3
Les temps forts A Bruxelles, c’est la fibre optique qui a permis le passage de la capitale belge en ville intelligente. « Pour qu’une ville soit intelligente, elle doit avant tout disposer d’une infrastructure sécurisée, à même de relier l’ensemble des bâtiments et ser- vices publics », précise à son tour Hervé Feuillien, Directeur général de CIRB Brussels. Avant d’ajouter : « Il est par ailleurs essentiel que les pouvoirs publics en conservent la propriété, afin d’être détaché des contraintes du marché ». Il ne saurait enfin y avoir de véritable transition numérique sans un « data center » à même de proposer un stockage des données collectées dans un environnement sécurisé. Comment améliorer la mobilité de demain ? Pour fondamentales qu’elles soient, ces approches peuvent également avoir comme finalité la mobilité. Le concept MaaS Finland permet, par exemple, de recenser l’intégralité des moyens de transports afin d’offrir un package unique et adapté aux usages des consommateurs finlandais. « L’idée est de proposer une offre correspondant aussi bien aux besoins Smart CITIES Quelles innovations urbaines durables ? Focus sur des projets français & internationaux Hervé FEUILLIEN, CIRB Brussels Collecter et utiliser des données permet aux villes intelligentes d’améliorer à la fois l’environnement et les services qu’elles proposent. Forts d’une optimisa- tion des coûts de la consommation énergétique et des flux, ces territoires peuvent ainsi prétendre à plus d’efficience et à davantage d’attractivité. A charge pour ces smart cities d’intéresser les citoyens à ces thématiques et de trouver les financements idoines. « La ville numérique doit être à la fois une ville intelligente et une ville durable » explique d’emblée Michèle Pappalardo, coordinatrice du réseau Vivapolis et chargée de mission auprès de Ségolène Royal et d’Emmanuel Cosse. Caractéristique du modèle urbain à la française promue par Vivapolis, cette ville durable conduit naturellement à gérer, via le numérique, la mobilité, le trafic routier, les parkings, etc. Autant d’objectifs que se sont fixés les seize démonstrateurs industriels de la ville durable (DIVD). Ces projets de territoire, qui fédèrent à la fois les collectivités et les entreprises pour promouvoir l’innovation, analysent en effet l’apport des nou- velles technologies pour renforcer la transversalité des actions et résoudre les problématiques économiques et juridiques. Par cette approche, la France entend à la fois marquer sa dif- férence et s’inspirer des modèles étrangers. En Grande-Bre- tagne, par exemple, la ville de Peterborough a assis sa tran- sition vers le modèle de smart city « en plaçant l’économie circulaire au cœur de sa démarche », explique Steve Bowyer, Chief Executive d’Opportunity Peterborough. Un pari gagnant, puisqu’en 2015, cette agglomération du nord de Londres s’est vu décerner le titre de Smart City Européenne. Mercredi 29 juin 2016 Chateauform’ Saint Dominique • PARIS Smart CITIES • Les temps forts de la matinée du 29 juin 2016 1

Smart Cities - Les Echos Events · avoir de véritable transition numérique sans un « data center » ... puisqu’en 2015, cette agglomération du nord de Londres s’est vu décerner

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Smart Cities - Les Echos Events · avoir de véritable transition numérique sans un « data center » ... puisqu’en 2015, cette agglomération du nord de Londres s’est vu décerner

Les temps forts

A Bruxelles, c’est la fibre optique qui a permis le passage de la capitale belge en ville intelligente. « Pour qu’une ville soit intelligente, elle doit avant tout disposer d’une infrastructure sécurisée, à même de relier l’ensemble des bâtiments et ser-vices publics », précise à son tour Hervé Feuillien, Directeur général de CIRB Brussels. Avant d’ajouter : « Il est par ailleurs essentiel que les pouvoirs publics en conservent la propriété, afin d’être détaché des contraintes du marché ». Il ne saurait enfin y avoir de véritable transition numérique sans un « data center » à même de proposer un stockage des données collectées dans un environnement sécurisé.

Comment améliorer la mobilité de demain ?

Pour fondamentales qu’elles soient, ces approches peuvent également avoir comme finalité la mobilité. Le concept MaaS Finland permet, par exemple, de recenser l’intégralité des moyens de transports afin d’offrir un package unique et adapté aux usages des consommateurs finlandais. « L’idée est de proposer une offre correspondant aussi bien aux besoins

SmartCities

Quelles innovations urbaines durables ?Focus sur des projets français & internationaux

Hervé FEUILLIEN,CIRB Brussels

Collecter et utiliser des données permet aux villes intelligentes d’améliorer à la fois l’environnement et les services qu’elles proposent. Forts d’une optimisa-tion des coûts de la consommation énergétique et des flux, ces territoires peuvent ainsi prétendre à plus d’efficience et à davantage d’attractivité. A charge pour ces smart cities d’intéresser les citoyens à ces thématiques et de trouver les financements idoines.

« La ville numérique doit être à la fois une ville intelligente et une ville durable » explique d’emblée Michèle Pappalardo, coordinatrice du réseau Vivapolis et chargée de mission auprès de Ségolène Royal et d’Emmanuel Cosse. Caractéristique du modèle urbain à la française promue par Vivapolis, cette ville durable conduit naturellement à gérer, via le numérique, la mobilité, le trafic routier, les parkings, etc.

Autant d’objectifs que se sont fixés les seize démonstrateurs industriels de la ville durable (DIVD). Ces projets de territoire, qui fédèrent à la fois les collectivités et les entreprises pour promouvoir l’innovation, analysent en effet l’apport des nou-velles technologies pour renforcer la transversalité des actions et résoudre les problématiques économiques et juridiques.

Par cette approche, la France entend à la fois marquer sa dif-férence et s’inspirer des modèles étrangers. En Grande-Bre-tagne, par exemple, la ville de Peterborough a assis sa tran-sition vers le modèle de smart city « en plaçant l’économie circulaire au cœur de sa démarche », explique Steve Bowyer, Chief Executive d’Opportunity Peterborough. Un pari gagnant, puisqu’en 2015, cette agglomération du nord de Londres s’est vu décerner le titre de Smart City Européenne.

Mercredi 29 juin 2016Chateauform’ Saint Dominique • PARIS

Smart CITIES • Les temps forts de la matinée du 29 juin 2016

1

Page 2: Smart Cities - Les Echos Events · avoir de véritable transition numérique sans un « data center » ... puisqu’en 2015, cette agglomération du nord de Londres s’est vu décerner

des Finlandais aspirant à une faible mobilité qu’à ceux ayant un fort be-soin de mobilité », explique Sampo Hietanen, CEO de MaaS Finland. D’où la nécessité pour les villes d’être dans une logique de parte-

nariat et dans une démarche de données ouvertes avec des services qui communiquent entre eux.

Quant aux entreprises, elles doivent investir dans des services où elles devront partager avec leurs concurrents. La raison ? « Tout l’enjeu va consister à profiter d’un transfert des investissements aujourd’hui réalisés dans la voiture individuelle vers les services liés à la mobilité avec, à la clé, un marché global de 150 milliards d’euros dans les dix années à venir », explique Nicolas Samsoen, Directeur stratégie et innovation du groupe Transdev.

La question n’est donc plus de savoir si les transports publics sont plus intéressants, mais quels moyens de transports il est désormais opportun de proposer pour être le plus ef-ficace possible. Et dans une perspective d’organisation de la mobilité à l’échelle globale, il convient de s’interroger sur la place des acteurs locaux car les actions mises en place par cer-taines collectivités ne sauraient être exactement dupliquées dans d’autres agglomérations.

De même, les applications qui seront développés pour re-censer et proposer les moyens de transport les plus effi-caces, vont occuper une place centrale. « Toutes les données qui pourraient être collectées pour alimenter ces applications et proposer à la fois une vision prédictive et une optimisation des res-sources revêtent donc une importance de premier plan », précise Raphaël Cherrier, Président-directeur général de la start-up bordelaise Qucit, à l’origine de l’appli Vcub Predict et qui vient de sortir une autre application prédictive : «  Citypark  ». Son objectif : « fluidifier le trafic auto ».

Une vision partagée par Michel Duchène, Vice-Président en charge des projets urbains au sein de Bordeaux Métropole. « La question centrale pour une collectivité est de savoir combien coûte cette organisation et ce qu’elle peut apporter aux adminis-trés », explique-t-il. D’autant que les tribunaux administratifs s’intéressent désormais à la rentabilité des moyens pro-posés. « A l’heure où les dotations de l’Etat sont en baisse, il est donc primordial d’inciter nos concitoyens à changer leurs compor-tements ».

Améliorer l’efficience énergétique des villes connectées.

Au-delà de la mobilité, la notion de ville durable nécessite aussi d’aborder la question énergétique. Et bien que « la ville durable soit diverse, la question de l’équilibre global entre la production et la consommation se pose toujours », explique Jean-Louis Muscagorry, Délégué en région Normandie et en Ile-de-France, au sein de RTE.

Cette recherche de l’équilibre a d’ailleurs conduit les aggloméra-tions à changer en pro-fondeur leur gestion des services urbains. « La lo-gique de la mutualisation étant désormais prédomi-nante, les villes durables

appréhendent globalement les différentes composantes du marché de l’efficacité énergétique », précise Alain Guillaume, Interna-tional Business Development Manager de Citeos au sein de Vinci Energies.

« Il est en outre essentiel de sensibiliser les consommateurs à la nécessité de mieux consommer. C’est tout l’intérêt de la start-up bordelaise Iqspot. Ce service logiciel par abonnement comprend en effet l’accès à un tableau de bord web de suivi des consomma-tions et à une application mobile permettant à tout occupant du bâtiment d’être informé de ses consommations et de son confort », explique son co-fondateur, Julien Bruneau.

Smart CITIES • Les temps forts de la matinée du 29 juin 2016

Sampo HIETANEN,MaaS Finland

Jean-Louis MUSCAgoRRy,RTE

Table ronde sur la mobilité de demain.

SmartCities

2

Page 3: Smart Cities - Les Echos Events · avoir de véritable transition numérique sans un « data center » ... puisqu’en 2015, cette agglomération du nord de Londres s’est vu décerner

Et dans la mesure où, en matière énergétique, les données sont publiques, les applications permettant d’avoir des visions prospectives ou encore de disposer des informations en temps réel devraient se multiplier localement. A l’instar des solutions développées par Citizen Watt pour sensibiliser les populations défavorisées, ces applications et autres expérimentations s’ins-criront dans un mouvement plus large de transparence.

Vers une amélioration de la vie des citoyens ?

« Point de smart city sans mobilisation générale des habitants » a toutefois tenu à rappeler l’inventeur du concept de vie globale, Saskia Sassen, Professeur de sociologie à l’université de Columbia. D’où la nécessité d’instaurer un

véritable partage des connaissances, à l’origine de toute démarche citoyenne.

Car nous sommes passés de l’époque où il fallait protéger les données à un stade où il est nécessaire de partager les informations. « Les acteurs doivent donc rendre visibles les cap-teurs de données, à l’instar de ce que fait la ville de Paris dans les piscines pour mieux gérer l’affluence et donc mieux infor-mer les habitants », explique Jean-Marc Lazard, Président- directeur général d’OpenDataSoft.

C’est l’objectif que s’est fixée la ville de Paris en réaménageant sept grandes places dont celle de la Nation, où de multiples capteurs ont été installés afin de mesurer les flux, la qualité de l’air, l’intensité du bruit… « Ces informations permettront de mieux comprendre l’utilité actuelle de la place et donc d’envisa-ger son aménagement futur en fonction d’un index de confort  », explique Jean-Philippe Clément, Responsable de la mission ville intelligente et durable de la ville de Paris.

Il est donc nécessaire d’humaniser les données. Selon Christian Buchel, Chief Digital & International Officer d’Enedis, « Il faut rendre intelligible la consommation et se servir de cette compréhension comme d’un levier d’action ». L’entreprise qui gèrera les données devra également avoir la confiance de la population et, pour le moins, fournir à chacun un accès à ses propres données.

Financer un projet urbain de croissance verte

Pour financer ces projets, les banques ont imaginé développer des produits spécifiques tels que les obligations vertes. « Destinées à favoriser l’investissement sur des projets clairement identifiés, pour HSBC, les obligations vertes concernent plus spécifiquement la réduction des gaz à effets de serre, la diminution de la consommation énergétique, le développement des énergies renouvelables ou encore l’amélioration de la résilience globale du territoire », explique Jérôme Pellet, Directeur des émissions obligataires au sein d’HSBC France. Strictement contrôlée, la finance verte oblige par ailleurs les banques à rendre des comptes aux investisseurs qui, souvent, sont épaulés par des techniciens spécialistes de l’économie verte. Et dans un souci de confiance, les banques se soumettent souvent à l’avis d’une agence extra financière.

Désireuse d’accompagner le développement des smart cities, la Caisse des Dépôts, pour sa part, investit dans des projets complexes relevant d’une problématique d’intérêt général. Concrètement, « ces projets doivent rendre un service aux usagers, être initiés par les villes mais bâtis en partenariat avec des consortium d’entreprises et enfin faire l’objet d’une confiance justifiée des administrés », précise Blaise Desbordes, Project Manager Smart City au sein de la CDC.

Mais à l’international, HSBC va bien au-delà de ce cadre national. Et pour cause ! « Quelque 90 Smart cities sont déployés en Inde et environ 300 projets pilotes sont en cours en Chine », précise Graham Smith, Director and Green

Champion EMEA and Head of Smart Cities Initiative chez HSBC. Des chiffres qui suffisent à démontrer combien ce concept de smart cities est important dans cette région du monde. « Le développement de la vile de Shenzhen qui a en son sein une smart city en est d’ailleurs la preuve vivante ». n

Jérôme PELLET,HSBC France

Saskia SASSEN,Columbia University

graham SMITH,HSBC

SmartCities

Conférence organisée en partenariat avec Enedis, HSBC, RTE et Invest In Bordeaux

Smart CITIES • Les temps forts de la matinée du 29 juin 2016

3