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Elaboration d'une porte en fer forgée dans la cadre du compagnonage
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tre Compagnon, c’est considérer le travail non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen de se découvrir et de s’épanouir.
L’essentiel de cette philosophie tient dans quelques préceptes simples : transmettre son savoir-faire, être volontaire, droit et fidèle dans ses engagements, être capable de se remettre en cause, avoir un goût marqué pour la liberté d ’entreprendre et de penser.
Apprendre un métier, c’est bien ; réussir sa vie, c’est mieux !
des
EAssociation Ouvrière
Compagnons du Devoirdu Tour de France
Travail d’adoption du Pays Guignon
En janvier 2008, lors d’un entretien avec le Coterie Champagne,
Prévôt de la Maison de Troyes, et les tailleurs de pierre, l’idée
germe dans mon esprit : réaliser une porte en fer forgé, porte
qui constituerait le travail pour mon adoption au sein des
Compagnons du Devoir.
Le projet est lancé à l’issue de ma mise en chantier par la
Corporation des Serruriers de Troyes. Dans un premier temps,
je me consacre à l’élaboration des plans.
Soixante-et-onze heures de labeur plus tard, je les présente à
Florent d’All’ava, Compagnon serrurier du Devoir, responsable
de la Corporation des serruriers de Troyes ainsi qu’à Jacques
Globigue, Compagnon serrurier du Devoir.
Ce dernier est aussi mon parrain d’adoption.
Fort de leurs judicieux conseils et m’inspirant de leurs
corrections, ils me mettent en chantier à l’atelier.
Le temps initial estimé pour la réalisation de cette porte s’éleve
à quatre-vingt heures...
Les périodes les plus intenses et ardues restent la mise en forme
des cintres, les travaux de forge, le redressage et la finition.
Finalement, cent-dix heures auront été nécessaires pour
finaliser la porte.
7 - Travail d’adoption du Pays Guignon
A la suite de la réalisation des
cintres et des refoulés au bas
des montants de la porte, j’ai
positionné partiellement les cadres en
fonction de mes tracés.
Ainsi, j’ai obtenu approximativement la
forme de ma porte finie.
Après avoir positionné les cintres sur
l’épure, j’ai reporté les tracés de mon
pivot haut.
Ensuite, j’ai utilisé la lime et la scie à
métaux pour l’usinage du fer plat (format
30X15) et la barre d’acier de section
carrée (20X20).
Quant à l’ajustage final, j’ai employé
du papier de verre (grain de 220) sur la
partie arrondie des cintres.
Pour maintenir la porte en bonne
position, j’ai fabriqué une cale dans
un carré de 20X20 avec un côté
arrondie : cette pièce complète et rattrape le
jeu de la porte. Elle est fixée par un rivetage
borgne à chaud.
Sur la photo 3, nous remarquons la fixation
par rivets et les grugeages pour la mise en
place du « U », Ce dernier maintient la porte
en position contre le guide.
11 - Travail d’adoption du Pays Guignon
Cette partie de la porte est forgée : le
travail consiste à refouler la matière
dans le but d’obtenir le passage du
carré de 20X20 en 27X27.
Le travail exécuté sur le pivot bas (photo 6) est
un trou oblong avec un écrou carré. Celui-ci est
positionné dans un caisson en tôle de 2 mm de
manière à ce le pivot puisse être réglé avec la
porte en position finale.
Sur le bas de la porte, j’ai choisi l’option
d’assembler l’ensemble « tenon/
mortaise passant » plus approprié aux
métiers de la menuiserie et de la charpente. Ce
choix correspond à l’esprit et au style employés
à l’époque du sujet.
Refoulage du tenon à chaud (vue latérale) :
cette étape est destinée à maintenir en position
la traverse basse de la porte aux dimensions et
à l’équerrage.
15 - Travail d’adoption du Pays Guignon
Sur ce gros plan de l’ensemble «
tenon/mortaise » vu de dessus
(photo 9), nous distinguons
l’assemblage « tenon/mortaise passant » et
le refoulé à chaud en bas de porte.
Zoom (photo 10)sur la réalisation en carré
de 20X20 d’un support aux dimensions de
la serrure avec un grugeage pour libérer le
passage de la clef. La fixation du support
est effectuée par rivets à chaud sur le
montant de la porte en carré 20X20.
Préparation d’une tôle de 2 mm dans
laquelle j’ai réalisé le trou de la forme
de la clef. Ainsi, le mécanisme de la
serrure en façade n’est plus apparent.
Pour la réalisation du trou, plusieurs outils
différents ont été mis à contribution : la
perceuse, le bédane, le burin, les limes aiguilles
rondes, demi-rondes, plates et triangles.
Cette tôle se fixe ensuite sur le support serrure.
19 - Travail d’adoption du Pays Guignon
En ce qui concerne la serrure, elle a
été récupérée dans une maison de
campagne en Provence. Pour son
ajustement sur la porte, j’ai été contraint de
modifier le trou de la serrure, d’ajuster le
penne et de transformer le profil du bâti.
Les croisillons entrelacés sont disposés sur le
châssis (ou sur l’ouvrant).
Pendant toute l’étape du tressage, Pays
Bouclet, mon frère d’adoption, m’aura
apporté une aide précieuse et efficace.
Dans l’étape suivante, les croisillons
sont percés et vissés sur le châssis.
Il aura fallu positionner chaque
croisillon aux côtes ce qui a nécessité une
application toute particulière. La contribution
fraternelle de la Coterie Beauceron aura été
opportune et bienveillante.
23 - Travail d’adoption du Pays Guignon
La tôle qui cache le mécanisme
est fixée sur le support en
position terminale. On distingue
le plat de battement (ou battue) en fer
plat de 40X6 mesurant 83 cm de long
et maintenu par rivets sur l’ouvrant (la
porte).
Ce fer plat permet l’arrêt de la porte lors
de sa fermeture (butée).
A ce stade de la réalisation, il reste
approximativement 20% de travail, à
savoir : passage du cadre à la forge pour
faire réapparaître la calamine sur sa
globalité, brossage complet de la porte
avant le passage de la patine de finition.
Quand la porte sera terminée, elle
s’insèrera dans cette voûte en pierre
tendre de Champagne. Elle a été conçue
et taillée lors d’un travail d’adoption d’un tailleur
de pierre en l’année 2007 S’agissant des colonnes,
elles ont été réalisées par des « casse-cailloux »
(un apprenti tailleur de pierre 2ème année et un
aspirant 2ème année).
En arrière-plan, on distingue le blason des tailleurs
de pierre qui est, lui aussi, un travail d’adoption.
27 - Travail d’adoption du Pays Guignon
La porte est posée sur un support
provisoire avant sa correction
par Florent le Niçois et Jacques
le Breton.
Dans quelques semaines, elle rejoindra
son emplacement définitif, c’est-à-dire
l’entrée du local à outil des « casse-cailloux
» aux lignes solides du style roman.
On peut admirer le travail de précision et
la parfaite harmonie des lignes et courbes
du haut de cette voûte en parfaite
adéquation avec le lieu.
page de gauchehaut : 18 - porte en phase finalebas : 19 - haut de la voûte
31 - Travail d’adoption du Pays Guignon
Le cadre est présenté contre
la voûte. C’est un travail en
commun avec les Tailleurs de
pierre qui attendaient ma porte avec
impatience. Picard retaillera légèrement
le cadre et la porte s’encastrera
parfaitement dans la feuillure.
La porte est en place scellée et ajustée. Elle
s’ouvre à gauche avec un débattement de
plus de 90° et respecte toutes les contraintes
imposées par la Corporation des tailleurs de pierre.
Cette porte ferme à battue et se verrouille à l’aide
d’une serrure ancienne sans poignée.
Le compagnon Niçois est le responsable
de la Corporation des Serruriers de
la ville de Troyes. Tout comme lui, je
porte le nom de « Niçois ».
L’année de l’adoption, j’ai été embauché dans
la même entreprise que lui : Art & Forges à la
chapelle Saint-Luc.
Les connaissances que j’ai pu acquérir au cours
de l’année écoulée ont été renforcées par l’aide
et les conseils avertis du Compagnon Niçois
ainsi que du Compagnon Breton.
20 - en présence du compagnon Niçois le jour de notre adoption
37 - Travail d’adoption du Pays Guignon
1. Manuel Blanc, dit Agenais, Menuisier2. Jérémy Boixados, dit Bourguignon, Menuisier3. Julien Prudhomme, Champagne, Plombier4. Uliana Marcilly, la Mère
5. Thibault Zezula-Neufville, Lorrain, Plombier6. Julien Bouclet, dit Vendôme, Serrurier7. Arnaud Guignon, dit Niçois, Serrurier
39 - Travail d’adoption du Pays Guignon
Le 12 avril 2008, après une
journée forte en émotion, nous
sommes réunis autour de notre
Mère. Nos familles et nos proches nous
ont rejoints en fin d’après-midi pour
partager le repas communautaire présidé
par le Prévôt, notre Mère et des Anciens.
Cette date restera toujours pour nous le
jour où nous devenons Frères d’adoption
dans notre belle ville de Troyes.
Arnaud Guignonseptembre 2008
Page de gauche : Croquis tirés de «L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers» Diderot & d’Alembert - 1765