboration avec le SCEAM est aussi porteuse de joie et de fruits

Etre au service de l'Eglise d'Afrique ne pouvait se faire sans la collaboration du SCEAM. Ici aussi comment ne pas voir le travail de la Providence dans la route tracée. Rencontre-FAAF 2011

1) Dialogue avec les Évêques Cela a commencé par une rencontre informelle avec le comité du SCEAM à Maurice en 2002 à Souillac rencontre qui précéda nos participations aux Assemblées Générales du SCEAM depuis 2003. A ces rencontres tous les présidents des confé-rences nationales sont présents et cela nous permet d'entrer en dialogue avec les Évêques. 2) Collaboration concrète dans la lutte contre le VIH/Sida Nos relations se sont consolidées avec la Commis-sion Justice et Paix du SCEAM engagée dans la lutte contre le VIH/Sida. Nous sommes très reconnais-sants au Père Maulano d'avoir été l’artisan de notre

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collaboration. Il avait compris l'importance de notre travail dans ce domaine. Cette collaboration est toujours d'actualité, tout dernièrement pour la finlisation d'un livre de formation concernant le VIH et maintenant pour aider à la formation des formteurs dans ce domaine (une formation aTogo au mois de juin 2015)

3) Au département de l'EvangélisationEt puis ça a été la grande surprise, nous avons été invité à faire partie du département de l’Évangélisation du SCEAM, comment ne pas voir là encore un clin d’œil du Seigneur ! Ils avaient copris que nous travaillions à l’Évangélisation des fmilles. Depuis nous sommes actifs au sein de ces deux départements du SCEAM. L'année 2014 et 2015 ont été particulièrement riches en rencontres pour contribuer aux réflexions entreprises par l'Asseblée du Synode des Évêques sur la FamilleUne des rencontres au mois de mai était organisée en collaboration avec le Conseil des Conférences Épiscopales d'Europe (CCEE) au Mozambique. Atuellement au Ghana, des représentants de la FAAF participent à une rencontre avec les Évêques Afrcains qui seront présents au synode.

Nous avons aussi participé à deux rencontres orgnisées par les conférences régionales de l'Afrique de l'Est (plus spécifiquement le département de la pastorale) et à l'Assemblée Générale de l'Afride l'Ouest où le sujet de la famille était toujours d'actualité.

Les fruits de ces rencontres sont les demandes cocrètes des Évêques pour aider au démarrage du service de la vie sur le terrain. Cela prend une toute autre dimension lorsque la demande se fait à tr

Rappel: N’oubliez pas (si ce n’est pas déjà fait

vrez pas le Bulletin MAO suivant, puisque vous serez alors de pouvoir figurer dans l’annuaire des intervenants publié sur le site Internet et sur le site MN.pour vérifier si vous y êtes avec les site, c’est que vous avez oublié de payer

La cotisation au CLER Amour et Famille

Elle vous ouvre droit à un reçu fiscal ainsi qu'à CLER. Et si vous êtes membres actifs du CLER appartenant à une équipe, être à jour de votre cotisation est obligtoire pour être couvert par l’assurance dans le cadre de vos activités

CLER Amour et Famille

PS Profitez du site www.cler.net pour

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collaboration. Il avait compris l'importance de notre ce domaine. Cette collaboration est

toujours d'actualité, tout dernièrement pour la fina-lisation d'un livre de formation concernant le VIH et maintenant pour aider à la formation des forma-teurs dans ce domaine (une formation a eu lieu au

3) Au département de l'Evangélisation rprise, nous avons été

partie du département de l’Évangélisation du SCEAM, comment ne pas voir là

! Ils avaient com-travaillions à l’Évangélisation des fa-

Depuis nous sommes actifs au sein de ces deux départements du SCEAM. L'année 2014 et 2015 ont été particulièrement riches en rencontres pour contribuer aux réflexions entreprises par l'Assem-

des Évêques sur la Famille. Une des rencontres au mois de mai était organisée en collaboration avec le Conseil des Conférences Épiscopales d'Europe (CCEE) au Mozambique. Ac-tuellement au Ghana, des représentants de la FAAF

les Évêques Afri-cains qui seront présents au synode.

Nous avons aussi participé à deux rencontres orga-nisées par les conférences régionales de l'Afrique

e département de la et à l'Assemblée Générale de l'Afrique

de l'Ouest où le sujet de la famille était toujours

Les fruits de ces rencontres sont les demandes con-crètes des Évêques pour aider au démarrage du service de la vie sur le terrain. Cela prend une toute autre dimension lorsque la demande se fait à tra-

vers la structure même de l'Église avec l'appui de l’Évêque. Le regard et l’intérêt des Évêques et du Président du SCEAM nous encourage beaucoup. A notre denière assemblée générale en 2013 à Maurice Mgr Mbilingi nous a beaucoup soutenus avec ses mots :

"Je vous encourage dans votre mission ; elle est i

remplaçable et très importante po

l'Eglise et de l'humanité. Ne soyez jamais décour

gés dans votre mission au service de la vie et de

l'amour, votre mission qui a

humaine dans son intégralité, sa structure anthr

pologique et spécifique, la révélation de l'homme et

de la femme créés à l'image de Dieu.

Nous souhaitons une collaboration plus étroite avec

les évêques, l'Institut Jean

Par l'intercession du bienheureux Jean

devient le Saint Patron de FAAF, puisse Dieu vous

aider à devenir de véritables sanctuaires de la vie et

de l'amour. »

Entretien MAO

(si ce n’est pas déjà fait puisque nous sommes déjà en AVRIL !)

vrez pas le Bulletin MAO suivant, puisque vous serez alors absent de la liste des moniteurs et ellede pouvoir figurer dans l’annuaire des intervenants publié sur le site Internet et sur le site MN.

si vous y êtes avec les bonnes coordonnées !! Dans 9 cas sur 10 si vous ne figurez pas sur le site, c’est que vous avez oublié de payer … !

cotisation au CLER Amour et Famille est fixée à 25€ par personne pour l’année 2016.

Elle vous ouvre droit à un reçu fiscal ainsi qu'à l'accès à l’Intranet sur lequel vous retrouverez toute l’actualité du CLER. Et si vous êtes membres actifs du CLER appartenant à une équipe, être à jour de votre cotisation est obligtoire pour être couvert par l’assurance dans le cadre de vos activités.

CLER Amour et Famille - 65 bd de Clichy -75009 PARIS

pour ainsi faire un paiement en ligne (en moins de 4

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vers la structure même de l'Église avec l'appui de

Le regard et l’intérêt des Évêques et du Président du SCEAM nous encourage beaucoup. A notre der-nière assemblée générale en 2013 à Maurice Mgr Mbilingi nous a beaucoup soutenus et je termine

"Je vous encourage dans votre mission ; elle est ir-

remplaçable et très importante pour l'avenir de

l'humanité. Ne soyez jamais découra-

gés dans votre mission au service de la vie et de

l'amour, votre mission qui a pour objet la personne

humaine dans son intégralité, sa structure anthro-

pologique et spécifique, la révélation de l'homme et

de la femme créés à l'image de Dieu.

Nous souhaitons une collaboration plus étroite avec

les évêques, l'Institut Jean-Paul II et le SCEAM.

Par l'intercession du bienheureux Jean-Paul II, qui

devient le Saint Patron de FAAF, puisse Dieu vous

aider à devenir de véritables sanctuaires de la vie et

Entretien MAO-PFN au Togo

!) … car sinon vous ne rece-absent de la liste des moniteurs et elle permet

de pouvoir figurer dans l’annuaire des intervenants publié sur le site Internet et sur le site MN. Profitez-en ! Dans 9 cas sur 10 si vous ne figurez pas sur le

pour l’année 2016.

l'accès à l’Intranet sur lequel vous retrouverez toute l’actualité du CLER. Et si vous êtes membres actifs du CLER appartenant à une équipe, être à jour de votre cotisation est obliga-

75009 PARIS

(en moins de 4 minutes, top chrono) !

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Expérience du suivi des utilisateurs PFN à partir d’un site

Dr Isabelle Ecochard (PowerPoint présenté à Milan 2015)

Notre organisation, le CLER Amour et Famille, collecte les données PFN depuis le début de notre activité PFN. Nous citons avec plaisir les couples fondateurs de ce service en France : le Docteur Charles RENDU et sa femme Elisabeth et les Drs Michèle et François GUY.

Au moment d’Humanae Vitae où ils ont été appelés à témoigner, ils avaient déjà un millier de dossiers, avec les courbes et les échanges épistolaires.

Mais ce temps est révolu…

Nous avons élaboré un site pour faciliter et rendre plus professionnel l’établissement de nos dossiers PFN : http://cyclefeminin.net/

Il nous permet d’améliorer notre suivi. Et surtout d’avoir une traçabilité bien meilleure pour les données, traçabilité de ce qui est échangé et des données elles même. Ce site a trois voies d’entrée, une pour le couple utilisateur, une pour le moniteur et une pour le coordinateur.

1- Le couple utilisateur renseigne les données médicales comme le nombre de grossesses, les allaitements avec le retour de couches, la prise de pilule éventuelle. Puis il saisit ses observations sur le graphique de son choix, graphique Billings ou sympto- ther-mique.

Le couple utilisateur de ce site trouve également une aide à l’interprétation des cycles.

Certains moniteurs n'utilisent plus que cela et inscrivent leurs utilisateurs dès le 1er RDV, pendant l'entretien... Qu'en pensez-vous ? Allez !... On s’y met aussi pour les prochains rdv !

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Lorsqu’il a saisi ses observations sur le graphique, le couple utilisateur a la possibilité de poser une ou plusieurs questions concernant un cycle dans un espace de discussion situé sous le gra-phique. Le moniteur qui suit ce couple sera informé immédiatement sur sa boîte mail de la question de ce couple. Le couple peut saisir ses observations sur différents supports, ce n’est pas une application, c’est un site. Les sup-ports choisis sont le plus souvent le Smartphone et la tablette.

2- Le moniteur a une autre voie d’entrée sur le site

Il a accès à la liste de ses utilisateurs, il a accès aux données médicales renseignées par l’utilisateur, et il retrouve les graphiques ainsi que les échanges sur le forum de discussion.

Il renseigne les consultations et tout ce qui lui est nécessaire pour le suivi, comme les dosages sanguins ou les échographies.

Il répond facilement aux questions par l’espace de discussion. L’alerte du message arrive dans sa boite mail.

Le moniteur a également, à propos de chaque dossier, la possibilité d’ouvrir un espace de dis-cussion avec son coordinateur ; il va pouvoir lui soumettre les dossiers difficiles et reprendre ses entretiens en supervision.

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3- Le coordinateur a lui aussi une entrée spécifique. Il va trouver les dossiers des moniteurs qu’il supervise. Entre eux, ils ont un espace de discussion qui leur est réservé.

Le coordinateur peut faire son bilan d’activité automatiquement avec ce site.

Ce site a obtenu l’agrément de la CNIL (commission nationale informatique et liberté) qui est l’instance qui gère les autorisations d’utilisation des données in-formatisées concernant les personnes.

Cette informatisation qui nous facilite la mise en place du registre de nos données, ne remplace pas les entretiens individuels qui sont primordiaux. Elle apporte cependant une crédibilité à nos actions, et facilite certainement nos suivis.

Coordination

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« Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni »

Charles-Daniel MAIRE Animateur biblique protestant, co-fondateur de Provifa en Côte d’Ivoire

Exposé pour le congrès NFP Milan 2015

Les techniques de régulation des naissances mécaniques ou chimiques séparent la fonction sociale de la fonction libidinale. Cette sépara-tion fait partie d'un ensemble beaucoup plus vaste de séparations opérées par les êtres humains dans bien d'autres domaines de la vie sociale et familiale. L'exposé resitue la maîtrise de la fécondité dans l'ensemble de ces sépara-tions. Il s'agit donc d'une approche théologi-que et anthropologique de la maîtrise de la fécondité. « Reculer pour mieux sauter ! »

Comment aborder les questions relatives à l’éthique familiale, notamment celles qui se posent au sujet de la maîtrise de la fécondité, alors que la culture ambiante prône les voies larges du relativisme et que le conformisme semble le motif dominant ? Pour le chrétien soucieux de fidélité à Jésus-Christ, la Parole révélée constitue un ensemble de repères qui transcendent les différences confessionnelles, mais qui sont loin de donner lieu à un accord sur les principes à respecter. Les méthodes de régulation des naissances pourraient-elles se fonder sur une théologie biblique ? Existe-t-il un fondement qui puisse jouer le rôle d’un paradigme ? En quelque sorte, il s’agit de prendre du recul pour mieux replacer la ques-tion de la maîtrise de la fécondité dans l’ensemble d’une anthropologie cohérente et conséquente. Ce fondement suffisamment large pour fonder l’éthique familiale et assez solide pour tenir contre les vents et marées idéologiques, nous semble se trouver dans une parole de Jésus prononcée lors d’une dispute avec les docteurs de la loi à propos du divorce. Il se pourrait même que cette parole permette de répondre à bien d’autres questions d’éthique personnelle et sociale qui se posent toujours à nouveau.

Les pharisiens l’abordèrent, et dirent, pour

l’éprouver : Est-il permis à un homme de

répudier sa femme pour un motif quel-

conque ? Il répondit : N’avez-vous pas lu que

le Créateur, au commencement, fit l’homme

et la femme et qu’il dit : C’est pourquoi

l’homme quittera son père et sa mère, et

s’attachera à sa femme, et les deux devien-

dront une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus

deux, mais ils sont une seule chair. Que

l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a

joint. Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il

prescrit de donner à la femme une lettre de

divorce et de la répudier ? Il leur répondit :

C’est à cause de la dureté de votre cœur que

Moïse vous a permis de répudier vos femmes ;

au commencement, il n’en était pas ainsi.

Mais je vous dis que celui qui répudie sa fem-

me, sauf pour infidélité, et

qui en épouse une autre,

commet un adultère. (Mat-thieu 19.3-9)

« Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ».

Quelle est la portée de cette parole ? D’abord elle formule un principe qui suppose que l’homme peut mais ne doit pas séparer le couple uni par les liens du mariage. Est-il vrai-ment impossible de rompre ce lien comme le croient les catholiques ou au contraire serait-il assez fragile pour que les êtres humains puis-sent le déchirer comme le pensent les protes-tants ?

Ensuite, ce principe vaut-il seulement pour ces liens conjugaux ou devrait-il aussi s’appliquer à d’autres liens ? L’expression « ce que Dieu a uni » pourrait se référer à un ensemble de réalités plus vaste que le seul lien conjugal. Comme ailleurs dans la Bible, au principe énoncé, les applications sont laissées à l’initiative et à la créativité des lecteurs. En

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Genèse 2, le principe d’unité du couple est énoncé sans que ses modalités d’application soient précisées : « L’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme et les deux deviendront une seule chair. » (2.18). Il n’est rien dit de la manière de s’attacher. On peut y voir des liens psychoaffectifs, juridiques ou économiques. Toute invention culturelle sem-ble la bienvenue pourvu que le lien soit fort. Jésus pense sans doute à ce texte en décla-rant : « Que l’homme ne sépare pas… », mais s’il n’avait en vue que ce lien conjugal, se serait-il exprimé comme il l’a fait ?

Pour évaluer le poids de cette parole et l’étendue de son application, il faut reprendre l’argumentation de Jésus dans laquelle elle a été prononcée. Les docteurs de la loi cher-chent à le mettre en contradiction avec la loi de Moïse. Ce dernier a bel et bien autorisé le divorce, mais il s’agissait d’une mesure de tolérance à cause de la « dureté du cœur de l’homme », non d’un principe conforme à la volonté de Dieu. Pour savoir quelle est la vo-lonté de Dieu, il faut remonter « au commen-cement » et c’est au texte fondateur du couple que Jésus se réfère (Gn 2.24). C’est donc dans les textes relatifs à la Création qu’il faut cher-cher le fondement qui émerge dans la parole de Jésus que nous cherchons à mieux com-prendre. Le croyant désireux d’y trouver une base biblique est invité à creuser Genèse 1 et 2. Si cette déclaration de Jésus est à comprendre comme un principe général, il devrait être possible d’en découvrir des implications dans d’autres textes bibliques, à commencer par les récits de la Création. Un Dieu qui sépare

Le lecteur de la Bible ne peut manquer d’être frappé par le fait que le Créateur se présente d’abord comme un Dieu qui sépare (Genèse 1). La séparation apparaît même comme faisant partie intégrante de l’acte créateur. Il consiste non seulement à

mettre de l’ordre dans le chaos (v.2), mais à instaurer un ordre, c’est-à-dire à articuler les sphères de l’univers de telle manière qu’ensemble, elles en constituent de nouvel-les. Ainsi la lumière séparée des ténèbres par le rythme du jour et de la nuit s’articule avec la terre séparée de l’eau pour permettre l’émergence de la vie. Ces séparations se tra-duisent par une progression qui commence par la lumière (premier jour, 1), se poursuit par les deux séparations : lumière/ténèbres 4, 14-16, eaux d’en bas/eau d’en haut 6-10). Ainsi le quatrième jour correspond-il au premier : les astres étant instruments de séparation entre la lumière et les ténèbres ; le cinquième corres-pond au deuxième, la séparation des eaux d’en bas d’avec celles d’en haut déterminant l’espace des oiseaux et celui des poissons. Le sixième jour correspond au troisième. Cette dernière correspondance, entre l’apparition des végétaux avec celle des animaux et de l’homme, circonscrit l’environnement de l’homme. Ainsi, la lumière débouche sur un ordre et cet ordre sur la vie, non comme un simple classement des choses, mais comme une disposition qui permet l’interdépendance et une interaction dynamique entre les com-posants de la création.

Les animaux qui n’entrent pas clairement dans l’une de ces trois catégories, sont considérés comme impurs. Le classement du Lévitique ne trouve un sens qu’en se référant à cette des-cription de la création. L’animal rituellement pur doit son statut à la place qu’il occupe dans

la création. L’être humain, lui-même issu du sixième jour comme les mammifè-res et les reptiles, trouve sa place dans l’espace créé le troisième jour, c’est-à-dire dans la verdure issue de la séparation de la terre et de l’eau.

Cette place, l’homme la partage avec les animaux sur qui il est appelé à dominer. Mais cette domination n’autorise pas la violence. D’une part l’homme ne recevra le droit de manger de la viande que beaucoup

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plus tard (Genèse 9). D’autre part, Genèse 2 indique la nature de cette domination qui consiste à nommer (19). C’est par la fonction de la parole que cette domination doit se faire. Elle ouvre la voie à la raison et rend l’être humain capable de répondre, donc d’être responsable.

Le Dieu qui unit a donc commencé par séparer. L’être humain sera accueilli dans cet ordre ainsi créé. Il en fait partie et ne pourra créer à son tour qu’en respectant cet ordre. Ce res-pect doit exprimer sa relation avec le Créateur. L’arbre de la connaissance du bien et mal symbolise la séparation originelle : le Créateur, en distinguant un arbre qui représente le droit de légiférer en matière de morale, établit une limite que l’être humain doit reconnaître et respecter. En ne touchant pas à cet arbre, l’être humain acquiesçait à cet ordre et recon-naissait sa dépendance à l’égard de Dieu. En écoutant le tentateur, il a brisé sa relation de dépendance morale avec le Créateur et s’arrogeait le droit de séparer ce que Dieu avait uni. Le respect du commandement et de l’ordre établi par le Créateur débouchait sur la vie, en revanche lorsque l’homme sépare ce que Dieu a uni, il s’expose à la mort !

Séparé du Créateur, l’être humain prend cons-cience de sa fragilité et de sa condition. Il va devoir affronter son environnement social et spirituel avec la conscience troublée par un sentiment de culpabilité. Loin d’être rassuran-te, la présence de Dieu accentue son désarroi. La honte de sa nudité traduit la nature de son trouble : quelque chose s’est détaché dans son être relationnel. La connaissance à laquelle il aspirait apparaît bien, mais en creux ! L’autre devient une menace, même la présence du Créateur le prive de son senti-ment de sécurité. Il puise alors dans sa capaci-té culturelle et se bricole un cache-sexe. Pre-mier rudiment du vêtement, c'est la toute

première institution-tradition qui sera suivie d'une longue série dont l'examen dépasse la cadre de cet article. Contentons-nous de faire un état des lieux après les séparations que l’Homme a opérées dans ce que Dieu avait uni.

Effets des séparations opérées par l’homme

Certaines séparations apparaissent spontané-ment comme des conséquences qu’on pourrait dire « mécaniques » du nouvel état, ainsi la honte de la nudité. D’autres sont peu à peu construites par l’être humain pour s’affirmer ou se défendre, toujours pour tenter de re-créer un ordre favorable à la vie certes, mais la vie selon l’Homme ! L’État et ses diverses modalités : royaume, république, etc. sont de cet ordre. En divisant l’espace et en répartissant les tâches entre l’homme et la femme dans deux mondes séparés, l’être humain organise la vie quotidienne et la soumet à un ordre quasi-ment universel. Si cette séparation a abouti à des coutumes qu’il convient de rejeter, elle n’était pas, pour autant, dénuée de sagesse. L’homme et la femme étaient néanmoins condamnés à vivre dans deux mondes séparés. Le Nouveau Testament, tout en leur recon-naissant des rôles distincts, rétablit l’homme et la femme dans l’unité originelle.

La séparation la plus grave est sans doute celle que les hommes ont érigée entre les familles, les peuples et les nations. Le tribalisme et le nationalisme constituent des fléaux qui ressur-gissent à la moindre crise économique. Le racisme, qui a été défendu même par des chrétiens qui défiguraient des textes bibliques, constitue un cas exemplaire de la stratégie perverse de l’homme qui sépare ce que Dieu avait uni. Parmi toutes ces séparations certaines sont grossières comme le racisme, le tribalisme ou le nationalisme. D’autres plus subtiles font partie de la stratégie du péché. En voici une dont les conséquences sont visibles à tous les niveaux de la société.

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Les paroles et les actes.

L’être humain a été créé pour être l’image de Dieu au milieu des autres créatures. Le pre-mier trait de cette image ne devrait-il pas représenter le rapport entre la parole et les actes ? En effet, juste après la déclaration titre « Au commencement Dieu créa les cieux et la terre », Dieu dit : « Que la lumière soit et la lumière fut » (Gn 1.2). Quand toute l’attention se porte sur le premier acte créateur, c’est sur son objet, la lumière, qu’elle tombe. Mais la concomitan-ce entre la parole et l’acte ne révèle-t-elle pas un élément essentiel de la nature divine que l’être humain devrait refléter ? En tout état de cause, la discordance entre paroles et actes ne tardera pas à constituer une brèche où péné-trera une racine du mal qui parasitera l’humanité. Décalage entre la parole et l’acte passé : faux témoignage et mensonge ; décala-ge aussi entre paroles et actes à venir : pro-messes non tenues et engagements reniés. Est-il besoin d’en dire davantage pour esquis-ser une théologie des problèmes sociaux et politiques qui minent l’humanité ?

Le plus grand commandement.

Image du Créateur, l’être humain devait reflé-ter les caractères de Dieu dont le principal est l’amour : « Dieu est amour ». Or, c’est là que l’homme va opérer une des séparations les plus subtiles. Parmi tout ce qui qualifie l’identité divine, l’amour du Créateur vient en tête. C’est sans doute pourquoi lorsqu’on demande à Jésus quel est le plus grand com-mandement, il répond : « Tu aimeras le Sei-gneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force et de toute ta pensée. » Et il ajoute : « Et ton prochain comme toi-même ». La formula-tion de ce plus grand commandement met en relief un lien entre trois pôles unis par Dieu : l’amour pour Dieu, l’amour pour le prochain et l’amour pour soi-même. Le premier est insépa-

rable du deuxième et du troisième aussi, puis-que l’amour de soi devrait constituer la mesu-re de l’amour du prochain. Lorsque Jésus reproche à ses interlocuteurs qui se préten-daient grands observateurs de la Loi, une pratique religieuse qui négligeait l’amour du prochain, c’est bien de la séparation entre l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain qu’il s’agissait. Ce reproche caractérise les pharisiens mais, au-delà de cette mouvance historique, il vise une tendance qui se retrouve dans tous les mouvements religieux sous des formes graves quand elles virent à l’intégrisme, mais qui peuvent aussi se mani-fester par des pratiques de piété légitime, voire louable, mais qui servent souvent d’excuses ou d’alibi pour éviter de manifester de l’amour à son prochain. Ainsi, il arrive que des pères ou des mères de famille délaissent leurs enfants sous prétexte de participer à des activités religieuses.

Éros et agapè.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, Mt). Pour qu’il soit encore plus concret, Jésus reformule ce principe : « Faites aux autres ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous. » Jésus n’ordonne ni ne propose un idéal altruiste qui consisterait à s’oublier. Mais il sait que si l’amour de soi est détaché de l’amour du prochain, l’égoïsme s’installe et fait des ravages à tous les niveaux de la société. Les couples et les familles souffrent ; les relations humaines se détériorent. Quand l’intérêt privé prime sur l’intérêt commun, l’économie déra-pe, la société se disloque, les riches devien-nent toujours plus riches et les pauvres tou-jours plus pauvres. La paix sociale n’est possi-ble que si éros et agapè restent liés.

En fait, la frontière entre soi et le prochain est à géométrie variable ! L’égoïsme peut se mani-fester à l’égard des plus proches, mais la fron-tière peut se déplacer pour englober ses pro-ches contre des voisins ou des étrangers. Tribalisme et nationalisme instituent des fron-tières sur des limites repérables : l’amour en deçà, l’indifférence ou la haine au-delà ! On ne peut pas aimer tout le monde, c’est pourquoi

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le commandement prescrit d’aimer son pro-chain. Mais au-delà, il n’y a aucune place pour la haine.

Or, le respect des droits humains s’est souvent arrêté à la frontière de la nation. Le colonia-lisme, sous prétexte de travailler à la grandeur de son pays ou de sa mission civilisatrice, a justifié cette rupture dans l’application du commandement divin et les nations occidenta-les ont agi en contradiction avec les principes d’égalité dont elles s’étaient pourtant récla-mées, principes inspirés de l’Évangile et pro-clamés lors de la Révolution. Ce faisant, elles ont répandu ou renforcé les dérives qu’elles dénoncent chez les autres nations.

Sens et sensations.

Après les séparations opérées sur les fondements de la mora-le, l’être humain s’en prend à la vie affective et émotionnelle. L’amour de soi, une fois déta-ché de l’amour du prochain, privilégie le plaisir au point d’en perdre le sens. Ces deux termes ont par-tie liée dans tous les domaines de la vie. Qu’on prenne les plaisirs de la table ou les émotions provoquées par une œuvre d’art, les sensa-tions éprouvées par le corps, le plaisir des sens, s’épuise s’il doit se suffire à lui-même. Pour conserver son effet, la sensation doit se renforcer, fût-ce au détriment de la santé mentale ou physique du sujet. Les addictions participent de ce phénomène. En effet, lorsque le plaisir est une fin en soi, il provoque une frustration car la nature lui a conféré un rôle qu’on ne peut impunément l’empêcher de jouer. Par nature, la sensation est faite pour accompagner le sens en faisant participer l’être tout entier, corps et esprit pour célébrer l’accomplissement des projets du Créateur. Le sujet est pleinement humain lorsqu’il désire ce que Dieu veut et qu’il le désire parce qu’il en perçoit le sens. « Tout ce que vous faites, dit Saint Paul, faites-le pour la gloire de Dieu. » Voilà le sens ultime de la vie. Le non chrétien se prive du privilège de donner ce sens ultime et d’en savourer le bienfait. Pourtant, la re-

cherche du sens le préoccupe aussi car il a l’intuition que la vie doit avoir un sens. Le bonheur est à ce prix. Mais, livré à lui-même, l’être humain a tendance à faire passer son plaisir avant celui de son prochain. Or le sens du plaisir ne peut apparaître qu’avec le parta-ge avec son prochain et le respect de l’ordre de la création. Paul dit cela en des termes légèrement différents : « Aimant son plaisir plus que Dieu… » (2 Timothée 3.4). En effet, aimer Dieu consiste à garder ses commande-ments (1 Jean 5.3). Le respect de la volonté de Dieu exprimée dans ses commandements donne du sens à la vie. En séparant sens et sensation, l’être humain crée une frustration

qu’il croit pouvoir combler en augmentant ou en multipliant les sensations. Mais, il ne fait qu’augmenter ses frustrations.

Pour apporter une pleine satis-faction, il faut donc que la sen-sation ait du sens, qu’elle signi-fie quelque chose qui ne puisse se dire avec des mots ou qui

mette en relief ce qui est dit plus ou moins adroitement avec des mots. Un bon repas célèbre des retrouvailles ou fête un événe-ment. Il concrétise une ou des relations, le vin avec lequel les invités trinquent, apporte une sensation de bien-être propre à la fête. « Le vin réjouit le cœur de l’homme et plus que l’huile fait resplendir son visage. » (Ps 104.15). Lorsque la sensation est recherchée pour elle-même ou que la fête ne célèbre pas un évé-nement ou une relation, alors il y a frustration et risque d’addiction. Cette dérive apparaît d’une façon particulièrement spectaculaire dans le domaine de la sexualité.

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Sexualité sociale et sexualité libidinale.

La généralisation des méthodes contraceptives basées sur une séparation provoquée par l’homme a des effets pervers reconnus par la médecine. Le lien entre certaines pilules et le cancer n’est plus à démontrer. Mais il y a plus subtil. Cette généralisation a provoqué d’autres séparations. « Libérés » du rythme de la nature, les êtres humains ont spontanément séparé radicalement la fonction sociale de la relation sexuelle de sa fonction libidinale. Autrement dit, la relation sexuelle a été mise au service du seul plaisir. Cette séparation pouvait apparaître comme légitime, voire hautement souhaitable pour l’épanouissement du couple. Mais elle en a provoqué une plus radicale encore : elle a séparé la sensation de plaisir et l’expression de l’amour. Autrefois cette séparation existait aussi, l’homme avait une femme pour avoir des enfants et une autre, voire des autres, pour le plaisir et la vie sociale. Aujourd’hui, le plaisir est devenu un droit auquel rien ne peut être opposé. Ni engagement préalable, ni lien juridique, ni exclusi-vité. En 1965, alors qu’on ne faisait encore que soupçonner les effets de la révolu-tion contraceptive, le théologien protestant André Dumas écrivait : « Aujourd’hui où l’humanité va pouvoir de plus

en plus séparer la relation sexuelle de son

aboutissement dans la procréation, comment

usera-t-elle avec justesse de cette sexualité ?

Les enfants, pendant des siècles, ont justifié

l’institution familiale. Si la civilisation moderne

permet scientifiquement et invite démographi-

quement les hommes et les femmes à dissocier

procréation et relation sexuelle, n’est-ce pas la

famille elle-même qui peut chavirer dans cette

dissociation? »3

Désir sexuel et procréation sont liés par la nature, non pas automatiquement ou néces-sairement, mais selon le rythme du cycle fémi-nin. La séparation radicale rendue possible par la technique chimique d’une pilule ou mécani-que d’un stérilet constitue un exemple particu-

3 Cité par Evelyne Maire, p. 141.

lièrement éloquent de séparations entre éros et agapè. Cette séparation permet « le plaisir sans risque », et s’il écarte effectivement le risque de grossesses particulièrement drama-tique chez les jeunes filles, il ne contribue pas à responsabiliser les garçons et les hommes pour qui le plaisir, donc les sensations, éclipse souvent le sens de l’acte sexuel qui symbolise l’engagement de toute la personne. La dimension de l’engagement de toute la personne est bien attestée par l’apôtre Paul à l’occasion des réponses qu’il adresse aux ques-tions des Corinthiens tentés par le libertinage sexuel. « Ne savez-vous pas que vos corps sont les

membres du Christ ? Prendrai-je les membres

du Christ pour en faire des membres de prosti-

tuée ? Certes non ! Ne savez-vous pas que celui

qui s’unit à la prostituée fait avec elle un seul

corps ? Car il est dit : Les deux ne seront qu’une

seule chair. » (1 Corinthiens 6.15-16).

D'après ce texte, séparer sexualité sociale et sexualité libidinale est un leurre, car l’être humain créé pour être image de Dieu ne peut oblitérer

cette marque divine. La relation sexuelle réali-se une union spirituelle, indépendamment de l’intention de ceux qui s’unissent. Ce texte se réfère bien sûr à des chrétiens. Mais il met en relief l’impossibilité de réduire la relation sexuelle à un simple instrument de plaisir. Les séparations opérées par les hommes peu-vent aller dans le sens de la vie quand il s’agit de faire barrière aux microbes ou virus por-teurs de mort. Mais, ces séparations peuvent avoir des effets pervers. Les pesticides par exemple, inventés pour favoriser la vie des céréales peuvent constituer un danger de mort pour l’être humain et son environnement. Le cas des néonicotinoïdes qui tuent les abeilles et compromettent toute la chaîne alimentaire constitue un exemple actuel terrifiant. Il met en relief le fait que la séparation introduite par l’homme peut perturber l’ordre de la création au point même d’aboutir à la mort des êtres vivants.

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La maîtrise de la fécondité par l’être humain peut résulter soit d’une séparation voulue par le Créateur et donc inscrite dans la nature ou bien de l’intervention humaine aux consé-quences imprévisibles ! La séparation voulue par le Créateur entre des temps fertiles et des temps stériles est semblable à la succession du jour et de la nuit réglés par les astres. Elle se reconnaît par son rythme. Le cycle féminin semble même accordé à celui de la lune. Mais

sa force constitue aussi sa faiblesse : ce rythme exige que les humains maîtrisent leurs désirs pour l’accorder à leur pouvoir de pro-

création. Ce pouvoir implique un projet de couple et l’adoption d’une discipline. La sépa-ration provoquée par des moyens mécaniques ou chimiques permet de ne pas tenir compte des rythmes naturels, voire de les supprimer complètement. Elle apparaît comme une véri-table libération. Mais, est-il sûr que la sépara-tion introduite ne soit pas porteuse de mort ? Remarques conclusives

Lorsque l’être humain s’arroge le droit de séparer ce que Dieu a uni, il ne peut prévoir toutes les conséquences de son intervention. Au fur et à mesure que les conditions de vie se modifient, il risque d’opérer de nouvelles séparations dans ce que Dieu avait uni. Certai-nes sont spectaculaires comme les « mères porteuses ». Après avoir séparé des milliers d’enfants de leur père, l’idéologie individualis-te en vient à approuver la Gestation Pour Autrui (GPA) qui sépare les êtres qui sont les plus inséparables qu’on puisse imaginer : la mère et l’enfant, heureusement, la GPA n’est pas encore reconnue par de nombreux États.

D’autres séparations sont plus subtiles. Celles qui touchent à l’amour et la sexualité sont souvent marquées par la pression de coutu-mes bien établies ou de représentations qui doivent beaucoup à l’idéologie individualiste qui fait bon ménage avec des croyances erro-

nées attribuées à la morale judéo-chrétienne. Pour ne pas donner prises aux jugements hâtifs inspirés par ces préjugés sur le bonheur sexuel, quelques précautions ne seront pas de trop.

D’abord, se garder de juger, voire de condam-ner les dérives de ceux que l’ignorance et le conformisme social amènent à des dérives, voire à des addictions sexuelles. La Bible incite même à la patience. Ainsi la polygamie a été supportée par le Créateur pendant des siècles. Les récits bibliques se contentent de montrer les avantages et les inconvénients de ces di-vers modèles familiaux. Une pédagogie perti-nente devrait donc partir des idées reçues en vue de mettre en évidence leur principale lacune : l’illusion d’une satisfaction promise hors d’une vraie recherche de sens. C’est précisément cette recherche de sens qui de-vrait constituer notre premier objectif pédago-gique.

Le Créateur, lui, n’a séparé que pour unir et tous les processus vivants résultent de cycles séparation/union. La reproduction du vivant semble improviser à l’infini sur ce thème et la reproduction humaine constitue un exemple qui a valeur de modèle. L’éthique qui se déga-ge des textes bibliques est analogue à cet ordre : L’homme et la femme sont séparés par la nature, sexe signifie d’ailleurs couper, donc séparé. De leur union surgit un nouvel être formé à partir de cellules données à égalité par le père et par la mère. Parvenu à 9 mois, l’embryon est séparé de sa mère. La naissance lui permet de grandir entre son père et sa mère. Puis, arrivé à l’âge adulte, « l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, les deux deviennent une seule chair. ». Et le cycle re-commence.

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Ce modèle met en relief trois principes qui inspirent tout projet accompli conformément à l’image du Créateur et qui visent le sens de la sexualité :

1° Tout projet hu-main et toute institu-tion doivent être tournés vers la vie. Or donner la vie humaine, contrairement à la reproduction animale n’est pas conditionné par une période de rut, mais par l’entente des conjoints maî-tres d’eux-mêmes et de leur sexualité. Par conséquent, la rencontre sexuelle du couple humain implique cette maîtrise où l’observation du cycle féminin et la décision de procréer lui donnent sens.

2° La vie physique, sociale, politique, artisti-que, surgit toujours de la rencontre d’êtres différents. Sexes, générations, groupes d’ascendances d’origines diverses, dons artis-tiques, compétences, diversité culturelle, etc. sont voulus par le Créateur. Ces différences font peur car elles commencent par fragiliser les relations. Or, paradoxalement, cette fragili-sation est une force, car elle est la condition pour que de vraies rencontres aient lieu. C’est en exposant ses manques que l’on crée les conditions de rencontres où l’on apprend à se reconnaître, à s’admirer, à se comprendre et à se compléter. Il y a donc lieu de refuser tout repli identitaire et tout mépris à l’égard de l’autre différent. Mais cette fragilisation contribue aussi à donner du sens à la relation sexuelle. L’autre n’étant plus un objet de désir seulement, mais un être respecté jusque dans sa nature la plus intime. C’est cette fragilité qui est protégée par le septième commandement : tu n’en auras pas d’autres.

3° En tant que clé de voûte de l’édifice familial,

le couple donne tout son sens à la parole de

Jésus : « Que l’homme ne sépare pas ce que

Dieu a uni ». Personne ne peut contester que

l’entente des parents constitue un des facteurs

importants, sinon le plus important, du

bonheur et de l’épanouissement des enfants.

Or la volonté des parents de s’entendre et de

se réconcilier s’ils se sont disputés, n’est pas,

loin s’en faut, le premier souci de nombreux

conjoints. Séparation et divorce sont

quelquefois envisagés avant même un effort

de conciliation ! Même si un constat d’échec

doit aboutir à une séparation, puis à un

divorce, la volonté de ne pas séparer ce que

Dieu a uni doit demeurer réelle. Au cours de

toute vie conjugale, le lien est mis à l’épreuve.

Mésententes, tensions, tentations, se

produisent forcément. Rien que la routine

peut suffire à l’user jusqu’à le rompre. Seule la

conviction qu’il est voulu de Dieu et la volonté

de le restaurer peuvent le sauvegarder. Il

retrouve alors son irremplaçable fonction

identitaire de fidélité à soi-même que

procurent l’engagement respecté et la

promesse tenue. La fragilité qui semblait vouer

ce lien à l’échec,

apparaît alors

comme la condition

même de son succès

car elle a laissé

transparaître la grâce

de Dieu.

**************** Bibliographie Marie Balmary et al. La fragilité, faiblesse ou richesse, Paris : Albin Michel, (Collection Espaces libres), 2013. Henri Blocher, Révélation des origines, Lausanne : Presses Bibliques Universitaires, (Collection théologique Hokhma), 1979. Evelyne Maire, Technique et procréation, Les méthodes naturelles pour la régulation des naissances dans une perspective protestante : facteurs de rejet et d’acceptabilité. Université catholique de Lyon : Institut des Sciences de la Famille. Mémoire de Maîtrise, 1993. Charles-Daniel Maire, Parole de Dieu et cultures des hommes, Valence : LLB, 2006.

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Ils ont osé les Méthodes Naturelles ! Une écologie de la sexualité pour un amour durable

Céline et Gaëtan Marion Publié aux Editions Saint Paul, le 17 octobre 2015, le livre « Ils ont osé les Méthodes Naturelles » que nous proposent Céline et Gaëtan Marion, moniteurs Billings France, et titu-laires du Master fertilité et Sexualité Conjugale est joyeuse-ment illustré et il est préfacé par Mgr Philippe Barbarin à qui nous laissons la parole : « Avec une belle audace, un jeune couple, Céline et Gaëtan

Marion, se lance dans l'aventure de donner la parole à

nombre de témoins dans le domaine sensible de la sexualité

et de la régulation des naissances. » « [...] Rares sont les ouvrages qui offrent le

témoignage de couples mariés exprimant la

dépendance profonde de leurs corps dans

l'amour conjugal. [...] C'est tout un art de

vivre en couple qui se cherche, un chemin de

tendresse et de liberté véritable, que l'on veut découvrir et parcourir ensemble.

Au fil de l'ouvrage, on touche l'humanité dans ce qu'elle a de beau, de grand et

de vulnérable. Si les auteurs n'ont pas esquivé les difficultés de la vie conju-

gale, les épreuves, les errances, ils ont su souligner les joies humbles et

simples vécues par ces témoins. Nous pouvons recevoir comme un cadeau

chacune de ces histoires personnelles ».

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De la connaissance du cycle menstruel à la relation à Dieu Françoise Pinguet

Gynécologue, Monitrice MAO

Les couples qui vivent la régulation naturelle des naissances ont appris que le cycle se déroule en trois temps : la période de la-tence, de repos, non fertile, la période fertile avant l’ovulation favorable à l’accueil des spermatozoïdes et enfin la période infertile après l’ovulation pour préparer l’accueil de l’embryon. Ce rythme échappe au contrôle de la femme, mais il est voulu par le Créa-teur. Certaines s’y accommodent, d’autres semblent le subir avec résignation. Sophie Binggeli explique ainsi la pensée d’Edith Stein : « Dans l’unité de la personne hu-maine corps et âme, je peux me révolter contre cette « forme intérieure », cette force invisible, mais je ne peux pas l’expulser.4»

Or le livre de l’ecclésiastique nous dit : « Il ne

faut pas dire : qu’est-ce que cela ? Pourquoi

cela ? Car tout a été créé pour une fin » Si 39, 21. Certes, la finalité biologique du cycle est la transmission de la vie, ce qui ne se produira que quelques fois au cours de la vie d’un couple. La fécondité spirituelle est celle de l’amour et elle vient de notre relation à Dieu qui en est la source. Edith Stein écrit « Seule la particularité mas-culine et féminine développée dans toute sa pureté produit la plus grande ressemblance avec Dieu et la plus forte pénétration de l’ensemble de la vie terrestre par la vie divine.»5. Elle ajoute : « l’homme et la femme sont des empreintes différentes de l’image divine. » et « L’âme féminine vit et est plus intensément présente dans toutes les parties de son corps. »6.

4Sophie Binggeli, Le Féminisme chez Edith Stein, Parole et silence, 2009, p.261 5 Sophie Binggeli, op.cit. p. 328 6 Edith Stein, La femme : cours et conférences, Cerf, 2008. p. 181

Déchiffrer cette trace divine au sein du corps féminin dans sa particularité sexuée, peut être lu comme une Parole de Dieu. C’est ce lien entre chaque temps du cycle et la rela-tion au Dieu Trinité que je vous propose. Le terme « fertilité » sera réservé à l’aspect biologique et le terme «fécondité» à sa nature spirituelle.

Premier temps : La période de latence : comment se préparer pour une rencontre.

Trois constatations : - chez la femme, les organes liés à la trans-mission de la vie sont situés à l’intérieur de son corps. - l’activité ovarienne est réduite à cette période. Des follicules sont choisis, sélec-tionnés et se préparent pour la rencontre ovule et spermatozoïde. - le cycle menstruel se déroule à l’insu de la

femme même

si elle le con-nait.

Non fertile

sur le plan biologique, ce temps nous invite à une certaine forme de fécondité, celle de l’amour sous forme de don. Or tout don se prépare et c’est indispensable.

- La fécondité de toute femme prend aussi sa source dans l’intériorité, dans le secret, l’invisible de son cœur. Pour cela il faut, selon Saint Exupéry un auteur français, « s’habiller le cœur »7. Apprendre, jour après jour, à développer la vie intérieure et en premier le silence intérieur, celui du cœur.

7 Saint-Exupéry, Le Petit prince, Gallimard

IEEF Milan 2015

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IEEF Milan 2015

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- Ce silence dit la pauvreté de ce que je suis, non comme un vide mais comme une dispo-nibilité pour l’autre, un cœur qui écoute d’abord, capable de recevoir, d’accueillir un don en premier. Un cœur au repos mais vigilant, peut alors, comme Elie, entendre et accueillir Dieu comme « le murmure d’une

brise légère » (1 Rois 19, 12). C’est l’apprentissage de la patience, nécessaire à toute croissance, la capacité à attendre, disponibilité qui prépare à accueillir l’imprévisible, l’inattendu.

- Ce rythme, serait-il une aliénation à la biologie ou une occasion pour y chercher un sens à découvrir ? Dieu seul est la source de la vie et de l’Amour. La vie est reçue avant d’être transmise. La fécondité de tout amour demande de reconnaître qu’elle a besoin aussi de celui qui est la source de tout amour. N’est-ce pas alors une invitation régulière, à se reconnaître dépendante non de la biologie, mais à travers elle, du Dieu Père par la filiation divine : se reconnaitre « fille du Père », un Père plein d’amour et de tendresse, se savoir choisie et aimée par le

Père, acceptant de tout recevoir de Lui, pour vivre sous son regard. Que puis-je donner que je n’ai reçu ? C’est le temps du choix intérieur de

la confiance dans le Seigneur pour consentir à sa volonté au quotidien, choix à renouveler régulièrement. De par sa nature, la femme est, me semble-t-il, portée à le vivre avec plus de profondeur, ceci afin d’en être témoin autour d’elle et qu’elle soit céliba-taire, mariée ou consacrée.

Deuxième temps : La période fertile : temps d’accueil de l’époux pour la vie à trans-mettre.

C’est le temps où l’union des corps permet aux deux dimensions de l’acte conjugal de parvenir à leur fin : union et procréation. N’est-ce pas un signe de gratuité, que ces préparations répétées à chaque cycle, sans

pour autant atteindre le fruit visible de leur union ? Gratuité de l’amour qui se donne sans compter, mais aussi labeur incessant des gestes de l’amour qui se répètent jour après jour, dans l’ordinaire du quotidien, discrètement, invisiblement souvent. Toute femme a donc pour vocation d’être celle qui est pour l’autre. Se détourner de soi pour donner la priorité à l’autre, est un mouve-ment, un travail au quotidien. Comme le dit saint Jean-Paul II :

« Elle est celle qui reçoit l’amour pour aimer à son tour » 8

Il est une parole de saint Paul qui trouble parfois. « Ce n’est

pas l’homme qui a été créé pour la femme

mais la femme pour l’homme ». (1 Cor 11, 8)

« Pour l’autre » est une attitude habituelle dans la Bible. C’est tout au long de l’Ancien Testament que le Seigneur agit pour son peuple : « Dieu combattra pour vous » (Ex. 14, 14) et « J’étais pour eux comme celui

qui soulève un nourrisson tout contre sa

joue » (Os 11,4). C’est la sollicitude de la tendresse de Dieu pour son peuple choisi. L’Ancien Testament utilise l’image féminine de l’amour sponsal pour exprimer le lien d’alliance entre Dieu et son peuple. « Elle m’appellera mon mari ». (Os 2, 18) « Car ton époux sera ton Créateur …Mon

amour pour toi ne s’en ira pas ». (Is 54, 4-8 et

10)

Le « pour l’autre » devient alors « donner sa vie pour l’autre ». Ce « pour l’autre » est bien aussi le cœur de la vie Trinitaire que Maurice Zundel (cité par A.M. Pelletier)9 décrit comme « triple foyer d’éternel al-truisme » en précisant : « l’autonomie su-prême est constituée par un altruisme infi-ni ». C’est ainsi que saint Paul, en fait, place le féminin très proche du divin.

8 MD n° 29 Jean-Paul II, Mulieris Dignitatem, 15 Aout 1988, n°29 (cité par la suite : MD) 9 Anne-Marie Pelletier, Le signe de la femme, Cerf, 2006 p. 119

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Ce deuxième temps du cycle nous dit que, si la femme est fille du Père, elle est aussi appelée à être épouse du Christ comme le dit Saint Jean-Paul II : « La femme a une pré-disposition innée à la condi-tion d’épouse » 10 Troisième temps : Après l’ovulation, le temps de l’invisible

Qu’il y ait eu fécondation ou non, ce temps du cycle consiste à préparer l’implantation d‘un éventuel embryon. Ainsi le corps de la femme est toujours en préparation d’un accueil, l’époux ou l’embryon. A cette pé-riode, la femme se sent plus sensible, émo-tive alors que son corps est disponible à l’accueil de cet inconnu qu’est l’embryon. Pour toute femme, accepter d’être vulné-rable, c’est aimer jusqu’au bout. Cette ac-ceptation liée à la reconnaissance de sa faiblesse, de ses limites, mais associée à une confiance sans limites dans l’amour et la puissance de Dieu, peut donner une force inhabituelle car surnaturelle. En effet, si le premier temps du cycle invite à se re-cevoir comme fille du Père, le deuxième comme épouse du Christ, que nous pro-pose ce troisième temps ? Edith Stein ré-pond : «Y a-t-il dans cette féminité qui est amour serviteur une image effective de la divini-té ? L’amour serviteur est secours venant en aide à toutes les créatures et les condui-sant à leur achèvement. C’est le titre qui est donné à l’Esprit Saint. Ainsi nous pour-rions voir, dans l’Esprit de Dieu qui est dé-versé sur toutes les créatures, l’archétype de l’être féminin. »11 Cette ouverture à la vie au sein du corps féminin, ouverture qui se renouvelle à chaque cycle, est une invi-tation à faire de toute relation, une rela-tion trinitaire, sous le regard du Père, dans l’alliance avec le Christ et sous le souffle de

10 MD n° 20 11 Sophie Binggeli, op.cit. p. 352

l’Esprit Saint, pour un chemin d’éternité. Edith Stein écrit :

« Si le sens « affectif » prédomine dans la femme, on comprendra que l’on ait sans cesse tenté d’établir un lien particulier entre la nature fémi-nine et l’Esprit Saint. »12

Je voudrais terminer par une réflexion au sujet d’une analogie entre le fruit de la fertilité et celui de la fécondité : - La grossesse est une période d’attente et l’enfant se développe au sein d’un monde invisible.

- La femme accueille un inconnu et sans condition.

- Tout se déroule en silence. Le monde lui est présent mais par la médiation mater-nelle.

- La femme protège son enfant, elle le laisse grandir en soi, et participe à sa crois-sance.

- Elle fait l’expérience de la vulnérabilité mais elle est dans la joie.

- La souffrance peut s’inviter. Elle accueille la souffrance quand elle vient avec moins de résistance que l’homme, elle l’accueille avec toute sa pesanteur mais avec la capa-cité à en faire sortir la vie. Elle ne se laisse pas écraser mais, au sein de la souffrance, elle est capable, au milieu des larmes, de rester debout et de laisser émerger un germe de vie qui traverse l’épreuve grâce à un amour déployé qui est source de vie.

Tous ces éléments peuvent être repris pour la fécondité spirituelle de toute femme.

- Il faut savoir at-tendre le temps de Dieu et apprendre de lui la patience.

12 Edith Stein, op.cit. p. 213

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- « Etre dans la société actuelle témoin des valeurs essentielles qui ne peuvent se per-cevoir qu’avec les yeux du cœur. A vous les femmes, il revient d’être sentinelles de l’Invisible ! » 13 - Accepter l’inconnu de l’œuvre de Dieu en nous, se laisser conduire par Lui, - Accueillir l’autre sans condition, le faible sans défense, la femme étant appelée à vivre un « ministère de compassion et de consolation ». - Vivre le silence intérieur, un cœur à l’écoute. - Accepter le temps de la croissance et aimer jusqu’à être vulnérable - témoigner de la joie de croire tout en ac-cueillant la souffrance au sein de la fécon-dité spirituelle quand elle se présente. « Si faible, la femme est paradoxalement plus résistante que l’homme car plus grande est sa capacité à accueillir la souf-france »14 « À l’homme qui souffre, Dieu ne donne pas un raisonnement qui explique tout, mais Il offre sa réponse, sous la forme d’une présence qui accompagne »15. Pape François Lumen Fidei La femme accepte plus facilement d’être cette présence. Marie est au pied de la Croix.

Un chemin d’unité de la personne, pour parvenir à la ressemblance de la Sainte Trinité, n’est-il pas la voie du bonheur pour lequel nous sommes tous faits ? C’est l’unité trinitaire qui est source de fécondi-té. Pour la femme, cette unité est à cons-truire jour après jour. La femme qui vit dans son corps successivement ces trois

temps de la fertilité, peut y voir l’invitation à vivre le lien à Dieu comme une al-liance qui nous fait toutes, fille, épouse et mère.

13Jean-Paul II, Homélie à Lourdes, 15 Août 2004 14Jo Croissant La Femme sacerdotale, Editions des Béatitudes, 1992, p. 182 15 Pape François, Lumen Fidei, 29 juin 2013, n° 57

Alors, merci Seigneur d’être au service de toute vie et par ton invitation à cheminer vers la Trinité pour les noces éternelles !

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Abstract : De la connaissance du cycle mens-truel à la relation à Dieu : La femme qui ap-prend à reconnaître en elle les signes de fertili-té de son couple fait habituellement une vraie découverte de ce qui se passe dans son corps.

Elle accepte d’accueillir un rythme physio-logique qu’elle ne choisit pas et qui va donner un rythme à sa vie conjugale de par l’adaptation de leur sexualité, de leur intimité conjugale, expression charnelle de leur amour, au rythme voulu par Dieu Créateur. A travers cette expérience sen-

sible et visible, la femme peut y découvrir toute la richesse aussi de sa relation à Dieu. Nous partons du fait que le cycle comporte un schéma général en trois parties : une première période dite de latence, non fertile, une deu-xième période fertile marquée par l’écoulement de la sécrétion de glaire puis une troisième période non fertile. Ceci est une con-naissance de la physiologie. Je propose de voir à travers cette réalité visible, une analogie avec la spécificité de la vocation de la femme appe-lée à être fille, épouse et mère, ceci au sein de sa relation à Dieu et quel que soit son état de vie.

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Bibliographie

- Sophie Bingelli, Le féminisme chez Edith Stein, Parole et silence, 2008 - Sophie Binggeli, Edith Stein, La quête de vérité, colloque « vers une anthropologie de la femme », colloque Bernardins, 1998, Parole et Silence - Jean-Paul II, lettre apostolique Mulieris Dignita-

tem, Cerf, 15 août 1988 - Jean-Paul II Homélie à Lourdes, 15 Août 2004, - Jo Croissant, La Femme sacerdotale, Editions des Béatitudes, 1992, - Anne-Marie Pelletier, Le Signe de la femme, Cerf, 2006 - Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, Galli-mard, - Edith Stein, La Femme, cours et conférences, Cerf. Ed du Carmel. Ad Solem, 2008

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Deux textes clairs et positifs pour nous aider à accueillir Amoris laetitia,

et ainsi essayer de mieux « prendre soin avec amour de la vie des familles » que nous

rencontrons en PFN…

*NDLR du grec parrhesia, rencontré dans 31 versets de la Bible : « liberté de langage, franchise (dictionnaire grec Bailly), ouvertement, librement, publiquement, sans ambiguïté, avec assurance, avec confiance, avec hardiesse ». Ce parler avec franchise a une origine très précise dans l’action de l’Esprit Saint. http://www.enseignemoi.com/bible/strong-biblique-grec-parrhesia-3954.html

Premières réflexions sur Amoris laetitia Mgr L. Melina

L’Institut Jean Paul II pour les études sur le Mariage et la Famille accueille avec respect, gratitude et disponibilité filiale l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, par laquelle le Pape François achève le chemin synodal commencé il y a déjà deux ans. Nous

avons accompagné ce cheminement soucieux de proposer notre contribution, avec ouverture d’esprit et du cœur, avec clarté et parrhésie*, sûrs de la fécondité de l’inspiration née de Saint Jean-Paul II, « le Pape de la famille » et qui a mûri pendant trente-quatre années d’engagement dans la recherche et dans l’enseignement, vécues toujours dans un contact rapproché avec l’expérience concrète de la pastorale familiale.

Je désire communiquer dès maintenant quelques réflexions à partir d’une première lecture du document. Nous aurons le temps, en d’autres occasions futures, d’approfondir cet enseignement du Pape François avec toute l’attention qu’il mérite. Il se caractérise surtout par le profond désir pastoral d’annoncer la Bonne Nouvelle de la famille dans la dyna-mique de la miséricorde, en cherchant à toucher les familles dans leurs problèmes concrets et dans leurs fragilités, en ouvrant pour tous des chemins de conversion et de croissance dans l’amour.

Le débat ecclésial et l’opinion publique ont développé un grand intérêt par rapport à la question concrète de l’éventuelle admission à l’Eucharistie des personnes divorcées qui se trouvent dans une nouvelle union civile. Cette question n’est certainement pas la plus importante au niveau pastoral. Et comme le Pape François lui-même le fait remarquer, elle n’a pas été le problème central du Synode. Il suffit de penser aux grands défis que l’Église rencontre quant à la famille dans le contexte actuel : le fait que les jeunes se marient de moins en moins ; le fait que le mariage

perde son rôle social ; les nouvelles idéologies qui menacent la famille ; et surtout et avant tout, la mission de porter le Christ à toutes les fa-milles dans une nouvelle évangélisation... Malgré cela, on a voulu con-centrer l’attention sur ce point spécifique, on en a fait le critère de vérifi-cation du changement souhaité quant à la position de l’Église (on a même parlé d’une « révolution »), même si cela devait être, comme on l’a soutenu, seulement au niveau pastoral et non pas au niveau doctrinal.

Un chemin d’accompagnement et d’intégration pour les personnes qui se trouvent au loin

On peut donc légitimement se demander : le texte qui vient d’être publié représente-t-il vraiment un changement dans la discipline traditionnelle de l’Église ? Permet-il enfin aux divorcés « rema-riés », au moins dans certains cas, de recevoir la communion ? Après avoir lu le chapitre huit, dans lequel la question est examinée, la conclusion suivante s’impose : l’exhortation apostolique Amoris

laetitia ne change pas la discipline de l’Église, qui est fondée sur des raisons doctrinales comme il est indiqué au numéro quatre-vingt-quatre de Familiaris consortio et au numéro vingt-neuf de Sacramentum caritatis. En effet, le texte du chapitre huit ne mentionne même pas l’Eucharistie. Nulle part dans la nouvelle exhortation post-synodale du Pape François, n’est indiqué que les divorcés « remariés » peuvent accéder à l’Eucharistie sans le pré-requis de « vivre en frère et sœur ». Cette exigence de Familiaris consortio 84 et de Sacramentum caritatis 29 reste donc un point de référence pleinement valide pour le discernement. Pour légitimer le changement d’une discipline enracinée dans la Tradition et dans la doctrine de l’Église, fermement établie par le Magistère de l’Église (cf. Mt 5, 37), une clarté sans ambiguïté possible serait le minimum. Saint Jean Paul II dans Familiaris consortio et Benoît XVI dans Sacramentum caritatis avaient usé d’une clarté cristalline.

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Il apparaît alors évident que le Pape François, qui a tant insisté sur l’importance du principe de la synodalité dans l’Eglise, n’a pas voulu aller plus loin que les dé-cisions synodales. Il faut donc affirmer avec clarté que même après Amoris laetitia, admettre à la communion les divorcés « remariés » au-delà du cadre prévu par Familiaris consortio 84 et par Sacramentum caritatis 29, va contre la discipline de l’Église, et qu’enseigner une telle chose va contre le Magistère de l’Église.

Ce que le document du Pape François propose est au contraire un chemin d’intégration, pour permettre à ces baptisés de s’approcher graduellement du style de vie de l’Évangile. En effet, les normes objectives ne concernent pas la culpabilité subjective, de laquelle seul Dieu qui scrute les cœurs peut être juge, mais elles montrent les exigences et la fin vers laquelle tend toute évangélisation, à savoir une vie pleine, conforme à l’Évangile, que l’Église est appelée à offrir à tous sans exception ni casuistique. En effet, une telle vie est possible, parce qu’elle est ce que demande l’Évangile (n° 102). Quant aux normes morales négatives — celles qui interdi-sent des actions intrinsèquement mauvaises—, il ne peut y avoir aucune exception, ni graduali-té, ni discernement qui les légitime : c’est ce qu’affirme le solide enseignement de Saint Jean Paul II dans son encyclique Veritatis splendor.

Quelle est donc la nouveauté du chapitre huit ? Ce n’est pas la nouveauté d’un changement de doctrine ou de discipline, mais celle de l’approche pastorale et miséricordieuse du Pape Fran-çois, celle de son désir d’apporter l’Évangile à ceux qui sont au loin, et de suivre ainsi une lo-gique d’intégration progressive. Pour cela, le document signale que, dans certaines circons-tances, des personnes qui vivent objectivement dans une situation de péché, n’en sont pas for-cément subjectivement coupables à cause de l’ignorance, de la peur, d’une affectivité désor-donnée ou d’autres raisons que la tradition morale a toujours reconnues et que le Catéchisme

de l’Eglise catholique mentionne au numéro 1735. Cette affirmation est importante : elle signifie que nous ne devons pas juger ou condamner ces personnes, mais être miséricordieux et pa-tients envers elles comme le Père l’est envers chacun d’entre nous, et que nous devons cher-cher pour chacun le chemin de la conversion du péché et de la croissance dans la charité. Aussi, l’affirmation d’Amoris laetitia quant à l’impossibilité de définir le caractère « mortel » du péché personnel sans tenir compte de la responsabilité du sujet, qui peut être atténuée ou même ne pas exister (n° 301), n’enlève pas la nécessité de dire que, pour autant, c’est un état objectif de péché (comme il est dit au numéro 305). Une nouvelle perspective pastorale pour l’Église

Une fois exclues les interprétations casuistiques ou tendan-cieuses, que veut donc nous dire le Saint Père avec ce texte ? Voici la réponse simple et décisive à cette question : il veut annoncer d’une nouvelle manière l’Évangile de la Famille, et il veut tous nous inviter à un chemin, quelle que soit la situa-tion où nous nous trouvons : « Cheminons, familles, conti-nuons à marcher ! » (n°325). Le pape lui-même avait suggéré que ce point était la clé d’interprétation fondamentale, quand il avait répondu, dans la conférence de presse au retour de Terre Sainte en mai 2014, que la question fondamentale qui lui avait inspiré de commencer un chemin synodal n’était pas une question casuistique, mais l’urgence d’annoncer « ce que le Christ apporte à la famille.» Et dans le document, le Pape part en effet du constat que, dans nos sociétés occidentales, le ma-riage n’est malheureusement plus perçu comme une bonne nouvelle, même parmi les baptisés.

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Voilà le vrai problème pastoral que l’exhortation apostolique affronte courageusement. Le Pape veut ouvrir un nouveau chemin pour proclamer la Bonne Nouvelle du mariage et de la famille pour la vie de l’Église. Pour cela, le Pape place au centre de sa méditation l’hymne à la charité du chapitre treize de la première lettre aux Corinthiens (chapitre IV), dans lequel l’apôtre Saint Paul parle de la charité

comme une voie meilleure. De cette manière le Pape montre que pour lui, l’amour est un chemin toujours nouveau à parcourir dans la pleine fidélité au dessein de Dieu sur l’amour humain. Ce dessein inclut naturellement les dimensions fondamentales que la théologie du corps de Saint Jean Paul II (reprise par le document à partir du numéro 150) avait mises en évidence, et qui sont égale-ment illustrées et rappelées par le Pape François : la diffé-rence sexuelle, l’unité indissoluble et fidèle, et l’ouverture à la vie dans la fécondité.

En parcourant la voie de l’amour, nous voulons mettre en relief quelques éléments de l’exhortation Amoris laetitia décisifs pour le renouvellement de la pastorale :

1. La caractère central de la thématique éducative comme vocation à l’amour (chapitre VII). Fréquemment dans le document, on parle de « chemin », d’ « histoire », de « narration ». Ce sont des termes qui disent l’importance de la dimen-sion de la liberté dans le temps : l’Église ne fait pas que « sortir » pour s’approcher des personnes comme elles sont, mais elle devient compagne de leur cheminement, les rejoignant là où elles sont et les aidant à arriver au but. Face à l’analphabétisme affectif et à la fragilité de la liberté devant les choix qui engagent la personne dans sa totalité et pour toujours, la réponse ne peut être qu’un engagement renouvelé de la famille, de l’Église et des groupes sociaux en vue de la formation.

2. La clarté de l’enseignement sur l’amour conjugal et sur la fécondité, à partir de l’encyclique Humanae vitae. On se trouve donc face à la nécessité de se ressaisir de l’encyclique du Bienheureux Paul VI — dont on célèbrera en 2018 le cinquantième anniversaire —, comme la proposition de l’Église pour évangéliser l’intimité sexuelle. Une telle lumière est vraiment nécessaire dans une culture qui, depuis la révolution sexuelle, a oublié le langage du corps et de la sexualité (n° 222). Cet enseignement du Magistère, vraiment prophétique, est pleinement conforme avec la perspective d’une écologie intégralement humaine.

3. Reconnaître, au niveau pastoral, le caractère central de la famille dans l’Église : la famille n’est pas d’abord un problème pastoral parmi d’autres, mais plutôt un sujet vivant et présent : elle est la principale ressource pour l’évangélisation, en vue d’une Église plus familiale, d’une Église qui ait le visage de la « famille de Dieu.» Il faut donc mettre en œuvre une circulari-té et une synergie vertueuses entre Église et famille. De même que la famille est une « petite Église domestique », de même la grande Église doit avoir les traits de « la famille de Dieu » (n° 86-87) et être vécue comme telle.

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4. Le caractère sacramentel de la vie chrétiennenement historique qui nous rejoint dans la chair et qui transforme la chair de l’homme. Ce ne sont pas les programmes pastoraux élaborés dans un bureau qui nous sauvent, et encore moins ceux qui cherchent à adapter la morale chrétienne à la mentalité d’un crise de sens. Il faut donc dépasser toute vision de l’amour qui soit purement émotiviste ou banalement contractuelle, pour retrouver le sens du de la vie chrétienne, pour ceux qui y sont appelés. Ariage ou réduire l’Eucharistie à un signe d’intégration dans la communauté, équivaut à perdre tant le réalisme de l’ontologie sacramentelle que le don divin qui soutient la vie de l’Église.

ce niveau, l’Institut Pontifical Jean Paul II se sent appelé de manière très particulière à compte de la mission qu’il a reçue et de pastoral.

caractère sacramentel de la vie chrétienne : le christianisme est fondé sur un évnement historique qui nous rejoint dans la chair et qui transforme la chair de l’homme. Ce ne sont pas les programmes pastoraux élaborés dans un bureau qui nous sauvent, et encore moins ceux qui cherchent à adapter la morale chrétienne à la mentalité d’un monde occidental en crise de sens. Il faut donc dépasser toute vision de l’amour qui soit purement émotiviste ou banalement contractuelle, pour retrouver le sens du mariage comme charnière vocationnelle

pour ceux qui y sont appelés. Affaiblir les exigences constitutives du mriage ou réduire l’Eucharistie à un signe d’intégration dans la communauté, équivaut à perdre tant le réalisme de l’ontologie sacramentelle que le don divin qui soutient la vie de l’Église.

En abandonnant toute logique casuistique, il convient d’accueillir le grand horizon positif que le document du Pape François ouvre poursion de l’Église à l’attention les familles, culier en tant qu’il se concentre sur la question éducative comme question pastora

ce niveau, l’Institut Pontifical Jean Paul II se sent appelé de manière très particulière à compte de la mission qu’il a reçue et de l’expérience qu’il a acquise au niveau théologique et

Roma, le 10 avril 2016 Livio Melina, Président de l’Institut Jean Paul II

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Vu dans l’hebdomadaire mille Chrétienneau 22 avril 2016UNE - Exhortation

marquants,

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le christianisme est fondé sur un évé-nement historique qui nous rejoint dans la chair et qui transforme la chair de l’homme. Ce ne sont pas les programmes pastoraux élaborés dans un bureau qui nous sauvent, et encore moins

monde occidental en crise de sens. Il faut donc dépasser toute vision de l’amour qui soit purement émotiviste ou

comme charnière vocationnelle ffaiblir les exigences constitutives du ma-

riage ou réduire l’Eucharistie à un signe d’intégration dans la communauté, équivaut à perdre tant le réalisme de l’ontologie sacramentelle que le don divin qui soutient la vie de l’Église.

logique casuistique, il convient d’accueillir le grand horizon positif que le document du Pape François ouvre pour la mis-sion de l’Église à l’attention les familles, en parti-culier en tant qu’il se concentre sur la question éducative comme question pastorale décisive. À

ce niveau, l’Institut Pontifical Jean Paul II se sent appelé de manière très particulière à rendre ’expérience qu’il a acquise au niveau théologique et

Roma, le 10 avril 2016 Melina, Président de l’Institut Jean Paul II

dans l’hebdomadaire « Fa-mille Chrétienne » n°1996 du 16 au 22 avril 2016, p.15 : « A LA

Exhortation : extraits

marquants, et réactions »

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Bulletin MAO 136 - Milan II

Avril 2016

Sommaire

Editorial 1

Compte-rendu du Congrès- la PFN autour du monde – M. et J.B. Joly 2

L’intimité conjugale dans le dessein de Dieu – D. Sauvage 4

Rappel cotisation CLER A&F 7

Expérience du suivi des utilisateurs PFN à partir d’un site – I. Ecochard 8

« Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a unis »- C.-D. Maire 11

Livre : Ils ont osé les méthodes naturelles ! – C. et G. Marion 19

De la connaissance du cycle féminin à la relation à Dieu – F. Pinguet 20

Premières réflexions sur Amoris laetitia – Mgr Melina 24

Amoris laetitia (suite) - La fécondité – I. et R. Ecochard 27

Sommaire 28

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Bonne lecture ! Prochain bulletin MAO Juin 2016…

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