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Office fédéral de l’aménagement du territoire OFAT Office fédéral de l’économie des eaux OFEE Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage OFEFP Prise en compte des dangers dus aux mouvements de terrain dans le cadre des activités de l’aménagement du territoire Recommandations 1997 Dangers naturels version pdf

Recommandations '97 - Prise en compte des dangers … · d’en tenir compte dans les activités de l’aménage-ment du territoire. ... contre les mouvements de terrain Principes

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Office fédéral de l’aménagementdu territoire OFAT

Office fédéral de l’économiedes eaux OFEE

Office fédéral de l’environnement,des forêts et du paysage OFEFP

Prise en compte des dangersdus aux mouvements de terraindans le cadre des activitésde l’aménagement du territoire

Recommandations 1997

Dangers naturels

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EditeursOffice fédéral de l’aménagement

du territoire OFATOffice fédéral de l’économie

des eaux OFEEOffice fédéral de l’environnement,des forêts et du paysage OFEFP

AuteurOlivier Lateltin

OFEFP-SHGN, Berne

Groupe d’expertsJean-Pierre Tripet, précidende

OFEFP-SHGN, BerneAlbert Boell

FNP, BirmensdorfChristophe Bonnard

EPF-DGC-ISRF, LausanneJörg Hansen

Dipartimento del TerritorioCadenazzo

Bernhard KrummenacherGIUB, Berne; Geotest SA, Zollikofen

Roberto LoatOFEE, BienneBernard Loup

OCAT, FribourgJean-Daniel Rouiller

DTEE, SionJean-F. Schneider

Géologie de l’ingénieur ETH, ZurichKonrad Schrenk

OFAG, BerneClaire-Lise Suter

OFEFP D+F, BerneGianni della Valle

OEHE, BerneLaurent Vulliet

EPF-DGC-ISRF, Lausanne†Danilo Zuffi

Inspection cantonale des forêts,Fribourg

Rédaction, mise en formeet réalisation

Daniel BollingerKellerhals+Haefeli SA, Berne

TraductionFrancis Noverraz, Christophe

Bonnard, Nathalie BretzEPF-DGC-ISRF, Lausanne

Version pdf (2001)Bureau Felix Frank, Berne

DiffusionOCFIM, 3000 Berne

No de commande: 310.023 f

Berne, 1997 (pdf 2001)

Avant-propos

Selon les nouvelles lois fédérales sur l’aménage-ment des cours d’eau et sur les forêts, les cantonsont l’obligation d’établir des cartes de dangers etd’en tenir compte dans les activités de l’aménage-ment du territoire. La présente publication fournitdes recommandations pour l’accomplissementde cette tâche. C’est pourquoi elle s’adresse aussibien aux experts de la Confédération, des can-tons et des communes, responsables de l’évalua-tion des dangers dus aux mouvements de terrainet des mesures de protection, qu’aux instancespolitiques appelées à prendre des décisionsconcernant les activités de l’aménagement duterritoire. Cette publication concerne aussi tousles propriétaires qui devraient être informés surles dangers concernant leurs parcelles.

Ces recommandations ont été élaborées par ungroupe de travail interdisciplinaire dirigé par leService hydrologique et géologique national(OFEFP-SHGN). Ce groupe de travail est forméd’experts de l’Office fédéral de l’environnement,des forêts et du paysage (OFEFP), de l’Officefédéral de l’économie des eaux (OFEE), de mêmeque de représentants provenant d’autres officesde la Confédération, des cantons (BE, FR, TI, VS),des Hautes Ecoles et de bureaux privés.

L’aménagement du territoire nécessite, pourtous les types de dangers naturels, l’élaborationde documents comparables. C’est pourquoi lesrecommandations présentées ici s’appuient dansleur contenu sur les «Directives pour la prise enconsidération du danger d’avalanches lors del’exercice d’activités touchant l’organisation duterritoire» (Office fédéral des forêts, 1984) et surles «Recommandations pour la prise en comptedes dangers dus aux crues dans le cadre desactivités de l’aménagement du territoire» (OFEE/OFAT/OFEFP, 1997). Les présentes recommanda-tions* devront être prises en compte lors del’établissement des cartes de dangers et de leurapplication.

Manfred SpreaficoDirecteur a.i. du Service hydrologiqueet géologique national

Heinz WandelerDirecteur fédéral des forêts

Christian FurrerDirecteur de l’Office fédéralde l’économie des eaux

Fritz WegelinDirection de l’Office fédéralde l’aménagement du territoire

Les faits 3Mouvements de terrain 6Identification des dangers 12Evaluation des dangers 18Planification des mesures 30Annexes 39

Table des matièresImpressum

* Après avoir subi quelques corrections etadaptations, ces recommandations serontpubliées comme directives (semblables à cel-les concernant les avalanches).

3Les faits (pdf)

L’aménagement des versantsréduit le danger potentiel,

l’aménagement du territoire limiteles dommages potentiels

Les faits: la carte de dangers comme document de basepour la planification des mesures

Les zones instables affectées de mou-vements de terrain occupent en Suisse6 à 8% du territoire national. Lesrégions les plus touchées sont lescantons alpins, les Préalpes entre leLéman et le lac de Constance, ainsi quecertaines parties du Jura plissé.

Divers événements comme les ébou-lements de Randa (VS) en 1991 ou leglissement de Falli-Hölli (FR) en 1994ont clairement montré que les dangersdus aux mouvements de terrain nepeuvent souvent pas être maîtrisésuniquement par des mesures de pro-tection constructives ou de sécurité. Ilest un autre fait, que le passé nousenseigne: l’utilisation du sol doits’adapter aux données naturelles.

De ce point de vue, malgré toutes lesdifficultés qu’offre un espace comme laSuisse, à forte densité de population etexploité de façon intensive, les dom-mages potentiels doivent être réduitsen premier lieu par des mesuresd’aménagement du territoire.

Des mesures constructives de pro-tection ne doivent être prises, en vuede réduire un danger potentiel, que làoù existe déjà une utilisation du soldigne de protection, ou encore là oùune modification de l’affectation s’avè-re absolument indispensable, aprèsune complète pesée des intérêts. Lesnouvelles lois fédérales sur les forêts(Lfo) et sur l’aménagement des coursd’eaux (LACE), entrées en vigueur en1991, ont donné force de loi à cettepriorité.

Avant toute autre chose, une per-ception consciente des dangers na-turels est nécessaire pour qu’il soitpossible d’assumer les responsabilitésqu’ils impliquent. On ne peut s’atten-dre à des résultats durables qu’à partirdu moment où tous les acteurs ontréellement pris conscience du dangerprésent.

Les nouveaux objectifs des lois sus-mentionnées concernent d’une part lesingénieurs responsables des ouvragesde protection, les aménagistes et lesautorités impliquées, et d’autre part lesassurances et les propriétaires fon-ciers qui peuvent contribuer d’unemanière active à la réduction des dom-mages potentiels.

L’établissement de cartes de dan-gers est une condition préalable indis-pensable à la mise en application deslois citées ci-dessus par des mesuresd’aménagement du territoire. Cet ins-trument est exigé par les lois fédéralessur les forêts et sur l’aménagement descours d’eau (cf. en annexe le chapitresur les bases légales). Ces cartesdésignent les types de dangers mena-çant une surface donnée du territoire;elles en indiquent les dimensions, l’in-tensité et la probabilité d’occurrence.

La menace créée par les dangersnaturels, soit l’aléa, fait partie descaractéristiques propres d’un site;c’est une donnée comparable à lafertilité du sol ou à la pente, car elleconditionne une certaine occupationdu sol ou la rend impossible. Dans lecadre de l’aménagement local, lesautorités assignent aux zones consi-dérées différents types d’affectation,selon leur aptitude propre.

Afin de protéger des vies humaineset d’empêcher des dommages auxbiens et à l’environnement, certainsmodes d’occupation du sol doiventêtre interdits dans les zones à dangerélevé ou moyen, ou autorisés seule-ment sous certaines conditions préci-ses.

La mise en vigueur de la loi, qu’ils’agisse de procédures d’autorisation,de lois cantonales sur l’aménagementdu territoire ou les constructions, ouencore de plans d’affectation, est duressort des cantons et des communes.Le propriétaire peut encore réduire lesdommages potentiels subséquents pardes mesures qui lui sont propres.

Les cartes de dangers doivent êtreétablies, dans la mesure du possible,pour tous les types de dangers naturels

en même temps et doivent concernerdes entités spatiales bien délimitées.La répartition en degrés de dangerest élaborée indépendamment de l’af-fectation présente du sol.

Buts des recommandationsLes conflits existants relatifs à l’affec-tation du sol peuvent être mis enévidence et peuvent être atténuésultérieurement une fois que les zonesde danger et le type de menaces ontété définis de façon contraignante,objective et univoque. Les présentesrecommandations devraient donc con-tribuer à:• Prendre en compte les dangers dusaux mouvements de terrain dans tou-tes les activités ayant des effets surl’organisation du territoire (telles quel’élaboration et l’approbation des plansdirecteurs et des plans d’affectation,des conceptions et des plans secto-riels; la planification et la constructionde bâtiments et d’installations; l’octroid’autorisations et de concessions; l’at-tribution de subventions, etc.).• Utiliser de façon appropriée le terri-toire et veiller notamment à son exploi-tation, en empêchant l’accroissementindésirable des dommages potentielset en limitant le recours à la construc-tion d’ouvrages de protection.• Atteindre dans l’ensemble de la Suis-se une bonne compréhension et uneprise en compte des dangers naturels,au sein de groupes de travail interdisci-plinaires, sur la base de critères etd’échelles de valeurs homogènes.• Informer les autorités et les proprié-taires fonciers des dangers possiblespour les rendre responsables des pré-cautions nécessaires en vue d’éviterdes risques inutiles.

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Les cartes de dangers sontla condition préalable fondamentale

pour la mise en oeuvre d’une protectioncontre les mouvements de terrain

Principes de base

1. La prise en compte des dangersnaturels dans les plans directeurs etles plans d’affectation est un devoirlégal. Les cartes de dangers consti-tuent à cet égard une condition préa-lable.

2. Les cartes de dangers n’ont pasen elles-mêmes de portée juridique,mais elles l’acquièrent dans le cadrede l’approbation des plans direc-teurs et des plans d’affectation.

3. Il est du devoir des cantons deveiller à l’établissement des cartesde dangers.

4. Les cartes de dangers sont unecondition préalable à l’obtention desubventions pour des projets de pro-tection contre les dangers naturels,selon la loi sur les forêts et la loi surl’aménagement des cours d’eau.

Démarche progressiveLa prise en compte des dangers natu-rels nécessite une démarche progres-sive où il s’agit de répondre à laquestion «Que peut-il se passer etoù?». Il faut alors estimer la probabilitéet l’intensité des événements poten-tiels et finalement mettre en évidenceles mesures nécessaires. Bien que lesétapes de la démarche s’enchaînentaisément, il est important de franchirchacune d’elles systématiquement eten toute connaissance de cause. Mêmesi le danger et ses causes semblent deprime abord connus, les mesures deprotection ne doivent être prises quelorsqu’elles sont justifiables par leseffets qui peuvent en résulter (réduc-tion des dommages potentiels).

Etape 1La première étape est l’identificationet la description du danger. Il s’agit làd’établir une documentation objectivesur les observations dénotant un dan-ger réel. Un événement passé restetoujours un bon élément d’apprécia-tion pour un danger actuel, surtout sientre-temps aucune modification ne

s’est produite dans le versant instableconcerné, notamment par la mise enplace d’ouvrages de protection. Ladynamique d’un versant, naturelle ouinfluencée par l’homme, exige périodi-quement une évaluation critique tenantcompte des changements intervenus.

Les données de base élaborées danscette première étape renseignent sur lepourquoi de l’appartenance d’une ré-gion à une zone dangereuse. En plusd’informer sur les causes, elles serventà délimiter les zones de danger et àplanifier les mesures requises.

Etape 2La deuxième étape est l’évaluationdes dangers et l’élaboration des car-tes de dangers. Les assertions con-cernant la probabilité et les dimensionsd’un événement possible sont faitessur la base de tous les documentsdisponibles. Les observations sont pe-sées et évaluées, et si nécessaire com-plétées par des modélisations ou desrecherches plus approfondies.

Le déroulement des événementsdangereux est déterminant pour définirles mesures de réduction du danger etpour concevoir les ouvrages de protec-tion ou les mesures à prendre dans leszones de glissement ou d’éboulement.L’effet supposé sur les surfaces expo-sées au danger est l’élément détermi-nant pour la planification des mesuresà prendre dans le cadre de l’aménage-ment du territoire.

La carte de dangers sert de basepour l’évaluation des dommages po-tentiels et la justification économiquedes mesures de protection. Pour lesaménagistes, la carte sert de base pour

définir une affectation du sol adéquate,tandis que pour les propriétaires, elleest un document utile pour la mise enoeuvre de mesures de prévention indi-viduelles.

Etape 3La troisième étape est constituée parles mesures de planification à pro-prement parler. Dès qu’un danger estmis en évidence par ses dimensions etsa probabilité d’occurrence, dans unezone où il entre en conflit avec uneaffectation du sol présente ou plani-fiée, la question se pose aussitôt desavoir quelle contre-mesure peut êtreprise. Il faut bien faire la différence icientre mesures de réduction des dom-mages, de réduction du danger ou delimitation du risque résiduel:• Mesures de réduction des domma-ges (mesures passives): elles n’in-fluencent pas le déroulement des évé-nements, mais réduisent l’étendue desdégâts. Les mesures d’aménagementdu territoire doivent garantir une affec-tation du sol adéquate par rapport audanger. La protection des biens contreun danger au moyen d’une méthode deconstruction adaptée peut souvent êtregarantie, lors de procédures d’autori-sation, en formulant des prescriptionsdans le cadre des plans d’affectation.• Mesures de réduction du danger(mesures actives): elles ont un effet surle déroulement des événements, bienqu’il faille observer qu’en général ellesinfluencent la probabilité d’occurren-ce, mais pas forcément l’intensité duphénomène. A côté des mesures habi-tuelles de protection (ouvrages ponc-tuels, filets contre les chutes de blocs),

5Les faits (pdf)

1

2

3

Relevé et prise en compte des dangers naturelspar étapes successives

Identification des dangers:«Que peut-il se produire et où?»

Documentation relative aux causes:

Documents de baseCartesObservationsMesures

Cartes des phénomènes

Documentation des événements passés

on doit aussi tenir compte des mesuresconcernant la surface du versant (en-tretien des forêts protectrices, reboise-ment, drainage), notamment dans lazone de provenance du phénomène.• Planification des mesures d’urgen-ce destinées à limiter le risque résiduel(systèmes d’alarme, services d’alerte,évacuation, secours en cas de catas-trophe et autre moyens pouvant êtrerapidement engagés): ces mesurespermettent d’éviter le pire. Toutefois,chaque mesure de protection prisepeut ne pas fonctionner. En particulier,suivant l’ampleur de l’événement natu-rel, ces mesures peuvent être insuffi-santes. Dès lors que l’événement s’estdéclenché, il s’agit de sauver les hom-mes et les animaux. On ne peut alorssouvent agir que de façon négligeablesur l’ampleur des dégâts. Avec lesassurances couvrant les dommagescausés par les éléments, les domma-ges subis peuvent, dans une largemesure, être remboursés aux person-nes concernées.

Planification des mesures: «Commentpouvons-nous nous protéger?»

Application dans les domaines suivants:

Aménagement du territoire

Mesures de protection

Plan d’urgence

Evaluation des dangers: «Avec quellefréquence et quelle intensité cela peut-ilse passer?»

Etude des zones concernées et évaluationdes indices au moyen des:

Cartes de dangers

6

Mouvements de terrain

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Les mouvements de terrain sont

des déplacements gravifiques de

masses rocheuses compactes

ou désagrégées et/ou de terrain

meuble (y compris de sol). Ils

comprennent principalement les

processus d’éboulement (chute

de pierres et de blocs, éboulement

et écroulement), les glissements

de terrain et les coulées de terre.

Ils peuvent se produire de façon

rapide et brutale (éboulements,

p.ex.), ou se dérouler lentement

et de façon continue (glissements

de terrain, p.ex.). L’origine, le

déroulement et les effets des

mouvements de terrain sont

extrêmement hétérogènes. Par

leur soudaineté, ils peuvent mettre

les hommes en danger et détruire

des bâtiments, des cultures et

des forêts. Ils peuvent aussi

induire, lentement mais de façon

continue, des dégâts et des

destructions de bâtiments, de

cultures et de forêts.

7Mouvements de terrain (pdf)

Causes

Les mouvements de terrain sont desdéplacements (avec ou sans rupture)vers l’aval de masses rocheuses com-pactes ou désagrégées et/ou de terrainmeuble (sols y compris) et d’eau, sousl’effet de la gravité.

Ils peuvent se produire sous formede processus brutaux (chute de pierreset de blocs, éboulement et écroule-ment, glissement soudain, couléeboueuse, effondrement) ou lents etprogressifs (fluage, glissement lent per-manent).

Les processus à l’origine des mouve-ments de terrain sont très complexeset dépendent rarement d’une seulecause. La géologie, le relief et l’exposi-tion sont des paramètres fondamen-taux, plus ou moins constants sur delongues périodes; ils déterminent laprédisposition générale du terrainaux phénomènes d’instabilité. Le pro-cessus qui mène à une telle instabilitécommence en fait dès la formation dela roche, c’est-àdire lorsque les pro-priétés chimiques et physiques de cel-le-ci sont bien établies. Ces propriétésdéterminent notamment son compor-tement face à l’altération et à l’érosion.Les différentes glaciations quaternai-res ont modelé les vallées alpines enforme d’auge. Lors du retrait glaciaire,libérés de l’appui de la glace, lesversants des vallées se sont souventretrouvés trop raides et instables.

Les mouvements de terrain résultentd’un changement de l’équilibre desforces dans le versant (rapport entreforces résistantes et forces motrices),à la suite de processus physiques et/ouchimiques qui, à leur tour, dépendentde différents facteurs. Ainsi, les pro-cessus d’altération agissant à longterme (conduisant à une diminutiondes forces résistantes), de même queles fluctuations de la nappe phréati-que, influencent la stabilité d’un ver-sant de manière continue. Par ailleurs,une pente peut aussi être déstabiliséerapidement, soit à la suite de l’érosionpar une rivière au pied du versant, soit,mais plus rarement, suite à un tremble-ment de terre.

En général, l’eau joue un rôle déter-minant pour les mouvements de ter-rain. Elle produit des pressions hydros-

tatiques dans les pores (pressions in-terstitielles), les fissures et les failles,de même que des forces de percola-tion. A l’état de glace, elle a en plus lacapacité d’induire des mécanismes derupture notables. Par ailleurs, elle peutprovoquer le gonflement des minérauxargileux (pression de gonflement). Lastabilité des pentes en équilibre criti-que peut être sensiblement réduite parces divers effets.

Le déclenchement d’un processusdangereux survient lorsque la valeurlimite d’un des facteurs déterminantsest atteinte ou dépassée. Les cycles degel/dégel, les précipitations sporadi-ques, de forte intensité ou de longuedurée – éventuellement combinées à lafonte des neiges –, conduisent souventà des mouvements de terrain sponta-nés.

Il n’est pas rare que les mouvementsde terrain soient favorisés par desinfluences anthropiques. Ainsi, la sur-charge d’une pente par des bâtimentset des remblais, les excavations sansdispositifs de protection dans un ver-sant lors de travaux de construction, lasurélévation du niveau de l’eau souter-raine, le dynamitage, l’exploitationinappropriée de matières premières oul’affectation inadéquate du sol peuventaccroître le danger de mouvements deterrain. Les effets anthropiques peu-vent aussi contribuer à une déstabilisa-tion à long terme du versant, en relationavec d’autres activités comme le dé-boisement, l’entretien insuffisant desforêts, le surpâturage, l’exploitationintensive et la dénudation du sol.

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* Les principaux types de mouvements, entre lesquels seproduisent souvent des mécanismes de transition pro-gressive, peuvent se manifester sous différentes formes.

Mécanismes types

Eboulement

Glissement

Ecoulement

So

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92

De nombreuses classifications desmouvements de terrain ont été propo-sées, basées sur des critères tels quele mécanisme des mouvements, lacomposition des matériaux, la vitessedes processus ou les mécanismes dedéclenchement. Afin d’avoir une visionglobale de ces mécanismes et d’éviterles confusions, les principaux types*de mouvements de terrain se caracté-risent comme suit, conformément au«Multilingual Landslide Glossary» (glos-saire multilingue des mouvements deterrain, WP/WLI):• Le processus de glissement est unmouvement de pente vers l’aval, affec-tant une masse rocheuse et/ou deterrain meuble, le long d’une ou plu-sieurs surfaces de glissement ou sui-vant des zones relativement minces dedéformation intense par cisaillement.• Le processus d’éboulement (chu-te) commence avec la désagrégationde matériel rocheux ou meuble sur unepente raide le long d’une surface surlaquelle ne se développe que peu demouvements de cisaillement. Le maté-riel tombe ensuite principalement enchute libre, en rebondissant et/ou enroulant.• Le processus d’écoulement (parexemple coulée de terre) résulte dumouvement continu d’une zone super-ficielle de terrain quittant rapidement lazone de cisaillement, de manière com-pacte au départ, mais ne conservantgénéralement pas ce caractère com-pact. La répartition des vitesses ausein de la masse en mouvement estsemblable à celle d’un écoulementvisqueux.

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Glissements de terrain

Classification selon la profondeurde la surface de glissement(en m sous la surface du sol)

Glissement Surfacede glissement

superficiel 0 – 2m

semi-profond 2 – 10m

profond >10m

Classification selon l’activitéEn fonction de l’évaluation de la vi-tesse moyenne de glissement à longterme:

Glissement Vitesse deglissement

substabilisé,très lent 0 – 2cm/an

peu actif, lent 2 – 10cm/an

actif (ou lentavec phases rapides) > 10cm/an

Mouvements de terrain (pdf)

Les glissements de terrain sont desmouvements de masses compacteset/ou de terrain meuble glissant versl’aval. Ils résultent d’une rupture parcisaillement et se produisent en géné-ral sur des talus ou des versants depente modérée à raide. Les instabilitésnaturelles de ce genre sont extrême-ment courantes en Suisse et apparais-sent sous de nombreuses formes, éton-namment diversifiées.

Un grand nombre d’entre elles sontd’anciens glissements, aujourd’hui engrande partie latents, mais qui peuventsoudainement se réactiver suite à desconditions défavorables. La plupart dutemps, l’eau joue un rôle importantdans les glissements de terrain, parl’action des pressions interstitielles,des écoulements souterrains ou par lespressions dues au gonflement desminéraux argileux. En simplifiant beau-coup, on peut distinguer deux types deglissements:• Les glissements de type rotation-nel sont en général de volume limité. Ilsse produisent principalement dans desterrains meubles homogènes surtoutargileux et silteux. Dans une coupeverticale, la surface de glissement estcirculaire et plonge presque verticale-ment dans la niche d’arrachement. Enrègle générale, le mécanisme du glis-sement ne provoque qu’un faible rema-niement interne du matériel glissé. Desdépressions avec crevasses ouverteset des fissures de traction sont souventvisibles dans la moitié supérieure duglissement, alors que la masse glisséetend à s’étaler et à se désagréger aufront du glissement, où peuvent seformer des écoulements de boue (cou-lées de terre) en cas de saturation eneau de la masse.

• Lors de glissements translation-nels, les couches de terrain ou lesensembles de couches stratifiées glis-sent sur une zone de faiblesse existan-te (souvent pendage stratigraphique,discontinuité stratigraphique, schisto-sité, plan de fissure ou de rupture). Enplan, la taille de tels glissements esttrès variable et peut comprendre dessurfaces allant de quelques mètrescarrés à plusieurs kilomètres carrés.L’épaisseur des masses en mouve-ment atteint fréquemment plusieursdizaines de mètres. Les zones deflysch, les schistes marno-calcaires oules schistes métamorphiques sont lesformations les plus sujettes à ce genrede glissement.

Vitesse moyenne de mouvementLa vitesse moyenne de mouvementdes glissements atteint le plus souventquelques millimètres par an pour unglissement substabilisé, très lent, etquelques centimètres à quelques déci-mètres par an pour un glissement actif.Il existe quelques cas exceptionnels oùle glissement peut être bien plus rapideet où la masse en mouvement, sansperdre sa compacité, peut atteindreplusieurs décimètres par jour. Excep-tionnellement, des mouvements trèsrapides peuvent se produire, commepar exemple au glissement de Falli-Hölli (6 m/jour en août 1994).

ClassificationLes glissements peuvent être classésselon la profondeur estimée de lasurface de glissement et selon la

vitesse moyenne à long terme desmouvements (comme mesure de leuractivité). Lors de l’évaluation du dangerpotentiel que représente un glisse-ment, on ne doit pas seulement consi-dérer le volume ou la vitesse du glisse-ment.

Il faut aussi tenir compte des mouve-ments différentiels qui se manifestentet qui peuvent conduire au bascule-ment des bâtiments ou à la formationde fissures. Les glissements peuventaussi se transformer en glissements-coulées (coulées de terre) et atteindredes zones très étendues. Il faut enfinprendre garde aux interactions entreglissements de terrain et cours d’eau,par lesquelles de grandes masses dematériaux alluvionnaires peuvent êtremobilisées. Ce phénomène peut con-duire à la formation d’une retenue surun cours d’eau, puis entraîner desdébâcles (laves torrentielles) qui met-tent en danger les zones situées enaval.

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Eboulements

Classification selon la taille descomposants, les volumes et lesvitesses

Chute de pierres ø < 50cm

Chute de blocs ø > 50cm

EboulementVolume 100 –100000m3

Vitesse 10 – 40m/s

EcroulementVolume > 1 mio.m3

Vitesse > 40m/s

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sLes éboulements au sens large (phéno-mènes de chute) sont des mouvementsrapides de masses. Le matériel éboulé,qui s’est détaché du massif rocheuxselon des surfaces de discontinuité(pendage, schistosité, fissures ou frac-tures), parcourt la plus grande partie deson déplacement dans l’air.

Ces phénomènes peuvent être clas-sés en trois catégories: chutes depierres et de blocs, éboulements (ausens strict) et écroulements. En géné-ral, on peut les subdiviser en troisdomaines: la zone d’arrachement, lazone de transit et la zone de dépôt.

Chutes de pierres et de blocsLes chutes de pierres et de blocs sontcaractérisées par la chute sporadiquede blocs plus ou moins isolés (pierre:Ø < 50cm; bloc: Ø > 50cm). Ceprocessus, répété ou soumis à despointes saisonnières, caractérise la dé-sagrégation continuelle d’une falaiserocheuse, déterminée par ses condi-tions géologiques, son exposition etson altération. L’estimation du volumedes matériaux rocheux qui présente undanger potentiel de chute n’est possi-ble qu’au moyen d’études détaillées dela roche.

Les vitesses de chute vont générale-ment de 5 à 30m/s. Dans la descriptiondes mouvements d’une pierre ou d’unbloc, il convient de distinguer entre lesphases de rebond et de roulement.Dans les pentes dont l’inclinaison estinférieure à 30° environ, les pierres etles blocs en mouvement tendent engénéral à s’arrêter. La forêt joue un rôletrès important, par le fait que l’énergiecinétique de la plupart des blocs estfortement réduite par leurs chocs con-tre les arbres.

EboulementLors d’un éboulement (au sens strict),un volume de roche important, sefragmentant plus ou moins intensé-ment, se détache en bloc du massifrocheux et s’éboule. Le volume dematériaux concernés est en généralcompris entre 100 et 100000m3 parévénement. Dans des cas exception-nels, des volumes sensiblement plusgrands peuvent s’ébouler (p.ex. à Ran-

da, en 1991: deux éboulements se sontproduits consécutivement, totalisantquelque 30 mio m3). Dans la pratique,l’estimation d’un volume de roche quiprésente un danger potentiel d’éboule-ment exige des études détaillées dumassif rocheux, comprenant une ana-lyse approfondie de l’orientation spa-tiale des surfaces de discontinuité.

Le mode de rupture au sein du massifa en général peu d’influence sur ledéroulement de l’événement. En com-paraison avec le phénomène d’écrou-lement, les interactions entre les élé-ments de roche formant l’éboulementet l’énergie mise en oeuvre sont relati-vement limitées. Les vitesses de trans-

port se situent principalement entre10 et 40m/s.

EcroulementLors d’un écroulement, un grand volu-me du massif rocheux (un à plusieursmio m3) se détache soudainement,sans que le mode de rupture corres-pondant ne soit déterminant. Le méca-nisme initial peut par exemple s’expli-quer par le développement d’une sur-face de glissement inclinée. Lemécanisme de mouvement de l’écrou-lement est déterminé par la topogra-phie, de même que par l’interactionmarquée entre les composants de lamasse écroulée et par leur fragmenta-tion intense.

Les caractéristiques particulières dece phénomène sont des vitesses dechute élevées (de plus de 40m/s) et detrès grandes distances de transport(pouvant souvent atteindre plusieurskilomètres). Compte tenu des grandsvolumes concernés, les écroulementspeuvent modifier le paysage de façondurable. Les énormes masses écrou-lées forment souvent des barragesnaturels dans les vallées de montagne,obstruant les cours d’eau et créant desretenues; en cas de rupture catastro-phique du barrage, elles entraînent undanger d’inondation pour les régionsen aval.

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Coulées de terre et autres processus

Mouvements de terrain (pdf)

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rreCoulées de terre (Glissement-

coulée, glissement pelliculaire,flow slide)Ces phénomènes d’instabilité ont laparticularité de mettre en mouvementun mélange de matériaux meubles(principalement formé de sol et decouverture végétale) et d’eau, quis’écoule rapidement à la surface de lapente. Les coulées de terre (ou deboue) se forment sur des versantsplutôt raides sans qu’apparaisse unesurface de glissement claire. Le volu-me de matériel déplacé est en généralrelativement restreint (ordre de gran-deur: 20000m3).

L’effet destructeur des coulées ré-sulte de leur vitesse de propagationconsidérable (1 à 10m/s), due à leurteneur en eau élevée. Cette eau favori-se l’expansion des matériaux charriésqui peuvent se répandre sur une airedépassant de 10 à 100 fois la surfacede la zone d’arrachement. Si ellesdébouchent dans un cours d’eau, cescoulées peuvent se transformer enlaves torrentielles. Un passage graduelpeut aussi exister entre les coulées deterre et les glissements de terrain.

A ce genre de phénomènes d’insta-bilité sont surtout sujettes les pentesraides formées de matériaux quater-naires peu perméables (moraines argi-leuses et colluvions limoneuses). Leuroccurrence est aussi favorisée par leshorizons sourciers et de fortes précipi-tations.

Phénomènes d’affaissementet d’effondrementDes phénomènes d’affaissement etd’effondrement peuvent apparaître enrelation avec le lessivage d’une rochesouterraine soluble (p.ex. gypse, cor-nieule) ou avec des cavités souterrai-nes préexistantes (p.ex. cavités karsti-ques).

Les formes typiques par lesquellesils se manifestent sont les dolines. Enparticulier, de tels phénomènes sontfréquents dans les séries du Triascomprenant du gypse et de la cornieu-le. Ils se rencontrent aussi dans lescalcaires karstifiés des Alpes et duJura, où ils peuvent fréquemment semanifester sur des surfaces atteignant

plusieurs km2. Le fauchage des cou-ches se produit par basculement versl’aval des têtes de couches rocheusesen place, inclinées ou même subverti-cales, sous l’effet de la gravité. Cephénomène affecte surtout des forma-tions litées, schisteuses ou plaque-tées, même en gros bancs. Le faucha-ge affecte généralement une épaisseurde roche de quelques mètres à quel-ques dizaines de mètres à partir de lasurface du versant. Il peut évoluer,lorsque l’altération du versant s’ac-croît, en tassements (Sackungen), chu-tes de pierres et de blocs, et mêmeéboulements. Ce phénomène de fau-chage ne sera pas spécifiquement prisen compte dans ces recommanda-tions.

FluagesLe fluage est une déformation lente etpermanente sur de longues durées,affectant les matériaux meubles et laroche. Ce phénomène se manifeste pardes déformations continues sans rup-ture et/ou par un mouvement disconti-nu avec des amorces de glissement surde nombreuses petites surfaces dediscontinuité. Contrairement aux glis-sements proprement dits, il ne formepas de surfaces de cisaillement conti-nues dans le massif. Des phénomènestels que les tassements de versantpeuvent être considérés comme desformes de fluage profond.

SolifluctionLa solifluction ou reptation est un flua-ge des couches de sol superficielles enrelation avec les cycles de gel et dedégel. Lors de mouvements de ver-sants dus au fluage ou au glissement, ilest souvent difficile de conclure defaçon univoque à la présence d’unesurface de glissement continue. Cesprocessus sont souvent étroitementliés à de véritables glissements deterrain; c’est pourquoi ils peuvent êtreassimilés à ces derniers.

Tassements généralisésLes tassements généralisés (Sackun-gen) sont des mouvements gravifiquesdans les roches compactes, couvrantdes zones étendues, avec une compo-

sante principale de mouvement verti-cale se développant le long de surfacesde discontinuité. La transition jusqu’àun mécanisme de glissement est pro-gressive et leurs manifestations sontsemblables, de sorte que ces proces-sus sont également assimilés aux glis-sements de terrain.

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Identification des dangers

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L’identification des dangers

dus aux mouvements de terrain

repose sur une documentation

objective de diverses observa-

tions et mesures impliquant un

danger donné. Il faut s’en tenir

à décrire ces observations en les

interprétant le moins possible!

A cet égard, des indications per-

mettant de juger de la qualité

des observations – qu’elles re-

posent sur des estimations, des

calculs ou des mesures – sont

absolument indispensables.

13Identification des dangers (pdf)

Documents de base

Cartes topographiquesLa carte topographique est le docu-ment de base pour toute analyse destabilité. Elle contient nombre d’infor-mations pertinentes pour l’identifica-tion des dangers sous forme de sym-boles, de signes et d’autres élémentsgraphiques. Ainsi, par exemple, la mor-phologie des zones en glissement estsouvent visible par le bombement descourbes de niveau; des symboles deblocs éboulés au pied d’une falaisepeuvent laisser présager une produc-tion notable d’éboulis.

Cartes géologiquesLa carte géologique donne des rensei-gnements utiles sur la lithologie (typede roche, p.ex.), sur l’agencementstructural (orientation et pendage descouches et des discontinuités) et sur lacouverture quaternaire (moraine, ébou-lis ou glissement de terrain, par exem-ple). Elle donne encore des indicationssur les circulations d’eau souterraineen milieu poreux et fissuré. Sur la basede ces données cartographiques, onpeut reconstituer la structure tridimen-sionnelle des unités géologiques etévaluer le contexte de formation depossibles mouvements de terrain.

Les différents phénomènes d’insta-bilité de pente, comme les glisse-ments, les éboulements ou les tasse-ments généralisés sont représentés engénéral sur une carte géologique au1:25000 par leur périmètre. Il n’est pasfait mention de l’intensité ou de lafréquence de ces divers phénomènes.Ces informations permettent toutefoisde localiser les zones sensibles auxmouvements de terrain, qui devrontfaire l’objet d’études plus poussées.

Autres cartesLes cartes citées ci-dessous n’exis-

tent en Suisse que ponctuellement ou àpetite échelle (p.ex. 1:100’000). Ellescontiennent toutefois des informationsimportantes pour l’évaluation des dan-gers. Ainsi, la carte géomorphologi-que donne des informations détailléesconcernant la couverture quaternaire.La carte hydrogéologique est utilepour comprendre le rôle exercé parl’eau souterraine dans le déclenche-

ment des phénomènes d’instabilité.Dans les massifs montagneux, la circu-lation de l’eau est étroitement liée auxsystèmes de discontinuité de la roche.Les cartes géotechniques et dessols, disponibles à différentes échel-les, font également partie des docu-ments de base qui permettent d’ac-quérir une meilleure connaissance desdonnées locales dans les terrains ins-tables.

Analyse des photos aérienneset mesuresLes photographies aériennes (à l’échel-le 1:20000 ou 1:25000 environ; en noiret blanc, en couleurs ou en faussescouleurs) constituent un outil impor-tant pour l’évaluation des mouvementsde terrain et de leur délimitation spatia-le. Combinées avec la carte topogra-phique (au 1:10000 ou au 1:25000),elles fournissent les bases de l’analysegéomorphologique générale.

Elles permettent généralementd’identifier divers phénomènes carac-téristiques de mouvements de terrainlorsque leur surface dépasse 1 ha. Parailleurs, à partir des photos aériennes,il est possible d’établir les structuresgéologiques principales du massif. Pardes procédés photogrammétriques, onpeut enfin mesurer les mouvements duterrain (vecteurs de déplacement).

Pour déterminer exactement l’am-pleur des déplacements dans les zo-nes instables, on recourt à diversestechniques de mensuration (triangula-tion, polygonale, nivellement, mesurede distances, Global Positioning Sys-tem GPS). Les mouvements en profon-deur et l’ouverture en surface desfissures ou des failles peuvent êtremesurés par des extensomètres, desmicromètres de forage ou des défor-mètres, parfois couplés à un moduled’acquisition de données pour enre-gistrer les résultats en continu.

La détermination de la profondeurdes plans de glissement, des vitessesde mouvement et de leur direction,s’effectue de préférence par inclino-métrie ou micromètre dans un forageéquipé à cet effet.

En surface, il est possible de déter-miner des mouvements différentiels

(p.ex.: ouverture de fissures) avec uneprécision suffisante, même avec desdispositifs de mesure de distance sim-ples. Tous ces systèmes de mesurepeuvent être équipés d’un dispositifd’alarme (éventuellement automati-que).

14

Documentation des événements

Vue d’ensemble sur la documen-tation des événements

ContenuDonnées concernant les causes etles effets dommageables d’événe-ments. Le degré de détail dépend del’importance des événements.

EchelleReprésentation des zones concer-nées à l’échelle 1:2000 à 1:25000.

Mise à jourPermanente; dans le cas d’intempé-ries ou d’autre événement, sans dé-lai. La limite des zones concernéeset étudiées doit être indiquée.

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La documentation des événementscorrespond à une liste d’événementsobservés. Cette documentation com-prend des données descriptives sur lesprocessus déterminants, les domma-ges constatés, la zone affectée, lesfacteurs déclenchants (en particulierles conditions météorologiques), demême que d’autres données concer-nant le déroulement de l’événement.

La description d’un événement peutêtre faite avec plus ou moins de détailsselon son importance et selon lesdommages causés. Dans chaque cas,la documentation des événements don-ne au moins une réponse à la question«Que s’est-il passé, quand, où etavec quelle ampleur?»

La documentation détaillée des évé-nements doit en outre répondre auxquestions: «Comment l’événement encause s’est-il déroulé?» et «Pourquoi ya-t-il eu des dégâts?». Elle joue ungrand rôle lors de phénomènes ayantdes effets considérables et devrait êtrebien étayée.

15Identification des dangers (pdf)

Carte des phénomènes

*Elle peut être commandée à l’OCFIM, 3003 Berne(No. de commande: 310.022 f/d)

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Vue d’ensemble de la cartedes phénomènes

CarteRecensement et représentation dessignes et indicateurs de mouve-ments de terrain (p.ex. «témoinsmuets»). Données sur la tendance audéveloppement de processus dan-gereux.

Echelle1:1000 à 1:25000 selon l’objectif.

Mise à jourLors de la révision de la carte dedangers.

La carte des phénomènes et le textequi l’accompagne recensent les signeset indicateurs observés sur le terrain etprocède à leur interprétation objective.Elle représente les phénomènes liés àdes processus dangereux et décrit lessecteurs exposés indépendamment dudegré de danger.

L’analyse de terrain contribue àl’établissement de la carte des phéno-mènes. Elle est un complément impor-tant de la documentation de l’événe-ment et sert à la reconnaissance et àl’estimation des types de danger pos-sibles (configuration, mécanisme dedéclenchement, genre d’effets). Le re-levé de terrain s’appuie d’une part surl’observation et l’interprétation des for-mes du terrain (p.ex. les endroits criti-ques), sur les propriétés structurales etgéomécaniques des surfaces de dis-continuité dans la zone de départ desprocessus d’éboulement, et d’autrepart sur les «témoins muets» (p.ex.blocs éboulés) résultant des événe-ments dangereux antérieurs et actuels.Elle permet aussi de tirer au clair lescauses, les probabilités d’occurrenceet d’autres facteurs importants ousymptômes concomitants relatifs auxévénements qui se sont produits.

Afin de cartographier les dangers demanière crédible, il est essentiel deconnaître à fond l’état passé et actueldu bassin versant et d’évaluer quellepeut être son évolution possible.

Afin d’harmoniser le contenu et lesmodes de représentation des types dedangers les plus divers (eau, avalan-ches, glissements, chutes de pierres,etc.) et les échelles diverses, l’Officefédéral de l’environnement, des forêtset du paysage (OFEFP) et l’Office fédé-ral de l’économie des eaux (OFEE) ontélaboré et publié en commun en 1995une brochure de recommandations*pour l’établissement de ces cartesavec proposition de légende, sous letitre «Légende modulable pour lacartographie des phénomènes». Cesrecommandations ont pour but de faci-liter des comparaisons possibles, depermettre une meilleure reproductibili-té de l’estimation des dangers et defaciliter la pratique de la cartographie.

Dans le cas des phénomènes defalaise (éboulement et écroulement),la simple représentation des dépôtsrécents observés au pied des paroisrocheuses ne suffit pas. L’évaluationdes aléas (dangers potentiels) et desmécanismes de déclenchement possi-bles dans la zone de provenance estalors indispensable. Cette étude com-prend la détermination de l’agence-ment structural des couches et desprincipales discontinuités, du degréd’altération de la falaise, ainsi que duvolume probable des compartimentsinstables et de la taille des blocs. Cescaractéristiques peuvent être synthéti-sées dans une «carte des aléas», telleque celle établie dans le Canton duValais (Rouiller et Marro, 1997).

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Extrait d’une carte des phénomènes,publiée dans les recommandations in-titulées «Légende modulable pour lacartographie des phénomènes» (1995).

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17Identification des dangers (pdf)

Evaluation des mesures de protection existantes

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éeMesures techniques

L’efficacité des ouvrages de protection(p.ex. les filets contre les chutes depierres) doit être périodiquement etsoigneusement contrôlée, surtout à lasuite d’événements notables. Il fautévaluer non seulement la résistance etla stabilité générale de chaque partied’ouvrage, mais aussi son état et soninfluence sur la stabilité globale duversant. Ceci concerne aussi les instal-lations de drainage dans les glisse-ments de terrain.

Mesures biologiquesL’effet d’une forêt protectrice dépendde son état et de son développement.La vérification de ces facteurs faitpartie de la planification forestière.Suite à des événements dévastateursen forêt (tempête, incendie, attaqued’insectes), il faut à nouveau les véri-fier.

EntretienL’entretien, les réparations, les trans-formations et les rénovations doiventêtre planifiés et réalisés à temps, entenant compte des problèmes posés.

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Evaluation des dangers

En se basant sur divers docu-

ments d’appréciation, l’intensité

et la probabilité d’occurrence

d’une instabilité de terrain poten-

tielle doivent ensuite être définies

sur des cartes de dangers. Cet

instrument visualise les dangers

d’instabilité de terrain et les me-

naces qui en découlent tant pour

l’homme que pour les biens. Il

faut bien se rendre compte qu’une

carte de dangers est la représen-

tation d’un danger existant selon

le jugement d’un spécialiste et ne

peut, en tant que telle, avoir force

de loi. La mise en oeuvre des

aspects contraignants en matière

de législation, d’aménagement

ou de procédure d’autorisation

reste du ressort des autorités can-

tonales et communales.

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Carte de dangers

Evaluation des dangers (pdf)

Ces cartes indiquent les dangers exis-tants au moment de l’expertise (typede dangers et importance du danger).Les cartes de dangers divisent le terri-toire en question en zones selon troisdegrés de danger, représentés par descouleurs appropriées: rouge, bleu, jau-ne. Les limites entre ces différenteszones sont tirées de la carte desphénomènes, de la documentation desévénements et le cas échéant d’autresdocuments de base (voir chapitre Iden-tification des dangers).

Des modèles de calcul (analyses destrajectoires de blocs ou calcul du fac-teur de sécurité pour les glissements)peuvent être appliqués, de cas en cas,que ce soit pour déterminer l’extensionpossible des secteurs menacés pardes chutes de pierre ou pour disposerde données quantitatives sur l’état destabilité d’un secteur potentiellementinstable.

L’évaluation de l’aléa ou du dangerpotentiel est faite en tenant compte del’état actuel. Les ouvrages de protec-tion existants ne doivent cependantêtre considérés que lorsque leur fonc-tionnalité et leur entretien à long ter-me sont garantis. Les mesures deprotection planifiées, que ce soient denouvelles constructions ou la remiseen état d’installations existantes an-ciennes, ne doivent être prises encompte sur la carte de dangers quelorsque leur exécution est terminée.

Buts et significationLa carte de dangers est une carted’aptitude qui montre quels secteurssont peu ou pas appropriés pour cer-taines utilisations en raison des dan-gers naturels existants. Elle constituedonc le document de référence pour:• la transposition de ces informationsdans l’aménagement du territoire(élaboration des conceptions et desplans sectoriels de la Confédération etdes cantons, des plans directeurs can-tonaux ou des plans d’affectation, ycompris la délimitation des zones dedanger, publication de prescriptionsconcernant les constructions, autori-sation de constructions);• la planification des mesures pour laprotection des objets et des mesures

de réduction des dommages par lespropriétaires. Par la comparaison de lacarte des zones de dangers avec l’uti-lisation du sol, des conflits apparaî-tront. Etant donné que l’utilisation dusol existante ne peut en principe pas oupratiquement pas être modifiée, desmesures de construction sont la plu-part du temps nécessaires pour obtenirle degré de protection souhaité. Lescartes de dangers constituent égale-ment une base pour la planification desmesures de protection, la mise enplace d’un service d’alarme et l’organi-sation d’un plan d’urgence.

Vérification: Périodiquement dans le cadre de la révision du plan.

Mise à jour: Dans le cas d’un changement important des conditions de danger(p.ex. suite à des mesures de protection ou à des modifications des conditionsnaturelles).

Carte indicative des dangers

ButDocument de base du plan directeurpour une première identification gros-sière des zones de conflits d’intérêts,au cas où il n’y aurait pas encore decartes de dangers.

ContenuVue d’ensemble grossière des zonesen danger; données concernant lestypes de dangers, en principe sanstenir compte des degrés de danger(pas d’indications sur l’intensité et laprobabilité); différenciation dans lesgrandes lignes.

Niveau de détailrestreint.

Echellesde 1:10000 à 1:50000

Territoires concernésRégions ou tout un canton.

Carte de dangers

ButDocument de base du plan directeur etd’affectation du sol, de même que pourles projets de mesures de protection.

ContenuDonnées exactes sur les types de dan-gers, l’extension spatiale et les dan-gers possibles selon trois degrés; do-cumentation détaillée.

Niveau de détailpoussé (la délimitation à l’échelle de laparcelle doit être possible).

Echellesde 1:2000 à 1:10000

Territoires concernésLa priorité est donnée aux secteursurbanisés, équipés ou faisant l’objet deprojets d’équipement, de même qu’auxvoies de communication.

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Exemples de cartes de dangers

Glissement de terrain

Carte combinée• Eboulements• Glissements• Coulées de terre

Légende: voir texte page 22

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21Evaluation des dangers (pdf)

Etablissement de la carte

La carte de dangers se compose dedeux parties: d’une carte (il convientd’utiliser comme document de basecartographique des cartes ou des plansau 1:10000 ou à une échelle plusgrande), et d’un texte (un rapporttechnique avec justification et descrip-tion des zones de dangers).

Sur la carte de dangers, le périmètred’étude doit être délimité. On assureainsi une distinction claire entre lessecteurs qui ne sont pas menacés etceux qui n’ont pas fait l’objet d’investi-gation.

L’établissement des cartes de dan-gers doit résulter exclusivement decritères scientifiques (voir chapitreIdentification des dangers). L’expertest fondamentalement libre de choisirses méthodes, pour autant que celles-ci correspondent à l’état des connais-sances scientifiques du moment.

Le niveau de détail des cartes dedangers dépend d’une part et surtoutdes dommages potentiels prévisibles,d’autre part des dangers potentiels.Lors de l’établissement des cartes dedangers, il faut, dans la mesure dupossible, concevoir des entités spatia-les bien délimitées. Enfin, il faut pério-diquement mettre à jour les cartes dedangers pour tenir compte des modifi-cations pouvant intervenir sur le site.

Carte indicative des dangersLa carte indicative des dangers donneune vue d’ensemble sur les dangerspotentiels et une représentation desdangers existants. Contrairement à lacarte de dangers proprement dite, ellene présente en règle générale pas dedifférenciation en degrés de danger.

La carte indicative des dangers estsurtout adaptée au niveau du plandirecteur (échelle 1:25000 ou 1:50000).Par cette carte indicative, les zones deconflits sont mises en évidence avantl’établissement de cartes de dangersdétaillées, et ceci avec des moyensrestreints; elle couvre une plus grandeétendue, par exemple un canton entier.

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Degrés de danger

Glissement de terrain

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Diagramme intensité-probabilité (diagramme des degrés de danger)

Chute de pierresChute de blocsCoulée de terre

EboulementEcroulement

Probabilité

élevée moyenne faible

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moyenne

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Un diagramme harmonisé des degrésde danger a été développé sur la basedes «Directives pour la prise en consi-dération du danger d’avalanches lorsde l’exercice d’activités touchant l’or-ganisation du territoire» (Office fédéraldes forêts et al., 1984), afin de garantirune évaluation homogène et équiva-lente des différents types de dangersnaturels (crues, avalanches, glisse-ments, etc.).

Deux paramètres sont déterminantspour graduer l’importance de la mena-ce: l’intensité et la probabilité (fré-quence ou période de retour). Cesparamètres sont traduits en degrés dedanger dans une matrice (voir diagram-me ci-dessous). On différencie troisdegrés de danger, représentés par lescouleurs rouge, bleue et jaune.

Dans le cas particulier des événe-ments liés aux falaises (éboulements etécroulements), on peut procéder à uneévaluation des dangers découlantd’événements très rares (mise en évi-dence respectivement des dangersrésiduels et des risques résiduels).Les surfaces qui pourraient être con-cernées sont représentées par deshachures jaune-blanc.

Les degrés de danger sont choisis detelle manière qu’ils impliquent un typeprécis respectivement de comporte-ment et de prescriptions en matièred’utilisation du sol. Ils indiquent ledegré de mise en danger pour l’hom-me, les animaux et les biens de valeurnotable. On considère que la sécuritéde l’homme est généralement plusgrande dans les bâtiments qu’à l’exté-rieur face à des dangers de mouve-ments de terrain.

L’effet dommageable sera décrit pourchaque type et chaque degré de dan-ger. Les degrés de danger seront enprincipe délimités avec précision pourchaque type de danger. Celui-ci estdésigné sur la carte de dangers par unindex:• SS Chute de pierres et de blocs

(Stein-, Blockschlag)• SF Eboulement (Felssturz)• SB Ecroulement (Bergsturz)• RO Glissement superficiel

(Rutschung oberflächlich)• RM Glissement de profondeur

moyenne (Rutschung mitteltief)• RT Glissement profond

(Rutschung tief)• HM Coulée de terre (Hangmure)• D Zone de dolines (Doline)

Dans le cas où une surface estmenacée par plusieurs types de dan-gers – p.ex. dans le cas de phénomè-nes d’éboulements fréquents dans unezone en glissement –, cette situationdoit être prise en compte de façonappropriée sur la carte de dangers.C’est, parmi les dangers identifiés, ledegré de danger le plus élevé qui estconsidéré comme déterminant. En gé-néral, la superposition de plusieurstypes de dangers ne justifie pas depasser à une classe de danger supé-rieure, puisque des mesures de réduc-tion des dommages peuvent être pri-ses contre chaque danger considéréisolément. Dans les régions menacéespar plusieurs phénomènes dangereux,il est utile, dans bien des cas, lors de lamise en oeuvre des mesures d’aména-gement du territoire, de fixer les condi-tions d’utilisation et, au besoin, lesinterdictions de manière différenciée.

Dans les diagrammes proposés, la«probabilité» et «l’intensité» ne sontpas introduites comme des grandeursnumériques, mais comme des classesde valeurs. Le principe de base est dereprésenter tous les types de dangersnaturels, selon un diagramme intensi-té/probabilité, unique et de validitégénérale. Toutefois, dans le cas desmouvements de terrain, la multiplicitédes processus exige l’utilisation detrois diagrammes différents.

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rouge: danger élevé

bleu: danger moyen

jaune: danger faible

hachuré jaune-blanc: danger résiduel*

blanc: aucun danger connu, ou danger négligeable,selon l’état des connaissances actuelles

Evaluation des dangers (pdf)

Des dangers avec une très faible probabilité d’occurrence et une forte intensité peuvent êtresignalés par un hachuré jaune-blanc. La zone hachurée en jaune-blanc est une zone de sensibi-lisation, mettant en évidence un danger résiduel.

* La délimitation des zones de sensibilisation est à mener de façon restrictive. Elle doit se faire en tenant compte dutype de phénomène et du potentiel de dommages.

• Les personnes sont en danger aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments.• Il faut s’attendre à la destruction rapide de bâtiments.

ou:• Les événements se manifestent avec une intensité plutôt faible, mais avec une probabilité d’occurrence

élevée. Dans ce cas, les personnes sont surtout menacées à l’extérieur des bâtiments ou les bâtiments devien-nent inhabitables.

La zone désignée en rouge correspond essentiellement à une zone d’interdiction.

• Les personnes sont en danger à l’extérieur des bâtiments, mais peu ou pas à l’intérieur.• Il faut en principe compter dans cette zone sur des dégâts aux bâtiments, mais non sur leur destruction

rapide, pour autant que le mode de construction ait été adapté aux conditions en présence.

La zone bleue est essentiellement une zone de réglementation, où de sévères dommages peuvent être réduitspar des mesures de précaution appropriées.

• Le danger pour les personnes est faible ou inexistant.• Il faut s’attendre à de faibles dégâts aux bâtiments.

La zone jaune est essentiellement une zone de sensibilisation.

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Intensité et probabilité

Probabilité Période de retour

qualificatif exemple sur une période de retourpériode d’utilisation comme indication de lade 50 ans: probabilité en années:

élevée 100 à 82% 1 à 30

moyenne 82 à 40% 30 à 100

faible 40 à 15% 100 à 300

Les deux paramètres utilisés dans lediagramme des degrés de danger (in-tensité et probabilité) doivent être dé-terminés et classés pour chaque typede danger, selon une intensité faible,moyenne ou forte, et une probabilitéfaible, moyenne ou élevée.

IntensitéLa description de l’ampleur d’un phé-nomène dommageable possible se faiten identifiant les valeurs seuils pour lesdegrés de danger, en fonction deseffets dommageables possibles sur letype d’affectation du sol le plus impor-tant, soit la zone d’habitation. Lesdommages probables pour les autresformes d’occupation du sol doiventêtre déduits de manière analogue. L’in-tensité est divisée en trois degrés:• Intensité forte: les hommes et lesanimaux sont en danger à l’intérieurdes bâtiments; il faut s’attendre à desdégâts considérables aux bâtimentsallant jusqu’à leur destruction.• Intensité moyenne: les hommes etles animaux sont en danger à l’exté-rieur des bâtiments, mais le sont peu àl’intérieur; il faut s’attendre à des dé-gâts aux bâtiments.• Intensité faible: les hommes et lesanimaux sont peu menacés même àl’extérieur des bâtiments (sauf dans lecas de chute de blocs qui peuventblesser et même tuer des hommes etdes animaux); il faut s’attendre à desdégâts matériels aux bâtiments et àl’intérieur de ceux-ci.

ProbabilitéAu lieu d’utiliser une échelle graduelle,par exemple celle de la période deretour, on a choisi de définir la probabi-lité au moyen de différentes classes.Les limites de classes établies à 30 et300 ans correspondent aux conditionsfixées dans les directives concernantles avalanches (Office fédéral des fo-rêts et al., 1984). La limite de 100 ansprovient d’une valeur de dimensionne-ment des ouvrages de protection utili-sée pour les crues.

Le calcul de la probabilité d’occur-rence des mouvements de terrain, pourautant qu’elle soit calculable, reste trèsincertain. La probabilité d’occurrence

d’un événement n’est jamais une don-née à déterminer de façon univoque,mais elle englobe toujours un domainequi peut correspondre aux limites desclasses choisies.

Les concepts de fréquence, de pé-riode de retour et de probabilité d’oc-currence sont pris comme équivalents,encore que les concepts de fréquenceet de période de retour ne valent quepour des phénomènes répétitifs. Con-trairement aux crues ou aux avalan-ches périodiques, les mouvements deterrain ne sont la plupart du temps pasdes processus répétitifs. La formula-tion d’une période de retour a peu desens, excepté pour les événementsimpliquant des chutes de pierres, deblocs et des coulées de terre, quipeuvent être corrélés au sens largeavec des conditions météorologiquesparticulières répétitives. Il faut surtoutévaluer la probabilité d’occurrence d’unévénement pour une durée d’occupa-tion du sol donnée.

Ceci permet d’approcher le vrai pro-blème, car l’investisseur ne se pose enpriorité pas de questions sur la périodi-cité des dangers, mais sur la probabili-té que se produisent des dommagesdurant une certaine période d’occupa-

tion du sol, ou sur le degré de sécuritédont jouit un endroit donné face auxdangers naturels. La probabilité d’oc-currence et la période de retour peu-vent être mathématiquement liées, pourautant qu’elles se rapportent à unemê-mepériode de référence. Soit l’équa-tion:

où n est la période de référence donnée(par ex. 30 ou 50 ans), T est la périodede retour et p est la probabilité d’occur-rence d’un événement d’importanceégale ou plus grande que celui de lapériode de retour T dans une périodede référence donnée.

Si l’on considère une période deréférence de 30 ans (soit une généra-tion), la probabilité qu’un événementde période de retour de 30 ans seproduise est de 64% (ou environ 2/3),de 26% (environ 1/4) pour une périodede retour de 100 ans et 10% pour unepériode de retour de 300 ans.

Le calcul de la probabilité d’occur-rence pour une période déterminéemontre clairement que même pour unepériode de retour relativement longue(300 ans), le danger résiduel n’est pasnégligeable: un événement avec unepériode de retour de 300 ans a uneprobabilité d’occurrence de 15% desurvenir dans une période de 50 ans.Cela correspond, en fait, à la probabi-lité de faire un 6 en jetant une seule foisun dé!

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25Evaluation des dangers (pdf)

Danger résiduel

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Par principe, l’échelle de probabilitén’est pas limitée dans le domaine desévénements très rares, tout commel’échelle d’intensité ne l’est pas pourles phénomènes d’ampleur considéra-ble. Les types de dangers qui ont unetrès faible probabilité d’occurrencesont classés comme danger résiduelpour les utilisations usuelles.

Pour les dangers de mouvements deterrain, la limite entre les probabilitésdont on doit tenir compte pour laplanification des utilisations courantesdu territoire et les risques que l’on peutimputer à un danger résiduel (risquerésiduel) a été fixée à un événement de300 ans de période de retour.

Les difficultés de l’estimation numé-rique ne dispensent pas de la nécessitéde savoir définir de façon approchée, sila probabilité est élevée, moyenneou faible. Mais il ne peut s’agir alorsque d’ordres de grandeur. Comme lesprobabilités devraient être évaluéesplus ou moins identiquement pour lesdifférents types de dangers, on utilise-ra les mêmes limites de classes pourles mouvements de terrain que pourd’autres dangers naturels.

Dans le domaine du danger résiduel,les dangers identifiables, mais trèsrares et de ce fait difficilement quanti-fiables, peuvent être représentés parun figuré hachuré jaune-blanc. La re-présentation de ces dangers est parti-culièrement recommandée lorsque defortes intensités sont possibles, queles dangers potentiels sont grands ouencore quand il est possible que laprobabilité d’occurrence augmenteconsidérablement par rapport à celleprévalant aujourd’hui. Ceci est en par-ticulier le cas pour les secteurs poten-tiellement menacés par des éboule-ments ou des écroulements, sans qu’iln’apparaisse de signe évident d’activi-té dans la zone de départ laissantprésager un événement imminent. Lalimite d’utilisation entre le jaune-blancet le blanc (aucun danger connu oudanger négligeable) n’est pas quanti-tativement définie.

26

Phénomène Intensité Intensité Intensitéfaible moyenne forte

Chute de pierres/Chute de blocs E < 30kJ 30 < E < 300kJ E < 300kJ

Eboulement/Ecroulement - - E > 300kJ

Glissement de terrain v: ≤ 2cm/an v: dm/an Forts mouvements(> 2cm/an) différentiels;

v > 0.1m/j pourles glissementssuperficiels; dé-placement > 1mpar événement

Coulée de terre:potentielle e < 0.5m 0.5m < e < 2m e > 2mréelle - h < 1m h > 1m

Tassement - présence -de dolines

Critères d’évaluation de l’intensité

E: énergie cinétiquee: épaisseur de la couche mobilisableh: épaisseur du dépôt de la coulée de terrev: vitesse de glissement moyenne à long terme

Il n’y a pas de mesure valable engénéral pour évaluer l’intensité desphénomènes d’instabilité. Selon lesmécanismes des divers processus, onpeut toutefois fixer des valeurs indica-tives pour définir les limites des classesd’intensité forte, moyenne et faible.Les critères appliqués à cet effet seréfèrent en général à la zone où sedéveloppe le processus ou à la zonemenacée. Dans le cas des dangerspurement potentiels, il ne faut fonderl’évaluation de l’intensité prévisible desdangers que sur les caractéristiquesde la zone de départ.

Chutes de pierres et de blocsLe critère significatif est l’énergie d’im-pact dans la zone exposée (énergie detranslation et de rotation). Les valeurslimites suivantes sont préconisées (E =énergie cinétique):• Intensité forte: E > 300kJ• Intensité moyenne: 30 < E < 300kJ• Intensité faible: E < 30kJLa limite de 300kJ correspond ap-proximativement à l’énergie d’impactqui peut être supportée par un mur enbéton armé, pour autant que l’immeu-ble entier soit correctement dimen-sionné (une note de calcul justificativeest indispensable). La limite de 30kJcorrespond à l’énergie maximale ab-sorbée par des barrières rigides en boisde chêne (traverses de chemin-de-fer).

Eboulements et écroulementsUne classe d’intensité forte (E > 300kJ)est toujours atteinte dans la zone d’im-pact. La détermination des zones ci-bles des trajectoires de blocs soumi-ses théoriquement à des intensitésfaible et moyenne présente de grandesincertitudes. Il est donc recommandéde renoncer à délimiter d’une façonartificielle ces diverses zones affectéespar une moindre intensité.

Glissements de terrainLa plupart des glissements montrentdes mouvements continus, combinésquelquefois avec des phases rapidesde réactivation. On admet une intensitéfaible lorsque les mouvements moyensannuels à long terme sont inférieurs à2cm/an et une intensité moyenne s’ils

atteignent une valeur de un à quelquesdm/an. On se réserve la possibilité deconsidérer une intensité forte dans leszones de cisaillement ou de mouve-ment différentiel marqué. Une intensitéforte peut également être attribuée sides phénomènes de forte réactivationont été observés ou peuvent survenirdans des secteurs localisés avec desdéplacements horizontaux supérieursà un mètre par événement. De plus, uneintensité forte peut qualifier des glisse-ments de faible épaisseur avec desvitesses rapides (v > 0.1m/jour). Pourles glissements de terrain, ces critèresd’intensité seront directement traduitsen classe de danger.

Coulées de terreDans les zones exposées à des phéno-mènes de coulées de terre, étant don-né leur pente, l’état du sol et lesconditions climatiques, l’intensité dé-pendra de l’épaisseur de la couchemobilisable qui peut être entraînéeparce processus. En général, il existe unerelation directe entre l’épaisseur de lacouche de terrain et le volume répandu

par la coulée (de 100m3 à plusieursmilliers de m3). Une faible intensité estproposée pour des couches mobilisa-bles d’une épaisseur inférieure à 0,5m.La limite entre intensité moyenne etforte peut être fixée pour une épaisseurde l’ordre de 2m.

Tassements, effondrementPour les phénomènes de tassementetd’effondrement liés à des dissolutionssouterraines et à la karstification desroches, le critère d’amplitude dépendnotamment de l’épaisseur de la cou-che de sol (moraine par exemple) re-couvrant la formation. La présence denombreuses dolines est un excellentindice pour déterminer une intensitémoyenne de ces phénomènes de tas-sement. Il est recommandé de ne pasdifférencier d’autres classes d’intensi-té pour ces phénomènes.

27

Critères d’évaluation de la probabilité

Evaluation des dangers (pdf)

Chutes de blocs et de pierresSi durant les trente dernières années(p.ex. selon les témoins muets et lesarchives), des chutes de blocs et depierres se sont clairement manifestéesde manière significative, il faut alorscompter sur une probabilité d’occur-rence élevée (p > 2/3). S’il n’y a que destraces très incertaines ou si des événe-ments semblables remontent à trèslongtemps, il faut compter avec uneprobabilité moyenne (1/4 < p < 2/3). Lalimite avec une probabilité plus faible(1/10 < p < 1/4) doit découler del’interprétation du spécialiste en ce quiconcerne la stabilité actuelle et lasécurité du versant.

Eboulements et écroulementsLes éboulements et les écroulementssont presque toujours des événementsuniques, pour lesquels il n’est paspossible de parler de probabilité d’oc-currence au sens strict. Il faut doncrenoncer à différencier entre probabili-té élevée, moyenne et faible. Il faut parcontre évaluer si une probabilité d’oc-currence p > 1/10 (en 30 ans) peut êtreconsidérée – et donc les classer enzone rouge de danger – ou s’il se justifiede compter sur un danger résiduel(risque résiduel).

Les secteurs où l’on constate desmouvements actifs, des fissures oudes chutes de pierres isolées prove-nant de la partie dangereuse, sont àclasser en zone rouge de danger. Encas de doutes, un classement en zonede danger résiduel (risque résiduel),donc dans une zone hachurée jaune-blanc, est justifié. Celle-ci n’a aucuneincidence immédiate pour les proprié-taires, mais les autorités sont tenuesde mettre en oeuvre des observationspériodiques et une surveillance.

GlissementsLa majorité des glissements sont desprocessus continus. C’est pourquoi iln’existe pas au sens strict de probabi-lité d’occurrence. Les phases de glis-sement actives sont souvent liées auxintempéries et sont par conséquentsoumises à la probabilité d’occurrencede conditions météorologiques parti-culières (p.ex. précipitations ininter-

rompues combinées à la fonte de laneige). Les mouvements différentielsaccélérés sont surtout dangereux. Laprobabilité d’accélération d’un glisse-ment permanent est d’autant plus gran-de que la vitesse moyenne des mouve-ments à moyen terme est élevée. De cepoint de vue, les vitesses de mouve-ments observées à long terme consti-tuent en même temps un moyen d’es-timation de la probabilité d’une accélé-ration différentielle soudaine.

Cela vaut aussi pour la formationspontanée de processus superficielsde coulées (coulées de terre), par exem-ple lors de précipitations extrêmes. Laformation spontanée ou la réactivationde glissements déjà existants peuventaussi être provoquées par des proces-sus liés aux torrents. La probabilitéd’occurrence repose alors sur celle dudéclenchement de ces processus.

Tassements, effondrementLes tassements liés à la dissolutiond’un sous-sol soluble, constituent pourla plupart des phénomènes continus.Selon la nature du sous-sol et l’épais-seur de la couverture, on peut avoir desphases actives sous forme d’effondre-ments au-dessus de cavités souterrai-nes. Bien qu’il s’agisse d’événementsspontanés pour lesquels existe en théo-rie une probabilité d’occurrence, on lesconsidère comme des événementspermanents, d’autant plus que l’éva-luation de la probabilité d’occurrencedans ces cas est des plus spéculatives.

28

Danger et effet dommageable possible Méthodes de calcul

Les méthodes d’analyse qui modéli-sent soit l’équilibre des masses insta-bles, soit leurs mouvements, corres-pondent à des hypothèses et nécessi-tent des données paramétriques-précises. Chaque modélisation ne livredonc des résultats significatifs quelorsque les données de base sontplausibles et que les hypothèses for-mulées sont réalistes (voir annexe).

Il faut prendre garde au fait que desgénéralisations trop grossières et sim-plificatrices peuvent bien conduire àdes résultats concrets, mais qui nesont pas nécessairement significatifs.

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Le danger pour les vies humaines et lesanimaux est particulièrement élevélorsqu’il y a effet de surprise. Le tempsnécessaire pour donner l’alerte (tempsd’alerte) est donc une indication pourl’évaluation de la mise en danger:• Les processus de chutes de pier-res et de blocs surviennent la plupartdu temps de façon soudaine. Le tempsd’alerte est donc court à très court etne laisse pratiquement pas de tempspour une évacuation. Les éboulementset les écroulements s’annoncent sou-vent quelques jours ou semaines àl’avance par un accroissement d’acti-vité des chutes de blocs ou de pierres.Lorsque l’on porte à de tels signesl’attention nécessaire, il est possiblede mettre en oeuvre les mesures d’ur-gence correspondantes (surveillance,système d’alarme, préparation demoyens techniques) et d’ordonner uneévacuation à un moment donné (p.ex.éboulement de Randa, Valais, 1991).En cas de danger aigu d’éboulementou d’écroulement, il faut empêcher leretour des personnes dans le secteurclassé en zone de danger, car un telévénement se déroule si vite qu’il nelaisse aucune possibilité de fuite (p.ex.écroulement de Val Pola, Valtelline,1987, 28 morts).• En cas de glissements de terrain, letemps d’alerte est en général relative-ment long, de sorte que des mesuresd’urgence et une évacuation peuventêtre mises en oeuvre à temps. Lespersonnes ne sont donc pratiquementpas mises en danger si elles adoptentun comportement adéquat. En cas deglissements de terrain résultant d’uneérosion des berges liée à des crues, ilest en général possible de repérer ledanger quelque temps à l’avance (frac-tion d’heure). Si l’alerte est donnée àtemps et que les personnes ont uncomportement adéquat, elles ne sontde ce fait presque pas mises en danger.Mais le déclenchement du glissementpeut survenir de façon soudaine.• En cas de coulées de terre, lesalertes sont extrêmement difficiles àformuler. Dans des conditions de sitespécifiques (topographie, structure dusol, végétation), les précipitations ex-trêmes constituent le facteur déclen-

chant. Comme celles-ci peuvent êtreaussi perçues à temps dans les sec-teurs où des coulées de terre sontprobables, il ne se produit générale-ment pas de véritable effet de surprise.Le danger peut donc être pressenti et ilest possible de prendre des mesuresde précaution.

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Effets dommageables possibles

Evaluation des dangers (pdf)

Coulées de terre

Intensité forteL’impact de grandes masses de gra-viers, de boue et de bois, mêlés à del’eau, sur les structures porteuses desbâtiments, peut conduire à de gravesdommages structurels ou à une des-truction soudaine. Les hommes et lesanimaux sont fortement menacés sui-te aux dangersd’irruptionde la cou-léeetd’inondation. Les réparations im-pliquent souvent de grands frais. Lesmodifications substantielles du terrainavec de grandes zones d’érosion, desdépôts de graviers et des inondationsconduisent à l’interruption, l’endom-magement ou la destruction des infras-tructures (p.ex. routes, conduites).

Intensité moyenneMalgré leur faible épaisseur, les cou-lées de terre sont dangereuses à cau-se des blocs et graviers transportés.L’impact des pierres et des blocs et l’ir-ruption de l’eau peuvent causer desdommages à l’enveloppe du bâtimentet à l’intérieur, sans toutefois mettre encause la stabilité du bâtiment. Leshommes et les animaux sont mis endanger à l’extérieur. La qualité de l’ha-bitat peut être sérieusement affectée.Des réparations sont en général réali-sables à des coûts raisonnables. Ledépôt de graviers, de boue et de boispeut endommager et interrompre lesinfrastructures superficielles (p.ex.routes). Les écoulements, les condui-tes et les drainages peuvent être bou-chés.

Intensité faibleNe s’applique pratiquement, dans lepérimètre d’écoulement des couléesde terre, que dans le cas de masses dematériaux d’épaisseur réduite ou dontle mouvement a été freiné, ou encoredans le cas d’une irruption d’eau. Dom-mages modestes à l’enveloppe du bâ-timent ou à l’intérieur. La stabilité dubâtiment n’est affectée en aucunemanière. Les personnes et les animauxsont peu menacées à l’extérieur.

Processus d’éboulement

Intensité forteL’impact de pierres et de blocs conduità de graves dommages. De grosses fis-sures dans les murs porteurs de l’im-meuble et des trous dans les parois oule toit peuvent conduire à une destruc-tion partielle ou totale. Les hommes etles animaux sont fortement menacés,même à l’intérieur des bâtiments. Encas d’écroulement de la maison, il y adanger de mort. Des réparations nepeuvent être réalisées qu’à grandsfrais. Souvent les dommages structu-rels sont si graves qu’une évacuationet la destruction du bâtiment sont iné-vitables. L’accumulation des matériauxéboulés peut former un barrage de re-tenue d’un cours d’eau (risque de rup-ture de ce barrage). Les infrastructu-res superficielles peuvent êtrefortement endommagées et coupées(p.ex. routes, lignes de transmission).

Intensité moyenneL’impact des pierres cause des dom-mages plus ou moins grands aux pa-rois selon les caractéristiques de laconstruction, mais ne met pas en cau-se la stabilité du bâtiment (à conditionque l’immeuble ait été adéquatementconçu et testé en conséquence). Lesportes sont fortement endommagéesou détruites. Les hommes et les ani-maux sont mis en danger dans les bâ-timents. Les dommages affectent laqualité de l’habitat. En général, desréparations sont réalisables avec desmoyens raisonnables. L’accumulationdes matériaux éboulés peut former unbarrage de retenue sur de petits ruis-seaux. Les routes et les conduites su-perficielles peuvent être endomma-gées et momentanément coupées.

Intensité faibleEn cas de chutes de blocs, les paroispeuvent être perforées. Les hommeset les animaux ne sont en général pra-tiquement pas mis en danger dans lesbâtiments (une note de calcul justifica-tive est nécessaire).

Glissements de terrain

Intensité forteLes modifications importantes affec-tant le terrain conduisent à des mouve-ments différentiels notables du sous-sol et portent un sérieux préjudice à lastabilité des bâtiments. Suite aux fis-sures qui se développent dans les élé-ments de structure du bâtiment, auxtassements qu’ils subissent et à leurbasculement, une destruction partielleou totale des bâtiments est possible.Les portes et les fenêtres ne peuventplus être utilisées. Les hommes et lesanimaux sont mis en danger dans lesbâtiments. En cas d’écroulement, il y adanger de mort. Des réparations nepeuvent être réalisées qu’à grandsfrais. La plupart du temps, toutefois, lesdommages structurels sont si gravesqu’une évacuation et la destruction dubâtiment sont inévitables. Les infras-tructures sont fortement affectées(p.ex. routes coupées). Il se produit desruptures de conduites. Un barrage decours d’eau est possible.

Intensité moyenneLes mouvements de terrain causent desfissures dans les murs, mais cependantpas aux éléments de la structure quigarantissent la stabilité du bâtiment.L’étanchéité des joints et les liaisonsentre les différentes parties du bâtimentsont endommagées. Les portes et lesfenêtres coincent. Les hommes et lesanimaux ne sont pas immédiatementmis en danger dans les bâtiments. Lesdommages concernent cependant laqualité de l’habitat. En général, des ré-parations sont réalisables avec desmoyens raisonnables. Les infrastructu-res subissent des dommages (p.ex.déformations des routes et des condui-tes superficielles et souterraines). Lesdrainages peuvent se boucher.

Intensité faibleDe petits mouvements de terrain con-duisent à des dommages légers (peti-tes fissures, dégâts aux crépis). La sta-bilité du bâtiment n’est en aucunemanière affectée. Les bâtiments rigidesde grande taille ne sont en général pastouchés. Les hommes et les animauxne sont pas mis en danger. Les routespeuvent présenter des dommages insi-gnifiants.

30

Planification des mesures

La phase d’évaluation des dan-

gers visait à établir ce qui pourrait

se passer. L’objectif de la planifi-

cation des mesures est de déter-

miner quel événement est

acceptable ou comment s’en pro-

téger. La détermination des objec-

tifs de protection permet de

définir la sécurité souhaitée pour

les différentes catégories d’objets.

Si le degré de protection existant

est suffisant, on doit s’assurer,

par un entretien et par des pres-

criptions d’utilisation appropriées,

que respectivement le danger et

le dommage potentiel, ne grandis-

sent pas d’une manière incontrô-

lée, rendant indispensable des

mesures de protection. Mais en

raison du développement rapide

des zones construites, des insuffi-

sances en matière de protection

existent en de nombreux endroits,

auxquelles des mesures d’entre-

tien et d’aménagement ne

suffisent plus à remédier; il sera

nécessaire de mettre en oeuvre

des mesures constructives de

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Mesures d’aménagement du territoire

Planification des mesures (pdf)

Vue d’ensemble sur la prise en compte des dangers naturels

La carte de dangers sert de documentde base spécialisé pour la prise encompte des dangers naturels dans lecadre de nombreuses tâches et activi-tés de l’aménagement du territoire. Ilfaut particulièrement tenir compte desdangers naturels dans les cas suivants:• lors de l’élaboration et de l’approba-tion des plans directeurs et des plansd’affectation, des conceptions et desplans sectoriels de la Confédération,de même que lors de l’établissementdes études de base requises;• lors de la planification, de la cons-truction, de la transformation et del’utilisation de bâtiments et d’installa-tions;• lors de l’octroi de concessions etd’autorisations pour des constructionset des installations, de même que pourd’autres droits touchant à l’utilisationdu sol;• lors de l’octroi de subventions pourdes constructions et des installations(particulièrement pour les voies decommunication et les installations d’en-tretien, ainsi que pour les bâtimentsd’habitation), les travaux d’assainisse-ment des versants, les améliorationsfoncières ou les mesures de protec-tion.

Les dispositions de la loi et les instru-ments de l’aménagement du territoireconstituent un cadre adéquat pour laprise en compte des dangers naturelsdans les activités de l’aménagementdu territoire. Il s’agit en premier lieu,lors de la phase de mise en oeuvre,d’en utiliser les possibilités d’exécu-tion et de profiter intégralement despossibilités de manoeuvre qu’offre cecadre. Au besoin, on procédera à desadaptations et on apportera des com-pléments aux lois cantonales.

Responsable du plan d’affectationla commune

Formeplan de zone et règlement des cons-tructions

Echelle de la carte/degré de concrétisation1:2000 à 1:5000

ObjectifsDétermination des types d’affectation,délimitation des zones à bâtir et deszones non constructibles.

Contenu relatif aux dangersPrise en compte des zones de dangerdésignées sur la carte des dangersselon les différents types et degrés dedanger et selon les conséquences cor-respondantes pour l’affectation.

Degrés de danger3 degrés: danger élevé, moyen et fai-ble; données sur les types de dangerset les conséquences qui en découlentpour l’affectation du sol.

PrécisionPrise en compte assez précise deszones de danger pour pouvoir qualifierchaque parcelle.

Mise à jourLorsque le danger augmente à caused’événements naturels ou diminue defaçon démontrable, suite à des mesu-res de protection; lors de la révisioncomplète du plan de zone (env. tousles 10–15 ans).

Caractère contraignantdu plan d’affectationcontraignant pour les propriétaires

Responsable du plan directeurle canton

Formecarte et texte; documents de base

Echelle de la carte/degré de concrétisationen général 1:50000

ObjectifsCoordination, dans l’optique de l’orga-nisation du territoire, de tous les do-maines traités ici concernant la Confé-dération, le canton et les communes.

Contenu relatif aux dangersMesures visant à assurer la coordina-tion et réglant les démarches ultérieu-res, dans le texte; éventuellement dé-limitation grossière des zones dedanger, sur la carte.

Degrés de dangerGénéralement 1 degré: danger présent,danger non présent; données supplé-mentaires sur les principaux types dedangers prédominants:C = cruesA = avalanchesM= mouvements de terrain

PrécisionPrise en compte globale (texte seule-ment), ou grossière prise en comptedes zones de danger.

Mise à jourCompléments et mise à jour lors dechangements des conditions ou del’apparition de nouvelles tâches;réexamen intégral du plan directeur et,si nécessaire, révision tous les 10 ans.

Caractère contraignantdu plan directeurcontraignant pour les autorités

dans le plan directeur(art. 6 à 12 LAT)

dans le plan d’affectation(art. 14 à 24 LAT)

Plan directeur

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ersSelon l’article 6 de la loi fédérale sur

l’aménagement du territoire (LAT), lescantons doivent désigner, notammentdans les études de base de leur plandirecteur, «les parties du territoire quisont gravement menacées par desforces naturelles ou par des nuisan-ces.»

Le plan directeur cantonal est uninstrument au service de l’organisationdu territoire, de la coordination et de laprévention. Quant à sa forme, le plandirecteur est constitué d’une carte etd’un texte et s’appuie sur des étudesde base. Le plan directeur contient desprincipes d’aménagement visant à as-surer la coordination.

Il décrit en outre la situation initiale,du point de vue de l’aménagement duterritoire. Le plan directeur a forceobligatoire pour les autorités. Il remplitles buts suivants:• il montre la façon de coordonner lesactivités qui ont des effets sur l’organi-sation du territoire, compte tenu dudéveloppement souhaité;• il détermine l’orientation générale dela planification et de la collaboration eten décrit les étapes nécessaires;• il donne aux autorités chargées del’aménagement à tous les échelonsadministratifs des contraintes légalesdans l’exercice de leur pouvoir d’ap-préciation.

Domaine des dangers naturelsDans le domaine des dangers naturels,le plan directeur peut en particulierremplir les objectifs suivants:• détecter à l’avance les conflits po-tentiels entre l’affectation du sol et lesdangers naturels, et désigner les servi-ces spécialisés à consulter;• élaborer une vue d’ensemble sur lesdocuments de base existants ou àétablir concernant les dangers naturels(p.ex. l’établissement des cartes dedangers, la coordination des procédu-res relatives aux différents types dedanger);• formuler les principes à appliquer parle canton pour la protection contre lesdangers naturels;• définir les exigences et les mandats àmettre en oeuvre dans les étapes sui-vantes de planification, particulière-

ment dans le cadre du plan d’affecta-tion communal (p.ex. délimitation dezones de danger).

Carte du plan directeurSur la carte du plan directeur, on nepourra qu’esquisser les zones de dan-ger en tant que données de base. Onpeut envisager d’insérer comme con-tenu du plan directeur certains conflitsd’affectation occasionnés par les dan-gers naturels ou encore les ouvragesde protection en projet.

Texte du plan directeurEn ce qui concerne les dangers natu-rels, c’est le texte qui revêt le poids leplus important. Il doit donner une vued’ensemble sur les études de baseexistantes ou encore à établir (concep-tion des cartes de dangers), indiquerles principes de base pour la protectioncontre les dangers naturels et dresserune liste exhaustive des mesures né-cessaires, ainsi que des services admi-nistratifs compétents. Enfin, il doit char-ger les communes de désigner, dansleur plan d’affectation, les zones dedanger pour lesquelles il est nécessai-re d’instaurer des interdictions de cons-truire et des restrictions d’utilisation.

Plan d’affectation

33Planification des mesures (pdf)

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Au niveau des plans d’affectation, lesdegrés de concrétisation et de con-trainte sont tels qu’ils permettent etassurent une prise en compte adéqua-te des dangers naturels dans l’utilisa-tion du sol.

L’objectif est de délimiter des zonesde danger à caractère contraignant(tout comme pour les zones à bâtir, leszones agricoles et les zones à protégerdans le plan d’affectation), ou d’établirune base juridique conduisant au mêmeeffet. D’après l’article 18 de la loifédérale sur l’aménagement du territoi-re, qui mentionne «d’autres zones d’af-fectation», la législation cantonale peutprévoir d’autres zones que celles àbâtir, agricoles ou à protéger.

Sur cette base juridique, des zonesde dangers peuvent être délimitéesdans le plan d’affectation. Elles ont uncaractère contraignant pour les autori-tés et les particuliers.

Les prescriptions particulières relati-ves aux zones de dangers sont fixéesdans le règlement communal deconstruction. Cette règlementationprécise les conditions et les restric-tions d’utilisation, ces dernières pou-vant aller jusqu’à l’interdiction de cons-truire. Le règlement communal peutégalement prévoir des utilisations dif-férenciées tenant compte de la naturedu danger. Bien qu’il soit théorique-ment prévu d’avoir recours à une peséedes intérêts lors de l’établissement duplan d’aménagement local, il peut pra-tiquement être exclu que tout autreintérêt puisse justifier le renoncementcomplet ou partiel à une zone dedanger ou la modification d’une tellezone.

Signification des degrésde dangerLes degrés de danger sont attribuésavant tout en fonction de leurs consé-quences pour la construction. Ils doi-vent permettre d’éviter les menacesqui pèsent sur les personnes et lesanimaux, et de réduire autant quepossible les dégâts aux biens. Danscertains cas particuliers, des recher-ches plus détaillées peuvent être né-cessaires au moment de la demandedu permis de construire, par exemple

pour déterminer concrètement les con-ditions liées à l’autorisation. Dans lazone agricole, les constructions con-cernées par les différents degrés dedanger sont soumises aux mêmesprescriptions que dans les zones àbâtir. L’aménagement du territoire nese prononce en principe pas sur uneutilisation agricole adéquate du sol(type de culture). Des contrats passésavec les agriculteurs concernés peu-vent s’avérer judicieux.

Plans d’alarme et d’évacuationLes plans d’alarme et d’évacuation(plans d’urgence) doivent être prépa-rés pour toutes les zones de danger. Enparticulier, les chemins d’évacuationmenant dans une zone sans dangerdoivent être clairement définis.

Objets sensiblesLes objets sensibles sont d’une partdes bâtiments et des installations oùrésident un nombre particulièrementélevé de personnes difficiles à éva-cuer. C’est le cas notamment pour leshôpitaux, les homes et les écoles.D’autre part, les objets sensibles com-prennent des bâtiments et des installa-tions pouvant subir de gros domma-ges, même lors d’événements de fai-ble intensité. Ceci est particulièrementvalable pour les centres de stockage etde production ayant une forte concen-tration de produits dangereux, ou pourles décharges. Par ailleurs, font partiedes objets sensibles les bâtiments etles installations pouvant subir d’impor-tants dommages économiques di-rects ou indirects, même lors d’événe-ments de faible intensité. Ceux-ci com-prennent les centraux téléphoniques,les postes de couplage, les centresinformatiques, les installations d’ali-mentation en eau potable, les stationsd’épuration.

Zone rouge:danger élevé

Par principe, aucune constructionni installation, servant à abriter deshommes et des animaux, n’est auto-risée ou ne peut être agrandie. Leszones à bâtir non construites doiventêtre déclassées. Aucun bâtimentdétruit ne peut être reconstruit, saufexception si le site d’implantation estimpératif (et ceci seulement aprèsque les mesures de sécurité néces-saires ont été prises). Les transfor-mations et les changements d’affec-tation ne sont autorisés que lorsquele risque est ainsi diminué (c’est-à-dire lorsque le cercle des personnesen danger n’est pas agrandi et queles mesures de sécurité ont été amé-liorées). Pour les zones d’habitationexistantes présentant un déficit fla-grant de protection, il faut, selon lespossibilités, prévoir des mesures deprotection par des ouvrages.

Zone bleue:danger moyen

Les constructions y sont autoriséessous conditions. Ces conditionsdoivent être fixées en fonction dechaque type de danger dans les rè-glements de construction et de zo-nes. Exceptionnellement, des préci-sions plus détaillées peuvent êtrenécessaires. Il ne faut pas y implan-ter des objets particulièrement sen-sibles, et dans la mesure du possibleaucune nouvelle zone à bâtir ne doity être délimitée.

Zone jaune:danger faible

Les propriétaires de terrain doiventêtre sensibilisés aux dangers exis-tants et aux mesures possibles pourprévenir les dégâts. Il faut prendredes mesures de protection spécia-les pour les objets sensibles.

Zone hachurée jaune-blanc

Elle met en évidence les risques ré-siduels. Un plan d’urgence et desmesures de protection spécialespour les objets sensibles sont né-cessaires. Les installations qui im-pliquent un potentiel élevé de dom-mages sont à éviter.

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Complément au règlement de constructionet au plan de zones

Zones de danger: zones de glissement

Modèle d’article pour le plan d’affectation communalExemple: extrait d’article-type d’un règlement communal de construction RCC(Canton du Valais)

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Ces zones englobent des secteurs qui sont exposés aux dangers liés aux glissements de terrain.Elles figurent sur le plan d’affectation des zones à titre indicatif. Elles sont distinguées commesuit:Zone rouge = danger élevé de glissementZone bleue = danger moyen de glissementZone jaune = danger faible de glissement

Zone de danger rouge (danger élevé de glissement)

Aucune construction n’est autorisée dans le périmètre qui est d’expérience exposé à un dangerélevé ou qui est, de manière prévisible, menacé par un tel danger, si son implantation est denature à mettre en péril les personnes, les animaux et d’autres biens importants. Seule uneexpertise géologique de l’ensemble du périmètre permettra de libérer éventuellement des sec-teurs pour la construction à des conditions qui seront fixées sur la base de l’expertise.

Zone de danger bleue (danger moyen de glissement)

Il s’agit d’un périmètre où le degré des connaissances géologiques démontre qu’un danger réelexiste mais qu’il peut être atténué de façon acceptable par des mesures constructives. D’unefaçon générale dans ce périmètre – à défaut ou en complément de mesures collectives – toutnouveau bâtiment ou transformation de bâtiment tendant à augmenter la capacité habitable doitêtre connecté à un réseau de canalisation d’égoût et d’eaux pluviales. Ce dernier point estvalable aussi pour les accès.

Pour toute construction ou transformation dans ce périmètre, doit être jointe à la demanded’autorisation de construire une expertise établie par un bureau spécialisé (géologues diplô-més). Celle-ci décrira les mesures constructives à prendre en fonction de la qualité du terrainet des scénarios d’événement proposés. Elle comprendra notamment un descriptif des terrains,une évaluation des risques d’instabilité dus aux eaux superficielles et souterraines ainsi que lesmesures de sécurité à prendre (mode de fondation, consolidation du sous-sol, structures par-ticulières pour le bâtiment et les canalisations, etc.). L’expertise fera l’objet d’une approbationformelle de la part de l’administration communale et du géologue cantonal.

Les mesures constructives suivantes sont au minimum exigées dans ce périmètre:• le bâtiment doit être construit sur radier général avec le premier niveau rigide en béton armé;• les eaux superficielles (collectées par le toit, routes d’accès et autres surfaces imperméables)ainsi que les eaux souterraines (ceinture drainante) doivent être évacuées jusqu’au collecteurcommunal;• lors de la construction, les travaux doivent être effectués en respectant le plan de sécuritéédicté par les normes SIA 160 et 191.

Dans tous les cas, le bureau auteur de l’expertise suivra les travaux afin de vérifier la bonneapplication des mesures qu’il a préconisées. Il établira un rapport de conformité à l’intention dela commune et du géologue cantonal.

Zone dedanger jaune (danger faible de glissement)

Les mesures constructives exigées ci-dessus sont en principe applicables dans ce périmètrepour toute construction d’un volume égal ou supérieur à 700m3 SIA. Toutefois, sur la base d’uneexpertise géologique, le requérant peut demander d’y déroger.

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Indications pour une affectation appropriée

Planification des mesures (pdf)

Face à la mise en danger liée auxmouvements de terrain, diverses me-sures et recommandations doivent êtrerespectées en relation avec les zonesurbanisées, les infrastructures, les sur-faces agricoles et les terrains de loisirs,en vue de l’affectation adéquate du sol.

Zones urbaniséesDans la zone de danger bleue, lesnouvelles constructions, les agrandis-sements et les transformations sontautorisées, mais sous réserve de l’ob-servation de certaines mesures quidépendent du type de danger. Lesmesures à prendre doivent être éta-blies de cas en cas par un expert(géologue, ingénieur civil).

Pour réduire les dommages dus auxglissements de terrain*, il faut engénéral:• éviter les excavations dans la penteet la mise en place de charges défavo-rables;• adopter des fondations sur la rocheen place;• réaliser les fondations d’un immeu-ble sous la surface de glissement;• prévoir un radier général en bétonarmé pour reprendre les mouvementsdifférentiels;• réaliser éventuellement un clouagede la pente, des ancrages ou dessolutions similaires jusque sous le plande glissement pour accroître la stabilitéde la pente;• prévoir des raccords de conduitesflexibles;• abaisser le cas échéant le niveau del’eau souterraine;• ne pas laisser s’infiltrer les précipita-tions.

Pour réduire les dommages dus auxéboulements (sens large), il faut:• adopter des dispositions constructi-ves (pour le mur amont) propres àrésister à l’impact de blocs isolés (p.ex.béton armé);• prévoir des ouvertures minimales (fe-nêtres et portes) dans le mur amont.

Pour réduire les dommages dus auxcoulées de terre, il faut:• réaliser des entrées rehaussées etéviter les fenêtres dans les murs surune hauteur minimale de 50 cm audes-sus du terrain;• dimensionner le mur amont de ma-nière à résister à l’impact de blocsisolés et à la poussée créée par l’accu-mulation de la coulée (p.ex. bétonarmé).

Dans la zone de danger jaune, lesmesures citées ci-dessus sont aussiutiles. Des dommages excessifs peu-vent en particulier être réduits par desradiers généraux en béton armé (glis-sements de terrain), des ouverturesminimales de fenêtres et de portes(éboulements), et des entrées ou desfenêtres rehaussées (coulées de terre)dans la paroi amont.

InfrastructuresLes infrastructures telles que les voiesferrées, les routes et les lignes detransmission sont liées à un site et sontd’intérêt public, souvent d’intérêt na-tional, ce qui nécessite une protectionpar des mesures techniques dans lazone de provenance d’un danger oupar des mesures prises directementsur l’objet.

Les dangers élevés pour les person-nes exposées ou les conséquenceséconomiques et écologiques suite à larupture ou à l’endommagement de cesinfrastructures, par exemple d’une ins-tallation pour la distribution du courantou d’une station d’épuration, exigenten général un haut niveau de sécurité.

Zones agricolesLes secteurs qui sont souvent touchéspar des événements dommageables(zones de danger rouge et bleue) sontpeu appropriés pour une agricultureintensive. Pour les installations indis-pensables (p.ex. abris, abreuvoirs), ilfaut trouver dans la mesure du possibledes sites d’implantation en dehors deszones rouges, surtout si la classifica-tion a été établie à la suite d’événe-ments fréquents.

La constatation générale suivanteest valable pour l’agriculture: en cas decoulées de terre ou d’éboulements, lescultures agricoles sont la plupart dutemps anéanties. Dans de nombreuxcas, cette constatation est aussi vala-ble pour les glissements très actifs. Lafertilité du sol des surfaces concernéespeut être durablement amoindrie parsuite du dépôt d’alluvions ou d’ébouliset de l’érosion de la couche d’humus.Les cultures sensibles sont à éviter surles glissements de terrain permanents.

Installations de loisirsLes terrains affectés à une fonction dedélassement ne donnent généralementlieu qu’à une moindre concentration debiens de valeur, mais par contre repré-sentent un danger plus élevé pour lespersonnes. En général, pour l’usagedes installations de loisirs, un risqueplus élevé est accepté. Le danger pourles personnes peut souvent être rame-né à un niveau acceptable au moyen

* Dans l’application de ces mesures, il faut prendre gardeà la profondeur des surfaces de glissement actives oupotentielles.

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Mesures techniques

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Glissements de terrainEn cas de glissements de terrain, onpeut mettre en oeuvre principalementles mesures suivantes:• Abaisser la nappe phréatique depente par des fossés drainants et desdispositifs de drainage.• Capter les venues d’eau.• Empêcher l’infiltration de l’eau desruisseaux dans la masse glissée en ladérivant dans des conduites.• Excaver éventuellement des maté-riaux dans la zone motrice du glisse-ment, et placer un remblai dans la zonerésistante (au pied du glissement).• Accroître la résistance au cisaille-ment au niveau de la surface de glisse-ment par l’inclusion de clouages, d’an-crages ou de pieux.• Améliorer les caractéristiques méca-niques des sols par des injections.• Construire des soutènements.• Mettre en oeuvre diverses mesuresd’ingéniérie biologique.

Chutes de pierres et de blocsPour se protéger contre les chutes depierres et de blocs, de même quecontre les petits éboulements, les me-sures suivantes peuvent être appli-quées:• Clouer ou ancrer des panneaux ro-cheux.• Etayer ou soutenir des panneauxrocheux instables par des pieux ou desdispositifs similaires.• Recouvrir le versant de filets contreles chutes de pierres.• Mettre en oeuvre du béton projeté(comme protection contre l’altération).• Purger les parois rocheuses.• Dynamiter les panneaux rocheux ins-tables.• Construire des digues d’interceptionou de déviation.• Placer des filets de protection contreles chutes de blocs.

Coulées de terreEn cas de coulées de terre, les mesuresde protection consistent surtout à em-pêcher le développement de surfacesd’érosion «ouvertes» (sans végétation)et à les contrôler par la mise en oeuvrede géotextiles ou de mesures d’ingé-niérie biologique sur la zone à l’origine

du phénomène. A proximité des objetsmenacés, on peut envisager une dévia-tion de la coulée par un prisme de terreou des remblais.

Cette palette de mesures techniquesn’est en aucun cas complète. De casen cas d’autres mesures peuvent s’avé-rer indiquées. En général, les mesuresne sont efficaces que si leur fonction-nalité est contrôlée périodiquement etqu’elles font l’objet de travaux d’entre-tien (p.ex. nettoyage des filets de pro-tection entre les chutes de blocs, remi-se en état des freins des filets d’inter-ception, nettoyage des fossésdrainants et des réseaux de drainage).

Des mesures techniques ponctuellespeuvent être renforcées par d’autresmesures de protection, comme parexemple les soins aux forêts protectri-ces ou l’entretien des cours d’eau.

Les mesures techniques doivent êtreprojetées par un spécialiste expéri-menté dans le domaine et leur exécu-tion doit être surveillée par ce dernier.

d’un dispositif d’alerte approprié, sauflorsque l’on doit compter soit avec laprésence de personnes ayant besoind’aide, soit avec l’effet de surprisedurant le sommeil. Il faut vérifier enparticulier dans quelle mesure uneautorisation accordée apparaît accep-table face à un dommage possible auxinfrastructures et à une utilisation élar-gie des installations annexes (p.ex.clubhouse).

Selon le type d’installation de loisirs,il faut tenir compte des particularitéssuivantes:• Parcs et espaces verts servant audélassement: aucune restriction dueaux zones de danger.• Places de sport telles que courts detennis ou terrains de football, stadesd’athlétisme: éviter les zones de dan-ger à fortes intensités ou fréquencesélevées (zone de danger rouge), enparticulier en cas d’éboulements et decoulées de terre. Une tolérance estpossible en zone rouge lorsque lesévénements sont rares (en principeavec une période de retour >100 ans).• Terrains de camping: le risque dedanger pour les personnes est élevé,car les précipitations extrêmes estiva-les (et donc par là une propensionaccrue aux coulées de terre, glisse-ments ou éboulements) peuvent coïn-cider avec la période de plus forteaffluence. C’est pourquoi il faut prépa-rer à l’avance un plan d’alarme et deschemins de fuite sûrs. Les terrains decamping habités à plus long termeavec des aménagements d’infrastruc-tures et où prédominent les caravanesrésidentielles stationnées à l’année doi-vent être refusés dans les zones àévénements fréquents, étant donnéque le danger pour les personnes estplus grand dans les véhicules qu’à l’airlibre.• Grandes manifestations: il faut in-terdire l’organisation de grandes mani-festations dans les zones sujettes àdes types de dangers de forte intensitésurvenant d’une manière soudaine(coulées de terre, éboulements) et danslesquelles le temps d’alerte est court, siune évacuation à temps ne peut êtreassurée.

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Autres mesures

Planification des mesures (pdf)

Mesures d’urgenceet de sauvetageDe même qu’une protection contrel’incendie ne peut remplacer les pom-piers, les mesures de protection pré-ventives ne permettent pas d’excluretous les risques. Afin de limiter lesrisques résiduels, ou d’empêcher lepire lors d’un événement dépassanttoutes les attentes, il faut mettre enoeuvre des systèmes d’alerte et desdispositifs d’alarme adéquats, ainsique suffisamment de personnes et demoyens matériels prêts à entrer enfonction, pour que les mesures desauvetage soient efficaces. Lesmoyens techniques modernes, héli-coptères, liaisons radio, systèmesd’alarme, machines de chantier lour-des, permettent d’apporter rapidementune aide plus efficace qu’au cours dessiècles passés.

AssurancesUne assurance pour les dommages liésaux éléments naturels n’est pas unemesure en faveur de la diminution desdommages, mais une prestation desolidarité de la communauté. Les assu-rances sont en fait, comme les mesu-res de sauvetage, un moyen de pouvoirvivre avec le danger résiduel. Le prin-cipe de solidarité repose sur la répar-tition du coût des dommages entre leplus grand nombre de personnes; il estcertainement approprié pour les grandsévénements (écroulements, grandséboulements, grands glissements).

Dans ces cas, la prestation de pré-voyance nécessaire excède les possi-bilités d’un individu, et la rareté del’événement le situe au-delà de l’expé-rience personnelle. Au contraire, laprévention des petits événements fré-quents met à contribution la respon-sabilité individuelle. Les assurancespeuvent contribuer activement à laréduction du potentiel de dommages,en excluant la couverture ou en lalimitant, là où le preneur d’assurancefait encourir des risques excessifs, ouen la faisant dépendre de conditionsparticulières. L’appel à la responsabili-té individuelle en vue d’une affectationappropriée au risque n’a pas de sens,dès lors que les assurances couvrent

tous les dommages au moment où unévénement se produit.

Mesures institutionnellesDans plusieurs cantons (p. ex. Fri-bourg, Grisons, St-Gall), une commis-sion des dangers naturels a été consti-tuée et s’est avérée très utile. Cescommissions constituent des groupesinterdisciplinaires de spécialistes. El-les sont notamment compétentes pourl’établissement et la mise à jour descartes de dangers et en assurent, entant qu’organe de conseil, la mise enapplication.

Les commissions des dangers secantonnent en général à jouer un rôled’organe de consultation et à formulerdes propositions. En aucun cas, ellesne sont habilitées à rendre des juge-ments ou des décisions administrati-ves. Dans de telles commissions, tousles services concernés par les dangersnaturels et leur transposition dansl’aménagement devraient être repré-sentés: le service des eaux, le servicedes forêts, le service de l’aménage-ment du territoire, le service des cons-tructions, l’assurance des bâtiments etles représentants des communes con-cernées.

Les tâches principales envisageablespour une commission des dangerssont les suivantes:• surveillance, expertise et coordina-tion lors de l’établissement et de lamise à jour des cartes de dangers (et aubesoin des cadastres de dangers);• consultation lors de la transpositiondes données relatives aux dangersdans le plan directeur et le plan d’affec-tation;• conseil aux autorités et aux officesainsi que, si elle existe, à l’assurancecantonale des bâtiments;• examen des plans des zones dedanger.

Parallèlement, les commissions desdangers naturels peuvent prendre encharge d’autres tâches:• examen de projets de constructiondans les zones de danger;• élaboration et garantie des principesde base pour l’engagement desmoyens publics en vue de la protectioncontre les dangers naturels;• soutien des autorités compétenteslors de catastrophes naturelles;• garantie des échanges d’informationau sein de l’administration;• relations publiques.

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Méthodes de calcul

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s Les méthodes d’analyse qui modéli-sent soit l’équilibre des masses insta-bles, soit leurs mouvements, corres-pondent à des hypothèses et nécessi-tent des données paramétriquesprécises. Chaque modélisation ne livredonc des résultats significatifs quelorsque les données de base sontplausibles et que les hypothèses for-mulées sont réalistes. Il faut prendregarde au fait que des généralisationstrop grossières et simplificatrices peu-vent bien conduire à des résultatsconcrets, mais qui ne sont pas néces-sairement significatifs.

On distingue deux catégories decalculs:• Les calculs statiques, en général en2-D (modèle bi-dimensionnel selon unprofil en long de la pente), correspon-dent à un état d’équilibre limite. Ilsdonnent un coefficient de sécurité auglissement (par méthodes déterminis-tes, avec des paramètres fixes) ou uneprobabilité de rupture globale (métho-des probabilistes, avec des paramè-tres variables). Ils s’appliquent surtoutaux phénomènes potentiels (non dé-clarés) et peuvent traduire la sensibilitéd’un massif à la variation de certainsparamètres ou à la mise en oeuvre detravaux d’assainissement.• Les calculs dynamiques décriventles mouvements de la masse ou desblocs dans le temps et dans l’espace.Les seuls modèles valables sont ceuxqui traitent des données en trois di-mensions (3-D). Le choix des paramè-tres à introduire est délicat, faute devaleurs de références fiables.

Documents de baseLes données suivantes sont indispen-sables pour appliquer une méthode decalcul:• Données géométriques: topogra-phie de surface de la zone instable ouexposée et données de déplacementdans le passé.• Données géologiques: délimitationde la masse instable active ou poten-tielle, y compris détermination et mo-délisation de la surface de glissement,localisation des fissures et fractures dumassif rocheux.

39Annexes (pdf)

• Données hydrauliques: niveau pié-zométrique, valeurs des pressions,conditions d’alimentation et d’écoule-ment, degré de saturation dans la zonenon saturée.• Données géotechniques: paramè-tres de résistance (angle de frottementinterne, cohésion et poids volumique);paramètres de viscosité; fissuration durocher avec espacement et persistan-ce; caractéristiques du rebond lors del’impact d’un bloc sur le sol.• Données environnementales: fac-teurs de couverture (forêts, nature dusol), facteurs anthropiques et utilisa-tion du sol (déboisement, drainage,excavation, exploitation des zones al-pines).

Calculs statiquesdes glissements de terrainLes méthodes appliquées ont des de-grés de raffinement variables et in-cluent des hypothèses restrictives. Lesprincipales méthodes donnant les con-ditions d’équilibre de la pente sontcelles de Fellenius, Bishop, Janbu etMorgenstern & Price. L’équilibre théo-rique est assuré si le facteur de sécuritéFs obtenu est supérieur à 1, soit lors-que les forces résistantes sont supé-rieures aux forces motrices.

Toutefois, dans la pratique, des mou-vements peuvent apparaître si Fs estinférieur à 1.1 – 1.2. Un facteur desécurité au glissement inférieur à 1, quiindique que les forces motrices sontsupérieures aux forces résistantes, n’apas beaucoup de sens.

Calculs dynamiquesdes glissements de terrainDiverses approches ont été dévelop-pées pour tenir compte des déforma-tions de la masse instable. On peutdécrire le mouvement au cours dutemps d’une masse de faible épaisseursur une pente (épaisseur = 1/10e de lalongueur) par glissement et/ou fluage.On peut aussi prendre en compte, dansun modèle pseudo-statique, la défor-mation des éléments, dépendant desefforts qu’ils subissent.

Ces méthodes peu courantes néces-sitent des paramètres difficiles à ac-quérir ou à évaluer, ainsi que des

données du passé permettant de cali-brer les modèles. Elles sont cependantnécessaires lorsque l’on veut savoirpar exemple comment un glissementva barrer le lit d’une rivière.

Analyse des éboulementset des chutes de pierres et de blocsIl existe peu de méthodes décrivant lachute d’une masse, en dehors desanalyses globales d’angle de pente(”Pauschalgefälle”) ou de perte d’éner-gie. L’éboulement d’une masse granu-laire sur une pente peut être décrite en2-D en supposant un matériau incom-pressible. Toutefois, l’étalement de cet-te masse au pied du versant peutbeaucoup varier selon l’évolution dumécanisme d’initiation (déclenchementpar phases).

La plupart des modèles dynamiquesdisponibles traitent de la chute deblocs isolés. La trajectoire en 3-D peuttenir compte des conditions de rebond(choc élastique ou inélastique), de laforme des blocs (qui peuvent rouler ouglisser) et de la rugosité du sol.

D’autres modèles introduisant deshypothèses plus simples (p.ex. masseconcentrée en un point) sont aussiapplicables. Tous ces modèles suppo-sent que la masse du bloc, déterminéeau départ, reste constante jusqu’à la finde la trajectoire, ce qui n’est passouvent le cas. Les résultats détermi-nent une zone au pied de la pente quipeut être atteinte et donnent des infor-mations sur les vitesses, les hauteursde rebond et l’énergie des blocs lors deleur chute, mais ils ne donnent pas dechiffre sur la fréquence temporelle desimpacts.

Coulées de terreOn peut évaluer la sensibilité d’unversant au départ d’une coulée, comp-te tenu de la résistance au cisaillementdes matériaux et des conditions mé-téorologiques. Mais souvent les maté-riaux entraînés avaient déjà été mobili-sés lors d’une coulée précédente, desorte que l’observation (notammentgéologique) sur place joue un grandrôle pour déterminer les zones dedépart possibles et les masses en jeu.Beaucoup de modèles existent pour

décrire l’écoulement et le dépôt descoulées; mais ils sont souvent difficilesà appliquer, en ce qui concerne lasélection des paramètres.

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Bases légales

Les recommandations pour la prise encompte des dangers dus aux mouve-ments de terrain dans le cadre des acti-vités de l’aménagement du territoires’appuient sur une série de lois fédéraleset sur les ordonnances correspondantes:

Loi fédérale sur l’aménagement duterritoire du 22 juin 1979 (LAT, RS 700)

Article premier Buts1 Ils [La Confédération, les cantons etlescommunes] veillent à assurer une uti-lisation mesurée du sol. [...] Dans l’ac-complissement de leurs tâches, ils tien-nent compte des données naturellesainsi que des besoins de la population etde l’économie.

Art.6 Etudes de base2 Ils [les cantons] désignent les partiesdu territoire qui:c. sont gravement menacées par des for-ces naturelles ou par des nuisances.

Art.18 Autres zones et territoires1 Le droit cantonal peut prévoir d’autreszones d’affectation.

Loi fédérale sur l’aménagement descours d’eau du 21 juin 1991 (LACE,RS 721.100)

Art.3 Mesures à prendre1 Les cantons assurent la protection con-tre les crues en priorité par des mesuresd’entretien et de planification.2 Si cela ne suffit pas, ils prennent lesautres mesures qui s’imposent telles quecorrections, endiguements, réalisationde dépotoirs à alluvions et de bassins derétention des crues ainsi que toutes lesautres mesures propres à empêcher lesmouvements de terrain.

Art.6 Indemnités afférantes aux mesuresde protection contre les crues1 [...] la Confédération accorde aux can-tons des indemnités pour les mesures deprotection contre les crues, notammentpour:b. l’établissement de cadastres et de car-tes des dangers, [...]

Ordonnance sur l’aménagement descours d’eau du 2 novembre 1994(OACE, RS 721.100.1)

Article premier Conditions préliminaires2 En principe, aucune indemnité n’estaccordée pour des mesures visant à pro-téger des ouvrages et des installationsaménagés dans des zones désignéescomme dangereuses ou sur des territoi-res réputés dangereux.

Art.20 DirectivesL’office édicte des directives, notammentsur:b. l’établissement de cadastres et de car-tes des dangers.

Art.21 Zones dangereusesLes cantons désignent les zones dange-reuses et les prennent en considérationdans leurs plans directeurs et dans leursplans d’affectation ainsi que dansd’autres activités ayant des effets sur l’or-ganisation du territoire.

Art.22 SurveillanceLes cantons analysent périodiquementles dangers découlant des eaux et l’effi-cacité des mesures mises en oeuvre pourse protéger des crues.

Art.27 Etudes de base effectuées par lescantons1 Les cantons:b. tiennent un cadastre des dangers;c. élaborent des cartes des dangers etles tiennent à jour;e. répertorient les sinistres d’une certai-ne importance.

Loi fédérale sur les forêts du 4 octo-bre 1991 (Lfo, RS 921.0)

Article premier But2 Elle [la loi] a en outre pour but de con-tribuer à protéger la population et lesbiens d’une valeur notable contre les ava-lanches, les glissements de terrain, l’éro-sion et les chutes de pierres (catastro-phes naturelles).

Art.19 Protection contre les catastrophesnaturellesLà où la protection de la population oudes biens d’une valeur notable l’exige,les cantons doivent assurer la sécuritédes zones de rupture d’avalanches ainsique des zones de glissement de terrains,d’érosion et de chutes de pierres et veillerà l’endiguement forestier des torrents.

Art.36 Protection contre les catastrophesnaturellesLa Confédération alloue des indemnités[...] pour:c. l’établissement de cadastres et de car-tes des dangers, [...]

Ordonnance sur les forêts du 30 no-vembre 1992 (Ofo, RS 921.01)

Art.15 Documents de base1 Les cantons établissent les documentsde base pour la protection contre les ca-tastrophes naturelles, en particulier lescadastres et cartes des dangers.2 Lors de l’établissement des documentsde base, les cantons tiennent compte destravaux exécutés par les services spé-cialisés de la Confédération et de sesdirectives techniques.3 Ils tiennents compte des documents debase lors de toute activité ayant des ef-fets sur l’organisation du territoire, enparticulier dans l’établissement desplans directeurs et d’affectation.

Art.43 Carte de dangers1 L’établissement de cadastres et de car-tes de dangers [...] seront indemnisés.

41Annexes (pdf)

Glossaire

Carte de dangers: carte détaillée (échel-le: environ 1:10000 à 1:2000) établie ri-goureusement sur la base de critères ob-jectifs et scientifiques, avec lesindications suivantes pour l’ensemble duterritoire et pour chaque zone, à l’inté-rieur d’un périmètre d’investigationclairement délimité:• menace ou absence de menace, pourune zone donnée du territoire;• nature des processus dangereux (typede danger);• intensité et probabilité d’occurrence(fréquence) prévues du processus con-cerné.

Carte indicative des dangers: carted’ensemble ( échelle environ 1:50000 à1:10000) établie selon des critères scien-tifiques et objectifs, et renseignant surles problèmes/dangers qui ont été recon-nus (identifiés) et localisés, mais qui n’ontpas été analysés et évalués en détail.

Chutes de pierres/de blocs: chutes,rebonds et roulement de pierres isolées(Ø < 50 cm) et de blocs (Ø > 50 cm).

Coulée de terre: déplacement rapidesurvenant sur des pentes relativementraides, d’un mélange de matériaux soli-des (sol meuble et couverture végétale)et de beaucoup d’eau, sans que se mani-feste ou se développe une surface deglissement.

Danger: condition, circonstance ou pro-cessus dont peut résulter un dommagepour l’homme, l’environnement ou lesbiens.

Documentation des événements: des-cription d’événements démontrés liés àdes dangers naturels, établie de façonsystématique, structurée et interpréta-ble.

Dommages potentiels: ampleur desdommages possibles.

Eboulement (sens strict): chute de mas-se rocheuse qui se fragmente, pendantsa chute ou lors des chocs, sous formede blocs et pierres, et au cours de laquel-le les interactions entre les élémentsn’ont pas d’influence déterminante sur ladynamique du processus.

Ecroulement: chute d’une masse ro-cheuse de très grand volume à partir d’unmassif rocheux plus ou moins cohérent,atteignant de grandes vitesses, et aucours de laquelle le mécanisme de dé-placement est régi par un important effetd’interaction entre les éléments («Sturz-strom»).

Glissement: mouvement vers l’avald’une partie d’un versant constituée deroche compacte et/ou de terrains meu-bles le long d’une surface de cisaillement(surface de glissement).

Menace: danger se rapportant très con-crètement à une situation précise ou unobjet précis.

Mesure active: mesure de protectiondont l’effet s’oppose activement au dé-veloppement de l’événement naturel, envue de réduire le danger, ou mesurede protection qui modifie sensiblementle déroulement d’un événement ou saprobabilité d’occurrence. En plus desmesures techniques ponctuelles de pro-tection, comme p.ex. les murs de soutè-nement ou les ancrages, on peut aussiinclure dans cette catégorie les mesuresextensives dans le versant, comme lesreboisements ou les drainages.

Mesures d’urgence: mesures temporai-res, prises en présence d’un danger me-naçant, pour le sauvetage des person-nes et la protection des biens.

Mesure passive: mesure de protectionqui doit conduire à une réduction du dom-mage, sans influence active sur le dérou-lement de l’événement naturel (p.ex.mesures d’aménagement du territoire, deprotection d’un objet, plan d’urgence).

Plan des zones de dangers: instrumentd’aménagement légalement contrai-gnant, basé sur la carte de danger, ap-prouvé par les instances politiques com-pétentes.

Danger potentiel: somme des facteursmettant en danger ou à même de causerdes dommages dans la région considé-rée.

Protection d’un objet: protection d’unobjet ( bâtiment ou aménagement) par unouvrage disposé sur l’objet, au voisinagede l’objet, ou de manière à détourner lamenace.

Risque: grandeur et probabilité d’oc-currence d’un dommage possible.

Risque résiduel: risque subsistantaprès réalisation de toutes les mesuresde sécurité prévues.

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