Transport de civelles sur le ruisseau du Rodoir : quelques recommandations pour lamise en place d’un protocole d’evaluation quantitative des survies.

Cedric Brianda, Brice Sauvageta

aEPTB Vilaine, boulevard de Bretagne, 56130 La Roche Bernard

Resume

Cette note presente les resultats des tests de survie comparee des civelles transportees et deversees sur le ruisseau duRodoir. Les civelles lachees le 23 mars 2012 ont ete recapturees en peche le 25 septembre 2012. Il n’y a pas de differencesignificative entre la survie des civelles provenant de la passe et celles provenant de la pecherie professionnelle. Lacroissance est de 7 mm en 6 mois sauf pour deux individus dont la croissance est de 40 a 50 mm. Des propositions sonteffectuees dans ce rapport pour la realisation d’un suivi permettant l’evaluation quantitative de la survie des civellestransportees.

Mots cles: civelles, repeuplement, survie, marquage

Sommaire :

1 Materiel et methodes 1

1.1 Le transport des civelles . . . . . . . . . . . 1

1.2 La recapture des civelles . . . . . . . . . . . 2

1.3 Analyse du marquage des civelles . . . . . . 3

1.4 Analyse des resultats . . . . . . . . . . . . . 3

2 Resultats 3

2.1 Les civelles transportees . . . . . . . . . . . 3

2.2 Les anguillettes recapturees . . . . . . . . . 3

2.2.1 Resultats bruts . . . . . . . . . . . . 3

2.2.2 Croissance . . . . . . . . . . . . . . . 4

2.2.3 Contamination . . . . . . . . . . . . 4

2.2.4 Comparaison des survies des civellesprovenant de la peche et de la passe 4

3 Discussion 6

3.1 Peche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

3.2 Croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

3.3 Distance parcourue . . . . . . . . . . . . . . 6

3.4 Survie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

3.5 Parasitisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

3.6 Consequences possibles des operations depregrossissement . . . . . . . . . . . . . . . 7

3.7 Recommandations pour la mise en placed’une etude quantitative . . . . . . . . . . . 7

3.7.1 Choix du secteur . . . . . . . . . . . 7

3.7.2 Transport . . . . . . . . . . . . . . . 7

3.7.3 Recapture . . . . . . . . . . . . . . . 8

3.7.4 Bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Introduction

Le gain net des operations de repeuplement de civelle s’ob-tient en comparant la survie des civelles dans leur milieud’origine et dans le milieu transporte. Pour permettre lesuivi des operations de transport conduites au niveau na-tional depuis la mise en place du plan de gestion, 30%des civelles transportees sont marquees a l’aide d’Alizarine,un marqueur vital (Albrechtsen, 1968; Simon and Dorner,2005), qui depose une strie sur les pieces osseuses. Cettestrie est ensuite visible sur les otolithes d’anguilles a l’aided’un microscope a epifluoresence. Ce marquage, presentel’avantage de permettre de suivre la proportion de civellesmarquees, et donc d’evaluer l’efficacite du repeuplement.Or la survie des anguilles entre le stade civelle et de stadeanguille jaune a rarement fait l’objet d’evaluations scien-tifiques (Moriarty et al., 1990; Berg and Jørgensen, 1994;Bisgaard and Pedersen, 1991; ICES, 2009). L’objectif del’operation etait de realiser un essai de terrain permettantd’analyser la faisabilite d’un suivi quantitatif de la surviedes civelles en deversant sur le meme site un lot de civellesnon marque provenant de la passe a anguilles du barraged’Arzal et un lot de civelles capture par la peche profes-sionnelle en estuaire.

1. Materiel et methodes

1.1. Le transport des civelles

Deux lots de civelles de 5 kilogrammes chacun ont etetransportes le meme jour (23 mars 2012). Le premier aete preleve parmi les montees de la passe a anguilles d’Ar-zal le jour meme, le deuxieme provenant des lots preparespour le deversement (330 kilogrammes de civelles sur la

Vilaine, pechees entre le 17 et le 22 mars). Ce dernier lotetait entierement marque. Le transport a ete effectue sur leruisseau du Rodoir, un ruisseau se jettant dans l’etang dela Dame, situe en amont de l’etang du Rodoir a la RocheBernard. Les conditions d’ecoulement de ce ruisseau sont

Figure 1: Localisation du ruisseau du Rodoir, affluent de la Vilaineaval. En rouge, les zones de deversement de civelles.

suffisantes pour eviter les assecs en cas d’etiage, et suffi-samment faibles pour permettre une recapture efficace descivelles lachees. En outre, le milieu d’accueil est considerecomme un ruisseau de bonne qualite, avec des ecoulementsdiversifies sur une granulometrie de pierres et blocs (Figure7). Le ruisseau ne s’asseche pas en periode d’etiage du faitde la presence de zones humides sur cours. Il n’y a pas anotre connaissance dans ce ruisseau de truite fario, pre-dateur potentiel, et cette observation sera confirmee parles peches electriques de recapture. Le ruisseau situe enamont de l’etang est difficilement accessible pour les ci-velles situees en aval, car il est isole par deux obstacles al’aval. Il n’y a donc pas de risque de confusion de civellesde l’annee sur le secteur.Par contre, il est en relation directe avec l’etier de la RocheBernard, c’est a dire la Vilaine aval (Figure 1). La zonecolonisable correspond au bassin versant du ruisseau duRodoir, sa surface en eau est estimee a 30400 m2, la den-site cible finale en supposant une repartition uniforme descivelles deversees est donc de 1 individu par m2 de coursd’eau.

La zone de lacher se situe sur une rupture de pente duruisseau. Il s’agit d’un secteur boise dont les ecoulementssont pour l’essentiel composes de radiers et plats courants.En amont de la rupture de pente, le cours d’eau a eterecalibre et presente un potentiel d’habitat plus faible.

Le lache a ete effectue en 6 points plus un point en amontde la rupture de pente (Figures 3 et 2)).

Les civelles transportees etaient visuellement de tres bonnequalite, le lot transporte depuis la passe presentait un

Figure 2: En bleu les obstacles, en rouge les points de peche elec-trique.

Figure 3: Lache de civelles sur le ruisseau du Rodoir.

comportement hypotonique traduisant probablement desproblemes d’anoxie, ou de chocs durant le transport, quise sont dissipes apres oxygenation du recipient contenantles civelles au moment de l’arrivee sur site. Les civelles,qu’elles proviennent de la passe ou du lot marque, ont mon-tre le meme comportement de nage a contre courant, avecune recherche rapide de secteurs d’abris, et un comporte-ment gregaire (Figure 4).

Les civelles de la passe et de la peche ont ete melangees enapportant a vue d’oeil des proportions equivalentes.

Figure 4: Comportement de nage a contre courant des civelles im-mediatement apres le lache.

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1.2. La recapture des civelles

La recapture des civelles a eu lieu le 25 septembre 2012,soit 6 mois apres le lache. 8 stations ont ete pechees entrois passages successifs depuis l’aval du secteur de lache(en amont de la queue de l’etang de la Dame) jusqu’a unerupture d’ecoulement marquant le site d’un ancien moulin,aujourd’hui en ruine (Figure 5). Le materiel utilise a ete

Figure 5: Station 8, situee sur le lieu d’un ancien moulin a l’amontdu secteur de lache, probabilite de captures carle et strubb =94%,densite = 3.18 ind.m−2.

un martin pecheur, appareil portatif qui fournit un courantcrenele. La peche a ete realisee a l’aide de quatre epuisettesmaniees par deux operateurs. Les stations de peche etaienten moyenne de 10.91 m2 pour une longueur de 4.85 m (Ta-bleau 1). La longueur totale de la portion de cours d’eauprospectee de 252 m correspond a des stations distantesde 36 m, et a une journee de peche a 6 personnes, si oninclue la biometrie. Chaque operateur maniait une epui-

station largeur longueur surface1 2.50 4.00 10.002 1.97 5.00 9.853 2.03 5.30 10.764 3.80 4.40 16.725 1.73 4.90 8.486 2.53 5.70 14.427 1.93 4.10 7.918 1.69 5.40 9.13

Tableau 1: Caracteristiques des stations de peche (en m et m2) lorsde l’operation de recapture des civelles

settes a cadre metallique avec le bord inferieur droit de60cm de large avec des mailles de 2 mm. Cette grandeepuisette etait placee dans la veine principale de courantet permettait la collecte des civelles derivant avec le cou-rant. Une deuxieme epuisette a main avec des mailles de 2mm etait utilisee pour collecter activement les anguilletteset les civelles vues au moment de l’action de l’electrode.Un operateur sur la rive controlait les temps de peche,et un autre notait de visu la provenance des anguilles enles repartissant par classe de taille. La peche fut realiseesuccessivement a trois reprises sur des secteurs de 5 m

de long. Les zones non prospectees des stations, courantsaccessoires situes en berge, n’ont pas ete incluses dans l’in-ventaire de la surface de la station.

1.3. Analyse du marquage des civelles

45 anguilles ont ete prelevees aleatoirement parmi les an-guillettes pechees. Elles ont ete pesees et mesurees en la-boratoire apres leur decongelation, et la presence d’unemarque a ete analysee a l’aide d’un microscope a epifluo-rescence par le bureau d’etude Fish Pass (Figures 10 et11).

1.4. Analyse des resultats

La mortalite apparente des civelles est calculees commesuit : (densite finale-densite initiale)/densite initiale.

2. Resultats

2.1. Les civelles transportees

La densite de civelles lors du lache etait de 5447 (4767 -6355) civelles/100 m2 (Figure 6). Cette densite pour les

Figure 6: Station 1, a l’aval du secteur de lache, probabilite de cap-tures Carle et Strubb =62%, densite = 250 ind/100 m2.

laches n’a ete toutefois obtenue que sur le secteur de la-che et au moment du lache. La derive des civelles dans laqueue de l’etang de la Dame ou leur remontee vers l’amontaura probablement tres rapidement conduit a diminuer lesdensites. Cette densite est par ailleurs comparable, voireinferieure a celle obtenue au moment des laches sur lesetiers sur la Vilaine (Tableau 2).

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Figure 7: Le ruisseau du Rodoir, station 5 (probabilite de captureCarle et Strubb =0.78, densite = 130 ind/ 100m2).

.

2.2. Les anguillettes recapturees

2.2.1. Resultats bruts

La recapture a eu lieu sur le lieu du deversement et s’etendsur 252 m, les stations de peche sont en moyenne distantesde 36 m. L’efficacite de capture a globalement ete bonneavec une probabilite de capture de 72 % (ecart type 17),et une capture au premier passage de 66.8 % des effec-tifs totaux estimes sur la station. Les densites moyennesretrouvees sont importantes (162 anguilles/100m2 - ecarttype 90) (Tableau 2), quand on les compare aux densitesnormalement trouvees en milieu fluvial sur la Vilaine (den-sites moyennes annuelles de 33 a 72 anguilles/100 m2 dansla periode d’abondance maximale (Briand et al., 2005).Elle traduisent cependant une mortalite apparente de 97% des civelles. Ces resulats sont conformes a ceux trou-ves sur le bassin versant de la Vilaine lors des operationsde transport (donnees non publiees), mais dans le cas decette operation, ils traduisent probablement aussi un de-part massif vers l’aval des civelles transportees. La densitepar station diminue a 17.2 anguille/100m2 si on ne consi-dere que les anguilles de plus grande taille qui etaient dejapresentes sur la station avant le transport.

2.2.2. Croissance

Les individus presents sur la zone de peche etaient dansleur majorite des anguillettes d’une taille inferieure a 100

station p1 p2 p3 dens. p1 16 4 4 250.00 622 5 1 0 60.91 863 8 10 2 213.77 474 19 3 0 131.58 885 8 3 0 129.76 796 6 3 1 69.34 677 4 5 1 126.37 598 27 2 0 317.77 94Somme ou moy 93 31 8 162.44 579

Tableau 2: Densites d’anguilles (toutes tailles) retrouvees en pecheelectriques pi=nombre capture par passage, dens.=densite en an-guille/100 m−2 estimee par la methode des epuisements (Carle etStrubb).

mm (Figure 8). La croissance en 6 mois est relativementfaible (7 mm), depuis la taille mediane au stade civelle (70mm) et la taille mediane lors de la recapture (77 mm), saufpour l’anguillette de 119 mm dont la croissance est prochede de 50 mm (Figure 9). Deux individus de taille interme-diaire (110 et 119 mm) ont ete retrouves, l’un d’entre eux,celui de 119 etait marque et provenait du meme deverse-ment (confirmation obtenue aupres de JM Caraguel, FishPass) (Figure 8).

Figure 8: Tailles des anguilles recapturees, a gauche sur fond vert,les petites anguillettes de moins de 100 mm correspondant aux ci-velles deversees. Au centre sur fond bleu, les anguillettes de tailleintermediaire dont une marquee, qui provient a coup sur du repeu-plement. A droite sur fond rouge les anguillettes de plus grande tailledeja presentes avant l’operation de deversement.

2.2.3. Contamination

Sur 45 individus disseques, seule une anguillette montredes signes d’opacification et d’epaississement de la paroiede la vessie natatoire.

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Figure 9: Graphique montrant les structures de taille des civellesen estuaire au moment de la capture, et au stade anguillette, 6 moisplus tard. Les medianes des distributions sont representees par desdroites verticales jaunes.

2.2.4. Comparaison des survies des civelles provenant dela peche et de la passe

Les proportions de civelles marquees (20) et non marquees(25) ne different pas significativement d’une proportion 50-50% (Test du Chi-deux avec correction de continuite deYates p= 0.75) 1 (Figures 10 et 11).

Figure 10: Otolithe sans strie de marquage a l’alizarine, photo JMCaraguel, Fish pass.

1. Avec un effectif de 50 civelles, il aurait fallu avoir des propor-tions de 33 et 12 pour avoir une difference significative au seuil de0.95)

Figure 11: Otolithe montrant la presence d’une strie de marquagea l’alizarine, photo JM Caraguel, Fish pass.

3. Discussion

La proportion equivalente de civelles marquees et non mar-quees atteste de la bonne qualite des civelles transporteesen 2012.

3.1. Peche

L’experience acquise lors des suivis de terrains sur lescivelles transportees sur le bassin versant de la Vilainemontre que la capture de ces dernieres est beaucoup plusdifficile en conditions de faible debit. Le martin pecheurprovoque une tetanie rapide des civelles qui restent coin-cees sous les blocs ou dans la vase. Ce n’etait pas le caslors de la recapture, ou les conditions de debit importantesetaient favorables a la capture des anguillettes, car cesdernieres etaient entrainees vers les epuisettes a grandesmailles. Toutefois, il est apparent que la densite obtenuesur le secteur de peche peut dans certains cas etre sousestimee, car lors du premier passage certaines civelles ontderive vers l’aval et sortent du secteur de peche. L’impor-tance de cet echappement depend des conditions d’ecou-lement au droit de la station de peche. Il est par exemplejuge important sur la premiere station, qui, influencee parla queue de l’etang de la Dame, etait assez profonde avecdes vitesses de courant important sur le seuil en tete destation (Figure 6).

3.2. Croissance

Les civelles transportees dans un environnement fluvial onteu une croissance de 7 mm qui se situe dans la gamme infe-rieure des croissances mesurees lors des repeuplements de2011 (min = croissance sur l’Aure Seine Normandie 6mm,maximum= Vilaine marais 22 mm, (Beaulaton et al.,2012)). Cette faible croissance est probablement le refletde la forte densite, mais pas d’un manque de nourriture, leruisseau etant tres riche en gammares lors de la recapture.

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Compte tenu des resultats obtenus, la croissance de 50mm pour un individu marque semble exceptionnelle. Lesraisons de la croissance tres forte d’un individu et pas desautres est peut etre un changement de milieu avec une mi-gration aller et retour dans l’etang de la Dame. Il n’existepas de donnees pour etayer cette hypothese. La variabilitede la croissance des anguilles s’exprime tres tot des la re-prise de croissance au stade civelle (Belpaire et al., 1987;Huertas and Cerda, 2006; Kamstra, 1993; Wickins, 1985,1987)

3.3. Distance parcourue

La distance parcourue par les civelles lors des transportseffectues en 2012 est au maximum de 5 km vers l’aval ouvers l’amont (Beaulaton et al., 2012). Lors des experimen-tations precedentes sur la Vilaine (en 2003), la distanceparcourue sur des rivieres de faible largeur comparablesau ruisseau du Rodoir a varie suivant les origines des lotstransportes (Arago, 2003).

– Deux lots ont ete preleves par la pecherie profession-nelle durant la saison de peche et ont ete stabules chezun mareyeur. Le taux de mortalite constate immedia-tement lors du lache de ces lots etait important (30%),peut etre pour des raisons de conditions de transportmal adaptees. Ces civelles de ces lots ont ete retrouveesmajoritairement sur le site de lache et en aval ;

– Cinq lots transportes ont ete preleves lors de campagnesde peche experimentale apres la saison de peche. Pourl’ensemble de ces lots, les civelles ont ete retrouvees enplus forte abondance en amont du secteur de lache. Ellesont parcouru jusqu’a un kilometre en trois mois. Sur unedes rivieres (la Cantache), les civelles ont ete retrouveesen forte abondance, en aval d’un ouvrage infranchissableen amont de la zone de lache.

– Un lot a ete transporte depuis la passe. Pour ce lot ega-lement, les civelles sont retrouvees en abondance maxi-male en amont, mais l’etiage de l’amont du cours d’eaulors de la recapture n’a pas permis d’evaluer la distanceparcourue par ces civelles.

Les resultats rapportes dans la litterature montrent ega-lement des resultats contrastes en terme de migration.Dans certains cas on assiste a une dispersion (Knights andWhite, 1997) alors que pour la majorite des lots, les ci-velles montrent une faible propension a migrer (Anderssonet al., 1991; Knights and White, 1997). Pour la plus im-portante experimentation menee a partir de civelles pas-sees en quarantaine en aquaculture, les distances maxi-males parcourues par des anguillettes de 0.3 et 1 g apresstockage sont de 694 m vers l’amont et 894 m vers l’aval(Berg and Jørgensen, 1994). Le statut thyroıdien de l’an-guille et sa propension a migrer a contre courant sont peutetre une des explications de cette variabilite dans les resul-tats. Les civelles en migration active (Briand, 2009; Edelineet al., 2004) arrivees apres la saison de peche en estuaire

pourraient avoir developpe un comportement de nage rheo-taxique plus importante que les civelles stockees dans lesbassins des mareyeurs et pregrossies pour une phase plusou moins longue.

3.4. Survie

Les experimentations effectuees au Danemark en 1988 et1989 avec le lache d’anguillettes de 0.3 - 1.1g a une den-site cible de 1 a 1.5 anguillette par m2, montrent que lesdensites relevees dans les rivieres apres l’operation de re-peuplement sont independantes du nombre stocke, maissemblent plus etre le reflet de la capacite d’accueil dumilieu (Berg and Jørgensen, 1994). Les recommandationsde l’environment agency pour le transport de civelles in-diquent que la densite cible devrait etre au maximum de 6civelles.m−2 pour un transport repete, annee apres anneedans un meme cours d’eau dans des zones ou la mortalitenaturelle est forte. Cette densite cible devrait etre reduite a2.5 civelles.m−2 dans les zones ou la mortalite naturelle estplus faible (Williams and Aprahamian, 2004). Il est pos-sible qu’une competition intraspecifique intervienne des lestade civelle (Bardonnet et al., 2005; Elie and Daguzan,1976), avec des processus densite dependant regulant lataille de la population (Bevacqua, Andrello, Melia, Vin-cenzi, De Leo and Crivelli, 2011; Bevacqua, Melia, De Leoand Gatto, 2011), mais aussi la migration et la colonisa-tion des zones amont du bassin au stade jeune anguillette(Lambert, 2005; Edeline et al., 2007; Briand et al., 2005).Apres le stade anguillette, la densite a tres probablementune influence sur le sexe ratio (Parsons et al., 1977; Barket al., 2006; Holmgren, 1996; Krueger and Oliveira, 1999;Oliveira and McCleave, 1999). Le goulot d’etranglementpour la survie des anguilles correspond a des anguilles de300 mm pour lesquelles la competition pour les habitatsdisponibles (abris de berges, blocs et debris) et la competi-tion pour la nourriture pourrait etre importante (Graynothet al., 2008). Le rendement par recrue au niveau des bas-sins traduit probablement la somme de ces effets densitesdependants au stade jeune anguillette et a des stades plusavances (De Leo and Gatto, 1996; Vøllestad and Jonsson,1988).

3.5. Parasitisme

Le transport de civelles est susceptible d’augmenter la dis-persion de parasites en milieu fluvial (Belpaire et al., 1989).Lors de la recapture, une anguillette sur 45 semble avoirsubi une opacifiaction de la vessie natatoire, mais l’absencede parasite dans la vessie ne penche pas en faveur d’unecontamination. Les individus transportes sont donc encore”sains” 6 mois apres le transport contrairement aux indi-vidus recaptures sur les etiers de la Vilaine aval lors destransport de 2012 et dont le taux de contamination s’elevea 50% (Mazel et al., 2011). La presence d’une population

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d’anguilles plus importante, comportant une source de pa-rasites plus importante, dans l’axe du fleuve, est une expli-cation possible de ce resultat. La question de la survie etde la migration des civelles stockees est importante pourpermettre la planification et la prevision des actions detransport.

3.6. Consequences possibles des operations de pregrossis-sement

La discussion montre une variete de comportement mi-gratoire qui doit egalement se refleter dans la survie descivelles en jouant sur leur capacite a trouver des habitatsfavorables dans le milieu deverse. L’obtention de civellesen avril et mai permet un transport dans des conditionstrophiques plus favorables que pendant l’hiver, notammentlorsque les civelles sont deversees dans les pays d’Europedu Nord. Cette capture suppose cependant que la ressourceen civelles soit disponible, ce qui ne sera pratiquement ja-mais le cas dans le sud de la France ou la saison de pecheest alors terminee. Plus au nord, la peche a ces dates se faitsur des civelles dont le potentiel de survie est probablementplus important que pendant l’hiver, car les temperaturespermettent alors la colonisation a contre courant des an-nexes estuariennes et de franchir les passes a civelles (cassur la majorite des estuaires barres par des ouvrages et dela Vilaine). Il est donc probable qu’une peche sur le stocka ces dates ait plus d’impact qu’une peche en hiver. Lestockage provisoire des civelles, qui est impose en Europedu Nord pour des raisons de quarantaine peut apparaıtrecomme une solution permettant d’attendre des conditionsfavorables pour des civelles prelevees au pic des arrivees,en fevrier, sur la facade Atlantique en hiver (Knights andWhite, 1997). Cependant, le pregrossissement semble avoirdes consequences sur le potentiel migratoire des civellesdeversees, et son evaluation demande la mise en placed’etudes quantitatives de la survie des civelles.

3.7. Recommandations pour la mise en place d’une etudequantitative

Le suivi effectue sur le ruisseau du Rodoir, et au dela en2003 sur les civelles deversees dans les cours d’eaux, montrequ’il est theoriquement possible d’estimer l’abondance to-tale de civelles et donc la survie des civelles lors de leuradaptation au milieu fluvial. Ce type de suivi est recom-mande pour permettre une estimation de la politique detransport mise en oeuvre en Europe (Williams and Apra-hamian, 2004). Les informations sur le nombre d’hommesjours necessaires (Tableau 3) devraient permettre a un ges-tionnaire interesse par la demarche d’integrer ce protocoledans le cadre d’un des suivis mis en place au niveau natio-nal.

3.7.1. Choix du secteur

Le cours d’eau prospecte doit etre de moins de 3 m delarge pour faciliter la recapture, mais il faut egalementqu’il ne soit pas sujet aux etiages. Il est de plus necessairede selectionner une riviere ne comportant pas de secteursnon accessibles en peche electrique (par exemple un etangsur cours). L’isolement par un ouvrage infranchissable del’amont du secteur est un avantage pour eviter les doutesquant a la dispersion plus en amont des civelles deversees.Le choix devra egalement prendre en compte la separationvers l’amont entre plusieurs affluents. En pratique, le choixd’un secteur propice a l’experimentation est difficile, etc’est une etape essentielle au succes de l’experimentation.

Tache Temps evalueProspection 1Mise au point equipements 4Deversement 2Suivi post lache filets 1Recapture 15Saisie et analyse 5Rapport 5

Tableau 3: Temps evalue (hommes jours) pour une experimentationde suivi quantitatif de la survie des civelles.

3.7.2. Transport

Nous recommandons, pour repondre a un objectif de suiviquantitatif de la survie des civelles de repeter l’experimen-tations sur plusieurs sites d’un territoire reduit. Sur chaquezone, il n’est necessaire de transporter qu’une quantite li-mitee de civelles, par exemple 1000 individus, sur une por-tion reduite de cours d’eau (200 m2 soit 100 m de lineairepour une riviere de 2 m de large). Le suivi quantitatif del’abondance devrait se concentrer sur le secteur de pecheet sur des secteurs situes 500 m en aval et en amont. Cetransport limite la distance de cours d’eau a prospecterlors de la recapture. Nous recommandons le suivi pendantles deux jours apres le deversement des civelles derivantvers l’aval par la mise en place de pieges a petites mailles.L’information qualitative ramenee par ce type de suivi per-met plus tard d’interpreter les resultats de dispersion descivelles. Par exemple il est utile de savoir lorsque la majo-rite des civelles sont retrouvee en aval du point de lache,si la devalaison a eu lieu au moment du lacher.

3.7.3. Recapture

La peche d’un secteur tous les 40 metres requiererait 25points de peche, soit l’equivalent de 15 hommes jours (ildoit etre possible de faire 8 ou 9 petits secteurs de pechedans une journee). L’utilisation du martin-pecheur pour larecapture des civelles permet d’obtenir des probablites decapture satisfaisantes. Toutefois, la peche dans des condi-tions d’etiage pourrait s’averer plus difficile, il sera alors

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peut etre necessaire d’employer un materiel plus lourd, de-livrant du courant continu, ou d’attendre des conditions dedebit favorables a la prospection. Pour ameliorer le proto-cole, l’isolement des secteurs de peche par la mise en placede filets a petites mailles semble necessaire. La faisabilitede leur installation suppose que la riviere ne soit pas troplarge.

3.7.4. Bilan

Au final l’obtention sur un site d’informations concernantla survie des civelles est evaluee a 30 hommes jours (Ta-bleau 3). La repetition sur plusieurs sites adjascents de ceprotocole permettrait d’obtenir des donnees permettantdes comparaisons quantitatives, par exemple, de la surviede civelles transportees dans differentes conditions d’ele-vage.

Remerciements

Nous tenons a remercier tout particulierement la Federa-tion de Peche du Morbihan pour son aide lors des ope-rations de recapture. Nous remercions le comite regionaldes peches, conducteur de l’operation, et le bureau d’etudeFish Pass qui a realise la lecture des civelles. Enfin nous re-mercions Laurent Beaulaton et Pierre Marie Chapon pourleur relecture attentive du document.

Annexes

L’analyse de la structure de taille en comparant les mesuresde terrain et les mesures de laboratoire montre une reduc-tion significative de taille (test t apparie) p= 3.15×10−19,la difference entre les tailles d’anguilles mesurees sur le ter-rain et les tailles mesurees en laboratoire est de 2.22 mm(intervalle 95% = 1.93-2.51) (Figure 12). Le meme resul-tat est trouve sur les poids, qui diminuent entre la mesurede terrain et la mesure de laboratoire (test t apparie, p=2.45×10−5). La difference de poids est de 0.03 g (intervalle95% = 0.02-0.04) (Figure 13).

Figure 12: Diminution de la taille en laboratoire par rapport a lamesure de terrain, l’anguille de 120 mm a ete ecartee de l’analyse.

Figure 13: Diminution du poids en laboratoire par rapport a lamesure de terrain, l’anguille de 120 mm a ete ecartee de l’analyse.

Depuis 2000, plusieurs essais de transport ont ete effec-tues sur le bassin, a partir de civelles prelevees lors decampagnes experimentales ou en peche professionnelle. Ces

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donnees sont stockees dans une base georeferencee (Figure14). Les donnees concernant les transports effectues lorsdes operations de repeuplement font l’objet d’un recense-ment national et sont stockees dans une base de donneesdifferente .

Figure 14: historique des deversements sur le bassin versant de laVilaine. les transports realises dans le cadre du programme de repeu-plement ne sont pas inclus dans la base de donnees

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