Une chance pour apprendre - Le savoir et le financement pour l’éducation en Afrique subsaharienne (Banque Mondiale - 2001)

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    Stratgie dassistance sectorielleDpartement Dveloppement humain rgional

    Rgion AfriqueBanque mondiale

    Une chance pour apprendreLe savoir et le financement pour

    lducation en Afrique subsaharienne

    22005

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    Copyright 2001La Banque internationale pour la reconstructionet le dveloppement/LA BANQUE MONDIALE1818 H Street, N.W.Washington, D.C. 20433, tats-Unis

    Tous droits rservsProduit aux tats-Unis dAmriquePremire dition fvrier 20011 2 3 4 04 03 02 01

    Les observations, les interprtations et les conclusions prsentes ci-aprs refltent uniquement lavisdes auteurs et ne peuvent aucunement tre attribues la Banque mondiale, aux organisations affilies,aux membres du Conseil de direction ou aux pays y tant reprsents. La Banque mondiale ne garantitpas lexactitude des donnes mentionnes dans cette publication et dcline toute responsabilit pourdventuelles consquences de leur utilisation.

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    La photographie figurant sur la couverture, qui reprsente les enfants dune cole en thiopie,est dAminata Maiga-Tour.

    ISBN : 0-8213-4907-4

    La demande dinscription au catalogue des donnes de la Library of Congress a t dpose.

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    Ce qui est ncessaire pour un dveloppement plus rapide des nouvelles nations d'Afrique . . . plusd'ducation et une formation tous les niveaux, une main d'uvre gnralement plus lettre, des artisansplus qualifis, plus de personnes pour des mtiers intellectuels, plus d'entrepreneurs, des membres dugouvernement plus qualifis. Jusqu'au moment o les ressources humaines des nouvelles nations africainesseront pleinement dvelopeset aucun apport d'argent important ne peut acclrer ce processusles

    occasions d'utiliser les investissements trangers, de manire sage et efficace, resteront ncessairementlimites.

    Eugene Black, Prsident de la Banque Mondiale, 194962,Discours au Conseil Economique et Social des Nations Unies, 1960

    Tout le monde est d'accord sur le fait que lducation reprsente la cl essentielle pour le dveloppementet pour l'allgement de la pauvret. Celle-ci doit commencer avec l'ducation fondamentale universellequitable pour filles et garons, ainsi qu'un systme ouvert et comptitif d'enseignement secondaireet tertiaire . . . L'enseignement pour adultes, l'alphabtisation et l'ducation au quotidien doivent trecombins la reconnaissance fondamentale du fait que l'ducation des femmes et des filles estessentielle au processus de dveloppement . . . l'ducation prscolaire doit tre traite sa juste valeur . . .

    les dveloppements de la science et de la technologie ainsi que le transfert de connaissance offrent unepossibilit unique certains pays, pour rattraper dautres pays technologiquement plus avancs.

    James D. Wolfensohn, Prsident de la Banque Mondiale, 1995aujourdhui, A Proposal for a Comprehensive Development Framework -

    Proposition pour une Structure Globale du Dveloppement , 1999

    Cette note stratgique a t prpare par Adriaan Verspoor, spcialiste principal de l'ducation pour largion Afrique de la Banque Mondiale, aid par Angel Mattimore et Patrick Watt. Le document estbas sur une version antrieure de Wadi Haddad, Ruth Kagia, et associs, discute en mai 1998 avecun groupe de spcialistes de l'ducation en Afrique. Une version rvise a t prcdemment discutelors dune runion de consultation, organise en octobre 1999 lUNESCO, Paris, en prsence desministres africains de l'ducation ainsi que dautres spcialistes de l'ducation et reprsentants desONG, associations de parents et syndicats de professeurs. Nous aimerions remercier, pour leurscommentaires, ceux qui ont particips ces runions ainsi que David Berk, Eduard Bos, NicolasBurnett, Sam Carlson, David Court, Birger Fredriksen, Alan Gelb, Wadi Haddad, Jon Lauglo, AminataMaiga-Tour, Mmantsetsa Marope, Dzingai Mutumbuka, John May, Alain Mingat, Bettina Moll, PaudMurphy, Susan Opper, Robert Prouty, Stefan Quenneville, Nandita Tannan, Daniel Viens et les membres

    du Comit du Secteur de l'ducation (tous ceux de la Banque Mondiale), Peter Williams de l'Institutpour les Etudes de Dveloppement l'Universit du Sussex, Tony Read du Dveloppement Internationaldu Livre, et Eamon Cassidy du Ministre pour le Dveloppement International. Nous aimerions aussiremercier le Fonds Norvgien pour l'Education, pour avoir fourni les fonds ncessaires aux deuxconsultations.

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    TABLE DES MATIRES v

    Table des matires

    Avant-propos ixPrface xiRsum 1

    1. Lducation africaine au seuil du vingt-et-unime sicle 7

    Stagnation des progrs du dveloppement de l'ducation 8L'accs l'ducation primaire 9Matrise des comptences fondamentales 11

    Au-del de lducation primaire 13Enseignement suprieur 14Efficacit 15Enseignement priv 15Russite limite de l'ducation 17Impact limit de l'aide extrieure 18

    2. Les dfis du contexte du dveloppement africain 21Une pauvret gnralise 21Des conomies la priphrie de lconomie mondiale 22Financement inadquat du dveloppement 23Assimilation inadquate de connaissances scientifiques 24Conflits arms de grande envergure 24La pandmie du VIH/SIDA 26Fcondit leve 29Surmonter l'adversit 30

    3. Rponses nationales : Un bond prodigieux dans le dveloppement de l'ducation 32Poursuite implacable de la qualit 34

    Environnement dapprentissage 36Programmes d'tudes et stratgies d'enseignement 36Des professeurs qualifis et motivs 39Nouvelles technologies 41La prparation des lves 42L'valuation des progrs 43

    Un inbranlable engagement vis--vis de lquit 45Mettre laccent initialement sur le renforcement institutionnel 52Choix difficiles afin de garantir la prennit financire 55

    tablissement de priorits dans les dpenses publiques 55Utilisation efficace des ressources 55Diversification des sources de financement 56Fournir un financement public complmentaire 58

    Lavenir : rforme nationale, coopration rgionale et partenariats internationaux 58

    4. La rponse de la Banque mondiale : faire plus et faire mieux 61Opportunits et dfis pour des services de prts plus complets 62Accent plus prononc sur les services autres que les prts 65

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    vi TABLE DES MATIRES

    Recentrage des tudes conomiques et sectorielles 65Rorientation des discussions stratgiques 66

    Limpratif dune meilleure performance du portefeuille 67Renforcement de l'accent stratgique des activits de prt 68Amlioration de l'laboration d'un systme de prt 71

    La promotion des partenariats 76Adquation des stratgies de prt aux conditions du pays 76Mise en pratique des connaissances avances 79Amlioration des comptences et des connaissances techniques 81

    Un engagement agir 82Conclusion 83

    Bibliographie 85

    GRAPHIQUES, TABLEAUX, et ENCADRSGraphiques1.1 La chute du taux d'inscription au primaire dans de nombreux pays africains 10

    1.2 Rsultats des tests de russite en lecture dans les pays participants 121.3 Taux dinscription estim par rgion pour les lves gs de 12 17 ans 131.4 Relations entre le nombre d'enseignants et d'tudiants du niveau primaire au Niger 161.5 Le nombre d'annes de scolarisation par adulte africain est en stagnation 181.6 Aide publique au dveloppement pour l'ducation, 1996 192.1 Taux de croissance dmographique annuel dans les rgions en dveloppement 303.1 Taux dinscription lcole primaire par niveau parmi les enfants ruraux et urbains au Niger 454.1 Nouveaux engagements de la Banque en matire de prts lducation africaine 624.2 Rpartition des prts entre les sous-secteurs dans le secteur de lducation dans

    la Rgion Afrique 63

    Tableaux1.1 Taux brut de scolarisation en Afrique, 196097 (pour cent) 81.2 Taux dinscription et dadmission nets lcole primaire en 1990, 1995 et 1998 91.3 Indicateurs comparatifs de l'efficacit des dpenses pour l'ducation, 1993 172.1 Indicateurs sociaux de base par rgion 224.1 Allgement de la dette par rapport aux dpenses dducation (millions de dollars) 64

    Encadrs1.1 Disponibilit des manuels scolaires en Afrique 112.1 Infrastructure de l'information en Afrique 252.2 ducation et SIDA : exprience en Zambie et en Ouganda 28

    3.1 Lengagement national de lOuganda pour lducation lmentaire 333.2 Leons issues du Rapport dinventaire prospectif de lADEA sur lducation en Afrique 353.3 Le programme Liens mondiaux pour le dveloppement 383.4 Le projet de formation initiale des enseignants de Guine 393.5 La technologie et lducation en Afrique subsaharienne 40

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    TABLE DES MATIRES vii

    3.6 Le dveloppement de la petite enfance au Kenya 433.7 Consortium africain mridional pour lvaluation de la qualit de lducation (SAQMEC) 443.8 Facteurs de russite pour la scolarisation des filles 463.9 Nigerialaboration de programmes dducation pour les nomades 483.10 Le double systme dducation directe et distance de lUniversit de Namibie 50

    3.11 Donner une ducation primaire pour rduire lanalphabtisme : lexprience du Sngal 513.12 L'Universit Makerere : un modle de rforme institutionnelle 533.13 L'Universit virtuelle africaine 543.14 Programme gouvernemental de bourses dtudiants dans des institutions prives :

    un cas de financement du point de vue de la demande 563.15 Privatisation et dcentralisation de la fourniture de livres au Kenya 574.1 Effort conjoint pour prparer un document de stratgie Madagascar 664.2 Partenariat pour un nouveau dpart (FRESH) : concentrer les ressources pour une

    sant scolaire efficace 694.3 Augmentation du soutien aux technologies de lducation 714.4 Approches sectorielles 73

    4.5 Aide accorde par la Banque selon les diffrentes conditions du pays 774.6 Construire une base de connaissances en vue du dveloppement des comptences 80

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    AVANT-PROPOS ix

    Avant-propos

    La rponse la question de savoir si l'Afrique peuteffectivement revendiquer le 21me sicle commele propose un rapport rcent (Banque Mondiale2000b), dpendra largement de l'efficacit des

    investissement dans l'ducation. Les progrs en termesd'amlioration de la gestion, d'amlioration de la rso-lution des conflits, d'accroissement de la concurrence,de rduction de la fcondit, d'amlioration de lasant y compris la rduction du nombre de per-sonnes souffrant du VIH/SIDAet, en particulier,l'acclration de la rduction de la pauvret sonttroitement lis aux progrs en matire d'ducation etde formation des enfants et des adultes africains.

    Il est manifeste que l'Afrique ne sera pas enmesure de soutenir une croissance rapide sans investirdans l'ducation de sa population. De nombreuses per-sonnes ne disposent en effet pas de l'ducation

    ncessaire la participation la croissanceconomiqueet aux possibilits d'en tirer profit.Toutefois, dans de nombreux pays de la rgion, ledveloppement de l'ducation a stagn au cours de cesdeux dernires dcennies. La croissance constante dela population en ge scolaire, de graves limitationsdes ressources publiques et les rformes politiquesqui, trop souvent, taient trop tardives et troptimides, ont contribu largir le foss ducatifentre l'Afrique et le reste du monde.Les inscriptions tous les niveaux scolaires sontinfrieures celles observes sur tous les autres con-tinents. De nombreux enfants achvent leur scolaritsans matriser les connaissances et les aptitudes pre-scrites dans le cursus. Prs de 40 % de la populationest analphabte. Rares sont les coles qui prparentles tudiants une conomie domine par les tech-nologies de l'information et de la communication. Laplupart des institutions tertiaires sont en outre isolesdes rseaux de connaissances internationaux. Veiller ce qu'aucun enfant ne soit priv d'enseignement enraison de son incapacit prendre en charge les fraisne fait pas partie des principales priorits dans denombreux pays.

    Le reversement de ces tendances ne sera pas ais.Ce dfi exigera un gros effort de la part des Africainset de leurs partenaires de dveloppement au coursd'une priodesouvent gale une dcennie aumoins. De nombreux gouvernements devront mettre enuvre des changementssouvent politiquement con-troverssdans le mode de financement et de gestion

    de l'ducation. Les gouvernements, la socit civile etles agences de financement extrieures devront tablirou remodeler des partenariats afin d'assurer une priseen charge nationale et la prennit des programmesd'innovation et de rforme.

    La Banque mondiale dispose de nombreux antc-

    dents en matire de soutien au dveloppement del'ducation en Afrique. L'impact de notre assistance atoutefois souvent t en de de nos attentes.Considrant la contribution essentielle de l'ducationdans l'acclration de la croissance et du dveloppe-ment en Afrique, nous avons ralis au cours de cesdeux dernires annes un processus interne d'analyse,de rflexion et de discussion sur l'impact de notreaide dans ce secteur. Nous avons en outre consultdes reprsentants des gouvernements africains,de la socit civile et des agences des Nations Uniessur la manire de devenir un partenaire plus efficacedans le domaine du dveloppement de l'ducation

    en Afrique.Le prsent rapport est le rsultat de ce processus.

    Il affirme l'existence, au sein de la Banque,d'arguments irrfutables en faveur de l'expansion et del'largissement de son soutien au dveloppement del'ducation en Afrique. Cet engagement implique unsoutien constant et soutenu pour le dveloppement del'ducation fondamentale. Il implique toutefois gale-ment l'extension de notre aide pour les autres sous-secteurs de l'ducation, et notamment l'enseignementsuprieur. Ce rapport affirme clairement que cela ne seproduira que si nous intensifions nos efforts pouraborder les questions essentielles de la qualit, del'quit, de la capacit et de la prennit. tant donnque nous ne pouvons, seul, mener bien ce projet,nous nous engageons uvrer dans le cadre de parte-nariats placs sous l'gide des gouvernements en vued'acclrer le dveloppement de l'ducation.

    l'occasion du Forum international pour l'duca-tion organis Dakar en avril 2000, le Prsident de laBanque Mondiale, James Wolfensohn, a raffirm lavolont de la Banque d'uvrer avec les gouvernementset d'autres partenaires de dveloppement en vued'acclrer le progrs dans le cadre des objectifs del'ducation pour tous. Il a affirm que la Banquemettrait tout en uvre pour veiller ce qu'aucun paysdisposant d'un plan crdible ne soit pas en mesure del'appliquer en raison de l'absence de soutien extrieur.Cet engagement rgira notre soutien pour l'ducationfondamentale au cours de la prochaine dcennie.Simultanment, nous nous engageons tout aussi

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    x AVANT-PROPOS

    volontairement dans la fourniture d'une assistancedestine faire en sorte que les tudiants achevantl'enseignement secondaire, les programmes de forma-tion professionnelle et l'universit disposent des apti-tudes et des connaissances scientifiques et techniquesncessaires pour entrer dans le monde du travail du

    21me sicle. La coopration rgionale sera souventessentielle pour acclrer le progrs dans de nom-breuses zones. Nous avons l'intention de dvelopperdes instruments qui nous permettront de soutenir plusefficacement les programmes rgionaux.

    Au dbut du 21me sicle, l'opportunit de s'atta-quer aux problmes souvent insolubles de l'ducationdans l'Afrique subsaharienne est peut-tre plus propicequ' n'importe quel autre moment au cours de ces deuxdernires dcennies. La croissance a repris dans denombreux pays. Pratiquement partout, l'engagementpolitique en faveur du dveloppement de l'ducation estpuissant. La vague montante de la dmocratie a cr

    un environnement plus favorable pour la participation

    de la socit civile et des communauts dans la formu-lation des politiques et la mise en uvre des pro-grammes. La technologie de l'information et de lacommunication offre de nouvelles opportunits pourvenir bout des contraintes de distance et de temps.

    Il y a toutefois plus. Plusieurs pays disposent en

    effet de ressources supplmentaires dgages dans lecadre de l'initiative d'allgement de la dette en faveurdes pays pauvres trs endetts (HIPC). De nombreusesagences de financement se sont engages accrotreleur soutien en faveur de l'ducation en Afrique.De nouvelles relations d'aide sont pilotes dans lecontexte de programmes de dveloppement sectoriel.Je formule le vu que le prsent rapport constitue lecadre d'une acclration rapide du soutien de laBanque dans le cadre du dveloppement de l'ducationdans ce nouvel environnement.

    Callisto Madavo

    Vice-Prsident Rgion Afrique

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    PRFACE xi

    Prface

    La Rgion Afrique de la Banque mondiale a trac lespremires grandes lignes de ses priorits pour ledveloppement de l'ducation dans un documentrdig en 1988 et intitul L'ducation en Afrique

    subsaharienne : Pour une stratgie dajustement, derevitalisation et d'expansion (Banque mondiale1988). Ce document a mis les pays africains au dfi deformuler des programmes de dveloppement ducatifcomplets et logiques, assortis de politiques quili-bres pour l'ajustement, la revitalisation et l'expansionslective. Plusieurs pays se sont orients dans cettevoie. Dans quelques-uns, les politiques financiresd'ajustement ont prpar le terrain pour l'amliorationde la qualit, des progrs soutenus dans le sens d'uneducation primaire universelle et l'expansion slective des niveaux suprieurs. Dans de nombreux paystoutefois, les progrs escompts de revitalisation des

    systmes ducatifs ont t dcevants.Dans sept pays africains le Burkina Faso,

    l'thiopie, la Guine, le Liberia, le Mali, le Niger etla Somalie moins de la moiti des enfants en gescolaire sont inscrits lcole primaire. Dans 20 pays,plus de 50 % des femmes sont analphabtes.L'analyse, le dialogue et la consultation internes ontsouvent pris beaucoup plus longtemps que prvu.Cependant, un nombre croissant de pays formulent desstratgies visant aborder les questions mentionnesdans le document de 1988 et relever les dfisnoncs dans la Dclaration de Jomtien (1990) de laConfrence mondiale sur l'ducation pour tous, ainsiqu atteindre les objectifs dfinis lors du Sommetmondial pour le dveloppement social (1995). Plus de40 gouvernements africains ont prpar des plansd'action pour raliser l'ducation pour tous, et 6 paysau moins ont pris en charge lapproche sectorielle dudveloppement de l'ducation.

    Depuis 1988, les donateurs ont consacr un tempsconsidrable la rvaluation des priorits et desprocdures d'aide. La plupart ont maintenant achevce processus et explorent des voies de collaborationplus efficaces, entre eux et avec les gouvernements etles socits civiles, dans le cadre de l'aide audveloppement de l'ducation en Afrique. Les perspec-tives en matire de dveloppement de l'ducation sontmeilleures maintenant qu'elles ne l'ont t au cours deces deux dernires dcennies. Depuis 1995, la crois-sance conomique a repris dans un grand nombre depays dAfrique subsaharienne. Depuis 1994, le taux

    brut de scolarisation dans le primaire a augment etselon les donnes rcentes de lInstitut de statis-tiques de lUNESCO, cette croissance peut sacclrer. l'occasion du Forum international pour l'ducationorganis Dakar en avril 2000, les pays ont confirmleur engagement de parvenir l'ducation primaire

    universelle l'horizon 2015. L'acclration del'allgement de la dette et l'accroissement de l'aide l'ducation peuvent contribuer la mobilisation desressources ncessaires.

    Le dialogue sur les stratgies engag depuis 1988a t un exemple de partenariat efficace entre lesdonateurs et les gouvernements. Initialement, le dia-logue a t coordonn par le groupe informel desBailleurs de fonds pour lducation en Afrique ou DAE(Donors to African Education), qui, depuis lors, estdevenu l'Association pour le dveloppement de ldu-cation en Afrique ou ADEA (Association for theDevelopment of Education in Africa). Les membres de

    cette association comptent dans leurs rangs tous lesministres africains de l'ducation et dix-sept dona-teurs. Son but est de crer un forum dans le cadreduquel les ministres peuvent aborder avec les dona-teurs les questions principales de l'ducation et lancessit d'adapter les stratgies d'aide extrieure auxbesoins nationaux. Onze groupes de travail thma-tiques tudient et dressent l'tat des domaines degrand intrt. L'ADEA a galement pass en revue lesprogrs accomplis en Afrique subsaharienne depuis1988 par un processus participatif bas sur des tudesnationales et sur la participation active des spcial-istes de l'ducation et des experts responsablesdes stratgies. Le rsultat de ce processus, tuded'inventaire prospective de l'ducation en Afrique (ADEA, 1999), a t prsent l'occasion de la ru-nion de la biennale de l'ADEA, organise Johannesburg en dcembre 1999.

    La Banque mondiale a activement soutenul'valuation de l'ADEA et fait partie du comitde restructuration tabli pour la grer. En outre,les spcialistes de lducation de la Rgion Afrique dela Banque Mondiale se sont penchs sur des expri-ences autres que les activits de prt et sur les moyensdaccrotre l'efficacit du soutien en termes de prts etd'activits non financires. La premire bauche d'undocument de travail a t prpare et discute en 1998avec des hauts fonctionnaires africains de l'ducation,ainsi qu'avec d'autres parties intresses. En octobre1999, une deuxime runion avec les ministres et lesdirigeants africains, ainsi quavec les membres des

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    xii PRFACE

    organisations civiles a eu lieu Paris. Ces deux consul-tations ont t finances par le Fonds norvgien pourl'ducation. Les rsultats de l'valuation de l'ADEA ontcontribu de manire significative ce processus et uncertain nombre d'tudes de cas enrichissent ce docu-ment.

    La prsente publication s'efforce avant tout deproposer pour la Rgion Afrique de la Banque mon-diale une stratgie et un programme d'action dans lecadre de l'aide apporte aux efforts de pays souhaitant

    acclrer le dveloppement de l'ducation. Ce docu-ment incorpore une grande partie des avis rendus aucours de ces consultations. Les auteurs rsument lesdfis auxquels l'Afrique doit faire face en matire dedveloppement de l'ducation, suggrent des lmentscls pour les rponses nationales, examinent les impli-

    cations de ces rponses pour la Banque et proposentdes actions visant faire de la Banque un partenaireplus efficace dans le cadre du dveloppement del'ducation en Afrique.

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    UNE CHANCE POUR APPRENDRE 1

    Rsum

    Dans le cadre dune conomie mondiale fonde sur lesconnaissances dans les dcennies venir, lducationdeviendra la pierre angulaire de la croissanceconomique grande chelle et de la lutte contre la

    pauvret en fournissant aux populations les moyenspour faire face aux nouveaux dfis de dveloppementet aux aspirations damlioration des conditions de vie.Sans avances majeures dans le domaine de l'duca-tion, l'Afrique ne sera pas en mesure de tirer profit desopportunits commerciales et de dveloppement dansune conomie mondiale base sur la technologie et laglobalisation. L'ducation est galement l'investisse-ment le plus important dans le cadre de la concrtisa-tion des objectifs de dveloppement sociauxinternationaux adopts pour l'an 2015 par les gou-vernements de diffrents pays. dfaut de progrsrapides et considrables en termes d'accs l'ducation

    de qualit en Afrique subsaharienne o 40 pour centdes habitants tentent de survivre avec moins d'un dol-lar US par jour les efforts considrables de rductionde la pauvret seront entravs.

    Tendances de lducation en Afrique

    Depuis 1988, le bilan du dveloppement de lducationen Afrique est dcevant. Plusieurs pays tels que leBotswana, le Cap-Vert, l'le Maurice, la Namibie, lesSeychelles, le Swaziland et le Zimbabwe ont t enmesure de maintenir le rythme des progrs observ

    dans les annes 1980 et 1990. D'autres pays ont lancdes programmes prometteurs de rforme et dedveloppement long terme. Toutefois, la ralit pourde trop nombreux Africains se prsente sous les traitsd'un systme ducatif caractris par une qualitmdiocre et un accs limit.

    De manire gnralise, la rgion a connu unestagnation importante depuis 1990, chouant dans satentative dliminer les revers des annes 1980. Tousles niveaux scolaires ne disposent que d'un nombreinsuffisant d'tablissements et l'tat des infrastruc-tures existantes laisse souvent dsirer en termesd'entretien et d'quipement. Les enseignants,frquemment sous-pays et sous-qualifis, nereoivent que rarement l'aide et le contrle dont ilsont besoin pour leur permettre de remplir efficace-ment leur mission. Pour la plupart des tudiantsafricains, le nombre dheures de scolarisation annuel

    est bien infrieur aux normes internationales.Des pnuries criantes de supports ducatifs sont sou-vent observes. Ds lors, dans de telles conditions,il n'est gure surprenant que le taux de russite soitpratiquement toujours limit.

    Ce tableau devient encore plus sombre compar

    celui des autres rgions. LAfrique prsente le taux descolarisation le plus faible et ceci tous les niveaux.En outre, elle est la seule connatre une hausse dunombre denfants non scolariss. L'adulte africainmoyen n'a pas plus de trois annes d'enseignement, cequi reprsente un taux infrieur celui de toutes lesautres rgions. Les perspectives pour les pays africainsde gnrer des connaissances et de prendre part l'conomie mondiale sont ds lors loin d'trerjouissantes. Nous observons galement la croissancedes ingalits ducatives en Afrique entre les dif-frentes catgories de revenu et entre les populationsurbaine et rurale. Les enfants pauvres, notamment

    dans les zones rurales, sont les plus dfavoriss enterme d'accs l'enseignement et de qualit de cedernier.

    Les tendances en matire d'ducation ont uneincidence directe sur la diminution de la pauvret enAfrique subsaharienne. Depuis 1987, la part delAfrique dans la pauvret mondiale sest accrue et uneproportion croissante des habitants de ce continentn'est pas en mesure de subvenir ses besoins lmen-taires. Plus de 240 millions de personnes y vivent avecmoins dun dollar US par jour. Avec sa population encroissance rapide, cette rgion a besoin d'un taux decroissance annuel de 5 pour cent pour empcher lacroissance de la frange pauvre de sa population. Larduction de moiti du taux de pauvret d'ici 2015exigera une croissance du produit national brut (PNB)par habitant d'au moins 7 % ce qui est peu prob-able sans acclration du progrs tous les niveaux dusystme ducatif.

    dfaut d'un dveloppement spectaculaire delducation au niveau national, lAfrique ratera lobjec-tif de la scolarisation primaire universelle en lan2015, laissant 55 millions denfants africains sur lecarreau. Les tendances en matire de scolarisationobserves depuis la confrence de Jomtien de 1990indiquent qu'en 2015, lAfrique comptera 15 % desenfants en ge de scolarisation primaire dans lemonde, mais que 75 % de ces enfants seront exclus dusystme scolaire.

    L'incapacit tendre aux couches pauvres de lapopulation les avantages du dveloppement ducatif

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    2 RSUM

    est ds lors susceptible d'entraner des cotsextrmement levs en termes conomique,social et politique. Ainsi, le dveloppement ducatifen Afrique doit-il faire partie de stratgies plusgnrales de rduction de la pauvret et dedveloppement rural. Les exemples de succs du-

    catifs et d'innovations prometteuses en Afrique sub-saharienne sont suffisamment nombreux pourattester des rsultats susceptibles d'tre atteints, la condition que les pays fassent preuve d'unengagement sincre en faveur du dveloppement del'ducation.

    Le contexte du dveloppement africain

    Le contexte gnral du dveloppement du systmeducatif africain a subi de profondes modificationsau cours de la dernire dcennie. L'lment essentielest que les performances conomiques se sont

    remarquablement amliores depuis 1995, en enregis-trant mme - pour la premire fois depuis les annes1970 - plusieurs annes conscutives de croissance durevenu par habitant. Dans certains pays, tel l'Ouganda, la croissance

    commence gnrer les ressources ncessaires l'extension des opportunits ducatives.

    Plusieurs pays peuvent s'attendre disposerde ressources supplmentaires significatives affecter au dveloppement de l'ducation enraison de la mise en uvre du programmed'allgement de la dette en faveur des pays pau-vres trs endetts (HIPC).

    Alors que des conflits ont ruin les conomies deplusieurs pays, de nombreux autres progressentsans -coups dans le sens de la mise en placed'une meilleure gouvernance et d'une dmocratieparticipative.Grce ces changements, les possibilits

    dacclration du dveloppement de l'ducation sontmeilleures lheure actuelle qu'elles ne l'ont t aucours de la dernire dcennie. l'occasion du Foruminternational pour l'ducation organis Dakar enavril 2000, les 185 pays participants ont adopt unCadre d'Action visant raliser l'objectif de l'duca-tion pour tous l'horizon de 2015, en accordant uneattention toute particulire aux besoins de l'Afriquesubsaharienne.

    Toutefois, la rgion est encore confronte des dfisde taille en matire de dveloppement. La pauvret,omniprsente, entrave la gnralisation de l'accs

    lducation et de lamlioration des rsultats scolaires.Le gaspillage des ressources dans le secteur public et lafaiblesse des structures gouvernementales constituenttoujours autant d'entraves au dveloppement et nces-sitent des rformes urgentes. La dette extrieureinsoutenable a dtourn les maigres ressources exis-

    tantes des besoins sociaux essentiels frappant deplein fouet les franges pauvres de la socit. C'est laraison pour laquelle les ressources dgages dans lecadre de l'initiative HIPC doivent tre rellement desressources supplmentaires et tre affectes aux besoinsde la population pauvre.

    L'Afrique ne peut pas supporter les investissementsrequis en termes d'ducation et d'infrastructure, moinsqu'elle ne soit en mesure de rsoudre trois autres dfisde taille en matire de dveloppementmettre fin auxnombreux conflits arms, inverser la pandmieVIH/SIDA et diminuer les taux de fcondit. Les rcentsconflits en Afrique ont caus un vritable dsastre

    humain et conomique. Un Africain sur cinqau moins vit dans un pays gravement touch par laguerre. Entre 1990 et 1994, plus d'un million de per-sonnes sont mortes en raison de ces conflits. En 1998,plus de 20 millions d'Africains taient soit rfugis, soitdplacs. Le rtablissement de la paix et de la stabilitdans la rgion est ds lors une priorit urgente.

    L'Afrique est le continent le plus touch par leSIDA, qui, d'un problme mdical, s'est transform enune question de dveloppement. En dcimant lespersonnes au cours de leur priode la plus produc-tive, cette pandmie dtruit le tissu social etconomique de ces pays. L'annihilation des progrsde dveloppement humain accomplis au prix degrands efforts, le remplacement des membres ducorps enseignant ayant succombs aux affectionslies au SIDA, la fourniture d'une ducation auxorphelins de parents morts du SIDA et l'intgrationde l'ducation au SIDA dans les programmes scolairessont autant de dfis urgents.

    Dans l'intervalle, une rapide croissance dmo-graphique a constamment contrecarr les effortsvisant instaurer un systme d'ducation primaireuniverselle. En dpit de l'impact du SIDA, la popula-tion africaine continuera crotre rapidement parrapport aux normes internationales. Son taux dedpendance est le plus lev au monde et pse lourde-ment sur les budgets nationaux et des mnages.L'Afrique doit faire face tous ces dfis pour aller del'avant et crer des systmes ducatifs rpondant auxbesoins du 21me sicle.

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    Un accent sur le renforcement institutionnel. Uneplanification, une mise en uvre et une valuationdes rformes efficaces dpendent de la miseen place dinitiatives valables, de normesraisonnables, de structures organisationnelles dequalit et dun personnel comptent. Ces principes

    sont indispensables au succs dune stratgie dedveloppement de lducation.Le programme de rforme et de progrs est

    ambitieux. Toutefois, l'mergence de nouvelles tech-nologies cre des opportunits de progrs au bnficede l'ducation en Afrique, qui auraient t inimagin-ables il y a une dcennie. L'Afrique ne sera en mesurede tirer profit de ces nouvelles opportunits de partic-ipation l'conomie du savoir mondiale que si sessystmes ducatifs sont en mesure de matriser lepotentiel des technologies de l'information et de lacommunication.

    En outre, pour russir, le processus didentification

    des priorits, ainsi que le processus de conception etde mise en uvre des rformes doivent tre ralisssous lgide des gouvernements nationaux. La direc-tion et la prise en charge nationales sont gnrale-ment considres comme des lments essentielsd'une mise en uvre russie.

    Beaucoup d'activits ont dj t lances. LeBurkina Faso, la Guine, la Mozambique, le Sngalet lOuganda ont tous lanc des programmes promet-teurs de rforme et de dveloppement de lenseigne-ment primaire long terme. LOuganda a galementmis en uvre des changements de grande enverguredans l'enseignement suprieur. Plusieurs pays de laCommunaut de Dveloppement d'Afrique du Sudorganisent des rformes dans l'enseignementsecondaire et dans le domaine de l'enseignement desmathmatiques et des sciences. Madagascar et laZambie projettent des rformes radicales dans lecadre du financement et de la gestion de lenseigne-ment technique et de la formation professionnelle.LAfrique du Sud a labor un vaste programme derforme du secteur en neuf points. Ces efforts rsul-tent de la constatation que sans systmes ducatifsquitables, efficaces et de qualit suprieure,lAfrique ne peut pas affronter les dfis de dveloppe-ment du 21me sicle.

    La rponse de la Banque mondiale

    Le soutien du dveloppement de lducation acclren Afrique est fondamental dans le cadre de la mission

    d'radication de la pauvret que sest assigne laBanque mondiale. La Banque prsente deux avantagescomparatifs en terme de dveloppement du secteurducatif : une perspective macro-conomique et dedpense publique, ainsi que des connaissances et uneexpertise internationale exceptionnellement leves.

    Mme dans ces conditions, l'tendue et l'efficacitdu soutien de la Banque mondiale ont souvent tlimites. Les engagements de prts se sont stabilissen de du niveau correspondant son engagementinstitutionnel de lutte contre la pauvret. La Banquen'a pas toujours rpondu adquatement aux besoinsdun dveloppement quilibr des diffrents niveauxdu systme ducatif. Les recommandations de poli-tique ont souvent repos sur de mauvaises assisesanalytiques. Les liens avec des actions plus vastes derduction de la pauvret n'ont pas t correctementtablis. Enfin, trop peu d'interventions ont gnr desbnfices institutionnels durables.

    Les rapports de la Banque mondiale mettent envidence limpact limit de nombreux investissementseffectus dans le pass et soulignent le besoin de tirerune leon de ces expriences au moment o lesappels aux donateurs se font plus pressants en vue decontribuer aux partenariats de dveloppement delducation mis en uvre au niveau national.Linstauration de la dmocratie a cr des conditionsfavorables au dialogue, entre les parties intresses, propos de la rforme de lducation et plusieurs paysont soit mis en place de telles rformes, soit lanc denouveaux programmes prometteurs. Simultanment,les donateurs apprennent cooprer plus troitementavec les gouvernements, entre eux et avec la socitcivile dans la poursuite de leurs objectifs communs. Lamise en uvre de programmes sectoriels en particulierconstitue une nouvelle approche encourageante.

    Pour saisir ces nouvelles opportunits, la Banquemondiale doit faire pluset doit le faire mieux.Le renforcement de son efficacit en tant que parte-naire implique la fois la cration dune stratgie etlidentification dobjectifs spcifiques. La stratgie dela Banque devrait accorder la priorit l'encourage-ment de l'innovation et du changement et l'exploita-tion de son avantage comparatif. La Banque ne peuttre un prteur efficace que si elle accrot l'efficacitdes services non financiers, en partageant ses con-naissances et en reconnaissant et promouvant lacapacit locale realiser des analyses solides. Cettestratgie devrait galement mettre laccent sur les pri-orits institutionnelles de la Banque dans le secteur

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    de lducation : un accs quitable pour la populationpauvre, et en particulier les filles ; lintgration de lalutte contre le VIH/SIDA en tant qulment central deson portefeuille dactions et lamlioration de la qual-it des dispositions mesure par le dveloppement delenseignement et le financement durable. Tout ceci

    ncessite que les investissements en matire d'duca-tion soient conus comme un lment intgral des pro-grammes gnraux de rduction de la pauvret. Lesmembres du corps enseignant devront ds lors travaillerd'une manire plus intgre au travers des diffrentssecteurs.

    Dans le cadre de cette stratgie, la Banque doit : Soutenir activement les priorits de dveloppement

    sectoriel au niveau national. Amliorer les performances de son portefeuille

    dactions.Le soutien de la Banque sera sans cesse conu pour

    promouvoir le dveloppement quilibr du secteur tout

    entier et pour prendre en compte les liens entre toutesles composantes du systme ducatifdepuis la petiteenfance jusqu' la formation post-universitaire. Lespriorits d'investissement seront le reflet de la nces-sit de l'ducation primaire universelle pour atteindreles objectifs nationaux de dveloppement conomiqueet social. Elles reconnatront galement l'importance del'expansion progressive et slective au-del du niveauprimaire. Les objectifs et les cibles soutenus par cesinvestissements seront spcifiques aux diffrents payset seront le reflet d'un consensus politique quant auxpriorits et aux compensations bas sur la disponibilitdes ressources humaines et financires, les objectifs dedveloppement, les indicateurs du march du travail etles exigences de la socit.

    Une meilleure performance du portefeuille nces-sitera la prise de mesures dans cinq domaines : Amlioration du dveloppement d'un systme

    de prt. Promotion des partenariats. Adaptation des stratgies de soutien aux conditions

    domestiques. Mise en pratique des connaissances pousses. Amlioration des comptences du personnel.

    Lamlioration du processus dlaboration des prtsncessitera que l'accent soit mis sur le soutien des paysdans leurs efforts de mise en uvre des rformes qu'ilsont identifies. Avec plus de 40 emprunteurs potentiels,la Banque doit faire face toute une srie de situationsde dveloppement et mettre au point des stratgies deprt pour rpondre ces situations. L'amlioration du

    dveloppement de prt ncessitera galement unaccroissement des services autres que les prts et ladfinition de normes claires ds le dpart. Il est gale-ment essentiel de rendre lapplication des politiques etdes procdures de la Banque plus souples afin de luipermettre de rpondre de manire plus dynamique aux

    nouvelles priorits des programmes daide financire, demise en uvre dcentralise et de participationcommunautaire. En particulier, la Banque devra soutenirdes programmes impliquant des dpenses rcurrentes,telles que les salaires des enseignants.

    La promotion de partenariats long terme avec lesgouvernements et la socit civile obligera la Banque disposer d'un spcialiste sectoriel dans le bureau local dechaque pays dans lequel la Banque est implique demanire significative dans le secteur ducatif. Il s'agitd'un dfi en Afrique, o la plupart des pays sont petitset o les oprations sont souvent compromises parl'instabilit conomique et politique.

    L'adaptation des stratgies de soutien aux condi-tions domestiques exige que la Banque adopte une atti-tude plus souple et plus ouverte. Dans l'ventualit del'existence des conditions du succs, elle pourrait fournirune aide financire d'envergure au dveloppement del'ducation. Lorsque les environnements politiques sontfaibles, elle pourrait aider les rformes par le biais depetits prts d'investissement spcifiques. Les oprationsde la Banque devraient offrir une assistance et unemotivation suffisantes pour permettre aux pays sortantde conflits politiques de crer aussi rapidement quepossible les conditions favorables la mise en uvre deprogrammes de dveloppement sectoriel viables.

    Nombre des rformes politiques et des innovationsdont ces pays ont tant besoin pourraient tre plusefficaces si elles taient ralises en coopration avecles pays voisins rencontrant les mmes problmes. Cettecoopration permettrait galement aux programmesd'exploiter les conomies d'chelle, de recruter destudiants partir d'un pool de candidats plus toff etde tirer des enseignements de la mise en uvre diffrents endroits. Afin de soutenir plus efficacementles programmes rgionaux ou sous-rgionaux, la Banquedevra dvelopper des instruments rpondant auxexigences spcifiques de ces programmes.

    La Banque ne peut rpondre ces dfis qu'enappliquant des connaissances de pointe ses activits ce que les clients de la Banque exigent et sont endroit de recevoir. Le savoir acquis ne peut tre efficaceque sil est tay par des analyses sectorielles des prob-lmes conomiques, financiers, pdagogiques et insti-

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    L'accs l'ducation primaire

    Les inscriptions ont quintupl au cours des annes1960 et 1970passant de 12 62 millions. Lesinscriptions primaires sont passes de 11 millionsd'lves en 1960 pratiquement 53 millions en 1980,alors que le taux brut de scolarisation dans le primaire

    dpassait 79 % en 1980 (tableau 1.1.). La croissanceaux niveaux secondaire et suprieur a t encore plusspectaculaire, le nombre d'inscriptions ayant en effett multipli par 15 et 20 respectivement.

    Entre 1980 et 1995, les inscriptions ont continu progresser en chiffres absolus, mais un rythmenettement plus lent que celui observ au cours de lapriode suivant immdiatement la conqute delindpendance. Le nombre d'lves l'cole primairea progress de 52 %, atteignant ainsi 76,5 millions.Le nombre d'lves l'cole secondaire a doubl pourpasser 18,8 millions, alors que le nombre d'tudiantsdans le suprieur a plus que tripl, pour atteindre 1,9

    million.Au niveau primaire cependant, la croissance des

    inscriptions n'a pas suivi la pousse dmographique.Le taux brut de scolarisation dans le primaire a reculde 80 pour cent en 1980 75 pour cent en 1990,principalement en raison de la chute des taux departicipation de la population masculine. Dans lesannes 1990, le taux dinscription, en particulier desgarons, a commenc se rtablir, pour atteindre77 pour cent en 1997. Le taux de scolarisation brut auniveau secondaire pour l'Afrique tait de 26 % dans les

    annes 1990, contre 51 % pour toutes les rgions envoie de dveloppement. Le taux d'inscription dansle suprieur a atteint pour l'Afrique 3,9 % en 1997,contre 10 pour cent pour tous les pays en voie dedveloppement.

    Les inscriptions fminines dans le primaire ontaugment de 55 pour cent entre 1980 et 1995 et

    ont pratiquement pous la courbe de la croissancedmographique. Au niveau secondaire, le taux departicipation des jeunes filles a plus que doubl, et aplus que quadrupl au niveau suprieur. En dpit deces progressions, les ingalits entre les sexes persis-tent tous les niveaux. Les inscriptions fminines nereprsentent que 80 % des inscriptions masculinesaux niveaux primaire et secondaire et moins de55 pour cent au niveau suprieur.

    Alors que les taux d'inscription nets ont stagn, lestaux nets de scolarisation et d'admission se sontsensiblement amliors au cours des annes 1990(tableau 1.2). Les taux d'inscription nets sont passs

    de 54 pour cent en 1990 60 pour cent en 1998, lestaux d'admission apparents, de 70 pour cent 81 pourcent, et les taux d'admission nets de 33 pour cent 43 pour cent. La couverture nationale de ces indica-teurs, bien qu'incomplte, suggre nanmoins que lenombre d'enfants en ge de scolarit l'cole aug-mente, que le dclin de la participation des garons at invers, que le nombre d'enfants inscrits au niveaulmentaire augmente et que la proportion des enfantsplus gs et moins gs que la norme a reculce quipourrait tre le reflet du dclin des taux de redouble-

    Tableau 1.2 Taux dinscription et dadmission nets lcole primaire en 1990,1995 et 1998

    Garons Filles Garons Filles Garons FillesTaux dinscription neta 59,8 49,9 64,2 52,9 67,6 54,2Taux dadmission apparentb 75,7 65,3 83,4 70,0 88,3 73,5Taux dadmission netc 34,7 31,9 41,4d 40,6d 44,5 41,6

    a. Le taux dinscription net reprsente le nombre denfants en ge scolaire lexclusion des enfants en dessous ou

    au-dessus de lge normal par rapport la population en ge scolaire.

    b. Le taux dadmission apparent, ou brut, reprsente le nombre denfants de premire anne, quel que soit leur ge, en

    pourcentage de la population en ge officiel dentre lcole.c. Le taux dadmission net reprsente le nombre denfants en ge scolaire entrant lcole en pourcentage de la population

    en ge scolaire officielle.

    d. Aucune donne nayant pu tre obtenue pour 1995, ces chiffres se rapportent 1994.

    Source : UNESCO 2000b.

    1990 1995 1998

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    ment observ par l'UNESCO (2000a). Toutefois, denombreux enfants s'inscrivent tardivement (seuls deuxtiers des nouveaux inscrits en 1998 avaient l'ge offi-ciel d'inscription scolaire), le foss observ dans lestaux d'inscription initiaux des jeunes filles s'est accruet plus de 40 pour cent des enfants en ge scolaire ne

    frquentent pas l'cole.Le Botswana, le Cap-Vert, l'Ile Maurice, la Namibie,

    les Seychelles, le Swaziland et le Zimbabwe ont main-tenu le rythme des progrs en matire d'ducation endpit de craintes propos de la qualit de l'enseigne-ment et de l'apprentissage. Le Malawi, la Mauritanie etl'Ouganda ont mis en place des politiques qui ont abouti un accroissement soudain des inscriptions en primaireet doivent maintenant faire face aux dfis de qualit quien ont rsult. Le Burkina Faso, la Guine, leMozambique et le Sngal ont opt pour une approcheplus progressive. De nombreux autres pays dontle Nigeria sont en train de formuler des stratgies

    intgres long terme pour le dveloppement del'ducation, notamment l'ducation primaire universelle.

    En dpit des progrs enregistrs dans certains pays,l'accs l'ducation primaire demeure problmatique

    dans la plupart des pays africains. Les problmesconomiques des annes 1980 ont entran un dclinspectaculaire des taux de participation au primaire,lesquels n'ont t que partiellement rtablis dans lesannes 1990 (schma 1.1). Quarante pour cent desenfants en ge de scolarit ne frquentent pas l'cole.

    Des 44 pays pour lesquels des donnes sont disponiblespour 1996, seuls 10 (Botswana, Cap-Vert, Congo,Malawi, le Maurice, Namibie, Afrique du Sud, Swaziland,Togo et Zimbabwe) avaient atteint un taux brut descolarisation dans le primaire de 100 %. Sept autres pays(Burkina Faso, Burundi, thiopie, Liberia, Mali, Niger etSomalie) avaient un taux infrieur 50 pour cent.Depuis 1985, le taux brut de scolarisation dans leprimaire a en ralit recul dans 17 pays Angola,Burundi, Cameroun, Rpublique centrafricaine, Comores,Cte d'Ivoire, Rpublique Dmocratique du Congo,Kenya, Lesotho, Liberia, Madagascar, Mozambique, Niger,Sierra Leone, Somalie, Tanzanie et Zambie. Ensemble, ces

    17 pays abritent plus de la moiti de la populationafricaine en ge scolaire (UNESCO 1998d).

    Le dfi est clair. Dans presque tous les pays, l'accs la scolarisation a t trop lent pour atteindre les

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    roun

    Angola

    Pourcentage

    Source : UNESCO 1998a.

    Schma 1.1 La chute du taux dinscription en primaire dans de nombreux pays africains

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    UNE CHANCE POUR APPRENDRE 11

    objectifs internationaux en matire d'ducationtendant l'galit entre les sexes et l'ducation pri-maire universelle. (Les dates cibles de l'Organisation

    de Coopration et de Dveloppement conomiques,Comit d'Assistance au dveloppement, sont 2005pour l'galit entre les sexes dans le cadre de l'duca-tion primaire et secondaire et 2015 pour l'ducationprimaire universelle; OCDE, CAD 1996.) Environ 12 %

    des enfants gs de 6 11 ans vivent en Afrique ;cependant, cette rgion compte plus d'un tiers desenfants non scolariss dans le monde. moinsd'assister un renversement de tendance, en 2015,75 % des enfants non scolariss seront africains(Oxfam 1999).

    Matrise des comptences fondamentales

    Conditions de l'enseignement. De nombreux paysafricains ne sont pas en mesure de fournir un

    environnement adquat pour un apprentissage efficace.La surpopulation rgne dans les classes et lesenseignants sont sous-qualifis, peu motivs, souventrmunrs de manire insuffisante et irrgulire et pra-tiquement dpourvus de soutien de la part de la direc-tion. Labsentisme du corps professoral est gnralis,perturbe le processus denseignement et mine la confi-ance de l'opinion publique dans la valeur de lducation.

    Le dveloppement de l'enseignement se heurteen outre au manque de matriel (encadr 1.1).Le matriel disponible l'est souvent dans une langueque la plupart des tudiants ne parlent pas chez eux.Une tude rcente (UNESCO 1998d) a montr que dans10 pays sous revue sur 11, plus d'un tiers des tudi-ants se trouvaient dans des classes sans tableau. Dans

    8 pays sur 11, plus de la moiti des tudiants en finde cycle ne disposaient pas de livres de mathma-tiques. La plupart des enfants africains passent en

    moyenne 50 % de temps en moins dans la salle de

    classe au cours de l'anne scolaire que les lvesvivant dans les pays industrialiss.

    Les privations lies la pauvret contribuentaux faibles niveaux de russite scolaire observsen Afrique. Les enfants pauvres sont ceux qui con-

    sacrent le plus de temps participer directement ouindirectement au revenu familial. Par consquent,ils risquent de ne pas affecter le temps extrasco-

    laire normalement consacr aux devoirs, ilsrisquent de sabsenter de l'cole au cours des pri-odes de travaux intensifs et d'tre moins bien dis-poss apprendre en classe en raison de leur tatde fatigue et de leur mauvaise prparation. Plus de40 % des enfants africains sont chtifs, alors quepratiquement un tiers d'entre eux affichent un poids

    insuffisant. Les enfants en ge de frquenter

    La disponibilit des manuels est en gnral trs faibledans la plupart des pays africains. Certains pays (le

    Lesotho, par exemple) disposent de fonds bien grspour assurer la rotation des manuels depuis le dbutdes annes 1980 et ont russi maintenir un bonapprovisionnement. Ils reprsentent toutefois lexcep-tion. En Ouganda, les tudes sur le terrain ralises en1999 ont dmontr que, malgr un apport considrablede manuels soutenu par des donateurs, le rapport

    livre/lve rel tait dans certains cas de seulement1/30, rsultat bien infrieur aux estimations officiellessuggrant un rapport de 1/7. La raison principale decette divergence semble tre la faible dure de vie deslivres en raison des mauvaises conditions de stockage

    et dun taux lev de livres perdus ou endommags.

    Les retards dans lapprovisionnement en livres et lacroissance rapide des inscriptions dans le primaire sont

    galement des facteurs dterminants de la pnuriede manuels.

    Linsuffisance des manuels est fonction de lloigne-ment des coles dun centre de distribution. Ladiffrence de disponibilit est considrable entre lesrgions urbaines et rurales. On remarque galement desvariations selon les niveaux scolaires et les matires. Auniveau secondaire, les matires essentielles telles que leslangues et les mathmatiques disposent de plus de livresque les sciences et les sciences humaines. Bien que les

    programmes dtudes officiels spcifient typiquement8 10 matires, les donateurs ont tendance fourniruniquement des manuels pour les matires principales.

    Encadr 1.1

    Disponibilit des manuels scolaires en Afrique

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    12 LDUCATION AFRICAINE AU SEUIL DU VINGT-ET-UNIME SICLE

    l'enseignement primaire sont galement particulire-ment vulnrables aux maladies affectant le plus lesmilieux pauvres, en particulier les troubles gastro-

    intestinaux et respiratoires. Par rapport aux enfants en

    bonne sant, les enfants sous-aliments et maladestirent un profit moindre des cours et ont davantage ten-

    dance les manquer (Lockheed et Verspoor 1991). Si lesfrais privs de scolarisation sont levs, les parents dansles mnages pauvres sont davantage susceptibles deretirer leurs enfants de l'cole un stade prcoce ducycle scolaire (UNICEF 1999). Tous ces effets sont exac-

    erbs par la propagation rapide du VIH/SIDA, qui a desrpercussions sur la prsence des enseignants et des tu-diants et absorbe les ressources du mnage.

    Suivi et valuation. Comme on pouvait s'y attendre,les tudiants qui achvent l'enseignement primaire ontsouvent un niveau d'enseignement excessivement faible.

    Les rares valuations rgulires de russite scolaireeffectues en Afrique ne sont gure encourageantes. En1990 - 1991, le Botswana, le Nigeria et le Zimbabwe ont

    particip une tude mene dans 31 pays et portant surlaptitude la lecture en classe de quatrime (Elley1992). Les tudiants de ces trois pays ont obtenu lesrsultats les plus bas, nettement infrieurs ceux deslves de quatre autres pays en voie de dveloppementparticipant cette enqute (les Philippines, la Thalande,Trinit et Tobago et la Rpublique du Venezuela).

    Plus rcemment, le Consortium africain mridionalpour lvaluation de la qualit de lducation a valulaptitude la lecture des tudiants de 6me delle Maurice, de Namibie, de Zambie, de Zanzibar etde Tanzanie. Les moyennes de russite en lecturec'est--dire le pourcentage de rponses correctesoscillaient entre 38 % et 58 % (schma 1.2).Au Sngal, lors des tests de niveau bass sur un pro-gramme officiel, seulement 25 % des tudiants ontobtenu un niveau de matrise dfini comme unscore de 75 % au moins de rponses correctes ensciences et en franais (INEADE 1997).

    Redoublement. Lenvironnement d'apprentissagedfavorable typique de nombreuses coles en Afriqueentrane souvent des taux de redoublement importantset des taux d'achvement faibles (UNESCO 1998a).Plusieurs pays africains ont des taux de redoublement

    faibles. Certains dentre eux, comme par exemple laZambie, ont adopt une politique dadmission automa-tique. Dans dautres pays, tels que lle Maurice, unenseignement efficace permet de limiter moins de10 % le nombre dtudiants qui redoublent chaqueanne. Toutefois, dans 15 pays, plus de 20 % destudiants sont redoublants en Cte dIvoire, plus dela moiti des lves du primaire redoublent au moinsune fois. Le redoublement constitue une utilisation

    inefficace des maigres ressources de ces pays. Dans 11

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    30

    40

    50

    60Narratif

    Dmonstratif

    Documentaire

    Ensemble

    ZimbabweZanzibar, TanzanieIle MauriceNamibie

    Pourcentage

    Source : Saito 1998.

    Schma 1.2 Rsultats des tests de russite en lecture dans les pays participants

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    14 LDUCATION AFRICAINE AU SEUIL DU VINGT-ET-UNIME SICLE

    Toutefois, un quart seulement des jeunes de cette

    catgorie d'ge ont accs l'enseignement secondaireet seuls 6 pour cent sont touchs par les programmesde formation professionnelle et les programmes

    d'enseignement non officiels. En outre, la qualit desprogrammes de perfectionnement professionnel

    subventionns par l'tat est en rgle gnrale faible.Ces programmes dpendent fortement du financementexterne et affichent des cots d'enseignement parlve levs (Middleton, Van Adams et Ziderman1993). De mme, de tels programmes sont souvent maladapts la demande existant sur le march du travailet ne sont pas en mesure de gnrer des possibilitsd'obtention de revenus. Les programmes d'acquisition

    d'aptitudes sont typiquement axs sur l'emploi dans lesecteur formel alors que le secteur formel n'absorbe,

    dans la plupart des pays africains, qu'une petite

    minorit des recrues sur le march de l'emploi (Mingatet Suchet, paratre prochainement).

    Laccs aux nouvelles technologies de communica-tion, de linformation et informatiques reste limitlenseignement secondaire et aux tablissements deformation du secteur public en Afrique. Le manque

    d'quipement et de supports ducatifs constitue uneautre entrave l'apprentissage. En sus des tablisse-ments de formation du secteur public, il existe dans la

    plupart des pays africains un riche secteur de forma-

    tion priv qui prpare les candidats aux emplois dansles secteurs formel et informel par le biais d'une for-

    mation pratique et scolaire. Mme si de nombreusesinitiatives de formation prive ont t couronnes desuccs, de nombreuses autres sont de mauvaise qual-it. Seules une poigne d'entre elles dispensent auxtudiants les aptitudes dont ils ont besoin pour tra-vailler dans l'conomie naissante reposant sur lestechnologies de l'information et de la communication.

    Enseignement suprieur

    Dans de nombreux pays africains, les universits sontles seules institutions nationales disposant des

    aptitudes, de lquipement et du mandat pour gnrerde nouvelles connaissances travers la recherche etpour adapter les connaissances existantes au niveau

    mondial afin de rsoudre les problmes locaux. Lesuniversits africaines sont toutefois des institutionsrelativement neuves et faibles. Les liens initiaux

    unissant les programmes de cours aux tudesreligieuses et aux besoins de la fonction publique ont

    souvent suscit le dveloppement des scienceshumaines et des sciences sociales au dtriment dessciences naturelles, de la technologie applique, desconnaissances professionnelles et des capacits entermes de recherche (Banque mondiale 1998a).

    De nombreux pays ont prouv des difficults pours'loigner du modle colonial dans lequel l'tat tait lepourvoyeur lgitime unique de l'enseignementsuprieur pour une petite lite privilgie. Lefficacitde lenseignement universitaire a en outre t entravepar la mdiocrit des performances conomiquesnationales, l'inadquation des structures gouverne-mentales, la faiblesse des politiques nationales, la

    mauvaise qualit des capacits de gestion, l'immixtiondes milieux politiques dans les universits et lagita-tion estudiantine (ADEA 1999b). Dans l'intervalle,

    la coopration rgionale souvent limite entre lesinstitutions de l'enseignement suprieur limite encoreles capacits d'enseignement et de recherche.Cependant, la croissance des inscriptions dans

    l'enseignement suprieur est sans prcdent. En 1960,l'Afrique ( lexception de l'Afrique du Sud) comptait sixuniversits qui accueillaient moins de 30.000 tudiants.En 1995, la rgion comptait presque 120 universits etpratiquement deux millions d'tudiants.

    Un des problmes majeurs des universitsafricaines est la baisse de la qualit de l'ducationen raison de la diminution des ressources pendant la

    priode d'inscriptions croissantes (ADEA 1999a). Lesdpenses par tudiantmesures en units de PNB parhabitantont diminu dans 10 des 15 pays pourlesquels les donnes sont disponibles. Dans des payscomme la Mauritanie et la Zambie, les dpenses partudiant ont chut de plus de 50 %. Nanmoins, lecot de lenseignement suprieur en Afrique reste levselon les critres internationaux. En 1992, le finance-ment public de l'enseignement par tudiant, exprimen tant que pourcentage du PNB par habitant, tait de15,1 pour cent au niveau pr-primaire et primaire, de53,7 pour cent au niveau secondaire et de 507 pour

    cent au niveau universitaire. Cette disparit place lespolitiques de gestion stratgique des ressources des-tines l'enseignement suprieur au cur de toute lapolitique de dveloppement de l'ducation. Certainesuniversits ont commenc mettre au point dautresmthodes de fourniture de services par le biais des pro-grammes d'ducation distance pour les rgionsrurales ou faible densit de population, les tudiantsdfavoriss et les tudiants ayant un emploi pleintemps. Un certain nombre duniversits se sont inities

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    UNE CHANCE POUR APPRENDRE 15

    aux technologies dInternet. Ces options proposent unesolution alternative au modle traditionnel de l'duca-tion suprieure bas sur une formation temps pleinprcdant la vie active, sur des campus rsidentiels ;dans la plupart des cas toutefois, le potentiel des nou-

    velles technologies est sous-utilis.

    Efficacit

    Lefficacit de l'utilisation des dpenses en matired'ducation est trs variable, tout comme le sont lesraisons expliquant les divergences observes au sein etentre les pays francophones et anglophones. Dans cer-

    tains pays, particulirement au Sahel, le niveau dessalaires des enseignants rend trs difficile la mobilisa-tion des ressources pour atteindre l'ducation primaireuniverselle dans un avenir prvisible. Dans dautrespays, le niveau trs bas des salaires oblige lesenseignants exercer d'autres activits.

    Les politiques de mutation des enseignants peu-

    vent galement donner lieu une distribution deressources inefficace et inquitable. Il n'est pas rareque les enseignants soient muts sans prendre encompte le nombre d'tudiants, les annes d'exprienceou le salaire de l'enseignant. Le rapport enseignant/

    lves au Niger par exemple varie sensiblement entreles diffrentes coles (schma 1.4). Par exemple, dansles coles primaires de 200 lves, le rapportenseignant/lves oscille de 1/100 1/20. La situa-tion est similaire au niveau secondaire. De telles

    disparits peuvent mettre en pril lefficacit du fonc-tionnement de lensemble du systme ducatif etmnent presque immanquablement de faibles tauxdapprentissage et de participation estudiantins. Uneanalyse spcifique par pays est ncessaire pourlaborer la rponse politique approprie.

    Une tude rcente (Lewin et Caillods 1999)soutient que les pays en voie de dveloppementprsentant des taux d'inscriptions faibles dans lesecondaire - y compris la plupart des pays africains -

    ne peuvent pas financer, sur la base des structures de

    cots actuelles, des taux de participation nettementplus levs partir des ressources publiquesintrieures. un niveau de revenu donn, le cotdenseignement secondaire par lve varie con-sidrablement au sein et entre les pays. Il savre enralit que lenseignement secondaire est le plusonreux, en termes de PNB par habitant, dans les paysqui connaissent les taux dinscription les plus bas.

    En Afrique, les coles secondaires utilisent lesressources, telles que les enseignants et les btiments,dune manire nettement moins efficace que les colesprimaires. Une raison susceptible d'expliquer ce

    phnomne tiendrait au fait que, dans les pays les pluspauvres, les coles secondaires sont toujours organ-ises d'une manire traditionnelle afin d'assurerl'ducation d'une petite lite.

    La limitation des ressources publiques et les prior-

    its de dpenses publiques concurrentes ont empchde nombreux gouvernements prendre bras-le-corpsle dfi du dveloppement de l'ducation. Depuis lemilieu des annes 1980, la quote-part des dpenses duPNB consacre l'ducation a augment dans 14 des26 pays africains pour lesquels des donnes sontdisponibles, s'est stabilise dans un pays et a rgressdans 11 autres. Peut-tre plus important encore, cettequote-part est toujours infrieure 3 % dans 8 pays(UNESCO 1998c). un niveau donn de quote-part duPNB affecte aux dpenses en matire dducation,force est de constater qu'en Afrique, les taux de par-

    ticipation et de russite scolaire sont infrieurs ceuxdes autres pays faible revenu (tableau 1.3).L'utilisation inefficace et inquitable des maigresressources, dans un contexte de croissance dmo-graphique leve et de pression exerce par de puis-sants groupes pour le financement gnral public del'ducation, s'ajoute aux dfis fiscaux. Par consquent,ces pays doivent fixer des priorits en matire dedpenses publiques et identifier de potentiels gainsdefficacit et des opportunits de mobiliser desressources prives et publiques supplmentaires.

    Enseignement priv

    En Afrique, le secteur priv devient un fournisseur deplus en plus important de services d'enseignement.

    Les structures prives en place vont des colesgres par la communaut et dpendant des contri-butions en nature aux coles caractre lucratif des-tines la population aise. l'heure actuelle,la majorit des coles prives enregistres en Afriquesont des coles communautaires et religieusesne poursuivant pas de but lucratif (IIEP 1999).

    Le secteur priv ne joue qu'un rle limit au niveauprimaire, mais a pris, au cours de ces derniresannes, une part de plus en plus importante dans laformation secondaire, professionnelle et suprieure.En Cte dIvoire, 36 pour cent des tudiants de

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    16 LDUCATION AFRICAINE AU SEUIL DU VINGT-ET-UNIME SICLE

    l'enseignement secondaire gnral et 65 pour cent destudiants de l'enseignement technique sont inscritsdans des coles prives (Vawda, Yaaub et Patrinos1999). En Zambie, pratiquement 90 pour cent des

    tudiants qui passent des examens techniques etprofessionnels ont t forms en dehors des tablisse-ments d'enseignement publics. Lenseignement priva le potentiel de rduire le poids financier supportpar les pouvoirs publics, doffrir un plus vaste choixet un meilleur contrle aux parents et de renforcerla responsabilit.

    Certains pays tentent galement daccrotre le

    rle des fournisseurs privs dans la fourniture deservices de soutien, tels que la publication des

    manuels, la construction des classes et la restauration

    universitaire. Les pays auront besoin d'analyses

    dtailles de ces programmes, de dispositions organi-sationnelles et de structures de cots lorsqu'ils envis-ageront de mettre en place des stratgies abordablespour tendre l'accs l'enseignement secondaire, laformation professionnelle, ainsi qu' l'enseignementtechnique et suprieur.

    Note : A = 1 cole, B = 2 coles, C = 3 coles, etc. Z = 26 coles.

    Source : Banque mondiale b paratre prochainement.

    22- A

    21- A

    20- A A A

    19- AA A A

    18- A A A A A AA

    17- AA A AA AC A

    16- A A A A A A A

    15- B A AA B A A A A A

    14- A A AB AAA CAB A A AA A A BA A A

    13- A AAB C AAAAA AAA A ACAA A A

    12- A CBBAAAD BAAA AA A AA A

    11- A CBAA AAAAA DDBB A A A A

    10- A B A A BBBBACAA CA A A A A

    9- BB BACD B ABC BAA A A

    8- AB A ABABBBCCAAACABA A A A

    7- A BA ADADA EEGDDDCAC B AAAA A

    6- ABCGJKIKOJJLGECCCBCA A

    5- ABBDHHKFJFEHCCC A

    4- CCDHGJOGMGEHCBA C

    3- EZZZZZZZUOHBBBA

    2- ZZZZZYVIGCB

    1- LZZZKCCB A

    0 200 400 600 800 1000 1200 1400

    Nombre dlves

    Nombre denseignants

    Schma 1.4 Relations entre le nombre d'enseignants et d'tudiants du niveauprimaire au Niger

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    UNE CHANCE POUR APPRENDRE 19

    officielle publique au dveloppement ne reprsentetoutefois que 3 4 % du total des dpenses enmatire de formation en Afrique. Cette moyennedissimule de grandes disparits : certains pays nereoivent pratiquement pas d'aide trangre, tandisque d'autres bnficient de l'intrt de plusieurs dona-teurs et peuvent ainsi financer une grande partie de

    leurs dpenses publiques en matire ducation avecdes fonds extrieurs. Dans certains pays sortis desconflits arms, tels que le Mozambique, laide lducation a t plus ou moins gale aux dpensesfinances par les revenus intrieurs au cours de cesdernires annes.

    Les programmes de dveloppement de l'ducationassists par lextrieur produisent des rsultatsmitigs. De nombreux programmes y compris ceuxsoutenus par la Banque nont pas russi atteindreles rsultats escompts, plus particulirement entermes de renforcement des politiques et des institu-

    tions nationales. Il a t encore plus difficile demaintenir les rsultats positifs initiaux. Dansquelques cas seulement, laide extrieure a catalysdes rformes du systme. Les raisons de cettesituation sont varies et complexes. Dans denombreux pays, des bouleversements politiques et

    des conflits violents ont perturb les rformes. Dansdautres pays, les gouvernements ont d faire face une spectaculaire opposition politique face aux

    rformes sectorielles, en particulier lorsque celles-cicontestaient les modes de financement et de service

    traditionnels qui depuis toujours bnficiaient auxminorits privilgies.

    Les manquements dans lattitude des donateursont galement contribu aux rsultats mitigs de laidedbloque pour lducation. Souvent, les donateursnont pas t suffisamment attentifs la capacit despays grer les programmes de dveloppement, desorte que l'aide n'a pas t utilise aussi efficacementqu'elle aurait d l'tre. Les donateurs ont rarementcoordonn leurs programmes daide lducation etaujourdhui, de nombreux projets restent des opra-tions enclaves assortis d'une appropriation nationalelimite. En labsence de prise en charge nationale, lesdonateurs et les gouvernements visent souvent des

    objectifs diffrents. Dans ces circonstances, laiderisque de remplacer, au lieu de complter, les effortsgouvernementaux (Feyzioglu, Swaroop et Zhu 1998 ;

    Banque mondiale 1998a). Les programmes ont

    rarement t en mesure de prendre en comptel'environnement institutionnel et macro-conomiquenational. Ils se sont davantage concentrs sur desinvestissements spcifiques refltant les programmesdes organismes extrieurs et non les prioritsnationales et soutenant souvent la cration desystmes parallles non viables. La faible coordinationdes programmes d'aide extrieure a multipli lesdemandes adresses aux institutions intrieures,a gnr des efforts fragments et dupliqus, demauvaises priorits de dpenses et a provoqu desproblmes de couverture et de financement.

    Professionnel 20%

    Non-formelle 21%

    Gnral 42%

    Technique 17%

    Source : ADEA 1998.

    Schma 1.6 Aide publique au dveloppement pour lducation, 1996

    Prscolaire 7%

    Suprieur 12%

    ducationsuprieure 20%

    Primaire 22%

    Secondaire 20%

    ducation desadultes 19%

    Par niveau : Par secteur dducation :

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    UNE CHANCE POUR APPRENDRE 21

    2. Les dfis du contexte du dveloppementafricain

    La croissance conomique a ralenti dans les paysd'Afrique subsaharienne dans les annes 1980 et audbut des annes 1990. La flambe du prix du ptroleet l'affaiblissement des marchs lexportation despays industrialiss combins la scheresse et auxguerres civiles secouant plusieurs pays africains, ont

    entran un dficit de la balance des paiements et ledclin des taux de la croissance conomique lesquels affichaient parfois des taux de croissance

    ngatifs. Ces problmes ont mis en exergue les annesde mauvaise gestion conomique et mis jourd'insoutenables faiblesses structurelles des conomies.Le taux de croissance moyen rel du PIB dans la rgionest tomb d'environ 5 pour cent dans les annes 1960 moins de 2 pour cent dans les annes 1980 et 0,1 pour cent entre 1990 et 1993. En raison de la

    croissance rapide de la population, cette baisse a

    signifi un recul annuel moyen du PIB par habitant d'unpour cent entre 1980 et 1995. Il en rsultait que versle milieu des annes 1990, seuls 12 pays de la rgionavaient un PIB par habitant suprieur celui de 1975.

    Quantit de pays africains ont d procder depnibles ajustements de leurs conomies par rapport l'environnement conomique en mutation. Toutefois,au cours de la priode comprise entre 1994 et 1997,nous avons assist une reprise progressive des tauxde croissance et une augmentation relle du PIB parhabitant d'environ 2,9 pour cent. En 1997, la crois-

    sance du revenu par habitant tait de 3,1 pour cent enmoyenne et tait positive pour 35 des 47 pays sub-sahariens pour lesquels des donnes sont disponibles.Malgr la crise financire mondiale, la moiti des paysd'Afrique subsaharienne a enregistr une croissancepositive en 1998.

    Limpact de la crise conomique des annes 1980sur le secteur ducatif a t dvastateur (chapitre 1),compromettant la demande domestique en ducation etla fourniture publique de ce service. dfaut d'acclra-tion des amliorations dans le secteur, les perspectivesde dveloppement long terme de la rgion resterontsombres. Le contexte pour le dveloppement de lduca-tion dans la rgion reste toutefois dcourageant : La pauvret est gnralise. Les conomies fonctionnent la priphrie de

    l'conomie mondiale.

    Le financement du dveloppement est difficile mobiliser.

    Les nouvelles connaissances scientifiques sontlentes pntrer le continent.

    Les conflits arms perturbent la socit civile. Le VIH/SIDA se rpand rapidement et les maladies

    exigent un lourd tribut.

    Les taux de fcondit demeurent levs.

    Une pauvret gnralise

    La stagnation conomique des annes 1980 et dudbut des annes 1990 a eu un impact dvastateur surles progrs du dveloppement humain en Afrique. Laplupart des indicateurs sociaux de base demeurent latrane par rapport aux autres rgions (tableau 2.1).Des 35 pays classs par le Programme des NationsUnies pour le dveloppement (PNUD) comme ayant undveloppement humain faible, 28 se situent en Afriquesubsaharienne (UNDP 1999). Plus de 40 pour cent des

    Africains vivent en dessous du seuil de pauvret de 1$par jour ; de mme, l'incidence de la pauvret et lenombre absolu des personnes vivant dans la prcaritont augment depuis la fin des annes 1980. Lapauvret et la privation extrmes empchent lesinvestissements dans lducation de la part desgouvernements et des mnages et sont la consquencedu faible niveau de lducation.

    Les stratgies de dveloppement conues pourrduire la pauvret doivent ds lors tre fondes surune politique conomique saine et centres sur desprogrammes de dveloppement du capital humain.Avec sa population en rapide croissance, cette rgiona besoin d'un taux de croissance annuel de 5 pour cent

    pour empcher la poursuite de la croissance de lafrange pauvre de sa population. Afin de rduire demoiti l'incidence de la pauvret, les pays africainsdevront afficher des taux de croissance annuels par

    tte d'habitant dau moins 7 pour cent jusqu'en 2015(Banque mondiale 2000b), d'une manire telle que lacroissance de la production amliore les perspectivesdemploi et amliore laccs aux services sociaux pourles pauvres. Les programmes de dveloppementhumain doivent tre bass sur une analyse prcisantclairement qui sont les pauvres et quels sont les

    mcanismes les excluant des services sociaux, ycompris de lducation.

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    22 LES DFIS DU CONTEXTE DU DVELOPPEMENT AFRICAIN

    Des conomies la priphrie de lconomiemondiale

    L'Afrique, avec ses 18 pour cent de la surface du globe

    et ses 10 pour cent de la population mondiale, ne

    produit qu'un pour cent du PIB mondial. L'conomieinternationale sest dveloppe et a considrablementvolu au cours de ces 20 dernires annes, avec unestructure commerciale et une concurrence en volutionconstante incluant des innovations technologiques

    perptuelles. Tous ces changements produisent uneconomie mondiale concurrentielle, ultra-rapide etaxe sur la connaissance. L'Afrique n'a pas t enmesure de conserver sa part dans cette nouvelle

    conomie mondiale.Au cours des annes comprises entre 1980 et

    1996, le PIB mondial a augment de 3,3 pour cent paran, alors quen Afrique, il natteignait que 1,7 pourcent par an en moyenne. Les exportations mondiales

    de biens et de services (en dollars actuels) ont presque

    tripl au cours de cette priode, alors que les exporta-tions de l'Afrique ont stagn, entranant la baissebrutale de sa quote-part, laquelle est passe d'environ4,0 1,3 pour cent (Banque mondiale 1999d). Depuis1990, la rgion a t aussi largement ignore delaccroissement rapide des investissements trangersdirects, refltant ainsi en partie la menace quereprsentent les insoutenables dettes extrieures.

    Entre 1990 et 1996, moins de 3 pour cent de tous les

    flux d'investissements trangers directs raliss dansles pays en voie de dveloppement ont bnfici lAfrique (Banque mondiale 1997). Beaucoupd'conomies africaines disposent d'un petit secteurproductif moderne, lequel n'absorbe pas plus de

    30 pour cent de la main-d'uvre conomiquementactive (OIT 1998). L'augmentation de la productivitet de la comptitivit des secteurs non officiels etmodernes est un dfi que peu de pays africains peu-vent se permettre d'ignorer.

    Toutefois, comme nous l'avons indiqu, la plupartdes conomies africaines ont connu une croissance plussoutenue depuis 1994. Des taux de change plus souples

    et plus concurrentiels, un quilibre fiscal plus sain etune amlioration du march l'exportation indiquentque la tendance rcente peut tre maintenue au coursdes prochaines annes. En outre, le continent peutengranger des gains normes s'il parvient tirer profitde son potentiel de rattrapage grce aux rendementssur les nouveaux investissements (Killick 1998).

    Les performances conomiques plus long termedpendront des amliorations dans le capital humain etde la capacit y affrente utiliser les technologiesmodernes, ainsi que lamlioration des institutions etdes infrastructures publiques aux niveaux national et

    rgional. Le dterminant essentiel du rythme dedveloppement de lAfrique pourrait tre sa capacit

    Tableau 2.1 Indicateurs sociaux de base par rgion

    Taux de mortalit infantile(pour 1 000 naissances viables)

    Taux brut de scolarisationau niveau primaire (%) Esprance de vie (annes)Rgion

    1980 1997 1980 1995 1970 1997

    Afriquesubsaharienne 115 91 78 74 44 49

    Asie du Sud 119 77 76 94 49 63

    Asie orientaleet Pacifique 55 37 111 115 62 70

    Amrique latineet Carabes 60 32 105 110 60 70

    Moyen-Orientet Afriquedu Nord 95 49 77 84 51 65

    Source : UNICEF 1999 ; UNESCO 1998c ; PNUD 1999.

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    24 LES DFIS DU CONTEXTE DU DVELOPPEMENT AFRICAIN

    Le tarissement partiel des flux d'aide l'Afrique amis en exergue les dfis constitus par la mobilisationdes recettes domestiques. Entre 1990 et 1998, les flux

    d'aide par habitant accords l'Afrique ont chut de$32 $19, refltant le dclin gnral observ depuis1991 dans l'octroi des aides (Banque mondiale 2000b).

    La diminution des flux d'aide a rduit la contributionproportionnelle des aides internationales aux besoins

    en financement des pays en voie de dveloppement,mais ce recul s'est accompagn d'une reprise des fluxde capitaux privs destination des pays en voie dedveloppement. LAfrique a toutefois t largementtenue lcart de ces flux de capitaux privs et dpendtoujours fortement des aides officielles au dveloppe-ment. En 1996, le montant net des aides la rgionhors Afrique du Sudreprsentait 8,6 pour cent duPNB de la rgion, contre moins d'un pour cent dans lesautres rgions en voie de dveloppement.

    La question de savoir si l'initiative HIPC fournit

    rellement un financement supplmentaire pour lespays africains ou si elle recycle uniquement les budgets

    d'assistance existants s'avrera dcisive dans le ren-versement de l'actuelle tendance gnrale la baisse. plus long terme, la mesure dans laquelle lallgementde la dette relancera la confiance des investisseurs en

    Afrique ainsi que la capacit des gouvernements et descranciers africains viter de futures crises, serontcruciales dans la dfinition des perspectives de crois-sance conomique, dans llimination de la pauvret etdans la rduction de la dpendance aux aides.

    Assimilation inadquate de connaissancesscientifiques

    L'explosion mondiale des connaissances donne aux

    pays africains l'opportunit de combler le foss dansles domaines de l'information et de la connaissance,

    accroissant de ce fait les revenus et les conditions de

    vie beaucoup plus rapidement qu'on aurait pu limag-iner auparavant. Pour tirer profit du stock de connais-

    sances mondiales, les pays ont besoin de dvelopperdes comptences technologiques notamment dansles universits et les autres institutions de rechercheprives et publiques pour choisir, assimiler etadapter la technologie importe et poursuivre unprogramme de recherche centr sur les problmeslocaux. La cration, lassimilation et la communicationde connaissances nouvelles ncessitent une ducationde base (pr-primaire, primaire et formation pour

    adultes) pour tous et des possibilits de poursuivre laformation et dacqurir des comptences techniques etscientifiques de haut niveau (Banque mondiale

    1999b). L'Afrique est en retard dans ces deux

    domaines. Plus de 40 millions de ses enfants ne sont

    pas scolariss. Les taux d'inscription dans le sec-ondaire, particulirement en sciences et en mathma-tiques, sont faibles. De mme, les bases scientifiqueset technologiques de la plupart des pays africains sont

    inadquates.Les investissements publics dans la recherche et le

    dveloppement scientifiques sont estims 0,2 pourcent du PNB rgional, ce qui constitue un des niveauxles plus bas au monde. La rgion ne reprsente que0,8 pour cent seulement des publications scientifiques

    mondiales (UNESCO 1999a). La plupart des universitsafricaines ne disposent pas des ressources suffisantes

    pour dispenser un enseignement et une recherche

    efficaces. Pour tirer profit de la nouvelle conomie desconnaissances, l'Afrique a besoin de personnel

    comptent dans les domaines scientifique, tech-nologique et informatique notamment des person-nes ayant des comptences sophistiques enrecherche susceptible de participer aux dveloppe-ments dans des secteurs cls (comme la physique, lascience des matriaux, l'informatique, la technologie,l'ingnierie) et d'valuer et de dvelopper des applica-tions locales de ces nouvelles technologies. Il sera

    ncessaire de crer aux niveaux rgional et sous-rgional des centres d'enseignement scientifique et derecherche d'envergure mondiale, capables de fournir et

    de conserver ces catgories de personnel.Les mauvais rseaux de communication et les

    mdiocres flux d'informations entravent plus encorel'utilisation de nouvelles connaissances en Afrique.

    Ces lacunes limitent l'information sur la qualit desproduits et des services, empchant le contrle etentravant lchange dinformations avec les bnfici-aires (encadr 2.1). Lradication de ces manquementsen termes d'information sera un lment essentiel detoute stratgie nationale de gestion des connaissances.

    Conflits arms de grande envergure

    Au cours de la seule anne 1996, un tiers des paysafricains ont t en proie des conflits arms. UnAfricain sur cinq vit dans un pays gravement touch parla guerre. Ces conflits causent d'normes souffranceshumaines, des dvastations matrielles, des pertes

  • 7/30/2019 Une chance pour apprendre - Le savoir et le financement pour lducation en Afrique subsaharienne (Banque Mon

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  • 7/30/2019 Une chance pour apprendre - Le savoir et le financement pour lducation en Afrique subsaharienne (Banque Mon

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    26 LES DFIS DU CONTEXTE DU DVELOPPEMENT AFRICAIN

    contribue galement restaurer le capi