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A P E D E S T R I A N I N L . A .

Un PIETON À LA / A PEDESTRIAN IN LA

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a Book about Los Angeleswithout car !

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A

PEDESTRIAN IN L.A.

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Do the worm on the Acropolis

Slamdance the cosmopolis

Enlighten the populace.

« Ghetto Defendant », Allen Ginsberg, The Clash.

Renaud, peint par Patricia Knop (Santa Monica - 2004)

Renaud Faroux

Historien de l’art, journaliste, auteur et photographe /Art historian, journalist, author and photographer

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PEDESTRIAN IN L.A.

Renaud F A R O U X

Unpiéton à

Texte et images / Texts and images

Graphisme / Graphic DesignJean-Jacques Tachdjian

Traduction en Anglais/ English translationValérie Vivancos

relecture / ReadingsChloe Baker

Préface / PrefaceCatherine Grenier,Commissaire générale du

Centre Pompidou.

CO

LL

EC T I O N

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Si dans l’imaginaire européen la ville américaine s’élève dans une fière et moderne verticalité, Los Angeles surprend au contraire le visiteur par son interminable déploiement horizontal. Le ruban du macadam, que prolongent la plage et la mer, le bandeau continu des maisons individuelles, enfin le pointillé que constituent les toupets des palmiers surplombant les habitations, donnent à cette anti-ville une inimitable qualité de familiarité. L’étranger se trouve immédiatement projeté dans une relation quasi domestique avec un urbanisme dépourvu de toute monumentalité. Parce que ni l’architecture, ni l’organisation urbaine ne se plient au fonctionnement symbolique habituel, parce que les emblèmes du pouvoir se dissolvent dans le réseau lâche mais infini d’un environnement uniforme, parce qu’enfin le mode de vie familial encapsulé dans ce décor nous est bien connu par le canal du cinéma et de la télévision, Los Angeles nous est immédiatement accessible.

Pourtant, tout est étrange dans cette ville, pour qui la découvre pour la première fois. La vieille utopie pionnière d’une ville à la campagne, que les entreprises de réurbanisation n’ont pas réussi à juguler, donne à celle-ci, du fait des développements de l’agglomération, un caractère anachronique et presque surréaliste. Caractère qu’accentuent ses nombreuses spécificités, tant physiques que sociales et psychologiques. Le contraste entre la force de la nature, qui fait irruption au cœur même d’une ville semé d’îlots montagneux et de champs pétrolifères, bordée par l’océan et soumise à des phénomènes climatiques violents, et la monotonie souriante de ces longues perspectives de maisonnettes, comme de ces micros jardins dédiés aux séances conviviales du barbecue. L’affirmation simultanée de la tradition, au travers d’une conception communautaire du quartier, dont les usages comme les formes sont restés quasi-inchangés depuis deux siècles, et d’une adhésion à l’innovation technologique qui se traduit aussi bien dans le tissus urbain, zébrée d’autoroutes, que dans les développements industriels propres à l’économie locale. Et aussi surprenant, sinon plus, pour un européen, le profil multiculturel de la ville et son ordonnancement topographique qui conduisent l’automobiliste à découvrir, dans un paysage urbain apparemment indifférencié, la cohabitation de mondes aussi divers que parfois divergents, accolés les uns aux autres sans espaces de transition. Los Angeles est une des villes occidentales les plus paradoxales qui soit, une ville qui condense tous les fondamentaux du mythe américain, et où tout concourre cependant à constituer une identité atypique.

L ’ a r t e t l a v i l l e c o n f o n d u s

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La scène artistique est à l’image de cette identité complexe et séduisante de la ville : ouverte et facilement abordable par un spectateur non averti , mais d’une prolixité et d’une diversité qui la font résister à l’analyse superficielle. Los Angeles est à la fois la ville la moins « esthétique », et la plus « artistique » qui puisse se rencontrer. À la différence des villes-musées, comme New York et San Francisco, ou Paris et Londres, polies par le temps et par l’histoire, elle s’offre comme un melting pot de sensations, de séductions, de répulsions qui se conjuguent pour former une expérience proche de celles que les artistes contemporains nous proposent. On ne s’étonnera pas que tous les aspects du spectaculaire propres à la ville, qu’ils s’agisse du cinéma, des scènes musicales jazz, rock ou punk, du théâtre, soient transposés dans le domaine de la création. Et il apparaîtra tout aussi évident que la culture populaire, Disneyland, le surf, les automobiles, les enseignes lumineuses et les inscriptions urbaines, soient recyclés directement dans l’art. Mais, plus encore, c’est le croisement de l’expérience du quotidien et des cultures exogènes, au travers de la cohabitation de ces multiples traditions, des échanges internationaux incessants, comme du brassage entre culture savante et culture de la rue, qui fait de la scène artistique de Los Angeles un magma de création vibrant d’une même pulsation que la ville. La performance, la vidéo, le film et, au delà de ces médiums spécifiques, l’installation et la création multimédia, participent par leur caractère réactif à cette conception vivante et expérimentale de l’art. Ceci sans abandonner pour autant les pratiques traditionnelles, comme la peinture ou le dessin, et même les techniques artisanales qui côtoient ici les technologie les plus sophistiquées. La ville, ses échanges culturels, ses communautés, son économie, ses industries s’intègrent, aux côtés de l’histoire de l’art, des mouvements artistiques internationaux contemporains, de l’histoire américaine, à une large palette dans laquelle les artistes piochent, sans souci hiérarchique, les constituants de leur art.

Vie ou théâtre ? La ville semble sous nos yeux se transformer successivement en une représentation théâtrale, un sit-com, une performance artistique ou un concert live… L’art et la vie confondus, tel est le pari engagé par les artistes, un pari amplement tenu par la ville.

Catherine GrenierConservateur en chefCollections contemporainesMusée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris

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� De la terrasse de James, Downtown la nuit.

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Il n’y a pas d’étoiles dans le ciel de L.A., elles sont toutes à ter re…

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Il est toujours difficile de parler d’une ville.

Si vous y êtes né, elle vous est trop proche quand

vous partagez sa langue, ses stéréotypes, ses

conventions, sa bêtise ou ses vices…Si vous venez d’ailleurs, comme moi aujourd’hui, elle gardera toujours le charme

d’un objet non identifiable, cette Los Angeles qui surgit des profondeurs du désert, le long du Pacifique.

It is always quite difficult to talk about a city. If you were born there, it is too close to you. You

are sharing its language, its stereotypes, its conventions, its inanity and its vices…

If you come from elsewhere, as I do today, it will always retain the charm of a non-identifiable object: this Los Angeles rising from the depths of the desert, along the Pacific Ocean.

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Coucher de soleil sur Wilshire Boulevard.

Muscle boy à Venice beach.

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10 Cimetière de voiture du LAPD à Chinatown.

Skate park à Venice beach.

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Dans les années 1980, c’était la voix aux accents chicanos de Roxane Frias à la télévision et les articles « made in Hollywood » de Philippe Garnier dans

« Libération » qui m’avaient éveillé au quotidien de Los Angeles. « Enfants du Rock », ils célébraient un monde alternatif, issu du bout de l’Ouest et mélangeaient la chaleur de l’océan à la contre culture, les délices interdits de la « Beat Generation » aux chromos des surfeurs et du cinéma.

In the eighties, it was the Chicano voice of Roxane Frias on television or the articles « made in Hollywood » by Philippe Garnier in the French newspaper « Libération » that enlightened me about the daily life in Los

Angeles. As « Rock Kids », they were celebrating an alternative world, coming from the far west, and they were mixing the warmth of the ocean with counter-culture, the forbidden delights of

the « Beat Generation » with glossy pictures of surfers and movies stars.

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XXL Sky, water, sun. You’re entering a real movie trailer.

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KITCH

Ciel, eau, soleil en XXL.

L’approche est une vraie bande-annonce.

LaVILLEduKITCH

GLAMConcert de hard rock au Roxy.

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Happening au 18th street Art Center, Santa Monica.

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J’évoquais dans une même séquence des légendes littéraires et cinématographiques : Scott Fitzgerald réduit à l’état de nègre alcoolique ; Nathanaël West pour qui « les Angelinos sont la crème des fous

à lier d’Amérique et ne sont pas du tout représentatifs du reste du pays » ; Faulkner, Fante réécrivant des scripts de série B. ; Brecht fulminant contre la mutilation de son travail ; Bukowski errant avec les clochards de la Public Library ; le premier bungalow de Marilyn Monroe engoncé entre l’autoroute et un château de plâtre blanc ; l’effigie en bronze de John

Wayne à cheval sur Wilshire Boulevard; le puissant parfum de cuir et de fureur de James Dean qui plane au dessus du Griffith Observatory, les piscines peintes par David Hockney ; le souvenir de Gena

Rowland, éternelle guide au L.A. County Museum dans les films de Cassavetes ; les cafés louches de Jim Morrisson sur Santa Monica Boulevard…

In a single sequence, literary and film legends flashed by : Scott Fitzgerald reduced to the state of an alcoholic shadow writer at the « Musso & Franck Grill » bar ; Nathanaël West regarding « the angelinos as they were only the pick of America’s madmen and not at all typical of the rest of the land » ; Faulkner, Fante re-writing B-series scripts ; Brecht fulminating at the mutilation of his work. The first bungalow owned by Marilyn Monroe

stuck between the motorway and a white plaster castle ; Bukowski wandering with the tramps of the Public Library ; the bronze effigy of John Wayne riding a horse on Wilshire Boulevard ; James Dean’s powerful scent

of leather and fury hovering above Griffith Observatory, the swimming pools and the mood of the detached houses painted by David Hockney ; the memory of Gena Rowland, eternal guide to the L.A. County Museum in Cassavetes’ movies ; the dodgy cafés where Jim Morrisson

used to hang out on Santa Monica Boulevard…

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Couple branché à Santa Monica.

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Restaurant Musso and Franck, Hollywood.

En longboard sur Venice beach.

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Is a city still real when one discovers it while still dreaming about it? When one is facing its historical depths and feels it has vanished several times, only to be born again, always, with a future constantly threatened by violent waves of seismic shakes? Here, in particular, « in this

universe of mental deterritorialization » as Jean Baudrillard calls North America, ideas, customs, religions and ethnic backgrounds are truly merging, but not always peacefully. This cosmopolitan clearing is the very essence of the Californian modernity.

Une ville existe-t-elle encore quand on la voit en même temps qu’on la rêve, quand on est confronté à sa profondeur historique et qu’on l’éprouve comme plusieurs fois disparue mais toujours recommencée? Ici en particulier, « dans cet univers de déterritorialisation mentale » comme Jean Baudrillard nomme l’Amérique du Nord, les idées, les mœurs, les religions, les ethnies se mêlent véritablement (non sans

violence). C’est l’essence même de la modernité que ce frayage cosmopolite.

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I have chosen to show my Los Angeles, the one Luis Bunuel wanted to shoot in « L.A. Sewers » and that ended up producing « Los Olvidados », the one

that escapes myths and that can hurt you.

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J’ai choisi de donner à voir ma Los Angeles, celle que Luis Bunuel avait le projet de filmer dans « Les égouts de L.A. » et qui donna finalement naissance à « Los Olvidados », celle qui échappe aux mythes et qui parfois fait souffrir.

Scène de rue sur Broadway boulevard.

Piscine de la Case Study House N°22.

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Scène de rue devant le LACMA.

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Couple du Chopper’s club de Burbank.

Rencontre entre Beatnick et policiers à Venice.

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Unlike the western which only shows the victorious fight and the glorification of the winner exalts a feeling of justice and condemns abjectness, while keeping in the shadow, the injuries, the dirt of suppurating open wounds, the stench from the sweat of ordinary heroes. In this essay, the obvious splendors of

California coexist with mundane matters and the daily routine of common people.

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À l’inverse du western où n’apparaissent que la lutte victorieuse et l’idéalisation du vainqueur qui exalte le sentiment de la justice et condamne les bassesses, laisse dans l’ombre, les blessures, la saleté des plaies qui suppurent, les puanteurs de la transpiration des héros du quotidien, dans

ma chronique, les splendeurs affichées de la Californie cohabitent avec les choses de la vie, le train-train des gens sans importance.

Premiers lotus de l’année à Echo park.

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During the ceremony where Michael Moore gave her an award for her cinematographic body of work, Agnès Varda, who knows the city well because she has shot several documentaries there, confessed to me with some humor: « In California, you can come and visit friends and smoke very refined types of herbs. In Los Angeles you can

come and see angels walking on the waters of the Pacific Ocean: In fact, they are blonde people on a stage! You can visit the major Hollywood studios and see movie stars in person. As far as I’m concerned, I have mainly seen walls in L.A. above all, graffiti, as beautiful as paintings, signed by dozens of anonymous

people on walls as long as mythical snakes.»

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Agnès Varda, qui connaît bien la ville, m’a confié non sans humour après une standing-ovation, au cours de la cérémonie où Michael Moore lui remettait un prix pour son œuvre cinématographique : « En Californie on peut venir voir des amis et fumer des herbes

très raffinées. À Los Angeles on peut venir voir des anges marcher sur les eaux du Pacifique : en fait ce sont des blonds sur des planches ! On peut visiter les studios majeurs d’Hollywood et voir pour de vrai les stars de cinéma. Moi, à L.A. j’ai surtout vu des murs. Tout d’abord des graffitis, beaux

comme des peintures, signés par des dizaines d’anonymes sur des murs longs comme des serpents mythiques. »

Mur peint sur la plage à Venice beach.

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Murs peints en hommage à Cesar Chavez à East L.A.

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Les tours de Downtown.

LAVILLEDENULLEPART

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Les ibiscus font leur fleur quotidienne. Les bougainvilliers dodelinent et éclaboussent de tâches fuchsia

l’asphalte déjà brûlant. Comme tous les matins, j’allume la radio sur KCRW pour écouter les sélections

de Nick Harcourt dans « Morning becomes eclectic ». J’entends vociférer Mike Ness et son groupe « Social Distortion », des anges rebelles

locaux. Sur les routes, les ponts, la circulation s’intensifie. Je me glisse moi-même dans

ce flot pour devenir une partie du grand manège.

Autoroute 405 dans la vallée de San Fernando.

Hibiscuses produce their daily flowers. Bougainvilleas sway gently and splash the already burning asphalt with fuchsia spots. Like every morning of the week, I tune

in on KCRW to listen to Nick Harcourt’s selection in « Morning becomes eclectic ». I’m hearing the screams of Mike Ness and his band, « Social Distortion », some local

rebellious angels… Over the roads and bridges, the traffic becomes denser.I too slip in the flux to become a small part of the big merry-go-round.

Tower Hall.

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Quand on parcourt Los Angeles, on se retrouve frileux, sans fil d’Ariane, dans un labyrinthe à ciel ouvert, assailli d’engins, de voitures, de bus, de motos,

de 4x4, de bagnoles trafiquées, de camions, de scooters, de choppers, de limousines, de voitures de sport… au milieu des autoroutes, des autoponts,

cerné de façades de maisons identiques, surveillé par les yeux globuleux des caméras et des hélicoptères. Et pour reprendre avec Blaise Cendrars :

« Tout simple piéton reste un suspect à L.A. ! » La colline « Hollywood » vu de l’autoroute.

When you explore Los Angeles, you can turn very cautious, lost in a roofless labyrinth without an Ariane thread, assaulted by engines, cars, buses, motorbikes, 4x4s, customized

bangers, trucks, scooters, choppers, limousines, sports cars… right at the heart of the motorways, of the flyovers, surrounded by the identical house-fronts, watched

over by the bulging eyes of cameras and helicopters alike. And to quote Blaise Cendrars: « In L.A., every pedestrian remains a suspect! »

En famille à Downtown

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Scène de rue sur la Route 66

Biker à Glendora

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Jardins à Santa Monica

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Dans cette ville où tout est en mouvement, règne pourtant une étrange impression d’ordre, de vide et de mystère comme dans un

tableau métaphysique de Giorgio De Chirico d’où toute humanité semble absente.

Sortie d’autoroute sur Hollywood Boulevard

Nonetheless, in a city where everything is in motion, a strange feeling of order, mystery and emptiness prevails, just like in a metaphysical

painting by Giorgio De Chirico, apparently devoid of humanity.

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30 Première au Chinese Theatre sur Hollywood Boulevard

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Mon premier contact avec Los Angeles ? C’est l’envie de repartir tout de suite, immédiatement ; c’est se dire que l’on s’est trompé. J’ai vu Hollywood, c’est-à-dire rien, un petit bout d’avenue avec un cinéma assez laid et des boutiques sans âme et sans âge !

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Eastern Tower à Downtown

My first contact with Los Angeles? It was an urge to leave once more, straight away, without delay ; as a recognition of one’s mistakes.I first saw Hollywood, i.e. nothing,

a short avenue with a rather ugly cinema some shops with neither soul

nor age!

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Then, someone brought me to Malibu, on the edge of the ring road, on an extremely dirty beach, with hovels dropped on the spot without any consideration for seaside conservation, along lengthy stretches of superhighways. I told to myself :

I can’t possibly stay here! It’s a mistake! am I in a bad movie? So, aimless, so drunk with images, I started to worry: I understood nothing, nothing at all. Then, past the

wondering, I started to fall in love. The interest, the astonishment ; I am not going to request Aristotle’s presence where he is not supposed to be, but without any astonishment,

there can’t be any thirst for knowledge, and there can’t be any love.

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Vue de la Beach House à Venice Beach

Puis on m’a amené à Malibu, au bord du périphérique, sur une plage sale à l’extrême avec des masures posées au mépris de toute protection littorale le long de grandes étirées de voies

express. Je me suis dit : je ne vais pas rester, c’est une erreur, c’est un mauvais film ? Et sans but, ivre d’images, je m’inquiète : je ne comprends rien, mais rien du tout. Puis je suis tombé amoureux après avoir été intrigué. L’intérêt, l’étonnement ; je ne vais pas convoquer Aristote là où il n’a pas lieu d’être, mais sans étonnement, il n’y a pas de démarche de connaissance, et il n’y a pas d’amour.

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Scènes de rue sur le Boardwalk à Venice Beach

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Mur peint sur Broadway. Avec les jours, je me suis aperçu, je ne sais pas si la formule est heureuse, que cette ville m’avait séduit, parce qu’elle est le creuset des contraires

absolus, des rencontres des extrêmes : du capitalisme affiché, d’une solitude démesurée, d’une pauvreté outrancière. Je perçois ces

disparités, cette palette changeante et frémissante m’émeut. Les plus incroyables signes d’opulence se manifestent dans

d’énormes bâtisses du quartier résidentiel de Beverly Hills.

As days passed by, I realized, I don’t know if these words are appropriate, that the city had seduced me, because it is a melting pot for absolute opposites, for extreme encounters : of ostensible capitalism, of an immense solitude, of a shocking poverty. I can

identify these discrepancies ; this changing and vibrating palette moves me. The most incredible signs of wealth become visible through

the gigantic houses in the residential district of Beverly Hills.

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Vernissage à la Ace Gallery. Ravalement de façade à Beverly Hills.

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Scène de drague sur Hollywood Boulevard

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À Bel Air, de véritables répliques de Versailles ou de Chambord rivalisent d’ostentation. Quelques kilomètres plus loin, des rues minables masquent leurs taudis, leurs bâtiments à demi écroulés, leurs fast-food pitoyables où l’on consomme de la nourriture en même temps que de la

drogue. Étalage extrême d’argent et de dénuement dans cette Mecque nouvelle toujours inondée de soleil. À l’heure du « sunset », vue de la longue et sinueuse Mulholland Drive, immortalisée dans les tableaux de David Hockney et le cinéma de David Lynch, L.A. semble

un brasier ensanglanté à perte d’horizon ; du même belvédère, dans la nuit de laque noire, se dessine une géométrie de lumières, piste d’atterrissage pour d’improbables aéronefs. Los Angeles semble

immatérielle, quand le soleil resurgit, éclairant les canyons entre montagne et mer au-dessus des tours de Downtown, baignant

de clarté les vagues de collines. Au nombre de sept, comme dans toutes les métropoles qui ont

joué un rôle dans l’histoire du monde !

In Bel Air, true replicas of Versailles or Chambord try to outdo each other’s flamboyance. A few kilometers away, derelict streets

are hiding their slums, their half-crumbling buildings, their pathetic fast-food restaurants were food and drugs are

being consumed at the same rate. An extreme display of money and neediness occurs in this new Mecca, constantly

flooded by sunshine. At sunset, seen from the long and sinuous Mulholland Drive, immortalized in David Hockney’ paintings and

David Lynch’s movies, L.A. looks like a bleeding fire, stretching on the horizon; from the same belvedere, in the glossy black night, a geometry of lights comes into sight, a runway for unlikely aircrafts. When the sun rises again, Los Angeles looks insubstantial,

illuminating the canyons between the mountains and the sea above Downtown towers, throwing its light on the undulating hills. Seven of them, as in all the metropolis that played a major role in the history of the world!

Sur Sunset Boulevard, dans le bus vers Santa Monica

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Un CASTING permanent

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Sortie de boîte de nuit sur Sunset Boulevard

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Pendant un temps, expatrié, j’ai jeté l’ancre aux rives de cet « océan de métal bouillant ». J’habite sur Miracle Mile, dans un complexe de petites maisons de style mexicain des années 1950. C’est plutôt ancien pour L.A. ! Les murs sont creux, le

parquet incertain mais résiste encore aux termites, les fenêtres semblent de papier. Dans mon repaire, vers 21 heures, plus de bruit, celui du silence seulement, les vibrations de l’air et les ondes des voitures courant sur les autoroutes au loin. Aucun piéton, pas de voisin turbulent, chacun

reste chez soi, discret et à ses affaires. Enfin, quelques chiens ponctuent le passage d’une ombre. J’entends surtout dans la nuit le chant d’un oiseau schizophrène que les lumières des « back streets » empêchent de se taire. Je suis à quelques pas d’Hollywood Boulevard, dans la campagne d’asphalte, de néons et de palmiers…

Un CASTING permanent

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Rapid Bus sur Fairfax Avenue Fast-food au Farmers Market

For a while, as an expatriate, I dropped my anchor on the shores of this « ocean of boiling metal ». I live on Miracle Mile, in a group of small Mexican style houses from

the 50’s. It is rather ancient for L.A.! The walls are hollow, the wooden floor is unreliable but it still resists termites, the windows seem to be made of paper. In my den, around 9pm, no more noise, apart

from the hum of silence, the vibrations of the air and the waves of cars racing on distant highways. No pedestrian, No rowdy neighbor, everyone to one’s place, discrete and minding one’s own

business. In the end, a few dogs pace the passing of a shadow. During the night, I am mainly hearing the song of a schizophrenic bird that back street lights prevent from keeping quiet. I

live few steps away from Hollywood Boulevard, in a countryside made of asphalt, neon lights palm trees…

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C’est une évidence qui m’assaille à mon réveil : l’essence de la Cité des anges, c’est le rapport entre la superficialité et la profondeur. Parfois, tout

semble facile, en apesanteur, comme dans une « cha-ba-da city ». Los Angeles ressemble toujours à un campement du temps de la

conquête de l’Ouest. À la place des chariots bâchés et des tentes, on a bâti des maisons, des gratte-ciel, mais l’essentiel de ces

constructions est précaire. Le crépi leur donne l’apparence de murs, mais le matériau le plus utilisé, c’ est le bois. Il est bon

marché sur la Côte Ouest et plus résistant aux tremblements de terre. Et sur les autres édifices, sur tout ce qui sort de terre, s’exerce une manie frénétique : démolir pour reconstruire.

This evidence overcomes me as I wake up : the essence of the City of angels is the relationship between superficiality and depth. Sometimes, everything

seems easy, weightless, as in a « cha-la-la city ». Los Angeles still looks like a settlement dating back to Western pioneers. Instead of covered

chariots and tents, houses and skyscrapers have been built, but most of these constructions are precarious. The roughcast gives them an appearance of walls, but wood is the most currently used material. It is cheaper on the west coast and stronger in the event of an earthquake. And for the other buildings, for everything that rises from the ground, a craze is spreading : to demolish and to build again.

La pyramide de la Bibliothèque centrale.

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Le Hall de la gare centrale.

Notre Dame de Los Angeles construite par Raphaël Moneo.

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It is not rare to see workmen with colored hard hats and fluorescent dungarees busy to build scaffoldings with a dexterity close to the magic work of fairies.

Here one prefers to bulldoze rather than live in somebody else’s house. It’s Decors-City, as it was portrayed by the main character of West’s novel « The day of the locust » : « But not even the soft wash of dusk

could help the houses. Only dynamite would be of any use against the Mexican ranch houses, Samoan huts, Mediterranean villas,

Egyptian and Japonase temples, Swiss chalets, Tudor cottages, and every possible combination of these styles that lined the slopes of the canyon. When he noticed that they were all of plaster, lath and paper, he was charitable and blamed their shape (…)

but plaster and paper know no law, not even that of gravity. »

Il n’est pas rare de voir des ouvriers en casques colorés et salopettes fluo affairés à monter des échafaudages avec une dextérité proche du travail

magique des fées. Ici on préfère raser plutôt que d’habiter dans la demeure d’un autre. C’est la cité-décor, celle décrite par le héros du roman de West

« L’incendie de Los Angeles » : « Le doux lavis du crépuscule ne pouvait améliorer les maisons. Seule une charge de dynamite aurait été de

quelque utilité contre les fermes mexicaines, les huttes polynésiennes, les villas Côte d’Azur, les temples égyptiens ou japonais, les chalets

suisses, les chaumières élisabéthaines, et toutes les combinaisons de ces différents styles qui bordaient les pentes du canyon. Lorsqu’il s’aperçut qu’elles étaient toutes faites de lattes plâtrées et de papier, l’indulgence lui vint car il pouvait rendre les matériaux employés responsables de leur forme (…) le plâtre et le papier ne

connaissent aucune loi, pas même celle de la pesanteur. »

Batiment de Capitol records sur Hollywood Boulevard

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Vernissage à l’Otis College

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Vendeuse de fringues au Jazz Festival de UCLA.

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Digestion à la Gare Centrale.

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A historical patina remains only on the Franciscan missions that were built at a time when, in France, the holy faces of roman churches were being crushed down with

a sledgehammer. The legendary past is obvious at Union Station, the last of the great American train stations, which remains one of the most stunning testimonies of neo-Moresque architecture of the 1930’s.

Une patine historique subsiste seulement sur les missions franciscaines qui furent construites aux temps où, en France, on écrasait les visages sacrés des églises

romanes, à coups de masse. Le passé légendaire s’exprime dans la dernière des grandes gares américaines, Union Station, qui reste un des plus beaux témoignages de l’architecture néo-mauresque des années 1930.

Mairie de Beverly Hills

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Elizabeth au vernissage de la Brewery��

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Aujourd’hui, depuis le toit de mon habitation, la ville est plate et luisante comme une omelette saupoudrée de grandes palmes ondulantes. Un paysage qui paraît étrange dans un tableau n’est souvent que l’imitation scrupuleuse d’un paysage étranger. Dans la ville, pas vraiment ville, où tout est « fake », le même sentiment d’artifice m’envahit quand j’arrive en

voiture sur Hollywood Boulevard avec ses immenses panneaux. Tandis que je roule, un colosse en slip Napoléon me vante « Calvin Klein » ; une Uma Thurman géante me fait un clin d’œil complice. Moi, je ne demande rien ! Je veux simplement voyager. Et cette sorte de rêverie érotique me tombe perpétuellement dessus.

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Publicité sur Hollywood Boulevard.

Today, from the roof of my house, the city is looking flat and gleaming like an omelet sprinkled with large, swaying palms. A landscape that looks strange in a painting is

very often a scrupulous imitation of a foreign landscape. In the city, not really a city, where everything is « fake », the same feeling of artifice overwhelms

me when I drive into Hollywood Boulevard with its huge billboards. As I drive on, a colossus with a Napoleon briefs is selling « Calvin Klein » to me ; a

gigantic Uma Thurman is meaningfully winking at me. But I haven’t asked for anything! I only want to take a trip. And this type of erotic daydreaming

is constantly assaulting on me.

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Scène de tournage sur Grand Avenue.��

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Ici, les seuls moments où on dévie la circulation, ce n’est pas pour un président de la République étranger, mais pour la sortie d’un film ou pour la publicité d’un produit! Je comprends mieux alors

dans quel nouveau monde je suis. Un univers d’images, de superficiel où même les serveurs des restaurants semblent chercher la caméra, et pas seulement dans les romans de Bret Easton

Ellis. Tout métier est potentiellement un casting. L.A. est bâti sur du sable, du pétrole, de l’or et de la poudre, en lévitation sur la crête

écumante de la vague. Tout est « smooth », fluide, comme un air

de jazz West-Coast, velouté comme la trompette de Chet Baker, savoureux

comme la contrebasse de Ron Carter.

Here, the only time when traffic is being diverted is not to welcome a foreign head

of state, but for the launch of a movie or the promotion of a product! I am

therefore starting to understand what king of world I live in.

A universe of images, of superficiality

where even waiters in restaurants seem to be

looking for the camera, and not only in Bret Easton Ellis’ novels. Every job is potentially a casting. L.A. is

built on sand, oil, gold and powder, levitating on the foaming crest of the wave. Everything is « smooth », fluid, like a West-Coast jazz tune, velvety

like Chet Baker’s trumpet, flavorsome like Ron Carter’s double bass.

Le bassiste Ron Carter en concert à la Jazz Bakery.

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Vernissage Rembrandt au Getty Center.

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La face cachée de ce théâtre est la nouvelle Silicone Vallée, l’Université de CalTech et ses 25 prix Nobel, le Centre de Recherches du Getty Institute dirigé par Tom Crow qui accueille des génies des cinq continents dans de multiples domaines. De même le Getty Center a le plus gros budget d’acquisitions des musées du monde et collectionne les archives de notre temps.

C’est ici aussi que Kenichi Ohmae, l’inventeur du mot « globalisation » ouvre à UCLA son école supérieure d’études de ces phénomènes actuels. Aucune ville n’est aussi bien documentée sur elle-même. Tout y est répertorié, trié, enregistré, filmé, fliqué… et rien n’est entièrement hasardeux.

The hidden side of this stage is the new Silicon Valley, the University of CalTech and its 25 Nobel prizes, The Research Center of the Getty Institute run by Tom Crow who welcomes geniuses in various fields from the five continents. Likewise, the Getty Center has the biggest purchasing budget of all the

museums in the world and is collecting the archives of our era. This is also where Kenichi Ohmae, the inventor of the phrase « globalization » opened in UCLA his faculty specializing in current phenomena. No other city is as thoroughly documented about itself. Everything has been archived, classified, recorded, filmed,

controlled by authorities… and nothing has entirely been left to chance. �1

Les escaliers du Getty Center la nuit.

Le LACMA, la nuit.

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Une ville-banlieue

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C’est à n’en pas douter, un concept d’Européen, car comment parler de banlieue dans cet immense amas de constructions sans point focal ?

L’image de la cité, on la trouve dans les photos de Denis Hopper et les tableaux d’Edward Rushae : une juxtaposition hyperréaliste de supermarchés, de villas, de stations services, de motels, de fast-food…

This is, undoubtedly, a European concept. How could one speak about suburbs from this immense pile of buildings without any focal point?

The image of the city can be found in the photographs of Denis Hopper and the paintings of Edward Rushae : a hyper realistic juxtaposition

of supermarkets, detached houses, gas stations, motels, fast-foods…

Scène de rue à East L.A.

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And the map of ethnical gatherings, so typical of the cities of the new world, is being woven on this canvas. This is where men and women live. I am therefore

suggesting, without any paradox, that L.A. is the modern Athena. If the model of the Greek City from the 5th century has a universal meaning,

therefore Los Angeles stands for this reference today, because everyone already lives or will soon come to live like people do here. My fellow humans, my contemporaries inhabit a

« No man’s land », in a universe without any hyper center, -or whose center, so remote, has lost its actuality. The same greedy urbanity known by the people who live in Mexico City, Cairo, or Lagos… In order to revive the city’s dynamism, in the fields of transports, town planning or applied arts, many communities get involved, in particular the workshops of « Pasadena

College of Design », of « CalArts » or the « Grand Avenue Committee » who are rethinking the designs of Downtown-Los Angeles as Pasadena.

Et sur ce canevas se tisse la carte des regroupements ethniques si caractéristiques des villes du nouveau monde. C ’est là que vivent les hommes. Alors je ne suis pas loin de dire sans paradoxe que L.A. est l’Athènes

moderne. Si le modèle de la Cité grecque du Ve siècle a eu un sens universel et bien Los Angeles représente aujourd’hui cette référence, parce que tout le monde vit déjà ou vivra bientôt comme ici. Mes semblables,

mes contemporains occupent un « No man’s land », dans un univers sans hypercentre, -ou dont le centre, si loin, n’a plus de réalité. La même

urbanité dévorante que connaissent les habitants de Mexico, du Caire, ou de Lagos…Pour redynamiser la cité, dans le domaine

des transports, de l’urbanisme ou des arts appliqués, beaucoup s’impliquent, en particulier les ateliers du « Pasadena College of Design », de « CalArts » ou encore, le « Grand Avenue Comittee » qui redessinent ensemble Downtown-Los Angeles et Pasadena.

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U.C.L.A Jazz Festival

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Famille chicana au Lotus Festival Supermarché ouvert 24h sur 24h.

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Botanicas, pharmacie « mystique » mexicaine.

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Biker sur l’autoroute 5

Police montée à Santa Monica

Jean-Paul Sartre wrote that ‘ L.A. looks like a big earthworm that could be cut in 20 slices without being killed. » What he also noticed about this suspended cityscape is that : « in the very heart of the city, two modern buildings, two white cubes, are framing a wasteland with a shattered ground: a car park. A palm tree grows between the

cars like weed. » This reminds me of a song Joni Mitchell is whispering to me : « it was Paradise, and they built a parking lot… ». Sartre clearly positions himself within a kind of nostalgia related to the destroyed biological entity. So does Joni Mitchell to some extent. The hippy paradise has been shattered.

I am not asking myself these questions. I am simply noticing that our kids, the future of the world and ourselves are part of this discontinuity.

Pour sa part Jean-Paul Sartre écrivait que « L.A. ressemble à un gros ver de terre qu’on pourrait couper en 20 tronçons sans le tuer. » Il retenait aussi de ce paysage à la volée : « En pleine ville, deux immeubles modernes, deux cubes blancs, encadrent un terrain vague au sol défoncé : un parking. Un palmier croît entre les autos, comme une mauvaise herbe. »

Cela m’évoque une chanson de Joni Mitchell qui me susurre : « It was Paradise, and they built a parking lot… » (C’était le Paradis, et ils ont construit des places de parking…) Sartre se situe clairement par rapport à une nostalgie qui aurait été l’entité biologique qui aurait été détruite. Joni Mitchell aussi dans une certaine mesure. C’est le paradis hippy qui a été détruit.

Moi je ne me pose pas ces questions. Je constate simplement que nous, nos enfants et le futur du monde s’inscrivent dans cette discontinuité.

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Le Disney Concert Hall de Frank Gehry

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Bob Baker, le maître des marionnettistesCe qui s’invente ici comme réponses ou comme ripostes prend valeur universelle. On est loin de la superficialité. On est dans un laboratoire où les questions d’urbanisme

les plus intimes de la ville sont celles qui vont se poser au reste du monde : comment reconquérir un espace, comment créer des rencontres d’individus dans des espaces

juxtaposés, comment vivre avec quelqu’un qui vient d’ailleurs, qui ne parle pas ma langue, qui ne prie pas comme moi, qui n’a pas mon rapport à la

consommation. Paysage sans espace public, fragmentation, dislocation … Aujourd’hui une grande surface, le « mall » est devenu, en fait, un

repère social, un lieu d’échange et de convivialité quand on a 15 ans. J’appréhende directement une évidence : une cité jardin, idéal américain, consomme un espace immense et génère une ville-banlieue qui à son tour engendre une ville monde, sorte de reflet de

l’humanité.

The responses or reactions being invented here bear a universal significance. We are far from superficiality. We are in a laboratory where the most intimate town planning

questions of the city are those the rest of the world is about to face : How to regain a space, how to trigger meetings between individuals in juxtaposed spaces,

how to live with someone who comes from elsewhere, who does not speak my language, who does not pray like I do, who does not have my approach to consumerism. A cityscape without a public space, fragmentation, dislocation … Today, the mall has even become a social landmark, a locus for exchange and conviviality when you are 15 years old. I immediately understand something obvious: the garden-city, an American ideal, is taking up a huge space and generating a suburbia-city, which, in turn gives birth to a world-city, as a kind of mirror image of humanity.

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Une ville minière au pays du lotus

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Un matin sur le boardwalk à Venice.

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The Angelinos will hardly or reluctantly mention earthquakes. It is a taboo topic. They need to be encouraged

in order to evoke the one they’ve been through. They have integrated the idea, perhaps like in the Venice of

the Quattrocento Pest, of the baroque seventeenth century that it could all end up very badly and very quickly. Earthquakes in Los Angeles are a daily probability. One could also call it Chernobyl, war, if you’re unhappy enough to be living in Darfour, Irak, or Afghanistan, a terrorist attack, the apocalypse, in Banda

Aceh, in New- Orleans, in Pakistan… So you live with this feeling, and a greater acuteness than anywhere else, that everything can end, that everything will end. The awareness of death is there and the awareness of death makes you less stupid! A crack, the end, mass destruction.

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Un matin sur le boardwalk à Venice.

Les Angelinos ne parlent jamais ou peu volontiers des tremblements de terre.

C’est un tabou. Il faut vraiment les pousser pour qu’ils vous évoquent celui qu’ils ont connu. Ils ont intégré l’idée, peut-être comme dans la Venise des pestes du Quattrocento, du XVIIe siècle

baroque que tout ça peut très mal finir. Très vite. Le tremblement de terre à Los Angeles est une probabilité quotidienne. On peut aussi l’appeler Tchernobyl, la guerre, si tu as le

malheur d’être au Darfour, en Irak, en Afghanistan, une attaque terroriste, l’apocalypse, à Banda Aceh, à New- Orleans, au Pakistan… Alors on vit

avec l’impression, et avec une plus grande acuité qu’ailleurs, que tout peut finir, que tout va finir. La conscience de la mort est présente et la conscience de la mort, ça rend moins con ! Fêlure, fin, destruction massive.

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Pourtant, s’il y a un lieu où l’on pense que l’on est immortel, c’est bien L.A. cette ville où l’on veut éternellement rester jeune et hype ! Faut-il être dupe ?

La vieille femme qui se fait tirer la peau, c’est le vieux marquis, sa mouche et sa poudre des écrits de Casanova… La cité est beaucoup plus fellinienne que l’on ne croit. Il faut juste pénétrer l’univers peint par Robert Williams, le plus californien de tous les artistes actuels ; se

balader une soirée avec Kim Fowley, le « Prince » du Sunset Strip entre les bars, les salles de rock

et les sex-shops ; se rendre aux temples de la contre-culture que sont la librairie-galerie : « La Luz de Jesus » ou encore « Amoeba » un des plus fabuleux magasins de disques au monde.

However, if there is a place where one thinks of oneself as immortal, it is also L.A., the very city where people want to

stay forever young and trendy! Should one be naïve? The old woman who has her face lifted, is just like

the old marquis, his beauty spot and his powder in Casanova’s writings… The

city is even more Felliniesque than one could think. It is just like entering the world painted by Robert Williams, the most Californian of all contemporary artists; to stroll, during an evening, with Kim Fowley, the « Prince » of Sunset Strip between bars, rock venues and

sex-shops to go to the temples of counter-culture such as the book store-gallery: « La Luz de Jesus » or « Amoeba » one of the most fabulous

record store in the world.

Kim Fowley le « Prince du Sunset Strip »��

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un bel exemple de l’amérique de demain, elle est noire, les yeux bridés et elle parlera l’espagnol

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Emilie sur Sunset Boulevard.

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un bel exemple de l’amérique de demain, elle est noire, les yeux bridés et elle parlera l’espagnol

Scène de rue sur Broadway

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Concert au Roxy

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Quant au paysage naturel, il est d’une beauté époustouflante. Remanié par les artifices de la main humaine, il est le support recherché d’un hédonisme quotidien. Il suffit pour s’en convaincre de déambuler sur le « Board

Walk » à Venice Beach. Une population sortie des images futuristes de « La Guerre des étoiles » et des catalogues de « Fitness » côtoie des zombies aux yeux hallucinés qui vivent encore la bohème, baba-cool exaltés par les vers

d’Allen Ginsberg, les chansons de Bob Dylan et la musique de Jimmy Hendrix.

L’accident d’Alice.

When it comes to the natural landscape, its beauty is really astonishing. Reworked thanks to the trickery of the human hand, it is the thought after platform of a daily hedonism. To be convinced of it, you just need to wander on the « Board Walk » in

Venice Beach. A population coming from the futuristic images of « Star Wars» and « Fitness » catalogues is mingling with wide eyed zombies who are still living some hippy bohemia, exalted by the poetic lines of Allen Ginsberg,

the songs of Bob Dylan the music of Jimmy Hendrix.

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un bel exemple de l’amérique de demain, elle est noire, les yeux bridés et elle parlera l’espagnol

La ville semble gonflée à l’hélium : les voitures, la nature, la nourriture, les supermarchés, les femmes, les hommes, la pauvreté, la richesse. Ici comme chez Sade : « Tout est bon quand il

est excessif. » Les Angelinos se disent décomplexés par rapport aux cousins de la Côte Est ou à l’aïeul européen : chacun peut se donner, se lâcher, et c’est vrai qu’ici, l’expérience peut choquer, voire même insupporter : culte du corps, 4x4, consommation poussée à son extrême, méfiance vis-à-vis de l’Etat, multiplication des armes à feu…L’âme pionnière et profonde de toute la « Sun Belt » de Houston à San

Francisco. Cela serait l’effet frontière : on a été de plus

en plus loin pour bâtir son rêve. Mais c’est oublier que la frontière comme son nom l’indique c’est aussi le contact…

The city seems inflated with helium: cars, Nature, food, supermarkets, women, men, poverty, and richness. Here, like in

Sade’s work: « everything is good when it is in excess. » The Angelinos pretend to be self-confident in comparison

with their East Coast cousins or their European ancestors: Here, everyone can show off, be over the top: and it is true that the experience can be risky, and even unbearable : cult of the body, 4x4, extreme consumerism, distrust of the state, proliferation of weapons…The pioneering and deep soul of the whole of the « Sun Belt » from Houston to San Francisco. This could be the frontier effect: people have gone further and further to

build their dream. But they forgot that the frontier, as its name suggests, is also about contact…

Eilleen, punkette de 20 ans.

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Judy Mitoma, la directrice du festival d’Art Sacré.

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Vendeur ambulant à Santa-Monica

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Les universités californiennes sont le lieu de formation des élites de Corée, de Chine, et du Japon. La puissance des fratries étudiantes asiatiques se mesure, si j’ose dire, à l’œil

nu à UCLA. On n’est pas dans la dernière ville d’Amérique, on est dans la première ville du Pacifique ! Au cœur

du paradoxe, cette métropole ne s’est jamais pensée comme une « dead line » mais comme une occasion,

comme une ouverture, toujours prête pour un casting ou une audition. Les voyages officiels du maire de Los Angeles : c’est Pékin, Shanghai, Sydney... Il y fait de longs séjours pour chercher des « sisters cities », des villes sœurs qu’il trouve désormais en Chine ou au Japon.

The universities of California are a training spot for the elites of Korea, China, and Japan. The power of Asian students brotherhoods can be

measured, if I dare say, with a naked eye in UCLA. There, you are not in the last city in America, but in the

first city of the Pacific. At the core of the paradox, this metropolis has never thought of itself as a deadline but as an opportunity, like an opening, always

ready for a casting or an audition. Nowadays, official trips bring the Mayor of Los Angeles to Beijing, Shanghai, and

Sydney... He spends a long time there to find sisters cities and finds them in China or JapanJeune maman à U.C.L.A.

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Jacky, directrice d’école publique à Downtown.

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un bel exemple de l’amérique de demain, elle est noire, les yeux bridés et elle parlera l’espagnol

Si l’histoire du monde, comme disait Braudel, c’est l’histoire des océans et des mers, on est passé de la Méditerranée à l’Atlantique. Aujourd’hui, le temps du Pacifique est venu et un

avenir resplendissant s’ouvre pour Los Angeles, pas simplement en termes de débouchées économiques, ce qui est déjà considérable, mais surtout en termes culturels. Quelle grande puissance mettre en face du Pékin olympique? - Los Angeles doublement olympique! Est-ce un hasard si la rue principale

de Chinatown est devenue un concentré de toute la ville. La première cité que les

Chinois rencontrent sur leur chemin naturel, c’est Los Angeles qui est le « limes », la frontière de l’Empire. Cependant les flux d’immigration les plus importants viennent du sud, du

Mexique notamment.

If the story of the world, as Braudel used to say, is the story of the seas and oceans, one has gone from the Mediterranean

to the Atlantic Ocean. Today, the time of the Pacific Ocean has come and a radiant future is

opening up for Los Angeles, not only in terms of economical opportunities,

which is already remarkable, but also in cultural terms. What great power could face the Olympic Beijing? -Los Angeles twice host of the Olympic games! Is it a coincidence if the main street in Chinatown has become a condensed version of the whole city? The first city that the Chinese find

on their natural route, is Los Angeles which is the « limes », the frontier of the Empire. However, the most important immigration flux has come from the South, particularly

from Mexico.

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Scène de rue au Farmers Market.

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Porte d’entrée de Chinatown

Tatoueur

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Le maire Démocrate depuis 2005 est « Chicano », il s’appelle Antonio Villaraigosa. Dans sa ville, un habitant sur deux est

de langue maternelle espagnole. Il est clair pour beaucoup que l’Amérique de demain parlera l’espagnol. Il y en a qui

hurlent, d’autres le déplorent, certains se flagellent, voire se crispent sur la Bible. C’est comme ça. L’auteur Luis Alfaro incarne la réalité angélinaise quand il transpose l’ « Electre » de Sophocle dans le « barrio Latino » au milieu des gangs de East L.A.. À l’analyse des courbes démographies des populations, Los Angeles porte

à juste titre son nom hispanique de mère des anges : c’est une mère qui accouchera probablement d’un bébé

américain aux yeux bridés qui parlera l’espagnol…

Since 2005, the Democrat mayor is « Chicano », his name is Antonio Villaraigosa. In his city, the mother tongue of every

other inhabitant is Spanish. It is also clear for many people that tomorrow’s America will speak Spanish. Some

scream, some regret it, other punish themselves, or hold on tight to the Bible. That’s how it is. The writer

Luis Alfaro embodies the Angelinos reality when he transposes Sophocles’s « Electra » in the « barrio Latino » amongst the East L.A gangs. When you analyze the demographic curves of population, Los Angeles rightfully bears its Hispanic name of mother of the Angels: This mother will probably

give birth to an American baby with slit eyes, who will speak Spanish…

Scène de rue à Broadway.

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Panneau électoral à East-L.A.

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Et si nous sommes aussi dans la deuxième ville de Corée du Sud, « ville monde » à la Braudel, on n’est pas n’importe où : il y a la bannière américaine partout, pas de problèmes

là-dessus , « God Bless America » ! Pour sa part, le drapeau californien rappelle des débuts assez cocasses que raconte dans un de ses spectacles mon amie Cristina. En 1846,

quelques aventuriers Yankees, en majorité des déserteurs de baleiniers, buvaient beaucoup de vin, dans la petite ville de Sonoma. Passablement éméchés, ils proclamèrent la République indépendante de Californie. Ils arrêtèrent l’Alcade mexicain, qui leur remit son pistolet. Puis ils arrachèrent le jupon d’une dame qui les accompagnait pour y peindre un ours maladroit. C’est cet étendard qui se déploie fièrement à côté du drapeau étoilé. Los Angeles reste principalement un pur concentré « d’américanéité » marqué par le sourire carnassier de Ronald Reagan et aujourd’hui d’Arnold Schwarzenegger.

And if we also are in the second biggest South Korean city, a « world-city » in Braudel’s vein, we are not just anywhere : The American Banner is everywhere, no

question about it, « God Bless America ’! As for the Californian flag, it is a reminder of the rather comical beginnings that my friend Cristina tells in one of her

shows. In 1846, a few Yankee adventurers, mainly deserting their whalings, were heavily drinking wine, in the small town of Sonoma. Rather drunk,

they proclaimed the autonomous Republic of California. They stopped the Mexican Alcade, and asked for his gun. Then, they tore the petticoat

of a lady who was with them in order to paint a ludicrous bear on it. This is the very flag that is now floating proud next to the star spangled banner. Los Angeles largely remains a pure concentration of Americana marked by the carnivorous smile of Ronald Reagan and, today, Arnold Schwarzenegger.

L’actrice Monica Sanchez en répétition.

Arthur, sculpteur bohème

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Vendeur d’oiseaux au Lotus Festival

Cependant à côté des conditions de travail inégalitaires, du pouvoir exorbitant des idéologies économistes, de l’étalage gênant des richesses,

des interdits du puritanisme, de la glorification du sexe et des mystiques, s’inscrivent toujours les vraies valeurs positives des pionniers. Elles œuvrent au métissage, à l’intégration des minorités, à la survie des déshérités, et allument les lanternes magiques de la culture. Dans la deuxième ville fédérale du pays après le Pentagone, les gratte-ciel du centre scintillent comme des dents largement découvertes et signifient à tous que le loup même aux pays du cinéma ne se nourrit pas que de rêve.

However next to the unequal work conditions, the huge power of economic ideologies, the embarrassing display of wealth, the prohibitions

of Puritanism, the glorification of sex and of mysticisms, the real positive values of the pioneers still stand. They are working towards racial

mixing, the integration of minorities, survival of the needy, and they are lighting the magic lanterns of culture. In the second major

federal city in the country after the Pentagon, the skyscrapers in the centre twinkle like teeth in a wide smile showing to

everyone that even in the land of cinema, sharks do not only feed on dreams.

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Un espace post-moderne

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The first thing to do when you a rive

to a new city, is to look for the Piazza,

the centre! There are many obvious

categories for us, coming from European cities (when

talking about European cities, I also mean New York, in some way, as a city of the Atlantic arc, directly inspired by the

European model), There are things one can easily gather: there is a difference between the public space and the private space. In the urban

public space you find: the street, the square, the church, the fire station, the tribunal, the museum and its surroundings; the private space is made of the

home (the greek penates)! In Los Angeles, unfortunately this is not true!

La première chose que l’on fait en débarquant dans une ville, c’est de chercher la Piazza, le centre ! Il y a des tas de catégories qui vont de soi pour

nous, habitants des villes d’Europe (j’appelle ville d’Europe, New York aussi, dans une certaine mesure, ville de l’arc atlantique, ville directement inspirée du modèle européen), il y a des choses que l’on comprend bien : il existe une différence entre l’espace public et l’espace privé. Il y a l’espace public urbain : la rue, la

place, l’église, la caserne, le tribunal, le musée et ses alentours ; l’espace privé, c’est la maison (les pénates grecs) ! À Los Angeles, dommage, ce n’est pas vrai !

L’autoroute 405.

��Charlie dans les rues de Downtown

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Un match de base-ball au Dodger Stadium.

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Page 81: Un PIETON À LA / A PEDESTRIAN IN LA

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Cristina Frias avant son spectacle « Chica-Inca ».

Ici beaucoup d’événements publics se passent dans des endroits privés. A un moment donné, dans l’exercice d’un métier, on va se retrouver chez quelqu’un. Mais vraiment, chez lui, avec ses chaussures à l’entrée, avec les gosses qui sont là ! Cela sera un loft, cela sera très chic ou un peu « destroy », mais un lieu privé nous accueille dans des situations qui

appartiendraient chez nous à l’ordre du domaine public, pour une conférence de presse, le lancement d’un film, la présentation d’une œuvre, ou quelque chose qui relèverait d’un centre d’art, d’un musée, à la limite d’une place.

Here, many public events take place in private spaces. At some point, during the course of your job, you can find yourself in somebody else’s space. I mean, completely, in his home, with his shoes in the hall, with his kids there too! It could be a loft, it could be very chic or a little «rebel», but a private space is

welcoming us in situations that we would keep in the public domain; for instance, a press conference, the launch of a movie, the presentation of a work of art, or something that would belong to an art centre, a museum, or possibly a square.

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Concert au Roxy.

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In Los Angeles a private space becomes public space. All of this has been cleverly described by Mike Davies in his book « The City of Quartz ». In fact, this city has never been designed with a concern for the public space; On the contrary, this is heaven for private properties and established capitalism, as its founding fathers intended it to be.

Slightly tight moralists, they used to say: one should distrust Sodom and Gomorrah. I am not going to tell which is which: New York and San Francisco, means of perdition. In order to escape vices, here is the culture of individualism, of the plot of land, of the detached house. People cultivate their gardens, live at home, organize barbecues at the week-end… and as a consequence, one is almost certain that there will not be any of these large

gatherings inducing clandestinity, since anything can happen in a crowd, including immorality. �3

Serveuse au Dodger Stadium.

Colleur d’affiche à Hollywood.

À Los Angeles un espace privé est un espace public. Tout cela est bien écrit dans le livre « The City of Quartz » de Mike Davies. En fait, cette ville n’a pas été conçue avec le souci de l’espace public ; au contraire, c’est le paradis de la propriété privée, des capitalismes traditionnels, selon la volonté de ses pères fondateurs. Un peu rigoristes moraux, ils disaient : il faut se défier de

Sodome et Gomorrhe. Je ne dirai pas qui est qui : New York et San Francisco, c’est-à-dire deux villes de perdition. Pour échapper aux vices, ici, c’est la culture de l’individualité, du lopin de terre, de la maison particulière. Les gens cultivent leur jardin, vivent chez eux, organisent des barbecues le week-end… et comme cela, on est à peu près certain qu’il

n’y aura pas ces grands rassemblements propices à la clandestinité, puisque dans la foule tout peut arriver, et donc l’immoralité aussi.

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On a du mal à concevoir de grands ensembles immobiliers dans une ville qui bouge de façon tellurique. Il faut se plier aux contraintes des constructions anti-sismiques. Los Angeles est à la fois un océan

de banalité – celle de l’habitation ordinaire, des centres commerciaux standards et des stations services – et un musée d’architecture de plein air où plusieurs générations de grands architectes modernes et contemporains ont laissé leur signature, notamment pour des maisons particulières. Aujourd’hui les constructions de Frank Lloyd Wright, Rudolf Schindler, Richard Neutra, Charles Eames, Pierre

Koenig, John Lautner, Craig Ellwood… sont compilées dans les livres d’architecture. Mais leur sauvegarde est un combat de tous les jours. Quand j’ai rencontré en 2002 le Docteur Bailey (le

voisin du couple Eames) qui habitait dans une maison témoin de Richard Neutra, il me présenta un cahier. C’était le grand architecte qui le lui avait donné, il y a 50 ans, pour que les visiteurs y notent leurs impressions. Je tournais avec tristesse et stupeur les pages blanches… À part mon ami Charlie et moi personne, du vivant du propriétaire, n’a jamais signé ce livre.

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It is hard to imagine large groups of buildings in a city that moves in telluric ways. The constraints of earthquake-resistant constructions have to be obeyed. Los

Angeles is both an ocean of banality – that of the ordinary dwelling, of the formatted shopping centers and of gas stations – and an open-air museum of architecture, where several

generations of great modern and contemporary architects have left their mark, particularly when it comes to private houses. Today the buildings of Frank Lloyd

Wright, Rudolf Schindler, Richard Neutra, Charles Eames, Pierre Koenig, John Lautner, Craig Ellwood… have all been compiled in architecture books. But their conservation remains a daily struggle. In 2002, when I met Doctor Bailey (the neighbourg of the Eames couple) who was living in one of Richard Neutra’s model house, he handed me a notebook. It was the great architect who had given it to him, 50 before, so that the visitors could write down their impressions.

I was sad an devastated to flick through blank pages… Apart from my friend Charlie and I, no one had signed the book during the life of the landlord.

Les tours de Watts construites par Simon Rodia.

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��La Maison de Charles et Ray Eames.

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À L.A., on est dans cette réalité que Michel Foucault appelle « l’espace post-moderne ». En fait pour dire les choses très concrètement, pendant quelques jours ou quelques mois, on cherche le centre, puis, on finit par s’apercevoir que le centre, c’est soi. Le centre, il est là où je suis. Ce n’est pas du tout un problème d’épistémologie : cette ville t’impose de comprendre qu’ elle se bâtit autour

de toi. Le centre, il est là où tu le fais, il est là où tu te trouves. Cela correspond d’ailleurs à nos savoirs post-modernes qu’ils soient de sciences politiques, de psychologie, ou de philosophie. C’est qu’en fait, on ne considère d’une ville que le centre et à Los Angeles, impossible de se

raccrocher à la science historique : le sentiment d’appartenance ne sera pas une espèce de savoir commun sur les bâtiments disparus de Bunker Hill.

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In L.A., you are in this reality that Michel Foucault calls «post-modern space». In fact, to state things clearly, for a few days or a few months, you will be looking for the centre, and then you will start to realize that the centre is you. The centre is here, where I am. This is not an epistemological problem at all: This city forces you to understand that it is

built around you. The centre is where you make it; it is where you are located. Besides, this relates to our post-modern knowledge whether they deal with political sciences, psychology, or philosophy. The fact is that, a city is only seen through its centre. In Los Angeles, it is impossible to cling to historical science: the feeling of belonging will not be a kind of common knowledge about the vanished buildings of Bunker Hill.

L.A. vu de la Case Study N°22 dont Carlota est depuis toujours la propriétaire.

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Car c’est quoi la tradition à Los Angeles ? Pour un certain nombre de gens cela peut être la Bibliothèque centrale ; la Tour carrée de la mairie, vague copie du Mausolée d’Halicarnasse et bureau du « Daily Planet

» dans « Superman » ; ou dans le ghetto de Watts, les tours de Simon Rodia … pour d’autres, cela va être les lettres d’ argent d’ Hollywood, les studios de cinéma, les bimbos affriolantes de Malibu, les grands hôtels de Santa-Monica, les tatoueurs allumés de Venice-Beach, le rap déjanté de Snoop-Dog qui rythme les mouvements du port de San-Pedro, le hot dog ketchup-moutarde d’un match des Dodgers, le calme apaisant de Marina del Rey! Ce qui est absolument évident, c’est que Los Angeles est véritablement et plus que partout ailleurs dans le monde, une somme d’expériences

individuelles, une somme d’histoires individuelles qui concernent aussi bien des personnalités que des gens sans importance.

Mariacci qui se fondent dans une fresque à East-L.A.

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Because what is tradition in Los Angeles? For some people it could perhaps be the central library; the square tower of the town hall, a pale copy of the Mausoleum at Halicarnassus, and the office of « Daily Planet » in « Superman »; or else in the Watts ghetto, the Simon Rodia towers. For other people, it will be the golden letters of Hollywood, the film studios, the enticing bimbos of Malibu, the grand hotels in Santa-Monica, the wacky tattoo artists in Venice-Beach, Snoop-Dog’s wild

rap pacing every move in the port of San-Pedro, the ketchup’n’mustard hot dog in a Dodgers game, the appeasing tranquility of Marina del Rey! It is absolutely obvious that Los Angeles is truly and more than anywhere else in the world, a sum of individual experiences, that equally concern celebrities and ordinary people.

Match de base-ball.

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Pershing Square

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Enseigne de théâtre sur Broadway.

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SDF sur Los Angeles Avenue.

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Grande cité, grande solitude

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Here is one of the very few cities where you can find the greatest technological sophistication, the greatest culture and the greatest

oblivion of what is natural, provided culture is being built in a fight against

nature! I have met a rattlesnake, a coyote; wild roarings in the most sophisticated places have startled me. If one

insists on this sum of individual experiences, one can realize that the « surf-skate » culture counts as much as the « pueblo-

mexicano » one, the culture of baseball as much as religion…

C’est l’une des très rares villes où existent la plus grande sophistication technologique, la plus grande culture, le

plus grand oubli du naturel, si la culture se bâtit dans une lutte

contre la nature ! J’ai rencontré un serpent à sonnette, un coyote, j’ai sursauté à des

mugissements sauvages dans des endroits hyper sophistiqués. Si on insiste sur cette somme d’expériences individuelles, on s’aperçoit que la culture « surf-skate » compte autant que la culture « pueblo - mexicano », le baseball autant que la religion…

« Air-guitar boy », un guitariste sans instrument.

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Grande cité, grande solitude

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Au coin d’Hollywood et de Las Palmas

It is about another relationship. Synthesis should be banned and subjectivity valued, with the risk of absolute subjectivity. It is very

worrying because it means that Los Angeles can be a very dark, very harsh city. I have sometimes felt unbearably lonely in this

megapolis. As he was « On the road», Jack Kerouac noticed : « LA is the loneliest and most brutal of American cities. » The actor Robin Williams

says ironically that there he feels « like a hemophiliac in a razors factory». James Ellroy warns us: « Los Angeles: you go there on holiday, you come back on parole! »

As far as I am concerned: « Sun, Silence and Secret, » the three « S » desired by Albert Camus juxtapose their existentialist relation to the travel agents’ « Sea, Sex, and Sun »

C’est d’un autre rapport. Il faut bannir la synthèse et vanter la subjectivité, avec le risque de la subjectivité absolue. C’est très angoissant parce que cela veut dire

que Los Angeles peut être une ville très noire, une ville très dure. J’ai parfois été d’une solitude sidérale dans cette mégapole. « Sur la route », Jack

Kerouac soulignait : « Los Angeles est la ville la plus brutale et la plus solitaire aux Etats-Unis ». L’acteur Robin Williams ironise et s’y sent « Comme un hémophile dans une usine de rasoirs ». James Ellroy met en garde : « Los Angeles : vous y venez en vacances, vous en repartez en liberté conditionnelle ! »Pour moi : « Soleil, Silence et Secret, » les trois « S » désirés par Albert Camus juxtaposent leur appartenance existentialiste au « Sea, Sex, and Sun » des tours operators.

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Contractuelle sur La Brea Avenue.

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Hot-dog, ketchup-moutarde et frites.

Idée de cadeaux pour la fête des pères.

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When the Dalaï Lama visited UCLA in 2003 and the « Festival of Sacred art» was produced, his holiness said that if there was one place I the world to practice syncretism, ecumenism (as opposed to the domination of one religion over the other) and if should make sense, it should happen here. Because everything has the same worth and nothing really is predominant. There are Chicano drama groups called « Corner stone », or « Culture Clash » who work on the social translations of these « faiths », and I am deliberately using the plural form of faith. Now and again, people expect to meet god by eating magic mushrooms ; someone once lead me to hot springs, just outside the city, while reciting Carlos Castaneda, and I found this very touching. It is an extremely individualistic city, but as it is

difficult to build oneself anthropologically, to fine one’s beliefs alone, people obviously have a strong desire to meet, to face one another.

Lors de la visite du Dalaï Lama à UCLA en 2003 et la création du « Festival d’art sacré », sa Sainteté avait dit que s’il y a un endroit au monde où on peut faire du syncrétisme, de l’œcuménisme (pas l’impérialisme d’une religion sur

les autres) et que ça ait un sens, c’est ici. Parce que tout se vaut et rien n’a vraiment prédominance. Il y a des groupes de théâtre chicanos qui s’appellent « Corner stone », « Culture Clash » qui travaillent sur les traductions sociales de ces « fois », je dis bien ces fois au pluriel. De temps en temps, des gens espèrent rencontrer Dieu en mangeant des champignons hallucinogènes ; quelqu’un m’a conduit vers les sources d’eau

chaude à la sortie de la ville en récitant Carlos Castaneda, et je trouve cela touchant. C’est une ville extrêmement individualiste, mais comme anthropologiquement il est difficile de se bâtir soi-même, de trouver seul sa foi,

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Mosquée sur Olympic ��

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Il y a un désir forcément de se regrouper, de se confronter. Les gens sont attentifs, mais se laissent parfois abuser, peuvent se laisser manipuler : c’est la ville des sectes, des gourous, des malhonnêtes,

des faiseurs, des excès politiques… dont Charles Manson, Jim Jones, le « Dahlia Noir », la scientologie… ne sont que le désespérant reflet. On lit ça dans la littérature américaine! Dans la Cité

des Anges, Dieu est partout, comme une réclame de dentifrice,de cigarette, d’alcool, de cinéma et de médicament ; le dieu des billets de dollars « in God we trust » ; le dieu national qu’exaltent

les prédicateurs et les politiques garant de l’ordre établi. Au beau milieu de spirales de béton et de carcasses de voitures sous les cymbales du soleil, les immenses inscriptions

de néon proclament « Libérez-vous du stress », « Jésus sauve du pêché ». Los Angeles demeure la capitale des prophètes qui prêchent la sagesse, des quêtes mystiques, des sectes extatiques, des télé-évangélistes, des éditions consacrées à l’hindouisme, au bouddhisme, des drogues qui ouvrent les portes de la conscience… c’est-à-dire de tout ce qui s’oppose à la précision intellectuelle de l’occident. Il y a là un autre rapport à

la curiosité, à l’ouverture ou simplement à l’autre.

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People are very cautious, but sometimes, they can also be abused and they can be manipulated: it is the city of sects, of gurus, tricksters, makers and political excess… Charles Manson, Jim Jones,

the « Black Dahlia », Scientology… merely are a distressing reflection of this state of things. You can read it in American literature! In the city of angels, god is everywhere, like an ad for a

toothpaste, cigarettes, alcohol, movies and medicines; the god of the dollar bill « in God we trust » ; the national god magnified by preachers and politicians to keep everything under control. In the middle of spirals of concrete and car skeletons,

under the cymbals of the sun, huge neon signs are claiming « free yourself from stress », « Jesus saves from sin ». Los Angeles remains the capital of prophets who preach wisdom, of mystical quests, of ecstatic sects, of TV preachers, of publications devoted to Hinduism, Buddhism, of drugs opening the doors of consciousness… in fact, of everything that is opposing the intellectual precision of the west. There is a very different relation to curiosity, to openness or

simply to the other person.

Centre de Scientologie sur Hollywood Boulevard.

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Alternatives créatives

Autoportrait chez les bijoutiers de Downtown.

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Le peintre pop Derek Boshier dans son atelier.

Alternatives créatives

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So many people are so different, so many people come from distinctive cultural pools that if you want to develop a basic social life, it is preferable, in the beginning, to hear what the other has to say. You must hear the mythology, an even the mythomania of every one you

meet. Who are you? What does it mean? It is important to understand it at this point.

Tant de gens sont différents, tant de gens viennent de bassins culturels différents qu’à priori il est préférable, si l’on veut avoir un minimum de vie sociale, d’entendre ce que l’autre dit. On écoute la mythologie, voire la

mythomanie de chacun. Qui es-tu ? Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est important ici de le comprendre.

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Cette multiplication d’expériences individuelles ou de petits groupes d’accès au divin est le signe d’une énorme métropole,

d’une communauté humaine (de 16 millions d’habitants) qui a décidé une fois pour toutes d’écouter, d’entendre et de se faire entendre. En particulier pour les arts : c’est peut-être

aussi profond que pour la religion. La capacité de faire des rencontres est inouïe. Je me suis trouvé dans des fêtes où on bavarde avec des stars : Benicio dell Torro, Christina Ricci, Beck… des créateurs indépendants : Peter Alton, Danny Hoch, Jef Côtet, Andy Soriano, James Trussard, Christina Frias, Diane Rodriguez, Clayton Campbell, Jimmy Maslon, Derek Boshier, Paul Verdier…

The multiplication of individual experiences or of small groups that can reach the Divine is the sign of a gigantic

metropolis, of a human community (of 16 millions people) that has decided, once and for all, to listen

to, to hear and to be heard. In particular when it comes to the arts. It might even be as deep as for religion. The possibility of meeting people is astonishing. I have found myself in parties where you can chat with stars like Benicio dell Torro, Christina Ricci, Beck… underground creative people like Peter Alton, Danny Hoch, Jef Côtet, Andy Soriano, James

Trussard, Christina Frias, Diane Rodriguez, Clayton Campbell, Jimmy Maslon, Derek

Boshier, Paul Verdier… Jimmy Maslon, producteur de musique et de video à Hollywood.

Paul Verdier, créateur du festival Ionesco au « Stage Theatre ».

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James Trussard, luthier mythique à Echo Park.

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Peter Alton, réalisateur, monteur, acteur.

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where you can rub elbows with the directors of the most prestigious galleries, script-writers, photographers, des producers, musicians; the artists can easily access places

which they are usually banned from. René Clair who visited L.A. in 1936 was enthralled by the working techniques

of Charlie Chaplin and Walt Disney : « these artists have no interaction with the outside world. They are their own producers, directors. They are

writing their own story and their own music. » These two Hollywood legends never actually met each other. Both their main characters, a mouse and a tramp, both homeless (like the 280.000 registered in L.A.), have changed the face of the history of Cinema. It is here that behaviors are being invented therefore, if « a

product» works, it is worth trying it out on the rest of the planet. This is must come from the ability to listen and a taste for risk.

On peut côtoyer les directeurs des plus prestigieuses galeries, des scénaristes, des photographes, des producteurs, des musiciens ; les artistes vont avoir sans problème accès à

des lieux qui d’ordinaire leur sont interdits, fermés. René Clair qui visite L.A. en 1936 est fasciné par les méthodes de travail de Charlie Chaplin et de Walt Disney : « Ces artistes n’ont aucune interférence avec l’extérieur. Ils sont leur propre producteur, réalisateur. Ils écrivent leur propre histoire, et leur propre musique. » Ces deux monstres sacrés d’Hollywood ne se sont jamais rencontrés. Leurs deux héros, une

souris et un clochard, deux « homeless » (comme les 280.000 sans abris recensés à L.A.), ont révolutionné l’histoire du 7e Art. C’est ici que les comportements s’inventent et donc si

« un produit » fonctionne, on peut tenter le coup sur le reste de la planète. Cela est à mettre en rapport avec cette capacité de l’écoute et du goût du risque.

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U.C.L.A Jazz Festival 2005

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Lesaffairescontinuent

John Doe, le bassiste chanteur du groupe « X » sur scène au King-King à Hollywood.10�

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Cette litanie que je retiens de l’analyse d’Adorno (il la retrouve éparpillée pour chaque signe zodiacal), est adaptée à la ville comme

une sorte de maxime métaphysique. Mais ici les choses sont faites moins en

termes de durée qu’en termes d’impact ! Ce qui compte c’est

finalement, si l’on prend le vocabulaire amoureux,

la puissance du coup de foudre plus que la

durée du mariage.

I am remembering this litany from the analysis

of Adorno (he found it scattered on every star

sign prediction), perfectly matches

the city as a kind of metaphysical axiom. But here, things are being done in terms of impact rather than duration! What matters in the end, if you adopt the love vocabulary, is the strength of love at first sight

rather than the duration of the union.

un bel exemple de l’amérique de demain, elle est noire, les yeux bridés et elle parlera l’espagnol

Wanda Coleman, lecture de ses poèmes au Urban-Café, Santa Monica.

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Its contradictions probably are what make L.A. fascinating, as this anti-city which is, nonetheless, the second largest city in the United States. You just need to consider the range of artists, writers and film makers who have used it as a background for their works from Raymond Chandler to John Fante, Bradbury, Bukowski, Ellroy, Connely, Selby Jr … Robert Altman, Wim Wenders, Quentin Tarantino, Paul Thomas Anderson… To quote Fred Dewy (who runs « Beyond Baroque », the bookstore and theatre of the « Beat Generation » ) one of the greatest voices, today, in Los Angeles is the voice of the poetess Wanda Coleman, the

« L.A. blues woman » when she declaims : « L.A. to love you is to have my heart split open without the possibility of mending. You hurt me again and again. You hurt me with your poor your alienated your disenfranchised. And yet I still can’t leave you. Still can’t put you down. No regrets, because somebody new looks good to you.

No regrets, Orange Town, no matter what you say or do. I know my love will linger when other loves forget. So I’ll hang tough and love you. With no regrets. »

Ce sont sans doute ses contradictions qui rendent fascinantes L.A. , cette anti-ville qui est pourtant la seconde ville des Etats Unis. Il n’est que de voir la pléiade de créateurs qui

en ont fait la toile de fond de leurs œuvres depuis Raymond Chandler, John Fante, Bradbury, Bukowski, Ellroy, Connely, Selby Jr … Robert Altman, Wim Wenders, Quentin Tarantino, Paul Thomas Anderson… Une des grandes voix actuelles de Los Angeles pour citer Fred Dewy (le Directeur de « Beyond Baroque », la librairie et le théâtre de la « Beat Generation » ) est celle de la poètesse Wanda Coleman, la « L.A. blues woman » quand elle déclame : « L.A. t’aimer c’est avoir mon cœur ouvert en deux sans la possibilité de le raccommoder. Tu me blesses avec tes pauvres, tes aliénés, tes sans-droits. Et pourtant je ne peux toujours pas te quitter. Toujours pas te laisser tomber. Aucun regret parce que quelqu’un de plus jeune te plaira toujours. Aucun regret, ville orange, je me moque de ce que tu dis et de ce que tu fais. Je sais que nos amours subsisteront quand d’autres seront oubliées. Donc je m’accroche dur et je t’aime ; Sans aucun regret »

Artiste au vernissage du Otis College, promotion 2005.

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À East L.A., devant la « Homeboy Bakery », une institution qui sort les jeunes du circuit des gangs.

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Les défauts majeurs de la Cité des Anges, paroxysme de l’étalement urbain, ville impraticable sans voiture, superficialité des comportements, luxe tape à l’œil… portent paradoxalement une part statistique de rêve : celui de la maison individuelle, celui des strass et des paillettes de l’univers hollywoodien, celui enfin d’une vie naturelle heureuse sous la dimension magique de l’espace californien. À Los Angeles, comme partout tout coule, tout change, tout bouge ; mais une chose demeure : l’énergie, la remise en cause perpétuelle des acquis de la vieille Europe, l’ouverture aux sciences et à la nature, l’inter culturalité qui font que cette ville bizarre vous transforme de voyageur sans bagage en véritable Angelino. Cette fourmilière d’humains fonctionne par réseaux comme un club fermé aux règles subtiles et non écrites qui propagent un message humaniste insistant sur l’importance des valeurs.

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The Shelley’s en concert au King King.

The major flaws of the City of Angels, the paroxysm of urban spreading, a city I which you can’t live without a car, the superficiality of behaviors, the tacky luxury… paradoxically bear a statistical part of

dream: that of the individual house, of the glitz and glitter from the Hollywood world, and finally of a natural and happy life under the magical dimension of the Californian space. In Los Angeles, like

anywhere else, everything is fluid, shifting, moving; but one thing remains : The energy, the perpetual questioning of the heritage from the old Europe, the openness to sciences and to

nature, and the inter-culturality. Thanks to all of this, this bizarre city changes you from a hands-free traveler to a true Angelino. This swarming human colony functions via a series of networks like in a private club with subtle and unwritten rules that spread a humanistic message stressing the importance of values.

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Xavier à la sortie du spectacle de Bob Baker.

Le peintre Robert Williams dans son garage.

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Scènes de rue sur Glendale Avenue

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Comme un mantra cocasse et pathétique, j’ai en mémoire de façon obsessionnelle les prières d’Arturo Bandini. Dans « Ask the dust », il m’a fait aimer l’anglais et je répète après lui quand je déambule dans les rues de Downtown :

« Los Angeles, give me some of you ! Los Angeles, come to me the way I came to you, my feet over yours streets, you pretty town I loved

you so much, you sad flower in the sand, you pretty town ». Ces mots se superposent à la voix extatique de Jim

Morrison et de son fameux : « L.A. woman, je vois ta chevelure brûler, tes collines sont en feu ; s’ils disent que je ne t’ai jamais aimée, tu sais qu’ils mentent. Descendre sur ton freeway les artères errantes de minuit, flics en bagnole, bar topless, jamais vu une femme si seule… Motel argent meurtre folie, passion du bonheur à la tristesse. »

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Scène de drague sur Abbot Keney, Venice.

Just like a ludicrous and pathetic mantra, I remember, in an obsessive way, the prayers of Arturo Bandini. In « Ask the dust »,

he made me like English and when I race through the streets of Downtown I repeat after him: « Los Angeles, give me some of

you! Los Angeles, come to me the way I came to you, my feet over yours streets, you pretty town I loved you so much, you

sad flower in the sand, you pretty town ». These words are superimposed upon the ecstatic voice of Jim Morrison

and his famous: « L.A. woman, I see your hair is burnin’, Hills are filled with fire; If they say I never loved you, You know they are a liar. Drivin’ down your freeways, Midnite alleys roam Cops in cars, the topless bars, Never

saw a woman... So alone. Motel Money Murder Madness, Let’s change the mood from glad to sadness »

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Los Angeles is not a city you live in, it is a city that lives in you. Los Angeles is the city of angels, and so there, you dream of being an angel, a middleman, and a transmitter. An angel might

just be that, the « daemon » of the Greek philosopher, and that’s

already something! L.A.is the city with wings.

Los Angeles n’est pas une ville qu’on habite, mais une ville qui vous habite. Los Angeles c’est la ville des

anges, et donc on rêve d’y être un ange, un personnage intermédiaire, un

passeur. Un ange, c’est peut-être ça, le « daïmon » du philosophe grec, et ce n’est quand même pas rien ! L. A. c’est la ville ailée.

Statue de Notre Dame des Anges par Robert Graham.

Tours de Downtown sur Grand Avenue.

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113Bibelot au magasin de souvenir de la Cathédrale.

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l’auteur tient à remercier / Thanks to

Blanche, Anne-Laurence, Jean-François, Jean-Jacques, Atom, Cristina, Roxane, Susy, Bruno, Nelson, Xavier, Joseph, Jean-Pierre, Pascal, Carine, Mathieu, Noémie, Charlie, Alice, James, Peter, Emélie, Jimmy, Géraldine, Christophe, Alexandra, Carole, Franck, Elizabeth, Bob, Judy, Robert, Susan, Kim, Catherine, Annie, Yves, Michèle, Danièle, Jérome, Wanda, Ladislas, Malou, Eilleen, Derek, Billie, Sati, Valérie, Chloé, Agnès, Patricia, Zalman, Jacky, Jon, Jeremy, Baptiste, Maya, Laurent, Patrick, Daddy, Vincent, Carlotha, Luis, Richard, Méline, Étienne, Vanina, Jean-Christophe, Angelo, Ron, Jean-Philippe, Badia, Martha, Bénédicte, Lise, John, Beth, Craig, Marina, Jerem, Ed, Lucile, Paul, Adrian, Monica, Christian, Jill, Greg, Johnatan, Blaise, Sylvie, Nicolas, Véronique, Nick, Jean-Guillaume, Arthur, Joel, Marco, Bernadette...

et tous les inconnus qui ont bien voulu poser devant mon objectif et me faire partager leur amour pour L.A... / and all the people who accepted to pause in front of my camera and shared their love for L.A.

Alexandra, devant un tableau de Robert Williams.

11� Kim Fowley et des admirateurs.

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Christophe Chassol, pianiste compositeur sur Pacific Palissade.

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L

EC T I O N

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jetez un œil aux portées de la chienne sur

lachienne.com

la chienne

48 rue Léon Gambetta59000 Lille France

0320541548

[email protected]

imprimé par

DOURIEZ BATAILLE

à Halluin (Nord)

en février 2006

par un hiver plein d’images

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