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Travail et santé mentale : les groupes àrisque Author(s): Michel Vézina and Suzanne Gingras Source: Canadian Journal of Public Health / Revue Canadienne de Sante'e Publique, Vol. 87, No. 2 (MARCH / APRIL 1996), pp. 135-140 Published by: Canadian Public Health Association Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41991640 . Accessed: 14/06/2014 03:41 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Canadian Public Health Association is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Journal of Public Health / Revue Canadienne de Sante'e Publique. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.79.40 on Sat, 14 Jun 2014 03:41:16 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Travail et santé mentale : les groupes à risque

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Travail et santé mentale : les groupes àrisqueAuthor(s): Michel Vézina and Suzanne GingrasSource: Canadian Journal of Public Health / Revue Canadienne de Sante'e Publique, Vol. 87, No.2 (MARCH / APRIL 1996), pp. 135-140Published by: Canadian Public Health AssociationStable URL: http://www.jstor.org/stable/41991640 .

Accessed: 14/06/2014 03:41

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Travail et santé mentale :

les groupes à risque

Michel Vézina , Suzanne Gingras

ABRÉGÉ

Une analyse des données d'une enquête nationale de santé réalisée au Québec a per- mis d'identifier les secteurs d'activité économique et les emplois à risque d'une détresse psychologique élevée ou d'un état de bien-être psychologique faible. Le niveau de risque a été mesuré par des rapports de cotes, obtenus en contrôlant l'effet du soutien social, du sexe, de l'état de santé et des événe- ments stressants. Les résultats montrent que les secteurs d'activité économique à risque sont : les industries du cuir, des produits chimiques, des peintures et des vernis; les transports en commun urbains et le taxi; le commerce de détail, des chaussures, des vête- ments et des tissus; les magasins généraux et à rayon et les services de la restauration; le secteur des assurances et les services de l'administration publique, excluant la défense. Les emplois à risque concernent le personnel des transports routiers, excluant les conducteurs de camion; les travailleurs spé- cialisés dans les services du logement et dans la confection, le montage et la réparation de produits de textile, de fourrure et de cuir; les peintres, tapissiers et travailleurs en isolation et en imperméabilisation; les préposés au ser- vice des aliments et boissons; les opérateurs sur machine de mécanographie; les pro- fesseurs d'université et les rédacteurs.

ABSTRACT

Analysis of the Quebec Health survey identi- fied those Quebec industrial sectors and profes- sions in which workers are at risk of higher psy- chological distress and lower psychological well- being. Risk levels were measured by odds ratio, controlling for: health status, sex, social support and stressful life events. Results show that those at risk are blue collar workers and less qualified workers of traditional sectors. Lower job lati- tude could explain those results. Results show that risk of mental health problems is signifi- candy higher in the following industrial sectors: leather, chemicals, paint and varnish industries; urban bus transport and taxi; shoe, clothing and textile retail stores; department stores; restaurant services; insurance and public administration (excluding defence). Risk of mental health problems is higher in the follow- ing professions: road transport (excluding truck drivers); textile, leather, fur manufacturing and repairing; housekeeping and maintenance; painters, tapestry-workers, insulation and waterproofing; food and beverages sector; data processors; editors and university professors.

Malgré leur importance, les problèmes de santé mentale au travail ne font pas l'objet d'une surveillance systématique dans les pays occidentaux.2 Au Québec, comme c'est le cas de la majorité des organismes chargés d'indemniser les acci- dents et les maladies professionnelles dans le monde, la commission de la santé et de la sécurité du travail ne possède pas de données se rapportant aux problèmes de santé mentale qui puissent être utilisées à cette fin. D'ailleurs, lorsqu'elles sont acces- sibles, ces données sont difficilement com- parables d'un territoire à l'autre en raison du manque d'uniformité des critères diag- nostiques utilisés ou des normes détermi- nant le caractère compensable des troubles psychologiques. Des études de morbidité hospitalière ou de mortalité ont, par ailleurs, permis d'identifier certaines pro- fessions ou certains secteurs d'activités économiques où les travailleurs seraient plus à risque de développer une pathologie mentale. Ainsi, les professionnels de la santé auraient un taux de suicide plus élevé que celui attendu dans la population en général.3,4 De plus, les infirmières et les autres travailleurs de la santé auraient des taux accrus d'admissions hospitalières pour troubles mentaux.5'6 Les taux d'admissions à des centres de santé mentale seraient également plus élevés pour les emplois des secteurs de la santé et des services, de même que pour les cols bleus du secteur manufacturier.7 Les conclusions que l'on peut tirer de telles études sont cependant

Auteur chargé des accords de publication : Michel Vézina, Directeur de la santé publique de la région de Québec et professeur agrégé, département de médecine sociale et préventive, Université Laval, Pavillon de l'Est, Sainte-Foy, QC, G1K 7P4, Tél. (418) 656-7645 Cette étude est tirée d'un rapport réalisé à la demande du comité de santé mentale du Québec.1

limitées en raison notamment de la gravité des manifestations analysées ou encore du fait qu'il ne s'agit pas de données d'enquête réalisée auprès de populations représenta- tives.

Face à l'ensemble de ces lacunes, il nous est apparu important d'étudier les secteurs d'activité économique et les professions à risque de problèmes de santé mentale à partir d'une analyse spécifique des données d'une enquête nationale de santé.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

L'enquête Santé-Québec avait pour but de recueillir des informations sur l'état de santé tant physique que psychologique de la population du Québec. Elle a été réa- lisée, tout au long de l'année 1987, auprès d'un échantillon de 13 885 ménages privés représentatifs de l'ensemble des régions du Québec, à l'exception du Nouveau-Québec et des réserves indiennes; ce qui représente une population totale de 32 003 person- nes. De ce nombre, 10 500 étaient âgées de 18 à 64 ans et occupaient un emploi depuis au moins un an. Cette population se répartit en 6 4 47 hommes et 4 053 femmes. L'information a été recueillie à l'aide de deux questionnaires : l'un auto- administré et l'autre répondu par un inter- viewer auprès d'un répondant pour le ménage. Les taux de réponse à chacun de ces questionnaires ont été respectivement de 81 % et 87 %.8

La souffrance mentale a été évaluée à l'aide de deux indicateurs : l'indice de détresse psychologique et l'échelle de bien- être psychologique. L'indice de détresse psychologique permet de mesurer, dans une population, l'importance de certains symptômes psychiatriques. Il est construit à partir des réponses à un questionnaire

MARCH - APRIL 1996 CANADIAN JOURNAL OF PUBLIC HEALTH 135

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SOUFFRANCE MENTALE AU TRAVAIL ___

auto-administré de 29 questions, mesurant la fréquence, au cours de la dernière semaine, d'une Symptomatologie associée à la dépression, à l'anxiété, à l'irritabilité et aux problèmes cognitifs. Il s'agit d'un indice développé aux États-Unis,9 mais dont la fiabilité et la validité de la version française ont été démontrées au Québec.10 Dans la présente étude, le niveau élevé de détresse psychologique regroupe les per- sonnes ayant les scores situés en haut du 85e percentile (score >26,19) pour les 15 ans et plus de l'enquête Santé-Québec, ce qui représente 12,5 % dans notre échantil- lon limité aux travailleurs. L'échelle de bien-être psychologique utilisée dans l'enquête Santé-Québec est largement inspirée du General Psychological Well- Being Schedule At Dupuy,11 dont la fiabilité et la validité ont été vérifiées.12 Cette échelle a pour but de mesurer la perception globale qu'a un individu de son état de santé psychologique. Elle est développée à partir des réponses à un questionnaire auto-administré qui évalue la fréquence, au cours des 12 derniers mois, des aspects positifs et négatifs des sept dimensions suivantes du bien-être psychologique : l'énergie, le stress ressenti, l'isolement affectif, la maîtrise des émotions, l'humeur générale, l'intérêt face à la vie et la percep- tion de l'état de santé. Les répondants ont été répartis en quatre classes de bien-être. Ces classes sont établies en tenant compte de la sommation des scores obtenus aux questions concernant tant l'affect positif que négatif.13 Pour nos analyses, à l'instar de l'enquête générale de Santé-Québec, nous avons considéré les personnes répar- ties dans les deux classes inférieures de l'échelle comme ayant un indice de bien- être psychologique faible. Vingt-cinq pour cent (25 %) de l'ensemble de la population de l'enquête Santé-Québec, âgée de 1 5 ans et plus, ont un faible indice de bien-être psychologique comparativement à 21 % dans notre échantillon de travailleurs.

Les secteurs d'activité économique ont été regroupés selon la classification du Bureau de la statistique du Québec14 et les professions selon la classification du Code canadien des professions.15 Les variables de contrôle retenues sont : le sexe, l'âge, la charge familiale, les événements stressants, les problèmes de santé et le soutien social.

Le revenu et la scolarité n'ont pas été pris en considération, car ces variables sont fortement liées au type d'emploi.

La charge familiale a été mesurée par le nombre d'enfants de moins de 18 ans à la maison. L'indice d'événements stressants est construit à partir des réponses obtenues concernant huit situations vécues au cours des 12 derniers mois, en tenant compte du caractère plus ou moins stressant de ces situations pour l'individu. Les événements retenus concernent notamment la perte

d'un être cher, la présence d'un malade grave au foyer, un déménagement, etc. L'indice comporte quatre catégories qui vont de aucun événement stressant (zéro) à un score élevé (>9), en fonction des résul- tats de la multiplication de la fréquence par le niveau de stress perçu. Pour nos analy- ses, nous avons comparé le score élevé aux trois autres catégories regroupées. La mesure des problèmes de santé physique a été réalisée à l'aide d'un indice synthétique développé aux États-Unis16 et calculé à par-

TABLEAU I Répartition de la main-d'oeuvre active du Québec selon le

Recensement canadien et Santé-Québec

Secteur de l'activité économique Recensement canadien* Santé-Québec 1986 (%) 1987 (%)

Secteur des services 70,3 72,0 Services dynamiques 21,8 20,6 • Transports, communications, autres services publics 7,6 8,1 • Commerce de gros 4,5 2,7 • Finances, assurances et affaires immobilières 5,3 5,9 • Services aux entreprises 4,4 3,9 Services traditionnels 25,2 27,8 • Commerce au détail 13,0 13,2 • Services personnels 1 2,2 1 4,6 Services non commerciaux 23,4 23,5 • Santé et services sociaux 9,0 9,7 • Éducation 7,0 7,2 • Administration publique 7,4 6,6 Secteur des biens 29,7 27,9 Industries primaires 4,4 3,2 Fabrication 19,9 19,5 Construction 5,4 5,2 • Source : Statistique Canada, recensement 1 986.

TABLEAU II

Répartition des indicateurs de santé mentale en fonction du sexe, des événements stressants, des problèmes de santé, du soutien social,

de l'âge et de la charge familiale Détresse psychologique élevée Bien-être psychologique faible

% n % n

Sexe Masculin 9,1 479 17,9 940 Féminin 17,8 614 25,8 891

Événements stressants Faibles 11,4 925 19,4 1571 Élevés 29,0 149 43,6 225

Problèmes de santé Mineurs 9,1 458 16,6 836 Majeurs 17,2 621 26,7 962

Soutien social Présence 11,2 828 18,7 1374 Absence 20,0 260 34,0 445

Age < 25 ans 12,1 111 17,3 158 25-44 ans 12,5 674 20,8 1115 45-64 ans 12,7 309 22,9 558

Charge familiale Sans enfant 1 enfant 13,9 586 23,1 977 2 enfants 11,4 235 18,0 369 3 enfants 11,5 216 20,4 376 > 3 enfants 9,8 58 18,4 109

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SOUFFRANCE MENTALE AU TRAVAIL

TABLEAU III Risque d'atteinte à la santé mentale (RQ* dans certains secteurs

d'activité économique au Québec Secteurs d'activité économique Indicateurs de santé mentale à risque Détresse psychologique Bien-être

elevée psychologique faible n RC (IC) RC (IC)

Industries du cuir et des produits connexes 26 4,1 (1 ,9 - 8,8) 2,6 (1 ,2 - 5,7) Industries des produits chimiques, des peintures et des vernis 44 2,0 (0,95 -4,2) 2,2 (1,2 -4,1) Transports en commun urbains 43 3,2 (1,6 - 6,2) 1,8 (0,9 - 3,4) Taxi 33 3,6 (1,6- 7,8) 4,6 (2,2 -9,8) Sociétés et agences d'assurances 90 1,0 (0,6-1,7) 1,7 (1,1-2,4) Commerces de détail des chaussures,

vêtements, tissus et filés 38 1,6 (0,99-2,6) 0,6 (0,4- 1,1) Magasins généraux et à rayon 151 1,2 (0,7-2,0) 1,6 (1,1-2,4) Services de restauration 303 2,5 (1/8- 3,4) 1,4 (0,99- 1,8) Services de l'administration publique

(à l'exception de la défense et de la protection) 204 0,9 (0,5 - 1 ,4) 1 ,5 (1 ,0 - 2^1 ) Services de protection publique 119 1 ,8 (1 ,0 - 3,0) 0,96 (0,6 - 1 ,6)

* Les risques présentés sont calculés par le rapport de cotes (odds ratio), avec un intervalle de con- fiance à 95 % obtenu par régression logistique en contrôlant l'effet possiblement confondant du sexe, des problèmes de santé, des événements stressants et du soutien social.

tir des informations recueillies par le ques- tionnaire répondu par un interviewer de Santé-Québec. Il indique la présence ou l'absence d'incapacités, de problèmes de santé ou de symptômes. Cet indice varie sur une échelle de catégories mutuellement exclusives, allant de 1 (état minimal) à 6 (état optimal de santé). Pour les analyses, nous avons utilisé, comme pour l'enquête générale de Santé-Québec, les catégories 1 à 4 pour identifier les personnes ayant un problème de santé. Le soutien social a été évalué par un indice d'intégration social et par des questions se rapportant à la percep- tion de l'individu de sa vie sociale. Le pre- mier volet se rapporte à la fréquence des contacts que l'individu entretient avec des personnes significatives de son entourage, alors que le second concerne la satisfaction face à la vie sociale et la présence ou l'absence, dans l'entourage ou la famille, d'une personne à qui l'on peut se confier ou parler librement de ses problèmes. Pour nos analyses, la mesure du soutien social a été limitée à la présence d'un confident.

Dans un premier temps, nous avons vérifié si la population à l'étude présentait une distribution semblable à celle de la main-d'oeuvre active au Québec. Pour l'étude des professions et des secteurs plus spécifiques, nous avons limité nos observa- tions aux groupes comptant au moins 30 individus. L'annexe 1 présente la liste des professions et des secteurs qui n'ont pu être étudiés en raison de l'insuffisance des effec-

tifs. Nous avons par la suite évalué, à l'aide des rapports de cotes (RC), le risque d'altérations à la santé mentale relié à cer- tains facteurs non reliés au travail, tels les événements stressants, les problèmes de santé, le sexe et le soutien social. L'âge et la charge familiale n'ont pas été retenus comme variables de contrôle, car elles n'étaient pas suffisamment reliées aux indi- cateurs de santé mentale utilisés.

Les groupes ont été considérés à risque lorsque le rapport de cote, ajusté pour les variables de contrôle, était significative- ment supérieur à un, pour au moins un des indicateurs de santé mentale utilisé. Les rapports de cotes et leur intervalle de con- fiance (IC) à 95 % sont obtenus par des modèles de régression logistique, en tenant compte de l'effet du sexe, des problèmes de santé, du soutien social et des événements stressants hors- travail.

RÉSULTATS

Le tableau I nous montre que la réparti- tion de la main-d'oeuvre active du Québec selon le recensement canadien est sem- blable à celle de notre échantillon de l'enquête Santé-Québec, pour l'ensemble des secteurs de l'activité économique.

Le tableau II nous indique que la répar- tition des indicateurs de la santé mentale varie de façon importante selon le sexe et la présence ou non de soutien social, d'événe- ments stressants ou de problèmes de santé,

mais qu'il varie peu en fonction de l'âge ou de la charge familiale.

Le tableau III nous montre que les secteurs d'activité économique au Québec qui présente un risque accru d'atteinte à la santé mentale sont : les industries du cuir, des produits chimiques, des peintures et des vernis; les transports en commun urbains et le taxi; le commerce de détail, des chaussures, des vêtements et des tissus; les magasins généraux et à rayon et les ser- vices de la restauration; le secteur des assu- rances et les services de l'administration publique, excluant la défense.

Le tableau IV nous indique que les emplois au Québec qui présentent un risque accru d'atteinte à la santé mentale sont : le personnel des transports routiers, excluant les conducteurs de camion; les tra- vailleurs spécialisés dans les services du logement et dans la confection, le montage et la réparation de produits de textile, de fourrure et de cuir; les peintres, tapissiers et travailleurs en isolation et en imperméabili- sation; les préposés au service des aliments et boissons; les opérateurs sur machine de mécanographie; les professeurs d'université et les rédacteurs.

DISCUSSION

La principale limite de l'étude est liée au caractère transversal de l'enquête Santé- Québec et à l'absence d'information sur les antécédents professionnels des travailleurs échantillonnés. De plus, même si l'échan- tillon de Santé-Québec présente une distri- bution semblable à celle de chacun des secteurs et sous-secteurs de l'activité économique du Québec, il importe de mentionner que la méthode d'échantillon- nage utilisée ne permet pas de garantir une représentativité de l'ensemble des sous- catégories.

L'utilisation de deux indicateurs de santé mentale avait pour but de tracer un por- trait plus précis de la réalité de la santé mentale au travail. Les relations entre ces deux indicateurs n'ont jamais été claire- ment établies. Lorsqu'on croise ces deux indicateurs, on s'aperçoit que 31 % des cas de détresse psychologique élevée ne présen- tent pas un état de bien-être psychologique faible, alors que seulement 14 % des cas présentant un état de bien-être psy-

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SOUFFRANCE MENTALE AU TRAVAIL

TABLEAU IV Risque d'atteinte à la santé mentale (RQ* dans certains emplois au Québec

Emplois à risque Indicateurs de santé mentale Détresse psychologique Bien-être

elevée psychologique faible n RC (IC) RC (IC)

Peintres, tapissiers et travailleurs en isolation, couverture et imperméabilisation 38 0,9 (0,3 - 3,1) 2,9 (1,4-5,9)

Professeurs d'université et personnel assimilé 41 0,8 (0,3-2,2) 2,0 (1,1-3,8)

Rédacteurs 33 2,5 (1,2 -5,3) 1,6 (0,8-3,4) Conducteurs d'autobus et chauffeurs de

taxi et autre personnel d'exploitation des transports routiers, à l'exception des conducteurs de camion 113 2,9 (1,7-4,8) 2,7 (1,7-4,3)

Travailleurs spécialisés dans la confection, le montage et la réparation de produits de textile, de fourrure et de cuir 212 1,1 (0,7-1,6) 1,4 (1,0-1,9)

Travailleurs spécialisés dans les services de logement et les secteurs connexes 35 3,5 (1 ,8 - 6,7) 1 ,5 (0,8 - 3,0)

Préposés au service des aliments et boissons 120 3,1 (2,0-5,0) 1,5 (0,9-2,3)

Opérateurs sur machines de mécanographie 52 1,7 (0,9-3,3) 2,4 (1,4-4,3)

* Les risques présentés sont calculés par le rapport de cotes (odds ratio), avec un intervalle de con- fiance à 95 % obtenu par régression logistique en contrôlant l'effet possiblement confondant du sexe, des problèmes de santé, des événements stressants et du soutien social.

chologique faible n'ont pas de détresse psy- chologique élevée. Ces divergences peuvent s'expliquer par des différences entre les deux questionnaires tant en regard de la période de référence que de la nature des questions posées. En effet, les questions se rapportant à la détresse psychologique con- cernent des symptômes présentés au cours de la dernière semaine alors que l'état de bien-être psychologique couvre la dernière année. De plus, ce dernier indice, prenant en compte tant la Symptomatologie posi- tive que négative, n'est pas à même de détecter les personnes présentant des humeurs cycliques au cours de la période d'observation.

Par ailleurs, le fait de ne pas tenir compte dans nos analyses du revenu ou de la scolarité ne limite pas pour autant la nature de nos conclusions. En effet, il a déjà été reconnu que l'exclusion de ces variables des analyses ne prête pas à con- séquence lorsque l'on tient compte des événements stressants, de l'absence de sou- tien social et de la dégradation de l'état de santé, lesquelles sont des manifestations ou des conséquences de la défaveur économique.17 En effet, il a été montré dans une analyse complémentaire des don- nées de l'enquête Santé-Québec pour la région métropolitaine de Montréal, que lorsque ces caractéristiques de l'environ- nement social sont prises en considération,

le statut socio-économique perd tout pou- voir explicatif de l'état de détresse .ou de bien-être psychologique.18 De plus, cette étude a montré que la scolarité relative n'apparaît pas reliée au risque de détresse psychologique, lorsque l'on tient compte de l'indice de bonnes habitudes de vie. Reconnaissant les limites d'une étude transversale, les auteurs en arrivent cepen- dant à questionner l'hypothèse générale- ment admise d'un rapport entre classe sociale et niveau de détresse psychologique.

Le choix de considérer le sexe comme une variable de confusion, plutôt que de conduire des analyses séparément pour les hommes et les femmes, tient au fait que nous avons considéré, comme plusieurs autres auteurs,19,20 que la plus forte propor- tion de détresse enregistrée chez les femmes traduit des situations réelles, tant pour ce qui est de la vie au travail qu'en dehors du travail, plutôt qu'une vulnérabilité parti- culière liée au sexe ou une plus grande facilité des femmes à exprimer leurs problèmes personnels. Par ailleurs, une autre étude québécoise réalisée avec la même banque de données, mais en utilisant une classification différente, identifie à peu près les mêmes catégories professionnelles, en stratifiant pour le sexe.21

De façon plus spécifique, on peut dire que plusieurs des populations identifiées à risque dans notre étude ont déjà été recon-

nues dans des enquêtes américaines et sué- doises comme présentant un faible niveau de latitude décisionnelle, peu de soutien social et une demande psychologique élevée au travail;22 ces facteurs étant reliés à un risque de dépression et d'épuisement quatre fois plus élevé que les personnes n'ayant pas ces contraintes.23

Quant à l'interprétation des résultats, on peut vraisemblablement relier le travail répétitif ou dans un environnement toxique à l'excès observé dans les industries du cuir et des produits chimiques, des peintures et des vernis, de même que pour les préposés au service des aliments et bois- sons et les métiers de la confection.24 26 Le travail en relation d'aide, en situation de danger ou encore les horaires alternants pourraient expliquer l'excès de risque ren- contré chez le personnel de la protection publique.27 Quant à l'excès observé dans les secteurs de la restauration, du logement et du commerce de détail (incluant magasins à rayons), il peut être relié au travail en relation avec une clientèle ou encore dans des conditions d'emploi souvent difficiles, caractérisées notamment par un salaire minimum auquel peuvent s'ajouter des pourboires ou des primes qui sont autant de sources d'insécurité financière.28 Quant aux problèmes notés dans les services de transport, nos données sont compatibles avec les résultats de recherches qui ont montré que les signes physiologiques et psychologiques du stress étaient en nette relation avec les contraintes de temps que subissent notamment les conducteurs d'autobus, et sur lesquelles ils n'ont aucun contrôle.29'30 Pour expliquer l'excès rencon- tré dans certains services administratifs et de la bureautique (assurances, administra- tion publique, mécanographie), on peut invoquer le caractère répétitif de plusieurs tâches de bureau de même que la sous- utilisation des capacités des travailleurs de ce secteur.31,32 L'introduction de nouvelles technologies et l'intensification de l'usage de l'ordinateur ont aussi été reliées au développement de nouvelles tâches exé- cutées sous contraintes de temps, par les travailleurs de bureau et du secteur des ser- vices.33 L'excès rencontré chez les rédac- teurs peut être relié aux contraintes de temps auxquelles ces personnes ont à faire face en raison des heures de tombée.

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SOUFFRANCE MENTALE AU TRAVAIL

L'institut américain du stress classe d'ailleurs le journalisme parmi les 10 emplois les plus stressants.34 Enfin, quant à l'état de bien-être psychologique faible ren- contré chez les professeurs d'université, il peut être mis en relation avec les résultats d'une enquête réalisée au Québec auprès de cette population et qui montre que ces professeurs ont de longues semaines de tra- vail qui sont en lien notamment avec les pressions qui s'exercent sur eux pour qu'ils publient davantage et remplissent des tâches de services internes.35

En conclusion, on peut dire que, malgré ses limites, l'analyse des résultats de l'enquête Santé-Québec a permis d'identi- fier certaines populations de travailleurs à risque de problèmes de santé mentale. Parmi celles-ci, il convient de noter le nombre appréciable de cols bleus et de tra- vailleurs peu qualifiés du secteur des ser- vices traditionnels, où la vaste majorité du personnel est composée de jeunes et de femmes36 et chez qui on a montré, au Québec, une autonomie décisionnelle sig- nificativement plus faible comparativement aux autres travailleurs.37 Sur ce point, nos conclusions rejoignent celles d'une équipe de chercheurs de l'Université McGill qui affirmaient, il y a plus de 10 ans, que «même si le problème du stress au travail peut certainement affecter le personnel d'encadrement, il est surtout le fait des tra- vailleurs occupant des emplois de bas niveau, ceux qui n'ont pratiquement aucune liberté de décisions.»38

ANNEXE 1 A : Les professions avec effectifs insuffisants 235 Personnel spécialisé des bibliothèques, musées et archives 239 Autres travailleurs en sciences sociales et domaines connexes 251 Membres du clergé et assimilés 333 Artistes et techniciens de la scène, de la radio et de l'écran 336/337 Travailleurs spécialisés des sports et loisirs 41 6 Employés de bibliothèque, classeurs-archivistes, correspondanciers et travailleurs assimilés 61 6 Travailleurs spécialisés dans l'entretien des vêtements et des tissus d'ameublement 731 Pêcheurs, trappeurs et travailleurs assimilés 771 Mineurs, carriers, foreurs de puits de pétrole et de gaz et travailleurs assimilés 81 1 Travailleurs spécialisés dans le traitement du minerai 81 5 Confectionneurs de produits en argile, en verre et en pierre et travailleurs assimilés 829 Autres travailleurs des industries de transformation 835 Travailleurs du bois à la machine 837 Travailleurs spécialisés dans le travail de l'argile, du verre, de la pierre et des produits

similaires 839 Autres usineurs et travailleurs des domaines connexes, n.c.a. 857 Travailleurs spécialisés dans la fabrication, le montage et la réparation d'articles de

caoutchouc, de plastique et de produits similaires 91 1 Personnel d'exploitation des transports aériens 91 3 Personnel d'exploitation des transports ferroviaires 91 9 Autres personnels d'exploitation des transports 953 Mécaniciens de machines et d'installations fixes et travailleurs assimilés 955 Opérateurs de matériel électronique et de matériel de communication, n.c.a. 959 Autres ouvriers qualifiés et conducteurs de machines, n.c.a.

B : Les secteurs avec effectifs insuffisants 03 La pêche et le piégeage 1 2 Les industries du tabac 36 Les industries des produits du pétrole et du charbon

BIBLIOGRAPHIE

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Reçu : 30 janvier 1995 Accepté : 19 juillet 1995

140 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE VOLUME 87, NO. 2

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This updated edition of The Health of Canada's Children: A CICH Profile calls for a shift from an illness focus to a health focus: a recog- nition that determinants of health are broader than health services. In spite of the large array of data available, much that is needed still

does not exist. CICH draws attention to the many important topics ror which we have no current data. Taking steps to correct these deficiencies is a matter of urgency because the tendency is to assume that "no news is good news". This is not necessarily so.

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