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In medio stat virtus L’Hebdo national de l’Économie n Du dimanche 2 au Samedi 8 octobre 2016 n n°53 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro retrospectIve sur Les reLatIons aLGéro-françaIses n LOI DE FINANCES 2017 VERS UNE ÉCONOMIE DE GUERRE ? Page 9 nLÉGISLATIVES L’ÉCONOMIE, LE PARENT PAUVRE DES PARTIS page 10 n POLITIQUE DE SUBVENTIONS LE FMI VOIT, HADDAD APPROUVE Page 9 LOVE ME IF YOU CAN nENTRETIEN DE SID ALI LAHLOU « LA GRAINE QUI ROULE » Page 12-13 Agriculture : Salon SIMA SIPSA DU 4 AU 7 OCTOBRE QUAND L’ALGÉRIE S’ÉVEILLERA... Sous la présidence du Dr Ben- semmane, président de la fonda- tion Filaha Innove, la situation de l’exportation algérienne en matière agricole a été évoquée le 25 septembre au siège de l’Agence Nationale de Promotion du commerce extérieur (Algex). P11 Passionnées, dépassionnées. Mariage, démariage. Amour, désamour. Naïveté, fausse naïveté... Les relations algéro-françaises diagnostiquent, depuis la décolonisation, un semblant de syndrome de Stockholm face à un miroir qui ne reflèterait que des... masques. Et ce n’est pas fini ! Pages 3-7 nNOUVELLE PASSE D’ARMES AU 17E SOMMET DES NON-ALIGNÉS L’ALGÉRIE PRIVE LE MAROC DU COMITÉ POLITIQUE DU MNA Page 16

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In medio stat virtusL’Hebdo national de l’Économie n Du dimanche 2 au Samedi 8 octobre 2016 n n°53 n Prix 30 DA n Étranger 1 euro

retrospective sur Les reLations aLgéro-françaises

n LOI DE FINANCES 2017VERS UNE ÉCONOMIE DE GUERRE ?

Page 9

nLÉGISLATIVESL’ÉCONOMIE, LE PARENT PAUVRE DES PARTIS

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n POLITIQUE DE SUBVENTIONSLE FMI VOIT, HADDAD APPROUVE Page 9

«LOVE ME IF YOU CAN»

nENTRETIEN DE SID ALI LAHLOU

« LA GRAINE QUI ROULE » Page 12-13

Agriculture : Salon SIMA SIPSA DU 4 AU 7 OCTOBRE

QUAND L’ALGÉRIE S’ÉVEILLERA...Sous la présidence du Dr Ben-semmane, président de la fonda-tion Filaha Innove, la situation del’exportation algérienne enmatière agricole a été évoquée le25 septembre au siège del’Agence Nationale de Promotiondu commerce extérieur (Algex).

P11

Passionnées, dépassionnées. Mariage, démariage. Amour, désamour. Naïveté,fausse naïveté... Les relations algéro-françaises diagnostiquent, depuis la

décolonisation, un semblant de syndrome de Stockholm face à un miroir qui nereflèterait que des... masques. Et ce n’est pas fini !

Pages 3-7

nNOUVELLE PASSED’ARMES AU 17E SOMMET

DES NON-ALIGNÉS

L’ALGÉRIE PRIVE LE MAROC DU COMITÉPOLITIQUE DU MNA

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Afrique : Un sommet sur la promotion de l’emploi de jeunesun sommet afri-cain sur la promo-tion de l’emploi dejeunes est prévu àl’UTICA les 15 et 16décembre 2016, aannoncé HichemElloumi, vice-prési-dent de l’UTICA, le21 septembre 2016,en marge de laJournée des Patro-nats africains orga-nisée à Paris (Fran-ce) par mEDEFInternational. La Journée s’estdéroulée sous le thème « Construire la diversification de l’Afrique » avec la participation dereprésentants de 25 pays d’Afrique anglophone, francophone et lusophone.La Journée, consacrée à la diversification et à la montée en gamme des économies du continent,a été organisée en partenariat avec l’Organisation internationale des employeurs (OIE) et Busi-ness Africa (l’association regroupant les organisations patronales d’Afrique) et a réuni l’en-semble des organisations du secteur privé africain et français pour converger vers une ambi-tion : les entrepreneurs et les entreprises sont la meilleure solution pour atteindre les Objectifsde développement durable (ODD) adoptés par les Nations unies en septembre 2015.Elle avait, notamment, pour objectif de dresser une liste de recommandations, en vue d’amélio-rer l’environnement des affaires pour les entreprises en Afrique, à travers plusieurs théma-tiques transversales incluant le financement, l’entrepreneuriat, la RSE, la formation, le contenulocal et la diversification des économies

Russie : Rush des investisseurs étrangers sur les obligations bancairesLa russie a lancé, le 22 sep-tembre dernier avec succès, sesobligations en monnaie étran-gère "Eurobond" de 1,25 mil-liard $ pour 10 ans, et a reçuun grand intérêt chez les inves-tisseurs étrangers.Cette version diffère de sa pré-cédente en permettant auxétrangers d’acquérir des obli-gations. Ainsi, les obligationsacquises par les investisseursdes États-Unis représentent53% du total des émissions,tandis que les parts des inves-tisseurs européens des obliga-tions russes sont de 43%,contre 4% seulement pour les investisseurs d'Asie.Dans le cadre de cette nouvelle version, les offres de la Russie ont permis derecueillir environ 7,5 milliards de dollars, soit plus de 6 fois le total des obliga-tions prévues initialement et qui était de 1,25 milliard de dollars.L'enthousiasme des investisseurs étrangers sur les obligations russes est untournant important dans la question des sanctions mutuelles entre la Russie etles pays occidentaux, ce qui démontre la volonté des investisseurs et des entre-prises étrangères à travailler avec la Russie, en dépit des sanctions.Le ministre russe des Finances, Anton Siluanov, a déclaré que son ministère estsatisfait des résultats de l'émission obligataire, en notant que le gouvernement aatteint son objectif pour 2016 à l'égard des emprunts à l'extérieur du pays, où ilavait l'intention d'emprunter 3 milliards de dollars.

Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016442

L’Hebdo national de l’Économie, édité par la SARL ceLigne éd. & com.

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à l’oreille de Crésus

Egypte : les militaires veulent vendre les compagnies pétrolièreset de l'électricité en les mettant sur le marché boursier

un rapport américain a dévoilé l'inten-tion du gouvernement égyptien devendre un certain nombre de compa-gnies pétrolières et de l'électricité aucours des trois prochaines années.Les décisions récentes relatives à l'in-dustrie, le commerce et les affaires d'ex-portation et d'importation, ainsi queceux adaptés aux hommes d'affaires àtravers le système, et les forces arméesspéciales le prouvent.Selon le rapport, publié par l'agenceaméricaine «Bloomberg», le gouverne-ment égyptien prévoit de vendre desactions comprenant un certain nombrede compagnies pétrolières et de l'électri-cité en les mettant en bourse, afin de

recueillir 10 milliards de dollars. Le rap-port précise que l'Egypte va restructurerbeaucoup d'entreprises dans la période àvenir, en commençant par les compa-gnies d'électricité, notant que l’argent deces ventes servira à réduire le déficitbudgétaire.Selon "Bloomberg" le ministère égyptiende l'investissement envisage de promul-guer une nouvelle loi sur l’investisse-ment ou bien de modifier la loi actuelle.Il prévoit également dans les prochainessemaines d’introduire une nouvelle loisur la faillite et la liquidation qui donne àl'investisseur la possibilité de program-mer une dette en difficulté de son entre-prise, et le maintien des projets continus.

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lCrésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016 443

c’est le je t’aime moi non plus

4Par Rachid Mechtras

E ntre Alger et Paris, il y a les intérêts, il y a le poidsdu passé et toutes les questions mémorielles,douloureuses et difficiles à occulter, il y a ladensité des relations humaines, et puis il y a laMéditerranée, comme un immense fleuve entre

les deux peuples. Marseille est plus proche d’Alger quene l’est Tamanrasset. Mais c’est justement cetteproximité qui est à la fois un atout et un boulet. Si on neprenait qu’un seul critère, celui des mariages mixtes,on remarquerait que des passerelles de fraternitépourraient être jetées entre les deux rives. Mais rienn’est jamais simple entre les deux pays. Un exemple :Alors qu’Alger pouvait se payer Peugeot, en chute à labourse, on a préféré tergiverser pour finalement courirderrière l’ombre d’une hypothétique usine de montagede la marque au lion… C’est dire. En Algérie, on atoujours un retard au démarrage, notamment dans laprise de décision. Et en face, les Français renvoientrarement l’ascenseur. L’exemple d’Alstom est éloquent.C’est Nicolas Sarkozy, lorsqu’il fut ministre del’Economie, qui avait sollicité les autorités algériennespour sauver cette entreprise de la banqueroute. Alger apassé des commandes, et Alstom est aujourd’huiremise à flots et elle est dans une situation florissante.Que dire alors ? ….

La france vieiLLissanteCe n’est qu’un exemple. On peut à l’aise citer d’autrescas où l’Algérie a volé au secours d’entreprisesfrançaises en faillite ou en difficulté. La plupart aimentréaliser des affaires juteuses en Algérie, mais elles fontla fine bouche dès qu’il s’agit de s’engager dansl’investissement gagnant-gagnant, malgré les slogansentonnés dans les réunions officielles, entre lesflonflons et les petits fours. Certes, il se dit que leclimat des affaires est exécrable en Algérie, et l’on met

en avant la fameuse règle 51/49. Qu’à cela ne tienne.Les Français, qui connaissent bien le microcosmealgérois, savent se frayer un chemin, ou jouer descoudes quand ils le veulent, y compris au plus fort de ladécennie noire… Or, malgré toutes les pesanteurs réelles ou supposées,les Algériens préfèrent l’Hexagone à toute destination.Il n’y a qu’à voir le nombre d’étudiants algériens enFrance, qui se situe, bon an mal an, autour de 20 000personnes. Il n’y a pas que le vecteur linguistique quipousse dans ce sens. Les Algériens de 2e, voire de 3egénération, font partie intégrante de la sociétéfrançaise, et malgré quelques problèmes d’intégrationaggravés ces derniers temps par la montée del’islamophobie, on peut dire sans se tromper qu’ils sontune chance pour la France. Sur tous les plans(économique, social, culturel). La France vieillissanten’a-t-elle pas besoin de cette énergie générationnellepour maintenir son niveau démographique et fairetourner la machine économique ?. Mais on leur faitsubir la montée du terrorisme, alors que ce derniern’est qu’un retour de manivelle des mauvais choix de ladiplomatie française au Proche et Moyen-Orient.

Le vivier éLectoraLLes Français d’origine algérienne, ou les Franco-algériens comme on les appelle, sont aussi un vivierélectoral non négligeable, c’est même eux qui ont pesédans la balance pour faire élire Hollande. Or, cesderniers temps, on constate plutôt que des candidatspotentiels ont tendance à caresser l’extrême droitexénophobe dans le sens du poil. La déclaration,comparant les terroristes de Nice aux héros de labataille d’Alger est une bourde monumentale abjecte.Pour sa part, en parlant de massacre de harkis,subitement devenus un enjeu électoral, alors qu’ilsfurent longtemps marginalisés et ghettoïsés, FrançoisHollande ne fait qu’apporter de l’eau au moulin de ceux

qui veulent nuire aux bonnes relations algérofrançaises. Venant après le Twitt malheureux deManuel Valls, il est difficile de croire que tout cela n’estpas prémédité. De ce côté-ci, il y a une telle auto-flagellation en Algérie,que si un auteur, un artiste ou un inventeur n’est pasreconnu en France, il restera un éternel quidam dansson propre pays,. … La fuite des cerveaux, encouragéepar une forme d’immigration/émigration sélectiveprônée par Sarkozy, s’inscrit dans cette logique. Il est donc impossible dans ces conditions que lesrelations entre les deux pays soient comme un longfleuve tranquille.

R.M.

algérie

SOMMAIREAlgérie-France : un parcours en dents de scie•

Entre Alger et Paris

• Les relations algéro-françaises sont com-plexesL’empreinte de Bouteflika…

Pages 4-5• Relations algéro-françaises entre 1999 et2012Des hauts avec Chirac et… des très bas avec Sarkozy

Page 5• Coopération algéro-française Hollande et Bouteflika cassent les tabous

Page 6• Le mot à dire… a du sens

Page 7

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016444

Dossier

4par rania aghiles

Depuis cette déclaration, qui avait encore uneallure électorale, les liens entre l’Algérie et laFrance ont évolué en dents de scies. mais lapersonnalité de Abdelaziz Bouteflika a tou-jours joué un rôle important. Idem pour sesinterlocuteurs français. Car, les relations humaines sontsouvent déterminantes dans ce genre de situations et lechef de l’Etat algérien, qui a acquis une longue expériencediplomatique, joue beaucoup sur les liens qu’il a pu avoiravec ses 3 homologues qui se sont succédé à la tête de l’Etatfrançais tout au long de ces 17 ans qu’il a passé au pouvoir.

La visite D’etat De boutefLikaSi cette tirade de Abdelaziz Bouteflika est peut-être unpeu sévère même si elle répondait, sur le moment, à uneréalité politico-diplomatique complexe, la suite des évène-ments a pris un visage tout autre. A commencer par desmessages diplomatiques échangés entre les présidentsAbdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac. Des échanges qui sesolderont par une visite historique de Abdelaziz Bouteflikaà Paris.Des DécLarations-chocsPour la première fois, depuis 1982, un chef d’Etat algé-rien effectue, en juin 2000, une visite d’Etat à Paris. LaFrance de Jacques Chirac, qui venait de reconnaître uneannée auparavant la « guerre d’Algérie » a réservé untriomphe à un Abdelaziz Bouteflika qui a multiplié les sym-boles : discours à l’Assemblée nationale, visite au cimetièremusulman de Verdun et des déclarations-chocs ont marquécette visite. Après avoir déroulé ses connaissances de lalangue et de la littérature françaises devant les parlemen-taires du Palais Bourbon, le chef de l’Etat algérien a pro-noncé, sur un plateau de la télévision publique françaiseune phrase qui fera date. Interrogé sur la possibilité de levoir serrer la main d’un harki, Abdelaziz Bouteflika a eucette phrase qui fera polémique : « Non. C’est comme sivous demandez à un français de la résistance de serrer lamain d’un collabo ». La comparaison entre les traîtres algé-riens et français ne passera pas pour les premiers. Peuimporte, le président algérien apassé son message.

aucun accorD concretSur le plan économique,cette visite historique est unéchec. Aucun accord concretn’est intervenu et ni les dis-cours mielleux des deux diri-geants ni les rencontres bilatérales des autres intervenantsn’ont donné un résultat tangible. Le seul succès à marquerlors de cette virée est uniquement diplomatique. Sans plus.La hausse Des prix Du bariLPendant ce temps, l’Algérie commence à engranger lesdividendes de la hausse des prix du pétrole qui commen-cent, en ce début du siècle, à atteindre des cimes. « La haus-se des prix du pétrole fait partie de la baraka de la gouver-nance », lance un jour Abdelaziz Bouteflika. « L'Algérie abesoin d'investissements, de capacités techniques, demanagement», avait-il également indiqué devant les dépu-tés français.Cela n’empêche, la France demeure, à cette époque, lepremier fournisseur de l’Algérie. Un marché qui ne cesse degrandir avec notamment le lancement, quelques annéesplus tard, du premier plan quinquennal. Le programme nefait pas forcément profiter aux sociétés françaises, mais ilattire la convoitise de certaines d’entre elles. Certainesvont d’ailleurs se placer de manière durable dans le pays.Les eaux en furieEntre temps, Alger connaît une catastrophe naturelleinégalée. Le 10 novembre 2001, le quartier de Bab-El-Ouedest emporté par une importante inondation. Les eaux enfurie ont emporté plus de 1000 personnes. Alors qu’aucunhaut responsable ne s’est encore rendu sur place, le prési-dent français, Jacques Chirac débarque à Alger. Il se rendsur les lieux. Il est accompagné de Abdelaziz Bouteflika(hué à l’occasion). Les Algérois, dans la douleur, ont appré-

cié le geste du président français.chirac, L’aMi…L’autre étape la plus importante dans les relations algé-ro-françaises est sans aucun doute la visite d’Etat du prési-dent Jacques Chirac à Alger en mars 2003. Le chef de l’Etatfrançais est chaleureusement accueilli par son homologuealgérien et la population qui lui a réservé un triomphe soità Alger soit à Oran. Cette visite aura notamment débauchésur une des plus belles promesses des relations entre lesdeux pays : les deux chefs d’Etat, qui ont senti que les liensentre les deux pays s’apaisent d’avantage, ont décidé d’allervers la signature d’un « accord d’amitié ». Un modèlepresque unique en son genre dans les relations internatio-nales. Il faut dire que là aussi, la relation personnelle entreAbdelaziz Bouteflika et Jacques Chirac a joué un rôle déter-minant. Les deux hommes ont appris à se connaître, à s’ap-précier. Un sentiment qui est exprimé par Jacques Chiracdans ses mémoires où il raconte toute l’admiration qu’il aenvers Abdelaziz Bouteflika.

Les soLDats Du feuCette idylle entre les deux chefs d’Etat se concrétisera,entre autre, par un rôle actif et déterminant jouée par laProtection civile algérienne lors des incendies historiquesqui ont ravagé et marqué la France lors de l’été 2003. Dessoldats de feu algérien ont remarquablement joué leur rôleet acquis une expérience et une estime desautres services dans le monde.Sur le plan économique, ce rapprochement,initié et encouragé par Abdelaziz Bouteflika etJacques Chirac, va porter ses fruits. En 2004, lasociété française, Alstom, spécialisée dans l’in-dustrie ferroviaire, décroche un énorme mar-ché qui consiste à équiper le métro d’Alger et àmoderniser les chemins de fer en Algérie. Lemarché, estimé à plusieurs milliards d’euros, permit à lasociété française de sortir du gouffre. Le géant français estsauvé par l’Algérie qui a également permis le retour,quelques mois auparavant, de Air France. D’autres groupesfrançais, tels que Saint-gobain se sont également installésen Algérie. mieux, Suez Environnement, un des géantsmondiaux dans l’assainissement et le traitement des eaux,a décroché un énorme marché. Dansle cadre d’une opération visant àreconvertir une partie de la dette quedétient la France sur l’Algérie (envi-rons 60 millions d’Euros), la sociétéfrançaise hérite du marché de la pro-duction et de la distribution de l’eauainsi que de l’assainissement dans lacapitale. une Loi scéLérateL’arrivée de la compagnie française, qui a créé une joint-venture avec l’Algérienne des Eaux, une coopération qui sepoursuit toujours. Cela a notamment permis de régler leproblème de l’alimentation en eau potable dans la villed’Alger.mais toute chose a une fin. Le 23 février 2005, le Parle-ment français vote, en session de nuit, une loi qui a remis encause tout ce qui a été réalisé jusque-là. Un texte proposépar la droite, alors emmenée par Nicolas Sarkozy, évoquel’enseignement dans les écoles françaises des « bienfaits dela colonisation ». Pour appuyer cette tendance, le chef du

parti de droite ajoutera dans une déclaration que la France« a construit des villes et des écoles » en Algérie.Un révisionnisme qui confine à la cécitéCette sortie est très mal perçue par Abdelaziz Bouteflikaqui part en croisade contre cette loi. Dans un discours, ilévoque « un révisionnisme qui confine à la cécité mentale ».Plus virulent encore, le chef de l’Etat algérien parle d’un «génocide culturel » lors d’un discours prononcé à Sétif.Cet épisode a tout remis en cause. Jacques Chirac a beautenter de recoller les morceaux en demandant de retirer letexte de loi, mais le mal est fait. Abdelaziz Bouteflika exige,désormais, des excuses avant la signature de tout accordd’amitié. Le projet tombe à l’eau. Et la courte visite, effec-tuée par le président algérien à Toulon, en 2005, pour assis-ter au 60e anniversaire du débarquement allié, n’a qu’uneimage symbolique. Surtout que la chaleur des liens entreBouteflika et Chirac n’a pratiquement plus aucun sens.Puisque dans deux ans, le vieux président devait céder saplace.sarkozy Le terribLe…Comme c’est de tradition, les candidats à l’élection pré-sidentielle française font un pèlerinage à Alger avantchaque scrutin. Ainsi, Abdelaziz Bouteflika semble porterson choix sur Nicolas Sarkozy pour l’élection de 2007.même s’il est méfiant, le chef de l’Etat algérien apprécieapparemment le dynamisme de l’ancien ministre françaisde l’intérieur. « Pour durer dans ce métier, difficile, il fautavoir beaucoup d’énergie », dit Bouteflika au jeune ministrequi deviendra chef de l’Etat en mai 2007. Et à peine élu,Nicolas Sarkozy débarque à Alger en juillet 2007. Il feramême un geste très symbolique dès lors qu’il reconnaît quele « colonialisme est une tragédie inexcusable ».

aLstoM sauvéeLe discours de Sarkozy est apprécié. mais en réalité, cene sont pas les questions de mémoire qui intéressent lechef de l’Etat français. Ce sont plutôt les affaires qui attirentce VRP hors pair. Sarkozy, qui a déjà reçu l’appui d’Algerpour sauver Alstom, veut placer plus de sociétés françaisesen Algérie. Il tente de négocier une place pour le cimentierLafarge. Cela marche. mais la moisson est plus au moinsmaigre. Le chef de l’Etat algérien, lui, préfère observer.Les liens entre les deux hommes ne tarderont pas à sedétériorer. En août 2008, le diplomate algérien mohamedZiane-Hasseni, confondu avec le présumé assassin de l’avo-cat Ali mécili, est arrêté à l’aéroport de marseille. C’est laconsternation à Alger. Les autorités algériennes ont trèsmal digéré cette affaire. Et même si le diplomate a fini parêtre libéré après des semaines de tractations, le froid s’estdurablement installé entre Abdelaziz Bouteflika et NicolasSarkozy. Pourtant, tout allait pour le mieux lorsque Abdela-ziz Bouteflika assiste, en juillet 2008, au sommet fondateurde l’Union pour la méditerranée (UOm).Le strict MiniMuMLe gel des relations politiques algéro-françaises – mal-gré le maintien d’un strict minimum – n’a pas plombé lesliens économiques. Des sociétés fran-çaises continuent de s’installer en Algé-rie. malgré les apparences, la France estle premier investisseur étranger dans lepays. Des sociétés comme Axa ou encoreLafarge qui a élargi sa présence, s’instal-lent durablement dans le pays.

hoLLanDe veut une « nouveLLe page »Entre-temps, la santé de Abdelaziz Bouteflika est décli-nante. Il se fait réélire en 2009. Nicolas Sarkozy lui envoiedes félicitations d’usage. Sans plus. Et les deux hommes serencontreront encore dans d’autres occasions, mais leursrelations resteront extrêmement froides. C’est d’ailleurspour cela que Abdelaziz Bouteflika apportera son dévolusur François Hollande même s’il avouera plus tard, lors dela visite du président du Conseil constitutionnel français,qu’il ne connaissait pas le président socialiste mais qu’ilapprécie « travailler avec lui ». Et, à peine élu, François Hol-lande effectue, en décembre 2012, une visite d’Etat en Algé-rie. Au cours de cette virée, François Hollande prononcenotamment un discours mémorable à l’APN, un rare privi-

LES RELATIONS ALgÉRO-FRANçAISES SONT COmPLExESL’empreinte de bouteflika…

«les partenaires de l’algérie doivent savoir que le temps où il fallait passer par paris pour venir à alger estrévolu ». lors qu’il a été élu pour la première fois chef de l’etat, abdelaziz Bouteflika a ainsi défini le sens des

relations algéro-françaises. C’était lors de sa première conférence de presse animée en mai 1999.

. « NON. C’EST COMME SI VOUSDEMANDEZ À UN FRANÇAIS DELA RÉSISTANCE DE SERRER LA

MAIN D’UN COLLABO ».

. EN GROS, LES RELATIONSALGÉRO-FRANÇAISES ONT

TOUJOURS ÉTÉ SINGULIÈRES.

ALGÉR IE-FRANCE : UN PARCOURS EN DENTS DE SC IE

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4par boualem rabah

la période la plus richeen évènements et en

polémiques remonte audébut des années 2000.

Tension et rapprochement,grisaille puis éclaircie, froidsuivi de réchauffement… Lesrelations bilatérales entrel’Algérie et la France évo-luent, de l’avis de tous les observa-teurs, en dents de scie. Il y a toujoursdes hauts et des bas dans les rapportsentre les deux pays depuis 1962, affir-mait dans ce sens l’ancien ministre dela Communication et diplomate, Abde-laziz Rahabi. mais la période la plusriche en évènements et en polémiquesremonte au début des années 2000. EnFrance, c’était la droite qui était aupouvoir. Et c’est toujours avec les res-ponsables de ce courant politiquequ’Alger et Paris voient leurs diffé-rends historiques remonter à la surfa-ce.

L'épisoDe De new yorkEt la période des années 2000 n’apas dérogé à cette règle. En effet, lesdeux pays ont évolué, plus de dix ansdurant, au rythme d’intenses rapportsponctués, au final par une grave ten-sion. Peut-être la plus grave après l’épi-sode de New York où l’ex-président dela République, Liamine Zeroual, quiassistait à la cérémonie du cinquante-naire de l’ONU, avait refusé de rencon-trer le chef d’Etat français, Jacques Chi-rac qui ne voulait pas donner un cachetofficiel à la rencontre. Pourtant, l’èreChirac en France a été, sans nul doute,la plus propice pour l’établissement denouvelles relations solides avec l’Algé-rie. Les faits l’ont confirmé. Tout a com-mencé avec l’arrivée du président Bou-teflika à la Présidence de la Républiqueen 1999. En France, le présidentJacques Chirac s’apprêtait déjà à bri-guer un deuxième mandat. Hommespolitiques chevronnés et fins stratèges,les deux hommes n’ont pas tardé à affi-cher leurs intentions et leur conceptiondes relations entre l’Algérie et la Fran-ce. Le fruit de leur parfaite ententearrive moins de trois ans après l’arri-vée du président Bouteflika au palaisd’El mouradia. une visite historique,

Le sceau De Dey et Le bain De fouLeDès le début de l’année 2003, lesrelations algéro-françaises connaissentun moment historique majeur ; un pré-sident français effectue, pour la pre-mière fois depuis les années 1980, unevisite officielle en Algérie. C’étaitJacques Chirac qui revient en Algériequ’il avait connue en 1956 en tant quesoldat français mobilisé dans l’arméefrançaise pour mater la Révolution.L’évènement est très suivi des deuxcôtés de la méditerranée. Les médiasétaient au rendez-vous et les popula-tions, notamment du côté algérien,n’ont pas caché leur enthousiasme. Etla tournée du président Français àAlger et à Oran fut très remarquable àplus d’un titre. Elle commence par ledépôt symbolique d’une gerbe de fleurà la mémoire des martyrs et se termine

avec le chaud bain de foule à Bab-el-Oued, à Alger puis à Oran. Entre cesdeux étapes, Jacques Chirac remet àson ami et homologue, Abdelaziz Bou-teflika un des symboles de la souverai-neté nationale : le seau de Dey Husseinqui revient en Algérie près de deuxsiècle après l’invasion de 1830. un MoMent De retrouvaiLLePour la presse française cette visitedevait sceller la réconciliation entre lesdeux pays. Ce fut en tout cas, commel’avait souligné Jacques Chirac lui-même, « un moment de retrouvailleentre les deux peuples » appelés à «tracer le chemin de l’avenir ». Un ave-nir que les deux présidents voulaientêtre celui de la fraternité et de l’amitié.La visite de Jacques Chirac tient effecti-vement toutes ses promesses. Outre lesaccords dans les domaines écono-miques et la circulation des personnes,le président Bouteflika et son invités’entendent sur la nécessité de donnerun nouvel élan au dialogue politique.Un chapitre important qui peinait àévoluer plusieurs dizaines d’annéesdurant. Leur entre-vue débouche, effec-tivement, sur uneentente historique :la signature d’untraité d’amitié quidevait permettre auxdeux pays de « tour-ner la page de l’his-toire sans pour autant la déchirer ». Leprojet prend aussi vite forme. Et lasignature du document était prévuepour la fin de l’année 2005. Il n’en futrien.

L’aMitié sacrifiée sur L’auteL Du passé coLoniaL L’échéance, retardée à plusieursreprises en raison « de la nécessité dematuration du projet », a fini par êtrecarrément abandonnée. A dessein oupar concours de circonstance, les dépu-tés de la droite française, majoritaireau parlement à l’époque, ont réussi àmettre un énorme bâton dans les rouesde la démarche initiée par le tandemChirac-Bouteflika. Il s’agit de la loi du23 février 2005 portant sur la recon-naissance du rôle positif du colonialis-me français en Afrique et en Algérie.Une glorification éhontée et mal pla-cée. C’est l’article 4 de cette loi qui sus-cite le plus la colère du côté algérien.Celui-ci souligne « le rôle positif de laprésence française notamment enAfrique du Nord ».

génociDe iDentitaireAyant pris connaissance de cetteloi, le président Bouteflika dénonce etqualifie son contenu de « cécité menta-le, confinant au négationnisme et aurévisionnisme ». Dans un discours àConstantine, le chef de l’Etat condamneégalement « le génocide identitairecommis par le colonialisme français enAlgérie ». Les réactions se sont succédé égale-ment au niveau des partis politiques etde l’Assemblée populaire nationale(APN) où un groupe de députés avaitinitié la loi condamnant le colonialismefrançais (1830-1962). malgré l’inter-vention de Jacques Chirac pour amen-der l’article problématique, la polé-mique ne s’est pas estompée. Au

contraire, elle s’est amplifiée davanta-ge, relançant par conséquent la deman-de de repentance. sarkozy enterre toutLa demande restera lettre morte,tout comme la loi algérienne condam-nant le colonialisme qui a buté sur unrefus du gouvernement. Le départ deJacques Chirac en 2007, date de l’expi-ration de son deuxième mandat, et l’ar-rivée à la présidence en France deNicolas Sarkozy, a mis fin à tous lesespoirs de réchauffement durable desrelations entre Alger et Paris. Leaderde l’UmP, principal parti de la droite enFrance, l’ancien ministre de l’intérieurde Jacques Chirac enterre tous lesespoirs de rapprochement avec l’Algé-rie. La tension atteint son paroxysme àquelques semaines de la visite de Sar-kozy en Algérie. Des déclarations del’ancien ministre des moudjahiddine,mohamed Chérif Abbes, sur le soutiendu lobby juif à Nicolas Sarkozy ont failliprovoquer un clash diplomatique. maisle malaise s’est installé suite à la déci-sion du ministre français des Affairesétrangères, BernardKouchner, de répondreà mohamed CherifAbbes et de refuser delui serrer la main. Lerèglement du différenddevient ainsi impos-sible.

un coLoniaLisMe abjectEt Nicolas Sarkozy ne fait rien pourcalmer les esprits. A Alger, qu’il a visi-tée dès les premiers mois suivant sonarrivée à l’Elysée, il s’est montréintransigeant notamment sur la ques-tion de la repentance réclamée par lesAlgériens. Tout en reconnaissant lanature abjecte du colonialisme, NicolasSarkozy refuse catégoriquement dedemander pardon. « Oui, le systèmecolonial a été profondément injuste,contraire aux trois mots fondateurs denotre République : liberté, égalité, fra-ternité », avait-il déclaré devant deschefs d'entreprises français et algé-riens. Et d’ajouter dans le même sens :« Oui, des crimes terribles ont été com-mis tout au long d’une guerre d’indé-pendance qui a fait d’innombrables vic-times des deux côtés. Et aujourd’hui,moi qui avais sept ans en 1962, c’esttoutes les victimes que je veux honorer ». eMigration choisieL’ère Sarkozy en France a été égale-ment négative sur les plans de la circu-lation des personnes, de l’émigration etde l’économie. Sa politique de « l’émi-gration choisie » était perçue par lesAlgériens comme une volonté de frei-ner encore davantage la libre circula-tion des personnes entre les deux rivesde la méditerranée. En France, la com-munauté algérienne qui souffrait déjàde la stigmatisation et de la marginali-sation n’attendait presque aucuneoffrande de celui qui voulait la nettoyer« au karcher ». même si la France est restée parmi les principaux fournisseurs del’Algérie et un de ses plus importantsclients, les investissements des entre-prises françaises dans le pays sont restés, durant cette période, insigni-fiants. b. r.

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Dossier RELATIONS ALgÉRO-FRANçAISES ENTRE 1999 ET 2012Des hauts avec chirac et…des très bas avec sarkozy

lège que l’Algérie n’accorde pas à tous les chefs d’Etat.Le Président français a déclaré reconnaître « les souf-frances » infligées par la colonisation française aupeuple algérien. « Parmi ces souffrances », il a cité « lesmassacres de Sétif, de guelma, de Kherrata » qui «demeurent ancrés dans la conscience des Algériensmais aussi des Français ».La haute coMMission MixteAu-delà de cette page mémorielle, François Hollan-de, qui semble soutenir Abdelaziz Bouteflika même surun fauteuil roulant, a déclaré vouloir ouvrir « une nou-velle page » dans les relations entre les deux pays. Cequi a été fait, puisque sur le plan politique, la hautecommission mixte, que président les deux Premiersministres, se réunit annuellement et en alternanceentre Alger et Paris. En plus de cela, les échanges minis-tériels sont très denses. Plusieurs visites sont échan-gées chaque année et les ténors du gouvernement fran-çais séjournent souvent à Alger.Plus que cela, la France ayant senti la perte de saplace du premier fournisseur de l’Algérie après laChine, veut déployer ses atouts économiques. Parisreste, certes, le premier investisseur étranger horshydrocarbures avec à la clef plus de 150 000 postesd’emplois crées. Et pour donner un aspect plus symbo-lique à cette coopération économique, la France instal-le, pour la première fois depuis l’indépendance, uneusine de production automobile en Algérie. Renault ins-talle, en effet, une usine de montage de voitures Loganà Oued-Tlélat, près d’Oran. certains projets DébLoquésPour cela, les deux pays ont créé un facilitateur desentreprises françaises (créé en réalité sous Sarkozy). Ila réussi à « débloquer » certains projets. C’est le cas deSaint-gobain et d’un projet de Total. mais la pénétrationdes entreprises françaises dans le marché algérienreste timide. Les Français évoquent des contraintesbureaucratiques, mais les Algériens mettent en avantl’absence de volonté des sociétés françaises.

une visite De courtoisieEn dehors de quelques projets emblématiques, larelation économique entre l’Algérie et la France estdans un état stationnaire. La visite de « courtoisie » ren-due par Français Hollande à Abdelaziz Bouteflika, en2015, n’a pas réussi à attirer plus d’entreprises fran-çaises. Pire, de grands groupes français, à l’image dePeugeot, annoncent plutôt des projets au maroc. L’usineque devait construire la marque au Lion en Algérie estreportée sine die. L’annonce de du « report » de ce pro-jet est intervenue bizarrement lors de la visite à Algerde manuel Valls, intervenue en avril 2016. Le premierministre français a assisté, en compagnie de son homo-logue algérien, à la signature de pas moins de 25accords ou mémorandums d’entente. mais très peu deces contrats sont concrets. Le gros des accords estd’ordre éducatif et culturel.Le twitt De vaLLsPour illustrer que les relations entre l’Algérie et laFrance sont complexes et empreintes de subjectivité, ilsuffit de se rappeler cette fameuse photographie diffu-sée sur Twitter par manuel Valls. Cette image, montrantAbdelaziz Bouteflika dans un mauvais état, a une nou-velle fois donné un coup de froid aux relations algéro-françaises. malgré les « explications » du premierministre français qui a rappelé son « respect » au prési-dent Abdelaziz Bouteflika, cela laisse des traces mêmesi, rappelle encore manuel Valls, les liens entre les deuxpays dépassent « le stade » d’une photographie. Cetincident « n’a rien changé à la relation que nous entre-tenons depuis quatre ans avec les autorités algérienneset avec le Premier ministre Sellal », a déclaré récem-ment manuel Valls au magazine Jeune Afrique. « Il fautavoir du sang-froid dans ce genre de situation », a-t-ilindiqué. Il a rappelé que son pays « a confiance en l’Al-gérie et en son potentiel immense de grand partenaire ».

Les avantages coMparatifsEn gros, les relations algéro-françaises ont toujoursété singulières. mais pendant que les autorités algé-riennes, à leur tête Abdelaziz Bouteflika, tentent demettre en avant les relations humaines qui lient lesdeux pays, les Français préfèrent diriger leurs valises –et leurs investissements – chez notre voisin marocain.Un pays qui semble offrir des avantages comparatifsinestimables, comparé au climat des investissementsen Algérie qui reste l’un des plus repoussants dans lemonde.r. a.

TENSION ETRAPPROCHEMENT,

GRISAILLE PUISÉCLAIRCIE, FROID SUIVIDE RÉCHAUFFEMENT…

ALGÉR IE-FRANCE : UN PARCOURS EN DENTS DE SC IE

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4 par azouaou amar

Le mandat de François Hollandes’achève au mois de mai 2017, etil y aura de fortes chances pourque son successeur ne soit pasissu de sa propre famille poli-tique, ce qui aura comme conséquence,pour nous Algériens, de nous interroger surl’avenir de nos relations avec la France.Sous le quinquennat de l’actuel locataire del’Elysée, elles auront eu la particularitéd’avoir été dépassionné sur le plan pure-ment politique tout en suscitant quelquespolémiques du côté des deux rives de laméditerranée. Comment aurait-il pu en êtreautrement avec une histoire aussi drama-tique que passionnelle qui a lié les deuxpays, marquée au fer rouge par plus de centtrente-deux années de colonisation féroceet par une guerre de libération, de plus desept longues années, qui aura permis aupeuple algérien d’accéder à son indépen-dance.

une position DécoMpLexéeContrairement à son prédécesseur,Nicolas Sarkozy, l’actuel chef de l’Etat fran-çais a affiché une position totalementdécomplexée par rapport à cette page dou-loureuse des relations algéro-françaisesdès son élection. «Le 5 juillet 2012, l'Algériecélèbre la fin de son long combat pour l'in-dépendance... en ce cinquantième anniver-saire de la naissance de la République algé-rienne démocratique et populaire, les Fran-çais s'associent à l'émotion de tous lesAlgériens », avait écrit le président françaisdans une lettre envoyée au chef de l'Etatalors que l’Algérie s’apprêtait à fêter le50ème anni-versaire deson accès àl’indépendan-ce. «La Fran-ce considèrequ'il y a placedésormaispour unregard lucideet respon-sable sur son passé colonial si douloureuxet en même temps un élan confiant versl'avenir... Notre longue histoire commune atissé entre la France et l'Algérie des liensd'une densité exceptionnelle. Nous devonsaller ensemble au-delà pour construire cepartenariat que vous appelez de vos vœux», avait souligné l’ex-patron du parti socia-liste. Deux événements au moins donne-ront l’occasion à l’Algérie et à la France defranchir un pas qualifié d’ « historique ».Une page inédite entre Paris et Alger s’estécrite. Le quinquennat de François Hollan-de et de Abdelaziz Bouteflika resterontmarqués par le défilé de militaires algé-riens sur les Champs Elysées lors de la célé-bration de la fête du 14 Juillet et la présen-ce du secrétaire d'Etat français chargé desAnciens Combattants, Jean-marc Todeschi-ni, à la célébration du 70ème anniversairedes massacres du 8 mai 1945. Une premiè-re. 53 ans après l'Indépendance de l'Algé-rie, son ancienne colonie, la France officiel-le a décidé de s’associer aux festivités d'undes événements les plus sanglants qui amarqué l'histoire des deux pays : le mas-sacre de plus de 45.000 Algériens qui mani-festaient pour leur indépendance un cer-tain 8 mai 1945. « Le message du gouver-

nement (français Ndlr) sera: « aucunemémoire n'est oubliée, on est dans unemémoire apaisée », avait souligné un com-muniqué du cabinet du successeur deKader Ari..Le grain De sabLeUn événement du même type, rentrantdans la droite ligne de ce modèle de rela-tion qu’ont insufflé François Hollande etAbdelaziz Bouteflika aux relations entre lesdeux pays, viendra toutefois près d’uneannée avant, secouer le microcosme poli-tique hostile à cette démarche. Comme ungrain de sable qui viendrait perturber unemécanique sur le point d’atteindre sa vites-se de croisière. Il s’agit du défilé du 14juillet 2014 auquel devait participer l’Algé-rie. Deux tendances dures qui, à traversleurs positions, ont incarné la tragédie quis’est jouée sur la terre d’Algérie. Côté fran-çais il y avait les nostalgiques de l’Algériefrançaise aiguillonnés par un Front natio-nal plus que jamais revanchard qui a pris latête d’un collectif baptisé « Non au défilédes troupes algériennes le 14Juillet 2014 ». Créé par gilbertCollard, avocat de profession,député FN, et le vice-présidentdu parti, Louis Aliot (compagnonde la présidente du FN, marineLe Pen) ce groupuscule avaitpour but de remuer le couteaudans la plaie. « Cette présencemilitaire honteuse sur le solfrançais est une provocationindigne et le signe d'un très grand méprispour tous les morts, disparus ou suppliciés,victimes de cette armée », avait déclaré cesdeux activistes. Côté algérien il y a ceux quiexigent la repentance de l’ancienne coloniepour ses crimes commis contre le peuplealgérien avant de discuter de normalisa-tion, une position symbolisée par le secré-taire général de l’Organisation des moudja-hidines (anciens combattants de la guerrede libération Ndlr) qui s’est mis en éviden-ce pendant cette tempête médiatique. «L'Organisation des moudjahidine et lagénération de Novembre refusent catégori-quement la participation de nos soldats. Jene veux rien entendre de Fabius ou de toutautre colonisateur et notre position estclaire concernant cette question », avaitdéclaré Said Abadou en réaction aux pro-pos de l’ancien chef de la diplomatie fran-çaise, Laurent Fabius qui avait confirmé laprésence de militaires algériens à la célé-bration du centenaire de la Première guer-re mondiale, le 14 juillet 2014, sur lesChamps Elysées. « L'Algérie ne participerapas à la fête du 14 Juillet en France», ajou-tera l’ex-ministre des moudjahidine. L’in-tervention du patron de la diplomatie algé-rienne mettra un bémol à cette tempête

médiatique. « L'Algérie participera dans lemême format et dans les mêmes conditionsque 80 autres nations dont leurs citoyenssont tombés au champ de bataille de la Pre-mière guerre mondiale, à la manifestationprévue à Paris à cet effet», avait affirmé, le6 juillet 2014, Ramtane Lamamra qui avaitsouligné que cette participation vise àrendre « à nos valeureux aînés l'hommagequ'ils méritent pour le sacrifice de leur viepour la liberté d'autrui et la leur propre ».La présence du Pre-mier ministre,Abdelmalek Sellal,aux cérémonies du70e anniversaire duDébarquement deProvence a mis cespolémiques au pla-card. L’espoir devoir s’écrire unepage inédite de l’histoire qu’ont en com-mun l’Algérie et la France.Le couacC’était sans compter sur certaines mal-adresses. La vidéo publiée par le Premierministre Français, manuel Valls et qui fai-sait allusion à la santé du Président Boute-flika ainsi que la photo du Chef de l’Etat,publiée de façon erronée, par le journal Lemonde dans le cadre du scandale des Pana-ma Papers, ont remis de l’eau dans le gazentre Paris et Alger. Une « grenade » dégou-pillée suite à la visite de l'ancien ministrefrançais de la Défense, Jean-Pierre Chevè-nement. Où en sont-elles aujourd’hui ? «Lesrelations algéro-françaises peuvent êtrebonnes, elles peuvent être mauvaises, maiselles ne seront jamais banales », a indiquéRamtane Lamamra, ministre des Affairesétrangères lors d’un point de presse tenu àl'issue de l'inauguration du nouveau siègedu consulat de Créteil (banlieue sud-est deParis). Qu’en est-il de la coopération écono-mique ? Si la France reste un partenaireéconomique important de l’Algérie, avecplus de 10 milliards d’euros d’échanges en2014, il faut souligner tout de même qu’el-le a perdu sa première place au détrimentde la Chine. L’Hexagone est notre second partenaireéconomique avant l'Espagne, l'Italie et l'Al-lemagne. Il faut reconnaître que la volontédes deux côtés à parvenir à un partenariatd’exception, existe.

Deux visions DifférentesIl a été confirmé lors de la 3e session duComité intergouvernemental de hautniveau qui s’est tenue au mois d’avril 2016à Alger, sous la coprésidence des Premiersministres Abdelmalek Sellal et manuelValls. Dans le communiqué commun qui asanctionné cette rencontre, les deux parties

« ont marqué leur volonté d’approfondirleur partenariat dans des secteurs straté-giques pour la diversification de l’économiealgérienne comme pour le développementde leurs échanges, dans les domaines cibléstels que : le secteur minier, les transports,les infrastructures, la santé, la mécaniqueet l’agroalimentaire ainsi que la sous-trai-tance. ». 26 accords de coopération entreles deux gouvernements ont été signés àcette occasion, ainsi qu’une douzaine decontrats à caractère économique. Alors qued’autres contrats avec Peugeot et Air Liqui-de, notamment, devaient se conclure dansles prochains mois. Pour renforcer leurcoopération, les deux pays ont prévu ausecteur de l’investissement, et au domainede la recherche scientifique la programma-tion de deux rendez-vous. Les 3es Ren-contres algéro-françaises des maires etprésidents de collectivités territoriales sesont tenues à Alger les 25 et 26 mai 2016.Elles ont eu notamment pour objectifs decomprendre le fonctionnement et les com-pétences des collectivités territoriales algé-riennes et françaises, d’établir un état deslieux de la coopérationdécentralisée franco-algé-rienne pour ainsi identi-fier de nouveaux axes d’in-tervention, indique le siteCités unies France. La citéphocéenne, marseille,devait accueillir la 4econférence algéro-françai-se de l’enseignementsupérieur et de la recherche scientifiquedurant le second semestre de l’année 2016.Il y a bien entendu le côté sécuritaire et lalutte anti-terroriste qui sont mis enexergue avec tous les attentats qui ont cibléla capitale française, la ville de Nice maisaussi la tentative de déstabilisation du maliqui menaçait toute la région qui a provoquél’intervention militaire française et celle dela diplomatie algérienne qui a permis derétablir le dialogue et d’asseoir une paixmême fragile dans ce pays avec lequel l’Al-gérie a une frontière en partage. Deuxvisions différentes pour résoudre lesconflits qui, aussi paradoxalement que celapuisse paraître, n’ont pas empêché Paris etAlger de se rapprocher davantage. L’histoi-re se chargera du reste. hoLLanDe évoque Des

Massacres De harkis et reMueLe couteau Dans La pLaie«Je reconnais les responsabilités desgouvernements français dans l'abandondes harkis, les massacres de ceux restés enAlgérie...», a déclaré le 25 septembre lelocataire de l'Elysée à l’occasion de la Jour-née d'hommage aux harkis, instituée en2003 par l'ex-président Jacques Chirac. Prisdans la tourmente des sondages qui ne luisont pas favorables dans le cas où il décide-rait de rempiler pour se succéder à lui-même le chef de l’Etat français a décidé defaire les yeux doux à un réservoir électoralestimé à quelques 500.000 voix tradition-nellement acquis à l’extrême droite aurisque de froisser un pays ami qu’il accusesans en employer le mot d’avoir fermé lesyeux le massacre de supplétifs de l’arméefrançaise alors qu’aucun mot d’ordre de cetype n’avait été donné par les dirigeants dela révolution. François Hollande a remuéle couteau dans la plaie à ses risques et périls. a. a.

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Dossier

. LES DEUX PARTIES « ONTMARQUÉ LEUR VOLONTÉ

D’APPROFONDIR LEURPARTENARIAT DANS DES

SECTEURS STRATÉGIQUES POURLA DIVERSIFICATION DE

L’ÉCONOMIE ALGÉRIENNE ».

. NOTRE LONGUE HISTOIRECOMMUNE A TISSÉ ENTRE LA

FRANCE ET L'ALGÉRIE DES LIENSD'UNE DENSITÉ

EXCEPTIONNELLE.

ALGÉR IE-FRANCE : UN PARCOURS EN DENTS DE SC IECOOPÉRATION ALgÉRO-FRANçAISE

hollande et bouteflika cassent les tabous leurs quinquennats resteront marqués par le défilé de militaires algériens sur les Champs elysées lors de la

célébration de la fête du 14 juillet et la présence du secrétaire d'etat français chargé des anciens Combattants,jean-marc todeschini, à la célébration du 70ème anniversaire des massacres 8 mai 1945.

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Dossier

n’est-il pas vrai que laFrance est le seul pays aumonde à devoir sa liberté

aux mitrailleursmusulmans.

4par s. Méhalla

Nous vivons ces derniers joursune énième brouille politiqueentre l’Algérie et la France. Lapolémique, conjoncture100% électoraliste, pure-ment et simplement, a été déclenchée, cettefois, par le très doux François Ier de la VeRépublique, le Président français sortant. Les harkis, que Dieu garde pour la Fran-ce !, sont caressés. Amadoués. Loués parcequ’ils auraient été massacrés à cause de laFrance qu’ils n’ont pas réussi à aider pourgagner la guerre d’Algérie.Plus d’un demi-siècle aprèsl’indépendance de l’Algérie,François Ier, de la RépubliqueV, s’en rappelle. Un ami écrivit : « La Franceest le seul pays au monde àdevoir sa liberté et son indé-pendance aux peuples basanés »…Nous l’avons jugé, l’ami, cru. Cru envers la France des droits del’homme, mais coloniale quand-même ? Le fut-il ? Réflexion faite… N’est-il pas vrai que la France est le seulpays au monde à ne devoir sa liberté qu’auxmitrailleurs musulmans ? 10% de la popu-lation algérienne a été enrôlée, poussée aucombat à côté de leur oppresseur lors de laPremière guerre mondiale.400 000 milles basanés ont été forcés departiciper à la Seconde guerre mondialepour que la France ait son droit de veto auConseil de Sécurité. Ou à la Société desnations… Enfin, quelque place parmi lesgrands. Le colonialisme est une négation Com-ment la France a-t-elle fêté sa victoire sur lenazisme ? Avec les bombes et le napalm.Faux ? Réflexion faite… Quelques ambassadeurs français enAlgérie l’ont plus au moins reconnu. Sarko-zy n’a-t-il pas déclaré que le colonialismeétait une négation ? La France peine àavouer ses crimes. Pourtant, quelques ver-rous n’ont bien pu résisté à l’usure dutemps. Florence Beaugé, journaliste dans leprestigieux journal Le monde a bien dénon-cé dans ses articles ainsi que dans son livreAlgérie, de la guerre à la mémoire, paru auxéditions du Cygne, toutes les atrocités de laFrance coloniale.Son témoignage raconte les exactions del’armée française : l’histoire de LouisetteIghilahriz, paru à la Une du monde le 20juin 2000, les regrets de massu, les dénéga-tions de Bigeard, les aveux d’Aussaresses,une enquête sur les viols, une autre surJean-marie Le Pen, tortionnaire à Alger en1957, ou encore l’enquête concernant legénéral maurice Schmitt, (l’ancien chefd’état-major des armées françaises et tor-tionnaire en chef à l’école Sarouy), laconfession du sergent Cloarec, etc.Cru ? Réflexion faite…

un éLectorat nostaLgiqueLes responsables de l’État français crai-gnent plutôt de déplaire à un électorat nos-talgique d’une Algérie française ! Aujour-d’hui, ce sont les harkis que les Françaisremettent dans les circuits pour narguerles Algériens et remplir l’urne aux faveursde tantôt la droite, tantôt la gauche.

mais au fait : qu’estce qui empêcherait laFrance de dire claire-ment : « oui, il s’estpassé ceci et cela, àtelle ou telle époque»… Que la France reconnaisse qu’il y a euutilisation massive de la torture pendant laguerre d’Algérie, et même avant (puisqu’ontorturait de façon routinière dans les com-missariats, avant 1954.) Il ne s’agissait pasde malheureuses «bavures», comme desgénéraux français ont tenté de le faire croi-re, mais d’un système.C’est à ce niveau que sesitue la négation dont par-lait Sarko. Le colonialismeoppresseur ! Cela, il faudrait quel’État français l’admetteun jour ou l’autre.BHL, l’intellectuel deservice, a tenté de ren-voyer dos à dos les crimesde l’armée française et la révolte du FLN.Son débat avec Zahia Drif, hein qu’on s’enrappelle, était amusant. BHL, qui a détruitla Libye par amour d’Israël (d’après cesaveux), distribue les bons et les mauvaispoints. Pourrait-il le faire concernant lesPalestiniens qui subissent les crimes, lestortures, les grèves de la faim dans les pri-sons… par ses frères porteurs de kippa etaccrochés aux guirlandes ? BHL a-t-il oubliéque la France était censée être un État dedroit, la patrie des droits de l’homme, avecun arsenal de guerre pour mater le soulè-vement des Algériens. Face à elle, il n’yavait que des maquisards et une populationsans défense.Les iMMigrés ghettoïsésBHL, et le mouvement zemmouristeaujourd’hui, se réservent bien de dénoncerles restes de la guerre d’Algérie en France.Le vécu des enfants d’immigrés musulmansghettoïsés dans les banlieues. Le racismequ’ils subissent au quotidien. La discrimi-nation à l’emploi, au logement…Les domiciliés au CRIF oublient sciem-ment de dénoncer les amalgames quesubissent les musulmans de France… assi-gnés à résidence identitaire.Cette «Arabophobie » ou «islamopho-bie», en France, de l’avis de tous, les discri-minations touchant les descendants desmigrations postcoloniales sont de plus enplus nombreuses et visibles. La Halde s’enrappelle ! Le racisme atteint autant les

Français issus des migrations maghrébines(Algérie, maroc et Tunisie) que les Françaisissus des migrations d’Afrique Noire (Côted’Ivoire, mali, Sénégal). Les descendantsdes basanés qui ont libéré la France et deceux qui l’ont construite.BHL, et Zemmour, et Finkielkraut…dénoncent-ils le cliché de « l’islamiste debanlieues » qui tend à s’imposer dans ledébat public français et vient pénaliser l’en-semble des citoyens de culture musulmane.C’est un discours plus subtile qu’on ne lecroit : il ne prétend pas que tous les musul-mans soient dangereuxmais seulement une «minorité », avec toutefoisl’idée que cette minoritépeut «contaminer» tous lesautres, comme une sorte demaladie contagieuse (lamaladie de l’islam). Les atrocités

Du 8 Mai 45Et comment la France a réagi aumeurtre d’Illan Halimi ?Le dernier exemple que je pourrai citerest le film de Djamel Bouchareb, Hors la loi,qui raconte les atrocités du 8 mai 1945 etprésenté au Festival de Canne en 2010. Quide nous ne se rappelle de la polémique qu’ila provoquée ? même l’armée française s’estrévoltée au sujet de l’ouverture desarchives. Sarkozy a préféré influencer lejury pour décerner la palme à xavier Beau-vois, réalisateur du film sur les moines deTibhirine. c’était L’éLyséequi faisait son

cinéMa ! mon ami, que je necite pas le nom, dit que« les mots ont un sens,il ne faut pas faire de lapolitique réactive ousentimentale… Il faut utiliser des expres-sions concrètes dans des situationsconcrètes. Il y a des territoires occupés, il ya Israël ; c’est reconnu internationalement.moi je ne dis pas «colonies sionistes», etc.Ces excès desservent. Il y a un langage quise tient ». La LégaLité internationaLeC’est un clin d’œil à la position légaliste,ce que devrait être, je pense, une référencepour tous les journalistes. Le journalistealgérien comprend bien ce principe delégalité internationale. L’exemple est la

position de l’Algérie concernant ce qui s’estpassé en Libye, en Syrie et ailleurs… AuSahara occidental. C’est une positionconstante de l’Algérie, même si des ex-ministres français la qualifiaient d’«ambi-guë». L’Algérie est le seul État de la régionn’ayant pas soutenu la décision de la Liguearabe de demander l’instauration d’unezone d’exclusion aérienne au-dessus de laLibye.Le Conseil de Sécurité a voté sa résolu-tion 1973 autorisant l’instauration d’unetelle zone ainsi que des frappes contre dessites et des forces militaires du régimelibyen. Après avoir pris acte de la décisiondu Conseil de sécurité de l’ONU.interprétation arbitraireLors d’un entretien avec l’ex ambassa-deur de Russie, ce dernier déclarait répon-dant à une question se rapportant à l’at-taque de l’OTAN : « On a besoin du respectstrict par tous les partis des résolutions1970 et 1973 du Conseil de sécurité del'ONU, l'inadmissibilité de l'interprétationarbitraire de ces décisions internationales». En d’autres termes, l’OTAN a bel et bienviolé la légalité internationale. Les résolu-tions ne stipulaient en aucune manière lachute de Kadhafi, même si personne ne leregrettera. Fallait-il l’exécuter ?Un autre ambassadeur, européen celui-ci, n’a pas hésité à déclarer en off à l’époque: «On dit que le CNT est légitime. Qui lui adonné cette légitimité ? ».mais avec la révélation demédiapart, et les 50 m€décaissés des banqueslibyennes pour m. x et m. Y,l’on comprend bien l’empres-sement de liquider un hommequi aurait pu être gênant !

La surDité De L’otanC’est cet interventionnis-me, à l’image d’un iceberg qui cache biendes versants, que l’Algérie a toujours refu-sé. L’intervention de l’OTAN a-t-elle réglé leproblème libyen ? Aucun spécialiste nepeut le « parier » !Pourquoi l’OTAN est sourd concernantla Palestine ?Concernant le Sahara occidental ? Les mots avaient vraiment un sens,comme les harkis d’ailleurs, ou les colla-bos… il ne faudrait pas s’en écarter desconcepts, même pour des raisons politi-ciennes. s. M.

Le Mot à Dire… a Du sens

ALGÉR IE-FRANCE : UN PARCOURS EN DENTS DE SC IE

10% DE LA POPULATIONALGÉRIENNES A ÉTÉ

ENRÔLÉE, POUSSÉE AUCOMBAT À CÔTÉ DE LEUR

OPPRESSEUR.

EN D’AUTRES TERMES,L’OTAN A BEL ET BIEN

VIOLÉ LA LÉGALITÉINTERNATIONALE.

SARKOZY A PRÉFÉRÉINFLUENCER LE JURYPOUR DÉCERNER LA

PALME À XAVIERBEAUVOIS, RÉALISATEURDU FILM SUR LES MOINES

DE TIBHIRINE.

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448 Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016

BanquesL'Algérie envisage de lesprivatiser pour diversifier leurssources de financementL’algérie s’apprête à ouvrir davantage son marchébancaire aux investisseurs privés, locaux et étran-gers. Le gouvernement envisage, en effet, de per-mettre aux banques publiques de s’introduire enBourse afin de diversifier leurs sources de finance-ment et de développer leurs activités de marché,selon le projet de budget de l’Etat pour l’exercice2017. Selon des informations rapportées par l’agenceReuters, le projet autorise aussi les investisseursétrangers à devenir majoritaires au capital desbanques algériennes, en supprimant la règle 51/49%régissant l’investissement étranger avec un partenai-re local. Le texte prévoit toutefois que les banquesqui voudront s'introduire à la Bourse d'Alger,devront obtenir un «feu vert préalable» de la banquecentrale, avant toute initiative susceptible de fairepasser plus de 49% de leur capital dans des mainsétrangères. Les analystes estiment cependant qu’ilest difficile de prédire si d'éventuelles privatisationsbancaires, via des IPO, attireraient des capitauxétrangers. En juin dernier, l'introduction en Boursed’une cimenterie publique a été abandonnée, faute dedemande. La Bourse d'Alger ne compte que cinqsociétés cotées et la liquidité y demeure très faible.La possibilité d’introduction des banques publiquesen Bourse et l’autorisation des étrangers à détenirdes parts majoritaires dans l’établissement de créditinterviennent dans un contexte de chute des recettespétrolières.L’Algérie compte actuellement six banques publiquesqui accaparent la majeure partie des actifs du sec-teur. Les autorités algériennes avaient déjà envisagéd'ouvrir le secteur bancaire aux capitaux étrangersen 2007, lorsqu’elles avaient annoncé la privatisationdu Crédit populaire d'Algérie (CPA) avant de renon-cer, deux jours seulement avant la date limite pour ledépôt des offres, arguant alors de la crise financièreinternationale.La règLe 51/49 ne concernera pLus Lesbanques La règle 51/49% régissant l’investissement étrangeravec un partenaire local en Algérie ne devrait pluss’appliquer aux banques, selon une information rap-portée le 14 septembre par le quotidien algérienL’Expression qui se réfère au projet de la loi definances pour l’exercice 2017. «La règle des 51/49%,qui a fait couler beaucoup d'encre et qui, tout letemps, a été présentée comme un outil juridique deprotection de l'économie nationale, sera révisée dansle cadre de la LF 2017 pour être désormais plusflexible et permettre d'attirer davantage d'investis-seurs, notamment dans le secteur bancaire», soulignele journal. La loi de finances 2017 prévoit de revoir àla hausse la participation des investisseurs étrangersdans les banques jusqu’à 66% contre un seuil maxi-mum de 49% actuellement, a-t-on ajouté de mêmesource. Cette mesure vise, selon ses promoteurs, àattirer des capitaux étrangers en Algérie et à moder-niser le secteur bancaire local. Elle intervient dans uncontexte marqué par la baisse des recettes de l’Etatconsécutive à la chute des cours des hydrocarbures.La règle 51/49% régissant l’investissement étranger,qui avait été adoptée au moment de la crise financiè-re mondiale de 2008, est de plus en plus considéréepar les opérateurs économiques algériens et les par-tenaires économiques du pays comme un frein auxinvestissements étrangers, même dans le secteur deshydrocarbures. Pour mémoire, en juin 2014, le ministre de algériende l'Industrie et des mines, AbdesselamBouchouarebavait expliqué que la règle 51/49 « est appelée à dis-paraître en 2020, année de l'entrée en vigueur de ladisparition des barrières tarifaires et l'établissementde la zone de libre-échange, conformément à l'Accordd'association avec l'Union européenne ». Le Premierministre algérien avait également évoqué un délai degrâce de 4 à 5 ans avant de revoir la règle 51/49dans le cadre des négociations pour le processusd’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale ducommerce (OmC).

algérie

par imad boubekri

Ala surprise générale, laréunion de l’organisationdes pays exportateurs depétrole (OPEP), tenuemercredi dans l’après-midi au tout nouveau palais desnations à Alger, a finalement pu sortiravec un consensus pour baisser la pro-duction afin de soutenir les prix à lahausse. malgré les incertitudes qui ontprécédé cette réunion tenue en margedu Forum international de l’énergie àAlger, les pays membre du cartel ontpu s’entendre sur un minima de baissede la production. L'Opep a donc décidé,mercredi, de baisser sa production depétrole pour la première fois depuis2008, l'Arabie saoudite et l'Iran ontmis de côté leur différend au vu de lapression qu’exerce le bas niveau descours du brut sur les finances d’un bonnombre de cartels. Cet accord n’a pastardé à faire son effet sur les prix dumarché dès que l’information a filtré etqui ont commencé à grimper avantmême la fin de la réunion d’Alger.

Le « Lobbying » D’aLger reMporte La bataiLLe

Des couLissesLa diplomatie algérienne a déployédes efforts colossaux pour arriver à unaccord concret. Le gouvernement algé-rien a mené pas moins de 60 réunionsde concertation pendant les deux joursdu sommet mondial de l’Energie. Selonnos informations, le Premier ministre aencore rencontré la délégation iranien-ne quelques minutes avant le début dela réunion informelle. L’objectif est deconvaincre les Iraniens de lâcher dulest et de penser à l’avenir du cartelcar, le matin même, une déclaration duministre iranien de l’Energie indiquantqu’il s’agit uniquement d’une réunionde concertation a fait baisser le prix dubaril dans un marché sensible auxincertitudes. Finalement, la réunion informelles’est transformée en réunion extraor-dinaire délibérative, contrairementaux propos du ministre iranien. Selon la déclaration du ministre

qatari de l’Energie à la fin de laréunion, le président Abdelaziz Boute-flika a été pour beaucoup dans la réus-site de cette réunion. Il convient derappeler que depuis des mois Alger faitun travail diplomatique colossal pourrapprocher les intérêts et vues des unset des autres. La diplomatie du pétrolea été menée avec beaucoup de rigueurpar le nouveau ministre de l’EnergieNoureddine Bouterfa, qui a intensifiéses tournées dans les pays membres del’Organisation des pays exportateursdu pétrole (OPEP) et hors-Opep. Despays, comme la Russie, l’Iran, le Vene-zuela, le Qatar et l’Arabie Saoudite, onttous reçu Bouterfa dans sa tournéemondiale en préparation de la réuniond’Alger. Et ce n’est pas sans résultat,puisque l’Iran et l’Arabie saoudite ontlaissé de coté leurs divergences poli-tiques pour le bien de l’Organisation etdes pays membres.Des Décisions

contraignantesCette réunion d’Alger, à la baseinformelle, s’est transformée enréunion extraordinaire et a décidé deréduire la production à un niveau oscil-lant entre 32,5 et 33 mbj. Jusqu’audébut de la réunion, c’est l’incertitudequi régnait. A la fin, le conclave d’Alger,une fois devenu formel, a donné lecaractère délibératif à la réunion.Donc, elle pouvait désormais prendredes décisions. ça a été le cas et les déci-sions sont contraignantes et obliga-toires pour tous les membres. Il s’agitde réduire la production des paysmembres de l’OPEP. D’ailleurs, l’Iran aété la première à annoncer la réductionde sa production de 700 000 barils parjour. En effet, ce sont les pays grandsproducteurs qui étaient appelés àréduire leur production, puisque celadépend d’abord d’eux. Donc, les deuxpays visés en priorité étaient l’Arabiesaoudite et l’Iran. Le premier produitplus de 10 millions de barils par jour etle deuxième est déjà à 3,6 millions debarils par jour. C’est eux aussi qui ontfait échouer la réunion de Doha enavril dernier. La réunion d’Alger a étéclôturée sur un accord qui ramènera la

production à un niveau de 32.5 mil-lions de barils par jour au lieu de 33.5millions actuellement. L'Opep détermi-nera les niveaux de production pourchacun de ses membres à l'occasion desa prochaine réunion ministérielle, quiaura lieu le 30 novembre à Vienne. Etc’est après cette réunion que l'Opeppourrait inviter les pays non-membresdu cartel, Russie en tête, à participeraux efforts de rééquilibrage du marchépétrolier.Les Marchés

pétroLiers réactifsLe début de la journée de mercredia été marqué par la baisse de 3% desprix du pétrole la veille et ce, suite auxdéclarations des ministres de l’Energieiranien et saoudien en marge du Foruminternational de l’Energie qui se tenaità Alger. mais à la surprise des expertsinternationaux, l’accord d’Alger concludans l’après-midi a fait s'envoler lescours du brut de 5%, alors que les mar-chés s'attendaient au contraire à ceque la réunion d'Alger débouche sur undésaccord. D’ailleurs, le baril allait engrimpant depuis le début de la réunion. L’accord d’Alger n’est pas encorefinalisé et la hausse des prix est liée ausentiment de satisfaction et à l’optimis-me des investisseurs dans le domainedes hydrocarbures. Par ailleurs, lesexperts n’estiment pas qu’il y ait desgrands bouleversements d’ici la finali-sation de l’accord fin novembre pro-chain. Il est à rappeler que l’objectifdes membres de l’Opep est de ramenerles prix à fluctuer entre 50 et 60 dollarset éviter que le marché déprime deplus en plus. Selon des experts, il fautattendre que la baisse de productiondes pays de l’Opep absorbe les stocksaméricains et le surplus qu’il y a sur lemarché pour pouvoir arriver au niveausouhaité des prix. Pour y arriver, il fautau moins neuf mois, selon les déclara-tions de m. Bouterfa. Ce dernier a éga-lement affiché la volonté de l’Opep dereprendre son contrôle sur le marchéet jouer le rôle principal dans labataille des prix du pétrole dans lesmarchés mondiaux.i. b.

RÉUNION INFORmELLE POUR RÉDUIRE LA PRODUCTION DE PÉTROLEun accorD

historique à aLger

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449Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016

4par Moncef wafi

Dans sa logique libérale, le président du FCE a trouvéun nouveau cheval de bataille. Déjà, derrière la suppres-sion de la retraite anticipée avec tous les remous sociauxque cela va engendrer, le président du Forum des chefsd’entreprise (FCE) ne rate aucune occasion pour appeler lanécessité de revoir le système des subventions générali-sées qu’il met sur un pied d’égalité avec les deux autres fac-teurs qui constituent un véritable frein à l’économie natio-nale, à savoir le foncier industriel et le blocage des budgetsen ce qui concerne les projets publics. La baguette à 7 DinarsSe voulant pédagogue, Haddad explique que «l’État nepeut plus subventionner comme il faisait à l’époque où lepétrole était à 100 dollars» appelant à plus de justice socia-le alors qu’il avait, en 2015, défendu la hausse des prix del’électricité et des carburants retenue dans la loi deFinances 2016. Haddad plaidera pour un système de sub-vention ciblé difficile à mettre en place et surtout tellementdiscriminatoire socialement. « J’achète le pain à 7 dinars au même titre qu’un néces-siteux. Ce n’est pas normal ! », dira-t-il à titre d’exemple.Pourtant, la solution n’est pas dans le système de subven-tion mais dans l’absence d’une juste répartition sociale quidonne tous les droits à une catégorie de gens tout en pri-vant d’autres. En effet, il serait plus judicieux d’instaurer

déjà un impôt sur la fortune, proposition rejetée par le gou-vernement et les parlementaires.un réquisitoireDans sa logique libérale, le patron du FCE fait de la levéedes subventions des produits de première nécessité soncheval de bataille estimant que la démarche est la solutionpour les problèmes économiques du pays. Dans son réqui-sitoire, Haddad n’explique pas comment vont subsister desmillions de familles algériennes qui dépendent malheureu-sement de la subvention des produits de première nécessi-té comme le pain ou le lait. De Saïda, le Premier ministreétait clair, affirmant qu’« en application des directives duPrésident de la République, nous avons également veillé àrépartir les efforts sur toutes les couches sociales, en épar-gnant les catégories fragiles et les nécessiteux ». Cepen-dant, cela risque de n’être qu’un vœu pieux au regard del’avant-projet de loi de Finances 2017 qui promet des aug-mentations qui vont faire mal.

injustice sociaLeIl convient de rappeler que ce système des subventionsgénéralisées a été également au centre des critiques del'ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou quia estimé que la partie la plus pauvre de la population profi-te de 60% des subventions d'origine budgétaire (loge-ments sociaux, alimentation, etc.). En revanche, elle nereçoit, selon lui, que 20% des subventions assurées par les

grandes entreprises, notamment Sonatrach et Sonelgaz(carburants, électricité, gaz...). Un état de fait qui va encorese confirmer avec les augmentations des carburants à lapompe et des factures d’électricité. L'ex-ministre avaitrendu public les conclusions d'une enquête qu'il a menéeen 2013 avec une équipe de chercheurs sur ce système dessubventions, concluant que ce dernier est la source d'uneinjustice sociale colossale. un cibLage pLus précisSi Benachenhou appelle à des réajustements et à plus depédagogie avec le citoyen, Haddad lui épouse les vues duFmI. Le chef de la mission du Fonds monétaire internatio-nal, Jean-François Dauphin, et au terme d’une mission de15 jours en Algérie dans le cadre des «consultations de l’ar-ticle IV», avait appelé à revoir le système des subventions.Il a expliqué que déjà entamée par le gouvernement à tra-vers la hausse des prix de l’énergie (carburants, électricité,gaz), la refonte du système des subventions doit être pour-suivie et approfondie, rappelant cette réalité des 20% desménages les plus riches qui captent l’essentiel des subven-tions, notamment pour les carburants. Le système de dis-tribution à caractère social est donc contraire à ces objec-tifs initiaux, a-t-il également estimé, proposant de réformerle système des subventions de les rationaliser, au mêmetitre que les dépenses publiques, afin d’aller vers un cibla-ge plus précis et profiter aux populations les plus défavori-sées. M. w.

LOI DE FINANCES 2017sera-t-eLLe ceLLe

D’un buDget De guerre ?4par k. benabdeli

L’année 2017 s’annonce trèsdifficile pour l’Algérie, maissurtout pour les ménages àfaible revenu ou ne dépassantpas 50 000 DA mensuellementet ayant 4 personnes à charge. Le gouver-nement à la recherche de solutions de faci-lité, n’aura pas la lourde tâche d'appliquerdes augmentations pour un grand nombrede produits et services puisque la majoritédes élus du peuple lui sont acquis et dispo-sent d’un revenu 6 fois supérieur à celuid’un cadre moyen.

L’austérité pointe Le nezDéjà, en juillet 2016, devant le conseilde nation, le premier argentier du paysannonçait la couleur (pour ceux qui saventinterpréter les sous-entendus) avec le pro-jet de loi de finances 2017 qui sera teintéd’austérité. Des experts et des observa-teurs avertis parlent même de budget deguerre pour combler le déficit induit par labaisse des recettes pétrolières estimée àplus de 50%. La justification de cetteoption repose sur la volonté de ne pasrecourir à l’endettement extérieur ; ce quine semble pas être plausible et cet endette-ment se profile de jour en jour.A défaut de communication périodiquesur l’évolution de la préparation de la loi definances, les supputations éclosent dans lapresse et dans les débats informels. Selonle ministre des Finances, de nouvelles dis-positions sont attendues et permettrontd’améliorer le niveau de recouvrement fis-cal après les facilités accordées dans la loide finances 2012, cela se traduira par unnouveau calendrier pour le recouvrementfiscal et l'effacement des pénalités deretard.

Dorer La piLuLe pour La faire passer En absence de gestion rigoureuse etimpartiale de la fiscalité, des opérationspériodiques sont entreprises à la faveur dechaque nouvelle loi de finances.Une autre option qui sera probablementretenue, puisque la plus facile à faire res-pecter, comme de nou-velles taxes sur laconsommation du tabac,de l'électricité, du gaz etdes carburants. Pour quela pilule passe au niveaudes ménages, cette aug-mentation est appeléetaxe « de l'efficacité et de l'efficience éner-gétique », une expression savante qui vamalgré tout aggraver le pouvoir d’achatmême si cela ne concerne que les entre-prises. Ces dernières vont répercuter cettetaxe qui devait osciller entre 30 et 60% sur

les consommateurs. Une autre augmenta-tion est également prévue et qui toucherales ménages, celle de la TVA qui sera majo-rée de 2% si ce n’est plus.penser aux générations

futuresChaque fois que le budget est déficitaire,les différents gouver-nements s‘arrogentle droit de puiserdans le fonds derégulation desrecettes (FRR), quiserait à moins de 700milliards de dinars etqui devait être préservé pour les généra-tions futures comme le font plusieurs payspétroliers. Le FRR est sollicité depuis l'été2014 et cela met en exergue le manque deplanification et de prévention des risquesfinanciers lors de l’aisance financière.

hausse Des carburants ? Selon certaines sources, les haussesconcerneront les carburants, les cigarettes,les biens alimentaires, la friperie, les pro-duits de luxe ainsi que les tarifs de l’électri-cité, de la téléphonie mobile et de l’Inter-net. Une série de taxes sont annoncées etimpacteront indirectement les produits delarge consommation ; une augmentationmoyenne de 8 à 14% est prévue pour lescarburants soit une répercussion directesur les consommateurs. Sous d’autres cieux, une loi de financesdécoule d’une analyse transparente de lasituation avant d’opter pour des petitesmesures avec comme unique objectifd’équilibrer le budget sans mettre en placedes leviers de développement source derichesse. malheureusement le gouverne-ment ne gère pas la crise mais la subitdepuis 2013 en se bornant à identifier lesdéficits de la balance ; sans oser apporterdes solutions durables et réalisables sur-tout.pas De risque

sur Le front sociaLUn autre paramètre très éloigné de la loide finances pèsera de tout son poids dansce budget, les élections qui se tiendront en2017 et le gouvernement fait savoir qu’au-cun risque sur le front social ne sera toléré.Les citoyens verront leur pouvoir d’achats’affaiblir encore, avec une hausse destaxes en 2017. En matière de finance, ilexiste une loi universelle qui dicte qu’undéficit budgétaire entraîne obligatoirementun processus inflationniste et l’Algérie,avec l’effondrement du prix du pétrole et ladégringolade incontrôlée du dinar par rap-port à l’euro et au dollar, ne peut réduirecette inflation conditionnée par les fortesimportations et leur impact économique. (suite en page 10)

algérie

RETRAITE ANTICIPÉE ET POLITIQUE DES SUBVENTIONS vu par le fMi, approuvé par haddad

la justification de cette option repose sur la volonté de ne pas recourir à l’endettement extérieur.

. LA DIVERSIFICATION DESPOLITIQUES DE FINANCEMENTDOIT ÊTRE ORIENTÉE VERS LA

CRÉATION DE VALEUR AJOUTÉE.

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 20164410

4par Moncef wafi

Asept mois des législatives de2017, tous les regards sontbraqués en direction desétats-majors politiques pourdéceler le moindre indiced’une participation ou d’un boycott durendez-vous du 20 avril prochain. L’im-portant réside actuellement dans laréponse des partis à donner à ces élec-tions qu’on annonce d’ores et déjà cru-ciales pour la pérennité même des siglespartisans à la lumière de l’adoption enjuillet de la loi organique portant régimeélectoral et ses articles 73 et 94 tellementdécriés par l’opposition. Pour les partisqui s’apprêtent à investir la course à l’APN,il est plus question de vie ou de mort quede programme électoral à préparer et pré-senter à leurs électeurs. Ce souci en têteréduit considérablement le champ deréflexion de ces formations dont certainesn’ont jamais brillé par leurs idées ou pro-positions concrètes de sortie de crise. Des campagnes en rase-mottesQu’ils soient des partis satellitaires gra-vitant dans la périphérie du pouvoir, par-tis du pouvoir ou de l’opposition, touteschapelles idéologiques confondues, lescampagnes électorales volent souvent enrase-mottes. Les débats d’idées engagésentre les partis frisent souvent l’indigenceet reflètent fidèlement le niveau des inter-venants qu’ils soient candidats à lachambre basse ou portés sur les listesAPW et APC. Les législatives et les localesont de tout temps été un baromètre de lacrédibilité intellectuelle des candidats tra-hissant une ignorance crasse pour cer-tains, des limites de logique pour d’autres.Si tous excellent dans le verbe facile de lapolitique, tous ou presque par contrecalent lorsqu’il s’agit de développer unargumentaire solide sur un modèle écono-mique à proposer dans le programmeélectoral. Plus qu’un constat, c’est un faitpointé du doigt par les experts quiessayent d’analyser l’absence des sujetséconomiques dans les campagnes électo-rales. Ce qui est vrai pour la présidentiellel’est autant pour les législatives où leniveau des interventions s’avère encoreplus faible. musta-pha mekideche,économiste,membre duConseil nationaléconomique etsocial (CNES)décortique cettelacune estimantque par la naturemême des élections qu’il faut gagner, « ilest difficile de parler des sujets qui fâchent» à l’exemple de la rationalisation desmodèles de consommation ou d’augmen-tation des prix d’où la prédominance dansles discours, des thèmes « généralistes etpopulistes ». Il constate qu’il est plus aisépour les candidats d’« insister sur laconstruction des institutions par exempleen reléguant au second plan les aspectséconomiques ». La prévalence de l’Etat providenceSujet hautement qualifié et technique,l’économie n’est pas à la portée du pre-mier candidat qui pourra discourir pen-dant des heures sur la corruption ou diredu bien sur la mandature de Bouteflika –c’est selon – que d’aborder de véritablessujets d’ordre économique peu accessiblespour la majorité des Algériens, pour peu

qu’ils ne soient pas vulgarisés. Si dans lanature des élections de par le monde, il estquestion pour les partis politiques derendre public leur programme électoral etpartant, économique, en Algérie, la préva-lence de l’Etat providence, distributeur derichesse, a limité les débats.DéMagogie et popuLisMeCe qui était vrai lors de la campagnepour les législatives de 2012 ne l’est forcé-ment pas pour la prochaine échéance dufait que les donnes sont tout autres. Eneffet, si le baril était à son maximum pen-dant cette période où la crise n’était qu’unmauvais et lointain souvenir, la chutedrastique des cours de pétrole a convoquél’urgence d’une réflexion davantage tour-née vers l’économique. Dans une analysepubliée par la presse en 2012, mustaphamekideche écrivait que « l'émergenceinsuffisante du secteur privé, la faiblediversification de l'économie et le poidsdu financement publicdu développement, sin-gulièrement pourmaintenir la cohésionsociale, sont autant defacteurs qui compli-quent objectivementl'expression écono-mique des partis ». Ilest arrivé à la conclusion que tout lemonde se fait que « les positionnementséconomiques de la majorité des partis,insuffisamment élaborés, prennent engénéral une place secondaire dans leurdiscours ». Les banques isLaMiquesDécortiquant les trois grands courantstraditionnels qui se partagent la scènepolitique nationale, il évoque les isla-mistes dont le programme économique nediffère pas trop de celui des autres partis àl’exception peut-être de l'encouragementde banques islamiques, un thème cher à lamajorité des partis islamistes dans lemonde arabe, particulièrement en Tunisieet en Egypte.Pour le courant nationaliste dont leFLN et le RND se disputent le leadership, ildispose d'une démarche économique rela-tivement élaborée, selonl’économiste mais limitéepar un référent à uneseule variable liée au prixdu baril de pétrole. Quantà la troisième tendancepartisane dite démocrate,son programme est diffé-remment apprécié selonl’idéologie défendue.mekideche cite l’exemple du pôle des libé-raux (RCD, PRA), de gauche à l’image dessocio-démocrates (FFS) et socialistes (PT,mDS, PST).

Des propositions fantaisistesPourtant, cette configuration restethéorique puisque dans les faits, et selonFarid Yaici, expert en économie et doyende la faculté des sciences économiques deBejaïa, « les quelques propositions despartis politiques, relatives au volets éco-nomique et social, témoignent d'un ama-teurisme et/ou d'une démagogie de leursauteurs et occultent les véritables enjeuxqui se posent à l'économie et à la sociétéalgériennes ». Décortiquant les pro-grammes de 2012, il s’interroge sur la fai-sabilité de certaines propositions commecelle du FJD de Abdallah Djaballah qui pro-

met « un taux de croissance à deux chiffressachant que notre économie est dépen-dante des hydrocarbures », dira-t-il. FaridYaici analysera aussi les solutions des troispartis islamistes, regroupés au sein del'Alliance de l'Algérie verte (AAV), esti-mant qu’elles sont fantaisistes commel'autosuffisance alimentaire ou encore « lalibre cotation du dinar » et en « mêmetemps le retour à l'administration des prix». S'agissant de la proposition du PT sur leretour au secteur public et au monopolede l'Etat sur l'économie, il considère que «ce système aujourd'hui est dépassé ». un seuL repèreRelèvement du salaire minimum(SNmg) à 30 000 ou 35 000 DA, allocationchômage à 50% du SNmg, éradication dela pauvreté en cinq ans, encouragement del'épargne… autant de ballons- sonde quine valent que par la salive dépensée parleurs auteurs. Dans cette logique, l'écono-miste et enseignantmourad goumiriconsidère les propo-sitions économiquesdes partis politiquescomme étant soit «dépassées » ou «populistes ». Il prendexemple sur les 281propositions du FLN en 2012, dont cellede promouvoir la production nationale etl'encouragement de l'épargne pour avoirun taux de croissance de 7% par an, quiselon lui, relève d'un programme écono-mique qui « n'a pas varié depuis 50 ansavec un mélange de nationalisme, d'angé-lisme et de volontarisme ».

Des constats Mais pas De soLutions Si en 2012, le seul indicateur était leprix du baril, cette campagne législativerisque de brouiller pas mal de cartes etobliger les matières grises partisanes àbûcher sur le sujet. Pourtant, il est fort àparier que le débat à propos des enjeuxéconomiques ne devra pas, dans la plupartdes cas, dépasser celui des constats. Eneffet, si en matière de constats, la totalitédes partis sont forts, ils sont moins pré-sents lorsqu’il s’agit de proposer des solu-tions, se contentent juste de s’engouffrerdans des généralités qui sentent à pleinnez un populisme parfois dangereux. Cettenouvelle donne dans le paysage écono-mique algérien devra les obliger à sortirdu bois et à afficher publiquement cequ’ils peuvent réellement proposer. Sanspour autant s’attendre à des miracles entermes de sortie de crise, le FLN, le RND etles autres sigles se prévalant du régimevont défendre la feuille de route du gou-vernement Sellal et parrainer le program-me économique du chef de l’Etat.

s’iL n’y a pLus D’argent… Pour les partis de l’opposition, la pisteest toute tracée en suivant le sentier descontre-propositions alors que les isla-mistes fidèles à leur politique vont déve-lopper un discours populiste impossible àsatisfaire. L’aspect économique de cettecampagne risque d’être encore pluspauvre du fait qu’on a enlevé le seul repè-re compréhensible pour l’ensemble de lafamille politique algérienne qui est celuide la disponibilité de l’argent. S’il n’y aplus d’argent, alors de quoi vont-ils nousparler ? M. w.

ELECTIONS LÉgISLATIVES DE 2017L’économie, ce parent

pauvre des programmespour les partis qui s’apprêtent à investir la course à l’apn, il est plus question

de vie ou de mort que de programme électoral.

« LES POSITIONNEMENTSÉCONOMIQUES DE LA MAJORITÉDES PARTIS, INSUFFISAMMENT

ÉLABORÉS, PRENNENT ENGÉNÉRAL UNE PLACE

SECONDAIRE DANS LEURDISCOURS ».

. LES LÉGISLATIVES ET LESLOCALES ONT DE TOUT TEMPS

ÉTÉ UN BAROMÈTRE DE LACRÉDIBILITÉ INTELLECTUELLE

DES CANDIDATS.

algérie(suite en page 10)

évaLuer Les Dépenses pLafonDsLe relèvement du taux d’intérêt bancai-re est la réponse à un taux d’inflation élevéqui va freiner l’investissement. La préparation du budget doit débuterau moins 12 mois avant, à travers deséchanges entre les différentes directions etservices financiers pour déterminer lesgrandes orientations de dépenses. L’exécu-tif doit aussi définir une stratégie d’en-semble en matière financière en tenantcompte du programme quinquennal etmême décennal de la stabilité financièredu pays à travers des indicateurs. Ainsi, ilsera possible d’identifier et d’évaluer lesdépenses plafond, vitales pour le pays etqui seront concrétisées à travers des tra-jectoires financières et techniques adap-tées. Ce qui malheureusement n’est pas lecas pour les argentiers de l’Algérie.

Le paLLiatifEn guise de stratégie, le gouvernementa été contraint de réorienter son cap sur lafiscalité ordinaire pour en faire un palliatifà la fiscalité pétrolière. La lecture à faire decette option est que l’orientation budgétai-re va reposer essentiellement sur la fiscali-té ordinaire. Le but étant d’assurer unemobilisation suffisante des ressourcespubliques pour tenter de financer lesbesoins croissants de la population. Certes,la fiscalité ordinaire n’est pas totalementexploitée mais cet objectif n’aura qu’untrès faible rendement si ce dernier nedevient pas un instrument de la politiquede développement.nécessaire transition Le potentiel de ressources naturellesdont dispose l’Algérie ne doit pas être rete-nu comme unique source de financementde la politique économique. La diversifica-tion des politiques de financement doitêtre orientée vers la création de valeurajoutée de l’appareil productif ; le secteurdes services, de l’agriculture, du tourismeet de la PmE de transformation de pro-duits, constituent un gisement appréciablede financement public suite à la plus-valuedégagée. Le reste à recouvrer en produitsd’impôts se chiffre en dizaine de milliersde milliards de dinars ; un effort colossalest à faire dans ce domaine pour renforcerl’apport de la fiscalité ordinaire et soulagerles impacts sur la population à faible reve-nu. Selon les économistes, le secteur infor-mel représente, depuis des années, plus de40% de la sphère économique algérienneet se traduit par une forte amputation del’apport réel de la fiscalité ordinaire et uneréduction de l’importance de son poidsdans le PIB. Economie de marchéLa transition économique vers uneréelle économie de marché et la lutteimplacable contre la corruption s’éterni-sent et ne permettent pas de trouver uneréelle alternative à la fiscalité pétrolière.Depuis plus d’un demi-siècle, l’Algérieconstruit sa politique budgétaire sur desprévisions de prix des hydrocarbures tri-butaires de la fluctuation des cours sur lemarché mondial.

Des potentiaLités huMainesLes sources d’équilibre du budget2017, sans porter atteinte au pouvoird’achat des citoyens de la classe la plusdéfavorisée existent, pour peu que les res-ponsables politiques et les élus veuillentbien puiser dans ces niches.Le pays recèle des potentialités,humaines surtout, qui ont été emprison-nées dans des politiques hasardeuses sansétude des risques et en absence de préven-tion et de prospective. k. b.

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016 4411

agricultureExPORTATIONS AgRICOLESquand l’algérie s’éveillera…

sous la présidence du Dr Bensemmane, président de la fondation Filaha innove, la situation de l’exportationalgérienne en matière agricole a été évoquée le 25 septembre au siège de l’agence nationale de promotion du

commerce extérieur (algex).

Selon les différents conférenciersprésents, dont monsieur Ali BeyNasri, Président de l’Associationnationale des exportateurs algé-riens (Anexal), de nombreux pro-blèmes sont encore à régler avant que l’onpuisse envisager une exportation intéres-sante hors hydrocarbures. Tout d’abord, ence qui concerne les modalités de l’exporta-tion des fruits et légumes, longuementdétaillées au terme de cette conférence, ilfut précisé qu’avant toute chose, celles-cine peuvent se faire par le biais de per-sonnes mais seulement par l’intermédiairede sociétés nationales spécialisées et certi-fiées en collaboration avec des entre-prises étrangères elles aussi spécialiséesdans le domaine de l’exportation et ce, afind’obtenir une compétitivité certaine. Lesdifférents types de certification des pro-duits, les normes afférentes à ceux-ci, lesproblèmes de la formation et de manage-ment et la réglementation de la CEE et del’ONU concernant notamment les produitsalimentaires dubétail ont donc étéamplement décritsau travers d’un dis-cours soutenu par unschéma clair et par-faitement explicite.De ces explicationsrelativement tech-niques mais qui ontpermis de comprendre, si ce n’est les subti-lités administratives, du moins le parcoursinévitable à effectuer pour mettre au pointun système d’export valable, il ressort quele problème de l’exportation en lui-mêmene semblerait pas, avec un peu de pratiqueet de bonne volonté, être réellement insur-montable.

Les norMes D’étiquetage Encore, faudrait-il avant de parler desnormes d’étiquetage et tarifaires, posséderle produit à adapter aux exigences du com-merce extérieur. Exporter c’est bien maisque pouvons-nous exporter ? Des dattes,des figues, de l’huile d’olive, des produitslaitiers ? La réponse ne jaillit pas subite-ment et une autre demande s’impose alorsà l’esprit : mais au fait, qu’elle est la situa-tion de l’Algérie en matière d’exportationagricole ? Selon monsieur Nasri, elle estinexistante. La superficie productive dupays qui s’élève à 8,5 millions d’hectaresest pratiquement égale à celle du maroc(8,7 millions d’ha). Le maroc exporte enmoyenne 2,5 milliards de dollars et déve-loppe un volume de 2 millions de tonnes. LaTunisie en 2015 est devenue le premierexportateur d’huiled’olive et a réalisé 934millions de dollarsd’exportations avecune moyenne de 2milliards 100/ 200millions concernantles produits agricoles.Le constat est sévèreet rien ne sert de s’api-toyer sur soi-même, mieux vaut se deman-der pourquoi l’Algérie vit-elle cette situa-tion. Un exemple précis et qui rassembletous les problèmes est celui de la datte quiest un indice révélateur de l’impossibilitéen l’état de pouvoir exporter. Pour la datte,en réalité au classement mondial l’Algérie

est le premier producteurde dattes mais son tauxd’infestation est de 30%,ce qui rend l’exportationdirecte internationaleirréalisable. Le premierproblème à résoudre estdonc celui de la qualitédes produits qui relègue en l’état le prix dela datte algérienne au 7e rang mondial. Lesecond problème concerne le réseau inter-national qui semble en l’occurrence com-plètement inconnu puisque quasimenttoutes les terres agricoles sont en jachère.Pour y remédier, l’expérience internationa-le serait donc la bienvenue afin de per-mettre d’obtenir une vision claire et effica-ce de la mise en place d’une terre réelle-ment exportatrice. La solution serait donc,toujours selon m. Nasri, de réserver sur les3,5 millions d’hectares au moins 1 million àl’exportation avec des spécificités et descritères différents. A partir de là, les inves-tisseurs étrangers pourraient apporter lesavoir-faire et, surtout, les réseaux. Enoutre, pour être compétitif, il faudraitexploiter la biodiversité et le climat algé-riens en optant pour une agriculture dequatre saisons. pour une éconoMie DurabLeLa communauté européenne importe eneffet plus de 60 milliards de dollars car lenord de l’Europe, du fait du climat trèsfroid, ne produit pas en hiver. Enfin, pouraffiner les besoins de la demande à l’expor-tation il faudrait tenircompte des besoins despays qui vont importerles produits algériens.Le maroc, par exemple,a produit pour l’exportenviron 646 000 tonnesde tomates, fruit quidemande beaucoupd’eau pour se dévelop-per (60 litres d’eau par kilo !). Afin deremédier à ce problème, ils ont décidéd’étudier la demande européenne et, enfonction de celle-ci, ils se sont mis à produi-re des haricots verts. Actuellement lemaroc est deuxième exportateur mondialde haricots verts. Une démarche authen-

tique doit être faite en Algérie en analysantles produits qui sont intéressants à expor-ter et, en optimisant leur culture, en fonc-tion des potentialités locales dans le res-pect d’une économie durable. Pour cela, laconnaissance et la formation sont indispen-sables, à condition évidemment que s’ins-taure réellement des possibilités d’exploi-tations agricoles sans une rupture de cyclequi anéantirait à-coup sur la volontéd’acheter chez l’importateur. Autre constat,le maroc s’appuie en outre sur trois expor-tateurs qui réalisent à eux seuls 70 % desexportations. L’évidence économique veutdonc qu’à la qualité s’ajoute l’adaptation aumarché internationalassortie d’une continuitédans la production. Pource faire, il s’avère quetoutes les parties pre-nantes vont démontrerune volonté indéniableafin d’assurer une pro-duction que la terre cul-tivable ne demande qu’àdonner ainsi qu’elle l’adéjà fait dans le passé. Ilne faut pas oublier en effet que durant lesannées 60/70, l’Algérie exportait 700 000tonnes d’huile d’olive alors qu’à présent,elle est l’un des rares pays méditerranéensqui l’importent. Un autre problème et pas lemoindre, est aussi celui de savoir gérer laressource hydrique. Pour l’instant, 70% desressources en eau sont destinées à l’agri-culture. Il faut donc envisager la présencede barrages dans les zones agricoles carsans eau pas de récolte. Le constat en l’étatactuel des choses est donc amer. La Tunisie,elle, exporte 95 000 tonnes d’huile d’oliveet est ainsi devenu le premier exportateurmondial. Alors comment réhabiliter lasituation ? Le fLéau De L’inaction Hormis le problème spécifique de laproduction, les experts sont d’accord sur lefait de créer des pôles d’exportations enfonction des zones de cultures et de leurpossibilités climatiques afin de créer uneproduction de qualité qui sera recherchéeet achetée par les pays importateurs. mais,pour cela et pour tout le reste, il demeure

malheureusement un fléau à combattre quiest celui de l’inaction. Une inaction qui, parexemple, rend l’Algérie le premier importa-teur au monde de lait et ce n’est pas le seuldomaine, puisque pour la petite histoire 60millions de dollars de parapluies ont étéimportés de la Chine en 2015. Toutes lesboissons aussi sont quasiment toutesimportées et l’Algérie est par rapport à sapopulation, le premier importateur mon-dial de lait. La solution ? Le remède qui per-mettrait un changement certain est entreles mains des particuliers et il est nécessai-re de sensibiliser la volonté privée. Ledomaine agricole peut devenir un espacetrès intéressant quipermettra non seule-ment l’autosuffisancealimentaire maisaussi un développe-ment économique enchaîne du pays par larichesse qu’il peutcréer à la populationet par une rentréetrès importante dedevises étrangères. Des proDuits LabéLisésL’Algérie a un potentiel énorme en lamatière. L’agriculture pourrait se dévelop-per à un niveau national et internationalavec des produits labélisés de qualité quipermettraient à des investisseurs natio-naux non seulement d’optimiser leuracquis financiers mais également de sortirleur pays d’une léthargie encore inexpli-quée. La Chine, il n’y a pas si longtempsétait dans presque tous les domaines et enparticulier dans celui agricole, dans unesituation où elle n’exportait presque rien.Alain Peyrefitte le faisait d’ailleurs remar-quer en 1973 dans un livre dont le titreétait tiré d’une citation de Napoléon 1er : «Laissez donc la Chine dormir, car lorsque laChine s’éveillera, le monde entier tremble-ra. » Ne serait-il donc pas opportun, enl’état actuel des choses, ne serait-ce quepour provoquer le destin, d’affirmer, sansaller jusqu’à écrire un livre « Quand l’Algé-rie s’éveillera… ». Il suffirait de presquerien.

p. M.

LE CONSTAT EST SÉVÈRE ETRIEN NE SERT DE S’APITOYER

SUR SOI-MÊME, MIEUX VAUT SEDEMANDER POURQUOI

L’ALGÉRIE VIT-ELLE CETTESITUATION.

L’AGRICULTURE POURRAIT SEDÉVELOPPER À UN NIVEAU

NATIONAL ET INTERNATIONALAVEC DES PRODUITS LABÉLISÉS

DE QUALITÉ.

IL NE FAUT PAS OUBLIER, ENEFFET, QUE DURANT LES ANNÉES60/70, L’ALGÉRIE EXPORTAIT 700

000 TONNES D’HUILE D’OLIVEALORS QU’À PRÉSENT, ELLE EST

L’UN DES RARES PAYSMÉDITERRANÉENS QUI

L’IMPORTENT.

4par patricia Mazy

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4entretien réalisé par samir Mehalla

Crésus : le sima-sipsa dépasse le cadre nationalavec la France qui participe avec plus de 45entreprises et qui sont même partenaires du salon ;il y a aussi les etats-unis d’amérique qui sont lesinvités d’honneur de cette édition du salon. alors,pouvez-vous nous raconter votre histoire à vousavec le sima- sipsa ?Lahlou : d’abord, je suis un producteur des produits duterroir, différents couscous, roulés à la main, à la façontraditionnelle. C’est la maison Lahlou, et on fait beaucoupplus du commerce équitable parce que nous faisons tra-vailler beaucoup de femmes et c’est tout à notre honneurde créer de l’emploi.Vous employez combien de femmes ?Sept cents (700) femmes à travers cinq wilayas, peut-être bien plus que 700. En été, nous recevonsbeaucoup de jeunes filles, des étudiantes, quiviennent apprendre à rouler le couscous. Ellestravaillent gratuitement. Et on se retrouve plusloin que le chiffre que je viens de vous avancer.Nous produisons beaucoup de variétés decouscous à partir d’orge, de blé, de maïs,d’avoine, de riz et même de gland (fruit duchêne). Il y a aussi le berkoukes qu’on appelleaussi el mardoud ou al aîch, selon les diffé-rentes régions du pays. On convertit aussi leblé destiné pour la chorba, et qu’on appelle le frik, el mar-mez (orge concassé). La maison Lahlou existe depuis 20ans. On aime beaucoup ce qu’on fait, les produits artisa-naux et on a beaucoup de demandes de gens qui sont trèsattachés à ces produits du terroir.

Le restaurant Dar LahLouPar ailleurs, on a décidé d’organiser, chaque année et icidans ce restaurant, à Dar Lahlou qui est situé à la foired’Alger, la journée nationale de la promotion des produitsdu terroir algérien. On essaye de faire venir les artisansdes produits du terroir qui se trouvent dans les différentesrégions d’Algérie et qui sont magnifiques, voire exception-nels dans certains cas, tels les producteurs delait de chamelle, de miel, des huiles des diffé-rentes plantes et fruits telle l’huile d’oléastre,l’huile d’olive, les plantes aromatiques et médi-cinales etc. DéveLopper Les pLats cuisinésTous les gens qui ont tendance à développerces produits et à les transformer en plats cuisi-nés dans leurs restaurants ou dans leurs hôtels,y sont invités. Cela encourage les producteurs àtrouver des débouchés. Cela fait six ans qu’on fait ça etDieu merci. On va le faire pour la septième année en jan-vier prochain. Depuis, je suis constamment contacté pardes professionnels qui sont dans l’événementiel tel quedans le domaine de la nourriture, dans l’art culinaireancestral, en général. Il faut savoir que nous avons eu lamédaille d’or en Sicile, en Italie, en 2005, lors de la fête ducouscous, devant les marocains, les Tunisiens et même lesSiciliens qui font le couscous.Revenons au sima sipsa.Le Docteur Bensemmane a fait appel à moi dans le butd’organiser un pavillon spécialement pour les produits duterroir. Donc avec le Salon Sima-Sipsa, nous avons unSalon qui est dédié à ces produits du terroir. Donc c’estmoi qui chapeaute ce volet. Je fais appel aux gens qui tra-vaillent avec nous, les fabricants des produits du terroir.C’est une occasion à ne pas rater puisqu’il y a les sociétésétrangères qui viennent pour y participer. Les étrangersquand ils vont dans un pays, ils ciblent directement lesproduits du terroir. Quand vous allez chez une personne àl’étranger, elle ne vous sert pas un plat du menu universelmais un plat issu de l’art culinaire local, et les plats de l’artculinaire local sont cuisinés à base de produits issus duterroir.

les produits du terroir algériens sont devenusuniversels à l’instar du couscous en France qui devenu une tradition française.Il y a couscous et couscous. Il y a lecouscous qui est fait à base de blé local,algérien, qui est roulé à la main, ce qu’onne trouve par forcément à Paris ou à NewYork parce que cela coûte trop cher. Vousne trouverez pas Deglet nour aux ChampsElysées.Deglet nour c’est devenu tunisien…Non, deglet nour est algérien. Les Tuni-siens ont su profiter du nom et le com-mercialiser. mais au fond, ils disent quec’est algérien. J’ai assisté plusieurs fois à des marc France. Quand un client français achète ces da demande au vendeur : « Ah c’est deglet nour ! Vou sûr que ça vient d’Algérie ? ». le client sait que ce s Tunisiens qui le commercialisent mais s’assurer que les dattes sont ramenées drie.

maintenant, il y a le label algérien…Récemment, il y a le label pour les fig les dattes. En parlant des figues, vous qu’elles sont cultivées dans un climat prié et spécifique. La figue de Turquie ou lie est différente de la figue locale. J’ai de la figue fraîche en Espagne, je ne lui trouvé comme goût.Vous avez parlé tout à l’heure de commerceéquitable. Vous êtes alors à la manière d’oriflac’est-à-dire deux personnes qui recrutent unetroisième personne qui recrute à son tour unequatrième, etc. C’est quoi votre mécanisme ou système de fonctionnement à vous ?Nous, c’est très simple. Nous fonctionnons en association. Il y des coopératives en quelque sorte. dans un endroit, on crée une coopérative et elle se loppe toute seule.

Comment les femmes sont rémuné Les femmes sont rémunérées tâche, au kilogramme, et non pas à l’Elles sont payées au sac de produit parce que la main-d’œuvre est trop maintenant. On essaye d’explique gens qu’il y a beaucoup de choses font derrière, avant que le produit présenté au consommateur, c’est-à la vente.alors qu’est-ce qui vous empêche de monter unusine et de fabriquer votre produit à la chaîne,d’autant qu’on est actuellement en traind’encourager la production locale et l’exportat Rien. mais je ne vais pas le faire. moi, je su content de vivre avec ces femmes et de préserver duction artisanale. Il fut un temps où quand une fem demandée au mariage, on lui posait la question de sa elle roulait le couscous ou non. C’était une référencemais cette méthode de travail n’aide pas l’éconnationale.Si. Et cela crée beaucoup d’emplois et préserve le duits du terroir et le patrimoine culinaire. Vous sav le produit du terroir est la base, le socle de l’économ l’Etat italien.encore faudrait-il que le trésor bénéficie de cetravail, via la fiscalité, la traçabilité du produiL’Etat en bénéficie. D’abord, quand vous prodvous allez dans le sens de l’autosuffisance. Si chacu le monde rural ne prend pas son panier pour aller a ché parce qu’il y a le jardin familial, ne peut-on pas ler ça faire de l’économie et réduire l’importation pomme de terre et de certains légumes…

Cré 4412

entretien De la semaineENTRETIEN AVEC SID ALI LAHLOU EN mARgE DE LA CONFÉRENCE D siD-aLi LahLou, La

Homme de goût et de savoir-faire, sid-alilahlou s’est intéressé à un créneau longtempsdélaissé : les produits du terroir. Grâce à lui,le couscous roulé main, à la manière de nosgrand-mères, revient au devant de la scène,qu’il soit de semoule de blé, d’orge, voire de

gland… mais pas que … puisqu’il met aussi envaleur le frik, le mermaz, le berkoukes et,pourquoi pas, le miel et le lait de chamelle

venus des différentes régions du pays.

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4

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Ce n’est pas tout le monde qui possède une parcellede terrain à cultiver. un citoyen qui habite dans un

bâtiment n’a pas de terre à cultiver.Justement, nous produisons pour ceux quihabitent dans les bâtiments.il y a aussi de l’informel danscette méthode.Non, il n’y a pas d’informel là-dedans. Tout est réglementaire.Ce sont des coopératives quipayent leurs impôts, la TVA, lessalaires des femmes et quicréent de l’emploi. Il y a de lavaleur ajoutée. Actuellement,l‘Etat peine pour arriver à créer un posted’emploi, mais moi je le fais. Le plaisir pourmoi c’est quand je donne l’enveloppe à lafemme à la fin du mois et qu’elle est contente. Peu impor-te si on n’arrive pas à exporter, pourvu qu’on ait l’autosuf-fisance. Avant d’exporter, il faut d’abord avoir un excès.C’est avec les petits ruisseaux que se forment les grandesrivières et que l’eau arrive à la mer.

malheureusement, ce n’est pas aussi simple que ça.Quand c’est l’etat qui crée l’emploi, il y a tout undispositif qui suit derrière en matière de contrat detravail et de sécurité sociale, mais lorsque c’est leprivé, c’est généralement des contrats à duréedéterminée (CDD) et une précarité de l’emploi.Oui, mais il faut persévérer et aller de l’avant. Ce n’estpas toujours facile.

parlez-nous un peu du produit bio. existe-t-il enalgérie ?L’appellation n’existe pas mais le produit existe enAlgérie. Nous avons des produits 100% bio, sans aucuntraitement. Nous avons les figues, l’huile d’olive, les dattes,les fruits et légumes. A Ettourba, chaque vendredi il y a unmarché bio, un marché de produits naturelsalgériens. On n’a pas besoin de le faire certifierbio car on connaît le produit. L’appellation bioest beaucoup plus à vocation commerciale etça reste dans les cahiers des charges et desmarchés. Pour avoir un produit labélisé,cela coûte les yeux de la tête pour lefaire certifier. Nous avons cheznous des agriculteurs qui ne tra-vaillent qu’avec les produits natu-rels, que ce soit pour les engrais oupour les traitements.Vous avez dit tout à l’heure que vous avezdéjà exporté en italie.En Europe. Nos produits circulent danstoute l’Europe.Vous avez pu dépasser l’écueil des normeseuropéennes ?Quelles normes ? Il y a les analyses phytosanitaires etnos produits sont décrétés propres à la consommationhumaine. Et cela ce fait depuis dix ans, depuis 2006 plusexactement.

Donc il y a un marché à l’extérieur.Il y a un marché des produits du terroir, du couscousartisanal. Les gens préfèrent le couscous artisanal à celuiindustriel.Vous n’exportez que le couscous ?Nous exportons des variétés de couscous. On travailleavec un groupe d’entreprises et on exporte beaucoup deproduits : de l’huile, des figues, des dattes, des variétés decouscous, des salades et des olives conditionnés dans desboites et des bocaux et cela se vend très bien.

pour conclure, comment voyez-vousl’avenir agricole de l’algérie puisqu’il n’ypas de production agricole ?Je ne cesse de répéter qu’il faut arrêter deparler dans le vide pour dire qu’on va expor-ter etc. Le train est parti et on doit attendre ledeuxième train. mais, en attendant, organi-sons-nous pour produire et faire de la qualitécar c’est avec la qualité qu’on fait la différenceet rien qu’avec la quantité on n’y arriverajamais. Nous ne sommes pas compétitifs et onne le sera pas tant qu’on n’a pas réinstauréune grande culture chez les Algériens, uneculture qu’on avait pourtant auparavant, cellede travailler et de cultiver. Et c’est avec les produits du ter-roir qu’on fera la différence. Tout le monde revient main-tenant vers les produits du terroir alors que nous on y estresté. Alors, pourquoi chercher à aller vers l’industriel.C’est avec les produits du terroir qu’on finira par gagner.

s. M.

4413ésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016

DE PRESSE DE SImA-SIPSA, UNE mÉDAILLÉE D’OR EN SICILE (ITALIE) a graine qui rouLe

S FEMMES SONTRÉMUNÉRÉES À LA TÂCHE,

KILOGRAMME, ET PAS À L’HEURE. . QUAND VOUS ALLEZ

CHEZ UNE PERSONNEÀ L’ÉTRANGER, ELLENE VOUS SERT PASUN PLAT DU MENU

UNIVERSEL. QUAND UNCLIENT FRANÇAIS

ACHÈTE CESDATTES, IL

DEMANDE AUVENDEUR : « AHC’EST DEGLETNOUR ! VOUS

ÊTES SÛR QUE ÇA VIENT

D’ALGÉRIE ? ».

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 20164414

agriculture

4par adel boucherguine

L’Algérie a-t-elle des terres agri-coles, ou encore des moyenset capacités pouvant lui per-mettre d'exporter sesrécoltes? La réponse desexperts en la matière est « Oui ». Et pourpreuve, le pays en a déjà fait. Des fruits etlégumes, produits proprement algériens,ont été exportés vers la Russie et biend'autres pays. La datte algérienne, à elleseule, résume cette problématique de valo-risation et de l'exportation des produitsagricoles algériens. Comment relever ledéfi de l’exportation des produits agricolespour en faire un levier du commerce exté-rieur contribuant à l’émergence de l’écono-mie nationale. Telle est la question surlaquelle s’est longuement penchée unepléïade d’experts invités par la très activefondation « Filaha Innove » à une conféren-ce de presse organisée, dimanche dernier,conjointement avec Algex, au siège de cettedernière. « Un agriculteur ne peut exporterses marchandise et récolte individuelle-ment. Il doit faire partie d’un groupe for-mant des entreprises spécialisées dans l'ex-portation. Et, il faut que ces entreprises éta-blissent un cahier des charges, et instau-rent des normes à suivre. Aucun produit nepourra passer les frontières sans la norma-lisation », a fait savoir à ce titre mounirAbdelwaheb, qui est un expert en certifica-tion. « C’est le passeport de l’exportation »,a-t-il expliqué. Soulignant que chaque payspossède « ses normes spécifiques ». Lemême expert assure que « cette normalisa-tion passe par une certification, la mise enplace des standards et même une labellisa-tion ». « Il faut, donc, que l'explorateurs'adapte aux normes mises en place par lepays vers lequel ils veulent exporter ». Pourm. Abdelwaheb « une vraie exportationpasse d'abord par un bon étiquetage, unemballage aux normes, une calibration deces produits, un taux de radiation auxnormes internationales ».Pour sa part, Ali Bey Naceri, présidentde l’Association nationale des exportateursalgériens (ANEA) a, en marge de la confé-rence livré son analyse et revendicationsquant à la problématique de l’exportationdes produits agricoles algériens. Selon lui,la volonté politique de booster la pratiquede l’exportation n’est pas ce qui manque.Les moyens, les capacités et les ressourceshumaines et naturelles non plus. Seule-ment, a-t-il insisté, « il y a un manque crueldans la vision ». « On n'a pas une politiqueefficiente de l’exportation. Nous manquonscruellement en vision », a-t-il attesté.Expliquant l’importance de valoriser lesressources en eau qui seront d’un grandapport dans l’agriculture des fruits etlégumes, toutes qualités confondues, m.Naceri relèvera, par la suite, les contraintesd’une exportation presque à l’arrêt. Pourquoi l’agriculture algérienne n’ex-porte-t-elle pas en milliard de dollars ? s'in-terroge-t-il. Pourtant, a-t-il répondu, « on avu des gens commencer à exporter de lapomme de terre, par exemple ». malheu-reusement, regrette-t-il, « c’était d’unemanière anarchique et marginale ».La vision de l’exportation doit êtreconstruite par le ministère de l’Agriculture.Il nous faut aussi bien des investisseurslocaux comme de l’étranger. Ils préparentnotre terre et travailleront avec les Algé-riens. Ces derniers leur déterminent lesquantités et les hectares à exploiter à la

seule condition que cette terre (sa récolte)soit destinée à l’exportation, a-t-il expliqué,soulignant, entre autres, le « besoin » deprofessionnels en matière d’exportation.mais le plus important, argue-t-il, «est quel’exportation des produits agricoles algé-riens a besoin d’une vision et d'une poli-tique claires ». « Le ministère ne dispose nid’analyses ni de chapitres définissant clai-rement la pratique de l’exportation », a-t-ilencore regretté, rappelant que « nousavons des terres agricoles fertiles », mais leplus grand pays exportateur de la pommede terre dans le monde reste l’Egypte. «Nous avons la terre mais pas de récolte », a-t-il mis en valeur. Le président de l’associa-tion des exportateurs, continue d’expliquer: « On n’a pas une politique d’exportation.Pour exporter, on le fait pour un marché. Etce dernier, on doit le maîtriser. Qu'est ceque la demande ? Quel est le produit qui vame ramener de la valeur ajoutée, dans lemarché européen, par exemple ? ».Et de préconiser : « A mon sens, on doitréserver un million d’hectares parmi cestrois millions qui sont à l’abandon, fertileset non exploités. Ces hectares seront desti-nés spécialement et exclusivement à l’ex-portation dans le secteur de l’agriculture.On ne doit plus mélanger le marché inté-rieur et extérieur. On ne peut exporter àpartir du marché local. Ce dernier, il estinformel », ajoutant qu’en même temps, «nous devons penser à l’aspect qualitatif etquantitatif et au réseau de distribution quenous n'avons pas ! ».A la question de Crésus de savoir qui vaasseoir cette vision, cette politique dont ilparle visant à booster l’exportation desproduits agricole, il répond : « C’est unestratégie sectorielle, ça revient à celui quiest à la tête du secteur. Nous ne sommesqu’une association invitée à s’exprimer etdonner son avis. Nous donnons des propo-sitions telles que nous les concevons. Nousdevons connaître la demande et yrépondre. Aujourd’hui, nous avons lapomme de terre, nous allons l’exporter etdemain nous n’en avons pas, qu’est ce quenous allons faire ? On a exporté la pommede terre car à un moment donné y avait unepénurie mais une fois celle de l’Egypte estentrée dans le marché mondial, on n'a plusaucun marché et notre produit n’a depuis,aucune valeur ».« La volonté politique existe, la visionest facile de la construire et il ne reste qu’àl'appliquer », car « arrêter l’importationsans produire et chercher de l’argent est unplan voué à l’échec », a-t-il affirmé.

Tant que nous disposons d’une richessequi ne demande qu’à être exploitée, déve-loppée et valorisée, notamment en produitsde terroir tels que la figue sèche, les déli-cieuses dattes universelles et l’huile d’olive,les pouvoirs publics en charge du secteurdoivent prendre conscience, plus quejamais, de l’importance de ces produits,piliers de l’émergence de l’économiedevant le désastre rentier et pétrolier. Laconférence de presse se veut aussi une pré-

paration à la 16e édition du Salon SImA-SIPSA, qui sera dédiée cette année, à l'éle-vage et à l'agroéquipement. Il est prévu du4 au 7 octobre prochain, à la Safex d’Alger,a indiqué Amine Bensemmane, présidentde Filaha innove. L'évènement, qui associepour la première fois le Salon mondial desfournisseurs de l'agriculture (SImA) et leSalon international de l'élevage, de l'agroa-limentaire et de l'agroéquipement (SIPSA),présentera les dernières innovations enmatière de spécificités des filières agricolesrégionales permettant d'accompagner lesagriculteurs et éleveurs dans leur dévelop-pement. m. Bensemmane, a indiqué quecette alliance permettra de fournir dessolutions adaptées et efficaces pour ledéveloppement des ressources agricoles aumaghreb et en Afrique.Par ailleurs, la manifestation verra l'or-ganisation, par la fondation Filaha Innove,de plusieurs forums et conférences dont lesthèmes seront axés sur la valorisation desproduits agricoles, l'organisation interpro-fessionnelle et la politique du renouveauagricole et rural que le gouvernement a misen place pour la sécurité alimentaire dupays. Parmi ces cinq forums, figure SIAFILqui se focalisera sur la normalisation etl'organisation de la filière fruits et légumes,a fait savoir m. Bensemmane, égalementprésident de la SIPSA-SImA. a. b.

LA FONDATION « FILAHA INNOVE » ET ALgEx SE PENCHENT SUR LA QUESTIONLe Défi De L’exportation Des proDuits agricoLes

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016

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Dès l’ouverture de cette 17e ses-sion des pays du mouvementdes Non-Alignés (mNA), l’Algé-rie, aidée par ses alliés, a faitbarrage à la tentative du marocde se porter candidat à la présidence ducomité politique du mNA. L’échec de cettemanœuvre marocaine pour accaparer lecomité politique des Non-alignés a privé lemakhzen d’un outil de propagande menson-gère à propos du Sahara occidental. Dans son allocution prononcée à cetteoccasion, le président de l’Assemblée popu-laire nationale algérienne, mohamed LarbiOuld Khelifa, a qualifié le Sahara occidentalde territoire occupé et désigné le maroccomme la source du blocage du processuspolitique de règlement du conflit depuis 10ans, et d’acte unilatéral mettant en danger lemandat de la minurso.L’ambassadeur du royaume chérifien etchef de la délégation du maroc au Sommet,Omar Hilale, aura tenté vainement dedémentir les accusations d’Alger en expli-quant que le maroc est venu à margaritaavec la volonté de contribuer au renouveaudu mouvement des Non-Alignés et au ren-forcement de son unité, comme l’a souhaitéle président maduro dans son discours d'ou-verture.Dans une répartition bien ordonnéedes rôles entre les deux alliés, l’Algérie et leVenezuela, le maroc a été privé d’emporter

la présidence du comité politique du mouve-ment. Le Venezuela a bénéficié des disposi-tions du règlement interne du mNA quiaccorde dans le cas de conflit, la présidencede tous les comités au pays organisateur.Caracas a ainsi hérité sans coup férir de laprésidence du comité politique de laréunion. En dépit du fait qu’il ait fait remar-quer que depuis la création du mNA en1961, le maroc n’a jamais assuré la prési-dence d’une instance de l’Organisationinternationale et aussi du fait que cette can-didature s’inscrit dans le respect du principede la rotation, le diplomate marocain ferasigner à son pays un échec cinglant de lapart du mNA. Omar Hilale, le représentantdu maroc à la réunion du mouvement desNon-Alignés, s’est plié au rapport de forcesdéfavorable à son pays au sein du mNA.En plus de l’échec dans sa tentative deprésider le comité politique du mouvement,le maroc a du faire appel à ses alliés du golfepour faire refuser l’accès à la réunion auPolisario invité par le Venezuela. Solidaritémonarchique oblige.Les sept pêchés capitaux du royaumeLa presse marocaine inféodée au makh-zen s’est empressée de parler des septéchecs d’Alger lors du 17e sommet du mNA.1 - D’abord, le maroc a misé sur la dété-rioration des rapports entre l’Algérie et sesalliés dans le mouvement, à l’instar du Vene-

zuela et de Cuba, mais il n’en sera rien. Preu-ve en est que le Venezuela a récupéré la pré-sidence du comité politique du mouvement,sachant que cette instance a son pesant dansla fixation des positions du mouvement parrapport aux questions d’actualité. 2 - De plus, la diplomatie algérienne,certes très discrète, fait parler les faits tan-dis que celle du maroc joue des solidaritésd’intérêts de survie des régimes monar-chiques et ne repose sur aucun socle démo-cratique ou populaire. 3- En sus, le maroc a qualifié de victoirele retrait de la reconnaissance à la RASD parla Jamaïque, un pays qui ne possède aucunaura ni poids pour influer sur les décisionsinternationales telles que dans le règlementdu conflit du Sahara occidental. 4- Par ailleurs, le fait que des Chefs dedélégations membres du mouvement aientexprimé leur soutien au principe de l’auto-détermination du peuple sahraoui, mêmesans que jamais le maroc ne soit cité est ensoi une victoire pour la cause sahraouie etpour toute la région. N’en déplaise au marocqui tend à minimiser cette expression.5- La propagande médiatique marocaineveut faire passer pour une victoire le faitque le document final du Sommet ait reprisla position initiale du mouvement en réaffir-mant la solution politique à ce différend. Or,il n’est pas nécessaire de sortir de Saint Cyr

pour savoir que la revendication relative àl’organisation d’un référendum sur le Saha-ra occidental est en soi une revendicationfoncièrement politique et participe d’unerecherche d’un règlement politique et défi-nitif au conflit du Sahara occidental.6- Depuis la première réunion du mouve-ment des pays non alignés en 1955, à Ban-dung, en Indonésie, le maroc, déjà indépen-dant, n’a jamais joué un quelconque rôlediplomatique dans le mouvement. A contra-rio, l’Algérie, encore en guerre contre l’occu-pant français avait réussi à faire admettreune délégation qui a parlé au nom du peuplealgérien en lutte pour sa liberté. De plus,l’Algérie a abrité en 1973 le 4e sommet dumouvement, à une époque où Alger étaitappelée la mecque des révolutionnaires. Lemaroc rougit toujours au rappel de ces véri-tés historiques.7- le maroc se gargarise du fait que laJamaïque retire sa reconnaissance à la RASDau moment où le nombre de pays ayantreconnu officiellement ce pays depuis sacréation en 1975, s’élève à 83 Etats. Qu’unpays retire sa reconnaissance, cela ne chan-ge rien à la donne du fait que la question duSahara occidental est reconnue dans leconcert des nations comme étant une ques-tion de décolonisation inachevée et que ceterritoire est inscrit par l’ONU au chapitredes territoires à décoloniser. k.a.b.

416Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016FocusNOUVELLE PASSE D’ARmES AU 17e SOmmET DES NON-ALIgNÉS

L’algérie prive le Maroc du comitépolitique du Mna

le 17e sommet du mouvement des non-alignés (mna) qui s’est tenu sur l’Île de margarita, au Venezuela, les 17 et18 septembre 2016 a été une occasion pour l’algérie, un des principaux pays animateurs de ce mouvement, derappeler les obligations de la communauté internationale envers les peuples en lutte pour leur souveraineté et

leur liberté, à l’instar du sahara occidental victime de l’occupation marocaine.

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Des crânes et des restes decrânes d’algériens, dansdes boîtes enfouies dansles sous-sols d’un muséefrançais, attendent depuisplus d’un siècle et demileur droit à une sépulturepour y être enterrés etreconnus en tant qu’êtreshumains.

M ais deux siècles après lesiècle des lumières, lepays de Victor Hugo etd‘Emile Zola (lesauteurs des

Misérables, Germinal et J’accuse), nesemble toujours pas avoir compris,malgré la déclaration des Droits del’homme (apparemment faiteuniquement pour la consommationlocale), que tous les Hommes, où qu’ilssoient, naissent et demeurent libres etégaux en droits, dans la vie commedans la mort. Ou bien, ce droit n’estapplicable que pour les enfants de «Madame Lafrance », comme diraitMaïssa Bey ? Et pourtant, combien nenous ont-ils pas montrés du doigt pourmoins que ça. Juste pour quelquesgrabuges d’enfants en mal d’être. Oubien ont-ils toujours l’intention de lesétudier et savoir si les Algériens decette époque étaient des êtreshumains ? (D’ailleurs il y en a même,encore, aujourd’hui, qui en doutent etosent se poser la question). Quelinculte argument intellectuel que des’autoproclamer comme unique etseule civilisation du monde ! Quelleméconnaissance de l’histoire ! Etpourtant, ils n’avaient qu’à feuilleter lepassé romain. Durant plus de quatresiècles, ces derniers, les romains,avaient beau dire et croire qu’ilsétaient les seuls civilisés de laMéditerranée, et ils avaient mêmeinventé le mot barbare pour désignerles autres peuples, ils ont aussiconstruit un mur de démarcation,appelé «limes», pour enraciner la chosedans l’esprit de ces autres peuples, envain. Et de cette soi-disant civilisationne subsistent aujourd’hui que lesvestiges mangés par les herbes et letemps.

Deux poiDs et Deux Mesures

Et puis, imaginons que ces « têtes »sont des leurs et c’est nous qui lesdétenons, qu’est-ce qu’ils nousn’auraient pas fait voir pour lesreprendre ? Qu’est-ce qu’ils n’auraientpas trouvé de qualificatifs et de nomsd’oiseaux pour nous rabaisser aux yeuxdu monde et, surtout, aux yeux de leurpeuple « civilisé ». Je ne comprends pas comment unesociété qui se dit libre et démocratique,universelle et diversifiée, plurielle etmulticonfessionnelle, tolérante ethumaine, scientifique et littéraire peut-elle agir par l’argument des deux poidset deux mesures, ou être aussicontradictoire par ses paroles et sesactes. Rendez-nous les têtes de nosvaleureux martyrs et libre à vous d’êtrece que vous êtes. Libre à vous de

donner des droits aux animaux audétriment de vos semblables les autreshumains. Libre à vous de croire quevous êtes les seuls civilisés sur terre.Car nous, et depuis très longtemps,nous savons qu’il y a une âme danschaque être pourvu d’un foie vivant. Rendez-nous les têtes de MohammedBenabdellah dit « Boubaghla », decheikh Bouziane, le révolté des «Zaatcha », de Moussa et Si Mokhtar lesTitraoui, mais aussi celle du lieutenantde l’Emir Abdelkader, Mohammed BenAllel. Au nom de quelle justificationretenez-vous des crânes d’hommesque vous avez mutilés, déportés, puismomifiés ou laissés en l’état, et enfinjetés dans des caves et abandonnés ?N’apprenez-vous jamais les leçons del’histoire ? Et pourtant combien de foisne vous a-t-elle pas interpellés, et vousa même donné l’occasion pour vousaffranchir de vos actes belliqueux. Etpourtant, vous avez tout repris desAllemands. Y compris le wagon où aété signé le traité de l’armistice du 22juin 1940.

un Maigre butinEt puis, que faites-vous des règles del’honneur et de la chevalerie ? Duprestige de votre nation et de sonpeuple ? Le génie du peuple françaisne mérite-t-il pas que ses gouvernantsl’honorent en respectant les pactes etles traités signés ? Ou est-ce votrebutin de guerre des cent trente-deuxans de colonialisme ? Si c’est le cas, ilest bien maigre votre butin. Il estmême en-dessous des valeursuniverselles que vous enseignez à vosenfants. Rendez- nous nos frères ! Nous nevous avons rien demandé. Si vousn’êtes pas venus jusqu’à nous, nosmartyrs ne vous auront jamaiscombattus. Comment oseriez-vousdire, en inadéquation à toute logiquerationnelle, que ce sont les aléascollatéraux des conflits ? Mais de quelconflit parlez-vous ? A maconnaissance, l’histoire a bien défini lachose coloniale comme étant la formela plus barbare de l’assujettissementd’un peuple. Mais, comble de la bêtisehumaine, au 21e siècle, après avoirdonné les droits aux chiens et auxpierres, à Paris, la ville lumière, commeil vous plaît de l’appelez [allez savoirpourquoi ?], des représentants dupeuple français, en toute conscience etcivilisation, légifèrent que lecolonialisme a été bénéfique pour lesindigènes algériens. J’ai la nausée etl’envie de v… Et puis… à dire vrai, cela a toujours étécomme ça. Voyez commentlorsqu’Abdelkader accepta de déposerles armes comment la France, au lieude le libérer selon les accords écrits etsignés, l’avait déporté jusqu’à Toulonpour l’emprisonner. « A sa surprise, lui,sa famille et ses compagnons, quatre-vingt-huit personne en tout, furentemmenés dans une forteresse ─ le fortLamalgue…/… Le lendemain de sonentrée en forteresse, un officierfrançais demanda une entrevue.Officiellement commissionné par le Roides Français, le général Daumas vintpour lui faire les offres les plusbrillantes, s’il voulait seulementrenoncer à la promesse solennelle quilui avait été faite par le général de

Lamoricière et le Duc d’Aumale,lorsqu’il s’était rendu. On lui offrit enFrance une somptueuse existence : unchâteau royal, une garde d’honneur,avec toute la pompe et tous lesprivilèges dus à un prince. Abdelkaderécouta dans un silence méprisant lahonteuse proposition. Pressé dedonner une réponse, il jeta un regardflamboyant, puis, fixant son œil d’aiglesur son vieil ami, il dit avec chaleur : «Ne me connaissez-vous pas ? Quoi !Est-ce bien vous qui me parlez ainsi ?Je ne doute pas que vos talentsdiplomatiques ne soient très utiles à laFrance ; mais je vous conjure de nepas les gaspiller inutilement avec moi. »

Dans un pan De burnousSaisissant alors de ses deux mains unpan de son burnous, et se tournantvers la fenêtre, il s’écria : « Si vousdeviez m’apporter, de la part de votreRoi, toute la fortune de la France enmillions et en diamants, et s’il étaitpossible de la mettre toute entièredans le pan de ce burnous, je lajetterais à l’instant dans la mer qui batcontre les murs de ma prison, plutôtque vous rendre la parole qu’on m’asolennellement donnée. Cette parole,je la porterai en moi jusqu’à ma tombe.Je suis votre hôte. Faites de moi votreprisonnier, si vous voulez ; mais lahonte et l’ignominie en pèseront survous, et non sur moi. » ─ In La vied’Abdelkader, de Charles HenryChurchill. Et comme Abdelkader, nous vousdisons, aujourd’hui, quoi que vousdisiez ou promettiez, nous ne nousapaiserons et n’arrêterons de réclamernotre dû qu’une fois acquis. Qu’unefois, aussi, que vous acceptiez à lirel’histoire telle qu’elle est et non telleque vous la vouliez qu’elle soit.Réveillez-vous de votre léthargiecoloniale. De votre insoutenablesuffisance, vous ne récolterezqu’acrimonie et indignation. Car leshommes n’ont aucun autre choix (depaix) que de vivre ensemble. Regardezcomment nous les victimes de plusd’un siècle de maltraitance, de fers etde massacres nous tendons notremain pour la réconciliation. De quoiavez-vous peur ? Et pourquoi insistez-vous à nous dénier le droit d’êtrecomme vous ? Le génie du peuplefrançais a pourtant légué au monded’innombrables belles choses, et danstous les domaines. Mais si vous,gouvernants et hommes politiques,vous ne croyez qu’au statu quo et àl’affrontement, des idées et desthéories, alors je n’ai que cettedoléance à vous faire : rendez-nous lestêtes de nos valeureux chouhada etque Dieu vous pardonne ! A vous, mes concitoyens, sachez qu’ilest plus que nécessaire pour notreprésence entre les nations dereconnaître que la petite histoire fait lagrande comme les petits ruisseaux fontles grands fleuves.

R. E.

CHRONIQUE D’UN BAS DE LAINERendez-nous nos têtes !

Par Rachid EZZIANE

ET DE CETTE SOI-DISANTCIVILISATION NESUBSISTENTAUJOURD’HUIQUE LESVESTIGESMANGÉS PARLES HERBES ETLE TEMPS.

ALORS JE N’AIQUE CETTEDOLÉANCE ÀVOUS FAIRE :RENDEZ-NOUSLES TÊTES DENOS VALEUREUXCHOUHADA ETQUE DIEU VOUSPARDONNE !

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4par said Lacète

Récemment, l'actuel ministredes Sports El Hadi Ould Ali,s'est rendu sur les lieux duchantier mais le constat n'estguère reluisant et encoura-geant. En effet, alors que la pose de la char-pente du toit du stade de Baraki est encours depuis cet été, le premier respon-sable du secteur a pu constater que les tra-vaux intérieurs concernant les vestiaires etles zones VIP connaissent un bon avance-ment. Cependant, force est de reconnaîtreque les volets « vestiaires » et « zones VIP »restent des parties qui se construisent l'es-pace d'une semaine et dont il ne faut guèreen parler en matière de construction. Levrai problème réside ailleurs. Le stade deBaraki n'avance pas du tout !Comment peut-on laisser un projet moi-sir alors qu'il a été inscrit en 2004 et queses travaux avaient débuté en 2009 ?

Des Dates qui troMpent Il y a tout juste une année, le chef duprojet d'alors, Jean-marie Charlie, avaitannoncé que le nouveau stade de Barakisera réceptionné en juin 2017. « Au vu destravaux qui restent à réaliser et en étantréaliste, je pourrai dire que le stade seraréceptionné en juin 2017 », a t-il indiqué.Néanmoins, en étant réaliste, ce chef deprojet voulait aussi dire que des entravessont venues se greffer au déroulement destravaux et ce sont donc deux années sup-plémentaires qui sont rajoutées afin depouvoir achever les travaux. Pourtant, l'en-treprise chargée de sa réalisation, s'étaitengagée, il y a trois ans (2013) auprès del'ex- ministre de la Jeunesse et des Sportsmohammed Tahmi, de livrer cette infra-structure à la fin de l'année 2015.Sa réalisation a été confiée à l'entreprisechinoise CRCEg qui, en plus de la réalisa-

tion d'un stade d'une capacité de 40 000places, devra également ériger un stade deréplique et une salle omnisports.Le projet avait ensuite bénéficié d'unerallonge financière de 20,706 milliards dedinars contre 11, 900 milliards initiale-ment, et ce, en raison bien entendu duchamboulement de la programmationpuisque de nouveaux travaux sont venuss'ajouter à l'édifice.La rallonge financière tourne autour denouvelles dépenses non considérées et quin'ont pas été prises au sérieux lors de lapremière étude. Ce chantier fait travaillerpas moins de 400 ouvriers chinois. Lors desa première intervention à la presse, le chefdu projet avait annoncé que les grossesœuvres sont réalisées à 70% mais la char-pente métallique n'est qu'à 15%.Il est vrai qu'après l'inspection duministre de la Jeunesse et des Sports, il aété exigé que le chantier soit renforcé enmain-d’œuvre, de lancer en même tempsles travaux des autres parties du projet etde relever la cadence de réalisation afin delivrer le stade dans les meilleurs délais pos-sibles. Si le chef du projet avait avancé ladate de juin 2017 comme date de réception,le premier responsable du sport algérienavait, lui, souhaité n'avancer la moindredate à ce sujet.« Je ne suis pas quelqu'un qui s'enfermedans des délais. L'important, c'est de ren-forcer le chantier et d'entamer la réalisa-tion des autres parties du projet », avait-ildit en conférence de presse à l'issue de lavisite.quanD Le ciMent vient à Manquer mais pourquoi donc ce chantier tarde àavancer et connaît des entraves répétitives? Il faut savoir d'abord que six ans aprèsson inscription, le projet du stade de Barakiavait atteint 5% de sa réalisation, ce qui

atteste une maigre envie de la part desouvriers ou de ses patrons pour aboutir àtemps.C'est le 18 juillet 2006 que le chantier dustade de Baraki a été ouvert tout en étantconfié à l'entreprise chinoise CRCEg. Undélai contractuel de 29 mois a été par lasuite convenu entre les deux parties à lafaveur une enveloppe financière de l'ordrede 11,9 milliards de dinars dégagée sur lebudget d'équipement de l'Etat.Si l'on tient compte de la date émise audébut, le stade de Baraki ouvrira ses portesavant la fin de l'année en cours mais voilàque tout est remis en cause en raison del'arrêt, à moult reprises des travaux.Cependant, les desseins tracés tournentà d'autres imprévus. En effet, l'assiettechoisie pour construire le stade devient unproblème pour l'entreprise chinoise. Eneffet, les premiers travaux ont longtempsperduré et, ont, dans le même temps, bouf-fé une énorme quantité de ciment. Selon ledirecteur de la Jeunesse et des Sports, «c'est l'équivalent de la quantité nécessaireà la construction de 600 logements ».De leur côté, les responsables du projetexpliquent les raisons de ce retard etannoncent qu'il y a eu d'énormescontraintes rencontrées sur le terrain.Avant l'installation des ateliers, il a falluen effet déplacer douze lignes électriquesde moyenne tension, dévier le cours deOued Adda et déplacer quatre pipelines. Acela s'est ajoutée la nécessité de refairel'étude du sol qui « n'avait pas répondu àtoutes les questions ».Ensuite, c'est la rareté du ciment qui estévoquée. Il est clair qu'à cette époque, cematériau de construction trop prisé, estdevenu rare et manquait en approvisionne-ment.Ce sont là les principales raisons qui ontfait que ce stade tarde à montrer son facièsau grand bonheur des milliers voire des

millions d'adeptes du sport roi mais celan'est pas encore terminé et le stade deBaraki ne verra pas le jour dans les mois àvenir.a qui appartienDra Le staDe ? Lors de ses premiers travaux et avec ledélai de réalisation avancé, tout le mondese frottait les mains pour l'acquisition de cejoyau. Le stade de Baraki qui est situé ausud-est d'Alger, se trouve dans la communede Baraki,mais comme l'équipe de Baraki n'évoluepas en division supérieure de notre foot-ball, deux autres équipes veulent avoir cha-cune ce stade. Il s'agit du mC Alger et del'USm Harrach. Le Doyen, par le biais de sesresponsables à cette époque, pense que cestade lui revient car l'Etat lui a promis unstade pour lui face aux très nombreux quele mCA possède. Les Harrachis ne l'enten-dent pas de cette oreille et son présidentd'alors, insiste que ce stade reviendra à sonéquipe car il est implanté dans la circons-cription de sa commune et que l'USmH n'apas un stade qui correspond à son niveaude jeu mais aussi à son statut.Cependant, depuis les problèmes queconnaît ce stade quant à sa réalisation, lesdeux clubs de l'élite de notre football sesont éclipsés et ne comptent plus sur cetteinfrastructure qui ne veut plus voir le jour.Le mCA continue toujours à recevoir austade olympique mohamed Boudiaf et lesJaune-et-Noir élisent toujours domicile austade du 1er-Novembre de Lavigerie.Il est certain que lorsque ce stade seraterminé, il va y avoir des silhouettes quiferont leur réapparition surtout quand onsait que les stades à Alger se comptent surles doigts d’une main. On ne répèterajamais assez que depuis l'indépendance,une seule enceinte a été construite dans lacapitale : le stade du 5- Juillet.

s. L.

418Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016IL EST à SA DIxIèmE ANNÉE DE CONSTRUCTION

L'éternel chantier du stade de baraki

sports

situé au sud-est d'alger, dans la commune de Baraki, le stade de Baraki d'une capacité de 40 000 places,demeure toujours au «stade» d'une construction qui ne veut pas voir arriver son terme. Conçu en 2009 pour une

mise en service prévue pour le mois de novembre 2017, la nouvelle infrastructure aura quand même vu troisministres des sports se relayer sans que cette dernière ait connu le jour de son inauguration.

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016419

4par le professeur farid haddoum

Les DifficiLes Débuts De La Dia-Lyse chronique, en aLgérie:En 1978, deux premiers centres d’hémo-dialyse chronique ont vu le jour, dans notrepays; l’un à Alger, au CHU mustapha,au seindu Service de réanimation polyvalente (leplus ancien centre d’Algérie) et le second àConstantine, ausein du Service de réanima-tion polyvalente du CHU Ben Badis (le plusancien centre de l’Est algérien). Au fur et àmesure que les premiers néphrologuesalgériens, formés enFrance, revenaient, denouveaux centresd’hémodialyse chroniqueont vu le jour,en Algérie. Ainsi, de 1978 à1983, unevingtaine de néphrologues (moti-vés !),de retour au pays ont, vite, "lancé"les10 nouveaux centres d’hémodialyse-chronique, autour d’Alger, à l’Est(Bejaïa,Sétif, Jijel et Annaba), puis à l’Ouestdupays (Tlemcen et Oran).Une formidable épopée, pour ces collè-guescourageux et méritants. Ils ont suaf-fronter tous les obstacles et surmonterlesnombreux défis, ils ont réussi à"ouvrir" cescentres sans se soucier deleur progressiondans la carrière et sans"calculs" personnels! … Pourtant, les contraintes étaient très-nombreuses, à cette époque. Ellesétaientliées:Au manque de personnel infirmierettechnique, spécialisés en hémodialyse,dans les nombreuses régions de l’intérieur-du pays,A l’offre de places de dialyse, quiétaitlimitée et nettement insuffisante, faceàl’importante demande, tant et si bien,queles centres existants étaient, déjà,saturés en1983; quelques mois, seulement,après leurouverture,Les difficultés de création des abord-svasculaires permanents,Au surmenage dupersonnel médicalet paramédical.L’uniquenéphrologue de ces premierscentres (d’as-treinte à plein temps)était, très vite, débor-dé et brutalementconfronté à l’arrivéeincessante denouveaux patients à dialyser(souventdans le cadre de l’urgence), aux-manqued’unités d’hospitalisation denéphrologie,durant ces premières années,àl’absence de chirurgiens spécialisés,pourla création et le suivi des fistulesartério-vei-neuses (FAV), pour hémodialyse.Les immenses efforts, déployés parlesautorités de santé, par tous lesprofession-nels de la santé, la volontépolitique affichéeet les très importantsmoyens financiersdégagés ontpermis le développementdurable del’hémodialyse chronique, dansnotrepays. Pour exemple, aux débuts, les-patients étaient, régulièrement, "transfé-rés"à l’étranger, pour la création desFAV.Ceci témoigne de la hauteur desengage-ments de notre pays, pour cettecatégorie demalades !Le programme "Hémodialyse chro-nique’’,dans toutes les wilayate del’Algérie,est bien lancé, il se poursuivrapendant cestrente années, de 1983 à2013 et ce, endépit de toutes les difficultésque notre paysa connues etsurmontées !

L’essor De L’héMoDiaLyse chronique, en aLgérie:Le développement de l’hémodialyse-chronique peut-être résumé par des-chiffres: notre pays s’est doté d’unnombre,important, de centres d’hémodialysechro-nique. Il était, en 2012, deprès de 355centres, répartis sur toutle territoire natio-nal. Les 48 wilayate,que compte notre pays,ont, toutes,plusieurs centres d’hémodialy-se. Toutesles wilayate, du Sud et du grandSud,ont un ou plusieurs centres, commeàTindouf, Tamanrasset, Djanet, AinSalah,Reggane, Illizi, Adrar ! Depuis 2010, iln’y a, ainsi, plus aucunezone d’insécuritésanitaire, pour la dialyse,en Algérie.

Dès 2004, les caisses de Sécurité socia-lealgériennes (CNAS et CASNOS)ont, trèsprogressivement, conventionnéun grandnombre de centres privésd’HD Chronique.Ainsi, en 2012, on dénombrait145 centresprivés d’hémodialysechronique. L’immensemajorité descentres privés sont répartisdans les 15wilayate du Nord. Les Hauts-Plateauxet le Sud recensentmoins de 10 centresprivés d’hémodialyse.Les 210 centres publics d’hémodialyse-sont, également, majoritaires dans lenorddu pays, certes; mais, ils sont présentsdanstoutes les daïrates du Sud,à l’exception deBordj Badji mokhtar etd’Aoulef, dans lawilaya d’Adrar. L’ouvertureprochaine, dansces lointainesdaïrates, est prévue pour2015, au plustard.Ces données chiffréespermettent demesurer le chemin parcouru,depuisles années 1980, les effortsfournis,l’investissement financier ethumain,l’engagement politique et l’obstina-tionde toutes les équipes médicales, quiontfinis par porter leurs fruits, durantces 30dernières années. Peu de paysd’Afrique ontréussi ce "maillage national"des centres dedialyse, cette couverturesanitaire, quasi-totale, en matièred’hémodialyse.Le Lent DéveLoppeMent De La

DiaLyse péritonéaLe:La dialyse péritonéale n’a pas connu,enAlgérie, le même "succès" que l’hémodialy-sechronique, loin s’en faut !…La dialysepéritonéale n’a pas bénéficiédes mêmesinvestissements humainset financiers. Pourexemple, les caissesde Sécurité sociale algé-riennes neprennent pas en charge, directe-ment,cette thérapeutique, à ce jour.Le nombre, total, de patients traitésparla DP, en Algérie, reste très faible.Selonles années, il y a seulement 400 à700malades qui vivent grâce à cette métho-dede suppléance. Ce nombre, hélastrop bas(03 à 06 % du total des dialyséschro-niques), donne une idée duretard qu’accusenotre pays, en matièrede développementde la dialyse péritonéale.La totalité despatients, traités par dialysepéritonéale,sont pris en chargepar les services denéphrologie desCHU du Nord et parquelques hôpitauxnon-universitaires. Latechnique de DPreste, pour le moment,"cantonnée" aunord du pays et elle n’est "pratiquée"régulièrement que par de tropraresnéphrologues engagés, exerçantdansles CHU.Plus de 30 années après son introduc-tion,dans deux CHU d’Alger, dès 1980et àl’hôpital de Koléa, en 1982, la dialysepérito-néale reste une techniquemarginalisée. Elle

est, très largement,"sous-utilisée" par lacommunauté desnéphrologues algériens.Elle est, pourtant,largement utilisée dansles autrespays; à hauteur de 45 % auRoyaumeUni; à près de 90 % au mexique; à50% dans les pays scandinaves; à 95 %àHong-Kong et à Singapour; à 45 % auJaponet en Corée du Sud; à 35 % auxUSA et à 70% au Canada. La DP estnettement moinscoûteuse que l’HD encentre et elle estreconnue comme lameilleure "salle d’atten-te" pour la transplantationrénale !En outre, seule la Dialyse Péritonéale-manuelle est utilisée (la DPCA, pour99%des patients algériens), la Dialyse Péri-tonéaleAutomatisée (DPA) demeurequasi-inexistante, dans notre pays.Dans les autres pays, qui pratiquentlaDP, la DPA est représentée à hauteurde 35%, jusqu’à 100 %. Les avantagesqu’offre laDPA sont sans aucunemesure, face à laDPCA: un seul branchement,la nuit, audomicile, de plusgrands volumes, un risquenul de contaminationmicrobienne. Uneplus grandeliberté et plus d’autonomiepour les enfants,pour les patients actifs etpour lesproches qui sont en charge dupatient. La Pharmacie Centrale des Hôpi-taux(PCH), unique importateur des poche-set des accessoires de DP assure la livrai-sonde tous les hôpitaux du pays,à partird’Alger et de ses 03 directionsgénérales(Annaba, Biskra et Oran).Les deux plus importants fournisseurs-mondiaux en poches de DP sontprésents,en Algérie. Ainsi, depuis sa créa-tion,la PCH s’approvisionne auprès decesdeux producteurs; ce qui permetplus dechoix, au meilleur coût, grâceà l’applicationdes règles commercialesconcurrentielles etelle nous assure,ainsi, une plus grande dis-ponibilité.Pour tous les patients traités par DP,enAlgérie, les poches et accessoires sontre-mis, gratuitement, par les pharmaciensdeshôpitaux. Les patients s’approvisionnent,ainsi, à titre gracieux,chaque mois, auprèsde l’hôpital le plusproche de leur domicileet ce, pendanttoute la durée de leur traite-ment par laDP.L’enregistrement des nouvelles poches-de DP, avec des solutions biocompatibles-contenant un tampon bicarbonate(à laplace du lactate), contenantun polymère deglucose, peu absorbépar le péritoine (à laplace du glucoseseul), contenant des aidesaminés(pour compenser la fuite pro-téique)vont, sûrement, permettre d’aug-menterla qualité de la DP et ainsi, " d’enrô-ler"plus de patients; et surtout, de les"rete-nir" plus longtemps.

La DiaLyse péDiatrique:En 2013, en Algérie, il y a - pour lemo-ment - un seul centre de DialyseChroniquePédiatrique. Ce seul centre(pour hémodia-lyse chronique pédiatriqueet pour DPCApédiatrique) estdans l’unique service spé-cialisé de néphrologiepédiatrique d’Algérie,à l’EHSCanastel, à Oran. C’est très peu,pournotre pays ! …De nombreux enfants, atteints d’Insuffi-sanceRénale Chronique Terminale,sont tou-jours pris en charge par lescentres de dialy-se pour adultes. Ilssont, ainsi, dialysés "aumilieu" desadultes et des personnes trèsâgées,dans un environnement très stres-santet totalement inadapté pour leur âge.LaDialyse Aigue Pédiatrique (HD Aigueet DPAigue), en revanche, est assuréedans plu-sieurs services de pédiatriegénérale et/oude réanimation pédiatrique,à Alger (auxCHU d’HusseinDey, de Bab-El-Oued et deBéni-messous),à Oran (au CHU Oran) etenfin,à Constantine (au CHU Ben-Badis etàl’EHS mansourah).en 1989, La néphroLogie

Devient une DiscipLine univer-sitaire, en aLgérie:Pendant de nombreuses années (plusde15 ans), en Algérie, la néphrologieétait(pour tout le monde, hélas !) unespécialitéuniquement hospitalière,représentée parles appareils de dialyseet elle est restée,trop longtemps,"confondue et confinée" à laseuletechnique d’hémodialyse.C‘est en 1989, qu’elle s’est "hissée"aurang de discipline universitaire. Elleest,ainsi, devenue une spécialité hospitalo-universitaire, reconnue par les deuxminis-tères de tutelle (par le ministèrede l’Ensei-gnement Supérieur et par leministère de laSanté).C’était, indiscutablement, une étape-très importante que venait de franchirnotrediscipline et cela s’est traduit,progressive-ment, par l’enseignementde la néphrologie,en graduation eten Post-graduation, l’offi-cialisation du Diplôme d’études médicalesSpécialiséesen Néphrologie (le DEmS deNé-phrologie), la formation de plus de500néphrologues, en Algérie, en seulementunquart de siècle d‘existence,la formation dedizaines de maitres assistants,la nomina-tion de nombreuxmaitres de conférences etProfesseurset enfin, par l’ouverture, pro-gressive,de nombreux services hospitalo-universitairesde néphrologie, dans les dif-férentsCHU et EHS que compte notrepays.

Les noMbreux Défis à reLeverpar Les nouveLLes générations

De néphroLogues:Ils poursuivront, sur les traces de leur-saînés, le difficile et long chemin dela"construction" de la néphrologie algérien-nemoderne. L’Héritage, laissé parles " pion-niers" est très précieux, il aété "arraché", aufil des ans, au grandbénéfice des patients etdes futurs étudiantsen médecine et en spé-cialité. Nous leur demandons de pour-suivre,sans relâche, l’enseignement de lanéphrologieau sein des facultés, des hôpi-taux,des sociétés savantes, de créerdes uni-tés de Recherche en néphrologie,arriméesaux services universitaires,de développerla Dialyse Péritonéale etaussi (et surtout),la TransplantationRénale, d’aider à créer des servicesdenéphrologie pédiatrique, de dynamiser-toutes les actions et mesures de préven-tiondes maladies rénales, d’introduire-toutes les nouveautés, en matièrede DialyseAigue et Chronique et enfin,de préserver celegs, remis par les anciens,pour le trans-mettre, à votre tour,à vos élèves ! …professeur farid haddoum

/santé-mag

santé

histoire de la dialyse en algérie de ses débuts à nos jours (2èmepartie et fin)

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420 littérature Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016

a mi-chemin entre lanouvelle et le conte

fantastique ou le style du« réalisme magique (1) »«Si vous ne lisez que ce que tout lemonde lit, vous ne pouvez penser que ceque tout le monde pense. » Haruki muraka-mi.Ainsi se lit le livre de Hamid Ali-Bouaci-da, l’écrivain qui a ressuscité la nouvelle endéclin chez les littérateurs ces dernièresannées. Cinq dans les yeux de Satan est unvoyage dans les tréfonds du vécu des gensordinaires, mais aussi dans le tissage desmots et l’enchevêtrement de la prose et dela poésie et où le fantastique et le réel secroisent le fer du verbe bien ciselé. Ce recueil de nouvelles, seize (et unpoème) au total, les unes plus époustou-flantes que les autres, écrites dans un style« déroutant » [Je ne sais si le mot est juste,mais c’est ce que j’ai ressenti ou décelé] etalerte, presque à petites foulées, mène lelecteur puriste à l’enchantement de la bellelecture. mais aussi à de l’émotion, noble etsincère.

j'ai bu Les fabLesEt le livre porte une empreinte digitale.Car il débute par une « Carte d’identité lit-téraire ». Un hymne à la littérature. Je vousdonne, avec la permission de son auteur, unextrait :de toi la Fontaine, j’ai bu les fablesJ’ai été loup et agneauCorbeau et renard J’ai même été chêne et roseau, Blaise

Je suis riche de tes misérables, Victoret ton emile m’a éduqué, Jean-JacquesJe sais le mal de tes fleurs, Charleset je suis ivre de ton bateau, arthur

tes feuilles d’automne m’ont froissé, Victoret j’ai nagé dans ton lac, alphonseet j’ai vécu la mort de ton loup, alfredet j’ai pleuré ton atala, René…/… Je n’ai pas fumé l’opiumils m’ont donné le bâton,Mouloudils m’ont pris la terreet j’ai versé mon sang

Je n’ai pas oublié la collineni mes chemins qui montentJe me souviens de la meret le quai aux fleurs m’arépondu…/…

Je suis Fouroulou, fils du pauvreJe suis Z’hor, je suis OmarJe suis nedjma, inaccessible étoileet dans les flammes de l’incendie je meconsume

J’ai brûlétu as brûlé, nazimnous avons tous brûléet les ténèbres ne sont toujours pas clarté.

un faiseur De MotsN’est-ce pas comme un tableau peint enhommage à la sueur « des mots qui engros-sent les pages » ? [Tiré de la première nou-velle : C’est écrit, Kateb]. Et vous n’avezrien vu encore… n’est-ce pas nostaLgique et

Languissant ? Revenons sur terre et continuons notrequête : « A monsieur Le Délégué auxLangues. J’ai l’honneur de vous écrire pourvous dire que je ne suis qu’un faiseur demots. Quelqu’un qui fait des textes, enattendant que mes textes me fassent. Je neveux pas mourir avant d’avoir été écrit par

ma plume. Cette plume qui parcourt lespages comme on déflore le silence… » (Page20.). Dans la deuxièmenouvelle, intitulée : «mots sots choisis », c’estun écrivain public, amou-reux de la poésie, qui serasurpris par la requêted’un jeune qui accepterade lui un poème au lieud’une demande d’emploicomme tous ses autres clients.Et l’écrivain, par la plume de l’écrivainpublic, dans la nouvelle, explique sonmétier au Délégué aux Langues : « Je suis untextiste et si le mot n’existe pas, je l’invente.D’ailleurs des mots comme sexiste outélexiste existent bien ?.../… Un texiste,c’est quelqu’un qui tisse les mots ainsi quede l’étoffe s’enchevêtre les fibres. S’il y aune fibre qui déchire le tissage, il ne fautsurtout pas la recoudre : elle est la déchiru-re du texte et au lieu du défaut, elle en est lerelief…/… Et quand j’aurais, comme unimmense drap, étalé mon œuvre, j’ouvriraisune foire aux textes où seront bannis tousles mots précieux qui sont à la poésie, ceque la haute couture est à l’habillement. Jevêtirais des livres entiers de bleus de chauf-fe et tous les pieds de vers de ces bottes encaoutchouc que portent les écoliers quicheminent sur la route… »un MoMent De vieDans la nouvelle « Le braséro », l’auteurnous fait partager un moment de vie deshommes et femmes de la rue. Dans la qua-trième nouvelle, « La statue », le lecteur sevoit offrir un conte fantastique digne d’un

Harry Potter plein d’images surréalistes.Une statue qui se transforme en femme,rencontre un SDF et s’ensuit un long dia-logue de « sagesse ».Dans la cinquième, c’est l’histoire idyl-lique entre une jeune étudiante et un sculp-teur de suicidés du pont Sidi m’cid. Quant àla sixième, « Lettre à mon Psychiatre », lepatient explique à son docteur pourquoi ilavait décidé de ne plus se rendre à sesconsultations, car il décide, en remplace-ment des barbituriques que lui prescrivaitle psychiatre, de se soigner avec ses rêveséveillés. « La boucherie du coin », septièmenouvelle, description imagée, comme si ony était, du pauvre qui vachez le boucher le pre-mier jour du ramadhan.« C’est enfin ton tourd’être servi. Le boucherte dévisage avec curiosi-té. Il a vu des maigres,des faux maigres, desvrais gros, des amateursde faux billets, desdévoreur de cervelle,mais des phénomènes comme toi, il n’en ajamais vus et de plus tu sens le goudron etla sueur et tu lui salis le parterre avec tesgrosses bottes de caoutchouc. Il ne tedemande pas « qu’est-ce que je vous sers?», mais «qu’est-ce que tu veux ?.. » (Page 42). S’ensuit, «Petits Etats d’Âme » où sontnotés les souvenirs des écrivains, artistes etpoètes assassinés durant la décennie noire.On y trouvera Djaout, Alloula, Boucebci etles autres. Et puis arrive la plus drôle des nou-velles. « Histoire sans C ». Cette nouvelle,

d’une extrême singularité, n’est que la tra-duction du poème « Carte d’identité litté-raire » en prose et apothéose pour la litté-rature. mais aussi l’extrapolation sur lamort de cette même littérature au détri-ment de la dégénérescence de la sociétémoderne. Comme la programmation surune chaîne de télévision, en 2077, à minuitd’un film interdit aux moins de seize ansintitulé : Les misérables, de Victor Hugo. La Décennie noire« Keltoum », la dixième nouvelle revientà la décennie noire et ses injustices com-mises au nom de Dieu par des humanoïdessur des pauvres bougres vivant dans lamisère et le dénuement. La onzième, « A larecherche du temps perdu » est un voyage,au sens propre et figuré, dans l’Algérie desannées 2000 qui, à la lecture de ce voyageentre Alger et Constantine par taxi collectif,n’était toujours pas sortie de l’auberge de lamisère. Et quoi encore ? Quoi…il faut lire lelivre pour savoir quel temps recherchait m.Ali-Bouacida...Cinq dans les yeux de Satan , nouvellequi a donné le titre du livre et la plus longueraconte l’amour impossible d’un professeuret de son élève. Non sans avoir décortiquéla société dans toute sa complexité. La nou-velle « Les ruines » raconte les élucubra-tions d’un fumeur de « joints » adossé aumur (des lamentations) en ruine. S’ensuit, «L’héritage », « La mise » et enfin « Journald’un nouveau pauvre » qui, toutes les troisnouvelles, exposent les aléas de la vie vécuepar le commun des Algériens, fût-il unjeune à la recherche d’un emploi, un enfanten quête de quelques dinars pour miser surune partie de football ou un prof de philo nesachant pas à quel Saint se vouer pourjoindre l’utile (son travail) à l’agréable(offrir une vie décente à sa famille.Dans la préface, Zoubir Souissi écrit : «Cet ouvrage est remarquable en ce sensqu’il raconte des histoires qui sont à mi-chemin de la nouvelle proprement dite etdu conte fantastique. Le style est alerte etles thèmes profondément ancrés dans levécu des Algériens. Pour un essai, c’est cer-tainement un coup de maître qui expliqueet justifie le choix du jury du prix mohamedDib d’accorder sa plus haute distinction aulivre de Abdelhamid Ali-Bouacida. Une dis-tinction qui n’est pas usurpée et qui récom-pense un auteur prometteur et un poètemembre à part entière de la république ouplutôt de la « galaxie », comme il le dit lui-même, des poètes. »

un journaListe qui a rouLé sabosseCe recueil de nouvelles a été primé en2006 par la fondation moha-med-Dib. Son auteur, HamidAli-Bouacida, diplômé ensciences économiques, estun journaliste de métier quia roulé sa bosse et sa plumedans divers journaux dupays après avoir débuté dansle journal sportif El-Hadef. Ilvient de publier un roman,La dernière carte, aux édi-tions L’Harmattan en France.

Cinq dans les yeux de satan De HamidAli-Bouacida – Editions Casbah Prix – Fon-dation mohamed Dib. Tlemcen. 2006(1) Le «réalisme magique» est une qualifica-

tion qu’utilise la critique littéraire (et dans l’art)pour parler d’une œuvre où le magique, le sur-naturel et l’irrationnel surgissent dans un envi-ronnement réaliste (historique, culturel, social

ou autre). r.e

Cinq dans les yeux de satan, De haMiD aLi-bouaciDa

Dans Le tissage Des Mots

ET LE LIVRE PORTE UNEEMPREINTE DIGITALE. CAR

IL DÉBUTE PAR UNE« CARTE D’IDENTITÉ

LITTÉRAIRE ». UN HYMNE ÀLA LITTÉRATURE.

UN POÈTE MEMBRE À PARTENTIÈRE DE LA

RÉPUBLIQUE OU PLUTÔTDE LA « GALAXIE », COMME

IL LE DIT LUI-MÊME, DESPOÈTES.

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016littérature

4entretien réalisé par : amine iDjer

Crésus : un concert à Cherchell estvotre première œuvre littéraire.Comment vous est venue l’idéed’écrire ? est-ce que cela est lié àvotre parcours professionnel ?

nora sari : L’idée d’écrire est née il y ade cela plusieurs décennies, lors d’unesituation des plus cocasses ! Alors quej’étais instit dans une école primaire duquartier du 1er mai, nous bavardions, mescollègues et moi, durant larécré ; elles évoquaient telchanteur, lors de concertdonné à l’occasion d’un maria-ge d’untel, etc. Et je déclarais,innocemment, que mon pèreorganisait des concerts privésà la maison, sans autre motiffestif que celui de l’amour de lamusique arabo-andalouse… Quelquesrécrés plus loin, lors de bavardages sur lesbienfaits du hammam et des bonnesadresses échangées, j’avouais, tout aussibenoîtement, n’avoir jamais mis les piedsdans un hammam public, et pour cause,mon grand-père avait construit de sesmains le nôtre chez nous ! Une collèguebien intentionnée et pensant me rendreservice m’attira en aparté et me lança toutde go : « Nora ! Cesse donc de raconter vosconcerts et votre hammam privés, person-ne ne te croit ! Cesse de te ridiculiser ! »Le DécLic eut LieuC’est ce jour-là que germa l’idée de cou-cher sur papier, pour la postérité, cesmodestes souvenirs d’enfance, ainsi quel’environnement culturel, cultuel, social etéconomique dans lesquels ils sont nés etqui se sont imprimés dans ma mémoire.Beaucoup de temps s’est écoulé depuiscette date, un jour le déclic a eu lieu, et lelivre est né !Certes, mon parcours professionnel agrandement contribué à la naissance de cetouvrage ; j’ai baigné dans un environne-ment linguistique francophone, née deparents lettrés, enseignante et fille d’ensei-gnant, puis avec un passage et une immer-sion dans le monde fascinant de la presseoù j’y suis encore, par conséquent, l’acted’écriture n’en est que le prolongementlogique !

avez-vous rencontré des difficultésdans « l’accouchement » des mots ?En aucune façon ! Le déclic s’est produitlorsque mon amie d’enfance, Yamina Ayadime téléphone pour m’annoncer qu’elle estatteinte d’un mal incurable, et que ses jourssont comptés. Je prends alors consciencecombien la vie est éphémère, et combien detemps est passé sans que mon projet voie lejour. Je prends alors une rame de papier et,au bout de 45 jours, les 88 nouvelles sontrédigées, sans ratures, sans réécriture,aucun brouillon jeté, le stylo écrivait seul, je

me contentais de lesuivre… Cestranches de vie, jeles avais tellementmûries, si long-temps portées engestation, qu’il ne me restait qu’à les régur-giter telles qu’elles étaient prêtes à naître !Seule la quête du patrimoine immatériel deCherchell a nécessité de longs mois (présde 2 ans) de prospection, de recherches, deprises de contacts, de voyages et de dépla-cements, d’enregistrements, de transcrip-tion et de traduction ;et cela à demandé desmilliers d’heures detravail.aMbivaLence

MoDernité/traDition

Qu’est-ce qui est difficile : écrire ou sefaire éditer ?A vrai dire, ni l’un, ni l’autre ; monmanuscrit a été déposé chez L’Harmattan ;quinze jours plus tard, j’avais une réponsepositive, au lieu des 2 mois d’attente régle-mentaire, je n’ai pas eu besoin de l’envoyerà d’autres éditeurs.Ce livre est une fenêtre ouverte surune famille conservatrice évoluantdans une ville connue jusqu’àaujourd’hui pour ses traditions…Oui, avec toutefois un paradoxe : cetteambivalence modernité/tradition qui amarqué mes 2 familles (paternelle etmaternelle). Tout en respectant la tradition– nos femmes étaient voilées –, à l’intérieurdes maisons, la modernité était de bon ton ;on parlait français (depuis la génération demes parents, 1911 pour mon père et 1923pour ma mère qui fut scolarisée en sontemps à l’école primaire d’El-Biar) ; peu defemmes de son époque étaient lettrées etma mère se rendait chez la coiffeuse dès lesannées 40 et mes parents fréquentaientl’opéra d’Alger lors des tournées demahieddine Bachtarzi, ou pour desconcerts de musique. Et c’est cette ambiva-lence que j’ai tenu à mettre en exergue dans

mes textes ! Nous avons préservé notre cul-ture traditionnelle, tout en nous appro-priant la culture du colonisateur.l’histoire du livre est figée dans uneannée : 1952. pourquoi ?C’est une année charnière dans la vie dema famille ; en effet, mon enseignant depère change de statut à la suite d’études, etreçoit une affectation au lycée Franco-musulman de Constantine ; l’année suivan-te nous le rejoignons pour l’année scolaire1953- 54, et la révolution éclate ; c’est «l’exil » à Constantine. L’en-fance n’est plus qu’un loin-tain souvenir, et une autretranche de vie commence,sur fond de guerre de libéra-tion nationale.

Des personnagesexcentriques

Quatre-vingt-huit nouvellescomposent votre livre, chacune estune tranche de vie…Ce nombre s’est imposé de lui-même. Iln’a pas été définipréalablement dansun canevas ; aprèsavoir évolué dansles 4 maisons quiont jalonné monenfance, (3 maisonsfamiliales à Cher-chell et celle desgrands-parentsmaternels à El Biar,)après avoir narré,conté, décrit les fêtes religieuses, lesmariages, les circoncisions, les sorties, lesrites, ainsi que les us et coutumes, il ne res-tait qu’à actualiser les portraits dequelques personnages, hors du commun,excentriques, originaux, particuliers, histo-riques, du landerneau cherchellois ; et c’estainsi que ce nombre de 88 nouvelles, fruitdu hasard, a ponctué mon récit.au-delà de l’aspect romanesque, lelivre est autobiographique,intimiste…Certes, autobiographique d’abord, maisaussi intimiste dans le sens où les person-nages sont réels avec leur identité véri-

table, et tous évoluent autour de l’enfant de7 ans que j’étais au moment des faits. Unefillette trop mûre pour son âge, observatri-ce, attentive à la vie des femmes au sein despatios de leurs maisonnettes. Certaines lec-trices m’ont reproché la foultitude dedétails physiques ou psychiques des lieuxet des personnages !malgré la joie de vivre dans leshistoires que vous racontez, l’ondécèle beaucoup de nostalgie….mon enfance fut agréable ; j étais unepetite fille modèle, entourée de l’affectiondes aïeules, des tantes, des grand-mères.J’ai déambulé de maison en maison dontchacune a laissé en moi une empreinte faitede bonheur, de souvenirs heureux et d’unenostalgie sans limites. Comment oublier cesjours heureux ? L’innocence de l’enfance yest certainement pour beaucoup, mais si celivre a vu le jour, c est que ma mémoire agardé tous ces récits intacts.

Dib et feraounLa mort est présente dans votre livre.Est-ce une manière de l’adoucir, de larendre supportable ou pour faire son deuildes personnes perdues ?La perte d’êtres chers est et demeureratoujours un traumatisme dont on ne seremet jamais. En parler et faire revivre ledrame est une forme d’exutoire… pourquoi avoir opté pour un éditeurfrançais ?A travers La grande maison de Dib ouLe Fils du pauvre de Feraoun, le lectoratfrançais a découvert la misère hurlante despopulations algériennes durant la colonisa-tion. Sans avoir la prétention d’égaler cesmaîtres de la littérature algérienne d’ex-pression française, j’ai voulu faire décou-vrir à ce même lectorat qu’ilexistait en Algérie un art devivre citadin riche, coloré,séculaire, existant bien avantl’occupation coloniale et ausein duquel je suis née. mmeAssia Djebar, dans son der-nier roman Nulle part dans lamaison de mon père présentemon père au chapitre 4comme « un bourgeois deCésarée ».pensez-vous déjà à votre prochainlivre ? si oui il portera sur quoi ?Puisqu’il s’agit d’une autobiographie, lasuite logique serait l’année suivante, ledépart du père pour Constantine, « l’exil »et la révolution avec ses années de braises,jusqu’à l’indépendance.Un autre livre metient à cœur : rédiger la saga de la tribu desBrakna dont je suis descendante ; celle demalek Ben Sahraoui EL Berkani, qui levaune armée pour s’opposer à la conquête del’Algérie par les troupes d’occupation et quimourut le 02 août 1871 aux portes deCherchell (la documentation est à chercheraux archives de Vincennes). a. i.

NORA SARI, AUTEURE, à PROPOS DE SON ŒUVRE : un COnCeRt à CHeRCHell

«Des souvenirs pour la prospérité»

LE DÉCLIC S’EST PRODUITLORSQUE MON AMIE

D’ENFANCE, YAMINA AYADI, METÉLÉPHONE POUR

M’ANNONCER QU’ELLE ESTATTEINTE D’UN MAL

INCURABLE, ET QUE SESJOURS SONT COMPTÉS.

MON ENFANCE FUTAGRÉABLE ; J ÉTAIS UNE

PETITE FILLE MODÈLE,ENTOURÉE DE L’AFFECTIONDES AÏEULES, DES TANTES,

DES GRAND-MÈRES.

le lecteur [re]découvre la vie d’antan dans une ville réputée pour son conservatisme, ses traditions. le livre(paru chez l’Harmattan en 2013 en France avant d’être édité en algérie chez Casbah éditions), au-delà del’aspect autobiographique, est une œuvre très intimiste. une brèche dans le passé et la vie de l’auteure. le

lecteur [re]découvre la vie d’antan dans une ville réputée pour son conservatisme, ses traditions. Ce récit est uneode à la vie, à sa culture, à sa ville natale que l’auteure veut partager avec les lecteurs. un travail de mémoire

pour les générations futures. un récit captivant, qui se lit d’une traite tant le style est fluide, sans fioritures.Dans cet entretien, elle revient sur le pourquoi et le comment de sa première œuvre littéraire.

«la peRte D’êtRes CHeRs Reste toujouRs un tRaumatisme»

J’AI VOULU FAIRE DÉCOUVRIRAU LECTORAT QU’IL EXISTAITEN ALGÉRIE UN ART DE VIVRE

CITADIN RICHE, COLORÉ,SÉCULAIRE.

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Wolton…aDes

L’apparition du village global nesuffit pas à changer les socié-tés et l’ordre du monde. L’om-niprésence des ordinateurs etdes réseaux dans le travail, lesloisirs, l’éducation n’est pas synonyme del’apparition d’une nouvelle société. L’inter-activité technique n’est pas synonyme decommunication. Le changement techniquea modifié le statut de la communication.Hier, transmettre était tellement difficileque cela était plus ou moins synonyme decommunication. Aujourd’hui, c’est presquel’inverse. Il est très facile de transmettre,mais la communication est toujours aussidifficile et l’incompréhension toujours plusflagrante. Les progrès dans la transmissionet l’interactivité ne sont plus synonymes deprogrès dans la communication humaine etsociale. D’autant que les hommes ens’émancipant revendiquent plusieursmodèles et formes de communication. Cette disjonction entre performancetechnique et difficulté de la communicationdoit être rappelée dès lors que l’omnipré-sence des techniques s’accompagne d’undiscours sur la continuité entre la dimen-sion technique de la communication et sadimension sociale et culturelle. C’est trèsexactement cela l’idéologie technique : éta-blir une continuité entre les dimensionstechniques et humaines de la communica-tion. C’est croire que l’Internet va toutchanger, qu’il s’agit d’une révolution mon-diale qui échappe aux Etats, qui eux necherchent qu’à réglementer et donc à tuercette nouvelle liberté de communication.C’est croire que le rachat par AOL de TimeWarner en janvier 2000 a constitué un véri-table progrès, alors qu’il s’est agi d’unelogique classique de concentration. Onaurait crié au monopole, à la tyrannie del’argent, à la menace pour la démocratie etle pluralisme culturel dans tout autredomaine. C’est enfin identifier touteréflexion critique sur l’Internet à de l’obs-curantisme rétrograde. Il faut au contraire refuser l’idée selonlaquelle l’omniprésence des techniques suf-fira à créer des sociétés plus égalitaires oupacifiques. Et donc prendre nos distancespar rapport au terme de « société de l’infor-mation et de la communication » quiconfond place prépondérante des tech-niques de communication dans nos sociétésavec modèle de société. C’est cette idéologietechnique qu’il faut dépasser pour en reve-nir à l’essentiel, c’est-à-dire à ce que leshommes et les sociétés peuvent faire desnouvelles techniques de communication.C’est aux techniques de l’information et dela communication de s’adapter aux projetsdes hommes et non l’inverse. Il est vrai que notre histoire démontre lecontraire. Ce sont plutôt les hommes qui sesont adaptés aux deux grandes révolutionsindustrielles qui ont modifié le rapport à lanature et à la matière. Cela a d’ailleurs euun cout humain, social et culturel considé-rable. Pour autant, la révolution techniqueactuelle s’avère radicalement différente carelle porte sur les signes et les symboles,c’est-à-dire ce qui est au cœur de l’expé-rience humaine et sociale. C’est la raisonpour laquelle ces réseaux semblent être le «prolongement » de l’esprit humain, identi-fiés à un projet de société. Penser la place d’Internet dans notre

société, c’est donc d’abord replacer la ques-tion de l’information de la communicationdans une théorie de la société. Et refuser lacontinuité entre technique et société. C’estensuite préférer le concept de communica-tion à celui d’information pour penser laplace des nouveaux services. C’est enfinréfléchir à la place que peut prendre Inter-net dans nos modèles de mondialisation. repLacer Les techniques

D’inforMation et De coMMunication Dans une

théorie De La société Comme les téléphones, les télévisionsou les ordinateurs sont identiques d’unbout à l’autre de la planète, l’idée s’est pro-pagée qu’il y avait là les prémices d’unmême type de société. C’est le thème siséduisant, et si dangereux, du village global.Séduisant, parce que réduire le problème sicompliqué de la communication entre leshommes et entre les cultures à la perfor-mance technique facilite les choses. Dange-reux, parce que la réalité historique vienttoujours rappeler que les convergencestechniques n’empêchent absolument pasles différences culturelles et sociales. Rela-tiviser la dimension technique de la com-munication est essentiel. D’une part pouréchapper à une vision trop réductrice del’histoire, et d’autre part pour rappeler lesconditions sociales et culturelles néces-saires au changement. Si l’imprimerie a eu l’impact que l’onconnaît à la Renaissance, c’est parce qu’unprofond mouvement d’affirmation de laconscience individuelle s’était fait jourpréalablement. Si la radio et la télévision sesont imposées, c’est parce qu’elles étaientportées par la démocratie de masse. Pour le moment, Internet, révolutiontechnique considérable, attend un grandprojet social et culturel. La technique est là,mais il n’y a pas de rupture fondamentaledes modèles de communication. Internetatteste d’une part de place fondamentale del’individualisme, qui s’est imposé depuisdeux siècles et, d’autre part, du passage à lamondialisation qui est plus un fait qu’unprojet. Il est donc à cheval entre deux logiques.Du point de vue des valeurs, il rejoint lepuissant mouvement individualiste propreà l’Occident. Du point de vue des intérêts, ilsert à la mondialisation des flux d’informa-tions. Cela correspond aux deux dimen-sions propres à la communication : ladimension normative, visant à l’intercom-préhension entre les individus, et la dimen-sion fonctionnelle, consistant à assurer leséchanges à l’échelle mondiale. Internet estdonc en phase avec la première dimensionnormative de nos sociétés, à savoir l’indivi-dualisme, sans apporter d’éléments nou-veaux à la communication entre des indivi-dus et des collectivités que tout sépare. Le défi de demain consiste à assurer unminimum de cohésion entre des collectivi-tés indifférentes les unes aux autres. Le défiest la gestion des différences, non celle desressemblances. Or Internet sert plutôt à lamise en relation des communautés sem-blables qu’à gérer l’hétérogénéité sociale etculturelle. C’est cela replacer la techniquede communication dans une théorie de lasociété : ne pas raisonner par rapport auxperformances de l’outil, mais par rapport

aux défis culturels et sociaux auxquels noussommes confrontés. Si Internet renforce lacommunication communautaire, nécessai-re, il reste moins performant du côté du liensocial à créer entre les milieux hétéro-gènes, au sein de la société individualiste demasse. Et comment assurer au niveau desnations et du monde un minimum de coha-bitation culturelle, alors que, paradoxale-ment, grâce aux techniques, les différencesn’ont jamais été aussi visibles ? Notre modèle de communication a radi-calement changé. Pendant des siècles, l’in-égalité était la base des relations interper-sonnelles, sociales, et internationales.

C’était le plus fort qui communiquait. Ledroit aux différences culturelles et socialesest aujourd’hui reconnu, ce qui compliqueles relations de communication. pas De Liberté De

coMMunication sans régLeMentation Comparer Internet aux médias de massepermet de casser les discours actuels visantà les hiérarchiser. Le Net serait le futur, etles médias le passé. Or, pour ce qui est dulien social au sein de sociétés ouvertes àforte hétérogénéité, le Net et les médiassont complémentaires. Le Net comble l’as-piration à une communication directe avecses proches quelle que soit leur situationdans l’espace, les médias assurent la com-munication avec la société. L’un est du cotéde l’homogène, l’autre de l’hétérogène.Socialiser ainsi les techniques de communi-cation, le Net comme les médias de masse,est le seul moyen d’échapper à l’idéologietechnique. Cela pose par voie de consé-quence la question de la régulation de l’In-ternet. Cette technique n’est pas au-delàdes lois, hors de la politique, du droit, elledevra s’y soumettre, comme toutes lesautres techniques de communication.Réguler, ce n’est pas tuer la liberté, mais larendre possible…

D. w. a suivre…

Dissocier enjeux industriels et enjeux de société (suite)

4par Dominique wolton

Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016

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Quel est donc le projet social et culturel correspondant à internet, à la télévision et aux télécommunications ?Cette question rappelle les trois dimensions de la communication : technique, économique, mais aussi culturelle

et sociale. la rupture, comme toujours, est entre les techniques, l’économie et la culture. les hommesn’échangent pas entre eux de la même manière d’un bout à l’autre de la planète, et chacun doit s’adapter plus ou

moins au rythme de l’autre sous peine d’incommunication. D’autre part, la communication dépend des lois,traditions et règlements qui fixent les conditions des échanges sociaux.

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016algéiaDe

Les Pays-Bas, c’est aussi la semencede pomme de terre

Un mémorandum d'entente et de coopération dans ledomaine de la protection des végétaux et de laquarantaine végétale a été signé, à Alger, entre leministère de l'Agriculture, du Développement rural et dela Pêche et le ministère des Affaires économiques desPays-Bas. Le document a été paraphé par le ministre del'Agriculture Abdeslam Chelghoum et le ministrenéerlandais des Affaires économiques Henk Kamp, envisite de deux jours à Alger. Peu auparavant, les deuxministres s'étaient entretenus sur le développement desrelations économiques bilatérales et des partenariatsdans différents domaines, notamment la production dessemences de pomme de terre, de l'industrie laitière et dumaraîchage. Les deux ministres ont examiné la possibilitéd'organiser, d'ici début 2017, un forum d'affaires bilatéralpour identifier les domaines de coopération et departenariats, notamment dans l'agriculture et l'élevagedes bovins. A l'issue de la cérémonie de signature dumémorandum d'entente et de coopération, m. Chelghouma indiqué que le document qui porte notamment surl'échange d'informations dans le domaine phytosanitaire,un volet « important » pour les deux parties, car ilpermettrait « de hisser le niveau de la coopérationbilatérale d'autant qu'il aura un impact positif sur lesimportations et les exportations des produits agricolesentre les deux pays ». S'agissant de son entretien avec m.Kamp, le ministre a fait savoir qu'il était une occasionpour évoquer le partenariat dans le domaine de l'élevagedes bovins et l'aquaculture, ainsi que les possibilités de ledévelopper, notamment à travers des partenariatsgagnant-gagnant. Pour sa part, m. Kamp a estimé que lesdiscussions étaient « très fructueuses » et que son payssera « heureux » de coopérer davantage avec l'Algérie quisouhaite disposer de ses propres moyens de productionde la semence de pomme de terre, des produits laitiers etd'autres produits agricoles.Arnold Schwarzenegger à Oran :

Le polyester algérien séduit les Autrichiens

L’ambassadrice d’Autriche en Algérie, mme FranziskaHonsowitz, a indiqué, à Oran, que le marché autrichien estintéressé par le polyester fabriqué en Algérie appelant lesopérateurs nationaux à investir dans ce créneau. Fabriquéà base de pétrole, le coût de cette matière isolante utiliséedans le secteur du BTH serait concurrentiel s’il estfabriqué en Algérie, a estimé la diplomate autrichienne,dans une déclaration en marge de la visite de travailqu’effectue à Oran le Président de l’ONg "R20", ArnoldSchwarzenegger. mme Franziska Honspwitz a, parailleurs, annoncé qu’une journée d’information sur lesopportunités d’exportation des produits algériens versl’Autriche est programmée prochainement à la Chambrede commerce et de l’industrie de l’Oranie (CCIO). mmeHonspwitz a, par ailleurs, annoncé qu’une journéed’information sur les opportunités d’exportation desproduits algériens vers l’Autriche est programmée

prochainement à la Chambre de commerce et del’industrie de l’Oranie (CCIO). La diplomate autrichienne aindiqué qu’un partenariat dans la gestion des ressourcesen eau est en cours de discussion avec le ministère chargéde ce secteur, rappelant que l’Autriche est un partenairetraditionnel de l’Algérie dans le domaine du transportferroviaires et, plus récemment, dans le secteur agricole .Projet Volkswagen : en bonne voie

Les discussions sur le projet de fabrication de voitures dela marque allemande Volkswagen connaissent desavancées importantes, a affirmé lundi à Alger le directeurgénéral de la Chambre algéro-allemande de commerce etd'industrie (AHN), marko Ackermann. « Les négociationssont en cours. Elles enregistrent un taux d'avancemententre 60 et 80%. Il reste toujours quelques points àfinaliser », a indiqué m. Ackermann en marge d'unerencontre organisée par le Forum des chefs d'entreprise(FCE) en collaboration avec l'AHN sur le thème « le rôlede la formation et des exportations pour l'entreprise ».Pour rappel, en mars dernier, des discussions entres legroupe Sovac et le constructeur allemand Volkswagenavaient été entamées sur un projet de fabrication devoitures de cette marque en Algérie. Volkswagen compteentrer dans un partenariat pour la fabrication deplusieurs types de véhicules comme Seat et d'autresmarques, avait alors indiqué le ministre de l'Industrie etdes mines, Abdessalem Bouchouareb, à l'issue d'unerencontre qui avait regroupé les deux parties au siège deson ministère il y a quelques mois. "Nous sommes ouvertsà ce partenariat car nous ne pouvons imaginer uneindustrie mécanique sans un partenaire allemand qui estdéjà présent en Algérie dans la fabrication des véhiculesde poids lourds", avait avancé le ministre. De son côté, lereprésentant du constructeur allemand avait relevé que lemarché algérien était « très attractif » et « très important» pour Volkswagen. Par ailleurs, m. Ackermann est revenusur la volonté de l'Algérie d'installer des projets del'industrie mécanique à l'instar de celui de la fabricationlocale de pièces de rechange. Dans ce sens, il a fait savoirque plusieurs projets étaient en cours de discussions: « Jene peux pas vous donner plus de détails. L'Allemagne a unintérêt de créer des partenariats. maintenant ça se discuteentre les entreprises et les investisseurs », a-t-il souligné àla presse en marge de cette rencontre organiséeconjointement avec le FCE.Bouchouareb en VIP à New York

Le ministre de l’Industrie et des mines, AbdesselamBouchouareb a pris part, vendredi à New York, à unerencontre sur les opportunités d’investissements enAlgérie, organisée par le Forum d’affaires américainBusiness Council For International Understanding (BCUI).Le ministre s’est s’exprimé au cours d’un déjeuner-débatpour exposer les facteurs d’attractivité de l’Algérie etrépondre aux questions des investisseurs américains surle climat des affaires en Algérie. La rencontre verra la

participation de plusieurs dirigeants de compagniesaméricaines déjà présentes en Algérie et celles souhaitants’y installer. Elle constituera également une occasionidoine pour échanger avec la communauté d’affairesaméricaine sur l’investissement en Algérie, a indiquél’ambassadeur d’Algérie à Washington, madjid Bouguerra.Le BCUI, un forum d’affaires créé par le président DwigtEisenhower pour faciliter les investissements privésaméricains à l’étranger, compte près de 200multinationales. Ce conseil d’affaires, rattaché à lamaison-Blanche, est un forum permanent qui permet auxdirigeants des compagnies américaines d’interagir avecdes chefs d’Etat et de gouvernement, des ministres et deshauts fonctionnaires à l’international. Au cours de sonséjour à New York, m. Bouchouareb aura égalementplusieurs rencontres avec des officiels américains et despatrons d’entreprise. mercredi, le ministre prendra partau deuxième forum d’affaires Afrique-USA, co-organisépar le département du Commerce américain et BloombergPhilanthropies. Capitalisant sur le progrès réalisé lors dupremier forum qui s’est tenu à Washington en 2014, leforum de New York réunira plusieurs chefs d’Etat et hautsresponsables africains en plus de chefs d’entrepriseaméricaine. La rencontre à laquelle prendra part leprésident Barack Obama sera axée également surl’engagement du secteur privé américain en Afrique dansdes secteurs comme la finance, les infrastructures,l’énergie et l’agriculture.Algérie Poste : cap sur lesprestations à distance

Invité à l’émission « Akhbar Edhahira » de la troisièmechaîne de la télévision algérienne le 26 septembredernier, le Directeur général d’Algérie Poste, m. Abdenacer Sayah, a passé en revue les principaux axesqui concernent la modernisation des prestations postaleset le système de gouvernance.m. Sayah a réitéré, à cet effet, l’apport de l’Etat à cesecteur, destiné à garantir un service public de qualité, enlui allouant une enveloppe de pas moins de 15 milliardsde dinars pour le quinquennat 2010/2015 et ce, dansl’optique d’assurer un développement certain et unemodernisation tous azimuts des prestations. « Nous avonsréussi à concrétiser tout ce programme dedéveloppement entre 2015 et 2016 », a-t-il faitremarquer, et d’ajouter : « beaucoup de projets ont étérelancés dont la réalisation de 100 bureaux de poste/anainsi que la réhabilitation de 200 établissements parannée pour atteindre un nombre total de 3700 bureauxrépartis sur tout le territoire national ».Ce plan de développement a également concerné lamodernisation des équipements à savoir l’acquisition defourgons blindés, du matériel et des solutionsinformatiques. « La volonté de l’Etat de soutenir cesegment d’activité s’est traduite par de multiples actionsnotamment en matière du renforcement du réseau postalet sa modernisation », explique le directeur d’AlgériePoste. Cette démarche a permis une améliorationpalpable dans le service fourni : « Algérie Poste a déployéd’énorme efforts afin d’être à la hauteur des attentes descitoyens », indique m. Sayah. Interrogé sur la nouvelle prestation d’ouverture descomptes CCP via le net, le premier responsable d’AlgériePoste a expliqué que cette prestation a été lancée, enpremier lieu, en faveur des nouveaux bacheliers et ellesera généralisée dans un proche avenir, pour permettre àtout citoyen de bénéficier de ce confort.Pour clore, m. Sayah a insisté sur l’engagement de sonentreprise à accroître ses efforts pour fournir auxcitoyens de meilleurs services à travers le développementdes services à distance et les prestations monétiques.

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Crésus # 53 du dimanche 2 au samedi 8 octobre 2016

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