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Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ? Janvier 2018

Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites ... · collaborateurs qualifiés et motivés ainsi ... Quelles clés pour stimuler la croissance des ... « compétitivité-prix

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Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?Janvier 2018

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2 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

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3Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

6

8

10

18

28

Résultats de l’enquête

Description de l’échantillon

Analyse des principaux résultats

Une notoriété relative

Perspectives de croissance

Positionnement stratégique

Les défis de la croissance

Analyse des freins à la croissance

Ressources humaines

Fiscalité

Barrières administratives

Ambition actionnariale et managériale

Contexte macro-économique

Approche stratégique

Pourquoi s’intéresser à la croissance des entreprises wallonnes ?

Introduction

Objectif

Méthodologie

Contexte

Le panorama des entreprises wallonnes

Les enjeux

Le soutien du secteur public

Conclusions

Mot de l’UWE

Abréviations

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4 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

1. Pour vivre heureux, vivons cachés ? Plus d’une entreprise wallonne sur deux estime être peu ou pas (re)connue en Wallonie … même si elle est un leader reconnu dans son marché.

2. Volonté de croissance confirmée 9 entreprises sur 10 expriment une volonté de croissance significative de leur chiffre d’affaires à moyen terme et 80 % des entreprises sondées expriment l’objectif stratégique d’être une entreprise citoyenne et de contribuer au développement de la Région wallonne.

3. Une stratégie de pénétration et d’innovation plutôt que d’internationalisationLes entreprises wallonnes comptent beaucoup plus sur le développement de marchés existants, grâce à des produits et des solutions innovantes, que sur l’ouverture de nouveaux marchés internationaux. L’internationalisation n’est citée qu’en 3ème position alors qu’en Europe elle représente la principale stratégie de croissance.

5. L’intimité client comme vecteur de développementLes entreprises citent comme prioritaire le développement et l’entretien d’une relation étroite sur le long terme avec leurs clients. Cette relation pouvant aller jusqu’à la co-création.

6. Les freins à la croissanceLe coût du travail, les difficultés de recrutement de collaborateurs qualifiés et motivés ainsi que la fiscalité jugée excessive sont rapportés comme étant les trois principaux freins à la croissance des entreprises.

La croissance des pépites wallonnes

4. Technologie et innovation comme vecteur de croissanceLes entreprises les plus ambitieuses en termes de croissance utilisent et/ou développent des technologies de pointe. Près d’un quart des entreprises wallonnes déclarent baser leur stratégie de croissance sur l’innovation : nouvelles solutions, nouveaux produits, nouveaux services.

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5Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

11. Ne pas négliger les risques macroéconomiques qui menacent la croissance Au niveau belge, le Baromètre de croissance d’EY (2017) indique que les trois principaux risques externes pouvant grever les plans de croissance des PME sont d’ordre macro-économique :

• Réglementation (du marché du travail et de la fiscalité) et les barrières au commerce* ;

• Augmentation de la concurrence ;

• Volatilité des prix des matières premières

7. Timidité des actionnaires et managersUne certaine timidité des actionnaires et managers est observée sur respectivement 16 % et 12 % des entreprises interrogées, notant que ceux-ci font le choix - probablement délibéré - de ne pas croître.

8. Enjeu culturel majeurLes entretiens avec les entrepreneurs, politiques et académiques ont unanimement relevé la question d’une culture wallonne favorisant peu la culture entrepreneuriale, la prise de risque, l’innovation et la croissance.

9. Prévoir la croissance dès les premiers joursCes mêmes entretiens relèvent pourtant que l’anticipation de l’internationalisation dès la création de l’entreprise favorise la croissance.

10. Du financement pour la création. “oui”, mais il est plus difficile de trouver du financement pour des projets de croissance de plus grande envergureLes entrepreneurs reconnaissent l’efficacité et la disponibilité des instruments publics de financement pour le lancement de l’entreprise et ses premiers développements. Néanmoins, pour une levée de fonds plus importante (>€3 millions), les entrepreneurs wallons expriment des difficultés à se financer.

* La Belgique est un des rares pays de l’étude pour lequel les PME positionnent ce frein en première position (20% des PME belges contre 12% des autres PME)

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6 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

La croissance est plus que jamais au cœur des préoccupations des belges. Dans nos trois régions, acteurs politiques, chefs d’entreprise, travailleurs ou demandeurs d’emploi ont plus que jamais besoin d’une croissance économique vigoureuse et aussi durable que possible.

Dans un contexte de vieillissement de la population, de finances publiques encore fragiles et de concurrence internationale accrue, la croissance de notre économie est plus que probablement notre plus grand enjeu de société. En effet, nous avons besoin d’une croissance durable et suffisante pour préserver notre modèle social et assumer la transformation technologique de notre économie.

Le moteur central de cette croissance reste le succès des entreprises qui se traduit par la croissance de leur valeur ajoutée et de leurs exportations. Nous connaissons les facteurs qui dopent cette croissance. Ils se nomment « innovation », « internationalisation », « compétitivité-prix », « talents », « créativité », « esprit d’entreprendre », « éducation », …

En tout état de cause, la croissance ne se décrète pas, surtout en Wallonie. Nous constatons que nos entreprises wallonnes sont souvent plus petites que celles de nos proches voisins. La croissance n’est pas non plus un objectif qui s’impose à toutes les entreprises. Nombre d’entreprises wallonnes expriment la volonté assumée de ne pas grandir. D’autres confirment rencontrer de nombreux obstacles à leur volonté de croître. Quant à la littérature économique et financière, elle confirme que la croissance est une phase risquée de la vie d’une entreprise.

Enfin, des entreprises wallonnes, leaders mondiaux dans des niches de marché, se gardent bien de revendiquer leur succès, préférant rester dans l’ombre.

Cette fameuse croissance, si déterminante de la réussite d’une région, est donc loin de constituer une évidence pour les entreprises et les entrepreneurs wallons. On constate en effet que beaucoup d’entrepreneurs s’autolimitent consciemment ou inconsciemment. EY (Ernst & Young) a tenté dans cette étude, par des questionnaires et des entretiens qualitatifs, de cerner les barrières à la croissance que rencontrent les entrepreneurs wallons.

Cette étude confirme que ces barrières sont multiples, que certaines sont objectives, d’autres plus subjectives.

Nos entretiens, avec des entrepreneurs expérimentés, souvent serial-entrepreneurs, révèlent systématiquement l’existence d’un facteur culturel bloquant, vis-à-vis de l’entrepreneuriat, l’entreprise en Wallonie, mais aussi de la croissance.

Certaines barrières sont classiques et bien connues, comme un coût du travail trop élevé ou une fiscalité décourageante. Plus inquiétante est la difficulté exprimée par les entreprises interrogées à recruter des talents permettant d’assumer et de soutenir leur potentiel de croissance. L’enjeu de l’éducation est directement et indirectement évoqué par les entreprises en croissance ou à potentiel de croissance.

Sans surprise, la simplification des relations avec l’administration et du paysage institutionnel semble la manière la plus évidente et la moins coûteuse d’aider les entreprises.

Pourquoi s’intéresser à la croissance des entreprises wallonnes ?

Avant-propos

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7Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Marie-Laure Moreau

Associée EY Responsable Wallonie

Patrick Rottiers

Country Managing Partner EY Belgique

Un nombre significatif d’entreprises soulignent la timidité de leur actionnariat ou de leurs managers, ou encore la difficulté de déterminer une vision stratégique. Si l’on ne peut questionner un actionnariat qui ne souhaite pas faire croître l’entreprise, on peut par contre s’inquiéter des conséquences à moyen terme de cet attentisme pour la pérennité de l’entreprise dans un environnement économique de plus en plus complexe et en constante évolution.

Enfin, nos entretiens soulignent unanimement le rôle d’une culture naturellement peu encline à soutenir et valoriser le risque entrepreneurial. Il semblerait donc qu’il y ait un véritable enjeu culturel en Wallonie à voir l’entreprise positivement dans ce qu’elle peut apporter à la Société.

Nous pensons qu’il est temps de proposer aux entreprises wallonnes, dont le potentiel de croître a été validé, un programme régional (de type « fast track croissance ») de stimulation et d’accompagnement à la croissance des entreprises wallonnes. Idéalement, ce programme devrait se concevoir dans un partenariat entre les pouvoirs publics régionaux et le secteur privé (représentants des entrepreneurs et spécialistes en croissance des entreprises).

EY soutient de longue date le monde des PME en Belgique, que ce soit au travers de sa clientèle étendue de PME ou au travers d’initiatives encourageant l’entrepreneuriat de croissance telles que le concours de l’Entreprise de l’Année ou de l’Entreprise Prometteuse de l’Année mais aussi au travers de nos programmes EYNovation et Startup Factory. Au fil du temps, nous avons acquis la conviction qu’à condition de disposer de certains fondamentaux, toute entreprise pourrait rejoindre le cercle privilégié des entreprises en croissance.

Avant-propos

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8 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Introduction

EY s’intéresse depuis toujours aux facteurs qui stimulent la croissance des entreprises, que ce soit au niveau mondial, fédéral ou régional. Il est incontestable que la plupart des régions européennes ont besoin d’une croissance durable et suffisante pour pouvoir préserver leur modèle social et assumer la transformation de leur économie.

Le renforcement du potentiel de croissance des entreprises et la stimulation de celle-ci sont des défis prioritaires en Europe, et d’autant plus en Wallonie étant donné son retard structurel de développement économique. En 2016, la Wallonie affichait un PIB par habitant 28% inférieur à la moyenne belge et 8 % inférieur à la moyenne européenne1. Au niveau régional, les taux de croissance attendus du PIB wallon sur un horizon 2017-2022 sont positifs, mais systématiquement inférieurs à ceux qu’afficherait la Flandre. La Région de Bruxelles-Capitale (RBC) rattraperait son retard en égalant les taux de croissance de la Wallonie.

En termes de taux d’emploi des 20-64 ans en 2016, la Wallonie (57,1%) se positionne également derrière la moyenne belge (62,3%), la moyenne européenne (71,1%) ou la moyenne flamande (66,5%), tout en affichant de meilleures performances par rapport à la Région bruxelloise (55,3%)2.

Tant au niveau européen qu’au niveau régional, de nombreuses initiatives publiques tendent à soutenir la création et la croissance des entreprises. Cependant, force est de constater que les entreprises wallonnes, et plus particulièrement les PME, affichent des difficultés évidentes à passer les paliers de la croissance. En moyenne, elles sont plus petites en termes d’ETP que leurs homologues flamandes et la part des entreprises wallonnes employant plus de 50 ETP reste faible.

Cette étude d’EY s’inscrit résolument dans une volonté de poursuivre la réflexion sur les barrières qui freinent le développement des entreprises wallonnes. Cette réflexion a déjà été entamée tant au sein des autorités publiques qu’au niveau académique. De notre côté, nous nous sommes plus particulièrement intéressés aux pépites wallonnes qui occupent une part de marché substantielle dans des niches ou des segments de marché spécifiques. Outre les freins à la croissance que peuvent connaitre certaines de nos entreprises wallonnes, il nous a également paru opportun de mieux comprendre leurs besoins afin de pouvoir envisager des pistes de réponses à leurs attentes. En d’autres termes, nous nous inscrivons dans une démarche de promotion du développement du tissu entrepreneurial non seulement de manière horizontale (accroître le nombre d’entrepreneurs et d’entreprises porteuses d’emplois), mais également de manière verticale (soutenir les efforts de croissance des entreprises existantes).

A. Objectif

Taux de croissance du PIB régional (2005-2022)

Source : Perspectives économiques régionales 2017-2022, IWEPS (2017), p.16

1 IWEPS & Eurostat, 2016 – moyenne européenne=moyenne EU 282 Direction Générale Statistique pour les données belges et Eurostat pour la donnée européenne

Région de Bruxelles-Capitale

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022

Région flamande Région wallonne

5

4

3

2

1

0

-1

-2

-3

-4

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9Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Introduction

Dans le cadre de cette étude, notre méthodologie repose sur trois principaux piliers :

• La recherche documentaire permettant de brasser les différentes études et publications en matière de freins à la croissance des entreprises (et plus particulièrement les PME) ;

• Une enquête de terrain sur base d’un questionnaire auquel ont répondu des entreprises wallonnes en phase de croissance ;

• Des entretiens individuels avec des « business angels », des entrepreneurs wallons aguerris et les pouvoirs publics wallons en charge des programmes de soutien et d’accompagnement des entreprises en développement. Ces entretiens ont pour objectif de valider/infirmer les premières tendances qui se dégagent de l’enquête. Il s’agit d’entretiens semi-directifs menés par EY.

En vue de constituer un échantillon d’entreprises destinées à répondre à un questionnaire, nous nous sommes prioritairement intéressés aux entreprises démontrant des profils de croissance récents en Wallonie. Pour ce faire, nous avons d’abord travaillé sur la liste des entreprises susceptibles d’être sélectionnées dans le cadre de notre concours de l’Entreprise de l’année, les critères d’éligibilité au niveau de la croissance étant d’accuser une croissance significative en termes de chiffre d’affaires, d’effectif ou de la valeur ajoutée au cours des cinq dernières années.

Ensuite, s’ajoutent les entreprises potentiellement éligibles à notre concours de l’Entreprise prometteuse de l’année, ces entreprises sont en général plus jeunes, n’ont pas nécessairement déjà réalisé une croissance significative mais en ont le potentiel en se distinguant sur différents critères, tels que l’innovation, l’entrepreneuriat, leur stratégie et ouverture sur le monde démontrant ainsi un potentiel de devenir un jour l’Entreprise de l’Année.

Comme dans tout exercice d’enquête, il est important de limiter les biais en augmentant, notamment, le panel d’entreprises interrogées. Pour ce faire, le questionnaire a été diffusé à une plus large audience au travers de l’utilisation des moyens de communications modernes. Afin de pouvoir contrôler, et par la suite segmenter, les répondants, plusieurs questions ont été ajoutées telles que la situation géographique ou les expériences de croissance de l’entreprise.

B. Méthodologie

Notre approche n’est pas une approche académique ayant la volonté d’une modélisation déterministe des freins à la croissance des entreprises en Wallonie. Notre approche relève plutôt d’une démarche pragmatique ayant l’ambition d’abord, de dresser un état des perceptions en termes de freins à la croissance en Wallonie et ensuite, de permettre l’identification de politiques ad hoc permettant de stimuler la croissance des entreprises wallonnes à potentiel.

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10 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

La Wallonie, comme la plupart des régions européennes, est caractérisée par un tissu économique essentiellement composé de PME (99,5%3). Parmi elles, une large majorité est constituée de très petites entreprises ayant moins de 10 effectifs moyens (91,2% des entreprises actives en Wallonie).

A. Le panorama des entreprises wallonnes

Répartition des entreprises actives en Wallonie selon le nombre d’effectifs, 2017

Source : Belfirst, Calculs : EY

3 Belfirst, Avril 20174 Sur base des données Belfirst, en avril 2017.

Comparaison de la taille des entreprises Wallonie-Flandre

Source : Rapport sur l’économie wallonne 2016, DGO6-IWEPS-Sogepa

Taille des entreprises (critères européens)

Valeur ajoutée des entreprises wallonnes par rapport à la valeur ajoutée des entreprises flamandes

VA – moyenne VA – médiane

Très petite entreprises 8,2% inférieur 10,2% inférieur

Petites entreprises 2,6% inférieur 7,9% inférieur

Moyenne entreprises 4,6% inférieur 5,2% inférieur

Grandes entreprises 7,4% inférieur 6,1% inférieur

L’aventure entrepreneuriale wallonne se construit principalement au travers d’entreprises individuelles ou ayant un statut de « personne physique ». En 2015, près de 56% des entreprises wallonnes agissaient sous cette forme. Bien que cette proportion diminue légèrement depuis 10 ans au profit des entreprises ayant la forme d’une SPRL(U), la prépondérance de l’entrepreneuriat au travers du statut de personne physique est clairement plus marquée par rapport aux deux autres régions du pays.

Répartition des entreprises selon leur forme juridique (2015 – dernières données disponibles)

Source : SPF Economie – DGS, Calculs : EY

En tenant compte de l’effectif moyen par entreprise et de la valeur ajoutée moyenne (et médiane), les entreprises wallonnes sont plus petites que celles établies en Flandre. Le nombre d’effectif moyen par entreprise wallonne est 12% inférieur à celui qui prévaut pour la Flandre, et 51% par rapport à celui de la Région Bruxelles Capitale (RBC).Cette plus grande différence avec la RBC est partiellement expliquée par une présence plus importante des sièges sociaux dans la région du centre et des entreprises internationales de plus grande taille4. Le graphe ci-après reprend les résultats en termes de valeur ajoutée selon la taille des entreprises.

7,3%Petites entreprises(10 à 49 effectifs)

91,2%Très petites entreprises (<10 effectifs)

1,0%Moyennes entreprises (10 à 249 effectifs)

0,5%Grandes entreprises (>250 effectifs)

55,5%

2,0%

7,3%

30,4%

2,3%

1,8%

0,6%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

Personne physique

SNC ou SCS

SA ou SCA

SPRL

Société coopérative

Association commerciale

Autre société, groupement ou association

Wallonie Flandre RBC

Contexte

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11Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Contexte

Quant au secteur d’activités, les entreprises wallonnes développent majoritairement leurs activités dans le commerce (20,8%) et dans les services spécialisés, scientifiques et techniques (18,2%). En ce qui concerne les activités de commerce, le commerce de détail prédomine largement. Les deux autres régions ont développé un tissu entrepreneurial dominé par le secteur des services spécialisés, scientifiques et techniques. La Région wallonne dispose proportionnellement de plus d’entreprises actives dans le domaine de la santé humaine : 4ème plus important secteur en Wallonie alors que ce secteur occupe la 7ème place dans les autres régions.

5 On compte quelques 3,5 millions de consommateurs potentiels en Wallonie, ce qui pousse l’économie wallonne à se tourner vers l’extérieur pour répondre efficacement à la demande domestique.

6 L’IWEPS calcule le degré d’ouverture internationale en faisant la moyenne des importations et des exportations (importations+exportations/2) et en la divisant par le PIB. Le tout est multiplié par 100 pour l’exprimer en pourcentage du PIB.

7 Rapport sur l’économie wallonne, IWEPS, 2017, p.42

La Région wallonne étant une région de petite taille5, il est indispensable que les entreprises à potentiel de croissance puissent se développer dans une perspective d’ouverture au commerce international. Le degré d’ouverture internationale6 de la Wallonie reste cependant plus faible (47,8 %) que la Flandre (87,5 %) et même que la Belgique (74,4 %) sur la période 2003-2013. De plus, il ne faut pas perdre de vue que la Wallonie s’inscrit non seulement dans des échanges internationaux au sein d’une économie mondiale globale, mais également dans des échanges interrégionaux. Ces derniers sont d’ailleurs proportionnellement plus importants pour la Wallonie que pour la Flandre, en termes de valeur ajoutée générée (respectivement 8,9% contre 6,8% en 2010)7.

Secteur d’activités des PME wallonnes

Source : Belfirst, 2017, Calculs : EY

Degré d’ouverture internationale de la Wallonie (2013)

Source : IWEPS (2013) - Graphique non actualisé à ce jour

0,0% 5,0% 10,0% 15,0% 20,0% 25,0%

Comm. gros et detail

Activ. spéc., scient. et techn.

Construction

Santé humaine et action soc.

Activités immobilières

Hébergement et restauration

Ind. manufacturière

Finances et assurance

Arts, spect. et activ. Récréatives

Région wallonne Région flamande RBC

2,3%

7,0%4,4%

3,2%

5,3%

2,9%

5,5%

3,2%5,8%

6,9%

8,0%6,0%

5,2%

8,4%

7,1%7,5%

9,8%

6,0%

13,5%

9,6%

13,3%

23,1%20,5%

18,2%

20,7%

20,8%20,1%

Wallonie52,8%

13,8 - 15,015,1 - 30,030,1 - 45,045,1 - 60,060,1 - 75,075,1 - 90,090,1 - 103,2

Minimum : 21,2

Maximum : 103,2

Moyenne : 53,1

Médiane : 47,1

Écart type : 30,3

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12 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Contexte

Le graphique ci-dessous illustre les secteurs d’activités pour lesquels les exportations wallonnes sont les plus élevées : tout d’abord les produits issus de l’industrie chimique et pharmaceutique (30%), suivis des métaux (13%) pour l’année 2016.

Part des exportations wallonnes par secteur d’activités (2012-2016)

Source : AWEX

Parallèlement à la concentration des exportations dans quelques secteurs d’activités, les exportations wallonnes se concentrent également sur les pays directement limitrophes (France, Allemagne et Pays-Bas). Cependant, il est à noter que les marchés hors Europe des entreprises wallonnes ont progressé, alors que les exportations intra-européennes ont plutôt stagné, voire régressé. Il est donc encourageant de voir que le terrain de jeu des entreprises régionales ne se limite pas (plus) à l’Europe, même si l’ambition en ce sens doit encore grandir.

Marchés de destination des exportations wallonnes (2012-2016)

Source : AWEX, Calculs : EY

0% 5% 10% 15% 25% 30%

France

Allemagne

Pays-Bas

Etats-Unis

Royaume-Uni

Italie

Luxembourg

Espagne

Pologne

Chine

20122013201420152016

20%

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%

Instruments d'optique et de précision

Produits alimentaires, boissons et tabacs

Matières plastiques et caoutchouc

Machines et équipements mécaniques, électriques et

électroniques

Métaux communs et ouvrages en ces métaux

Produits des industries chimiques et pharmaceutique

2012

2013

2014

2015

2016

28,2%24,7%

28,8%

15,2%

30,1%

13,3%12,8%

13,5%13,2%

12,3%

12,0%

12,4%12,4%

8,6%

7,9%

8,8%

13,8%

8,6%

8,9%

5,4%

4,1%

6,1%

5,8%

5,7%

6,0%

5,5%4,8%4,5%4,3%

30,6%

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13Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Contexte

La réflexion peut être poussée un peu plus loin en s’intéressant au taux de création net9 qui prend en compte non seulement la création d’activités, mais également leur destruction. En Wallonie, ce dernier s’élevait à 3,2 % en 2016, ce qui correspond à son niveau le plus haut depuis 2007. Le dynamisme entrepreneurial wallon reste cependant moindre que celui observé en Flandre et dans la Région de Bruxelles-Capitale sur la période 2007-2016 (1,4 % en Wallonie, 2,6 % en Flandre et 3,5 % dans la région Bruxelles-Capitale).

Le graphique ci-après met encore ce phénomène en évidence en se focalisant sur la période 2008-2015 et en analysant les données par provinces. La province du Brabant wallon est la seule province wallonne qui peut se permettre de rivaliser avec les provinces flamandes et la RBC.

8 Données – IWEPS. Le nombre de création en termes d’entreprises actives est le nombre de nouveaux assujettis et ré-assujettis à la TVA au 31 décembre de chaque année par rapport au nombre d’entreprises actives assujetties à la TVA à cette même date.

9 Données – IWEPS. Le taux de création net est égal au quotient de la différence entre les créations et les cessations par rapport au nombre d’entreprises actives assujetties à la TVA au 31 décembre de la période précédente.

10 Rapport 2015 de l’envoyé PME wallon11 Il s’agit des employeurs mono régionaux, qui sont présents dans une seule région. 12 Rapport sur l’économie wallonne 2017, DGO6-IWEPS-Sogepa

Il est par ailleurs intéressant de visualiser la dynamique de création d’entreprises8 en Wallonie. Sur la période 2007-2016, le taux moyen annuel s’établit à 9,9%, ce qui démontre une volonté d’entreprendre bien présente. Cependant, on peut raisonnablement inférer qu’une part substantielle de ces créations relève d’un entrepreneuriat de nécessité (création de son propre emploi) plutôt que d’un entrepreneuriat d’opportunité plus susceptible de s’orienter vers une démarche de croissance.

Evolution du taux de création d’entreprises (2011-2016)

Source : SPF Economie – DGS & IWEPS, Calculs : EY

Taux de création net d’entreprises (moyenne 2008-2015) – indice Belgique = 1,00

Source : Rapport sur l’économie wallonne 2017, DGO6-IWEPS-Sogepa

Les PME wallonnes représentent la source principale d’emplois en Wallonie puisqu’elles comptabilisent 78% de l’emploi total régional10. Etant donné la forte représentativité des PME, il est évident que leur valorisation dans l’emploi pourrait être plus importante. L’importance de la création de nouvelles entreprises est évidemment déterminante pour la perspective d’emplois qu’elles apportent directement et dans le futur. Les nouveaux employeurs11 contribuent à la création d’un emploi sur quatre (24,4%) en Wallonie pour la période 2013-2014. Des résultats similaires sont observés pour la RBC. Quant aux nouveaux employeurs flamands, ils contribuent à la création d’un emploi sur cinq (20,7%)12.

Cré

atio

ns n

ette

s /

popu

lati

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n âg

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acti

vité

Créations nettes / entreprises

HainautNamur

Liège

Luxembourg

Limbourg

Brabant flamand

Région flamande

Région de Bruxelles-Capitale

Région wallonne

Flandre orientale

Brabant wallon

Anvers

Flandre occidentale

0,50 0,60 0,70 0,80 0,90 1,00 1,10 1,20 1,30 1,40 1,50

1,60

1,40

1,20

1,00

0,80

0,60

0,40

0,20

0,00

BEL

I

IIIII

IV

9,8% 9,9% 9,4%11,0%

9,8%9,7%

0,0%

4,0%

8,0%

12,0%

16,0%

20,0%

2011 2012 2013 2014 2015 2016

Région wallonne Région flamande Région de Bruxelles-Capitale Belgique

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14 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Contexte

Les statistiques indiquent que la dynamique de création d’entreprises est bien en place et que les nouvelles entreprises contribuent à la création d’un emploi sur quatre en Wallonie. Cependant, le taux de survie des entreprises est plus faible en Wallonie. Tout l’enjeu réside donc dans le maintien et le développement des entreprises déjà existantes afin, non seulement qu’elles stabilisent l’emploi créé, mais qu’elles puissent se développer en vue de renforcer les perspectives d’emploi tout en augmentant leur valeur ajoutée.

Cela ne veut certainement pas dire qu’il faut négliger le soutien à la création d’entreprises nouvelles. Mais plutôt qu’un soutien particulier doit être consacré au développement des entreprises à potentiel de croissance.

L’OCDE définit une entreprise à forte croissance comme étant une entreprise ayant au moins 10 travailleurs et enregistrant une croissance moyenne annuelle, mesurée sur base du taux d’emploi, de plus de 20 % sur une période de 3 ans. En s’appuyant sur cette définition, la Région wallonne compte 6,2% d’entreprises enregistrant une forte croissance, ce qui est plus faible que le niveau national qui s’établit à 8% en 2014. Le commerce de détail et le commerce de gros sont les secteurs d’activités qui drainent le plus d’entreprises à forte croissance que ce soit au niveau national ou au niveau wallon. Vient ensuite le secteur de la construction en Wallonie, un secteur qui, on le constate, subit des contraintes exogènes limitant son potentiel de création d’emplois.

B. Les enjeux

La croissance des entreprises est donc un enjeu économique et politique majeur à l’heure où les mesures prises pour encourager l’entrepreneuriat semblent porter leurs fruits. Il est nécessaire de poursuivre les efforts en s’interrogeant sur le développement des entreprises wallonnes (qu’elles soient jeunes ou avec un historique beaucoup plus long) et donc d’élargir le spectre aux entreprises en croissance sur le long terme.

La compréhension des mécanismes qui sous-tendent la croissance des entreprises, et plus particulièrement des PME, est complexe par définition. Aucune formule magique universelle ne peut être dégagée. Les variables d’intérêt sont multiples et leurs interactions sont difficilement modélisables. Il en résulte que les déterminants (moteurs, freins et déclencheurs) de la croissance des entreprises restent encore actuellement difficiles à appréhender.

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15Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Contexte

La Commission européenne souhaite dorénavant aller plus loin dans le soutien aux entreprises en croissance. Les initiatives européennes ont principalement porté sur la création de start-ups. A présent, les autorités européennes ont décidé de fournir des efforts supplémentaires afin, non seulement de continuer à promouvoir les start-ups, mais également de soutenir les efforts de croissance des entreprises en expansion (appelées « scale-ups »). En effet, trop peu de jeunes entreprises européennes parviennent à passer le cap des 2 ou 3 ans d’existence, et celles qui parviennent à rentrer dans le cercle vertueux de la croissance sont encore moins nombreuses13. Après une consultation publique en 2016, la Commission européenne a décidé de focaliser ses efforts sur trois axes stratégiques en vue d’encourager la croissance des entreprises14:

• Obstacles réglementaires et administratifs : le poids des charges administratives et les difficultés d’appréhender et de s’adapter aux différentes règles et formalités freinent les entreprises européennes dans leurs efforts de développement international. Il est notamment question de créer une assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés (ACCIS), d’assurer une plus grande simplification du système de TVA de l’UE et de promouvoir le soutien aux bonnes pratiques observées dans les régimes fiscaux nationaux applicables au capital-risque ;

• Nécessité de coopérer : il est indispensable de poursuivre et d’encore améliorer les initiatives de réseautage et d’écosystèmes qui se développent en Europe, afin de mettre en relation plus rapidement et de manière plus efficiente les entreprises désireuses de croître et des partenaires potentiels en matière de financement et de commerce, et avec des autorités locales ;

• Accès au financement : au niveau européen, la problématique de l’accès au financement reste une problématique majeure, entravant les ambitions de croissance des entreprises15.

C. Le soutien du secteur public

13 Le pourcentage d’entreprises dont la croissance est inférieure à 5 % ou qui ne se développent pas du tout dépasse 45 % en Europe contre 37 % aux États-Unis (Bravo-Biosca, 2011, A look at business growth and contraction in Europe).

14 Commission européenne (2016), Les grands acteurs européens de demain: l’initiative en faveur des start-up et des scale-up, SWD(2016) 373 final.

15 En 2014, en termes de financement disponible pour les investissements de capital-risque, seuls environ cinq milliards d’euros étaient disponibles dans l’UE, contre plus de 26 milliards d’euros aux États-Unis (Thomson One, Perspectives BSG, The State of European Venture Capital).

16 http://scaleupeuropemanifesto.eu/pdf/Scale_Up_Europe_Brochure.pdf17 https://www.google.be/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=8&ved=0ahUKEwiZ6__30snVAhUFLyYKHde2D6gQFghFMAc&url=

http%3A%2F%2Fwww.presscenter.org%2Ffr%2Fprint-pdf-full%2F82534&usg=AFQjCNEHLqDh_uN678crgAgYpss_YYDOaQ

Consciente de l’importance de la deuxième chance pour les entrepreneurs, la Commission a également émis une proposition concernant la législation en matière d’insolvabilité. Il s’agit de donner aux entreprises qui connaissent des difficultés financières la possibilité de se restructurer à un stade précoce.

En parallèle, un « Scale-up manifesto »16 contenant 49 mesures relatives aux entreprises de croissance a été rédigé en 2016 à l’initiative d’un collectif regroupant des autorités politiques et des associations d’entrepreneurs et de startups. Ces mesures se concentrent sur six domaines : l’achèvement du marché unique, la mobilisation du capital, l’activation du talent, l’intensification de l’innovation, l’élargissement de l’enseignement et enfin, la mesure et l’évaluation.

Si l’Europe coordonne des mesures de soutien aux entreprises, les politiques nationales et régionales doivent également s’investir afin d’augmenter l’effet levier et d’assurer la cohérence globale des mesures. Au niveau fédéral, la Belgique a multiplié les initiatives en mettant en avant l’entrepreneuriat et la croissance des entreprises. Le « Plan PME »17, adopté en 2015, a permis la mise en place de diverses mesures transversales tournées vers la compétitivité, la fiscalité et la lutte contre le dumping social, un meilleur accès au financement, le soutien de l’entrepreneuriat de la seconde chance, la simplification administrative, l’internationalisation des PME. Aux côtés du plan PME, le « Plan Start-up » a permis des mesures liées au financement et à l’investissement des jeunes microentreprises et des PME (Tax Shelter pour les start-up, le crowdfunding, la réduction du précompte professionnel et la déduction unique pour l’investissement dans le numérique).

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16 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Contexte

Depuis 2016, les autorités fédérales ont décidé de limiter les charges liées aux premières embauches au travers du Tax Shift, ce qui a donc pour but de favoriser la croissance et l’emploi. Ces mesures se sont intensifiées en 2017 en réduisant encore les cotisations sociales personnelles des indépendants tout en proposant d’autres mesures allant dans le sens de la valorisation de l’entrepreneuriat. Pensons notamment au nouveau statut d’ « étudiant-entrepreneur » pour lequel une immunité fiscale partielle est prévue ainsi qu’une réduction des cotisations sociales.

En outre, divers incitants fiscaux permettent de réduire les coûts de l’innovation pour l’entrepreneur via des mécanismes de réduction de l’impôt des sociétés, du précompte professionnel ou de l’impôt des personnes physiques.18

Au niveau régional, les gouvernements sont également à l’écoute des entrepreneurs et tentent de dynamiser le tissu économique régional par différentes mesures. La Région de Bruxelles-Capitale a décliné son premier plan PME autour de 77 mesures couvrant la période 2016-202519. Il est orienté autour de 5 axes :

• Créer un environnement favorable à l’entrepreneuriat ;

• Améliorer l’accès au financement ;

• Soutenir la diversité des entrepreneurs et entreprises, richesse bruxelloise ;

• Améliorer les relations entre les PME et la Région ;

• Soutenir les entreprises dans les évolutions et opportunités (économie circulaire, innovation, internationalisation, numérique).

18 Déduction pour revenus de l’innovation, exonération partielle du précompte professionnel (extension du champs d’application de l’exonération à certains diplômes de bachelier à partir de 2018), crédit d’impôt et déduction pour investissement R&D, fiscalité des droits d’auteur.

19 http://www.didiergosuin.brussels/sites/default/files/documents-articles/texte_sba_fr.pdf20 La « pollinisation croisée “, peut se décrire comme l’art de déclencher l’innovation par la « friction » de profils différents. La méthode

permet, dit-on de « sortir du cadre », de dépasser les paradigmes traditionnels » et de favoriser le « saut créatif “ (Ronan Chastelier dans Les Echos).

Les premières actions sont actuellement mises en place par la Région, mais il faudra nécessairement du temps avant de pouvoir mesurer les effets directs de ces mesures.

En Flandre, l’accent est mis sur la sensibilisation, l’accompagnement tout au long de la vie de l’entreprise et la « pollinisation croisée »20 pour et par les entreprises à forte croissance (par exemple, l’ouverture et le soutien de centre d’entreprises – incubateur de start-up et scale-up comme Co.Station à Gand auquel EY s’est joint).

Quant à la Wallonie, sa politique de soutien aux (jeunes) entreprises en croissance repose de manière complémentaire sur

• le Plan Marshall 4.0 qui repose sur 4 vecteurs de croissance des entreprises, à savoir l’innovation, l’internationalisation, le soutien à l’investissement et l’accès au financement, et enfin l’accompagnement dans les différentes phases de développement.

• Small Business Act wallon 2015-2019 ou le Plan d’action PME qui repose sur 4 axes prioritaires : l’entreprenariat (améliorer l’éducation entrepreneuriale, renforcer la prévention des faillites, accompagner le développement des entreprises en vue d’identifier « les entreprises à haut potentiel de croissance » et leur offrir un accompagnement spécifique) ; le financement ; l’internationalisation (réforme des aides à l’exportation) ; l’innovation.

Quel que soit le niveau de pouvoir considéré, l’ensemble des autorités ont donc décidé de mettre sur le devant de la scène le soutien aux entreprises en croissance. Cependant, il n’en reste pas moins compliqué de correctement cibler les mesures en vue d’assurer une plus grande efficacité des moyens publics mis à disposition. En effet, les mécanismes à l’œuvre derrière le processus de croissance d’une entreprise sont complexes, et l’appréhension de certains concepts reste floue (comment définir une entreprise à haut potentiel, comment définir une start-up, une scale-up ?...).

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17Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

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18 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

« Si nous avons des champions, des leaders mondiaux dans leurs niches, beaucoup d’entre eux préfèrent rester cachés, discrets et ceci est regrettable car le fait de vivre caché n’est pas une source d’inspiration et ne crée pas d’émulation pour les autres entrepreneurs. … »

« Beaucoup d’entrepreneurs s’autolimitent consciemment ou inconsciemment. »

« Culturellement, nous sommes souvent mal à l’aise avec cette notion de croissance… Il y a un véritable enjeu culturel en Wallonie à voir l’entreprise positivement dans ce qu’elle peut apporter à la société. »

Marie-Laure MoreauAssociée EY - Responsable EY pour la Wallonie

« Quand on compare les finalistes francophones avec les néerlandophones de notre concours de l’Entreprise de l’Année, nous constatons que nous ne jouons pas toujours dans la meme division. Les entreprises wallonnes sont en général plus petites. Faire croître nos PME wallonnes à potentiel est clairement un enjeu social et économique. »

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19Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

« La croissance ne se décrète pas. Ni pour un état, ni pour une entreprise. Elle est la résultante d’un processus complexe qui peut s’avérer risqué. Ce processus part d’abord d’une volonté du management de l’entreprise et de ses actionnaires de s’engager dans la croissance. Nous savons que nombre d’entrepreneurs se limitent à une certaine taille, consciemment ou inconsciemment. Le temps est venu de proposer, à celles et ceux qui expriment cette volonté de croissance, l’ensemble des facteurs leur permettant de croître rapidement et dans des conditions réalistes. La Wallonie est prête pour un véritable programme public-privé d’accélération de la croissance de ses entreprises à potentiel. »

Bruno Wattenbergh Senior Advisor EY - Chroniqueur économique – Expert de l’entrepreneuriat et des PME

« Au-delà des initiatives publiques, qui sont certainement importantes pour stimuler l’entrepreneuriat, en tant qu’entrepreneurs belges, nous restons souvent trop modestes. Les produits et services que nous proposons sur le marché sont à la fine pointe de la technologie et il serait regrettable que trop de modestie bride la croissance de nos entreprises. Cette modestie typiquement belge a également pour conséquence de ne pas suffisamment diffuser l’esprit d’entreprendre au sens large dans la société. Les études démontrent que les enfants d’entrepreneurs sont plus enclins à entreprendre eux-mêmes que ceux dont les parents ne sont pas entrepreneurs. Ces enfants devraient être stimulés, encouragés et formés à développer des initiatives et des projets d’entreprise. »

Patrick Rottiers Country Managing Partner EY Belgique

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20 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

46 entreprises ont participé à l’enquête21 dont six sont considérées comme des grandes entreprises au regard du seuil établi en termes du nombre d’ETP (> 250 ETP selon la définition de la PME au niveau européen). Il en résulte que 40 PME ont accepté de répondre au questionnaire visant à mieux comprendre leurs ambitions de croissance et les freins à leur développement, et ce plus particulièrement en Wallonie.

L’échantillon est principalement constitué d’entreprises ayant une existence de plus de 10 ans, soit près de 70% de l’échantillon. A contrario, une entreprise sur 10 dans l’échantillon est considérée comme étant une « start-up » ayant moins de 4 ans d’existence. Leur expérience apporte plus particulièrement un éclairage sur les freins actuels à la croissance pour les jeunes entreprises, qui peuvent différer de ceux évoqués par une entreprise plus mature.

Echantillon - Age des entreprises

A. Description de l’échantillon

Les principaux secteurs d’activité couverts par l’échantillon sont : les activités spécialisées, scientifiques et techniques (26%), les autres activités de services comme la consultance et le commerce (22%), et l’industrie manufacturière (15%). Près de 2 entreprises sur 5 de l’échantillon rapportent utiliser exclusivement une technologie dite de pointe, et seules 2% des entreprises interrogées n’investissement pas dans la R&D.

Echantillon - Secteurs d’activité

21 Deux entreprises sont établies en Région de Bruxelles-Capitale. Les réponses des entreprises qui ne sont pas établies en Wallonie restent intéressantes et ont donc été prises en compte sauf pour les analyses spécialement tournées vers la Wallonie.

La position de l’économie wallonne sur l’échiquier des échanges internationaux est cruciale pour la survie et le développement des entreprises. Près de 30% des entreprises interrogées consacrent plus de 75% de leur chiffre d’affaires à l’exportation. Elles sont 38% à se positionner dans un environnement commercial global, tourné à l’international au-delà du continent Européen. Par contre, l’ancrage régional (Flandre – RBC-Wallonie) reste important, ce qui démontre que certaines entreprises wallonnes restent frileuses quant à leur développement à l’international.

21,7%entre 11 et 20 ans

47,8%> 20 ans

10,9%< 4 ans

19,6%entre 4 et 10 ans

26%

22%

15%

11%

9%

Autres activités de services

Industrie manufacturière

Construction

Information et communication

7%Activités financières et d’assurance

4%Transports et entreposage

7%Autres

Activités spécialisées, scientifiques et techniques

Résultats de l’enquête

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21Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

Echantillon - Type d’ancrage

Local Régional Benelux Europe Global Total

Régional 3% 26% 0% 0% 0% 29%

Benelux 0% 3% 6% 0% 0% 9%

Europe 0% 12% 3% 6% 3% 24%

Global 0% 0% 0% 3% 35% 38%

Total 3% 41% 9% 9% 38% 100%

La Belgique est caractérisée par un tissu d’entreprises dont l’actionnariat majoritaire est de type familial (78% d’entreprises familiales en Wallonie contre 81% en Flandre et 64% dans la RBC22). L’échantillon étudié rapporte également cette surreprésentation des entreprises familiales en Wallonie puisque 53% des entreprises interrogées reposent sur un actionnariat familial.

Echantillon - Actionnariat majoritaire

ClientConcurrence

22 Het economische belang van familiebedrijven in België, Johan Lambrecht et Vincent Molly, 2011

22%Particulier

53%Familial

6%Public

6%Salarié

14%Industriel

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22 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

Une notoriété relativePrès de 56% des entreprises interrogées s’estiment être « inconnues » en Wallonie au-delà de leur propre secteur d’activités. Pourtant, parmi ces entreprises, 38% se considèrent comme des leaders de niche. Ce résultat semble paradoxal à première vue : se considérant comme des entreprises pionnières et à la pointe sur une niche spécifique, elles ne se sentent pas (re)connues à l’échelle régionale/nationale. Pour certaines entreprises, cela s’explique par le fait que leur marché n’est absolument pas local et qu’une notoriété wallonne n’est finalement pas recherchée. Cependant, 50% des entreprises interrogées qui considèrent occuper une place de leader de marché en Wallonie et en Belgique estiment ne pas être connues en Wallonie. Malgré que ce constat puisse partiellement s’expliquer par le fait que certaines entreprises se spécialisent dans des niches très spécifiques et interviennent dans une relation B2B, comme un maillon de la chaine des fournisseurs d’un bien fini, il n’en est pas moins interpellant.

D’autant plus que la Wallonie cherche depuis plusieurs années à assurer sa reconversion et que la mise en avant des leaders ne serait que bénéfique à la région. A cet égard, près de 80% des entreprises sondées revendiquent parmi leurs objectifs stratégiques de vouloir contribuer au développement de la Région wallonne. Il existe donc une « volonté citoyenne » de participer au développement régional. Ces entreprises sont conscientes que cet investissement bénéficiera à l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial wallon dans lequel elles évoluent, et donc aura des répercussions (in)directement positives sur leurs activités.

B. Analyse des principaux résultats

Paradoxe de la notoriété et du leadership en Wallonie

Pas un leader de niche

Leader de niche

TOTAL

Entreprise se juge peu ou pas connue – pas de notoriété

17,7% 38,2% 55,9%

Entreprise se juge connue - notoriété

11,8% 32,4% 44,1%

TOTAL 29,5% 70,5% 100%

Cette constatation nous amène à penser que la Wallonie possède de nombreux « champions cachés »23.

En général, ce type d’entreprises est caractérisé par :

• Une ambition de croissance affichée et avérée. Il en résulte que le panel d’entreprises en termes de chiffre d’affaires est large allant de quelques millions d’euros à 3 milliards d’euros (en moyenne, €326 millions) ;

• Focalisation : ces entreprises se positionnent sur un marché étroit – elles sont des leaders de niche ;

• Internationalisation : ces entreprises considèrent un marché global, et ce dès le début de leurs activités afin de bénéficier d’un effet de levier considérable sur la taille des marchés accessibles ;

• Innovation : leur leadership provient d’innovations qui leur permettent de se positionner au-dessus du marché ;

• Proximité client : cette proximité devient un réel axe de développement en plaçant la valorisation des relations clients sur le long terme au centre des préoccupations ;

• Performances des employés : la valorisation du capital humain est considérée comme une vraie ressource et pas comme un centre de coûts ;

• Relative méconnaissance étant donné leur position de leader de niche.

23 Herman Simon et Stéphan Guinchard, « Les Champions cachés du XXIe siècle : Stratégies à succès », Economica, 2014. Le Professeur H. Simon a étudié plus de 3000 entreprises allemandes pendant 30 ans avant de sortir son étude sur les leaders cachés en Allemagne.

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23Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

Si la croissance d’une entreprise est facilement mesurable (en termes de chiffre d’affaires et/ou d’emplois), les éléments de stratégie et la valorisation de la notoriété sont plus difficilement objectivables. Il en résulte que l’estimation du nombre de leaders cachés wallons est un exercice complexe et long, d’autant plus que les avantages comparatifs sont maintenant considérés comme transitoires24 et non plus durables. Cela implique que les positions de leaders sont plus éphémères qu’auparavant et rapidement challengées par des concurrents sur la scène internationale.

Perspectives de croissance Sur base de notre enquête, 9 entreprises sur 10 témoignent d’une volonté de croissance significative de leur chiffre d’affaires à moyen terme. Si toutes les entreprises interrogées indiquent connaître et ambitionnent de poursuivre leur croissance en termes de chiffre d’affaires, ce n’est pas le cas lorsque la question est posée en matière d’emplois. Pour celles qui ont connu une croissance du nombre d’emplois au cours des 5 dernières années, leur potentiel de croissance en emplois au cours des 5 prochaines années est moins prometteur. En effet, seuls 15% des entreprises ayant répondu projettent un plan de croissance d’emplois supérieur à ce qu’elles ont connu précédemment, alors que ce pourcentage monte à 24% lorsqu’on s’intéresse à l’évolution du chiffre d’affaires.

Evolution par rapport aux 5 dernières années

Chiffre d’affaires Emploi

Inférieure 24% 36%

Identique 53% 48%

Supérieure 24% 15%

24 Rita Gunther McGrath - Professeur en management à Columbia (Etats-Unis) 25 https://www.nbb.be/doc/ts/publications/economicreview/2015/revecoi2015_h2.pdf

On pourrait en déduire que la corrélation entre la croissance économique et la création d’emplois tendrait à se réduire à cause de l’automatisation. Ce n’est cependant pas le cas en Belgique ces dernières années. Selon une étude de la Banque Nationale de Belgique.25 On peut donc raisonnablement penser que ces entreprises poursuivent un objectif de croissance, sans nécessairement considérer à ce stade les conséquences sur l’emploi, ou encore que la croissance rapide implique de recourir à des ressources humaines plus facilement intégrables dans des projets et plus flexibles.

Les entreprises qui ont les plans de croissance les plus ambitieux sont des entreprises utilisant ou développant des technologies de pointe (2/5 entreprises se considèrent comme à la pointe d’une ou plusieurs technologies).

Notre enquête montre également que s’agissant de leur positionnement de marché, 15% de notre panel ne manifeste pas d’ambition au niveau d’un leadership de marché.

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24 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

« L’esprit d’entreprendre n’a pas de frontières mais pour encourager de jeunes Wallons à réaliser le rêve d’entreprendre, il faut un environnement plus positif, une culture qui prône la prise de risque, de la fierté, de la détermination et surtout un contexte politique qui valorise le monde des entreprises, génératrices d’emplois.

La culture de l’échec doit également être présente et doit nous encourager à rebondir. L’échec fait mal mais cela n’est pas fatal. L’échec construit. »

Marc du Bois CEO Spadel, Lauréat de l’Entreprise de l’Année® 2017

« Ce que la Wallonie n’a pas compris, c’est qu’aucun pouvoir politique n’a créé la Silicon Valley américaine. La seule chose que les politiques américains ont faite, c’est créer un terreau fertile d’un point de vue législatif et fiscal, qui favorise l’initiative privée. Au plus l’entrepreneur se sentira libre d’entreprendre, au moins la charge fiscale sera lourde, au plus il entreprendra. Ce que la Wallonie peut faire pour encourager l’entrepreneuriat? En faire moins! »

Giles Daoust CEO de Daoust, Lauréat de l’Entreprise de l’Année® 2016

« La Wallonie a encore du chemin à parcourir pour valoriser les résultats de la recherche dans des projets créateurs de valeur pour son économie et pour l’emploi. »

Daniel ColletInspecteur général SPW économie - emploi - formation - recherche, Département de la Compétitivité et de l’Innovation

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25Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

« L’entrepreneur lui-même constitue souvent la première barrière à la croissance … en refusant de déléguer … en étant récalcitrant aux méthodes modernes de gestion, de production ou de vente, voire en évitant tout bonnement de passer le flambeau à un vrai profil managérial. »

« Il y a beaucoup d’aides et trop d’interlocuteurs pour les entreprises. »

« L’enseignement secondaire, y compris le professionnel et le technique, doit absolument être réformé. »

Pierre RionMulti-entrepreneur, business angel et président du conseil numérique wallon, Président du jury de l’Entreprise Prometteuse de l’Année®

« Stimuler la croissance d’une pépite, c’est faire reprendre de nouveaux risques à une entreprise dont les premieres bases viennent à peine de se consolider. Inciter les entrepreneurs à une nouvelle phase de croissance nécessite de sécuriser leurs acquis tout en leur permettant de rester acteurs et intéressés par de nouveaux défis. »

Gauthier Philippart et Jean-Luc Morellecofondateurs de Trasis, Lauréat de l’Entreprise Prometteuse de l’Année 2017

« Entreprendre, c’est prendre des risques. Pour donner l’envie de prendre des risques, il faut qu’il y ait un retour, qu’il soit sur le statut, sur la fierté personnelle ou d’ordre financier.

Ne pourrions-nous pas mieux valoriser en Wallonie cette prise de risque plutôt que de critiquer les réussites et progressions personnelles ? »

Laurent Levaux Président du Groupe Aviapartner

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26 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

Positionnement stratégiqueTravaillant avec des technologies de pointe, près d’un quart de notre échantillon indique baser sa stratégie de croissance sur l’innovation, puisque cet élément est repris dans leurs trois priorités de croissance.

Leur croissance reposerait donc sur le développement de nouvelles solutions (produits et services) sans développer nécessairement le marché (croissance par pénétration).

Vient ensuite la proximité avec leurs clients : les entreprises interrogées jugent important de consolider la qualité de leur relationnel avec leurs clients. Elles misent sur la fidélisation des clients en vue de construire une relation commerciale sur le long terme, et ce pour la majorité de leurs clients (avec probablement de la co-création). Cette proximité avec les clients est non seulement appréciée dans la construction des relations commerciales sur le long terme, mais les entrepreneurs belges ont conscience de la richesse des données clients dans leur processus d’innovation (Baromètre de la croissance - EY (2017)). Dans un monde de plus en plus dominé par les données, les entrepreneurs ont assurément compris l’enjeu de la maitrise de ces données afin de maintenir leur position de leader. Reste la difficulté de pouvoir exploiter cette nouvelle ressource et de mettre la technologie appropriée à leur service.

En analysant plus précisément le classement des trois priorités, il est à noter que la priorité n°1 est l’innovation, la priorité n°2 est la proximité avec le client et la priorité n°3 est la diversification.

Etonnamment, l’internationalisation n’apparait pas comme une priorité pour le développement des entreprises interrogées. Mais ce résultat est à mettre en parallèle avec le fait que près d’une société interrogée sur deux a déjà établi un ancrage au niveau mondial au niveau de sa clientèle. Ce résultat est également confirmé par le Baromètre de la croissance d’EY : une stratégie de croissance basée sur l’entrée dans de nouveaux marchés géographiques est classée en troisième position par les PME belges alors qu’elle apparait en première position pour les PME d’autres pays. Il n’en reste pas moins que l’internationalisation reste un axe stratégique prioritaire de développement des entreprises à l’heure de la globalisation des échanges, et surtout pour une région comme la Wallonie.

18,8%Diversification

22,3%Proximité client

9,8%Internationalisation

6,3%Focalisation

24,1%Innovation

18,8%Pénétration

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27Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

26 The internationalization of new technology based Firms: the Role of the international Skills of founding Teams Régis Coeurderoy, Per Davidsson, Albert B.R. Lwango, Gordon Murray et Stéphane Tywoniak. S’inscrivant dans les recherches récentes, qui soulignent l’importance des ressources et compétences spécifiques pour l’internationalisation des nouvelles entreprises, cet article teste un modèle binomial négatif sur un échantillon de 520 nouvelles entreprises de hautes technologies du Royaume-Uni et d’Allemagne. Les résultats montrent que l’expérience internationale passée des entrepreneurs facilite la pénétration rapide des marchés étrangers et, plus encore, lorsque l’entreprise créée manifeste une intention stratégique délibérée d’internationalisation dès l’origine. Cette recherche fournit une des premières études empiriques reliant l’influence de l’équipe entrepreneuriale à une forte probabilité de réussite à l’international des entreprises de hautes technologies.

Les défis de la croissanceLorsqu’on s’interroge sur les freins à la croissance des entreprises en Wallonie, il est d’abord important de comprendre le contexte historique dans lequel se place la Région. Il ne faut pas remonter si loin pour se rappeler le faste des grandes industries qui ont façonné l’histoire économique de la Wallonie il y a un peu plus d’un siècle. Viennent à l’esprit le succès de Cockerill, du groupe Solvay ou encore des sociétés Piedboeuf et Englebert.

L’entreprenariat wallon s’ancre donc d’abord dans une dynamique industrielle qui s’est progressivement muée en une dynamique financière au travers de grandes entreprises. Les financiers ont progressivement pris le pas sur les ingénieurs des mines et des industries. Le tournant marqué par l’OPA sur la Générale de Belgique en 1988 sonna le glas d’une époque fleurissante en Wallonie. La Générale de Belgique détenait alors principalement des participations dans des entreprises « francophones ». La reconversion nécessaire a été portée par plusieurs plans de relance économique dont le dernier en date est le Plan Marshall 4.0.

Si nous n’avons pas abordé l’aspect culturel dans notre étude quantitative, au cours de chacun des entretiens que nous avons eus avec des “serial entrepreneurs”, le facteur culturel a été spontanément abordé par tous nos interlocuteurs. Unanimement, ces entrepreneurs expérimentés ont plaidé pour que chacune des composantes de la société oeuvre pour un changement des mentalités et de la culture des Wallons ; pour que plus de citoyens prennent conscience de leur capacité de transformation économique dans une culture de l’entreprise, de l’entreprenariat et de l’innovation.

Pour ces entrepreneurs wallons, ce renversement de culture, qui a longtemps mené les Wallons sur les chemins du salariat, doit se concrétiser au travers d’une volonté de créer, d’entreprendre et d’innover pour que chaque Wallon se considère comme un entrepreneur en puissance. Si le manque d’ambition des entrepreneurs wallons est souvent cité comme un frein au développement des entreprises, le panel d’entreprises interrogées ne partage pas entièrement ce point de vue (60% des entreprises interrogées indiquent que le manque d’ambition du management et de l’actionnariat n’a pas été ressenti comme un frein dans le développement de leurs activités).

Dans le prolongement de ce manque potentiel d’ambition, il est également reconnu que les entreprises qui anticipent tôt dans leur développement des possibilités d’ouverture, voire l’inscrivent dans leur plan d’affaire dès leur création26, sont des entreprises qui connaissent en général des plus fortes croissances de leur activité.

Lorsqu’on évoque le mot « ouverture », il faut le comprendre sous 5 angles complémentaires :

• Internationalisation

• Innovation

• Management

• Capital

• Gouvernance

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28 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

« Il est illusoire de croire que la Wallonie prospèrera sans entente harmonieuse entre les partenaires sociaux. Si le climat social est mauvais, tous nos efforts seront voués à l’échec. »« Notre principal problème n’est pas de créer des pépites mais de les accompagner pour qu’elles se développent et restent sous notre contrôle. »

Yves PretePrésident de l’UWE, et Administrateur Délégué, Directeur Général de Safran Aero Boosters

« Qui dit pépite, dit aussi passion et entreprenariat. Ces deux qualités ne manquent pas en Wallonie. Mais, derrière, pour transformer la pépite en succès viable à long terme, il faut pouvoir y ajouter l’ambition de la croissance au-delà de la petite PME. Et c’est là que trop souvent le bât blesse. Les nouvelles prises de risque (opérationnels et financiers par exemple) et le peu de valorisation de la réussite sont des freins importants. Trop souvent, la solution retenue est la perte d’indépendance. De nombreuses pépites wallonnes sont passées sous pavillon étranger. Pouvoir garder cette indépendance, c’est assurer de garder un centre de décision en Wallonie, avec tout ce que cela comporte de positif pour le développement futur de l’emploi et de l’économie de la région et du pays. »

Muriel De LathouwerCEO & Administrateur délégué - EVS Broadcast Equipment, Lauréat de l’Entreprise de l’Année® 2000

« Il y a une forme d’incapacité politique et syndicale à mettre en place les conditions qui permettront à nos entreprises et notre jeunesse de se positionner favorablement sur la vague de la révolution numérique et digitale. »

Emmanuel MewissenCEO, Board Member & Co Founder Circus, Finaliste de l’Entreprise de l’Année® 2017

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29Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

« Il y a une forme de réticence des entrepreneurs wallons à ouvrir leur capital et partager le leadership de l’entreprise … au profit du maintien de leur PME à une taille humaine et si possible transmissible. »

« C’est sans doute désolant, mais la barrière de la langue reste un frein à l’exportation des PME wallonnes. Ce n’est pas un hasard si elles exportent surtout vers la France. »

Vincent ReuterChargé de la coordination du Plan Marshall – Cabinet du Ministre Président de la Wallonie

« Garder à l’esprit l’impact global des produits de l’entreprise et leur place dans le futur, par exemple, des véhicules diesel, des chaudières à mazout, des centrales nucléaires, des pesticides persistants,etc. Il faut toujours songer à la transition comme ce fut le cas pour la pellicule photographique vers le numérique que Kodak n’a pas vu venir à temps. »

Laurent Minguet Fondateur de EVS Broadcast Equipment, Multi-entrepreneur, Membre de l’Académie royale de Belgique et de Mensa. Lauréat de l’Entreprise de l’Année® 20OO

« Le conservatisme idéologique wallon, à commencer par notre système éducatif basé sur le modèle du nivellement – trop souvent par le bas – plutôt que la stimulation du plaisir et de la découverte de nos propres talents, devra un jour être bouleversé et nos institutions fondamentalement réformées si nous voulons que les générations futures vivent avec leur temps : nous avons un tel retard à rattraper ! La technologie est en marche et ne nous attendra pas ! »

Nicolas Leonard Board Member & CFO Circus, Finaliste de l’Entreprise de l’Année® 2017

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30 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

Le coût du travail, les difficultés de recrutement de collaborateurs qualifiés et motivés ainsi que la fiscalité jugée excessive sont rapportés comme étant les trois principaux freins au développement des entreprises. La flexibilité du personnel et les charges administratives viennent compléter le top 5 des freins ressentis par les dirigeants d’entreprises en croissance dans notre panel.

Echantillon - Freins à la croissance

C. Analyse des freins à la croissance

0,0% 10,0% 40,0% 50,0% 60,0% 70,0% 80,0%30,0%20,0%

Tout à fait d’accord Plutôt d’accord

Coût du travail

Recrutement du personnel compétent

Fiscalité excessive

Flexibilité du personnel

Obstacles administratifs

Contexte macro-économique

Manque de temps du management

Trouver des nouveaux clients / partenaires

Manque de compétence en interne

Manque de regard extérieur

Obstacles logistiques

Problème organisationnel interne

Ambition Actionnariat

Trouver du financement

Vision stratégique

Ambition Management

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31Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

27 En cas de base imposable < €100.000 et si le dirigeant d’entreprise se voit attribuer une rémunération annuelle d’au moins €45.000.

Ressources humainesLes barrières exprimées dans le contexte des ressources humaines concernent trois éléments complémentaires (par ordre d’importance croissante) : 1. Le coût du travail ; 2. Le recrutement de personnel compétent ; 3. La flexibilité du personnel.

• Le « coût du travail » est une compétence fédérale. C’est une des priorités du gouvernement fédéral de réduire celui-ci et de ramener la compétitivité-prix au niveau de nos principaux voisins et partenaires commerciaux. Manifestement, ces mesures (tax-shift, saut d’index, baisse de charges dans certains secteurs en difficulté) ne suffisent pas à rassurer les entreprises wallonnes en croissance ou « à potentiel de croissance ». Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette perception. D’abord, il est probable que les entreprises à potentiel de croissance ne bénéficient pas de manière intensive de ces baisses de charges. Il est également probable qu’elles ne connaissent pas et n’activent pas certains mécanismes permettant de bénéficier de déductions fiscales liées à l’innovation et qui peuvent diminuer le coût du personnel de haut niveau. Enfin, ces craintes peuvent aussi concerner les conditions de licenciement qui constituent toujours un risque élevé pour les entreprises et peuvent freiner les décisions d’engagement, comme cela a été exprimé lors des entretiens qualitatifs.

• Le « recrutement de personnel compétent » exprime la difficulté d’identifier, évaluer et recruter à un prix raisonnable du personnel disposant à la fois des compétences et des motivations pour travailler dans une entreprise à potentiel de croissance qui souvent est une PME. Cet élément a été cité par presque tous les intervenants lors des entretiens qualitatifs, ceux-ci s’inquiétant d’un éloignement du monde de l’éducation de la réalité du monde du travail. Plusieurs études récentes démontrent également qu’une partie au moins du personnel qualifié a tendance à opter de préférence pour une grande entreprise connue plutôt que pour une PME, même en croissance.

Les PME belges interrogées pour le Baromètre de la croissance d’EY (2017) rapportent également les problèmes liés au recrutement de personnel compétent comme le deuxième obstacle majeur à leur croissance. Non seulement, il s’agit de pouvoir disposer d’une manne suffisante de personnel qualifié, mais d’assurer leur rétention au sein de la firme sur le long terme, surtout dans un pays faisant face à une population active de plus en plus vieillissante.

• La rigidité du marché du travail, en dépit de divers aménagements mis en œuvre ces dernières années, est considérée comme une barrière pour les entreprises à potentiel de croissance.

FiscalitéLes entretiens qualitatifs indiquent que la perception de la fiscalité par les entrepreneurs ne fait pas nécessairement de nuances entre l’impôt des sociétés, la parafiscalité régionale et communale ou l’impôt des personnes physiques. Dans un tel contexte, il n’est pas évident de déterminer précisément où le bât blesse, ou en tous cas, où se situent les réelles barrières à la croissance.

Par ailleurs, notre étude sur le baromètre de l’attractivité belge sortie en mai 2017 cite la réduction de la fiscalité en première priorité pour accroître la compétitivité du pays, contrairement aux autres pays européens qui ne citent ce critère qu’en 4ème ou en 5ème position. La Belgique est le pays européen avec le taux facial d’impôt le plus élevé en Europe. Il en résulte que les autorités ont décidé de mener une réforme de l’impôt des sociétés qui amènera progressivement le taux à l’impôt des sociétés à 25% en 2020, et à 20% pour les PME en 201827.

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32 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

Barrières administrativesQue ce soit en matière de gestion du personnel, de statistiques, de dossiers d’aides publiques, … la complexité administrative et une administration qui comprend en général mal les enjeux des entreprises sont perçues comme des barrières à la croissance. Cette complexité administrative représente d’abord un coût qui est inversement proportionnel à la taille de l’entreprise. Elle représente également la mobilisation de compétences internes ou externes qui ne sont pas créatrices de valeur pour les entreprises. Enfin, la complexité administrative représente également une forme d’insécurité juridique.

Ambition actionnariale et managériale Près de 16% des entreprises interrogées indiquent une timidité des actionnaires. 12% une timidité du management. Manifestement, il existe dans le tissu économique wallon une part substantielle d’actionnaires et de managers qui ont fait le choix – probablement délibéré - de ne pas croître. Avec sans doute les risques afférents à cette position attentiste : stagnation de l’entreprise, innovation limitée, investissements réduits, …

Contexte macro-économique10% des entreprises sondées expriment leur dépendance au contexte macroéconomique. Une logique compréhensible, mais qui trahit sans doute un manque d’innovation, la difficulté d’innover en changeant de proposition de valeur ou de business modèle.

Au niveau belge, le Baromètre le croissance d’EY (2017) indique que les trois principaux risques externes pouvant grever les plans de croissance des PME sont d’ordre macro-économique :

• Réglementation (du marché du travail et de la fiscalité) et les barrières au commerce – La Belgique est un des rares pays de l’étude pour lequel les PME positionnent ce frein en première position (20% des PME belges contre 12% des autres PME) – ce qui fait écho aux données publiées par le Forum économique mondial28. Les diverses réglementations avec lesquelles doivent jongler les PME belges est non seulement un frein à leurs ambitions de croissance, mais est également reconnu comme un incitant à l’innovation au sein des PME ;

• Augmentation de la concurrence ;

• Volatilité des prix des matières premières, ce qui s’explique par le peu de ressources naturelles dont dispose la Belgique résultant dans la dépendance des PME belges aux marchés internationaux pour les matières premières (notamment le pétrole).

28 “Belgium: Global Competitive Index 2016-17 edition”, World Economic Forum website, http://reports.weforum.org/global- competitiveness-index/country-profiles/#economy=BEL, accessed 25 July 2017.

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33Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

Freins à la croissance des PME belges (Baromètre de la croissance - EY )

Source : Baromètre de la croissance – EY (07/2017)

Approche stratégique12% des entreprises sondées évoquent des problèmes de vision stratégique. Dans un environnement belge dans lequel le conseil stratégique ne manque pas, il est regrettable de voir des entreprises en croissance évoquer cette difficulté à forger et mettre en œuvre une stratégie de croissance.

Notons que contrairement à ce que l’on pourrait penser, les problèmes de financement restent un facteur peu cité par les entreprises en croissance. Ce constat est sans doute à mettre en parallèle avec le fait que les entreprises interrogées sont majoritairement des entreprises qui existent depuis plus de 10 ans. De plus, il est reconnu, par les entreprises elles-mêmes, qu’en Wallonie les instruments publics de financement jouent effectivement leur rôle de manière générale. Néanmoins, pour une levée de fonds plus importante (>€3 millions), les entrepreneurs wallons peuvent être amenés à rencontrer des difficultés pour trouver des investisseurs (publics ou privés).

10

15

20

25

Cost/Availability of credit

Belgique Mondial

Geo-political instability

Slow/Flat Global Growth

Supply chain disruption

Foreign exchange volatility

5,4%Rising interest rates

Rising interest rates

Commodity price volatility

Increasing competition

Regulation and/or trade barriers

19,6%12,2%

20,5%

5,8%

8,3%

6,5%

9,9%

17,0%

12,3%

7,6%

17,9%

12,5%

10,7%

8,9%

8,9%

8,9%

5,4%

7,1%

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34 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

« Les entrepreneurs wallons ont beaucoup de talent et de courage. Ils doivent maintenant augmenter leur ambition.

La Wallonie est au cœur géographique de l’Europe. Elle doit maintenant en rejoindre le cœur économique.»

Xavier CormanCEO et Co-Fondateur d’Edebex, Finaliste de l’Entreprise Prometteuse de l’Année® 2017

« Oui, c’est vrai qu’il y a de l’argent pour l’entrepreneuriat et la croissance en Wallonie, mais les gestionnaires de fonds publics sont souvent des généralistes qui ont énormément de participations à suivre. En conséquence, il manque souvent de compétences et d’expérience disponibles qu’apportent plus volontiers les fonds privés spécialisés. »

« Culturellement, le flamand est plus fier de sa réussite que le Wallon; le mot réussite est un peu gênant en Wallonie, quant au mot croissance, il est presque perçu comme vulgaire. »

Bernard SurlemontProfesseur d’Entrepreneuriat à l’Université de Liège (HEC)

« Il y a un rapport à l’argent qui diffère fortement entre la Flandre et la Wallonie. Les Wallons ne font pas assez la distinction entre quelqu’un qui fait un héritage ou qui gagne au lotto et un entrepreneur qui associe travail et capital, qui prend des risques et qui contribue à faire évoluer le monde. Il y a un manque de reconnaissance des entrepreneurs. Être ambitieux en Wallonie, c’est trop souvent paraître cupide. »

« En Wallonie, les syndicats sont dans une logique de défiance. »

Eric DombCEO Pairi Daiza, Lauréat de l’Entreprise de l’Année® 2015

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35Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Résultats de l’enquête

« Pouvoir compter sur des investisseurs publics (avec, par exemple, la possibilité d’un rachat ultérieur à un prix raisonnable) est une réelle opportunité pour un jeune entrepreneur wallon. Cela compense à mon avis le nombre réduit de Business Angels et de Fonds d’investissement privés dans notre Région… tout au moins pour les premiers appels de Fonds. »

Axel KupisiewiczCEO LASEA, Finaliste de l’Entreprise Prometteuse de l’Année® 2017

«Outre le manque d’ambition internationale, la plus grande malédiction de l’entrepreneuriat wallon, c’est l’incroyable dépendance aux subsides. Le politique wallon a débloqué de très grandes enveloppes d’argent public, qu’il saupoudre sur un maximum de projets par l’intermédiaire de consultants subsides. Ce système excessif détruit l’écosystème wallon: les entepreneurs partent à la chasse aux subsides plutôt qu’à la chasse aux clients. Qui va à la Sillicon Valley pour y toucher des subsides? »

Sébastien DeletailleCEO et co-fondateur Real Impact Analytics, Lauréat de l’Entreprise Prometteuse de l’Année® 2016

« Les syndicats doivent évoluer, nous ne sommes plus au 19e siècle ! Regardez l’Allemagne, c’est la 1ère économie d’Europe et les syndicats sont présents à tous les étages du fonctionnement des entreprises, mais de manière constructive ! »

« Il est primordial de revaloriser l’image de l’entrepreneur ! Il est à l’origine du processus de création de richesse ! »

Yves BastinCEO FACT Group, Finaliste de l’Entreprise de l’Année® 2017

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36 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

La Belgique et surtout la Wallonie ont besoin d’une croissance durable et suffisante pour préserver notre modèle social et assumer la transformation de notre économie.

La création et le maintien de l’emploi, ainsi que la préservation de notre modèle social requièrent une croissance du PIB qui atteigne ou dépasse les 2%. Celle- ci doit se nourrir de la performance des entreprises et notamment de la capacité de nos économies régionales à exporter des produits et des services de moyen et de haut de gamme.

En Wallonie, les entreprises n’ont pas une tendance naturelle à rechercher la croissance ni à vanter leurs succès. Nombre d’entreprises wallonnes, et même des leaders mondiaux dans des niches de marchés font preuve d’une grande discrétion. Nombre d’autres n’affichent simplement pas d’ambition de croissance.

Selon les serial-entrepreneurs interrogés, de nombreux facteurs notamment culturels peuvent expliquer cette « timidité ». Ils nous ont expliqué que trop souvent, la réussite entrepreneuriale n’est pas appréciée à sa juste valeur par la société wallonne en général, ce qui peut aboutir à une double stigmatisation potentielle : l’échec et la réussite seront stigmatisés. Ils plaident pour une évolution de cette culture wallonne pour s’adapter aux besoins de croissance de notre société.

Le facteur humain reste manifestement au cœur de la croissance future. Que ce soit dans le chef des actionnaires ou des managers qui vont décider de la volonté et de la manière de croître, ou des talents qui vont ou non décider de rejoindre l’entreprise en croissance, ou encore dans le chef des représentants des travailleurs ou des administrations qui échangent avec les entrepreneurs.

Fiscalité et coûts du travail, deux compétences fédérales, sans surprise, représentent les barrières les plus citées par les entreprises en croissance ou à potentiel de croissance.

Si la Wallonie a sensiblement amélioré son esprit d’entreprendre ces dernières années, si de nombreuses initiatives ont été lancées pour accompagner la création d’entreprises et particulièrement l’entrepreneuriat de nécessité, la stimulation de la croissance doit s’inviter rapidement à l’agenda des autorités régionales.

Sans vouloir remettre en question la politique de stimulation de l’entrepreneuriat, il est plus efficient en termes de création d’emplois de stimuler les entreprises à potentiel de croissance que de parier sur une constellation de petits projets entrepreneuriaux. Un nouvel équilibre entre politique de création d’entreprise et politique de stimulation de la croissance devrait être trouvé, en consacrant plus de ressources à ce programme de croissance.

Le temps est venu pour la Wallonie de se doter d’un programme de croissance qui vise les entreprises reconnues à potentiel de croissance et qui focalise les aides publiques régionales sur base d’une feuille de route de croissance à trois ans. Ce type de programme doit idéalement être lancé en partenariat avec le secteur privé et avec une contribution de l’entreprise en question.

EY est ouvert à poursuivre cette réflexion avec les représentants des entrepreneurs et les représentants du gouvernement wallon.

Conclusions

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37Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

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38 Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

Il se trouvera facilement un consensus autour de deux des conclusions de l’étude d’EY :

• « Un nouvel équilibre entre politique de création d’entreprise et politique de stimulation de la croissance devrait être trouvé. »

• « La Wallonie doit se doter d’un programme de croissance qui vise les entreprises reconnues à potentiel de croissance. »

En effet, toutes les études empiriques sur le sujet montrent l’importance des entreprises en forte croissance dans la croissance globale d’une économie. Dans une étude d’août 201729, l’UWE vient aussi de l’établir pour la Wallonie. Et il est sans doute vrai que les politiques économiques des dernières décennies ont privilégié la création d’entreprises sans suffisamment s’intéresser à la croissance des entreprises. Le retour à un meilleur équilibre entre politiques de création et politiques de croissance ne signifie cependant pas qu’il faille abandonner les premières, nos économies ont évidemment besoin de nouvelles entreprises.

Recommandation est donc faite de développer des programmes de soutien aux entreprises à fort potentiel de croissance. La mise en œuvre de cette recommandation n’est cependant pas aussi aisée qu’elle en a l’air. Avant de concevoir une politique de soutien, il faut préciser à qui elle s’adresse. On tombe alors sur une question épineuse : comment reconnaître une entreprise à fort potentiel de croissance ? L’étude de l’UWE s’est aussi penchée sur cette question, et la réponse est loin d’être évidente.

Beaucoup de recherches universitaires et autres ont tenté de trouver les caractéristiques qui pourraient permettre de déterminer si une entreprise possède un potentiel de croissance important. Les conclusions font déchanter. S’il existe un grand nombre de déterminants possibles qui influenceraient la croissance d’une entreprise, ceux-ci n’ont malheureusement pas une capacité explicative très forte.

Certains auteurs en sont arrivés à la conclusion que la trajectoire de croissance d’une entreprise est chaque fois particulière et qu’il n’est dès lors pas possible de désigner à l’avance les entreprises qui pourraient connaître une croissance forte. Ce constat signifie en clair qu’il serait vain de vouloir mettre en œuvre une politique particulière de soutien à la croissance des entreprises puisqu’on ne saurait quelles entreprises viser.

Cependant, même s’il s’avère exact – et c’est encore à confirmer - que des politiques ciblées ne peuvent être efficaces, il n’en reste pas moins que les pouvoirs publics peuvent, par l’établissement d’un cadre général porteur, contribuer à accélérer la croissance des entreprises. Pour preuve, l’amélioration des cinq premiers freins à la croissance qui ressortent de l’enquête menée par EY30 dépend des autorités publiques au sens large – gouvernement(s), administrations, organismes publics.

Reste la question difficile : faut-il mener des politiques ciblées vers les entreprises à fort potentiel, au risque d’aider un plus ou moins grand nombre d’entreprises qui ne grandiront pas ? Certains pays ou régions31 ont pris ce risque mais en l’atténuant par une attention spéciale aux motivations et à la psychologie de l’entrepreneur, les dernières recherches en entrepreneuriat montrant le caractère important, voire décisif, de ces facteurs sur la croissance de l’entreprise.

Notre sentiment est que la Wallonie, elle aussi, devrait sauter le pas et se doter d’un programme de soutien aux entreprises à fort potentiel. Mais à deux conditions : mener une réflexion approfondie, d’abord sur le processus de sélection des entreprises qui pourront bénéficier de ce programme, ensuite sur les supports qui seront proposés à ces entreprises.

29 http://www.uwe.be/uwe/publications/etudes-rapports-guides-pratiques/rapports-annuels-etudes/etudes-2017-sur-la-situation-de-l-entreprise/

30 Fiscalité excessive, coût du travail, obstacles administratifs, recrutement du personnel compétent, flexibilité du personnel.31 Entre autres : Danemark, Pays-Bas, Ecosse, Flandre

Le mot de l’UWE

Olivier de Wasseige

Administrateur délégué l’Union wallonne des entreprises

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39Quelles clés pour stimuler la croissance des pépites wallonnes ?

AbréviationsAWEX Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements étrangers

B2B Business to Business

CA Chiffre d’affaires

ETP Equivalent temps plein

EY Ernst & Young

IWEPS Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique

OCDE Organisation de coopération et de développement économiques

PIB Produit Intérieur Brut

PME Petite et Moyenne Entreprise

RBC Région de Bruxelles-Capitale

R&D Recherche et Développement

TVA Taxe sur la valeur ajoutée

UE Union Européenne

VA Valeur ajoutée

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Contacts

Pour de plus amples informations, n’hésitez pas àcontacter:

Marie-Laure MoreauAssociéeResponsable WallonieTél: +32 (0)4 273 76 [email protected]

Bruno WattenberghSenior advisorTél: +32 2 774 97 [email protected]

Caroline CleppertEconomiste, Senior ManagerTel : +32 2 749 17 [email protected]

Christophe BallegeerPorte paroleTél: +32 (0)2 774 91 [email protected]

EY | Assurance | Tax | Transactions | Advisory

A propos d’EY

EY est un leader mondial en matière de services professionnels dans les domaines de l’audit, la fiscalité, la comptabilité, les transactions et le conseil. Notre expertise et la qualité de nos services contribuent à restaurer la confiance dans les marchés financiers ainsi qu’au sein des économies mondiales. Nous formons et encourageons les talents afin qu’ils respectent nos engagements envers l’ensemble de nos parties prenantes. Nous entendons de la sorte jouer un rôle essentiel dans la construction d’un monde plus performant pour nos collaborateurs, nos clients et la société dans sa globalité.

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