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Texte philosophique sur le concept de Mal

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I Le mal, un défi et une énigme pour le discours philosophiqueII Essai de définition du conceptIII Le discours philosophique face à la question du malI Le mal, un défi et une énigme pour le discours philosophique

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  • Analyse du concept

    I Le mal, un dfi et une nigme pour le discours philosophique

    II Essai de dfinition du concept

    III Le discours philosophique face la question du mal

    I Le mal, un dfi et une nigme pour le discours philosophique

    Un dfi: dans un article consacr la question du mal ( Lectures 3) Ricoeur crit Que philosophie et thologie rencontrent le mal comme un dfi sans de pareil, les plus grands penseurs dans lune ou lautre discipline saccordent lavouer, parfois avec grands gmissements. La mditation du mal ne constitue-t-elle pas pour le penseur une vritable provocation, comme le souligne le philosophe Lavelle dans Le mal et la souffrance? On peut en effet se demander sil est utile lesprit de fixer son regard sur le mal, soit pour le dfinir, soit pour lexpliquer. La conscience, en considrant le mal, ne court-elle pas le risque dtre fascine et attire par lui? Ne serait-ce pas alors la pense et la mditation du bien qui devraient seules nous occuper, car elles seules peuvent donner notre me lumire et force? Cependant, nous ne pouvons pas esprer quil nous suffise de refuser la pense du mal pour que le mal disparaisse de notre existence. Francis Wolff auteur de larticle Le mal dans Notions de philosophie, III - le souligne avec force Le mal existe-t-il? Question absurde, dira-t-on: le mal est l, prsent partout, il suffit de regarder le sicle, ou douvrir le journal, ou mme davoir un peu vcu, comme on le dit souvent, pour ne pas en douter. Le mal est un fait, une ralit. La littrature latteste, elle qui se nourrit du mal. Il y a incontestablement une fcondit artistique de la reprsentation du mal, comme matriau de cration. Quant la science, mme si elle ne fait pas du mal un problme thique ou mtaphysique le savant dcrit et explique le comment des choses, sans poser de jugements de valeur sur elles elle sous-tend cependant lexistence du mal, puisquelle veut y remdier. La mdecine combat la maladie et la mort. La religion enfin, qui identifie le mal au pch, nous apprend le surmonter.

  • Si nous rencontrons le mal hors de nous, nous le rencontrons aussi en nous. La douleur est un mal ressenti, que tous nous devrons subir. Pascal Bruckner, essayiste contemporain, crit ce propos dans Leuphorie perptuelle Il est possible de venir bout de presque tous les malheurs qui endeuillent lespce humaine. Question de temps et de patience. Mais la douleur, dans son inlassable retour, dment cette illusion dune rationalisation parfaite du monde. Mme si nous pouvions imaginer un monde o seraient vaincues toutes les causes particulires de souffrance, il en resterait au moins une: la mort.Dautre part, quelle que soit la puret de notre volont, il est en chacun de nous des tendances mauvaises qui traversent parfois notre pense et nous remplissent deffroi. Cest en ce sens que Kant a pu parler de mal radical. Est radical ce qui se trouve la racine de la volont. Il y a en lhomme un mauvais penchant: lhomme penche ou incline a priori, lavance, et en sachant mme quil est indsirable, vers le mal. Dans La religion dans les limites de la simple raison Kant souligne que le mal est radical parce quil renvoie au fondement, ce pouvoir originaire dune libert capable de sorienter vers le bien ou vers le mal. Cest pourquoi le mal est le mal de tous mme si tous mme si tous ne le font pas parce que le penchant au mal senracine dans des dispositions qui font partie de la possibilit mme de la nature humaine. En ce sens chacun dentre nous doit assumer ce que Kant nomme la responsabilit dappartenance. De ce penchant au mal nul ne peut sexcepter. Cest pourquoi Kant qui cite la parole de lEvangile (Eptre aux Romains III) Il nest ici aucune diffrence, tous sont pcheurs galement; il ny en a aucun qui fasse le bien (selon lesprit de la loi), pas mme un seul - fustige toute forme de bonne conscience ou de srnit de la conscience. Le hros du roman de Camus La chute nous fournit une illustration littraire dune telle responsabilit dappartenance. Clamence fait peu peu la prise de conscience quil est coupable, de mme que tout le monde est coupable. Nous ne pouvons affirmer linnocence de personne, tandis que nous pouvons affirmer coup sr la culpabilit de tous. Chaque homme tmoigne du crime des autres. Voil ma foi et mon esprance.

    Une nigme: que le mal soit un fait nempche pas que le concept demeure problmatique.La premire et la plus grande difficult tient la lgitimit du concept. Dans quelle mesure le concept de mal est-il lgitime? Dire au singulier le mal, cest en effet penser sous une catgorie unique une diversit de ralits. Certes, comme le fait remarquer Francis Wolff (article cit) tout concept regroupe par dfinition des ralits concrtes diverses: le concept de triangle par exemple stend aux triangles rectangles, aux isocles, aux quilatraux Mais cette subsomption est lgitime si les ralits penses sous un mme concept sont homognes. Faute de quoi, la place dun concept, on na plus quun mot vide.

  • Et Francis Wolff de prendre lexemple suivant: le concept ancien de plante (astre errant) regroupait tous les corps clestes autres que les toiles, aussi bien le soleil, la lune, que ce que nous appelons aujourdhui plantes. Avec les travaux de Copernic, ce concept a clat en trois types de corps clestes, radicalement htrognes.Peut-on alors dire que le concept de mal recouvre une ralit homogne? Traduit-il lunit gnrique dun tout? Il semble en fait que luniformit apparente du concept dissimule des maux singulirement htrognes. Il existe, semble-t-il, des formes trs nombreuses du mal. Lavelle rappelle ce propos ce que disaient les anciens: le bien a un caractre fini, alors que le mal a un caractre infini. Pour les Grecs en effet le fini cest lachev, le parfait, ce quoi prcisment il ne manque rien, tandis que linfini cest lindtermin, le dsordre et le chaos. Mme si les vertus sont multiples et les vocations morales diverses, toutes les formes du bien convergent et ralisent un accord. Au contraire, il existe des formes innombrables du mal. Le mal renvoie de multiples signifis: douleur, laideur, deuil, mort, catastrophes, guerres, tortures, perscutions. Comme lcrit Ricoeur (article cit) Ce qui fait toute lnigme du mal cest que nous plaons sous le mme terme (du moins dans la tradition de lOccident judo-chrtien) des phnomnes aussi disparates, en premire approximation, que le pch, la souffrance et la mort.

    II Essai de dfinition du concept

    Quels traits communs peut-on voir, par exemple, entre la douleur et la faute, entre lexprience du malheur et celle du crime? O serait lunit gntique permettant de runir les diffrentes formes du mal?

    Nous rpondrons en quatre points, nous appuyant directement sur la belle analyse de Lavelle dans Le mal et la souffrance.

    1) Soulignons dabord avec Lavelle lalternative du bien et du mal. On ne peut penser ni le bien ni le mal isolment. Ils nexistent que lun par rapport lautre et comme deux contraires dont chacun appelle lautre et lexclut. Nul ne peut se reprsenter le mal sans imaginer le bien quil vient trahir. Et le bien son tour ne peut nous apparatre comme bien quen fonction dun mal possible qui contribue nous en loigner. Lavelle conclut il est impossible dimaginer un monde o ne rgnerait que le bien et do le mal serait banni. Cest bien dailleurs cette alternative du bien et du mal qui est la source de toue notre vie spirituelle (dans la prire du Notre Pre, nous demandons Dieu de nous dlivrer du mal). Dans un autre domaine, lintelligence cherche la connaissance, cest dire la vrit.

  • Mais chercher la vrit, cest accepter le risque de nous tromper, de tomber dans lerreur. Cest cette possibilit toujours prsente de lerreur qui donne la vrit tout son prix.

    2) Dans cette alternative, le bien dsigne le terme positif et le mal le terme ngatif. Si le bien se dfinit comme ce qui produit accord et harmonie, le mal se dfinit comme une sparation, la rupture dune harmonie, soit dans le mme tre, soit entre tous les tres (cest pourquoi, toujours selon Lavelle, si le mal est un problme le bien est au contraire une solution. Il est mme par dfinition la solution de tous les problmes). On pourrait alors reprendre, titre de dfinition minimale du concept de mal la formule de Hegel dans Lencyclopdie selon laquelle le mal nest pas autre chose que la non-conformit de ltre au devoir tre. En dautres termes, le mal qualifie linadquation dun objet son concept, limperfection dune ralit, lcart entre la manire dont une chose se prsente dans lexprience et ce quelle devrait tre. Ainsi par exemple le concept de corps humain comprend en lui un certain nombre de phnomnes organiques qui dfinissent, quand ils fonctionnent, la sant. Et un corps malade ou souffrant est un corps qui ne correspond pas ce concept. (Dans un autre cours, Philoflo propose une rflexion sur le concept de maladie. Pour y accder: cliquez ici!)

    3) Cette seconde remarque nous apprend que les concepts de bien et de mal soumettent le rel un jugement de lesprit. Lavelle crit Ils correspondent donc lun et lautre un droit de juridiction que lesprit sarroge sur lunivers. Dire dun vnement ou dun fait quil est bon, cest dire que nous pouvons le vouloir ou laimer. Dire au contraire de lui quil est mauvais, cest voir en lui une anti-valeur que nous ne pouvons ni vouloir, ni aimer. Ainsi le mal relve-t-il toujours dune fonction critique de lesprit, qui pose un jugement dvaluation.Evidemment, seul lhomme, dou dune conscience rflchie, peut mettre un tel jugement normatif. Lanimal y reste tranger. Pas plus que lanimal lenfant, avant lveil de la conscience, nest capable de juger ce quil fait ou ce qui lui arrive. Cest ltat dinnocence, sorte daube de la conscience, o la distinction du bien et du mal est encore inconnue. Le rcit de la Gense, dans lAncien Testament, pose un premier moment du monde dans lequel Adam et Eve vivent labri de la connaissance du bien et du mal. Ils ne connaissent ni la douleur, ni la faute, ni la mort. Do la nostalgie de cet tat dinnocence perdu, et le rve de le reconqurir. On fait parfois ce rve, la sagesse pourrait tre une sorte dinnocence retrouve. Mais linnocence ne se retrouve pas. Quand elle est perdue, elle ne peut qutre dpasse. Il est impossible de reconqurir ces tats primitifs, de revenir en arrire. Car linnocence de lenfant nest quune innocence ngative.

  • Il na pas encore commenc diriger sa vie, il se laisse, au contraire porter par elle. Il nous faut accepter dtre plac devant loption du choix. Cest ce prix seulement que nous pourrons progresser.

    The expulsion (1427) Masaccio piazza del carmine Florence

    4) Le dernier point tentera doprer une classification entre les diffrentes formes du mal. Peut-on tablir une distinction entre les diffrents types de maux, tout en maintenant lunit du concept?Premire proposition. Elle consiste distinguer deux grands types de maux en fonction de leur origine, comme le suggre Francis Wolff. Il y a dun ct les maux naturels (la foudre ou le tsunami) et de lautre les maux humains (les guerres). Certes, on doit dplorer le raz-de-mare, le tremblement de terre ou lpidmie, et chercher sen prmunir. Mais ces maux ne posent en eux-mmes gure de problme moral ou politique (notons dailleurs quun mal naturel nest ressenti comme mal que sil affecte lhomme lui-mme: propos du clbre tremblement de terre de Lisbonne, Rousseau fait remarquer que le mal nest pas dans le cataclysme, mais dans le fait quil y avait des hommes regroups en cet endroit). Il nen va pas de mme des maux bien humains, le meurtre, lesclavage, la guerre, la torture, lextermination massive, qui exigent une tout autre attitude thorique et pratique. Quel rapport entre un fleuve qui sort de son lit provoquant la mort dun certain nombre dhommes et le dessein pervers de Nron qui enlve Junie et fait empoisonner Britannicus?.

  • Le tremblement de terre de Lisbonne gravure de 1755

    Cependant la barrire entre ces deux genres de maux nest pas indiscutable. Quest ce qui relve du naturel et quest ce qui relve du social? Prenons lexemple de lpidmie de sida. Quelle est la part de la nature dans un tel flau, et quelle est la part de la socit? Comme lcrit Andr Glucksmann dans La flure du monde Le sida entrecroise la vie personnelle et le destin de tous, le prochain et le lointain.Seconde proposition:le concept de mal ne rassemble pas seulement deux types de maux qui diffrent par leurs causes, mais deux types de maux qui sont totalement diffrents dans leur exprience. Dire le mal en effet, cest se rfrer la fois au mal quon prouve, le mal subi (avoir mal, tre mal) et au mal quon fait, le mal commis (mal faire). Or il faut, comme nous y invite Ricoeur, insister sur la disparit de principe entre ces deux types de maux. Par les uns on se sent victime, par les autres on est tenu pour coupable. Comme lcrit Francis Wolff Dans la douleur tout est subi, dans la faute tout est voulu.Le mal commis apparat sur le mode de lagir, dans la dynamique dune conduite. Il dpend de notre volont. Il sappelle faute ou pch en langage religieux. Il est objet dimputation, puisquil met en cause la responsabilit de celui qui agit. En ce qui concerne le vcu psychologique qui laccompagne, le mal commis sprouve dabord, avant la faute, comme tentation ou lutte intrieure. Pendant lacte, il se vit comme abandon, chute ou ivresse de la transgression. Aprs lacte, il peut dboucher sur le remords ou sur le repentir.La douleur ou mal subi se distingue de la faute par des traits contraires. Nous ne la faisons pas arriver, elle nous arrive, elle est laffection de la sensibilit. Il faut souligner la passivit de la souffrance.

  • Quant la tonalit affective qui laccompagne, elle nous confronte la plainte ou la lamentation. O serait alors lunit entre ces deux types de maux, unit qui invite le philosophe les penser sous un seul et mme concept? Certains penseurs, tel Leibniz, exigent quil y ait une relation, et mme une corrlation entre mal subi et mal commis. Le mal subi et le mal commis sont lis en ce que le premier apparat comme une consquence du second. La punition est une souffrance inflige accepte comme la contrepartie du mal quon a commis.Si lon agit mal, on doit souffrir, et si lon souffre, cest quon a d mal agir. Une telle contrepartie serait non seulement ncessaire, mais juste. La justice consisterait dans cette possibilit dquivalence et de compensation. Tel est bien le cas de la justice de Dieu. Dans lAncien Testament, la souffrance la mortalit, la souffrance de lenfantement et la ncessit du labeur est prsente comme la juste rtribution de la transgression par Adam et Eve de la loi divine.Chacun constate vite, cependant, quil nen est pas ainsi en gnral. Celui qui souffre le plus nest pas celui qui est le plus coupable. Cest l quest pour nous le principe mme de linjustice. Elle se dfinit prcisment par le dsquilibre entre le mal subi et le mal commis. (Si vous voulez en savoir plus sur la question de linjustice, cliquez ici!) Cest pourquoi le mal, cest labsence de commensurabilit entre mal commis et mal subi. Ce qui est injuste, cest une telle absence de proportionnalit, ou mme de relation (Quai-je fait pour mriter cela?).Limpossibilit o nous sommes dtablir une correspondance rgulire entre le mal sensible qui est la douleur et le mal moral qui est le pch cre dans la conscience un trouble extrmement profondcrit en ce sens Lavelle.Apparaissent ici deux figures symtriques et complmentaires. Le juste perscut, celui qui souffre dun mal sans en avoir commis, premire image de ce que Kant appelle le mal de scandale, et le mchant heureux, seconde image dun tel dsquilibre. Le mchant heureux, lhomme de bien malheureux; cette non concidence du bonheur et du bien, du mal et de la souffrance, est un scandale contre lequel nous nous insurgeons. Do notre indignation, notre rvolte, le non du refus face au monde. La premire figure pourrait tre illustre par linnocent martyris: lenfant qui souffre et qui est avili dans son innocence. Dans La peste de Camus lagonie du petit garon, le fils du juge Othon, constitue lun des temps forts du rcit. Tous les personnages sont convoqus et assistent la mort de cet enfant innocent. Le docteur Rieux y ragit par la rvolte et la colre, quant au pre Paneloux, cette mort va tre lorigine de son volution personnelle: devant linjustice dune telle agonie, il sera branl dans sa foi.

  • Danse macabre, France, fin du XVme

    III Le discours philosophique face au dfi du mal

    Le discours philosophique face au mal demande dabord tre distingu des autres types de discours. Il nest pas le discours du mythe. Il nest pas non plus le discours thologique qui sexprime travers la thodice. Il convient galement de le distinguer du discours que tiennent sur le mal la science et la technique. Ces deux types de discours se distinguent comme se distinguent la recherche des causes de la recherche dun sens. A la question pourquoi le mal? il est en effet deux types de rponses possibles.Demander pourquoi le mal, cest dabord lui chercher une explication. Chercher lexplication dun fait, cest chercher les causes ncessaires et suffisantes qui ont contribu le produire. Ainsi le gologue explique les tremblements de terre par la tectonique des plaques. Le polmologue rend compte des guerres en invoquant des facteurs historiques, gographiques, conomiques Le sociologue explique le totalitarisme par le phnomne de la psychologie des masses. Le juriste cherchera expliquer tel ou tel crime par des dterminations psychologiques, sociologiques ou encore physiologiques. Dans tous les cas, il sagit denvisager le mal comme un phnomne limit, qui peut tre situ prcisment lintrieur dun ensemble plus vaste de phnomnes et qui, la faveur dun savoir adquat, peut tre corrig par une technique appliquant ce savoir.Telle est la conception scientifique et technicienne du monde. Face la question du mal, cependant, on peut ne pas se contenter dun tel type de rponse.

  • Demander pourquoi le mal? en effet, cest aussi lui chercher un sens. Le sens permet linterprtation, on peur dire de lui quil est une intention se dployant dans un discours. Nest-ce pas l lobjet mme de la dmarche philosophique, dont la question premire est bien celle du sens de lexistence, comme la rappelle Camus dans Le mythe de Sisyphe Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine dtre vcue, cest rpondre la question fondamentale de la philosophie. Or la question du sens du mal et celle du sens de lexistence sont troitement lies. Si le mal reste incomprhensible, lexistence ne parat-elle pas vaine, ne risque-t-elle pas de tomber dans labsurde? Peut-on trouver un sens lexistence en dpit du mal? Malgr la douleur, lchec et la mort, la vie vaut-elle la peine dtre vcue? Voil le dfi que, selon Ricoeur, doit relever la philosophie, qui doit y trouver une provocation penser plus, voire penser autrement.

    Si la philosophie doit accepter de courir le risque dune rflexion sur le mal, elle ne doit pas oublier que le problme du mal nest pas seulement un problme thorique et spculatif, mais un problme pratique. Ricoeur nous invite mettre laccent sur la lutte pratique contre le mal. Il faut regarder le mal autrement, non pas comme lobjet dun pur savoir thorique, mais comme un adversaire dont il faut travailler dlivrer lhumanit. Cette rponse pratique nest dailleurs pas sans effet sur le plan thorique. Avant daccuser Dieu ou de spculer sur une origine dmoniaque du mal en Dieu mme, agissons thiquement et politiquement contre le mal. Ce que nous apprend laction, cest que le mal nest pas ncessaire, mais contingent, par consquent dpassable. Cest du mme coup rfuter toute forme de fatalisme. Le mal est un fait, pas une fatalit. Dautre part, laction renverse lorientation du regard. Alors que la pense spculative est tire en arrire, vers lorigine, laction tourne le regard vers lavenir, par lide dune tche accomplir: que faire contre le mal? Louverture au temps que permet laction apparat comme une dlivrance, puisquelle permet de dcouvrir quon peut sortir de la souffrance.

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