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Pneumothorax au décours d’une légionellose

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Page 1: Pneumothorax au décours d’une légionellose

Lettre à la rédaction

Pneumothorax au décours d’une légionellose

S. Ben M’Rad, N. Chaouch, S. Merai, F. Tritar, F. Djenayah

Hôpital Ariana, Pavillon C, Tunis, Tunisie.

Tirés à part : S. Ben M’Rad, Pavillon C, Hôpital Ariana, 2080, Tunis,[email protected]

Réception version princeps à la Revue : 20.01.2004.Retour aux auteurs pour révision : 29.01.2004.Réception 1ère version révisée : 13.02.2004.Acceptation définitive : 13.02.2004.

Les pneumothorax infectieux se voient essentiellementau décours des tuberculoses pulmonaires, des pneumocystoseset des staphylococcies pleuro-pulmonaires.

La survenue d’un pneumothorax au décours d’une légio-nellose constitue une éventualité exceptionnelle.

Observation

Mr B.C. âgé de 25 ans, d’origine libyenne, tabagique à 25PA, sans antécédents particuliers, a présenté une symptomato-logie aiguë faite d’une fièvre à 39 °C, de frissons, de céphaléetenace, de toux sèche, de vomissements et d’une diarrhée,compliquée 2 jours après, par l’installation d’une douleur tho-racique gauche en coup de poignard, motivant la réalisationd’une radiographie du thorax. Cette dernière, montrait uneopacité alvéolaire excavée apicale gauche, associée à un décol-lement pleural gazeux homo latéral. La gazométrie trouvaitune hypoxie a 44 mmHg avec hypocapnie à 34 mmHg et unesaturation à 83 % imposant la mise en place d’une oxygéno-thérapie à la sonde nasale, ainsi que d’un drain thoracique etd’une antibiothérapie parentérale à base d’amoxycilline-acideclavulanique. L’absence d’amélioration a amené à son transferten pneumologie.

L’examen physique trouvait une fièvre à 38,5 °C et unediminution des murmures vésiculaires au sommet gauche. À labiologie on notait une hyper leucocytose à 16 000 el/mm3,une VS à 88 mm la 1re heure, des SGOT à 92,3 UI/L, desSGPT à 139 UI/L, une hyponatrémie à 129 mmol/l et unehypokaliémie à 3 mmol/l. La sérologie VIH était négative. Lafibroscopie bronchique était normale et la recherche de BKdans les crachats et le liquide bronchique était négative.

La symptomatologie clinique et biologique était forte-ment évocatrice d’une légionellose et l’antibiothérapie initialeétait remplacée par un macrolide (3 g/24 h). La sérologie deslégionelloses était d’emblée très élevée permettant de conforterla suspicion clinique.

L’évolution était rapidement favorable avec apyrexieobtenue au bout de 3 jours, normalisation de la gazométrie aubout de 4 jours et du bilan biologique au bout de 10 jours. Ledrain était enlevé au 7e jour et un nettoyage radiologiquecomplet était obtenu au bout de 21 jours.

Rev Mal Respir 2004 ; 21 : 602-3602

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Commentaires

La légionellose pulmonaire continue à sévir sous uneforme épidémique ou sporadique. Cette pneumopathie estdue à un germe à développement intra-cellulaire, la légionellapneumophila à transmission essentiellement hydro-aérique età l’origine d’une atteinte polyviscerale associant une fièvre, dessignes neurologiques, cardiaques, hépatiques, digestifs et res-piratoires.

Le caractère excavé de l’opacité d’une part, et son siègeapical était plutôt évocateur d’une tuberculose pulmonairechez notre patient, originaire d’un pays à forte endémie.L’association à un pneumothorax confortait d’ailleurs ce der-nier diagnostic.

Toutefois, l’absence de signes d’imprégnation tubercu-leuse, l’association à des signes digestifs et neurologiques, lesperturbations biologiques, la négativité du bilan de tubercu-lose et les données de la sérologie, étaient plus en faveur d’unelégionellose.

L’amélioration spectaculaire sous macrolides a constituéun argument de plus en faveur de ce dernier diagnostic.

L’atteinte pleurale au décours de la légionellose est excep-tionnelle. En effet seul un cas de pleurésie de grande abon-dance [1] et 3 cas de pneumothorax ont été rapportés dans lalittérature dont 1 chez un sujet porteur d’un sida [2, 3].

La rupture de lésions bulleuses fragilisées par l’infectionet la toux, semble l’éventualité le plus plausible chez notrepatient. En effet, la rupture de la lésion excavée aurait plutôtété à l’origine d’un pyopneumothorax.

L’évolution des pneumothorax secondaires aux légionel-loses est généralement favorable, aucun passage à la chronicitén’a été déploré dans la littérature.

Références

1 Stone AW, Delaney MD, Lindenmuth NW : Rapid development ofmassive pleural effusion in Legionnaires’disease. South Med J 1980 ; 73 :1377-8.

2 Bali A, Pierry AA, Bernstein A : Spontaneous pneumothorax complica-ting Legionnaires’disease. Postgrad Med J 1981 ; 57 : 656-7.

3 Sundkvist T, Carlsson MG : Legionnaires’disease : unusual presenta-tion with pneumothorax. Scand J Infect Dis 1983 ; 15 : 127-8.

Pneumothorax au décours d’une légionellose

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