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I INTERVIEW 066 — Plugged 5 Comment interpréter le titre de votre album “Forever I Can Purr” ? Vincent Argiolas (guitare, chant) : Quand on a une passion, on doit s’y consacrer corps et âme, quitte à ce que ce soit même un peu dangereux. Cet album, c’est une manière de dire : “Fais plutôt ce qui te fait ronronner, ce qui te fait vraiment plaisir”. Pour résumer, on fait de la musique car c’est ce qui nous donne envie de nous lever le matin. Sans se brider Avez-vous avez senti votre musique évoluer lors de l’enregistrement ? Géraldine Baux (chant, basse) : On a composé l’album pendant la tournée, en testant les morceaux en live. Du coup, le fait de jouer beaucoup nous a fait évoluer dans notre manière de composer. Les nouvelles chansons sont toutes différentes les unes des autres, car nous avons voulu exprimer tout ce qu’on ressentait sans se brider. Comment avez-vous choisi les morceaux ? V.A. : En fonction de l’ambiance dans laquelle on était. On ne s’est pas posé de questions, c’était assez naturel. “Dum Dum” ou “Warm Me Up” sont de véritables surprises. Ils sont si différents de ce qu’on a l’habitude de faire. G.B. : Dès qu’on ressentait un petit frisson, on gardait la chanson. Quelles sont les particularités de ce nouvel album par rapport au précédent ? G.B. : Cette fois, nous avons composé des chansons plus simples, sur le mode couplet/refrain. V.A. : On a beaucoup écouté Deerhunter, plein de trucs des 90’s, comme les Pixies ou Sonic Youth et des groupes bourrins de hardcore et de stoner. C’est ce qui se reflète tout particulièrement dans “Warm Me Up”. Mais l’album comporte aussi des titres plus pop… V.A. : On a voulu tendre vers les extrêmes, en faisant à la fois des morceaux pop encore plus pop, plus intimistes et des titres vraiment plus bourrins. Vos textes tournent aussi davantage autour de l’intime ? G.B. : Sur le premier, les histoires étaient toujours très imagées. Là, c’est plus flou, peut-être un peu plus sombre aussi. Certaines chansons sont presque violentes, d’autres assez douces. Chacune évoque un sentiment précis à un moment donné. Sur “The Dodoz”, vous parliez essentiellement de l’adolescence. Où en êtes-vous aujourd’hui ? G.B. : Certaines chansons regardent vers le passé et d’autres vers l’avenir, cela correspond à une période de transition pour moi. Dans la plupart de vos chansons, on perçoit de fortes aventures personnelles. C’est le cas de “Ghost”, le premier extrait de votre nouvel album, non ? V.A. : “Ghost” évoque le moment le plus fort vécu par l’un de nous (le décès de la grand-mère de Géraldine, Ndr). Pour nous, c’est objectivement un de nos plus grands morceaux. G.B. : La magie de “Ghost” ne serait pas arrivée s’il n’y avait pas eu d’histoire très particulière derrière. Pete, le cinquième Dodo ! Comment avez-vous travaillé avec Peter Murray, votre producteur-manageur, lors de l’enregistrement ? G.B. : Pete, c’est carrément le cinquième Dodo ! Il nous laisse aller au bout de nos idées. On partage avec lui cette même fougue de gamin pour la musique. Son avis compte autant que celui de chacun de nous. V.A. : Depuis le début, c’est le seul à se battre bec et ongles pour nous. Il fait front avec nous contre les gens qui essaient de nous changer. Il nous soutient dans nos choix, notamment celui de chanter en anglais, là où une maison de disques aurait tendance à nous inciter à opter pour le français. Chat va mieux en le disant Face aux turpitudes du temps et suite à la perte d’êtres chers, la musique des Dodoz s’est affirmée. Plus grave, mais toujours à la recherche du plaisir inassouvi, la musique des Toulousains revit, loin du ronron ambiant. TEXTE Aurélie Tournois & Christophe Laurent PHOTOS Manon Violence

Plugged n°5 - Interview The Dodoz

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Page 1: Plugged n°5 - Interview The Dodoz

IINTERVIEW

066 — Plugged 5

Comment interpréter le titre de votre album “Forever I Can Purr” ?Vincent Argiolas (guitare, chant) : Quand on a une passion, on doit s’y consacrer corps et âme, quitte à ce que ce soit même un peu dangereux. Cet album, c’est une manière de dire : “Fais plutôt ce qui te fait ronronner, ce qui te fait vraiment plaisir”. Pour résumer, on fait de la musique car c’est ce qui nous donne envie de nous lever le matin.

— Sans se brider Avez-vous avez senti votre musique évoluer lors de l’enregistrement ?Géraldine Baux (chant, basse) : On a composé l’album pendant la tournée, en testant les morceaux en live. Du coup, le fait de jouer beaucoup nous a fait évoluer dans notre manière de composer. Les nouvelles chansons sont toutes différentes les unes des autres, car nous avons voulu exprimer tout ce qu’on ressentait sans se brider.

Comment avez-vous choisi les morceaux ? V.A. : En fonction de l’ambiance dans laquelle on était. On ne s’est pas posé de questions, c’était assez naturel. “Dum Dum” ou “Warm Me Up” sont de véritables surprises. Ils sont si différents de ce qu’on a l’habitude de faire. G.B. : Dès qu’on ressentait un petit frisson, on gardait la chanson.

Quelles sont les particularités de ce nouvel album par rapport au précédent ?G.B. : Cette fois, nous avons composé des chansons plus

simples, sur le mode couplet/refrain. V.A. : On a beaucoup écouté Deerhunter, plein de trucs des 90’s, comme les Pixies ou Sonic Youth et des groupes bourrins de hardcore et de stoner. C’est ce qui se reflète tout particulièrement dans “Warm Me Up”.

Mais l’album comporte aussi des titres plus pop…V.A. : On a voulu tendre vers les extrêmes, en faisant à la fois des morceaux pop encore plus pop, plus intimistes et des titres vraiment plus bourrins.

Vos textes tournent aussi davantage autour de l’intime ?G.B. : Sur le premier, les histoires étaient toujours très imagées. Là, c’est plus flou, peut-être un peu plus sombre aussi. Certaines chansons sont presque

violentes, d’autres assez douces. Chacune évoque un sentiment précis à un moment donné.

Sur “The Dodoz”, vous parliez essentiellement de l’adolescence. Où en êtes-vous aujourd’hui ?G.B. : Certaines chansons regardent vers le passé et d’autres vers l’avenir, cela correspond à une période de transition pour moi.

Dans la plupart de vos chansons, on perçoit de fortes aventures personnelles. C’est le cas de “Ghost”, le premier extrait de votre nouvel album, non ?V.A. : “Ghost” évoque le moment le plus fort vécu par l’un de nous (le décès de la grand-mère de Géraldine, Ndr). Pour nous, c’est objectivement un de nos plus grands morceaux.G.B. : La magie de “Ghost” ne serait pas arrivée s’il n’y avait pas eu d’histoire très particulière derrière.

— Pete, le cinquième Dodo !Comment avez-vous travaillé avec Peter Murray, votre producteur-manageur, lors de l’enregistrement ?G.B. : Pete, c’est carrément le cinquième Dodo ! Il nous laisse aller au bout de nos idées. On partage avec lui cette même fougue de gamin pour la musique. Son avis compte autant que celui de chacun de nous.V.A. : Depuis le début, c’est le seul à se battre bec et ongles pour nous. Il fait front avec nous contre les gens qui essaient de nous changer. Il nous soutient dans nos choix, notamment celui de chanter en anglais, là où une maison de disques aurait tendance à nous inciter à opter pour le français.

— Chat va mieux en le disant —Face aux turpitudes du temps et suite à la perte d’êtres chers, la musique des Dodoz

s’est affirmée. Plus grave, mais toujours à la recherche du plaisir inassouvi, la musique des Toulousains revit, loin du ronron ambiant.

TexTe Aurélie Tournois & Christophe Laurent PHOTOS Manon Violence

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Jules Cassignol (guitare, chant) : Dès qu’on est fier d’un morceau, il a la même vision des choses que nous.

Son avis compte-t-il parfois plus que le vôtre ?V.A. : Non, bien sûr, même si on fait écouter beaucoup de nos morceaux à notre entourage. Mais on ne veut pas s’embrouiller en se focalisant sur ce que les gens veulent de nous. On doit faire abstraction du reste et foncer. G.B. : On est quatre avec chacun des avis très critiques. C’est difficile de trouver un truc qui nous plaise à tous, mais on créé déjà un filtre à la base.

Comment avez-vous réussi à donner cette cohérence à l’album ?G.B. : On a tout enregistré sur bande, en live. On a passé beaucoup de temps à travailler le son de base et après, on a tout joué une fois. Cette cohérence vient de notre jeu et du mixage réalisé par Mike Crossey. Il a magnifié le son et créé une belle harmonie entre les morceaux.

L’ordre des titres a-t-il fait l’objet de vives discussions ?V.A. : On savait depuis le départ que l’album commencerait par “Death In The Pocket Of His Coat”. Ce titre a un côté épique très rock. On aimait ce larsen en intro, qui donne un côté classique, comme un début de live. G.B. : On est assez satisfait de la tracklist. Dans “Death In The Pocket”, chaque instrument se rajoute l’un après l’autre. On aime bien cet effet.

— Authentique Peut-on dire que les larsens et toutes ces imperfections de son nourrissent quelque part votre musique ?G.B. : Oui, on adore ! Cela fait ressortir vraiment l’humanité d’un morceau. Aujourd’hui, on est envahi par beaucoup trop de musiques aseptisées.J.C. : Plein de morceaux sont devenus cultes à cause d’un déraillement de voix non programmé, c’est vraiment authentique.

Ne prendre que des premières prises, est-ce aussi une manière de vous mettre en danger ?G.B. : (en désignant V.A.) Lui, c’est un fou de la première prise. Même s’il se plante, il trouve que c’est génial !J.C. : (rires) Il se passe toujours un truc marrant.

On ne sait pas pourquoi, peut-être à cause du stress de la première fois, le morceau se déroule et tout est nouveau.

Géraldine, ce disque était-il pour vous un challenge vocal ?G.B. : J’ai évolué dans ma façon de chanter, les concerts m’ont fait progresser. Je me suis parfois lancée dans des parties quelque peu aventureuses, mais j’aime bien le fait d’avoir été poussée dans mes retranchements.

— en référence aux Ramones La pochette de “Forever I Can Purr” a un petit côté arty…Adrien Cassignol (batterie, chant) : C’est une référence aux vieilles pochettes des Ramones. Avec un coté arty-intello. C’était naïf, on voulait changer des paysages éthérés, sans aucune écriture. On préférait perpétuer un esprit live avec une référence aux 70’s et 80’s. On a posé chez nous à Toulouse, avec nos motos et nos mobylettes.

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant sa sortie ?G.B. : On est très impatient car sa sortie a été repoussée plusieurs fois. On a hâte d’avoir des retours.V.A. : On est pas tranquille, mais pas inquiet non plus, car on n’a pas de doute sur cet album. A.C. : On l’assume à 3000%. On s’est beaucoup affirmé avec nos qualités et nos défauts. Si ça plaît tant mieux, sinon tant pis.

myspace.com/thedodoz & thedodoz.com

“Aujourd’hui, on est envahi par beaucoup trop de musiques aseptisées.”

Géraldine Baux