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7/25/2019 Spitalul de La Otranto
1/12
Andr Jacob
Une fondation d'hpital Andrano en Terre d'Otrante (inscription
byzantine du Muse provincial de Lecce)In: Mlanges de l'Ecole franaise de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 93, N2. 1981. pp. 683-693.
Rsum
Andr Jacob, Une fondation d'hpital Andrano en Terre d'Otrante (inscription byzantine du Muse provincial de Lecce), p. 683-
693.
L'inscription Inv. 54 du Muse provincial de Lecce, date de 1372/73, constitue un intressant tmoignage sur la survivance de la
langue grecque dans le Salento mridional. Elle rappelle la fondation d'un hpital Andrano, au sud-ouest d'Otrante, et son
inauguration la prsence des vques de Castro, Alessano, Ugento et Gallipoli.
Citer ce document / Cite this document :
Jacob Andr. Une fondation d'hpital Andrano en Terre d'Otrante (inscription byzantine du Muse provincial de Lecce). In:
Mlanges de l'Ecole franaise de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 93, N2. 1981. pp. 683-693.
doi : 10.3406/mefr.1981.2621
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1981_num_93_2_2621
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_mefr_2371http://dx.doi.org/10.3406/mefr.1981.2621http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1981_num_93_2_2621http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1981_num_93_2_2621http://dx.doi.org/10.3406/mefr.1981.2621http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_mefr_23717/25/2019 Spitalul de La Otranto
2/12
DU GREC
ET
DES
GRECS
EN
ITALIE
ANDR JACOB
UNE
FONDATION D HPITAL
ANDRANO EN TERRE D OTRANTE
(INSCRIPTION
BYZANTINE
DU
MUSE PROVINCIAL DE LECCE)
Bien qu elle soit
plutt tardive,
l inscription qui
fait
l objet de
cette
note
est
loin
d tre
dpourvue
d intrt.
Conserve
au
Muse
provincial
Sigismon-
do
Castromediano
de Lecce sous le numro d inventaire 54 l, elle a t publie
rcemment
par
P. Rugo2, dont
la
transcription,
incomplte
et
fautive,
est
dnue de valeur scientifique3. Nous voudrions, dans les
lignes
qui suivent,
proposer une nouvelle lecture de cette inscription, accompagne de quelques
mots de commentaire.
La hauteur de
la
pierre est de 46,5
cm; sa
longueur est de 46 cm
la
base
et
marque un trs lger rtrcissement vers le haut;
l paisseur
est
de
21/21,5 cm
environ.
Le
calcaire
de teinte ocre
dans
lequel elle a t taille
porte dans
les
Pouilles le nom
de
carparo. Le
texte de l inscription
occupe la
partie
antrieure
et le ct gauche de la pierre.
Sur
la partie antrieure, la
hauteur
des lettres
est de 32 mm et,
sur le
ct, de 20/25 mm
environ. Sur la
face, entre
les
cinquime
et
neuvime
lignes,
on
distingue
les traces
de
la ligne
verticale qui
dlimite le ct droit du
cadre crit.
L examen
palographique
montre l vidence l intervention
de
deux
lapicides, dont
l un
a grav le texte de la partie
antrieure
et l autre celui du
Nous remercions Mme Giovanna Delli
Ponti,
directrice du Muse,
et M.
Antonio
Cassiano, conservateur, qui ont
facilit
notre travail
sur
place et ont
bien
voulu nous
procurer les
photographies
de l inscription
publies
ici.
2
P. Rugo, Le iscrizioni dei sec. VI-VII-VIII esstenti in Italia, IV : I ducati di Spoleto e
Benevento, Cittadella,
1978, nos 125
et 126, p.
96-97.
3
Nous
ne reviendrons
plus par la suite
sur
cette dition, que nous reproduisons
telle
quelle par souci
d objectivit.
N
125 : ... ,
...
- ,
... [] ...
-
126:
()
,
-
() ()
(les
traits
verticaux
ont t
ajouts pour marquer
la
division en
lignes
de
l dition).
MEFRM - 93 - 1981 -
2,
p. 683-693.
7/25/2019 Spitalul de La Otranto
3/12
684 ANDR
JACOB
ct gauche de
la
pierre. Le premier
se
distingue nettement du second par
une tendance
marque
transformer les lignes courbes des lettres
arrondies
en
traits verticaux et leur confrer ainsi un aspect
rectangulaire;
cela
vaut
surtout
pour l epsilon
et
le
sigma,
mais
aussi
pour l omga
(particulirement
caractristiques,
cet
gard,
ceux
de
la lg. 8,
trois hastes de hauteur
gale),
les boucles du
bta
et du rh et,
dans
une mesure moindre, pour l omicron
(surtout
partir
de
la lg. 5)
et pour
le thta (voir, par exemple,
la lg. 8, le
thta
de
).
Les
groupes de
lettres
droites
soudes l une
l autre par le systme du
trait
vertical commun sont
nombreux.
Il
s agit,
en gnral,
de groupes
de deux
lettres,
mais l on relve
galement
six ensembles
de trois
lettres
et
un
de
quatre
la lg. 9
de
l inscription
de
la partie antrieure). Le
premier
graveur utilise
beaucoup
plus
frquemment
ce
genre
de
ligatures
que
le
second. Les textes respectifs
tant
peu
prs d gale
longueur,
la proportion
est de vingt-sept ligatures contre sept
en
sa faveur. Le fait que le premier
graveur
peut
aussi employer les lettres epsilon,
omicron,
sigma et omga pour
former des
ligatures
n explique qu en partie cette forte
diffrence.
En
plus des
divergences
que
nous avons
dj
observes
dans le trac des
lettres
rondes, signalons encore que l alpha,
le delta, le kappa, le
mu et
le nu
ont chez
les
deux graveurs des formes
bien
distinctes, qu il serait superflu
de
dcrire
ici en
dtail.
Les deux parties
de
l inscription sont accentues,
mais de
faon irrgulir
e
e
premier graveur ne
met
pas
l esprit
sur
la
voyelle
initiale,
qui
reoit,
par
contre, l ventuel accent (,
, ).
Bien que
la surface assez abme de
la
pierre
ne consente pas
des conclusions certaines,
il
semble bien que
l un
ou
l autre
esprit soit prsent
dans le
texte de l inscription latrale.
Le
seul
signe
de
ponctuation est un point plac mi -hauteur des lettres;
il
apparat plus
frquemment dans
la
premire partie que
dans
la
seconde.
DITION
L une des difficults
de l inscription de Lecce
consiste dans la lecture
et
l interprtation
de
la lg. 10
de
la partie antrieure, o l on devrait trouver
les
dernires donnes relatives
la date
et qui
renferme
effectivement
un
chiffre
se
terminant par -, le mot
et l indiction.
la lumire
de
ce
qui
vient
d tre dit sur les particularits graphiques de l inscription, on constate
toutefois
sans
trop
de
peine que seule la mention
de
l indiction, aux deux tiers
de
la
ligne environ, est
due
au premier graveur. Le second graveur, qui a fini
par
manquer
de place sur
le
ct gauche de la pierre, a profit
des
espaces
laisss
libres
gauche et droite de l indiction
pour y inscrire les derniers
mots
de son
texte,
qui
n ont
du
reste
rien
voir
avec la
date.
L intervention
du
7/25/2019 Spitalul de La Otranto
4/12
Illustration non autorise la diffusion
UNE
FONDATION
D HPITAL ANDRANO 685
second
graveur sur la partie
antrieure a
t
marque
dans notre transcrip
tionar le ddoublement de la lg. 10 (=
10a).
A
:
Face
1 [] [] -
2 }
3
[
]
4 -
5
-
-
6
-
7
8
() -
9 []
()
,
10
()
10a [] [][ ] -
.
11 []
-
.
Face
Lecce,
Museo
provinciale,
Inv.
54.
MEFRM 1981, 2.
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5/12
Illustration non autorise la diffusion
686
ANDR JACOB
: Ct gauche
1
2
3
() [] -
4
5 -
6
7 -
8
-
-
9
() -
10
()
11
-
12
() ()
13 -
(le texte
se
poursuit aux
lignes
A, 10a-ll).
B.
Ct
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6/12
UNE FONDATION
D HPITAL ANDRANO
687
Traduction
Le
prsent
xenonas ou
hpital
a t difi par
les
efforts et aux frais
de
Georges
Longo (ou Longou
ou
Longos) et
de son
pouse Gemma. Si jamais
d aventure quelqu un
s avisait de soustraire
des biens
l hpital,
qu il reoive
la maldiction des 318 Pres thophores et du
pape
cumnique de Rome.
Cela se passa (ou se
passait) en
l an 6881
(= 1372/73)
durant
la 11e indiction.
Georges
Longou a fait (cet)
hpital
par la
volont de
Dieu et a invit
Dieudonn,
vque de
Castro, Jean,
vque
d Ugento,
et Jean,
vque
d Alessa-
no,
et Cyriaque,
vque
de Gallipoli. Et alors
il
lui accorda quarante
jours
d indulgence.
La lecture
ne
prsente
pas
de gros problmes. Lg. A, 2 :
la
barre intrieure
de
l ta final du mot
se devine
peine (mais
c est
aussi le
cas pour
juste
avant) et l on pourrait donc
la
rigueur lire un iota
la place.
Lg. A,8-9 :
aprs s tre aperu
qu il
n avait
crit que
au
dbut de
la
lg.
9,
le graveur
a
remdi
sa distraction en ajoutant le
initial
la fin
de
la
ligne
prcdente, droite de
la
ligne
verticale
de justification;
le -v-
est ajout
dans
la
marge
gauche
de la
lg.
9,
en
ligature
avec
l ta
de
;
la
syllabe
--
n est plus
visible
aujourd hui,
mais se
trouvait sans doute tout au
dbut de
la
mme marge
(plutt qu la fin
de
la lg. 8).
Lg.
A,9 : on
distingue
au-dessus
de
() le signe d abrviation
de
la syllabe ;
il
n est pas impossible qu il y
ait
un accent sur l epsilon
initial.
Lg.
B,l
: le bord
suprieur de
la pierre
est
endommag et
rend
quelque peu hypothtique la
lecture
des accents sur le
prnom et le nom de famille de Georges Longou. Lg. B,3-4 : l accent de
[]
est normal si
l on
tient
compte de la prononciation. Lg. B,13 : dans le
mot
,
seuls
les groupes de lettres -- et -ov sont srs; la premire lettre
pourrait tre
un
omicron
ou
un
lambda, voire
mme
un
delta
ou
un
thta;
comme l on n aperoit aucune trace de trait horizontal intrieur,
il
semble
bien qu il
faille
exclure
ces
deux
dernires
lettres, et l omicron
ne donnant
aucune
solution plausible, il ne
reste
plus que le lambda, dont la
forme est
semblable celle
du lambda
de
la
lg. B,l (ailleurs,
le
second graveur
emploie un lambda
lgrement
diffrent dans la
mesure
o ses
deux tiges,
attaches
un petit trait transversal, ne
se rejoignent
pas leur sommet). Le
trac du pi
de
n apparat pas
de faon
claire; il
semblerait
premire
vue qu il
y
ait trois jambages verticaux, ce qui ferait penser un mu identique
celui de (Ig. ,
3)
de plus, on a l impression qu un omga de
petites
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7/12
688 ANDR JACOB
dimensions,
aux boucles recourbes vers l extrieur,
a
t grav dans un
second temps sur la partie suprieure gauche du pi et que la barre horizontale
de
ce dernier
a
t prolonge
jusqu
l omicron;
nous pensons malgr
tout
qu il
s agit
effectivement
d un
pi,
un
peu
plus large
que
le
pi
habituel
du
graveur et
dont
l aspect a t modifi par des interventions postrieures.
Lg.
A, 11 :
en-dessous
de
l omga
de
,
on distingue
la
partie
suprieure du
rh de [];
la
fin du
mot
[] se trouve au
bout
de
la
ligne
prcdente, aprs le
chiffre de l indiction.
La langue
est
intressante
plus d un titre, mais, ici
aussi,
il
convient de
distinguer
soigneusement les deux parties de
l inscription.
La premire partie
est
correctement
compose
et
a
probablement pour
auteur
un
lettr de
l endroit.
L itacisme et la
confusion
entre omicron et
omga,
qui peuvent
tre
aussi
bien
attribus
l auteur du
texte
qu au
graveur,
n ont
rien
d tonnant
en
Italie
mridionale
cette poque, mais dnotent tout de
mme
une certaine
baisse du niveau culturel dans cette rgion du Salente La chute de
l un
des
dans le groupe
(lg. A,4)
est frquente dans
les manuscrits
mdivaux,
en
particulier dans
ceux
de provenance
italienne.
La simplification
de
la gmine dans le
prnom Gemma (lg.
A,5),
normal
du point
de vue
phontique, reste
curieuse
car le prnom est bien attest dans les documents
grecs
de l Italie mridionale4, o
il
a
joui d une
assez grande
diffusion, tout au
moins
depuis la priode normande. On
notera
la lg. A,
1-2
le mot
(), qui n est
pas
connu
des
dictionnaires :
il
s agit d un vulgarisme
form
partir
du
classique
sur
le
modle
de
,
5;
la
conjonction
()
introduit
l quivalence de signification du mot grec
avec le mot
italien
ou
(lat. hospital) et l on ne peut
s empcher
de
citer
ce
propos un
acte
grec
d Aeta, en Calabre, qui parle de
6. Le mot ()7, qui
se
rattache
la famille smantique
de
(hospitium),
se
rencontre ds le XIIe
sicle
en
4
Voir,
par
exemple,
G.
Robinson,
History
and
Cartulary
of
the
Greek Monastery
of
Sl
Elias and
S Anastasius
of
Carbone, dans Orientalia Christiana, XV,2, 1929,
p. 150,
180-181,
et ,, 1930, p. 92,
101.
On
rencontre
galement la forme , comme
dans
le
Laurentianus
72,14
(A.
M. Bandini,
Catalogus codicum
graecorum Bibliothecae Lauren-
tianae, 3, Florence, 1770, c. 34).
5
Cf.
R. Browning, Medieval
and Modem
Greek, Londres, 1969 {Modern Languages,
136), p.
64.
6
F.
Trincher, Syllabus graecarum
membranarum,
Naples, 1865, p. 545 (le document
n est
pas dat).
7 Sur ce mot et sur le
suivant,
voir Ch. Du
Cange,
Glossarium ad scriptores mediae et
infimae graecitatis, Lyon, 1688, c. 1060-1061,
s.v.
;
poux spedale,
cf.
C.
Battisti
et
G.
Alessio,
Dizionario etimologico italiano,
V,
Florence, 1957, p. 3583,
s.v.
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8/12
UNE FONDATION D HPITAL
A ANDRANO
689
Italie
mridionale, o il semble avoir
dsign
d abord
l Ordre
des Hospitaliers
de Saint- Jean de
Jrusalem, ainsi qu on peut le
voir
dans des
documents dats
de
1165 (
)8 et 1189 ( )9;
au
XIIIe sicle,
il
semble
y
tre
utilis
normalement
comme
synonyme
de
10.
Signalons enfin l emploi de
la conjonction va
suivie
du
subjonct
i
our marquer le souhait (lg. A,7) et du plus-que-parfait ( = ,
la
lg. A,
9)
au lieu de l aoriste ou de l imparfait11.
La seconde
partie
de
l inscription,
grave
aprs
l inauguration de
l hpital
et
la
visite des
vques,
trahit nettement l influence de l italien du Sud. Le
redoublement
de
la dentale
dans
(lg.
B,5-6),
transposition un peu
mcanique
du latin Donadeus (italien : Donadeo, Donadio, Donaddio,
etc.),
en
est
un
premier indice, comme le passage
du
son
au
son
u
(ou)
dans le mme
nom
ou,
la
lg.
B,12,
dans
(au
lieu
de
Gallipoli
:
cf.
Napoli
Napule). Le graveur emploie six fois le gnitif
l
o l on attendrait l accusatif
(, quatre fois ,
);
cela
dnote
coup
sr
un
sensible recul dans le maniement du grec,
mais
vraisemblablement aussi une
influence de
la
finale
en
-u
des
dialectes italiens mridionaux, finale
que
l on
retrouve
d ailleurs dans le nom du bienfaiteur :
,
au
lieu de
Longos
ou
Longo
(lg.
B,l); enfin,
l accent de est l accent italien.
Alors
qu il
existe des noms grecs traditionnels pour
dsigner les
villes
de
Castro (-
)12,
Ugento ()13
et surtout
Gallipoli
( ou ),
le graveur
leur
a
prfr les
toponymes
italiens, ce
qui
montre
bien,
notre
avis,
le recul de la
culture
hellnique dans cette rgion. Pour en revenir au
grec,
la lg. B,13, (= ), li
,
marque
d abord
la
simple
succession, l enchanement avec la
proposition qui
prcde
(cet emploi de
est
frquent
chez Malalas),
tout en exprimant
une
nuance
de cons-
8 S. G. Mercati,
C.
Giannelli
et
A. Guillou, Saint- Jean-Thrists
(1054-1264), Cit
du
Vatican, 1980
{Corpus des actes grecs d Italie
du
Sud
et
de
Sicile.
Recherches
d histoire
et
de
gographie, 5), p.
177.
9
A. Guillou,
Les
actes
grecs
de S. Maria di
Messina.
Enqute
sur
les populations
grecques d Italie du Sud
et de Sicile
(XIe-XIVe s.),
Palerme,
1963 (Istituto siciliano di studi
bizantini e
neoellenici. Testi
e monumenti. Testi, 8), p. 121.
10 Trincher, Syllabus, p. 401.
11
Cf.
S. B.
Psaltes,
Grammatik der byzantinischen Chroniken, Gttingen, 1913 Fo
rschungen
zur
griechischen und lateinischen Grammatik,
2), p.
230.
12
Sur ce nom, voir A.
Jacob,
Le Vat. gr. 1238 et le diocse de
Palocastro,
dans Rivista
di
storia
della
Chiesa
in
Italia,
25, 1971,
p. 516-519.
13
Voir A.
Jacob,
Une mention
d Ugento dans la Chronique
de
Skylitzs, dans Revue
des
tudes byzantines, 35, 1977, p. 233-234.
7/25/2019 Spitalul de La Otranto
9/12
690
ANDR JACOB
quence logique, que
a
du reste conserv en
grec
moderne14; on
pourrait
donc
traduire aussi
en
forant un
peu
les
termes
:
Et
il
lui accorda
pour cela quarante jours d indulgence. La forme (lg. B,13) s explique
autant
par
la
confusion du
datif
et
du gnitif
dans
le
grec
de
la basse
poque
et
par la
disparition progressive
du datif dans la langue parle15 que par la
confusion
entre
les
sons et ou,
courante
dans
les manuscrits
italo-grecs.
Le
manque
d assimilation
dans
(lg. A,10a) est un phnomne assez
commun en
Italie mridionale.
Le
ne
peut tre que le village d Andrano, situ une
vingtaine
de km
au
sud-ouest d Otrante, quelque deux km de
l Adriatique16.
Les
Registres angevins
des annes
1269-1278
mentionnent
plusieurs
reprises
Andrano, qu ils qualifient
de casale11.
Il ne faut toutefois pas
donner
ce mot
une
acception
trop
restreinte
puisque dans
les
Rationes
decimarum
de
1373,
Caprarica di Lecce, Giuggianello, Miggianello, Cursi, Uggiano la Chiesa et
Martano,
villages
du
diocse
d Otrante
qui
comptent un protopape
et
divers
clercs, apparaissent comme des casali1*.
Ceci
dit, la
population
d Andrano ne
devait
pas
tre trs leve au Moyen ge : l on
n y
dnombre encore que 13
feux en 1532 et 1545, 18 en 1561 et 26 en 1595 19. Andrano faisait partie du
diocse de Castro, rig par les
Byzantins
comme
suffragant
de Santa
Severi-
na, selon
toute vraisemblance dans le courant du
Xe sicle20;
avec
l avnement
14
Sur
l volution
smantique de
ce
mot,
voir
A.
Cavallin,
()
.
Eine
bedeu
tungsges hi htl i he
Untersuchung,
dans
Eranos, 39, 1941, p. 121-144;
D.
Tabachovitz,
tudes sur
le
grec
de
la
basse
poque, Uppsala-Leipzig, 1943
(Skrifter utgivna
av K. Huma-
nistiska
Vetenskaps-Samfundet
i
Uppsala, 36,3), p.
29-32.
15 Browning,
Medieval and Modem
Greek,
p.
42-43.
16 Dans
sa
traduction, Rugo, Le iscrizioni, p. 97, l identifie avec Andria, dans la
province
de
Bari.
On
notera que
le
toponyme
dans le
Scorialensis
R I
18
ne
peut
en
aucune manire dsigner Andrano, comme l a propos A. Guillou, Production
and Profits in the
Byzantine Province
of Italy
(Tenth
to Eleventh
Centuries)
: an
Expanding
Society, dans
Dumbarton
Oaks
Papers,
28, 1974, p.
106
et note 46; contre cette interprtat
ion,oir A. Jacob,
L anne
1255
Nardo
d aprs une note du Scorialensis R
I 18,
dans
Quellen
und
Forschungen
aus
italienischen
Archiven und Bibliotheken,
58,
1978,
p.
616-
617.
17 /
registri della cancelleria angioina,
d.
R. Filangieri, Naples, 1950 suiv.,
Ill,
p. 184,
n
451; IV,
p. 57, n 362
et
137 n
909; VI,
p.
138,
n
686; VIII,
p. 282, n 35; IX, p.
268,
n 309; XVIII,
p. 417, n 868;
XIX,
p. 47,
n 163; XXI,
p. 323,
n 484.
18
D. Vendola,
Rationes
decimarum
Italiae nei
secoli XIII e
XIV.
Apulia-
Lucania-
Calabria (con tre grandi
carte topo
grafiche),
Cit du
Vatican, 1939
(Studi
e testi, 84),
p. 109-110, ns 1513-1519.
19
L. Giustiniani, Dizionario
geografico-ragionato
del
Regno
di
Napoli,
I, Naples, 1797,
p. 185-186.
20
Sur l origine
byzantine du
diocse,
voir Jacob,
Le
Vat.
gr.
1238
et le
diocse
de
Palocastro,
op. cit., p.
516-523.
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10/12
UNE FONDATION
D HPITAL ANDRANO
691
des Normands, l vch
de
Castro
fut rattach
la
mtropole d Otrante.
La
population grecque semble avoir connu une
implantation
assez forte sur le
territoire
du
diocse de
Castro : les
cryptes byzantines de
Poggiardo
et
Vaste
sont
parmi
les
plus
imposantes
du
Salento21;
les
manuscrits
de
Saint-Nicolas
de
Casole
ont circul Castro, Poggiardo, Vaste, Surano, Vignacastrisi et
Marittima22; en 1370, le protopape Stphane copie
Depressa
XAmbrosianus S
62 sup.23; on
n oubliera pas
non
plus que le monastre grec de Sainte-Marie
de Lomito (ou de
Mito), le seul dans la
rgion,
avec Casole,
jouir encore
d une grande
prosprit
conomique au XIVe sicle24, se trouve certes dans le
diocse voisin d Alessano,
mais
deux km
peine au
sud d Andrano.
L inscription du Muse de Lecce
n est pas la
seule inscription byzantine
qui nous ait
conserv le
souvenir
d une
fondation
d hpital dans le
Salento.
Une inscription
date
de
1148/49
rappelait
la
construction par
un
protopape
Thodore d un
Fulcignano,
prs
de Nardo25, et une
autre
de 1455
celle d une
glise
et
d un
hpital
Alliste, toujours au
diocse de Nardo26;
le
texte de
ces
inscriptions, aujourd hui disparues, n est pas trs
sr27.
La cra
tion de
l hpital
d Andrano s insre facilement dans l histoire des institutions
charitables
en
Terre d Otrante, qui
connut dans
la
seconde
moiti
du
XIVe
sicle
des dveloppements d une certaine importance. Que l on pense, par
exemple, l hpital de Sainte-Catherine de
Galatina fond en
1385
par
Raimondello del
Balzo
Orsini28 o
celui du
Saint-Esprit de
Lecce
rig
par
Jean d Aymo
en
139229.
21 C. D. Fonseca, A. R. Bruno, V. Ingrosso
et
A. Marotta, Gli insediamenti rupestri
medioevali
nel
Basso Salento,
Galatina,
1979 (Saggi e
ricerche,
5), p.
155-166
et 227-243.
22 Jacob, Le Vat. gr. 1238 et le diocse de Palocastro, op. cit., p. 518.
23 Dcrit dans
A. Turyn,
Dated
Greek Manuscripts of the
Tirtheenth
and Fourteenth
Centuries in the
Libraries
of
Italy, I Text, Urbana-Chicago-Londres, 1972, p. 236-237.
24 J.
M. Hoeck et R.
J.
Loenertz,
Nikolaos-Nektarios von
Otranto, Abt
von Casole.
Beitrge
zur
Geschichte
der
o
st-
westlichen
Beziehungen
unter
Innozenz III.
und Frie
drich
II.,
Ettal, 1965 (Studia
patristica et
byzantina,
11), p.
20.
25
E. Aar, Gli studi storici in Terra d Otranto,
dans Archivio
storico italiano, 4a Serie, 6,
1880, p. 326, note 83, et
9,
1882, p.
238.
26
E. Aar, Gli studi storici, ibid., 6, p. 329 et 9, p.
238.
27 La
source
de
L.
De Simone, qui crivait
sous
le
pseudonyme
de
Ermanno
Aar, est
la
visite
pastorale
du
diocse de Nardo effectue en
1719
par Antonio Sanfelice
(sur
cette
visite, voir
E. Mazzarella,
La sede
vescovile di
Nardo, Galatina, 1972,
p.
241).
28
. F.
Perrone,
Neofeudalesimo e civiche universit in
Terra d Otranto.
Saggio
storico
sui
feudi
della chiesa e
dell ospedale
di S. Caterina in Galatina
nel
quadro degli istituti
feudali
e civici salentini, I, Galatina, 1978 (Biblioteca di cultura
pugliese,
19), p. 157-159.
29
P.
Palumbo,
Storia di Lecce, Lecce,
1910,
p.
127-128.
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692 ANDR JACOB
Les
vques
invits par Georges Longo
l inauguration de son hpital
sont
ceux des
quatre diocses
mridionaux
de la province ecclsiastique
d Otrante.
Dieudonn, chanoine
de
la cathdrale
de
Castro,
a
t lu le 4 juin
136630.
Jean,
trsorier
de
l vch
de
Corfou,
a
t
plac
le
21
juillet
1363
la
tte du
diocse
d Ugento31. Jean Anglicus
a t nomm vque
d Alessano
le
3
novembre
1362 32, aprs avoir t chanoine
de
la cathdrale; il
est
mort peu de
temps aprs
sa
visite
Andrano puisque
son
successeur, le
frre mineur
Barthlmy
de San Germano,
fut lu le 19 dcembre 137333. Cyriaque n est pas
connu par ailleurs et, dans
la liste
fort incomplte des
pasteurs
de
Gallipoli,
il
prend place entre Pierre Dominicus
(1348)
et Hugolin
(1379) 34;
il
reste peut-
tre
cette
poque
le
seul
vque
grec
en
Terre d Otrante35.
Georges Longo, dont on peut supposer qu il
suivait
le rite
byzantin,
reoit
de son
vque
quarante jours
d indulgence.
Il
s agit
l
d un bel exemple
de
pntration
des
usages latins dans
la
vie des communauts grecques de l Italie
mridionale. En
fixant
son tarif, Dieudonn
de
Castro s en est tenu scrupuleu
sementu can. 62
du
Concile
du
Latran de 1215, qui recommande aux
vques de
ne pas
accorder
plus d un
an d indulgence
pour une ddicace
d glise et plus
de
quarante jours pour son anniversaire et d impartir le mme
nombre de jours
dans toute autre circonstance36.
La soumission sans rticence du
fondateur de l hpital
la hirarchie
latine transparat dans
la
formule de maldiction que renferme la premire
partie
de
l inscription. On
n y
invoque pas seulement contre les voleurs la
traditionnelle
maldiction des
318
Pres de
Nice, atteste
aussi
bien
dans
les
inscriptions37 que dans
les
colophons
et
notes de
possession
des manuscrits38,
30 C. Eubel,
Hierarchia
catholica
medii
aevi, I, 2e d., Munster-en-Westph., 1913,
p.
173.
31 Eubel, I, p. 375.
32 Eubel,
I, p.
83.
33 Eubel,
ibid.
34 Eubel,
I, p.
259.
35
Cf.
P. Rodot, Dell origine,
progresso,
e
stato
presente del rito greco in Italia, I,
Rome,
1758, p.
387.
36 Conciliorum
oecumenicorwn
decreta,
2e
d., Bale
etc.,
1962, p. 240;
cf.
E. Magnin,
art. Indulgences,
dans Dictionnaire
de thologie catholique, VII, e.
1609,
et .
Paulus,
Geschichte
des
Ablasses im Mittelalter vom Ursprnge bis zur Mitte
des
14.
Jahrhunderts, I,
Paderborn,
923, p.
176.
37 Voir, par exemple, CIG IV, n 8766, p. 353 ;
W.
Speyer, art. Fluch, dans
Reallexi
konr Antike
und Christentum,
VII,
e. 1264.
38
V. Gardthausen,
Griechische Palaeographie,
2e
d.,
II, Leipzig, 1911, p. 433-434.
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12/12
UNE
FONDATION D HPITAL ANDRANO 693
mais encore celle
du pape de Rome, que
l auteur
du texte n hsite pas
qualifier d cumnique,
titre
normalement rserv aux
patriarches de
Const
antinople39.
Fonds
national de la recherche scientifique Andr Jacob
Louvain
39 II est difficile d y voir un
cho
de la
crmonie organise le 16
janvier
1275 par
Michel
VIII
pour
clbrer l union avec Rome et pendant laquelle le diacre invita les
prsents
prier
pour
Grgoire , ,
(Pachymre,
De
Michaele et Andronico
Palaeologis, d.
I.
Bekker, Bonn, 1835, p. 399);
cf. H. Wolter
et
H.
Holstein,
Lyon
I
et
Lyon
II,
Paris,
1966
(Histoire
des
conciles
cumniques,
7),
p.
212.
Sur l attitude des pontifes romains
l gard de ce
titre,
voir
l article
tout rcent de
S. Kuttner,
Universal
pope
or
servant
of God s
servants: The canonists,
papal titles, and
Innocent III,
dans Revue
de
droit canonique,
32, 1981, p. 110-124.