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Culture Histoire Livres Multimédia Actualités À chacun sa place Réflexion Venez, adorons-le Formation Une école des cadres pour l’enseignement catholique Portrait Maria Billinger L’Arche, par hasard Enseignement catholique Numéro 294, mai 2005, 4,50 ACTUALITÉS www.scolanet.org Loi d’orientation: les risques et les chances DOSSIER DOSSIER

Portrait Culture Maria À chacun Une école Billinger sa

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CultureHistoireLivres

Multimédia

ActualitésÀ chacun sa place Réflexion

Venez, adorons-le

FormationUne école des cadres

pour l’enseignementcatholique

PortraitMaria BillingerL’Arche, par hasard

EnseignementcatholiqueNuméro 294, mai 2005, 4,50 €ACTUALITÉS

www.scolanet.org

Loi d’orientation: les risques

et les chances

DOSSIERDOSSIER

Sommaire

N °2 9 4 , MAI 2005 Enseignement catholique actualités 3

É d i t o r i a l« C ’ é tait bien la peine de fairedes assises... » 5

A c t u a l i t é sEnseignement cat h o l i q u e 7É d u c at i o n 1 3R e l i g i o n 1 5R evues Expre s s / A g e n d a 1 8

Po r t ra i tM a ria BillingerL’A rche, par hasard 3 4■ Maria Billinger, 18 ans, autrichienne, achoisi de donner un an de son temps auxhandicapés.

I n i t i at ives Ly c é e

Des relations Est-Ouest au beau fix e 3 6■ Visite à Rouen où une trentaine d’élèves deseconde du lycée Saint-Jean-Baptiste-de-La-Salle vivent à l’heure polonaise.

Collège

Un réseau, des technos 38■Pour pallier un manque de formation, depuisplus de vingt ans, des professeurs de techno-logie des départements de la Vienne, de laCharente et de la Charente-Maritime échan-gent régulièrement leurs connaissances.

Fo r m at i o nÉcole des cadres : l’enseignement catholiquep r é p a re son avenir 4 0■ Le nouvel Institut de formation des cadresde l’enseignement catholique (Ifcec) affichedes ambitions de professionnalisation maisaussi d’intégration des orientations de l’en-seignement catholique.

G e s t i o nA chetons groupés ! 4 2■Matériels, fournitures, produits d’énergiepèsent fortement dans le budget des établis-sements. Des solutions existent.

Pa roles d’élève sPo u rquoi y aurait-il quelquechose plutôt que ri e n ? 4 4■ Débat métaphysique avec des terminales S,au lycée de La Malgrange, à Jarville ( M e u r t h e -et-Moselle).

C u l t u r eH i s t o i re ■ La collection « L’Art pour guide » propose une initiation à l’histoire de l’art

région par région. 5 2■ Dès l’Antiquité, le vin trônait au sommet de la hiérarchie des valeurs quirégissent les rapports entre les mortels et les immortels. Deux expositionsjumelles le rappellent. 5 3

L iv re s ■ Une sélection de 15 titres. 5 4M u l t i m é d i a ■ Cédérom, CD et télévision. 5 7

Loi d’ori e n tation : les risques et les ch a n c e s 2 1La loi d’ori e n t ation pour l’avenir de l’École est l’un des événements de l’année2 0 0 5 . Si pour certains, elle marque de profonds re n o u vellements du systèmeé d u c at i f , pour d’autres elle manque de souffle et de mise en perspective . Tr è sd é b at t u e , elle met l’accent sur l’obligation de la réussite de tous les élèves enp renant en compte notamment la nécessité d’un socle commun et la dive r s i t édes jeunes. Quels sont les risques et les chances de cette loi ? Il appartient sansdoute aux communautés éducat ives d’en faire un élément de l’innovat i o npédagogique et éducat ive , attendue aujourd ’ h u i .

R é fle x i o nTe r ro risme : on ne transige pas ! 4 6■ Justice et Paix France publie un texte sur le terrorisme. L’avocat Guy Aurenche nous don-ne quelques clefs de lecture pour aborder une réflexion dans les classes.

D é raciner la violence des jeunes 4 8■ Jean-Marie Petitclerc se bat depuis trente ans contre les idées toutes faites. Il avance despropositions simples. Ne se lasse pas d’aimer, en éducateur exigeant, des jeunes que l’onrend souvent responsables d’un désespoir qui les fait exploser…

Venez, adoro n s - l e 5 0■ Dans son silence intérieur, tout homme peut découvrir la présence de Dieu, car Il est plusintérieur et intime que le fond le plus intime et personnel de l’homme. Les Mages ont faitsans doute l’expérience de ce mouvement en allant à la rencontre du Christ. De même, dansl’Eucharistie, nous sommes invités à entrer dans ce mouvement de l’intériorité.

Ce numéro comprend un encart « M é d i a c l a p » posé sur la première page de couverture ; un encart jeté« Société de Saint-Vi n c e n t - d e - P a u l » .

Relier

enseignement

et

fait religieux

Hors sérieEnseignement catholiqueEnseignement catholiqueACTUALITÉS

www.scolanet.org

Mars 2005 - 10 e

Intégrer le fait religieux

Une problématique

Situer le fait religieux

Des réflexions

Prendre en compte le fait

religieux dans les disciplines

Des approches

S’approprier

le fait religieuxDes outils

« Ni une mode ni une matière

à option ! »

RELIER ENSEIGNEMENT L’exemplaire : 10 €ET FAIT RELIGIEUX 8 € à partir de 5 exemplaires

6 € à partir de 10 exemplairesNom/Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75

N °2 9 4 , MAI 2005 Enseignement catholique actualités 5

P u b l i c ation officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique / AG I C E C■ Directeur de la publicat i o n > Paul Malartre ■ Rédacteur en ch e f > Gilles du Retail ■ Rédacteur en ch e f adjoint > S y l v i eHorguelin ■ Ont participé à la rédaction de ce numéro > André Blandin, Jean-Louis Berger-Bordes, Sophie Bizouard, Père Hugues

D e ry cke, Élisabeth du Closel, Véronique Glineur, Bruno Grelon, José Guillemain, Marie-Christine Jeanniot, Mathilde Raive ■ É d i t i o n > M a r i e - Françoise Comte, Dominique Wasmer (rédacteurs-graphistes), RenéTroin (secrétaire de rédaction) ■ Conception graphique > Pro Public ■ Diffusion et publicité > Inès de Saint-Germain, Jean-Noël Ravolet et Géraldine Brouillet (commandes) ■ Rédaction, admi-n i s t r ation et abonnements > 277 rue Saint-Jacques, 75 2 40 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 ■ E - m a i l > [email protected] ■ A b o n n e m e n t > 45 €/an ■ Numéro de com-mission paritaire > 0707 G 79858 ■ I m p r i m e u r > Vincent, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229, 37042 Tours Cedex 1.

Éditorial

« L’enseignement cat h o l i q u ed é ve l o p p e , grâce à desmilliers d’acteurs engag é s ,un sens réel de la relat i o n ,de la proximité et de l’attention à ch a q u ep e r s o n n e . »

➔C’est bien connu , en même temps qu’il éclaire ce qu’il ve u tp r iv i l é gi e r, un projecteur accentue les ombres et les

contrastes. La deuxième phase des assises a orienté le projec-teur sur l’attention à la personne. Il n’est pas étonnant que l’onremarque alors dava n t age les dysfonctionnements dans les re l a-tions entre les personnes au sein de nos établissements et denotre Institution. Face à des situations de tension et parfois decrise, on nous interpelle sur le mode : « C’était bien la peine de fai-re des assises sur la personne ! » Oui, justement ! Si nous avonsinvité l’ensemble de l’enseignement catholique français à ris-quer encore plus la communauté éducative, l’accueil de la dif-férence et l’inattendu de la personne, c’est bien parce que nousavions conscience d’un déficit sur le terrain de la cohére n c eentre le dire et le faire.

Parce que inadmissibles, certains comportements qui blessentdes personnes nous confortent dans la conviction que nousavons tous un gros effort à fournir pour être le plus possible enadéquation avec un sens chrétien de la personne dans notremanière de traiter les élèves et les adultes.Ainsi les assises nesont pas contredites ; elles sont légi t i m é e s . Ainsi la mise enœuvre des engagements nationaux n’en prend que plus d’im-portance.

Heureusement, les ombres font à leur tour ressortir la lumière.Quand nous observons le quotidien de nos établ i s s e m e n t s ,quand nous relisons les 6 000 engagements de nos commu-nautés éducative s , nous nous disons que l’enseignement catho-lique français déve l o p p e, grâce à des milliers d’acteurs engag é s ,un sens réel de la re l a t i o n , de la proximité et de l’attention àchaque personne. Alors les contre-témoignages, s’ils nous ren-dent lucides sur le chemin qui reste à parcourir, ne freinerontpas notre volonté d’avancer ensemble pour relever le défi de lacohérence.

Paul MalartreSecrétaire général

de l’enseignement catholique

« C’était bien la peine de faire des assises… »

6 Enseignement catholique actualités N° 293, AVRIL 2005

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 7

Actualités enseignement catholique

Penser la formation des adultes

En mars 2001, l’enseigne-ment catholique réunis-sait, pour la première fois,

les cinq commissions2 duCnec1 sur le thème : « L’édu-cation de/à la conscience ».Une initiative renouvelée enmars 2003 sur les mixités dansl’établissement catholique d’en-seignement. Cette année, c’est la questionde la formation des adultes,membres de la communautééducative, qui était abordée parles quelque 120 participants.Celle-ci s’incrit, comme l’a rap-pelé André Blandin3 en ouver-ture, dans la continuité desassises de décembre 2004 surla personne4, de la réflexionengagée sur la gestion des res-sources humaines dans l’en-seignement catholique et dansla perspective de la mise enplace de la charte de la for-mation.

Pierre Robitaille a soulignél’importance d’une réflexionmenée simultanément par lescinq commissions sur cettequestion. L’enseignement ca-tholique – et son système deformation – doit en effet répon-dre dans le même temps à dessollicitations diverses : la loiFillon et ses conséquences surla scolarité et la pédagogie, laloi pour l’égalité des droits etdes chances des personnes han-dicapées, le renouveau caté-chétique initié par les évêquesde France (« Aller au cœur dela foi »), l’importance accor-dée au fait religieux dans l’en-seignement (cf. ECA 293, pp.

6 à 8), l’exigence de repenserune véritable éducation à l’uni-versel dans un contexte demondialisation…Trois intervenants sont venusenrichir le travail conduit enamont de ces deux journéespar chacune des commissions.Guy Le Bouedec5 a soulignéque la formation devait êtrepensée au service du dévelop-pement de la personne. Il y alà une exigence éthique pre-mière : la formation doit visercertes le développement cogni-tif et professionnel du formémais aussi son développementexistentiel. Il a également poin-té un certain nombre d’in-contournables dans le proces-sus de formation. Ainsi le tra-vail sur les systèmes de repré-sentations qui servent à cha-cun à appréhender la réalité.Parce qu’elles apparaissentinappropriées aux situationsque le formé doit affronter, cesreprésentations doivent êtredéstructurées puis reconstruites.Un travail qui implique unephase de « renforcement » detelle sorte que les formés, deretour dans leur milieu pro-fessionnel, ne reviennent pasà leur système de représenta-tion antérieur. Pour Guy Le Bouedec, formerc’est aussi permettre aux sta-giaires d’aller jusqu’aux « fon-dements théoriques du gesteprofessionnel ». Autre point devigilance souligné : il faut segarder de croire en l’effetmagique de la formation. Cel-le-ci ne peut pas tout, et doit,pour produire ses effets, ren-contrer un écho dans le milieuprofessionnel. Dit en d’autrestermes : « La formation des per-sonnes constitue un des élémentsdu développement de la com-munauté éducative, et la forma-

Les 5 et 6 avril dernier, les cinq commissions du Cnec1 se sont retrouvées à Paris.Thème abordé : « Comment penser aujourd’hui la formation

des adultes, membres de la communauté éducative ? »

tion professionnelle des membresde cette communauté ne sauraitêtre dissociée du développementsocial de la communauté elle-même. » Et Guy Le Bouedecd’interroger la responsabilitédes commanditaires : « Il estillusoire, pour un établissementou toute autre structure de l’en-seignement catholique, d’espé-rer des changements chez lespersonnes à la suite de forma-tions si elles n’ont pas entreprissimultanément certaines muta-tions. »

EssentielAutant de réflexions que sontvenues enrichir les interven-tions d’Alain Thomasset6 –« Risquer l’inattendu de la per-sonne : quelques repères surla personne humaine » – et deChristiane Conturie7 – « Ris-quer la communauté éduca-tive et ses lieux de parole ». Ilsont fait écho aux préoccupa-tions portées par les membresdes commissions.

Tout en se félicitant du travailconduit par chacune des com-missions, Paul Malartre, secré-taire général de l’enseigne-ment catholique, a rappeléque la formation des adultesdes communautés éducativesconstitue bien un élémentessentiel dans la mise en œuvredes engagements nationauxarrêtés le 4 décembre dernier.

■PIERRE ROBITAILLE,VÉRONIQUE GLINEUR

1. Comité national de l’enseignementcatholique.2. Commission nationale de pédagogie,commission nationale d’adaptation etd’intégration scolaires, commissionnationale d’animation pastorale, com-mission nationale de catéchèse, com-mission nationale d’éducation à l’uni-versel.3. Secrétaire général adjoint de l’ensei-gnement catholique.4. Cf. ECA 290, pp. 17 à 28.5. Professeur honoraire de l’Universitécatholique de l’Ouest.6. Membre du Centre de recherche etd’actions sociales (Ceras), enseignant dethéologie morale au Centre Sèvres, àParis.7. Auteur de Enseigner avec bonheur -pédagogie et spiritualité, Parole et Silen-ce, 2004, 180 p., 16 € (cf. ECA 289, p. 62).

Il faut se garder de croire en l’effet magique de la formation.

Partage. Les ateliers ont permis de mettre en commun les réflexions menées parchacune des cinq commissions. (Photo : P. Robitaille)

8 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Actualités enseignement catholique

À chacun sa placeLe statut de l’enseignement catholique définit avec rigueur la responsabilité de l’organisme

de gestion dans un établissement catholique d’enseignement. Il paraît cependant nécessaire,dans le contexte éducatif actuel, de préciser le rôle et la place du responsable d’Ogec.

D’entrée de jeu, JacquesGiroux , président de laFnogec1 (cf. ECA 290,

p. 10), a donné le sens de la25e Journée de cette fédération,qui s’est déroulée le 2 avril 2005à l’Institut Saint-Nicolas, à Issy-Les-Moulineaux (Hauts-de-Sei-ne) : « Il ne s’agit ni de déifier nide minimiser le rôle du respon-sable d’un organisme de gestiond’un établissement, mais ilconvient de le préciser. »

Pour que son action s’exerceconformément au projet del’établissement et à celui del’enseignement catholique,indiquait en substance le pré-

sident de la Fnogec, il est néces-saire d’édicter des règles et depouvoir faire bénéficier chaquebénévole d’une formation. En réponse à cette attente declarification qui s’établira avecprécision dans un texte insti-tutionnel publié d’ici un an, lesecrétaire général de l’ensei-gnement catholique, PaulMalartre, a affirmé : « Le motbénévolat peut être piégé si onl’oppose à professionnel ou si l’onpense que les bénévoles sont desgens sympathiques et généreuxmais pas forcément compétents.Pour nous, le bénévole ne prendpas la place des professionnels del’enseignement, mais apporte sescompétences complémentaires.Des compétences ajustées au fonc-tionnement de l’institution sco-laire et aux objectifs spécifiquesde l’enseignement catholique. Lebénévolat, dans l’enseignementcatholique, n’a de sens que situédans la communauté éducative,elle-même au service du projetéducatif de l’établissement. Toutchoix de gestion dit quelque cho-

se du sens et des priorités éduca-tives et pastorales. Tout gestion-naire, et en particulier le présidentd’Ogec, participe à la mission d’É-glise confiée par la tutelle au chefd’établissement, participe à lamission de service public et contri-bue à la saine application ducontrat avec l’État. Nous avonsbesoin de toutes les compétences,et il ne peut y avoir d’éducationet de caractère propre sans béné-volat. Nous avons besoin de voscompétences pour la gestion. Nousavons aussi besoin de vos com-pétences pour que cette gestionsoit au service du projet éducatifchrétien de l’enseignement catho-lique. »Cette participation à la missionde l’enseignement catholiquese situe bien pour Jean Bastide,président de France Bénévolat2,dans la problématique de l’en-gagement associatif. Or celui-ci, dans une société en pleinchangement, subit l’érosion del’esprit de militance et exigequ’entre bénévoles et profes-sionnels que l’on appelait enco-re il y a quelques années per-manents, la place de chacunsoit suffisamment définie pouréviter les tensions et les risquesd’opposition et de conflit. Une place, avertissait FrédéricSimphal, président de l’Udogecde Reims, lors de la premièretable ronde, que doit respecterchaque président d’Ogec, enfonction de sept conditions quise situent dans un défi de cores-ponsabilité : la confiance réci-proque entre le président del’Ogec et le chef d’établissement ;la bonne connaissance destextes ; le respect des responsa-bilités de chacun ; la rapiditéd’information entre les res-ponsables de l’établissement ;la réflexion partagée sur le pro-jet éducatif et financier ; la pré-paration commune des conseilsd’administration ; la solidaritémutuelle. Autant d’attitudes

qui sont à mettre en œuvre enfonction non seulement d’unetutelle mais aussi d’une cohé-rence et d’une cohésion qui doi-vent faire fi d’une volonté depouvoir ou de propriété pourau contraire se vivre dans unevolonté de service, devait signa-ler Jacques Chaillot, directeurdiocésain de Nantes. Il s’agit defavoriser, était-il précisé lors dela seconde table ronde, unemutualisation des compétencessur un plan départemental etrégional.

Kits de formation etpersonnes ressourcesLa nécessité du renouvellementdes responsables d’Ogec, dontle vieillissement a été souligné,et la volonté de développer desservices qui vont à l’encontrede l’indépendance des associa-tions gestionnaires d’établisse-ment pour favoriser au contraireleur autonomie dans un contex-te de partage, de regroupementet de mise en place de réseaux,invitent les membres de la Fno-gec à poursuivre leurs initia-tives et à les analyser. PourPatrice Mougeot, secrétaire géné-ral de la Fnogec, il convient pardes kits de formation et ledéploiement de personnes res-sources, de renforcer la forma-tion des bénévoles et des per-manents des Ogec non seule-ment au niveau local mais aus-si aux niveaux départementalet régional, le niveau acadé-mique devenant une référencedans le cadre de la décentrali-sation. Ces niveaux, devaitconclure Paul Malartre, sontjustifiés par des projets éduca-tifs qui se vivent de plus en plussur un plan diocésain ainsiqu’académique et régional.

■GILLES DU RETAIL

1. Fédération nationale des organismesde gestion de l’enseignement catholique.Sur internet : www.fnogec.org2. Sur internet : www.francebenevolat.org

La participationbénévole à la missionde l’enseignementcatholique se situe dans la problématique de l’engagementassociatif.

Bénévolat. La 25e Journée de la Fédération nationale des organismes de gestion del’enseignement catholique a réuni près de 400 participants. (Photo : Fnogec)

Parlez-nous d’amour !

une interrogation métaphysique :d’où vient l’amour ? » Autre expérience, celle menéepar l’association « Je, tu, il »

dans des collèges. Un film,qui aborde les problèmesde violence verbale etd’agression sexuelle, sertde support à une anima-tion de trois heures avecdes élèves. Mais au préa-lable, les adultes de l’éta-blissement sont formés « àpouvoir tout entendre »,explique Bernard Betré-mieux, directeur de cetteassociation, qui souligne :« Il n’y a pas d’espace pourque les adolescents puissentparler de ce qu’ils sont véri-tablement ! » Une opinionque partage Yves Marianide l’observatoire nationalde pédagogie : «Un nombreimportant de jeunes arriventà l’adolescence démunis dansla relation – et cela ne concer-

ne pas seulement la sexualité. Cet-te blessure interroge les éducateurs.Quand va-t-on s’occuper d’uneéducation à la relation ? », a-t-illancé. Une urgence pour BorisCyrulnik, qui explique : « Lesenfants vivent dans un monde trèssexué et au moment de l’appétencesexuelle, s’il n’y a pas de rituel, decode, c’est la violence. Ils vont alter-ner l’inhibition et l’explosion, et lesdeux formules sont mauvaises. »Et de conclure : « La mixité, c’estun problème d’avenir ! »

■SYLVIE HORGUELIN

continuée. Dans ses groupesde parole, des professionnelsexposent leurs difficultés et sedemandent comment parler

de soi tout en restant dans uneposition éducative.

UrgenceÉchanger avec des garçons etdes filles, Dominique Wyttyncksait faire. Dans les collèges dela Fondation, elle anime desgroupes non mixtes EVA – Édu-cation à la vie et à l’amour. Leparcours « Aimer », qui com-prend 20 séances, repose surune vision anthropologique dela personne : «On part à la décou-verte de son corps pour finir avec

Karsz. Les adultes préfèrent secentrer sur les aspects tech-niques, comme l’utilisation dupréservatif. « La mixité nous ren-

voie à des problèmes que l’oncroyait réglés », a poursuivi SaülKarsz. Le pédopsychiatre Jean-YvesHayez va plus loin, en dénon-çant ces adultes qui pratiquentune « répression castratrice sau-vage », parce qu’ils sont jalouxde la sexualité des adolescents.D’où la nécessité d’analyserson « vécu émotionnel ». Un tra-vail que Marie-Claude Lacroix,intervenante en analyse despratiques, effectue en Belgiquedans le cadre de la formation

Historiquement la Fonda-tion d’Auteuil n’accueil-lait que des garçons, mais

voilà que doucement elle s’ouvreaux filles (cf. encadré).«Cette mutation exigeait uneréflexion de nos structures »,a expliqué Pierre Gisserot,vice-président de la Fon-dation, lors des rencontresdes 6 et 7 avril 2005, inti-tulées « Garçons et filles endifficulté : quelle mixité ?». C’est à Jouy-en-Josas (Yve-lines), sur le campus d’HECqu’une quarantaine d’ex-perts et de professionnels(éducateurs, enseignants,formateurs, membres d’as-sociations, psychologues,juges des enfants…) ontéchangé expériences etidées. Bien entendu, iln’était « pas question deremettre en cause la mixi-té », a précisé FrançoisContent, le directeur géné-ral de la Fondation, mais plu-tôt de se demander : « Quellemixité pour des jeunes blessésdans leur vie affective ? »

Présents à la tribune, des ado-lescents de trois maisons desOrphelins apprentis d’Auteuilont interpellé les adultes : « Onnous dit tout sur le préservatif,mais on aimerait bien qu’on nousparle d’amour », a lancé l’und’eux. De la mixité, les garçonsdisent : « Voir des filles, cela per-met d’éprouver des sentiments » ;et les filles : « Être 24 heures sur24 avec des filles, c’est lourd ! » Toutefois, il est bien difficilepour les éducateurs de propo-ser un « accompagnement éclai-ré » sur ces questions délicates,a reconnu le sociologue Saül

Les maisons des Orphelins apprentis d’Auteuil accueillent désormais des filles.« Comment vivre de façon harmonieuse cette mixité ? », s’est-on demandé les 6 et 7 avril dernier,

lors des rencontres de la Fondation. Un sujet difficile à aborder pour les adultes…

« La mixité nousrenvoie à desproblèmes que l’oncroyait réglés. »

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 9

À mots ouverts. Sur la scène, des adolescents s’expriment sur les relations filles-garçons.(Photo : Besnard/Fondation d’Auteuil)

�La Fondation d’Auteuiléduque, forme et insère

7 700 jeunes – de 2 à 23 ans – engrande difficulté.Ses 150 établis-sements – dont 38 mixtes –accueillent aujourd’hui 16 % defilles, une proportion qui ne ces-se d’augmenter. D’où le lance-

ment en août 2003 d’un chantierde réflexion interne sur le thèmede la mixité. Forums et enquêtesdans les régions ont accompagnél’ouverture d’un intranet où cha-cun peut s’exprimer sur le sujet.Les rencontres des 6 et 7 avril ontmarqué une autre étape (cf.notre

article). À la rentrée 2005, desorientations seront données auxcadres et aux éducateurs de laFondation pour une approche édu-cative de la mixité. ■

Fondation d’Auteuil, 40 rue La Fontaine,75016 Paris. Tél. : 01 44 14 75 75.

Internet : www.fondation-auteuil.org

La Fondation d’Auteuil s’ouvre à la mixité

enseignement catholique

10 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Actualités

Faciliter le volontariat international

La Délégation catholiquepour la coopération (DCC)et l’enseignement catho-

lique ont signé le 5 avril 2005un accord de partenariat visantà développer une dynamiquedu volontariat internationalau sein de l’enseignement ca-tholique. Ce projet repose sur les moti-vations communes suivantes : – rendre possible le droit àl’« éducation pour tous », ycompris dans des pays touchéspar des manques d’enseignantsou faisant face à des haussesrapides des taux de scolarisa-tion et des niveaux atteints ; – jouer un rôle moteur dansl’éducation au développementdans notre société, et en parti-culier dans les établissementsde l’enseignement catholique ; – promouvoir une culture del’échange qui profiteaux élèves

et aux éducateurs avec qui lesvolontaires agissent sur le ter-

rain, aux personnes qui fontl’expérience du volontariat,

aux communautés éducativesqui intègrent les volontaires àleur retour. Pour prendre part à ce projet,il est possible de partir commevolontaire international, desoutenir une mission de volon-tariat, de valoriser l’expérien-ce acquise par les volontairesmais aussi d’accueillir un volon-taire européen. Les modalités de départ envolontariat, les démarches pourêtre volontaire, les conditionsde réinsertion pour les volon-taires déjà enseignants dansl’enseignement catholiquesontprécisées dans les annexes decet accord. ■

Signature. Denis Thion (à gauche), directeur de la Délégation catholique pour lacoopération, et Paul Malartre. (Photo : P. Robitaille)

�L’intégrale du texte del’accord est téléchar-

geable sur ECA+.

Savoir +

�Les évaluations sont à réaliser en début d’année : comp-ter 10 séances de 20 minutes sur 5 jours (à raison d’une

le matin et une l’après-midi). Les codes de correction repren-nent le principe des évaluations nationales : code 1 = répon-se exacte ; code 9 = réponse erronée ; code 0 = absence deréponse.

Pour commander les livrets Évaluations diagnostiques de rentrée du maître et de l’élève de GS, CP, CE1 : Éditions Yellow Concept, 2 route du Mont-

Garrot, 35430 Saint-Suliac. Site : http://evasdiag.free.fr – Pour chaque niveau, prix : 1,50 € (dossier de l’élève), 12 € (livre du maître et cédérom), port gratuit.

Savoir +

Ace jour, il existait des éva-luations nationales pourle CE2 et la 6e. Désor-

mais, c’est aussi le cas pour lecycle 2, grâce au travail d’uneéquipe d’enseignantes spécia-lisées de la direction diocésai-ne d’Ille-et-Vilaine1. Ces outils se réfèrent aux com-pétences à acquérir au débutde chaque classe. Leur objec-tif ? « Les évaluations diagnos-tiques ont comme vocation laprévention des difficultés et l’adap-tation à la diversité des élèves. Lesinformations qu’elles délivrent ser-vent de point d’appui à une orga-nisation des apprentissages »,expose le Bulletin officiel du18 avril 2002. Conçus en 2000,les livrets du maître et de l’élè-ve pour le cycle 2 ont été expé-

rimentés pendant quatre ansdans les écoles catholiques deSaint-Malo. Ils sont désormaisdisponibles (cf. « Savoir + »).

Clotilde Georgeault, l’une desconceptrices, explique : « Cha-que enseignant spécialisé d’Ille-et-Vilaine a en charge un secteurd’environ 1 300 élèves et doit repé-rer les enfants en difficulté dès ledébut de leur scolarité. D’où l’idéed’élaborer avec des collègues unoutil pour la grande section dematernelle, le cours préparatoireet le CE1. » Un logiciel permet de saisir lesrésultats et d’obtenir trois grillesd’analyse : par domaines, parcompétences et par stratégies

cognitives. Leur analyse guidele professeur de la classe et biensûr l’enseignant spécialisé deréférence. Dès la rentrée, l’en-seignant connaît le profil de songroupe et celui de chaque élè-ve. Il sait que sa classe a deslacunes dans tel domaine et està l’aise dans tel autre – et ce,en référence à une populationtest2. Il peut donc mettre enœuvre une pédagogie diffé-renciée et organiser des activi-tés ciblées en créant des groupesde besoins par domaines («grou-pe autonome », « groupe à sur-veiller », « groupe fragile »).Mieux encore : « L’enseignantpeut observer les stratégies misesen place par un élève lorsqu’il effec-tue une tâche », explique Clo-tilde Georgeault. Ainsi cesÉvaluations diagnostiques de ren-trée vont lui permettre de mieuxrépondre aux besoins de chaqueélève. ■SH

1. Ces outils ont été conçus par le groupeFormation, Action, Recherche (FAR), com-posé de F. Bouthémy, M. Clolus, C. Geor-geault et F. Georges. 2. Les conceptrices des outils ont réaliséune étude statistique auprès d’environ800 élèves pour chaque item proposé. Desmoyennes ont ainsi été établies par item.

Évaluations de rentrée pour le cycle 2

Réussite Erreur Non-réponse Absent

ÉCOLE SAINT-JOSEPHÉvaluations diagnostiques de septembre

Année 2004-2005Classe de CE1

Résultats par domaines pour l’ensemble des items

100 %90 %80%70%60%50%40%30%20%10%0%

Transversal Langue Mathématiques

84% 42% 50%

0% 0% 0%

16%52% 50%

6%

Du 28 mars au 6 avril2005, l’ensemble sco-laire Lamartine1 à Bel-

ley, dans l’Ain, a vécu lespremiers pas d’un partenariatavec un établissement scolai-re libanais. Au programme :problématiques pédagogiqueset découvertes de la région.D’un côté, la ville libanaise deJounieh, située à une vingtai-ne de kilomètres de Beyrouth,où s’élève le Collège central desmoines libanais, un vasteensemble architectural abri-tant près de 2 500 élèves ; del’autre, le lycée-collège Lamar-tine, à Belley, petit bourg aucœur de l’Ain, où des bâtimentsdu XVIIIe siècle jouxtent desconstructions très modernespour accueillir quelque 400 élè-ves. Qu’y a-t-il de communentre ces deux entités d’ensei-gnement, séparées par des mil-liers de kilomètres ? Beaucoupplus que l’on ne croit. Sans doute, l’esprit d’Alphon-se de Lamartine y est-il pourquelque chose : ce grand poè-te, qui fut élève au collège deBelley – qui plus tard prit sonnom –, effectuera un voyageau Liban en 18322, et dans unpoème, La chute d’un ange, ilrendra hommage aux Liba-nais et en particulier aux Maro-nites3... Mais c’est la passionpour ce pays d’un habitant deBelley, Franck Taisne de Mul-let, ancien procureur de laRépublique, et sa convictionqu’il était nécessaire d’établirdes partenariats forts entre lesjeunes de France et ceux duLiban, qui jouera le rôle dedéclencheur. Du rêve à la réa-

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 11

lité, il n’y avait qu’un pas que,fort du soutien de son directeurLouis-Marie Piron, l’établisse-ment a franchi en montant unpartenariat.« Ce dernier repose sur trois enga-gement réciproques, confirme ledirecteur de Lamartine. Noussouhaitons d’abord l’inscrire dansla durée ; ensuite permettre à desjeunes Français et Libanais de serencontrer, de se connaître etd’échanger ; enfin nous désironsappuyer cette initiative sur unerelation forte entre les enseignantsdes deux pays, relation d’amitiéet relation professionnelle. »Première étape avec la venue,fin mars, pour une dizaine dejours, d’un groupe de profes-seurs libanais, à Belley. Ils y ont

Des enseignants libanais sur les pas de Lamartine

à la fois découvert les richessesde la région du Bugey, l’ensei-gnement catholique et plusieursquestions pédagogiques.« Durant la période 1926-1943,raconte le père Antoine AbouRahal de l’Ordre libanais maro-nite4 et responsable de la délé-gation, le mandat français a édifiéles fondements pédagogiques, édu-catifs, administratifs, constitu-tionnels et juridiques que l’Étatlibanais a adoptés. D’où l’impor-tance de la langue française auLiban, après la langue arabe. »D’où aussi l’intérêt de venir voirl’évolution de l’enseignementcatholique dans ce qu’ils appel-lent joliment leur « Patrie-mère ». Les premiers échangesentre les deux institutions se

sont ouverts par des rencontresavec les responsables régionauxchargés de l’organisation et dufinancement de la formationdes enseignants, le directeurdiocésain et l’évêque. Ensuiteenseignants français et libanaisont préparé et animé des courscommuns, avant de suivre uneformation, commune elle aus-si, de deux jours sur les problé-matiques pédagogiques tellesque les dysfonctionnementscognitifs, la gestion mentale etl’apprentissage coopératif. Côté « récréatif, ce seront desvisites guidées de Belley, de Lyonet de la région, avec la découver-te de ses richesses et de ses pro-ductions viticoles ».Conclusion du père Antoine :que cet échange particulière-ment enrichissant entre lesdeux communautés éducatives« procure prospérité et bienfaits,et donne lieu, par son exemple,à d’autres partenariats semblablesvisant le bien de nos élèves et del’humanité ». La prochaine étape est prévuepour le début de l’année 2006avec le voyage d’une déléga-tion d’élèves de Lamartine àJounieh. ■BRUNO GRELON

1. Adresse : 41, rue Georges-Girerd, BP 79- 01302 Belley Cedex. Site internet :www.lamartine-belley.org2. Il publia ses notes sous le titre Souve-nirs, impressions, pensées et paysages pen-dant un voyage en Orient.3. Membres de l’Église catholique de ritesyrien, première communauté religieu-se au Liban.4. L’Ordre libanais maronite est unecongrégation pontificale, fondée en 1693,qui joue un rôle considérable dans lasociété libanaise à tous les niveaux. Ellepossède des hôpitaux, centres de réédu-cation pour handicapés, écoles, orpheli-nats, universités, usines de produitsalimentaires…

Fesic :coordonnéesLe site de la Fédérationd’écoles supérieures d’ingé-nieurs et de cadres (Fesic) est désormais à l’adresse suivante : www.fesic.org - Et le numéro de son stan-dard téléphonique est le 01 53 77 22 39.

La Commission des tutellescongrénanistes (CTC), enlien avec le Centre Sèvres,

à Paris, propose une forma-tion pour les responsables detutelle congréganiste. Initiée en octobre 2001, elle sedéroule sur deux ans, en sixsessions de trois jours.

L’objectif de cette formationest triple :– réfléchir sur le sens et les moda-lités de l’exercice de la tutelle ; – actualiser la transmission dumessage des fondateurs auprèsdes équipes éducatives ; – partager les expériencesvécues dans les réseaux.

�Sessions 2005/2006 : 19-21 octobre 2005;

8-10 mars 2006 ; 17-19 mai2006. Contact : Sœur M.-B.Guettier, 29 rue de Dantzig,75015 Paris. E-mail : [email protected]

Savoir +

Formation des conseils de tutelle congréganiste

En haut des marches. Le père Antoine Abou Rahal (troisième à partir de ladroite) et les autres membres de la délégation libanaise s’apprêtent à suivre Louis-Marie-Piron, directeur de l’ensemble scolaire Lamartine (à droite). (Photo : B. Grelon)

C’était très prenant mais c’était une belle aventure ! » QuandColette Delavigne, la documentaliste de ce collègesavoyard, raconte au passé l’histoire du Journal d’un

enfant de Saint-Paul (1938), c’est avec une émotion toujoursbien présente. Ce livre est né d’une conversation avec Michel Étiévent1, à l’is-sue d’un atelier d’écriture. L’écrivain a dit : « Saint-Paul a une his-toire. J’aimerais l’écrire avec des élèves. » Il le fera avec ceux de la4e Opale, une classe d’aide et de soutien. Les treize ados qui lacomposent sont « en rupture au niveau de la lecture » mais ils vontavoir bientôt « envie d’écrire » grâce à une véritable conjurationdes enthousiasmes. Celui de Colette Delavigne, tout d’abord, qui

va beaucoup fré-quenter les archivesdépartementalespour en ramener desdocuments et mêmeinviter le responsableà venir parler devantla classe. Celui destrès anciens élèves deSaint-Paul ensuite :à quatre-vingts ansbien sonnés, ils sontrevenus dans leur col-lège. Ils ont racontéles récoltes qui leurfaisaient manquerl’école car on avaitalors besoin de tousles bras, le passagedu colporteur quivendait des rubans,du tissu, des chape-lets et donnait gratisles nouvelle d’ail-

leurs, les habits du dimanche qu’on mettait pour aller à la grand-messe, les mains de l’abbé « Sidi » courant, pendant l’heure degéographie, sur les cartes du monde et sous les « yeux de petitsSavoyards qui n’ont jamais dépassé les frontières de leurs “villards” »…De toutes leurs mémoires, Michel Étiévent a tiré la trame d’unjournal qui va du 30 septembre 1938 au 20 juillet 1939. Chaqueélève a choisi un thème, rédigé un premier jet. Parfois, Colettea un peu aidé. Et puis Michel est revenu. Il a ajouté un mot par-ci, suggéré une amélioration par-là... Quand le livre a été fini, il est parti ) à l’imprimerie. Pour sa sor-tie, il y a eu une grande fête. Colette Delavigne ne risque pas del’oublier : « Ce jour-là, les élèves ont chanté en latin pour les anciens,et les anciens ont chanté pour les élèves ». Un beau souvenir quifera peut-être un chapitre du Journal d’un enfant de Saint-Paul(2004) à paraître en… 2070. Si les délais sont respectés.

■RENÉ TROIN

1. Pour en savoir plus sur cet écrivain, journaliste et historien, animateur d’atelierset maître d’œuvre de projets d’écriture collective en collaboration avec les milieuxuniversitaire, scolaire, hospitalier, carcéral et urbain : www.micheletievent.net

Saint-Paul a de la mémoire

enseignement catholique / éducationActualités

�Il reste quelques exemplaires du Journal d’un enfant deSaint-Paul (1938). Commandes : Collège Saint-Paul, CDI,

73730 Saint-Paul-sur-Isère. Prix : 12 € (port compris). Pourcontacter Colette Delavigne et échanger sur ses projets liés àl’écriture : 04 79 38 20 07.

Savoir +

Une journée d’information sur la gestion des établissements

La Fédération nationaledes organismes de ges-tion de l’enseignement

catholique (Fnogec) organi-se le vendredi 24 juin 2005une journée d’informationouverte à tous les établisse-ments de l’enseignementcatholique et aux cabinetsd’expertise comptable et decommissariat aux comptesqui exercent dans ce secteur.Cette rencontre a pour but derepréciser les orientationscomptables et financières spé-cifiques à cette branche pro-

fessionnelle (plan comptable,états de synthèse de fin d’exer-cice, comptabilisations spéci-fiques, budgets, tableau debord d’indicateurs financiersadaptés…).Cette journée aura lieu au FiapJean-Monnet (30 rue Caba-nis, 75014 Paris) et sera ani-mée par l’équipe de la com-mission comptable au servi-ce de l’enseignement catho-lique.Chaque participant se verraremettre le guide comptableet financier de l’enseignementcatholique. ■

L’Europe étant l’ave-nir des 5-8 ans, You-pi a choisi de pré-

senter à ses jeunes lec-teurs « cette grande famil-le dans laquelle [ils vont]grandir ». Les dessins sont humo-ristiques et les textesd’une pédagogie simpleet claire. Ils évoquent :les particularités géo-graphiques (« L’Irlandeest une île », « En Hongrie,il n’y a pas la mer ») ; lespetites différences (lepetit-déjeuner est sucréen Italie, salé en Slova-quie) qui n’empêchentpas d’être d’accord surl’essentiel (vivre « endémocratie ») ; la volon-

té de s’unir, née après la Seconde guerre mondiale entre laFrance et l’Allemagne bientôt rejointes par d’autres pays (alorsque « personne ne les a forcés »)... Et puis, il y a le futur : « Quandtu seras grand, tu pourras facilement voyager dans tous les paysd’Europe, et même y faire tes études ! »). Avec un jeu pour apprendre à dire « Bonjour ! » dans quator-ze pays de l’Union et un poster pour rendre à chacun des vingt-cinq le drapeau qui lui appartient. ■RT

Youpi, n° 200, mai 2005, Bayard Jeunesse. Chez les marchands de journaux: 4,90 €.

�Inscriptions auprès dela Fnogec par télépho-

ne : 01 53 73 74 42, ou par e-mail : [email protected], le nombre deplaces est limité.

Savoir +

L’Europe expliquée aux enfants

12 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Actualités

L’empilement des réformes lasse les enseignants

Dans leur rapport annuelcommun1, l’Inspectiongénérale de l’éducation

nationale (Igen) et l’Inspectiongénérale de l’administrationde l’éducation nationale (Igean)dressent un état des lieux dusystème éducatif. Celui-ci prendappui sur les évaluations del’enseignement conduites parles inspections générales dansles académies depuis 19992. Aunombre des objets d’observa-tion: la mise en œuvre des inno-vations pédagogiques impulséespar le ministère. Des innova-tions qui visent à favoriser uneprise en compte plus effectivede l’hétérogénéité des élèves, àencourager l’acquisition parces derniers d’une réelle auto-nomie et à mettre davantagede cohérence entre les champsdisciplinaires via des dispositifspédagogiques interdiscipli-naires. Le rapport dénonce la multi-

plication et la rapide succes-sion de ces réformes. Une situa-tion qui a généré de la lassitudechez ceux qui sont chargés deles mettre en œuvre : « On enre-gistre dans toutes les académiesune critique récurrente, moins dela nature des réformes ou de leurutilité, que de leur ‘‘empilement’’,au fil du temps, souvent sans abro-gation préalable, et de l’absencede toute hiérarchisation : uneréforme chasse l’autre, des prio-rités nouvelles se succèdent chaqueannée, aucun suivi véritable nese manifeste dans les démarchesentreprises et la logique d’en-semble échappe aux acteurs deterrain. » Par ailleurs, ces réfor-mes trop nombreuses ont aus-si souffert d’un déficit d’expli-cation, ce qui a nui à leurenracinement dans les éta-blissements et, au sein de ceux-ci, dans les classes. Autre constatdes inspections générales : « lepoids de la tradition dans la

conception de l’acte pédagogiquecomme dans ses modalités ». Leprofil, professionnel et péda-gogique, de la population en-seignante ne serait pas sansconséquence sur la mise enœuvre des innovations péda-gogiques, souligne le rapportqui pointe « des méthodes d’en-seignement traditionnelles et indi-vidualistes », « l’attachement trèsmajoritaire des enseignants […]à la pratique du cours directif enclasse entière, ainsi qu’aux formestraditionnelles d’évaluation »,leur difficulté à « inscrire leurspratiques dans un projet collectifet à situer leur actions dans uncadre plus vaste »…Conséquence : dans beaucoupd’académies, les inspectionsdénoncent la relative médio-crité de l’application des réfor-mes engagées par le ministè-re. Il en est ainsi de la politiquedes cycles ou de la pédagogiedifférenciée à l’école primai-

re, de l’aide individualisée dansles classes de sixième et deseconde, ou encore des étudesdirigées au collège.« L’essentiel ne se jouerait pasdans les bureaux du ministèreni même dans ceux des recto-rats ou des inspections acadé-miques, mais entre les murs dela classe […] », constatent lesinspections générales. Consé-quence : c’est sur l’autono-mie des établissements, leursmarges de manœuvre, qu’ilconvient de miser. Des margesde manœuvre qui « dans denombreux cas, ne sont pas com-plètement utilisées, ou le sontmal ».

■VÉRONIQUE GLINEUR

1. Rapport annuel des Inspections gé-nérales 2004, La Documentation fran-çaise, Paris, 2004. Disponible sur :www.ladocumentationfrancaise.fr(rubrique « Bibliothèque des rapportspublics »).2. Les études conduites dans 14 acadé-mies sont prises en compte dans le rap-port 2004.

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 13

Que mangent nos enfants à la cantine ?

Les menus des cantinessont de plus en plus équi-librés. Pas assez cepen-

dant pour éviter l’accroissementdu nombre d’obèses qui risqued’atteindre un quart de la popu-lation française d’ici à 2020…Encore trop de lasagnes, de sau-ce bolognaise, de brandades ,saucisses et hachis au menude la cantine ! Pas assez de platssimples, de viande de bœuf, delégumes cuits, de poissons frais(non panés) et de vrais fro-mages. C’est le résultat d’uneétude portant sur l’analyse desrepas fournis par soixantecommunes1, communiquéepar Marie-Line Huc, diététi-cienne, lors d’une table rondesur la restauration scolaire orga-nisée le 15 avril dernier dansle cadre du Salon Minceur etNutrition2, à Paris. Globalement, les scores com-parés de ces municipalités, entreles années 2002 et 2003, mar-quent, malheureusement, unenette dégradation. Finie la peurde la vache folle, resurgissentles plats composés et écono-

miques, hachis et consorts ! De12,3 de moyenne, les cantinessont passées à une note de11,2/20 ! Et 2004 n’aurait enre-gistré aucun progrès ! Intéres-sant : selon la même étude, cene sont pas les « commissionsmenus » municipales (souventcomposées de non-spécialistes)qui joueraient un rôle positifmais l’investissement éclairéet volontariste des parentsd’élèves. Désir d’équilibre et de qualitéalimentaires peuvent parfai-tement se concrétiser à condi-tion qu’on y consacre de l’éner-gie. Comme à la maison ! C’est

ce qu’a fait la mairie du XIIe ar-rondissement parisien : lesenfants y mangent des légu-mes ! Et Scolarest3, l’un des pres-tataires de l’enseignementcatholique et filiale de Com-pass Group, travaille sur l’équi-libre des repas et a obtenu lelabel PNNS4 du ministère dela Santé pour son travail d’édu-cateur. Ses affiches et ses ani-mations – « Croq’ Planète » ou« Mission H2O » – apportentdes connaissances (respect dela nature, fondements de l’éco-logie et de la santé) aux enfantsen même temps qu’ils piochentdans les plats. Heureusement,

car la montée en nombre desenfants obèses au sein d’uneécole est inquiétante5 : ilsétaient 5 % en 1980 ,17 % en2000, et 20 % en 2005 !Nantis de sérieux repères acquisà l’école, les enfants pourraientdevenir des acteurs de santé.Car la cantine, loin d’être àl’origine de tous les maux, sevoit aujourd’hui transforméeen « prof de bonne santé». C’estd’elle qu’on attend qu’elleinculque les bons principes enla matière, alors que les famillesles oublieraient de plus enplus…, happées par des habi-tudes de grignotage individuelet anarchique ! ■MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Étude du Centre de recherche et d’in-formation nutritionnelles (Cerin), pourvérifier l’application de la « circulaire del’écolier» 2001. Sur internet : www.cerin.org(rubrique « Recherche thématique » /« Enfants-Adolescents »)2. Sur internet : www.salon-minceur-nutrition.com3. Scolarest travaille avec un médecinnutritionniste, le docteur Sérog, de nom-breuses diététiciennes, et soutient l’Ins-titut international du mieux-être. Surinternet : www.scolarest.fr4. Programme national nutrition-santé.5. Idem note 1.

éducation

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goët

Tout en créant du travail pour des personnes en souf-france psychique, l’association Ecod’air offre aux col-lectivités, aux entreprises et aux associations une solution

simple à leur obligation de respecter l’environnement par untraitement des déchets d’équipements électriques et électro-niques. Regroupant un centre d’aide par le travail (CAT), unatelier protégé et une entreprise d’insertion, Ecod’air collecte,reconditionne et commercialise à des prix très compétitifs lesordinateurs ainsi réhabilités.Par ailleurs, Ecod’air dispose d’une technologie informatique

de pointe et des moyens humains nécessaires à la retrans-cription en fichiers textes des discours, interventions, confé-rences enregistrés sur cassettes ou CD. ■GDR

éducationActualités

En publiant le numéro1011 de la revue Insee Pre-mière, l’Institut national

de la statistique et des étudeséconomiques continue le tra-vail de suivi des équipementsdes foyers pour ce qui concer-ne l’informatique. La conti-nuité de cette étude par rapportaux précédentes transparaîtnettement. En effet, les foyersles plus fortunés avec enfantssont les mieux équipés. Cesdeux critères, revenus et enfants,sont déterminants pour l’équi-pement mais ne sont pas tota-lement disqualifiants. En effet,dans les catégories sociopro-fessionnelles modestes, n’ayantpas d’usage professionnel del’informatique, l’équipementà domicile progresse conti-nuellement.Concernant les jeunes, on peutlire en particulier : « En 2004,69 % des jeunes de moins de17 ans ont accès à un micro-ordi-nateur à la maison, 46 % à inter-net. Le niveau de vie et le milieusocial des familles jouent forte-

ment. Ainsi, un jeune sur quatrevivant au sein d’un foyer modes-te a accès à internet alors qu’ausein des ménages les plus aisésce sont trois jeunes sur quatre.Par ailleurs, 3 jeunes sur 10 issusd’un milieu ouvrier ont accèsà internet contre 8 jeunes sur10 issus d’un milieu de cadres.Quant à l’accès au micro-ordi-nateur, les écarts diminuent maisrestent tout de même importants :dans les foyers modestes, 5 jeunessur 10 disposent d’un micro-ordi-nateur contre 9 sur 10 dans lesfoyers aisés. »La progression, continue mais

disparate, des équipements,de l’accès à internet et desusages, reste un facteur impor-tant à prendre en compte dansl’éducation. On peut penserqu’autour de l’informatique etd’internet se construit unchamp culturel dont la domi-nation semble bien relever deplusieurs logiques : l’argent, leniveau culturel et l’âge. Com-ment l’école, qui continue des’équiper sans se poser réel-lement la question culturel-le, malgré les velléités amor-cées par le B2i1, pourra-t-elleprendre réellement en comp-

te la place des Tic2 ? Force estde constater que les pratiquesquotidiennes de la majoritédes enseignants restent enco-re éloignées de l’intégration« banalisée » des Tic, quoi quel’on puisse lire ici ou là. Cene sont pas les bonnes volon-tés qui manquent, mais denombreux obstacles conti-nuent de se dresser dans lesétablissements : qualité deséquipements, compétencestechniques, compétences pédagogiques, réflexion collec-tive. Les chiffres que publie l’Inseedoivent nous faire réfléchir sinous ne voulons pas voir lesTic échapper à l’école. Lesdébats récurrents et impro-ductifs que certains acteursimpliqués dans ce domainecontinuent d’entretenir mas-quent les véritables urgencesqui sont avant tout culturelles.

■BRUNO DEVAUCHELLE

1. Brevet informatique et internet.2. Technologies de l’information et de lacommunication.

14 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

46 % des moins de 17 ans ont accès à internet

�Pour découvrir cette association d’insertion,lauréate 2005des Trophés Entreprises et société de l’information :

– un contact : Laurence Denoyers (tél. : 01 44 65 07 77) ; – un site : www.ecodair.org

Savoir +

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goët

Ecod’air : la deuxième vie des ordinateurs

Présentation du système éducatif français

Inspecteur d’académie-inspecteur pédagogiquerégional, responsable du service de formationcontinue des personnels de l’académie de Paris,

Bruno Magliulo offre « une vue générale du systèmeéducatif français ». Son guide, Les grandes questions del’Éducation nationale s’organise autour de huit cha-pitres : « L’organisation administrative», « Les mis-sions des personnels », « Les parcours scolaires et lesdiplômes »… Le souci de l’auteur de dépasser la simpledescription apparaît tout particulièrement dans l’ul-time chapitre consacré à « quinze questions qui fontdébat ». Traitant de la nécessité de rendre l’ensei-gnement professionnel plus attractif, il évoque la pos-sibilité d’introduire, « à l’instar de ce qui existe dans

beaucoup de pays étrangers dès la classe de 6e, un ensei-gnement obligatoire de technologie pour tous, afin desusciter des vocations positives vers l’enseignement pro-fessionnel […] ».La présentation sous forme de fiches1 (systémati-quement assorties de bibliographies pour ceux quivoudraient aller plus loin) conviendra, entre autreslecteurs, aux étudiants préparant les concours del’enseignement. ■RT

Bruno Magliulo, Les grandes questions de l’Éducation nationale –61 fiches, Les Guides de l’Étudiant, 166 p., 12,90 €.

1. Dont une consacrée à l’enseignement privé qui est aussi cité dansd’autres chapitres (« L’explosion scolaire », « L’enseignement agri-cole », « La formation initiale »…).

L’enquête effectuée par la Direction de l’évaluation et dela prospective (DEP) auprès d’un échantillon de 986 pro-fesseurs des collèges et lycées dessine le portrait des ensei-

gnants du second degré1.Les enseignants sont d’anciens bons, voire très bons élèves :53 % déclarent avoir été de bonsélèves, 22 % de très bons élèves,le souvenir de cette excellencescolaire allant en s’amenuisantau fil des années. Près d’un pro-fesseur sur cinq a au moins unparent enseignant, alors mêmeque ceux-ci ne représentent que4 % de la population active tota-le, soit une surreprésentationdes parents enseignants. L’étu-de de la DEP confirme là destraits du corps enseignant dusecond degré. Autre confirmation, relative cet-te fois au choix du métier : unchoix positif souvent influencépar un ancien enseignant etmotivé par trois raisons princi-pales : « l’amour de la disciplineenseignée », « le contact avec les élèves » et « la transmission dessavoirs et des connaissances ». L’enquête montre qu’avec l’âgeet l’ancienneté, « la relation aux élèves » supplante « l’attache-ment à la discipline ».Selon la DEP, neuf enseignants sur dix ont le sentiment qu’unmalaise existe et 60 % se sentent personnellement concer-nés. Une proportion qui varie avec l’âge (68 % pour ceuxqui ont entre 34 et 49 ans contre 49 % parmi les moins de34 ans) et le lieu d’exercice (65 % pour les professeurs de ZEP

et de LP2 contre 55 % pour ceux qui interviennent en lycée). Interrogés sur les causes de ce malaise, les enseignants citent,dans l’ordre : « la non-prise en compte des difficultés concrètes dumétier », « la dégradation de l’image de marque des enseignantsdans la société » et « le sentiment d’impuissance face à l’idéal de

réussite pour tous les élèves». Nou-veauté : ce malaise débouchesur un souhait de reconversion.Il ne s’agit pas pour autant d’ar-rêter d’enseigner – changementde discipline, bivalence, aide àla construction du projet per-sonnel et professionnel de l’élè-ve… sont alors cités – pas plusque de quitter l’Éducation natio-nale. Les enseignants privilé-gient en effet des solutionsintermédiaires : affectation dansle supérieur, reconversion dansla formation initiale ou conti-nue des maîtres ou dans les fonc-tions d’encadrement, telle cellede chef d’établissement.En dépit de ce malaise, près d’unenseignant sur deux continue

de recommander son métier à ses enfants. Reste que 39 % quil’auraient recommandé ne le feraient plus. Raisons invoquées :« la dégradation des conditions d’exercice, le manque de considé-ration de la part de parents et des élèves, le manque de motivationdes élèves et leur hétérogénéité, les effectifs trop chargés des classeset le salaire peu motivant ». ■VÉRONIQUE GLINEUR

1. « Portrait des enseignants de collèges et lycées », Note d’information 05 07, mars2005. Note disponible sur www.education.gouv.fr/stateval2. Respectivement « Zone d’éducation prioritaire » et « Lycée professionnel ».

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 15

Profs : entre amour et malaise pour leur métier

Entrez dans l’image !

Le monde des adolescentsest peuplé d’images. Pourappréhender cette réali-

té, dont ils ne sont pas tou-jours familiers, les éducateurspeuvent avoir besoin d’un gui-de comme Zoom sur l’image.Chahina Baret, du service

adolescence du Cner1, a choi-si ses auteurs avec un objec-tif : « donner à penser à tousceux qui sont en responsabilitéauprès des jeunes, les nourrir etles outiller pour qu’ils puissentpermettre aux ados de ne passubir les images, d’en restermaître avec une juste distancecritique ».Un programme qui alterne lesréflexions et les outils. SergeTisseron2 traite des consé-quences de l’irruption de latélé-réalité dans le paysageaudiovisuel français ; ThierryLamboley3 appelle à l’huma-nisation des écrans de l’inter-net en s’appuyant sur troisparoles bibliques ; Claire Genin4

montre comment une œuvred’art (La Cathédrale d’Augus-te Rodin) « peut aider à expri-mer notre prière »… Côté outils,

on apprend à lire les imagesd’actualités ou de fiction, cellesde la publicité ou des bandesdessinées (même si, à ce cha-pitre, on peut regretter l’ab-sence des mangas)… Onapprend à en fabriquer aussi,en montant un projet vidéoavec Denis Garcher5 et un pro-jet multimédia avec Anne Bes-sellère6… Dernier arrêt sur deux cha-pitres signés Geneviève Gaillot6,pour les enseignants qui s’in-téressent au fait religieux :« Jésus au cinéma » et « Repré-sentations picturales à traversle temps d’un épisode bibli-que ». Dans le second, quatrenativités (peintes aux XIIIe, XVe

et XVIIe siècles) sont soumisesaux questions bien connuesdes étudiants en journalisme –Qui ? Quoi ? Quand ? Où ?

Pourquoi ? – afin de saisir ceque chaque artiste « [a] dit […]de sa foi, […] du sens que prendpour lui cet extrait de la Bible, enun temps et un lieu donnés […]».On pourra continuer sur lamême voie avec Chagall, parexemple, ou interroger d’autresépisodes du Livre qui ont ins-piré les artistes à travers lessiècles. ■RT

Centre national d’enseignement religieux,Zoom sur l’image – pour une

éducation à la lecture des images, Éditions Crer, coll. « Traversées », 2004,

96 p., 14,50 €.

1. Centre national de l’enseignementreligieux.2. Psychiatre, psychanalyste.3. Jésuite, rédacteur en chef de Croire.com4. Comité national d’art sacré, Centrenational de pastorale liturgique.5. Professeur d’arts plastiques de la Vil-le de Paris, animateur d’ateliers « filmd’animation ».6. Directrice de l’école Sainte-Marie, àCannes, et formatrice en multimédia.

D.R

.

16 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Avec l’Église universelle, l’en-seignement catholique deFrance accueille dans la

foi et dans l’Espérance : BenoîtXVI […]», a écrit, dans son mes-sage du 20 avril 2005, le pèreHugues Derycke, secrétairegénéral adjoint de l’enseigne-ment catholique, en charge desquestions de pastorale. Avantd’ajouter : « Avec Benoît XVI, lesélèves et les plus jeunes membresde la communauté éducative quin’ont connu que Jean-Paul II,découvrent une nouvelle figure.Ils expérimentent pour la premièrefois la continuité du ministèreapostolique de celui qui, à la sui-te de Pierre, est spécialement encharge de l’unité de l’Église et deconfirmer ses frères dans la foi.Comme avec un nouvel ensei-gnant, les jeunes développent leurespérance dans celui qui est appe-lé “après le bien-aimé Jean-Paul II, à être sentinelle del’humanité, témoin de l’amourde Dieu pour tous, et premierserviteur de l’unité1” […] Par-ce que, pour l’enseignement catho-lique, l’acte d’éducation est fondésur le Christ, nous croyons qu’édu-quer est une passion : faire gran-dir l’homme comme une personnelibre et responsable. Et nouscroyons qu’éduquer est une espé-

rance : tracer un chemin d’hu-manité pour construire une socié-té juste et pacifique. «Accueillir un nouveau pape, c’estainsi accueillir sur la route del’homme et sur la route de l’Égli-se un témoin privilégié de l’en-seignement du Christ pour au-jourd’hui. « En communion avec celui qui,désormais, a la charge de confir-mer et de conforter la foi de sesfrères, nous continuons à avancerrésolument dans l’Espérance. » Et s’il faut accepter de nous lais-ser accompagner par tous lessaints sur le chemin de cetteEspérance, il faut aussi savoir,précisait le pape Benoît XVI

Benoît XVI : « Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile »

religionActualités

�Sur internet : www.pelerinage-national.org

Savoir +L’Ancien et le Nouveau Tes-tament sont des référencesculturelles primordiales

et contiennent les textes fon-

damentaux de la vie des chré-tiens. Aussi, les éditions Fré-maux & Associés ont-elles jugénécessaire d’entreprendre pourla première fois une antholo-gie biblique en dix CD pourrenouer avec la tradition ora-le et nous faire accéder au rêvede la Vulgate. Cette vaste entre-prise nous permet d’écouter,grâce à la qualité d’interpré-tation de nombreux comé-diens1, la quasi-totalité destextes de la Bible de Sacy, c’est-à-dire dans la traduction duXVIIe siècle qui a inspiré Bossuetet d’innombrables auteurs spi-rituels, écrivains et prêtres du-rant trois siècles2. Sélectionnéspar le père Philippe Gruson3,les 200 textes de ce recueil pré-

sentent par modules de deuxà huit minutes une grandefresque de l’histoire bibliqueen donnant la priorité auxlivres narratifs. Cette œuvresonore est un outil indispen-sable pour l’animation caté-chétique, pastorale ou de cultu-re religieuse. ■GDR

La Bible – Ancien et Nouveau Testa-ment, 10 CD + 1 livret (40 p.), Frémeaux

& Associés, 79,99 €. Contact pour les CDI : 01 43 74 90 24.

1. Michael Lonsdale, Brigitte Fossey,Michel Duchaussoy…2. Il s’agit donc d’une traduction diffé-rente de la Traduction œcuménique dela Bible (TOB).3. Professeur à l’Institut catholique deParis et directeur des « Cahiers Évangi-le » et de la collection « Commentairesde la Bible » chez Bayard Éditions/Cen-turion.

©G

. Giu

lian

i/C

iric

Quand la Bible est lue par des comédiens

dans sa première homélie2 pro-noncée le 24 avril 2005, qu’à« la communauté des saintsn’appartiennent pas seulementles grandes figures qui nous ontprécédés et dont nous connais-sons les noms. Nous sommestous la communauté des saints,nous, les baptisés au nom duPère, du Fils et du Saint-Esprit,nous qui vivons du don de lachair et du sang du Christ, parlesquels il a voulu nous trans-former et nous rendre semblablesà lui ».L’Église est donc vivante, por-tée avec l’humanité par leChrist. « Aujourd’hui encore, l’Église et les successeurs des

Apôtres sont invités à prendre lelarge sur l’océan de l’histoire età jeter les filets », ajoutait-il. Desfilets malheureusement déchi-rés par les divisions qui invi-taient le pape à s’adresser auChrist par ces mots : « Faisonstout ce qui est possible pour par-courir la route vers l’unité que tuas promise. Faisons mémoire d’el-le comme des mendiants dansnotre prière au Seigneur : oui Sei-gneur, souviens-toi de ce que tuas promis. Fais que nous ne soyonsqu’un seul Pasteur et qu’un seultroupeau ! Ne permets pas queton filet se déchire et aide-nousà être des serviteurs de l’unité ! ». « Aujourd’hui, concluait BenoîtXVI, je voudrais, avec une gran-de force et une grande convic-tion, à partir d’une longue expé-rience de vie personnelle, vousdire, à vous les jeunes : n’ayezpas peur du Christ ! Il n’enlèverien et il donne tout. Celui qui sedonne à lui reçoit le centuple.Oui, ouvrez, ouvrez tout grandles portes au Christ – et vous trou-verez la vraie vie. » ■GDR

1. Monseigneur Jean-Pierre Ricard, pré-sident de la Conférence des évêques deFrance : message d’accueil du nouveaupape.2. Le titre de notre article est extrait decette même homélie de la messe d’inau-guration du 24 avril 2005.

Pèlerinage nationalde Lourdes

Le pèlerinage national deLourdes, du 11 au 16août2005, rassemblera près de

10 000 pèlerins. Conduit depuis1873 par les Pères Assomp-tionnistes, il est organisé parl’association Notre-Dame de-Salut et présidé par monsei-gneur Panafieu, archevêquede Marseille. Cet événement,qui s’adresse aux adultes com-me aux jeunes, est l’occasiond’une expérience enrichissan-te de la vie de l’Église et de lasolidarité. ■GDR

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 17

C’est en cherchant Zou surune double page jolimentillustrée que les élèves de

Philippe Uzureau2 ont décou-vert la vie quotidienne dans uneabbaye. Zou, c’est le petit chatd’Anne et Léo, les mascottes dela méthode de culture chré-tienne qui sortira en juin chezMédiaclap (cf. encadré). Cesdeux jeunes reporters serventde fil conducteur pour présen-ter aux écoliers « le monachis-me », « la figure d’Abraham »ou encore « la rencontre des reli-gions ».

Plongés dans leur livret, lesenfants doivent à présent col-ler des vignettes sur le plan dumonastère de Saint-Gall. Pouridentifier le cimetière ou lecloître, pas de problème. MaisClémence hésite pour situer le

scriptorium et l’apothicairerie,des mots difficiles que les enfantsprononcent avec délectation. Dans cette petite école ruralede Chazé-sur-Argos – 863 habi-tants –, le silence se fait quandle professeur lance le DVD quicomplète le livret. Et l’on retrou-

ve Anne et Léo cette fois dansun monastère en trois dimen-sions : Belle-Fontaine. La visitepeut commencer. Puis le pro-fesseur demande à ses élèves deCE2, CM1 et CM2, de citerquelques principes de la règlede saint Benoît. Les réponsesfusent : «ne pas se disputer»,«travailler», «partager». La«règle», contre toute attente,parle aux enfants. «Mais com-ment tout cela a-t-il commencé ?»«Saint Pierre voulait se consacrerà Dieu et a vendu tous ses biens »,répond un peu trop vite Adrien.«Saint Pierre ?», s’étonne le pro-fesseur. «Euh ! non, saint Antoi-ne, c’était au troisième siècle»,corrige le garçon. Menée tambour battant, aurythme d’activités variées, l’heu-re de culture chrétienne est unrégal pour les enfants : « Onapprend plein de choses en s’amu-sant », explique Mélanie quiapprécie tout particulièrementles séquences filmées et « les per-sonnages qui les animent ».

Conçu par les directions diocé-saines d’Angers et de Nantes3,ce programme se veut «une pro-position pour tous les élèves decycle 3 des écoles catholiques,quelles que soient leurs convictionsou appartenance religieuse »,expose Bruno Bourget, l’un desauteurs. « La culture chrétiennene sollicite ni leur adhésion ni leursconvictions, mais les met en recher-che pour comprendre la vie deschrétiens et des croyants de laBible. En cela, elle participe à laproposition pastorale globale del’école qui est complétée par l’éveilà la foi », ajoute l’animateur-formateur.

Un espoirDe même, cette initiation nedemande pas une implicationpersonnelle de l’enseignant.Tous les professeurs peuventdonc se lancer… à condition dese former. Dès la prochaine ren-trée, la direction diocésained’Angers proposera d’ailleursune préparation d’une semai-ne à cet enseignement et lesprofesseurs stagiaires du CFP4

d’Avrillé auront l’occasion dedécouvrir ce nouveau pro-gramme. Auteurs et éditeurnourrissent bien sûr un espoir :que leurs petits reporters, Anneet Léo, parcourent la Franceentière…

■SYLVIE HORGUELIN1. Dans le cadre de la 27e heure, quand lacatéchèse est assurée en paroisse (ou pourles élèves qui ne souhaitent pas la suivreà l’école). Voir aussi ECA 292, pp. 27-28.2. Adresse : 11 rue de la Croix-Marie,49500 Chazé-sur-Argos. 3. Les contenus ont été élaborés par Bru-no Bourget, animateur-formateur àAngers, le père Pascal Batardière, res-ponsable du service pastorale de la direc-tion diocésaine d’Angers, le père RobertChâteau du diocèse d’Angers, et LaurentDal Molin, animateur en pastorale àNantes.4. Centre de formation pédagogique.

Cycle 3. Une heure de culture chrétienne, ça passe vite ! (Photo : S. Horguelin)

Tous les professeurspeuvent se lancer… à condition de se former.

�La méthode Anne et Léo reporters - culture chrétienne en cycle 3est structurée en 10 séquences de 3 séances (soit 30 séances

dans l’année) avec trois axes : les sources bibliques (la Bible,Abra-ham, Jésus : son histoire), histoire et vie des chrétiens (les sacre-ments,les moines,la musique religieuse,les pèlerinages,la rencontredes religions), les temps liturgiques (Noël : histoire de la fête,Pâquesdans l’art). Deux autres DVD et livres enfant et animateur sont àparaître.Dans le livre enfant, on trouve des jeux, des BD, des textes, desvignettes à coller. En complément, un DVD invite les écoliers àregarder des reportages, des interviews, des œuvres d’art… Enfinle livre animateur expose le déroulement pédagogique et propo-se des notices explicatives. ■

Éditions Mediaclap, 46 route d’Angers, 49350 Les Rosiers-sur-Loire. Tél. : 02 41 53 27 62. Site (incluant une séance test) : www.culture-chretienne.com

Tarifs : livre enfant : 8,90 €, pack animateur (livre + DVD) : 49,80 € (port noninclus). Offre spéciale : pour un pack animateur acheté

et 25 livres enfants, un lecteur DVD offert.

Trente séances dans l’année

Anne et Léo visitent un monastère

À 30 kilomètres d’Angers, dans une petite école rurale, les élèves de Philippe Uzureaudécouvrent ce matin la vie monastique. En Maine-et-Loire, nombreux sont les écoliers de cycle 3

qui s’initient comme eux à la culture chrétienne1. Un programme ludique et intelligent a été élaboré par les diocèses d’Angers et de Nantes.

18 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Festival de la jeunesseBORDEAUX (33)21 et 22 mai 2005Hangar 14, quai des Chartrons

Organisée pour la première foispar la mairie de Bordeaux, cet-te manifestation s’adresse aux75 000 jeunes Bordelais âgésde 6 à 25 ans et à leurs familles.Un public potentiel nombreuxqui trouvera des informationset des contacts sur des sujetsaussi divers que les études, l’Eu-rope, les missions humanitaires,les sciences… dans les cinq pôlesthématiques réunis sous le toitdu Hangar 14 : « Informe-toi »(Atelier informatique munici-pal, Conseil municipal desenfants, Caisse d’allocationsfamiliales…) ; « Engage-toi »(ATD Quart Monde, Ligue inter-nationale contre le racisme et l’antisémitisme, Les PetitsDébrouillards Aquitaine…) ;« Prends soin de toi » (Pour uneroute sûre, Cap sciences, Asso-ciation d’aide à l’insertion socia-le…) ; « Bouge-toi » (BordeauxÉtudiants Club, Astrolabe…) ;« Exprime-toi » (Cinéma Jean-Vigo, École du cirque, Biblio-thèque municipale…).

Entrée gratuite. Plus de détails sur : www.bordeaux.fr

Pour les jeunesorganistes du Nord - Pas-de-CalaisARRAS (62)Du 4 au 9 juillet et du 23 au 28 août 2005Lycée agricole de Tilloy-les-Mofflaines

Membres, avec 31 autres cen-tres, de l’Association nationa-le de formation des organistesliturgiques (Anfol), les stagesd’Arras s’adressent aux gar-çons et filles, de 8 à 18 ans,désireux de commencer ou deparfaire leur formation d’or-

revues expressActualités agenda

Pauvres prisonniersLa Revue Quart Monde doit«encourager ceux qui ont la chan-ce d’être formés et de pouvoir s’in-former, à se mettre à l’école desplus pauvres », écrivait le pèreJoseph Wresinski1 en 1986, alorsque ce nouveau titre prenait lerelais de la revue Igloos créée àla fin des années 50 au campde Noisy-le-Grand.Avec son dernier numéro2, laRevue Quart Mondeest allée «au-delà des murs [de la prison] ».Pour Marie-Hélène Boureau, ils’agissait « de comprendre com-ment les détenus ressentent lespeines qu’ils imposent bien invo-lontairement à leurs familles, etcomment celles-ci subissent cetteincarcération ».Dans « Fabrique de misère »,Anne-Marie Marchetti livre lesconclusions des enquêtes qu’ellea effectuées, pour le CNRS3,dans les prisons françaises. Alorsmême que la délinquance estprésente dans tous les milieuxsociaux, la prison est une ins-titution de pauvres. Une situa-tion qui tient sans doute au faitque « le repérage et le traitementdes actes délictueux est plus faci-le quand on a affaire à des gensde peu de pouvoir ». Plus de lamoitié des détenus vivent endessous du seuil de pauvretécarcérale, 60 % sont inactifs, etpour ceux qui travaillent lessalaires défient toute concur-rence : la sociologue dresse untableau accablant des condi-tions de vie des détenus dansles prisons françaises. En fait,souligne-t-elle, « plus on estpauvre, plus on risque de rentrerplus tôt en prison, plus on a unedétention rigoureuse, mais aussiplus on sortira tard de prison ».De nombreux témoignagesillustrent l’importance du main-tien des liens familiaux : lesdétenus puisent leurs forcesdans ces moments privilégiésque constituent les visites duconjoint, des enfants… Reste,comme le rappelle PascalDécarpes4, que souvent « laprincipale conséquence de l’in-carcération est la détérioration dulien social avec les familles5 ».Des personnes, des associationsprennent alors le relais, jouantun rôle indispensable de lien

avec l’extérieur et assurant unsoutien auprès des personnesincarcérées. Un soutien qui esttout aussi indispensable auxfamilles des détenus qui doi-vent faire face aux difficultésmatérielles et financières, sup-porter le regard des autres. Aus-si des centres d’accueil ont-ilsété installés à proximité des pri-sons. Les familles y nouent desamitiés, y trouvent une écoutebienveillante et une aide dansleurs démarches.

Revue Quart Monde, Éditions QuartMonde, 15 rue Maître-Albert, 75005

Paris. Prix au numéro : 7 €.

1. Fondateur en 1957 du Mouvementinternational ATD Quart Monde.2. N° 193, février 2005, « La prison, au-delà des murs ».3. Centre national de la recherche scien-tifique.4. Cf. « Des histoires pleines de mots ».5. « La prison bouleverse la vie des famillesde détenus », Consommation et modes devie, n° 143, mai 2000, Centre de recherchepour l’étude et l’observation des condi-tions de vie (Credoc).

Mixité scolaireLa mixité à l’école figure aunombre des débats qui tra-versent le système éducatif. Etl’enseignement catholique nepeut en être que partie pre-nante. « Il concerne en effet,comme le rappelle le frère Vin-cent de Léglise, le cœur mêmede notre responsabilité éducati-ve : le développement et l’épa-nouissement des jeunes ». C’està cette question de la mixitéscolaire que la revue du réseaulasallien, La Salle Liens Inter-national, s’est intéressée dansson numéro d’avril 20051. Aucollège Notre-Dame-de-la-Gareà Paris (XIIIe), comme au col-lège du Sacré-Cœur à Reims(Marne), l’éducation affectiveet sexuelle des jeunes est pen-sée au regard du projet édu-catif de l’enseignementcatholique : la formation inté-grale de la personne2. La Sal-le Liens International présenteles projets conduits auprès descollégiens par les personnelsdes établissements – ensei-gnants, personnels d’éducation,animateur en pastorale – encollaboration avec des parte-naires extérieurs.À lire aussi, dans ce dossier, laréflexion d’Yves Mariani3 quirend compte du travail mené

par l’observatoire national depédagogie sur la question de lamixité de l’école au lycée.Au sommaire également : uneinterview d’Howard Gardner4

qui revient sur les travaux qu’ilconduit sur l’intelligence5. Selonl’universitaire, l’individu dis-pose d’« intelligences multiples » :langagière, logico-mathéma-tique, spatiale, musicale, kines-thésique, interpersonnelle,intrapersonnelle, naturaliste,existentielle. Beaucoup sont lais-sées de côté par le milieu sco-laire qui doit repenser sesméthodes d’apprentissage pourpermettre « le développementcognitif de chaque élève ». Mettreun terme à l’empilement desconnaissances, favoriser unapprentissage individualisé…sont deux des pistes avancéespar Howard Gardner.

La Salle Liens International, AssociationLa Salle Liens International, 78 A rue

de Sèvres, 75341 Paris Cedex 07. Prix au numéro : 3,81 €.

1. N° 51.2. Cf. « L’école catholique au seuil du troi-sième millénaire », § 18, ECD hors série(juin 1998) : « La communauté éducative,globalement prise, est ainsi appelée à pro-mouvoir l’objectif d’une école comme lieu deformation intégrale à travers la relation inter-personnelle. »3. Membre de l’observatoire national depédagogie de l’enseignement catholique.4. Professeur en cognition et en éducationà la Harvard Graduate School of Educa-tion, de psychologie à la Harvard Uni-versity, de neurologie à la Boston Universityof Medecine et codirecteur du Projet Zéro.5. Cf. Les intelligences multiples, HowardGardner, Retz, 2004.

Économie et éducationDans son numéro de janvierdernier1, Trajets revient sur lethème des journées nationalesorganisées en mai 2004, par laParoisse universitaire2 : « Éco-nomie, éducation : un maria-ge impossible ? ».À lire aussi dans ce numéro, lestémoignages et réflexions d’en-seignants sur la mise en œuvrede l’aide individualisée au col-lège et au lycée.

Trajets, Paroisse universitaire, 170 boulevard du Montparnasse,

75014 Paris. Prix au numéro : 8 €.

1. N° 2.2. La Paroisse universitaire rassemble deshommes et des femmes, enseignants del’école publique, soucieux de conjuguerleur appartenance à la société laïque età l’Église catholique.

■VÉRONIQUE GLINEUR

À vos dates...�Pour une parution dans

le numéro 295 d’Ensei-gnement catholique actualités(juin 2005), vos dates doiventnous parvenir avant le 20 maiprochain.

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 19

ganiste au service de la litur-gie. Les organisateurs souli-gnent que « l’âge idéal pourdébuter se situe entre 9 et 12 ans»et que « bien qu’aucune connais-sance technique ou musicale nesoit requise au départ, il est cepen-dant très souhaitable que les can-didats au stage sachent lire la cléde sol et si possible la clé de fa ».Au programme : solfège, cla-vier (au lycée d’accueil et dansles paroisses du diocèse d’Ar-ras), chant choral, culture musi-cale, réflexion sur la place et lerôle de l’organiste dans la litur-gie. Et, bien sûr, des concerts.

Programme détaillé et fiche d’inscription sur :http://stagesjo.free.fr

20e anniversaireSITE DU PONT DU GARD (30)Juillet 2005-Février 2006Vers-Pont-du-Gard

Voilà vingt ans l’Unesco qua-lifiait le Pont du Gard de « chef-d’œuvre du génie créateur hu-main » et le classait au patri-moine mondial de l’humani-té. Le site valorisé, qui attirechaque année un million devisiteurs (cf. ECA 291, p. 53),va vivre cet anniversaire à tra-vers plusieurs événementsd’ampleur internationale : uneexposition du sculpteur séné-galais Ousmane Sow ; la créa-tion mondiale d’une œuvrecomposée par René Koering etle DJ américain Jeff Mills pour

l’Orchestre national de Mont-pellier ; une soirée musiquesdu monde avec Angélique Kid-jo et Amadou et Mariam; deuxrécitals de piano avec Jean-Fré-déric Neuburger et Cédric Pes-cia ; une soirée musiques élec-troniques avec LCD Sound Sys-tem, Hot Chip et Black Strobe ;sans oublier une exposition surle thème de l’eau (« L’eau pourtous »).

Programme détaillé sur : www.pontdugard.fr

Jeunes chrétiens,ensembleNÎMES (30)Du 21 au 28 août 2005Maison diocésaine

Organisée par les services œcu-méniques nationaux des Églisesmembres du Conseil d’Égliseschrétiennes en France, cette ses-sion offre à des jeunes de 22 à30 ans environ, déjà engagésdans leur communauté, untemps d’ouverture aux diffé-rentes manières d’être chrétiendans le monde actuel. Com-me chaque année, depuis 2002,elle réunira une vingtaine departicipants venus de toute laFrance : sept catholiques, septprotestants (y compris évan-géliques), sept orthodoxes (dedifférentes traditions) et quel-ques anglicans.Le coût du séjour – 200 € (sansle transport) – est pris en char-ge par le responsable diocésain

pour les catholiques ou le res-ponsable de l’Église pour lesprotestants, les orthodoxes etles anglicans.

Contact : Frère Michel Mallèvre, 80 rue de l’Abbé-Carton,75014 Paris. Tél. : 01 53 90 25 50. E-mail : [email protected]

À table !BORDEAUX (33)Jusqu’au 28 août 2005Cap Sciences, Hangar 20, Quai de Bacalan

« D’où vient ce que je mange ? »,« Est-ce que je mange bien ? »,« Qu’est-ce que manger veutdire ? » À l’heure où il arriveque l’on découvre de la vian-de avariée dans une grandesurface ou un restaurant, oùles OGM tentent de s’imposerdans nos assiettes, où l’on n’apas le temps d’oublier la mala-die de la vache folle que l’onnous inquiète déjà avec la grip-pe du poulet…, les questionsse bousculent. Le Palais de laDécouverte, l’Institut nationalde recherche agricole et CapSciences se sont associés poury répondre en montant cetteexposition. Au menu interac-tif : une cuisine expérimenta-le, un self-info repas, les nour-ritures dans les cultures et lesreligions…

Dossier pédagogique téléchargeable sur : www.cap-sciences.netVisites scolaires : Corinne Roussille, tél. : 05 57 85 51 33.E-mail : [email protected]

Vitraux historiquesCHARTRES (28)Jusqu’au 17 janvier 2006Centre international du vitrail

Les verrières légendaires deNotre-Dame-de-Chartres sontprésentées dans une maquettegéante, réalisée à partir de pho-tographies inédites. Le parcourspose un regard neuf sur cesvitraux en rendant compte deleurs dimensions esthétique,historique et spirituelle. L’ex-position développe, entre autresthèmes, « les mécanismes d’al-tération du verre » et « les acteursd’une opération de restaura-tion ». Elle offre aussi une excep-tionnelle traversée de l’artmédiéval avec la présentationde la collection de relevés devitraux conservés au musée desMonuments français.

Centre international du vitrail, 5 rue du Cardinal-Pie,28000 Chartres. Tél. : 02 37 21 65 72. Internet : www.centre-vitrail.org

BO : rendez-vousen juin

�Les quelques textes à rete-nir dans les numéros

d’avril du Bulletin officiel del’éducation nationale ne suffi-sant pas à nourrir une rubri-que, vous retrouverez YvonGarel dans notre numéro295.

@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@@ECA continue sur internet

Des compléments aux dossiers et aux rubriques, des notes de lecture,

l’index des personnes et des sites internet cités dans chaque numéro.

Rendez-vous sur www.scolanet.org, cliquez sur l’ECA du mois, puis sur ECA +.

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Favoriser la réflexion

et l’engagement

Nourrir la réflexion et l’action

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 21

Dossier

Autant être clair : la « loi d’orien-tation et de programme pourl’avenir de l’École » a été accueilliedans un climat de désenchan-tement. En effet, à la suite durapport de la « Commission na-

tionale sur l’avenir de l’École », ou « rap-port Thélot », publié en octobre 2004après plus d’une année de travail, quelquedouze mille débats locaux, un vrai dia-logue entre les responsables de l’École etla société française, et dont les proposi-tions appelaient une réforme en pro-fondeur de l’Éducation nationale, la loine semblait pas à la hauteur de ces am-bitions.

En outre, elle a été précédée d’annonces,comme la suppression des TPE1 en clas-se de terminale, interprétées par les en-

Loi d’orientation : lesrisques et les chances

seignants comme des signes négatifs.Certes, ces TPE n’avaient pas tous lesavantages, leur évolution n’a pas tou-jours évité la facilité, mais les enseignantsavaient progressivement découvert l’in-térêt d’une collaboration interdiscipli-naire, l’émergence possible d’autres rap-ports avec les élèves. Ces derniers sortaientde l’approche fractionnée de l’acquisi-tion des connaissances pour une maî-trise plus riche et plus complexe.Enfin, comme son titre l’indique, c’est enmême temps une loi d’orientation et deprogrammation. Les moyens pour la réa-lisation des mesures prévues sont inscritsdans le rapport annexé. Pour une fois,des objectifs chiffrés sont assignés au sys-tème éducatif, par exemple : « La propor-tion de bacheliers généraux parmi les enfantsde familles appartenant aux catégories so-cioprofessionnelles défavorisées augmenterade 20 %2. » Mais on peut se demanderdans quelle mesure la rigueur budgétai-re d’une programmation n’a pas quelquepeu anémié le souffle légitimement at-tendu pour une loi d’orientation.Heureusement, un certain nombre de ju-

La loi d’orientation pour l’avenir de l’École est l’un desévénements de l’année 2005. Si pour certains, elle marque deprofonds renouvellements du système éducatif, pour d’autres

elle manque de souffle et de mise en perspective. Très débattue,elle met l’accent sur l’obligation de la réussite de tous les élèves

en prenant en compte notamment la nécessité d’un soclecommun et la diversité des jeunes. Quels sont les risques et les chances de cette loi ? Il appartient sans doute aux

communautés éducatives d’en faire un élément de l’innovationpédagogique et éducative, attendue aujourd’hui.

Du nouveau...■Pour la réussite de tous les élèves, dans lesétablissements et pour les enseignants.

La réussite au programme■Le programme personnalisé de réussite édu-cative (PPRE) inscrit dans la loi une volonté deraccrocher les décrocheurs qui mobilise depuislongtemps des équipes éducatives de l’ensei-gnement catholique.

L’équipe, ça change tout !■Des écoles, collèges et lycées catholiques ontprécédé la recommandation de la loi Fillond’« élaborer des stratégies collectives au niveaudes établissements ».

Laissez entrer les parents !■Parce que les missions d’enseignement etd’éducation ne sauraient se conjuguer l’unesans l’autre, les établissements catholiquesse sont attachés depuis longtemps à « faireentrer » les parents dans l’école.

« Dans et... hors la loi ! ■La Marseillaise revient, le bac ne passe pas...

Sommaire

Souhaitons que l’évolutiondes mentalités, plus encoreque les moyens, fassedemain de ces objectifs une réalité.

Dossier�Loi d’orientation : les risques et les chancesgements un peu sommaires sur le texteoriginal méritent d’être révisés ! Il fautaussi tenir compte de l’évolution du tex-te et de son enrichissement lors de sonpassage devant l’Assemblée nationale etdevant le Sénat ; les amendements desdéputés et des sénateurs l’ont substan-tiellement changé.

Interrogation forte Nous ne citerons ici que quelques-unes desmesures nouvelles. La plus importante, re-prise du rapport du rapport Thélot, est lamise en place d’un « socle commun desconnaissances et des compétences ». « Lascolarité obligatoire doit au moins garantir àchaque élève les moyens nécessaires à l’ac-quisition d’un socle commun constitué d’unensemble de connaissances et de compétencesqu’il est indispensable de maîtriser pour ac-complir avec succès sa scolarité, poursuivre saformation, construire son avenir personnel etprofessionnel et réussir sa vie en société3. » Lesouci de ne plus augmenter sans cesse, etparfois de façon hétérogène, les pro-grammes scolaires, mais de se centrer surce qu’un élève ne peut ignorer à l’issue del’école obligatoire, est ancien. Il est contem-porain du « collège unique » de la loi Ha-by de 1975 et il est revenu périodiquement: en 1985, dans le « rapport du Collège deFrance », en 1994 dans un document du

Conseil national des programmes sur lecollège, et deux ans après dans le « rap-port Fauroux » à travers la nécessité d’unrecentrage sur les « savoirs primordiaux4 ».Et puis, un regard, pour une fois, « extra-hexagonal » nous ferait prendre conscien-ce que cette question est bien présente, etparfois résolue, dans la plupart des paysd’Europe…Un socle commun ne se limite pas à uneliste inerte de connaissances à acquérir,mais il est une dynamique qui croise com-pétences et connaissances à maîtriser. Ilimplique d’abord une pédagogie trans-versale. Tous les autres enseignementscontribuent à sa construction : c’est par-fois le nécessaire détour par une autre dis-cipline qui redonne le goût du françaisou des mathématiques. Ensuite, sa réus-site suppose bien évidemment une pé-dagogie différenciée, d’autant plus que laloi prévoit, non sans analogie d’ailleursavec les assises de 2001 : « Compte tenu dela diversité des élèves, l’école doit reconnaîtreet promouvoir toutes les formes d’intelligen-ce pour leur permettre de valoriser leurs ta-lents5. » Or, pour atteindre cet objectif, letexte ne prévoit que le cas où l’élève a desdifficultés. Nous nous réjouissons évi-demment de ce PPRE6, mais n’était-il pastemps de franchir un pas supplémentai-re et de fonder une vraie pédagogie dif-

férenciée pour tous les élèves, de rendrevie et efficacité à l’enseignement par cyclesdans le premier degré et de se donner lesmoyens d’une personnalisation des tempsd’apprentissage en collège ? À ce socle commun, se rattache une in-terrogation forte sur les modalités et lafonction de l’évaluation, sa place dans lepilotage de la scolarité des élèves et deleur orientation, le rôle des enseignantsvis-à-vis des autres membres de la com-munauté éducative dans les décisionsprises. Le nouveau diplôme national dubrevet devra se dérouler avant les conseilsde classe qui déterminent définitivementl’orientation des élèves en fin de troisiè-me. Ce qui peut faire figure de détail, « lanote de vie scolaire », montre combien desobjectifs restent encore à définir. Officiel-lement, celle-ci doit porter sur l’assiduité,le comportement et l’engagement dansla vie de l’établissement. Sera-t-elle lasanction « d’écarts de conduite » d’un ado-lescent de troisième, ou au contraire, lavalorisation d’engagements et le déve-loppement de la vie sociale au collège ?D’autres mesures peuvent être interpré-tées de façon contradictoire : la liberté pé-dagogique reconnue aux enseignants est-elle pour eux l’occasion de revendiquerseulement l’exercice individuel de leur art,ou au contraire, le moteur d’un travail

�Les évolutions majeures de notre sys-tème éducatif ont toujours été mar-

quées par de grands textes législatifs. Pourtenir compte des bouleversements queconnaît la société depuis la loi d’orientationde juillet 1989, l’école doit se donner de nou-velles ambitions, élever le niveau de qualifi-cation et de connaissances et préparer lesgénérations futures à leur vie personnelle,professionnelle et citoyenne. C’est pourrépondre à ces objectifs que la loi d’orienta-tion et de programme pour l’avenir de l’Éco-le, publiée au Journal officiel du 24 avril 2005,a été adoptée par les députés et les sénateursle 24 mars, à l’exception des articles 7 et 12déclarés non conformes par le Conseil consti-tutionnel*. Aux termes des conclusions durapport de la commission mixte paritaireparlementaire, François Fillon affirmait quecette loi va « changer en profondeur le visage del’école de la République par la définition de prio-rités éducatives,par le soutien dès le primaire auxélèves qui ne maîtrisent pas les fondamentaux,par le soutien à l’enseignement des langues étran-gères, par la clarification des filières profession-nelles,par le remplacement des professeurs absents,par la réforme de la formation des maîtres ». Leministre de l’Éducation nationale a égale-

ment souligné que « ce texte de qualité s’at-taque à l’échec scolaire et à l’exclusion ».Pour montrer sa détermination devant l’at-tente d’une rénovation du système éduca-tif par les Français mais aussi leur scepticismedevant l’efficacité de la loi, François Fillon adécidé d’entreprendre les premières concer-tations entre le ministère et les organisa-tions de l’Éducation nationale sur les textesd’application de la loi et de soumettre auxdiscussions environ 35 décrets et arrêtés envue d’une réunion du Conseil supérieur del’éducation et du Comité paritaire nationalqui se tiendra au mois de juin.Dès la rentrée 2005 ou au cours de l’année2005/2006,des mesures entreront en vigueur.Elles concerneront notamment : la mise enplace du Haut conseil de l’éducation et duConseil territorial de l’éducation pour pré-parer un avis sur le socle commun de connais-sances et de compétences ; le lancement deséquipes de réussite éducative ; la réflexionsur l’organisation et le contenu des PPRE** ;l’augmentation des classes et ateliers relais ;la nomination d’assistants pédagogiques enlycée ; la généralisation de l’apprentissage dela première langue vivante au cycle III ; ledédoublement des classes de langues

vivantes 1 en terminale ; l’élaboration ducahier des charges national de la formationdes maîtres ; l’entrée en vigueur du disposi-tif de remplacement des enseignants absentspour une courte durée ; la création d’un conseilpédagogique dans chaque collège et lycée ;la réécriture des projets d’établissements,notamment pour préciser les modalités d’ac-cueil et d’information des parents, les actionsde préparation des projets d’orientation desélèves et la définition des priorités confor-mément à la LOLF*** ; l’élaboration d’un plande prévention de la violence ; la création d’unenseignement de découverte professionnel-le en classe de troisième ; l’intégration d’unenote de vie scolaire au brevet des collèges ;la prise en compte des travaux personnelsencadrés (TPE) en classe de première géné-rale pour le baccalauréat 2007 ; l’augmenta-tion du nombre d’ unités pédagogiquesd’intégration (UPI) scolarisant des élèves han-dicapés ; l’instauration d’une nouvelle orga-nisation des séries sciences et technologiesde gestion en classe de première.

■GILLES DU RETAIL

* Pour suivre l’évolution de la loi : www.loi.ecole.gouv.fr** Programme personnalisé de réussite éducative.*** Loi organique relative aux lois de finances.

Passer à l’application de la loi

22 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

d’équipe et de recherche ? La mise en pla-ce d’un conseil pédagogique, même s’il« ne peut porter atteinte à cette liberté7 », leprojet d’établissement dont on rappelleopportunément l’importance et la né-cessité de la remise à jour régulière, lamention explicite de possibilités nouvellesd’expérimentation8 plaident évidemmentpour la seconde hypothèse, le risque de-meure, la chance estouverte. Dans le même sens,le rapport annexéélargit la mission del’enseignant. « Lesmissions des ensei-gnants comprennentl’instruction des élèvesdans le cadre de laclasse, l’évaluation desacquis des élèves, l’ac-compagnement desélèves et leur suivi in-dividualisé, l’éduca-tion aux choix et laparticipation à l’orien-tation des élèves, la re-lation avec les parents,le travail en équipe etla concertation, la par-ticipation au fonc-tionnement de l’éta-blissement9. » Sou-haitons que l’évolu-tion des mentalités,plus encore que les moyens, fasse demainde ces objectifs une réalité. D’ailleurs, le recrutement et la formationinitiale des enseignants subissent des chan-gements notables : la répartition acadé-mique des postes ouverts sera connue aumoment de l’inscription au concours. Lescandidats reçus choisiront leur académied’affectation qui sera à la fois leur lieu destage et leur lieu de début de carrière, per-mettant ainsi d’articuler formation ini-tiale et formation continuée. Actuelle-ment, près de la moitié des nouveauxcertifiés ou agrégés sont nommés dansdeux académies de la périphérie pari-sienne. On mesure la révolution positivequi s’annonce…L’insertion des IUFM10 à l’intérieur desuniversités, motivée par le rapprochementnécessaire de la formation des enseignantsavec le cursus universitaire européen (Li-cence-Master-Doctorat) n’a pas été sansprovoquer de sérieuses craintes, pas en-core toutes levées : alors que tout concourtà demander une vraie formation profes-sionnelle pour les jeunes enseignants, neva-t-on pas renforcer au contraire unetendance vers une formation exclusive-ment universitaire ? « Trois grands en-

sembles de formation seront distingués : l’ap-profondissement de la culture disciplinaire,la formation pédagogique visant la prise encharge de l’hétérogénéité des élèves – no-tamment des élèves handicapés – et la for-mation du fonctionnaire du service public, enparticulier dans ses relations avec les pa-rents11 ». Ces objectifs ne pourront pasêtre atteints sans une véritable formation

en alternance, conjuguant l’expériencedes stages dans les établissements et lesmoyens d’analyse de cette expérience.

Long cheminPour être complet, il faudrait rajouter tousles apports sur l’accueil des « élèves dif-férents », sur les mesures d’insertion so-ciale, le développement de l’enseigne-ment des langues à tous les niveaux, surune nouvelle organisation de l’ensei-gnement professionnel et le souhait dedévelopper les passerelles entre l’ap-prentissage et le système scolaire, entrel’enseignement professionnel et la voiegénérale du lycée, le développement denouveaux partenariats avec l’environ-nement (« Une école sans murs » ?), etc.Personne n’a oublié non plus l’amende-ment sur l’obligation d’enseigner l’his-toire du fait religieux, la place nouvellepour la communauté éducative ou la ré-novation des rapports entre les parentset les établissements. Sans omettre un élé-ment majeur : la mise en œuvre de laLOLF12 et la contractualisation des rap-ports entre les établissements et les rec-torats ; au-delà des procédures nouvelles,c’est une autre culture du pilotage des

établissements et de l’ensemble du sys-tème qui est à construire. Enfin, mentionnons un amendementadopté par le Sénat : « L’enseignement pri-vé sous contrat contribue aux missions et àla qualité du service public de l’éducation.Il doit être mis en situation de pouvoir rem-plir ses missions. » De l’exposé des motifsde la loi Debré (« […] l’effort immense qui

doit être demandé aupays pour assurer sonavenir ne peut être me-né à bien qu’avec leconcours de tous13 »)à cet amendement,en passant par le premier considérantdes accords de 1993(«Considérant la contri-bution des établisse-ments d’enseignementprivés au service publicde l’éducation14 »), ily a le long chemin dequarante-cinq ansd’association à l’État.Certains y verront en-fin l’exigence pource dernier de recon-naître à sa vraie me-sure la contributionde l’enseignementprivé sous contrat,d’autres seront sen-sibles à l’exigence in-

terne à un enseignement catholique quise doit d’être toujours force de proposi-tion pour l’ensemble du système éduca-tif. Les uns et les autres ont raison. Danscette perspective, il reste à l’ensemble dusystème éducatif et à l’enseignement ca-tholique, à maîtriser les risques et saisirles chances offertes…

■ANDRÉ BLANDINSecrétaire général adjoint

de l’enseignement catholique(Cet article a été rédigé avant le passage de la

loi en Conseil constitutionnel.)

1. Travaux personnels encadrés.2. Rapport annexé §II, « Objectifs ». 3. Article 9.4. « Pour l’école ». Rapport de la commission présidéepar Roger Fauroux, Calmann-Lévy, pp. 59-60.5. Article 7.6. Programme personnalisé de réussite éducative7. Article 48.8. Article 34.9. Rapport annexé : « La mission des enseignants ».10. Instituts universitaires de formation des maîtres.11. Rapport annexé.12. Loi organique relative aux lois de finances, votéeen 2001, qui organise le budget de l’État en fonctiond’objectifs à atteindre et non plus de lignes budgétaires.13. Exposé des motifs de la loi 59-1557 du 31 décembre1959 ou loi Debré.14. « Recrutement et formation des maîtres ». Accordentre le secrétariat général de l’enseignement catho-lique et le ministère de l’Éducation nationale, du 11 jan-vier 1993.

Révolution positive. Désormais les candidats reçus au concours d’enseignant choisiront une académie d’af-fectation qui sera à la fois leur lieu de stage et leur lieu de début de carrière. (Photo : D. R.)

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 23

24 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Dossier�Loi d’orientation : les risques et les chances

●Le socle commun« L’objectif de l’école est la réussite de tous lesélèves »,dispose la loi,se faisant ainsi l’échodes préoccupations exprimées par les Fran-çais lors du débat national sur l’avenir del’école. Un objectif qui, comme le rappelleJean-Claude Carle1,« impose de dire claire-ment ce que l’on attendde l’école, c’est-à-dire ceque chacun doit impéra-tivement maîtriser à l’is-sue de la scolarité obliga-toire ».Aussi la loi instaure« un socle communconstitué d’un ensemblede connaissances et decompétences qu’il estindispensable de maîtri-ser pour accomplir avecsuccès sa scolarité,pour-suivre sa formation, construire son avenir per-sonnel et professionnel et réussir sa vie en société».Il comprend « la maîtrise de la langue fran-çaise, la maîtrise des principaux éléments demathématiques,une culture humaniste et scien-tifique permettant le libre exercice de la citoyen-neté,la pratique d’au moins une langue étrangère,la maîtrise des techniques de l’information et dela communication ».Le contenu de ce socle et sa déclinaisondans les programmes et cursus scolairesseront précisés par décret après avis duHaut Conseil de l’éducation2.L’acquisition de ce socle « fait l’objet,à chaqueétape de la scolarité et notamment à la fin dechaque cycle, d’une évaluation qui est prise encompte dans la poursuite de la scolarité ». Elleest validée par le passage du brevet en finde troisième3.Ce socle ne saurait toutefois être synony-me d’uniformité des parcours. Aussi la loidispose que « parallèlement à l’acquisition dusocle,d’autres enseignements sont dispensés aucours de la scolarité ».

●La diversité des parcoursLa loi rappelle la nécessaire reconnaissan-ce de la diversité des élèves,de leurs talentset des formes d’intelligence.Dans le mêmesens, le rapport annexé souligne, à propos

du socle commun,qu’« il s’agit,par la garan-tie d’une maîtrise satisfaisante des bases, toutautant d’accompagner chaque élève en l’aidantà surmonter ses difficultés,que de lui permettred’exprimer son excellence et de réaliser son ambi-tion la plus élevée ». Autant d’affirmations

avec lesquelles l’ensei-gnement catholique esten phase puisqu’ellesrejoignent les résolutionsexposées lors de sesassises4.Encore fallait-il que la loi,dans ses dispositions,concrétise cette recon-naissance de la diversitédes élèves et aménage desparcours pluriels.Or,à cetégard,on peut regretter latimidité du législateur.À l’intention des élèvesqui rencontrent des diffi-

cultés particulières dans l’acquisition dusocle de connaissances et de compétencesou qui manifestent des besoins éducatifsparticuliers, la loi prévoit la mise en placed’un programme personnalisé de réussiteéducative (PPRE). Celui-ci peut être propo-sé à tout moment de la scolarité obligatoi-re par le directeur d’école ou le chefd’établissement5.À l’intention des élèves qui montrent «aisan-ce et rapidité dans l’acquisition des connais-sances indispensables », le rapport annexéprévoit que l’école « doit favoriser leur pro-gression ». Au collège, ces élèves pourrontbénéficier d’« approfondissements dans lesdisciplines fondamentales ou [de] diversifica-tions, en particulier dans des disciplines tellesque les langues anciennes ».Quant aux « élèvesintellectuellement précoces ou manifestant desaptitudes particulières, leur scolarité peut êtreaccélérée en fonction de leur rythme d’appren-tissage ».

■VÉRONIQUE GLINEUR

1. Rapporteur du projet de loi devant le Sénat etmembre de la Commission du débat national surl’avenir de l’école.2. Voir ECA + sur www.scolanet.org3. Sur le brevet rénové, voir ECA +.4. Cf. en particulier « Une école de toutes les intelli-gences », Enseignement catholique documents n°242.5. Sur le PPRE, voir pp. 26-27 et ECA +.

La réussite de tous les élèves

Du nouveau...

●Les expérimentationsLa loi introduit une disposition qui prévoitque,dans le cadre du projet d’école ou d’éta-blissement,des expérimentations peuventêtre autorisées pour une durée maximumde cinq ans.Elles pourront porter sur « l’en-seignement des disciplines, l’interdisciplinarité,l’organisation pédagogique de la classe,de l’éco-le ou de l’établissement, la coopération avec lespartenaires du système éducatif, les échangesou le jumelage avec des établissements étran-gers d’enseignement scolaire ». La possibilitépour les établissements d’engager des expé-rimentations figurait déjà dans les circu-laires de rentrée. Toutefois, en inscrivantdans la loi la possibilité pour les établisse-ments de conduire des expérimentations,la loi d’orientation renforce l’autonomiedes établissements, leur permet d’être devéritables lieux d’innovation en donnantà leurs acteurs des marges de manœuvreplus grandes.À cet égard,elle rejoint la tra-dition et le statut des établissements catho-liques d’enseignement.

●Le conseil pédagogiqueLa loi crée un conseil pédagogique au seinde chaque établissement. « Présidé par lechef d’établissement, il réunit au moins un pro-fesseur principal de chaque niveau d’enseigne-ment, au moins un professeur par champdisciplinaire,un conseiller principal d’éducationet, le cas échéant, le chef de travaux. » Objec-tif de cette disposition : « favoriser la concer-tation entre les professeurs, notamment pourcoordonner les enseignements, la notation etl’évaluation des activités scolaires ». On nepeut que regretter que sur proposition duSénat, ait été supprimée la référence, par-mi les missions du conseil, à la coordina-tion des « méthodes pédagogiques ».Argu-ment avancé : une telle référence pouvait

D.R

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Les établissements scolaires

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 25

paraître contradictoire avec l’affirmationdu principe de liberté pédagogique.Un argu-ment qui paraît peu recevable, la concerta-tion sur les méthodes pédagogiquesn’excluant pas la liberté pédagogique.Il reviendra également au conseil pédago-gique de préparer la partie pédagogique duprojet d’école ou d’établissement et d’enassurer le suivi.C’est lui aussi qui sera char-gé de proposer « un programme d’accueil desenseignants stagiaires et les actions locales deformation continue des enseignants ».

●La communauté éducativeSur proposition du Sénat, la loi réaffirme lerôle central de la communauté éducative.Une communauté éducative qui réunit lesélèves,tous les personnels des écoles et éta-blissements, les parents d’élèves et tous lesacteurs de la cité qui participent à l’accom-plissement des missions de l’école.Il conve-nait,rappelle le sénateur Jean-Claude Carle,de se garder d’une représentation trop res-trictive de la communauté éducative quiaboutissait à en exclure certains de ceux quiparticipent pourtant à la formation des jeunes.Une préoccupation qui rejoint un des enga-gements nationaux énoncés lors des assisesde décembre dernier : « […] ne pas exclure defait de la communauté éducative certaines caté-gories des personnels […], les parents, les ges-tionnaires et […] les élèves1. »

●La place des parentsLe rapport annexé rappelle qu’une « éduca-tion réussie conjugue à la fois l’action de l’écoleet l’action de la famille [et que] les parents sontmembres à part entière de la communauté édu-cative ». Empruntant au rapport de la Com-mission du débat national sur l’avenir del’école, le texte fait référence à la notiond’« éducation concertée » ainsi qu’à la « recon-naissance par les parents du professionnalismedes enseignants et la reconnaissance par lesenseignants de la responsabilité des parents enmatière d’éducation ».Concrétisation de cette reconnaissance dela place des parents : ceux-ci sont associésà la mise en œuvre et au suivi du PPRE2,ain-si qu’à l’élaboration du projet d’orientationdes élèves. Le projet d’établissement défi-nit les modalités de rencontre individuelle

entre chaque parent d’élève et les ensei-gnants. Une décision de redoublement nepourra intervenir qu’à l’issue d’un dialogueet après avoir recueilli l’avis des parents3.Quant à l’inscription d’un élève dans unétablissement, la loi dispose, empruntantlà encore au rapport de la commission dudébat national sur l’avenir de l’école,qu’el-le constitue un moment privilégié qui doit

être solennisé lors d’un entretien indivi-duel entre les parents, l’élève et le repré-sentant de l’établissement ■VG

3. En matière de redoublement, la loi redonne en effettoute latitude aux conseils des maîtres ou aux conseilsde classe, sous réserve d’un dialogue préalable avecles parents et de l’éventuelle mise en place d’un PPREqui « garantit l’efficacité pédagogique » du redouble-ment. Redoublement dont le rapport annexé précisequ’il « doit être regardé comme une solution ultime ».

●La liberté pédagogique

Le texte adopté par les parlementairesdonne valeur législative au principe dela liberté pédagogique des enseignants.La disposition précitée prévoit que cetteliberté s’exercera « dans le respect des pro-grammes et instructions du ministre chargéde l’éducation nationale et dans le cadre duprojet d’école ou d’établissement avec le conseilet sous le contrôle des corps d’inspection ».Un amendement parlementaire est venupréciser que le conseil pédagogique nepouvait porter atteinte à cette liberté.

●La formation et les IUFM

Les instituts universitaires de formationdes maîtres créés par la loi du 10 juillet1989 sont rattachés aux universités. Lerapport annexé précise qu’à la fin de sascolarité en IUFM, les nouveaux profes-seurs seront affectés dans leur académiede formation et que l’affectation dansdes établissements réputés difficiles seraévitée, sauf pour ceux qui se porterontvolontaires.Côté formation continue,le rapport annexé

prévoit que « tout enseignant pourra bénéfi-cier, sur présentation d’un projet personnel deformation concourant à l’amélioration de sonenseignement et avec l’accord du recteur,d’uncrédit de formation de l’ordre de vingt heurespar an ». Aux termes de la loi, « cette for-mation continue des enseignants s’accompliten priorité en dehors des obligations de servi-ce d’enseignement, peut donner lieu à uneindemnisation dans des conditions fixées pardécret en Conseil d’État » et « est prise en comp-te dans la gestion [des carrières] ».

●Les professeurs associés et bivalents

Les parlementaires ont ouvert et simpli-fié la possibilité pour les établissementsde faire appel à des professeurs associés.Qu’ils soient recrutés à temps plein oupartiel, ils devront justifier d’une expé-rience professionnelle de cinq ans. Parailleurs, la loi supprime la dispositionantérieure qui limitait l’intervention deces professeurs associés aux seules dis-ciplines d’enseignement technologiqueet professionnel.Le rapport annexé prévoit, pour faciliterla transition entre l’école et le collège, lapossibilité de nommer, notamment enclasse de 6e,des professeurs de lycée pro-fessionnel qui enseigneront deux disci-plines.

●Le remplacement des enseignants absents

La loi dispose que les enseignants « contri-buent à la continuité de l’enseignement sousl’autorité du chef d’établissement en assurantdes enseignements complémentaires ». ■VG

Les enseignants

1. Cf. ECA 290, p. 27.2. Programme personnalisé de réussite éducative.

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26 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Dossier�Loi d’orientation : les risques et les chances

La réussite au programme

Un élève décroche ? Il faudra désormais mettre en place un« programme personnalisé de réussite éducative ». Dixit la loi Fillon.

Mais dans l’enseignement catholique, la volonté de suivre chaque élève pour n’en perdre aucun, mobilise

depuis longtemps des équipes éducatives...

Al’idée que certains de ses élèvespourraient bénéficier « d’un dis-positif de soutien de trois heures parsemaine en groupes restreints »,Brigitte Biasse, directrice de l’éco-le Saint-Thomas-d’Aquin1, à Pa-

ris, s’enthousiasme : « On en rêve ! »La loi Fillon précise que le « programme

personnalisé de réussite éducative » (PPRE)devra être proposé à la famille « lorsqu’ilapparaît qu’un élève risque de ne pas maî-triser les connaissances et les compétencesindispensables en fin de cycle ». Des crédits

sont prévus pour sa mise en œuvre auprimaire, au collège et dans l’enseigne-ment agricole de 2006 à 2008.Condition de réussite du PPRE selon Bri-gitte Biasse : que ces heures de soutiensoient assurées par des enseignants spé-cialisés, comme pour les classes d’adap-tation2. « Si c’est un cours particulier, c’est

sans intérêt, explique-t-elle. Il faut changerde pédagogie. » Bien que située dansun quartier privilé-gié de Paris, Saint-Thomas-d’Aquin,compte parmi ses140 élèves, des éco-liers qui tireraientprofit de ce soutien…Mais Brigitte Biassereconnaît que cesnouveaux moyens« devraient être pro-posés d’abord dans deszones de réelle diffi-culté plutôt que par-tout ». En attendant, danscette école, la priseen compte indivi-duelle de chaque en-fant n’est pas un vœupieux. De la mater-nelle au CM2, on

s’inspire de la pédagogie Montessori enrespectant le rythme de chacun. Unexemple : « Au CP, en début d’année, nousavons toujours deux ou trois enfants qui sa-vent lire et d’autres, à l’inverse, qui ont beau-

coup de mal à réaliser cet apprentissage. Auxplus rapides et aux plus lents, nous propo-sons des activités différentes. »En français et en maths, le travail est dif-férencié et les exigences ne sont pas lesmêmes pour tous. Les élèves ont un contratpour la semaine. À eux de choisir s’ilscommencent par le français ou les maths.« Ils apprennent ainsi à être autonomes, àgérer leur temps et à aller au-delà de ce quileur est proposé. » Travail personnel ettemps collectif – pour exposer une nou-velle notion du programme – rythmentles journées. « Ce que nous faisons est dansles textes depuis longtemps ! », fait remar-quer Brigitte Biasse. En fin de semaine,le professeur évalue avec l’enfant le contratréalisé, et une note est mise sous formede lettre. En histoire-géo, arts plastiques,sciences… pas de contrat – « Les enfantsse lasseraient » – mais un travail en pe-tits groupes à partir de documents. Carla pédagogie individualisée ne rime pasavec individualisme. Bilan : « Le travailpersonnalisé permet de faire progresser lesenfants les plus lents. Ne pouvant se com-parer entre eux, ces écoliers ne se sentent pasen échec. Le fait qu’ils puissent choisir leursactivités les motive », conclut la directrice.

D’autres écoles catholiques en France tra-vaillent dans le même sens, telle l’écoledu Cours secondaire d’Orsay3 dans l’Es-

Accompagnement. Au lycée Louis-Querbes, à Rodez, les après-midi, dès qu’unprof ouvre un atelier, trois à quinze élèves le rejoignent. (Photo : D. R.)

Rachid, 13 ans, doits’efforcer de rester assiscinquante minutesen classe.

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sonne. Et une association, l’Airap4, contri-bue à promouvoir la « pédagogie du tra-vail personnalisé et communautaire », ini-tiée par un jésuite, Pierre Faure(1904-1988), dans la lignée des recherchesmenées par Maria Montessori. Autre atmosphère au collège Marcel-Cal-lo5, situé à la campagne, à 30 kilomètresau nord de Beauvais. Maillon du réseaude la Fondation d’Auteuil-Picardie, cetétablissement scolarise 125 jeunes, de la6e à la 3e, placés par les services sociauxdans les établissements d’accueil im-plantés autour du collège. Le directeur,Hervé Chavanne, serait bien sûr preneurde trois heures de soutien supplémen-taires dont presque tous ses élèves au-raient besoin ! Mais là encore, à condi-tion qu’elles soient prises en charge pardes professeurs spécialisés : « On a besoinde professionnels formés pour répondre auxnouvelles problématiques des jeunes », ex-plique-t-il. Autre aspect à ne pas négli-ger : « Que les équipes ne se sentent pas pourautant déchargées de la tâche de faire pro-gresser chaque élève. »Le PPRE que François Fillon envisage defaire signer par le chef d’établissement etles parents s’intitule, pour les établisse-ments de la Fondation d’Auteuil, « PPJ »(parcours personnalisé du jeune), et tousles élèves en bénéficient. Il permet de fixerdes objectifs pour chacun et de réaliserune « synthèse » au minimum deux foispar an avec le jeune, la famille, les ser-vices sociaux, les éducateurs et les ensei-gnants. Kevin, 12 ans, redouble sa 6e. Il est arri-vé à Marcel-Callo, après avoir séché lescours pendant trois mois. Ses objectifs ?« 1) Assiduité. 2) Ne pas perturber la classe3) Se remettre au travail. » Rachid, 13 ans,doit pour sa part s’efforcer de « rester as-sis 50 minutes en classe » ! Ce suivi permetdes « progressions individuelles pleines d’es-pérance ». Mais il y a aussi des « échecsqui rendent humble », confie le directeur.Chaque élève a un référent, un éduca-teur, qui le suit tout au long de l’année.Deuxième élément qui va dans le sensde la réforme : depuis quatre ans, le col-lège a réorganisé sa journée avec des coursle matin et des activités au choix l’après-midi autour de pôles pour « apprendre au-trement ». Parmi eux, le pôle « Soutienmaths/français » permet un accompa-gnement d’un petit groupe d’élèves endifficulté ! Autre exemple : la créationd’une mini-entreprise qui, par une ap-proche différente, redonne confiance àdes jeunes en échec scolaire.À Rue (Somme), le recrutement du collè-ge Notre-Dame6 est plus classique. Tou-tefois comme partout, certains élèves po-

sent problème, et Pascal Maupin, le di-recteur, n’entend pas les exclure. Aussitout collégien qui n’a pas le niveau re-quis, à l’issue des évaluations réaliséesen 6e, se voit proposer un programmepersonnalisé d’aide et de projet (PPAP7).Et ce, quand les parents refusent une orien-tation dans la Segpa8 du secteur, situéedans un établissement public voisin... Ce programme permet à l’élève de resterdans une classe ordinaire avec un ob-jectif différent des autres collégiens : lapréparation du certificat de formationgénérale (CFG) en vue d’un projet d’orien-tation, le plus souvent une entrée enCAP9. Six élèves sur 180 bénéficient ac-tuellement d’un PPAP à Notre-Dame,comme dans d’autres collèges catholiquesde la Somme. En complément, un sou-tien scolaire en ligne est mis en place etun professeur tuteur fait un point heb-domadaire avec chaque collégien. Autreidée que Pascal Maupin entend lancerl’année prochaine : un monitorat entreélèves.

Professeur référentDans la loi Fillon, les lycéens ne sont pasconcernés par le PPRE. « Dommage ! »,déclare Pierre-Étienne Vanpouille, dontle lycée polyvalent, Louis-Querbes10, estl’un des plus innovants de l’enseigne-ment catholique. Comme à Marcel-Cal-lo, les après-midi sont réservés à des ate-liers qui permettent un rattrapageimmédiat d’une notion non comprisedans une discipline. Des petits groupesde 3 à 15 élèves se constituent dès qu’unprof ouvre un atelier. Un atout supplé-mentaire : des profs formés à la métho-dologie proposent de travailler la « mé-morisation » ou la « prise de notes », etdes intervenants extérieurs la « gestiondu stress » pour les terminales. Les en-seignants sont formels : « Les ateliers mé-thodologiques et d’apprentissage sont in-dispensables ! » mais ne peuvent suffire… Depuis la rentrée 2004, chaque élève a,ici aussi, un professeur référent qui exa-mine avec lui si ses choix d’ateliers sontpertinents. Car les lycéens les moins mo-tivés vont plus volontiers vers des activi-tés ludiques, et le système risque ainsi dene profiter qu’aux meilleurs.

Par ailleurs, pour donner toutes leurschances aux élèves les plus en souffran-ce, un accompagnement par la dyna-mique de groupe a été lancé en 2003-2004. Quatre groupes de 7 ou 8 élèves,originaires de différentes classes, sont ac-tuellement « coachés » à Louis-Querbes.Deux adultes formés à cette techniqueles suivent.. Le but recherché ? Que lesélèves élaborent ensemble des solutionset échangent sur leur vécu scolaire. Cet-te expérimentation est soutenue par lerectorat qui la finance en partie. « Je voisdes élèves qui ne s’estimaient pas et ont trou-vé là une forme de reconnaissance. Ils re-prennent pied et leurs résultats s’amélio-rent », explique Pierre-Étienne Vanpouille. Enfin, à Louis-Querbes, on a une fois en-core recours à un contrat écrit avec lesélèves « qui mettent en danger la classe etrisquent l’exclusion ». C’est le cas de Ma-rina qui vient de s’engager à « demanderà prendre la parole, maîtriser le volume desa voix, écouter autrui sans l’interrompre ».Une date de fin de contrat est aussi indi-quée sur le document visé chaque se-maine par un adulte référent.

LaboratoiresLa diversité des solutions pédagogiqueset éducatives trouvées par les établisse-ments catholiques, prouve que trois heuresde soutien centrées sur les apprentissagesne pourront suffire pour raccrocher lesdécrocheurs. Conclusion : réussir le paride l’école et du collège unique et du ly-cée pour tous doit conduire tous les éta-blissements à se transformer en véritableslaboratoires de l’innovation. Inconfor-table, mais stimulant !

■SYLVIE HORGUELIN

1. Adresse : 7 rue Perronet, 75007 Paris. 2. Groupe classe permanent à effectif réduit, confié àun enseignant spécialisé titulaire du Capsais option E.Les élèves n’y sont que pour un an avec l’objectif deréintégrer une classe ordinaire.3. Adresse : 11 rue Courtabœuf, 91400 Orsay. 4. Association internationale de recherche et d’ani-mation pédagogique, 78 A rue de Sèvres, 75007 Paris.Internet : www.airap.org 5. Adresse : 1 rue Gabriel-Prévost, 60210 Cempuis. 6. Adresse : 2 rue du Colonel-Têtart, 80120 Rue. 7. Cf. BO 44, du 26 novembre 1998, pp. 2517-2519.8. Section d’enseignement général et professionneladapté.9. Certificat d’aptitude professionnelle.10. Adresse : 13 rue Béteille, 12000 Rodez. Internet :www.cp.asso.fr/querbes

�Assises 2001 : « dire non à un modèle uniforme »,« multiplier les approches éducatives »,« diver-sifier la pédagogie » pour « personnaliser les parcours » et répondre à la diversité des rythmes

d’apprentissage des élèves*.Assises 2004 : « ne pas enfermer l’élève dans son histoire antérieure, dans ses résultats, dans sescomportements, mais [...] lui ouvrir un espace de confiance ». ■

* ECD 242, janvier 2002, « Exposer les résolutions de l’enseignement catholique », pp. 8 à 19.** ECA 290, janvier 2005, p. 27.

Ce que préconise l’enseignement catholique…

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Dossier�Loi d’orientation : les risques et les chances

Daniel Arnou, directeur du lycéeJean-XXIII, aux Herbiers (Ven-dée), et Jean Michon, directeuradjoint, avaient entendu par-ler de l’expérience des « pion-niers » en matière d’aménage-

ment du temps scolaire1. Mais, ce sont« les assises de 2001 qui ont joué un rôlede déclencheur », se souvient Daniel Arnou. Et c’est en 2003 que le lycée (731 élèves en L, ES, S, STT2) a effective-ment déréglé ses pendules pour mieuxsuivre les rythmes et les besoins des jeunesen 2003. Mine de rien, passer à des séquences detravail de seulement 45 minutes (au lieude 55), vous bouleverse un univers pé-dagogique3. Les professeurs doivent pen-ser leurs cours de manière plus synthé-tique ou autrement développée : ilspeuvent mobiliser une classe sur des sé-quences de deux fois 45 minutes, deuxfois dans la semaine si besoin est. La di-rection n’est plus obligée de raisonner entermes de soustraction (« faire sauter uncours ») pour ajouter des animations

concernant la vie scolaire : en matièrede santé, d’orientation, d’invitation degrands témoins, d’ouverture culturelleou civique. Et les élèves deviennent biendavantage « acteurs » de leur formationdans la mesure où, chaque semaine, ilsont le choix entre deux cents activités dif-

férentes dont 90 % d’ordre méthodolo-gique (perfectionnement dans la prise denotes, exercices de mémorisation ou d’ex-pression orale, reprise de cours ou ap-profondissement d’un aspect mal com-pris) et 10 % destinées à répondre à desobjectifs pédagogiques plus larges (for-mation aux premiers soins, enquêtes etdébats sur le tabac, sur la sécurité rou-tière ou l’orientation). Cette « ouverture » des après-midi, sys-tématiquement libérés des cours de 15 h 30à 17 h 20, permet aussi d’organiser desateliers transdisciplinaires sur l’envi-ronnement ou sur le patrimoine parexemple. Comme 70 % des connexions

des élèves au logiciel « ETP » (emploi dutemps personnalisé) se font de chez eux(dont 200 le dimanche), les parents sont« dans le coup » des choix hebdoma-daires. Mais les élèves peuvent tout aus-si bien s’inscrire aux ateliers grâce à l’in-tranet du lycée, chacun ayant son motde passe.

Là où le bât blesseSujet d’importance, souvent passé soussilence : pour changer, il faut se sentirsoutenu par d’autres. Un regard exté-rieur, bienveillant et compétent, a confor-té l’équipe dans son travail, explique sondirecteur. Les échanges avec des établis-

L’équipe, ça change tout !

Précédant la recommandation de la loi Fillon d’« élaborer des stratégies collectives au niveau des établissements »,

des écoles, des collèges et des lycées catholiques ont développédes démarches originales de travail en équipe.

À Sainte-Clotilde (Paris),les conseils de cycle et d’intercycle ne sont pasun mythe.

À tout instant. Au lycée comme à la maison, les élèves du lycée Jean-XXIII, aux Herbiers (Vendée), peuventgérer leur emploi du temps grâce au logiciel « ETP ». (Photo : D. R.)

sements déjà engagés dans ce type de dé-marche (le lycée Louis-Querbes de Rodeza prêté son logiciel) se sont révélés pré-cieux, puis un organisme de formation(le Cepec4 de Lyon) l’a aidée dans sontravail de réflexion interne sur cette gros-se transformation structurelle. À Villeurbanne (Rhône), au collège desCharpennes, on se fait fort, depuis desannées, de conduire tout le monde à laréussite, même les élèves les plus en dif-ficulté : solidarité pédagogique extrême,stabilité de l’équipe autour du directeur,Patrick Berger, le même depuis vingt-deux ans. Un quart des élèves accueillissont musulmans. Les évaluations d’en-trée en sixième le manifestent : les la-cunes sont importantes. Et pourtant, lesrésultats au brevet des collèges sontmeilleurs ici qu’ailleurs. Pourquoi ? Onmet le doigt là où le bât blesse en orga-nisant les emplois du temps en fonctiondes besoins des enfants ! Place, parexemple, à des groupes de soutien en lec-ture, spécialement destinés aux sixièmes.Du directeur aux stagiaires, en passantpar le professeur de français de sixièmeou celui de cinquième, qu’importe, tousles volontaires mettent la main à la pâ-te et organisent différents exercices orauxet écrits qui mettent en jeu les intelli-gences multiples, pour que chaque en-fant y trouve son compte et des chancesde combler ses lacunes. Ces momentsconsacrés à la lecture structurent les em-plois du temps. Par ailleurs, pour aider les cinquièmes àmieux assimiler des matières difficiles, ons’est contraint à placer le maximumd’heures de français et de mathématiquesle matin : ils ont l’esprit plus disponible.En mathématiques et en anglais, les élèvessont divisés en « groupes de niveaux ma-tière » à géométrie variable : après destests de début d’année, ils sont affectésdans l’un ou l’autre mais évoluent, pro-gressent et… en changent ! Là encore, l’or-ganisation s’adapte aux impératifs pé-dagogiques, et tant pis s’il faut immobiliserdes barrettes d’emploi du temps ou par-fois s’arracher les cheveux. Il y a vingtans que les heures de cours ont été ra-menées à cinquante minutes et, grâce autemps disponible capitalisé, les profes-seurs principaux disposent d’une heurede tutorat (et de vie de classe) par semai-ne, sans compter les études dirigées, des-tinées à acquérir des méthodes de travail.Les élèves trouvent donc au collège le sou-tien que leurs familles ne peuvent pas tou-jours leur donner. En cas de trop gravesdifficultés, il existe une Segpa5, pour pro-gresser autrement, avec d’autres méthodes,à un autre rythme. Personne n’est ce-

�Lors des assises du 1er décembre 2001, le secrétariat général de l’enseignement catho-lique invitait les équipes pédagogiques et éducatives à imaginer une autre organisa-

tion de l’établissement,permettant ainsi l’émergence de nouvelles pratiques pédagogiques.« En pratiquant le décloisonnement dans le cadre des cycles du 1er degré, les enseignants peuvent serépartir dans plusieurs classes les disciplines dans lesquelles ils sont le plus à l’aise… Des réparti-tions semblables ne sont pas impossibles en 2d degré, dans la mesure où l’on fait le projet de sortir dumodèle unique “un enseignant – une heure – une discipline”.Tel professeur réussit bien dans le cours“magistral”, tel autre est expert dans des démarches plus inductives : pourquoi ne pas assouplir lesstructures de façon à ce que l’un et l’autre trouvent leur place ? Il est probable que “multiplier lesapproches pédagogiques” prendrait alors une autre densité et une autre efficacité...« Contrairement à une tendance trop connue du système éducatif, affirmer la pluralité des “intelli-gences” ne doit pas se traduire par une incitation supplémentaire à diviser ou à “spécialiser”. L’heureest au contraire à la cohérence, à l’interdisciplinarité et au travail en équipe des enseignants sur ladidactique et la pédagogie, au décloisonnement. » ■

ECD 242, janvier 2002 : Exposer les résolutions de l’enseignement catholique, « Une école de toutes les intelligences », p. 11.

Ce que préconise l’enseignement catholique…

pendant sacrifié dans ce collège uniquequi n’a rien d’inique. Les élèves qui le peu-vent et le souhaitent, démarrent une se-conde langue vivante dès la cinquième. Depuis la rentrée 2004, le collège, quivoudrait changer de nom pour prendrecelui de Mère-Teresa, a ouvert une clas-se « Enaf » (« Élèves nouvellement arrivésen France », dans le jargon éducnat6). Re-groupés à mi-temps en classe avec desenseignants de français langue étrangè-re et à mi-temps avec des jeunes de leurâge (en musique, sports) pour s’intégrer,les jeunes étrangers progressent. « On sedébrouille », remarque sobrement PatrickBerger.

Tout le monde sur le pontChangement de décor : nous voici rue deGrenelle, à Paris, à l’école Sainte-Clotil-de (maternelles et primaires. Quatre centvingt élèves (enfants du quartier Saint-Germain, fils de gardiens d’immeuble oude ministres, de commerçants, de diplo-mates) y pratiquent l’anglais en demi-groupes, à partir du CP, avec une ensei-gnante spécialisée, sortie de l’Écolesupérieure d’interprétariat et de traduc-tion (Esit). Ici, les conseils de cycle et d’in-tercycle ne sont pas un mythe : ils exis-tent vraiment, et pas seulement dans lesrecommandations officielles, et serventà ajuster les méthodes des différents en-seignants tout en créant une dynamiqued’école. Cette année, les efforts portentplus particulièrement sur l’orthographe,de la petite section de maternelle au CM2.Après une formation commune à tousles enseignants avec une intervenanteextérieure spécialisée, chaque maître oumaîtresse fait part aux autres des adap-tations prévues dans les classes, des exer-cices envisagés, des méthodes appliquées,afin de créer une vraie cohérence péda-

gogique. Il y a deux ans, l’école avaitfocalisé son travail sur la lecture et conviéles parents aux conférences, de maniè-re à leur donner le maximum d’infor-mations, observe le directeur, PhilippeMichel.Lancé il y a cinq ans, pour trois ans, unprojet européen (Comenius) a mobiliséet fédéré toute l’école. Bien sûr, il a fallu« faire le plongeon ». Une amie du direc-teur avait déjà tenté l’aventure. Lui s’estlancé, accompagné d’enseignantes mo-tivées. Il lui a fallu surmonter la com-plexité des démarches administratives.Le travail fut complet, mettant en jeutoutes les compétences : recherche sur lesus et coutumes (pour les plus jeunes),écriture d’un recueil de contes (égale-ment illustrés par les enfants) commen-cés en France, continués en Angleterre,repris en Espagne et achevés en Bulga-rie, travail sur les différents jeux d’inté-rieur et de cour de récréation lors de latroisième année. Et l’aventure qui, audépart, n’impliquait que deux niveauxde classes, a finalement concerné toutel’école l’année dernière sous la formed’une semaine européenne. Cette fois,tout le monde était sur le pont, parentsinclus, se réjouit Philippe Michel. Cetteannée sans complexe, la dynamiquecontinue, sur le thème des jeux Olym-piques !

■MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Parmi eux : les lycées Louis-Querbes, à Rodez, LesFeuillants, à Poitiers et Saint-Vincent, à Rennes.2. Respectivement : « Littéraire », « Économique etsocial », « Scientifique » et « Sciences et technologiestertiaires ».3. Cf. ECA 285, pp. 23 à 33.4. Centre d’études pédagogiques pour l’expérimenta-tion et le conseil des facultés catholiques de Lyon.5. Section d’enseignement général et professionneladapté.6. Lyon est une plaque tournante de l’immigration, ily arrive chaque année 1 000 enfants susceptibles d’êtrescolarisés qui sont accueillis par le public.

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30 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Dossier�Loi d’orientation : les risques et les chances

Un, deux, trois… vingt-six fois, lemot « parent » était mentionnédans le projet de loi initial« d’orientation pour l’avenir del’école1 ». Le législateur assu-rant qu’« une éducation réussie

conjugue à la fois l’action de l’école et l’ac-tion de la famille [et que] les parents sontmembres à part entière de la communautééducative ».Ce qui va bien en le disant et mieux en-core en le faisant, comme il ressort de cerapide tour d’horizon d’écoles, collèges etlycées de l’enseignement catholique quifont, avec les parents, assaut d’imagi-nation pour donner leurs meilleureschances aux élèves de « grandir » dansl’école.

C’est que, dans un établissement catho-lique particulièrement, « il ne saurait yavoir d’enseignement sans éducation. Alorsbien sûr, à chacun sa mission, et l’enseigne-ment, c’est l’affaire des profs. Mais j’ai aus-si toujours voulu que les parents contribuentvéritablement à la mission éducative de l’éta-blissement ». Affichant son projet, Dieu-donné Davion, directeur de l’institutionNotre-Dame-des-Dunes2, à Dunkerque(Nord), se réjouit aussi d’avoir « toujourseu des responsables d’Apel3 qui [l’]ont biensuivi ». Pour proposer, par exemple, auxterminales de se préparer aux sélectionsdes grandes écoles et à leurs entretiens de

motivation. Des parents (mais aussi desanciens élèves ayant œuvré dans les res-sources humaines) viennent pour cela lesinitier, via des jeux de rôles, à cet exerci-ce toujours délicat. Avant d’organiser dessimulations de jurys devant lesquels lesélèves – 80 volontaires environ chaqueannée, sur 300 – viennent tester leur « sa-voir convaincre ». Autre contribution des parents, fort ap-préciée : l’organisation, pour les secondesde stages d’une semaine en entreprise. Cet-te activité, fondée sur une convention de

stage4, est préparée par le « parent cor-respondant » de chacune des 10 classes,qui explique aux élèves comment se pré-senter et envoyer leur candidature aux en-treprises, les aide à trouver des contacts etles guide pour rédiger leur rapport de sta-ge, qu’ils reviennent tous présenter fin juin.

TransmissionÀ Saint-Erembert, à Saint Germain-en-Laye (Yvelines), Gottfried Amegninou, res-ponsable de cycle de lycée professionnelet technologique5, s’appuie sur les membres

Laissez entrer les parents !

Parce que les missions d’enseignement et d’éducation ne sauraient se conjuguer l’une sans l’autre,

les établissements catholiques se sont attachés depuislongtemps à « faire entrer » les parents dans l’école. Précédant

en somme les nouvelles orientations de la loi Fillon.

Pour « faire entrer » lesparents à l’école, on peutaussi les en faire… sortir.

Bénéfice partagé. En ouvrant la classe aux parents pour les associer au travail de leurs enfants, on rassure lespremiers et on stimule les seconds. (Photo : Y. Élégoët)

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de la « commission orientation carrière »de l’Apel pour étoffer, en tant que pro-fessionnels, les jurys des rapports de stagesdes BEP6 et bac pro. Ce sont toujours desparents qui viennent témoigner de leursmétiers, et s’ils sont directeurs des res-sources humaines (DRH), des méthodesde recherche d’emploi ou de stage. Ou en-core de l’importance du « savoir être » enentreprise, ce qui est sans doute le plusdifficile à « faire passer » lorsqu’on est en-seignant, tant le rapport avec l’élève peutrendre difficile la transmission. Au lycée Saint-Marc7, à Nivolas-Vermel-le (Isère), Pascale Piccoli, directrice ad-jointe, est tout aussi confiante dans l’ac-cueil que recevra à la rentrée prochaineson initiative pour le moins originale. Ils’agit de « sensibiliser les élèves à l’utilité,dans la “vraie vie” de ce qu’ils font à l’éco-le » en leur proposant des séquences decours d’anglais des affaires. Les élèves depremière générale, dans un premier temps,y trouveront l’occasion de prendre conscien-ce de l’importance que la maîtrise de cet-te langue, désormais « véhiculaire » d’Eu-rope et du monde, aura dans leur vieprofessionnelle. Des parents, mais aussid’autres professionnels grâce à des contactsavec la CCI8, ou encore des anciens élèves,viendront présenter leur métier et surtoutinitier concrètement les élèves, exemplesréels à l’appui, à l’anglais « technique »de leur domaine. Une dizaine d’inter-ventions, de 50 minutes chacune, sontprévues pour chacune des sections ES, Set L9 d’enseignement général. Le « recru-tement » des intervenants est en coursaprès que le projet a été voté en conseild’établissement et a reçu un accueil « hy-perenthousiaste des parents ». L’Udapel10

a même promis une subvention pour ai-der à rémunérer les intervenants qui ledemanderaient. Mais la « vraie vie », qu’évoque PascalePiccoli, c’est aussi celle des citoyens quesont appelés à devenir les élèves. Aux« Dunes », un Club santé-citoyenneté or-ganise chaque année une « semaine san-té », avec, entre autres, un appel aux…parents travaillant dans le monde mé-dical, pour sensibiliser les élèves, de se-conde et de première surtout, aux conduitesà risques (alcool ou… scooter) et addic-tives (drogues..), échanger aussi sur le« mal-être », l’anorexie… en s’appuyantsur un concours de nouvelles, des débats,des expositions…À Saint-Marc toujours, Pascale Piccoli aaussi institué des « parents délégués, qui,avant chaque conseil de classe, collationnentauprès des autres parents leurs interrogationsou remarques sur l’ambiance de l’école, lesrelations dans les classes, l’évaluation ou…

la cantine ». Ces délégués sont ensuite ré-unis par niveaux (secondes, premières,terminales), les sujets réglés, et « les conseilsde classe sont dès lors d’autant plus efficacesqu’ils peuvent, sans autres digressions, seconcentrer uniquement sur ce qui doit les oc-cuper : la pédagogie et les résultats des en-fants ».Une pédagogie qu’il ne faut pas craindrenon plus de rendre transparente aux pa-rents, et ce, dès le CP, ose même SophieLoiseau, directrice de l’école Saint-Tho-mas-Becket11, à Boissy-sous-Saint-Yon (Es-sonne), avec ses « classes tabourets » dusamedi matin. Une formule désormaisbien rodée. Un ou deux samedis par mois,à partir de novembre, les parents, du CPau CM2, sont conviés à passer prendre àla cantine un… tabouret, puis à venir s’as-seoir une heure en classe, à côté de leurprogéniture. Au total, quelque 60% d’entreeux sont à chaque fois présents. Commele commente joliment un enfant, « en ve-nant ainsi nous voir travailler, les parents, ilsvoient bien qu’on peut parfois se tromper, etque ce n’est pas grave, on est là pour ap-prendre… ». Et puis surtout, argumente fi-nement Sophie Loiseau, « associer les pa-rents à ce que vivent les enfants, c’est aussiles rassurer. Et quand les parents sont bien,l’enfant est bien aussi. Pour mieux bénéficierde tous les apprentissages de l’école ».

Chasse aux œufsEt on apprend même en dehors des cours…À « l’heure de midi, qui est parfois bien longuepour les enfants qui déjeunent à la cantine »,Marie Le Fur, directrice de l’école Notre-Dame-de-Kerbonne12 à Brest, a ouvertavec l’Apel, une Bibliothèque-centre dedocumentation (BCD) où mamans et pa-pas accueillent les enfants, les mardis, jeu-dis et vendredis, de 12 h 15 à 13 h 30. Ils« peuvent avoir là un contact avec les en-fants, voir comment ils évoluent au sein deleur école ».

Enfin, pour « faire entrer » les parents àl’école, on peut aussi les en faire… sortir,et partir ensemble à la chasse aux œufs…et au patrimoine de sa commune. Notre-Dame-de-Lorette13, la petite école qu’elledirige à Plouhinec (Finistère), raconte Anne-Marie Cloarec, a organisé pourPâques un parcours de deux kilomètres,fléché et protégé avec l’aide de la com-mune. Une façon d’inciter ses 70 élèves àouvrir toujours plus grand les yeux devantleur patrimoine quotidien de citoyen, vieuxlavoirs, fontaines et autres constructions,aux alentours desquels étaient cachéscloches, lapins en chocolat ou petits œufsrecelant le trésor de lots de tombola. Las !l’an dernier une tempête a quelque peudouché les ardeurs des découvreurs. Cha-pelle et lavoirs sont restés bien seuls, et, augrand regret d’Éliane Bideau, ex-présidentede l’Apel et initiatrice de la journée, il aété décidé de ne pas poursuivre. Mais onle sait, en Bretagne comme ailleurs, œufset lapins repoussent vite…

■JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

1. Cet article a été « bouclé » avant le vote final du Par-lement sur le texte, amendé, du projet de loi.2. Lycée d’enseignement général, de 900 élèves. Adresse :60 rue du Sud, 59140 Dunkerque. 3. Association des parents d’élèves de l’enseignementlibre. 4. Cf. ECA 287, pp. 42-43.5. Soit six classes (150 élèves), de BEP à bac pro et bactechno, au sein d’un établissement sous tutelle orato-rienne, de 1 700 élèves. Adresse : 5 rue Salomon-Reinach,78100 Saint-Germain-en-Laye. 6. Brevet d’études professionnelles.7. Ce lycée d’enseignement général, technologique etprofessionnel de 1 000 élèves, assure aussi la prépara-tion au concours d’écoles d’infirmières. Adresse : Rue duVernay, 38300 Nivolas-Vermelle. 8. Chambre de commerce et d’industrie9. Respectivement : « Économique et social », « Scien-tifique » et « Littéraire ».10. Union départementale des associations de parentsd’élèves de l’enseignement libre.11. Cinq classes, de la maternelle au CM2, pour140 élèves. Adresse : 9 rue du Puits-Grès, 91790 Boissy-sous-Saint-Yon. 12. Treize classes, du CP au CM2, pour 304 élèves.Adresse : 25 rue Paul-Bert, BP 60417 - 29604 BrestCedex. 13. Adresse : École Notre-Dame-de-Lorette, 29780 Plouhinec.

�Assises 2004 : « Nous nous engageons [...] à ne pas exclure de fait de la communauté édu-cative […] les parents […] ; à casser les fausses hiérarchies […] entre les enseignants, les édu-

cateurs et les parents […]*. » Assises 2001 : Les établissements doivent « cultiver la connivence éducative avec les parentsd’élèves [...]. Des informations partagées entre l’école et la famille, il faut passer aux échanges édu-catifs pour une coopération plus fine.« L’école doit pouvoir donner aux parents des éléments de formation sur le développement psycho-logique des jeunes, sur les problèmes de société, sur les pédagogies diversifiées utiles aux parcoursdes élèves. En retour, les parents doivent s’associer à cette activité éducative en participant [à des]groupes de travail et de préparation, en apportant leur expérience, leurs compétences et leur res-ponsabilité**. » ■

* ECA 290, janvier 2005, « Engagements nationaux de l’enseignement catholique », p. 27.** ECD 242, janvier 2002 : Exposer les résolutions de l’enseignement catholique, « Une école sans murs », p. 21.

Ce que préconise l’enseignement catholique…

32 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Dossier�Loi d’orientation : les risques et les chances

Dans et... hors la loi !

Marronniers● La MarseillaiseL’apprentissage de La Marseillaise est rendu obligatoire à l’école primaire.Objectif de cette disposition qui résulte d’un amendement parlementaire: « transmettre à chaque élève l’histoire d’un peuple uni autour des valeurs deliberté, d’égalité et de fraternité, d’un peuple qui n’a jamais cessé de se battrepour faire gagner la liberté » mais aussi « répondre à l’enjeu d’assimilation despopulations extérieures venues sur le territoire national ». En 1985, déjà, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Éducation nationale, avait tentéde rendre obligatoire un tel apprentissage. De même, Jack Lang, en 1992,avait estimé nécessaire de « permettre aux jeunes Français de mieux connaîtrecette œuvre emblématique (que constitue l’hymne national)1».

● Le socle communDu rapport du Collège de France (mars 1985) au rapport Dubet (mai1999), via les conclusions de la commission Bourdieu-Gros (mars 1987),les recommandations du Conseil national des programmes (décembre1994) ou encore les conclusions de la commission Fauroux (juin 1996),les experts et spécialistes de l’éducation n’ont pas manqué de poser laquestion de la culture commune exigible au terme de la scolarité obli-gatoire. Toutefois, comme le souligne l’historien Claude Lelièvre, cettequestion restée récurrente durant ce dernier quart de siècle a été régu-lièrement enterrée2. Reprenant, pour partie, une des propositions de laCommission du débat national sur l’avenir de l’école3, la loi crée unsocle commun de connaissances et de compétences que les élèves doi-vent maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire.

● Les langues vivantes à l’école primaireExpérimentation d’enseignement des langues vivantes au cours moyen(EILE en 1989), initiation à une langue vivante étrangère dès le coursélémentaire (Nouveau contrat pour l’école, 1995)…, plan de Jack Lang(2001) visant à introduire, de façon définitive et selon un calendrier am-bitieux, l’enseignement des langues vivantes de la grande section dematernelle à la fin du cours moyen, programmes du premier degré de20024. L’histoire récente du système éducatif montre que les tentativespour instaurer un enseignement précoce des langues vivantes à l’écoleélémentaire n’ont pas manqué. À son tour, la loi Fillon rend obligatoi-re l’apprentissage d’une langue vivante à l’école élémentaire. Dans lerapport annexé, le gouvernement annonce sa volonté de généraliser leslangues vivantes au CE2 avant de les étendre au CE1.

■VÉRONIQUE GLINEUR

1. La Marseillaise, 2002, Ministère de l’Education nationale, Centre national de documentationpédagogique.2. Cf. Claude Lelièvre, L’école obligatoire : pour quoi faire ?, Editions Retz, 2004.3. Celle-ci prévoyait que « la définition [du socle commun des indispensables] dans ses grandeslignes relevait du Parlement », « une Haute Autorité indépendante étant [ensuite] chargée de détermi-ner précisément les éléments de ce socle ».4. BOEN hors série, n° 4 du 29 août 2002.

Inattendu : l’enseignement du fait religieux« Il convient, dans le respect de la liberté deconscience et des principes de laïcité et de neu-tralité du service public, d’organiser dans l’en-seignement public, la transmission de connais-sances et de références sur le fait religieux etson histoire. » Pour Jean-Pierre Brard1, au-teur de l’amendement voté dans le cadre durapport annexé à la loi et qui, en consé-quence, n’a pas valeur normative, il s’agitde remédier à « l’analphabétisme religieux desjeunes ». Analphabétisme qui constitue « l’unedes causes de nos difficultés à développer lemieux-vivre ensemble, à l’école et dans la so-ciété ». ■VG

1. Député PCF de Seine-Saint-Denis.

Recalé : le baccalauréat« Les examens conduisant à tous les diplômes na-tionaux seront modernisés. Ils comporteront, à cô-té d’autres formes de contrôle, un nombre d’épreuvesterminales limité : […] six au baccalauréat. Lamodernisation des baccalauréats sera préparéepar un groupe de travail comprenant des repré-sentants des personnels, des parents d’élèves, deslycéens. » Devant la fronde des lycéens, la dis-position précitée, qui figurait dans le rapportannexé au projet de loi, a finalement été sup-primée par amendement gouvernemental.Pour le ministre, la modernisation du bacca-lauréat ne figure pas au cœur de la réformede l’école. Le projet de réforme n’est pas pourautant enterré, le ministre souhaitant que « lesdiscussions au sein du groupe de travail permet-tent d’aboutir fin mai 2005 à des propositionsconcrètes pour alléger l’organisation de l’examensans en remettre en cause le caractère national ».Un engagement dont on espère qu’il sera sui-vi d’effet : on sait en effet que l’examen ter-minal pilote les pratiques pédagogiques au ly-cée et engendre le bachotage chez élèves,inquiets à la perspective d’affronter un exa-men « couperet ». ■VG

34 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

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L’Arche, par hasardMaria Billinger, 18 ans, autrichienne, tout juste bachelière,

a choisi de donner un an de son temps aux handicapés dans une communauté de l’Arche, en vallée de Chevreuse.

Portrait

MARIA BILLINGER

■ÉLISABETH DU CLOSEL

Existerait-il deux sortes d’individus ? Ceuxqui suivent une voie choisie à l’avance etvont vers un but bien défini, ne quittentjamais leur cap. Et d’autres, sans idée pré-conçue, qui, pourrait-on dire, laissent la

vie choisir leur destin, gardent les yeux et lesoreilles grands ouverts à toutes les opportunités :« Pourquoi pas cette expérience puisqu’elle s’offre àmoi ? » Maria Billinger est de ceux-là. L’Arche,fondée par Jean Vanier il y a maintenant qua-rante ans (cf. encadré), s’est présentée sur le che-min de cette jeune Autrichienne de 18 ans, parle plus grand des hasards, un jour de septembre2004. « Je n’en avais jamais entendu parler, dit-elle. Et le chemin pour y parvenir a pris des détourspour le moins inattendus. »Un bac option musique en poche, cette jolie rous-se aux yeux verts n’a qu’un désir : faire un breakavant d’entreprendre quoi que ce soit. Une enviede partir pour apprendre une autre langue touten faisant du bénévolat dans le cadre du servi-ce volontaire national. Ses recherches l’amènentsur un bateau en Grèce pour s’occuper de la pré-servation des tortues de mer ! Mais finalement,ça ne marche pas. Tant pis. Elle se tourne vers l’Année diaconale1 qui luipropose l’expérience de l’Arche. On la met cepen-dant en garde, en lui décrivant l’Arche dans saréalité quotidienne. On précise que certains volon-taires n’accrochent pas. Qu’il n’est pas donné àtout le monde de s’occuper de personnes por-teuses d’un lourd handicap. « Cela m’a un peuchoquée, mais au bout de quelques mois dans lefoyer, j’ai mieux compris les raisons de cette pru-dence, concède Maria. Être plongée dans l’am-biance du handicap sans l’avoir jamais côtoyé peutdéstabiliser. S’il y a des joies immenses, il y a aussibeaucoup de tensions, de malaises, de crises. C’étaitd’autant plus difficile pour moi qui ne maîtrisais pasle français en arrivant. »

Un peu de crainte donc, mais septembre en val-lée de Chevreuse lui dévoile ses charmes. Il faitbeau, chaud, la campagne est verte. Douce Fran-ce accueillante qui lui permet d’être vite dans lebain.

Histoire de corMaria a grandi près de Salzburg, à la campagne.Aînée de trois enfants. Grands-parents mater-nels fermiers. Parents profs, catholiques prati-quants. Elle, beaucoup moins. Mais l’identitéaffichée par l’Arche ne la rebute pas. Ne l’inter-pelle pas non plus particulièrement. « C’est pré-gnant, mais chacun est respecté dans son choix. Parcontre, il est indispensable de s’adapter à la vie com-munautaire. »Chez elle, elle joue du piano, mais aime parti-culièrement le cor ; une vieille histoire relie lajeune femme et l’instrument. Il lui manque unpeu, mais… « c’est comme ça ». Quand elle arrive aux Roseaux, Aude l’accueille.« Elle m’a regardée droit dans les yeux et m’a dit :“Je n’aime pas les nouvelles assistantes”. » Premiercontact avec le handicap ! C’était un mardi.Quelques heures plus tard, une grande soirée aufoyer réunissait les assistant(e)s et les handica-pé(e)s2. Immersion totale. Maria n’a pas le tempsde se poser d’inutiles questions. « Je ne savais pasdans quoi je m’embarquais. J’ai immédiatement per-çu que je ne comprendrais pas tout ! J’ai beaucoupregardé pour savoir comment m’y prendre. On m’avaitexpliqué la partie formelle, le mode de fonctionne-ment du foyer. Mais la relation ne s’apprend pasdans un cours. Elle s’installe, se construit, heure aprèsheure, jour après jour. J’étais assez perturbée. Jamaisje n’étais entrée en contact avec une personne han-dicapée. Donner, recevoir, c’est un va-et-vient, unéchange permanent. On ne s’encombre pas d’intel-lectualisme. On va droit à la spontanéité. Je n’arri-vais pas à communiquer avec Jean-Louis au début.Il ne parle pas, et je n’avais pas accès à son monde.Voulant dessiner, il est venu à moi. Il m’a prise parla main, m’a emmenée, m’a expliqué. Puis a souri.J’étais si heureuse d’avoir trouvé, grâce à lui, la por-te d’entrée. Sans doute avait-il compris que j’étaisperdue. C’était moi, du coup, qui étais en situationde faiblesse. »

21 mars 2005. Printemps. Maria est là depuissix mois. À l’aise dans cette ambiance. Premiersoleil de la saison. Il inonde la salle du foyer.Chacun revient de son travail pour la pausedéjeuner : Aude, la communicative et la fan depeluches ; Pierre, le guitariste ; Isabeau l’atten-tionnée ; Jean-Louis, le dessinateur ; Didier, Kamel,Béa, Jean-Pierre. Aude m’a accueillie sans pro-vocation. Elle m’a dévisagée, prise dans ses bras,m’a posé plein de questions. Jean-Pierre m’a ser-ré la main. Ils ont l’habitude des nouvelles têtes,des gens de passage. Ils savent nous mettre àl’aise, comme s’ils percevaient que, dans ce mon-

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de inconnu, nous ressentons peut-être un cer-tain embarras. À table, c’est « le jour de Jean-Louis ». À lui le ser-vice des légumes. Une torture. Ses rictus et ses gestessaccadés parlent à la place des mots. La louchedéborde, s’écrase dans l’assiette. Chaque jour, cha-cun a un rôle à jouer dans la maisonnée. Mettrela table, desservir, faire la vaisselle, préparer lerepas font partie des petites tâches du quotidienauxquelles tout le monde participe. Pareil pour letravail. Au sein de la communauté installée danscette ancienne ferme, il y a divers ateliers. Cha-cun trouve une fonction à sa mesure. Le foyer, aux heures de bureau, est désert. Mariaveille à son entretien. « J’ai en charge l’intendan-ce. Je suis un peu comme une mère au foyer. Tout cequi relève de l’hygiène, de la santé m’est encore dévo-lu. Je suis donc amenée à avoir des relations d’inti-mité avec chacun. Ça n’a pas d’emblée été évident.Donner une douche à Jean-Louis me mettait mal àl’aise. Il m’a aidée à surmonter mes maladresses.Sur l’ordinateur, il m’écrivait : “J’aime prendre madouche avec toi !” Quand Aude faisait pipi au lit, çame dérangeait... » Du passé, tout ça. Des appréhensions bien nor-males. Maria est rapidement passée des premierstâtonnements à la relation vraie. « On ne trichepas avec ces personnes. Certaines ont une sorte desixième sens. Elles sont très directes. Parlent sansprendre de gants. Aude, par exemple, a une telle per-ception de ce qui se passe ! Elle me le montre et jeréalise que je n’avais rien perçu. Elle m’éclaire sou-vent sur qui je suis. Elle m’époustoufle. Isabeau a ungrand souci du bien-être de l’autre. Elle donne énor-mément. Didier est peut-être le plus autonome. Larelation est plus difficile. Je me suis subitement ren-du compte qu’il était plus facile d’accepter les fai-blesses des handicapés. Émerge alors la question denotre rôle d’assistante. Quelle est ma place ? Pour-quoi suis-je là ? Un handicapé n’a pas la possibilitéde mener sa vie de façon totalement autonome. Maprésence lui permet de vivre au plus près de la nor-malité. Même s’il vit dans un cadre défini d’où il nepeut sortir seul, chacun a sa chambre, son espacepropre, son travail, ses amis. C’est fondamental. »

En chacun sa beautéHuit mois ont passé. En juillet, Maria va quitter« sa » famille des Roseaux. Elle a tant appris, lapatience, le lâcher prise, à ne plus séparer lemonde en « forts » et « faibles », à reconnaîtreen chacun sa beauté. « Ma plus grande joie ici ?Quand Kamel, Jean-Pierre, Béa et les autres me fontconfiance. Derrière leurs apparentes faiblesses, il ya tant de force que je ne possède pas. Je sais qu’ilme sera difficile de partir, car je me suis attachée àchacun. Mais je ne peux pas rester. J’ai 18 ans, jeveux voir et vivre autre chose. » ■

1. L’Année diaconale, membre de la Fédération protestantede France, est une structure d’envoi, d’accueil et d’accompa-gnement de jeunes qui désirent exercer un volontariat au servi-ce des plus faibles, des plus démunis, des exclus. Sur internet :www.anneediaconale.com2. Six assistant(e)s pour huit handicapé(e)s dans chacun des sixfoyers de la communauté d’Aigrefoin à Saint-Rémy-lès-Chevreuse(Yvelines).

Avec les « pas comme les autres »

�Alors qu’il avait le gra-de d’officier de marine,

Jean Vanier démissionne de laMarine royale canadienne etdevient docteur en philoso-phie,puis directeur d’une com-munauté chrétienne près deParis : « l’Eau vive ». Mais savocation se précise auprès dupère Thomas Philippe,aumô-nier d’un centre pour handi-capés. Il s’installe alors avecdeux handicapés mentauxdans une maison qu’il bapti-se « l’Arche».L’aventure débu-te. Nous sommes le 5 août1964. Aujourd’hui, l’Archecompte des dizaines de com-munautés dans le monde,quiaccueillent des milliers dehandicapés mentaux. Descentaines d’assistants béné-voles,très jeunes parfois,déci-dent, chaque année, dedonner de leur temps pourvivre avec ces « pas commeles autres ». Pour Pierre Bara-quié,directeur de la commu-nauté d’Aigrefoin, en valléede Chevreuse, « le principe duvolontariat est très important. Lesjeunes apportent beaucoup dansla vie de foyer. Ça évite la scléro-se. Les regards sont toujours nou-veaux. Cela nous permet de sentirl’évolution de la société pour adap-ter notre message. L’Arche est unsigne plutôt que la réponse à unproblème. Le message est univer-sel : montrer la place des handi-capés dans la société. Ce qu’ilsnous montrent interroge cette «nor-malité» et ses contours ». ■EDC

Sur internet : www.larcheFrance.org

« Aude m’éclaire souvent sur quije suis. Elle m’époustoufle. »

lycéeInitiatives

■SOPHIE BIZOUARD

Q uand on nous a parlé dela Pologne, on a été trèsétonnés, on ne voyait pas

bien ce que cela venait faire. Audébut, on s’est dit que ce voyageallait surtout nous permettred’avoir deux semaines sans cours,se souvient Quentin. Sur la rou-te, on découvrait des paysagestristes, des maisons en ruines dansla campagne.» Frédéric approu-ve : « On s’est dit que si à cet ins-tant on nous proposait de rentreren France, on dirait oui tout desuite. » Quinze jours plus tard, le tonde leurs propos allait quelquepeu changer : « On a découvertqu’on n’était pas si différents queça. On imaginait que c’était davan-tage la misère là-bas. Mais j’avaisentendu dire que les Polonaisétaient accueillants et chaleureux.Je les ai trouvés très ouverts. Etfinalement, je serais bien restédeux semaines de plus. »

Catherine Popzyck, professeurde documentation du lycéeSaint-Jean-Baptiste-de-La-Sal-le1, à Rouen, raconte avec unbonheur palpable la genèse del’aventure polonaise que vit laclasse de seconde sept et quisemble aussi pour elle l’ac-complissement d’un rêve an-cien. Née en Pologne, où vitencore sa famille, elle a tou-jours maintenu le contact avecle lycée où elle fut élève, l’éta-

blissement Traugutt, à Czesto-chowa, en Haute-Silésie. L’idée d’un rapprochemententre les élèves de Saint-Jean-Baptiste et ceux de Traugutt luiest venue naturellement lorsquesa direction a formulé le vœude soutenir une initiative tour-née vers l’international. LaPologne venait de faire sonentrée dans l’Union euro-péenne, l’occasion était belle.Entourée de quatre autres ensei-gnants du lycée, elle s’est atte-lée à la rédaction des fonde-ments du projet, et a complé-té avec eux la vingtaine depages du formulaire de can-didature Comenius (cf. enca-dré). Ensemble, ils ont choisil’intégration et le rapproche-ment des peuples commethèmes porteurs du projet, qu’ilsont décidé de décliner dans troisdomaines. Le premier, linguistique, quis’est imposé d’office, visait àfavoriser l’usage et le perfec-tionnement d’une langueétrangère : l’anglais pour lesRouennais, et le français pourles Polonais inscrits dans uneclasse de français renforcé.Deuxième axe, celui de l’his-toire et de la mémoire, selondeux angles : le débarquementallié en Normandie et la Shoah.Enfin, en littérature, les lycéensde Czestochowa et de Rouenallaient respectivement décou-vrir les contes traditionnels deNormandie et de Pologne. « Réunir deux groupes de jeunesdistincts et leur montrer qu’ils nesont pas aussi éloignés qu’ils l’ima-ginent, en dépit des distances »,compte parmi les desseins dece projet Comenius, selon Pas-cal Durand, professeur d’his-toire-géographie des secondessept. L’entreprise doit aboutir

en mai prochain à l’édition d’uncédérom (dont le contenu pro-visoire est stocké sur un site web)qui résumera les tenants et lesaboutissants du projet dans lestrois langues – française, polo-naise et anglaise – et com-prendra en annexe un lexiquetrilingue. Une partie de l’équi-pe se déplacera à Bruxelles pourprésenter la production et obte-nir, peut-être, de la commissionComenius le label européen quidistingue les travaux les plusremarquables.

Surprenantes découvertesL’échange entre les deux classesde seconde s’est engagé via unforum électronique, installé surle site du projet. Les réticenceset autres a priori ont très vitelaissé place à la surprise de setrouver des goûts communsavec de lointains inconnus etde se mettre à discuter ciné,musique ou mode avec eux…D’où de surprenantes décou-vertes pour certains : « Il y amême une gothique dans leurclasse ! » Ce forum a permis aux uns etaux autres de se choisir selonleurs affinités et de poursuivreleur correspondance deux àdeux, jusqu’à la venue deslycéens français, à l’automnedernier, à Czestochowa. Accueil-lis dans les familles de leurscamarades polonais, ils ont sui-vi ces derniers pendant leurscours, en ville, et dans leurs soi-rées dans les bars ou en disco-thèque. Certains Rouennaisavouent avoir eu du mal àsuivre le rythme des Polonais,plus libérés et noctambulesqu’ils ne l’imaginaient, et desPolonaises au caractère affir-mé, avec qui il a fallu appren-

dre à composer, car d’après Fré-déric « elles savent vraiment cequ’elles veulent ! » Bien obsolè-te, l’image de la Pologne del’ère soviétique…Magda, une assistante polo-naise, étudiante à Paris, qui apassé trois mois à Saint-Jean-Baptiste au début de l’annéescolaire, avait déjà donné unaperçu de la réalité de son paysà la classe de seconde sept. «Elleintervenait pour parler de laPologne, en évoquer la culture etla tradition, le plus souvent pen-dant les cours d’histoire-géogra-phie et de français, raconte PascalDurand. Âgée d’une vingtained’années, elle était jeune et doncassez proche des élèves. Elle lesretrouvait aussi au CDI2, pour lesaider à préparer une expositionsur la Pologne, par exemple. Elleleur a permis d’entrer individuel-lement dans le projet. »L’intégration, fil directeur decet échange, a été approchéede différentes manières : il y aeu celle des Français dans lesfamilles polonaises, puis, enmars dernier, celle des Polonaisdans les familles françaises,pour un séjour de deux semai-nes à chaque fois. L’entrée dela Pologne au sein de l’Unioneuropéenne a donné lieu encours d’éducation civique, juri-dique et sociale, à des débatsélargis à une réflexion sur cel-le de la Turquie, au cœur del’actualité. Pascal Durand y aaussi relié la question des mino-rités à l’évocation de l’horreurd’Auschwitz où les élèvess’étaient rendus lors de leurvoyage. Cela a débouché surune discussion sur l’exclusion :«Si l’on n’excluait pas, la ques-tion de l’intégration ne se pose-rait même pas. » Lors d’unecérémonie du souvenir de la

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Des relations Est-Ouest au beau fixe

Visite à Rouen où une trentaine d’élèves de seconde du lycée Saint-Jean-Baptiste-de-La-Sallevivent à l’heure polonaise. Depuis la rentrée dernière, cette classe est engagée dans un projet

Comenius sur le thème du rapprochement des peuples et de l’intégration.

Les élèves n’ont pasenvie de s’arrêter au cédérom qu’ils ont réalisé et de se contenter de leurs souvenirs.

Shoah, organisée dans la cha-pelle de l’établissement, lessecondes sept ont, à tour derôle, lu des phrases décrivantla réalité des faits, et, en regard,des extraits de témoignages derescapés. «Faire prendre conscien-ce que l’école est davantage quedes matières qui peuvent servir àautre chose qu’à obtenir des notes,bonnes ou mauvaises», c’est l’unedes vertus que Pascal Durandtrouve à ce projet Comenius.« Cela permet aux jeunes de don-ner un sens à leur scolarité. Etcela les aide forcément dans leurconstruction », conclut-il.

Touristes imprévusAutre exploration de l’inté-gration avec la classe « arc-en-ciel » de l’école primaire,composée d’enfants en diffi-cultés d’apprentissage : quel-ques lycéennes polonaisesavaient à leur intention tra-duit en français l’histoire de lanaissance de Varsovie. Ellessont venues la leur raconter etleur ont offert des jeux de cubesillustrant la légende. Toutes les

occasions de décloisonner leprojet et de le sortir du strictéchange de classe à classe ontété saisies : un concert de rockdonné par un groupe de ter-minales du lycée pour clôturerle séjour de la classe polonai-se à Rouen, des ajustements dedernière minute, comme le pro-longement d’une conférencesur le développement durablepar un exposé sur l’énergie enPologne, ou la venue impré-vue de touristes polonais de

passage, que Catherine Pop-zyck entraîne avec elle dansune visite éclair des bâtiments,tout en leur expliquant le fonc-tionnement d’un établissementscolaire français…Pascal Durand observe quel’expérience s’est révélée « trèsformatrice sur le plan humain.Les jeunes, différents les uns desautres, se sont retrouvés au pieddu mur, tous au même niveau. »De l’avis de tous, ce projet, lan-cé dès l’automne, a insufflé un

esprit de groupe, précieux dansune classe qui compte un tiersde pensionnaires et un tiers denouveaux. Gage de réussite,les élèves n’ont pas envie des’arrêter à ce cédérom et de secontenter de leurs souvenirs,mais souhaitent prolongerl’aventure en maintenant lecontact… ■

1. Adresse : 84 rue Saint-Gervais, 76000Rouen.2. Centre de documentation et d’infor-mation.

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Soudés. Comenius a insufflé une dynamique de groupe salutaire chez les secondes sept. (Photo : S. Bizouard)

�Les actions Comenius s’inscrivent dans leprogramme Socrates (programme d’action

communautaire dans le domaine de l’éducation)et soutiennent notamment les partenariats entreétablissements scolaires. Elles ont pour objectifd’améliorer la qualité de l’enseignement,d’en ren-forcer la dimension européenne et de favoriserl’apprentissage des langues et la mobilité. C’estsur cette dernière ambition que les équipes deSaint-Jean-Baptiste-de-La-Salle, à Rouen, et deTraugutt, à Czestochowa, se sont appuyées pourconstruire leur projet, qu’elles ont présenté enjanvier 2004. Parmi les conditions à remplir : un

effectif minimum de dix élèves, âgés de plus dedouze ans, pour une durée de séjour d’au moinsquatorze jours. Le budget alloué par l’Europe apermis de couvrir les frais de déplacements d’unenseignant de chaque lycée dans le pays étran-ger,pour un échange préalable avec l’équipe édu-cative partenaire, destiné à préparer les séjoursdes élèves. La subvention a aussi contribué auxfrais de voyage (en autocar) et d’assurance de cesderniers, dont le gîte et le couvert étaient ensui-te pris en charge par les familles d’accueil. ■SB

(Source : Portail de l’Union européenne, http://europa.eu.int)

Comenius, mode d’emploi

collègeInitiatives

■BRUNO GRELON

Pour quelqu’un de formé pourla haute-couture, devenirprof de techno, c’était vrai-

ment passer dans un autre mon-de ». Dans son bureau de ladirection diocésaine, à deuxpas du port de La Rochelle,Maryvonne Jacquiau, aujour-d’hui chargée de mission au-près du Caec1 , évoque sondébut de carrière, dans lesannées 80. « Je suis entrée unpeu par hasard dans le mondede l’enseignement, et uniquementparce que je connaissais un métier.Devenir prof de “techno”, c’étaitplutôt vaste comme programmecar il fallait initier les élèves nonseulement à la couture, domaineque je pratiquais tout de mêmeassez bien, mais aussi à la cuisi-ne, au dessin technique, à l’élec-tricité, à la menuiserie, à lamécanique et à la maçonnerie ! »Tout ça pour un ensemble declasses allant de la sixième àla troisième.

Cette jeune femme dynamiquese sent à l’aise dans de nom-breux domaines : « Je suis unemanuelle, j’adore me servir d’untour et d’une fraiseuse. » D’autrepart, les premiers contacts avecles autres enseignants sont plu-tôt positifs, tout le monde estprêt à partager son savoir-fai-re. C’est là que naît un embryonde réseau, disons plus exacte-ment un système de solidaritéentre des professeurs de lamême « corporation ».

« Les mercredis après-midi, j’ini-tiais mes collègues à la pratiquede la machine à coudre. Nousétions une équipe soudée quiessayait de faire les choses avecsérieux. Nous échangions desdocuments et partagions nossavoirs, ce qui donnait une vraieforce vis-à-vis des élèves. Ma seu-le faiblesse restait la maçonnerie.Pour contourner sa pratique, j’or-ganisais des visites de chantiersen compagnie d’architectes ou deprofessionnels du bâtiment. L’en-richissement personnel pour lesélèves était aussi intéressant. »Un inspecteur pédagogiquerégional encourage la démar-che.Un peu plus tard, les forma-tions officielles voient le jour,et l’Arpec2 s’engage à son tour.Ce qui n’empêche pas les ensei-gnants de poursuivre leurscontacts entre eux. Le nouveauplan pédagogique nationalleur offre un vrai challenge enmettant leur discipline envaleur : « À ce moment, j’ai prisle mors aux dents, s’enthou-siasme encore l’enseignante.C’était un vrai défi… » Le réseaupoursuit son chemin et béné-ficie d’un certain nombre depetits avantages liés à la for-mation.Pour Maryvonne Jacquiau, lavie professionnelle prend unnouveau tour : après une gra-ve maladie, elle suit une for-mation pour prendre en mainles destinées d’un établisse-ment. « C’était un double défi,dont un sur la vie. J’ai passé laplupart des modules pendant lesvacances. J’ai mordu à cette fonc-tion. C’était passionnant. »Même si elle avait alors passéla main, le « Réseau techno17 » continuait, avec dans lerôle de l’éanimateur, PatrickHébrard, enseignant au collè-ge Marie-Eustelle à Marans(Charente-Maritime). « Nousfonctionnons toujours sur le même

principe, précise-t-il. Nous orga-nisons cinq rendez-vous dans l’an-née, toujours sur un thème trèsciblé. Ainsi cette année, nous avonsparlé de la réforme de notre dis-cipline » (cf. encadré) Pour seretrouver, ils ont choisi le col-lège Jeanne-d’Arc à Saintes(Charente-Maritime), où ledirecteur met à leur dispositionlocaux et matériel. Aujour-d’hui, plus question de pointsde couture ou de petits plats,mais d’électronique, de méca-nique et d’informatique. « Lecontenu de ces réunions est éta-bli en fonction des besoins, ajou-te Patrick Hébrard. Nous mettonsà jour les documents dont nousavons besoin, comme les fichesressources. Ainsi, un prof se penchesur un problème, le décortique,l’analyse, le personnalise et le pré-sente à ses collègues qui en débat-tent. Nous échangeons nosexpériences sur le matériel. Parexemple, certains petits établis-sements souhaitent s’équiper encommandes numériques. Il s’agitde se mettre d’accord sur un modè-le pour lancer un appel d’offrespour une commande groupée,donc moins chère. C’est un vraimoment de partage devenu incon-tournable sur le plan technique,mais également sur le planhumain. »

Engagements collectifsConcrètement l’atelier du15 mars dernier, qui réunissaitdix-huit personnes, s’est pen-ché sur les nouveaux pro-grammes de la rentrée qui ontpour thème : le vélo. La qua-lité et la diversité des travauxtémoignait de l’apport de cha-cun des participants. Jugeonsplutôt : un historique du vélo,accompagné de fiches élèvesà découper et coller ou à com-pléter ; des diaporamas sur « lesdifférentes parties du vélo »,« les différents matériaux duvélo », « la valorisation des

matériaux du vélo », accom-pagnés d’une grille de motscroisés ; un projet de panneaud’échantillons sur l’oxydabili-té des matériaux ; et des pistespour la fabrication d’un robot.Ouf ! « Autant vous dire que lajournée n’a pas été trop lon-gue pour échanger nos travauxsous forme numérique, s’amusePatrick Hébrard, et que les ordi-

nateurs portables n’ont pas chô-mé. »Tout au long de l’année, le par-tage continue grâce à internetet aux e-mails. « On échangemême avec la direction diocésai-ne du Morbihan. Au collège Sain-te-Thérèse, à Muzillac, un de noscollègues, Emmanuel Le Clainche,a monté un site de ressources tech-nologiques3 bourré d’informa-tions. Il propose un abonnementà sa “revue” que nous sommesravis de consulter. »Mais le « Réseau techno 17 »ne se contente pas seulementd’échanger des recettes et destechniques. Il peut générer desengagements collectifs et desprises de position pour l’ave-nir. Ainsi a été lancé, en sep-tembre 2004, un inter-ateliers

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Un réseau, des technosPour pallier un manque de formation, depuis plus de vingt ans, des professeurs de technologie

des départements de la Vienne, de la Charente et de la Charente-Maritime échangent régulièrement leurs connaissances.

Le “Réseau techno17”ne se contente pasd’échanger des recettes et des techniques.Il génère aussi des engagementscollectifs.

qui réunit 42 professeurs exer-çant dans différentes disciplinesau lycée hôtelier de La Rochel-le. Avec des intervenants spé-cialisés, ils parlent du recyclagedes déchets et du développe-ment durable. Un thème par-ticulièrement porteur qui de-vrait rebondir au sein de tousles établissements sur un planconcret avec une formation despersonnels et des élèves. « Nousavons remarqué que le tri collec-tif n’est pas le fort des établisse-ments scolaires, constate Mary-vonne Jacquiau. Nous avonsdécidé que chaque professeur detechnologie demanderait à chaque

établissement de participer plusactivement au tri. Une démarchequi s’inscrit dans la suite logiquedes opérations comme “Nettoyonsla nature”, organisées par lesclasses de sixième. »

PlaidoyerChaque prof a besoin de telsmoments positifs pour de nepas se sentir isolé dans son éta-blissement – l’un des dix-septdu réseau qui s’étend sur lesdépartements de la Vienne, dela Charente et de la Charen-

te-Maritime et qui regroupeentre 15 et 20 personnes. « Pasfacile de travailler quand on estseul dans son collège, commen-te encore Patrick. Il faut toujoursêtre motivé, ne pas rester dansson coin pour faire quelque cho-se de cohérent. C’est un métier

qui demande beaucoup de pré-paration pour faire découvrir destechniques aux élèves en leurpermettant de devenir acteursNous pouvons apporter quelquechose à toutes les autres disci-plines, et réciproquement, pourtravailler, nous empruntons àchacune les connaissances néces-saires. »Une jolie analyse en forme deplaidoyer, car la techno est biensouvent la laissée-pour-comp-te en matière de formation.Mais cela ne décourage paspour autant notre équipe quipoursuit son travail sous l’œilbienveillant de l’inspection aca-démique. « Il n’y a pas de recon-naissance ni d’aide, analy-

se encore PatrickHébrard, qui est en train de pas-ser le flambeau de responsable à sa collègue du collè-ge Saint-Louis dePont- L’Abbé-d’Ar-noult. Mais on neva pas s’arrêter. Il ya d’abord les liensd’amitié qui se sonttissés, et puis il y aun esprit particulier.Le prof de technon’est pas un indivi-

dualiste. Il aime partager et tra-vailler en équipe. Le réseau serapérennisé, c’est un besoin. » ■

1. Comité académique de l’enseigne-ment catholique.2. Association régionale pour la pro-motion pédagogique et professionnelledans l’enseignement catholique.3. Adresse : http://resec.muz.free.fr

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 39

�« On a un peu oublié que latechno est au cœur de l’éta-

blissement.» Maryvonne Jacquiau(lire notre article) tient à défendreson ancienne fonction,même siaujourd’hui son travail consisteà traquer l’innovation au seindes 44 collèges de son secteur.Mais pourquoi cette réaction unpeu vive ? Tout simplement par-ce que la techno se trouve aucœur d’une nouvelle réforme quifait bondir ses aficionados. « Plusqu’un réajustement d’un program-me vieux de seulement quelquesannées, souligne un texte collec-

tif d’une association de profes-seurs de technologies*, il s’agit deréorienter en profondeur cet ensei-gnement,ce qui va en modifier radi-calement la signification. » Et derappeler ce grand principe ambi-tieux d’une culture technolo-gique pour tous, lancé lors de laconférence de l’Unesco en 1982,avec la nécessité d’un chemincohérent de la maternelle au bac-calauréat.« Les enjeux de cet ensei-gnement,analyse encore le texte,relèvent de la compréhension dumode d’existence des produits, quirésultent de la mise en œuvre, du

développement et des évolutions destechniques. Ancré fermement dansles organisations sociales qui conçoi-vent, réalisent ou utilisent des biensou des services, l’enseignement dela technologie repose sur une approcherationnelle de l’organisation pro-ductrice de l’Homme.»Et de deman-der de surseoir à l’application« précipitée » des textes et demettre en place une commissionde réflexion pour fournir des pro-positions concrètes.

■BG

* Pagestec - la technologie partagée !Sur internet : www.pagestec.org

Attention à la réforme !

Aujourd’hui. En cours de techno,plus question de points de couture ou depetits plats, mais d’électronique, de méca-nique et d’informatique. (Photos : D. R.)

avec eux », tout en refusant absolumentla dérive vers un « statut d’établissementprivé… avec aumônerie ». Il faut se donnerles moyens d’une ambition plus large :manifester « que toutes les pratiques et lesorientations de l’établissement s’enracinentdans l’Évangile ». Sans oublier au passa-ge d’élaborer enfin une « politique de for-mation harmonieuse entre tutelles diocésaineset congréganistes ».

Enjeu crucialVoici donc les fondations de l’Ifcec solide-ment établies, et les futurs cadres de l’en-seignement catholique dotés d’une « feuillede route » clairement orientée. En effet, sil’Ifcec a pour vocation de « réaliser des for-mations soit ollaboration avec d’autres or-ganismes, soit directement », il a surtout cel-le de « coordonner et mettre progressivementen synergie les formations existantes ».L’enjeu est crucial pour l’identité et lasurvie de l’enseignement catholique : àpartir de 2007-2008, comptabilise An-dré Blandin, et durant quatre ou cinqans, ce sont 700 à 800 chefs d’établisse-ment qui vont, chaque année, partir enretraite. Soit, au final, un renouvellementde plus de 50 %. On sait que pour les en-seignants, le mouvement sera du mêmeordre, mais là, ce n’est plus – directementdu moins – du domaine de compétencede l’Ifcec.Ainsi, pour André Blandin, les quelque130 chefs d’établissement du second de-gré formés chaque année devront êtreprobablement 200 dans un avenir trèsproche.Leur cursus de formation, depuis la ren-trée 2004, a été rebâti sur trois années.L’année 1, dite de « détermination », serépartit de la façon suivante : deux jour-nées initiales de regroupement à Paris ;une session de 10 jours à Cannes ; un sta-ge d’une semaine dans un établissement ;trois jours de « relecture » avec des res-ponsables des tutelles pour décider de lasuite de la formation, à Paris.

40 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Formation

École des cadres : l’enseignement catholique

prépare son avenir Le nouvel Institut de formation des cadres de l’enseignement catholique (Ifcec)

affiche des ambitions de professionnalisation mais aussi d’intégrationdes orientations de l’enseignement catholique.

■JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

Nous engageons les partenaires de lacommunauté éducative à participerà la mission de l’enseignement catho-

lique sous la responsabilité de ceux qui ontreçu mission d’Église. Sinon nous ne serionspas l’enseignement catholique mais un ensei-gnement privé. » Cet engagement natio-nal pris lors des récentes assises montretoute l’importance de la fonction du chefd’établissement et la nécessité d’assurerune formation appropriée. Le tout nouvel Institut de formation descadres de l’enseignement catholique1 (If-cec), explicite son directeur adjoint Chris-

tian Philibert, illustre cette volonté on nepeut plus clairement : « La demande estnée de la prise de conscience que l’enseigne-ment catholique disposait désormais d’unprojet éducatif clairement défini au traversde ses assises ; et qu’il lui fallait en consé-quence former ses cadres de façon plus co-hérente. »En quelque sorte, éclaire André Blandin,secrétaire général adjoint de l’enseigne-ment catholique et directeur de l’Ifcec, ils’agit de « répondre au défi né du départ dela génération de ceux qui avaient pris direc-tement la suite des prêtres ou des religieux àla tête des établissements et dont la forma-tion s’était faite naturellement en “osmose”

Espace Assomption. Les locaux parisiens de l’Institut de formation des cadres de l’enseignement catho-lique se trouvent dans le XVIe arrondissement, non loin de la Maison de la Radio. (Photo : M. Mathgen)

de ; ce qui signifie qu’il y a bien une très for-te attente des enseignants ou cadres éduca-tifs pour prendre des responsabilités dansl’enseignement catholique », s’enthousias-me Christian Philibert.

Ambitieux mais indispensableLa mission de l’Ifcec ne s’arrête toutefoispas aux seuls cadres salariés des établis-sements, puisque des « cadres », bénévolescette fois, s’investissent aussi dans les Ogecet les Apel3. Et l’Ifcec travaille, en syner-gie avec la Fnogec et l’Unapel4, sur les for-mations de ces bénévoles, « afin qu’ellessoient techniques bien sûr, mais aussi plei-nement en lien avec le projet de l’Institution »,poursuit Christian Philibert.En regard de ce programme pour le moinsambitieux, mais absolument indispen-sable, l’Ifcec a pourtant choisi de se limi-ter à une « structure légère » (trois per-sonnes à plein temps et une à mi-tempsy œuvrent à ce jour), afin, commente sondirecteur adjoint, « d’éviter toute tentationde centralisme parisien, de coller plutôt aumouvement de régionalisation qui s’affirme,et donc de piloter les formations en s’appuyantsur les pôles régionaux ». Sachant que, parun positif et tout apparent paradoxe, «pluson donne de cohérence à une politique de for-mation, sur le fondement d’une inspirationnationale, plus on peut développer la proxi-mité déléguée des actions de formation elles-mêmes. L’application, en somme, du princi-pe de subsidiarité, qui caractérise aussi… lastructure d’Église ». ■

1. Siège : 277 rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05.Locaux parisiens : Espace Assomption, 19 rue de l’As-somption, 75016 Paris. Tél. : 01 53 92 84 60. Sur l’or-ganisation de l’Ifcec, voir ECA +.2. Respectivement : « Institut médico-éducatif » et « Sec-tion d’enseignement général et professionnel adapté ».3. Respectivement : « Organisme de gestion de l’ensei-gnement catholique » et « Association de parents d’élèvesde l’enseignement libre ».4. Respectivement : « Fédération nationale des orga-nismes de gestion de l’enseignement catholique » et« Union nationale des associations de parents d’élèvesde l’enseignement libre ».

a d’abord dû, expose Christian Philibert,« repérer ce qui se faisait en regard de ce quiétait nécessaire », prépare pour la rentréeune « mutualisation » des formations exis-tantes, via des « séminaires d’échanges etd’enrichissement ». Cela, avant de conce-voir, avec un groupe d’experts, un « plande formation » commun qui sera mis à ladisposition de tous les organismes qui ledélivreront dans de futurs pôles régionaux.À noter aussi que pour les chefs d’éta-blissement du premier comme du seconddegré, l’Ifcec va constituer un groupe detravail sur une formule de « formationouverte et à distance », de début de car-rière… comme de perfectionnement, viaun site internet qui devrait intégrer deséclairages sur les textes et documents deréférence qui paraissent au fil des mois,une « foire aux questions », ou encoredes rendez-vous en ligne avec des ex-perts…Les directeurs diocésains qui entrent enfonction ne sont pas oubliés. Depuis 2004ils ont enfin accès à une formation struc-turée, de deux fois trois jours sur une an-née – ateliers, débats, témoignages d’ex-perts… –, élaborée là encore par un groupede directeurs expérimentés, de formateurs,d’experts et des responsables de l’Ifcec.Reste donc à « s’attaquer » à la formationdes… formateurs (toujours en mutuali-sant les moyens existants et en recadrantles formations déjà en place), mais aussides cadres éducatifs, intendants, et direc-teurs adjoints. Quoique, pour ces derniers, jusqu’alorsplutôt délaissés, une première promotionde 56 futurs – ou tout jeunes – adjoints aété réunie huit jours à Paris. Une double« première », puisque s’y retrouvaient descadres issus d’univers qui d’ordinaire s’igno-rent – pour employer un euphémisme –volontiers : enseignement général, maisaussi technique et professionnel, IME etSegpa2. Cette formation « a refusé du mon-

L’année 2, dite de « formation préalable »,comprend quatre modules d’une semai-ne, à Paris ou en région. Ils ont pourthèmes : la législation et le droit, la ges-tion, l’animation pédagogique, la théo-logie.L’année 3, dite de « prise de fonction »,permet à ceux qui ont été nommés chefsd’établissement stagiaires de se retrouverdeux fois trois jours à Paris pour « déve-lopper l’esprit communautaire, proposer untemps de relecture de leur fonction et de leurmission, améliorer leur formation au mana-gement et à la gestion d’équipes », préciseChristian Philibert. L’écriture d’un mé-moire servant de première évaluationvient clore la formation.

Pour compléter cette année 3, une for-mule originale d’accompagnement pro-fessionnel a été mise en place. Elle est as-surée à travers la France par des chefsd’établissement expérimentés des premieret second degrés. Une première promo-tion de 35 d’entre eux se forme actuelle-ment à cette mission au travers de troissessions de trois jours.Par ailleurs, un groupe d’experts compo-sé de directeurs diocésains, de chefs d’éta-blissement et de professionnels de la for-mation, préparera pour la rentrée 2006une première évolution des programmesde formation.Pour les chefs d’établissement du premierdegré, la tâche est, disons, plus ardue,puisque jusqu’à présent ils « bénéficient »,au bon vouloir et selon les moyens de leurdirection diocésaine ou congrégation derattachement, de… « zéro heure de for-mation, jusqu’à neuf semaines ». L’Ifcec qui

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 41

�Vincent Eveno,directeur adjoint du lycéeTalensac,à Nantes,s’est formé à l’Ifcec.

« L’année a été dense, puisque, par exception, j’aipu suivre les deux années de formation en une seu-le. Sept semaines au total d’absence du lycée etdonc autant de temps de “rattrapage” de mon tra-vail à organiser. Mais quel bonheur ! Je dirais toutd’abord qu’il est important que l’on soit, en amont,en quelque sorte “appelés” par notre tutelle, dio-césaine ou congréganiste, à cette évolution de fonc-tion, pour devenir chef d’établissement.« J’ai trouvé vraiment opportune cette nouvelle for-mule de formation unique, qui nous permet aussid’entendre la parole “unique” de l’Institution, c’est-

à-dire clairement exprimée pour bien nous expo-ser ce que l’on attend d’un chef d’établissementcatholique.« J’en retiens aussi un temps fort, celui de la jour-née de retraite sur l’île de Saint-Honorat* : afin debien discerner ce que sera notre prochaine respon-sabilité, et véritablement intérioriser notre décision.« Tout comme la semaine d’initiation théologique– ce fut pour moi à la Catho d’Angers – pour nousdonner aussi quelques grands repères qui nous per-mettront de veiller à l’évolution de l’établissement.Y concourent aussi les autres modules, avec géné-ralement des intervenants remarquables – en admi-nistration notamment.

« Important également, le fait que l’essentiel desformateurs soient eux-mêmes chefs d’établisse-ment, ce qui leur permet de bien illustrer ce qu’ilsnous enseignent.« Un regret peut-être ? En regard de la densitéde tous ces temps de formation, et de ces connais-sances que l’on doit intégrer, j’aurais aimé quel’on “creuse” plus l’aspect équilibre personneldu chef d’établissement : comment, face auxattentes de l’Institution, laisser aussi toute saplace à l’humain, et se garder des risques dedérives. » ■

* Celle-ci s’inscrit dans la session initiale de 10 jours,dite de « détermination », qui se déroule à Cannes.

« Une formation, mais aussi une relecture de notre pratique »

La mission de l’Ifcec ne s’arrête pas aux seuls cadres salariés des établissements.

■JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

Lorsque je compare avec les prix descatalogues que je reçois…, cela défietoute concurrence ! » Catherine Cha-

lard dirige Sainte-Marie, aux Mureaux(Yvelines), une école de 200 élèves. Ellefait appel depuis quelques années, pourses fournitures, à la centrale de référen-cement Le Cèdre (cf. encadré ci-dessous)et n’en revient pas des économies queson école réalise ainsi.

Catherine Chalard, bien sûr, « passe lemot à ceux qui, comme moi, dirigent depetites structures ». Sans être toujours enten-due… À quoi bon, cela représente sipeu, ces achats, pour un petit établis-sement, lui répond-on parfois… Saufque « toutes ces petites économies, je peuxles mettre dans l’achat de fournitures péda-

42 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

gogiques, ou autres », précise CatherineChalard. Sans plus se soucier, par ailleurs, de négo-cier un à un avec tous les fournisseurs,et en achetant, « en toute confiance »,auprès de prestataires attentivement sélec-tionnés avec ses collègues directeurs degrands et petits établissements d’Ile-de-France.

Bon sensIl n’empêche. Quelque 130 Ogec1 seule-ment, sur les 340 établissements de larégion (cf. encadré, p. 43) ont à ce jouradhéré à cette centrale de référencementcommune.Surprenant, tout de même, ce sens de la« liberté » que cultivent encore certainsétablissements, tant l’enseignement catho-lique, pour « privé » qu’il soit, ne doit pasl’être de tout bon sens de gestion.Un bon sens qui gagne toutefois peu àpeu du terrain parmi les 8530 établisse-ments (unités pédagogiques d’enseigne-ment catholique de France). Après tout,comme le relève Patrice Mougeot, secré-taire général de la Fnogec2, « si le soclede l’enseignement catholique, c’est bien sûrl’établissement, cette autonomie de gestionn’est, pour le moins, en rien menacée par leséconomies d’échelle que permettent desachats groupés, à partir du moment où le

choix des fournisseurs se fait de façon col-lective et libre ». Une politique qu’encou-rage la Fnogec, mais qui se heurte encoreà bien des habitudes. De-ci, de-là, on se mobilise pourtant.Dans les Pyrénées-Orientales, à l’initia-tive de Jean Rabier, président de l’Udo-gec3, douze établissementssur quatorze (mais les deuxderniers ne devraient guè-re tarder à rejoindre lesautres) ont ainsi – souscouvert d’un contrat degroupe – choisi depuisquelques années un pres-tataire de restauration com-mun, alors qu’auparavantchacun avait sa cuisine et sonpersonnel. Aujourd’hui donc,Scolarest gère cuisine et person-nel dans neuf établissements, età partir d’une cuisine centraleimplantée dans un établissement,livrent les repas dans trois autres. Etcela, pour un prix de repas uniquepour tous, grands ou petits, de 2,67 €

contre un coût d’environ 3,05 € aupa-ravant. Avec, surtout, toutes les garan-ties de professionnalisme et d’hygiène –qui sont de plus en plus et à juste titredrastiques, on le sait4 – et, aussi, de varié-té et de choix des menus que les établis-

Gestion

Achetons groupés!Matériels, fournitures, produits d’énergie pèsent fortement dans le budget

des établissements. Contrats groupés, centrales d’achat et de référencement permettent de notables économies. Trop peu y ont recours.

Le tour de France de la bonne gestion passe par l’Ardèche où certains établissementsse regroupentponctuellement par « bassins » pour acheter papier, fuel…

�Éric Chevallier, fondateur et gérant,depuis 1998, de la centrale d’études et

de référencement « Le Cèdre* », clame sonenthousiasme et son étonnement devant les« économies ainsi permises ». Et d’égrener des« ristournes » de 15 % en alimentaire,35 à 40 %en téléphonie filaire, 25 % en produits d’en-tretien comme en mobilier pour les petitsétablissements…Le principe est pourtant simple : ses 800 adhé-rents, parmi lesquels figurent 200 établisse-ments scolaires catholiques,répartis en douzeclubs régionaux,se réunissent deux fois l’an.La première fois pour choisir des prestatairespar types de marchés**, la seconde pour effec-tuer un bilan des services rendus, en pré-sence des fournisseurs.Aujourd’hui avec 14 salariés et une crois-

sance annuelle de 30 %, Le Cèdre, qui réali-se un chiffre d’affaires d’un millions d’eurospar an, suscite surtout un volume d’achatspar ses adhérents de quelque 25 millionsd’euros. Et la liste des nouveaux marchés àinvestir n’en finit pas de s’allonger. Récem-ment, c’était celui du gaz propane, avec à laclef des économies de 30 à 50 % selon lesrégions.Parmi les marchés en cours de concré-tisation en 2005, figurent les standards télé-phoniques, la détection incendie et lescontrôles de conformité. Et sont en « repé-rage » ceux des ascenseurs et des installa-tions sportives.Mais on parle là d’économies. Qu’en est-il,pour les adhérents,des coûts initiaux ? D’unepart, un droit d’entrée, versé une fois pourtoutes,pour certains marchés,et correspon-

dant à 1 % du volume d’achat qu’avait effec-tué en ce domaine, l’année précédente, lastructure adhérente.D’autre part,une adhé-sion forfaitaire annuelle,variant selon la tailledes structures. Soit, pour l’enseignementcatholique,210,40 €*** pour un établissementde moins de 300 élèves, 368,20 € pour 300 à1 000 élèves,et 526 € au-delà de 1 000 élèves.Intendants, à vos calculettes pour mesurerl’économie finale escomptée … ■ JLBB

* Le Cèdre, 1 allée des Chapelains, 71600 Paray-le-Monial. Tél. : 03 85 81 69 88. E-mail : [email protected] ** Par exemple : restauration, alimentation ; produitsd’entretien, matériel électrique, énergie, protectionincendie ; fournitures de bureau et scolaires, télé-phonie, bureautique ; mobilier… ; et même billette-rie aérienne.*** Tous les tarifs cités dans cette phrase s’entendenthors taxes.

Un Cèdre qui grandit

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sements isolés ne pouvaient offrir. Quantaux personnels, « repris » par l’entre-prise aux mêmes conditions que cellesque leur assuraient leurs établissements,ils bénéficient contractuellement d’uneassurance de réembauche par leur éta-blissement si celui-ci choisissait par lasuite de reprendre sa cuisine en gestiondirecte. Le tour de France de la bonne gestionpasse aussi par l’Ardèche. Où certainsétablissements, rapporte Denis Dalle,secrétaire général de l’Udogec, « se regrou-pent ponctuellement, par “bassins”, pouracheter papier, fuel… ». Tandis que l’Udo-gec organise des regroupements pourl’achat de fax et d’extincteurs, passe desconventions avec un ou deux fournis-seurs de photocopieurs, dont elle trans-met les propositions aux établissements...Ou encore, a négocié avec deux banquesdes conditions de crédit – et de servicesbancaires – avantageuses, et surtoutouvertes à tous, alors que les plus petits

établissements se voyaient parfois, dufait de leur fragilité, quasiment interditsde crédit lorsque des travaux s’avéraientnécessaires.Des initiatives similaires à celles du Mai-ne-et-Loire où l’Udogec, en lien avec la

�Dès les années 98, l’Urogec* d’Ile-de-France,se souvient son secrétaire géné-

ral,Gabriel de Sevin,« avait voulu permettre auxpetits établissements de bénéficier des mêmes prixde fournisseurs que les grands. Ainsi est né le Germe – Groupement d’étude et de référencementdes marchés économiques – au sein duquel desétablissements convenaient de référencer des four-nisseurs communs ». Mais cela reposait, com-plète Hervé de Lagoutte, chargé de mission,sur « l’implication personnelle des économes dequelques établissements pour cinq à six marchésseulement : photocopieurs, fournitures de bureau,papier, etc. Des marchés de 2 à 3 millions d’euros,

tout de même ». Fin 2002, d’un accord-cadreUrogec-Cèdre, est né l’actuel « Club Germe-Cèdre » qui regroupe donc quelque 130 Ogec**,sur les 340 d’Ile-de-France.Avec pour effet unbien réel accélérateur d’économies, puisquepar exemple,relève Hervé de Lagoutte,« pourles seuls photocopieurs, la formule du Cèdre nousa permis d’obtenir des prix inférieurs de 25 % àceux que l’on parvenait à décrocher avec Germe ».

■ JLBB

* Union régionale des organismes de gestion de l’en-seignement catholique.** Organismes de gestion de l’enseignement catho-lique.

Un Germe du Cèdre en Ile-de-France

direction diocésaine, expose Antoine Biot-teau, secrétaire général, a conclu un par-tenariat privilégié avec deux banques,

pour l’obtention d’emprunts ; et avecmême la possibilité d’un caution-nement de l’Association Frepel, pro-priétaire des terrains et bâtimentsde plusieurs établissements.

Solidarité et honnêtetéSe référant lui aussi à la centrale de réfé-rencement Le Cèdre, Nicolas Rochette,

intendant de l’Institut Notre-Dame, àSaint-Germain-en-Laye (Yvelines), unétablissement de plus de 2 000 élè-ves, dit sa satisfaction d’avoir adhé-

ré à son « club » : « Nous gardonstoute notre liberté, puisque ce sont

les adhérents eux-mêmes qui réfé-rencent les prestataires et que chacunchoisit les marchés auxquels il sou-

haite souscrire. Pour le télé-phone, les économies ont étéainsi de… 40 %. Mais j’insis-

te aussi sur la notiond’éthique qui doit animerles membres du club. »En clair, il ne faut pas

essayer ensuite der e n é g o c i e ravec tel ou telautre fournis-

seur qui ali-gnerait ponctuel-

lement ses prix. Lamutualisation signifie

aussi solidarité et honnê-teté dans la démarche, au

risque de la mettre en péril, au détrimentdes établissements les plus faibles éco-nomiquement. ■

1. Organisme de gestion de l’enseignement catholique.2. Fédération nationale des organismes de gestion del’enseignement catholique.3. Union départementale des organismes de gestionde l’enseignement catholique.4.Cf. ECA 285, p. 40-41 : « Restauration scolaire soussurveillance ».

Intérêt mutuel. Photocopieurs, téléphones, extincteurs, ramettes de papier, achetés en nombre, pèsent moinslourd sur la facture de chaque établissement. (Collage : M.-F. Comte)

Débat métaphysique pendant un cours d’André Quirin,professeur de philosophie au lycée de La Malgrange1, à Jarville(Meurthe-et-Moselle), avec les terminales S. Dans «la» salle dephilo, c’est la musique qui marque le début et la fin des cours ;

sur un mur, des photos montrent les visages d’enfants lointainsque parrainent ses élèves ; quelques tables, couvertes de recueilsde textes sacrés et d’ouvrages de philosophie et de psychologie,

constituent une mini-bibliothèque de sagesse à la disposition des amateurs…

une manière pour les gens de se sentirmoins seuls, de se lier les uns aux autres,par le mariage, le baptême… et c’est aus-si une façon de ne pas avoir peur de lamort. Quand on prend Jésus, Jeanned’Arc, la prophétie de Fatima, ça faitbeaucoup d’événements. On ne va pasme dire que ce ne sont que des illumi-nés. S’il y a beaucoup de gens qui se re-trouvent dans cela, ce n’est pas un ha-sard. Nous avons une conscience, ce n’estpas pour rien. Morgan : J’ai tendance à m’émerveillerdevant tout ce qui nous entoure, et quiest complexe ou beau. Quelque chosecomme la théorie de l’évolution ne meconvient pas vraiment. Je me demandes’il n’y a pas une sorte de force supérieureque l’on pourrait appeler « Nature », quiserait là et qui ferait sentir sa présencesur un certain nombre de plans. Les re-ligions, c’est bien quand ça donne desvaleurs, une certaine morale de vie, uneforce globale. Ça peut aussi apporter unsoutien, aider à se sentir proche des êtreschers que l’on a perdus. Mais je tendraisplus vers l’agnosticisme, car j’attends despreuves.Pierre-Guillaume : Je crois que le pan-théisme est ce qui s’adapte le mieux àma façon de voir les choses. Face à cet-te confusion, je ne sais pas me pronon-cer. L’univers est si complexe et me dé-passe tellement, que je me dis qu’il fautbien que Dieu et la nature puissent s’im-briquer. Je reprends la théorie de l’évo-lution, l’infiniment petit et l’infinimentgrand… L’homme par nature place deslimites, mais cela me dépasse de me di-re qu’il y a peut-être encore quelque cho-se avant quelque chose. Et ça dépasse laconscience humaine.Nicolas P. : Je pense que l’on peut voirla religion sous deux angles : suivant cequi a été rapporté, et en se référant à lascience qui essaie de nous donner des ré-ponses. C’est elle seule qui peut montrerou démontrer quelque chose. Mais je n’aipas le savoir absolu.Hélène : À l’heure qu’il est, je ne peuxpas dire si je crois. Je suis plus du côté« démonstration », terre à terre. Je mepose des questions mais je n’ai pas en-core trouvé de réponses.Frédéric S. : Morgan et Vincent : oui, lareligion, ça peut servir en cas de chocémotionnel, mais cela voudrait dire quela religion ne serait qu’un outil, et quec’est l’homme qui a créé Dieu et la reli-gion, et non l’inverse.Julien : Quand le prof de maths te don-ne un théorème, c’est un outil ? Ce n’estpas parce que l’on crée la religion quec’est un outil. On peut te l’avoir donnée…Frédéric S. : Un théorème, on arrive à le

mais quand on voit la chaî-ne de l’évolution, tout ça…Je ne vois pas comment ilaurait calculé les météo-rites, les espèces qui ontdisparu, ça paraît quandmême difficile.Jean-Baptiste : Moi, cequi me révolte, c’est l’uti-lisation de la religion.J’ai l’impression qu’ellea été utilisée pour gou-verner. Mais si la scien-ce nous pousse à nousrévolter contre le cler-gé, elle ne nous im-pose pas de renier lareligion.Frédéric M. : L’hom-

me a évolué, et mainte-nant il en est au point où il est conscient

de sa mort à venir. Il a inventé un Dieupour accepter ce fait. Vincent : J’ai l’idée d’une énergie abso-lue. Sur tout ce qui est « un seul Dieu »,je rejoins les athées. Il y a quelque temps,j’ai eu un choc dans ma vie : la mort demon grand-père. Je ne pouvais pas ad-mettre que la vie s’arrête comme ça enclaquant des doigts. Je préfère penserqu’il y a quelque chose de concret, de dif-férent de ce que l’on vit tous les jours. Jesais qu’il est quelque part, ça me récon-forte. C’est peut-être juste par égoïsme.Pauline Z. : Je trouve que cela fait beau-coup de corrélations, beaucoup de ha-sards, depuis 60 millions d’années. Il ya un début à tout, il y a bien quelquechose qui a déclenché tout cela. Leshommes ont dû finir par inventer quelquechose, et cela se matérialise par un Dieu,une énergie créatrice. La religion, c’est

Paroles d’élèves

Nicolas P. : J’ai com-mencé par faire ma communion. Long-

temps je « devais » croire en Dieu. Onm’a appris Adam et Ève, et que l’universavait été créé en sept jours. Aujourd’hui,je crois en la théorie de l’évolution, et queDieu n’a rien fait pour tout cela.Frédéric S. : C’est en lisant un livre, Coursaccéléré d’athéisme2, que je me suis dé-couvert athée. Avant cela, je n’étais pastrop décidé. Essayer de mettre une ima-ge ou un nom sur quelque chose que l’onne peut pas vérifier, ce n’est pas pourmoi.Pauline L. : Je pense que Dieu n’existepas, que c’est une invention de l’hom-me, parce qu’il est le seul être vivant quisait qu’il va mourir.Jérémie : Pour la religion catholique, Dieua fait l’homme à son image. Je veux bien,

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« Dieu, une invention del’homme, seul être vivantqui sait qu’il va mourir. »

Pourquoi y aurait-il quelquechose plutôt que rien ?

d é m o n t r e r.L’existence de Dieu, c’est un pos-

tulat. À la base de la science, il doit y avoirun postulat. Mais quand on utilise unthéorème, il se vérifie par la pratique.Julien :Le théorème se vérifie parce qu’onl’a bien voulu, par exemple parce qu’ona posé que 1 + 1 = 2.Isabelle : Je me place du point de vue dudéiste. Prenons l’énergie créatrice com-me créatrice de vie. Dieu a créé l’hom-me à son image, et l’homme est capablede donner la vie. Il n’y a pas de diffé-rence entre la science et la religion. Onest capable de donner la vie, tout com-me l’énergie créatrice.Morgan : Pour répondre à Frédéric, parrapport à la science… Finalement, lascience est artificielle, avec des lois quel’homme a créées pour lui. Il y auraitpeut-être autre chose de moins superfi-ciel et de plus absolu et qui saurait ex-pliquer tout cela. La science est là com-me intermédiaire entre l’incapacité del’homme à trouver des réponses et ce qu’ilvoudrait atteindre. La religion nous ap-porte un soutien.

Jérémie : Sur l’étoiledu berger, sans par-ler de la date, c’estquelque chose quis’est passé. Maispourquoi est-ceque cela s’est pas-sé ? Ce n’est peut-être pas Dieu quia créé cette ré-action thermo-nucléaire. Cesont peut-êtred’abord les

hommes quiont vu l’étoile et qui l’ont ensuite interpré-tée comme un signe divin. Ce n’est pas dutout la même chose.Julien : Dieu n’est pasune personne. Direqu’une seule forcecontrôle des mil-liards de choses enmême temps, qu’ily a des milliardsde réactions qui seproduisent dansnotre corps, maisque l’on n’en apas conscience !Pauline C. :On

est en trainde débattre

sur la ques-tion de savoir

si cela s’est vrai-ment passé. J’ai

fait du catéchis-me, je connais la

Bible. Ce ne sont que des images. On nepeut pas remettre en cause ce qui a étéécrit. L’important, c’est le messagequi est transmis. Le reste, ce ne sontque des parabo-les.Jérémie : Que l’ons’accorde pour di-re que Dieu oul’énergie créatricea créé l’univers, soit.Mais alors, qui acréé l’énergie créa-trice ?Vincent : Je pense quescience et énergiecréatrice sont indisso-ciables. Si l’on écoutechacun, il y a des ar-guments qui tiennentsur l’une comme surl’autre. Mais il y a desmoments où l’énergie se

raccroche à quelque chose, tout commela science. Pour moi, c’est un ensemble,un tout, mais notre intelligence n’est passuffisante pour tout savoir.Frédéric S. : Notre intelligence va enco-re augmenter, mais on continuera debuter sur quelque chose qui sera l’éner-gie créatrice. L’étoile du berger, est-ceun événement divin, ou physique, in-terprété comme divin ? Pour la fonda-tion de Rome, Romulus et Rémus se sontbasés sur la vision des oiseaux dans leciel. Dans cette histoire, certains insis-tent sur le nombre, d’autres sur l’ordre…Tout cela est une question d’interpré-tation.Isabelle : Mes parents sont catholiques,j’ai donc reçu une éducation catholique.Je ne connais pas plus que ça la Bible.Dans mon parcours personnel, plus jeregarde le monde, le corps humain, leurfonctionnement, plus je me dis que c’estbien fait. Il y a quelque chose. Cela faittrop de coïncidences pour que cela se soitfait comme ça. Et le message de paix quiguide les hommes, ça pose l’homme, çalui donne des limites lorsqu’il ne sait pasdistinguer le bien du mal.Morgan : La religion, c’est un systèmede valeurs auquel tu te raccroches oupas. Des émotions, l’instinct maternel,ce sont des choses qui ne s’expliquentpas comme ça.Isabelle : Je suis d’accord avec Morgan.L’important, c’est que j’aie le choix decroire ou de ne pas croire.

■PROPOS RECUEILLIS PAR SOPHIE BIZOUARD

1. Adresse : B. P. 60 - 54140 Jarville. Dir. : Vincent Cha-pellier. Internet : www.malgrange.free.fr2. Par Antonio Lopez Campillo, Juan Ignacio Ferre-ras, Tribord, coll. « La Flibuste », 2004.

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 45

« L’important, c’est le

message qui est transmis, le

reste ce ne sont que des

paraboles. »

« Il n’y a pas de différence entrela science et la religion. On estcapable de donner la vie, toutcomme l’énergie créatrice. »

« La religion, c’est une manièrepour les gens de se sentir moins

seuls, de se lier les uns aux autres. »

■PROPOS RECUEILLIS PARÉLISABETH DU CLOSEL

C’est un document im-portant que publieJustice et Paix France

à la demande de l’épisco-pat. Un texte court mais den-se, une cinquantaine depages, bel élément d’ana-lyse sur le phénomène du« terrorisme islamiste radi-cal » auquel le monde doitfaire face depuis les atten-tats du 11 septembre 2001à New York et qui engagechacun à s’interroger sursa manière de condamner,certes, mais surtout de résis-ter aux actes terroristes.

Avec cet outil de réflexionqui nous entraîne sur les ter-rains des droits de l’homme,de la démocratie, de la jus-tice, Justice et Paix souhai-te continuer à faire entendre,dans les grands débats denotre temps, une voix per-tinente et évangélique. Alorsque l’on voit croître toutes sortes de vio-lences et d’actes racistes très souvent per-pétrés au nom de la religion, l’avocat GuyAurenche, président d’honneur de la Fia-cat2 et membre de Justice et Paix France,propose quelques éléments de réflexion,tirés du texte, pour amorcer une discus-sion dans les classes. Car, insiste-t-il, « ils’agit d’un véritable sujet d’éducation civique.Nous voulons former des citoyens. Or, le ter-rorisme a pour but d’empêcher quiconqued’être citoyen en le terrorisant, et d’empêcherla démocratie de fonctionner. Nous ne pou-vons donc pas faire l’impasse sur un tel su-

jet, aussi difficile soit-il à évoquer avec lesjeunes ».

Ce document montre l’évolution du terrorisme,dans la forme et dans le fond. Que peut-on endire ?Guy Aurenche : Depuis la fin de la Secon-de Guerre mondiale, des actes terroristesont été commis sous des formes variéeset dans des contextes politiques fort di-vers. Mais depuis les attentats de NewYork, la nature du terrorisme a changé.Avec le « terrorisme islamiste radical »,on passe d’un terrorisme de revendica-

tion à un terrorisme de pro-testation identitaire auxcontours plutôt flous, s’ap-puyant sur le djihad et unelibre interprétation du Coran.Alors que le premier était lo-calisé, le second frappe où ilveut, quand il veut, sans pré-venir et l’un de ses principauxobjectifs est de susciter « unepeur sans frontières ». Face àde tels phénomènes, aux en-jeux et aux conséquences aus-si graves pour la paix dumonde, personne ne peut res-ter indifférent.

Le texte insiste sur une condam-nation radicale de l’acte terro-riste. N’est-ce pas évident pourtout le monde ?G. A. : Partons d’une situa-tion très concrète, le terro-risme en Israël-Palestine. Cer-tains défenseurs d’une causeou de l’autre finissent par dire : « Pourquoi pas ? Leur revendication est juste. » Onferme les yeux, on justifiepresque les actes de terroris-me. Or, à partir du momentoù le projet est de tuer desvictimes innocentes, noncombattantes, de manière à répandre la terreur danstoute une population, l’acteest définitivement condam-nable. Quelle que soit la si-tuation, les arguments avan-

cés, la cause à défendre, aussi noble soit-elle,il faut amener les jeunes à comprendrela nécessité d’un refus total et absolu d’untel acte. C’est un moyen que l’on s’inter-dit, même s’il existe une vraie menace.On ne discute pas ! Pour la survie de l’hu-manité, il y a des choses sur lesquelles onne transige pas. Sinon, c’est la porte ou-verte à tout et n’importe quoi.

Le texte récuse les explications globales de « chocdes civilisations ». En quoi ce terme, si souventemployé, est-il inapproprié, voire dangereux ? G. A. : Quand les experts en géopolitique

Réflexion

Terrorisme:on ne transige pas !

Justice et Paix France publie un texte sur le terrorisme1. L’avocat Guy Aurenche nous donne quelques clefs de lecture pour aborder une réflexion dans les classes.

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« Je ne peuxpermettre àquiconque de direque Dieu demandele sacrifice d’une vie. »

© E

.du

Clo

sel

utilisent cette expression, ils divisent lemonde en deux blocs : l’occidentalo-chré-tien face à l’arabo-islamo-musulman.Cette analyse apparaît très réductrice.Nous ne pouvons penser le monde com-me l’affrontement entre deux civilisa-tions, au risque, sinon, de faire le jeu desterroristes qui se délectent de ce mani-chéisme ; d’un côté, il y aurait les bons,de l’autre, les méchants ! D’autre part,cette analyse ne peut que nous acculerdans une impasse de violence ou de dé-mission totale. Il n’y aurait donc aucuneissue, ce qui est contraire à nos convic-tions.

Que dire sur l’idée de guerre préventive ?G. A. : Il est fondamental de se reposer laquestion de la justification de la ripostepar la guerre. Celle-ci ne peut s’envisa-ger qu’en cas de légitime défense, quandil y a attaque massive, quand un paysest menacé directement dans ses intérêtsvitaux. Mais la guerre préventive justi-fiée par l’éventualité qu’un jour untelpuisse nous faire du mal est une mons-truosité ! N’oublions pas que nous vivonsdans une société mondiale qui a bougédepuis cinquante ans. Elle s’est donné desrègles de droit international, et en aucuncas un État ne peut s’arroger le droit dedéclencher une guerre.

Kofi Annan a dit : « Les droits de l’homme sontla meilleure arme contre le terrorisme »…G. A. : Nous sommes contre le terrorismeparce que nous voulons construire unesociété dans laquelle il y ait des absolus ;parmi ceux-ci, la dignité de la personnehumaine. Aujourd’hui, malheureuse-ment, les droits de l’homme sont deve-nus un concept un peu fourre-tout. Alorsque nous sommes dans l’essentiel : lesdroits de l’homme sont l’outil qui nousrappelle qu’« aucune fin ne peut justifierl’usage de n’importe quel moyen ». Ils sontles clignotants minimaux pour la surviede l’humanité de l’homme. Ils sont lafrontière à ne jamais franchir, sinon leterrorisme a gagné. Il ne faut pas oublierle préambule de la Déclaration de 1948 :« Considérant que la méconnaissance desdroits de l’homme a conduit à des actes debarbarie… » Or, le rendez-vous de la bar-barie, c’est bel et bien : « La fin justifie lesmoyens. »

La nature du terrorisme est d’inspirer la peur.Notre société vit dans la peur permanente. Au-delà du terrorisme, ne faut-il pas la désamor-cer à tout prix au quotidien, au risque sinond’engendrer d’autres violences ?G. A. : Nous devenons indirectement desoutils de propagande des terroristes quandon en a peur. Plus on en a peur, plus on

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 47

en parle, plus on devient leurs alliés, par-ce qu’on répand ce climat de terreur. Dansnotre société occidentale contemporaine,le terreau sur lequel tombe le terrorismeest plein de toutes ces « petites » peurs dela vie : chômage, violence, racket, peurde manquer, peur de rater sa vie affecti-ve… Il ne faut pas nier ces peurs. Il fautmême aider les jeunes à les circonscrirecar elles forgent une réceptivité à degrandes peurs que peut provoquer le ter-rorisme. On peut dès lors s’interroger surnos pédagogies de la confiance. Aiderquelqu’un à faire l’expérience de laconfiance, c’est lui permettre d’affronterses grandes peurs futures.

Le texte conclut sur la nécessité d’une résis-tance spirituelle…G. A. : C’est une résistance de conviction,qui se forge dans le creuset soit d’une Égli-se, soit d’un mouvement, soit de la pen-sée d’une grande figure spirituelle. On nepeut pas rester dans une conviction in-dividuelle, aussi respectable soit-elle. Larésistance spirituelle, c’est retrouver desconvictions fondamentales dont nous nesommes pas les seuls auteurs et les seulsmaîtres. C’est aussi faire l’expérienced’une présence qui accompagne, rassu-re, donne un sens.

Cela vient donc en opposition radicale avec la jus-tification d’actes terroristes au nom de Dieu...G. A. : Le jour où un homme s’autoriseà dire : « Dieu demande la vie d’un autre

homme », ce jour-là, il exprime, traduit,révèle l’image non pas d’un Dieu maisd’une idole. Je ne peux permettre à qui-conque de dire que Dieu demande lesacrifice d’une vie. Le non-sacrificed’Isaac, c’est ça. Ce n’est pas dire :« Dieu met à l’épreuve ce brave père »,c’est montrer qu’au cœur d’une pra-tique courante, Dieu dit : « Non, jamaisau nom de l’amour que tu peux me por-ter, je n’accepterai que tu chosifies tonfils. » On a magnifié la confiance dupère allant sacrifier son fils, alors qu’aucontraire, ce père est totalement prisdans les traditions les plus idolâtres !Dieu ne peut pas chosifier celui qu’ils’est donné non seulement comme par-tenaire mais auquel il s’est identifié.Le christianisme ne laisse aucune am-biguïté là-dessus. Comment évoquercela avec ceux qui n’ont pas cette ap-proche de Dieu ? C’est toute la res-ponsabilité du dialogue interreligieuxoù il s’agit de s’interpeller mutuelle-ment pour purifier sans cesse l’approchequ’on se fait de Dieu et l’image qu’ondonne de Dieu aux autres. ■

1. « Terrorisme : condamner, expliquer, résister ». Onpeut se procurer ce texte auprès de Justice et Paix,17 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris. Tél. :01 45 44 26 14. Les précédentes contributions de Jus-tice et Paix portaient sur la mondialisation, les inter-ventions militaires extérieures, les minoritéschrétiennes menacées, la défense du droit d’asile…En préparation : un texte sur le développementdurable. 2. Fédération internationale de l’Action des chrétienspour l’abolition de la torture.

Une banalité utile à rappeler« Si grave que soit le nouveau défi terroriste, il importe de récuser tout discours prétendant lirel’ensemble de l’actualité mondiale avec cette clé de lecture : après quarante-cinq ans de “guerrefroide” et une dizaine d’années de “nouvel ordre international”, le 11 septembre nous aurait faitentrer dans une nouvelle ère, celle de la “guerre mondiale contre le terrorisme”… Or la plupartdes grandes questions touchant la paix et la justice dans notre monde – qu’il s’agisse de la luttecontre la pauvreté, de la régulation du commerce international, du changement climatique, desravages du Sida en Afrique, etc. – se posent en des termes que le 11 septembre n’a pas changés.Banalité sans doute, mais utile à rappeler à ceux qui veulent donner à la “guerre contre le terro-risme” une priorité telle qu’elle ferait oublier que l’immense majorité des hommes et des femmesde notre planète qui vivent dans l’insécurité ne sont pas victimes – ni réelles ni potentielles –d’actes de terrorisme, mais de la misère, de l’oppression politique, du déni de leurs droits élé-mentaires, etc. »

Comprendre n’est pas accepter« Comprendre les situations de conflit n’est pas excuser la violence qu’elles génèrent. Comprendreles causes de la protestation et la révolte, se pencher sur les conditions spécifiques d’oppression etd’injustice ne revient d’aucune manière à admettre les formes aveugles de violence qui les expri-ment. Ni à se résigner face à elles. Comprendre n’est pas accepter. Comprendre c’est d’abord se don-ner la capacité d’élucider et d’expliquer les contextes d’impasses sociétales et politiques. C’est aussise donner les moyens de discerner entre les manifestations criminelles et d’autres plus politiquesde la conflictualité. Comprendre c’est s’ouvrir des possibilités d’agir. ». ■

Terrorisme : condamner, expliquer, résister (les intertitres sont de la rédaction d’ECA).

Extraits...

■PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

Dans Mon combat contre la violence1, votre der-nier livre, vous insistez sur cette idée forte deDon Bosco : « La violence des jeunes est le résul-tat d’un déficit éducatif. » Même et surtout àl’école ?Jean-Marie Petitclerc : Je distingue, dansmon ouvrage, trois types de violences. Ilaurait fallu prendre la peine de les diffé-rencier pour mettre en place une vraiepolitique de prévention.

D’abord, la violence importée dans l’éco-le par un enfant qui n’accroche pas sesproblèmes personnels au portemanteau.Plus sa tension et son malaise intérieurssont grands, moins il peut résister, en col-lectivité, au poids de ce qu’il perçoit com-me une agression extérieure. Une mauvaisenote, le regard d’un autre…Puis, la violence que je lie à l’échec sco-laire, sécrétée par l’école. Un gamin deCM2 qui, du matin au soir, se vit commenul car il ne réussit ni en calcul, ni en his-toire, ni en français, ne trouve pas d’autre

manière pour exister que d’embêter lechouchou de la maîtresse à la récréation.Reste la violence du racket, la violencemode d’action, elle, prévue, organisée,destinée à s’approprier un bien. Celui quila pratique se contrôle parfaitement ;il redevient calme après avoir obtenu legoûter ou le blouson d’une victime dontil s’est assuré qu’elle pourrait « fournir »et qu’elle resterait muette. Prévenir et réguler la vie des établissementsscolaires pour éviter ces violences, impliquetrois formes d’actions.D’abord, il faut développer un climatd’écoute dans les établissements et don-ner des moyens d’expression aux jeunespour qu’ils puissent accéder au langagede leurs émotions : les mettre en mots, encouleurs ou en musique. Ensuite, il est important de valoriser lesélèves. Je me souviens, lorsque au débutde ma vie chez les Salésiens j’étais ensei-gnant en mathématiques, d’un de mes

jeunes élèves. Il répétait qu’il n’y arrivaitpas et n’était pas capable. Un jour, je suisallé le voir jouer au foot et je lui ai dit :« Arrête de dire que tu es nul, c’est faux, j’aivu avec quelle intelligence tu passais le bal-lon lors du match. »Enfin, il faut toujours distinguer la per-formance de la personne et ne pas iden-tifier celle-ci à des résultats partiels ettemporaires. Une copie peut être nulle parrapport à un référentiel de notes mais avoirreprésenté un travail positif pour un élè-ve. L’identifier à de mauvais résultats, c’estlui donner tous les prétextes pour ne pasprogresser. Je me souviens avoir choisipour sujet de maîtrise en sciences de l’édu-cation l’étude des appréciations des ensei-gnants sur les bulletins des élèves de collège.J’y avais relevé beaucoup de pudeur pourcommenter les bonnes notes et nombrede trouvailles pour apprécier les échecs.L’inverse serait préférable : trouvailles pourintérioriser le succès et éviter de réitérer

Réflexion

Déraciner la violence des jeunesJean-Marie Petitclerc se bat depuis trente ans contre les idées toutes faites.

Il avance des propositions simples. Ne se lasse pas d’aimer,en éducateur exigeant, des jeunes que l’on rend

souvent responsables d’un désespoir qui les fait exploser…

48 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

�Quelques-uns des nombreuxouvrages publiés par Jean-Marie

Petitclerc.●Et si on parlait… du suicide des jeunes,Presses de la Renaissance, 2005,126 p., 10 €.●Enfermer ou éduquer ?, Dunod, 2004,152 p., 14,50 €.●Y a plus d’autorité !, Erès, 2003, 88 p.,6 €.●Éduquer aujourd’hui pour demain,Salvator, 1988, 112 p., 14 €.

Lire +

« L’école doit s’insérer dans une communauté éducativequi compte les professionnelsde la ville, susceptibles d’avoirune fonction éducative. »

© M

.-C.J

ean

nio

t

l’échec. Pour tout homme, élève ou ensei-gnant, mémoriser la réussite permet d’af-fronter les difficultés du moment.

La dernière enquête de l’Inserm2 met en évi-dence une augmentation des conduites violentesen 2003. Dans leur majorité, elles sont le fait dejeunes qui disent ne pas aimer l’école…J.-M. P. : Qu’est-ce qui fait qu’un gaminn’aime pas l’école ? Le goût d’apprendreest naturel chez les humains. Si un jeuneest mal en classe, c’est qu’il s’y sent misen échec. Le rapport à l’école est fonctiondes résultats, je le vois bien au sein de notreassociation du Valdocco3 où des enfants,grâce au soutien que nous leur apportons,reprennent goût au succès, à l’école ou aucollège. Il est important que l’Institutionse remette en question à cet égard.

N’est-il pas lourd pour des enseignants, des chefsd’établissement, de se sentir investis du devoiréducatif qui, dans leur esprit, revient aux familles :celui de cadrer et d’aimer ?J.-M. P. : Une des difficultés de notre socié-té réside dans la crise de l’apprentissagedu vivre ensemble. Il devrait se faire danstrois lieux : la famille, l’école et la cité. Orchacun renvoie l’autre à ses responsabi-lités en disant qu’il ne les assume pas, enle critiquant publiquement parfois. Alorsque les jeunes ont besoin de cohérence etde solidarité entre ces trois pôles. Par ailleurs, la famille, rétrécie, est deve-nue de moins en moins socialisante. Dire« non » à un adolescent à sept heures dusoir, c’est à coup sûr se gâcher la soirée :on hésite donc à lui poser des limites, pour-tant essentielles dans la vie collective. Onvit la famille comme un îlot privilégié, àl’abri des conflits, dans un univers cruel-lement concurrentiel. Dans la rue, uncitoyen lambda ne se sent pas concernépar les enfants des autres : s’ils font desbêtises, ceux-ci ne provoquent que le rire,s’ils sont petits, ou la peur, s’ils sont grands !L’école est alors le seul lieu à vouloir ini-tier les jeunes à la vie de groupe. Mais auxenseignants qui s’en plaignent, j’ai enviede dire : « Parlez-en à vos collègues ! Orga-nisez-vous ! À force de placer les savoirs aucentre du métier, on oublie l’apprentissage dusavoir vivre ensemble. »

Vous soulignez l’importance du travail à accom-plir pour que les parents deviennent de vraispartenaires de l’école…J.-M. P. : En effet. Il y a trente ans, l’écolea choisi de disqualifier les parents dansl’accomplissement du suivi scolaire deleurs enfants. Ainsi, au lieu de parler de« sujet », de « verbe » et de « complément »,elle a changé les appellations et parlé de« groupe nominal », en disant aux parents :« Surtout n’embrouillez pas vos enfants avec

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 49

les vieilles appellations ! » Maintenant queces réformes n’ont manifestement pas pro-duit de bons résultats et que l’Institutiona des problèmes avec les élèves, elle seretourne contre les parents en disant qu’ilssont responsables des échecs car ils ne sui-vent pas le travail de leurs gosses !

Vous avez, dites-vous, un plan efficace pour lut-ter contre la violence… J.-M. P. : Oui, je l’emprunte à nos amisthaïlandais. Il ne coûterait pas un euroet pourrait faire baisser les actes de vio-lence de 80 %. Il suffirait d’installer deskiosques, lieux de rencontres, dans lescours de récréation. Des adultes du quar-tier, des voisins, des parents y viendraientdeux fois quinze minutes chaque jour.Sous leurs yeux, la tension baisserait lorsdes récréations. On sait que l’intergéné-rationnel est régulateur, et qu’à l’inver-se, le tout jeune est générateur de vio-lences. Quand les emplois-jeunes sont entrés dansl’école, ils ont prouvé leur efficacité : pour-tant les enseignants leur étaient, au début,hostiles, au motif qu’ils n’étaient pas pro-fessionnels. Depuis leur départ, ils les regret-tent : l’apport d’adultes extérieurs est trèsimportant.

Que pensez-vous de lieux d’écoute pour les parentsdans les établissements scolaires ? J.-M. P. : Il est préférable qu’ils soientaccueillis par des associations extérieures,mais partenaires de l’institution scolaire.En effet, pour certains parents, dont l’his-toire scolaire a été marquée par l’échec,le lieu « école » peut paraître rebutant.L’école doit s’insérer dans une commu-nauté éducative qui compte les profes-sionnels de la ville, susceptibles d’avoir unefonction éducative : médecins, psycho-logues, infirmières, travailleurs sociauxpar exemple. L’école n’a pas à se substi-tuer à eux, en disant ensuite qu’on lui faitporter toutes les responsabilités et en récla-mant, par ailleurs, d’être toujours le pilo-te. Pourquoi ne serait-elle pas un partenaire,parmi d’autres, dans une politique de laville qui, alors, aurait peut-être des chancesde devenir efficace ?L’Éducation nationale se présente souventcomme victime de la ghettoïsation desquartiers. Mais pourquoi contraindre lesjeunes à faire leur scolarité avec ceux qui,dans la cité, les rackettent ou avec qui ilsne peuvent s’empêcher de se dissiper ?Pourquoi les assigner à résidence dans leurcité ? J’en connais qui n’en sont jamaissortis à seize ans.

Que faire ? J.-M. P. : La carte scolaire, au départ vou-lue pour assurer la mixité sociale, la bloque.

Je l’ai dit au comité d’évaluation et de sui-vi de l’Agence nationale de rénovationurbaine – l’Anru – où j’ai été nommé parJean-Louis Borloo4. Quand on a voulu scolariser les enfantsde paysans, on n’a pas construit des col-lèges en plein champ, on a organisé destransports scolaires ! Les jeunes se rendentbien compte que le système dysfonction-ne : ils l’ont exprimé à leur manière dansdes manifestations persistantes qui disaientquelque chose de leurs aspirations et deleur générosité. Ils savent bien qu’un 15 enbanlieue vaut 5 à Henri-IV, que tous lesétablissements ne sont pas équivalents.Ils se méfient de toute mesure susceptibled’écorner un peu plus l’égalité des chancesà laquelle ils aspirent. Ils attendent desadultes assez courageux pour casser cequ’Alain Bentolila appelle la « tribalisa-tion de l’échec5 », c’est-à-dire le fait que,dans certains collèges, il soit dangereuxd’être premier de la classe. Avoir de bonnesnotes, c’est s’y condamner à perdre sescopains. Si on ne fait pas éclater cettelogique de territoires, tous les moyensfinanciers du monde, alliés aux meilleurscapétiens et agrégés, n’arriveront à aucunrésultat ! ■

1. Jean-Marie Petitclerc (entretiens avec Yves de Gentil-Baichis), Mon combat contre la violence, Bayard, 2005,150 p., 14,80 €.2. Institut national de la santé et de la recherche médi-cale.3. On trouvera une présentation de cette association deprévention, créée en 1995, et de son projet pédagogiquesur : http://pages.uriopss-idf.asso.fr/valdocco4. Ministre de l’Emploi, du Travail et de la Cohésionsociale.5. Alain Bentolila a développé ce thème devant ladernière assemblée générale du Syndicat national dedirecteurs d’établissements catholiques d’enseigne-ment du second degré sous contrat (Synadic). Cf. ECA292, p. 9.

1973. Un grave accident immobilise lejeune polytechnicien très sportif.1974. Jean-Marie Petitclerc décide d’en-trer chez les Salésiens après avoir lu lavie de Don Bosco.1978. Il travaille comme éducateur derue à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines)et prévoit l’inévitable dégradation de lasituation.1984.Ordonné prêtre, il est envoyé prèsde Caen pour prendre la direction d’unfoyer d’action éducative.1991. On l’appelle comme médiateurdurant les explosions de violence à Chan-teloup-les-Vignes. Il lance les premièresexpériences de médiation sociale.1995. Il fonde à Argenteuil (Val-d’Oise)l’association de prévention « Le Val-docco ».2004. Il est envoyé par les Salésiens àLyon pour ouvrir un établissement du« Valdocco ».

Bio express

■PÈRE HUGUES DERYCKE1

Comment entendre l’adoration auSaint-Sacrement ? Comment per-cevoir qu’elle renvoie, non pas à

une idolâtrie en Dieu mais à un mou-vement : celui de la foi, celui du décen-trement de soi, celui en soi de l’accueilde la grâce et du passage de Dieu ?Il y a ici un risque de contradiction qu’ily a lieu d’énoncer pour lui-même. Com-ment tenir le dynamisme du passage deDieu, de sa puissance de résurrection etde conversion, on pourrait dire de sa capa-

cité de subversion révélée par la croix duChrist, et l’immobilisme de la contem-plation de l’hostie enfermée dans le taber-nacle ou présentée dans la prison luxueusede l’ostensoir, car le risque de contradic-tion ici est grand ?

À la lumière de Pâques,l’adoration des MagesLorsque les Mages perçoivent, à traversle message de l’étoile, une invitation àune adoration, cette invitation, ce« venez », produit pour eux un long dépla-cement. La tradition ultérieure choisira

de les faire venir de trois des quatre coinsde l’horizon connus, si l’on accepte cetanachronisme.Voyageant dans les caravanes des mar-chands, tout à la fois dirigés et trompéspar le pouvoir politique que représentePilate, les Mages arrivent à la crèche.Soyons clairs. Le récit de l’adoration desMages n’est pas écrit avant celui de lamort et de la Résurrection, il ne peut êtreécrit qu’après cet événement, à la lumiè-re de Pâques. Chez Matthieu, le plus vété-ro-testamentaire2 des évangélistes, cethommage de l’univers au Christ renvoieà une fécondité pour lui inouïe et presquecontradictoire avec sa foi première : leMessie attendu par son peuple a été reje-té par ce même peuple et, dans ce rejet,surgit de manière éblouissante une bon-ne nouvelle offerte à tous, offerte à toutesles nations.La révélation n’est plus offerte à un seulpeuple élu, elle devient une lumière direc-tement accessible à tous.Les Mages anticipent à la crèche ce quideviendra éclatant dans les dernièresparoles du Christ en Matthieu 28,19, jus-te avant son Ascension : « Allez, faites desdisciples de toutes les nations. »L’adoration ne peut s’entendre que parrapport au mouvement même de la révé-lation.

De l’expérience du silenceLa liturgie privilégiée qui livre symboli-quement ce mouvement de la révélationest celle de l’Eucharistie, spécialementdans sa démarche qui renvoie au déploie-ment de la marche des pèlerins d’Em-maüs un processus de reconnaissance enchemin à partir de la vérité de nos situa-tions : parole reçue, commentée et échan-gée, invitation au partage, mémoireproposée comme souvenir dangereux, etenfin reconnaissance plénière dans legeste de la fraction du pain.Commencer la liturgie eucharistique parl’adoration du tabernacle qui, au départ,

Réflexion

Venez, adorons-le

Dans son silence intérieur, tout homme peut découvrir la présence de Dieu, car Il est plusintérieur et intime que le fond le plus intime et personnel de l’homme. Les Mages ont fait

sans doute l’expérience de ce mouvement en allant à la rencontre du Christ. De même,dans l’Eucharistie, nous sommes invités à entrer dans ce mouvement de l’intériorité.

50 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Sacrement privilégié. L’Eucharistie renvoie à la marche des pèlerins d’Emmaüs qui aboutit à la reconnaissan-ce dans le geste de la fraction du pain. (Illustration : D. R.)

n’est qu’une réserve pour les malades etles absents, risque de tout brouiller et deconduire à un contresens.Alors comment penser le silence immua-ble de l’adoration ?Laissons-nous ici guider par l’expérien-ce des moines et des moniales, et aussipar l’expérience personnelle de l’Eucha-ristie.Je me souviens d’avoir vécu plusieurssemaines au milieu des Petits Frères del’Évangile à New York. Chaque jour, ilsprenaient une heure d’adoration silen-cieuse, au cœur des bruits de la ville devantle tabernacle.Je me souviens aussi de ces frères et sœursbénédictins ou carmélites qui s’isolentaux quatre coins de l’église abbatialepour de longs temps silencieux et soli-taires. Parfois devant la croix, parfoisdevant le tabernacle, ou parfois simple-ment seuls dans un lieu isolé de l’abba-tiale. Ils font oraison.

La tradition religieuse perçoit bien le ryth-me propre à ces longs temps de silenceet d’oraison. Il faut calmer le va-et-vientincessant des bruits et des suggestionscontradictoires, il faut progressivementaller au-delà des mots formulés ou répé-tés dans la tête, comme une ritournelle.Il faut simplement se laisser habiter len-tement par le silence et alors, et alors seu-lement, percevoir qu’il est possible d’êtrehabité par celui qui est silence dans nossilences, non qu’il serait épuisé dans sonverbe ou dans sa signification, mais quecette signification dépasse alors tout enten-dement.Jean-Marie Vianney interrogeait un jourun des paysans d’Ars qui restait ainsi desheures en contemplation. Ce dernier luirépondit : « Il me vise » et « Je le revise ».Il me voit, il me pénètre et je me laissepénétrer par lui. Il faut ici entendre « vise »par « voir », être pénétré du dedans parle regard de l’autre, être habité d’un regardintérieur qui n’est pas le sien.Saint Augustin dira de ce moment : « Tues interior intimo meo et superior sunneomeo. » On peut traduire ici librement :

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 51

« Tu es Seigneur plus intérieur et intime quemon fond le plus intime et personnel et, simul-tanément, tu me dépasses et me décentresde moi-même par le fait même que tu necesses d’être supérieur à tout ce qui est. »Cette intimité de Dieu et de nous-mêmequalifie une intériorité qui n’est pas cen-tripète mais qui est, au contraire, centri-fuge, une « intentio », une attention, quis’approfondit en une « distentio », uneextension de soi-même au vent de l’Es-prit, au chemin d’une vérité qui est pluslarge, plus haute, plus profonde que nous.

Du silence,au cœur de l’EucharistieL’Eucharistie recèle également, au cœurde son déploiement, un tel moment plusfugitif et en tension entre intériorité etextériorité.Il s’agit très précisément du silence quisuit immédiatement la communion. Cesilence est souvent remarquable. Il estcelui d’une communauté qui vient d’en-trer pleinement, au terme du processusdécrit ci-dessus, dans le rythme mêmedes pèlerins d’Emmaüs, en communionavec son Seigneur.Ce n’est pas un silence solitaire, ce n’estpas une juxtaposition de silences, c’estun même silence qui est construit parl’attention intérieure de tous vers le mêmeChrist et Seigneur.C’est un silence qui, simultanément, faitentendre de manière exceptionnelle lesbruits de la ville ou de la campagne envi-ronnante, non plus comme des pertur-bations mais comme autant d’appelsdiscrets à sortir, non pas pour s’évadermais pour justement emplir le monde dela bonne nouvelle reçue de l’Eucharistie.

Revenons à l’adoration elle-même.1) Venez 2) adorons 3) le1) Venez : il s’agit bien d’une invitationà un voyage ou un long déplacementphysique et psychologique, tel un pèle-rinage d’ici à Cologne pour les Journéesmondiales de la jeunesse (cf. encadré).2) adorons : l’adoration n’est qu’un ter-me médian entre le déplacement phy-sique, spatial et temporel à opérer poursoi-même, et la réception du mouvementmême de la révélation de Dieu dans l’évé-nement central de la foi dans l’incarna-tion, la mort et la résurrection du Christ,jusqu’au don de l’Esprit.3) le : il s’agit bien de percevoir le mou-vement de révélation de Dieu lui-mêmetel qu’il se déploie au cœur du mystèredu Christ dans la nuit de Pâques. Carc’est une invitation à adorer un passa-ge, celui de la mort vers la vie, celui denotre propre résurrection. Il s’agit de per-cevoir, par le Christ, ce qu’est la vie tri-nitaire en Dieu : Père, Fils et Esprit.L’adoration, comme terme médian entreces deux moments – « venez » et « le » –,nous pouvons ainsi la percevoir commeimmobile, et même, nous devons la rece-voir comme conduisant à une profondeurexceptionnelle de silence, silence d’unerésonance entre notre propre mouvementet le mouvement essentiel de Dieu.L’adoration fait alors signe avec le silen-ce qui suit la communion eucharistiqueet, comme dans le rite même de l’Eucha-ristie, elle doit conduire à ce joyeux : «Allez,sortez, rentrez dans le temps de l’histoire ;l’Évangile attend ses messagers. » ■

1. Secrétaire général adjoint de l’enseignement catho-lique.2. Relatif à l’Ancien Testament.

Le silence qui suitimmédiatement la communion n’est pas un silence solitaire.Ce n’est pas unejuxtaposition de silences.C’est un même silence,construit par l’attentionintérieure de tous vers le même Christ et Seigneur.

�Le pape Jean-Paul II a invité la jeunesse du monde entierà participer aux Journées mondiales de la jeunesse qui se

dérouleront à Cologne du 11 au 21 août 2005. Le thème de cesXXes JMJ est tiré de l’évangile de saint Matthieu (2,2) : « Noussommes venus l’adorer. » Plus de 800 000 jeunes, 4 000 journalistes, 600 évêques et sansdoute le pape Benoît XVI, dont ce sera le premier voyage, sontattendus.Les jeunes appelés à témoigner de leur espérance et de leurvolonté de construire un monde de l’accueil et de la paix aurontsans doute en tête ces mots prononcés par Jean-Paul II dansson message de préparation de ces JMJ, le 6 août 2004 : « Chersjeunes, vous aussi, offrez au Seigneur l’or de votre existence, c’est-à-dire votre liberté pour le suivre par amour, en répondant fidèlement àson appel ; faites monter vers lui l’encens de votre prière ardente, à la

louange de sa gloire ; offrez-lui la myrrhe, c’est-à-dire votre affection pleine de gratitude envers lui,vrai Homme, qui nous a aimés jusqu’à mourir comme un malfaiteur sur le Golgotha. » ■

Pour suivre la préparation des JMJ : [email protected]

Le rendez-vous de Cologne

histoireCultureA U X S O U R C E S D E S ΠU V R E S

Tous les enfants ne sontpas égaux devant untableau, un morceau

de musique, une statue, unmonument du patrimoine.Même si leurs émotions sontaussi vives, il y a les initiés etles autres ! C’est pour contrercette inégalité que Jack Lang,ministre de l’Éducation, etCatherine Tasca, ministre dela Culture, avaient, enleur temps, lancé un plande cinq ans (2001-2006)pour le développementdes arts à l’école et ob-tenu une enveloppe de 279 millions de francs1. Les fameuses classes àProjet artistique et cultu-rel (Pac) voyaient alorsle jour. Certaines survi-vent. Les 180 centres d’infor-mation du Centre natio-nal de recherche pédago-gique (devenu le Scéren-CNDP-CRDP, avec voca-tion d’éditeur), implantéssur l’ensemble du terri-toire, étaient alors char-gés de soutenir l’opéra-tion. Aujourd’hui, ils pro-posent trois petits livres,plutôt que guides, consa-crés à la Provence, à laBourgogne et à Paris2. Desti-nés à aiguiser le regard des col-légiens et des lycéens, ilspeuvent êtres utilisés par desenseignants, des adultes (amisou parents des jeunes), des col-légiens ou des lycéens dyna-miques !

« L’art pour guide » est unenouvelle collection d’initiationà l’histoire de l’art, fondée surl’entité régionale, décentrali-sation et tourisme obligent…

L’idée en revient à Claude Mol-lard, ancien responsable du Scé-rén-CNDP, et à Colline Faure-Poirée, éditrice chez Gallimard. La terreur des éditeurs et despédagogues est que les livrestombent dans les oubliettes del’histoire, consumés non parles flammes d’un bûcher maispar le rayonnement d’inter-net. Le Scérén et Gallimard,

fidèle à sat rad i t iondocumen-taire origi-nale, ont mi-sé sur l’ima-ge (mise enpages alléchante, informa-tions éclatées) et la limpiditédu texte (informatif, sans« baratin » comme diraient lesados). « Inutile de faire de longs voyages,l’art est à portée de main, si onsait le chercher » : le livre consa-cré à la Bourgogne, annoncela couleur. Il s’agit d’observerprès de chez soi, ou pas loin,de déchiffrer le message des

pierres et des tableaux, d’en-quêter, donc, de comprendreactivement, et, à partir de là,d’imaginer le passé de nosancêtres, de voir naître lesœuvres d’art dans leur berceaugéographique. Suivre, surprendre, percer, cher-cher, voir, se laisser conter : letexte consacré à Paris n’est pasmoins marqué par le dyna-

misme de ces verbes d’ac-tion qui dessinent un pro-gramme stimulant.

Très enrichiIdem pour la Provence oùl’on va « plonger » dans lesmystères de la grotte Cos-quer, parcourir l’Arles an-tique, entrer dans l’abbayede Silvacane, comprendrel’architecture aux Baux-de-Provence ou à la Citéradieuse3, découvrir la dan-

se et le théâtre aux festivalsd’Aix et d’Avignon. Il s’agitdonc de se mettre en jambes,et, pour ne pas perdre la bou-le, de se repérer dans le temps :bonne occasion de remettre lesdates à leur place ! La couver-ture cartonnée, qui se déplieen double page, établit unegrille chronologique compa-rée, mais très simple, entre lesrepères historiques nationaux,

L’art pour guideLa première collection qui propose, aux adolescents et à leur entourage, une initiation

à l’histoire de l’art région par région, vient de publier ses trois premiers volumes.

52 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Suivre, surprendre,percer, chercher, voir,se laisser conter…

régionaux et les principauxévénements de l’histoire de l’art,sans oublier la création contem-poraine. Bien sûr, il est inté-ressant d’imaginer les Celtesen Bourgogne et de s’aperce-voir que la statue de Vercingé-torix, perchée sur le montAuxois, a un faux air de Napo-léon III (créateur du mythe duhéros national gaulois), maison est tout aussi stimulant dedécouvrir que Jacques Copeau,grand maître du théâtre, ins-talla sa troupe au village dePernand en 1925 ou que laplasticienne Gloria Friedmann,qui vit à Arnay-le-Duc, n’hé-site pas à monter ses tableauxvivants sur les aires d’auto-route… Niepce a-t-il inventé laphotographie? Comment l’aven-ture du centre Pompidou est-elle née ?... Il est vrai qu’onreferme chacun de ces ouvra-

ges, très enrichi. Aide-ront-ils pour autant àse repérer dans la réa-lité ? Certainement sion les a consultésavant un voyage, his-toire de s’éclaircir lesidées. Sans doute passi on attend d’eux desinformations pra-tiques, réduites ici àune carte et à quel-ques adresses et numé-ros de téléphone. Maissi les enseignants – tou-tes catégories – s’em-parent de ces outils, ceque les inspecteurs

d’académie devraient bientôtleur suggérer de faire, person-ne n’aura à regretter l’aven-ture.■MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Un peu plus de 42,5 millions d’euros.2. Celui consacré à la Bretagne devraitsortir à l’automne, et la collection « L’artpour guide » compter au final une ving-taine de titres. Chaque volume : 15,90 €.3. Cette unité d’habitation, conçue parLe Corbusier et située dans le neuvièmearrondissement de Marseille, a été inau-gurée en 1952.

CultureS A N G D E L A T E R R E

Ce vieux vin...

Apparu il y a huit milleans dans le berceau fer-tile du Proche-Orient, le

vin est l’aliment symboliquepar excellence, au cœur detoutes les civilisations antiques.Outre son goût incomparableet l’ivresse qu’il procure, il res-semble au sang, liquide vitalqui symbolise les liens d’al-liance et d’hérédité. À ce titre,

il est le privilège des divinitéset des puissants : boire, parta-ger le « sang de la terre », per-met de s’approprier une partd’immortalité. D’Osiris auChrist, en passant par Diony-sos, le vin est l’emblème desdieux qui renaissent. Offert enlibation ou dispensé à flots lorsdes festins, il est l’instrumentdu pouvoir politique et reli-gieux.Cette vénération du vin faitl’objet de deux passionnantesexpositions jumelles (cf. enca-dré). Intitulées : Le vin, nectardes dieux, génie des hommes,elles retracent 9 000 ans d’his-toire à travers 300 objets prê-tés par une cinquantaine demusées français et européens.Parmi les pièces exposées, onpeut admirer de somptueuxservices à boire en métaux pré-cieux venus de Grèce et d’Ita-lie, le fameux cratère de Vix,le plus grand « vase à boire »,haut de 1,60 mètre et pouvantcontenir plus de 1 000 litres devin, ainsi que deux pressoirs etdeux chais reconstitués gran-deur nature…En effet, autour du bassin médi-

terranéen, Mésopotamiens,Égyptiens, Grecs, Étrusques,Romains, Celtes, et bien sûrGaulois, développent la viti-culture. Elle devient la culturedes peuples « civilisés » qui

savent travailler la terre, culti-ver ses fruits pour en tirer lemeilleur, avec la bénédictiondes dieux. Ainsi, en Grèce levin est omniprésent : dans lalittérature, sur les vases, les

monnaies. Il a inspiré touteune mythologie animée parDionysos. En Italie comme dansles provinces romaines, servi-ce et consommation du vintémoignent d’un véritable art

de vivre, élevé jusqu’au plushaut degré de raffinement. Unvin de Falerne, mis en ampho-re en l’an 121 avant notre ère,est considéré comme le meilleurmillésime de l’Antiquité. On

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 53

en parlait encore du temps dePline, 170 ans après !

Les Gaulois,grands buveursEn Gaule, le vin fait son irrup-tion vers 600 avant J.-C. Seshabitants y prennent très vitegoût, et même d’une façonimmodérée. Aux IIe et Ier sièclesavant notre ère, la Gaule estle principal marché du vinromain en Occident. On enconsomme des milliers d’hec-tolitres dans des vases en bron-ze fabriqués en Italie, ou dansdes céramiques à figures rougeset noires, importées de Grèce.Puis le vignoble gaulois sedéveloppe au cours du Ier siècleaprès J.-C. et gagne toute laprovince de Narbonnaise, maisaussi l’Aquitaine et peut-êtredéjà la Bourgogne, le bassinparisien et la vallée de la Loi-re. Au IIe siècle, le vin produiten Gaule est réputé jusqu’àRome. Les techniques de viticultureantiques, très proches de cellesen vigueur aujourd’hui, sontaussi une source d’inspirationpour les artistes. Le thème des« amours vendangeurs » estl’un des plus fréquents sur lesmosaïques et les bas-reliefs.

■BRUNO GRELON

Un vin de Falerne,mis en amphore enl’an 121 avant notreère, est considérécomme le meilleurmillésime de l’Antiquité.

Dès l’Antiquité, le vin trônait au sommet de la hiérarchie des valeurs qui régissent les rapportsentre les mortels et les immortels. La preuve par deux expositions jumelles.

Trésor d’Apt (Vaucluse). Service à boire gallo-romain en bronze, Ier siècleaprès J.-C.. (Photo : D. R.)

�Dans le cadre des expositions* évoquées dans notre article, des conférences, des visites guidéesou thématiques, des ateliers pédagogiques pour le jeune public sont programmés. Ainsi les

7-12 ans, grâce à des manipulations et à des jeux, s’initieront à la culture du raisin à l’époque gallo-romaine. Les adultes suivront le lent cheminement du vin transporté par bateaux et chariots, dans desamphores, outres et tonneaux, ou découvriront quels types de vin on buvait à l’époque romaine. Lesmêmes pourront parcourir les Routes de Bacchus, dieu musicien, dieu voyageur, avec une soirée demusique indienne.Enfin,à l’imitation des fêtes religieuses qui,à Rome,célébraient les vendanges,avecsacrifices, repas et processions en l’honneur de Jupiter et de Bacchus, les Vinalia, à Saint-Romain-en-Gal (Rhône), mettront à l’honneur, les 24 et 25 septembre 2005, le vin antique, les dieux qui le patron-nent et les hommes qui l’élaborent. ■BG

* La première présente les origines et la diffusion de la culture du vin dans le monde et ses différents modes de consomma-tion (jusqu’au 13 novembre 2005 au musée de Bibracte, 71990 Saint-Léger-sous-Beuvray – tél. : 03 85 86 52 35). La secondes’attache aux procédés de fabrication, de transport, de commercialisation du vin et à l’essor du vignoble gaulois à l’époqueromaine (jusqu’au 15 septembre 2005 au musée gallo-romain, route départementale 502 – 69560 Saint-Romain-en-Gal –tél. : 04 74 53 74 01 ; du 15 octobre au 31 décembre 2005 au musée archéologique, 5 rue Docteur-Maret, 21000 Dijon – tél. :03 80 30 88 54). Site internet : www.musees-gallo-romains.com

Un grain de folie !

Un témoinfraternel

�Franciscain, le pèreGwenolé Jeusset a vécu

une grande partie de sa vie « en terres d’islam ». Ses annéesen Côte-d’Ivoire, son amitiéavec El Hadj Gamby BoubacarSakho, un vieux sagemusulman devenu son« baba », autrement dit sonpère, son ami, lui offrent dedécouvrir le dialogue intimeentre « frères de Dieu ». Prônantl’échange œcuménique, chargéen octobre 1982 d’une« commission internationalefranciscaine pour des relationsfraternelles avec les musulmans »,cet homme réaliste fonde son action sur « l’Évangile et le Concile ». Pour parvenir à ce projet de spiritualitéfraternelle, il témoigne ici à contre-courant des replisidentitaires et des idées reçues. ■MR

Gwenolé JeussetItinérance - en terres d’islamDe Mailletard219p., 18€

livres Culture

�« Comme je l’ai dit,ma vocation sacerdotale mûritdéfinitivement pendant la Seconde Guerre mon-

diale,durant l’occupation nazie.Était-ce une simple coïn-cidence temporelle ? Ou bien y avait-il un lien plus profondentre ce qui mûrissait en moi et le contexte historique ? »,écrivait Jean-Paul II dans un récit de souvenirs per-sonnels,Ma vocation,don et mystère1,publié en 1996.Ici, dans des pages nées de conversations avecdeux professeurs polonais lors d’un séjour à Cas-tel Gandolfo durant l’été 1993 et présentées com-me son « testament politique et spirituel », le « Pèlerinde l’espérance»rappelle son attachement à la mémoi-re de la Vierge Marie. Il revient sur la chute du com-

munisme, souligne l’importance de l’Europe, ladimension verticale de l’histoire écrite par Dieu,parle de l’attentat qui a failli lui coûter la vie le13 mai 1981 et des dangers qui guettent nos démo-craties. Un ouvrage de paix et d’espérance dansl’avenir du monde.

■MATHILDE RAIVE

Jean-Paul IIMémoire et identité

Flammarion218p., 17€

1. Coédition Bayard Éditions/Cerf/Fleurus-Mame/Tequi.

Expliquer n’est pas juger

�« Alors, tous mes Angess’enfuirent. Et la souffrance

physique n’était rien, et la détressemorale n’était rien, et la passiondu cœur n’était rien à côté de laterrible question qui fut alorsposée : Dieu ?… mon Dieu ?… Le Bon Dieu ?… Où était Dieu ?…Qui était Dieu ?… » Déchirantes,bouleversantes, ces lignes sontde Marie Noël, que Montherlantconsidérait « comme le plusgrand poète français vivant ».Comme d’autres : FrançoisMauriac,Yves Congar…, elle a eu, malgré sa foi, des heuresde doute livrées dans des écritsintimes. Paul Christophe aréuni tous ces témoignages etles a assortis de commentairesqui les éclairent, sans jamaisjuger leurs auteurs. ■MR

Paul ChristopheSouffrance dans l’Église au XXe siècle - savants et théologiensfrançais dans l’épreuveCerfColl. « L’histoire à vif »268p., 24€

Des rites pourchanger d’âge

�Lolitas de plus en plusjeunes, état régressif des

trentenaires, adolescence quise prolonge... On n’en finit pasde reculer le moment dedevenir un adulte de moins enmoins responsable. Est-ilencore possible de donner dusens à sa vie autrement qu’ense calquant sur les ombrespâles du Loft ou les délires deJackass ? Revenant sur certainsrites de passage traditionnelset autres pèlerinages envigueur dans le monde,l’auteur s’interroge sur cemoment crucial qui permet debasculer dans l’âge adulte :quête spirituelle, fugueinitiatique, défis... De Mayotte à Madagascar, des JMJ aux« rave parties », les exemples ne manquent pas. Il suffit de les décrypter. ■MR

Fabrice Hervieu-WaneUne boussole pour la vie - lesnouveaux rites de passageAlbin MichelColl. « Clés-Essais », 222p., 16€

Secrets de papes

�Du rappel de la traditioncatholique qui fait

« procéder [la papauté] de lavolonté de Jésus à travers Pierre etses successeurs » jusqu’au styletrès médiatique de Jean-Paul II,humaniste et pèlerin,c’est toute l’histoire de « la plusancienne institution occidentale »que retracent les deux auteurs,prêtres et éminents historiensde l’Église. Fidèle à la tradition iconographiqueparticulièrement soignée de cette collection et desdocuments qui la complètent,ce bref ouvrage se dévore au gré des différents pontificats et des hommes qui les incarnent. Fastes,querelles, crises et questions d’avenir, rien n’est oublié. ■MR

Francesco Chiovaro,Gérard BessièreUrbi et Orbi - deux mille ans depapautéGallimard Coll. « Découvertes », 176p., 13,90€

C O N V E R S A T I O N S À C A S T E L G A N D O L F O

Un testament

54 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 55

Une vie sans concession

�Ceux qui ont découvertIrène Némirovsky avec

l’attribution, à titre posthume,du prix Renaudot à Suitefrançaise, ne manqueront pasde se passionner pour ce récitde sa vie, retracée sanscomplaisance ni concessionpar un professeur de littératureaméricain. Grâce auxnombreux documents – lettres,cahiers, photos, manuscritsinédits –, le biographe met à jour l’ambiguïté de cettefemme de lettres juive quiporta un regard critique sur sa religion d’origine avantde se convertir au catholicisme.Réfugiée russe dans une Francequ’elle adorait mais qui ne la naturalisa jamais, l’écrivainfut déportée à Auschwitz enjuillet 1942 malgré sa notoriété,avant d’y mourir un mois plus tard. ■MR

Jonathan WeissIrène NémirovskyFélin/KironColl. « Les marches du temps », 224p., 18,90€

Éducation à la citoyenneté

�« Quoi de neuf ? »,demande chaque matin

l’enseignant des classes Freinetà ses élèves. Une façon de les inscrire dans le monde qui les entoure autant quedans une proximité. Unemanière d’ouvrir le dialogueavec leurs camarades.S’intéresser à l’autre, n’est-cepas le début, la base même dela citoyenneté, le principe d’une« socialisation démocratique »existentielle ? Prenant à contre-pied l’habituded’expliquer le concept del’éducation à la citoyenneté en proposant d’abord unedéfinition des termes avant de s’intéresser à la démarchepédagogique, l’auteur tire de cette dernière un modèled’éthique citoyenne.Un postulat innovant. ■MR

François GalichetL’école, lieu de citoyennetéESF Coll. « Pratiques & enjeux pédagogiques »,128p., 14€

Merveilles et facéties

�Des histoires de meunierset de filles à marier, des

récits d’âne, de sorciers, debiche blanche et de bossus…Tous les ingrédients des contespopulaires sont réunis dans lepatrimoine oral de Picardie.Collectée patiemment parHenry Carnoy (1861-1930)depuis l’âge de 16 ans,cette mémoire vive faite de formulettes, chansons,dictons et autres textes, estl’œuvre de sa vie. Une viepassée à écouter son entouragedans son petit village de laSomme. Concoctée par unespécialiste des lutins et desfées, cette première éditioncomplète prend place dans unecollection qui a pour ambitionde publier la mémoire oralefrançaise. Passionnant. ■MR

Henry Carnoy (collectechoisie et présentée parFrançoise Morvan)Contes de PicardieOuest-France376p., 15€

Perdus en route

�« Quand Jonas s’éveilla,il fut d’abord étonné par

un éclairage étrange. » En guised’Alice, André Dhôtel nouspropose Jonas pour nous menersur le chemin du Pays desMerveilles. À quinze ans, lejeune garçon fait l’expériencede la vie alors qu’il est séparépour la première fois de sesparents et qu’il s’est égaré sur la route d’un monde imaginairequi déploie ses fantasmes et ses attraits par le biais deSuzannah, ravissante ettroublante jeune fille. Sorte depassage entre la vie réelle etl’autre, celle qui ne pourraitexister, celle que l’on regrettecomme un moment de bonheurfugace, ce récit d’enfance quis’évanouit, permet de retrouveravec bonheur l’écriture de l’undes auteurs les plus importantsdu XXe siècle. ■MR

André DhôtelLe soleil du désertPhébus libretto183p., 7,50€

�Le 1er mars 1954, Rome ordonne « l’interdic-tion du travail salarié à temps plein pour les prêtres-

ouvriers ». Cinquante années ont passé mais PaulValadier revient sur ce « triste exemple d’un double dis-cours qui n’a pas peu contribué à entretenir une méfian-ce envers le magistère ecclésiastique ». 11 mars 2004,une bombe explose à Madrid : « L’Europe démocra-tique est visée par des crimes barbares. » Le 14 mai,confronté aux protagonistes de La mauvaise éduca-tion,« […] dévoré[s] par une passion homosexuelle domi-natrice et sans frein […] », Paul Valadier « sortprofondément remué » de la projection du dernier filmde Pedro Almodóvar. Le 21 décembre, libération de

Georges Malbrunot et Christian Chesnot, les deuxjournalistes français retenus en Irak… Autant d’évé-nements consignés et commentés par un érudit,professeur de philosophie et de théologie morales,responsable de la revue Archives de philosophie, quinous livre plus qu’un journal : un point de vue éclai-ré sur le monde et l’Église.

■MATHILDE RAIVE

Paul ValadierLe temps des conformismes - journal de l’année 2004

SeuilColl. « Journal du nouveau siècle », 384p., 21€

Plume engagéeL E S J O U R S D E L’ A N 2 0 0 4

56 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

Un dé toujoursgagnant

�Fondatrice dumouvement des Focolari,

Chiara Lubich décide en 1998 de proposer l’un de ses « trucs »aux enfants pour qu’ilss’entraînent à aimer auquotidien. Son idée ? Un gros déen carton portant sur ses sixfaces différentes façonsd’aimer : « tout le monde», « enpremier », « son ennemi », « se faireun avec l’autre », « les uns lesautres », « Jésus ». Lancer le déchaque matin, c’est donner uneorientation à sa journée. Outrele dé à découper, cet albumréunit de beaux témoignagesd’amour de toute sorte,racontés par les Gen 4, cesenfants entre 4 et 8 ans quireprésentent la quatrièmegénération du mouvement desFocolari et illustrent son idéald’unité. ■MR

Gerta Vanderbroek,Mauro Camozzi (textes),Maria de los Angeles Torme (ill.)Le dé de l’amourNouvelle Cité44p., 13€

Jésus en bandedessinée

�Dans les pas de Jijé (dontle Don Bosco, paru pour

la première fois en 1941 et sans cesse réédité depuis,a beaucoup fait pour larenommée du fondateur del’Oratoire et de la congrégationde Marie-Auxiliatrice), BertrandMarchal, jeune dessinateurbelge, nous offre une Vie deJésus.Tournant le dos àl’iconographie traditionnelle(son Joseph est glabre, et ausoir de la Cène tout le mondeest assis en rond sur descoussins), il montre un Jésustrès quotidien. Le « scénario »,signé Bénédicte Jeancourt, est,comme le dessin, d’unesimplicité étudiée qui parleraaux plus jeunes : « Pff ! Marie est gonflée ! Elle me laisse toutfaire ! », se plaint Marthe, sœurde Lazare.À partir de 7 ans. ■RT

Bénédicte Jeancourt,Bertrand MarchalLa vie de JésusBayard Jeunesse / Grain de Soleil44p., 10€

Un portrait sans clichés

�Avec ses 8,6 millions de kilomètres carrés et

ses 180 millions d’habitants,le Brésil est un géant. Unkaléidoscope de paysages,de cultures et d’inégalités.Considéré par certains commeune « démocratie raciale »où cohabitent Noirs, Indiens,Blancs et métis, le pays compteencore plus de 10 millions defamilles vivant dans la plusgrande pauvreté, dont 6 millionssont afro-brésiliennes. Dirigédepuis 2002, par Luís Inácio« Lula » da Silva, membre du Parti des travailleurs,le pays est l’un des acteurs qui comptent dans le monded’aujourd’hui. En neufchapitres concis et précis,retour sur les grands momentsde son histoire du XVIe siècle à nos jours, à l’occasion de l’année du Brésil.À partir de 12 ans. ■MR

Laurent DelcourtLe Brésil - du XVIe siècle à nos joursAutrement Jeunesse64p., 9€

Une voie royale

�Médecin, écrivain,précurseur des droits de

l’enfant, Janusz Korczak(pseudonyme d’HenrykGoldszmit, 1878-1942) a écrit un roman d’aventuresqui n’a pas pris une ride. Lepère de Mathias meurt l’annéede ses dix ans. Devenu roi,Mathias se heurte à la mauvaise volonté desconseillers, à la guerre,à la solitude, au mensonge.Pour découvrir la réalitéquotidienne, il sort de son château, se fait enrôlercomme soldat, incognito,puis décide de voyager en Afrique pour faire laconnaissance des « sauvages ».Écrit avec vigueur et humour, ce roman-conte est un excellent moyen de réfléchir à la responsabilitécollective.À partir de 10 ans. ■MCJ

Janusz Korczak Le roi Mathias Ier

Gallimard JeunesseColl. « Folio Junior », 442p., 6,60€

�Parfois,on fait des choses qui nous dépassent.Comme Tonino, le jour où il grimpe à toute

vitesse dans les branches de Félicien, le cerisier.Ce-lui que son grand-père aimait tant. Des hommesmenacent aujourd’hui de le déraciner avec des bull-dozers pour tracer un chemin dans ce morceau deterrain qui appartenait au vieil homme, mort detristesse après avoir perdu la tête à la perspectivede devoir quitter sa terre pour faire place aux pro-moteurs. Grâce au geste du petit garçon, le maireintervient, l’arbre est sauvé, la vie reprend.Plus quel’histoire d’une expropriation, c’est celle d’une fa-mille avec ses personnages, leurs habitudes et leurs

humeurs que les jeunes lecteurs découvriront sousla plume sensible de cet auteur italien. À petitestouches, elle raconte la campagne latine, esquissel’usure d’un couple confronté à la vie quotidienne,dresse le compte rendu des joies,des énervementset des réconciliations.Une belle introduction à l’artdu roman. À partir de 10 ans.

■MATHILDE RAIVE

Angela NanettiMon grand-père était un cerisier

Flammarion/Castor PocheColl. « La vie en vrai », 150p., 5,50€

À P E T I T E S T O U C H E S

Papy et moi

livres jeunesseCulture

N° 294, MAI 2005 Enseignement catholique actualités 57

L’aventureà haute voix

�Un 1er novembre,Barbicane, président du

Gun-Club, quitte Tampa-Townavec une équipe de travailleurspour une région sauvage de la Floride. Leur but ?Creuser un puits pour y coulerun gigantesque canon destinéà envoyer un boulet sur la Lune.Mais c’est une fusée qui sortiradu sol et trois passagers quiembarqueront avant de fendrel’espace dans un délire de feu.Imaginée par Jules Verne,cette aventure pseudo-scientifique bénéficie d’une adaptation magistrale,soutenue par des acteurs etune bande-son d’une grandequalité rythmique. Un récithaletant, mené de voix demaîtres par la comédienneBarbara Schulz, Jean-PierreCassel et quatre autresfabuleux interprètes.À partir de 7 ans. ■MR

Jules VerneDe la Terre à la Lune Naïve 1 CD + 1 livret (12 p.), 17,80€

Analyse filmique

�« Les gouttes de sangcomblent notre attente.

Premières blessures d’un film qui en contient tant d’autres. »Le ton est donné. Sleepy Hollowest un film d’épouvante,et sa première séquence est capitale. Analysée dans ses moindre détails, elle estaussi l’une des parties les plusintéressantes de ce cédérompédagogique conçu par le Pôle national de ressources(PNR) cinéma de Midi-Pyrénéespour donner des pistes detravail aux enseignants autourde ce long-métrage signé Tim Burton. Malgré lapertinence des étudesproposées et le passionnantchapitre consacré audécoupage, un regret : la part trop importanteconsacrée à l’écrit aux dépensdes documents visuels.Pour les classes de lycée. ■MR

CollectifA propos de… Sleepy HollowScérén CDRP Midi-Pyrénées Windows 98 compatible PC / Mac OSX. 15€

Une rencontresurprenante

�Dans la force de l’âge (notre photo), programmé

sur KTO le 24 juin prochain à20 h 50, conjugue deux grandsthèmes de notre société : le « vieillissement de lapopulation » et « l’intégrationdes jeunes issus del’immigration ». En 2004, dansle cadre de leur formation enBEP sanitaire et social,Walid,Siphan et Nora effectuaient unstage dans une maison deretraite médicalisée. JulietteSenik les a suivis le temps defilmer la « rencontre surprenanteentre l’énergie de la jeunesse et laprofondeur parfois tragique de lavieillesse ».Autre beau moment detélévision, à voir ou à revoir(puisqu’il date de 1996) sur KTOle 16 juin à 20 h 50, L’année ducertif, un téléfilm de JacquesRenard avec Jean Yanne,Mireille Perrier et JacquesBonnaffé dans le rôle de PaulFontanes, un instituteur dumilieu des années trente. ■RT

www.ktotv.com

multimédiaCultureL E Ç O N D E V I E

Les bêtes et les poètes

�Fourmis, carpes,carpillons, oies sauvages,

pythons, pélicans et autrespoules aux œufs d’or,chauves-souris, rhinocéros etdromadaires ont les honneursdes poètes. Il n’était que justede rassembler cette ménagerieen une anthologie lue par deuxcomédiennes dont les timbresde voix s’accordent aux textes.Clairs et légers pour la blondeIsabelle Carré, plus sombres,plus profonds pour la bruneRachida Brakni, les hommagesaux animaux trouvent toutnaturellement leur place dans deux catégories quitranscendent les siècles depuisJoachim du Bellay jusqu’àHenri Bataille en passant parBaudelaire ou Vigny. Rien demièvre dans cette sélectiondestinée aux enfants quitransportera aussi les adultes.À partir de 6 ans. ■MR

Isabelle Carré, Rachida Brakni31 poèmes sur les animauxFrémeaux & Associés1 CD + 1 livret (24 p.), 19,99€

�Irène n’était pas chez elle lorsque la policefrançaise est venue le 14 septembre 1942.

Ses parents ont été déportés deux jours plus tardà Auschwitz. Et immédiatement gazés. Aujour-d’hui, Irène a quatre petits-enfants de 5 à 14 ans.C’est à eux qu’elle raconte l’étoile jaune,« celle qui désigne ». Celle qui marque ceux auxquels le square, la piscine, le cinéma sont interdits. En ré-pondant à leurs questions – « Est-ce qu’ils se sontdéfendus tes parents ? », « Est-ce qu’ils t’ont laissé unpetit mot ? »…. –, elle révèle, avec des mots de tousles jours, une réalité qui glace d’effroi : l’apparte-ment vide, le départ, la solitude, les amis fuyants,

les portes fermées, la nuit à dormir dans les es-caliers de service, la faim, l’envie de mourir puisla débrouille, la solidarité anonyme, l’attente de-vant l’hôtel Lutétia, à Paris, la culpabilité. Mais,aussi cette leçon de vie : on va mieux quand, aulieu de subir, on agit.À partir de 10 ans.

■MATHILDE RAIVE

Irène SavignonMa grand-mère est une étoile

Frémeaux & Associés1 CD + 1 livret (16 p.), 19,99€

« Comment t’as fait pour te défendre ? »

D.R

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58 Enseignement catholique actualités N° 294, MAI 2005

petites annonces Pratique

FORMATION

�L’association GénérationMédiateurs forme à la gestiondes conflits et à la médiationpar les pairs enseignants et édu-cateurs. Stages de 3 jours.Tél. : 01 56 24 16 78.E-mail : [email protected] : www.gemediat.org

DOCUMENTATION

�Entrez dans la danse avecvos élèves, grâce à « La Mal-lette à danser ». À l’intérieur :un jeu impliquant autant lecorps que l’esprit, un manueld’accompagnement pédago-gique, un DVD-vidéo. L’outil,utilisable par tout enseignant,quel que soit son niveau de pra-tique chorégraphique person-nel, s’adresse en priorité auxenfants et aux adolescents de6 à 14 ans. L’objectif n’est pasde faire de tous les enseignantsdes chorégraphes, ni de tous lesenfants des danseurs, mais dedonner à chacun la possibilitéd’explorer son corps poétique.Coédition : CRDP de Franche-Com-

té/Centre chorégraphique natio-nal de Franche-Comté. Prix : 39 €. Vente en ligne sur : www.cndp.fr(« Cyberlibrairie du Scérén »).

�Lancer, prendre, grimper, fai-re bouger ses doigts comme desmarionnettes, trouver un « tré-sor » caché dans la cour... Leçonaprès leçon (ou plutôt exempleaprès exemple, car ici rien n’est« fermé », tout peut être adap-té au gré des besoins de l’en-seignant ou de l’imaginationdes élèves), Michel Rollet livre,avec Motricité à la maternel-le, un recueil destiné aux ensei-gnants, aux futurs enseignants(en particulier pour leur stagepédagogique en maternelle)mais aussi aux animateurs encharge de jeunes enfants. Michel Rollet (IUFM de Versailles),Motricité à la maternelle - agirdans le monde, Publibook, 2005,104 p. (+ 12 ill. hors texte), 21 €.

SÉJOURS

�Du 27 juin au 2 juillet, ClassOpenpropose un séjour à Cham-rousse (Isère) avec deux thè-mes : « Géologie et montagne »ou «Activités sportives à la mon-tagne».Une idée pour les élèvesdes établissements centres d’exa-men qui ne peuvent pas assu-rer les cours durant la dernièresemaine de l’année scolaire. Renseignements : Class Open, Ruedu Dr Ténine, Résidence Le Villa-ge, 91320 Wissous. Tél./fax : 01 60 11 64 38.Portable : 06 72 28 44 09.

LA TOILE D’ECA

�Voir ECA+ (www.scolanet.org)

vous offre votre petite annonce gratuiteEnseignement catholique actualités277, rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05Tél. 01 53 73 73 75, fax. 01 46 34 72 79

Nom : Prénom :Établissement/Organisme Adresse :Code postal : Ville :

Ecrivez lisiblement en indiquant la ponctuation. Ne coupez pas les mots en fin de ligne et n’utilisez pas d’abréviations.

Numéro de votre département �� �Echanges �Cours �Documents �Contact �Divers

TEXTE A PUBLIER

Tél. : e-mail :

À votre service�Cette page pratique est à

la disposition des chefsd’établissement et des respon-sables d’organisme de l’ensei-gnement catholique, pour faireconnaître des offres d’emploi,des recherches de partenariatpour une initiative pédagogique,éducative,pastorale...sans carac-tère commercial. La rédaction seréserve le droit de refuser uneannonce. ■

OFFRES D’EMPLOI

�Institution chrétienne soustutelle de la congrégation duSaint-Esprit, la Fondationd’Auteuil met en œuvre unprojet éducatif et pastoral àdestination des jeunes en dif-ficultés sociales, familiales, sco-laires, ou en processus d’exclu-sion. La Fondation a une doublevocation : la prise en chargeéducative dans des structuresd’accueil et la formation sco-laire et professionnelle dans lecadre d’unités pédagogiques àeffectif réduit. Ce type de priseen charge lui confère une pla-ce spécifique dans l’enseigne-ment catholique.La Fondation a une dimensionnationale : 150 établissementsde tailles et de natures hétéro-gènes (maisons d’enfants àcaractère social, établissementsscolaires, internats éducatifs,foyers de jeunes travailleurs,résidences sociales, entreprisesd’insertion...), 7 700 jeunesaccueillis, 3 600 salariés dont660 enseignants.

Dans le cadre de son dévelop-pement, la Fondation recher-che des directeurs d’établis-sements scolaires (collèges,lycées professionnels, filièresd’appretissage) pour la ren-trée 2005. Ces postes s’adres-sent à des candidats, partageantle projet de la Fondation,ouverts aux problématiquesdes jeunes en grande difficul-té et désireux de s’insérer dansdes équipes de direction pluri-disciplinaires composées à lafois de professionnels de l’ac-tion sociale et de l’enseigne-ment.Pour de plus amples rensei-gnements, contactez le serviceEmploi-Mobilité-Accompagne-ment par téléphone au numé-ro suivant : 01 44 14 72 25.Pour postuler directement : envoyezvotre dossier de candidature (CV+ lettre de motivation), sous la référence DES/2005 à l’adressesuivante : Fondation d’Auteuil, ServiceEmploi-Mobilité-Accompagne-ment, 40 rue La Fontaine, 75016 Paris ; ou par e-mail : [email protected]

CultureHistoireLivres

Multimédia

ActualitésÀ chacun sa place Réflexion

Venez, adorons-le

FormationUne école des cadres

pour l’enseignementcatholique

PortraitMaria BillingerL’Arche, par hasard

EnseignementcatholiqueNuméro 294, mai 2005, 4,50 €ACTUALITÉS

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Loi d’orientation: les risques

et les chances

DOSSIERDOSSIER

L’informationindispensable à tous les membres

descommunautés éducatives

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DES ABONNEMENTS : 10 numéros par an — De 10 à 24 abonnements : 33 € par abonnementseptembre 2004- juin 2005 — À partir de 25 abonnements : 28 € par abonnementJe souhaite m’abonner à Enseignement catholique actualités

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Ci-joint la somme de ................ € en chèque bancaire à l’ordre de : AGICEC

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