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Rédaction: Chantal Peyer et Céline Füri HIGH TECH – NO RIGHTS? POUR DES ORDINATEURS PRODUITS DANS LA DIGNITÉ Collection Repères 1/2007

Reperes 1/2007

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High Tech - No Rights? Pour des ordinateurs produits dans la dignité

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Rédaction: Chantal Peyer et Céline Füri

HIGH TECH – NO RIGHTS?POUR DES ORDINATEURS PRODUITS DANS LA DIGNITÉ

Collection Repères 1/2007

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Sommaire

Impressum

Editeur: Pain pour le prochain/Action de Carême, Lausanne, janvier 2007

Rédaction: Chantal Peyer et Céline Füri

Graphisme: Advico Young & Rubicam, Zurich-Gockhausen

Commande: Pain pour le prochain, av. du Grammont 9, 1007 Lausanne

Tél. 021 614 77 17, Fax 021 6 175 175, Courriel: [email protected]

Action de Carême, av. du Grammont 7, 1007 Lausanne

Tél. 021 617 88 81, Fax 021 617 88 79, Courriel: [email protected]

Prix de cette brochure: premier exemplaire gratuit, ensuite 9 CHF

Editorial 3

Chapitre I. Zones économiques spéciales: un monde à deux vitesses 4–7Recherche: jeune ouvrière célibataire

Chapitre II. Derrière l’écran: des abus systématiques 8–15 Horaires: la flexibilité à tout prixSalaires: la tête sous l’eauSanté et sécurité: danger toxique!Syndicats: libertés court-circuitéesContrats: la précarité comme règle

Chapitre III. De Pékin à Genève: une industrie mondialisée 16–19Plus vite et moins cher: une spirale économique vers le bas

Chapitre IV. Comment (ré-)agir? 20–27Codes de conduites: un simple vernis?L’indispensable mobilisation «par le bas»ONG et syndicats: une complémentarité essentielleLes revendications de Pain pour le prochain et l’Action de Carême

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Les jeunes femmes qui produisent nos ordi-nateurs high-tech vivent dans une réalité d’un autre âge. Elles travaillent souvent 12 heures par jour, sept jours par semaine, plusieurs semaines d’affilée. Leur salaire s’élève à moins de 50 centimes par heure et leur emploi est aussi précaire que dangereux. Des produits toxiques menacent leur santé et leur fécon-dité. Enfin, des millions d’entre elles, dans les usines électroniques chinoises, n’ont ja-mais eu de contrat de travail. Ce qui signifie qu’elles résident illégalement dans les zones de production et ne peuvent défendre leurs droits. Ces faits ont été révélés par une nou-velle étude de terrain, réalisée pour Pain pour

le prochain et l’Action de Carême. A qui profite cette situation inhumaine? En premier lieu aux grandes marques comme Hewlett Packard, Dell, Acer, Apple, et Fujitsu Siemens. Dans un système désormais mondia-lisé, ces entreprises achètent les composants de leurs ordinateurs – pilotes, circuits impri-més, châssis – à des fournisseurs situés en Chine, à Taïwan, en Thaïlande ou aux Philip-pines. Les marques savent pertinemment que ces fournisseurs bafouent les lois nationales et internationales qui régissent le travail et pro-tègent l’environnement. Comme elles savent que la fabrication électronique se fait au détri-ment de la santé et des droits des ouvrières.

Pain pour le prochain et l’Action de Carême

s’engagent pour le respect des droits humains. Sans ces droits en effet, la justice sociale et le développement durable demeurent une illu-sion. «Nous croyons. Tout travail doit respec-ter la dignité humaine.» En thématisant les abus qui accompagnent la fabrication de nos ordinateurs, la campagne œcuménique 2007 revendique le respect des droits économiques et sociaux. Ce respect exige un engagement clair des consommateurs et consommatrices qui peuvent utiliser leur pouvoir d’achat pour exiger des ordinateurs (plus) propres. Et des grandes marques qui doivent prendre au sé-rieux leur responsabilité sociale et environne-mentale. Les gouvernements quant à eux doivent cesser d’attirer les investissements étrangers en fermant les yeux sur les abus en matière de droit du travail: il est temps que la mise en oeuvre des Conventions de l’organisa-tion internationale du travail (OIT) devienne une priorité. Les organisations non-gouverne-mentales et les syndicats, enfin, doivent effec-tuer un monitoring rigoureux de la situation sur le terrain, afin de dénoncer les abus et de saluer les progrès réalisés Avec cette brochure, nous vous invitons à aller voir ce qui se passe derrière l’écran de votre ordinateur.

Editorial

Miges BaumannResponsable pour la politique de développementPain pour le prochain

Matthias DörnenburgResponsable du secteur marketing,communication et formationAction de Carême

Deux précisions formelles:

– Afin de ne pas trop alourdir le texte, les termes ne sont pas systématiquement féminisés.

– Tous les noms d’ouvriers/ères dans cette brochure sont fictifs.

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Parc technologique de la ville de Zhongshan, en Chine © Chantal Peyer

Chambre d’un dortoir industriel © Chantal Peyer

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Zhonghsan, sud de la Chine. La ville fait partie de la zone économique spéciale du delta de la rivière des Perles, devenue en dix ans l’un des principaux «ateliers électroni-ques» du monde. Ici, pas de cheminées qui fument sans fin, pas d’ouvriers couverts de suie. Les allées bordant le Parc de la science et de la technologie sont propres et les arbres soigneusement taillés. Pour comprendre la réalité des zones économiques, le regard doit porter plus loin. Il doit s’arrêter sur les vête-ments qui pendent aux fenêtres exiguës des dortoirs. Il doit remarquer le jeune âge des ouvriers/ères qui marchent dans la rue. Il doit

longer les murs qui entourent les usines jusqu’au portail surveillé par des gardiens. En Chine, la création de zones économiques spéciales date de 1979, lorsque le président Deng Xiaoping invoquait la nécessité de «créer des laboratoires de la réforme», pour introduire la technologie et la connaissance. Depuis des centaines de villes-dortoirs ont été bâties, parfois à partir de rien. Shenzen, la plus connue d’entre elles, était un village de pêcheurs. Aujourd’hui, grâce à la construc-tion de 70 ports, 210000 lignes téléphoni-ques et 50 quartiers résidentiels, la métro-pole est devenue un symbole de la nouvelle

Zones économiques spéciales: un monde à deux vitesses

Les zones franches des pays en développement, où sont installées les usines élec-troniques, constituent des espaces de non-droit. Où les ouvriers/ères, en majorité des femmes, vivent à l’écart des bénéfices de la croissance.

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Chine industrielle. Une Chine ouverte à l’in-novation et aux capitaux étrangers, où les quartiers d’affaires et les grands magasins constituent un contraste saisissant avec le quotidien des ouvrières. Celles-ci vivent sous surveillance, dans des dortoirs de huit à quinze personnes, sans armoire, avec une douche par étage et aucun lieu de détente.Dans ces zones industrielles, le marché élec-tronique est devenu un vecteur central de la croissance. Dans le delta de la rivière des Perles, plus de 4000 entreprises liées à la pro-duction d’ordinateurs se sont établies depuis 1991. Et avec un taux de croissance de 30% à 60% par année, le secteur high-tech est devenu la principale source d’exportation de la région.

Les zones franches, lieux de non-droitEn Chine, les ordinateurs sont fabriqués dans les «zones économiques spéciales». Dans d’autres pays, ils sont produits dans les «maquiladoras» (Mexique, Costa Rica), les «parcs industriels» (Thaïlande) ou les «zones d’exportation» (Philippines). Sous des noms différents, la logique est la même: des en-ceintes géographiques sous haute protection, dans lesquelles des entreprises étran gères sont invitées à s’établir grâce à des procédures administratives facilitées, des exemptions fiscales et la construction d’infra structures (transports, télécommunications, etc.) de qualité. Pour les pays en développement, ces zones franches sont un moyen de générer des em-plois, des revenus et un transfert de technolo-gies. Pour les ouvriers, elles sont synonymes de répression et de non-droit. Afin de ne pas

La concurrence pour attirer les usines électroniques

Une étude réalisée sur Dell1 indique que la firme

américaine choisit ses lieux de production en

fonction de quatre critères:

1. Avantages fiscaux et économiques:

– ampleur et durée des allégements fiscaux

offerts par le pays d’accueil

– dons de terrains ou de bâtiments

2. Infrastructures et qualité de l’environnement:

– bon système de communication et de

transports

– proximité des fournisseurs importants

– universités et écoles techniques, prêtes à

adapter leur cursus de formation aux

besoins du secteur électronique

3. Main-d’œuvre

– coût attractif de la main-d’œuvre et des

assurances sociales

– bonne formation et qualification des

ouvriers/ères

– contexte syndical «paisible»

4. Location stratégique

– situation géographique favorable par

rapport aux pays d’exportation

Pour répondre à ces critères de sélection, les

autorités des pays en développement se vouent

une concurrence sans merci et consentent

souvent à des investissements considérables. Ce

qui les incline à fermer les yeux sur les intérêts

des travailleurs et à limiter les ardeurs des

bureaux locaux, censés vérifier l’application de

la loi sur le travail.

1Kenneth L. et Dedrick J., «Dell computer: Organisation of a Global Production Network», CA: CRIT, 2002.

effrayer les investisseurs potentiels, les autori-tés locales n’hésitent pas à fermer les yeux sur les violations des droits du travail qui ont cours dans les usines. Dans certains cas, elles vont jusqu’à faire édicter des règlements spé-ciaux pour les zones franches, qui assouplis-sent la législation du travail et justifient les pratiques de dumping social.

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© Chantal Peyer

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A la sortie des usines de Zhong shan, la ma-jorité des travailleurs/euses sont des femmes, célibataires, âgées de 16 à 30 ans. En effet, l’industrie électronique est sélec tive: en couple, les ouvrières sont regardées avec mé fiance; enceintes, elles sont considérées comme inaptes à la production; âgées de plus de trente ans, elles sont invitées à chercher un autre emploi.

Citoyennes de deuxième classeLa situation est particulièrement préoccu-pante en Chine, où la majorité des ouvrières sont des femmes migrantes. Recrutées par des agences spécialisées («vocationnal schools»), ou directement à l’usine, elles quittent leur village à l’adolescence pour gagner un revenu et soutenir leur famille: «Avec son élevage de cochons, mon père a un revenu modeste et mon jeune frère est encore à l’école, raconte Lena Feng, une ouvrière de 21 ans. Mes pa-rents ont dû emprunter de l’argent pour réno-ver la ferme. Alors, quand j’ai entendu que l’usine Foxconn cherchait du personnel, j’ai quitté la maison.» Dans les zones industriel-les, ces travailleuses sont administrativement

marginalisées. Elles doivent obtenir un per-mis de séjour, elles n’ont pas accès aux ser-vices sociaux de la ville – soins médicaux, écoles, etc. – et sont fréquemment harcelées par la police. Cette situation est un héritage de l’époque de Mao qui, pour freiner l’émi-gration rurale, a limité les droits des résidents temporaires. Aujourd’hui encore ce système, le hukou, contribue à faire des ouvrières mi-grantes des citoyennes de seconde classe.Jeunes, isolées, les femmes migrantes cons-tituent une main-d’oeuvre idéale pour les usines électroniques: «elles sont malléables et ont peu tendance à défendre leurs droits», relève la représentante d’une organisation non-gouvernementale. Une observation qui est confirmée par les faits. Selon les statisti-ques, entre 70 et 95% du personnel des usines électroniques en Chine est de sexe féminin.

Trop âgées à 25 ansDans d’autres pays en développement, la si-tuation n’est pas très différente. Aux Philip-pines, 70% de la main-d’oeuvre est féminine et dans les offres d’emploi, l’âge requis est de 18 à 24 ans. Régulièrement, des politiques de «départs volontaires» visent les ouvrières les plus âgées… c’est-à-dire ayant au-delà de 25 ans! Dans le meilleur des cas, celles-ci reçoi-vent une compensation financière. Le reste du temps, la direction des usines invoque des difficultés financières, des retards au travail ou des absences maladie pour procéder aux licenciements. Au final dans le monde masculin du high-tech, ce sont les femmes qui fabriquent les ordinateurs! Des femmes marginalisées en raison de leur sexe ou de leur origine sociale et qui subissent au quotidien les conditions de travail abusives des zones franches.

Recherche: jeune ouvrière célibataire

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Devant l’écran © Keystone

Derrière l’écran © Confédération syndicale internationale (ITUC-CSI)

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Pour découvrir quelles sont les conditions de travail dans les usines de fabrication d’ordi-nateurs, Pain pour le prochain et l’Action de

Carême ont commandé des études de terrain dans trois pays en développement: la Chine, les Philippines et la Thaïlande. Ces études ont porté sur la filière de production des prin-cipales marques vendues en Suisse notam-ment: Hewlett Packard, Dell, Acer, Apple, Fujitsu Siemens1. Sur le terrain, des cher-cheurs locaux ont interviewé des dizaines d’ouvriers/ères, de responsables de produc-tion, de représentant-e-s du gouvernement et de syndicalistes. Le plus souvent, l’accès aux usines leur a été refusé: lorsqu’il s’agit des droits du travail, l’opacité demeure la règle dans le secteur électronique. Au terme de cette enquête, quel portrait de la production d’ordinateurs peut-on brosser? Selon les pays, les maux prennent des formes différentes. Dans les usines philippines par

Derrière l’écran: des abus systématiques

Gestes répétitifs, travail à la chaîne, cadence de production élevée, manipulation de produits toxiques: le travail dans les lignes d’assemblage des ordinateurs est contraignant et peu varié. «Je me sens comme un bout de bois», résume Xia Gong, une ouvrière chinoise de 19 ans. Mais au-delà de la répétitivité du travail, ce qui dés-humanise les ouvriers/ères de l’industrie électronique est la violation systématique de leurs droits. Dans cette section: le point sur les principaux problèmes rencontrés.

exemple, le système de protection de la santé s’avère en général supérieur à celui qui prévaut en Thaïlande. En revanche, quelques syndi-cats indépendants sont autorisés en Thaïlan-de, alors qu’aux Philippines ils sont systéma-tiquement évincés. Quant à la Chine, malgré une législation progressiste, elle donne en gé-néral le ton en matière de dumping social.Au-delà des différences régionales cependant, la similitude des abus est frappante. Partout, on retrouve les heures supplémentaires à la chaîne, les salaires comprimés, l’exposition aux produits toxiques, la restriction des liber-tés syndicales ou encore les contrats précai-res. En fait, tout porte à conclure qu’en exter-nalisant la production, les grandes marques ont implicitement renoncé à leur responsabi-lité sociale. Le résultat est un paradoxe alar-mant: derrière une image de modernité high-tech, l’industrie des ordinateurs cache une réalité d’un autre âge.

1Au total, l’enquête a porté sur huit marques, qui représentent les principaux acteurs du marché européen. Elle inclut également Sony, Hitachi et Maxdata. Elle a été coordonnée par l’institut néerlandais SOMO (Centre de recherche sur les entreprises transnationales) et réalisée en collaboration avec diverses associa-tions européennes de consommateurs, notamment la Fédération romande des consommateurs.

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Chaîne d’assemblage aux Philippines © Confédération syndicale internationale (ITUC-CSI)

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Dans les usines de fabrication d’ordinateurs, le quotidien des ouvriers/ères est caractérisé par un mot-clé: flexibilité. Flexibilité dans les horaires, les cadences de production, les jours de congé, voire les salaires. Dans l’usine de Fujitsu Siemens, près de chez nous, à Augs-burg (Allemagne), cette flexibilité a trouvé un nom faussement poétique, celui de «Brea-thing Factory1». Le concept, inventé par l’en-treprise, est simple: afin de s’adapter à la fluctuation des commandes des consomma-teurs (de 1000 à 12000 ordinateurs par jour), la direction redéfinit quotidiennement les ho-raires de travail. Ainsi, en arrivant à l’usine le matin, l’ouvrier ne sait pas à quelle heure il pourra rentrer le soir. Et avant le mercredi, il ignore s’il pourra partir en week-end avec sa famille: le management ne décide qu’en milieu de semaine quels ouvriers devront tra-vailler sur les lignes d’assemblage le samedi.

Jusqu’à 130 heures supplémentaires obligatoires par moisDans les pays en développement, cette flexi-bilité devient abus des législations nationales et internationales et touche à la limite du travail forcé. Aux Philippines, par exemple, les ouvriers de toutes les usines dans lesquel-les nous avons enquêté sont astreints à trois ou quatre heures supplémentaires par jour. En période de haute production, il n’est pas rare que les journées comptent 12 heures et que plusieurs semaines s’écoulent sans un seul jour de congé. Pour les travailleurs, les conséquences de ce rythme effréné sont nom-breuses: épuisement, absence de vie sociale et familiale, problèmes de santé.

Au niveau juridique, ces horaires posent pro-blèmes à plusieurs niveaux. Premièrement, avec un nombre d’heures supplémentaires qui se situe entre 72 et 130 par mois, les ouvriers chinois, thaïlandais ou philippins travaillent bien au-delà du quota fixé par la législation nationale. Deuxièmement, l’absence de choix donne lieu à une pratique qui frise le travail forcé. Aux Philippines, des ouvriers de Fujitsu ont affirmé aux enquêteurs que la direction de l’usine les avait obligés à signer un docu-ment attestant qu’ils effectuaient volontaire-ment un nombre illégal d’heures supplémen-taires. Dans d’autres cas, la contrainte est moins claire, mais néanmoins forte. «Le di-manche, nous pouvons choisir de venir ou non à l’usine, relate un ouvrier de MKP (Philip-pines), mais il faut demander l’autorisation du responsable de la ligne d’assemblage. Et lors-qu’il y a beaucoup de commandes, il refuse. Une absence est alors considérée comme une enfreinte au règlement interne de l’usine.»

Horaires: la flexibilité à tout prix

1En français, «l’usine qui respire»

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Ouvrières de l’électronique en Chine © Julio Etchart

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Dans l’industrie de la confection d’ordina-teurs, les revenus des ouvriers/ères respectent en principe la norme locale du salaire mini-mum. Tel est du moins le cas de la majorité des usines étudiées dans le cadre de la recherche de Pain pour le prochain et l’Action de Carême. Mais qui dit salaire minimum, dans des pays comme les Philippines ou la Chine, ne dit pas forcément salaire décent. Une fois que les frais de logement, de nourriture, de transport ou de soins quotidiens (savon, shampoing, vête-ments) sont payés, nombreux sont les ouvriers/ères qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts avec le salaire minimum. Pour vivre dé-cemment, ils doivent compter sur des primes.A San Technology, une usine aux Philippines qui produit pour Fujitsu Siemens et Hitachi, les travailleurs fraîchement engagés touchent un salaire de base de 6.40 CHF par jour (272 PhP – pesos philippins). S’ils travaillent durant trois mois cependant, en se pliant aux horaires variables et sans jamais manquer une heure, ils reçoivent une prime de 300 PhP – ou l’équi-valent d’un jour de salaire. D’autres bonus existent également, pour deux ans consécutifs

de travail dans l’usine, ou pour Noël. En soi, le système des primes n’a rien d’illégal. Il est toutefois problématique dans la mesure, où sans ces «récompenses», le salaire d’un ouvrier ne suffit pas pour vivre. Pour les multinatio-nales de l’électronique, cette gestion salariale représente un outil efficace pour garantir la fidélité et la flexibilité de la main-d’œuvre. Autre pratique, illégale cette fois, et large-ment répandue dans les usines qui fournis-sent Hewlett Packard, Dell, Acer, Apple et Fujitsu Siemens: le sous-paiement des heures supplémentaires. La méthode est simple, elle consiste à fixer des tarifs illégalement bas pour le paiement des heures supplémentaires. Ou alors à comptabiliser des heures supplé-mentaires comme heures de travail normales, afin d’éviter l’augmentation due (en principe de l’ordre de 150 à 200%). Dans certains cas, les responsables d’usines économisent près de 20% sur la masse salariale par ces irrégula-rités comptables (cf. encadré). Les ouvriers/ères, eux, continuent à se priver d’une ali-mentation saine ou de loisirs, faute de moyens pour défendre leurs droits.

Salaires: la tête sous l’eau

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Li Mei Zhuang travaille à Dong Guan (Chine), dans une usine fabriquant des claviers d’ordinateurs. Chaque jour, dans sa ligne d’assemblage, Li Mei doit fixer les let-tres H, G, T, Z, U, V, B et N sur 6000 claviers différents. Son salaire horaire est de 47 cen-times (3.1 yuans) par heure.

En juin 2006, le rythme de production a été accéléré: au total Li Mei a travaillé 28 jours, samedi et dimanche inclus, en moyenne 10h30 par jour. Elle n’a eu que deux jours de congé. Malheureusement, son salaire n’a pas été adapté à cette cadence: son employeur à sous-comptabilisé les heures supplémentai-res, économisant près de 20% sur son revenu. Cette pratique est illégale. Explications.

6000 claviers par jour pour un salaire illégal

Comptabilité du salaire de Li Mei Zhuang, selon la loi chinoise

Comptabilité du salaire de Li Mei Zhuang, selon la direction de l’usine

Heures régulières Selon loi chinoise, la journée

régulière de travail compte 8 heures.

Li Mei a travaillé 22 jours ouvrables.

Salaire dû: 545.6 yuans

Selon l’usine, la journée régulière

compte 10 heures.

Li Mei a travaillé 22 jours ouvrables.

Salaire reçu: 682 yuans

Heures supplémentaires en semaine

Selon la loi, les heures supplémen-

taires en semaine doivent être payées

au tarif de 150%. Li Mei a travaillé

2.5 heures supplémentaires par jour

ouvrable.

Salaire dû: 255.75 yuans

Selon l’usine, Li Mei a fait 0.5 heure

supplémentaire par jour ouvrable.

Salaire reçu: 55.15 yuans

Heures supplémentaires le week-end

Selon la loi, le travail le samedi et le

dimanche doit être payé au tarif de

200%. Li Mei a travaillé quatre

samedis et deux dimanches, durant

8 heures.

Salaire dû: 297.6 yuans

Dans l’usine, seul le dimanche est

considéré comme week-end. Deux

dimanches on été payés à 200%.

Les quatre samedis ont été payés au

tarif normal.

Salaire reçu: 198.4 yuans

Salaire total Salaire dû selon la loi: 1098.95 yuans

(= 168 CHF)

Salaire reçu: 931.55 yuans

(= 142 CHF)

Différence 167.4 yuans, soit près de 18% de salaire en moins

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«Poussière d’aluminium dans les poumons», tel a été le verdict du médecin de Supinya, une ouvrière thaïlandaise qui travaille depuis plu-sieurs années pour MMI, un fournisseur de Fujitsu Siemens et Seagate. Supinya s’est ren-due à l’hôpital, suite à un sentiment récurrent d’oppression dans la poitrine et à des difficul-tés respiratoires. Récemment, des troubles d’élocution se sont ajoutés à ces symptômes. L’aluminium, Supinya l’utilise chaque jour dans son usine qui fabrique des disques durs. Il est fondu, moulu, coupé en fines lamelles dans son département. Pour ces opérations, les ouvriers/ères portent un masque, mais cette protection est insuffisante face à la poussière toxique qui se répand dans la pièce et stagne, faute de ventilation adéquate. Suite à son diagnostic, Supinya a été mutée dans un autre département, mais la direction n’a pris aucune mesure pour améliorer la protec-tion des autres travailleurs et travailleuses.

Du plomb et de la dioxine dans l’air Le cas de Supinya n’est pas unique: l’industrie des ordinateurs est l’une des plus toxiques au monde. En 1994 déjà, une étude démontrait que les ouvriers du secteur étaient exposés à plus de produits nocifs que ceux travaillant dans l’industrie chimique ou même dans la fabrication de pesticides. Ainsi le plomb, le mercure, le baryum, le béryllium, la dioxine et le chlorure de polyvinyle sont quelques unes des substances qui interviennent dans la fabri-cation de nos ordinateurs. La manipulation ou l’inhalation de ces produits peut engendrer des maladies irréversibles, comme le cancer ou les problèmes respiratoires. Elles sont également

à l’origine du taux particulièrement élevé – plus de 30% supérieur à la moyenne – de faus-ses couches chez les travailleuses de l’électro-nique, de toux, de maux d’estomac, d’irrita-tions cutanées et de problèmes de vue. Les risques liés à l’utilisation des produits toxiques peuvent être diminués par des me-sures adéquates: un système de ventilation ef-ficace, l’information aux travailleurs et la dis-tribution de matériel de protection (masques, gants, etc.). Trop souvent cependant, ces me-sures sont sacrifiées sur l’autel de la rentabilité. L’enquête de Pain pour le prochain et l’Action

de Carême l’a démontré. En Thaïlande, sur onze fournisseurs observés, seuls quatre res-pectent les normes minimales en matière de santé et de sécurité au travail1. Dans la moitié des usines, les ouvriers/ères ne reçoivent pas de masque de protection con forme aux normes, en raison des mesures d’économie édictées par la direction. Ailleurs, c’est l’infor-mation qui manque, ou s’avère erronée. Les responsables d’une usine japonaise, toujours en Thaïlande, ont affirmé aux employées que la fonte du plomb ne constituait aucun danger pour la santé. Pourtant, il a été reconnu que l’inhalation des gaz qu’elle dégage peut en-dommager le système nerveux et reproductif. Pour aider les ouvrières à nettoyer leurs corps des produits toxiques, cette usine leur offre une ration de lait par jour. Une mesure déri-soire face à la nocivité des produits utilisés.

Les sources d’eau potable polluéesUn autre problème récurrent dans l’industrie électronique est la pollution des sols. En 1981 déjà, des citoyens américains de la zone indus-

Santé et sécurité: danger toxique!

1Voir Irene Schipper et Esther de Haan, «Research Report on labor conditions in the Thai ICT sector», SOMO, januar 2007.

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© Fotosearch

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trielle de la Silicon Valley se sont inquiétés de la contamination des sources d’eau potable, suite à la naissance d’enfants malformés ou présentant des défaillances cardiaques. Deux ans plus tard, les tests menés par les autorités fédérales révélaient que le taux de trichloroé-thane de l’eau se situait 29 fois au-dessus de la limite légale. La cause de la contamination ne faisait aucun doute: elle était liée à la mau-

Du poison dans l’écran

Quelques-unes des substances utilisées dans la fabrication d’ordinateurs sont:

– Ecran: baryum, plomb

– Câbles et fils: plomb (soudures)

– Châssis: chlorure de polyvinyle (PCV) qui, en brûlant, dégage de la dioxine

– Circuit imprimé: béryllium

Quelles conséquences ces substances peuvent-elles avoir sur la santé?

– Plomb: toxique pour les reins, endommage le système nerveux et reproductif, freine le développement

mental chez les enfants en bas âge

– Baryum: peut entraîner des déformations du cerveau et un affaiblissement musculaire. Egalement

dangereux pour le cœur et le foie

– Béryllium: cancérigène

– Dioxine: accroît les risques de cancer, perturbe le fonctionnement hormonal et du système immunitaire

Depuis juillet 2006, la directive RoHS (Restriction of Hazardous Substances) de l’Union européenne

interdit l’utilisation de certains produits hautement toxiques dans la fabrication des ordinateurs importés

dans ses frontières. Un pas important qui prouve qu’une réglementation plus stricte est possible dans ce

domaine.

vaise gestion des déchets toxiques par les usi-nes électroniques. Déversées dans des trous, parfois à même le sol, les substances dange-reuses avaient pénétré la terre et contaminé la nappe phréatique. Aux Etats-Unis, des dizaines de sites ont été classés «dangereux» suite à ces enquêtes publiques, mais à Taïwan, en Chine ou au Mexique, cette situation se reproduit, dans la plus grande opacité.

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Aux Philippines, la liberté d’association et de négociation collective est théoriquement re-connue par la loi. Pourtant, dans les faits, la majorité des usines couvertes par l’enquête de Pain pour le prochain et l’Action de Carême pratiquent des politiques ouvertement anti-syndicales. Résultat: dans les onze centres de production fournissant les grandes marques à l’étude, aucun syndicat n’existe. La répres-sion commence aux abords des usines: pour entrer dans l’enceinte de la zone industrielle high-tech (Cavite Economic Zone), protégée par des barbelés, toute personne doit montrer une pièce d’identité. Les syndicalistes ou re-présentants d’organisations non-gouverne-mentales sont systématiquement refoulés.

Intimidation et licenciements aux PhilippinesDans les usines, les stratégies employées par la direction sont plus variées. Elles vont de l’intimidation au licenciement, en passant par la réaffectation. A l’usine de Tsukuba (Philippines) par exemple, qui produit des disques durs pour Toshiba, les règles sont clairement énoncées: lors des entretiens d’em-bauche, le management interroge les ouvriers sur leurs affiliations syndicales et leur signale que la négociation collective n’est pas tolérée dans l’entreprise. Si malgré tout, certains tra-vailleurs essaient de s’organiser, des mesures de réaffectation sont prises. Les leaders, en général 5 à 15 ouvriers, sont mutés dans des départements différents et leur présence dans les lignes d’assemblage est organisée selon un tournus distinct. Enfin, en cas de grève ou de résistance, les licenciements sont la norme.

Dans l’usine Sun Everylight, basée dans le parc technologique Laguna (Philippines), un syndicat a brièvement existé en 2003. Son ob-jectif était de négocier une convention collec-tive et de défendre les travailleur/euses contre les méthodes autoritaires de la direction. Quelques semaines plus tard, tous les mem-bres du nouveau syndicat étaient licenciés.

Interdiction en ChineEn Chine, la situation est encore plus diffi-cile, dans la mesure où la liberté d’association et de négociation n’est pas reconnue par la loi. Pour les autorités, seul le syndicat officiel (All-China Federation of Trade Unions), lié au Parti communiste chinois, est autorisé à représenter les intérêts des travailleurs/euses. En réalité, même ce syndicat est absent de la majorité des usines privées. Dans un tel con-texte, les dirigeants de l’électronique n’hési-tent pas, en cas de conflit du travail ou de grève, à appeler la police. Les ouvriers/ères sont alors arrêtés, emprisonnés et condamnés à plusieurs années de prison pour «subver-sion» ou «trouble de l’ordre public».

L’absence de liberté d’association constatée dans les usines des pays en développement qui approvisionnent Hewlett Packard, Dell, Acer, Apple ou encore Fujitsu Siemens n’est pas étonnante. En effet, dans les années sep-tante déjà, alors qu’elles possédaient encore leurs propres centres de production, ces mar-ques avaient concentré leurs activités dans des régions – la Silicon Valley, l’Ecosse ou encore le Pays de Galles – où les syndicats étaient inexistants.

Syndicats: libertés court-circuitées

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© Christian Zilocchi

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«Un contrat de travail? Non, je n’en ai jamais signé.» Zhang n’est pas seul dans sa situa-tion. Dans les usines électroniques de Chine, il est encore fréquent que les ouvriers soient engagés de façon illégale, c’est-à-dire sans contrat officiel. Une situation qui les place dans une grande précarité puisqu’elle signifie le licenciement possible, sans préavis, lors de chaque baisse des commandes. Pour les directions d’entreprises, cette poli-tique vise à assurer la flexibilité de la main d’œuvre, mais également à comprimer les coûts salariaux. En effet, selon la législation chinoise, tout travailleur doit bénéficier de cinq types d’assurances: accident, maladie, maternité, chômage et retraite. L’accès à ces assurances repose cependant sur la recon-naissance d’une relation officielle de travail. Sans contrat, pas d’assurances… Cette situation peut avoir des conséquences dramatiques. Le scénario est souvent le même:

une ouvrière est hospitalisée suite à l’inhalation de produits toxiques ou à un autre accident de travail (coupure grave, etc.). Elle découvre alors que l’usine n’a pas conclu d’assurances à son nom. Si la direction refuse de financer le suivi médical, la travailleuse doit rentrer chez elle, sans avoir reçu les soins nécessaires.Dans le secteur électronique, une autre ten-dance – légale cette fois – contribue à la pré-carisation endémique du travail: les emplois temporaires. Les contrats à court terme sont de plus en fréquents en Thaïlande, aux Philip-pines, mais aussi en Europe. Ainsi, dans l’usine de Fujitsu Siemens à Augsburg (Alle-magne), la flexibilité de la production repose sur un quota de 30% à 60% de travailleurs temporaires1. La logique est la même: flexi-bilité du travail et économies salariales pour les directions d’entreprises, absence de pers-pectives à long terme et précarité de la pro-tection sociale pour les ouvriers/ères.

Contrats: la précarité comme règle

1Voir Joachim Jeiter, «Understanding global outsourcing», présentation faite à New-York, 10 décembre 2004

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De nos jours encore, la majorité des consom-mateurs pensent que l’ordinateur qu’ils achè-tent a été produit par la marque qu’ils ont choisie. Pourtant, l’industrie électronique est l’une des plus mondialisées et désintégrées qui soient. Un ordinateur acheté sur le site Internet de Dell Suisse, par exemple, a une longue his-toire. La commande virtuelle est traitée par le centre de vente et de soutien technique, situé à Bracknell (Grande-Bretagne), avant d’être transmise au centre européen de production de Limerick (Irlande). A Limerick, les ouvriers procèdent uniquement à l’assemblage final. Les différents composants – plus de 1000 par ordinateur – sont fabriqués par des fournis-seurs étrangers. Ainsi les châssis de Dell pro-viennent de l’entreprise taïwanaise Hon Hai, les circuits imprimés, de la firme Celestica et les pilotes, de Seagate. Au final, l’ordinateur Dell, vendu comme étant «made in USA», est en fait composé de pièces fabriquées majori-tairement en Chine, à Taïwan ou aux Philip-pines, assemblées en Europe.1

De Pékin à Genève: une industrie mondialisée

L’industrie des ordinateurs est aujourd’hui l’une des plus complexes au monde. Les grandes marques ne possèdent plus d’usines, mais achètent des pièces fabriquées et assemblées par des dizaines de fournisseurs aux quatre coins de la planète. Un constat qui confirme la nécessité d’agir pour qu’elles reconnaissent leur respon-sabilité sociale sur l’ensemble de la chaîne de production.

Une chaîne fragmentéeLe phénomène de mondialisation et de frag-mentation de la chaîne de production des ordinateurs est apparu dans les années 80. A cette époque, un nombre croissant de mar-ques (Hewlett Packard, IBM, Dell, etc.) ont commencé à déplacer leurs centres de pro-duction vers certains pays en développement, en raison notamment des coûts inférieurs de la main-d’œuvre et de divers avantages fis-caux. Cette délocalisation a été suivie par un mouvement de spécialisation et de désinté-gration de la chaîne de production, qui s’est accéléré dans les années 90. Les grandes mar-ques ont commencé à vendre leurs secteurs de production, devenus peu rentables, pour se concentrer sur les activités de recherche et de marketing. Analyse du marché, innova-tion technologique, vente, promotion, service après-vente, appui technique, gestion de la chaîne de production, telles sont les principa-les activités de ces sociétés aujourd’hui.

1Dans le cas des ordinateurs Dell produits en Irlande, 65% des composants viennent d’Asie, 25% d’Europe et 10% des Etats-Unis; voir Kenneth L. Kraemer et Jason Dedrick, «Dell Computer: Organization of a global production network», Center for Research on Information Technology and Organizations, University of California, Irvine (CA), 2002.

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Hewlett Packard: 7000 fournisseurs dans le monde!

Hewlett Packard ne possède pratiquement plus de sites de production. L’entreprise travaille avec des

fournisseurs, plus de 7000 au total, auxquels elle a délégué jusqu’à l’assemblage final des ordinateurs.

Ce réseau constitue «l’une des chaînes de production les plus complexes et mondialisées de l’industrie

des nouvelles technologies».

Schéma tiré de Michiel van Dijk et Irene Schipper, «Hewlett Packard: CSR Profile», Centre de recherche

sur les entreprises transnationales (SOMO), Amsterdam, 2006.

Les segments de fabrication proprement dits ont été rachetés et développés par des entre-prises-fournisseurs appelées «contract manu-facturers». Spécialisées dans la production de composants (châssis, cartes-mères, câbles, semi-conducteurs, etc.) et l’assemblage indus-triel, ces entreprises sont peu connues du grand public. A qui les noms de Flextronics, Hon Hai, Sanmina-SCI, Solectron ou Celes-

tica sonnent-ils familiers? Pourtant, ces cinq premiers sous-traitants mondiaux sont responsables de la fabrication de 75% de nos ordinateurs. Et leurs chiffres d’affaires sont conséquents: celui de Flextronics (1er «contract manufacturer» mondial) était de US$ 16.062 milliards en 2004. Ces fournis-seurs sont donc devenus des acteurs de pre-mier plan sur le marché des ordinateurs.

Amériques: 10 milliards de US$ de dépenses.Brésil, Canada, Costa Rica,

Mexique, Etats-Unis.

Europe/Moyen-Orient/Afrique: 3 milliards de US$ de dépenses.République tchèque, France,

Allemagne, Hollande, Hongrie,

Irlande, Israël, Grande-Bretagne.

Asie Pacifique: 40 milliards de US$ de dépenses. Chine, Inde, Japon, Corée,

Malaysie, Philippines,

Singapour, Taïwan, Thaïlande.

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Dans l’univers mondialisé de la production d’ordinateurs, quel rapport entretiennent les marques avec leurs fournisseurs? Une rela-tion de co-dépendance et de compétition. Aujourd’hui, les consommateurs souhaitent un produit personnalisé, de qualité, au coût le plus faible et dans des délais de livraison toujours plus courts. Pour répondre à ces de-mandes, les marques ont cherché à optimiser les coûts et à accroître l’efficacité sur l’ensem-ble de la chaîne d’approvisionnement. Elles ont posé de nouvelles exigences aux respon-sables des usines des pays en développement, qui à leur tour répercutent une partie de cette pression sur les employés… A l’autre bout de la chaîne, ce sont alors les travailleurs/euses qui finissent par payer le prix de nos soldes et de nos exigences d’immédiateté.

Des ordinateurs à la carteDepuis quelques années, on remarque que les ordinateurs sont de plus en plus personnalisés. Avec ou sans lecteur DVD, avec mémoire standard ou augmentée, le consommateur peut choisir quelles seront les fonctionnalités exactes de son outil. Au niveau industriel, ce service à la clientèle a une conséquence: la fabrication est faite sur commande1. Terminée l’époque des produits standards, importés en quantité prédéfinie! Aujourd’hui, les fournis-seurs doivent pouvoir construire de façon quasi instantanée des ordinateurs person-nalisés, en quantité variable. Au niveau des ouvriers/ères, les conséquences de ce système «à la carte» sont claires: pour répondre à la fluctuation des commandes, les usines abu-sent de la flexibilité de la main-d’œuvre. A un mois de travail, sans congé, avec quatre

heures supplémentaires obligatoires par jour peut succéder un mois de pénurie de travail, pour cause de baisse des commandes.

Des prix à la baisseL’évolution des prix à la consommation est tout aussi alarmante. En dix ans, le prix d’un ordinateur portable en Suisse a été divisé par cinq. Afin de diminuer leurs coûts, les mar-ques ont joué sur l’innovation technologique, la gestion améliorée des stocks, mais elles n’ont pas non plus hésité à faire pression sur les fournisseurs. Pour chaque produit ou composant, elles disposent de trois ou quatre fournisseurs différents, qu’elles mettent en concurrence pour baisser les prix. Les sous-traitants essaient à leur tour d’optimiser leurs coûts en reportant la pression sur la main-d’œuvre. Ce qui se traduit, pour les ouvriers/ères de Chine, de Thaïlande ou des Philip-pines, par des coupures de salaires, des heures supplémentaires mal payées, des mesures de protection insuffisantes ou encore l’absence d’assurances sociales.

Plus vite et moins cher: une spirale économique vers le bas!

1En langage économique, le terme définissant ce processus est «build-to-order».

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© Mix & Remix

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«Un profit sain dans un corps sain», telle est la devise du développement durable. La créa-tion de richesses ne peut en effet se déployer à terme que si elle s’ancre dans le respect de l’humain et de l’environnement. Les entre-prises détiennent donc une responsabilité qui dépasse la simple croissance du chiffre d’af-faires et des gains des actionnaires. C’est au nom cette responsabilité sociale que Pain

pour le prochain et l’Action de Carême sou-haitent interpeller les géants du hardware.

Des balises existent: les droits fondamentaux du travailLes gouvernements, syndicats et organisations patronales qui constituent l’Organisation in-ternationale du travail (OIT) ont défini par le biais de plusieurs conventions quatre princi-pes fondamentaux et universels du travail: les libertés syndicales (d’association et de négo-ciation collective), la non-discrimination, l’in-terdiction du travail forcé et l’abolition du travail des enfants.1 S’ajoutent cinq droits, re-

Comment (ré-)agir?

Face à des ramifications commerciales qui se multiplient et se déplacent sans cesse, le consommateur européen se sent vite impuissant. Trop minuscule pour «changer le système», trop attaché à son ordinateur pour y renoncer, il ne lui reste qu’à se fier aux artisans de la pub, en évitant de se poser trop de questions… Pourtant, les leviers d’action d’une consommation plus responsable existent. Plusieurs campagnes ont déjà montré que les entreprises les plus puissantes peuvent être rendues responsables de leurs activités. Mais la seule pression des consommateurs ne suffit pas: les grandes marques d’ordinateurs, les syndicats et les ONG du Sud doivent prendre part à une réforme qui dépasse les vœux pieux et place les ouvriers/ères au cœur de l’amélioration de leur condition.

connus comme essentiels par les syndicats et ONG spécialisées, ainsi que par l’OIT2:– Des mesures de protection pour la santé et

la sécurité sur le lieu de travail– Une relation de travail formalisée (contrat

d’une durée minimale, modalités claires et justes pour la démission et le licenciement)

– La garantie d’un salaire décent (qui corres-ponde au moins au minimum légal local et permette de satisfaire tous les besoins fon-damentaux)

– Le respect de la réglementation nationale et internationale sur les horaires de travail. Au total, une semaine d’ouvrage ne doit pas compter plus de 60 heures (temps sup-plémentaire compris). Qui plus est, les heures supplémentaires doivent être effec-tuées volontairement et rémunérées à un taux supérieur.

Enfin, il est impératif que les travailleuses et travailleurs ne soient soumis/es à aucun mau-vais traitement physique, chantage, harcèle-ment, intimidation ou menace.

1Conventions No87 (1948), No98 (1949), No100 (1951), No111 (1958), No29 (1930), No105 (1957), No138 (1973) et No182 (1999). Principes réitérés dans la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail (1998).2Conventions No115 (1960), No26 (1928), No31 (1931), No1 (1919), Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale (2001).

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Syndicats, patronat et Etats se réunissent chaque année à Genève lors de la Conférence internationale du travail © Organisation internationale du travail

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La campagne «High Tech – No Rights?» de-mande à Hewlett Packard, Dell, Acer, Apple, Fujitsu Siemens et consorts de non seulement reconnaître pleinement la primauté de ces droits sur toute leur chaîne de production, mais également de mettre en œuvre les moyens nécessaires à leur réalisation.

Au-delà du discours, rendre le changement possibleLa mise en œuvre des droits du travail passe en premier lieu par un réajustement des poli-tiques d’achats des multinationales de l’élec-tronique. Exiger des fournisseurs qu’ils fas-sent travailler leurs ouvrières dans la dignité tout en étant tenus de livrer la marchandise dans des délais très courts, selon des stan-dards de qualité stricts et à des prix toujours moindres revient à demander la quadrature du cercle. Il incombe donc aux marques de

prévoir dans leurs contrats de sous-traitance un ordre de prix et de délais qui ne contrai-gnent pas à l’exploitation.Autre nécessité: la construction d’un rapport d’approvisionnement à long terme. Placer les fournisseurs en situation de concurrence, en menaçant périodiquement de ne traiter qu’avec le plus offrant, est une incohérence de plus. Rentable dans l’immédiat, cette pra-tique va à contresens d’un comportement responsable – et donc d’un commerce dura-ble. Pour favoriser la quête d’alternatives aux abus, un engagement à long terme est une condition nécessaire. Un tel partenariat s’avère d’ailleurs plus efficace que la simple punition, car la politique du «bâton» nuit aux les travailleurs: avec l’arrêt des comman-des au nom de leur mieux-être, c’est d’abord un revenu vital qu’on leur retire.

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Chacun se souvient du «scandale Nike» des années 90, suivi de multiples initiatives pour libérer l’industrie textile de l’exploitation infantile et autres violations patentes du droit du travail. Dans le sillage du vêtement et de la chaussure se profilèrent rapidement les «bons élèves» de la production de jouets, de tapis, de ballons de football… puis enfin, d’appareils électroniques.En 2004, visés par la campagne «Clean Up Your Computer» de l’organisation anglaise CAFOD, les leaders du monde des technolo-gies de l’information et de la communication se sont lancés dans l’aventure éthique en adoptant collectivement le Code de conduite de l’industrie électronique (Electronic Indus-try Code of Conduct – EICC). L’adoption de ce code constitue un premier pas important. Il est la preuve que certaines marques d’ordi-nateurs, dont Hewlett Packard, Dell et plus récemment Apple1, reconnaissent que les conditions de travail dans les usines des pays en développement sont problématiques. Et que, en tant que leader du marché, elles ont une co-responsabilité pour l’amélioration de la situation sur leur chaîne de production. Une analyse plus détaillée du code révèle ce-

pendant des lacunes importantes aussi bien dans la forme que dans le fond.

Un code incompletAu niveau du fond, la recherche du compro-mis entre les membres a entraîné un nivelle-ment par le bas dans certains engagements. Ainsi la clause portant sur la liberté d’asso-ciation omet de faire référence aux Conven-tions fondamentales de l’OIT en la matière (No87 et No98) sous prétexte que «les mem-bres de l’EICC manifestent un soutien va-riable à ces normes».2 Le paragraphe sur les dispositions salariales quant à lui se contente de parler du «salaire minimum» légal en vigueur dans le pays de production et ne fait nulle part référence à la notion de «salaire décent» revendiquée par les organisations non-gouvernementales. La question des con-trats, ou de la sécurité de l’emploi, enfin, est omise du texte.

A quand la transparence?Outre le contenu, l’EICC souffre de faibles-ses importantes dans sa forme. Produit «bu-siness», le code a été élaboré sans la parti-cipation de la société civile concernée (syn-

Codes de conduite: un simple vernis?

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1Hewlett Packard et Dell sont membres fondateurs de l’EICC et sont parmi les firmes les plus engagées dans le projet. Apple vient de rejoindre l’initiative. Fujitsu Siemens et Acer, quant à eux, n’ont à ce jour adopté aucune politique transparente en matière de responsabilité sociale. 2Extrait du compte-rendu de la réunion des parties prenantes de l’EICC (Stakeholder Engagement), New York, 7 novembre 2006.

dicats, organisations non-gouvernementales spécialisées sur les droits du travail). Et si suite aux critiques, les initiateurs du projet ont commencé à entamer un dialogue avec des acteurs non-gouvernementaux, celui-ci demeure insuffisant: il a lieu principalement avec des ONG du Nord, triées sur le volet, qui n’ont pas de pouvoir dans la prise de décision. Autre problème: la mise en œuvre. Les mem-bres confient la vérification du respect du code à des multinationales de l’audit finan-cier – lorsqu’ils ne se satisfont pas d’une simple auto-évaluation. Peu compétentes en matière sociale, ces firmes sont de surcroît

limitées par la provenance de leur rémunéra-tion, assurée par ceux-là mêmes qu’elles sont censées critiquer... Dans l’EICC, un potentiel existe. Pour passer des paroles aux actes, il est cependant prio-ritaire que les entreprises membres entament un travail régulier avec les fournisseurs et avec les organisations de la société civile des pays de production. Familières du contexte et des lois locales, ces dernières sont les mieux outillées pour rendre efficace la mise en œuvre du code. Notamment en y associant les tra-vailleurs, qu’elles connaissent mieux que qui-conque et dont on oublie trop souvent qu’ils sont les premiers visés par la démarche.

Les lacunes normatives de l’EICC

Extrait du texte de l’EICC* Commentaire

Liberté d’association

«Les participants doivent respecter, en

accord avec les législations nationales, le

droit des travailleurs de s’organiser

librement; de devenir membre, ou non, de

syndicats; d’être représentés; de faire partie

d’une commission de travailleurs.»

Cette phrase omet le droit à la négociation

collective. Et la référence aux lois nationales

est dangereuse: en Chine, par exemple, elle

justifie l’oppression des syndicats. Les ONG

demandent que la phrase «en accord avec

les législations nationales» soit enlevée et

remplacée par une référence claire aux

Conventions no 87 et 98 de l’OIT.

Heures de travail

«De plus une semaine de travail ne doit

pas dépasser 60 heures d’activité, heures

supplémentaires comprises, sauf dans des

situations exceptionnelles ou inhabituelles.»

Sur le terrain, la mention de «situations

exceptionnelles» ouvre la porte à tous les

abus et les semaines de 65 à 85 heures de

travail sont courantes.

Salaires «Les salaires des ouvriers/ères doivent res -

pecter toutes les législations en vigueur sur le

sujet, y comprises celles ayant trait au salaire

minimum, aux heures supplémentaires.»

L’EICC fait référence au salaire minimum,

non à un salaire décent qui permettrait aux

ouvriers de vivre dignement.

Sécurité de l’emploi

L’EICC ne fait pas mention de la sécurité

de l’emploi.

Le droit à un contrat de travail est un

droit fondamental qui détermine l’accès

aux autres droits du travail.

*Le texte complet de l’EICC peut être téléchargé sur www.eicc.info

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Manifestation ouvrière en Thaïlande © Centre for Labour Information Services and Training (CLIST)

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«Empowering people». Telle est la devise de la marque Acer. Mais au-delà du slogan, de qui cherche-t-on à augmenter le pouvoir: du consommateur des produits Acer, ou des ouvrières qui les confectionnent?Un code de conduite, même complet, ne peut suffire à redresser les conditions de travail, sans la participation active des principaux bénéficiaires. Or, dans les pays où sont assem-blés nos ordinateurs, la plupart des employés ignorent leurs droits. Ils n’ont jamais été informés des dispositions de la législation nationale, du droit international du travail, ni même du code de l’entreprise qui les em-ploie! Dans ce contexte, tous les audits exter-nes, recommandations et sanctions n’auront qu’un impact limité, voire nul, sur la réalité dans les usines de l’électronique.Face à ce constat, Pain pour le prochain (PPP) et l’Action de Carême (AdC) ont décidé de faire de la formation des travailleurs, un objec-tif prioritaire de leur campagne. Aux cinq mar-ques en tête des ventes en Suisse, PPP et AdC

demandent non seulement de reconnaître les abus, commis dans les usines de leurs sous- traitants, mais également d’admettre l’impor-tance de la formation pour une amélioration de la situation. A terme, l’objectif est de réa liser, avec le soutien des marques, un projet-pilote de formation au sein de l’usine d’un grand four-nisseur chinois. Il s’agira d’y familiariser les employés/es à leurs droits et les cadres à leurs obligations, au regard de ces droits.

L’art de la mobilisation ouvrière dans un cadre répressifCette démarche a une finalité d’autonomisa-tion, d’«empowerment»: à l’issue de la forma-tion, des comités d’employés pourront être constitués au sein de l’usine, afin que les tra-vailleurs veillent eux-mêmes au respect quo-tidien de leurs droits. L’initiative, menée par les partenaires locaux de PPP et d’AdC, se fera dans la connaissance et le respect du contexte syndical local – souvent beaucoup plus restrictif qu’en Europe.

L’indispensable mobilisation «par le bas»

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Complémentaires des ONG, grâce à leur ex-pertise des dynamiques employeurs-employés et à leur position privilégiée au sein de l’Or-ganisation internationale du travail (OIT), les syndicats indépendants incarnent un ac-teur essentiel de tout projet de mobilisation ouvrière.Le point avec Robert Steiert, responsable de l’industrie électrique et électronique au sein de la Fédération internationale des orga ni-sations de travailleurs de la métallurgie (FIOM), basée à Genève.

Dans un secteur industriel et des zones géographiques peu favorables aux libertés syndicales, comment faire pour donner une voix aux travailleurs?Dans un premier temps, les organisations syndicales et ONG internationales sont cer-tainement les mieux placées pour représenter les intérêts des employés/es de l’industrie électronique. A moyen terme toutefois, il est nécessaire que la liberté d’association et de négociation soient acceptées et mises en œuvre partout, grâce à une pression soutenue sur les gouvernements qui ne reconnaissent pas, n’ont pas ratifié ou pas encore transposé la Convention 87 de l’OIT (liberté syndicale). La pression doit également s’exercer sur les entreprises qui produisent et font produire dans des pays où les normes fondamentales de l’OIT ne sont pas prises en compte. En outre, il importe de sensibiliser les consom-mateurs, afin que ceux-ci exigent des pro-

duits fabriqués dans le respect des droits des travailleurs. En dernier lieu enfin, c’est chez les ouvriers que la volonté doit être palpable: celle de s’organiser, de représenter collective-ment et solidairement leurs intérêts, en dépit du risque de conflit avec le management ou le gouvernement.

Quelles complémentarités entre ONG et syndicats dans cet effort de mobilisation?Les ONG et syndicats peuvent se soutenir mutuellement dans le relais des intérêts ouv-riers. Dans certains pays, les ONG jouissent d’une meilleure image que les syndicats, qui souffrent d’un manque d’indépendance par rapport au gouvernement, aux partis ou aux entreprises – lorsqu’ils ne sont pas minés par la corruption. Il est alors plus aisé pour les ONG de tisser des liens avec les travailleurs qui les accueillent plus volontiers. En fin de compte cependant, l’objectif demeure de convaincre les ouvriers que la représentation de leurs intérêts passe par l’organisation col-lective, et la création, si nécessaire, de syndi-cats indépendants. Les ONG doivent œuvrer dans cette optique avec des syndicats libres, sans chercher à s’y substituer. Les syndicats quant à eux doivent reconnaître que dans bien des cas, les ONG obtiennent plus facile-ment l’accès à la main-d’œuvre. Et qu’ils ont dès lors avantage à rechercher la collabora-tion avec les ONG, en se départant de tout préjugé et réticence.

ONG et syndicats: une complémentarité essentielle

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Nous demandons à Acer, Apple, Dell, Fujitsu Siemens et Hewlett Packard:– De s’engager, en investissant dans une collaboration durable avec leurs fournisseurs,

afin que sur leur chaîne mondiale de production les droits fondamentaux suivants soient respectés:

· l’interdiction du travail forcé · la non-discrimination · l’interdiction du travail des enfants · la liberté d’association et le droit à la négociation collective · des mesures de protection pour la santé et la sécurité au travail · la sécurité d’emploi · la garantie d’un salaire décent · le respect de la réglementation sur les horaires de travail– De soutenir la formation des ouvriers/ères des pays en développement à leurs droits,

en collaboration avec des organisations locales de la société civile

Nous appelons les citoyens et consommateurs de Suisse:– A tester la prise de responsabilité sociale de leurs marques favorites, en visitant le site

www.fair-computer.ch – A faire pression sur les marques et à sensibiliser les responsables d’achats informatiques

de leur institution professionnelle aux conditions de travail indécentes dans l’industrie des ordinateurs en envoyant et en diffusant les cartes postales de la campagne «High Tech – No Rights?» (remplir le bon de commande ci-après)

… Votre engagement peut faire la différence!Sur www.fair-computer.ch

Les revendications de Pain pour le prochain et l’Action de Carême

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Etudes de terrain sur la politique sociale et les réalités de la chaîne de production des plus importantes marques d’ordinateurs du marché européen, réalisées pour Pain pour le prochain

et l’Action de Carême par l’institut SOMO (Centre de recherche sur les entreprises trans-nationales), avec la collaboration de diverses associations de consommateurs européens.– Profils des cinq marques de proue sur

le marché suisse: Hewlett Packard – Dell – Acer – Apple –

Fujitsu Siemens – – Profil de trois pays de sous-traitance

des grandes marques: Chine – Thaïlande – PhilippinesTéléchargeables sur www.fair-computer.ch

Sites d’organisations internationales– Organisation internationale du travail

(OIT) – www.ilo.org– Fédération internationale des organi-

sations de travailleurs de la métallurgie (FIOM) – www.imfmetal.org

Nos sources

Partenaires du Sud– Labour Action China (LAC) – www.lac.org.hk – Students and Scholars against Corporate Misbehaviour (SACOM) – www.sacom.hk – Asia Pacific Workers Solidarity Links

(APWSL) – Thailand– Centre for Labour Information Service

and Training (CLIST) – www.workers-voice.org/adtusite/banner.html

– Workers Assistance Centre, Inc. (WAC), Philippines – www.wacphilippines.com

Partenaire en Europe et en Suisse– Centre de recherche sur les entreprises

transnationales – www.somo.nl – Fédération romande des consommateurs

– www.frc.ch

Bulletin de commande

Merci de me faire parvenir:

exemplaire(s) du dépliant «High Tech –

No Rights?» avec les cartes à envoyer

aux entreprises (gratuit)

exemplaire(s) de la brochure «High Tech –

No Rights?», (28 pages, 1er exemplaire

gratuit, ensuite 9 CHF/exemplaire)

de l’information sur Pain pour le prochain

de l’information sur l’Action de Carême

veuillez me tenir informé de vos actions

de politique de développement

Nom

Prénom

Rue

Lieu

Adresse e-mail

Année de naissance

Signature

Date

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Les jeunes femmes qui produisent nos ordi-nateurs high-tech vivent dans une réalité d’un autre âge. Elles travaillent souvent 12 heures par jour, sept jours par semaine, plusieurs semaines d’affilée. Leur salaire s’élève à moins de 50 centimes par heure et leur emploi est aussi précaire que dangereux. Des produits toxiques menacent leur santé et leur fécondité. Enfin, des millions d’entre elles, dans les usines électroniques chinoises, n’ont jamais eu de contrat de travail. Ce qui signifie qu’elles ré-

sident illégalement dans les zones de produc-tion et ne peuvent défendre leurs droits. Face aux réalités méconnues de l’industrie des ordinateurs, Pain pour le prochain et l’Action de Carême ont décidé d’agir. Avec la campagne «High Tech – No Rights?», elles encouragent les citoyens à utiliser leur pou-voir d’achat pour exiger des grandes marques – Hewlett Packard, Dell, Acer, Apple, Fujitsu Siemens – un respect des droits fondamen-taux du travail.

Pain pour le prochain est le Service des Eglises protestantes de Suisse pour le développement. Il soutient quelque 400 projets de développement dans 60 pays et lance chaque année, pendant les six semaines précédant Pâques, une campagne d’information et de récolte de fonds. Afin de renforcer les possibilités d’action des personnes défavorisées dans le Sud, Pain pour le

prochain s’engage pour des structures socio-économiques internationales plus équitables.

Av. du Grammont 9, 1007 Lausanne. Téléphone 021 614 77 17, Fax 021 617 51 75E-mail [email protected]. Internet www.ppp.ch

L’Action de Carême est l’œuvre d’entraide des catholiques en Suisse. Elle soutient financièrement plus de 350 projets en Afrique, en Amérique latine, en Asie et en Suisse. L’Action de Carême a également pour but de sensibiliser le public suisse aux problèmes du mal-développement et d’intervenir dans le débat politique sur diverses questions relatives au développement.

Av. du Grammont 7, 1007 Lausanne. Téléphone 021 617 88 81, Fax 021 617 88 79E-mail: [email protected]. Internet www.actiondecareme.ch