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l l T OURNER LA PAGE L a période des partiels ressemblerait-elle à une période électorale ? Les meetings ? Les salles d’examen avec huées et applaudisse- ments refoulés. Les émotions ? Les up and down des fins et débuts d’épreuve. Les élections ? Le ré- sultat des examens. Le stress ? Le café. Les ren- contres ? Les professeurs d’amphi jamais vu auparavant. Bref finalement la vie étudiante c’est un peu la vie politique sans l’avion ! Pour tous, le mois de mai a été un grand bouleversement ! Un volte face avec un changement à gauche et une fin d’année sco- laire. Et pendant que les souris dansent, les étudi- ants parlent... “Tourner la page, oui, mais quelle histoire allons nous découvrir ? Celle d'une France meilleure et plus juste que nous espérons tous ? J'at- tends de ce nouveau président une France plus re- spectueuse de son peuple.” (Jade, Master 1, 10 mai 2012) POL’ EXPRESS avec AIR HO AND ® N°6 - MAI/JUIN 2012 Edito

POLEXPRESS N°6 - Tourner la page

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Bimensuel étudiant - Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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TOURNERLA PAGE

La période des partiels ressemblerait-elle àune période électorale ? Les meetings ? Lessalles d’examen avec huées et applaudisse-

ments refoulés. Les émotions ? Les up and downdes fins et débuts d’épreuve. Les élections ? Le ré-sultat des examens. Le stress ? Le café. Les ren-contres ? Les professeurs d’amphi jamais vuauparavant.Bref finalement la vie étudiante c’est un peu la vie

politique sans l’avion ! Pour tous, le mois de mai aété un grand bouleversement ! Un volte face avecun changement à gauche et une fin d’année sco-laire. Et pendant que les souris dansent, les étudi-ants parlent... “Tourner la page, oui, mais quellehistoire allons nous découvrir ? Celle d'une Francemeilleure et plus juste que nous espérons tous ? J'at-tends de ce nouveau président une France plus re-spectueuse de son peuple.” (Jade, Master 1, 10 mai 2012)

POL’ EXPRESS

avec AIRHO AND®

N°6 - MAI/JUIN 2012

Edito

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UN P'TIT TOUR ET PUIS S'EN VONT ?!

Jéromine Chastagner

vie etudiante

Avoir une carte étudiante ne permet malheureuse-ment pas aujourd'hui d'obtenir une carte deséjour: les étudiants étrangers sont confrontés aumépris des préfectures, à l'incertitude de pouvoirrenouveler leur titre et de poursuivre leurs études.A cela s'ajoute les difficultés pour trouver un jobétudiant ou obtenir des aides sociales, la certitudede ne pas avoir droit à l'erreur, au redoublement,à une absence... Le moindre faux pas étant con-sidéré par les préfectures comme une « inco-hérence de parcours », prétexte aunon-renouvellement du titre de séjour.Pour appuyer cette politique discriminatoire, unecirculaire a fait un peu parler d'elle cette année: lacirculaire Guéant du 31 mai 2011 qui durcit no-tamment les conditions pour les étudiants ayantobtenu un diplôme de bénéficier du droit de resteren France pour travailler.

Au delà des circulaires c'est un ensemble de loiset de pratiques qui ont lieu dans les préfecturesdepuis maintenant des années que l'on peut qual-ifier de véritable xénophobie d'Etat, certains étu-diants même en situation régulière ne bénéficientainsi pas des mêmes droits que les étudiantsfrançais: Balla, étudiant malien, est venu enFrance pour poursuivre des études en fiscalité àParis 1.

L'an dernier, il décide de se rendre aux Pays Bas,alors qu'il est en situation régulière en France.Mais voilà, lors de sa demande de renouvellementde titre de séjour, la préfecture ne lui donne pasde « récépissé » ce qui est pourtant contraire à laloi, ce papier devant justifier la régularité de sa sit-uation le temps du renouvellement du titre officiel.Lors de son voyage en train, il est arrêté et envoyéen centre de rétention à Rotterdam. De là, il estsoutenu par le RESF de Bruxelles, et prend con-tact avec le RUSF (Réseau Universitaire SansFrontière) de Paris 1 qui lance une mobilisationavec d'autres syndicats étudiants pour demandersa libération. Grâce à cette mobilisation, aux pres-sions et aux nombreux soutiens, Balla a été libéréet son titre de séjour renouvelé.

Aujourd'hui, il est devenu un membre du RUSFParis 1. Ce collectif propose des permanencesd'aides et de soutiens aux étudiants étrangerstous les samedis de 10h à 12h et permet d'en-gager des mobilisations si nécessaire.

Ils sont étudiants, à coté de nous dans les amphis, et pourtant ils n'ont pas les mêmes droits...

Etudiantsétrangers

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* Tous les prénoms ont été changés, l’anonymat ayantété exigé par les personnes interrogées.

politique

Les institutions étatiques dans LA TOURMENTE DES ELECTIONS PRÉSIDENTIELLES

Avoir tous les députés et les ministres dansl’agitation, on pourrait croire que ce sontl’ensemble des membres des institutionsétatiques qui font campagne. Pourtant,

pour la majorité d’entre eux, la période électorale estune période de stand-by.

Les assistants parlementaires qui œuvrent au fonction-nement quotidien de l’Assemblée nationale ne peu-vent, en principe, participer à la campagne qu’à titreprivé. Cette interdiction est liée aux lois de 1988 et 1990relatives au financement des partis selon laquelle lesdépenses de campagne doivent être transparentes.Elles sont contrôlées par la Commission nationale descomptes de campagne et des financements politiques(CNCCFP).

Par assistants parlementaires, on désigne à la fois lescollaborateurs parlementaires et les conseillers par-lementaires. Le cadre d’emploi des conseillers est par-ticulier : ils ne travaillent pas pour un député mais pourun groupe parlementaire dans une forme de secrétariatcollectif. Ils sont donc en CDI avec une association ausens de la loi de 1901 qui n’est autre qu’un groupe par-lementaire. L’objet de leur contrat est le travail législatif,c’est pourquoi ils sont rémunérés par l’Assemblée na-tionale. Selon Françoise*, conseillère parlementaire, « notreboulot c’est de conseiller les députés sur les projets deloi et les réformes », il s’agit de faire « la traduction dufrançais en droit et du droit en français ». Les con-seillers connaissent donc les textes en profondeur, cesont les premiers à connaître l’action législative du can-didat sortant. Pourtant ils n’ont pas le droit de participerà la campagne car ils sont rémunérés par l’Assemblée: en clair, « c’est comme si un salarié de l’Oréal travaillaitpour la campagne durant ses heures de travail, celarevient à de l’abus de biens sociaux » ! Si tout le groupese mettait à travailler sur la campagne, le risque seraitde devoir réintroduire dans les comptes de campagneles salaires octroyés par l’Assemblée : « On ne peutpas jouer à ça ! ». Le seul moyen pour eux de par-ticiper à la campagne est de prendre un congé sanssolde ou de donner leur démission.

A l’inverse, le caractère flou du cadre d’emploi d’un col-laborateur parlementaire lui permet de travailler indi-rectement sur la campagne. Il œuvre pour un uniquedéputé, il est aussi sous contrat de droit privé mais ilest rémunéré via le crédit collaborateur de son député.Son rôle ne se limite pas au travail législatif, il s’agit tantd’organiser l’agenda du député que de faire des notessur un événement au niveau régional, en circonscrip-tion. Ainsi il continue légitimement à travailler pour sondéputé, même s’il est en campagne. Il a le droit de par-ticiper indirectement à la campagne mais seulementdans le spectre de la campagne effectuée par sondéputé. Du reste, il continue son travail habituel deréponse aux appels et aux courriers, certains prennentmême un congé, le travail législatif ayant pris fin.

Au Gouvernement, tous les agents - fonctionnaires,contractuels comme Ministres - sont tenus de re-specter la « période de réserve électorale » qui adébuté cette année le 23 mars. Selon Pierre*, chargéde la communication dans un cabinet ministériel, celaimplique de n’avoir « ni le droit de critiquer, ni le droitde valoriser » une mesure. Ainsi, interdiction, par ex-emple, de faire un communiqué sur des chiffres positifsau sujet de la place des handicapés dans la fonctionpublique sauf si un journaliste les sollicite à ce sujet.Alors il est possible de demander à un journaliste deposer la question ? Eh non ! « On n’est pas dans uneRépublique bananière ! » et cela pour une raison sim-ple : d’une part ce n’est pas une pratique tolérée etsurtout, selon l’interrogé, en période électorale les jour-naux s’en désintéressent.

Aussi, en période électorale, l’activité dans les institu-tions démocratiques est ralentie. Au Parlement, ladernière séance parlementaire a eu lieu le 6 mars 2012pour l’Assemblée Nationale. Au Ministère, l’activitéralentie aussi mais ne s’arrête pas : « on a encore desdécrets à passer, même entre les deux tours ». Sou-venez-vous de l’épisode du refus des syndicats d’as-sister au Conseil supérieur de la Fonction publiqued’État, c’est justement ce qu’ils dénonçaient, parlant de« passage en force ». Pierre, membre du cabinet, es-time pour sa part qu’ils n’auraient pas agit ainsi en de-hors d’une période électorale car c’est une négociationqu’ils réclamaient depuis longtemps et que les ré-formes engagées correspondent à leurs réclamations.

Un stand-by aussi car le sort de nombre de membresde nos institutions démocratiques dépend totalementdu résultat de l’élection : le 6 mai 2012, certains devronten effet « tourner la page ».. Olivier*, collaborateur d’undéputé très impliqué dans la campagne aura trois al-ternatives : si son député devient Ministre, il a alors unechance d’intégrer les plus hautes sphères de l’Etat, sison député est réélu, il conservera son poste mais sison député perd… De son côté, Pierre, dont le contratcomme celui des autres membres du cabinet va pren-dre fin le 16 mai, jour de l'investiture du nouveau Prési-dent ou du renouvellement de mandat du Présidentsortant, connaîtra les mêmes incertitudes : « la pre-mière incertitude est la réélection de Sarkozy, la sec-onde est la nomination du même Ministre et la troisièmeest que ce même Ministre me reprenne ».

Ainsi, l’élection présidentielle, impliquant les électionslégislatives, correspond à un renouvellement profondde nos institutions étatiques. On ne vote jamais unique-ment pour un candidat, mais toujours pour un corpsde personnes !

Johanna Gonnord, avec le concours des bienveillants anonymes et de Clara Gonzales

C’est bien connu, on ne gagne jamais seul ! Et pour preuve, aucun candidat ne s’aventure dans les méandres de la présidentielle sans une solide équipe de cam-pagne. Une équipequi sera composée de membres influents : les responsables thématiques et les porte-paroles, « les ténors », majoritairement des élus ou des re-sponsables du parti. On y trouvera également, pour des postes permanents plus techniques, des salariés qui bénéficient d’un CDD. Leur rémunération s’effectue autitre des frais de campagne et leur contrat prendra fin une fois la campagne terminée. D’autres salariés sont mis à disposition par le parti, c’est-à-dire que le parti “prête”ses salariés à l’équipe de campagne, c’est le parti qui reste l’employeur et qui verse la rémunération. La grande masse est composée d’intervenants non payés, desbénévoles. Certains d’entre eux, généralement les ténors, peuvent espérer une place au Gouvernement en cas de victoire de leur candidat, d’autres, s’ils sont jugéscompétents seront repris pour les législatives.

La période électorale estune période destand-by.

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Culture

par Meghan Bellaiche & Yannis Aoustin

Les Neg Marrons - Le Bilan (2000) Un classique pour clôturer cettederniiiière playlist de ce deeeerniernuméro en fredonnant un nostal-gique « le temps passe et passe etpasse, et beaucoup de choses ontchangé. Qui aurait pu s'imaginerque le temps se serait si vite écoulé?». Ne pleurez pas. Nous aussi onvous aime.

The Strokes - The end has no end (2003)Si le reste de la chanson ne sembleavoir de sens que pour la bande àCasablancas, le refrain, martelantsur un rock froid et métallique quela fin n'a jamais de fin, suffira à faireméditer les plus brutaux d'entrenous. Et oui, on ne balaie pas toutd'un revers de Gibson avec lesStrokes!

Kate Nash -Foundations (2007) « Yeah, intelligent input, darlin',why don't you just have anotherbeer then? » Léger, simple, drôle.Kate Nash trouve l’art et lamanière de faire le bilan d’une re-lation amoureuse tout en réussis-sant à nous la faire oublier.

Pete Yorn & Scarlett Johansson - YoungFolks (2006)Parce que peu importe oùvous irez, ce que vous ferez. Etsi c’est la voix rauque de la sul-fureuse Scarlett qui le dit hein…

General Elektriks -Summer is here (2011) C’est frais, ça sent bon l’été.Tout est dans le titre: a t-onvraiment besoin de plus d'explications?

Foster The People -Waste (2011) Il a raison Mark Foster, on peuten gâcher des jours. Et on peutaussi se réveiller et changerpour les gens qu'on aime, dixitles adeptes du « Pumped UpKicks » (on a toujours rien pigéd’ailleurs..!). Allez, on arrête degâcher et on court au Flunchavec sa moitié!

Girls - Lust for life (2009) « Lust for Life »: le désir de vivre. Pastoujours facile quand il arrive desbricoles, hein! Contre tous les coupsde cafard, il y a la pop solaire et tor-turée de Girls: il suffit de regardertous ces jolis jeunes gens dans leclip pour avoir tout de suite envie deprendre un nouveau départ!

PlaylistEt maintenant, que vais-je faire?Pardonner tous ces amphis loupés, enterrer ces nuits blanches le dos courbé sur l’ordi à finirnotre exposé, oublier ces heures passées dans nos chères bibliothèques… STOP.Il est temps de faire un arrêt dans ce numéro pour « Tourner la page ».

Et pour tourner la page on fait quoi ? On prend quelques minutes pour apprécier la dernièrePlaylist de Pol’Express !

Phoenix - Summer days (2000)Non, Phoenix n'est pas né descendres de Lisztomania! AvecSummer Days, prenez le volant,ouvrez les vitres, attendez lesoleil, et roulez... Vous y verrezpeut-être plus clair!

Eric Hutchinson -Rock & Roll (2009) L'aime-je? S'est-il/ elle brossé lesdents? Et maintenant qu'on s'est faitun bisou, on doit se marier? Avec«Hutchy», no more questions! Onse fait beau, on picole, on pécho.Holy shit, holidays!

One-Two - Annie Mall (2005) Alors oui, vous avez vu cette fille, etvous vous êtes pris pour Baudelaireen lui écrivant un «à une passante»en chanson, pensant que votre ac-cent frenchy ferait l'affaire. Mais ilfaut l'oublier maintenant, elle ne saitpas qui vous êtes! Consolez-vous,les One-Two ont fait pareil. En dé-janté.

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Lettre ouverte

En février dernier, le Cri du Sorbonnard, journalétudiant de Paris 1, sortait un numéro titréOsez un autre féminisme !. Une série d'articlesrépondait à la question posée: le féminisme

est-il toujours d'actualité ?

Était-il nécessaire de s'aventurer plus loin dans la lecturequ'après celle de l'édito qui annonçait une analyse auxconsonances plus proches de celles de Michel Sardou(« Depuis les années 80, les femmes sont des hommesà temps plein...») que de celles d'une analyse pertinenteet progressiste de la place de la femme et de la féminitéà notre siècle ? Car malgré un premier article non sans intérêt rappelantles combats féministes que mènent nos voisines duMoyen Orient, les deux articles suivants déversaient unflot d'inepties radicales que mon propre féminismem'amène à dénoncer et combattre. On pouvait donc ylire - dans un article dont l'argumentation serait utile auxrécents pourfendeurs de « l'IVG de confort » - que l’État,depuis le vote de la loi Simone Weil de 1975, permettaitaux vilains médecins du planning familial de « s'enrichirsur la détresse des femmes », que l'avortement n'étaitqu'une facilité permettant aux jeunes filles d'effacer lesconséquences de leurs actes qui leur serait gravementdommageable psychologiquement, et que, finalement,les féministes étaient probablement les pires ennemiesque la femme n'ait jamais connu ! Que l'IVG soit un actegrave et surtout difficile pour chaque femme qui fera cechoix n'est pas contestable, et d'ailleurs les médecinsqui prennent en charge les jeunes filles au Planning fa-

milial se chargent de leur laisser une semaine de réflex-ion après un premier rendez-vous.

Qu'on publie un article conservateur et néo-puritain, quis'attaque à une liberté que la femme a durement gagné,sans prévenir des enjeux et conséquences que de telspropos comportent s'ils sont partagés sans critiquesn'est ni acceptable, ni raisonné. Cela surtout quand se trouve à la suite un second papierqui réécrit l'Histoire de l'arrivée des femmes sur lemarché du travail et ses conséquences, le tout sur unfond de misogynie magistrale. L'auteur nous apprendque Bridget Jones est devenue le symbole du « progrèssocial » vanté des féministes - ah bon ?. Lui la considèrecomme la concrétisation cinématographique de ce quela femme « libérée du carcan patriarcal » est devenue :« une trentenaire superficielle, creuse et finalement unpeu paumée ». Triste avenir auquel il nous destine.. !Pauvres de nous, femmes libérées du XXIe siècle, qui nelisons que des magazines féminins et ne pensons qu'àperdre nos potentiels kilos de trop, quand jadis, sous latutelle de nos pères et de nos maris, nous étions siépanouies...

Oui, le féminisme est toujours d'actualité ; le Cri du Sor-bonnard nous en a, plus que jamais, convaincu.

Post féminisme

Clara Gonzales

Des militants d’Act Up manifestent contre le Front National devant la statue de Jeanne d’Arc place des Pyramides à Paris, la veille du traditionnel rassemblement du 1er mai.

Page 6: POLEXPRESS N°6 - Tourner la page

La parole est a vous: et si nous etions tous députés !

La députée la plusblasée

“Je pense que cela va être compliqué de"tourner la page" dans un contexte de criseéconomique majeure, même avec une alter-

nance politique. Je ne suis pas confiantepour l'avenir et je ne pense pas que FrançoisHollande pourra inverser la tendance, sur-tout s'il met en place une politique laxiste

pour régler les questions sociales et écono-miques.”

Marie, en L1 d'Histoire-science politique àla Sorbonne, 9 mai 2012

Le député le plus jeune“Je dirais que l'élection de François Hollande a eupour effet de rompre avec le fatalisme qui pesait surles épaules de notre génération militante et sympa-thisante. Beaucoup de jeunes n'ont pas fait le choixde François Hollande au premier tour, se sont dis-persés à l’extrème gauche comme à l'extrêmedroite avant de se réunir majoritairement pour lecandidat du PS au deuxième tour. Il lui incombedonc de tenir ses promesses vis à vis de la jeu-nesse, sous peine de nous enfoncer un peu plusdans la crise morale et économique que notre gé-

nération essaye de surmonter.”Attilio, en bi-licence histoire-science politique, 9 mai.

LE DÉPUTÉ LE PLUS “LA COM’ AVANT TOUT”

“Le storytelling de campagne socialiste était bâtisur l’amour, la solidarité, la « normalitude » ducandidat, bref, sur des valeurs censées rendre

l’Homme heureux. Au contraire, en racontant unehistoire de continuité et de divisions, Nicolas Sar-kozy n’a pas réussi à faire rêver. Incarner un rêve

est essentiel pour mobiliser les foules. Peu im-porte les compétences et les programmes.”

Benjamin Blanck, étudiant à l'EAC (Ecole desmétiers de la Culture - Paris), 8 mai 2012

LA DÉPUTÉE LA PLUS CONTENTE

"Je suis vraiment contente que François Hollandeait été choisi comme Président de la République.En cette période de crise je pense que de nom-breuses personnes ont besoin d'un peu d'espoirquant à l'avenir, et de voir que la crise et la ré-cession ne sont pas une fatalité. Avec lui va seconstruire une nouvelle façon de penser la so-ciété, différente de celle que nous avons connu

ces 5 dernières années..."Chloé, étudiante en Histoire, 9 mai 2012

LA DéPuTéE LA PLuS RêvEuSE

“Vingt ans qu'on l'attendait, voila qu'elle est ar-rivée: l'alternance!! Outre le soulagement d'avoirréussi à sanctionner le président sortant, la vic-

toire de François Hollande, la victoire de laGauche, est pour moi un véritable espoir. L'es-poir d'un souffle de renouveau, d'une France

apaisée, unie, et sociale, d'une France plus juste!Mais aussi une curiosité: à quoi ressembleracette France rose, cette France "idéale" parcequ'inconnue et tant attendue ...? Une crainteégalement; celle d'être déçue après tant de

liesse.”Bérénice, étudiante en droit, 20 ans, 9 mai 2012

LA DÉPUTÉE LA PLUS PARTAGÉE

“D'un cote, j'ai hate de constater le "change-ment" dont il nous a temps parlé et d'un autreje crains que F.Hollande n'ait pas la "stature

presidentielle" en ce sens qu'il n'a pas le cha-risme necessaire, la repartie suffisante et sur-

tout peu d’experience politique. Ce quej'attends de lui ce n'est pas grand chose

puisque ses idees ne me conviennent pasmais j'espere que, contrairement a NicolasSarkozy, il ne va pas nourrir la haine envers

les musulmans.”Daliah, en L3 de droit à la Sorbonne, 9 mai

2012

LA DÉPUTÉE LA PLUS À GAUCHE

“L’incarnation d’un message de solidarité etd'union dans l'adversité, un espoir communde renouveau. On en revient à la définitionstricte de la Nation qui repose essentielle-

ment sur la volonté de vivre ensemble. Finiesles anciennes habitudes visant à diviser, mon-trer du doigt et accabler certains pour éviterde faire face aux réels problèmes. Beaucoupd’attentes placées sur les épaules d’un seul

homme, pourvu qu’il soit à la hauteur !”Mélissa étudiante en Droit à Paris 1, 9 mai.

LE DÉPUTÉ LE PLUS MÉFIANT

“Mes doutes se portent la dessus : commentfinance-t-on le retour de la retraite à 60ans, la suppression des charges patronalespour l'emploi des juniors et séniors et lacréation de 65 000 postes de fonctionnairessupplémentaires ? Comment retirer nostroupes d'Afghanistan d'ici fin 2012 ? Com-ment réduire la part du nucléaire de 25%(75% actuellement) en fermant UNE seulecentrale ? Quelle hausse du SMIC ? La taxa-tion des hauts revenus est-elle une solution? La dette est une épée de damoclès surnotre économie alors bonne chance à FHcar la tâche s'avère rude et la crise ne sera

pas un argument en cas d'échec...” Aurélien, jeune assistant chargé d'opéra-

tions immobilières, 9 mai 2012

Le député le plus coloré

"Malgré son vernis rose, un exercice démocratique 2012

entaché de vaguelettes bleues. A quand letsunami et le secours de la Marine national ?Un vert bien fade, du rouge cramoisi à forced’être sous le feu des projecteurs et du jus

d’orange concentré, teneur réelle à 8%. Une élection qui en a vu de toutes les cou-leurs finalement : la France colorée certes,

mais pas trop de Noirs s’il vous plaît !” Vincent, étudiant à la Sorbonne, 11 mai 2012

LA DÉPUTÉE LA PLUS DÉPITÉE"Les visages défilent de plus en plus rapide-ment, le coeur bat de plus en plus fort et là...Rien, le vide, aucune émotion ne se profile à

l'horizon. A chaque seconde de la cam-pagne nous y avons cru, de tout notre

coeur, pour la France et notre avenir. Maisl'alternance fait partie de notre République;les Français ont parlé. C'est un adieu déchi-

rant, un deuil politique."Laurene, Paris, Etudiante, 9 Mai 2012.

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La parole est a vous: et si nous etions tous députés !

La députée la plusblasée

“Je pense que cela va être compliqué de"tourner la page" dans un contexte de criseéconomique majeure, même avec une alter-

nance politique. Je ne suis pas confiantepour l'avenir et je ne pense pas que FrançoisHollande pourra inverser la tendance, sur-tout s'il met en place une politique laxiste

pour régler les questions sociales et écono-miques.”

Marie, en L1 d'Histoire-science politique àla Sorbonne, 9 mai 2012

LE DéPuTé LE PLuSHYPER

“Ce n’est pas un travail «normal» qui attend notreprochain Président et il ne faudrait pas que l’hypo-

présidence succède à l’hyper-présidence.”

Mattéo, en L1 d'Histoire-science politique à laSorbonne (et militant République Solidaire - mou-vement de Dominique de Villepin -), 9 mai 2012

LE DÉPUTÉ LE PLUS CONTRE LA COM’

“L'election de François Hollande ne relèveplus seulement d'un évènement démocra-tique, c'est devenu bien trop médiatique.

Les résultats n'étaient pas inattendus. Mon-sieur Hollande a été élu président par le pe-uple Français, influencé de quelque manièrequ'il soit, et il faut maintenant s'y soumet-

tre, d'accord ou non.”Tristan, BA French University of Kent, 10

mai 2012

LA DéPuTéE DE L’iNTéRêT GéNéRAL

"Le plus important n'est pas qu'il s'agissed'un Président de gauche ou de droite car je

pense que le temps où l'on votait unique-ment en fonction du bord politique des can-didats est révolu. Je trouve dommage que

l'on ait massivement cherché à diaboliser lePrésident sortant, j'ai de même vraiment re-gretté les propos de Monsieur Hollande "j'enconviens, je n'aime pas les riches", que j'aitrouvé plein de haine. Pour le bonheur detous je souhaite néanmoins que tout coeurque le Président Hollande nous prouve qu'ila mérité ses suffrages, pour que dans 5 ansnous puissions dire que nous sommes fiers

d'avoir élus, en 2012, un Président degauche en France".

Julie, étudiante en L3 droit à Paris 1

La deuxième députée laplus partagée

“Une grande joie, un formidable espoir ! J'aifrissonné car j'ai réalisé que ma vie pourrait

complètement changer, que l'égalité desdroits était à portée de main et qu'un nou-

veau futur pourrait se dessiner. L'élection deFrançois Hollande peut sembler néglige-

able pour certains mais pour moi, c'est plusque la Gauche au pouvoir. C'est une vie

d'égalité, un futur différent qui fait bondir lecoeur d'attente et d'espoir.

Reste le sentiment que cette élection amoins été le plébiscite d'un homme que le

rejet d'un autre et un taux de bulletinsblancs très important traduisant concrète-ment une véritable crise de la représenta-tion démocratique dans notre pays avec

une montée de l'extrême droite qui laisse ungout amer au fond de la gorge.”

Mary, 3e année d'Histoire-science po, 9 mai2012

LA DÉPUTÉE LA PLUS DÉPITÉE"Les visages défilent de plus en plus rapide-ment, le coeur bat de plus en plus fort et là...Rien, le vide, aucune émotion ne se profile à

l'horizon. A chaque seconde de la cam-pagne nous y avons cru, de tout notre

coeur, pour la France et notre avenir. Maisl'alternance fait partie de notre République;les Français ont parlé. C'est un adieu déchi-

rant, un deuil politique."Laurene, Paris, Etudiante, 9 Mai 2012.

LE DéPuTé LE PLuS FORT EN COM’

“Après une campagne exaltante et inten-sive, ce résultat sonnait la victoire de l'e-

spoir sur la peur ! Un vrai moment de joieet de bonheur partagés dans la fête

collective ! Mais le devoir de François Hollande était double : gagner pour réussir.Alors nous qui scandions "Le changement,c'est maintenant !", désormais, nous devons

travailler en disant : "Maintenant, le changement !”

Paul, étudiant en première année à Sciences Po, le 8 mai 2012

Page 8: POLEXPRESS N°6 - Tourner la page

“Malgré le nombre de candidats qui se sontprésentés, aucun ne m'a donné l'envie et la con-viction de déposer mon enveloppe dans l'urne. Jene voulais pas “craquer» sous la pression média-tique culpabilisante. Le #vote est signe d'une ap-partenance sociale, est signe d'une conformité aumodèle social dominant. » Mel, étudiante en Droitpublic, Nice, 10 mai 2012

“Une #ambivalence. Si une page se tourne réellement, il y en a une autre à écrire. En ce sensj'attends de ce quinquennat qu’il soit à la hauteurde mon euphorie du #6mai à 20h.” Louis, étudianten Histoire (L3) à Paris 1, 10 mai 2012

“Passer ce constat #désillusionné, c’est espérerque ces souffrances seront moins dures à supporter avec un président qui n'oppose pas lesFrançais les uns aux autres.” Benjamin

“N'ayant jamais connu une présidence socialiste,la politique francaise, dopée par la nouvelle#génération, entre dans une nouvelle ère”. U.,étudiant en Histoire - Science politique (L1) àParis1

“Son réel point faible est son manque d’#expéri-ence. Certains points de son programme peuventénormément nuire à l’économie française. Il fautlui laisser une chance mais la route va être longueet difficile.” Pierre

“J'entends que le monde s'effondre, que notrepays est fini et #condamné à l'oubli. Un électeurde droite sans déception.” Bertrand

”Un #nouveaudépart pour notre pays !” Marine

“Un formidable élan, un #espoir, un mieux, uneplace de la bastille bondée, une rage de vivre,une trève dans une France par trop austère, unchapeau fuchsia qui fait sourire les passants. Unevictoire enfin. Et voir, pour un temps au moins, la#vieenrose.” Jeanne

Imaginez-vous Twittos engagésLa parole est a vous

Page 9: POLEXPRESS N°6 - Tourner la page

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Imaginez-vous Twittos engagés Les accros à Facebook : En exclu, les meilleurs statuts elections et partiels confondus !

Page 10: POLEXPRESS N°6 - Tourner la page

Après de longues heures d'attente, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault à été dévoilé ce mercredi 16 mai à 19h30 par Pierre-René Lemas,tout juste nouveau secrétaire général de l'Elysée. Certains portefeuilles ministériels ne sont pas une surprise, depuis plusieurs semaines

des noms comme ceux de Laurent Fabius, Manuel Valls ou encore Pierre Moscovici circulaient pour prendre la tête de grands ministères. Voicien détail le portrait des ministres les plus importants de ce gouvernement.

BONJOuR, vOuS êTES MiNiSTRE DE...par Milena Peillon

LAuRENT FABiuSMinistre des Affaires étrangères Eléphant du Parti Socialiste, ancien premier ministre du gouvernement de François Mitterrand. Chargé des questions de politiquesinternationales lors de la campagne. Pas connu pour être proche de F. Hollande,plusieurs points les opposent. Il avait d'ailleursappelé à voter Martine Aubry lors des primairessocialistes, mais sa grande expérience gou-vernementale font aujourd'hui de lui un hommefort du gouvernement.

CHRISTIAN TAUBIRA Garde des sceaux,ministre de la justiceC'est une des plus grande sur-prise de ce gouvernement ! Connue pour son indépen-dance politique, a crée en1993 un parti politiqueguyanais nommé Walwari.Ralliée ces dernières annéesau courant socialiste d'Arnaud Montebourg.Connue pour une loi de 2001,qui porte son nom, relative à lareconnaissance des crimescontre l'humanité de la traitenégrière.

Nicole BRICQMinistre de l'écologie, dudéveloppement durable, etde l'énergieÂgée de 65 ans, fille d'agriculteur.Connue pour ses idées féministes, elle a réussi a s'imposer dans le mondepeu paritaire de la Commis-sion des finances du Sénat.

MARISOL TOURAINE Ministre des Affairessociales et de laSantéAgrégée d'économie, ancienne normalienne.Ancienne secrétaire nationaledu PS chargée de la solidarité.Sa véritable percée date desdébats sur la réforme des retraites de 2010, où elle mènela fronde au nom du Parti.socialiste.Devra traité des sujets de sociétés les plus sensibles,comme celle des retraites, ouencore sur l'euthanasie.

MANUEL VALLSMinistre de l'intérieur A été conseiller de MichelRocard, et ancien chargé dela communication et de lapresse pour Lionel Jospin àMatignon (1997-2002). Maire d'Evry depuis 2001.Lui aussi candidat aux pri-maires, il avait obtenu6,68% des voix au premiertour, et s’est rallié àFrançois Hollande dont ilfut pendant la campagne ledirecteur de la communica-tion.

Jean-Yves LE DRIAN MINISTRE DE LA DÉFENSEMilitant de la Jeunesse EtudianteChrétienne (JEC).Agrégé d'histoire et professeur.Secrétaire d’État à la mer dans le gou-vernement d'E. Cresson.Aux élections régionales de 2004,Jean-Yves Le Drian l'emporte au pre-mier tour : pour la première fois, la ré-gion bascule à gauche. Chargé de la Défense au sein del’équipe de campagne. La première échéance pour lui a été lesommet de l'Otan, qui s’est tenu les20 et 21 mai prochain à Chicago.

GENEviEvE FiORASO Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche

Professeure d'anglais et d'économie, avant d'entamer une carrière politique comme assistante parlementaire.A exercé de nombreuses fonctions dans le privé (direction de l'AgenceNumérique Rhône-Alpes, et cadre marketing chez France Télécom). Depuis 2007, députée socialiste dans la première circonscription de l'Isère,s'emparant à l'Assemblée nationale des questions relatives à la recherche etl'innovation.

L'allocation autonomieRefondre le système des bourses dans la perspective d'une allocationd'autonomie universelle en fonction des critères sociaux de chaque étu-diant d'ici à 2017, et permettre d'ici 2017 la création de 40.000 logementétudiants. La réussite au licence«5.000» des 60.000 postes qu'il entend créer dans l'Education sur lequinquennat seront «affectés prioritairement au premier cycle» de l'uni-versité.Accompagnement personnalisé, tutorat et service d'orientation unifié. Augmentation du financement des universitésLa  Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises) demandele doublement de « la dépense annuelle moyenne de formation par étu-diant pour ramener la situation française à la moyenne de nos princi-paux partenaires étrangers ». la LRu (mise en place par valérie Pécresse)Revenir «sur la façon dont elle a été mise en œuvre», soit mettre enplace une «gouvernance plus collégiale et plus démocratique» et «desfinancements qui ne conduisent pas à accroître les disparités». La rechercheRenforcer la place des écoles doctorales: «tout doctorant doit avoir unethèse financée avec un contrat de travail, donc une protection sociale».La circulaire GuéantLe 31 mai a eu lieu l’abrogration officielle de la circulaire Guéant.

VINCENT PEILLONMinistre de l'éducation nationale Agrégé de philosophie, et ancienprofesseur. un des experts de l'éducation de la campagne deHollande.volonté de refonder l'é-cole de la République. F. Hollande ayant fait de la jeunesse une des priorités de sonquinquennat, vincent Peillon devient le numéro 2 de gouvernement.

Cécile DUFLOT Ministre de l'égalité desterritoires et du logementUrbaniste de profession, titulaire d'unDEA de géographie, diplômée de l'Essec.Ne devrait pas avoir de difficulté à êtreélue députée le 17 juin prochain. Sa circonscription parisienne est considéréecomme une « des plus à gauche »de France.

ARNAuD MONTEBOuRG Ministre du redressementproductifAvait crée la surprise lors des lpri-maires socialistes de 2011, en ar-rivant 3e avec plus de 17% des voixet une ligne politique axée sur la« démondialisation ». Ancien avocat, connu grâce à degrandes affaires comme celle du Car-refour du développement en 1992,des époux Villemin en 1995, ou del'appartement d'Alain Juppé.A créé la Convention pour une VieRépublique (C6R), et a notammentlutté contre les paradis fiscaux.

AURELIE FILLIPETIMinistre de la Culture Normalienne, agrégée de lettres clas-siques.Issue d'une famille d'ouvriers commu-nistes d'origine italienne. Débute sa carrière politique chez lesVerts, dans les années 2000. Elle quittele parti en 2006.Rejoint alors le Parti socialiste et l'équipede campagne de Ségolène Royal oùelle sera nommée conseillère spécialeen charge de l'environnement, de laculture et des questions de société. Connue pour avoir écrit desromans, Les derniers jours de la classeouvrière et Un homme dans la poche.Elle souhaite supprimer la loi Hadopi.

STEPHANE LE FOLL Ministre de l'agricultureIl est selon François Hollande lui-même « l'un des meilleurs spécialistesde l'agriculture en France et enEurope ». 1997: directeur de cabinet deFrançois Hollande, alors premier se-crétaire du PS, les deux hommes tra-vaillent côte-à-côte pendant onze ans. Crée un groupe de réflexions sur lespolitiques agricoles appelé « legroupe Saint-Germain ». En 2004, il est élu député européen- etréelu en 2009.Nommé vice-président de la Commis-sion de l'agriculture et du développe-ment rural.

NAJAT-VALLAUD BELKACEMMinistre du droit des femmesAncienne collaboratrice parlementaire dela députée socialiste Béatrice Marre. Inscrite au PS en 2002, elle y fait la rencon-tre de Gérard Collomb, le maire de Lyon etdevient conseillère sur les politiques deproximité et de démocratie participative. En 2007, porte parole de Ségolène Royalpour la campagne présidentielle. Chargée des questions de société auseins du PS, comme secrétaire nationale.Porte parole du candidat socialiste pen-dant la campagne présidentielle.A annoncé qu'une loi sur le harcèlementsexuel était en préparation pour avant l'été.

PiERRE MOSCOviCi Ministre de l'économie,des finances, et ducommerce extérieurRêvait secrètement deMatignon, c'est finalementles portes de Bercy qui s'ou-vrent à lui.Directeur de la campagnede François Hollande.Enarque, ancien élève deDSK à Science Po.Ancien secrétaire généralaux études et au projet dugouvernement de Jospin en1995, puis secrétaire d'étataux affaires européennes.

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Angleterre, 1835. Les municipalités s'aga-cent. «Que ces malpropres aillent jouer ailleursque sur les routes! (son of a bitch mother fuckeret tout le tralala)». Le Highway Act interdit la pra-tique du football dans les rues: les espaces closne vont pas tarder à se l'approprier, et para-doxalement... les universités. Les jeunes élitesvoient le potentiel de ce nouveau sport : c'estune possibilité de se démarquer du cricket et dubaseball, déjà codifiés par les générationsprécédentes. Ils veulent s'approprier leur propreexercice, inventer de nouvelles règles. Le suc-cès est rapide: le FC Sheffield est le premier clubnon scolaire crée en 1857.

Comment expliquer la diffusion mondiale? S'ilest difficile de répondre à cette question, les his-toriens du sport ont dégagé les grandes ten-dances: d'abord, les ouvriers britanniques,dépêchés sur les chantiers de lignes ferroviairesen Amérique du Sud, y diffusent massivementle football. Il est intéressant de noter que les ré-gions de l'empire colonial britannique, de l'Indeau Canada en passant par l’Afrique du Sud,n'ont pas épousé avec autant de passion le bal-lon rond: les élites y ont préféré le rugby ou lecricket histoire de mieux se démarquer de lamétropole, les populations locales l'ont quelque

sport

à qui appartientle football

par Yannis Aoustin

1 Eton est l'une des universités les plus prestigieuses de Grande-Bretagne, demandez donc à David Cameron ouaux rejetons William et Harry!

?

peu rejeté, comme on rejette assez naturellementce qui peut venir de chez l'occupant. En France,Belgique, Pays-Bas, Suisse et Danemark, le foot-ball est vite accueilli: la présence de nombreusesuniversités anglaises y est pour quelque chose.L'action des professeurs d'anglais est significative,ce sont eux qui introduisent le football dans leurscours sur la société britannique. Et oui, le foot étaitd'abord en classe avant de s'implanter en récré!Les Britanniques fondent des clubs, notamment enFrance: le premier club parisien n'est pas le PSG,mais bien... les White Rovers de Bécon-les-Bruyères, composé d'Anglais installés dans la cap-itale. Ce n'est pas un hasard si le premier clubprofessionnel français est le Havre Athletic Club, en1872 (avec son nom à l'anglaise et ses rayures cielet marine en hommage avoué aux universités d'Ox-ford et Cambridge).

Paris, 2011. Nasser al-Khelaïfi, président d'Al-Jazeera Sports et ami intime de l'héritier au trôneqatarien, vient d'acquérir le Paris-Saint-Germain. Ilpromet un budget sans limites. Que s'est-il passéentre-temps? Le XXe siècle est central dans le processus: le foot-ball y est devenu un enjeu mondial, un entonnoir oùse déversent des passions identitaires, sociales,culturelles. Pour l'anthropologue Pierre Clastres, lesuccès du football s'explique par deux raisons:d'abord, et c'est le plus évident, la simplicité du jeu.Aucun équipement n'est nécessaire (contrairementau hockey, au tennis...), aucune morphologiephysique particulière n'est requise et les règles sontenfantines (d'accord, peut-être deux minutes vousseront volées pour comprendre le hors-jeu. Main-tenant bonne chance pour piger les règles ducricket). Le football a donc le profil parfait pour sé-duire le plus grand nombre.

Pour Clastres, la seconde raison est une sorte d'-effet « balle de neige »: les élites comprennent lepotentiel d'un tel jeu, et décident d'y investir, de leprofessionnaliser. Le sport est comme « volé » aupeuple par les classes supérieures qui, en injectantdes fonds, vont séparer peu à peu la pratique am-ateur de la pratique professionnelle. Le football estalors « rendu » au peuple sous la forme d'un pro-duit. En effet, la phase de création des idoles estdécisive: les années 1950 voient l'émergence despremières « stars du foot » (Kopa et Fontaine enFrance, Puskas en Hongrie, Di Stefano en Es-pagne...), générant l'intérêt grandissant du publicqui se prend de passion pour ces petits gars du pe-uple devenus fameux en tapant simplement dansun ballon, comme n'importe qui pourrait le faire.Raymond Kopa est, en France, une légende de sontemps: fils d'immigré polonais, ancien mineur du

Nord, il signe au Real Madrid en 1956. De beau-coup en rêvent... Le processus est alors enclenché,les « stars du foot » ne se comptent plus aujour-d'hui, et le phénomène a été exponentiel depuis lesannées 1960. Mais alors, dans cette vision presque marxiste del'histoire du football, quelle place donner à l'argent?Serait-il le nouveau propriétaire de la planète foot?Manchester City, Paris, Malaga ont déjà été ra-chetés par des fonds qatariens, des milliardairesparmi les plus puissants sont déjà actionnaires ma-joritaires de nombreux clubs (Roman Abramovitchà Chelsea, Rinat Akhmetov à Donetsk...). On peutse demander ce qu'ils viennent faire dans le foot-ball, qui, faut-il le rappeler, ne permet pas (plus) degénérer des profits vraiment importants. Et puis, ilssont déjà milliardaires... En fait, le football ne les enrichit pas plus, ce n'estpas le but. Il est une vitrine, il est la possibilité d'unepublicité incroyable, d'une médiatisation incompa-rable. Quoi de mieux pour les Qatariens quicherchent à passer du stade de pays émergent àcelui de puissance reconnue?

On serait donc passé d'une sorte de combat declasses à un schéma d'offres et de demandes: lefootball serait un service utilisé par les acteurséconomiques pour obtenir des bénéfices autresque sportifs. En échange, l'acteur économiquefournit les moyens pour le club de s'accomplirsportivement. Ainsi, Manchester City, après 35 anssans trophée et habitué au milieu de tableau, estracheté en 2008 par le PDG du conglomérat AbuDhabi United Group. Le budget transferts explose,des joueurs mondialement reconnus débarquent(Robinho, Balotelli...) Le club remporte la couped'Angleterre en 2011 et est bien parti pour finir sec-ond du championnat cette année... De son côté,l'entreprise qatarienne jouit d'une notoriété eu-ropéenne inespérée. Gagnant-gagnant.

S'il est difficile d'appréhender les rapports entrel'argent et le football, ni d'affirmer si le football ap-partient vraiment au peuple, aux élites ou à qui sais-je encore, on peut apprendre beaucoup ens'intéressant historiquement à la trajectoire d'unsport parti des terrains vagues anglais pour con-quérir le monde. En conclusion, on laissera aubaron de Coubertin le bénéfice du rêve, même sinotre propos en a justement fait la nuance: « Unseul sport n'a connu ni arrêts ni reculs: le football.A quoi cela peut-il tenir sinon à la valeur intrinsèquedu jeu lui-même, aux émotions qu'il procure, à l'in-térêt qu'il présente? ». Certes. Mais jusqu’où ira lefootball? Comment le penser maintenant que l’ef-fusion de capitaux est en train d’écrire une nouvellepage de son histoire? Wait & See.

« I cannot consider the game of football as being gentlemany, after all, the Yorkshire common people play it ». (je ne peux considérer le footballcomme un sport élitiste, après tout, le petit peuple du Yorkshire y joue). Ah! Comme il est loin, ce temps où l'on se demandait encore si lefootball allait un jour sortir des rues crasseuses de l'Angleterre du XIXesiècle pour devenir autre chose qu'une bande de pauvres affamés

courant derrière un ballon! Henry John Crickitt Blake, qui se souvient de ses années à la fac dans ses Reminiscences of Eton1(1831) nousmontre bien que le football, appelé folk footballpar l'historiographie du sport, était alors vu par les élites comme le défouloir barbare du

petit peuple. Comment sommes-nous passés d'une activité de prolétaires britanniques, à un sport qui se demande aujourd'hui s'il n'ap-partient pas plutôt aux milliardaires russes ou autres émirs qatariens?

Le sport estcomme « volé »au peuple par lesclassessupérieures qui,en injectant desfonds, vont séparer peu à peu la pratiqueamateur de la pratique professionnelle.

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SuRvivRE uN éTé à PARiS

Si vous êtes coincés à Paris pendant les vacances d'été parce que vous travaillez,n'avez pas de plans « je pars passer mon été à Saint

Barth » ou tout simplement parce quevous éloigner de Paris vous brise le

coeur, il va bien falloir trouver quoi faire.Paris, c'est beau (et magique ?) maisen été, on peut penser que la ville lu-mière s'endort … Pol' express vousprouve le contraire en recensant lesbons plans parisiens de cet été !

Budget serré et cinéphile ?

Le Festival de cinéma en plein air de la Villette se dérouleradu 25 juillet au 26 août, la Prairie du Triangle du Parc de laVillette se transforme en salle de projection en plein airavec l’installation d’un écran géant.

L’entrée est gratuite et vous pouvez ramener une couver-ture voire un pique-nique pour une soirée posée (le filmcommence tous les soirs à la tombée de la nuit).

Avec des films de David Cronenberg, Michel Gondry,David Fincher, ou encore Sofia Coppola, impossible d'êtredéçus !

Rappelons aussi que la Mairie de Paris s’associe à laFédération Nationale des Cinémas Français pour pro-poser des places de cinéma à seulement 3 euros pendant3 jours, du 17 au 19 août inclus dans 376 salles parisi-ennes.

Budget « pas de limites dans un senscomme dans l'autre » et une folle envie

de profiter des vacances ?N'hésitez pas à découvrir ou redécouvrir les nombreusesboites de la capitale, à aller vous rafraichir à l'Ice Club(pour les non-frileux uniquement ! ) et à parcourir la villele 21 juin pour la fête de la musique.

Pour finir, quelques classiques de l'été : le grand palaisoù Daniel Buren (10 mai 2012 au 21 juin) va exposer uneoeuvre magistrale, l'expo' Bob Dylan à la Cité de lamusique (jusqu'au 15 juillet), la balade en Vélib le longdes quais de Seine, le pique-nique sur le Pont des Arts,la pause au parc Montsouris, une glace de la maisonBerthillon et les multiples verres en terrasse !!!

Budget serré, flemme absolue et envie dechanger d'air ?

Après toutes les soirées des mois précédents, fatigués derecevoir les appels désespérés de votre banquier et vousressentez un besoin de vacances farniente ? Paris estaussi le lieu des plans pas chers et relax !

Du 20 juillet au 20 août et de 8h du mat' à minuit, la voieGeorges Pompidou, le parvis de l’Hôtel de Ville et leBassin de la Villette se transforment en plages pour lesparisiens qui ont besoin d' « exotisme » ! Transats pourdeux et parties de pétanques vous y attendent.

Une envie de découverte ? Vous pouvez aussi faire untour au Festival « Quartiers d’été » qui se déroule en juil-let/août et propose une sélection de spectacles vraimentoriginale (Chants soufis, spectacles flamenco ou piècede Feydeau).

PETIT GUIDE DE

SURVIEetudiantsa l’usagedespar Virginier Hoarau et Marion Chranuski

POL’EXPRESS N°6 - MAI 2012

RéDACTiON:Tous ceux qui ont écrit quelques lignes

sur les élections (merci!), JéromineChastagner, Milena Peillon, Virginie Hoa-rau, Clara Gonzales, Marion Chranuski,Yannis Aoustin, Meghan Bellaiche, Jo-

hanna Gonnord

iLLuSTRATiONS ET PHOTOS:Nicolas Traino, Alex Uzu, Johanna

Gonnord.

Budget « j'ai économisé pour les vacances » et férus de musique ?

Solidays a lieu du 22 au 24 juin pour vous faire profiterde 80 concerts contre le sida ! Sur l'hippodrome deLongchamp, vous pourrez apprécier des concerts dontla programmation est très large et festive mais aussi desanimations autour de la solidarité au sens très large :sida, humanitaire, ong, santé... Solidays vous invite cette année à « embrasser vos en-vies » pour une 14e édition où rock et électro sont à l'af-fiche. La nuit du vendredi ou samedi sont à 27€, levendredi, samedi et dimanche sont à 41,5€, le passdeux jours à 57€ et attention, les places partent très vite!

Rock en Scène sera l'autre rendez-vous musical à nepas rater avec des têtes d'affiches prometteuses degrands moments : Placebo, The Shins, Dionysos, C2C,The Black Keys, Green Day, Grandaddy, The DandyWarhols, Foster the People, Social Distorsion. Le passtrois jours est à 109€, la journée à 49€.