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Page 1: Pour faire un plat, il faut une graine

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Sommaire

1 Pourquoi un guide sur les semences ? 2 D’oĂč proviennent les semences utilisĂ©es de nos jours ? 3 Semences paysannes 5 La loi des semences 6 La beautĂ© de l’imperfection 7 Qu’entend-on par “semences commerciales” ? 9 La loi du plus fort10 Signes distinctifs : hybrides11 Portrait d’une graine12 Graine ou plant ?13 Semences et territoire14 Globe-trotters avant l’heure16 Horticulteurs en herbe : quelles semences choisir ?18 Des semences et des abeilles19 Horticulteurs Ă  la barre : brevets et privatisations20 Biopirates et agriculteurs hors la loi21 Horticulteurs Ă  la barre : enregistrer au catalogue22 Mieux vaut figurer au catalogue23 Horticulteurs en blouse blanche : les graines sont fragiles24 Informations utiles24 Horticulteurs en herbe : plante saine = graines saines = plantes saines25 Dis-moi quelle graine tu manges, je te dirai qui tu es26 Consommateurs Ă©clairĂ©s : les semences sont la base de tout, pensons-y !27 Horticulteurs experts : oĂč se procurer les bonnes semences ?28 Les banques de germoplasmes29 Questions - RĂ©ponses33 Pour en savoir plus :

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Pourquoi un guide sur les semences ?

Nous arrive-t-il de penser aux semences qui ont gĂ©nĂ©rĂ© nos aliments ? DerriĂšre notre caddie ou face Ă  notre plan de travail, combien de fois nous demandons-nous qui a produit, sĂ©lectionnĂ© ou achetĂ© les semences qui ont servi Ă  produire nos fruits et lĂ©gumes, notre pain, mais aussi notre viande, puisque les animaux d’élevage se nourrissent de vĂ©gĂ©taux ?

Pas besoin de se mentir : nous n’y pensons presque jamais. MĂȘme les plus attentifs et curieux d’entre nous, ceux qui vĂ©rifient les marques mais aussi les groupes auxquels elles appartiennent, considĂšrent rarement cet aspect.

Pour couronner le tout, ceux qui se dĂ©dient avec passion Ă  leur potager ne savent sou-vent pas d’oĂč proviennent les plantes qu’ils cultivent et encore moins comment elles ont Ă©tĂ© choisies et produites : Ă  dĂ©faut de savoir comment s’orienter pour se procurer des graines, ils achĂštent gĂ©nĂ©ralement de jeunes plants qu’ils transfĂšrent ensuite sur leur terrain. Plus rares encore sont ceux qui savent comment obtenir de nouvelles semences d’une annĂ©e sur l’autre en faisant pousser dans leur jardin les plantes qui les produiront.

Ce guide entend fournir aux consommateurs et jardiniers amateurs quelques informations supplĂ©mentaires sur la base mĂȘme de toute notre alimentation : les semences.

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D'oĂč proviennent les semences utilisĂ©es de nos jours ?L’histoire actuelle des semences a des racines trĂšs anciennes, qui remontent Ă  environ 10 000 ans, lorsque l’homme nomade s’est sĂ©dentarisĂ© et a commencĂ© Ă  pratiquer l’a-griculture. En plus de planter, de fertiliser, d’irriguer et de rĂ©colter, les communautĂ©s paysannes du monde entier ont toujours sĂ©lectionnĂ© et produit leurs semences. Et les ont Ă©changĂ©es entre elles.

SĂ©lectionner et produire des semences signifie perpĂ©tuer un cycle de fĂ©conditĂ©, s’assurer de la possibilitĂ© d’avoir une rĂ©colte l’annĂ©e suivante Ă©galement. Mais c’est aussi Ɠuvrer Ă  l’amĂ©lioration des variĂ©tĂ©s (c’est Ă  dire des plantes) et des semen-ces elles-mĂȘmes, qui d’annĂ©e en annĂ©e progressent en termes de poids, de rende-ment et de capacitĂ© Ă  germer, par la sĂ©lection des meilleurs fruits. En ce sens, les paysans ont toujours Ă©tĂ© des chercheurs, ils ont toujours utilisĂ© leurs connaissances et le fruit de leur expĂ©rience pour en faire bĂ©nĂ©ficier leur rĂ©colte, leur territoire et leur communautĂ©.

Pourtant, avec l’accroissement des connaissances en matiĂšre d’amĂ©lioration gĂ©nĂ©tique au dĂ©but du XXe siĂšcle puis la “rĂ©volution verte” des annĂ©es 50 et la transformation du secteur agricole en agro-industrie Ă  partir des annĂ©es 70, tout a changĂ©. L’affirmation progressive de l’agriculture industrielle, avec son besoin d’uniformitĂ© et d’homogĂ©nĂ©isation et l’attention portĂ©e au concept de

rendement, a entraĂźnĂ© une concentration des espĂšces cultivĂ©es et une rĂ©duction parallĂšle du nombre de variĂ©tĂ©s, menant Ă  une Ă©rosion grave de la biodiversitĂ© vĂ©gĂ©tale. Pour mieux comprendre ce phĂ©nomĂšne, il suffit de regarder les chiffres : sur 80 000 espĂšces comestibles, on n’en cultive aujourd’hui plus que 150, dont 8 sont commercialisĂ©es dans le monde entier. Cet appauvrissement agricole entraĂźne inĂ©vitablement un appauvrisse-ment gastronomique, qui engendre un rĂ©gime alimentaire basĂ© sur un nombre de plus en plus restreint d’espĂšces et de variĂ©tĂ©s cultivĂ©es.

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En matiĂšre de semences, nous avons tous un devoir et une responsabilitĂ© : les protĂ©ger et les prĂ©server pour assurer richesse et variĂ©tĂ© Ă  nos repas, mais aus-si protĂ©ger le patrimoine de diversitĂ© biologique et culturel qu’elles reprĂ©sen-tent. Les graines des variĂ©tĂ©s les plus diverses constituent le prĂ©sent et l’avenir de la vie et doivent ĂȘtre prĂ©servĂ©es hors de toute considĂ©ration Ă©conomique, car elles pourraient ĂȘtre porteuses de caractĂ©ristiques fondamentales potentiellement utiles dans le futur.

Semences paysannesL’agriculture est une activitĂ© humaine depuis environ 10 000 ans. C’est ce que l’on veut dire lorsque l’on affirme que le monde agricole fait quelque chose “depuis toujours”. Depuis tout ce temps, la sĂ©lection, la conservation, la multiplication et le dĂ©veloppement des semences selon des principes de sagesse (un travail majoritairement effectuĂ© par les femmes) ont amĂ©liorĂ© dans les communautĂ©s rurales du monde entier le rendement, le goĂ»t, la valeur nutritive et d’autres qualitĂ©s des semences, en harmonie avec les spĂ©cificitĂ©s et ressources des territoires.

Le travail des agriculteurs a toujours Ă©tĂ© fondĂ© sur des connaissances agronomiques complexes, transmises et perfectionnĂ©es de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, de saison en saison. Au sein des communautĂ©s, le princi-pe du libre Ă©change basĂ© sur la coopĂ©ration et la rĂ©ciprocitĂ© a toujours prĂ©valu : les paysans ont toujours eu pour habitude d’échanger leurs semences en quantitĂ©s Ă©gales, contribuant ainsi Ă  une conservation con-tinue de la biodiversitĂ©.

Premier maillon de la chaĂźne alimentaire, les semences sont pour les paysans bien plus qu’un outil de production : comme pour une langue, ou pour un ensemble de rites ou un patrimoine gastronomique, elles sont l’expression d’une culture stratifiĂ©e par les siĂšcles et de connaissances profondĂ©ment enracinĂ©es dans le territoire.

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Elles constituent Ă©galement un socle de souverainetĂ© alimentaire et une garantie de sĂ©cu-ritĂ© alimentaire. D’un cĂŽtĂ©, les agriculteurs doivent avoir le droit de sĂ©lectionner librement, de produire, de prĂ©server et d’échanger, de partager ou de vendre leurs propres semen-ces. De l’autre, la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique des cultures est indispensable pour affronter les changements environnementaux et climatiques imprĂ©visibles, garantir une plus grande stabilitĂ© de production et protĂ©ger l’environnement.

Depuis la naissance de l’agriculture, les semences et leur diversitĂ© sont partie intĂ©grante des cultures, Ă  tel point que de nombreux aliments revĂȘtent une nature sacrĂ©e ou de-viennent un support d’identification pour les peuples, en plus de constituer une source de plaisir et de croissance Ă©conomique.

Un exempleSelon les conventions internationales, la souveraineté alimentaire est con-

sidérée comme un droit et le systÚme des connaissances traditionnelles comme

un ensemble de valeurs qui ne sont pas défendues par une législation adéqua-

te. Dans de nombreuses régions du monde, les communautés rurales subissent

à l’heure actuelle des injustices qui nuisent à leur droit à produire leur propre

alimentation et Ă  sĂ©lectionner leurs propres semences. L’un des cas les plus

flagrants est celui des communautĂ©s rurales d’AmĂ©rique latine, dont les petites

fermes sont rachetées, regroupées en grandes fermes dépassant parfois les

100 000 hectares sur lesquels ne pousse que du soja transgénique destiné à

l’exportation et utilisĂ© pour la production de nourriture animale. Ces agricul-

teurs sud-américains sont chassés de leurs terres par le sang et relégués dans

les favelas oĂč les communautĂ©s se dĂ©sagrĂšgent et les cultures - pas seulement

agricoles - disparaissent irrémédiablement.

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La loi des semencesEn matiÚre de semences, quelles sont les rÚgles qui régissent depuis des millénaires les actions de ceux qui travaillent la terre ? Quels sont les principes qui gouvernent le monde des semences traditionnelles ?

Les semences paysannes sont vivantes, dynamiques, Ă©ternellement jeunes, rĂ©sultat d’une adaptation progressive aux caractĂ©ristiques du territoire. Les principes fondateurs de la “loi des semences” sont : la diversitĂ©, car seul un systĂšme riche et diversifiĂ© est Ă  mĂȘme d’assurer Ă  tous la pos-sibilitĂ© de bien se nourrir et d’affronter les changements intrinsĂšquement liĂ©s au monde du vivant ; la libertĂ©, car les communautĂ©s rurales ont le droit et le devoir de sauvegarder les va-riĂ©tĂ©s anciennes et de crĂ©er de nouvelles variĂ©tĂ©s, en croisant celles qu’elles possĂšdent ; la possibilitĂ© d’une future Ă©volution de l’agriculture et de l’humanitĂ©, car sans conser-vation du passĂ©, aucun avenir n’est possible.

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La beautĂ© de l'imperfectionPourquoi acheter des plants ou des graines commerciales lorsque l’on peut choisir la diffĂ©rence, voire produire ses propres semences ? Certes, il ne s’agira pas de super-semences parfaites et sur une centaine de graines semĂ©es, Ă  peine plus de la moitiĂ© germera, mais choisir cette voie s’avĂšrera payant dans un petit potager en privilĂ©giant la qualitĂ© (en termes de goĂ»t) et la variĂ©tĂ© des plants plutĂŽt que la garantie d’uniformitĂ© et de rendement optimal des semences commerciales. Peut-ĂȘtre mĂȘme essaierez-vous, en suivant les instructions de ce guide, de produire vous-mĂȘme les semences dont vous aurez besoin : vous subirez sans doute des pertes car toutes les graines ne germeront pas pour donner vie Ă  une plante, mais vous aurez en Ă©change l’immense satisfaction de poser sur votre table des produits dont vous connaĂźtrez la biographie intĂ©grale !

« Plante tes graines sans cesse. Si tu ne sais jamais lesquelles pousseront,peut-ĂȘtre le feront-elles toutes. »Albert Einstein

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Qu'entend-on par "semences commerciales" ?Avec le temps, les semences de l’industrie ont supplantĂ© celles des paysans : ce sont elles que l’on trouve aujourd’hui sur le marchĂ©. Dans les annĂ©es 70, on comptait 7000 semen-ciers, dont aucun n’atteignait le marchĂ© global. Aujourd’hui, les trois premiers semenciers (Monsanto, Pioneer Dupont et Syngenta) dĂ©tiennent 53% du marchĂ© mondial et les 10 premiers en dĂ©tiennent 76%*.

*Données FAO** Dati The Greens/Efa Group

53% du marché mondial

75% du maĂŻs

95% des légumes

86% de la betterave Ă  sucre

3 semen

ciers

5 semen

ciers

Union

europée

nne

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Ces mĂȘmes entreprises sont Ă©galement leader dans la production de fertilisants, de pe-sticides et de dĂ©sherbants. Il existe donc un lien plus qu’étroit entre la production de se-mences et la production de substances destinĂ©es aux mauvaises herbes ou aux insectes. L’exemple le plus parlant est, par exemple, l’herbicide RoundupÂź, produit par Monsanto, et les semences RoundupÂź Ready conçues pour le tolĂ©rer.

Les annĂ©es 60 ont fait naĂźtre une lĂ©gislation qui a peu Ă  peu franchi une barriĂšre incon-cevable pour nos grands-parents, en rendant possible la crĂ©ation de “monopoles sur le vivant”. DĂšs les annĂ©es 80, les grandes compagnies ont profitĂ© de la possibilitĂ© (offerte par une sĂ©rie de dĂ©cisions de justice amĂ©ricaines en 1980) de breveter les organismes vi-vants (=Patent) et de ce fait les semences. Le monde agricole s’est retrouvĂ© assujetti aux lois qui gouvernent la production industrielle et une ressource commune trĂšs importante s’est transformĂ©e en bien de grande consommation, contrĂŽlĂ© par l’industrie. Ce change-ment s’est sans doute fait de façon peu visible, mais il s’agit d’un changement Ă©pocal, qui corrode tous les principes de la “loi des semences” Ă©noncĂ©s ci-dessus.

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La loi du plus fortSouvent soutenues par des lois visant le court terme, les semences de l’industrie s’im-posent lentement comme les seules Ă  pouvoir ĂȘtre commercialisĂ©es. Elles rĂ©pondent en rĂ©alitĂ© Ă  des critĂšres de nouveautĂ©, de distinction, d’uniformitĂ© et de stabilitĂ© requises par les diffĂ©rentes formes de brevetage industriel et valorisĂ©es par le marchĂ©, mais que les semences paysannes ne peuvent satisfaire. Par ailleurs, elles nuisent Ă  : - la diversitĂ©, car elles privilĂ©gient peu d’espĂšces et peu de variĂ©tĂ©s pour chaque espĂšce ; - la libertĂ©, car les lois sur la propriĂ©tĂ© intellectuelle des semences ignorent les capacitĂ©s des agriculteurs traditionnels, et compliquent la conservation, l’échange et la commercia-lisation de certaines variĂ©tĂ©s, qui deviennent ainsi des actes de plus en plus marginaux. Aujourd’hui, on va mĂȘme jusqu’à penser qu’acheter ou Ă©changer des semences directe-ment Ă  un paysan est illĂ©gal. Ce n’est pas vrai, mais le simple fait qu’on puisse le croire en dit beaucoup sur la marginalisation de l’agriculture traditionnelle au regard du marchĂ© mondial ;- la possibilitĂ© d’une Ă©volution ultĂ©rieure de l’agriculture, car la diffusion Ă©ventuelle des technologies permettant la production de semences stĂ©riles serait la nĂ©gation de tout projet indĂ©pendant des lois du marchĂ©.

F1+F2

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Signes distinctifs : hybridesSavoir si l’on achĂšte un hybride commercial est trĂšs simple : il suffit de chercher les sigles F1 ou F2 sur le sachet. Ces semences permettent d’obtenir une bonne rĂ©colte, mais elles ne portent en elles aucune culture territoriale spĂ©cifique et sont le fruit de mĂ©thodes modernes d’amĂ©lioration. Ce sont des produits anonymes standards, identiques dans le monde entier et trĂšs productifs dans des conditions optimales. Cependant, si l’on essaie d’en obtenir des graines, le rĂ©sultat sera plutĂŽt dĂ©cevant car la “vigueur hybride” n’est active que pour la premiĂšre gĂ©nĂ©ration : il vous faudra donc racheter le mĂȘme sachet de graines l’annĂ©e suivante. Si au contraire on prĂ©fĂšre une culture basĂ©e sur la diversitĂ©, si l’on souhaite collaborer avec ses semences Ă  de futures rĂ©coltes et si l’on veut prĂ©server la biodiversitĂ© de son territoire, alors on utilisera des variĂ©tĂ©s traditionnelles.

F1 F2

semences F1

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Portrait d'une grainePour schĂ©matiser, une graine est composĂ©e de trois parties distinctes, de l’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur : l’embryon, qui reproduit la structure de la future plante adulte ; le tissu nutritif ou parenchyme, chargĂ© de substances de rĂ©serve comme les glucides, lipides et protĂ©i-nes (en quantitĂ© variable selon les espĂšces) ; les tĂ©guments, qui protĂšgent les parties vitales de la graine de l’action immĂ©diate des agents extĂ©rieurs et lui garantissent une phase de dormance avant la germination.

Si l’on parle de semences de maniĂšre gĂ©nĂ©rique pour indiquer l’ensemble du matĂ©riel reproducteur vĂ©gĂ©tal, la reproduction des plantes a lieu de diffĂ©rentes maniĂšres : dans le cas des cĂ©rĂ©ales et des plantes potagĂšres, elle a lieu par semis (pour les plantes po-tagĂšres, on utilise souvent de jeunes plants produits par les pĂ©piniĂ©ristes puis replantĂ©s en plein champ) ; pour les arbres fruitiers pluriannuels et les plantes Ă  fleurs et ornemen-tales, la propagation a lieu par greffe ou bouture.

téguments

embryon

parenchyme

Reproduction par greppe

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Graine ou plant ? Si vous ĂȘtes un horticulteur amateur ou si vous n’avez qu’un balcon, vous pouvez rempla-cer les graines par de jeunes plants qui, puisqu’ils ont dĂ©jĂ  passĂ© la sĂ©lection du pĂ©piniĂ©ri-ste, offrent de meilleures garanties de rĂ©ussite. Toutefois, les variĂ©tĂ©s du commerce sont peu diversifiĂ©es et il faudra donc, pour les plus rares et les plus traditionnelles, planter plutĂŽt des graines. Demandez-en aux petits agriculteurs locaux qui seront ravis de les partager avec vous, ou consultez les magasins et sites Internet spĂ©cialisĂ©s.

« Ne juge pas chaque jour à la récolte que tu fais

mais aux graines que tu sÚmes. »Robert Louis Stevenson

Reproduction par bouture

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Semences et territoireLes variĂ©tĂ©s locales sont profondĂ©ment liĂ©es au territoire sur lequel elles sont produites et se rĂ©gĂ©nĂšrent, suivant le climat, le type de sol, l’abondance en eau ou sa raretĂ©. Chaque variĂ©tĂ© co-Ă©volue avec son territoire et s’adapte toujours parfaitement Ă  cette association entre climat, sol et culture.

Le lien entre semences et territoire revĂȘt une importance culturelle et Ă©conomique de taille. Les produits locaux doivent reprĂ©senter l’identitĂ© culturelle d’une communautĂ© et offrir une source de revenus pour les agriculteurs. La valorisation des productions locales, y compris lorsqu’elles sont spĂ©cifiques Ă  un territoire donnĂ©, est une stratĂ©gie spĂ©culative par rapport Ă  l’homologation de la production industrielle. À la diffĂ©rence des variĂ©tĂ©s industrielles, les variĂ©tĂ©s locales sont souvent moins productives mais absolument plus adaptĂ©es Ă  une culture en conditions marginales.

Dans votre potager, il sera toutefois amusant de faire quelques expĂ©riences, comme ten-ter de cultiver des produits typiques d’autres zones gĂ©ographiques : les graines ont toujours voyagĂ© et il est souhaitable qu’il en reste ainsi. Vous devez cependant garder Ă  l’esprit qu’une variĂ©tĂ© dĂ©terminĂ©e conservera dans le temps les caractĂ©ristiques qui la distinguent uniquement si elle est reproduite sur son territoire de provenance. CultivĂ©e ailleurs, elle dĂ©veloppera des caractĂ©ristiques diffĂ©rentes, qui pourront ĂȘtre tout aussi intĂ©ressantes... ou pas... mais c’est bien Ă  ça que servent les expĂ©riences, non ?

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En s’éloignant de leur territoire d’origine, il s’avĂšre que les semences subissent Ă  moyen et long terme un processus de dĂ©rive gĂ©nĂ©tique, soit un Ă©loignement graduel et potentiel-lement irrĂ©versible des caractĂ©ristiques de l’écotype originel. À l’inverse de la dĂ©rive, la variabilitĂ© gĂ©nĂ©tique est un phĂ©nomĂšne liĂ© Ă  la pollinisation et la fĂ©condation naturelles et implique une sĂ©rie de modifications gĂ©nĂ©tiques imperceptibles mais utiles Ă  l’adaptation au territoire.

Globe-trotters avant l'heureLes semences sont profondĂ©ment ancrĂ©es dans leur territoire, mais l’histoire les a toujours vu effectuer de longs voyages, embarquer sur les navires des explorateurs ou reposer dans les besaces des commerçants de caravanes qui parcouraient les routes. Tomates, haricots, pommes de terre et poivrons ont Ă©tĂ© rapportĂ©s des AmĂ©riques, auber-gines et agrumes sont venus d’Orient, l’Afrique a transmis la pastĂšque... Avec le temps, les variĂ©tĂ©s se sont acclimatĂ©es, dĂ©veloppant de nouvelles caractĂ©ristiques adaptĂ©es Ă  leur lieu d’arrivĂ©e.

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Un exemple... En 1614, le missionnaire espagnol Alfonso Ovalle

découvre pour la premiÚre fois, aux alentours de la ville de Concepción au

Chili, de grosses fraises blanches, par la suite nommées Fragaria chiloensis.

En 1712 François Frézier, ingénieur militaire, expert en botanique et car-

tographe, en mission au Chili pour établir les cartes de son littoral, prélÚve

plusieurs pieds et les rapporte en Europe pour les offrir Ă  Louis XIV, grand

amateur de fraises : seuls cinq spécimens survivent au voyage de six mois

en mer. Les fraises modernes (grosses et rouges) naissent quant Ă  elles Ă 

Brest, au milieu du XVIIIe siĂšcle, du croisement entre la Fragaria virginiana

(une fraise sauvage de Virginie arrivée en Europe au XVIIe siÚcle) et la Bian-

ca chiloensis qui, en raison de son goĂ»t rappelant l’ananas, sera classĂ©e

sous le nom de Fragaria x ananassa. Avant cela, l’Europe ne connaissait que

les minuscules fraises des bois (Fragaria vesca).

Un exemple... On dit qu’en 1796, NapolĂ©on aurait

donné aux familles du village ligure de Perinaldo des plants

d’une variĂ©tĂ© d’artichaut violet cultivĂ©e en Provence voisine.

Les caractéristiques des deux territoires étaient similaires

et l’artichaut violet de Provence n’eut aucune difficultĂ© Ă 

s’acclimater à son nouvel environnement, engendrant une

variĂ©tĂ© connue sous le nom d’artichaut de Perinaldo : la seu-

le variĂ©tĂ© dĂ©pourvue d’épines cultivĂ©e en Ligurie, Ă  rĂ©colte

tardive et au goût proche du chardon.

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Horticulteurs en herbe : quelles semences choisir ?Votre potager ne doit pas seulement offrir une bonne récolte, mais il doit aussi, dans la mesure du possible, devenir autosuffisant, en produisant les graines dont vous vous servirez les saisons suivantes..

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Les rĂšgles pour faire le bon choix sont les suivantes : PrivilĂ©giez les semences traditionnelles ou anciennes, ou les variĂ©tĂ©s issues d’une

pollinisation libre ayant au moins 50 ans d’histoire. Si possible, choisissez des graines de variĂ©tĂ©s locales dĂ©jĂ  acclimatĂ©es Ă  votre territoire. Vous pouvez essayer de les rĂ©cupĂ©rer auprĂšs de vos connaissances car les variĂ©tĂ©s les plus intĂ©ressantes sont souvent transmi-ses de pĂšre en fils, ou adressez-vous Ă  un pĂ©piniĂ©riste ou Ă  un institut agronomique, une universitĂ© ou autres centres de recherches. Vous pourrez alors obtenir une petite quantitĂ© de graines Ă  usage privĂ© pour votre potager. Ces semences vous permettent, entre autres avantages, d’autoproduire vos graines pour l’annĂ©e suivante (si vous aimez tout faire vous-mĂȘme) Ă  partir des fruits gĂ©nĂ©rĂ©s par les plantes.

Si au contraire vous choisissez de cultiver des variĂ©tĂ©s d’autres territoires ou des va-riĂ©tĂ©s rĂ©cemment apparues, mieux vaut privilĂ©gier les semences de variĂ©tĂ©s issues d’une pollinisation libre, c’est Ă  dire les plantes sĂ©lectionnĂ©es Ă  travers la pollinisation naturelle, comme c’était le cas avant l’arrivĂ©e des semences hybrides. Elles prĂ©sentent une plus grande variabilitĂ© et produisent des graines que vous pourrez conserver et ressemer l’annĂ©e suivante. Ces derniĂšres sont difficiles Ă  trouver dans le commerce et vous devrez les collecter elles aussi auprĂšs des agriculteurs, pĂ©piniĂ©ristes et instituts agronomiques...

PrivilĂ©giez les semences certifiĂ©es Bio, proposĂ©es en ligne sur les sites spĂ©cialisĂ©s et dans les magasins Bio. PrivilĂ©giez, si vous le pouvez, les producteurs qui ne cultivent qu’en Bio.

Lisez les Ă©tiquettes ! La mention F1 ou F2 indique des semences hybrides produites par quelques multinationales et distribuĂ©es par de nombreux revendeurs. Elles coĂ»tent plus cher que les autres et il est inutile d’en rĂ©colter les graines pour l’annĂ©e suivante, car elles ne conservent pas les mĂȘmes caractĂ©ristiques que les plantes mĂšres en termes vĂ©gĂ©tatifs et productifs. La premiĂšre gĂ©nĂ©ration garantit cependant des rĂ©sultats optimaux en ter-mes de rendement, mais privilĂ©giez-vous vraiment la quantitĂ© au dĂ©triment de la qualitĂ© des produits traditionnels ?

Lisez bien les informations indiquĂ©es sur le sachet. Vous pourrez savoir comment les graines ont Ă©tĂ© obtenues, si elles ont Ă©tĂ© traitĂ©es avec des fongicides ou d’autres produits chimiques, quelles sont les qualitĂ©s de la variĂ©tĂ©, comment la cultiver, quelle est l’annĂ©e de

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récolte et la date de péremption. Les semences fraßches ont des capacités germinatives supérieures !

Les sachets ne disent cependant pas tout. Si vous en avez l’occasion, rencontrez des agriculteurs de votre rĂ©gion pour comprendre quels sont les avantages et les dĂ©fauts des semences que vous voulez acheter.

Choisissez une variĂ©tĂ© et plantez-en de nombreuses graines. La monotonie est l’enne-mie du potager, de la table et de la santĂ©, tandis que la diversitĂ© aide aussi Ă  produire de maniĂšre plus saine.

Conservez les semences dans des conditions optimales, car ce sont des organismes vivants et toujours actifs, y compris dans leur phase de dormance : elles doivent ĂȘtre Ă  l’abri de la lumiĂšre, des tempĂ©ratures Ă©levĂ©es et de l’humiditĂ©. L’idĂ©al est de les dĂ©poser dans un sachet en papier (sur lequel on Ă©crira, par sĂ©curitĂ©, le nom de la variĂ©tĂ©) que l’on mettra dans un rĂ©cipient hermĂ©tique, si possible en fer ou en verre (mais dans ce cas, attention Ă  la lumiĂšre).

Des semences et des abeillesUn jardin ou un terrain riche en arbres fruitiers, plantes potagĂšres et fleurs est aussi l’habitat le plus indiquĂ© pour voir prospĂ©rer abeilles, papillons, frelons et bourdons : plus un environnement est variĂ© et sain, plus ces insectes sont capables de mener leur activitĂ© fondamentale de pollinisation, garantissant la fertilitĂ© de la planĂšte. Les semences commerciales traitĂ©es avec des fertilisants et des pesticides mettent quant Ă  elles en sĂ©rieux danger la survie des insectes pollinisateurs et en particulier des abeilles. Parmi les produits les plus dangereux et les plus rĂ©pandus, on peut citer les nĂ©onicotinoĂŻdes, utilisĂ©s pour le traitement de certaines cultures comme le maĂŻs ou la betterave Ă  sucre contre les attaques de parasites : en 2013, l’Union europĂ©enne a officiellement reconnu les effets nocifs de ces produits sur les abeilles. Ils ont donc Ă©tĂ© partiellement interdits sur le marchĂ© pour une pĂ©riode de deux ans, de 2013 Ă  2015. Ce type de molĂ©cules de synthĂšse est aussi prĂ©sent dans de nombreux produits que nous utilisons chez nous, pour contrer les invasions de fourmis ou dĂ©fendre nos rosiers des parasites. Attention donc Ă  ce que vous utilisez au jardin. MĂȘme les dĂ©sherbants pulvĂ©risĂ©s sur les bords des routes ou que nous utilisons nous-mĂȘmes pour garder notre jardin “en ordre”, s’ils ont utilisĂ©s sans discernement, nuisent Ă  la terre, aux insectes et aux hommes !

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Horticulteurs Ă  la barre : brevets et privatisationsEn matiĂšre de semences, il nous faut endosser Ă  la fois le rĂŽle d’hor-ticulteur et celui d’avocat, Ă©tant donnĂ© que bien souvent, nous avons Ă  faire avec des concepts qui n’ont Ă  priori pas de liens directs avec l’agriculture, tels que royalties, propriĂ©tĂ© intellectuelle, privatisation ou dĂ©pĂŽt de brevet. S’ils sont de prime abord peu attirants, nous devrions tous avoir les idĂ©es claires Ă  leur propos, pour comprendre oĂč nous en

sommes, oĂč nous allons et oĂč nous devrions aller.

L’agro-industrie entend imposer sa vision, en appliquant ses propres concepts de pro-priĂ©tĂ© intellectuelle et de privatisation Ă  la sphĂšre naturelle. Elle considĂšre les semences et les variĂ©tĂ©s vĂ©gĂ©tales exactement comme la derniĂšre dĂ©couverte dans le domaine de la tĂ©lĂ©phonie mobile ou toute autre invention de l’homme. Mais les semences, y compris les “nouvelles” ne sont l’invention de personne : elles sont le rĂ©sultat de plus de 10 000 ans d’attention et d’intelligence des hommes qui cultivent la terre.

L’agro-industrie met ainsi la main sur le premier maillon fondamental de la chaĂźne ali-mentaire. Elle exerce un contrĂŽle lĂ©galisĂ© sur l’humanitĂ© entiĂšre, un contrĂŽle auquel nous donnons le nom de monopole alimentaire.

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Biopirates et agriculteurs hors la loiSi les logiques de l’industrie finissent par s’imposer totalement via quelques variĂ©tĂ©s breve-tĂ©es, provoquant de fait la marginalisation et la disparition de toutes les autres, les agricul-teurs, horticulteurs amateurs et simples consommateurs perdront de nombreuses libertĂ©s fondamentales :

la libertĂ© d’utiliser les semences selon ses besoins la libertĂ© de produire de nouvelles variĂ©tĂ©s Ă  partir de variĂ©tĂ©s existantes la libertĂ© d’échanger et de vendre les semences de variĂ©tĂ©s protĂ©gĂ©esla libertĂ© de reproduire les semences et de les ressemer l’annĂ©e suivante sur son terrainla libertĂ© de choisir quoi cultiver, aussi appelĂ©e souverainetĂ© alimentairela libertĂ© de choisir quoi manger la libertĂ© de ne pas subir la privatisation la libertĂ© de ne pas subir la contamination gĂ©nĂ©tique et les OGM

Biopiraterie : comportement attribué aux pays développés, accusés de souti-rer des connaissances et des ressources aux pays en développement ou de les contraindre à pratiquer des cultu-res nuisibles pour l'environnement immédiat.

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Horticulteurs Ă  la barre : enregistrer au catalogueLa privatisation, si elle est mal gĂ©rĂ©e ou prend une forme erronĂ©e (brevet), conduit Ă  un contrĂŽle de la production alimentaire par un petit nombre d’acteurs et Ă  l’appauvrissement de l’agrobiodiversitĂ©. À l’inverse, enregistrer une variĂ©tĂ© au catalogue officiel des variĂ©tĂ©s ou ses Ă©quivalents signifie la connaĂźtre, la dĂ©crire et la protĂ©ger. Ainsi que le TraitĂ© international sur les ressources phytogĂ©nĂ©tiques pour l’alimentation et l’agriculture, adoptĂ© par la FAO en 2001, le souhai-tait dĂ©jĂ , l’enregistrement doit ĂȘtre un instrument de protection de la culture et de l’origine de la semence. Il ne s’agit aucunement d’une limitation des libertĂ©s des agriculteurs, mais d’un outil destinĂ© Ă  leur dĂ©fense.

À l’opposĂ© de la privatisation, l’enregistrement peut, selon les pays, ĂȘtre trĂšs abordable, voire gratuit, public et consultable en ligne.Les registres, gĂ©rĂ©s par des organismes diffĂ©rents, peuvent ĂȘtre rĂ©gionaux, nationaux et internationaux. Afin de formaliser le lien d’une variĂ©tĂ© avec un territoire spĂ©cifique, ils doivent prĂ©senter ses caractĂ©ristiques morphologiques et biomĂ©triques ainsi que la zone de premiĂšre identification et de diffusion de la variĂ©tĂ©.

Si vous pensez avoir une variété à enregistrer en France, vous pouvez vous adresser au CTPS (Comité Technique Permanent de la Sélection des plantes cultivées).

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Mieux vaut figurer au catalogueSi l’enregistrement au catalogue doit ĂȘtre encouragĂ©, on ne peut interdire de cultiver ce

qui n’y figure pas et il est utile de prĂ©ciser cependant que l’enregistrement n’est pas une forme de protection suffisante ;

quiconque, gĂ©nĂ©ralement un agriculteur ou un institut scientifique, peut proposer l’en-registrement d’une variĂ©tĂ© traditionnelle et doit se rendre disponible pour veiller Ă  sa conservation et ainsi devenir un “agriculteur gardien “ ;

un “agriculteur gardien” accepte la tĂąche d’effectuer rĂ©guliĂšrement de nouveaux semis pour permettre aux graines de se renouveler et de maintenir leurs propres capacitĂ©s germinatives

en enregistrant une semence, l’agriculteur effectue un pas fondamental dans la con-servation de l’agrobiodiversitĂ©.

brevetcatalogation

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Horticulteurs en blouse blanche : les graines sont fragiles

Les graines aussi attrapent des maladies et sont victimes de virus, de champignons et de bactĂ©ries. La salubritĂ© de la graine est par consĂ©quent primordiale car les risques encourus sont trĂšs Ă©levĂ©s. Il n’est pas toujours possible de contrer les virus qui touchent un terrain, mais avoir dĂšs le dĂ©part des semences saines constitue dĂ©jĂ  une Ă©tape importante.

L’agro-industrie vante rĂ©guliĂšrement la qualitĂ© de ses semences, en s’appuyant fortement sur l’argument qu’elles sont saines et exemptes de virus, de champignons et de bactĂ©ries. Les semences produites par les grands semenciers sont soumises Ă  des analyses

coĂ»teuses de laboratoires qui certifient l’absence de maladies. D’un point de vue phyto-sanitaire, ces semences sont sĂ»res, mais sommes-nous rĂ©ellement convaincus que l’indu-strie soit la seule Ă  pouvoir garantir cette salubritĂ© ?

Les petits agriculteurs reproduisent depuis toujours leurs semences : pour leur propre utilisation, pour les échanger, mais aussi les revendre. Ces professionnels savent trÚs bien identifier les plantes et les fruits qui ne présentent pas de symptÎmes et sélectionner les plus robustes, ceux qui produiront les meilleures graines.

D’un point de vue lĂ©gal, l’autocertification et la traçabilitĂ© devraient pouvoir ĂȘtre mises en place en demandant Ă  l’agriculteur, dans la mesure du possible et sur la base d’un contrĂŽle visuel, de garantir la semence qu’il souhaite vendre ou Ă©changer, sans pour autant l’accabler par une bureaucratie trop lourde et par les coĂ»ts de la certification ac-tuellement prĂ©vue par la loi. Les techniques modernes devraient et pourraient ĂȘtre mises Ă  disposition des agriculteurs pour approuver la salubritĂ© d’un grand nombre d’espĂšces et de variĂ©tĂ©s traditionnelles.

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Informations utilesPersonne ne vous demande de devenir un “docteur” des graines, mais il est utile de connaütre certaines choses :

sur la base d’un contrĂŽle visuel, l’agriculteur est capable d’évaluer la salubritĂ© de ses semences et devrait pouvoir avoir le droit et le devoir de les autocertifier. Demandez-lui toujours conseil lorsque vous achetez des graines pour votre jardin ;

la diffusion des variĂ©tĂ©s locales reste limitĂ©e par rapport aux cultures de l’industrie : en cas de dommages, ceux-ci seront par consĂ©quent limitĂ©s. Elles possĂšdent en outre un potentiel trĂšs faible en termes de maladies et de virus ;

les graines sont vivantes et dĂ©licates : lors d’un achat ou d’un Ă©change, il est lĂ©gitime de demander et de fournir les informations qui les concernent.

Horticulteurs en herbe : plante saine = graines saines = plantes sainesSi vous souhaitez sĂ©lectionner et conserver vos semences, il est prĂ©fĂ©rable d’adopter certaines pratiques. Essayons avec un haricot, qui ne prĂ©sente aucune difficultĂ©.‱ sĂ©lectionnez uniquement les plants les plus sains et prolifiques : plante saine = graines saines = plantes saines pour la saison suivante ;‱ lorsque les haricots seront secs et prĂȘts Ă  devenir des semences, sĂ©lectionnez seule-ment les plus beaux, intacts et lisses, de la taille correspondant au type variĂ©tal ;‱ posez-les sur une assiette pendant une journĂ©e pour bien les sĂ©cher ;‱ dĂ©posez-les dans un sachet en papier, Ă©tiquetez-le et conservez-le dans un lieu frais et sec Ă  l’abri de la lumiĂšre.

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Dis-moi quelle graine tu manges, je te dirai qui tu esUne chanson italienne disait autrefois : « Pour faire un arbre, il faut une graine, pour faire une graine, il faut un fruit ». VoilĂ  comment on expliquait aux enfants le lien entre la table en bois et la graine plantĂ©e dans la terre... Ce mĂȘme lien est encore plus Ă©troit et plus fondamental entre le lĂ©gume, le fruit ou le plat de riz posĂ© sur la table et la graine qui en est Ă  l’origine.

C’est un fait : un consommateur responsable doit assumer mille responsabilitĂ©s avant d’avaler quoi que ce soit. Il doit se soucier du fait que sa nourriture est produite dans le respect de l’environnement, du bien-ĂȘtre animal et de celui qui l’a produit, qu’elle n’a pas polluĂ© ni consommĂ© trop d’eau... Comprendre le lien avec les graines dont sont issues to-mates, salades ou soupes de lĂ©gumes est un degrĂ© de responsabilitĂ© encore plus poussĂ©, mais aussi primordial que les autres.

Ainsi, mĂȘme si vous mangez avec fiertĂ© les lĂ©gumes de votre jardin, vous devez savoir que, si les graines dont ils sont issus sont des hybrides F1 et F2 des multinationales, ces lĂ©gumes restent un produit de l’industrie.

semences F1

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Consommateurs Ă©clairĂ©s : les semences sont la base de tout, pensons-y !La vĂ©ritable conscience de ce que l’on met dans notre assiette part forcĂ©ment du premier anneau de la chaĂźne alimentaire : la graine qui a gĂ©nĂ©rĂ© la plante, la fleur puis le fruit.‱ privilĂ©giez les variĂ©tĂ©s vĂ©gĂ©tales dont le nom fait rĂ©fĂ©rence Ă  un territoire prĂ©cis (l’a-sperge d’Albenga, le haricot de Lucques, la tomate de Torre Guaceto) car leurs semences sont produites et prĂ©servĂ©es au sein d’une communautĂ© dĂ©terminĂ©e ;‱ privilĂ©giez les lĂ©gumes, les cĂ©rĂ©ales et les lĂ©gumineuses dĂ©rivant de variĂ©tĂ©s anciennes traditionnelles ;‱ les fruits et lĂ©gumes dĂ©rivant de semences commerciales sont les plus rĂ©pandues sur le marchĂ© : dans le commerce, elles portent souvent des noms fantaisie qui ne font rĂ©fĂ©ren-ce Ă  aucun territoire ni Ă  aucune tradition spĂ©cifique : tomates piccadilly, piment fuego...

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Horticulteurs experts : oĂč se procurer les bonnes semences ?Se procurer les bonnes semences peut sembler une entreprises compliquĂ©e, mais savoir oĂč les chercher peut dĂ©jĂ  vous faciliter la tĂąche.

vous pouvez vous rendre Ă  une bourse d’échange de graines ou chercher une communautĂ© en ligne (comme Grow the Planet, Graines de troc) qui remplissent la mĂȘme fonction ;

vous trouverez également sur Internet de nombreuses petites fermes qui vendent en ligne, vous repérerez rapidement lesquelles sont certifiées Bio ;

in rete si trovano anche molte piccole ditte che effettuano la vendita online: ti sarĂ  facile trovare quelle che hanno la linea biologica;

vous pouvez les demander auprĂšs d’une banque de germoplasmes. Les jardins botani-ques, universitĂ©s, instituts scientifiques et agronomiques, les associations paysannes di-sposent souvent d’une banque de semences prĂ©servant les Ă©cotypes locaux et participent Ă  des projets de sauvegarde et de conservation des semences ;

vous pouvez consulter la liste des variétés régionales enregistrées : chaque fiche con-tient aussi les informations sur ceux qui les cultivent ;

dans les magasins spécialisés en horticulture et floriculture. En faisant attention aux indications sur les sachets, vous devriez pouvoir identifier rapidement, et ainsi éviter, les hybrides industriels ;

dans les magasins Bio, qui ont souvent un espace dédié aux graines biologiques.

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Les banques de germoplasmes En plus des banques locales, il existe Ă©galement des organismes comme la Millennium Seed Bank des Royal Botanic Gardens en Angleterre ou le Svalbard Global Seed Vault en NorvĂšge, considĂ©rĂ©s eux aussi comme des banques de germoplasmes. Leur fonction est de prĂ©server les variĂ©tĂ©s biologiques et de garantir la sĂ©curitĂ© alimentaire en conservant la quantitĂ© nĂ©cessaire de variĂ©tĂ©s d’espĂšces alimentaires prĂȘtes Ă  ĂȘtre semĂ©es dans l’éventualitĂ© d’une catastrophe biologique qui entraĂźnerait la destruction des rĂ©serves alimentaires.

banques

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Questions - RĂ©ponsesDe la premiĂšre Ă  la derniĂšre page de ce livret, nous vous avons fait endosser l’uniforme de l’horticulteur et du consommateur, mais aussi du lĂ©gislateur et du mĂ©decin. Rien de plus normal ! Les semences sont petites mais complexes et pour les connaĂźtre un peu mieux, il est nĂ©cessaire de se mettre dans la peau de diffĂ©rents acteurs. Cependant, il est normal que vous ayez encore de nombreuses questions. Nous essayons ci-dessous d’en anticiper quelques-unes, dans l’espoir de satisfaire votre curiositĂ©.

Existe-t-il une loi sur les semences ? Que rĂ©gle-mente-t-elle et Ă  qui incombent les futures dĂ©cisions en la matiĂšre ?La lĂ©gislation europĂ©enne en vigueur est composĂ©e de 12 directives de base qui rĂ©gle-mentent la commercialisation des semences. Sa mise en place remonte aux annĂ©es 60 et 70 et son objectif Ă©tait double : augmenter la productivitĂ© des cultures Ă  l’intĂ©rieur d’un cadre lĂ©gal qui rĂ©gisse le systĂšme de distribution des variĂ©tĂ©s Ă  haut rendement (par le biais de la certification et l’enregistrement au catalogue officiel) et protĂ©ger l’acquĂ©reur des Ă©ventuelles fraudes. Afin de mettre Ă  jour et de simplifier ces directives, la Commission europĂ©enne a prĂ©sentĂ© en 2013 une proposition de rĂšglement relatif Ă  la production et la mise Ă  disposition sur le marchĂ©. Mais en 2014 le Parlement europĂ©en a rejetĂ© cette proposition, demandant Ă  la Commission d’en formuler une nouvelle qui prenne davanta-ge en considĂ©ration les spĂ©cificitĂ©s de chaque État membre et apporte une amĂ©lioration rĂ©elle pour les producteurs, les consommateurs et l’environnement.

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Puisqu'une rĂ©flexion sur la nouvelle proposition de rĂšglement de la Commission europĂ©enne est en cours, que propose Slow Food ?Slow Food souhaite une nouvelle loi sur les semences. Une loi Ă  mĂȘme de conjuguer la production et la disponibilitĂ© de semences de haute qualitĂ© sanitaire Ă  une protection effective de la biodiversitĂ©. Une loi portant une attention particuliĂšre aux semences tradi-tionnelles et Ă  leur lien avec le territoire et les savoirs traditionnels, autorisant l’échange entre petits producteurs mais aussi entre producteurs et jardiniers-amateurs, ainsi que leur commercialisation selon des rĂšgles adĂ©quates et non pĂ©nalisantes. Une loi qui va-lorise le travail de ceux qui cultivent la diversitĂ© en identifiant des actions de soutien appropriĂ©es, reconnaissant le rĂŽle jouĂ© par les agriculteurs dans la conservation et la production de biodiversitĂ© agricole. Une loi, enfin, qui promeuve les variĂ©tĂ©s traditionnel-les, tout en assurant les contrĂŽles nĂ©cessaires Ă  la protection des utilisateurs.Plus particuliĂšrement, Slow Food demande un cadre juridique et des politiques publiques qui :‱ respectent les obligations internationales signĂ©es par l’Union europĂ©enne, et plus parti-culiĂšrement le TraitĂ© international sur les ressources phytogĂ©nĂ©tiques pour l’alimentation et l’agriculture de la FAO ;‱ sauvegardent la diversitĂ© en favorisant l’enregistrement volontaire et gratuit des semences ;

‱garantissent la salubritĂ© et la traçabilitĂ© des semences traditionnelles mises sur le mar-chĂ©, en introduisant des exigences adaptĂ©es aux diffĂ©rents modĂšles agricoles ;‱ ne limitent pas la libertĂ© d’échange des semences traditionnelles, mais promeuvent la prise de responsabilitĂ© de ceux qui les utilisent.

Les grandes industries ne produisent pas seule-ment des semences hybrides mais aussi des semences transgĂ©niques. Quels OGM trouve-t-on en Europe ? OĂč est-il lĂ©gal de les cultiver ?Il existe Ă  ce jour plus de 50 OGM autorisĂ©s pour le commerce au sein de l’Union eu-ropĂ©enne. Deux d’entre eux ont obtenu une autorisation de culture au sein de l’Union europĂ©enne : le maĂŻs transgĂ©nique Mon810 de Monsanto, approuvĂ© en 1998, et la pom-

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me de terre Amflora de BASF, approuvĂ©e en 2010 pour des applications dans le secteur du papier et qui n’est plus cultivĂ©e depuis 2015. Les autres ont Ă©tĂ© approuvĂ©s pour l’importation seulement et sont majoritairement destinĂ©s dans l’industrie de l’alimentation animale. Selon la lĂ©gislation europĂ©enne, les OGM ne peuvent ĂȘtre ni cultivĂ©s ni importĂ©s au sein de l’UE sans une autorisation prĂ©alable qui garantisse la protection de la santĂ© humaine et animale et de l’environnement. La lĂ©gislation actuelle offre aux États membres la possibilitĂ© d’interdire la culture d’un OGM sur leur territoire. L’opposition des consom-mateurs europĂ©ens aux cultures transgĂ©niques a rendu quasi insignifiante la production europĂ©enne (0,1% de la production mondiale), celle-ci se limitant au maĂŻs MON 810.Les cultures OGM se trouvent Ă  80% en Espagne, les 20% restant se rĂ©partissant entre cinq autres pays (RĂ©publique tchĂšque, Portugal, Roumanie, Pologne et Slovaquie). Tous les autres pays ont votĂ© des interdictions sous diffĂ©rentes formes (crĂ©ant ainsi un con-tentieux avec l’UE), bloquĂ© les cultures en invoquant la clause de sauvegarde (qui permet Ă  chaque État membre estimant qu’un OGM reprĂ©sente un risque pour la santĂ© humaine ou l’environnement, d’en limiter ou d’en interdire l’usage ou la vente sur son territoire de maniĂšre temporaire) ou n’ont pas autorisĂ© les cultures transgĂ©niques.

Pourquoi une culture transgĂ©nique reprĂ©sente-t-elle une menace pour un champ plantĂ© de semences conven-tionnelles, bio ou biodynamiques ?Lorsqu’un champ plantĂ© de semences traditionnelles jouxte un champ de semences transgĂ©niques, un coup de vent ou le simple travail des abeilles peut suffire Ă  la contamination. Les gĂšnes, et par la mĂȘme occasion les transgĂšnes, se multiplient avec les organismes qui les contiennent et il devient impossible de contrĂŽler leur propaga-tion dans l’environnement. Le risque pour l’environnement est nĂ©gligeable lorsque les manipulations gĂ©nĂ©tiques sont effectuĂ©es sur des bactĂ©ries cultivĂ©es dans des environ-nements clos et contrĂŽlĂ©s (comme dans l’industrie pharmaceutique, oĂč les bactĂ©ries sont transformĂ©es pour la production de molĂ©cules spĂ©cifiques), mais dans le contexte agroalimentaire, le problĂšme se pose en termes Ă©vidents et Ă  grande Ă©chelle car les OGM, s’ils sont cultivĂ©s Ă  l’air libre, sont intĂ©grĂ©s directement et en grandes quantitĂ©s dans l’environnement naturel, sans aucune possibilitĂ© de confinement.

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Selon la rĂ©glementation actuellement en vigueur, un jardin cultivĂ© avec des semences traditionnelles que l'on m'a donnĂ©es ou que j'ai achetĂ©es auprĂšs d’un paysan est-il hors-la-loi ?La norme communautaire actuelle rĂ©glemente la commercialisa-tion des semences, y compris des semences traditionnelles pour lesquelles sont prĂ©vues des dispositions spĂ©cifiques prenant en considĂ©ration les nouveaux dĂ©veloppements relatifs Ă  la conserva-tion in situ et l’utilisation durable des ressources phytogĂ©nĂ©tiques d’intĂ©rĂȘt pour l’agriculture. Les agriculteurs peuvent vendre des se-mences traditionnelles mais, sauf dĂ©rogation, doivent respecter les conditions et obligations prĂ©vues par la loi (enregistrement, quan-titĂ© de matĂ©riel commercialisable). L’échange et le don de semen-ces n’étant pas rĂ©glementĂ©s, cultiver un jardin avec des semences traditionnelles donnĂ©es par un paysan n’est pas illĂ©gal.

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Pour en savoir plusCommission europĂ©enneLe portail de la Commission europĂ©enne fournit des informations sur la lĂ©gislation actuelle de l’UE, la rĂ©vision des normes europĂ©ennes et le travail du groupe d’experts sur la lĂ©gislation en matiĂšre de semences et de matĂ©riel de reproduction vĂ©gĂ©tale : http://bit.ly/1ZOOp8tProposition de rĂšglement de 2013 relatif Ă  la production et Ă  la mise Ă  disposition sur le marchĂ© de matĂ©riel de reproduction vĂ©gĂ©tale : http://bit.ly/1WxMxvn. Cette proposition prĂ©sentĂ©e par la Commission a Ă©tĂ© rejetĂ©e par le Parlement.

Parlement europĂ©enIvan Mammana, “Concentration du pouvoir dans le marchĂ© europĂ©en des semences”, 2014, http://bit.ly/1qBMlME*PrĂ©server la diversitĂ© des semences, c’est assurer la sĂ©curitĂ© alimentaire pour tous, vidĂ©o : http://bit.ly/WkT3vg*

FAOTraitĂ© international sur les ressources phytogĂ©nĂ©tiques pour l’alimentation et l’agricul-ture, qui vise Ă  reconnaĂźtre l’énorme contribution des agriculteurs Ă  la diversitĂ© des cultures qui nourrissent le monde : http://www.planttreaty.org/fr

UpovTraitĂ© international sur les ressources phytogĂ©nĂ©tiques pour l’alimentation et l’agricul-ture, qui vise Ă  reconnaĂźtre l’énorme contribution des agriculteurs Ă  la diversitĂ© des cultures qui nourrissent le monde : http://www.planttreaty.org/fr

Organisations de la sociĂ©tĂ© civileManifeste sur l’avenir des semences : http://bit.ly/1nbM4Tgwww.arche-noah.at (en anglais et allemand)La Via Campesina : Nos semences, notre futur : http://bit.ly/1S7ofaZwww.ifoam.org/en/what-we-do/seedwww.eu-seedlaw.net/Stefano Masini et Cinzia Scaffidi, Sementi e diritti, Slow Food Editore 2008 (non traduit en français)

*Commandée par le groupe parlementaire des Verts - Alliance libre européenne au Parlement européen

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Sous la direction de Silvia CerianiAvec la contribution de Cristina Agrillo, Serena Milano, Cinzia ScaffidiRemerciements Ă  Marcello Buiatti, Andrea Ferrante, Fiorenzo Gimelli, Manuela Giovannetti, Paola Migliorini, Cristiana Peano et Francesco Sottile pour son avis scientifiqueIllustrationsMarco BinelliGraphisme et mise en page Claudia SagliettiAchevĂ© d’imprimer au mois d’octobre 2014 parLa Stamperia, CarrĂč (Cn)Slow FoodÂź

Piazza XX Settembre, 5 - 12042 Bra (Cn)TĂ©l. 0172 419611www.slowfood.com - [email protected]

Slow FoodÂź Editore srl © 2014 Via della MendicitĂ  Istruita, 4512042 Bra (Cn)TĂ©l. 0172 419611www.slowfood.it - [email protected]

Cette publication est rĂ©alisĂ©e avec le soutien financier de l’Union europĂ©enne.Cette publication relĂšve de la responsabilitĂ© exclusive de son auteur. L’Union europĂ©enne n’est pas responsable de l’utilisation qui peut ĂȘtre faite des informations contenues dans le prĂ©sent document.

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