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griffonne
Caratini,
de l
' inst
debel '
dragénasa"
gran. ,
et dés a
Mt le tra
pour fairn per
un
Dans rar4en atelier d
' ébénistequisertdesalledemusique à Patrice
ria
Caratini , inartisanen a remplacéunautre . Entre la contrebassede l ' inst mentiste et le pianodu " faiseur d
' orchestres "
,
touttrahit le tra il indispensable à la belleouvrage . Pasdefioritures ni
dragéna , maisdupapier :
à musique ,
biensûr(
lespartitionsdeis
de bibel quivoudraient rappeler la richesse d
' unecarrière
quasa"
grand-mère" nesontjamais loinduclavier
),
desfeuillespourgriffonner,
desjournaux àlire
(
"
Cara" seveutsaltimbanque-citoyen )
et désffiches, flyersouplaquettesdepromotion indispensables
pourfair,
vivreunorchestre .Il
y
a aussideuxordinateursallumésn pernence
,
desvinylesentassésdansunearmoireoù il doit-
'i
,
et quelquesboîtesdeCDquiattendent d
' êtreemporunprochainconcert . Mais il
y
a surtoutunegrandetableronde
,
carnotrehôte a toujoursaimé lesdiscussionset les
confrontations d
'
idées . C'est
là qu' il nous invite à nousposerpourévoquercepresquedemi-siècledemusiquequi l
'
à vuconstruire et
défendresonmétierautour d
' unevaleurmajeure : la liberté.
Lorsque l
' onconsidèrevotrecarrière et votrepassionpour l
'
arrangement et la direction d
' orchestre,
onseditquevousavezdûnaîtredansunmilieumusical ?
Magrand-mère maternelleavaitétudié le pianoauConservatoirede la ruedeMadrid à l
'
époqueoùGabrielFauréenétait le
directeur . Sansêtreprofessionnelle ,
elleavaituntrèsbonniveau :
lectureenseptclés et médaille d
'
or desolfège . Elle a faitchanter et
a enseigné le piano à sesonzepetits-enfants . Pourmapart , ça n' a
duréquesixmoiscar le solfègem'embêtait mais,
lespremierssonsdemusiqueque j'
ai entendus,
c'est le pianofamilialquiétait là
,
avantque le frigo ,
le postederadioou la télé n' entrent à la
maison . Côtépaternel ,
il
y
avaitausside la musiquecarmonarrièregrand-mère étaitégalement pianiste et
monpèrejouaitluiausenamateur.
Ils' agitbiendeRogerCaratiniquiétaitencyclopédiste ? '
C' étaitununiversitaire généraliste . Il étaittrèsdoué et avaitpassédeuxbacs
( scientifique et littéraire)
. Il étaitlatiniste, philosophe
et
, quandj'
étaisenfant,
aussipsychanalyste . Il avaitpouramisbeaucoup d
' écrivains et d
' intellectuels et
je voyaisrégulièrementà la maisondesgenscommeRolandDubillardouGeorgesCharbonnier . LafemmedeCharbonnierétaitpianiste et jouaitde la musiquecontemporaine . Detempsentemps ,
alorsque j'
étaiscouché,
je
l
' en
PORTRAIT
Unecarrière14CaraEnplusdequaranteans
,
PATRICECARATINI,
alias"
Gara"
,
a promenésacontrebassesurtouslescontinents et saplumedansdenombreuxunivers
musicaux . À la veille d
'
unerétrospectivedesonoeuvre à LaDynamo le 7 décembre
et d
'
unnouveauspectacle ,
Nica' s Dream, qu' il créeraenjanvier2013
,
retoursurunevie d
'
artisteoù la musiquesefait « ensemble » . PARPHILIPPEVINCENT.
tendais jouerdestrucsque je trouvileomplètementbarjes . Commemesparentsallaientrégulièrementdansuneboîteantillaisequi
s' appelaitLaCanne à Sucre, monpèreavaitsympathiséavec le
saxophonisteRobertMavounzy etl
'
auteur-compositeur-interprèteGérardLaVinyquivenaientcheznous jouer et chanterdesbiguinesquand j'
avaishuitans . Monenvironnement,
c' étaitaussi la lectureet lesbouquins . Ça ,
c'étaitsacré !
Maisj'
ai vécudansunmilieuplutôtfauchéparcequecettefamille n'
a étéqu'unocéandedettespendantpresquetoutemonenfance .
C' estplustardquemonpèreestdevenuécrivain . Alorsqu' il étaitdanslesdifficultés
,
lesEditionsBordasluiontproposédefaireuneencyclopédieenvingt-quatrevolumes
, quifut l
'
oeuvredesavie . Aprèscesuccèséditorial,
ila
continuédanscettevoiejusqu' àla findesesjours ,
enfaisantdesbouquinsdevulgisationenscience
,
enhistoireouenphilosophie.Danscetenvironnement familial
,
vouscommencezvraiment à
jouerde la musique à quelmomentet dansquellesconditions ?
C'estdifficile à datercar
j'
ai toujoursécoutéde la musique , tapotésur le pianoougratouilléuneguitare . Ducôtédemagrand-mère ,
il
y
avaitMozart et Bachque j'
ai entendustoutemonenfance,
maisaussilesmélodiesdeFauré et leschansons françaisestraditionnelles
( Margotva-t-à l
'
eau et tout le toutim)
et ducôtédemonpèreleschansonsdeBrassensqu' il jouaitaupiano . Pourmapart ,
j'
étaiscommetouslesados :
j'
ai jouéde l
' harmonicaquand j'
avaisdouzeans , de la guitare à quatorze et
je
mesuismis à écouterdujazz à
laio avec l
' émissiondeFrankTenot et DanielFilipacchiPourcEldquiaiment le jazz . Enclassedephilo ,
j'
étaisavecChristianBonnet
(
directeurde la collectionMastersof
Jazz et chargéderéédition..tirBDJazz
) quijouaitdusaxavecsespotes et chezquionallaitcouterduCountBasie . J'
ai louéunalto et
je
mesuisjoint à eux.bans le mêmetemps ,
j'
étaisfou d
' ErrollGarner et
j'essayaisde
reproduireavecpeudesuccèsMcMan I LoveouCaravan.Maiscommentpassez-vous à la contrebasse
?
Jedoisdirequej'
ai commencé à m' intéresser à l
' harmonie à
dixseptans et quej'
ai écritde la musique trèstôt . J' ai LeClavecinbientempéré à dispositionsur le pianodepuisque je
suisné . J' ai donctoujourseuunecertainefamiliaritéavec l
'
objetpiano ,
lestouchesblanches et lesnoires . Et quandonestgaminontapedessussansseposerdequestions . A dix-septans
,
j'
écrivaisdoncdes " boutsdetrucs "
.J' avaisdescopainscatho
(
moiquisuiscomplètementathée !
)
quichantaientdansunechorale et
je
leurécrivaisdeschoeurs"
H
.T
.
JOACHIM
BERTRAND
POUR
JAZZ
MAGAZINE
JAZZMA
N° et date de parution : 644 - 01/12/2012Diffusion : 30000Périodicité : MensuelJazzMagazine_644_4_1.pdfSite Web : http://www.jazzmagazine.com/
Page : 18Taille : 90 %4298 cm2
Copyright (Jazz Magazine) Reproduction interdite sans autorisation1 / 8
Repères
1946Naissance le
11juillet à
NeuillysurSeine.
1968Danslesdécombres
d
' unerévolution ratée,
il décidededevenirmusicienprofessionnel.
1972Novembre : débuteunecollaborationdequatreansavecMaxime Leforestieravecqui il feradescentainesdeconcerts
,
quatredisques ,
et
noueraune longueamitié.
1977NaissanceduduoCaratini-Fosset quiparticiperaauregain
d
' audiencedujazzfrançaisde l
'
époque.
1980Janvier : créationdupremierOnztet
, pointdedépartdesesaventuresorchestrales.
TournéeestivalededixsemainesauxÉtatsUnis pourquaranteconcertsavecStéphaneGrappelli.
Il dirige" AnnaLivia
Plurabelle "
d
' AndréHodeir.
CréationduCaratiniJazzEnsemble
,
toujoursbienvivantaujourd
' huiaprèsdixhuitprogrammesdifférents et sixdisques.
D
AmbitieusescommandesdeRadioFrancepour le
festivalPrésencesdeRadioFrance
,
FromtheGround et Bleuecomme uneorange.
N° et date de parution : 644 - 01/12/2012Diffusion : 30000Périodicité : MensuelJazzMagazine_644_4_1.pdfSite Web : http://www.jazzmagazine.com/
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IPATRICECARATINI
"
" " enpiquantdeschoses d
'
EllingtonoudeChopin . Maisje
n'
envisageaispasunseul instant d
'
enfairemonmétier . Al
'
époque ,
il
étaitinimaginablededevenirprofessionnel si l
'
onavaitcommencétard . J'
ai grandidanscettecroyance ! Jefaisaisdoncmesétudesdelettresclassiquesmais
, quandmesparentsontdivorcé,
il a fallubossertoutdesuite . J' avaisdix-neufans
,
j'
étais àla facdeNanterre
aprèsunehypokhâgne et
,
enmêmetemps ,
j'
allais faire l
'
éducateurscolaire à mi-tempspourrapporterunpeu d
'
argent àla
maisonpuisquemamèreseretrouvaitseuleavecsixenfants .
Jevoyaisbienque la filièreNormaleSupneseraitpaspossibleentravaillantenmême temps.Vousnevoulezvraimentpasnousdirequandvousêtespasséà la contrebasse !
Si
,
j'y
viens !J' allaistoujours faireunpeudemusique avecces
copainsduXVlèmequiavaientdetempsentempsdesgigsdansdessoiréeshuppées ,
faisant l
' orchestrepourlessurprises-parties.Et unjour ,
onm'a proposéderemplacer le bassistequivoulait
arrêter . Jetripotaisunpeu l
'
instrument,
j'
écoutais PithecanthropusErectustoute la nuitcar
j'
étaisfandeMingus et
je
suisallélouerunecontrebasse . Il fallaitunsmokingcar c' étaitchezdubeau linge et
je
merappellequeGérardLaViny , appeléausecours,m'enavait
sortiundesonarmoiremais il étaittropgrandet.. . rose! J' ai donc
empruntéceluide l
'
épicierducoinde la ruequiavaitétémaîtred
' hôteldansunevieantérieure et
j'
ai pufairemonpremier gigpayé . Moyennant quoi ,
je
suisressortiavecdesampoulesmonstrueuses auxdoigtsmaisaussiavec lesrestesde
la charcuteriedansla houssedemabasse . Puis
j'
ai rejouéaveccepetitensemble et
aussiavec d
' autresamateurs . J' entendais l
' harmonie,
je
la
comprenais,
et
je
n' avaispasbesoinderéfléchir :c' étaitnaturel
, implicite.A cemoment-là
,
vous n' envisagez toujourspas d
' enfairevotremétier
?
Non . Lesnécessités familialesm'ontfaitinterrompre mesétudespourchercherunvraimétier . Jesuisentré à la librairiedesPressesUniversitaires deFrance
, placede la Sorbonne,
avecuncontratdeformationpourdevenir libraire . Pendantdeuxans
,
j'
ai donceuuneviedebanlieusardclassiqueavec lestroisheuresquotidiennesdetransportsencommun quivontavec . Mais
j'
améliorais l
' ordinaireavecquelques petitscontrats .
C' est là quej'
ai commencéavec le
bigbandSwingLimitedCorporation et quej'
ai connuClaudeCarrière
[ pianisteamateur, pilierdeJazzHotdans lesannées70
, plustardfondateurduJazzClubsurFranceMusique et spécialiste d
'
Ellington ] quivenaitmechercherà la librairieavecsaDauphine .
J' ai
aussicommencéà joueravecunorchestreNouvelle-Orléans
semipro ,
lesTinPanStompers ,
et
je
nemerendaispascompte à quelpoint j'
étaispassionnédemusique . Jemesuisquandmême inscrità la Schola Cantorumoù
j'
ai prisdescoursdecontrebasseavecJeanPierreLogerot ,
carje jouaisdeplusenplusrégulièrement ,
surtoutpendantmescongés d
'
étéoùje
mefaisaisengagerpourunmoisenborddemerousurdesbateaux . Et puisestarrivéMai68où
j'
étaisauxpremières logescar,bizarrement
,
la librairien' a jamais
fermé . Enarrivantauboulotunmatin,
larueGay-Lussacétaitpleine
devoituresretournées et brûlées et ontravaillaitdans lesodeursdelacrymogène . Il
y
avaitdesassemblées et desmanifsdevant la
SorbonneavecCohn-Bendit et Aragon et
,
bienque n' étantencarténullepart ,
j'
allaisauxréunions qui s'
y
tenaient .Jedevaispasser
mondiplômedelibraire deuxmoisplustard et peut-êtrequetouscesévénementsm'ontaidé
à medireque je
nevoulaispaspasser
JEMESOUVIENS
LEMYSTÈRECARA
Retoursurundrôled
' animalmusical.PARFRANCKBERGEROT.
« JemesouviensdePatriceCaratiniet MarcFossetauCaveaude la
Montagne . Mespremiers pasdanslesclubs
,
oùje
découvraisuncertainidéaldujazz : intimité duson
,
proximitédujeu et despersonnesavec
, dans l
'
imagination mélodiquedecesdeux-là
,
uncôtétout à la foisriv'gauche et faubourien
,
entreGeorgesBrassens et Maurice
Jaubert, quiseconfirmeraplustard
lorsque Marcel Azzola lesrejoindra.Et puissoudain
, surprise ,
PatriceCaratiniprésenteun " onztet "
(
onécrivait « onzetêtes
»
)
. Jeréentends,
comme si c' étaithier,
auconcertdu28janvier1981 à l
'
EspaceCardin,
LeCrabe,Endeka
,
L
'
Homme quimarchaitdans
la rue.. . AvecMartialSolalquiremontait unbigbandet François JeanneauquiprésentaitsonPandemonium
,
Caraouvraitunenouvelleporteaujazzfrançais ,
celledesgrandsensemblespour lesquels il
n'a cessédemiliter
depuis , portedans laquelles' engouffrèrent bientôtAntoine
mavie à fairetroisheuresdetransportparjour ,
travailler42heuresparsemaine et mefaireengueuler si
je
nefaisaispas d
' heuressup.J' avaiségalement comprisqu'avecdeuxoutroisconcertsparmois
je pouvaisgagnerplusqu' à la librairie.C' estdonc à la findesannées1960quevouspassezprofessionnel...
C' estaucoursde la saison68/
69que je
décided
'
essayer devivrede la musiqueenmedisantque ,
si çanemarchepas ,
je pourrai
Hervé et lesétoilemontantesdubigband à la française ,
nonsans luidevoirsinonquelquedetteesthétique ,
dumoinscellede l
'
exemplarité . Outresescompositions ,
il rendit la vie à
l
'
oeuvre d
' AndréHodeir,
et ce n' étaitpas le moindredesparadoxes quedevoir "
le chansonnier " de la MontagneSainte-Geneviève
,
l
' autodidacte àla
contrebasse enbandoulière,
noircircespages d
' écritureenflirtant ici
aveclesCaraïbes(
deCacocalypsoà Serpentmaigre )
,
là avec la musiqueeuropéenne la plussavante sur le
monumental "
FromtheGround "
,
revisitantavecuneoreilleaussi
spéculative qu'épicurienne le
patrimoinedujazz (
"
Darling NellyGray
"
,
"
Anything Goes "
)
oude la
chansonfrançaise (
"
De l
'
amour et
duréel "
)
. Leplusintrigant et le plusréjouissantestpeut-être d
'
avoirvucemusiciensansfoini loiautresquedictéesparson " animalitémusicale "
réunirRémiSciuto et AndréVilléger ,
DavidChevallier et AlainJean-Marie,
MarcDucret et JuanJoséMosalini.Il existeun "
mystèreCara "
quetented
' élucider l
' interviewmenéeparPhilippeVincent et quiincarneunecertainelibrepenséedujazzfrançaisdecestrentedernièresannées . » I FB
N° et date de parution : 644 - 01/12/2012Diffusion : 30000Périodicité : MensuelJazzMagazine_644_4_1.pdfSite Web : http://www.jazzmagazine.com/
Page : 20Taille : 90 %4298 cm2
Copyright (Jazz Magazine) Reproduction interdite sans autorisation3 / 8
toujoursfaireunautrejob . Dans la fouléedeMai68,
il
y
avaitpleinde "
galas-débats" dansdesusines
,
desfacultés,
desthéâtres,
et
je
mesuisretrouvédanscetteagitation politiqueavecdesmusicienscommelesTinPanStompers . Onparticipait aubordelgénéral et
c' estlà que
j'
ai rencontré le mondede la variété et de la chanson.J' ai commencé à travailleravecLennyEscudero
,j'
ai faitaussiquelquesgigsavecIsabelleAubret et
j'
ai rencontréRaymondDevos.C' étaitunfandemusique et il a engagénotreorchestre .
J' ai écritde la musiquepoursesspectacles et on a fait le Théâtrede la Villeavecluipendantunmois . A la mêmeépoque (
vers1969)
,j'
allaisaussidanslesclubsdejazz . Jenesaispluscomment
je
mesuisretrouvéauGill '
s Club,
chezGérardTerronès,
mais c' est là que j'
ai
étéconfrontéaupremiermusiciennoiraméricain . C' étaitMalWaldronquej'
ai accompagnépoursespremiersgigsauclubavantqu' il
n' endevienne l
'
undespianistesmaison . Aveclui,
j'
aifaitmon
premierenregistrement entantquepro (
" BloodAndGuts " rééditéchezFutura et chroniquedansnotrenuméro d
' octobre].
A cemoment-là,
à côtédefigurescommePierreMichelot et déjàJean-FrançoisJenny-Clark ,
il n'
y
avaitpasautantdebassistesqu'aujourd
' hui et onavaitdoncbeaucoup deboulot . Ainsi,
j'
ai été le
remplaçant detout le monde,
mais le premierorchestrevraimentsérieuxavec lequel j'
ai putravaillersur ladurée
,
c' estceluidusaxophonisteMichelRoquesavecqui j'
ai réellementfaitmesclasses . OnjouaitentrioavecFranco Manzecchi à la batterie et doncsanspianopour te repérer si tu te plantes . Il fallaittenir la baraquecarRoques ,
c' étaitdutrèshautniveau . Il a défenducettemusique à uneépoqueoù le
freejazzarrivait et balayaittoutsursonpassage . Lesmusiciensdecette traditiontraversèrentalorsdesmomentsdifficiles.
Dans la
fouléedeMai68
,
onparticipaitaubordelgénéral
etc'
est là
que j'
ai
rencontréle
mondede la
variétéet de la
chanson.
Néanmoins, pendantdeuxoutroisans
,
cetrio a été l
' orchestre
régulierdeLibreParcours surFranceCulture,
uneémissiongénéraliste(
chanson,
humour, classique , jazz ,
folk, poésie ) quim'
a permis d
'
accompagnerbeaucoupdechanteurs . On a vuarriverBernardLavilliers
,
Dave,
MaximeLeforestier,
tousinconnus,
et
je
faisais" boum-boum " aveceux . Laplupartdutemps ,
ilsarrivaientavec
desboutsdepapieroù il
y
avaittroisgrilles et il fallaitsedébrouiller car
l
' émissionétaitendirect . Toutsefaisait "à lafeuille "
[
à
l
' oreille]
etil fallaitjongler .
Danscesannées-là,
lesbassistesdejazzdansmongenre (
et ceuxde la génération d
' avant)
étaient trèsdemandés commeaccompagnateurs et
j'
ai commencé à partagermavieentre lesclubsdejazz (
LeChatQuiPêche,
LeGill '
sClub
,
LaHuchette
)
et leschanteursquiavaientbesoindemoi . LebigbanddeClaudeCagnassofutaussiunebelleexpérience . Il n'
y
avaitpasd
'
argent , peuderépétitions ,
maisj'
y
ai rencontrétouscesfutursrequinsdestudio
,
dontcertainsallaientparticiper à mesaventuresorchestrales . J'
y
ai appris le grandorchestrede l
' intérieur . Lepupitredecontrebassisteconstitueeneffetunposte d
' observation
privilégié d
'
où l
'
onentend toutcequisefait.Quelque tempsplustard
,
le tromboniste SlideHampton m' a appelépour jouerauChatquipêcheavecunquartettemagnifiquequicomprenaitSiegfried Kessleraupiano et AndréCeccarelli à
la batterie.Ladizainedejoursquenousavonspassésensembleconstitue l
' un
demesmeilleurssouvenirsmusicaux,
uneexpérienceformidableaucoursdelaquelle
j'
ai beaucoupappris . Par la suite,
Slidem' a
emmenéentournéeenItalieavecun "
petitbigband " dontje
mesuis inspiré lorsque j'
aimontémon " Onztet "
. Il
y
avaitquatresaxophones ,
deuxtrombones,
troistrompettes ,
avecdestypescommeDuskoGoykovitch , BennyBailey ,
SalNistico,
etunerythmique
formidable avecVinceBenedetti aupiano et BillyBrooks àla batterie.
On a jouéunequinzainedejours là-baset enregistréundisquepourle labelHoro
(
" Jazz a Confronto ,
vol . 18 "
]
. Slideétaitunvéritable" écriveurdemusique
"
et
je
mesuis imprégnédeça . Làencore,
j'
étais
aumilieude l
' orchestre et
je
n' enperdaispasune . Cequim'a
beaucoupintéressé,
c' est le placementdesrythmes et desphrasés quiétaientdifférents . A la premièrerépétition ,
je
mesuisdemandécequ' ils faisaientmais ils jouaienttoutsimplement leurmusique . Aveccesorchestresaméricains
,j'
ai comprisbeaucoupdechosessurle
rapportautemps ,
trèsdifférentdecequisepratiquaitcheznous.Finalementvousêtesunevéritableéponge . Votreenfance
,
c' est
également unpeuça :s' imprégnerde l
' ambiance,
de la musiquedupiano ,
deschansonsdeBrassens,
etc.Jecroisbeaucoup à
cettehistoire d
'
imprégnation .Parfois
,
dans lesclubs
,
je jouaisavecdesAméricainsquidémarraient lesmorceauxsansrienmedirecar
j'
étaiscensésavoirdequoi il s' agissait .
Parfois,
c' étaitdescompositionsque je
n' avaisjamaisjouéesdemaviemais
je
mesouvenais lesavoirentendues lorsquej'
avaisquinzeanset
je
lesjouaissansmeposerdequestions.Onparlaitdechanteurs
,
mais il
y
en a surtoutunavecquivousavezfaitunbonboutdechemin...J' ai
d
' abordtravailléavecMoustaki,
notamment pourunetournéeenItalie . Quant à Maxime Leforestier
,
c' estunetoutautrehistoire.J' habitais à côtédeCorbeildansunegrandebaraqueencolocationavecMichelRoques et
j'
avaisunpoteguitariste ,
AlainLeDouarin,
quihabitait troiscentsmètresplusloin . Unjour ,
Maximem'appelleenmedisantqu' il a besoin d
' unbassiste et d
'
unguitaristepourtroisconcerts à Marseille . J' ai embarquéAlain
,
on a répété le répertoireet on a faitlestroisconcertsmarseillaisquiétaientpleins à craquercar le disqueavecLaMaisonBleuevenaitdesortir . On a
vucetrucénormearriver
,
avec,
à la clé,
descentainesdemilliers d
' albumsvendus . Commelesconcertsavaientbienfonctionné musicalementet humainement
,
Maximedésiraitgarder la mêmeéquipe .Maismoi
,
c' étaittoujours la mêmechose :
je
nevoulaismemarieravecpersonne . Finalement
j'
ai accepté à condition d
' avoirdespériodesdeliberté . Pendantquatreans
,
on a bosséensemble,
on afaitquatre
albums et
j'
ai découvertunmecsuperquiestdevenuunami .Et
je
suisentré "
dans le dur " de l
'
arrangementproenvariétés.Dans le premierdisque ,
c' estHubertRostaingquifaisaitlesarrangementsmaisMaximem'
a proposé d
' enfaireaussi . J'ai
doncfaitunquatuor à
cordessurunechanson et
,
ducoup ,
ledirecteur
artistiquedePolydor , JacquesBedos,
m'a proposé d
'
arrangerundisqued
' YvanDautin . J' avais le budget ,j'
ai doncfait le quintettedecuivres
,
le quatuor à cordes,
lesbois,
lesflûtes,
etc.Jecontinuais à
apprendre le métier ! Pourle quatrièmedisqueavecMaxime
,
il m' a
confiétoutela directionmusicale et
j'
aiécritdestrucs invendables
mais il m' a laisséfaire . Il avaitcettequalité-là . L
' aventure s' est
terminéefin76 et
j'
en ai unsouvenirtrèsprécis . Unsoir,
Marc " " "
N° et date de parution : 644 - 01/12/2012Diffusion : 30000Périodicité : MensuelJazzMagazine_644_4_1.pdfSite Web : http://www.jazzmagazine.com/
Page : 21Taille : 90 %4298 cm2
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IPATRICE CARATINI
AuxcôtésdeStéphane
Grappelli ,MarcFosset
et Caratini(
ci-dessous)
,
après leurassociationavecMaximeLeforestier
(
ci-dessous à droite)
et
(
ci-dessusà droite)
encadrant DizzyGillespieet DanielHumair.
Audébut,
on n' était
pasdans l
'
airdutemps.
Lefreeétaitencore
prédominantet nous
onjouaitdesmélodies !
"
" Fosset jouaitauxTroisMailletz et il m'appellepourremplacer le bassiste . J'
y
vais et
je
merendscompteque je
nesuispas à l
'
aise,
queje
n' ai pluslesdoigts . Eneffet,
le mondede la chanson n' estpastrèsexigeant et
, plusleschanteurs avecqui tu jouessontconnus
,
pluson te pourritdecompliments . AuxTroisMailletzenrevanche
,
avecuncachetdemerde
, çanele faisaitpas ! J' ai doncdécidé
d
' arrêter lesvariétésà hautedose . Maxime
l
'
a d
' autantmieuxcomprisqueluiaussivoulaitfaire d
' autreschoses.Vousaviezbesoindereprendre votrevraichemin ?
C' esttoujours la mêmehistoire .À certainsmoments
,
il
y
a deschoixà faire : « JeneferaipasNormaleSup »
,
« Jeneseraipas libraire »
,
etc . J' ai toujourssudirenon . Jenesaispasdequije
tiensçamaisçam'
a toujours énormémentaidé . Etantplus libre,
je
voisleschosess' accélérer
. AlainGuerrinimonte l
'
écoleduC1Men1976 et
je
succède à PierreMichelotpour la classedecontrebasse .
J'
y
retrouveMichel Roques et
d
' autrescopains . LeCaveaude la Montagnesemetà programmerdesduos et
j'
enmonteunavecMarcFosset à la gui
tare . MarcDucretm' a ditqu' il venaittouslessoirsavecunmagnéto.Notrehistoirecommence à bienmarcher : beaucoupdeconcerts
,
desdisquesquisevendenttrèsbienet dutempspour
accompagner desjazzmen ici ou là . Pourtant,
audébut,
on n' étaitpasdansl
' airdutemps . Lefreeétaitencoreprédominant et nousonjouaitdesmélodies !
Et vouscréez le Onztetalorsque le duoCaratini-Fosset esttoujours actif.
J' ai toujoursadorél
' écriture et lesorchestres et
,
comme à l
'
époqueje
mènemabarqueoùj'
ai envie d
' aller,
j'
oseceOnztetfin1979avecpourmoitiédesmusiciensdestudiocomme
le trompettisteTonyRusso
,
le trombonisteJacquesBolognesi ,
le saxophoniste AlainHatot
, que j'
avaisrencontrésauprèsdeClaudeCagnasso ,
et aussidesjazzmencommeFossetouEricLeLann
.On a faitquelques
concerts,
unseuldisque (
"
Endeka "
) coproduitpartous et
enregistré à Cologneparunmecterrible et toutle monde s' estengueulé.
Mais c' étaitmagnifique ! Ledeuxième Onzteta étécrééen1985
avecunesubventionde la VilledeParisquiétaitattribuéechaqueannée à unorchestredifférent . Jemetsalorsuneautreexpérienceenroute
,
sansbatterie,
avecunvibraphone ,
unpercussionniste ,
unbandonéon et moinsdecuivres . C' étaituneespècedelaboratoirepassionnant qui a duré jusqu'audébutdesannées90.Maisdans le mêmetempsvous faisiezd
' autreschoseset vousavezmêmecréévotrecompagniephonographique ,
PatriceCaratini Productions.Biensûr . Lesannées80ontététrèsrichesenpetites formationsquitravaillaientbeaucoup et faisaientdesdisques . LeduoFossetCaratini s' étaitélargiavec l
' arrivéedeMarcelAzzola et
je
commençaisuntravailsur
le tangoavec le pianisteGustavoBeytelmann et
le bandonéoniste JuanJoséMosalini . Parallèlement,
j'
étaisavecMartialSolal
,
je
tournais avecLeeKonitz et
je jouaisrégulièrementauPetitOpportun avecAlainJean-Mariepouraccompagnerdessolistesaméricains depassagecomme CharlieRouse . Enoutre
,
toutescesannées-là,
MarcFosset et moiavons jouéavecStéphane
Grappelliqui ,
entreautreschoses,
nous a embarqués pourunetournéededeuxmois et demiauxEtatsUnis . Quant à
la production ,
j'
ai
essayé maisce n'estpasceque
je
saisfairedemieux . J' ai arrêtéaprèsquatreoucinqdisques.Avant d
' arriverauJazzEnsemblequevousdirigezdepuisquinzeans
,
vousavezégalementvécu l
'
expériencede la Scèneet Marnaise
decréationmusicale .
Lesannées90ontétédifférentesparcequeleschosesontcommencé à secompliquerauniveauduboulot et
j'
aieneffettravaillé
,
de1993 à 1996,
à unprojet d
' actionculturelle avecFrançoisJeanneau
, AndyEmler et PhilippeMacéausein d
'
uncollectifd
' artistesaccueilliparune "
Scènenationale "
.
C'est
là quej'
ai appris àtravailleravecuneinstitution
,
à trouverdesfinancements
,
à voircomment fonctionnaient lessociétésciviles,
le Ministèrede la Culture,
etc . On a faitunboulotpassionnantentermes
d
' actionsurunterritoire .Onfaisaitdesconcertspartout ,
de la pédagogiedans touslessens,
maisj'
aivuaussicombiença
pouvaitêtrefrustrantsur le planartistique . Parexemple ,
onavaitcrééungrandorchestre
,
le P.O.M.,
et c' estluiqui ale moins
travaillé .Et puis ,
comme touslescollectifs, ça a explosé ,
ons' estengueulé et
le rideau a ététiréen1996.Côtégrandorchestre et écriture
,
j'
ai dirigé la créationsurscèned
' AnnaLiviaPlurabelle,
j'
ai aussiétésollicitépar le festival "
Présences" deRadioFrancepourunecréation et
j'
ai dirigé l
' OrchestreNationaldeFranceavecEddieGomez et CesariusAlvim . Dans
le
même temps ,
le travailpourlespetitesformations s' estraréfié.J' avaisarrêtéavecGrappelli ,
le trioavecMosaliniavaitcesséd
'
existercarBeytelmannvoulaitseconsacrer à la composition et
,
avecFosset et Azzola
, çadevenait trèsponctuel . J' ai décidédereprendre le travailque j'
avaisfaitavec le Onztet . Aumoins,
j'
allaisremettre le nezdansquelquechosequimepassionnait ,
l
' écriturepourorchestre . En1997
,
j'
ai pucréerceprojet à Sceauxgrâce à
Françoise Letellierquim' a proposé d
' êtreartiste-associé àla Scène
NationaleLesGémeaux . Audébut,
j'
étaisaidédanscetravailparMartinePalmé
,avecqui
j'
avaisentreautresmonté,
danslesannéesquatre-vingts ,
l
'
aventure éphémèredesProductions PatriceCaratini
,
maisj'
avaisdûcréermaproprestructure,
JazzEnsemble, pour
financer l
' orchestre,
l
' administrer et luidonneruneexistencejuridique . Il avaitdoncfalluque je
remette le nezdans le cambouisenmecoltinant leslogicielsdepaye ,
decomptabilité , queje
m'occupede la communication
,
dechercherdes lieuxderépétition ,etc.. . Ceci
dit,
je
savaisdansquellegalère je
m'embarquais.J' avais l
'
idéedefaireaumoinsunprogramme paran et detravailler surceque j' appelle « lesgrands textesdujazz » maisaussisurautrechoseque le jazzpur et dur . Enquinzeans
,
j'
ai dûmonterdixhuitprogrammes (
dont le dernieraveclespartitions d
' AndréHodeirà la Maisonde la Radio
)
. Ona étéinvitépendanttroisanspar le
FestivalPrésencesavecentreautresuncyclesur le piano ,
on a
enregistrésixdisquessurdesprogrammesdejazz (
LouisArmstrong ,
ColePorter et mescompositions ),
dechanson(
"
De l
' amour et duréel
"
),
demusiquecubaine(
" Latinidad "
)
et antillaise(
"
Chofébiguine
PHOTO
FRANZ
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la
"
)
. Et
je
redéveloppe aussidespetites formesaveclesmusiciensde l
' orchestre . Pour la saison2012-2013,
j'
ai deuxprojetsdont le
premierverra le jourcethiver .
" Nica'sDream " estunspectacle
monté à partirdulivreformidabledePannonicadeKoenigswarterLesMusiciensdejazz et leurstroisvoeux . Cestextes
,
misenscèneparmonfilsLouis
,
serontreprisparunejeunecompagniethéâtrale
,
LeFoyer ,
et misenmusiqueparunquartettebebopavecAndréVilléger ,
AlainJean-Marie et JulieSaury.Auregarddecestrenteannéespassées à composer pourdesorchestresplusoumoinsgrands ,
deuxchosessurprennent :
d
' unepartvous n' avezjamaisétudié l
' écriture,
sinonenautodidacte
;
de l
' autre,
vous n' avezjamaisdirigé l
' ONJ...
(
Eclatsderire)
Effectivement,
je
n' ai jamaisprisquedescoursdecontrebasse . Quant à
l
'
ONJ,
c' estunproblèmeque je
connaisbienpuisque j'
ai participé àdesréunionspréalables à
sacréation .J'
ai
toujoursétéfavorableà
l
' existence d
' uneaidefinancière . Après ,
le
problème c' estdesavoircequ'onenfait et ceque l
'
onjoue . Enfin,
j'
ai toujourstrouvéquecesystèmedétruisait lesorchestres .Onen
profitebienpendant deuxoutroisansmais, après ,
l
' orchestreestmort . Quesontdevenus touslesorchestrescrééspour l
' ONJentre1986 et aujourd
' hui ?Laplupartontdisparu . Finalement
,
ceuxquin' ont jamaiseu
l
'
ONJonttoujoursleurformation : ClaudeBolling ,
Martial Solal,
moi,
etc . J' ai étéprésidentduCAde l
'
ONJ et il
y
avaitunefouledegensautourde la tablequineconnaissaient rien à la
musiquemaisqui t' expliquaientcomment il fallaitfaire .Aubout
d
'
unmoment,
j'
en ai eumarre et
je
suisparti . Pourrépondre à la
question ,
si onm'avaitproposé d
' enprendre la direction,
j'
auraisd
' aborddiscuté - et demandépourquoifaire ? - maisj'
auraiscertainementrefusécartroisansçanem' intéressepas.Parlonsalorsde l
' associationGrandsFormats.LeMinistère a
voulusupprimer l
'
ONJ à plusieurs reprises ,
or sadisparitionauraitétéunsignaldésastreux .
L
' associationGrandsFormats
, quenousavionscrééeen2003surune idéedeJean-RémiGuédon
,
a proposé ,
en2007,
uneréformede l
'
ONJqui n'a pasété
retenue,
auprofitde l
' actuelsystèmeparDidierLevallet(
contrebassistechefde l
'
ONJde1997à20001 : unorchestresous la
responsabilité d
' undirecteurartistiquepassantdescommandes à descompositeurs extérieurs . Aprèsbientôtdixans d
' existence,
GrandsFormats n' enfédèrepasmoinsunetrentaine d
' orchestres,
de l
'
octetteaubigband,
aveclesquelson a puconstruire quelquechose,
décrocherdesfinancements,
défendredesidées,
le toutdansunbelétat d
'
esprit ,
loindetoutamateurisme,
detout " bisounour
sisme "
politique . C' estprofessionnel et plein d
' avenir . Jen' ensuisplusprésidentdepuisplusieursannéesmaistoujoursmembre actif.Pourenrevenir à la musique ,
danslesannées70,
vousvousêtestenu à l
' écartdufreejazz...Çanemetentaitpas . Lecourantpolitiquequi y
étaitassociéauxEtats-Unism' a passionnémais
,
la plupartdutemps ,
même s'il
y
a
eudesbelleschoses,
la musiquem'a laissésurmafaim . J' ai le
sentimentquetoutle langagedujazz s' estconstruitenune
quarantaine d
' années,
desannées20auxannées60 . Disonssymboliquement de1925
(
leHotFive d
'
Armstrong )
à 1967(
la mortdeColtrane
) ,
àuneépoqueoù
, paradoxalement ,
lesmusiquessavantes rejettentou s' éloignent de la tonalité
,
le jazzreprend à
soncompte levieuxmatériautonalqu' il recycleà safaçonpour
inventerdenouveauxuniversquibouleversent le XXesiècle . A la
findesannéescinquante , quandarrive le free,
l
' essentiel dulangagedujazzestdéjà là depuisunbonmoment . Certaineschosesintéressantes apparaissentcommelestentativesde "
déconstruction
"
d
' OrnetteColeman et DonCherry . Lesmusiciensdececourant n' ontpasla maîtrise deParkeroudeGillespiemais ils amènentunnouvelunivers . Après , çaexplose . J' étaisen1965 à PleyelpourvoirAlbertAyler et SonnyRollins
, çatenaitduhappening.. .C' était
unesortedecriprimai . Et puisplusrien,
tout s' arrête,
onpasseaujazz-rock ,
àunesonomondiale
,
cequi n' empêche pasdevoirarriverdesmusiciensformidablescommeJacoPastoriusaveclesquelsonsedemandevraimentcequisepasse . Mais le langagedujazzestdéjà là et
aumomentoùje
m'enempare et entredanscettehistoireenmedisantque la musique c' estmavie
,
toutestfoutuparterre . Enoutre
,
cequiestde l
' ordredesidéologiesdominantesm' a
toujourshérissé le poil . Donc le freedominantm'a agacé . « Free
Jazz »
,
c'étaitsurtoutunslogangénial
même si ce n' étaitpasqueça ... car il
y
avait,
enarrière-plan ,
unetragédiehistorique . Quiestplus librequequi ? Enoutre
,
la musique libreçaneveutriendire . Il
y
eutsansdoutedesexpériencesintéressantes
,
mais d
' autresfranchementapproximatives ,
avec,
commetoujours ,
desgenssurévaluéset d
' autressous-évalués.Dansvotrecarrière
, y
a-t-ileudesrencontres fondamentalesoudesmoments-clés?Çanesepassepastout
àfaitcommeça et les
rencontreslesplusformidablesnesont " " "
Donc lefree
dominantm'a agacé.
« FreeJazz »
,
c' étaitsurtoutunslogan
génialmêmesi ce n'
était
pasqueça ...
Ci-dessus leGaucher
et le Chauveauxcôtésd
'
ElvinJones,
etci-contre
avec le pianisteClaude CarrièreauseinduSLCbigband.
o
o
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PHOTO
:JOACHIM
BERTRAND
POUR
JAZZ
MAGAZINE
/
JAZZMAN
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.. . pastoujoursaussifondamentales qu'ellespourraient le
paraître . J'accordeplus d
'
importanceautravail etautempsdonton
disposepourfaireleschoses . Parexemple ,j'
ai jouéunset d
'
uneheureavecElvinJones
à Nice . Jene l
' oublieraijamais ,
maisça n'a pas
changémavie . À l
' inverse,
avecMarcFosset,
onneseposaitpasdeproblèmes d
'
esthétique mais,
cequicomptaitavanttout,
c' étaitdemeneruneidéemusicalejusqu'aubout . De la
mêmefaçon ,
lorsdenotretournéedequaranteconcertsauxEtats-UnisavecGrappelli ,
onjouaittouslessoirs lesmêmesmorceaux et dans le mêmeordre . Parmoments
,je
medisaisquece n' étaitpasceque je
voulais faire,
mais c' étaitgratifiant d
' allerauboutdetouslesdétailset ça n' empêchait ni la liberté ni l
'
improvisation . C' estsur la duréeet sur le
travailqu'onapprofondit leschosesensemble . C' estçaquiestfondamental.Peut-ondirequevousêtesunécrivain et unconcepteurdemusiqueplusqu'uninstrumentiste et prenez-vous unégalplaisirdanslesdeuxdomaines ?
Jepeuxprendremonplaisirpartout . J' adoreêtreinterprètedequelquechose
, jouerde la basseaubonendroit,
aubonmoment,
sous ladirectiondequelqu' unque
je
sers . EtantrestétrèsamiavecMaximeLeforestier
,
ilm'
a appelé il
y
a troisanspour faireunetournéeavec lui
. J'ai finalementaccepté ,
on a faitunecentainedeconcerts et
j'
étaistrèsbienlà-dedans parcequ' il
y
avaituneformulemusicalequifonctionnait
,
unevéritablehistoire,
unvraitravail . Enunmot
il
y
avaitdusens.Commecontrebassiste et commecompositeur avez-vousdesmodèles ?
Jediraisnoncar lemotnemeconvientpas . Mais si l
'
onparle d
'
écriture musicale,
j'
aiétévoirducôtédeRavel
, Debussy ,
Bartok,
Stravinski,
Dutilleux,
et
je
mesuispenchésurleurmanièredefaire . Entermesdesciencede l
' écriture,
lesclassiques sontallésbeaucoupplusloin et
, pourmoi,
l
'
undesplusgéniaux ,
c' estDebussycar il
y
atout :
lascience
,
l
' univers,
le raffinement,
la libertédepensée.Parcontre
,
cequ' il
y
a d
' extraordinaire dans le jazz ,
cesontlesuniversqu' ontcréés lesgrandsmusiciens . Biensûr
,
il
y
a letriumvirat
Ellington-Monk-Mingus ,
Dukeétant le pèredetousparcequ' il prendune totale libertéavec n' importequellerègleétablie . Mais
je
pourrais dire lamêmechosedufonctionnementdesrythmiques cubaines
quisontincroyables . Parexemple leurrumbaoù il
y
a deschoses
rythmiques trèscomplexes ,
à fairepâlirlesgens la musiquecontemporaine .
Ainsi,
il
y
a desmondesmusicauxquinaissentavecdesmoyensqui n' ontrien
àvoiravecceuxdesmusiques savantes
occidentales .J' ai aussiabordé le tango et unefoisque tu asdépassé le
folklore,
c' estpassionnant . Doncplutôtquedesmodèles,
j'
ai étéattirépardifférentspôles.Pourterminer
,pouvez-vous nousparlerdevotreconceptionde
la sonorisationquevousconfiez à votrefrèreCharles ?
Jetravailleavecmonfrèreparcequ'onest d
'
accordsur le faitqu' il
nefaudraitpassonoriser, que le sonestproduitpar l
'
instrumentiste et que c'estluiquidoitenavoir la maîtrise . Jemerappelleles
années70où l
' onjouaitsouventdansdessallesmaléquipées et
où l
' électricien ducoinquifaisait la sonorisationjouaitavecsaconsolependant le concertpourmonteroudescendre le volume
pendantlessolos . C' étaithorrible et
,
unjour ,
le batteurCharlesSaudrais a carrémentscotché la consolepourque le typenetouche
plus àrien . J' ai toujourseu le mêmepointdevuesur le son : le
moinsfortpossible ,
le moinsderetourpossible et
,
engénéral ,
je
lutteaveclesmusicienssurcettequestion . Ilsontsouventprisdeshabitudesdeconfortpourmieuxentendresurtout la rythmique et
ils
demandentunpeuplusdecymbales ,
unpeuplusdececioudecela et aubout d
'
unmomenton n' entendplusriendutout . Moi,
je
n' utilisepasderetour et
,
si ceuxdesmusicienssonttropforts,
je
lesfaisbaisser . Jetravailledoncavecmonfrèreparcequ' ilesttrès
bon et qu' ila comprisçadepuis longtemps . Malheureusement
,
il
n' estpastoujours là parcequeTexier,
PortalouSclavisontaussibesoindelui . Après ,
il
y
a desproblèmes pluscomplexes liésaufaitd
' utiliserounondesinstrumentsdéjàamplifiéssurscènecommele synthétiseur ou la guitareélectrique . Il fautdoncqueceluiquijouelesclaviers ou le guitaristesoientdesgensintelligents .
Vraiment,
je
déteste lesniveauxsonores tropélevés . Pendant lesannéesoù l
' orchestreétaitinvitéaufestivalPrésencesdeRadioFrance,
je
voulaisqueCharlessoit à la consolemaislessyndicatsde la
maison n'ontpasvoulu . Alors
je
lui aidemandédesemettredans la
salle etdemedirecequ' il entendait si l
'
oncoupait la façade .
Finalement,
j'
airéclaméunpeuderetourmaisriendans la salle et
,
à
la fin,
onm' a ditque le sonétaitgénial ! Cecidit,
onjouaitde la
musique d
' AndréHodeir.. . Lorsque j'
amène lespercussionscubaines,
on a besoinderééquilibrerunpeu . Maisplusçava,
moinsje
sonoriserai . D
' ailleurs,
sur le projet"
Nica' sDream " où l
'
onvajouerdela musiquedesannées50
,
il n'
y
aurapasdesono . Venezdoncnombreux et
vousentendrezque c' estsuper ! I PVCONCERTS LeCaratiniJazzEnsemblejouePatrice Caratini( rétrospective )
,
le 7décembre à Pantin
(LaDynamo ).
Nicas' s Dream,
les5
,
8
,
10,
12 et13janvier à Paris
(
Théâtre del
' Opprimé )
,
le26février à Fontenay-sous-Bois (
SalleJacquesBrel)
,
le 28mars à Alfortville(
Pôleculturel).
ShortSongs (
Patrice Caratini, Hildegarde Wanzlawe
,
RémiSciuto)
,
les4
,
11 et 18décembre à Fontenay-aux-Roses (
Théâtredessources)
,
le 17janvier à Toulouse(
LeMandala)
,
le 19 à Thoiry (LaBarbacane
)
,
le9
février à Marcq-en-Yvelines (LaBarbacane
)
,
le 14à Ivry-sur-Seine(
Théâtre,
festivalSons d
' hiver)
,
le 29 à Jouars-Pontchartrain(
La
Barbacane).
LeCaratiniJazzEnsemble joue la buiguine (
avecAlainJean-Marieet RogerRaspail )
,
le 11janvierauxLilas(
ThéâtreduGarde-chasse)
,
le 22 à Saint-Quentin-en-Yvelines (Théâtre
).
5 CDESSENTIELS
Desparticipations à
la pelle àdesdisquesdefolk et dechanson
,
unrôledesidemandansunebonnevingtaine d
'
enregistrementsdejazzmendepremierplan et unequinzaine d
' albumscommeleaderparmi lesquelsnousavonschoisi :
CARATINI - FOSSET
HalfNelson1977-78OMD
Compilationdesdeuxpremiers albums
,
"
Boîte à
Musique"
et
"
LeChauve et
le Gaucher "
( origineOpenRecords,
le labeld
' AlainGuerrini)
.Ceduoquisymbolise le
renouveaudujazzfrançaisdontonparlait à
l
'
époqueremplit lessalles,
venddesdisquesà la foison et enchantetouteunenouvellegénération d
' amateursdejazzgrâce à desmélodiesfinementciseléespardeuxmusiciensquivontauboutdeleurcomplicité.
AllOLA - CARATINI -
FOSSET
3 Tempspourbienfaire
/
FleurdeBanlieue1982-86 LeChantduMonde
Réédition desdeuxvinylesenregistrésparcetriooù la légendede l
' accordéonvientsefrotterauxjazzmen.Toutesgénérationsconfondues
,
le publicseretrouvedansunemusiquequiréinvente le
rôledu "
pianodupauvre"
et le sortdesoncarcanestampillé
" variété "
. Untrioaujourd
'
huitrentenaire.
MOSALINI -
BEYTELMANN -CARATINI
LaBordona1983LabelBleu
/ AcquaRecords
Ala suite d
' AstorPiazzolla
,
cestrois-làréinventent le tango et l
' exfiltrentdesdancefloors .
Endixans et troisalbums,
ils
réuniront,
au fil detournéesauxquatrecoinsdumonde
,
lesamateursdemusiquedetoutpoil et detousstyles . Unconceptuniversaliste préludantaudéferlement" world " desannéessuivantes.
CARATINIJAllENSEMBLE
Darling NellieGray1999LabelBleu
AprèslesexpériencesduOnztet
(
dont le
premierdisque ,
"
Endeka"
,
resteunmustintrouvable
) ,
le nouvelensembledeCaratinicommenceparenregistrer cepetitchefd
'
ceuvrequifutsaluépartoute la
critique . Merveilleuses variationssur la
musiquedeLouisArmstrongquiannoncentdes lendemainsquichantentpour
l
' orchestre.
PATRICECARATINII
CARATINIJAllENSEMBLE
Chofébiguine la
2001( parution 2011
)Unmersal
Publication tardiveduconcerthistorique
qu'avaitdonnéle JazzEnsemble avec le trio
BiguineReflections d
' AlainJean-Marie le 6
décembre2001 à FortdeFrance .Partidu
répertoiredutriodupianiste ,
Caratinienavaitfait l
' orchestration en s' immergeantdans la musiqueantillaise . Captépresque"
auculde la console "
,
c' est la véritédulive,
c' est-à-direde la musique.
N° et date de parution : 644 - 01/12/2012Diffusion : 30000Périodicité : MensuelJazzMagazine_644_4_1.pdfSite Web : http://www.jazzmagazine.com/
Page : 25Taille : 90 %4298 cm2
Copyright (Jazz Magazine) Reproduction interdite sans autorisation8 / 8