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formation | dossier OptionBio | Lundi 19 mai 2008 | n° 400-401 10 du poumon et, de façon plus modérée, les cancers du sein et colorectaux. Les cancers moins fréquemment diagnostiqués sont les cancers de l’estomac et du col de l’utérus, en rapport avec le dépistage. Survie des cancers La mortalité de nombreux cancers a diminué, notamment celle du cancer colorectal, en raison des progrès thérapeutiques réalisés. Les résultats d’une recherche active par les registres du sta- tut vital (15 registres participants avec 200 000 cas analysés entre 1989 et 1997) ont globalement montré la “guérison” d’un cancer sur deux (tableau II). Mais il existe des inégalités importantes de la survie selon le type de cancer : – foie, œsophage, pancréas : moins de 10 % de survie à 5 ans ; – testicule, thyroïde : plus de 90 % de survie à 5 ans. En France, de petites inégalités de taux de survie selon les départements perdurent, ce qui, dans le cadre du plan cancer et de l’égalité d’accès au soin, ne devrait pas exister. Enfin, le taux de mortalité “en excès” est généralement très élevé dans l’année qui suit le diagnostic du cancer, mais il est proche de zéro 5 ans après le diagnostic, ce qui confirme bien que les surprimes demandées par les assureurs 5 ans après sont injustifiées. En conclusion, la fréquence des cancers a beaucoup évolué au cours du temps. Celle des cancers liés à l’alcool et au tabac est stable ou en diminution chez l’homme. Mais l’incidence des cancers du sein et de la prostate est en forte augmentation. D’une manière générale, la survie des cancers s’améliore, mais le pronostic varie d’une localisation à l’autre. Les taux de sur- vie en France sont parmi les meilleurs en Europe (tableau III), témoignant de la qualité du système de santé. | CAROLE ÉMILE Biologiste, CH de Montfermeil (93) [email protected] Source Communications des Pr J. Faivre et J.-M. Bidart, lors du 36 e Colloque national des biologistes des hôpitaux, Dijon, octobre 2007. Tableau II. Survie relative* des cancers en France À 1 an À 5 ans 1989-1991 72 % 51 % 1985-1997 74 % 53 % * La survie relative équivaut au rapport de la survie observée liée au cancer sur la survie “normale” dans une population équivalente indemne de cancer. Tableau III. Taux de survie à 5 ans : comparaison des données françaises à celles d’autres pays Cancer colorectal Cancer du sein Cancer du poumon Suède 61 % 86 % 14 % Angleterre 52 % 78 % 8 % France 60 % 85 % 12 % Slovénie 50 % 75 % 10 % République tchèque 45 % 69 % Tableau I. Évolution des cas de cancers en France En 1980 2000 Évolution Hommes 97 000 161 000 + 66 %* Femmes 73 000 117 000 + 60 %* Total 170 000 278 000 + 63 %* * On a estimé l’augmentation de la taille de la population, la part du vieillissement et l’augmentation des facteurs de risque : ainsi, 66 % = 13 % (nombre d’individus) + 16 % (vieillissement) + 37 % (risque). Recommandations officielles sur le dépistage du cancer du côlon Sujets à risque moyen Personnes de 50 à 74 ans, sans antécédent et sans coloscopie de moins de 5 ans : Hémoccult II ® dans le cadre d’un dépistage de masse. Sujets à risque élevé Personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de polypes ou cancer, rectocolite hémorragique, maladie de Crohn : coloscopie de dépistage. Sujets à risque très élevé Personnes présentant un risque héréditaire de polypose adénomateuse familiale et/ou membres d’une famille avec un HNPCC (Hereditary non polyposis colorectal cancer) : coloscopie de dépistage et consultation d’oncogénétique. CAROLE ÉMILE

Recommandations officielles sur le dépistage du cancer du côlon

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Page 1: Recommandations officielles sur le dépistage du cancer du côlon

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OptionBio | Lundi 19 mai 2008 | n° 400-40110

du poumon et, de façon plus modérée, les cancers du sein et colorectaux. Les cancers moins fréquemment diagnostiqués sont les cancers de l’estomac et du col de l’utérus, en rapport avec le dépistage.

Survie des cancersLa mortalité de nombreux cancers a diminué, notamment celle du cancer colorectal, en raison des progrès thérapeutiques réalisés.Les résultats d’une recherche active par les registres du sta-tut vital (15 registres participants avec 200 000 cas analysés entre 1989 et 1997) ont globalement montré la “guérison” d’un cancer sur deux (tableau II).Mais il existe des inégalités importantes de la survie selon le type de cancer :– foie, œsophage, pancréas : moins de 10 % de survie à 5 ans ;– testicule, thyroïde : plus de 90 % de survie à 5 ans.En France, de petites inégalités de taux de survie selon les départements perdurent, ce qui, dans le cadre du plan cancer et de l’égalité d’accès au soin, ne devrait pas exister.Enfin, le taux de mortalité “en excès” est généralement très élevé dans l’année qui suit le diagnostic du cancer, mais il est proche de zéro 5 ans après le diagnostic, ce qui confirme bien que les surprimes demandées par les assureurs 5 ans après sont injustifiées.En conclusion, la fréquence des cancers a beaucoup évolué au cours du temps. Celle des cancers liés à l’alcool et au tabac est stable ou en diminution chez l’homme. Mais l’incidence des cancers du sein et de la prostate est en forte augmentation. D’une manière générale, la survie des cancers s’améliore, mais le pronostic varie d’une localisation à l’autre. Les taux de sur-vie en France sont parmi les meilleurs en Europe (tableau III), témoignant de la qualité du système de santé. |

CAROLE ÉMILEBiologiste, CH de Montfermeil (93)

[email protected]

SourceCommunications des Pr J. Faivre et J.-M. Bidart, lors du 36e Colloque national des biologistes des hôpitaux, Dijon, octobre 2007.

Tableau II. Survie relative* des cancers en France

À 1 an À 5 ans

1989-1991 72 % 51 %

1985-1997 74 % 53 %* La survie relative équivaut au rapport de la survie observée liée au cancer sur la survie “normale” dans une population équivalente indemne de cancer.

Tableau III. Taux de survie à 5 ans : comparaison des données françaises à celles d’autres pays

Cancer colorectal

Cancer du sein

Cancer du poumon

Suède 61 % 86 % 14 %

Angleterre 52 % 78 % 8 %

France 60 % 85 % 12 %

Slovénie 50 % 75 % 10 %

République tchèque 45 % 69 % –

Tableau I. Évolution des cas de cancers en France

En 1980 2000 Évolution

Hommes 97 000 161 000 + 66 %*

Femmes 73 000 117 000 + 60 %*

Total 170 000 278 000 + 63 %** On a estimé l’augmentation de la taille de la population, la part du vieillissement et l’augmentation des facteurs de risque : ainsi, 66 % = 13 % (nombre d’individus) + 16 % (vieillissement) + 37 % (risque).

Recommandations officielles sur le dépistage du cancer du côlon

Sujets à risque moyen

Personnes de 50 à 74 ans, sans antécédent et sans coloscopie de moins de 5 ans : Hémoccult II® dans le cadre

d’un dépistage de masse.

Sujets à risque élevé

Personnes ayant des antécédents personnels ou familiaux de polypes ou cancer, rectocolite hémorragique, maladie

de Crohn : coloscopie de dépistage.

Sujets à risque très élevé

Personnes présentant un risque héréditaire de polypose adénomateuse familiale et/ou membres d’une famille avec un

HNPCC (Hereditary non polyposis colorectal cancer) : coloscopie de dépistage et consultation d’oncogénétique.

CAROLE ÉMILE