Upload
clamaro
View
155
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
^i^^sm
r^
l)
co llco
,,l
XIA^
eto /-
LES
RI
ES DE PARISMODERNE
PARS ANCIEN ET
l'AllS.
TVl'OCltAl'liri'Kli:
DE WITTKIiSlllillM,
MDNTMOI'.KNCY
M"
S.
^gSfiHiirEE?'-
LES
RTES DE PARISacniM ETORIGINES, HISTOIREMONUMENTS, COSTUMES, MURS, CHRONIQUES ET TRADITIONSIIL'VKAGE
RDIC
PAR
L'LITE
DE
LA LITTRATURE
CONTEMPORAIi^E
SOIS
i,.\
niuECTioN
1)1,
'I
illiisli
tic
.'{(Kl
dessins
rvciils
par
les
aiiislcs
les
plus
(lisliii.i;iis
TOME PREMIER
PARISG.
KlIGELiMANN, D[TL1U.1841
25,
HIIK .fACOI
J^'^'^oM
t'^
ft
jai^s.
o/iif/o
ifJif
^^-jp/y/t/eart
L7
Typ. Lacrampe.
A
travers les rues.
'i
A TliAVEUS
LES RE ES.et
(raire, ont esquiss les traits
du caractre
de
la
figure des
l'arisiens
de leur
sicle.les
Les silhouettes de Tallemant-des-Uaux,|ar
originaux copis
Labruyre,
les ridicules surpris
par
l'il
perant de Lesage,
les fictions
transparentes de La Fontaine, les dlicieuses fantaisiescaillette qui a
de cette iininorlelleles
nom madameles
de Svign,
personnages vivants de Molire,les
hros dshabills de
Saint-Simon,et
peintures exagres de Mercier, de Saint-Foixles
de Rtif de La Bretonne,
observations ingnieuses de notrela toile
littrature
contemporaine, ont pass tour tour sur
mobile du tableau de Paris, en y laissant tomber del'imagination, dela
l'esprit,
de
verve, del malice, deet
la
haine, quelquefois
un peu de morale,Les peintres la
souvent beaucoup de gnie.je parle, s'efforcent,
plume, dont
l'exempletoits
du Diable boiteux,la
d'taler nos yeux,les
au travers des
decl
ville, les
murs,la
habitudes,
les
modes,:
les
amours
les
vices deils
jjersonnalit
parisienne
comme
l'immortelle;
Asmode,
s'ingnient regarder, de prs et de loin, dans
salon, dans l'antichambre et dans l'alcve des maisons de Parisils
braquent
la
lunette de l'observationle
comique ou svre, sur;
le thtre,
sur l'glise et sur
prtoire
ils
fouillent des yeux,
et
par
la
pense, dans les prisons, dans les hospices, dans lesle
bagnes, chezles petits,
pauvre
et
chez
le riche,
chez
les
grands
et
chez
chez
le roi et
chez
le
peuple, partout o l'on pleure,l'on pense,
ol'on
l'on crie,
o l'on chante, o
o l'on aime,
oii
calomnie, o l'on vole, o l'on tue, o l'on souffre, o l'on
travaille,
en se pressant de vivre pour mourir.
Fh
bien! cette vaste collection de dessins, de caricatureslois,
ou de portraits, d'usages, devilenies,
d'ides,
de modes,;
de
de passions, de souffrancessi
et
desi
sottises
toutes ces
couleurs
brillantes, si capricieuses et
varies; ces millele
coups de pinceau qui doivent servir retracer nos yeuxspectacle des socits parisiennes,il
a
manqu
peut-tre, selon
moi,
la
peinture historique de ces rues de Paris o ont march,si
en des appareilsfaire revivre
divers, les originaux (jue l'on a essay dele
dans
monde de
l'observation littraire.
A
RAVEUS LESimmense
lUIES
r,
Le cadre dedansles
celte nouvelle et difficile publication embrassera
Paris tout entier et son
histoirela
:
nous j)ntreronsLutce;
boues marcageuses dele seuil
primitive
nous
passerons devant
des maisons moins grossires du Parisla cit,
des rois Francs
:
autour du sombre et ftide berceau de dela
nous verronsrivales,
s'lever, sur les bords
Seine, deux villes
deux surs jumelles qui;
[jrotgeront la triste vieillessela
de leur mrepavs de
nous marcherons dans
fange et dansles
la
fume
des rues de Paris du xf sicle; nous fouleronsla ville
premiers
de Philippe-Auguste; nous nous hasarderons,le
en tremblant, danssalueronsle
terrible
Parisle
du moyen-gela
;
nous
Paris de Franois \",les Parisiens
Paris desicle,
renaissance;la
nous coudoieronset
du grand
de
Rgencecadavre
de
la
Rvolution; nous tenterons de ressusciterParis; enfin,
le
archologique de la naissance,
nous assisterons, par l'tude,
au dveloppement, l'agrandissement merveil-
leux de
la
misrable cit d'autrefois, s'levant, s'levant toujoursla capitale
jusqu'aux proportions splendides de
du monde.le
Le
livre des
Rues de Paris s'adressera,
comme
disait
nagureouvragepar:
l'intelligent diteur qui ose
entreprendre un pareil
l'historien, par le rcit desles
vnements publics; auau philosophe,;
penseur, parle
enseignements de
l'histoire;
souvenir du travail, dela
par l'tude et
du progrs reproduction exacte des monumentsla lutte et la
l'artiste,;
l'an-
tiquaire, par l'esquisse rtrospective des ruines et des reliques
nationales
mode;
facile;
du roman et de la l'homme du monde, par le charme d'une science l'homme du peuple, parles chroniques et les traditions;
aux femmes, par
curiosit
populaires; l'tranger, au voyageur, par les indications les
plus compltes et les plus magnifiques sur
la cit
moderneles
qu'il
viendra voir.
A chaquefixs
pas
,
en
effet,
au dtour de chaque rue,il
yeuxde
sur l'criteau qui porte son nom,
vous sera
facile
dchiffrer, ce livre la main,intellectuelle,
une page dede
l'histoire morale,la
politique ou
religieuse
ville
de Paris.
Si cela vous intresse, les vieilles rues s'empresseront de vous
/i
A
THAVKUS LES RUES.la
|ins
longtcMiips de cela,
une voix clatante qui
Arit'ii
TKAVKItSvoix
ij;s luir.s.
iiioiiis
rpio
l;i
icNoliiliomi.iiicr()i'(l;i\
de
D.inloii, cl,
siii-
le.111
seuil
(lo
ccWr
|t(trl(',
('TEI.-l)K-Vll.Li:.([iie le
cha(iiie plaie, et ses cris cessaient aussitt
tenailleineiit etail
liiii.
Enfin, on procda aux ligatures des bras, des jandies et des cuisses, pour
oprer rcarllenient. Cette prparation fut trs-longue et trs-douloureuse. Les cordes troitement lies, portant sur les plaiessi
rcentes, cela
arracha de nouveaux cris au patient, mais ne l'empclia pas de se considrer avec une curiosit singulire. Les chevaux ayant t attachs,les tirades furent ritres
longtemps avec des
cris affreux;
de
la
part duI
supplici. L'extension desle
membres
fut incroyable
mais rien n'annonai
dmembrement. Malgr
les efforts
des chevaux, qui taient jeunes
e(
vigoureux, peut-tre trop, cette dernire partie du supplice durait depuisplus d'une heure, sans (ju'on pt en prvoir lal'urgiens attestrent auxfin.
Les mdecins
et chi-
commissairessi
qu'il tait
presque impossible d'odes chevaux, en cou-
prer
le
dmembrement,
l'on
ne
facilitait l'action
pant
les nerfs
principaux qui pouvaient bien s'allonger prodigieusement,les
mais non pas tre spars, sans une amputation. Sur ce tmoignage,
commissaires tirent donner ordre l'excuteur ded'autant i)lus quela
faire cette
amputation,
nuit approchait et qu'il leur parut convenable que le
supplice ft termin auparavant.
En consquence devit se
cet ordre, aux joinfit
tures des bras et des cuisses, on coupa les nerfs au patient; ontirer les
alors
chevaux. Aprs plusieurs secousses, on
dtacher une cuisseil
et
un bras. Le supplici regarda encore cette douloureuse sparation;et ce
parut conserver la connaissance aprs les deux cuisses et un bras spars
du tronc,
ne
fut
qu'au dernier bras qu'il expira. Les membres
et le
corps furent jets sur un bcher.
Ce supplice estchers;
le
plus horrible de tous ceux qu'ait vus la place de
l'Htel-de-Ville. LBSKUVAT()IUK([\u'.
S'.)
par
lK
L'OBSEHVATOIUK
01
la mayiiili(|iie allt-e, dga,^t'e de ses dans toute sa longueur; voil un des plus beaux travaux excuts depuis Louis XIV. Puis ramenant la vue sur la coureiiliii,
Voil,
dit-il
en dsignant
vieilles
masures
et dj plante
de l'Observatoire
:
Quelqueje
est Y imbcille qui a trac autour de ce
monument une courtelle
aussi troite, aussi mesquine?
Votre majest vient de caractriser notre architecte d'unene dois pas
faon
Fontaine me dira son nom, reprit Au reste, sa justification estn'tait pas libre,il
Napolon en souriant.
facile, ajoutale
M. Arago. L'architectele
ne pouvait empiter surla grille,
clidloau-d'eaa qui est l sur
notre gauche, appuy contre
et (jui
contient
bassin pour
la
distribution des eaux d'Arcueil.
Ce n'est pas une excuse end'eau plus loin.
fait d'ait;
on aurait transport
le
chteau-
On
n'touffe pas
pour
si
peu un beau monument.il
Puis jetant un coup-d'il autour de
lui,
ajouta
:
Il
faut
que
l'alle
de marronniers se prolonge et se dessine autour de
l'Observatoire pour rejoindre ensuite le boulevart extrieur. Ce sera une
magnifique entre de Paris du ct du sud.
Ce point convenu, ses yeux se portrent vers Ce dme a-t-il t dor':*
le
Je ne crois C'est une
Val-de-Grce
:
pas, sire. J'ai souvent, dansai
mes
observations, dirigela
la
lunette sur ce point de mire, et je n'y
jamais reconnu
moindre
trace d'anti(pie dorure.faute.
Les points levs doivent tre clatants. Vous neproduit sur l'arme par les
sauriez vous figurer
l'effet
dmes de Moscou.
Us taient tous dors.se trahissait chaque parole la prodigieuse activit Napolon; mais elle devait clater encore avec plus de puissance. Dsign le lendemain par l'Acadmie des Sciences pour aller aux
C'est ainsi que
d'esprit de
Tuileries, M.
Arago futreconnu par l'empereur, qui s'approcha vivementlui dit-il, travaille-t-on
de
lui.
Eh bien! Mais,!
au nouveau boulevart?la
sire,
rpondit M. Arago abasourdi de
question, je n'ai pas
d'ordre donner pour cela.
Oh je vois que vous ne vous souciez pas de mon projet. Pardonnez-moi, sire; mais ne dpend pas de moi de faireil
com-
mencer
les travaux.
Sans doute,
sans doute... Je
ferai
prvenir M. Vaudoyer.n'tait dj plus
Le nom de l'architecte de l'Observatoire pour l'empereur.
un mystre
Quelques jours aprs, l'empereur fit une nouvelle visite
l'Observatoiie.
n"
ALLEE ET AVENUE DE L'OBSERVATOIRE.si,
Qu'et-il dit, hlas!retentir ces
sur
la
plate-forme, une voix prophtique et fait
mots
son oreille:
Le 7 dcemhre 1815
n'est pas loin. Or, ce jour l,
quand
l'horloge
du
Luxemhourg marquera neuf heuresi)ul)lique paratra
vingt minutes, un soldat dealle.
la r-
au fond de cette
Frapp d'un arrt infamant, cette grille
dpouill du signe de l'honneur qu'il avait teint de son sang dans vingthatailles
"
homriques,
il
traverserale
le
Luxemhourg. Arrivserail
qui se dveloppe tes yeux,
soldat
dirig silencieusement
vers l'un des cts de l'esplanade. L,le
mettra un genou en terre, et
plomh des soldats
franais ahattra, par arrt de la
Pairs, le
marchal de France, duc d'Elchingen, prince de
Chambre des la Moscowa,!
'
Michel Ney, enfin, que tu as
surnomm
le
brave des braves
EIENINE AkA]().
L ENSEIGNE.
Harpe ressemble serpent; elle descend deA rue(le la
un longplace
la
Saint-Michel au pont de ce nom, enlaant de ses replis une foule de rues.
Ces rues sont presque toutes dpendantes du quartier des collges elles;
__
^r^j?
ont une odeur d'cole qui n'a
i)oiut
encore
vieilli.
Traversez
la
rue del
Harpe dans toute sa longueur, etvousarrivez l'arche jadis couverte de
maisons nomme
le
pont Saint-MiI-
chel, en raison de la chapelle de Sain
Michel qui tait situe prs du Palais,
une
petite distance.
Ainsi, dans
cette partie de la ville, tout est doctoral,
depuisla ligne dela
la
Sorhonne,
jusqu' celle de
Sainte-Chapelle.la
Le pays/'
latin,
ce houlevart decl
Bazoche,
cette
de
la
science,
commet la5^1^
l'appelle Hensius, reconnatla
rue de
Harpe pour sa
reine.
Les
soutanes des tudiants couvraientautrefois les rues Saint-Jacques et dela
Montagne-Sainte-Genevive; la rue
del Parcheminerie et celle des Ma-
ons-Sorbonne
donnaient
chaque
^.i
matin la vole ces disputeurs en rahat, coiffs de la toque
ou du bonnet
rabelaisien; mais
la
rue del Harpe
!)i
lUlE
DE LA HARPE.
avait le privilge de les voirvitres de ses
bourdonner comme autant de gupes aux nombreuses boutiques: la rue de la Harpe tait leur pro la
menade
favorite.
Ds 1247, une enseigne qui pendaitdessus dela
rue 3Icon, donnait:
le
nom
de
deuxime maison, a droite, aula Harpe cette rue; l'crifille
teau reprsentait
le roi
David jouant deil
la harpe. C'tait
thier (pii demeurait l;voil (ju'un
avait
une charmante
un honnte ludu nom d'Agns, et
beau soirle
Saint-Hyacinthe sursoiret
elle disparut, aprs avoir mont en croupe rue cheval d'un gentilhomme. Le hasard voulut que le
mme il fit un vent duil
diable
;
le
pauvre luthier attendait encore Agns,le
cependant
y avait de longues
heures que
couvre-feu avait sonn.
Tout d'un coup, il y eut dans la rue Mcon qui commence la rue de la Harpe ainsi que la rue Saint-Severin, un tapage abominable sur le pav, cela pouvait ressembler au bruit d'une armure i\m tombe. C'tait le roiDavidfer,
et sa
harpe,
(pii,
force de danser tous deux sur leur tringle dele
venaient de choir dans
ruisseau.ciel,
Le luthier comprit l'avertissement tardif du ment qu'il sortit, car on prtend qu'un pagel'attendait alors la porte.
mais ce
fut inutile-
noir, de
mauvaise mine,
Ce page
tait
bossu, sa cape avait une odeur
de soufre pareille
n
rvWv d'une allumette chimique,
il
avait
un pied plus
HUE DE LAliaul
II
A HP E.penser(in'il
)5
que
raiilrc, et luiil faisait raisuimal)l('iii('iit
tait
do
la
livre de Satan.
Quand
le
luthier
le vit,
il
eut
si
peur
qu'il
referma Thuis de sa bou-
tique sur sa poitrine; mais le page lui glissa sous la porte
unela
lettre
d'Agns elle-mme... La jeuneguerite de Goethe parlesfine
fille,
fascine sans doutesatin, les
comme
Marbarbele
manches de
beaux
airs et la
d'un cavalier de
la
rue du Palais-des-Tliermes, et trouvant
roi
David aussi ennuyeux avec sa harpe que son pre avec ses discours, avaitquitt sa rue pour courir les aventures.
Le lendemain son pre mit enelle
vain sur pied tous les archers de M.
le
grand-prvost,
ne fut point
ramene.
De
dpit, le luthier
ramassa son enseigne qui
tait
de bois,
la
brla,
et
s'en fut
demanderHarpe.
Mais l'histoirerue dela
un tonnelier de ses amis, rue Saint-.Iacqnes. ramassa l'enseigne tombe; elle laissa la rue le nom deasile
ILLA PERRUQl'E DU DOCTEIR.K LA IIAHI'K.dehi
((loriccs, le lyccrii
.icliclc((iii
^ahtlv, l'lrvc
en Iroitqui lorgne
mit-
iiKxlisIc,iiaclu'lier.
\e
rr|H'lil('iir
coiuluil
un
tils
de famille son exanicn dr;
Aussi, rassurez-vous, les loyers sont-ils abordables
maisn'ayr/de
pas peur qu'un Chinois, un Turc, un Arabe, oul,
mme un
Anglais se logenta
c'est
un peuple spcial qui habite ce
cpiartier,
un peuple qui
l'encre aux doigis el aux lvres,le
un peuple
indisciplin, hautain, tapageur,:
Tlarpe avec ses mille artres circonvoisines, c'est
peuple des coles, des estaminets, des chambres garnies la rue de la le cur de l'tudiant.
La rue estde voir
laide,
malpropre, ayant et
l
quelques vellits de gazil
,
quelques htels et cafs passs timidement au badigeon; maiscile(|U(>
est faet les
la
Itoue et les embarras, les estaminets[)as
borgnes
gargotes scolasti(pies n'en seront(|ui
facilement expulss. Le progrs,
pm'lre difticilement aussi loin, a bien fond, rue Saint-Jacques, un
llitre
dans une glisela
(le
thtre
du Panthon), mais
il
n'a point encorerJiieii'arbonne, cette maison, devenue depuis un affreux htel garni o les tudiants se pressaient comme l'htel du Hasard de la
un
collge,
Fourcliette, rapporte aujourd'hui
10,000 livres de rente
madame Sand
!
Sachons gr d'abord au prosateur le plus net poque, de n'avoir point chang l'inscriptionest tout
et le plus hardi
de notre
latine de cettela
maison;
(dtservons seulement que cette habitation semble braver
Sorbonne quiou et t
proche,
et
on.
d'aprs les antcdents de
filis-airi'.
svre envers Lrlia.
104
lU Evoile jet sur les
DE EA IIAUPE.et
Le
premires annes de La Harpe,
que nul de ses'
A
F.
R
29
JIILLET
I83n.
Aujourd'hui,
le
marbre ([ui
portait cette inscription est plac dans la courla
de l'htel, de manire ne pouvoir tre vu de ceux qui passent dansrue.
L'htel dont nous parlonsSi
est
devenu un des monuments de Paris.pourla
vous courez dans
la
grande
ville,
premire,
fois, et qu'il
vous
plaise de visiter cette noble et populaire
de
la rue,
et
il:
demeure interrogez un pauvre aussitt la maison de l'illustre et charivous indiqueral'histoire laa
table
banquier
rendra immortelle, et
la
posie n'oubliera
pas que Branger
compos quelques-unes- de
ses admirables chansons
dans
l'htel
de M.Lafflte.
Eur.lNE (iuiNOT.
BUDZ.IL0I1
I
RUE ETI,
voyageur rtrositcctirdaiisgallo-romain
la
iiiiil.
historique du Paris origiuaire
,
du
Paris
,
vous laissez
tomber surles reflets^
cette priode lointaine
d'une vive imagination derue etfau-
pote ou d'artiste, l'espace qu'occu-
pent aujourd'hui
la
le
bourg Saint-Antoine vous apparatra rouvert de nuinkages ou de sombres forets, dont les cimes se dcoupent dansiH
les
eaux encore puresla
transparentes de
Seine.
Peut-
iHre apercevrez-vous la
jeune drui-
desse, proscrite par des dominateurs deversant d'un
le la
paganismeGaule, trace bois,
piedla
furtif
nagure sacr, opeut plus qu'
souner
le
ne drobe nmisguy, ce prsent si cherfaucille d'orla
aux dieux des Celtes. Voyez-vousla-bas briller, travers la feuillc,
des casques romains':'
(le
sont les
lgionnaires d'un Csar (pii poursuivent, qui traquent?
comuu' desbtes
fauves
les
derniers s('fmiiiiravi '.il/j
./V::Pi
LA
CiTfMdrmoazels.
mt;i
Roe
ie;
Rue
le
id
Bjrillene
(jit,
qui lut loiiglcinps lonf l'aris.(|ii('
jjj
Itieii
avant
la
ifiiiiiiMi
de deux
lots
sa
|ioiiil('
(Mcidciilalc on!itriniilivc.
aiij;inpntr
sou
clcndu*'
oruia
,
(Ml
I7()r>,
un
(|uarti('i'
romlcvo-
pn'uanl aussiet LfMivicrs.
les
les
Nolrc-Hauicla
A l'cpoquo devini;l-une-
lulion, ce (juarlicr l'cnlcruiail
douzeon
paroisses
et
ejilises
^chapelles,^
ciiujnantele
deux
mes.
onze ponis,et la
i'alais, l'Ilnlel-Dien
cathdrale.
l)e|uis
nu demi(t
sicle, la i)lupart de ces eprinies,al'ail
le
marteau municipal
pntrer un
peu
d'air,
un peu de
jour, dans ces(|ui
ruelles semblables des caves,
ont perdu jusqu' leur
nom
en deve,
nant des rues.llorissait
Le connnercecesol
qui
sur
hrditaire,
s'est acclimat ailleurs, et presijue
C
foutes les maisons, hantes et rap-
proches
,
ont cach leurs
char-
pentes noires et vermoulues sous
un enduit denstitier
pltre,
comme pourgrec(pu>ville
l'tymologie
de
Liilce
on Leucotetia,
blanche.
On:'
trouve ])eine maintenant,la(lite,
dans
(pu'l(|ues-uns
de ces
pignonstlU
sin'
rue dnnl les bouri^cois
WAMTfco
142taientsi fiers, et
LA CITE.qui leur tenaient lieu de parchemins;
on
y cherciie
en
vain
les enrofiniires
nu poutres
sculptes
qui supportaient rdifice et
servaient son
ornement extrieur.
et l,
un
toil
en auvent cintr,,
un tage en saillie, un angle de maison enl)asse vote
cul-de-lampe
une porte
de pierre, un escalier de bois rampe massive, une boutiquecpii
obscure
et
profonde, rappellent les anciens temps
remplissent de
souvenirs ces rues sombres, boueuses etinlctes, qu'on croirait habites
par des crapauds, des hibouxII
et
des chauve-souris.
y a pourtant des
hommes
qui naissent, vivent et meurent sans sortir
enfums,
de cette atmosphre putride, sans chercher d'autre maison que des murs et sans connatre mme les magnificences architecturales de
Aotre-Uame o ils vont la messe le dimanche, o ils ont t baptiss, o ils auront leur messedes morts, s'ils laissent de quoi la payer! Qui oserait s'aventin-er dans la rue des Trois-Canettes ou dans celle des Deuxllermites(ocatrix?!
Qui connat seulement deQui voudrait croire,
nomenle
la
rue de
la
Licorne ou
la
rue
mme
voyant, que Paris cache dans
son sein des rues aussi troites, aussi puantes, aussi affreuses que cellesdes Cargaisons, de Perpignan etdeGlatigny?
La fondation d'une
ville
dans
la Cit estle
un de ces
faits ({ue l'histoire
ne
rapportera jamais une date prcise, et
chteau des Parisiens, caslellum
Parisiorum, lorsque Csar s'en rendit matre, n'avait pas d'autre importance que sa situation inexpugnable au milieu dela
Seine qui l'emlirassail
plus large et plus rapide ({u'elle ne l'est aujourd'hui, car ses bords sontatterris
par gravais, pieuxvieil
et
ordures qu'on y a jets, suivant
le
crdule
Ilaoul de Presles, qui ne lui accorde pas(piit.
moins de vingt-six
sicles d'anti-
Ce
auteur raconte ainsi l'origine de Paris d'aprs une croyancesicle, et qui n'a plus
(pii tait
gnralement adopte au quinzime
cours
dans
le
ntre.lils
Francon,le
dllector, ayant port les pnates de Troie en Hongrie aprs
sige et la destruction de la ville de Priam, y fonda Sicandu'c, et ce fut
au temps de David. La pcqiulation de la nouvelle Troie se multiplia tellement dans l'espace de "200 ans, que vingt-deux mille Troyens conduits par un chef nomme Iboz quittrent leur seconde patrie pour s'tablir dans un pays plus fertile. Ils passrent Germanie et le Rhin, et vinrentpresque surla rivire
de Seine, et avisant
le lieu
o
est prsent Paris, et
pource qu'ils
le
virent beau et dlectable, gras et plantureux et bien assisy firent et
pour y habiter,
fondrent une
cit, laquelle ils;
appelrent Lutcecit
Luto, c'est--dire pour la graisse du pays
et fut difie cette
au
temps de Amasie
,
roi
de Juda, et de Jroboam, roi d'Isral, 850 ans avant
l'incarnation de Notre-Seigneur, et s ap^ehient Parisiens, ou pour Paris,fils
du
roi
Priam, ou de Pharisi, en grec, qui vaut autant
commeet
har-
diesse
en
latin.
Une
nouvelle colonie de Sicambres arriva
voulut cou-
La
Cit.
Notre-Dame.
LA CITE.qurir Liitce;
lic'tait
Mais quand
ils
surent queils
ceux
(|u'lloz y avait
mensla ville
et
que
c'tait tout
un peuple,ils
s'eniretirent ^rand' lte et deroi et
meurrent ensemble paisiblement sons unqui avait
sous une seigneurie,
et
nom
Lutce,
l'appelrent Prtr/>, disant que c'tait laidla
nom
et
ord qiie Lutce.
Aussi, lorsque Csar entreprit
guerre desla
Gaules,
Paris tait babit de gens grands et puissants qui tenaientsi
Cit seulement, laquelle tait
forte pour lors et tait tellement lerme
d'eau, qu'on n'y pouvait passer.
Raoul de Presles,tin,
(pii,
en commentant
la Cite de
Dieu de saint Augus-
se garde bien
d'oublier la Cit de Paris, ne se permettait pas les
licences d'tymologiste que Rabelais a prises dans son audacieux
roman
de Gargantua, en faisant driverti'e
(pii
se
rgiment de
par ses actions mem(nables, c"est--dire
arme s'y numtre resnnic Innnme j)ar homme, heure par
heure; dnombrement
la
grand
rcit
de
la
campagne de
manire homri(|ue, dict par Napolon. Le trois mois se piY'sse autour de la colonneEt maintenant, droulez ce chef-dd'Mvreils
connue un muse dechie et rapide(pii
victoires.;
aux regards des vieux soldats(pii veillait
y liront le secret de cette
pense
iclleIlliin;
sur
le
Rhin,
cent cinquante lieues du
pnnissait Londres, en brisant les portes de Vienne, qui compt;iit uncl (jni(jui
triomphe par tape,
comnunii(|uaif entin
la
bravonre nationale,la
rim))tuosit de l'aiglenits(le la
planait avec ses ailes d'or surcpii
tlammc dele cri
drapeaux. Dans cette spirale,
remonte
Napolon,
comme
grande arme,suite
il
y a
bien des conseils pour les gouvernements vcnnss'ils
ails
la
de l'empire:
ponrront appremirela
(pi'api's
comprennent hoimrablement cet hritage, une chute glorieuse, on reste encore de-
bout dans
mmoire des ycnerations.
1!
I
i:
1)1-;
LAlii
l'Ai \
171ciiticiriiiciilla
liiipiilifiil (le \()ir le iiiuiiiiineiildL'iiiiiic,(|ii"ils
place Nciuldinc
Ici-
.Napolon gournian
de droite en
de l'ensemble;
!...
Sire,d lin
vous avez raison
mais Votre Majest me peiuieltra de.
lui faire
lespectueusement observer.
Au
fait, c'est
vrai,
mais
ils
n'y entendent rien
;
et puisqu'il s'agit
nn)nument de
gloire lever en l'honneur de la France, je crois,la
sans
me
flatter, y
avoir suffisamment mis
main. Passons.la
A|)rs avoir e-xamim'- la gigantesipie charpente de
ctdoiuie,
dans t^u^
ITJSCS dtails,
lUlE
DE
EA
l'AlX.ensuivantla
rcmpereuicontimia son
clieniin
rue Napolon,
dont
les
nouveaux htinienis commenaientIl
s'lever, c et l, coninuila saillie
par enchantcnient.(piait le|(tint
romarqna
telle
ou
telle
maison dont
mas-
de vue qui s'tend depuis
la grille
des Tuileries jusqu'au:
lioulevarl des Capucines,
ou qui obstruait
la
voie publique;
il
en prit note
sur son calepin pour en parlerpas, dansla
ses arcbitecfesil
puis revenant sur ses:
direction du palais,
dit
gament
Duroc
les
11
faut
que
les
Parisiens soient bien paresseux dans ce quartier;il
boutiques sont encore fermes, et depuis longtempsmilieu des soins donns aux travaux de l'ordreles
fait
grand jour.
Au
le
plus lev, aux
ouvrages propi'cs bbuiir
yeux de
la
France
et des trangers.
Na-
polon accordait un intrt non moins
vif
des objets de dtail, d'unelui
obscurefaire
utilit, et
dont assurment
il
ne pensait pas qu'on dt jamais
un mrite. Les bornes
tablies dans les rues de Paris
pour prolgeren
les pitons
contre les voitures avaient, par l'extension abusive des devaniit
tures de boutiques, cess de remplir leur destination. Napolonla
remarque, et crivit
le
jour
mmeil
au prfet de
la
Seine,
le
comtele
Frocbot, pour qu'il veillt ce que ces bornes fussent remplaceslot possible, et cette
plus
occasion
imagina,
le
premier, d'assujettir les
propritaires poser des trottoirs devant leurs maisons.
dansle
Il
faut, disait-il,
que l'ouvrier puisse se promener,
le
dimancbe,
les
rues de Paris sans craindre, tout moment, d'tre cras par
cabriolet d'un banquier.
Ce
fut la suite de cette
promenade
qu'il dit
encore en parlant des nom;
breux tablissements projets dans sa bonne
ville
Paris nuuKpie d'ditices;a
il
faut lui en donner. C'est tortcit;
que
l'on
chercb
borner cette grande
sa population peut, sans inconvjour.Il
nient, tre double, et elle le seratelleil
un
peut se prsenter
telle
ou
circonstance o tous les rois de l'Europe s'y trouveront rassembls;
leur faut donc
un palais
et tout!
ce qui en
dpend
:
il
me
serait im-
possible de les loger en litel garni
Le dernier ordre que Napolon donna
le
14 janvier 1814, quelques
beures avant son dpart pour commencer cette admirable campagne deFrance, fut d'assigner de nombreux travaux sentait plusla classeil
indigente;
il
que jamais
le
besoin de se populariser, etla capitale,
craignait tou-
jours qu'eu son absence les ouvriers de
qu'il
aimait tant, ne
vinssent nuin(|uer de moyens d'existence.
Surtout,cmidoyczlessi
dit-il
M.
Fontaine, je vousvivre,il
recommande
les
maons;
maons; pourla vie
faut
que ces gens-l
travaillent.
Trois nutis plus tard,
dans une de ces journes de raction populairedes [Toupies,la
counuinies dansI
statue de Napolon tait renverse
conHiie
avait t, vingt-deux
ans aupaiavanl, celle de L(uis XIV. D'ar-
HUE DE LA
l'A IX.
17r.
(lents royalistes, a la Irtc des({uels se inonlniieiit plusieurs iiersonuages
appartenant des familles patriciennes, attachrent un cble au colosse(le
bronze, et tenti'rent de!
le faire
tomber de son pidestal. Efforts inu-
tiles
Il fallut,
l'aide
de scies,
la di-taclier
du socle glorieux sur lequeldela
elle
semblait tre rive pour l'ternit. Cette statue fut relgue dans
les
magasins de
l'Etat, et contribua la fontele
statue questre de
Henri IV restaure surcelui des rois
Pont-Neuf. Le destin des statues ressemble ;
dontil
elles retracent les traits
le
pouvoir monarchique ne
s'annihile pas,
se transforme
comme le
bronze, et va, de race en race,
de dynastie en dynastie, faire clore des lgislateurs, des conqurants, des hros et des rvolutions.
Le gouvernement de Louis XVIII remplaa
la
statue c l'empereur parsix
une norme
fleur de lys quatre faces,tait
haute de
pieds et supporte
par une flche laquelle
adapt un immense drapeau blanc.
Colonne deet de
La statue de bronze de Napolon, qui s'levait majestueusement sur la la Grande Arme, tait d'un style svre. La pose du hros,Charlemagne, contribuaient
ses vtements impriaux qui rappelaient, par la forme, ceux de Justinien
donner au monument un haut caracterminait dignement une srie dele
tre de splendeur. Cette
image d'un guerrier, d'un grand capitaine, d'un,
soldat couronn force de victoires
prouesses o
les acteurs taient
eux-mmes, paret
geste et par
le
cos-
tume, remarquables de sentiment hroque
de patriotisme.immortelle, a clbr
Un potedenos jours, Victor Hugo, dans une odela
Colonne triomphale de
la
Grande Arme. Dsormais ce monumentcivile
glorieux peut dlier les invasions des nations trangres et les insultes
plus terril)les encore deles ailes d'or
la
guerre
:
il
vivra par les vers
du pote
;
du gnie ne se fondent pas au brasier des rvolutionsl'airain des
so-
ciales,
comme
colonnes
et
comme
le
bronze des statues,la
La rvolution de 1850 renditnementale. Souscidrent quela le
la
Colonne de
Grande Arme nonles
pas sa popularit, elle ne l'avait jamais perdue, mais sa valeur gouverministre de M. Thiers, en 1852,
Chambres d-
statue de Napolon serait replace au fate de la colonne
de
la
place Vendtime o elle tait remonte d'elle-mme, dans l'imagina-
tion
du peuple; un concoursla
fut ouvert cet effet, et
M. Seurre.
i^jeune)
eut
le
mrite et l'homieur de l'emporter sur ses nombreux rivaux M. Thiersrsurrection dela
entoura
statue de
Napolon de pompesaux regards
militaires, etle voile
Louis-Philippe, au bruit du canon, enleva de ses royales mainsdrobait encore limage du grandimpatiente.
qui
homme
attentifs de la foule
Depuis ce temps, certaines pociues de l'anne,renl le pidestal dela
les grilles (pii ('nt(Mi-
colonne, son parWs et ses marches de marine
sont jonches de couronnes de lauriers, de cyprs et de guirlandes. Le
17/1
HUE DE LA(jiii
l'AlX.rassemltleelianjj;(;
vieux soldai
veille
sur
le
monument
symetri(|netroisloisle
menl tous cespar an:
ex-volo,
qui pleuvent au piedla
dela
la
Colonm^
le
15 aot, jour de
naissance et de
fle
de l'empereur;
20 mars, jour de son retour Paris; le 25 mai, jour de sa mort. Je suis loin de blmer ce culte aux mnes d'un grand homme, et de porter atteinte l'explosion
honorable d'une douleur profondele
;
mais
je dois
l'avouer: cette idoltrie; pour
grand capitaine, cette exclusive comm-
moration annuelle
me semblela
injuste et anti-nationale.
La Colonne de
la
Grande Arme n'est pointtombeau,elle n'estle
colonne de Napolon
;
elle n'est
point sonla
point son apothose de bronze et de pierre; c'estla
colonne, c'est
tombeau, c'est l'apothose detpi'il
grande arme elle-mme.nation.
Ouebpie grandSi la
soit,
un homme ne vaut pas une
rue de la Paix rappelle l'imagination tout ce que les arts, lesle
richesses,
luxe et l'lgance peuvent avoir de plus splendide el
(h;
plus l)louissant, la place
Vendme
retrace l'esprit les conqutesla
duu
grand(pii
roi, la
splendeur d'un rgne glorieux,
magnificence d'une cour
a t la plus belle, la plus spirituelle et la plus aimable
du monde.la
Au milieu de tous ces souvenirs Arme comme un spectre de bron/ed'Austcrlitzviciiti-loi (le!
se dresse la
Colonne de:
GrandeSoti-
qui crie aux Franais
Souoieiis-loi:
Amsi,
autrefois, l'Apollon Pythien disait!
aux Grecs
Muralliun
La colonne Vendinue
est la!
couronne de
fer de la ville
de Paris.
Malheur
(|ui la
louche
IImilh Mauc
i>k
Saim'-IIilaiuk.
\Nhle nom d'iine nie que vous lisez cm que vous (Mitnidcz prononcer, ne vous est-il pas arriv souvent, d'y
chercher une image, d'y rattacher
^ HiNolontairement un souvenir, d'j{
\o(|uer, au bruit mlodieux ou discoulant des syllahes ((ui le composent et (jue vous pelez mentale-
I'
(
ment, toute une histoire terrible ou trestigieuse
optique de Timagi,
natu)n vous montreles
comme dans
tableaux de Zurbai-an, des nu>i-
nes aux longues draperies j)lancbes passant lentement et silencieuse-
ment sous
les
sondires arceaux de
(pu bpu' mystrieux
mouastrc
17C.
lUla
E DES RLANCS- MANTEAUX.viontvite soufllcr
Mais
vorit
liist()ri(|n('
sur toutes cesfait
|(t(''li(|nos
et
capricieuses rveries.
Ln
niallieureiix
hasard vous
ouvrir
le,
lou(|niu
poudreux d'un chroniqueur,s(iuelelte de
et ahrs se
montre
vous, roidel
sec
et
Vous cherchiez une histoire, froid, le qu'une date; vous pensiez rencontrer un pisode, ne trouvezla ralit.
o vousvous ne
et
lisez
plus qu'un simple
fait:
Un
ordre religieux, l'ordre des Blancstout.-
Manteaux,
a haptis cette rue.
Et voil
Mais,
si
cependant nous
cherchons hien dans les chroniques, dans la poussire des vieux livres crits sur Paris, si nous interrogeons les historiens des poques antrieures, nous apprendrons qu'aux premiers jours de sa cration,cette
rue portait
le
nom
de Parcheminerie.
Ici,
une rflexion ou plutt un sen:
timent de curieuse investigation nous arrte
Pouniuoi ce
nom
dele
Parcheminerie? Ne rappellerait-il pas, peut-tre, cette poque o papier n'tait pas encore invent, une fabrication de parchemins,
et
partant des abattoirs d'animaux, des tablissements de tanneurs et depelletiers
? Cela
est vraisemblable.
Quoiqu'il en
soit,il
etbien avant Philippe-Auguste et
la
fameuse ceinture
de murailles dont
enveloppa Paris, cet emplacement, uniquement comarti-
pos de terrains vagues, devait ncessairement tre occup par dessans auxquels l'intrieur dela ville
tait
dfendu pour:
les
mauvaisesencoreindus-
odeurs que leurs tablissements rpandaienten vigueur d'une anciennetrielsloila profession tait infecte et sale. le
c'tait l les restesvilles les
romaine qui excluait desvaste
dont
Puisque nous sommes dans
champ
des suppositions, rien ne
nous empche de conjecturer ensemble sur les noms de Yieille et Petite Pairlicniiiu'i-ic que porta successivement la rue. Les Sauvai, les Lebeuf,les Jaillot, ces historiens
nous donner l-dessus, bien ou mal,(pialit
du vieux Paris, une
se sont
obstinment refuss
origine.
Pour nous,
et
en notre
d'historiographe, nous y mettronsla Cit, la
un peu plus de conscience.rue de la Parcheminerie ren-
Personne n'ignore, que danschemins. La rue,
fermait autrefois des corroyeurs, des pelletiers et des fabricants de par-
comme vous
le
voyez, fut donc
nom
qui
s'explique et qui a son origine naturelle.
dment baptise d'un Pounpmi ne sup-
l)Oserions-nous
pas alors quele
la
rue des Blancs-Manteaux dt porter
antrieurementanalogues?
de Parcheminerie pour des causes et des motifs prsumer que sur ces terrains devaient exister des tabhssements d'quarrisseurs, repousss de l'intrieur de la ville pour cause de puanteur et d'insalubrit, qui, un beau matin et sur un royalIl
nom
est
caprice de Philippe-Auguste, se rveillrent faisant partie intgrante deParis.
Ne vous
semble-t-il pas voir d'ici, i)ar les
yeux de
la
pense
et
de
l'imagination, ces hideux hangars o schaient les peaux
puantes des
parchemins, ces huttes couvertes de chaume o grouillait ple-mle tout
lU Eco peuplt' (rcorclu'iirs
l)i:s'
IJI.A.NCS-MA.NTEArX.S(iit
177
Les ycuKot l'odoratuiilicii
criiellcinciit afl'pctps
on veut iiiarcluT,
et,
au
de cctlf vue qui n'eu est pas une, on
enfonce juscpiaux oreilles dans une houe noire
et
infecte.
Allons,il
ne
vous bouchez pas
le nez. ("est linduslrie (pii travaille, l'industrie forte et
courageuse, aux bras nus.
et (pii
trouve cpie l'argent n'a pas d'odeur!allait
A
cette ville, qui. tous les joui"s,le terrain,
en s'agrandissant.
fallait
toute force cder
abandonner
la
place et se retirer plus loin.
Mais des tablissements industriels,paraissent pas d'un seul coupet
comme vous devez le croire, ne discomme par enchantement. Ce n'est qxwle
lentement, insensiblement, que l'industrie cdeser.
pas qui vientle
la
chas-
Les principaux tablissements, ceux que l'on redoutaitpremiers, se retirertait:
plus
comme
insalubrit, durent, les
de
l,
le
nom
de Petih-
Parrhomincrie.
La fabrication alorset le
moinslucratif.
active,
les fabricants
moins iu)mbreux,
commerce moins
Puis en suivant touet
jours cette priode
de dcadence industrielle,
qui s'accomplissait
fatalement dans un laps de quatre-vingts annes,
nous voyons
la
rue
prendre
le
nom
de Vieille-Parcheminerie. L'industrie alors n'y existait plus
qu'en souvenir, toute fabrication avait dispani. La premire poque dela
rue. l'poque industrielle et
'commerante
allait faire
place
l'poque
religieuse et in cai)itale
au milieu d'une capitale;
de ses boutiques avait uneparlaient
renomme
universelle; les deu.v-mondes enles
comme
d'une pierre d'Orient. Les trangers,(pii
d(q)arfements, tous ceuxl*alais-Hoyal; merveille
affluaient Paris, accouraient d'abord auil
du monde,
tait
regard
comme
le
temple du
got et de
la
mode; pour
lui tout tait
oubli et ddaign; toute empletteles
faite ailleurs
qu'au Palais-Royal, dans
mes,
comme ou
disait ordinai-
rement, n'avait aucun prix; l'Opra-Comiquevrai
l'avait ainsi voulu. 11 est;
que rien alors n'galaitle
les
splendeurs de ce lieuil
mais
il
avait
d'autres attraits; c'taitexclusif, tantil
centre des plaisirs, dont
avait le
monopole
les avait
entours d'irrsistibles sductions.
Les restaurateurs du Palais-Royal passaient, non sans raison, pour les
premiers cuisiniers de l'Europe; leurs caves avaientles vins
les
prmices de tous
fameux;a
le
got, l'lgance et la promptitude du service, ajou-
laient
encore
ces (pialites prcieuses. Les cals deployaienl un luxe
19S
|,K
PAL As- HO Y AL.
inconnu partout ailleurs; des maisons de jeux prsentaicnl cliaciut pas les plus sduisantes promesses; des femmes radieuses de jeuiu'sse et de beaut, brillantes de parure, comme les fes que l'on voit dans lessonges, parcouraient les galeries; d'autres se glissaient dans l'omlire du jardin, partout ou rencontrait des sourires, de doux appels, des regards prvoyants, et tout le mange d'une volupt cpii verra ruiner ceux qu'elleattaque. C'tait se croire sous les portiiiues du
barem ou dans
les jar-
dins du calife, au milieu des odalis(|ues
lil)res
d'aimer
et de cboisir.
Au
premier tage
le
puncb illuminait
les croises et ses lueurs
redoublaient
l'ivresse des sens; toutes les vitres taient
llamboyantes, et jiartont erbi-
taient eules
mille
transports ilivers et sous mille bn-mes, les jouissances,le rire, les plaisirs, l'oubli
provocations,
des
maux
et les
plus vives
sensations. L'esprit s'garait et
le
regard se troidilait
suivre ces dlices.l
Au-dessous, dans
les
caveaux, retentissaieutdes bruits de fte;d'adresse,ici
s'accom])ar
plissaient des prodiges
le
concert tait excut
des
musiciens vtus en sauvages avec de merveilleux roulements de tambour; plus loin des ventriloques uu;ttaient au service du persiftlage et de lala voix; ailleurs des parades les plus partout ces o'illades encbanteresses, ])artout ces abnes et CCS bayadres doiit la dgradation se cacbait sous tant de grces.
mystitication leur art de dplaceret
amusantes
Les galeries de bois, bordes d'une double baie de boutiques de marcbandes de modes, dans lesquelles on apercevait des tigures jeunes etjolies, l'ternel sourire, taient le lieu
de prdilection des promeneurs
du
soir.
La foule
s'y
entassait, sans
songer l'aspect maussade, aux
ruines humides, an sol fangeux, aux manations infectes qu'augmentait encore cette multitude d'hommes riniis sur le menu point; c'est que, l. les sductions se mlaient [ilus intimement la foule. On a maintenantpeine
audace du gestesive
libert du propos de cette poque et l'inconcevable du maintien; il y avait nue espce de convention lasdont personne n'tait cbo(iu. L, aussi, dans les boutiques desla
concevoir
et
libraires, setablissaitrentretiendes lettrs,
feuilletaient les livres de l'talage, et
pendantque de pauvres hres happaient sans payer ipielques bri-
lles de science. >Jons ne savons comment notre pense, en se reportant sur ce tableau, prouve des regrets faire rougir notre mmoire. Ce sentiment, nous l'avons retrouv chez tous ceux qui se rappellent
les
galeries de
bois, hideux et honteux endroit, remplac par cette galerie
d'Orlans,
commeDe
monument de marbre et de cristal, Inmiiu'use et transparente, ces palais diaphanes construits par l'imagination.aux portes peinteset vitres;
ce cot, les abords du Palais-Koyal taient forms par d'abomina-
bles et troites galeries
on
s'y prcipitait
avec dlices; Chevet les
embaumait des fumes detait,
ses provisions.les classes,
La promenade du Palais-Royal
pour toutes
un besoin
\Aiiii](!'neux:
PAI.AIS-HOYAL.ik'
199et ses
le
Prince archi-chancelierles soirs,
l'Empire
deux acolytes,la
s'y inontraieiit tous
coudoys par des gens de
campagne
eliahis
devant ces miracles.tait alors le centre
Le Palais-Uoyalet
de l'Europe civilise; cet
immense
opulent bazar, ce harem toujours ouvert, toujours peupl, et ce cales dissolutions, tout attirait,
pliaruam de toutesmultitude. C'taitl
charmaitl'or
et retenait la
que nos soldats revenaientdpeuser
quilsallaient
chercher dans toutes
les capitales; leur insouciante prodigalit dissipait
ces trsors en quelques jours, et leurs retentissantes largesses rson-
naient en chos tentateurs.
Ce
fut ainsi
que l'invasion de 1814 trouva
le
Palais-Royal, pour la con-
qute duquel toute l'Europe
s'tait coalise.
Un jeune coloiu'l, en arrivant la barrire deClichy, le 31 mars 1814, demanda o tait le Palais-Koyal? Tout est compris dans cette question.Il
y eut des olticiers prussiens
si
presss d'arriver au Palais-Hoyal, qu'ils
onirrent
cheval dans les galeries. Le connnerce ne se pique pas de
patriotisme; en un
moment
et
comme
par enchantement,
le
Palais-
Hoyal
(le
Paris olTrail, snr loutes les devantures de ses bouti(pies, les uni-
dit le roi,
vous tes bien
homme
n'avoir
jamais vu ^Luiv^..
Je crus srieusemenl ipie j'allais mourir,
force de
joie, a force d'(ir;;neil. cl je
me
courbai jnsipia terre, pour
me lonleiaux
i;i
E SAi .N'r-IIJIUK.NTI.N.
215
pieds du glorieux nionjiniucl.. Louis \1\ luc releva, du bout de sa luaiii
souveraine, et l-dessus
il
daijiua
me
faire
les
honneurs deles jardins,
sa rsideneeles hosrpiets,
royale:
il
nuMnoulra
lui-ninie,
en personne,
les pices d'eau, les statues, toutes les magnificences de Marly; mais, au milieu de ces spleudides merveilles, je ne voulus voir et je n'admirai que mon hte, mon guide, mon protecteur, mon demi-dieu... le roi
de France! Ds ce moment,chose.
j'tais
mieux
(pie
(pu^hpinn
:
j'tais
quelqne
la
Desmarest demanda, pour moi. une audience paiticulire madame maripiise de Maintenon; mais, sa soi.ioitk refusa de me recevoir. Jefiert la
pardonnai, sans peine, un pareil accs de
veuve du cul-de-jatte
Scarron
:
elle avait
besoin de beaucoup d'orgueil pour vernir son ancienne
bassesse.
Ma
visite
la
cour de Marly ne
nn.^
cota gure que
la
bagatelle de
oiMhard(n, et
reprsentait
loi
de France icxlu du l'aluen uiarbiv blanc,taientl'igalle:
dami'uluiH aulicpu-;
les
angles du piedeslal,
llaucpies de (piaUe ligures
symboliques, indignes du ciseau de
Il I^
E SA
I
N T - F ] ^^\\E N TIN
1\
T
l.'i
Force,
l;i
l'alx, la Vi-mlcnn'. cl la Jiislicc; les
mauvais plaisants deon du
la:
\illt'
s'ciniMf'sst'rciit (le crier,bello slaliio
en sele,
m(H|iiaiil dt- larlislc...pii'doslal
suuvci'aiii
() la
.'
beaule
.'...
Les vorliis sont pied\ TIN.ct
ce misnible
Parc-aux-Cerfs, le
des potiques jardins desicle,la
Versailles?...l'esprit,
Sons
rf>ne
dn souverain de mon
noblesse,la
l'amour lgant,
l'art et la
posie, toutes les royauts de
France monarchicpie, se pressaient en loule chaque soir dans les jarte
allait
l,
dans tout l'appareil de sa majest bien-
la
;
cle
recherche des inspirations, des fantaisies et des ides. avec Mansard qui avait dili les votes solennelles dules avait
palais
avec Lebrun qui
ses chefs-d'uvre; avec Girardon et
inondes de l'blouissante lumire de Le Puget qui avaient ranim, dules dieux, toutes lesles
bout de leur ciseau magique, tousles grces, toutes les
nymphes, toutes
chimres, tous
caprices de l'imagination paenne;
avec Colbert,
le
recevoir ou faire
noble excuteur des entreprises royales, toujours i)rt a la confidence de cpielque sublime pense!.. Les prose glissaient au fond des massifs, dans l'obscnrile
meneurs amoureuxsilencieuse
les hommes d'Ptat et les hommes d(^ guerre se groupaient sur l'escalier des cent marches, que leur prsence habituelle, sans doute, fit appeler un jour l'escalier des gants; les
du parc;
beaux-esprits,
les potes, les artistes, les
milieu des fleurs etles
penseurs profanes se rfugiaient plaisir, au des parfums, dans la petite provence de Torangerie
;
princes de l'glise, les prdicateurs hxpienis, les htes svres et religieux du matre de Versailles, se prlassaient dans la fameusealla'ciel et
des philosophes, o Bossuet et ses amis devisaient tour--tour des grandes
choses du
des grandes choses de
la
terre.
Voil, monsieur
le
duc, une cour charmante. \ml'histoire de la
rgne brillant, une magnifique page de!
monarchie franaise
plutt, le diable garde!.. L'indignation vous a pres(|ue donne de l'esprit et de llo(|uence; mon cher Hernard. o donc avez-vons pris toutes les belles
Le
i.i!c
DK LA Vrillikke.
Le diable meniporte... ou20
lUJKun|timliii,:
SAINT|;irlinilit'r;
I
I.OUKNTI^(rim ^imikI sciiinciir
taqiier (le
en
clk' disail
ma
coiiiiaissaiicc
LePrononcez:
llirlrc
tlii
lioi
La maison du Roi. Le ihlrc duloi
rpMe;
Le grand cart de Llorentin
Dans
l'inU'rcl
de sa recette,
H nous fera \oir. c'est certain. Ln ministre-marionnetteQui gambade avec un pantin.
Le rgne des
i)anliiis finit
avecla
le
rgne de Lonis \V;
ils
l'inenl
rem-
placs par les cononiisles de
cour de l>onis XVI,
(|ui
devinrent les
comdiens ordinaires du roi. L'avnement du dauphin et de Marie-Anloinetle fut pour moi le signal dune retraite prudente... je n'ose pas dire d'unechutc honteuse. Le nonveau souverain
un sage, se montra sans piti pour mes bons et loyaux services; en 1775, je cdai M. de Maleslierhes le ministre de la maison du roi et mes amis de la veille complimentrent Monle nouveau ministre, en lui disant, avec un vilain jeu de mots,
(jui
se piquait d'tre
,
:
seigneur, les belles-lettres vont remplacer les lettres-de-cachet
!
A compter del'htel
ce jour,
il
n'y eut que du silence et desoir,
la
tristesse
dans
Saint-Florentin. Chaque
appuy sur nue des fentres de mon
salon, je pensais toutes les vicissitudes ocs ministres, des princes, desrois et des peuples; je
ne sais pourquoi, ni comment, mes yeux se prola
menaient sans cesse du palais des Tuileries
place Louis
XV,
et,
en regardant le rond-point de cette place, je croyais toujours voir, dans rond)re, les chal'auds, les potences, les fourches patibulaires dont je vous parlais tout l'heure!
Monsur
agonie dura deux ans: je nu' laissai mourir en 1777. Les poele-
reaux, qui avaient crit despigrannnes sur
ma
vie,
en conq^osrent une
ma mort, sans
attendre
le
dernier s(upir du duc de La Vrillire.
Un
nu fcheux, un ennemi peut-tre, vint murmurer, chevet, cette pitaphe (\\U' l'on avait compose pour un pauvreindiscret,
m(n
dliint
qui vivait encoreCi-gt
:
un
petit
liomme,
l'aii'
assez
commun
,
Ayant
port('' trois
noms,
et n'en laissant
aucun.Vrillire,
Le du; de
l'Lnfa.ntado.
Monsieur de La
me
trouvez-vous
assez noble, assez riche, assez illustre, pour avoir mrit Ihonnenr debaptiser, aprs vous, Ihtel Saint-Florentin':' Je
maison
:
je suis le fils;
d'une princesse de Salm; je
me crois d'assez lionne me nommais autrefoiset
duc de rinfantadodu conseil de
j'tais
grand d'Espagne de premire classe
prsident
C.aslille; je
marchais
l'gal
des ducs de (ior, de Alagon.
W(l'Allia,
11
E
SA
l
NT
-
F \A\\\ K N TIN.
2^2
1
dOssiina
ri
de Mcdina-Ccli; je
me
souviens aussi d'avoir lc, eu:
1808, colonel des gardes de Joseph Bonaiiarte
un
[lareil
honneur ne
m'empcha point deSi,
faire
une rude guerre de partisan au soldat amhila
lieux qui vainquit l'Espagne, sans pouvoir la conqurir.
au lieu de mourir en 1777, vous aviez eu
douleur de vivre jusl'htel
({u"en l'anne 1795,
vous auriez assist du haut des fentres dela
Saint-Florentin,
avec
permission du peuple, hien entendu,la
un
solennel et terrihle spectacle que
rvolution franaise donnait
l'Eu-
rope, sur le rond-point de la place Louis XV; oui, votre illusion tait un
pressentiment, un prsage, un avertissement dud'artifice, tir lel(>
ciel
:
l'appareil
du
feu
50 mai 1770, en l'honneur du dauphin,
se transforma,
"il
janvier 05, en un vritable chafaud destin au roi de France! Vous
n'aviez pas trop
mai vu, monsieur decharrette;il
la Vrillire.
Ce jour-l, un homme, un prisonnier d'talil
sortit
de
la
tour du Temple;
monta dans unerue Royale, o
il
suivit toute la ligne des honlevarts, juscpi'
la
se rappela, sans doute, le mariageil
du Dauphin avec
Marie-Antoinette d'Autriche;trompe... surla
arrivail
sur
la
place Louis XV... je
me
place de
la Liliert;
gravit lentement les degrs de;
l'chafaud, j'allais dire le
chemin du Calvairele
on
le
fora de regarder,
encore unele
fois, le
chteau des Tuileries,
palais de l'ancienne royaut;le
patient
murmura quchpies:
paroles, dontil
hruit alla se perdre dans
le
roulement des tamboiu's de Santerre;dit,
l)aissa la tte, et
un
jirtre
lui
haute voix
Fils de Saint-Louis,
montez au
ciel!
Cet
homme,le
ce
prisonnier d'tat, ce patient, c'tait Louis XVI!... Monsieurplaisirs, vos prodigalits, vos scandales;
duc, vos
vos lettres-de-cachet, taientcefils
peut-tre pour quelque chose dans la
mort dela
de Saint-Louis, qui
s'en allait au ciel par la route de l'chafaud.
La Rpublique Franaise dclaramal gr,il
guerre l'Espagne,
et,
bon
gi'e
me
fallut quitter la
France o
j'avais t lev; je n'ai
|)lus
rien vous conter sur l'htel de l'Infantado... Mais, voici
M.
le
prince de
Talleyrand qui pourra nous en dire de belles, sur l'histoire secrte del'htel Saint-Florenlin,
en 1814
et
en 1815...ce qui se passa dans
Le prince de Talleyraind.htel, cette
Monsieiirle duc,et bien
mon
poque, est bien naturel
simple:
il
s'y
passa des
mois, des semaines, des jours et des heures.
Leduc de l'Infantado,
Le prince de Talleyrand. J'ai une mmoire atreuse. Vous voulez dire, mon prince, (jue votre Le duc de l'Infantado. mmoire des souvenirs aflreux"? Je vois, monsieur le grand d'Es[)agne. Le prince de Talleyrand.
Est-ce
tout, monseigneur';'
(pie
vous n'entendez rien
la laiigne franaise.
Le duc de i/Infantado.
l*ardonnez-moi
,
nn>nseigneur...
J ai
elc
22-2
lUlE
SAINT
-
Ifa>tado.|)nis(prilbist(ri(|ues
l'onl bien rendu.,
monseigneur! Enfin,les
vous dplat de m'euteudre, je vous pargneraideiSlT, (pioique la
souvenirs
royaut constiluliounelle de Louis XVIIl
soit, dil-on, sortie
de l'htel Saint-Florentin.
Le prince de Tam.evra>d.des Honrbous,el (lule
Dieu m'est tuminflairiez
(jue je dsertaila
lacause
jour o
ils
dsertrent eux-mnu's
cause de l'esprit
sensDt c
commun.
Le
de i/Lneam'ado.
Le prince de Talleyra.nd.Le un:n'oiil(leiiE
Vous dj 1850'... Vous tes sans piti!
l'Infantado.fltri,
Voussillle,
avez t sans co'url... les boinmes
pas assez
assez
assez bu votre horrible tragi-comdie
l8|/(-18ir; je hais cet imbroglio politi(pie,
monseigneur,
et
il
vous
a
nui, danssait
mon
estime, dansla
mon(pii
admiration pour votre
es[U'it. Il s'agis(|ui
d'un puissant de
terre
succombe, d'un ngociateur habile(pii
l'abaiMbuiiK^a
ajnes l'avoir admc, dnii diplomatea
sacrifie
un devoirl'iiilert
MU
fait,
un principe
ini
cvcnement
.
riulerl
d'un
pays
221
I
Il i:
SA
l
N
r
-
I'
L
( >
UE;'i
.\
T N\
.
(111110 pcrsoiiiic.
une
iiMlioii loiilc ciilii'c
une
|i(i;^ii('('
[).
Nou... Hiais, sans doute,
il
a
trouv dans
une circonstance attnuante.m: lTinfantado.la
Lkdans
me
Mon prince,
nous avons oubli de parler,le
propos de
rue Saint-Florentin, de M. Soumet,
pote, qui a
composles plus
cette rue, tout prs de votre htel,
quelques uns de ses vers
[)oti(pu^s...
Levisite
princi: de
Talleyrand.il
C'est
vrai;
un jour,
je
lui
rendis une
de l)on voisinage, et
me
reut eu dclamant un hel pisode de sa(|u'il
Divine pope; c'tait bien de l'honneur
daignait
me
faire
:
il
recevait
ses meilleurs amis, en leur jetant l'oreille, bout portant, sans les prvenir, des fragments d'uns'agit entre
pome ou des
sciu.^sla
dune
tragdie! Puisqu'il
nous des misrables choses de
terre, je ne serais pas tach
de savoir ce qu'est devenu
monla
htel de la rue Saint-Florentin...le dire,
Le ihc deun journaldanstiersle
l' INFANT ado.
Je vais vousdans
monseigneur... grce a relire
(pii
est
tomb de
poche d'un jounuiliste, condamnles
jjurgatoire ce qu'il a crit
journaux de Paris
:
vos hri-
ont vendu l'htel Saint-Florentin M. de Rotschild...i'ki>ce de
Le
Samuel Bernard.
Le princeun tinancier.
M. de Rotschild! Qu'est-ce qiu' c'est que M. de Rotschild vous avez de Talleyrand. Rien... ceTalleyrand,{\\u'
?
t,
Samuel.,
Le duo de e'Lnfantado.n'a pas
Rassurez-vous, monsieur
le
diplomate
:
l'htel Saint-Florentin, qui se souvient avec orgueil de
son rle politique,
renoncIl
son influence mystrieuse sur
la
destine des princes etil
des peuples.
appartient M. de Rotschild, maisil
est habit par,
mada-
me
la
princesse de Lieven;il
magasin de modes, maisticpie;
a
bon gr mal gr la fltrissure d'un reu, pour htesse, la diplomatie aristocraa subi,
dans
l'htel Saint-Florentin,
on adore
le
veau dor, au rez-de-
chausse, mais ontage, derrire
y consulte Egrie, dans les appartements du premier
un buisson de velours, de
satin et de soie
:
le
Numa
de
celte nouvelle Egrie se nonniie Frani'ois duizot.
Le prince de Talleyrand.
M.
de Rotschild!... autrefois, en France,
touttinissait par des chansons... aujourd'hui tout y finit par de l'argent;
rapprocluMiient incroyable!... Samuel Bernard
et
M. de Rotschild, auxla flte
deux boni de^
la;ni
rue Saint-Florentinlinuliour'
:
dcidment, ce qui vient de
en iclunnic
Loris
Lri',i\E.
(is
industriels
niodcriies
,
si
fiers d'ii-
voir invente
la spcialit,
ne se doutentde maladroits
gure
([u'ils
ne
siuit (|ue
plagiaires des inventions
du nioyen-ge.grands gnies
Tout ce
que nos
[)lns
de l'poque ont pu faire a t de crerdes Itouti(|ues spciales pour vendre desclieniises on des gilets de flanelle, tandis(juil y a troisspciatil et
ou
((uatre cents
ans,
la
brillait
dans tout son clatbranches du coui-
dans toutes
les
nieice parisien.
.Non-senlenientclia(iue objet avait ses
ouvriers spciaux, mais encore cliaque
rue de Paris tait spcialement aflecte la vente de cesl.e
marchandises.est
(piarlier desspcn;i
(le ((iiiii'luir(loiil,
mit
('le
rciiipliicccs
peu
|>;ir:
des incsshcsl itIlVciix
ms t.
di'
laiitre.
Seulement, eu dehors de cej)o-
carr de constructions misrables, d'impasses humides o vgtait la
pulation
la
plus pauvre et
la
plus mprisable de Paris, entre
la
rue Saint-
Sauveur
et le
rempart, s'levait isolment une glise surmonte d'unregard des constructions hideuses dont
clocher gothique, entoure de clotres rguliers et de vastes jardins, quireposaient un peuvoisins.leils
taient
Cette glise et ce couvent ai>partenaient aux Filles-IHi-utions misrables
;
ces habita-
que nous venons de dpeindre, taient ht Cour des Mirneles; nous allons doiuier quelques dtails sur ces deux remai-quablestablissements.11
est diflicile, sinon impossible,
de parler de laConnles iMiraclesil
a[)r('s
l'illustre crivain
del Notre-Dame de Paris: mais((iic
entre ncessairement
^t
'lans notre cadre, poiir
lliisloire
du qnarlicr dont nous tions oc
f
DU CAIIIKpoiis soiL aussiluagiiiticuie
2ilici
complte
(jiie
possible, de ra|)pelei'a
((uelques traits du
ouvrage dont Victor Ilugo
dot notre poipie.
Dabordd'hui cecite
,
nous ferons
reniar(jnei' ({ne cette
dnomination de Cour des(jui
Miracles ne s'appliquait pas exclusivement l'impasse
porte aujour-
nom;
il
y avait
dans:
la ville
plusieurs asiles de ce genre. Dulaureet la
parmi
les i)lus
clbres
la
Cour du Roi Franoisla
Cour
Saiiite-
Catlierine, situes toutes lesles
deux rue Saint-Denis,rue du Bac et dela
Cour de
la Jussieune.
Cours des Miracles de
la
rue de Reuilly, etc.
On
peut y ajouter les rues de la Grande et Petite-Trnanderie, des MauvaisGarons et les trois rues des Francs-Bourgeois; en gnral, les lieux ipiiont conserv ces dnominations de Francs, servaient autrefois de refuge
aux gueux
et
aux vagabonds de Paris.la
Sons Louis XIV,entre l'impasse detre tait
(]our des Miracles dont
nous parlmis s'tendail
l'I^toilc et les
rues de Damiette et des Forges; son en-
dans
la
rue Neuve-Saint-Sauveur. Sauvai, dans son livre intitulde Paris, en:
Histoires
et Anti(juits
a laisse''
inie
description dtaille que
nous albms ra[)porter
Elle consiste en
une place d'une grandeur trs-cousiderable(|ui
et
en un
trs-graul cul-de-sac puant, boueux, irrgulier,
n'est point pave.
Autrefois
il
confinait aux dernires extrmits de I*aris.
A
prsent
il
"
est suite dans l'un des (juarliers des plus|)lus
mal
blis, des plus sales et desle
reculs de
la ville,
entre
la
rue Montorgueil,
couvent des Filles-
Dieu
et la rue .Neuve-Saint-Sauveur,il
comme
dans un autre monde. Poui*
y venir,
se faut souvent gareril
dans de petites rues vilaines, puantes.
dtournes; pour y entrer, tortue, raboteuse, ingale.
faut descemlreJ'y ai
une assez longue pente,
vu une maison de boue
demi-
>
enterre, toute cliancelante de vieillesse et de pourriture, qui n'a pas(|uatre toises en carr, et
'
o logent nanmoins plus de cinquante mde petits enfiuils lgitimes, naturels ou
"
nages chargs d'unedrobs.
infinit
On m'a assur
que, dans ce petit logis et dans les autres, ha-
bitaient plus de cinc] cents grosses familles entasses les unes sur les
autres. Quelque grande que soit cette cour, elle l'tait autrefois beau-
coup davantage. De toutes parts,mauvais pauvres.
elle tait
environne de logis bas, en-
foncs, obscurs, difformes, faits de terre et de boue, et tous pleins de
On ne
sait pas positivement, si le droit d'asile
dont jouissaient ces quarla
tiers, tait le rsultat
de privilges accords anciennement
corpora-
tion de l'argot,
(Ui l'eflet
d'une longue tolrance de
la
part des prvts et
autres justiciers de Paris; toujours est-il que les soldats du guet et les
gens de garde redoutaient d'y pntrer, moins par respect pour ces privilges,la
que par crainte de voir
cette
hideuse jjopulation se ruer sur euxdeniiil, \in
premire alerte. Soit de jour,
soit
certain cri
ipii
retentis-
24-is;iitde(|ues
KllE
El lASSA(.EItouclie, et se
maison en maison, de bouclie en
rpandait en quel-
minutes dans tonte l'enceinte, aninnuait l'invasion des suppts de police dans ce royaume de la jineuserie. A ce signal, on s'armait, oncourait dans ce ddale sombre de rues, que Victor
Hugo compare,
un
chevean de
til
brouill par
un chat,
et
malheur
l'escouade d'archers,(pii
aux sergents, aux soldats du
_7y'/-.s.s/a'
tm du
ploiiil)
cl
siiniioiilcc
d'iin
|)('lit
en
picirt' lulici-t'
I>KS|);is
I
XNOCKNTS.i^st
!255
ne Ifl
ciicorr dil, qu'ils(ii|)ii-;tiit
nvec
le ciel
des
;HC(imiiuJemeiils;eeiis
ils
ciiiplii'eiif
en
leur eseareelle de
lie;iii\
iWw,
el ils
se
liAlei-eiillil'iieile
d'idler IViippi'r a
la poi'te di'j
eiili-'ouverte denlaules. senl'erntaienl |)our
le
reste
delenrvie;
'i5(i
)i
A
i;
(
:
1
1-:
i
m: s
i
.\ .\
(
m
;
i-:
n
r
selles
elles
l'aisiiieiit
miii'cr
l;i
poi'le
de cette deineiirele ciel,
sii|iriiie, (tu
espe-
r;iieiit rec(iii(|iierir
leur s;ilnt dans
un peu
c()Ui[iriunis
an sein des
volupts de ce monde, (les pauvres recluses se trouvaient en coninumicatiou avec l'inteiienr de l'glise,
au moyen d'une fentrede
troite,
par
la-
(jUelle ou leur passait les aliments grossiers qui les empcliaieut tout juste
de moui'ir depriode
laini.
Selon
les registres mannsci'its
la
Tournelle
,
ces
rclusions, qui furent quehjuefois forces, se multiplirent au xv" sicle,
aux passions ardentes, durant laquelle les dames doininsntcarrire aux tendres gareuKmts
amplement(In
du c(eur
et
de l'esprit. chezles
(juaml l'amour devient expansif et audacieuxXV'
comme
damesla
sicle,
le
mariage est un tmoin assez importun,fait
et le vice,
iin(''
dans ses allures, se:
crime tout simplement par amour pour
liltert
llene de Vendomois,la
femme du seigneur deconvoitises
Souldai, s'tait aflo:
lee
pour un bel archer de
garde du
roi (Charles VIII
il
y avait
en ce
temps-l
gramle concurrence delite
fminines autour de cestitrs;
compagnies, formes d'unedomois,l
d'hommes d'armes
Rene de Vende-
afin d'emhellir la
chane qui l'unissait
son amant, s'effora
dorer; pour y russir, elle vola d'ahord son mari, et puis ses ani's, et puis tout le monde, afin de ne point faire de jaloux. Entiu, lasse du joug
matrimonial, qu'elle secouait pourtant avec beaucoup de libert et de
bonne grce,tr(^
elle
tt
assassiner:
le
seigneur de Souldai, en disant peut-
justice de l'adultre! Le Parlement condamna Rene de Vendomois mourir sur un chafaud mais Anne de Reanjen, rgente du royaume, pntre sans doute de ce principe vangli(pie, (pi'il devait tre beaucoup pardonn la coupable |)arce (pi'elle avait beaucoup aim, comnuia sa peine en une rclusion per})-
sa conscience
laissez passer la
;
luelle
au cimetire des Iimocents. Depuis l'anne H8(), ce cimetire
tait
environne de hautes murailles;
ce ne fut gure tpu' deux sicles plus tard (jue l'onstruire la galerie appele Ins Charniers:
commena
con-
galerie
sombre, luimiibN tapisse
de monunuMits funbres, et pave de tombeaux, dont les cavits rendaient
un son lugubre sous
le
pied des passants;
l,
s'en retournaient
pompeu-
sement
la poussire,
au nant d'ola
ils
taient sortis, les riches et joyeux
((Uivivesla
du banquet dedansle
vie
:
dernier hoiuieur rendu
ro])nlence et
noblesse; dernier reflet des frivoles splendeurs de ce monde, qui se
projetait encorel>e
domaine de
la
mort!marchal de IJoucicaulet
charnier des Innocents ne ressembla jamais au Cainjio Sancto de.
l'ise
mme
lorscpi'il
et t einl)elli par
le
par
le
du
XV"
fameux Nicolas Flamel coryphe des philosophes hermti(pies sicle. Il n'-gnait sous ces votes funraires une dis|)arit ti'ang^le
des pitaphes graves sur
marbre
,
des ttes de nutrl sculptes
,
des
ossements eu
ci'oix,
c(U des atlifets
dnu magasin
de modes on de
MImniM'ic;iiillcuis,
Ali cil K
I)i:s
I.NNOCKNTS.iiMisi(|ii(.'
!)r.7
des iiislniinciils de
siispciidnsi|ui
,
en guise del'uvre defigures
li.irpcs coliciiiics
un
s(|uek'ttp dele
marbre blancla
tait
Cerniaiu Pilond'angesel
;
plus loin,
tombeau dela
dame Flamel.orn de
de saints, servait d'talagela
des jouets d'enl'ant. lin des cts
du cbarnier longeaitnie(b'
rue de
Ferronnerie,
nomme prcdemmentla
la
(Ibarronnerie. Sur cette face du charnier tait peinte
dmisc
nuirabrc, parodie
amrement ])biloso]ibic
repas fiU tort iioiinc'lc;
|\icn
ne
niaiiqiuiil
an
Icsliii
;
Mais quckiu'iin troublaI'cikI.iiI qu'ils ('laicnt
la flo>
en train.
Par malheur pourla halle,il
les
grands seigneurs
et [)Our les graiules
dames detricolores,
y avait, ce jour-l, tout prs d'eux, des
gendarmes
chargs de surveiller la joie publique, des agents de police qui s'avisrent,plus d'une fois de rglertriotisme etle plaisir!
le
pas de
la
danse, et d'envoyer au violon
le
pa-
Le pouvoir imprial
fut
mieux inspirtoile
lors(pi'il substitua,
sur
le
mar-
ch des Innocents, des choppes en bois
ces ignobles parapluies, cesla
normes champignons detache la
qui s'tendaient dele
pointe Saint-Eus-
rue de
la
Ferronnerie. L'on trouva
nntyen de remplacer
quelque chose d'affreux par (|uelque chose d'horrible.
Les galeries en bois forment un disgracieux ornement
la
fontaine
monumentale qui
s'lveet
au centre du march; vrai dire, des anuis de
choux, de carottes
de
pommes
de terre, lments matriels des capaciel
cits lectorales et lectives,
exposs
dcouvert, produiraient un
eU'et
plus ignoble encore que celui des champignons-parapluies.trs-ra|)proche de la ntre,:
A une poque
il
se passa des
vnements
graves au march des Innocents
durant
les troisfait
journes qui suffirentdes clioppes du frui-
pour renverser une monarchie,tier et
le
peuple avait
de l'orangre autant de petits forts dtachs d'o partait une((ui,
mousqiu'lade(ueurtrieiT.
pour tre dpourviu' de rgularit, n'enla
taita
pas moins
Sur ce point, connue partout,
victoire
resta
ceux
(|ui
2()2 coinliatlaicnl
MAIICII DES INNOCENTS.pourle
droit, contre les
dfenseurs de l'arbitraire;
et
de
l'oppression. Mais
triomphe cotacher anx phalan-ies po[iulaires Dieu seul sut le nombre des victimes qui ont repos prs de dix ans au milieu d'un march, dans une halle, dfendues peine du pitinement de lale
("mile
par une fragile barrire
;
sans doute,
il
vous souvient d'avoir vu
cette petite enceinte funbre,
linceul de chaux, les
o l'on avait enseveli ple-mle, dans un amis et les ennemis Mais la mort ne protestele
point contic de telles msalliances, et c'est un irand [laciticaleur (pie
repos de
la
tombele
!
Un mot encoreFerronnerie o
:
seul roi dont le peuple ait (jard la
au sud du march des Innocents s'tend la rue de la mawire avant Nala i(oij.;nee
polon mourut d'un coui de celle arme fanaticpie dont
est
Romeavocat
et la pointe partout, selonillusti'e.
l'ingnieuse et expressive parole d'unla
A
l'ouest est situe
petite rue de la Toiniellerie,le
ou na-
quit cet admirable prcepteur du j-enre humain, dont
nom
glorieux a
mancpu'
la jj;loire
de l'Acadmie franaisele toit stuis
En
Italie,
on montrei'achez nous,lela
dans vingt sicles
le(|uel lela
Dante
vil le j(Mir;
spculation a dj enseveli dans
poussire des grabats,la
berceau de
notre innuortel Molire; seulement, surneuf, et(pii
faade d'un btiment tout
donne des revenus superbes, sans doute, vous pourrez voir grand' peine le buste lilli|mtien du pote comique de Eouis XIV; l'architecte qui a bti cette vilaim; maiscm bourgeoise, a eu la bont d'crireau-dessous de l'image d'un grand honnnede l'auteur du Tartufe en Francele culte
(jue l fut la ])remire
demeuredes
et du Misanthrope'. C'est ainsi ((ur l'on entendla
des souvenirs et de
posie!
Au nord du march't(|ui,
Innocents, s'lve Saint-Euslache, un autre vous rac(Uitera l'histoire decette glise,
o vous
lirez l'pilaphe
de Cheverl,
durant
la
papaut
thophilanlropique du directeur Larveillre, fut consacre celte morale
bocagre et fleurie que Napolon appelait une religion en robe de ehambre.
Unede
glise,
un empereurville, le
et la religion
de Larveillrela
!
C'est ainsi
qu' travers les graves pripties, dramatises parla
chronique des ruesboulVmnierie aprsdire, en parlant
grande
plaisant se mlera parfois au svre, l'allgro vien-
dra aprs l'andante,le
le
vaudeville aprs
la
comdie, et
la
drame;
ces conditions, mil n'aura le droit de
nous
des chapitres d'un pareil livre:
L'ennui naquit un jour de rtniilbi
niilr.
G. ouchaud-Lafossk.
RUE ET
QUARTIER
SAm-GERMMN
-DES -PRS
'an 542, le roi Cliiltlel)ei't,
fils
duen
premier
roi chrtien, tait allfaire la
Espagne
guerre
Teutlis,
roi (les Visigoths, prince arien.
Sonrois
frre Clotairecette
l'accompagna dans Les deuxIiirces, ils
expdition.
ayant runi toutes leurs
mirent(|u'iis
le
sige devant Sarragosse
serrrent de fort prs. Les,
^
habitants consterns
rduits l'ex-
trmit et n'esprant
plus aucun
secours humain
,
eurent
recoursrev-
au jenetirent
et la prire. Ils se,
de cilices
et
chantant des
\
psaumes, portrent en procession, autour des murs de la ville, la tunique de Saint-Vincent, leur concitoyen. Lesles
femmes
taient en deuil,
cheveux pars, couverts de cenGrgoire de Tours
dres, jetant des cris et des larmes,dit,
comme
si
elles
eussent t l'enterrement
de leurs maris. Childehert et Clotaire ne distinguant jtasbien de loin
ce qui se passait sur les murailles,
crurent
d'abord
que
c'tait
une
assemble de personnes qui priiii
paraient (pielques malfices contreles assigeants.
Sur ces
entrefaites.
un pnvsanIls
sorti
de
l;i
ville lut ;uissil('>l
jinrlc cl jiniciic en leur prsence.j)()ur (piel
['iiitcri-ojicrcnl
sur Iclal
de
la
place, et
sujet les
lial)i-
tants taient ainsi assembls sur les niiirailles.(pi'ilsla
Le paysan leur rpondil,
portaient en procession
la
tunique de Saint-VincenIla
ponr
flcliir
misricorde de Dieu et obtenirsi
leve
du
sige.
Les deux rois enen paix;
lurent
toncbs,
((u'ils
promirent de laisser
les Visigotbs
deux
conditi(ns, toutefois:l'autre,
lune (luelarianismela
srail
enliremeut banni
d'Espagne;apporta
(piOn leur donnerait
luni(pie de St-Vincent.
La
ncessit fora les Visigotbs d'accorder cettela
demande,
et
Cliildebert
tnnicpie ou tole Paris en grande solennit.
Quel(|ne tem[)s aprs, ce roi rsolut de btir une glise, pour y dposer cette sainte relique et
une grande croix
(jn'il
avait apporte
de Tolde.
Cependant, Cliildebert n'excuta son desseintard, la sollicitation de
([ue (piebpies
annes pins
Saint-Germain, v((ue de Paris.propre pourla
Le
lieu qui parut le plus
construction de cette glise,
fntcelui qu'on
nommaitalorsencorelesle
Loco
pour clbrer
les
mystresIl
ilivins, soit
pour tlouner l'ordination auxsoutenaient leurs
clercs et aux
moines.
n'y a rien de plus curieux que l'ardeur avec
laquelle les abhs et les religieux de Saint-Germain
privilges dans
le xii" et
xin" sicle.
Un
jour, Saint Louis,
passant par Villcneuve-Saint-George, s'arrtaet invitalui.
pour dner dans une prvt de l'abbaye de Saint-Germain,
en
mme tempspeinele
Gautier Cornu, archevque de Sens, dner avec
Ala
prvt eut-il appris cette invitation, qu'il alla trouver
le roi, et le
supplia trs-instamment de ne pas permettre au prlat d'entrer dans
prvt, ni d'y prendre son repas, crainte de porter atteinte aux privilges de Saint-Germain.
Quoi que
le
roi
put dire ou penser d'unela
telle
prcaution
,
le
prvt ne se contenta pas de
protestation de l'archela
vque, qu'il ne prtendait .icqurir aucun droitsur l'abbaye, ni survt, par le dner qu'il allaitroi
prle
prendre avec
le roi;
il
exigea de plus quele fait
lui-mme
fit
expdier des lettres qui continssentet la
que nous ve-
nons de raconterau
promesse de l'archevque de Sens.
L'glise de Saint-Germain, ravage diverses reprises par les Norniamlsix*"
sicle, fut
deux sicles plus tard |)resqu'entirement reconstruiteenddicace etconscration. Les difle-
par l'abb Morand. Sa reconstruction ne s'acheva qu'en 1IG5, poque
o
le
pape Alexandre
111
lit
la
la
rences de caractre ([ue l'on trouve dans l'ensemble de l'ditce indiquentles
poques diverses auxquelles ses parties appartiennent.sinj|)l('
La grosse
tour carre,
et
dpourvue d'ornemenl,
(|ui
s'elve l'entre, date
videmment du temps del fondation. L'abbaye, fortifie par les ordres du roi Charles V, ressemblait une citadelle. Ses min'ailles taient tlan(pies de tours et environnes de fosss.(pii
Un
canal large de 13 14 toisesle
commenait
la rivire et
(pion appelait la petite Seine, coulaitla
long du terrain, on est aujourd'hui
rue des l*elils-.\ugustins,
cl
allait
tomber dans ces
fosss.tait situe l'est, vers
La principale entre de l'enclos du monastre
l'emplacement occup aujourd'hui par
la
prison militaire de l'Abbaye.l'on arrivait a la porte
On
y
traversait le fosse par
un pont,
et
mri-
dionale de l'glise.
Une autre entre
se trouvait l'ouest de l'enclos
dans
la
rue depuis
nomme
de Saint-Benot. Cette entre,
nommele
Porte
Papale, tait llauipiee de deux tours rondes; on y arrivait par d'un pont-levis.
moyen
A
l'est el
au nord de ces fosss, s'tendaient de vastes prairies parla
tages en deux par
petite Seine. C'est de ces prairiesa prisle
que l'Abbaye
,
fonde par l'vqne de Paris,
injui
de Sai)it-Germuin-(lefi-Prs.
D'un cte, ces prairies, en partant du terrain o se trouve aujourd'huila
rue des Saints-Pres:
,
allaieni en se
prolongeant jusqu' l'esplanadele
des Invalides
celle parlic etail
appele
(ininil-Prc.
L'anire
parlie.
2(i(i
lUIl-:(le
ET Q11AKTIEI5l'on a ouvert (Icpuis;
situe au uordla
lAbbayc, conipreuait IVspacf oetle (|uai
rue Jarol.
la
rue des Beaux-Arts
Mahujuais
on l'appelait
le
Polit-Vr.
L'on
a
(lit
(pielque part, dans ces derniers temps, que l'eau, loin de
former une barrire naturelle entre deux peuples, tait len plutt |>our pour ce qui est de la bareux une voie de communication et de fusion:
rire naturelle, je le
veux bien; mais quant
la
fusion,
si
les
peuples
campes suret
les
deux
rives, en face l'un de l'autre, diflrenls de uio'urset
d'habitudes, ont de plus le malheur de ne pas tre d'humeur facilele
endurante, cette fusion pourrait bien ne s'oprer
plus souvent qu'au
dtriment du plus faible d'entre eux. Le Pr de l'abbaye de Saiut-(ier-
main imns enSeine,(pii
oifre
pendant des sicles un exemple frappant. Lala vrit,
petite
coupait ce pr en deux parts ingales, traait en
mme tempsla
un