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PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS UNISSEZ-VOUS ! ENVER HOXHA ŒUVRES CHOISIES PUBLIEES PAR DECISION DU COMITE CENTRAL DU PARTI DU TRAVAIL D’ALBANIE INSTITUT DES ETUDES MARXISTES- LENINISTES PRES LE COMITE CENTRAL DU PARTI DU TRAVAIL D'ALBANIE VOLUME III JUIN 1960 - OCTOBRE 1965 Edition électronique réalisée par Vincent Gouysse à partir de l’ouvrage publié en 1980 aux Editions « 8 NËNTORI », Tirana. WWW.MARXISME.FR

PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS UNISSEZ-VOUS ! ENVER HOXHA · proletaires de tous les pays unissez-vous ! enver hoxha Œuvres choisies publiees par decision du comite central du parti

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  • PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS UNISSEZ-VOUS !

    ENVER HOXHA

    UVRES CHOISIES

    PUBLIEES PAR DECISION DU COMITECENTRAL DU PARTI DU TRAVAIL DALBANIE

    INSTITUT DES ETUDES MARXISTES-LENINISTES PRES LE COMITE CENTRAL DUPARTI DU TRAVAIL D'ALBANIE

    VOLUME III

    JUIN 1960 - OCTOBRE 1965

    Edition lectronique ralise par Vincent Gouysse partir de louvragepubli en 1980 aux Editions 8 NNTORI , Tirana.

    WWW.MARXISME.FR

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    Sommaire

    PREFACE (p. 6)

    1960

    SUIVONS COMME TOUJOURS UNE LIGNE JUSTE (Extraits de l'intervention la runion du Bureau politique du C.C. du P.T.A.) (22juin 1960) (p. 8)

    LETTRE AU CAMARADE HYSNI KAPO A BUCAREST (22 juin 1960) (p. 10)

    NE NOUS SOUMETTONS A AUCUNE PRESSION (Extraits de l'intervention la runion du Bureau politique du C.C. du P.T.A.) (24juin 1960) (p. 14)

    LETTRE AU CAMARADE HYSNI KAPO A BUCAREST (25 juin 1960) (p. 15)

    A LA RENCONTRE DE BUCAREST NOUS N'AVONS PAS ACCEPTE QUE SOIENT VIOLEES LES NORMES LENINISTESDANS LES RAPPORTS ENTRE PARTIS (Discours prononc au XVIIe plnum du C.C. du P.T.A.) (Extraits) (11 juillet 1960) (p. 15)

    LA VERITABLE UNITE NE S'OBTIENT ET NE SE RENFORCE QUE SUR LA BASE DES PRINCIPES MARXISTES-LENINISTES (Lettre au C.C. du P.C.U.S. et au C.C. du P.C.C.) (Extraits) (27 aot 1960) (p. 25)

    RADIOGRAMME AU CAMARADE MEHMET SHEHU A NEW YORK (29 septembre 1960) (p. 27)

    LETTRE AU CAMARADE HYSNI KAPO A MOSCOU (1er octobre 1960) (p. 28)

    RADIOGRAMME AU CAMARADE MEHMET SHEHU A NEW YORK (1er octobre 1960) (p. 30)

    QUE LA DECLARATION DE MOSCOU SOIT AUSSI FORTE QUE POSSIBLE, QU'ELLE CONTIENNE DE LA POUDRE ETNON DE LA BOURRE (Lettre au camarade Hysni Kapo Moscou) (4 octobre 1960) (p. 31)

    LETTRE AU CAMARADE HYSNI KAPO A MOSCOU (7 octobre 1960) (p. 34)

    LETTRE AU CAMARADE HYSNI KAPO A MOSCOU (13 octobre 1960) (p. 36)

    CE N'EST PAS KHROUCHTCHEV QUI DECIDE SI L'ALBANIE EST OU NON UN PAYS SOCIALISTE, CELA C'EST LEPEUPLE ALBANAIS QUI L'A DECIDE PAR SES LUTTES ET PAR SON SANG VERSE (Extraits de l'entretien du camarade EnverHoxha avec J. Andropov Moscou) (8 novembre 1960) (p. 38)

    LE MARXISME-LENINISME ET LES INTERETS DE NOTRE PEUPLE, NOUS LES DEFENDONS AVEC FEU (Extraits del'entretien de la dlgation du P.T.A. avec les reprsentants du P.C.U.S., A. Mikoyan, F. Kozlov, M. Souslov, P. Pospelov, J. Andropov, Moscou) (10 novembre 1960) (p. 39)

    NOUS AVONS COMBATTU MEME LE VENTRE CREUX ET NU-PIEDS, MAIS NOUS NE NOUS SOMMES JAMAISINCLINES DEVANT QUI QUE CE SOIT (Entretien de la dlgation du P.T.A., conduite par le camarade Enver Hoxha, avec N.S.Khrouchtchev Moscou, au Kremlin) (12 novembre 1960) (p. 45)

    DISCOURS PRONONCE AU NOM DU C.C. DU P.T.A. A LA CONFERENCE DES 81 PARTIS COMMUNISTES ET OUVRIERSA MOSCOU (16 novembre 1960) (p. 50)

    LA LUTTE DE PRINCIPE ET CONSEQUENTE CONTRE L'IMPERIALISME ET LE REVISIONNISME A ETE ET DEMEURELA VOIE DE NOTRE PARTI (Discours de clture au XXIe plnum du C.C. du P.T.A.) (20 dcembre 1960) (p. 83)

    1961

    LA PRESSION POLITIQUE ET ECONOMIQUE OUVERTE DES REVISIONNISTES SOVIETIQUES ECHOUERA FACE A LARESOLUTION ET A LA VOLONTE DE FER DU PEUPLE ET DES COMMUNISTES ALBANAIS (Lettre au C.C. du P.C.U.S.) (14janvier 1961) (p. 93)

    RAPPORT D'ACTIVITE DU COMITE CENTRAL DU PARTI DU TRAVAIL D'ALBANIE PRESENTE AU IVe CONGRES DUP.T.A. (Extraits) (13 fvrier 1961) (p. 96)

    II - LES RESULTATS DE L'EDIFICATION SOCIALISTE DANS NOTRE PAYS (p. 97)A. L'heureuse dification de la base conomique du socialisme (p. 97)B. Le 2e plan quinquennal, important pas en avant dans le dveloppement de notre conomie et de notre culture (p. 100)

    2. La collectivisation de l'agriculture constitue le plus grand succs du Parti dans les campagnes (p. 101)3. L'lvation du niveau de vie matriel des masses travailleuses (p. 102)4. La rvolution culturelle se dveloppe chez nous avec succs (p. 103)

    III - LE DEVELOPPEMENT DE NOTRE PAYS DANS LA VOIE DE L'EDIFICATION SOCIALISTE (p. 104)1. La poursuite de l'industrialisation socialiste du pays, facteur dterminant du dveloppement de la base matrielle ettechnique du socialisme (p. 106)2. Le dveloppement de l'agriculture au cours du 3e quinquennat (p. 113)3. Les tches du 3e quinquennat pour le mieux-tre matriel des masses travailleuses (p. 117)

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    4. La formation des cadres et le dveloppement de l'enseignement, de la culture et des sciences, au cours du nouveauquinquennat (p. 119)

    IV - DE CERTAINS PROBLEMES CONCERNANT LE RENFORCEMENT DU PARTI (p. 123)2. Actuellement le problme essentiel du Parti, sur le plan organisationnel, est le renforcement du rle de ses organisationsde base et l'lvation du niveau de leur travail (p. 123)5. Renforons le travail du Parti afin d'accrotre encore le rle des organisations de masse (p. 125)6. Le renforcement du pouvoir populaire, condition indispensable de l'heureuse ralisation de toutes nos tches (p. 127)

    V - LA LUTTE SUR LE FRONT IDEOLOGIQUE ET LES TACHES DU PARTI (p. 130)2. Renforons le travail de propagation des principes fondamentaux du marxisme-lninisme et la lutte pour prserver sapuret (p. 131)

    LES CALOMNIES ET LES PRESSIONS NE NOUS INTIMIDENT PAS, NOUS NE NOUS METTONS PAS A GENOUX (Extraitsd'un entretien avec la dlgation du P.C.U.S. qui avait assist au IVe Congrs du P.T.A.) (20 fvrier 1961) (p. 137)

    LA SITUATION REQUIERT DE LA PART DES MASSES DE LA CLARTE POLITIQUE, UNE UNITE PUISSANTE ET UNEMOBILISATION ACTIVE (Discours prononc devant les Premiers secrtaires des Comits du Parti des districts et certains principauxcadres de l'appareil du C.C. du P.T.A.) (30 mai 1961) (p. 144)

    LETTRE AUX COMITES CENTRAUX DES PARTIS COMMUNISTES ET OUVRIERS DES PAYS MEMBRES DU PACTE DEVARSOVIE (6 septembre 1961) (p. 155)

    UN ACTE HOSTILE SANS PRECEDENT CONTRE LA REPUBLIQUE POPULAIRE D'ALBANIE ET LE PEUPLE ALBANAIS(Article publi dans le Zri i popullit) (10 dcembre 1961) (p. 164)

    1962

    LES COMMUNISTES REVOLUTIONNAIRES ATTENDENT QUE LA CHINE SE PRONONCE OUVERTEMENT CONTRE LEREVISIONNISME KHROUCHTCHEVIEN (3 avril 1962) (p. 168)

    NOS INTELLECTUELS CROISSENT ET SE DEVELOPPENT AU SEIN DU PEUPLE (Discours une rencontre avec lesreprsentants des intellectuels de la capitale) (Extraits) (25 octobre 1962) (p. 168)

    Notre intelligentsia est devenue une force qui joue un grand rle dans l'dification socialiste du pays (p. 168)Nous devons et nous pouvons faire beaucoup pour le dveloppement de la science et de la technique (p. 171)La formation et la qualification des cadres, tche importante (p. 175)Dans quelles directions devons-nous orienter nos tudes ? (p. 178)Les cadres de chaque secteur doivent connatre la science marxiste-lniniste et l'tudier de faon continue (p. 182)Les liens avec le peuple sont la principale source d'inspiration, l'appui essentiel pour la ralisation de grandes uvres (p. 185)Soyons le mieux prpars possible pour combattre l'imprialisme et le rvisionnisme dans tous les domaines (p. 186)

    SOUS CERTAINS ASPECTS LES ATTITUDES DES CAMARADES CHINOIS NE SONT PAS DIGNES (24 dcembre 1962) (p.188)

    1963

    DE LA SITUATION ECONOMIQUE. SOCIALE ET CULTURELLE DES CAMPAGNES ET DES MESURES A PRENDREPOUR LEUR ESSOR ULTERIEUR (Extraits du rapport prsent au Xe plnum du C.C. du P.T.A.) (6 juin 1963) (p. 188)

    I - LE DEVELOPPEMENT DES FORCES PRODUCTIVES SUR LA BASE DES RAPPORTS DE PRODUCTIONSOCIALISTES, FACTEUR PRINCIPAL DU MIEUX-ETRE DANS LES CAMPAGNES (p. 193)II - LA REPARTITION ET LA REDISTRIBUTION DE LA PRODUCTION AGRICOLE ET DES REVENUS DESCAMPAGNES (p. 195)

    I. Dvelopper toujours plus les formes de rpartition de la production, surtout de crales, dans nos campagnes (p. 196)III. Assurer une plus juste proportion dons la rpartition des revenus des campagnes en fonds d'accumulation et en fondsde consommation (p. 197)IV. Les revenus provenant de l'conomie collective, base du mieux-tre dans les campagnes (p. 199)

    III - LE NIVEAU ET LE MODE DE VIE, LES SERVICES COMMUNAUX, L'ARTISANAT ET LA SANTE DANS LESCAMPAGNES (p. 201)

    I. Elever encore le niveau et le mode de vie la campagne (p. 203)II. Etendre dans la vie des campagnes les services communaux et artisanaux (p. 205)

    1. Amliorer la construction de notre village socialiste et l'embellir (p. 205)2. Rpandre l'clairage lectrique, assurer l'eau potable et tendre les autres services communaux la campagne(p. 207)3. Etendre le rseau des communications et des tlcommunications entre les villes et les villages et entre lesvillages eux-mmes (p. 209)4. Etendre les services artisanaux jusqu'aux villages les plus reculs (p. 210)

    III. Organiser les services sanitaires en vue d'une amlioration continue du bien-tre la campagne (p. 211)IV - LE DEVELOPPEMENT DE L'ENSEIGNEMENT ET DE LA CULTURE A LA CAMPAGNE (p. 213)

    I. Elevons le rle de l'cole dans nos villages et le niveau d'instruction de notre paysannerie (p. 215)II. Faisons de la culture un lment organique de la vie nouvelle, socialiste, la campagne (p. 216)

    1. Affranchissons la paysannerie des prjugs et des survivances du pass (p. 216)2. Redoublons nos efforts pour lever le niveau culturel des villages de montagne (p. 218)

    V - DU TRAVAIL DES ORGANISMES DU PARTI ET DE L'ETAT CONCERNANT LES PROBLEMES DU BIEN-ETREA LA CAMPAGNE (p. 220)

    NE PAS CAPITULER DEVANT LES REVISIONNISTES, MAIS LUTTER CONTRE EUX (29 juillet 1963) (p. 221)

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    KHROUCHTCHEV A GENOUX DEVANT TITO (Article publi dans le Zri i popullit) (13 septembre 1963) (p. 222)

    LE RENFORCEMENT DU PARTI DOIT ETRE UNE PREOCCUPATION CONSTANTE DE TOUS SES MEMBRES (Extraits dudiscours de clture au XIe plnum du C.C. du P.T.A.) (14 dcembre 1963) (p. 231)

    1964

    LES REVISIONNISTES MODERNES SUR LA VOIE DE LA DEGENERESCENCE SOCIAL-DEMOCRATE ET DE LA FUSIONAVEC LA SOCIAL-DEMOCRATIE (Article publi dans le Zri i popullit) (7 avril 1964.) (p. 240)

    Les rvisionnistes modernes suivent la social-dmocratie dans le chemin de la trahison (p. 241)Que reprsente la social-dmocratie actuelle ? (p. 242)Les rvisionnistes modernes ont gliss vers les positions de la social-dmocratie (p. 245)Vers la fusion complte des rvisionnistes modernes avec les sociaux-dmocrates (p. 248)Parti ouvrier ou parti bourgeois de la classe ouvrire ? (p. 249)La liquidation des partis communistes, objectif des rvisionnistes modernes (p. 251)Barrer la voie aux menes tratresses des rvisionnistes, dfendre les partis communistes ! (p. 256)

    LES COMMUNISTES SONT LES PREMIERS A L'ATTAQUE ET LES DERNIERS DANS LA RETRAITE (Discours prononc une rencontre avec les communistes des organisations de base du Parti de la fabrique de cigarettes, de la S.M.T. et des tissages de Shkodr l'occasion du renouvellement des cartes du Parti) (20 juin 1964) (p. 259)

    L'EDUCATION DES TRAVAILLEURS SELON LA MORALE COMMUNISTE EST UN PROBLEME CLE (Extraits du discours declture prononc au XIIIe plnum du C.C. du P.T.A.) (9 juillet 1964) (p. 265)

    Comment il faut comprendre et appliquer la critique et l'autocritique (p. 265)

    LA LUTTE CONTRE LE KHROUCHTCHEVISME NE DOIT PAS S'EGARER DANS DES REVENDICATIONSTERRITORIALES (22 aot 1964) (p. 268)

    LES CHINOIS COMMETTENT DES ERREURS GROSSIERES ET INTOLERABLES (4 septembre 1964) (p. 270)

    L'ATTITUDE CHINOISE : QU'ILS FASSENT LE PREMIER PAS, NOUS FERONS LE SECOND (15 septembre 1964) (p. 272)

    LETTRE OUVERTE AUX MEMBRES DU PARTI COMMUNISTE DE L'UNION SOVIETIQUE (5 octobre 1964) (p. 277)

    L'IDEE CHINOISE D'UN FRONT ANTI-IMPERIALISTE COMPRENANT AUSSI LES REVISIONNISTES MODERNES ESTANTI-LENINISTE (15 octobre 1964) (p. 292)

    NOUS NE POUVONS ABSOLUMENT PAS PACTISER AVEC CES VUES DE CHOU EN-LAI (31 octobre 1964) (p. 296)

    LA CHUTE DE KHROUCHTCHEV N'A PAS ENTRAINE LA DISPARITION DU REVISIONNISME KHROUCHTCHEVIEN(Article publi dans le Zri i popullit) (1er novembre 1964) (p. 301)

    LES CHINOIS CHERCHENT A NOUS IMPOSER LEURS VUES (3 novembre 1964) (p. 305)

    LE TESTAMENT DE P. TOGLIATTI, LA CRISE DU REVISIONNISME MODERNE ET LA LUTTE DES MARXISTES-LENINISTES (Article publi dans le Zri i popullit) (13 novembre 1964) (p. 309)

    Le but principal des rvisionnistes est de combattre les marxistes-lninistes (p. 310)P. Togliatti souhaite la dgnrescence encore plus marque des pays socialistes et des partis communistes (p. 314)Polycentrisme et monocentrisme, deux tendances antimarxistes au sein du rvisionnisme moderne (p. 318)La lutte dcide, mene sur le plan des principes, contre toutes les tendances rvisionnistes, devoir sacr des communistesrvolutionnaires (p. 321)

    LA DEFAITE DE CHOU EN-LAI A MOSCOU (21 novembre 1964) (p. 325)

    VINGT ANNEES D'EXISTENCE DE L'ALBANIE SOCIALISTE (Extraits du discours prononc la runion solennelle consacre au20e anniversaire de la Libration de la patrie) (28 novembre 1964) (p. 326)

    La lutte pour l'dification du socialisme, nouvelle pope hroque de notre peuple (p. 328)On ne pourra jamais soumettre notre peuple hroque et notre glorieux Parti (p. 331)Notre Parti a lutt et luttera contre les rvisionnistes khrouchtchviens et titistes jusqu' leur dfaite complte (p. 336)Le rtablissement de l'unit du camp socialiste et du mouvement communiste et ouvrier peut et doit se faire uniquement sur la basedu marxisme-lninisme (p. 340)Le marxisme-lninisme est pour chaque parti rvolutionnaire du proltariat une boussole, un guide pour l'action (p. 344)

    1965

    TACTIQUE OPPORTUNISTE DES CAMARADES CHINOIS (3 fvrier 1965) (p. 347)

    L'ALBANIE SOCIALISTE A REMPLI ET REMPLIRA JUSQU'AU BOUT SES DEVOIRS POUR LE TRIOMPHE DUMARXISME-LENINISME (Extraits d'un entretien avec une dlgation du Parti et du gouvernement chinois, conduite par Chou En-la)(27-28 mars 1965) (p. 348)

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    LE REVISIONNISME MODERNE, DANGER POUR LE MOUVEMENT COMMUNISTE ET OUVRIER INTERNATIONAL ETSON PRINCIPAL ENNEMI (Extraits d'un entretien avec une dlgation du P.C. de Nouvelle-Zlande) (6 octobre 1965) (p. 361)

    QUE LA LITTERATURE ET LES ARTS SERVENT A TREMPER LA CONSCIENCE DE CLASSE EN VUE DEL'EDIFICATION DU SOCIALISME (Discours de clture prononc au XVe plnum du C.C. du P.T.A.) (26 octobre 1965) (p. 380)

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    PREFACE

    Le troisime tome des uvres choisies du camarade Enver Hoxha qui parat en franais comprenddes crits de la priode 1960-1965.

    S'appuyant solidement sur les principes fondamentaux du marxisme-lninisme ainsi que sur la propreexprience du P.T.A., le camarade Enver Hoxha labore durant cette priode une srie de thses devaleur thorique et pratique concernant la consolidation et l'extension des conqutes du socialisme enAlbanie. Dans le mme temps, ces thses constituent une dfense rsolue du marxisme-lninisme l'chelle internationale.

    Sur le plan intrieur, l'anne 1960 marque la limite entre deux tapes de la construction du socialismeen Albanie: l'heureux achvement de la mise sur pied de la base conomique du socialisme, et le dbutde la nouvelle tape historique l'dification intgrale de la socit socialiste. Dans les uvresregroupes dans ce volume, le camarade Enver Hoxha, tout en faisant la synthse de l'expriencervolutionnaire du P.T.A. et des rsultats obtenus au cours de la premire tape, consacre l'essentielde son attention l'laboration et la ralisation des tches fondamentales de la nouvelle tape. Lesorientations du dveloppement du pays au cours de celle-ci furent donnes par le IVe Congrs duP.T.A., qui se tint en fvrier 1961 et qui fixait comme une de ces tches, paralllement auperfectionnement continu, dans la voie rvolutionnaire, des rapports de production socialistes,l'achvement de l'dification de la base matrielle et technique du socialisme.

    Au cours de cette priode on voit toujours plus largement et plus profondment traduire dans les faitsle grand principe marxiste-lniniste de l'appui sur ses propres forces, que le P.T.A. a appliqu toutesles tapes de la rvolution et de l'dification socialiste du pays.

    Les crits qui paraissent dans ce volume consacrent une place particulire aux questions concernantl'ducation rvolutionnaire, idologique et morale des travailleurs. L'lvation de la consciencervolutionnaire des hommes est dicte en premier lieu par le nouveau stade de dveloppement denotre socit dans la voie de l'dification complte de la socit socialiste, mais aussi par la ncessitde faire face la pression idologique imprialiste-rvisionniste sur notre pays, pression qui revtitdans les annes 60 la forme d'une vritable agression. L'exprience de la restauration du capitalismeen Union sovitique avait dmontr que le socialisme triomphant dans un pays donn est menac nonseulement par les interventions armes imprialistes de l'extrieur, mais aussi par la contre-rvolutionpacifique intrieure. La trempe rvolutionnaire marxiste-lniniste, la formation communiste deshommes taient appeles jouer un grand rle pour dtruire le terrain de cette contre-rvolution etprvenir le danger de restauration du capitalisme.

    Sur le plan extrieur, les annes 1960-1965 sont entres dans l'histoire comme des annes o le Partidu Travail d'Albanie, en mme temps qu'il luttait contre l'imprialisme mondial, l'imprialismeamricain en tte, a d affronter le rvisionnisme khrouchtchvien et s'est dress contre lui dans unelutte ouverte et sans rserve, qui est alle sans cesse s'approfondissant et s'intensifiant.

    Les crits publis dans ce volume illustrent clairement la courageuse lutte de principe que mena leP.T.A. pour dnoncer la politique et l'idologie contre-rvolutionnaires et chauvines de la directionkhrouchtchvienne de l'Union sovitique, les conceptions et les pratiques antimarxistes durvisionnisme moderne, cette officine de la bourgeoisie dans le mouvement communiste et ouvrier. LeP.T.A., dans son combat, s'est surtout attach dfendre les principes fondamentaux de la thoriemarxiste-lniniste sur le rle hgmonique de la classe ouvrire et la fonction de direction de sonparti dans l'dification de la socit socialiste et communiste, sur les voies du passage au socialisme,sur la rvolution socialiste et la dictature du proltariat, sur les classes et la lutte de classes, sur lacoexistence pacifique lniniste, etc., en opposant ses conceptions rvolutionnaires aux thsesantimarxistes du XXe Congrs et au programme approuv par le XXIIe Congrs du P.C.U.S., quiconstitue le code du rvisionnisme moderne.

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    A la Rencontre de Bucarest et la Confrence de Moscou de 1960, le P.T.A. dfendit, entre autres, lesprincipes et les normes lninistes qui doivent rgir les rapports entre partis communistes. C'est partir de ces positions qu'il s'opposa rsolument aussi aux mthodes antimarxistes qu'employaKhrouchtchev pour la condamnation du P.C. chinois. Le P.T.A. se rangea alors aux cts du P.C.chinois, en pensant que c'tait un parti communiste. Le temps devait dmontrer par la suite que ceparti n'tait pas tel et que la direction chinoise luttait contre Khrouchtchev partir de positions etdans un esprit tout fait opposs au marxisme-lninisme, lequel guidait la politique et la lutte duP.T.A.

    En un temps o les rvisionnistes khrouchtchviens menaient leur attaque sur toute la ligne l'encontre du marxisme-lninisme, le P.T.A. et le camarade Enver Hoxha, l'oppos des hsitations,des vux et de la politique opportuniste et temporisatrice de la direction chinoise, appelrent fixerdfinitivement une ligne de dmarcation avec les rvisionnistes khrouchtchviens dans tous lesdomaines, sans gard aux difficults et aux obstacles que cela pourrait engendrer.

    Plusieurs crits figurant dans ce volume font ressortir la, grave crise intrieure qui tenaillait lesrvisionnistes khrouchtchviens et qui atteignit son paroxysme en 1964. Cette crise tait le rsultat dela lutte de principe mene contre eux par les partis marxistes-lninistes et tous les vritablescommunistes, le rsultat de leur dnonciation et de leur discrdit aux yeux des peuples du monde.C'tait aussi la marque des contradictions existant au sein de la direction sovitique et de la lutte quis'y livrait pour le pouvoir. Afin d'chapper la crise et un discrdit encore plus grave, les dirigeantsrvisionnistes se virent contraints d'liminer de la scne politique leur chef, N. Khrouchtchev,l'architecte de la ligne rvisionniste des XXe et XXIIe Congrs du P.C.U.S. Le P.T.A. considra la finsans gloire de N. Khrouchtchev comme un coup rude port l'tat-major rvisionniste et une victoiredu marxisme-lninisme, tout en soulignant cependant qu'avec la chute de Khrouchtchev lervisionnisme khrouchtchvien n'avait nullement pris fin. A aucun moment, il ne nourrit d'illusions,comme le firent les dirigeants chinois, sur la nouvelle direction et sur la prtendue transformationradicale qui se serait produite en Union sovitique.

    Ce volume contient aussi certains crits de cette mme priode extraits du premier tome desRflexions sur la Chine, o sont illustrs les efforts du P.T.A. pour venir en aide au P.C. chinois. Ony trouve exprims des jugements critiques sur les vnements qui se produisirent en Chine. A l'poque,le P.T.A. ne pouvait rendre publiques ces apprciations, mais, par la voie de parti, amicalement et aumoment opportun, il en avait fait part la direction chinoise, dans l'espoir qu'elle regagnerait la justevoie.

    Comme toute uvre historique, les uvres comprises dans ce volume portent la marque de leur temps,aussi le lecteur devra-t-il ncessairement tenir compte des circonstances dans lesquelles elles ont tcrites.

    De mme que dans les tomes antrieurs, certains crits paraissent dans ce volume avec des coupures.

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    SUIVONS COMME TOUJOURS UNE LIGNE JUSTE

    Extraits de l'intervention la runion du Bureau politique du C.C. du P.T.A.

    22 juin 1960

    La question dont nous traiterons aujourd'hui concerne la Rencontre de Bucarest. [Le 2 juin 1960, leC.C. du P.C.U.S. envoyait au C.C. du P.T.A. une lettre lui proposant la convocation, pour la fin dumois de juin, d'une confrence des reprsentants des partis communistes et ouvriers des pays du campsocialiste, pour procder un change de vues sur les questions touchant la situation internationaledu moment et dfinir pour l'avenir une ligne commune. Or, le 7 juin de la mme anne, le C.C. duP.C.U.S., par une nouvelle lettre, proposait au C.C. du P.T.A. que la runion ft reporte et que ladate en ft fixe au cours d'une rencontre prliminaire devant runir Bucarest les reprsentants despartis frres du camp socialiste, qui allaient participer aux travaux du IIIe Congrs du Parti ouvrierroumain. Le C.C. du P.T.A., exprimant son accord, autorisa le camarade Hysni Kapo, membre duBureau politique et Secrtaire du C.C. du P.T.A., qui devait conduire la dlgation du P.T.A. au IIIe

    Congrs du Parti ouvrier roumain, procder un change de vues avec les reprsentants des partisfrres pour la fixation de la date de la confrence. En fait, la dlgation du P.T.A. se trouva Bucarest devant une runion internationale monte par les dirigeants sovitiques par des mthodes et des fins anti-marxistes.] Comme nous en avions dcid, nous avons envoy en Roumanie unedlgation de notre Parti, conduite par le camarade Hysni Kapo, pour assister aux travaux du IIIe

    Congrs du Parti ouvrier roumain. Nous avions prvu qu' cette occasion les premiers secrtaires, oudu moins un certain nombre d'entre eux, s'y rendraient la tte des dlgations de leurs partis ; mais,pour de multiples raisons que vous connaissez, nous avons jug opportun que je ne m'y rende pas.Notre dlgation a galement t autorise non seulement assister aux travaux du Congrs du Partiouvrier roumain, mais aussi prendre part la Rencontre des reprsentants des partis communistes etouvriers du camp socialiste, pour fixer, conformment l'accord intervenu, le lieu et la date d'uneconfrence de tous les partis, o seraient discutes, entre autres, les divergences existant entre le Particommuniste de l'Union sovitique et le Parti communiste chinois.

    Sans aucun doute, ces divergences doivent tre rsolues au plus tt et par la voie marxiste-lniniste, enpremier lieu entre le Parti communiste de l'Union sovitique et le Parti communiste chinois, et, dans lecas o ces partis ne parviendraient pas un rglement entre eux, leurs thses devraient tre soumises un dbat entre les partis, o les reprsentants des partis communistes et ouvriers se prononceraient afinque ces dsaccords soient rgls dans la juste voie.

    Or, Bucarest, les dirigeants sovitiques s'emploient faire en sorte que l'on discute de cesdivergences ds maintenant. Le camarade Hysni nous dit dans un radiogramme que, la Confrence desreprsentants des partis communistes et ouvriers ayant t renvoye, ils proposent que soit organiseune rencontre des reprsentants de tous les partis se trouvant l-bas, afin que leur soient soumises lesdivergences qui opposent l'Union sovitique et la Chine, et cela naturellement dans le sens dans lequell'entend l'Union sovitique. Selon Khrouchtchev, des dcisions pourraient galement tre prises cetterencontre, tous les partis exprimeraient leurs points de vue, se solidariseraient avec l'Union sovitiqueet la Dclaration de Moscou de 1957 [Cette Confrence des partis communistes et ouvriers s'est tenueen novembre 1957 Moscou. Le groupe Khrouchtchev s'y effora de lgaliser la ligne rvisionniste duXXe Congrs du P.C.U.S. en tant que ligne gnrale du mouvement communiste international, mais ilse heurta l'opposition de la dlgation du P.T.A. (conduite par le camarade Enver Hoxha) etd'autres, qui dfendirent les principes marxistes-lninistes fondamentaux. Face la logiqued'arguments scientifiques, les rvisionnistes furent contraints de battre en retraite. Nanmoins, laDclaration de la Confrence, quoique tant, pour l'essentiel, de contenu rvolutionnaire, conservaitl'apprciation incorrecte faite du XXe Congrs du P.C.U.S., dfini dans ce document commeinaugurant soi-disant une nouvelle tape dans le mouvement communiste international. Sur certainesautres questions voques galement dans la Dclaration, le P.T.A. avait ses rserves qu'il aexprimes dans la presse et travers sa propagande.], dclaration que, aux dires de Khrouchtchev,

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    les camarades chinois n'observent pas ! Et la dlgation sovitique travaille dans ce sens en prenantcontact avec les dlgations l'une aprs l'autre et en cherchant les rallier ses vues, afin de signifierensuite la dlgation du Parti communiste chinois si la Chine continue ou non de faire partie ducamp socialiste. On dit bien que cette rencontre n'a pas pour but d'isoler la Chine, mais de nousinformer, afin que nous adoptions une attitude commune.

    J'estime que la dcision que nous avons prise est juste. [C'est--dire de participer la Rencontre despartis du camp socialiste Bucarest, pour dcider du lieu et de la date d'une future confrence largiedes reprsentants des partis communistes et ouvriers.] Nous ne devons pas couter seulement ce quedisent les Sovitiques, mais aussi ce que disent les Chinois, puis discuter et nous prononcer. C'estpourquoi la question se pose ainsi : Quelle attitude observera notre dlgation cette rencontre montepar les Sovitiques avec leur tte Khrouchtchev ?

    L-bas nous sommes l'objet de multiples provocations auxquelles Hysni a tenu tte fermement, mais ila besoin d'tre aid et de recevoir de nouvelles instructions, car il doit affronter une foule dedifficults, de pressions et de provocations des plus diverses.

    Quant nous, nous devons, comme toujours, suivre une voie juste, car nous assumons une granderesponsabilit devant notre peuple. Nous sommes un parti marxiste-lniniste et il nous appartient, face tout vnement, d'adopter une attitude marxiste-lniniste. La vie a montr que nous ne nous sommesjamais laiss branler, et, en consquence, aujourd'hui encore il n'est aucune force au monde qui puissenous carter de la juste ligne que suit notre Parti. La vie a prouv que nos jugements et nos prises deposition l'gard des rvisionnistes yougoslaves ont t justes. Si Khrouchtchev et consorts ontadopt, eux, une attitude diffrente, en s'abstenant de combattre les rvisionnistes yougoslaves, c'estleur affaire, ils en jugent ainsi ; mais nous aussi avons le droit de leur faire part de notre faon de voirles choses. Nous avons soutenu la Dclaration de la Confrence de Moscou de 1957 non seulement surla question yougoslave, mais aussi sur d'autres questions, comme l'unit du camp socialiste, lacoexistence pacifique, etc. Mais, d'autre part, sur plusieurs points qui y sont inclus, nous avons misdes rserves, dont nous avons fait part aux Sovitiques, ou bien nous avons pris position sur cesquestions dans la presse et la propagande de notre Parti. Nous sommes pour la coexistence pacifique,mais telle que la concevait Lnine, sans l'tendre au domaine de l'idologie, car cela seraitextrmement dangereux. En ce qui concerne le dsarmement, la pratique a dmontr quel'imprialisme ne dsarme pas, mais qu'au contraire il s'arme toujours davantage. Comment alorspouvons-nous dsarmer ? Nous devons au contraire tre vigilants. Nous le sommes et nous faisons trsbien de l'tre. Conformment la ligne suivie par notre Parti, le peuple et tous les communistes sontprts se dresser la premire menace d'agression. Il y a des choses dont nous pouvons dire auxSovitiques qu'elles ne sont pas correctes ; nous pouvons leur dire, par exemple, que nous ne sommespas d'accord avec eux sur le fait qu'ils ne dmasquent pas fond les rvisionnistes yougoslaves. Demme, si nous avons aussi quelque objection l'gard des autres, nous le leur dirons ouvertement dansun esprit de camaraderie, dans la voie marxiste. C'est pourquoi nous devons nous prparer sur toutesces questions et nous rendre la Confrence des reprsentants des partis communistes et ouvriers poury dire notre mot. Sur ces questions, il convient que chacun adopte une position marxiste-lniniste,nette et ferme, et que ne soit tolre aucune provocation de la part de qui que ce soit. Maintenant, sivous le dsirez, nous pouvons vous lire le radiogramme que nous a envoy le camarade Hysni.

    Aprs la lecture de la dpche du camarade Hysni Kapo, le camarade Enver Hoxha reprend la parole.

    Ds son arrive Moscou, le camarade Gogo [Nushi] [Membre du Bureau politique du C.C. du P.T.A.,et prsident du Conseil central des Unions professionnelles d'Albanie. Il rentrait de Pkin, o, la tted'une dlgation des U.P.A., il avait particip aux travaux de la Session du Conseil gnral de laFdration syndicale mondiale. Dcd le 9 avril 1970.] a t appel par Brejnev. Aprs lessalutations d'usage, ce dernier lui a fait part de leurs thses sur les Chinois, De mme, quand lecamarade Mehmet [Shehu] [Membre du Bureau politique du C.C. du P.T.A. et prsident du Conseildes ministres de la R.P.A.] s'est rendu Moscou, il a reu la visite de Kossyguine [A l'poque, vice-

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    prsident du Conseil des ministres de l'U.R.S.S.], qui lui a parl pendant une heure et demie de cesquestions. Le camarade Mehmet lui a rpondu : Puisque les choses se prsentent ainsi, pourquoi lesa-t-on laisses grossir, alors qu'il tait possible de les rgler auparavant par la voie marxiste-lninisteentre les deux partis, puis, si cela s'avrait ncessaire, de les soumettre aux autres partis ? Mehmet luia dit que notre Parti prendra une position juste, conforme aux principes, marxiste-lniniste, et qu'il neglissera pas vers des positions sentimentalistes et opportunistes.

    Dans sa lettre, le camarade Hysni rapporte que Todor Jivkov [Premier secrtaire du C.C. du P.C.bulgare, valet notoire des rvisionnistes de Moscou.] lui a fait une provocation. Il lui a dit : Que faitl'Albanie ? Il n'y a que l'Albanie qui ne soit pas d'accord ! Le camarade Hysni a rpondu : Quevoulez-vous dire par l ? Jivkov a dit alors : Je plaisantais. Hysni lui a fait remarquer qu'il devaitavoir une ide derrire la tte pour avoir dit : Il n'y a que l'Albanie qui ne soit pas d'accord. Il a denouveau rpondu : Je plaisantais.

    Les Bulgares ont publi dans une brochure illustre une carte des Balkans o l'Albanie figure commefaisant partie de la Yougoslavie. A ce propos j'ai dit Behar [Behar Shtylla, alors ministre desAffaires trangres de la R.P.A.] de convoquer l'ambassadeur bulgare, pour lui demander desexplications et exiger que cette brochure soit immdiatement retire de la circulation. Je pense qu'ilconvient d'instruire le camarade Hysni des questions que nous venons de discuter ici. J'ai prpar lalettre et je vous la lis lentement, tant donn son importance.

    Une fois la lettre [Voir la lettre au camarade Hysni Kapo Bucarest, publie dans le prsent volumep. 10.] lue et approuve, le camarade Enver Hoxha a poursuivi :

    Je tiens souligner que notre force rside dans l'unit de pense et d'action de notre direction et denotre Parti tout entier, et cela est extrmement important. Notre unit se fonde sur les enseignementsdu marxisme-lninisme, nous devons donc la tremper toujours davantage. Nous avons toujours avancet nous avancerons toujours dans cette voie, en luttant pour que soient appliques minutieusement etjusqu'au bout les dcisions que nous prenons ensemble ici, au Bureau politique, et, lorsque le besoins'en fait sentir, nous nous consultons encore. Mais quand l'un d'entre nous se trouve seul, en difficult,sans personne qu'il puisse consulter, il doit agir comme on le faisait durant la guerre, quand, rest seul,on devait dcider soi-mme de lancer ou non toutes les forces l'attaque, ou encore dfendre etappliquer la ligne du Parti.

    uvres, t. 19

    LETTRE AU CAMARADE HYSNI KAPO A BUCAREST

    22 juin 1960

    Cher camarade Hysni,

    Nous avons reu vos tlgrammes et votre lettre et nous les avons tudis au Bureau politique. Noussommes unanimes penser que la situation s'avre trs grave et qu'elle volue dans une voie qui n'estpas conforme aux normes de nos partis. Notre Bureau politique considre le cours des vnements etla manire dont est attis et tendu le conflit entre l'Union sovitique et la Chine, comme trs errons,trs nocifs et trs dangereux. Il ne saurait donc souscrire en aucune faon aux mthodes et aux formesmises en uvre pour rsoudre ce conflit, si prjudiciable notre camp socialiste et au communismeinternational. Notre Bureau politique s'en tient fermement, comme toujours, sa ligne marxiste-lniniste, selon laquelle on n'aurait jamais d laisser s'aggraver les divergences entre l'Unionsovitique et la Chine, qu'on ne doit pas laisser le conflit s'approfondir, mais le rsoudre par une voieet des mthodes marxistes-lninistes.

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    Le Bureau politique estime que les divergences existant entre l'Union sovitique et la Chine ont tportes la connaissance des partis communistes et ouvriers d'une manire non conforme aux rgleslninistes, mais occasionnellement, travers des polmiques ouvertes ou indirectes, par la presse ou debouche oreille. Ce n'est pas l la mthode juste pour rsoudre un tel conflit, si l'on souhaite,conformment aux principes du marxisme-lninisme, que les autres partis aussi puissent intervenir etcontribuer par leur exprience et par leur poids la solution du problme. Cette aide, jusqu'rcemment encore, n'a pas t sollicite, et mme maintenant, en juger par les tlgrammes que tunous as envoys, du ct sovitique on cherche viter cette manire juste de rsoudre la question.Nous en concluons donc que tous les efforts n'ont pas t faits pour que les deux plus grands partis ducamp socialiste rsolvent les questions entre eux de faon rgulire et objective, dans la voie marxiste-lniniste. Mme le rglement de cette question par une confrence laquelle participeraient aussi lespartis communistes et ouvriers de notre camp ne nous semble pas tre envisag trs srieusement,puisque les deux partis qui ont des divergences n'ont pas prsent officiellement aux autres partis frresleurs thses et leurs points de vue sur ces divergences.

    Le Bureau politique considre que notre Parti assume une responsabilit tout aussi grande que celledes autres partis tant pour le renforcement de l'unit du camp socialiste dans la voie marxiste-lniniste,que pour la sauvegarde de la puret du Parti et du marxisme-lninisme. Il ne nous est donc pas permisde commettre d'erreur, d'engager notre Parti dans une impasse et de laisser s'y rpandre la moindreconfusion idologique et politique. Nous ne l'avons jamais fait et nous ne le ferons jamais. Quand ils'agit de dfendre les principes nous ne tenons pas compte de la contrarit que cela peut causer telou tel autre. Notre Parti s'en est tenu et s'en tiendra toujours aux justes positions marxistes-lninistes etil se caractrisera toujours par le courage marxiste-lniniste sur le plan des principes.

    Maintenant quelle attitude convient-il d'adopter face aux vnements qui se droulent l-bas ? Pour cequi est de la ligne de notre Parti, tu la connais, et il est inutile que nous nous tendions sur ce sujet.Mais puisque les passions se sont dchanes sous des formes qui s'cartent des normes du Parti, tudois tre trs attentif. Ta rponse doit tre bien rflchie et pondre. Aie constamment l'esprit lesintrts du Parti et du marxisme-lninisme. Mais cela ne veut pas dire que tu ne dois pas, quand il lefaut, riposter fermement et du tac au tac qui que ce soit. Par exemple, n'est-il pas ridicule et la foisinadmissible qu'un certain Mogyoros [A. Mogyoros, alors membre du Bureau politique du C.C. duParti ouvrier roumain.] vienne tenter de nous persuader nous, Albanais, de la justesse de la lignede l'Union sovitique et de la culpabilit de la Chine ?! Que Mogyoros aille vendre ses bonimentsailleurs et pas chez nous. Nous n'avons pas besoin que Mogyoros vienne nous expliquer lesprincipes et les vrits pour lesquelles notre Parti a combattu et est prt combattre tout moment. Ouencore, fais bien comprendre Andropov [A l'poque, directeur de la Direction des relationsextrieures avec les pays de l'Europe de l'Est auprs du C.C. du P.C.U.S., plus tard "membre duBureau politique du C.C. du P.C.U.S.] que nous n'approuvons pas que les Sovitiques s'adressent nos camarades, membres de notre dlgation au Congrs du Parti ouvrier roumain, en leur disant d'unair surpris : Comment, votre direction ne vous a pas mis au courant de ces questions?! Rappelle-luique Mikoyan [Alors membre du Prsidium du C.C. du P.C.U.S., Premier vice-prsident du Conseildes ministres de l'U.R.S.S.] n'a voulu faire part de ces questions qu'au seul camarade Enver et que c'estcelui-ci qui, de sa propre initiative, a emmen avec lui le camarade Mehmet. [Au dbut de fvrier1960, le camarade Enver Hoxha, qui se trouvait alors Moscou la tte de la dlgation du P.T.A.pour participer la Confrsnce des reprsentants des partis communistes et ouvriers des payssocialistes d'Europe sur les questions du dveloppement de l'agriculture, eut une entrevue avec A.Mikoyan, la demande de ce dernier. Mikoyan lui parla pendant prs de cinq heures des divergencesidologiques et politiques qui existaient entre le P.C.U.S. et le P.C.C.] Mikoyan a pri le camaradeEnver de garder toutes ces choses trs secrtes ; et quand on demande cela notre direction, elle tientparole, car elle n'a pas l'habitude de se livrer des commrages. Mais, et dis-le bien Andropov, nousrelevons chez les camarades sovitiques qui se sont entretenus avec les camarades de notre dlgation,deux tendances dangereuses : la premire, sous-estimer le danger du rvisionnisme, attitude que nousne pouvons jamais approuver ; la seconde, rendre la direction de notre Parti coupable, aux yeux denos camarades, de ne les avoir soi-disant pas mis au courant. Exige d'Andropov que cessentimmdiatement ces tactiques antimarxistes et fais-lui bien comprendre que l'unit de notre direction

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    est une unit d'acier, comme l'est son unit avec la totalit de notre Parti du Travail ; quiconque, sousune forme ou une autre, se livre de telles menes, doit tre sr de recevoir nos coups. Prcise-luienfin qu'il n'est ni conforme aux rgles ni ncessaire que les camarades sovitiques mettent noscamarades au courant de ces questions, car notre direction, tout comme elle sait dfendre le marxisme-lninisme, sait aussi mettre elle-mme ses membres au courant de ce qu'ils doivent savoir et aumoment opportun.

    Tu diras tout cela Andropov avec sang-froid, mais tu comprends bien pourquoi il faut le lui dire.Leur manire d'agir n'est pas conforme aux rgles ni la juste voie dans les rapports entre partis et ilconvient de barrer la route ces pratiques. Tu diras Andropov : J'ai beaucoup regrett que tu aiesamen avec toi Mogyoros, non pas en qualit de matre de maison, mais pour qu'il me convainque dela justesse de la ligne de l'Union sovitique et de la fausset de la voie de la Chine. C'est seulement parcourtoisie, parce que j'tais chez lui, que je ne me suis pas montr grossier, comme j'aurais trs bienpu le faire.

    Ou encore, si, en une autre occasion, on te dit, comme l'a fait Andropov : Le Parti communistechinois, vous voyant fermement hostiles aux Yougoslaves, a espr vous rallier lui, mais il s'esttromp... etc., rponds : Notre Parti du Travail et sa direction ne peuvent tre tromps par qui que cesoit et faire leurs des lignes errones. Notre Parti s'est aguerri dans les luttes et il ne s'aventure pas surdes planches pourries. Il s'est maintenu et se maintiendra toujours dans la voie des principes marxistes-lninistes.

    Tu dois avoir aussi certaines questions prsentes l'esprit, car cela pourra t'aider t'orienter avantqu'on en arrive au fond du problme. La situation, comme tu nous l'cris toi-mme, se dveloppe dansune fausse voie, on se livre l-bas des manuvres de coulisse et des provocations. Tu dois doncobserver une attitude trs ferme et montrer que dans notre direction rgnent l'unit, la dtermination etle courage.

    Conformment aux dcisions du Bureau politique, tu agiras comme suit :

    I. Fais appeler Andropov et dis-lui au nom de la direction de notre Parti (toujours au nom du Parti,au nom de sa direction) : J'ai communiqu ma direction ce dont vous m'avez fait part. Notredirection tait en gnral au courant de ces divergences. Elle les a considres comme trs graves, trsnocives notre cause commune et elle a une fois de plus jug qu'elles doivent tre rgles, et rglesdans la juste voie, selon les normes organisationnelles marxistes-lninistes. Notre direction estime queces diffrends idologiques et politiques entre le Parti communiste de l'Union sovitique et le Particommuniste chinois doivent tre rsolus de faon marxiste-lniniste par des entretiens entre les deuxpartis. S'ils ne le sont pas ainsi, il convient alors de convoquer les reprsentants des partiscommunistes et ouvriers du camp socialiste, pour qu'ils en discutent et qu'ils expriment leur opinion.Les positions prises cette runion pourraient tre soumises une confrence largie des partiscommunistes et ouvriers comme le fut celle de Moscou en 1957.

    Maintenant, la tenue de cette confrence a t dcide. La direction de notre Parti a estim cettedcision juste, elle a donn son accord, elle se prpare exprimer son avis sur les diffrentesquestions, et elle attend que la date en soit fixe. Tu lui diras : Pour ma part, moi, [Hysni], je suisautoris discuter de la fixation de la date. Notre direction a dcid et fait savoir que notre dlgation la prochaine confrence sera conduite par le camarade Enver Hoxha.

    Notre direction estime prmature et trs prjudiciable la proposition de tenir maintenant Bucarest,avec tous les reprsentants des partis communistes et ouvriers frres venus assister au Congrs du Partiouvrier roumain, une runion sur les divergences entre le P.C.U.S. et le P.C.C. Notre Parti considregalement comme trs funeste toute campagne de presse dguise ou ouverte sur des questions sidlicates. Que la future runion dcide qui a raison et qui a tort. Notre Parti engagera toutes ses forceset sa modeste exprience pour aider rgler ces graves divergences dans la voie conforme aux

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    principes marxistes-lninistes. Notre Parti assume toutes ses responsabilits, il se battra commetoujours avec honneur et courage pour dfendre sa juste ligne marxiste-lniniste, pour dfendre lemarxisme-lninisme, pour dfendre le camp socialiste et son unit. L'Union sovitique et son Partibolchevik ont t, sont et resteront trs chers notre Parti. Mais il est indniable et indiscutable que lagrande Chine nous est trs chre aussi, vous comme nous et tout le camp socialiste. C'estpourquoi notre direction estime et souligne nouveau que les erreurs, o quelles soient, doivent, larunion, tre considres dans leur ralit, et qu'il convient de faire tous les efforts possibles, dans lavoie et par les mthodes marxistes-lninistes, pour que ces erreurs soient rectifies pour le plus grandbien du socialisme et du communisme. Telle tait la position officielle de notre direction quand j'ai tenvoy Bucarest et elle demeure inchange aprs que je lui ai fait part de ce que vous m'avezcommuniqu.

    Tu diras galement Andropov : Je [toi, Hysni] suis autoris seulement reprsenter le Parti duTravail d'Albanie au Congrs du Parti ouvrier roumain et ne discuter avec les reprsentants desautres partis du camp socialiste que de la fixation de la date de la prochaine runion. Au cas o larunion que vous et le Parti ouvrier roumain proposez de tenir aurait effectivement lieu maintenant Bucarest, notre direction, comme je l'ai dj indiqu, la considrerait comme prmature, mais je suisnanmoins autoris y participer. Je suis autoris officiellement vous communiquer cela afin quevous le transmettiez votre direction. Notre Parti a toujours dit tout ce qu'il a dire ouvertement etsans crainte, dans la voie lniniste.

    II. A la runion qui pourrait avoir lieu, aie soin de garder ton sang-froid. Mesure tes propos. Tu nedois pas te prononcer sur les divergences qui existent entre l'Union sovitique et la Chine. Tadclaration doit tre brve et concise.

    En substance, tu dclareras au nom de notre Parti :

    1. Notre Parti du Travail a approuv et appliqu les dcisions de la Confrence de Moscou [1957].

    2. Souligne la politique juste, consquente et conforme aux principes de notre Parti, sa fidlitillimite au marxisme-lninisme, le grand amour de notre Parti et de notre peuple pour les partis et lespeuples des pays du camp socialiste, pour tous les autres partis frres, communistes et ouvriers dumonde, pour l'unit de notre camp, qui ne doit tre mise en danger en aucune manire, mais, aucontraire, tre renforce et trempe dans la voie marxiste-lniniste.

    3. Exprime le vif regret de notre Parti propos des dsaccords qui ont surgi entre le P.C.U.S. et leP.C.C., et en mme temps la conviction que ces dsaccords doivent tre rgls dans la voie marxiste-lniniste la future Confrence des partis communistes et ouvriers.

    4. Exprime la dtermination de notre Parti lutter cte cte avec les pays socialistes, en nerelchant aucun moment sa vigilance et en dmasquant jusqu'au bout et sans merci l'imprialisme etses agents, les rvisionnistes.

    Que ces points-l constituent l'essence de ton intervention. Nous pensons que tout se passera bien.Nous sommes dans la juste voie ; suis donc la situation avec le sang-froid et le couragervolutionnaires qui te caractrisent. Tiens-nous au courant de tout. Une bonne nouvelle : Il a plu hieren abondance sur tout le pays. Tous les camarades t'envoient leurs salutations et moi-mme jet'embrasse.

    Enver

    P.S. A toute tentative ou suggestion des Sovitiques dans le sens de ma venue Bucarest, tu doisrpondre : il ne vient pas.

    uvres, t. 19

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    NE NOUS SOUMETTONS A AUCUNE PRESSION

    Extraits de l'intervention la runion du Bureau politique du C.C. du P.T.A.

    24 juin 1960

    Nous avons reu du camarade Hysni une srie de radiogrammes concernant la Rencontre de Bucarest.Ces radiogrammes ont continu nous parvenir jusqu' 3 heures du matin. J'ai pens qu'il n'tait pasncessaire de convoquer de nouveau le Bureau politique aprs minuit, mais conformment auxdirectives du Bureau, j'ai transmis les rponses au camarade Hysni.

    Aprs avoir lu les radiogrammes envoys par le camarade Hysni et les rponses qui leur avaient tdonnes, le camarade Enver Hoxha a poursuivi : Il est clair que Hysni se trouve Bucarest dans unesituation trs difficile. Il avait t convenu que les dlgations des partis communistes et ouvriers quiassistent au Congrs du Parti ouvrier roumain ne se runiraient Bucarest que pour fixer la date et lelieu d'une confrence des partis communistes et ouvriers du monde. Mais le camarade Hysni se trouve,en fait, face une runion internationale imprvue, monte par le groupe Khrouchtchev. Je pense quesi cette runion met quelque communiqu qui ne soit pas en opposition avec la Dclaration de laConfrence des partis communistes et ouvriers runie Moscou en 1957, Hysni doit y souscrire. Maisil se peut que le communiqu comporte d'autres nuances, du fait qu'il mane d'une runion qui n'estpas conforme aux rgles et o les reprsentants des partis communistes et ouvriers se sont vu remettrepar la direction sovitique une lettre d'information de 65 pages qui condamne le Parti communistechinois. Le rapport de la dlgation sovitique contre le Parti communiste chinois aura dans le mondede grandes rpercussions, comme en a eu le rapport secret de Khrouchtchev au XXe Congrs duP.C.U.S. sur le prtendu culte de la personnalit de Staline. [Ce rapport attaquait J. V. Staline et sagrande uvre rvolutionnaire. Le but de cette attaque tait de lgitimer l'abandon complet de la lignemarxiste-lniniste du Parti bolchevik et de lui substituer une ligne rvisionniste.]

    Mme si nous acceptons un communiqu sans allusions, nous n'en devons pas moins le considrercomme irrgulier, vu qu'il serait le rsultat d'une runion impromptue, contraire aux normesorganisationnelles marxistes-lninistes. C'est pourquoi l'opposition de notre Parti cette Rencontre estune prise de position juste. Ce sont l quelques points de vue prliminaires, mais pour le communiquil a t donn Hysni l'instruction de ne pas se prononcer avant d'avoir reu de nouvelles directives. Sion lui soumet un communiqu contenant des allusions contre la Chine, il devra dclarer de faoncatgorique : Je ne signe pas ce communiqu avant d'en avoir fait part la direction de mon Parti.Si, au contraire, il ne contient aucune allusion, Hysni devra alors se lever et dire : Je suis autoris parle Parti du Travail d'Albanie dclarer que je souscris ce communiqu, mais j'ajoute que cecommuniqu est le rsultat des travaux d'une runion irrgulire. Et comme nous sommes venus icisans tre prpars pour une telle runion, nous ne pouvons pas nous prononcer sur les questionssouleves contre le Parti communiste chinois. Les camarades chinois ont demand que la runion soitreporte, mais les reprsentants des autres partis communistes et ouvriers ne sont pas d'accord. Celan"est pas juste et cela place les camarades chinois dans une position difficile. Un parti frre d'un payssocialiste demande un certain dlai afin de se prparer pour la runion, et ce dlai ne lui est pasaccord. Il est vident que cela est fait intentionnellement. Hysni devra dire que notre Parti du Travailn'est pas d'accord sur la procdure que l'on propose de suivre la Rencontre des partis communistes etouvriers de Bucarest, que notre Parti accepte seulement que soient fixs la date et le lieu de laprochaine Confrence des partis communistes et ouvriers dont nous approuvons le principe et que cen'est qu'aprs avoir reu aussi des matriaux d'information de l'autre partie, du Parti communistechinois, que nous nous prparerons pour nous prononcer la prochaine runion. Il peut se produirebien des choses mais, quoi qu'il arrive, ne nous soumettons aucune pression, appliquonsconstamment notre juste ligne marxiste-lniniste.

    uvres, t. 19

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    LETTRE AU CAMARADE HYSM KAPO A BUCAREST

    25 juin 1960

    Cher Hysni,

    Nous avons bien reu tes radiogrammes de la soire et je t'cris ces mots ce matin, pour te direseulement que tu as fort bien rpondu l'ami. Ne te trouble pas si quelqu'un te provoque ; riposte, etmme avec fermet, mais avec calme. Quelles que soient les bassesses commises, le bon droit finittoujours par l'emporter. S'ils persistent dans leurs provocations, ne prends rien notre charge, laisseleur tout sur le dos. Je t'embrasse

    Enver

    uvres, t. 19

    [Le mme jour dans la soire, le camarade Enver Hoxha envoya au camarade Hysni Kapo leradiogramme suivant : Tu devras parler demain conformment aux instructions du Bureau politiqueque tu as reues par lettre. A la fin de ton discours, ou au moment ou l'occasion que tu jugeras leplus favorables, tu diras : Au nom de notre Parti, je dclare que le Parti du Travail n'est nullementd'accord avec l'esprit dans lequel est envisag dans cette runion ce problme si important pour lemouvement communiste international ni avec le; mthodes mises en uvre pour le rsoudre. NotreParti estime que ces questions doivent tre traites avec soin, avec sang-froid et dans un esprit decamaraderie, conformment aux normes lninistes. Si, la suite de cette dclaration, on t'adressedes questions ou des remarques provocatrices, lve-toi et dclare : Dans cette runion, je n'ai rien ajouter ce que j'ai dit. Au cas o tu aurais dj pris la parole, demande la prendre de nouveau etfais cette dclaration. Si l'on ne t'accorde pas la parole, alors remets la prsidence de la runioncopie de ton intervention en demandant que cela soit port sur le procs-verbal.]

    A LA RENCONTRE DE BUCAREST NOUS N'AVONS PAS ACCEPTEQUE SOIENT VIOLEES LES NORMES LENINISTES DANS LES

    RAPPORTS ENTRE PARTIS

    Discours prononc au XVIIe plnum du C.C. du P.T.A. (Extraits)

    [Le XVIIe plnum du C.C. du P.T.A. qui se tint les 11 et 12 juillet 1960, entendit, discuta et approuvale rapport prsent par le camarade Hysni Kapo Sur le droulement des travaux de la Rencontre, Bucarest, des reprsentants des partis communistes et ouvriers frres et la position prise cetteRencontre par la dlgation de notre Parti.]

    11 juillet 1960

    Je voudrais ajouter moi aussi quelques observations sur le rapport prsent par le camarade Hysni[Kapo], qui avait t charg de conduire notre dlgation au IIIe Congrs du Parti ouvrier roumain et la Rencontre des reprsentants des partis qui a eu lieu Bucarest. Les questions que je soulverai serattachent celles qui ont t traites dans le rapport ; je souligne seulement qu'elles doivent treparfaitement comprises, car elles revtent une grande importance.

    La question se pose ainsi : entre le Parti communiste de lUnion sovitique et le Parti communistechinois il existe de grandes divergences qui ont cr une situation trs grave pour le camp socialiste et

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    tout le mouvement communiste international. Et en raison justement de la situation pnible et gravecre par suite des divergences entre ces deux partis, il est indispensable que tous les partiscommunistes et ouvriers du camp socialiste et du monde entier contribuent de toutes leurs forces ceque ces diffrends idologiques et politiques soient soumis un dbat de principe pour qu'ils soientrgls au plus tt, le mieux et le plus correctement possible, ainsi que l'exigent les intrts dumouvement communiste international, du camp socialiste et de notre avenir.

    Le Bureau politique du C.C. du P.T.A. estime que ces diffrends ne sont pas des questions de peud'importance et qu'ils ne peuvent donc pas tre rgls au pied lev. De tels problmes ne peuvent enaucune manire tre rsolus la lgre, car il s'agit l de questions srieuses qui concernent la vie etl'avenir de l'humanit. Nous le disons en toute conscience, et indpendamment du fait que noussommes les reprsentants d'un petit peuple d'un million et demi d'habitants, nous regardons lesquestions en marxistes qui dfendent les intrts de leur peuple, de leur Parti et du camp socialiste, etce non seulement pour aujourd'hui mais aussi pour demain. En notre qualit de marxistes, nous avonsle droit de dire notre opinion.

    Les points de vue qu'exprimera chaque parti revtent une grande importance. Et surtout, dans ce casparticulier, ils doivent tre bien dbattus au sein de la direction de chaque parti. Il faut tudier trsattentivement, sans parti pris [En franais dans le texte.] et sans ides prconues les sources duconflit et la nature des divergences, dgager une juste conclusion marxiste-lniniste, puis discuter deces questions dans la voie marxiste-lniniste lors d'une runion rgulire, dterminer qui est le fautif etles raisons de ses fautes, et faire enfin tous les efforts pour le remettre sur le droit chemin. Une foistous ces efforts dploys avec la plus grande patience, on pourra tre amen prendre mme unemesure capitale, selon les besoins et le degr de la faute, conformment la pratique marxiste-lninistede nos partis. Le marxisme-lninisme nous enseigne qu'une telle pratique est ncessaire non seulementpour rsoudre ces problmes si importants et de caractre international, mais mme pour statuer sur lecas d'un simple membre du Parti. En pareil cas galement, tous les efforts doivent tre faits pourramener le fautif (s'il est vritablement fautif) dans la juste voie. Voil quelle est la pratique lniniste.C'est cette pratique que notre Parti a suivie et qu'il suivra toujours dans les grandes comme dans lespetites questions. Aussi, personne n'a-t-il droit de critiquer notre Parti sur ces questions de principe, propos desquelles il est ferme comme un roc.

    La direction de notre Parti estime que la manire dont les dirigeants sovitiques ont tent de prsenter la Rencontre de Bucarest leurs diffrends avec le Parti communiste chinois, comme si les prises deposition de celui-ci taient en contradiction avec tout le communisme international, la manire dont ilsont pos ces questions si importantes pour le camp socialiste et pour l'ensemble du mouvementcommuniste international, n'est nullement pondre, qu'elle est indigne d'eux que ce n'est pas lamanire juste, marxiste-lniniste. Poser la question soudainement, de la faon dont elle fut pose l-bas, et demander aux reprsentants des partis qui s'taient rendus Bucarest dans un autre but, deprendre position en quelques heures contre le Parti communiste chinois, cela revient adhrer lathse htive de Nikita Khrouchtchev qui consiste dire : Si toi, Chine, tu n'es pas avec nous, va-t-en,quitte le camp socialiste, tu n'es plus notre camarade ! Si notre dlgu s'tait ralli cette prise deposition, il aurait commis une faute grave, intolrable, qui aurait souill notre Parti. Je ne parle pas ence moment des autres partis; ici, notre Comit central, nous avons juger de l'attitude adopte parnotre Bureau politique. Nous estimons qu'il ne lui tait pas permis d'en adopter une autre sans avoirtudi la question trs attentivement, sans disposer de donnes concrtes des deux parties. Le Bureaupolitique n'aurait jamais permis que les gnrations actuelles et futures de notre Parti et de notrepeuple lui disent : Comment noire Parti a-t-il pu, en ce moment historique, commettre une si graveerreur ?!

    Entendons-nous bien, camarades, je ne parle pas ici du conflit qui nous oppose nous-mmes au Particommuniste de l'Union sovitique. Le problme rside dans la manire dont les dirigeants sovitiquesont agi pour rgler une question si importante, si srieuse et qui concerne la vie du camp socialiste.Nous demandons au Comit central de juger si nous avons agi correctement ou non.

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    Nous, camarades, nous sommes marxistes. Notre Parti n'en est plus sa premire ou sa deuximeanne d'existence; c'est un parti qui aura vingt ans l'an prochain. Et toute cette priode, il ne l'a paspasse dans un lit de plumes, mais dans la lutte sanglante et irrductible contre le fascisme italien, lenazisme allemand, les ballistes [Membres d'une organisation de tratres qui s'intitulait Ballikombtar au cours de la Lutte de libration nationale.], les Anglais, les Amricains, lesrvisionnistes yougoslaves, les monarcho-fascistes grecs et beaucoup d'autres ennemis extrieurs etintrieurs. Ainsi nous avons appris le marxisme et dans les livres et dans la guerre et dans la vie. C'estpourquoi on ne peut plus dire de nous maintenant ni que nous soyons jeunes ni que nous manquions dematurit. Notre Parti n'est pas un parti de gamins pour ne pas tre en mesure de comprendre lemarxisme et dans sa thorie et dans sa pratique. Notre Parti s'est toujours efforc de marcher droit, et iln'a jamais commis d'erreurs de principe, parce qu'en toute circonstance il a appliqu correctement lemarxisme.

    Ainsi, en marxistes que nous sommes, nous ne pouvons nous persuader que ces divergences sisrieuses entre le Parti communiste de l'Union sovitique et le Parti communiste chinois ne datent qued'un ou deux mois. La dialectique marxiste se refuse l'admettre ; ces divergences ont des racinesprofondes.

    Critiquons donc dans la voie marxiste-lniniste ceux qui violent le marxisme-lninisme et prenons lesmesures appropries pour les corriger. C'est la seule attitude juste et conforme aux intrts de tous lespartis communistes et ouvriers du monde entier, en particulier de notre Parti et de notre peuple, quidfendent le marxisme-lninisme avec esprit de suite. Gomulka [Ancien Premier secrtaire du C.C. duParti ouvrier unifi de Pologne. Il fut condamn en 1949 pour activit hostile au Parti et l'Etat.Rhabilit en octobre 1956 par les rvisionnistes, il fat mis la tte du Parti. Le temps devait prouverque c'tait un rvisionniste endurci.] et consorts, qui se posent maintenant en amis de l'Unionsovitique, ont nagure sap l'amiti avec celle-ci. On sait qu'en Pologne on a permis l'Eglise et laraction de se dresser contre l'arme sovitique. On a chass de Pologne des marchaux sovitiquesqui avaient command l'Arme rouge, cette arme qui a libr la Pologne et l'Europe du fascisme, etl'on prtend maintenant nous donner la leon nous. Albanais. Le reprsentant du Parti ouvrierroumain, Mogyoros, se met en peine pour persuader la direction de notre Parti de la justesse de laligne du P.C.U.S.

    Nous avons fait part de tout cela, par l'intermdiaire du reprsentant de notre Parti, NikitaKhrouchtchev lui-mme. Nos camarades qui combattaient dans les montagnes, gardaient dans leursein l'Histoire du Parti communiste (b) de l'Union sovitique, alors que les lgions roumaines decette poque martyrisaient le peuple sovitique. Nous repoussons les efforts que font et Mogyoros et lereprsentant du P.C.U.S. pour convaincre le reprsentant du Parti du Travail d'Albanie de lajustesse de la ligne du P.C.U.S. Cela nous ne l'avalons pas. Si nous aimons l'Union sovitique, cen'est pas pour faire plaisir Mogyoros ou Andropov. Nous avons aim et nous aimerons l'Unionsovitique et le Parti communiste bolchevik de Lnine et Staline. Mais, quand nous voyons faire detelles choses, nous commettrions une grave erreur de ne pas prendre une juste position, car une erreuren entrane une autre. Le marxisme-lninisme et la dialectique nous enseignent que si l'on commet uneerreur une fois et que l'on se refuse l'admettre, celle-ci fait boule de neige. Nous ne permettronsjamais cela.

    Comment aurions-nous pu participer cette action qui s'carte de la juste voie ? Jusqu' ces dernierstemps, les camarades chinois ne nous avaient rien communiqu ce sujet. Seul Mikoyan nous a mis aucourant en fvrier dernier. Notre avion venait peine d'atterrir Moscou, qu'un fonctionnaire duComit central s'est prsent nous pour nous dire que Mikoyan demandait me voir le lendemainpour discuter de certaines questions importantes. Je lui ai rpondu : D'accord, mais j'emmnerai lecamarade Mehmet [Shehu]. Il m'a rpondu : On ne m'a parl que de vous, mais j'ai insist pour treaccompagn de Mehmet.

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    Nous avons donc eu cet entretien et Mikoyan nous a gards peu prs cinq heures, cela avant mme laConfrence des reprsentants des partis communistes et ouvriers du mois de fvrier, qui devait treconsacre aux problmes de l'agriculture.

    Mikoyan nous a dit : Camarades albanais, je vais vous faire part de nombreuses divergences que nousavons avec le Parti communiste chinois, je souligne bien : avec le Parti communiste chinois. Nousavions dcid de n'en informer que les premiers secrtaires, je prie donc le camarade Mehmet Shehude ne pas se froisser, ce n'est pas l un manque de confiance son gard, mais nous en avions dcidainsi. Non, a dit Mehmet, je sors, j'ai mme trs mal fait de venir. Mais Mikoyan lui-mme ne l'apas laiss s'en aller. Puis il nous a dit tout ce que vous venez d'entendre dans le rapport du camaradeHysni.

    Nous avons fait observer Mikoyan qu'il ne s'agissait pas l de petites questions, mais de questionstrs importantes entre les deux partis, et que nous ne comprenions donc pas pourquoi on les avaitlaisses grossir ; nous estimons, avons-nous affirm, qu'elles auraient d tre rsolues immdiatement,car elles sont trs dangereuses pour le camp socialiste.

    Il nous a dclar qu'il rendrait compte de tout l'entretien au Prsidium du Comit central du P.C.U.S.Nous lui avons rpt, au nom de notre Parti, qu'il s'agissait l d'une question extrmement importanteet qu'il fallait donc qu'elle soit rgle entre leurs partis. Finalement, il nous a signal : C'est l unequestion trs secrte, aussi n'en dites rien pas mme votre Bureau politique. Et nous n'en avons pasfait part mme au Bureau politique, l'exception de quelques camarades. Vous comprenez bien que sinous avons observ cette attitude, c'est que nous jugions la question trs dlicate et esprions voir lesdiffrends rsolus par des discussions et des dbats internes.

    Or, la Rencontre de Bucarest, Nikita Khrouchtchev a jug surprenant que notre Parti ne se soit pasralli lui en mme temps que tous les autres partis, pour condamner la Chine, dans les formes et pourles raisons qu'il avait exposes, sans mme que nous ayons examin la question fond. Il se peut quelui ait rflchi sur ces questions, mais qu'on nous permette de dire que nous n'avons pas, nous, t mme de rflchir sur les matriaux volumineux qui ont t remis Hysni et que, du reste, Hysni lui-mme n'a pas eu le temps de lire et encore moins d'tudier pour exprimer un avis. Il ne s'agissait pas ld'une question de peu d'importance. Pour beaucoup d'autres choses d'une nature diffrente, nous avonsimmdiatement rpondu au Comit central du Parti communiste de l'Union sovitique en donnantnotre accord, mais il ne nous semble pas juste d'agir ainsi pour une question aussi importante que dedcider de dire la Chine : Hors du camp socialiste ! Le Bureau politique a jug que nous ne devonsen aucun cas accomplir un tel acte. Et c'est ainsi que l'on vient nous dire : Nous regrettons beaucoupque le Parti du Travail d'Albanie ne se soit pas ralli au Parti communiste de l'Union sovitique, car lesquestions souleves Bucarest concernent l'ensemble du camp socialiste. Mais comment nous-mmes pouvons-nous ne pas tre touchs de ne pas avoir le droit, en marxistes-lninistes que noussommes, de demander Nikita Khrouchtchev s'il a rgl tous les importants problmes de caractreinternational de la mme manire qu'il a voulu rgler la question de la Chine ? Cela, nous aussi, nousavons pleinement le droit de le faire.

    Prenons la question des rvisionnistes yougoslaves, dont je traiterai aussi plus loin. Trois jours avantson premier voyage en Yougoslavie, o il devait se rconcilier avec eux, Nikita Khrouchtchev envoyaau Comit central de notre Parti une lettre nous faisant part de cette dmarche. Notre Bureau politiques'est alors runi et a jug la question avec sang-froid. Chacun sait que la condamnation et ladnonciation des rvisionnistes yougoslaves en 1948 avaient man d'une instance internationale despartis frres, du Bureau d'Information, car il ne s'agissait pas l d'un simple conflit entre deux partis,mais d'une question qui concernait tous les partis communistes et ouvriers du monde. Aussi, pouradopter une autre ligne envers les rvisionnistes yougoslaves, il fallait que la mme instance qui avaitpris cette dcision se runisse nouveau et qu'elle dcide d'annuler la dcision prise ou dfinisse laforme et la mthode d'examen de cette question pour dterminer le degr du tournant prendre dansl'attitude l'gard des rvisionnistes. C'est ainsi, pensons-nous, qu'il fallait agir pour respecter les

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    normes lninistes. Le Bureau politique de notre Parti a fait savoir par lettre [Nous estimons, lui tait-il dit, entre autres, dans cette lettre, qu'il y a une assez grande diffrence entre le contenu de votrelettre du 23 mai 1955 et la thse essentielle de notre attitude commune observe jusqu'ici l'gard desYougoslaves... La procdure que l'on propose de suivre pour approuver l'abrogation de la Rsolutionde la runion du Bureau d'Information de novembre 1949 ne nous parat pas juste... Selon nous, unedcision si rapide (et prcipite) sur une question de grande importance de principe, prise sans uneanalyse approfondie pralable faite avec tous les partis intresss cette question, d'autant plus qu'onprtend la rendre publique et en faire mention explicitement au cours des ngociations de Belgrade,non seulement serait prmaturs, mais causerait mme un grand tort l'orientation gnrale dumouvement. (Extrait de la copie de la lettre conserve aux Archives Centrales du Parti).] au Comitcentral du Parti communiste de l'Union sovitique qu'il n'avait rien de contraire cela, tant donnqu'il ne nous appartenait pas de dire si Khrouchtchev devait aller ou non Belgrade. Toutefois, avons-nous soulign, le Comit central de notre Parti estime qu'une nouvelle dcision doit tre prise sur cettequestion, que le Bureau d'Information doit se runir nouveau et dcider en sance plnire del'attitude qu'il convient d'adopter. N'tant pas membres du Bureau d'Information, nous avons exprimle dsir d'tre invits cette runion comme observateurs et d'y exprimer notre opinion. Or, il ne futpas procd ainsi, bien que ce ft l une question qui ne concernait pas que les deux partis, mais tousles partis communistes et ouvriers. Le Comit central de notre Parti a pris position l'gard de cettedmarche, en en informant le Comit central du Parti communiste de l'Union sovitique par unenouvelle lettre dont les copies se trouvent aux archives du P.C.U.S. et du Comit central de notre Parti.

    C'est alors qu'eut lieu la contre-rvolution de Hongrie. [La contre-rvolution en Hongrie (23 octobre 4 novembre 1956) tait le produit du rvisionnisme moderne, qui s'tait rpandu largement et avaitpouss de profondes racines dans ce pays la suite du XXe Congrs du P.C.U.S. Le groupeKhrouchtchev avait directement contribu la destruction du Parti des Travailleurs hongrois, enportant au pouvoir la clique rvisionniste Kadar-Nagy, rendant ainsi possible le dclenchement decette contre-rvolution. Nanmoins, en raison de la forte pression exerce par la base, et surtoutquand il apparut que la Hongrie sortait de la sphre d'influence sovitique, il fut contraint d'autoriserles troupes sovitiques venir en aide aux dfenseurs hongrois de la rvolution. La contre-rvolutionfut crase, mais ses racines demeurrent. Les rvisionnistes, avec leur tte Kadar, gardrent lespositions-cls dans le pouvoir politique et dans le parti rorganis.] Ce fut une sale affaire.L'imprialisme, de concert avec les rvisionnistes yougoslaves, Imre Nagy [Ancien Premier ministrede la R.P. de Hongrie depuis juillet 1953. Il fut destitu en 1954 et exclu du parti pour activitantisocialiste et anticommuniste. En 1956, les rvisionnistes s'efforcrent de le porter nouveau aupouvoir. Avec leur appui, il devint l'un des principaux dirigeants de la contre-rvolution qui noya laHongrie dans le sang.] et toute la lie anti-communiste, y portrent un coup au socialisme. Quelleattitude fallait-il adopter avant et aprs ces vnements ? C'tait aussi une question qui concernait toutle mouvement communiste international, et le camp socialiste en particulier. On savait que, peu detemps auparavant, on avait tent de dclencher une contre-rvolution analogue en Albanie. Ainsi taitmise en danger l'existence d'un membre du Pacte de Varsovie [Conclu en mai 1955 avec laparticipation des huit pays socialistes d'Europe, comme contre-poids au Pacte agressif de l'Atlantique,(O.T.A.N.) pour garantir la paix et la scurit en Europe. Il devint, aprs la trahison de la directionsovitique, un trait agressif de type fasciste. C'est ce que devait confirmer l'agression contre laRpublique socialiste de Tchcoslovaquie (21 aot 1968) par les troupes de cinq pays du Pacte deVarsovie. La R.P.A., signataire de ce pacte, s'en tait, en fait, retire ds 1960-1961. Le 12 septembre1968, une dcision spciale de l'Assemble populaire de la R.P.A. la dchargeait de jure de touteobligation dcoulant de ce trait.], l'Albanie, dont la libert et l'indpendance avaient t constammentmenaces, surtout en ces annes-l. Mais notre Parti sut frapper les ennemis intrieurs et faire en sorteque rien de tel ne se produise dans notre pays. Quant ce qui tait arriv en Hongrie, nous n'en avionspas t informs, l'Albanie avait t oublie. Les membres du Prsidium du Comit central du Particommuniste de l'Union sovitique furent envoys en avion un peu partout dans les pays socialistespour expliquer la question de la contre-rvolution hongroise, mais personne ne vint dans notre pays etil ne nous fut rien dit. L'Albanie tait pourtant un point trs nvralgique du camp socialiste, elle avaitt attaque des annes durant par les rvisionnistes, Tito en tte, et l'on savait fort bien qu'une contre-rvolution analogue avait t prpare contre notre pays.

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    Avez-vous jamais entendu parler de cela ? Non, jamais. Nous n'avons pas fait une histoire de ceschoses-l, car nous pensions que c'taient des erreurs dues quelques individus et qu'elles seraientcorriges un jour. Nous n'en fmes mme pas part au Comit central de notre Parti, bien que notreComit central soit la direction du Parti du Travail. Mais en ces temps difficiles nous ne voulions pascommuniquer cette amertume du Bureau politique tous les camarades du Comit central, nous nevoulions absolument pas que ces critiques se transforment, mme inconsciemment, en froideur l'gard des camarades sovitiques. Nous ne l'avons pas permis. Nous pensions en effet que chez euxcomme chez nous des individus isols pouvaient commettre des erreurs.

    Puis se produisirent les vnements de Pologne. [L'imprialisme international et les rvisionnistesorganisrent en juin 1956 le soulvement contre-rvolutionnaire de Poznan en Pologne pourrenverser l'ordre socialiste et restaurer le capitalisme, ce qu'ils devaient raliser par la suite traversla dgnrescence idologique et politique bourgeoise-rvisionniste.] Nous n'en avons pas tinforms non plus, il n'a t tenu aucune runion leur sujet, et cela alors qu'il ne s'agissait passeulement de questions intrieures la Pologne, car nous sommes lis ce pays par un trait auxtermes duquel il serait demand notre peuple, le cas chant, de verser son sang pour les frontiresde lOder-Neisse. Puisqu'il en est ainsi, le peuple albanais n'a-t-il pas le droit de demander ce queviennent faire tous ces prtres dans l'arme polonaise ? C'est avec une telle arme que nouscombattrons cte cte ? Nous sommes lis par un trait, et malgr cela nous n'avons mme pas tconsults sur ces questions. Khrouchtchev m'a dit une fois ouvertement : Nous ne comprenons pas ceque dit ce Gomulka, il n'y a que les fascistes pour parler comme lui. S'agissait-il donc l de questionsne concernant que les deux partis ? Nous ne soulevons ces questions qu'aujourd'hui, car aujourd'huiKhrouchtchev et les autres dirigeants sovitiques expriment le regret de nous voir soi-disant malinterprter leurs actions errones de Bucarest, quand nous affirmons que ces questions concernent leParti communiste de l'Union sovitique et le Parti communiste chinois. Leur attitude n'est pas logique.

    Deux ou trois jours avant la Rencontre de Bucarest, Kossyguine est all voir Mehmet [Shehu], qui setrouvait alors Moscou, et lui a dit entre autres : En aucune faon nous ne pouvons consentir aumoindre compromis, faire la moindre concession l'gard des Chinois et il a rpt cette formule quatre reprises. Cela veut dire que les Sovitiques avaient tout dcid d'avance. Si l'on a dcid de netenir compte de l'opinion de personne, pourquoi me demande-t-on l-bas ? Pour faire le nombre ? Pourlever la main ? Non. Je considre que, si je suis invit, c'est pour exprimer moi aussi mon opinion.Nous sommes pour la Dclaration de Moscou [1957] et nous luttons pour sa mise en uvre dans notrepays. Mais, camarades, dans l'application pratique des questions, nous avons nous aussi notre mot dire, comme les Sovitiques ont dire le leur, comme les camarades chinois et tchcoslovaques ontdes choses dire sur nous, comme nous avons des choses dire sur eux. De telles questions peuventsurgir dans la vie. Bien entendu, dans la pratique, il peut arriver n'importe quel parti de faire desconcessions ou de commettre des erreurs. Et pourquoi nos partis existent-ils ? Pour s'entraider et pourse corriger dans la juste voie.

    Nous constatons cependant que, sur certaines questions, l'attitude du Comit central du Particommuniste de l'Union sovitique et d'un certain nombre d'autres partis ne concorde pas avec la ligne appliquer. Il s'agit de questions concernant la lutte contre le rvisionnisme yougoslave conformment la Dclaration de Moscou et mme avant la Dclaration de Moscou.

    Je ne veux pas vous rpter ici ce que sont les rvisionnistes yougoslaves et comment il faut luttercontre eux. Mais sur la manire dont il convient de les combattre, tous ne sont pas d'accord avec nous.Toutefois, le Bureau politique du Comit central de notre Parti ne peut admettre en aucun cas que l'oncritique notre Parti pour son hroque attitude marxiste-lniniste contre les rvisionnistes yougoslavesqui s'efforcent de diviser les partis et les pays socialistes et qui cherchent liquider l'Albanie. NotreComit central, tout notre Parti et tout notre peuple ont approuv la juste attitude que nous avonsadopte et que nous adoptons l'gard des rvisionnistes yougoslaves. Beaucoup de partis et decommunistes dans le monde rendent hommage notre attitude.

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    Notre Bureau politique n'a pas non plus cri sur les toits les divergences existant propos del'application pratique de la ligne marxiste-lniniste contre les rvisionnistes yougoslaves par tous lespartis frres sans exception ; mais il a su, contrairement ce qu'affirme Khrouchtchev, manuvreravec sagesse, sang-froid et sans emportement. Si le Bureau politique a agi de cette manire, c'est pourne pas rvler, non seulement notre peuple et l'opinion publique internationale, mais dans bien descas mme son Comit central, qu'il existe des divergences entre nous dans l'application pratique decette question.

    Les preuves en ont t si clatantes que l'on ne peut en aucun cas douter que les rvisionnistesyougoslaves ne soient des ennemis jurs du camp socialiste. Ce sont des agents de l'imprialisme ; etcela, le ministre de l'Intrieur de l'Union sovitique lui-mme l'a dclar la confrence des ministresde l'Intrieur des pays socialistes d'Europe, il y a quinze jours Prague, et tous ont approuv cetteconclusion.

    Khrouchtchev a critiqu notre attitude l'gard des rvisionnistes yougoslaves. Quand nous noussommes rendus avec la dlgation de notre Parti et de notre gouvernement Moscou en 1957 et quenous avons dfini, entre autres, notre attitude l'gard des rvisionnistes yougoslaves, Khrouchtchevs'est rvolt tel point qu'il s'est lev et a dclar : On ne peut pas discuter avec vous, mettons unterme ces entretiens. Nous avons t indigns, mais nous avons gard notre sang-froid, parce quenous tions dans la juste voie et que nous dfendions notre peuple et notre Parti, nous dfendions notreamiti avec l'Union sovitique. Nous ne nous sommes pas inclins devant la pression exerce sur nous,et par notre attitude nous avons contraint Khrouchtchev se rasseoir et poursuivre l'entretien.Mehmet et moi tions trs inquiets quand, aprs ce qui s'tait produit, nous sommes alls au meeting,mais ni notre main ni notre cur n'ont trembl. Se comporter de cette manire avec notre Parti parcequ'il observe une attitude rvolutionnaire l'encontre des rvisionnistes yougoslaves, n'est nullementjuste. Malgr tout, nous ne nous sommes jamais laiss branler. Nous avons fait preuve de patience,nous avons jug que nous tions dans le vrai et que le temps dmontrerait la justesse de la ligne denotre Parti. Et avant longtemps, les rvisionnistes yougoslaves montrrent nouveau leur vritablenature par les complots qu'ils tramrent leur congrs. [Le VIIe Congrs du Parti rvisionnisteyougoslave, tenu du 22 au 26 avril 1958, approuva un programme totalement antimarxiste,antisocialiste, qui fut prsent comme un manifeste international. Le congrs prit la dfense descliques rvisionnistes de tous les pays.] Alors le Parti communiste de l'Union sovitique prit lui-mmeposition, et Khrouchtchev en personne les a dmasqus en les traitant de bandits, de cheval deTroie, etc.

    Ce ne fut pas tout. Quinze jours avant le dclenchement de la contre-rvolution en Hongrie, endiscutant de questions internationales au cours d'une rencontre que Mehmet et moi avons eue avecSouslov [Membre du Prsidium du C.C. du P.C.U.S.] Moscou, nous lui avons fait part de nosimpressions sur les vnements de Hongrie ; nous avons attir son attention sur ce qui se produisait l-bas et sur le fait qu'il fallait prendre des mesures et faire preuve de vigilance. Il nous a demand quelletait notre opinion sur Imre Nagy. [Aprs l'chec de la contre-rvolution en Hongrie, Imre Nagy futpris en protection par les rvisionnistes yougoslaves qui lui donnrent asile leur ambassade Budapest. Par la suite, il fut envoy en Roumanie, o il fut jug et excut, les rvisionnistes n'ayantdsormais plus rien tirer de lui.] Nous lui avons rpondu que c'tait un lment infme, un anti-marxiste ; mais Souslov nous a rpliqu aussitt que nous tions dans l'erreur, que Nagy n'tait pas unmchant homme. Nous lui avons dclar que c'tait l notre opinion, et lui nous a affirm que le partidans ce pays avait commis une erreur en excluant Nagy de ses rangs. Le temps a montr ce qu'taitImre Nagy et toute la justesse et la prcision de notre jugement sur son compte.

    Nikita Khrouchtchev avait reu du tratre [Au P.T.A. et au peuple albanais.] Panajot Plaku une longuelettre o celui-ci lui parlait de son grand patriotisme, de son ardent amour pour l'Union sovitiqueet pour le Parti du Travail d'Albanie, et il demandait Khrouchtchev d'user de son autorit pourintervenir et liquider la direction de notre Parti avec sa tte Enver Hoxha sous prtexte que noustions anti-marxistes, staliniens. Il crivait qu'il s'tait enfui en Yougoslavie parce qu'un complot

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    avait, parat-il, t organis pour le tuer. A peine eut-il reu cette lettre, que Khrouchtchev nous dit :Et si ce Plaku retournait en Albanie, ou si nous l'accueillions en Union sovitique ? Nous lui avonsrpondu : S'il rentre en Albanie, nous le ferons pendre vingt fois, tandis qu'en l'accueillant en Unionsovitique, vous commettrez un acte fatal notre amiti. Il a alors recul.

    Mais les choses sont alles encore plus loin. Khrouchtchev nous a dclar que nous n'avions pas bienfait d'excuter Dali Ndreu et Liri Gega, qui tait enceinte. Le tsar lui-mme n'a jamais fait une chosepareille, a-t-il dit. Nous lui avons rpondu avec calme que nous n'excutons pas les gens pour rien,que nous ne passons par les armes que ceux qui trahissent la patrie et le peuple, et cela aprs qu'ils ontcombl la mesure et que leurs actes ont t parfaitement prouvs. Ces gens, notre Parti les a dnoncsdes annes durant, c'taient des tratres et des agents des rvisionnistes yougoslaves et ce n'est quelorsqu'ils ont tent de s'enfuir que nos organes comptents les ont capturs et que le tribunal du peuple,sur la base de faits bien prouvs, leur a inflig le chtiment qu'ils mritaient. Quant l'allgation selonlaquelle Liri Gega tait enceinte, c'est une pure invention.

    Nous n'avons jamais relev ces choses-l, et vous les entendez vous-mmes pour la premire fois. Ilaurait t inadmissible de ne pas critiquer ces erreurs comme notre Bureau politique l'a fait. Vous-mmes ne nous l'auriez pas permis, car ces choses-l ne renforcent pas l'amiti. Comment avons-nousragi devant tous ces vnements et toutes ces menes diriges contre nous au niveau internationalcomme dans nos affaires intrieures ? Avez-vous relev quelque indice dans notre presse ou avez-voussouponn de notre part la moindre attitude hostile l'Union sovitique ou la direction du Particommuniste de l'Union sovitique ? Non.

    Nous n'avons fait part personne de ces attitudes qui ont t adoptes notre encontre, mais noussommes marxistes, et maintenant il est l'heure de les rvler. On a rpandu le bruit que les Albanaisont le sang chaud. En quoi avons-nous le sang chaud ? Est-ce avoir le sang chaud que de dfendre sapatrie et son peuple contre les rvisionnistes yougoslaves, les monarcho-fascistes grecs et les no-fascistes italiens, qui nous attaquent et nous provoquent nos frontires depuis plus de seize ans?Nous ne saurions accepter d'tre traits d'emports parce que nous dfendons les intrts vitaux denotre peuple. Nous ne mriterions pas le lait que nous ont donn nos mres et le pain que nous donnentle Parti et le peuple, si nous ne dfendions pas les intrts de notre peuple. En agissant ainsi, nousdfendons en mme temps les intrts de l'Union sovitique et de tout le camp socialiste.

    Je citerai encore un petit exemple qui date d'avant-hier soir. L'ambassadeur d'Union sovitique Ivanovest venu me voir et m'a apport une note de Khrouchtchev relative une rencontre qu'il a eue avecSophocle Vnizlos. [Politicien grec, ractionnaire et chauvin.] Celui-l lui a parl, entre autres, del'Albanie. Il lui aurait dit : Nous pouvons nous entendre avec l'Albanie, mais condition de discuteraussi de la question de l'Epire du Nord, [Les chauvins grecs appellent l'Albanie du Sud, qu'ilsconvoitent d'annexer, Epire du Nord, considrant de la manire la plus absurde comme terregrecque cette ancienne terre albanaise.] qui doit tre rsolue dans le sens de l'autonomie de cettergion. Khrouchtchev a alors dclar : Vous devez rsoudre ces questions par la voie pacifique,mais moi, je ferai part de ce point de vue aux camarades albanais.

    J'ai aussitt dit l'ambassadeur sovitique que la rponse de Khrouchtchev n'avait pas t correcte,qu'il n'aurait pas d rpondre de cette manire, mais dclarer Vnizlos que l'on ne peut empiter surles frontires de l'Albanie. L'ambassadeur sovitique m'a dit : Mais vous connaissez l'attitude del'Union sovitique. Je la connais, ai-je rpliqu l'ambassadeur Ivanov, mais, en soi, la rponsedonne Vnizlos n'est pas correcte. Nous ne connaissons pas ce Vnizlos, mais nous connaissonsbien son pre. Si Moscou ne le connat pas, ce qui serait tonnant, [Il s'agit d'Eleutherios Vnizlos(1864-1936), dirigeant ractionnaire grec, reprsentant des intrts de la grande bourgeoisiegrecque, Premier ministre pendant plusieurs annes. En 1919, il envoya des troupes grecquesparticiper l'intervention contre la Russie sovitique.] nous pouvons lui dire qu'il a incendi toutel'Albanie du Sud, qu'il a massacr des milliers d'Albanais, qu'il a voulu mettre aussi le feu Gjirokastr, qu'il a organis des bandes et que c'est lui qui a lanc depuis longtemps l'ide de

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    l'autonomie de l'Epire du Nord. Ainsi l'ide du jeune Vnizlos est une vieille ide, c'est l'ide detout le chauvinisme grec. Pour combattre cette ide le peuple albanais a vers son sang dans le pass etil le versera encore, le cas chant, pour dfendre l'intgrit de son pays. Nous sommes pour la paixdans les Balkans, nous sommes pour des relations normales entre Etats, pour des relationscommerciales, mais nous n'acceptons pas de telles conditions dans nos rapports avec la Grce. Nousdevons cooprer avec elle sur des bases de parit. Nous avons donn notre rponse la manire donton a agi jusqu' maintenant. Demain, un autre dirigeant sovitique pourrait dclarer que le camaradeEnver accuse l'Union sovitique de ne pas dfendre l'Albanie. Ce n'est pas exact, les propos doiventtre rapports clairement, comme ils ont t dits.

    Dans nos thses, nous nous fondons sur des faits et nous ne dpassons pas la mesure, car avant toutnous avons en vue l'intrt suprieur, l'intrt gnral. Et dans ce cas aussi, des intrts levs sont enjeu. Le Bureau politique, en dfinissant la position que nous avons prise Bucarest, a agi trscorrectement et avec calme, car il est inadmissible que toutes ces importantes questions politiques etidologiques entre ces deux grands partis soient rsolues avec tant de lgret et de faonirresponsable.

    Enfin nous posons la question : Qu'a-t-il t fait Bucarest ? Rien n'a t rgl, si ce n'est que lesforces se sont alignes pour une lutte acharne, comme si nous avions affaire aux Etats-Unis et nonpas un pays socialiste et au P.C. chinois frre. Nous avons accept les propositions de la directionsovitique de nous rendre la Confrence de Moscou afin d'y rgler ces questions, mais la conditiond'avoir aussi le document des camarades chinois. L'Union sovitique a prsent le problme Bucarest; laissons aussi la Chine parler et prsenter son point de vue; nous jugerons ensuite.

    Du moment que nous avons dcid de tenir la Confrence de Moscou avec un programme dtermin,il faut que nous aussi ayons le temps d'tudier soigneusement les points qu'il comporte. LesSovitiques ont accept ce principe, alors pourquoi agissent-ils ainsi ? Ce n'est pas correct. C'est ceque pense le Bureau politique du Comit central de notre Parti.

    Le Bureau politique a estim que notre Parti ne doit en aucune manire se souiller par de tels actescontraires au marxisme-lninisme en matire d'organisation. Alors, quelles fins les autres partis s'ysont-ils rendus ? Chaque direction est responsable devant son parti et devant son peuple ainsi quedevant le communisme international. Que le Comit central de notre Parti nous juge, car nous sommesresponsables de notre attit