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Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com
Reunion interface Inserm–Societe francaise de neurologie
Reunion du jeudi 24 avril 2008
La conscience perceptive et ses perturbations dans la negli-
gence et l’extinction sensorielle : un modele des processus
implicites spatiaux
FARNE A.
INSERM, UMR-S 864, ESPACE ET ACTION, UNIVERSITE CLAUDE-
BERNARD–LYON-I ET HOSPICES CIVILS DE LYON, BRON, 69500
FRANCE
La negligence spatiale unilaterale est un desordre cognitif
spatial frequemment observe a la suite d’une lesion
hemispherique droite. Elle est caracterisee par une atteinte
du traitement conscient pour des evenements sensoriels
situes vers le cote de contralesionnel de l’espace (i.e., vers la
gauche), ainsi que par un deficit des comportements
d’exploration et des autres actions qui seraient normale-
ment orientees sur ce cote. Les patients negligents se
comportent comme si la moitie gauche de leur monde
n’existe plus. Dans l’extinction sensorielle, parfois consi-
deree une forme mineure de negligence, les stimuli
contralesionnels ne parviennent pas a la conscience lorsque
d’autres stimuli sont presentes simultanement du cote
ipsilesionnel droit.
De nombreuses etudes menees sur ces deficits de
conscience perceptive suggerent que des processus d’elabo-
ration implicites ont lieu concernant les stimuli qui ne
parviennent pas au niveau de la conscience, pouvant affecter
le comportement des patients inconsciemment. Une selec-
tion de ces etudes sera presentee pour differentes modalites
sensorielles et differents domaines cognitifs, du groupage
perceptif visuel a l’identification des connaissances seman-
tiques et/ou emotionnelles des stimuli « non percus ».
L’accent sera mis sur les approches comportementales et la
neuroimagerie fonctionnelle, qui ont permis de reveler que
l’elaboration residuelle est en accord avec la preservation des
entrees sensorielles primaires, par rapport a la lesion
cerebrale, ainsi soulignant le role joue par le cortex parietal
0035-3787/$ – see front matter # 2008 Publie par Elsevier Masson SAdoi:10.1016/j.neurol.2008.02.014
dans le codage multisensoriel des perceptions consciente et
inconsciente.
Electrophysiologie de la conscience
FISCHER C.a, MORLET D.b
a SERVICE DE NEUROLOGIE FONCTIONNELLE, HOPITAL NEURO-
LOGIQUE DE LYON, 69677 BRON CEDEX, FRANCEb U821, INSERM, CHS LE VINATIER, 69500 BRON, FRANCE
Les examens electrophysiologiques permettent d’evaluer le
fonctionnement cerebral avec une precision de l’ordre de la
milliseconde. L’evaluation fonctionnelle et le pronostic
d’eveil des patients comateux beneficient de l’enregistrement
des potentiels evoques sensoriels : les potentiels evoques
auditifs precoces ou de latence moyenne (PEAp et PEALM), et
les potentiels evoques somesthesiques (PES) qui evaluent le
tronc cerebral et les cortex sensoriels primaires. De facon plus
recente on enregistre les potentiels evoques cognitifs dans la
modalite auditive chez les patients comateux. Nous enregis-
trons d’une part la negativite de discordance (MMN) qui
evalue la memoire sensorielle et reflete le premier niveau de
traitement cognitif d’une information auditive et d’autre part
la composante P300 « novel » en reponse au propre prenom du
sujet insere de facon aleatoire dans la sequence de stimulus
sonores. Ces modalites ont prealablement fait l’objet d’une
validation en electrophysiologie et en PET Scan chez des
sujets en bonne sante. Lorsque la MMN ou la composante P300
sont presentes chez un patient comateux profond (score de
Glasgow ≤8) ou non communicant on peut penser que
l’environnement sonore du patient fait l’objet d’un traite-
ment cognitif chez ce patient. De plus chez certains patients
comateux la presence de P3b indique une representation
d’objet sonore analogue a ce qu’on peut enregistrer dans des
processus conscients. Ainsi, une presentation clinique
uniforme (coma profond avec Glasgow Coma score
≤8) peut recouvrir des etats fonctionnels cerebraux
divers allant de l’absence de reponse sensorielle primaire
a la presence de marqueurs electrophysiologiques de la
conscience.
S.
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Imagerie fonctionnelle de la conscience
LAUREYS S., BOLY M.
COMA SCIENCE GROUP, CENTRE DE RECHERCHES DU CYCLO-
TRON ET SERVICE DE NEUROLOGIE, UNIVERSITE DE LIEGE,
BELGIQUE
L’objectif de notre recherche est d’accroıtre notre connais-
sance du fonctionnement cerebral residuel des patients qui
survivent a une atteinte traumatique ou hypoxique-ische-
mique severe du cerveau, mais restent en coma, en etat
vegetatif (VS), en etat de conscience minimale (MCS) ou en
locked-in syndrome (LIS). Ces patients posent, en effet, des
problemes diagnostiques, pronostiques et therapeutiques
majeurs. L’etude de tels patients est aussi susceptible
d’ameliorer notre connaissance de la conscience humaine.
Nous revoyons ici les travaux sur l’evaluation comportemen-
tale de la conscience, et les etudes electrophysiologiques et de
neuroimagerie fonctionnelle que nous avons realises chez ces
patients. Au terme de cette presentation, nous discutons les
aspects methodologiques et ethiques et les concepts de
niveaux de soins et de qualite de vie de ces patients non-
communicants.
Les patients qui survivent a une atteinte severe du cerveau
passent classiquement par differents stades cliniques avant
de recuperer partiellement ou completement la conscience. La
conscience a deux composantes : l’eveil et la conscience du
monde exterieur. Le patient comateux est non-eveillable et n’a
pas de conscience de son environnement. Le coma irreversible
peut, dans certains conditions, etre considere comme un etat
de mort cerebrale. Apres quelques jours ou semaines, le
patient en coma qui recupere va ouvrir les eux. Si cet « eveil »
est uniquement accompagne d’une activite motrice reflexe et
denuee de toute interaction volontaire avec l’environnement,
le patient est alors qualifie de « vegetatif ». L’etat vegetatif peut
etre un etat de transition vers la recuperation ou peut rester
chronique, voire irreversible. Des signes d’activite motrice
volontaire doivent etre activement recherches, car ils annon-
cent l’etat de conscience minimale. Les criteres definissant
cette derniere entite clinique n’ont ete definis qu’en 2002 par
Giacino et al. afin de sous-categoriser les patients sortis de
l’etat vegetatif, mais restant incapables de communiquer leur
pensee.
Evaluation comportementale de la conscience – L’evalua-
tion clinique de la conscience chez un patient non-commu-
niquant est intrinsequement difficile. Il a ete demontre
qu’environ un patient sur trois diagnostique comme
« vegetatif » est en realite conscient (discute dans Majerus
et al., 2005). Avant d’entreprendre une etude de neuroimagerie
ou d’electrophysiologie chez des patients cerebroleses, il est
primordial d’obtenir une evaluation clinique precise en
utilisant des echelles comportementales standardisees et
adaptees. Apres avoir valide des echelles cliniques speciale-
ment concues pour differentier VS de MCS telles le « Coma
Recovery Scale-Revised » (CRS-R, Giacino et al., 2004 ;
Schnakers et al., 2004). Nous avons demontre que plus d’un
quart des patients consideres comme vegetatifs sont en fait en
etat de conscience minimale si l’on se base sur une evaluation
rigoureuse par la CRS-R (Schnakers et al., 2006).
Etudes electrophysiologiques – L’index bispectral (BIS) est
une variable derivee de l’EEG qui varie de 0 (trace isoelectrique)
a 100 (« tout a fait conscient ») et a ete valide empiriquement
dans la quantification de la profondeur de l’anesthesie
generale. Nous avons evalue l’utilite d’un monitorage EEG-
BIS (comprenant le front de frequence spectrale, la puissance
totale, et l’electromyographie frontale spontanee) chez les
patients en coma et etats apparentes (Schnakers et al., 2005).
Les mesures BIS des 106 acquisitions EEG obtenues sans
sedation et sans artefact correlaient de maniere significative
avec le niveau de conscience evalue par le Glasgow Coma
Scale. Une valeur BIS de 50 differentiait les patients incons-
cients (coma ou VS) des patients conscients (MCS ou « locked-
in » syndrome) avec une sensibilite de 75 % et une specificite de
75 %. Nous poursuivons l’objectif d’ameliorer cette approche
par la mesure de l’entropie et de la complexite de l’EEG.
En utilisant la technique des potentiels evoques (PE), nous
avons examine la capacite du patient a detecter son propre
prenom – un stimulus autoreferentiel puissant qui saisit
l’attention. Dans une premiere etude EEG-TEP (tomographie a
emission de positons), nous avons demontre la faisabilite de
cette approche chez un patient MCS qui par la suite a recupere
(Laureys et al., 2004b). Nous avons ensuite analyse de maniere
prospective les PE obtenus chez 18 patients diagnostiques par
des evaluations CRS-R repetees comme VS, MCS et « locked-
in » (Perrin et al., 2006). A notre surprise, chez 3 des 5 patients
vegetatifs (bien documentes d’un point de vue comportemen-
tal et suivis pendant plus d’un an afin d’exclure toute
recuperation clinique), nous avons enregistre un potentiel
« P300 » en reponse a leur propre prenom alors que ce potentiel
n’etait pas obtenu lors de la presentation des autres prenoms.
Une reponse P300 ne reflete donc pas necessairement une
perception consciente et ne peut pas etre utilisee pour
differencier de maniere fiable VS versus MCS.
Neuroimagerie fonctionnelle – Notre equipe a etabli que la
relation entre le fonctionnement metabolique cerebral global
et la presence ou l’absence de conscience n’est pas absolue. En
effet, certaines regions cerebrales semblent plus importantes
que d’autres dans l’emergence de la conscience. En utilisant
des analyses statistiques « voxel par voxel » (SPM – statistical
parametric mapping), nous avons montre qu’un large reseau
fronto-parietal associatif est systematiquement dysfonction-
nel chez les patients inconscients (Laureys et al., 1999). Une
autre caracteristique des patients vegetatifs est la preserva-
tion metabolique du tronc cerebral (comprenant la formation
reticulee mesopontique), de l’hypothalamus et du telence-
phale basal expliquant le maintien des fonctions autonomes.
La conscience n’est pas exclusivement liee a l’activite
metabolique dans le « global workspace » ou « espace de
travail general » fronto-parietal (Baars et al., 2003), mais, et de
maniere aussi importante, a la connectivite fonctionnelle a
l’interieur d’un reseau comprenant le cortex et les thalami.
Des deconnexions cortico-corticales (entre les aires medianes-
posterieures et latero-frontales) et cortico-thalamo-corticales
(entre les noyaux thalamiques non-specifiques et les aires
medianes-posterieures) ont pu etre identifiees chez les patient
en VS (Laureys et al., 1999). En outre, la recuperation de l’etat
vegetatif est associee a une recuperation de l’integrite
fonctionnelle du reseau fronto-parietal (Laureys et al.,
2000b) et d’une partie de ses connexions cortico-thalamo-
corticales (Laureys et al., 2000d). Le precuneus et le cortex
cingulaire posterieur adjacent constituent un nœud critique
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dans ce reseau frontoparietal. Ces regions differencient le
mieux le VS du MCS, sont le plus atteintes chez le VS et
reprennent une activite metabolique proche de la normale
apres reprise de conscience. Une meta-analyse de 207 images
TEP obtenues en eveil et lors des differents stades de sommeil
ainsi qu’une re-analyse des donnees TEP obtenues en
anesthesie (Bonhomme et al., 2001), ont confirme leur role
capital dans ces etats d’inconscience physiologique (som-
meil) et pharmacologique (Vogt and Laureys, 2005). Nous
avons aussi caracterise la connectivite fonctionnelle d’une
partie de cette region mediane posterieure en confrontant des
donnees histologiques obtenus post-mortem avec des don-
nees in-vivo TEP obtenues chez 163 sujets sains (Vogt et al.,
2006).
En utilisant la TEP-H215O, nous avons etudie le traitement
cerebral de stimuli nociceptifs, auditifs et emotionnels en VS
et MCS. Chez 15 patients vegetatifs, notre groupe n’a trouve
aucun argument en faveur d’une activation en aval des aires
somatosensorielles primaires. Des analyses de connectivite
fonctionnelle ont demontre que l’activation residuelle corti-
cale primaire etait comme un ılot, dissocie des aires
hierarchiquement superieures considerees necessaires a la
perception consciente (Laureys et al., 2002). A l’oppose,
l’etendue et le niveau d’integration de l’activation cerebrale
induite par des stimuli nociceptifs chez 5 patients en MCS
sont susceptibles de refleter une perception sensitive et
affective comparable a celle observee chez les sujets sains
(Boly et al., 2004). Une stimulation auditive elementaire chez
des patients vegetatifs induisait une activation corticale
auditive primaire malgre l’effondrement massif de l’activite
metabolique mesuree au repos. Toutefois, l’identification
d’une cascade de deconnexions fonctionnelles tout au long
des voies auditives – des aires primaires aux aires multi-
modales, attentionelles et limbiques - suggere que la
persistance d’une integration cognitive est peu probable en
VS (Laureys et al., 2000a). Nous avons ensuite montre que,
compares a 15 patients VS, chez 5 patients MCS la connecti-
vite fonctionnelle est superieure entre les cortex auditifs et
les aires frontoparietales (Boly et al., 2004). En outre, chez le
patient en etat de conscience minimale, des stimuli auditifs
avec connotation emotionnelle (cris de nouveau-ne et le
propre prenom du patient) induisaient une activation
cerebrale beaucoup plus etendue qu’un bruit neutre. Le
traitement cognitif distinct objective par TEP (mais non
cliniquement reconnaissable au lit du patient) indique que le
contenu verbal a une importance quand on parle a un patient
MCS (Laureys et al., 2004b). Ces resultats ont ete repetes au
cours d’une etude en imagerie par resonance magnetique
fonctionnelle (IRMf) (Di et al., 2007). Finalement, en collabo-
ration avec Owen et al. (2006), nous avons propose un
nouveau paradigme d’IRMf (Boly et al., 2007) au cours duquel
on demande a des patients non-communiquants d’effectuer
des taches d’imagerie mentale a des moments precis au cours
de l’acquisition des donnees. Chez un seul patient
« vegetatif », une activation specifique a la consigne
demontrait sans la moindre equivoque un traitement
conscient de la commande en l’absence de tout signe
comportemental de conscience. L’examen clinique a demon-
tre que le patient etait ulterieurement devenu capable de
suivre du regard, temoignant de l’evolution clinique vers
l’etat de conscience minimale.
Critiques methodologiques, ethique et qualite de vie –
Pour finir, nous soulignons les difficultes rencontrees lors de
l’acquisition, l’analyse et l’interpretation des etudes en
neuroimagerie fonctionnelle, EEG et potentiels evoques
chez les patients dont la conscience est alteree et discutons
les problemes ethiques specifiques de l’etude de
tels patients dont le consentement ne peut etre obtenu
(Laureys et al., 2004a). Nous refutons aussi l’idee selon
laquelle l’etat vegetatif est equivalent a la mort cerebrale
(Laureys, 2005) et finalement discutons de la qualite de vie
des patients en locked-in syndrome effectuees en collabora-
tion avec l’association francaise du LIS (ALIS) (Laureys et al.,
2005).
Nous esperons que des recherches multicentriques contri-
bueront a un accroissement rapide de nos connaissances a
propos des patients dont l’etat de conscience reste altere apres
une atteinte severe du cerveau.
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Structures et mecanismes centraux responsables de la
genese, de la regulation et du maintien de l’activation corticale
durant l’eveilLIN J.S.
INSERM/UCBL-U628, PHYSIOLOGIE INTEGREE DU SYSTEME
D’EVEIL, DEPARTEMENT DE MEDECINE EXPERIMENTALE,
FACULTE DE MEDECINE, UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD, 8,
AVENUE ROCKEFELLER, LYON, FRANCE
Fonction primordiale a la survie, a l’exploration et a la
conscience, l’eveil est aussi la condition pre-requise a la
realisation de toute activite cognitive. Le maintien du cerveau
dans cet etat complexe necessite une action convergente/
divergente de l’ensemble des reseaux reticulaires ascendants
echelonnes depuis le bulbe rachidien jusqu’au telencephale et
implique de nombreuses populations neuronales. Depuis la
theorie reticulee de Moruzzi et Magoun (1949), on sait que le
systeme thalamocortical constitue la principale voie trans-
mettant les signaux excitateurs du tronc cerebral au cortex. Ce
systeme ne serait, cependant, pas exclusif, car la destruction de
la formation mesencephalique ou de son relai thalamique
n’entraıne jamais la disparition de l’eveil. D’autres systemes
doivent donc exister, parmi lesquels on cite les neurones
aminergiques/cholinergiques, les structures cerebrales comme
le telencephale basal et, en particulier, l’hypothalamus pos-
terieur. Ce dernier figure comme une structure cle, car elle est la
seule dont la destruction ou l’inactivation par le muscimol
(agoniste du GABA) entraıne une hypersomnie chez plusieurs
especes et retablit le sommeil dans les differents modeles
experimentaux d’insomnie chez le chat. De plus, il a ete montre
au sein de cette structure que l’une des populations neuronales
controlant l’eveil serait le systeme diffus a histamine. Plus
recemment, les neurones contenant les neuropeptides, orexi-
nes, ont ete egalement identifies adjacents aux neurones a
histamine. Ces neurones dont le deficit entraıne la narcolepsie,
pourraient egalement promouvoir l’eveil par leurs projections
diffuses. Quel est donc le role respectif de chacun de ces
systemes dans le maintien de l’eveil, quelle est leur organisa-
tion, leurhierarchie et leursmecanismesconnusactuellement?
Cette presentation consistera a illustrer les donnees experi-
mentales permettant d’apporter des reponses a ces questions.
Les theories de la conscience
GAILLARD R.
Resume non transmis
La recherche chez les patients inconscients
LEMAIRE F.
PARIS
Resume non transmis