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PUERICULTURE PRATIQUE tenue vestimentaire de I'enfant A. SZANTO-FEDER ~ L ne s'agit pas ici d'~num~rer les v~tements mettre aux enfants : les catalogues plus riches les uns que les autres sont lfi pour nous crier des envies... Ce que l'on voudrait, c'est plu- t6t canaliser ces envies (ou plus souvent les moyens dont on dispose) pour avoir quelques rep~res et cnteres de choix en mauere de vetements d'enfants. r6gulation thermique et protection C'est vraisemblablement le premier crit~re, en rant que condition de survie, mais aussi de bien-~tre et de sant~. Pour voir ~ quel point il ne s'agit pas d'un lieu commun, il suffit d'observer la diver- sitd des tenues vestimentaires des enfants ~ leur arriv~e le matin fi la creche mais aussi durant la journ~e; il est ~tonnant de voir la difference d'un groupe ~l l'autre. Tant6t nous habillons l'enfant bien chaud parce que nous avons froid ; tant6t nous l'habillons bien chaud parce qu'il est petit, alors que nous n'avons presque rien sur nous. Les parents demandent habiller leur enfant fi la creche d'une certaine mani~re alors qu'ils ne connaissent pas forc~ment les conditions climatiques du lieu, aux diff~rents moments de la journ~e, etc. I1 serait peut-~tre plus int~ressant de rep~rer les signes susceptibles d'indiquer ce qui se passe pour l'enfant fi ce moment precis. Comment, adultes, agissons-nous pour nous- ^ p memes ? Nous nous debarrassons d'une couche de v~tements au cours d'un effort physique ou simplement d'une bonne marche, puis d'une deuxi~me couche, que nous remettons rapidement A si nous nous arretons un moment pour nous repo- ser. Car le mouvement produit de la chaleur: A. SZANTO-FEDER, Psychologue. Journal de PI~DIATRIE et de PUI~RICULTURE n ~ 8-1988 477

Tenue vestimentaire de l'enfant

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Page 1: Tenue vestimentaire de l'enfant

PUERICULTURE PRATIQUE

t e n u e v e s t i m e n t a i r e

d e I ' e n f a n t

A . S Z A N T O - F E D E R

~ L ne s'agit pas ici d'~num~rer les v~tements mettre aux enfants : les catalogues plus riches

les uns que les autres sont lfi pour nous crier des envies... Ce que l 'on voudrait, c'est plu-

t6t canaliser ces envies (ou plus souvent les moyens dont on dispose) pour avoir quelques rep~res et cnteres de choix en mauere de vetements d'enfants.

r6gulat ion the rmique et protect ion

C'est vraisemblablement le premier crit~re, en rant que condition de survie, mais aussi de bien-~tre et de sant~. Pour voir ~ quel point il ne s'agit pas d 'un lieu commun, il suffit d'observer la diver- sitd des tenues vestimentaires des enfants ~ leur arriv~e le matin fi la creche mais aussi durant la journ~e; il est ~tonnant de voir la difference d 'un groupe ~l l'autre.

Tant6t nous habillons l 'enfant bien chaud parce que nous avons froid ; tant6t nous l 'habillons bien chaud parce qu'il est petit, alors que nous n'avons presque rien sur nous. Les parents demandent habiller leur enfant fi la creche d 'une certaine mani~re alors qu'ils ne connaissent pas forc~ment les conditions climatiques du lieu, aux diff~rents moments de la journ~e, etc. I1 serait peut-~tre plus int~ressant de rep~rer les signes susceptibles d ' indiquer ce qui se passe pour l 'enfant fi ce moment precis. Comment , adultes, agissons-nous pour nous-

^ p

memes ? Nous nous debarrassons d 'une couche de v~tements au cours d 'un effort physique ou simplement d 'une bonne marche, puis d 'une deuxi~me couche, que nous remettons rapidement

A si nous nous arretons un moment pour nous repo- ser. Car le mouvement produit de la chaleur:

A. SZANTO-FEDER, Psychologue.

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c'est bon et agr~able. Et puis, il vaut mieux qu'une partie puisse &re ~vacu~e : trop c'est trop... Mais au repos, il y a perte de chaleur et comme il est tout ~ fait intdressant d'en preserver un peu, nous remettons une couche de v&ements. Dans un groupe de promeneurs, pour chacun le moment d'enlever sa veste ou le momen t de la remettre est different de celui du voisin. Nos &onomies l i �9 ^ energetlques sont extremement dissemblables pour de nombreuses raisons.

Celle de nos enfants ~galement. C o m m e l'enfant ne peut agir de lui-m~me, c'est ?t nous d 'y penser en essayant de comprendre ce qui lui convient, i c i e t maintenant.

t i s s u e e t m a t i ~ r e s , d v a p o r a t i o n s t c o n s e r v a t i o n d e la c h a l e u r

L eventall des matleres" ~ notre disposition aug- mente de jour en jour ; ce qui n'emp~che pas de temps k autre de revenir aux mati~res tradition- nelles; elles ont fair leurs preuves. La percale, le coton est ce qu'il y a de plus sain au contact de la peau. De la laine et quelques fibres m~lang~es sont les plus fiables pour bien garder la chaleur. Certaines fibres, tissus ou mati6res synth&iques sont ~l surveiller de pr6s: ils contribuent ~ pro- duire de la chaleur lorsqu'on bouge par la produc- t ion d 'une certaine ~lectricit~ statique ; cependant, ils emp~chent l '~vaporation de la transpiration.

Au repos, ils laissent &happer routes les r~serves de chaleur et on se refroidit rapidement, avec, en plus, des v&ements humides.

Les v&ements de pluie ne sont agr~ables qu'au- dessus d'autres choses ; et m~me 1~., il faut chercher des tissus qui ,, respirent ~.

Quest ion chaleur, il est intdressant d'avoir plu- sieurs couches de v&ements :les couches d'air entre elles sont d~j~ un moyen d'isolation efficace. De plus, c'est un moyen de moduler avec finesse les besoins du m o m e n t : l 'enfant qui bouge, l 'enfant qui se repose; on sort au jardin pour peu de temps ou pour y rester un long moment ; le soleil se montre, le vent se llve, etc. A chaque ~ge, il y a un compromis different ~ trouver avec d'au- tres prerogatives dont nous discuterons plus loin. L'~paisseur de la couche d'air est d&ermin~e par les mesures du v~tement : s'il est trop juste, il n 'y a pas d'air et l '~vaporation est moins bien assur~e (la circulation peut &re ~galement frei- 4 7 8

n~e) ; s'il est trop ample, la couche d'air est diffi- cile ~l r~chauffer (sans parler des mouvements qui en sont souvent g~n~s).

Les ouvertures importantes laissent ~chapper la chaleur. Le cou ~vas~ en hiver peut jouer comme une chemin~e, puisque l'air chaud monte ;les man- ches ouvertes et les petites jupes ne prot6gent pas contre le froid.

Pour la sant~ de l 'enfant, on peut penser que le plus avantageux pour lui, en mati~re d'habille- ment, est ce dans lequel il se sent le plus ~i l'aise. S'il est trop couvert e t a t rop chaud, il n'est pas seulement mal ~ l'aise mais il transpire, et risque de se refroidir, ce qui incite souvent l 'adulte ~i le couvrir encore plus. I1 va lui manquer ~galement l'apprentissage (physiologique, naturel) d 'une adap- tation par une r~gulation interne ~ des petits chan- gements de temperature ambiante. S'il a trop froid, il se sent mal fi l'aise, il n'a envie de rien faire, il se recroqueville sur lui-m~me, se refroidit et tombe malade. Ce ne sont pas les couches de v&ements qui rendront l 'enfant r~sistant (rappe- lons que c'est l 'oxyg6ne, l'air ~l l'extdrieur qui viendra plus s f rement ~i bout des rhumes ~_ n'en plus finir d 'un groupe d'enfants, habill~s judicieu- sement pour l'occasion, plut6t qu'une surprotec- t ion vestimentaire ~i l'int~rieur et l'air confin~ d'une

�9 \ p ,, ptece rarement aeree o6 les microbes trouvent tout leur compte).

s e m o u v o i r e n l i b e r t 6

... tout nu, ~videmment, dehors, quand il fait beau ; souvent cependant ce n'est qu 'un r~ve. On devrait pourtant se donner une discipline, s'impr~gner des images de ce que peut faire l 'enfant tout nu (il le fait tout aussi bien sur la table de lange), l'am- pleur de ses gestes, la vari&~ de ses mouvements et, on esp6re, son aisance, pour lui permettre d'en faire autant ou presque lorsque nous l'avons habill&

I1 ne faut pas le nier : c'est difficile. Cependant, on affronte bien d'autres difficult~s, il suffit d'&re persuad~ que pour l 'enfant se mouvoir est essentieL Tout mouvement involontaire qu'ex&ute l 'enfant ou route attitude qu'il prend spontan~ment corres- pond ~. un besoin physiologique, fi une recherche de bien-&re corporel : des d&harges toniques qui veulent su en mouvements , des positions de d&ente tonique. D6s cet instant il commence ~galement ~ apprendre ~l se mouvoir, ~ travers les sensations de son corps.

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Un peu plus tard, ces mouvements deviennent de plus en plus volontaires. Alors, si son geste est g~n~ par un v~tement, ce n'est plus unique- ment sa physiologie qu 'on ne respecte pas mais ~galement son vouloir. I1 peut s'en impatienter sdrieusement; bien des pleurs, ~l tous les ~tges, trouvent 1~, leur explication : un v~tement qui serre, une manche coinc~e ou une bretelle gliss~e qui ne permet pas de lever le bras... De plus, les gestes de l'enfant de tout ~ge se perfectionnent de jour en jour pour lui permettre de s'adapter de mieux en mieux ~ ses propres moyens et ~ l 'environne- men t : c'est cet apprentissage qui est en quelque sorte mutil~ s'il ne peut essayer tous les mouve- ments qu'il veut, dans toute leur ampleur et dans toute leur ' " ' c o n t l n u l t e .

Des ph~nombnes plus profonds, des anxi~t~s, m~me des angoisses peuvent surgir dans des situations d ' immobilisation forc~e (qui a eu sa jambe et son pied pl~tr~s salt de quoi je parle) ou lors d 'un mouvement brusquement interrompu ~ l 'insu du sujet.

L~t encore, cependant, il faudra composer avec l 'ensemble des prerogatives.

ddshab i l l age et habi l lage: m o m e n t d ' a t t e n t i o n m u t u e l l e

Quels moments riches en dialogues si l 'on veut... L'enfant peut &re tr~s attentif durant de longs moments d~s le d~part si nous savons 1 mteresser ~l ce qui se passe avec son corps. Dans la prise de conscience de sol progressive, cela peut ~tre un facteur important : tout comme pendant d'au- tres moments des soins, ses ressentis precis sont en quelque sorte identifies pour lui par notre parole et nos gestes. Et il se sentira vraiment pris en consideration s'il y d~c~le notre sollicitude et notre inter& r~el pour ce qu'il peut nous signifier par ses moindres r~actions. Et pour que ce soient de vrais moments de joie d'&re ensemble, il est int~- ressant de chercher des v&ements qui correspon- dent ~i son bien-~tre du moment .

Tr~s jeune, il peut trouver plaisir ~t ce que ce moment soit un peu long : gestes lents et envelop- pants de l'adulte, accompagn& d'~changes du regard, de la voix, de la parole autant de moyens pour nous de lui dire notre tendresse et attention, mais en le bousculant le moins possible. Alors, s'il y a deux brassieres ~t lui passer, nous pouvons d'abord les enfiler l 'une dans l 'autre : t 'enfant ne sera mis Journal de PEDIATRIE et de PUI~RICULTURE n ~ 8-1988

contribution qu 'une fois. Nous pouvons 6gale- ment, au lieu de tirer son bras dans la manche, tenir sa main (tout son poing) et enfiler la manche sur son bras laiss~ en sa situation initiale (Fig. 1). Les brassieres peuvent parattre d~su~tes pour cer- tains, mais justement leur avantage est que le b~b~ est moins bouscul~, il reste la plupart du temps couch~ sur le dos sur du solide, en face de nous.

Plus tard, il est moins g~n~ si on le bouge un peu, en lui passant par exemple une chemise (en faisant attention de bien assurer sa t~te). L~t, les probl~mes changent de nature. I1 n 'aime pas, lorsqu'on la lui passe par la t&e, que qa serre; il n 'aime pas non plus que sa vue soit cach~e (il est encore loin d'appr~cier le jeu de cache-cache si favori quelques mois plus tard). Les chemises

Fig. 1. Les brassieres faciles b mettre, ne bousculent plus I'enfant et lui permettent un dialogue avec radulte.

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(ou autres v~tements de haut) dont on peut ouvrir l 'encolure, ou alors les chemises dites ,, am~ricai- nes ~, sont avantageuses en ce sens. Une bonne astuce pour mettre une telle chemise, c'est d 'en former un rond, en entourer le visage de l 'enfant puis, l 'ayant engag~e ~i son menton, la passer par la ^ tete. Une petite attention suppl~mentaire de la part de l'adulte en terminant l'habillage des tr~s jeunes : bien replier les manches d'une brassiere, d'une chemise ou d 'un cardigan. L'observation montre combien il est difficile de s 'endormir lorsque l'en- rant veut sucer son doigt et que la manche touche aux lbvres, sensation ~trangbre et d~sagr~able pour un tout-petit, sans qu'il puisse savoir ce qui le g~ne. Alors, il pleure -- et il pleure rien que pour Ca. Bien plus tard, lorsque l 'enfant commence fi vou- loir se mettre certains v~tements, il aura plus de facilit~ ~l le faire s'ils sont d 'une taille au-dessus de la sienne. C'est peut-~tre moins ,, chic ~ au d~but, mais quelle joie pour lui... Quelle joie aussi si

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nous-memes sommes moins presses par le temps : prenons notre temps ailleurs pour en disposer un peu ici, l 'accompagner dans ses tentatives, l'aider pour certains d~tails. Ainsi, quel dommage de se d~p~cher, avant de sortir sur la terrasse ou au jardin. Si l 'on pouvait s'organiser de manibre ~. ce que chaque enfant puisse s'habiller lentement, avec circonspection; que celui qui peut, sorte, et celui qui veut puisse continuer ~ s'habiller -- ou ~ventuellement ~. se d~shabiller. A voir les expres- sions des enfants lorsqu'ils peuvent se donner du temps pour comprendre leurs propres v~tements, on peut consid~rer que pour eux c'est un moment de vie aussi important qu 'un autre : donnons-leur les moyens (le temps et l'occasion) de le vivre comme tel.

les &ges

Les premiers jours, les trois premieres semaines, l 'enfant s'habitue ~l un environnement nouveau. Les v~tements, ~videmment, doivent ~tre doux. De plus, il semble que la r~gulation thermique de l 'enfant se mettant juste en place, il est avanta- geux que les deux jambes soient dans le m~me ,, espace ~ pour se chauffer mutuellement : il n'est pas urgent de lui mettre les grenouill~res. Nos grands-m~res utilisaient une sorte de lange l~,che mais douillet dont la partie dorsale se prolongeait bien au-del~l de la t~te de l 'enfant : vieux jeu ou pas, l'id~e ~tait bonne. Si l 'enfant nouveau-n~ -- sur le dos -- est bien envelopp~ sans ~tre serr~, 480

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ayant de l'espace pour bouger ses jambes, et que ^ ^

sa t~te soit soutenue par ce meme ~ vetement ~, il peut justement ne pas ~tre g~n~ dans ses mouve-

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merits automatiques tout en se sentant en securlte. Cette enveloppe qui soutient solidairement la t~te est tr~s agr~able aussi lorsque nous prenons l'en- fant dans les bras: pour t~ter ou prendre son biberon, il se sentira soutenu, maintenu de par- tout ; pour nous aussi, cela donne une plus grande assurance. Nous trouverons bien d'autres moments pour une plus grande proximit~ corporelle.

Voici un v~tement astucieux jusqu'~, environ trois mois pour jouer, cinq ou six pour dormir. I1 s'ap- pelle lange ~. l'anglaise (Fig. 2). I1 peut ~tre fait de tissus plus ou moins chauds selon les saisons. I1 couvre bien l'enfant, lui laisse la libert~ de bou- get ses jambes dans le m~me ,~ espace ,,, tr~s prati- que pendant les changes car il suffit de le d~plier depuis la taille (sans d~faire les ~paules). De plus, si l 'enfant s'est endormi par exemple et que nous le couvrons un peu plus, il ne fait pas envoler la couverture avec ses coups de pieds : ils ,, restent dans le sac ~, en quelque sorte (de route mani~re,

Journal de PEDIATRIE et de PUERICULTURE n ~ 8-1988

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Fig. 2. Un v~tement astucieux qui laisse ~ I'enfant la libert~ de bouger ses jambes.

si nous voulons lui laisser de la libert~ pour bou- ger, nous ne devons pas le border).

Le point le plus d~licat est la mani~re de langer nos enfants, la mani~re de mettre leurs couches. I1 faut que sa fonction essentielle de ~, protect ion ~ Journal de PEDIATRIE et de PUI~RICULTURE n ~ 8-1988

puisse ~tre remplie ; d'autre part, l'aspect ext~rieur de l 'enfant doit ~tre aussi agr~able. Cependant, encore une lois, la libert~ de ]'articulation de la hanche pour bouger dans les trois dimensions est d 'une extreme importance (c'est un des inconv& nients de la position ventrale du nouveau-nd : sur le ventre ils n 'on t pas cette libertY). Le docteur Saint-Anne Dargassies attire bien not re attention sur le caract~re aphysiologique de la mani~re ~, moderne ~> de langer 06 la jambe de l'enfant est allong~e. I1 faut chercher soit la mani~re de mettre les couches qui sont ~ notre disposition, soit d'autres syst~mes de couches : il y a actuelle- ment un grand choix. Le ,, vieux ~> syst~me des pointes en plastique est int~ressant, car on peut placer le nceud off cela semble le plus avantageux pour l 'enfant (la figure 3 est surtout destin~e fi montrer des genoux bien levis).

Quelquefois, ce sont les v~tements que l 'on met par dessus les couches qui sont les coupables. Dans un souci d'dl~gance, ou simplement pour qu'il n 'y air pas de fuites, on met des culottes, des grenouill~res ou des salopettes bien trop justes: en y regardant de plus pros, l 'enfant a l'air d'etre comprim~ dans une armure. En voici un exemple : un petit garcon de 10 mois joue ; en une heure d'observation, on relive 37 fois qu'il est g~n~ par son jean -- pourtant si mignon. Tant6t il n'arrive pas, debout, fi se pencher ou ~l s'accroupir, il tombe sur ses fesses; tant6t il ne peut p a s s e relever de la position assise, etc. -- 37 lois. Un enfant plus jeune dtant ainsi emp~chd d'utiliser ses han-

Fig. 3. II faut bien choisir les couches, pour que I'enfant puisse bouger dans les trois dimensions.

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ches en prend vite l 'habitude (donc nous aperce- ~. ! �9 A vons moins 1 inconvenient), ne cherche meme plus

ces mouvements de grande ampleur et manque tout l'apprentissage des sensibilit~s qui lui permet- tront plus tard de trouver les bonnes coordinations. Les barboteuses sont utiles pour bien tenir les couches : on peut en utiliser ~ventuellement sous d'autres v~tements qu'il n'est pas ainsi n~cessaire de trop serrer. La grenouill~re en tissu ~lastique est ce qu'il y a peut-~tre de mieux pour l 'enfant encore ,, horizontal ,7 ; mais ~t condition qu'elle soit assez grande et assez ~lastique (elle est sensible ~t l'eau chaude et en se r&r~cissant elle perd route dlasticit~). Ensuite, les salopettes : il y a de plus en plus de modules avec ,, bavette ~, qui remontent devant ; encore mieux s'ils remontent aussi der- riere. D 'une part les chemises ne sortent pas tout le temps laissant la taille au froid, d'autre part les bretelles restent en place avec plus de sfiret~. Les bretelles semblent tr~s importantes pour ne pas serrer du tout un v~tement ~t la taille ; mais il faut toujours s'arranger pour qu'elles ne tom- bent pas ~ tout instant en emp~chant l 'enfant d'uti- liser son bras comme il veut.

Apr~s les brassieres et les chemises am~ricaines, les chemisettes fi boutonner devant : elles sont plus faciles ~t mettre si elles sont un peu grandes. Pour bien jouer, la coupe de l 'emmanchure en raglan est la plus avantageuse. Le ,~ body 77, chemise et culotte en une piece qui est pass~ par la t~te et se boutonne entre-jambe: il faut vraiment ~tre tr~s attentif ~t ce qu'il soit assez grand pour que l'enfant soit tout ~ fait fi l'aise pour bouger.

Les jupes... Vraiment seulement pour ~tre belle, de rares occasions. Car la jupe ne permet pas

de se tourner du dos sur le ventre et de se retour- ne r ; elle ne permet pas de ramper avec agilitY, et encore moins 8e se d~placer fi quatre pattes. Or, ce sont des mouvements aussi importants pour les filles que pour les garqons : pourquoi les d~sa- vantager ? La jupe n'est pas plus pratique une fois que les enfants commencent ~t marcher : d 'une part ils (ou plut6t elles, en l'occurrence) passent encore beaucoup de temps au sol, d'autre part c'est l 'dpoque 06 ils (eltes) veulent grimper partout.

c h a u s s u r e

La chaussure est un point souvent litigieux. ,~ I1 faut lui tenir ses chevilles ~ -- disent certains; ,~ non, il faut qu'il exp~rimente pieds nus ,7 -- disent d'autres. 4 8 2

Essayons d'expliciter au moins un des facteurs dont sont issues ces divergences. Tant qu 'on met- tra les enfants debout, rant qu 'on les provoquera en les applaudissant fort pour la performance, ils se met t ront debout avant que leurs chevilles n 'y soient prates : alors, il faut peut-~tre effectivement les rnaintenir. Mais dans des conditions o~l les enfants se mettent debout uniquement d'eux-m~mes parce que ~a les amuse, ils commenceront ~l le faire plus tard, et surtout, constateront d'eux-m~mes si c'est un peu t6t pour leurs chevilles ; ils reste- ront debout peu de temps et ne recommenceront l 'expdrimentation que de temps en temps. Les chevilles se d~veloppent grace ~t bien d'autres exercices, si elles sont libres ; et aussi grace ~t cette position particuli~re qu'ils exp~rimentent plus tard, se tenir debout sur la pointe des pieds -- chose qu 'on ne peut gu~re faire avec des chaussures. Malheureusement, il y a bien d'autres choses qu 'on ne peut pas bien faire lorsqu'on a des chaussures : ramper, se d~placer ~ quatre pattes, changer de position... Observer un groupe d'enfants de 8-12-15 mois par exemple avec des chaussures, puis apr~s leur avoir enlev~ les chaussures : rien de tel pour en ~tre convaincu.

Quand les chaussures, alors ? S'il fair froid dehors ; ou si l'enfant marche dans la rue, question d'hygi~ne selon l 'endroit. I1 est int~ressant de chercher les chaussons (pour des int~rieurs real chauff~s ou des sols inad~quats) et les chaussures les plus sou- ples, laissant aux pieds le plus de vari~t~ possible d'activit~ (pour des questions d'hygi~ne, il vaut mieux ~viter les bottes en caoutchouc et les chaus-

"' h ' " ) sures en matleres synt et lques.

s'a rer

Sujet sur lequel p~sent les habitudes et les ,~ on dit ,~ au d&riment d 'une r~elle r~flexion. Pourtant, l'air est meilleur dehors ; offrons ~l nos enfants la possibilit~ de d~couvrir la nature autrement que sur des images ou par des faire-semblants...

Des sacs plus chauds sont preferables aux surv~te- ments pour dormir s'il fait frais. Et s'il fair fran- chement froid et qu 'on a pris l 'opt ion de faire la sieste dehors (ou du moins, avec des fen~tres grand-ouvertes), i l faut vraiment s'habiller tr~s chaud. Des sacs en duvet d'oie, plus de grands duvets par dessus et un bonnet en laine bien chaud peuvent ~tre n~cessaires pour bien dormir. Le sac repr~sent~ sur la figure 4 ne comporte pas de manches. I1 est plus particuli~rement destin~

Journa l de PEDIATRIE et de PUI~RICULTURE n ~ 8 - 1 9 8 8

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Fig. 4. Le sac est destin6 aux plus jeunes jusqu'~ cinq ou six mois.

aux plus jeunes, jusqu'~ cinq ~l six mois. II leur permet de tenir leurs poings ~l hauteur de leur t~te comme la plupart en ont l 'habitude en dor- mant (lorsqu'ils sont ~lev~s sur le dos). A c e s ~ges ils n 'ont pas encore assez de force pour plier leurs bras enfil~s dans des manches. La distribu- tion de la chaleur propre du corps est ~galement meilleure. Pour permettre 71 l'enfant de bien s'en- dormir, on peut laisser la fermeture ~clair un peu ouverte pour qu'il puisse sucer son pouce, quitte ~l la fermer lorsqu'il s'est endormi. P o u r les sacs

manches, une coupe en raglan est le plus commode. I1 y a une remarque essentielle par rapport ~ tous les sacs, qu'ils servent dehors ou dedans" il faut qu'ils soient assez grands, en longueur, mais aussi en largeur -- il faut qu'ils soient lflches - pour que l'enfant puisse gigoter, et surtout, prendre la posture la plus satisfaisante pour lui lorsqu'il veut s'endormir. L'observation de l'endormisse- ment d'enfants de tous les ~ges, petits et grands, dans des sacs trop justes en fournit la preuve.

En conclusion ^ -%

Les vetements et la mamere de les mettre fi l'enfant influent peut-~tre d'autant plus fort sur son d@e- loppement et son bien-~tre au quotidien qu'il est plus jeune. Mais ~ tout flge il lui est agr~able d'etre v~tu confortablement et d'etre regard~ avec plaisir. []

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