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  • 7/30/2019 Rldc104 PDF Ecran 59

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    pERSpECTIVES

    n 1 0 4 M A I 2 0 1 3 r e v u e l a m y d r o i t c i v i l 59

    ENQUTE

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    Reste dans les tiroirs pendant de longues annes, la fiducie a finalement t cre par une loi

    du 19 fvrier 2007. Plus de six ans aprs son introduction en droit franais, cet instrument juridique

    estil utilis ? Au soutien de quel type de montages ? Pour quelles finalits ? Enqute.

    La fiducie, une russite ?

    L es premiers projets de loi visant introduire le trust dans ledroit franais datent du dbutdes annes 1990. Pendant plus de

    quinze ans, le systme juridique est

    rest hermtique cette institution, qui,

    en permettant la cration dun patri

    moine daffectation, portait atteinte

    la traditionnelle unit du patrimoine et

    faisait apparatre le spectre des fraudes

    fiscales , analyse Magali Bouteille,matre de confrences lUniversit

    du Maine.Fortement rclame par les praticiensdu droit, la fiducie a t introduite par

    la loi n 2007-211 du 19 fvrier 2007(JO 21 fvr.), la suite dune propo-sition de loi prsente par Philippe

    Marini, snateur de lOise et prsidentde la commission des finances. La

    France ne disposait pas dun instrument identifiable, au rgime clairement

    dfini, contrairement de nombreux

    autres pays, et alors mme que le trust langlosaxonne prenait une part

    croissante dans la vie des affaires inter

    nationales , explique le snateur. Et

    dajouter : En raison de cette lacune,on assistait des dlocalisationsdop

    rations conomiques vers des pays plus

    attrayants dun point de vue juridique.

    Il en rsultait un appauvrissement de

    la France et un accroissement des dif

    ficults contrler les flux financiers

    internationaux. Jai jug quil taittemps de remdier cet tat de fait.

    UNE MISE EN PLACE RATEPAR LE LGISLATEUR Mais il a fallu quatre lois successives

    pour mettre en place cet outil juridique,pourtant surnomm la reine des srets par certains experts. La mise enplace rate par le lgislateur a dcourag

    les utilisateurs. Cela a cr un sentiment

    dinscurit et les potentiels intresss

    ne voyaient pas lintrt davoir recours la fiducie , explique Sophie Schiller,secrtaire gnrale et trsorire de la

    Fdration nationale droit du patri-moine (FNDP).

    Le schma de la fiducie est le suivant :il sagit dun contrat par lequel une per-sonne (le constituant) transfre tout ou

    une partie de ses biens quelle possde une autre personne (le fiduciaire), danslintrt dun bnficiaire. Le fiduciaire

    gre et tient une comptabilit distincte

    du patrimoine fiduciaire. Il existe deuxtypes de fiducie : gestion ou garantie

    (v. encadr).Dans les deux cas, le fiduciaire est celuiqui reoit les actifs en les maintenant

    hors de son patrimoine. Seuls peuventavoir la qualit de fiduciaires les tablis-sements de crdit, le Trsor public, la

    Banque de France, la Poste, la Caissedes dpts et consignations, les entre-prises dassurance et les entreprises

    dinvestissement.Mais les grandes banques ont refus

    cette qualit. Elles ont eu peur, nontpas ressenti lutilit de la fiducie. En

    outre, mettre en place cet outil demandait

    de lourdes dmarches administratives et

    techniques, souligne Sophie Schiller.

    EQUITIS, CACIB ET LA CAISSEDES DPTS : DES FIDUCIAIRESACTIFSParmi les fiduciaires autoriss par lelgislateur : la Caisse des dpts et

    consignations. Elle a choisi daccompagner le dveloppement de cet

    instrument innovant en assurant sapromotion auprs des acteurs de la place

    et en exerant ellemme la fonction de

    fiduciaire dans des montages spcifiques

    correspondant ses doctrines dinter

    vention , explique Arnaud Cartron,directeur du dpartement des mandats

    et de la fiducie la Caisse des dpts.CACIB (Crdit Agricole Corporate andInvestment Bank), autre fiduciaire en

    France, explique que le premier rle dufiduciaire est daccepter ou de refuserles oprations de fiducie. Lacceptation

    dune telle opration suppose davoirestim sa structuration possible, avec

    en tte une double exigence : la solidit

    de la structure juridique permettant

    de bnficier du rgime extrmement

    favorable de la fiducie et lefficacit de

    ladite structure, en veillant ce que

    la mission du fiduciaire soit ralisable

    automatiquement le moment venu.

    Tout doit tre prvu ds la rdaction du

    contrat de fiducie et, chaque fois, il

    sagit de faire du surmesure, dtaille

    Matthieu Dubertret, de CACIB.Enfin, Stphan Catoire, directeur gn-

    ral associ chez Equitis, troisimefiduciaire actif, prcise bien que le

    fiduciaire nest l que pour appliquer les

    termes du contrat. Sil ne participe pas

    la rdaction du contrat, il doit tre trs

    attentif la dfinition de sa mission.

    Ces trois fiduciaires ont dailleurs crlAssociation franaise des fiduciaires(AFF). Cette association sarticule

    autour dun comit scientifique, quipoursuit des travaux de recherche sur la

    fiducie, et dun site Internet, qui a voca-tion rpertorier les fiducies et publierles travaux de son comit scientifique.LAFF a aussi mis au point une charte

    de dontologie.

    Par Stphanie de SILGUYJournaliste