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Ceux qui voient en Michael Jordan un Saint aussi respectueux des gens qui l’entourent que déterminé sur un terrain de basket peuvent passer leur chemin. Et éviter, tant qu’à faire, son discours d’intronisation au Hall of Fame. Parce qu’il faut bien l’admettre, Jordan a passé beau- coup plus de temps à peaufiner ses arabesques et son jeu qu’à déve- lopper son sens de la compassion envers les « simples mortels ». C’est justement l’intérêt du classique de Sam Smith. Smith suit les Bulls tout au long de la saison 1990-91, celle de leur premier titre, et tente de révéler l’envers du décor. On y voit un MJ cruel et intransigeant avec ses coéquipiers, loin de l’image lisse et charismatique qu’il a toujours réussi à transmettre. Certains diront que c’est une conséquence légitime de sa détermination, d’autres que sa Majesté souffrait d’égoïsme chro- nique. La vérité est probablement quelque part entre les deux. Et le livre, qui avait fait scandale à sa sor- tie, a le mérite d’être l’un des rares à égratigner un peu le mythe. Jean-Sébastien Blondel THE JORDAN RULES DE SAM SMITH À LIRE .................................................................................................................................................... CROSSOVER [HOOP CULTURE] T-SHIRT DU MOIS MENEUR DE JEU POUR LES STARS DU HIP HOP, LE SUPER-PRODUCTEUR DJ KHALIL TIENT L’AMOUR DU JEU DE SON PÈRE, UN ANCIEN ALL-STAR NBA ET UNE LÉGENDE NCAA AVEC UCLA. Propos recueillis par Maxime Robin Photos DR REVERSE : Quand as-tu réalisé que tu préférais le son ? DJ Khalil : Je me suis fais couper dans ma deuxième saison à Morehouse. J’ai joué des matches en pick-up games et l’équipe m’a demandé de revenir, là je me suis dit que je préférais la musique. Ensuite, j’ai acheté mon premier sampleur, un ASR 10, et je me suis inspiré des grands comme Pete Rock et J-Dilla. REVERSE : J’ai cru comprendre que toi et Chace Infinite (l’autre moitié de son groupe Self Scientific - ndlr) vous vous étiez rencontrés grâce au basket ? DJ Khalil : Oui, j’ai rencontré Chace en high school au Superstar Camp de Santa Barbara. Nous sommes comme des frères, nos parent se connaissaient bien ils habitaient le même bloc quand on n’était pas encore né, c’est fou. REVERSE : Ton frère est coach des L.A. D-Fenders, c’est bien ça ? DJ Khalil : Toute ma famille est dans le basket. Un de mes frères est responsable pour la plupart des camps et associations de charité qui travaillent dans le basket à Los Angeles. Rasheed, mon autre frère, coache les L.A. D-Fenders, l’équipe de D-League associée aux Lakers. Ma mère aussi est fan de basket. Pour info, elle a été la première cheerleader noire de UCLA et Arthur Ashe, qui était un bon ami de mes parents, les a présentés l’un à l’autre. REVERSE : T’as entendu des histoires à propos de légendes que ton père a pu côtoyer ? DJ Khalil : Je ne l’ai jamais vu jouer avec Elgin Baylor, Jerry West ou Pete Maravich, je suis né quand il a pris sa retraite. On allait au Forum avant, on mangeait avec Jerry Buss et ses invités, du style Magic, Jack Nicholson, Jeffrey [HOOP CULTURE] PHOENIX GUNS Vu comment Amar’e Stoudemire se défonce pour montrer à tout le monde qu’il vaut un contrat maximum, il y a peu de chance qu’on le revoit sous un maillot des Suns l’an prochain. Ce qui est pro- blématique pour le proprio de la franchise, non pas parce qu’il a peur de perdre plus de matches, mais parce qu’il a peur de vendre moins de merchandising. Mais Robert Sarver a un plan pour conti- nuer à faire de Phoenix l’une des attaques les plus excitantes de la ligue, associer Steve Nash à… Gilbert Arenas ! Le staff communi- cation a déjà commencé à bosser sur des idées de t-shirts… T.H. 50 REVERSE XXVI MAI-JUIN 2010 51 DJ KHALIL « J’ATTENDS TOUJOURS DE JOUER AVEC DR. DRE, IL PARLE BEAUCOUP. » REVERSE : Peux-tu nous parler de ton père, Mahdi Abdul-Rahman ? DJ Khalil : Mon père est une légende dans la NBA, un peu comme un héros méconnu. C’est difficile pour moi d’être dans son ombre et d’accomplir autant dans ma discipline. Il faisait partie de la première dynastie UCLA. John Wooden n’était vraiment pas habitué au style de jeu de mon père, c’était le premier joueur vraiment flashy qu’il a eu. Il a un peu révolutionné le jeu NCAA. REVERSE : Est-ce qu’il a été déçu que tu ne suives pas sa voie ? DJ Khalil : Non, parce que j’ai eu une carrière de basketteur honorable. J’ai joué un an en Division 2 avec Morehouse, j’avais un très bon niveau en high school où j’ai gagné quelques trophées. J’ai joué meneur comme lui et, ce qui est important, c’est que j’ai retenu tous les points que je pouvais appliquer dans la vie : être un leader, toujours être créatif et être capable d’assurer quelque soit la situation. J’ai gardé la même approche mentale que j’avais dans le sport, je l’ai appliquée à ma musique. Osbourne, c’était dingue ! Ensuite, on allait voir Chick Hearn qui adorait mon père, il a même nommé un shoot après lui le « leak & leaner ». Chick m’a raconté un match où mon père avait placé plusieurs de ces tirs au-dessus de Wilt Chamberlain. Chamberlain s’est énervé et il l’a frappé en l’air ! Mon père disait : « J’avais vraiment peur d’y retourner après, car j’ai cru qu’il voulait m’enlever la tête ! ». REVERSE : Parmi les artistes avec lesquels tu as pu taffer, qui a vraiment du jeu ? The Game ? DJ Khalil : Oui, on a joué ensemble pas plus tard que samedi dernier. J’étais en feu et on défonçait sa team. Il s’est énervé et il s’est mis à défendre dur sur moi. Il m’a cadenassé ! Il joue vraiment bien. Sinon, j’attends toujours de jouer avec Dr. Dre qui parle beaucoup, on verra (il sourit). Chace et Defari se débrouillent bien aussi et j’ai entendu dire que les gars de Pac Div étaient très forts. REVERSE : Tes prochains projets ? DJ Khalil : Eminem, mais rien n’est confirmé encore, The Game, « Detox » de Dre si ça sort un jour (rires), Redman, Drake, Pac Div, The New Royales, mon autre groupe, le nouveau Self Scientific. Sinon, mon album avec M.O.P qui sortira à la rentrée normalement. REVERSE : Un dernier mot ? DJ Khalil : Lakers champions ! Sérieux, si Cleveland ne gagne pas le titre avec cette team- là, c’est qu’il y a un problème quelque part ! (rires) myspace.com/djkhalil1 HIT MACHINE Vous ne connaissez pas forcément son visage, mais vous connaissez forcément ses beats. Voici 5 titres produits par DJ Khalil 50 Cent : “I’ll Still Kill (feat. Akon)” Jay-Z : “I Made It” The Game : “Da Shit” Clipse : “Kinda Like a Big Deal» Evidence : “All Said & Done” MAHDI ABDUL-RAHMAN Walt Hazzard, alias Mahdi Abdul-Rahman, le père de DJ Khalil, a un CV long comme le bras : Champion NCAA et Most Oustanding Player du Final Four 1964 avec UCLA, champion olympique en 1964, il a joué aux Lakers avec Elgin Baylor et Jerry West de 1964 à 1967 avant de signer avec les Sonics. Après avoir été All-Star en 1968, il a été échangé contre Lenny Wilkens durant l’intersaison, ce qui lui a permis de jouer avec Pete Maravich à Atlanta. Après sa carrière de joueur, il s’est tourné vers le coaching et a remporté le NIT avec UCLA en 1985.

R26 DJ Khalil

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MENEUR DE JEU POUR LES STARS DU HIP HOP, LE SUPER-PRODUCTEUR DJ KHALIL TIENT L’AMOUR DU JEU DE SON PÈRE, UN ANCIEN ALL-STAR NBA ET UNE LÉGENDE NCAA AVEC UCLA. À LIRE Propos recueillis par Maxime Robin Photos DR 50 REVERSE XXVI MAI-JUIN 2010 51 CROSSOVER T-SHIRT DU MOIS ....................................................................................................................................................

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Page 1: R26 DJ Khalil

Ceux qui voient en Michael Jordan un Saint aussi respectueux des gens qui l’entourent que déterminé sur un terrain de basket peuvent passer leur chemin. Et éviter, tant qu’à faire, son discours d’intronisation au Hall of Fame. Parce qu’il faut bien l’admettre, Jordan a passé beau-coup plus de temps à peaufiner ses arabesques et son jeu qu’à déve-

lopper son sens de la compassion envers les « simples mortels ». C’est justement l’intérêt du classique de Sam Smith. Smith suit les Bulls tout au long de la saison 1990-91, celle de leur premier titre, et tente de révéler l’envers du décor. On y voit un MJ cruel et intransigeant avec ses coéquipiers, loin de l’image lisse et charismatique qu’il a toujours

réussi à transmettre. Certains diront que c’est une conséquence légitime de sa détermination, d’autres que sa Majesté souffrait d’égoïsme chro-nique. La vérité est probablement quelque part entre les deux. Et le livre, qui avait fait scandale à sa sor-tie, a le mérite d’être l’un des rares à égratigner un peu le mythe.

Jean-Sébastien Blondel

THE JORDAN RULESDE SAM SMITH

ÀLIRE

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CROSSOVER

[HOOP CULTURE]

T-SHIRT DU MOIS

MENEUR DE JEU POUR LES STARS DU HIP HOP, LE SUPER-PRODUCTEUR DJ KHALIL TIENT L’AMOUR DU JEU DE SON PÈRE, UN ANCIEN ALL-STAR NBA ET UNE LÉGENDE NCAA AVEC UCLA.Propos recueillis par Maxime Robin Photos DR

REVERSE : Quand as-tu réalisé que tu préférais le son ? DJ Khalil : Je me suis fais couper dans ma deuxième saison à Morehouse. J’ai joué des matches en pick-up games et l’équipe m’a demandé de revenir, là je me suis dit que je préférais la musique. Ensuite, j’ai acheté mon premier sampleur, un ASR 10, et je me suis inspiré des grands comme Pete Rock et J-Dilla.REVERSE : J’ai cru comprendre que toi et Chace Infinite (l’autre moitié de son groupe Self Scientific - ndlr) vous vous étiez rencontrés grâce au basket ?DJ Khalil : Oui, j’ai rencontré Chace en high school au Superstar Camp de Santa Barbara. Nous sommes comme des frères, nos parent se connaissaient bien ils habitaient le même bloc quand on n’était pas encore né, c’est fou.REVERSE : Ton frère est coach des L.A. D-Fenders, c’est bien ça ? DJ Khalil : Toute ma famille est dans le basket. Un de mes frères est responsable pour la plupart des camps et associations de charité qui travaillent dans le basket à Los Angeles. Rasheed, mon autre frère, coache les L.A. D-Fenders, l’équipe de D-League associée aux Lakers. Ma mère aussi est fan de basket. Pour info, elle a été la première cheerleader noire de UCLA et Arthur Ashe, qui était un bon ami de mes parents, les a présentés l’un à l’autre.REVERSE : T’as entendu des histoires à propos de légendes que ton père a pu côtoyer ?DJ Khalil : Je ne l’ai jamais vu jouer avec Elgin Baylor, Jerry West ou Pete Maravich, je suis né quand il a pris sa retraite. On allait au Forum avant, on mangeait avec Jerry Buss et ses invités, du style Magic, Jack Nicholson, Jeffrey

[HOOP CULTURE]

PHOENIX GUNSVu comment Amar’e Stoudemire se défonce pour montrer à tout le monde qu’il vaut un contrat maximum, il y a peu de chance qu’on le revoit sous un maillot des Suns l’an prochain. Ce qui est pro-blématique pour le proprio de la franchise, non pas parce qu’il a peur de perdre plus de matches, mais parce qu’il a peur de vendre moins de merchandising. Mais Robert Sarver a un plan pour conti-nuer à faire de Phoenix l’une des attaques les plus excitantes de la ligue, associer Steve Nash à… Gilbert Arenas ! Le staff communi-cation a déjà commencé à bosser sur des idées de t-shirts… T.H.

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DJ KHALIL« J’ATTENDS TOUJOURS DE JOUER AVEC DR. DRE, IL PARLE BEAUCOUP. »

REVERSE : Peux-tu nous parler de ton père, Mahdi Abdul-Rahman ? DJ Khalil : Mon père est une légende dans la NBA, un peu comme un héros méconnu. C’est difficile pour moi d’être dans son ombre et d’accomplir autant dans ma discipline. Il faisait partie de la première dynastie UCLA. John Wooden n’était vraiment pas habitué au

style de jeu de mon père, c’était le premier joueur vraiment flashy qu’il a eu. Il a un peu révolutionné le jeu NCAA.REVERSE : Est-ce qu’il a été déçu que tu ne suives pas sa voie ?DJ Khalil : Non, parce que j’ai eu une carrière de basketteur honorable. J’ai joué un an en Division 2 avec Morehouse, j’avais un très bon niveau en

high school où j’ai gagné quelques trophées. J’ai joué meneur comme lui et, ce qui est important, c’est que j’ai retenu tous les points que je pouvais appliquer dans la vie : être un leader, toujours être créatif et être capable d’assurer quelque soit la situation. J’ai gardé la même approche mentale que j’avais dans le sport, je l’ai appliquée à ma musique.

Osbourne, c’était dingue ! Ensuite, on allait voir Chick Hearn qui adorait mon père, il a même nommé un shoot après lui le « leak & leaner ». Chick m’a raconté un match où mon père avait placé plusieurs de ces tirs au-dessus de Wilt Chamberlain. Chamberlain s’est énervé et il l’a frappé en l’air ! Mon père disait : « J’avais vraiment peur d’y retourner après, car j’ai cru qu’il voulait m’enlever la tête ! ».REVERSE : Parmi les artistes avec lesquels tu as pu taffer, qui a vraiment du jeu ? The Game ?DJ Khalil : Oui, on a joué ensemble pas plus tard que samedi dernier. J’étais en feu et on défonçait sa team. Il s’est énervé et il s’est mis à défendre dur sur moi. Il m’a cadenassé ! Il joue vraiment bien. Sinon, j’attends toujours de jouer avec Dr. Dre qui parle beaucoup, on verra (il sourit). Chace et Defari se débrouillent bien aussi et j’ai entendu dire que les gars de Pac Div étaient très forts.REVERSE : Tes prochains projets ?DJ Khalil : Eminem, mais rien n’est confirmé encore, The Game, « Detox » de Dre si ça sort un jour (rires), Redman, Drake, Pac Div, The New Royales, mon autre groupe, le nouveau Self Scientific. Sinon, mon album avec M.O.P qui sortira à la rentrée normalement.REVERSE : Un dernier mot ?DJ Khalil : Lakers champions ! Sérieux, si Cleveland ne gagne pas le titre avec cette team-là, c’est qu’il y a un problème quelque part ! (rires)myspace.com/djkhalil1

HIT MACHINEVous ne connaissez pas forcément son visage, mais vous connaissez forcément ses beats. Voici 5 titres produits par DJ Khalil50 Cent : “I’ll Still Kill (feat. Akon)”Jay-Z : “I Made It”The Game : “Da Shit”Clipse : “Kinda Like a Big Deal»Evidence : “All Said & Done”

MAHDI ABDUL-RAHMANWalt Hazzard, alias Mahdi Abdul-Rahman, le père de DJ Khalil, a un CV long comme le bras :Champion NCAA et Most Oustanding Player du Final Four 1964 avec UCLA, champion olympique en 1964, il a joué aux Lakers avec Elgin Baylor et Jerry West de 1964 à 1967 avant de signer avec les Sonics. Après avoir été All-Star en 1968, il a été échangé contre Lenny Wilkens durant l’intersaison, ce qui lui a permis de jouer avec Pete Maravich à Atlanta. Après sa carrière de joueur, il s’est tourné vers le coaching et a remporté le NIT avec UCLA en 1985.