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Cette cinquième édition est placée sous l’emblème de la question : que mon(s)tre-t-on ? La monstration (le fait de montrer) contient l'idée d'excès (monstre), d'une échappée hors de la norme. La question contient-elle la réponse ? Montrer est-il neutre ? D'où parle le monstre ? Langage et vision ; dire ce que l'on voit, c'est le propos.
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1revue d’expériences sensorielles #2 / mars 2013
Que mon(s)tre-t-on ?
Gosto
- J’ai
me / G
osto
de ca
lor -
J’aim
e la c
haleu
r
/ Gos
to de
caju
- J’aim
e les n
oix
de ca
jou / G
osto
de rir
- J’ai
me rire
/ Gos
to de
passe
ar a p
é - J’
aime m
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promen
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osto
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ousse
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sobr
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emos
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J’aim
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desse
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esp
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dans
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de ca
sa
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limpa
s - J’
aime
les to
ilette
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/
Gosto
de ce
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-
J’aim
e la b
ière /
Gosto
de m
e
levan
tar
cedo
-
J ’a im
e
me lev
er tôt
/ Não
gos
to -
Je n
’aime
pas
/
Não go
sto de
frio -
Je
n’aim
e pas
le fro
id / N
ão
gosto
de se
ntir s
auda
des -
Je
n’aim
e pa
s sen
tir « s
auda
des »
(le m
ot est
trad
uit e
n fra
nçais
par
manqu
e et
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lgie)
/ Não
gos
to de
vinho
tinto
- Je n
’aime p
as le
vin
rouge
/
Não g
osto
do fu
mo do
s ciga
rros -
Je n’
aime
pas la
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des c
igaret
tes /
Não go
sto de
to-
mar med
icamen
tos - J
e n’ai
me pas
pren
dre de
s
médica
ments
/ Não
gosto
de m
e sen
tir ap
erta-
da - J
e n’ai
me pas
me s
entir
coinc
é / N
ão go
sto
de es
tar d
oente
- Je
n’aim
e pas
être
malade
/
Não go
sto de
casa
de ba
nho s
ujas -
Je n’
aime
pas le
s toil
ettes
sales
/ Não
gosto
de m
e deit
ar
tarde
- Je
n’aim
e pas
me c
ouch
er tar
d / N
ão
gosto
que
me m
intam
- Je
n’aim
e pas
que l
es
gens
me m
enten
t
SOFIA
FITA
S
J’aim
e me
prom
ener
dans
un aé
ropo
rt
sans
la né
cessi
té de
pren
dre l
’avion
/ J’a
ime
m’allon
ger
sur
le so
l de
mon s
alon
dans
les ra
yons
du
solei
l / J’
aime
fumer
/ J’ai
me
nage
r / J’
aime l
a se
nsati
on d
e la
vibra
tion /
J’aim
e les
rires
inco
ntrôla
bles /
J’aim
e lon
ger
la mer
en v
oitur
e / J
’aime
lire la
prem
ière
et la
dern
ière p
hras
e d’un
livre
/ Je
n’aim
e
pas l
es pr
éface
s / Je
n’aim
e pas
me p
romen
-
er le
long
des a
venu
es d
e bor
d de
mer
avec
un p
ull s
ur le
s ép
aules
en
mange
ant u
ne
glace
les s
oirs d
’été
/ Je
n’aim
e pa
s le
reg-
gae
/ Je
n’aim
e pa
s les
pou
ssette
s dan
s les
bus
ou le
s métr
os /
Je
n’aim
e pa
s po
rter
des
tongs
/ Je
n’ai
me pa
s la
médioc
rité /
Je n’
aime p
as la
lâch
eté /
Je n’
aime p
as le
s
socié
tés q
ui ne
s’int
éresse
nt pa
s aux
cond
i-
tions
d’inc
arcé
ratio
ns de
leur
s crim
inels,
les
priso
ns in
digne
s / Je
n’aim
e pas
l’ENA
CÉDRIC
GO
URMEL
ON
J’aim
e
les
rayure
s
/ J’ai
me la
laine
/
J’aim
e les
mains /
J’aim
e
les fl e
urs /
J’aim
e la l
enteu
r / Je
n’aim
e pa
s le r
etard
/ Je n
’aime p
as
la cu
lpabil
ité /
Je n’a
ime p
as la
bav
e / Je
n’aim
e pas
le vid
e / Je
n’aim
e pas
la po
ussiè
re
ANAÏ
CK MO
RICEA
U
Je n
’aim
e pa
s me
laisse
r en
vahir
par
le
son
des
gâtea
ux br
isés
dans
la bo
uche
de q
uelqu
’un d
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le tra
in, b
ouch
e où
je
m’engo
uffre
/ J’aim
e mes
crott
es d
e nez
qui
m’ont a
idé à
senti
r mon
corp
s dan
s les
gi-
gante
sque
s mom
ents d
’aban
don /
J’aim
e les
couc
hes e
t les
sous
cou
ches
des
ong
les a
r-
rach
és /
J’aim
e la m
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nd on
ne sa
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plus c
e que
c’es
t, qu’e
lle n’
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lus qu
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toutes
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s au
parfu
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quan
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tre ap
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ît, réa
ppar
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/ Je n
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as le
s hom
mes e
n jea
n bas
kets
blous
on a
u bra
s de l
eur f
emme,
talon
s, bie
n
soign
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J’aim
e les
acce
nts, to
us le
s acc
ents,
chaq
ue m
atière
de
voix,
cha
que
sono
rité,
dans
ce
qu’el
le ra
conte
et c
e qu
’elle
cach
e
/ Je
n’ai
me pa
s déte
ster l
es p
erson
nes q
ui
semble
nt êtr
e de “
mon m
ilieu”
, mêm
e si je
ne
peux
m’en
passe
r / Je
n’aim
e pas
ne pa
s me
rendr
e com
pte qu
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chos
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ZIO
J’aim
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es, C
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in, B
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Nau
man,
les ell
ébor
es,
le cla
vecin
, 5 h
de l’a
près
-
midi, l
e Cah
ier B
leu (W
ittgen
stein)
, le
deux
-
ième m
ouve
ment d
u Tri
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s Esp
rits (n
° 5 d
e
Beeth
oven
), Ba
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mar
chés
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Noël,
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Lorsqu’une idée du dehors t’atteint, quelle que soit sa naissante réputation, demande-toi : quel est le corps qui est là-dessous ?
Henri Michaux
5
La revue 360 degrés a choisi de porter un regard sur les spectacles qui seront présentés du 26 au 29 mars à La Passerelle dans le cadre du festival 360 degrés : un regard oblique, à la marge, en quête de l’esprit qui anime les œuvres et des résonnances entre elles.
La cinquième édition du festival est placée sous l’emblème de la question : que mon(s)tre-t-on ?
La monstration (le fait de montrer) contient l’idée d’excès (monstre), d’une échappée hors de la norme.
La question contient-elle la réponse ? Montrer est-il neutre ? D’où parle le monstre ?
Langage et vision ; dire ce que l’on voit, c’est le propos.
66
a.pə.le. œ̃ ea œ̃ ea
10
La représentation n’est pas l’acte de produire une forme visible, elle est l’acte de donner un équivalent, ce que la parole fait tout autant que la photographie. L’image n’est pas le double d’une chose. Elle est un jeu complexe de relations entre le visible et l’invisible, le visible et la parole, le dit et le non-dit. Elle n’est pas la simple reproduction de ce qui s’est tenu en face du photographe ou du cinéaste. Elle est toujours une altération qui prend place dans une chaîne d’images qui l’altère à son tour. Et la voix n’est pas la manifestation de l’invisible, opposé à la forme visible de l’image. Elle est elle-même prise dans le processus de construction de l’image. Elle est la voix d’un corps qui transforme un événement sensible en un autre, en s’efforçant de nous faire « voir » ce qu’il a vu, de nous faire voir ce qu’il nous dit.
Jacques Rancière
11
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3. Le spectateur doit pouvoir changer de point de vue sans changer de place : il faudra pouvoir refaire chaque scène au moins quatre fois sous un angle différent.
Collectif Ivan Mosjoukine
13
14
15
(…)
Gustave Flaubert
18
19
20
En 1929, à l’âge de 27 ans, Firmin Quintrat prit la décision de dépenser les années qu’il lui serait donné de vivre à regarder, le plus grand nombre possible de ses contemporains.
Il parcourut le monde, sans souci d’exhaustivité, sans fantasmer sur un regard total sur la planète, et consacra quelques secondes à tous les visages qui se présentaient à lui. Il ne tint pas les comptes de ses rencontres, pas plus qu’il ne confia ses émotions à un journal.
« Mon œuvre, écrivit-il à son frère, puisque je suis artiste, ce seront mes yeux, qu’il vous faudra exposer sous un globe de verre, les yeux de l’homme qui aura vu le plus d’hommes dans sa vie. L’humanité se sera imprimée sur leurs rétines. Ces yeux seront devenus des sommes, des archives, une collection unique. »
Jean-Yves Jouannais
21
2424
360 degrés, revue d’expériences sensorielles #2 / mars 2013
Pages 2 & 27
J’aime / je n’aime pas
2013
Page 3
Détail de peinture
Simon Hantaï
Extrait de
Poteaux d’angles
Henri Michaux
Éditions Gallimard
Page 4
???
Page 6
Appeler un chat un chat
Alphabet de Phonétique International
Page 7
49 signes
Stéphane Jouan
Sérigraphie, 1999
Pages 8 & 9
Sofia Fitas
Photographie
Page 10
Extrait de
Le spectateur émancipé
Jacques Rancière
Éd. La Fabrique
Page 11
Effet Koulechov
Lev Koulechov
Image extraite du montage vidéo réalisé par Lev Koulechov en 1922 à l’Institut supérieur cinématographique d’état (Russie), expérience rebaptisée Effet Koulechov. Avec l’acteur russe Ivan Mousjoukine.
Page 12
Extrait de
For Ida
Antonia Baehr
Page 13
Guillaume Duchenne de Boulogne
Médecin neurologue français (1806 - 1875), ici avec son patient, homme aux traits paralysés, dont les expressions sont obtenues par stimulations électriques.
Photographies
Pages 14 & 15
Ivan Mosjoukine
Photographie
Pages 16 & 17
Extrait de
Saint-Julien l’Hospitalier
Trois contes
Gustave Flaubert
Éditions Gallimard
Pages 18 & 19
Éléonore Didier
Photographie
Page 20
Extrait de
Artistes sans œuvres
Jean-Yves Jouannais
Éditions Hazan
Page 21
Image extraite de
Shining
Stanley Kubrick
Page 22-23
Sandrine Buring
Photographie
Yves Flatard
Page 24
Consanguineous
Adam Hayes
Dessin
Page 26
Détail de peinture
Simon Hantaï
Extrait de
Roland Barthes par Roland Barthes
Roland Barthes
Éditions du Seuil
25
Directeur de la publication : Alex BroutardDirection éditoriale : Stéphane JouanConception : Julien Coudreuse, Émeric Guémas et Stéphane Jouan.Remerciements : Antonia Baehr, Xavier Boussiron, Sandrine Buring, Éléonore Didier, Fantazio, Sofia Fitas, Cédric Gourmelon, Graziella Jouan, Anaïck Moriceau, Sophie Perez, Renata Piotrowska, Noé Soulier.Réalisation graphique : Émeric Guémas / Atelier Puzzle-Rennes
26
J’aime, je n’aime pas : cela n’a aucune importance pour personne ; cela, apparemment, n’a pas de sens. Et pourtant cela veut dire : mon corps n’est pas le même que le vôtre.
Roland Barthes
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27
LA PASSERELLE, scène nationale de Saint-Brieuc | www.lapasserelle.info
