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TRANSMISSION 43 CONTENTS : Paul Rivet & Hernandez de Alba’s album: a pocket Museum 1-2 Le séjour de Paul Rivet en Colombie, texte français 3-17 A Decisive letter 18-21 WEEKLY TRANSMISSION N°43 THURSDAY 29 OCTOBER 2015 PAUL RIVET IN COLOMBIA : A DECISIVE MOMENT

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Paul Rivet & Hernandez de Alba’s album: a pocket Museum 1-2 Le séjour de Paul Rivet en Colombie, texte français 3-17 A Decisive letter 18-21

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TRANSMISSION 43 CONTENTS :

Paul Rivet & Hernandez de Alba’s album: a pocket Museum 1-2

Le séjour de Paul Rivet en Colombie, texte français 3-17

A Decisive letter 18-21

WEEKLY TRANSMISSION N°43 THURSDAY 29 OCTOBER 2015

PAUL RIVET IN COLOMBIA : A DECISIVE MOMENT

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The e-bulletin presents a selection of books, albums, photographs andancient documents as they have been handed down to the actualowners by their creators and by amateurs from past generations.

The physical descriptions, attributions, origins, places and dates of printing of the books and photographs have been carefully

ascertained by collations and comparisons with comparable.

The books and photographs consigned from all around the world are presented in chronological order. It is the privilege of ancient and authentic things to be presented in this fashion, mirroring the flow

of ideas and creations.

Bidding generally starts at 50 euros, with rare explicit exceptions.Offers are received by email during a week, until next Thursday at9.00 am Paris time. Results are published in the next transmission.

Payment in euros, Paypal is accepted.

N°43 : A Museum - Album

Couverture

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Weekly Transmission 43 1 5 November 2015

The photographic album contains100 vintage silver prints, gathered in1939-1940 by Gregorio Hernandezde Alba and Paul Rivet to promotethe conception of a New Museum inSouth America.

With an unpublished letter, addres-sed by Paul Rivet to Jorge AlvarezLleras (1885-1952), dated Bogotá, 4May 1942. Reproduction, translitte-ration and translation in last pages.

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Weekly Transmission 43 2 5 November 2015

Khipu, Paris, Musée de l’Homme. Silver print, 180x130 mm, caption in white ink. Khipu isthe word for "knot" in Cusco Quechua (the native Inca language). The cords contained numericand other values encoded by knots in a base ten positional system.

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Séjour de Paul Rivet en Colombie : juin 1941 - mai 1943

Les éléments biographiques suivant sont presque entièrement tirés de la thése de ChristineLaurière, Paul Rivet, le savant et le politique, (soutenue en décembre 2006, publiée parles Publications scientifiques du Muséum national d’histoire naturelle) — ou plus exac-tement de la longue note de lecture et analyse de l’ouvrage par Jean-Pierre Digard dispo-nible en ligne (citations en italique).

Ces éléments sont complétés pour les remarques concernant les années en Colombie dePaul Rivet par des resumés traduits de l’étude de Jimena Perry, Caminos de la Antropologíaen Colombia, Gregorio Hernández de Alba (1904-1973), publiée à Bogotá en 2006.

Paul Rivet est “né en 1876 dans une famille d’artisans et de petits fonctionnaires, modeste,religieuse et conservatrice, et «va radicalement s’émanciper de son milieu pour devenirun homme du sérail universitaire parisien, athée et notoirement engagé à gauche. […] Ilest une de ces figures typiques de l’intellectuel de la IIIe République»

Devenu brillamment mais sans enthousiasme médecin militaire en 1897 et affecté au 1errégiment de Cuirassiers, c’est avec empressement qu’il saisit l’occasion que lui offre lamission géodésique militaire française en Équateur de goûter aux voyages lointains. Outreson travail géodésique et médical, Rivet collecte de nombreux échantillons naturalistes[Equateur, 1901-1906].

Il rapportera aussi d’Équateur une femme, Mercedes Andrade Chiriboga, jeune épouseâgée de vingt ans et déjà mère de trois enfants, qu’il emmènera à Paris, mais qu’il n’épou-sera qu’en 1922 à la mort de son mari...

C’est au contact des populations de l’Équateur, telles qu’elles étaient au début du xxesiècle – la plupart des Indiens des montagnes étaient des conciertos, c’est-à-dire des serfsendettés – que le jeune médecin militaire va découvrir sa vocation d’anthropologue, ausens large de ce terme. ...

Toujours est-il que, parti naturaliste en Équateur, Rivet rentrera ethnologue à Paris en 1906.Âgé de trente ans, il développe ses liens avec le Muséum national d’Histoire naturellegrâce... à Ernest-Théodore Hamy... qui l’accueille comme travailleur libre au Laboratoired’anthropologie du 61, rue Buffon...

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C’est dans ce cadre que Rivet effectue sa «révolution» d’homme, mais aussi de scienti-fique: après des recherches sur le prognathisme (1909-1910) qui connurent un certainretentissement –rompant avec la vision du prognathisme comme caractère simiesque,Rivet utilise l’angle facial comme outil du «diagnostic ethnique» pour l’étude de la com-position raciale de populations données, dans une problématique centrée sur le métissage,la diffusion, l’échange –, il se tournera définitivement vers l’ethnologie, au point de devenir,en vingt ans, «la principale cheville ouvrière de l’institutionnalisation de l’anthropologierebaptisée aux forceps “ethnologie” au milieu des années 1920»...

De nouveaux protagonistes apparaissent: l’Institut français d’anthropologie, fondé en 1911et hébergé au Laboratoire d’anthropologie du Muséum, et où, avec Rivet, collaborent Lu-cien Lévy-Bruhl, Marcel Mauss, Marcel Cohen, Antoine Meillet…; la même année, ArnoldVan Gennep crée l’Institut ethnographique international...

En janvier-mars 1928, à l’issue d’une âpre campagne de Rivet pour faire prévaloir saconception de l’anthropologie comme ethnologie... Rivet est élu à la chaire d’anthropo-logie du Muséum et obtient le rattachement du Musée d’ethnographie du Trocadéro.

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Désormais en position de force, Rivet multiplie les «coups de force symboliques» dansles manuels, les dictionnaires, les encyclopédies, pour imposer ses vues de l’ethnologiecontre une anthropologie qui se proclame comme seule scientifique, mais n’est qu’unsimple prolongement des sciences naturelles. Dans le même temps, Rivet participe avecJacques Hadamard, Paul Langevin, Henri Laugier, Marcel Mauss, Jean Perrin et d’autresscientifiques de gauche, à la Ligue des droits de l’homme, à l’Union rationaliste et au Cer-cle Fénelon qu’anime sa maîtresse Caroline Vacher...

En 1928 également, se tient au musée des Arts décoratifs à Paris, où elle remporte un vifsuccès, une grande exposition sur «Les arts anciens de l’Amérique», à laquelle le Muséed’ethnographie du Trocadéro prête de nombreux objets. Georges Henri Rivière (1897-1985), dit GHR, musicien de jazz amateur, dandy, «dilettante émérite, adepte déclaré dumodernisme», organisateur avec Alfred Métraux de cette manifestation, séduit Rivet quilui propose le poste de sous-directeur du musée du Trocadéro avec pour mission d’enfaire un musée moderne et populaire.

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Cette collaboration, où Rivet est la «tête» et Rivière le «bras séculier», conduira à la fer-meture en 1935 du Musée d’ethnographie du Trocadéro, devenu, selon les mots de GHR,«une volière pour les mites, un musée Grévin de l’exotisme», et à l’ouverture du Muséede l’Homme, «opus magnum de Paul Rivet»...

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Christine Laurière souligne avec raison le rôle éminent joué par GHR dans l’émergencedu nouveau musée: «entré au Musée de l’Homme comme on entre en religion», il mon-trera envers cette institution un dévouement et une générosité inouïs, y compris sur sespropres deniers. Elle nous apprend également que, dans le contexte qui régnait alors duprestige de l’exotisme, du goût des surréalistes pour l’art primitif, de la vogue de la «mu-sique nègre», du succès populaire de l’Exposition coloniale de 1931 (33 millions d’en-trées)... l’arrivée de GHR n’alla pas non plus sans susciter les réserves de certains, dontMarcel Mauss, «qui craignaient que le Trocadéro ne se transforme en un redouté muséedes Beaux-Arts» — crainte prophétique mais prématurée.

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L’une des urgences d’alors étant la collecte ethnographique sur le terrain (cf. la multipli-cation des Instructions aux voyageurs), Christine Laurière accorde une place importanteà ce qu’elle appelle l’«odyssée pascuane». La mission franco-belge Alfred Métraux-HenriLavachery de l’île de Pâques (1932-1935) a pour point de départ une hypothèse en vogueà l’époque, due au linguiste hongrois Guillaume de Hevesy, selon laquelle les habitantsde l’île de Pâques n’étaient pas des «primitifs» car ils seraient venus de la vallée de l’Indus,ainsi qu’en témoigneraient des similitudes entre les deux systèmes d’écriture sur tablettes...

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Métraux doit à Rivet sa participation à la mission pascuane. Pour lui rendre service, Rivetintroduit donc dans la mission un cadet qui deviendra un rival. Dès le début, en effet, Mé-traux se montre sceptique sur le diffusionnisme à grande échelle. Qui plus est, il se trouverapropulsé au premier rang par la mort prématurée du chef de la mission, le vieil archéo-logue de Suze, Louis-Charles Watelin. Au cours de leur chasse aux tablettes rongorongo,«bois parlants», Métraux et Lavachery découvrent des Pascuans métissés et roublards, par-faitement au fait des attentes des chercheurs, qui ne sont pas les premiers à débarquersur l’île. Métraux confie son désarroi à Mauss: «jamais je n’aurai fait de l’ethnographiedans des circonstances aussi difficiles. Ce que je recueille, ce sont des balbutiementsd’agonisants»... Rivet éprouvera du ressentiment face aux démentis que Métraux infligeaità ses convictions diffusionnistes (mêmes écritures avec Indus).

Lors de la déclaration de la guerre en 1939, Métraux et Rivet se trouvaient à La Paz où ilsse réconcilièrent. Alfred Métraux resta d’ailleurs, avec Claude Lévi-Strauss, parmi les prin-cipaux soutiens de Rivet dans les épreuves qui allaient suivre.

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La décennie 1930 est en effet pour Paul Rivet une période d’intense activité militante: pré-sident du Comité des intellectuels antifascistes (CIVA) depuis 1934, conseiller municipalde Paris depuis 1935, compagnon de route du Front populaire, membre du comité centralde la ldh depuis 1938.

Il se trouve aussi, en tant que scientifique, confronté au racisme, notamment face àGeorges Montandon (1879-1944) qui, chassé de Suisse, avait été invité par Louis Marinà enseigner à l’École d’anthropologie de Paris en 1933.

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Après L’Ologenèse culturelle (1934), Montandon publie Problème des races: l’ethnie juivedevant la science (1938), livre dans lequel il se présente ouvertement comme un militantantisémite déterminé, favorable à la réduction de l’«ethnisme juif» contre lequel il préco-nise la castration des hommes et la défiguration des femmes afin de les empêcher de pro-créer. Dans sa lutte contre de telles idées, Rivet devient le «passeur» de l’œuvre de FranzBoas, lui aussi antiraciste convaincu et actif, qu’il invite à Paris en 1937.

Quand les Allemands entrent dans Paris le 14 juin 1940, le Musée de l’Homme, déjà dé-noncé par la droite collaborationniste comme «judéo-maçonnique», reste ouvert et cha-cun s’y trouve à son poste — et même plus: sous l’impulsion de Boris Vildé, «s’affirmel’existence d’un des noyaux de résistance... Soupçonné d’en être le chef et ayant de toutefaçon été déjà «repéré» pour avoir adressé à Pétain plusieurs lettres de protestation, Rivetse décide à fuir en zone libre le 11 février 1941, échappant de peu à une arrestation parla Gestapo. La même nuit, Anatole Lewitzky et Yvonne Oddon sont arrêtés, puis, plus tard,Boris Vildé et les autres, Germaine Tillion en août 1942… (les hommes seront exécutés,les femmes déportées). Pourchassé par la Gestapo, Rivet doit fuir en Colombie en mai1941 (avec l’aide de Gregorio de Alba).

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Pour succéder à Rivet, Jacques Millot est élu au Muséum devant Henri-Victor Vallois (auteurd’une taxinomie raciale dans son ouvrage Les Races humaines, qui divisait les humainsen 4 groupes composés de 27 « races »:

— Races primitives : groupe composé de 2 races (vedda, australienne)— Races noires : groupe de 7 races (éthiopienne, mélano-africaine, négrille, khoisan,mélano-indienne, négrito, mélanésienne)— Races blanches : groupe de 10 races (nordique, est-européenne, dinarique, alpine,méditerranéenne, sud-orientale, indo-afghane, anatolienne, aïnou, touranienne)— Races jaunes : groupe contenant 8 races (sibérienne, nord-mongole, centro-mongole,sud-mongole, indonésienne, polynésienne, eskimo, amérindienne)...

Mais Jérôme Carcopino, alors ministre, tranche en faveur de Vallois, nomination qui seraconfirmée, malgré les efforts de Rivet à la Libération: ainsi resurgira l’idéologie des racesdans l’institution scientifique.

Entre-temps, et en dépit des insultes de la presse conservatrice de son pays, Rivet contribueen Colombie à la création de l’Institut ethnologique national.

Les années 1940 comptent d’ailleurs parmi les plus fructueuses pour l’anthropologie etl’archéologie colombiennes.

En 1939 avait été accueilli au Musée de l’Homme le colombien autodidacte GregorioHernandez de Alba, envoyé par son gouvernement comme vice consul mais aussi pourfinir sa thèse sous la direction de Rivet et de Mauss (La Cultura Arqueológica de San Agus-tín). Gregorio Hernandez de Alba est chargé de concevoir, avec la bienveillance du pré-sident colombien Eduardo Santos, un projet de Musée Ethnographique, d’Institueethnologique national pour la Colombie, centre d’étude jumelé avec un musée arqueo-logique. Hernandez de Alba représente la Colombie au VIe congrès international d'ar-chéologie à Berlin, du 21 au 27 août 1939. Il fera de son voyage un récit saisissant.

En Mai 1941, Paul Rivet et Gregorio Hernandez de Alba embarquent avec le soutien dela diplomatie colombienne sur un navire espagnol, le “Magellanes”, à destination de Cubaet New York. Hernandez de Alaba a rédigé un journal de ce voyage où ils sont particuliè-rement maltraités par le personnel de la compagnie espagnole.

En juin 1941 Paul Rivet et Gregorio Hernandez de Alba sont accueillis à Baranquilla parle président colombien Eduardo Santos en personne qui les encourage à crér l’Institut.

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Ils sont bientôt rejoints par deux ethnologues américains, Wendell Bennett y James Fordet organise une grande campagne d’expéditions et de collecte dès décembre 1941 qui sedéroule pendant six mois (Tierradentro, Valle del Cauca, Caldas). En juin 1942 une expo-sition à Bogotá montre la collecte de Tierradentro et préfigure le musée révé par Hernan-dez de Alba. C’est à ce moment que se produit la rupture entre les deux hommes descience. Gregorio Hernandez de Alba démissionne du projet et ne reprendre son idée demusée qu’après un long séjour aux USA, à la Smithsonian, ancrant définitivement l’écolecolombienne dans la tradition nord-américaine.

La lettre reproduite en fin de ce catalogue montre que Rivet démissionne simultanémentn’ayant plus l’appui des étudiants. Voici la vcersion française de la dispute :

Des deux années passées par Rivet à Bogota, on retient plus particulièrement une confé-rence sur l’indigénisme prononcée en 1941, où il dresse un tableau multiculturel de lapopulation latino-américaine, s’opposant en cela aux indigénistes mexicains qui s’effor-çaient de créer un ciment national en résorbant l’altérité des Indiens par l’éducation...

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En mai 1943, grâce à Métraux et Lévi-Strauss, Rivet rejoint le Mexique, où de Gaulle, surle conseil de Jacques Soustelle, le nomme conseiller culturel de la France combattante.Là, il retrouve ses amis de la gauche française, exilés comme lui, et il sympathise avec lesréfugiés républicains espagnols, ce qui donne lieu à de belles pages de Christine Laurièresur le rôle des émigrés juifs allemands et républicains espagnols dans la vie intellectuelledu Mexique.

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Rivet regagne la France le 22 octobre 1944, quelque peu épuisé par tant d’épreuves — ila 68 ans. Il réintègre néanmoins ses fonctions au Muséum et au Musée de l’Homme, fonc-tions qu’Henri Vallois avait occupées pendant son exil. Rivet ne part à la retraite officiel-lement que le 1er octobre 1949, à l’âge de 73 ans; mais il garde l’appartement de fonctiondu Musée de l’Homme d’où Vallois, son successeur, qui lui voue une véritable haine, cher-chera à le faire expulser (paniqué à cette perspective, Rivet ira même jusqu’à vendre sabibliothèque)...

En 1946, Rivet est élu député socialiste et vice-président de la commission des Affairesétrangères. Mais en 1949, il est exclu de la sfio, dont il a fustigé la «politique d’abandon»,notamment face à l’adhésion de la France au Pacte atlantique (contre lequel il vote en1949) et face aux répressions coloniales de l’État français en Indochine et à Madagascar,et il rejoint l’Union républicaine et résistante, puis l’Union progressiste à sa création endécembre 1950. «Contre toute attente, Paul Rivet n’adopte pas une attitude aussi nettesur le conflit algérien, et penche pour l’Algérie française […]. Cette prise de position vaêtre le tourment de ses dernières années: «je redoute que si l’on veut aller trop vite on netransforme l’Afrique en une série de “Liberia”», explique-t-il. «Ces trois dernières annéesde sa vie ont brouillé son image; elles expliquent aussi, sans doute, pourquoi il est si rapi-dement tombé dans l’oubli en France»...

En fait, Rivet est pour un colonialisme humaniste et réformateur. En novembre 1954, l’in-surrection algérienne commence; en janvier 1955, Soustelle est nommé gouverneur gé-néral de l’Algérie. Rivet confesse avoir alors: “traversé une crise de découragement, dedésespoir que j’ai peine à surmonter. Je me trouve pris, déchiré entre deux sentiments,ma fidélité instinctive à la France et mon affection pour Soustelle d’une part, mon désac-cord avec une politique qui peu à peu nous enlève l’affection des peuples libres — etmême des autres...”

Très émouvant, l’épilogue que Christine Laurière consacre aux dernières années de la viede Rivet évoque notamment son «Testament politique» paru dans LesTemps Modernesen 1950 et l’article dans Esprit intitulé «La tristesse des vieux» (1955): «Les vieillards s’envont, courbés sous le double poids de leur échec et de leur mauvaise conscience». Dansun «Second testament politique» intitulé «Indépendance et liberté» et publié dans LeMonde du 1er février 1957, il fait le départ entre ces deux aspirations, soulignant qu’unpeuple peut être indépendant sans être libre, dans la mesure où les inégalités sociales,économiques, peuvent asservir autant qu’un joug politique.

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Pour lire la note de lecture intégrale : Digard Jean-Pierre, « Actualité de Paul Rivet. »,L'Homme 1/2009 (n° 189) , p. 229-241

URL : www.cairn.info/revue-l-homme-2009-1-page-229.htm.

Pour se procurer l’ouvrage : Christine Laurière, Paul Rivet. Le savant et le politique, Paris,Publications scientifiques du Muséum national d’histoire naturelle, 2008.

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Weekly Transmission 43 17 5 November 2015

The photographic album was found together with an unpublished letter, addressed by PaulRivet to Jorge Alvarez Lleras (1885-1952), dated Bogotá, 4 May 1942. Reproduction, trans-litteration and translation in next four pages.

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Bogota, el 4 de mayo de 1942 Señor Alvarez LlerasPresidente de la Sociedad Etnológica de Colombia

Muy estimado Señor y amigo,

Tengo el honor de transmitir a Ud la carta y los documentos que acabo de recibir de losalumnos de segundo año del Instituto etnológico.

La mayoría de los firmantes estuvo presente en nuestra reunión orientativa y aceptó, sinla menor observación, la junta directiva tal como fue propuesta. Los mismos vinierondesde entonces casi cada día a mi casa, donde los recibía como hijos; yo los he vistocada día en la escuela normal superior. Nadie me ha partecipado su motivo de descon-tento. La pequeña intriga, que culminó con la intervención inoportuna del Señor AlbertoSanchez en nuestra primera reunión, se tramó pues del modo mas hipócrita y oculto.

El desengaño para mi es grande. Esperaba haber matado el espíritu de intriga, de pequeñasrivalidades entre mis alumnos, por el cariño con quien los había tratado, por el desinterésque siempre ha dirigido mis actos, tenia la seguridad de que ellos correspondían al afectoque yo les había dado. Resulta pues que son ellos que, movidos por pequeñas enemis-tades, por pequeños rencores, se levantan contra mi, contra Ud, contra los que en un es-fuerzo completamente desinteresado procuraban fundar aquí una entidad esencialmentey exclusivamente científica.

En estas condiciones, juzgo que me es imposible seguir en la función de secretario generalde dicha entidad ni aun como miembro de ella, y con profunda pena, tengo el honor deremitir a Ud mi renuncia irrevocable de ambos puestos. No puerto fe en el porvenir, Es-pero que mas tarde, el ambiente será mas favorable a los estudios etnológicos. Siento enel alma la molestia que mi determinación causaria a Ud, el apóstol valiente del adelantocientifico de su pais.

Crea Ud que si hubiera sospechado lo que se iba tramando en la oscuridad y en el secretoyo no hubiera insistido tanto para que acepte la presidencia de nuestra sociedad. La res-ponsabilidad del fracaso de nuestro esfuerzo común recaerá en los que no han sabidosobreponer el interes general a sus intereses particulares.

Aprovecho la oportunidad para reiterar a Ud, Señor Presidente, la expresión de mi pro-fundo aprecio y severa amistad.

Paul Rivet

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Bogotá, 4 May 1942 Mr. Alvarez LlerasPresident of the Ethnological Society of Colombia

Dear Sir, and dear friend,

I have the honor to convey to you the letter and documents just received from the studentsin the second year of the Ethnological Institute.

Most of the signatories attended our orientation meeting and accepted without any re-marks, the board as proposed. They came almost every day since then in my house, wherehe received them as family; I have seen them every day at the Ecole Normale Superieure.No one has shared with me any reason for discontent. The small plot, which culminatedin the untimely intervention of Mr. Alberto Sanchez at our first meeting, developped laterin the most hypocritical and hidden form.

The disappointment for me is great. I was sure to contol the spirit of intrigue, petty rivalriesamong my students, for the affection with which they had been treated, by the disinterestthat has always directed my actions, I had assured that they corresponded to the affectionthat I had given them. Alas, moved by small enmities, however small grudges, the samestudents rise up against me, against you, against that completely selfless effort sought toestablish here an entity essentially and exclusively scientific.

Under these conditions, I judge that I cannot continue in the role of secretary general ofthe entity or even as a member, and with deep regret, I have the honor to submit to youmy irrevocable resignation from both positions. No having faith in the future, I hope later,the atmosphere will be more favorable to ethnological studies. I feel in my soul how mydetermination would cause trouble to you, the courageous apostle of scientific advance-ment of this country. Could you believe that if I had at any moment suspected what wasafoot in darkness and in secret, I would not have insisted so much asking you to acceptthe presidency of our society. The responsibility for the failure of our common effort willfall on those who have failed to overcome their particular interests.

I take this opportunity to renew to you, Mr. President, the expression of my deep appre-ciation and severe friendship.

Paul Rivet

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Number Forty-Three of the Weekly Transmission has been uploaded on Thursday, 29th October at 15:15 (Paris time).

Upcoming uploads and transmissions on Thursdays : Thursday 5th November, 15:15 (Paris time).

[email protected]

Phone (10 am-5 pm) : (+33) 6.50.85.60.74