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Une fenêtre ouverte sur le monde HïïïïT*unesdoc.unesco.org/images/0007/000748/074842fo.pdfportrait, saisi sur le vif, d'une danseuse coréenne^ interprétant une danse rituelle

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Une fenêtre ouverte sur le monde

HïïïïT*Juillet 1975 (XXVIIIe année) 2.80 francs français

* I

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CLAP

TRESORS

DE L'ART

MONDIAL

101

Année internationale

de la femme

REPUBLIQUE DE COREE danseuse de Bouddha

Rythme, mouvement, grâce, modelé du vêtement, tout semble enlevé d'un seul trait depinceau dans cette 'uvre de Kim-Hong-do, peintre coréen de la fin du 18° siècle. C'est là leportrait, saisi sur le vif, d'une danseuse coréenne^ interprétant une danse rituelle. Kim-Hong-do a créé d'étonnantes séries de dessins consacrés tour à tour aux paysages de sonpays, aux divers aspects de la vie populaire dans les travaux et les jours, ou aux « Immor¬tels », hautes figures du mythe, de la religion et de l'histoire en Corée. Le dessin ci-dessusest conservé au Musée national de Séoul.

UNESCOLe Courrier

JUILLET 1975 28e ANNÉE

PUBLIÉ EN 15 LANGUES

Français Arabe Persan

Anglais Japonais Hébreu

Espagnol Italien Néerlandais

Russe Hindi PortugaisAllemand Tamoul Turc

5 LE MONDE A L'HEUREDE LA MICROBIOLOGIE

par Elie L. Wol/man

Mensuel publié par l'UNESCOOrganisation des Nations Uniespour l'Éducation,la Science et la Culture

Ventes et distributions :

Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris

Belgique : Jean de Lannoy,112, rue du Trône, Bruxelles 5

ABONNEMENT ANNUEL : 28 francs fran-,çais. Envoyer les souscriptions par mandatC.C.P. Paris 12598-48, Librairie Unesco,

place de Fontenoy, 75700 Paris.

Reliure pour une année : 24 francs

Les articles et photos non copyright peuvent être reproduitsà condition d'être accompagnés du nom de l'auteur etde la mention « Reproduits du Courrier de l'Unesco », en

précisant la date du numéro. Trois justificatifs devront êtreenvoyés à la direction du Courrier. Les photos non copyrightseront fournies aux publications qui en feront la demande.Les manuscrits non sollicités par la Rédaction ne sont

renvoyés que s'ils sont accompagnés d'un coupon-réponseinternational. Les articles paraissant dans le Courrier de

l'Unesco expriment l'opinion de leurs auteurs et non pasnécessairement celle de l'Unesco ou de la Rédaction.

Bureau de la Rédaction :

Unesco, place de Fontenoy, 75700 Paris, France

Directeur-Rédacteur en chef :

Sandy Koffler

Rédacteurs en chef adjoints :

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Secrétaires généraux de la rédaction :

Édition française : Jane Albert Hesse (Paris)Édition anglaise : Ronald Fenton (Paris)Édition espagnole : Francisco Fernández-Santos (Paris)Édition russe : Georgi Stetsenko (Paris)Édition allemande : Werner Merkli (Berne)Édition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire)Édition japonaise : Kazuo Akao (Tokyo)Édition italienne : Maria Remiddi (Rome)Édition hindie : Sayed Assad Ali (Delhi)Édition tamoule : N.D. Sundaravadivelu (Madras)Édition hébraïque : Alexander B roído (Tel-Aviv)Édition persane : Fereydoun Ardalan (Téhéran)Édition néerlandaise : Paul Morren (Anvers)Édition portugaise : Benedicto Silva (Rio de Janeiro)Édition turque : Mefra Telci (Istanbul)

Rédacteurs :

Édition française : Philippe OuannèsÉdition anglaise : Roy MalkinÉdition espagnole : Jorge Enrique Adoum

Illustration : Anne-Marie Maillard

Documentation : Christiane Boucher

Maquettes : Robert Jacquemin

Toute la correspondance concernant la Rédaction doit êtreadressée au Rédacteur en Chef.

9 ON A SOUVENT BESOIND'UN PLUS PETIT QUE SOI

Bande dessinée

par Jean-Marie Clément et Safoura A ssia

17 A NOTRE SANTÉ !

Ces microbes, nos meilleurs alliéscontre les maladies microbiennes

par Oganès V. Baroyan

21 LES MILLE TALENTS DES MICROBES

par Kei Arima

24 DEPUIS LA NUIT DES TEMPSUNE CERTAINE COEXISTENCE PACIFIQUE

Les bienfaits des micro-organismes dans la nature

par John Roger Porter

26 NOS ANCÊTRES LES MICROBES

Architectes et gardiens de la biosphère

par Jan Wilhelm M. La Rivière

29 LES INVISIBLES ÉBOUEURS DE NOTRE PLANÈTE

par Albert Sasson

31 UN RÉSEAU UNESCOPOUR LA MICROBIOLOGIE APPLIQUÉE

par Edgar J. DaSilva et Fabian Fernandes

32 LETTRE A UN MICROBIOLOGISTE EN HERBE

par Cari-Goran Héden

2 TRÉSORS DE L'ART MONDIAL

Année internationale de la femme

RÉPUBLIQUE DE CORÉE : Danseuse de Bouddha

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Notre couverture

Ce numéro du Courrier de l'Unesco est

consacré au rôle important de la microbio¬logie dans le monde moderne, aux servicescroissants que les micro-organismes, do¬mestiqués par les savants, rendent auxhommes dans les domaines de la santé, de

l'agriculture, de l'industrie, etc. Lestextes de ce numéro ont été préparés avecla coopération du Comité d'experts en mi¬crobiologie appliquée de la Commissionmixte Unesco-ICRO (Organisation inter¬nationale de recherche sur la cellule). Ledessin de notre couverture fait partie dela bande dessinée sur la microbiologie quenous présentons dans ce numéro sous letitre On a souvent besoin d'un plus petitque soi (voir note en haut de la page 5).

Dessin Jean-Marie Clément © Courrier de l'Unesco

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Les illustrations de cette page montrent l'undes tours étonnants que peut jouer la Nature.La figure souriante, en haut, et la phrase« Have a happy day » (Bonne Journée)sont formées, aussi incroyable que cela puisseparaître, par les dispositions naturelles dumatériel génétique d'une grande bactériedécouverte dans les nodules des racines

d'un plant de cacahuète. Examinant les tissusde cette racine sous un puissant microscopeélectronique, les chercheurs du laboratoirede biochimie appliquée du Département derecherches scientifiques et industrielles deNouvelle-Zélande, à Palmerston North,

s'attachèrent à la fréquence d'assemblementen forme de lettres latines du matériel géné¬tique de cette bactérie. A partir de micro¬graphies de ces « lettres », les microbiolo¬gistes Alan S. Craig et K.L. Giles réunirentla phrase « Have a happy day ». La microgra¬phie de droite montre ce genre de bacté¬ries dans une cellule unique de racine d'unplant [de cacahuète; on y voit les lettres« génétiques » de l'alphabet (flèches), tellesqu'elles apparaissent parmi d'autres formes.

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D'une présentation inhabituelle, ce numéro estentièrement illustré de dessins (pages 2 et 4 excep¬tées). Ces dessins ont été spécialement réaliséspour le Courrier de ¡'Unesco par un couple de scien¬tifiques : Jean-Marie Clément, en collaborationavec sa femme, Safoura Assia. Jean-Marie Clémentest attaché de recherche du Centre national de la

recherche scientifique, au centre de génétique mo¬léculaire, à Gif-sur-Yvette (France). Safoura Assia,Iranienne, est spécialisée en génétique. Par ledessin et dans le langage de tous les jours, cesbiologistes nous font connaître les grandes famillesdes micro-organismes et le rôle qu'elles jouent

et qu'elles pourront jouer dans la vie deshommes. Les enfants ne seront sans doute pas lesseuls à tirer profit de cette souriante initiation àla microbiologie moderne.

LE

MONDE

A L'HEURE

DE LA MICROBIOLOGIE

par Elie L. Woilman

ÉLIE L. WOLLMAN, généticien et cher¬cheur français, est professeur à l'InstitutPasteur, à Paris, dont il assure la sous-

direction depuis 1966. Auteur, en collabora¬tion avec François Jacob (Prix Nobel dePhysiologie-Médecine en 1965) d'un impor¬tant ouvrage sur La Sexualité des Bactéries(Masson éditeur, Paris. 1959), il poursuit sesrecherches sur la génétique des bactéries etdes bacteriophages.

DANS la seconde moitié du

17e siècle, le drapier hollandaisAntonie Van Leeuwenhoek décou¬

vrit, à travers les microscopes qu'ilconstruisait lui-même, le monde insoup¬çonné des micro-organismes. Il futfrappé aussi bien par leur extraordi¬naire ubiquité que par l'extrême diver¬sité de leurs formes.

Deux siècles plus tard, Louis Pasteurdémontrait le rôle que jouent les micro¬organismes dans les processus natu¬rels. Le monde s'étonna que ces petitsêtres pussent être responsables detant de phénomènes restés jusqu'alorsinexpliqués, les uns bénéfiques (à l'ins¬tar de la production du vin et de labière), les autres redoutables (à l'instarde beaucoup de maladies humaines etanimales).

Pendant longtemps, cette diversitédes effets produits par les micro

organismes retint l'attention dessavants. Leur importance pour la santépublique, pour les industries alimen¬taires, pour l'agriculture était telle quel'on étudiait davantage les microbespour ce qu'ils faisaient que pour cequ'ils étaient.

Cependant, Pasteur lui-même avaitmis en évidence la spécificité del'action des micro-organismes : chaquephénomène particulier (chaque maladiepar exemple) était dû à une espèceparticulière. Les microbiologistes, sousl'impulsion de Robert Koch en parti¬culier, s'attachèrent donc à mettre aupoint des méthodes qui permettaientde cultiver, d'isoler, de caractériser desespèces microbiennes.

Cela fut relativement facile dans le

cas des bactéries. D'une manière en

général empirique, une variété de.milieux et de méthodes furent déve-r

Ce que leur doit la microbiologieANTONIE VAN LEEUWENHOEK (1632-1723), naturaliste hollandais. D'aborddrapier de son état, il se servait du compte-fils et se passionna pour les verresgrossissants. Il construisit des lentilles toujours plus fortes qui lui permirent dedécouvrir les « infiniment petits » : les microbes. Il découvrit aussi les levureset les globules du sang.

LOUIS PASTEUR (1822-1895), chimiste et biologiste français. Génial pionnierde la microbiologie, il révéla l'action universelle des micro-organismes. Son nomreste attaché à sa découverte du vaccin contre la rage (1 885). Il étudia la maladiedes vers à soie, découvrit le staphylocoque, réalisa un vaccin contre le charbon.

ROBERT KOCH (1843-1910), médecin allemand. Il découvrit le bacille de latuberculose (qui porte son nom) et le bacille-virgule, agent du choléra. Sestravaux remarquables qui permirent de lutter contre ces deux maladies, véri¬tables fléaux, lui valurent en 1905 le Prix Nobel de médecine.

ËLIE M ETCH NI KOV (1845-1916), zoologiste et biologiste russe. Prix Nobelde médecine en 1 908 pour ses travaux sur l'immunologie, il a fait d'importantesdécouvertes, dont la phagocytose, fonction qui permet à certaines cellulesanimales d'absorber les microbes et de les digérer.

CARLOS JUAN FINLAY (1833-1915), médecin cubain. Il fit une découvertefondamentale : la transmission de la fièvre jaune par les moustiques (confirméeensuite par les travaux de l'Américain Walter Reed) ce qui allait permettred'isoler le virus de cette maladie et d'en enrayer les terribles ravages.

ALEXANDRE FLEMING (1881-1955), médecin et bactériologiste anglais.Dès 1927, en étudiant les moisissures, il découvrit la pénicilline, substancequi inhibait de redoutables microbes, les streptocoques, et dont l'extractionfut réalisée en 1939 par Ernst Boris Chain et Howard Florey. savants anglaisavec lesquels Fleming partagea le Prix Nobel en 1945.

loppés afin de permettre leur étude.Par contre, une catégorie de micro¬organismes, agents de maladies commela mosaïque du tabac, ou la rage, oula poliomyélite, demeuraient invisiblesau microscope et ne pouvaient êtrecultivés sur des milieux artificiels : onleur réserva le nom de virus.

Les bactériologistes constatèrentl'extraordinaire diversité des proprié¬tés des organismes qu'ils étudiaient :certaines bactéries ne pouvaient sedévelopper que sur des milieux orga¬niques très complexes, d'autres aucontraire pouvaient croître dans desmilieux synthétiques simples.

Certaines ne se développaient qu'enprésence d'air (bactéries aérobies) etd'autres qu'en son absence (bactériesanaérobies). Certaines s'accommo¬daient de milieux très acides, d'autresde milieux alcalins, certaines de hautestempératures, d'autres de tempéra¬tures basses.

La microbiologie offrait donc unvaste champ d'études. A partir d'elle etautour d'elle, d'autres disciplines s'indi¬vidualisaient : la virologie, nous l'avonsvu, où l'agent infectieux ne pouvaitêtre cultivé que sur un hôte sensible(plante, insecte, animal), ou sur untissu vivant de cet hôte, l'immunologiequi étudiait les réactions de l'hôte àl'infection, l'épidémiologie qui étudiaitla dissémination des micro-organismespathogènes dans la nature, les méca¬nismes de leur ' propagation et lesméthodes pour contrôler celle-ci, lachimiothérapie qui étudiait les moyensde lutter contre les micro-organis¬mes, etc.

Pendant longtemps, la microbiologiese développa d'une manière relative¬ment indépendante des autres disci¬plines biologiques. Celles-ci avaientpour objet l'étude des organismespjuricellulaires complexes, différenciés.

Il fallut attendre la naissance de la

physiologie et de la biochimie cellu¬laire pour que des rapprochementss'opèrent entre le monde microbien etle reste du monde vivant.

Les bactéries sont des organismesunicellulaires. Elles sont très petiteset, de ce fait, peu accessibles àl'observation directe ou à l'expérimen¬tation sur un individu isolé. On a donc

affaire, en général, non pas à desindividus mais à des populations nom¬breuses : une culture à peine visible,en milieu liquide, contient environ10 millions d'individus par centimètrecube.

Les bactéries, enfin, se multiplientpar simple division. Ce sont tous cescaractères qui, pendant longtemps, lesont tenues en dehors du champ d'étudede la biologie générale.

Elles n'y sont entrées que dans lesecond quart du présent siècle. Eneffet, chaque bactérie est à la foisune cellule et un organisme. A partirdes aliments qui lui sont fournis dansle milieu, elle croît, puis se divise,donnant ainsi naissance à deux indi¬

vidus identiques au premier. De nom¬breuses espèces peuvent être culti¬vées dans des milieux définis et l'on

peut aisément obtenir des culturesabondantes et homogènes. On peutainsi suivre les réactions biochimiquespar lesquelles les aliments sont trans¬formés pour donner naissance auxconstituants de la culture bactérienne :

il s'agit du métabolisme.

D'autre part, nous l'avons vu, lemonde bactérien est très divers. Les

espèces bactériennes diffèrent parleurs exigences nutritionnelles, par lesaliments qu'elles sont capables d'utili¬ser, par les sources d'énergie (chimi¬que, lumineuse) qu'elles emploient, parles substances qu'elles sont capablesde dégrader. Toutes ces réactions sont

accomplies grâce à des catalyseursbiologiques, les enzymes, qui sont degrosses molécules protéiques.

Chacune de ces enzymes est douéed'une très grande spécifité et accom¬plit une réaction déterminée. On peutdonc, à partir d'une culture de bacté¬ries que l'on a recueillie, broyée, frac¬tionnée, isoler différentes enzymes, lespurifier, étudier leurs propriétés etreproduire dans le tube à essai lesréactions biochimiques qu'elles peu¬vent catalyser.

On a pu ainsi démêler les multipleschaînons des voies métaboliques parlesquelles s'accomplissent les transfor¬mations des aliments, puis la biosyn¬thèse des constituants essentiels de la

matière vivante. On a pu ainsi consta¬ter que malgré la grande diversité destypes physiologiques observés dansle monde bactérien, il y avait de pro¬fondes analogies avec les grandesvoies métaboliques des autres êtresvivants, ce qui confirmait l'un desgrands concepts de la biologie :diversité et unité.

En effet, les recherches poursuiviesavec les bactéries recoupaient lesrésultats qui étaient obtenus paral¬lèlement avec les tissus animaux et

végétaux. On retrouvait les mêmescomposés biochimiques, des réactionsbiochimiques analogues, accompliesgrâce à des enzymes remplissant lesmêmes fonctions. Dans l'extrême

diversité de voies métaboliques d'uneextraordinaire complexité, apparais¬saient des carrefours essentiels et des

composés-clefs.Toutes les cellules renferment les

mêmes constituants dont les princi¬paux sont des macromolécules : lesacides nucléiques et les protéines.Parmi les acides nucléiques, on dis¬tingue l'acide désoxyribonucléique ouADN, que l'on trouve dans le noyau

De gauche à droite: Photo Museum d'histoire naturelle Paris. Photo Institut Pasteur Paris. Photo OMS.Photo OMS. Photo Musée historique des sciences médicales, La Havane, Cuba. Photo OMS.

et les acides ribonucléiques que l'ontrouve surtout dans le cytoplasme.

Les protéines sont de gros édificesmoléculaires composés d'acides ami¬nés, au nombre d'une vingtaine. Lesplus importantes d'entre elles sont lesenzymes qui constituent la machineriede la cellule. Pour que les cellulescroissent et se multiplient, Il faut queles constituants cellulaires soient syn¬thétisés. Ils le sont grâce à un ensem¬ble de mécanismes d'une grandecomplexité, à partir des aliments quisont fournis à la cellule.

Ces aliments sont transformés pardes réactions enzymatiques qui four¬nissent à la fois les chaînons élémen¬

taires qui vont servir aux synthèseset l'énergie nécessaire pour que cessynthèses puissent se réaliser.

Ainsi, par-delà l'extrême diversitésous laquelle nous apparaissent lesêtres vivants, il existe des mécanismesfondamentaux qui leur sont communs.C'est, pour une large part, grâce àceux de ces êtres vivants qui nousapparaissent comme les plus simples,les micro-organismes, que cette unitéprofonde a été découverte.

Les premiers contacts entre laphysiologie microbienne et la physiolo¬gie des organismes supérieurs s'étaientétablis, vers les années 1930, à traversles études de la nutrition. Il avait été

constaté que certaines substances(des acides aminés, des bases puri-ques ou pyrimidiques, des vitamines)étaient indispensables à la croissancede micro-organismes et d'organismessupérieurs.

Grâce surtout aux travaux d'André

Lwoff, à l'Institut Pasteur, Paris, sefit jour la notion de metabolites essen¬tiels, c'est-à-dire de substances indis¬

pensables à tous les êtres vivants etla notion corrélative que les organis

mes auxquels il fallait les fournir setrouvaient être incapables d'en réaliserla synthèse.

Cette notion fut mise à profit, unedizaine d'années plus tard, parGeorge Beadle et Edward Tatum, àl'Université de Stanford, en Californie,pour leurs travaux génétiques sur lamoisissure Neurospora crassa.

Les généticiens, à la suite desdécouvertes de Gregor Mendel, étu¬diaient les résultats des croisements

chez les organismes doués de repro¬duction sexuée : les pois, puis le maïs,ou la mouche du vinaigre ou droso-phile. Les caractères qu'ils étudiaientétaient des caractères morphologiquescomplexes : la coloration des fleurs,l'aspect des graines, la longueur desailes, etc.

Ils avaient établi l'existence d'unités

d'hérédité ou gènes, disposés linéaire¬ment sur les chromosomes contenus

dans les noyaux des cellules. Chaquecaractère observable était gouvernépar un gène particulier, mais on igno¬rait la nature des gènes et la manièredont le génotype (l'information conte¬nue dans les gènes) gouvernait lephénotype (l'aspect revêtu par l'indi¬vidu).

Le champignon Neurospora crassapeut être cultivé dans un milieu défini.Des croisements peuvent être réalisésentre des souches présentant descaractères différents et les produits deces croisements analysés de manièrequantitative. Beadle et Tatum eurentl'idée d'induire par des agents muta-gènes (rayons X ou lumière ultra¬violette) des mutants de Neurosporaexigeants en facteurs de croissance,c'est-à-dire incapables de se dévelop¬per sur le milieu simple qui convientà la souche d'origine.

Ils obtinrent ainsi un grand nombre

, de souches différentes, chacune carac¬térisée par un besoin spécifique enfacteur de croissance. Par des croise¬

ments appropriés, ils démontrèrentque chaque caractère nutritionnel estgouverné par un gène, chaque gèneoccupant une place particulière surl'un des chromosomes de Neurospora.

Plus encore, chaque gène gouvernela synthèse d'une enzyme particulièrequi est présente dans la souche d'ori¬gine ou souche sauvage et absentechez le mutant. C'est la fameuse hypo¬thèse un gène - une enzyme qui éta¬blissait la liaison entre la génétique etla biochimie, le mécanisme par lequelle gène s'exprime en caractère.

Les bactéries étaient, jusqu'alors,demeurées totalement en dehors du

domaine de la génétique. Cependant,dans une culture de bactéries, on peutmettre en évidence la présence demutants spontanés qui diffèrent dutype original par tel ou tel caractère.

En traitant le colibacille, qui poussedans un milieu synthétique simple, pardes agents mutagenes, on peut aussi,comme l'a fait Edward Tatum, isolerdes mutants nutritionnels, exactementcomme dans le cas de la moisissure

Neurospora. Ces mutants sont en touspoints comparables à ceux de Neuro¬spora. Chaque caractère est donc gou¬verné par un gène qui commande lasynthèse d'une enzyme spécifique.

Quelques années plus tard, plusieursmécanismes de transfert génétiqued'une bactérie à une autre bactérie

furent découverts et analysés. Lesgènes des bactéries furent localiséssur un chromosome et, rapidement, lesbactéries devinrent le matériel de choix

pour étudier la nature du matériel géné¬tique et les mécanismes de son fonc¬tionnement.

Un phénomène extraordinaire, dé- .couvert en 1928 par le bactériologiste

anglais Fred Griffith, était resté long¬temps inexpliqué. En mettant en contactdes pneumocoques (agents de la pneu¬monie) avec un extrait de pneumoco¬ques d'un autre type, ces pneumoco¬ques acquéraient héréditairement despropriétés du type qui avait servi àfaire l'extrait.

Près de vingt ans plus tard, OswaldAvery et ses collaborateurs, à l'InstitutRockefeller, New York, démontrèrentque la substance active était l'acidedésoxyribonucléique, ou ADN. L'ADNest le constituant principal des chromo¬somes de toutes les cellules. On letrouve dans toutes les bactéries et

chez un grand nombre de virus.

L'ADN est le matériel génétique.C'est une très grosse molécule, unpolynucleotide, constitué d'un enchaî¬nement de bases dont deux sont des

bases puriques (adenine et guanine) etdeux des bases pyrimidiques (cytosineet thymine), chaque base étant liée àun sucre, le désoxyribose et à unrésidu d'acide phosphorique, l'ensem¬ble base-sucre-acide phosphoriqueconstituant un nucleotide.

En 1953, Francis Crick et JamesWatson, à Cambridge, Angleterre,proposaient un modèle de la structurede l'ADN. Selon ce modèle, l'ADN estconstitué de deux chaînes complémen¬taires, enroulées en hélice l'une autourde l'autre.

Ce modèle rend compte de toutesles propriétés que l'on peut attendredu matériel génétique et l'expérienceacquise depuis vingt ans a démontrésa validité. On comprend, en particu¬lier, comment le matériel génétique seréplique et peut se perpétuer identiqueà lui-même de génération en géné¬ration.

L'expression du message génétiquecontenu dans l'ADN se fait par desmécanismes extrêmement compliquésqui ont été élucidés grâce, en parti¬culier, aux travaux de François Jacobet Jacques Monod, à l'Institut Pasteur.L'ADN se trouve dans le noyau. Lasynthèse des protéines se fait dans lecytoplasme, dans des régions richesen un autre acide nucléique, l'acideribonucléique ou ARN.

Il a été démontré que l'informationgénétique contenue dans l'ADN estd'abord transcrite sous forme d'un

ARN messager qui est une copieexacte du segment d'ADN qu'il s'agitde traduire. L'ARN messager migre dunoyau vers le cytoplasme où il s'accoleà des organites particuliers, appelésribosomes (parce qu'ils sont constituésd'ARN et de protéines). Au contact desribosomes, TARN messager est traduiten une protéine spécifique.

Les processus de la transcription etde la traduction génétique obéissent àdes mécanismes très complexes etsont soumis à de subtiles régulations,comme on en trouve dans les circuits

électroniques.

Selon les conditions du milieu ou,chez les organismes supérieurs, de parla spécialisation des cellules et destissus, il importe que telle réaction

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biochimique se produise ou ne se pro¬duise pas, que telle enzyme soit oune soit pas synthétisée, que tel gènefonctionne ou ne fonctionne pas. Ilexiste donc, à côté des gènes quicodent pour les enzymes, des gènesqui interviennent aux divers niveauxdes circuits métaboliques pour enassurer la régulation.

Jusqu'ici, il a surtout été question debactéries. Mais il existe aussi le vaste

monde des virus. Ceux-ci ont surtout

été connus, pendant longtemps, parleurs effets et plus particulièrementcomme agents de maladie des plantes,des insectes, des animaux et deshommes.

Les virus sont les plus simples parmiles êtres vivants : ils possèdent eneffet la propriété de se reproduireindéfiniment, identiques à eux-mêmes,mais ils ne peuvent se reproduirequ'à l'intérieur d'une cellule.

Un virus n'est pas une cellule. Il necontient en effet qu'un seul acidenucléique qui porte l'information géné¬tique du virus : certains virus contien¬nent uniquement de l'ADN, d'autresuniquement de l'ARN. Un virus ne pos¬sède pas la machinerie qui permet sareproduction. Il doit utiliser celle de lacellule hôte. Son identité et sa perma¬nence sont assurées par l'acide nucléi¬que qui est seul reproduit par lacellule hôte.

Nos connaissances actuelles sur les

virus sont en grande partie dues auxrecherches qui ont été conduites avecdes virus qui infectent les bactéries,les bacteriophages. Beaucoup desnotions qui ont été évoquées dans cetarticle, en particulier dans le domainegénétique, ont été acquises grâce auxrecherches sur les bacteriophages.

Certains bacteriophages, lorsqu'ilsinfectent des bactéries, s'y multiplientet les tuent. D'autres bacteriophagesont également la propriété remarquablede pouvoir s'intégrer au matériel géné¬tique de la bactérie hôte qui survit :l'ADN du virus s'est inséré dans l'ADN

du chromosome bactérien. La bactérie

transformée (dite bactérie lysogène),perpétue héréditairement son matérielgénétique et celui du virus, que l'onappelle un provirus. Quelquefois, parsuite d'une mutation, le provirus nepeut plus passer à l'état infectieux. Ilest défectif et ne peut plus se perpé¬tuer qu'à l'état de provirus.

On connaît des virus d'animaux

qui sont capables de provoquer descancers. Dans ce cas, comme chez lesbactéries, l'acide nucléique du viruss'intègre dans un chromosome de lacellule : il l'a transformée eh cellule

maligne. On ne connaît pas de virusresponsables de cancers humains, maison peut imaginer que, comme dans lecas des bactéries lysogènes, certainscancers pourraient être dus à desprovirus.

L'utilisation de cultures cellulaires a

fait faire de très grands progrès à lavirologie. En effet, la possibilité defaire croître les cellules en culture les

rend accessibles aux méthodes qui ont

fait leurs preuves dans l'étude desbactéries et de leurs virus.

L'immunologie a pris naissancecomme l'une des branches de la micro¬

biologie et de la pathologie infectieuse.Lorsqu'un organisme animal est infectépar des bactéries ou des virus, il meten jeu des mécanismes de défensequi le protègent contre une nouvelleinfection.

Il s'agit, en réalité, d'un phénomènebeaucoup plus général que la défensecontre les agents infectieux. Chaqueespèce animale, et même chaque indi¬vidu à l'intérieur de l'espèce, possèdeune identité immunologique, et desmécanismes qui lui permettent de dis¬tinguer ce qui lui est propre de ce quilui est étranger. Ce qui lui est étranger,ce peut être aussi bien un agent infec¬tieux qu'une substance provenantd'une autre espèce, ou même le sang,ou un organe, d'un individu de lamême espèce.

Ce n'est pas ici le lieu de décrireles mécanismes complexes de laréponse immunitaire, mais l'on voit quecette réponse peut être favorable lors¬qu'elle protège l'individu contre desagressions étrangères, mais qu'ellepeut aussi être défavorable lorsqu'elleconduit à une sensibilisation de l'indi¬

vidu (allergie par exemple), à un acci¬dent de transfusion ou au rejet d'unegreffe.

L'étude des micro-organismes et deseffets qu'ils produisent a donc apportédes contributions très importantes ànotre compréhension du monde vivant.Grâce, en particulier, à une constantecollaboration d'une approche génétiqueet d'une approche biochimique, ils ontpermis de révéler la profonde unitédes mécanismes fondamentaux quiprésident au fonctionnement de tousles êtres vivants.

Cette idée, qui était implicite dansla théorie de l'évolution énoncée parDarwin voici un peu plus d'un siècle,est maintenant appuyée sur un ensem¬ble de faits impressionnants. La révo¬lution ainsi accomplie dans les scien¬ces biologiques ne peut être comparéequ'à l'explosion qui s'est produitedans les sciences physiques un quartde siècle plus tôt avec les succès dela physique atomique.

Cette nouvelle approche des phéno¬mènes biologiques qui vise à les ana¬lyser en termes de structure et defonction des composés chimiques encause, a reçu le nom de biologiemoléculaire. Après les succès écla¬tants obtenus dans l'étude des orga¬nismes les plus simples, les bactérieset les virus, les concepts et les métho¬des de la biologie moléculaire s'éten¬dent aujourd'hui à l'ensemble des disci¬plines biologiques et médicales.

Elle L. Woilman

Le Courrier

On a

souvent besoin

d'un plus petitque soi

par Jean-Marie Clément

et Safoura Assia

(c) Courrier de l'Unesco

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AU MICROBE ...

LA SCIENCE

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A notre santé!Cea microbes, nos meilleurs alliés contre

la horde des maladies microbiennes

par Oganès V. Baroyan

PEU de sciences ont un passéaussi brillant que la microbiolo¬

gie, bien court passé cependant (voirpage 5). Les noms de pionnierscomme Louis Pasteur, Elie Metchni-kov, Robert Koch, Edward Jenner,Dimitri Ivanovsky, Daniel Zabolotny,Gaston Ramon, Alexander Fleming,Nikolai Gamaleya sont, parmi biend'autres, devenus presque légendaires.

Le vif intérêt que d'éminents savantsdu monde entier n'ont cessé de mani¬

fester pour l'étude des micro-organis¬mes n'est pas le fruit du hasard :infections et maladies contagieusesprovoquées par ces créatures infimesse sont de tout temps révélées lespires ennemies de l'homme.

Les longues rangées de croix dont,au Moyen Age, la peste (la « mortnoire ») parsemait les cimetières euro¬péens après avoir décimé la moitié dela population du continent, les milliersde personnes frappées de cécité parla petite vérole ou le trachome, lescentaines de milliers d'enfants para¬lysés par la poliomyélite, les millionsde victimes de la fièvre jaune, les20 millions de morts de l'épidémie degrippe espagnole du début de notresiècle voilà quelques-uns desméfaits que les infections microbien¬nes ont à leur actif.

Et pourtant, aux époques les plusreculées, les hommes se sont évertuésà combattre les maladies contagieuses,même s'ils en ignoraient les causes.Les premières tentatives d'inoculationvolontaire pour protéger contre lavariole remontent à plus de 3 000 ans.Toutefois, la lutte contre les infectionsmicrobiennes n'est devenue efficace

OGANÈS V. BAROYAN, épidémiologistesoviétique de renom, a été, de 1961 à 1964,sous-directeur général de l'Organisationmondiale de la santé. Il est actuellement

Directeur de l'Institut Gamaleya d'épi-démiologie et de microbiologie (Académiesoviétique des sciences médicales), chefde la Faculté d'épidémiologie à l'Institutsupérieur de formation médicale (Ministèrede la Santé), à Moscou. Membre de l 'Aca¬démie des sciences médicales de l'URSS,il est l'auteur de nombre d'études et d'ar¬

ticles consacrés aux infections vira/es, tra¬

duits en maintes langues. Il a été conseillerauprès des Nations Unies et de l'OMS ence qui concerne l'interdiction des armesbactériologiques.

qu'avec l'essor de l'expérimentation etde l'observation scientifiques.

A ce jour, les savants ont mis enévidence et étudié plus de 2 500 typesde micro-organismes. Selon certainsmicrobiologistes, ce chiffre ne repré¬sente qu'un dixième de la « populationinvisible de la planète » ; en effet, onne compte plus les communicationsscientifiques annonçant la découvertede nouvelles variétés. Simultanément,les spécialistes ne cessent d'appro¬fondir leurs connaissances de la

constitution, des propriétés et ducomportement des microbes.

L'univers des micro-organismes s'estrévélé d'une extraordinaire diversité.

Tous ces corpuscules élémentairesbactéries, champignons, virus ontun trait commun : leur taille lillipu¬tienne. Tout est relatif d'ailleurs, car lemonde de l'infiniment petit a ses« nains » dont les dimensions n'excè¬

dent pas celles d'une grosse molécule(on n'a pu les distinguer et les photo¬graphier que récemment, grâce aumicroscope électronique) et ses« géants » dont la grandeur se mesureen microns (un millième de mm) : c'estla baleine par rapport à la fourmi.

Une caractéristique des micro-orga¬nismes qui étonne parfois le chercheur,est leur nature accommodante. On les

trouve en des lieux apparemmentimpropres à la vie : dans les couchessupérieures de l'atmosphère, dans lesglaces de l'Antarctique, dans les jetsbrûlants des geysers et même dansles circuits de refroidissement des

réacteurs nucléaires.

Ils se multiplient à une vitesse inima¬ginable. En vingt-quatre heures, unmicro-organisme donne naissance àsoixante-dix générations. Pour parvenirau même résultat, l'humanité auraitbesoin de plusieurs millénaires. Autrecomparaison non moins impression¬nante : le globe est aujourd'hui peupléd'environ 4 milliards d'hommes, alors

que quelques gouttes d'un milieu deculture hébergent à peu près 7 mil¬liards de germes.

C'est avec cet ennemi, peu exigeant,exceptionnellement vivace et, de sur¬croît, invisible, que l'humanité a « croiséle fer >. Et elle a gagné coup sur coupmaintes batailles décisives. Les infec¬

tions microbiennes ont cédé du ter¬

rain : la diphtérie, la coqueluche, la

poliomyélite, le tétanos, la variole, lapeste, le typhus exanthématique, pourne citer qu'eux, ont subi dans lemonde entier un déclin brutal et ont

totalement disparu dans les pays déve¬loppés. Le nombre des maladies conta¬gieuses a diminué et ce sont lesaffections cardio-vasculaires qui ontdésormais le triste privilège d'arriveren tête dans les statistiques médicales.

Cependant, beaucoup de maladiesinfectieuses n'ont pas encore perduleur caractère épidémique. On recensechaque année dans le monde jusqu'àun milliard d'infections des voies res¬

piratoires et de l'intestin. En Asie, enAfrique et en Amérique latine conti¬nuent de sévir nombre de maladies

tropicales et une armée internationalede savants cherche les moyens deles prévenir. Reste à mettre au pointdes mesures efficaces pour luttercontre des fléaux sociaux, comme lagrippe ou l'hépatite infectieuse.

De quels atouts la médecine contem¬poraine dispose-t-elle pour mener cecombat ?

Notons, pour commencer, que lanature a elle-même pourvu l'hommed'une * arme d'autodéfense » contre

les agresseurs microbiens. Sans cettearme, il aurait depuis longtemps perdula bataille. Dans le sang, sur les paroisdes vaisseaux sanguins, dans les pou¬mons, dans le foie, dans le tissuconjonctif sous-cutané en touspoints de l'organisme , des cellulesspéciales montent la garde.

Elles se jettent sur le microbe quipénètre à l'intérieur de l'organisme etle dévorent. Le phénomène de la pha¬gocytose a été découvert en 1883 parle grand savant russe Elie Metchnikov,lequel fut le premier à observer lalutte entre les microbes et ces cellules

protectrices qu'il appela « phagocytes »(du grec phagein, « manger » et kutos,* cellule »).

Les phagocytes peuvent se déplacerlibrement dans le sang ou la lymphe,mais peuvent aussi être * fixés » lelong des vaisseaux. Selon le cas, ilss'élancent à la rencontre du microbe

agresseur ou bien attendent patiem¬ment qu'il passe à leur portée pours'en emparer et le digérer. Ces « zélésnettoyeurs » sont omniprésents etconstituent un moyen essentiel dedéfense de l'organisme. ^

17

> Mais il y a mieux. Dès que l'infectiona fait irruption dans l'organisme,celui-ci a élaboré un autre moyen dedéfense : les anticorps, qui sont dessubstances protéiques particulières. Ilsapparaissent en réaction à l'intrusiondes protéines étrangères (appelées« antigènes »), dont les microbes sontune variété. L'organisme distingueavec une subtilité stupéfiante ses pro¬téines propres de celles qui ne luiappartiennent pas et qu'il élimineimpitoyablement.

On a beaucoup appris ces dernièresannées sur les « mécanismes » pro¬fonds de la lutte contre les microbes.

Ce sont des cellules spéciales, les« lymphocytes », qui décèlent la pré¬sence de protéines étrangères. Fabri¬quées par la moelle osseuse avecl'aide de la rate, des ganglions'lympha-tiques et de certains autres organeset tissus, les lymphocytes circulentconstamment dans le sang.

Dans des conditions déterminées,une partie d'entre eux se transformenten « plasmocytes », cellules qui ontpour particularité essentielle de pro¬duire intensivement (quelques milliersà la seconde) les molécules protéiques(appelées « immunoglobulines ») dontsont constitués les anticorps.

C'est sur les anticorps que reposela responsabilité principale de la luttecontre l'agression microbienne.

Une fois entrés dans l'organismehumain, les germes tendent immédiate¬ment à se multiplier et à se propager.En même temps, ils sécrètent despoisons extrêmement violents, lestoxines, produits de leur activité. Ilexiste une multitude de toxines quiparalysent le système nerveux, déran¬gent l'intestin, détruisent le sang, pro¬voquent des spasmes. Parmi elles, unetoxine complexe appelée « leucoci-dine » qui peut tuer les phagocytes.

Les anticorps, dont il existe un petit

18

nombre de variétés, livrent un combat

singulier aux microbes, prêtant atten¬tion à toutes les manruvres de l'adver¬saire. Certains d'entre eux agglutinentet immobilisent les germes, d'autresles dissolvent, d'autres encore neutra¬lisent les poisons microbiens.

L'issue de l'affrontement dépend,bien entendu, de nombreux facteurs et,en premier lieu, de l'état de l'orga¬nisme, de son aptitude à résister àl'infection et aussi de l'ampleur decelle-ci, autrement dit de la quantitéde micro-organismes ayant attaquél'individu. Ce sont les « infections

généralisées » dont la dénomination

est suffisamment éloquente, qui sontsupportées le plus difficilement.

Cependant, si tout se termine bienet si le malade guérit, il subsiste dansl'organisme pendant une durée varia¬ble, et parfois pour la vie, des anti¬corps qui correspondent à l'infectionsubie. C'est là qu'interviennent de nou¬veau les lymphocytes dont certainsgroupes conservent, sans pour autantcesser de se multiplier et de « rajeu¬nir », la faculté d'élaborer des immuno-globulines contre leur vieil ennemivaincu : l'antigène.

En * temps de paix », le nombre de

ces cellules diminue, mais elles setiennent toujours sur le qui-vive. Ilsuffit que l'infection ancienne réappa¬raisse pour que les anticorps renfor¬cent leurs rangs et forment une arméeinvincible devant laquelle la maladierecule. Les microbiologistes disent quel'individu a acquis une « immunité ».

Mais si notre organisme est doté dedéfenses aussi parfaites, commentexpliquer les pertes de millions de vieshumaines que nous avons évoquéesplus haut ?

Ces défenses à l'organisation incom¬parable sont assurément parfaites,mais... seulement lorsque l'organismeest immunisé, lorsque l'apparition desmicrobes déclenche tous les méca¬

nismes protecteurs et la fabricationimmédiate d'anticorps.

Quand l'infection microbienne semanifeste pour la première fois, ils'agit, en revanche, d'une épreuve devitesse dans laquelle l'ennemi n'est pasdépourvu d'avantages : ce sont juste¬ment ces avantages qui le rendaientnaguère si redoutable.

Cela signifie que si l'immunitén'existe pas, il faut la créer artificielle¬ment. Ainsi est née une des principalesméthodes de lutte contre les maladies

infectieuses, la vaccination, qui revêtde nos jours une importance capitale.

La méthode est bien connue. On

inocule, sous forme de vaccin, à unsujet en bonne santé, des microbespathogènes atténués ou tués. Aprèsune indisposition légère et de courtedurée (tout se passe comme si lama'adie était subie sous une forme

bénigne, mais parfois le vaccin ne pro¬voque aucune réaction), l'immunitéapparaît dans l'organisme. Dans cer¬tains cas, il faut répéter l'injectionpour remémorer à l'organisme les« codes » et les « chiffres » des anti¬

corps indispensables.

Les traitements médicamenteux re¬

présentent la deuxième grande armedont on dispose pour lutter contre lesmaladies infectieuses : ils ont décidé

de l'issue de bien des combats. C'est

le grand savant allemand Paul Ehrlichqui a tracé avec précision la voie danslaquelle les recherches se sont orien¬tées. Selon lui, un médicament anti¬infectieux devait avoir les propriétésd'une « balle magique » : détruireinfailliblement la bactérie sans causer

de préjudice à l'organisme.

Longue est la liste des médicationsqui sont capables de damer le pionaux micro-organismes ennemis del'homme. Aussi ne parlerons-nous quede deux types de remèdes modernes,particulièrement efficaces.

Le premier groupe est constitué parles sulfamides, qui ont été découvertesdans les années 30, mais dont l'emplois'est surtout développé depuis vingtans. Leur action peut être illustrée parla formule suivante : une pierre au lieude pain.

Ce sont en effet des substances

d'une structure voisine de celle de cer¬

tains éléments nutritifs indispensablesaux bactéries, mais dont la composition

19

n'en est pas moins quelque peu diffé¬rente. En avalant ces rations « tru¬

quées », les bactéries périssent sansavoir le temps de se rassasier. Imagi¬nons des petits pains dorés et appé¬tissants à la pâte desquels on auraitmêlé une généreuse quantité de sableet de sciure.

Aujourd'hui, les préparations sulfa-midées se perfectionnent : leur toxicitédiminue, de même que leurs effetssecondaires sur l'organisme, et on metau point de nouvelles variétés à actionprolongée dont il suffit d'absorber uncomprimé par jour, parfois moins, aulieu de trois ou de quatre.

Avec la découverte du deuxième

groupe de médications, les antibioti¬ques, la médecine est entrée dans uneère nouvelle. Leurs inventeurs ont

exploité une idée lancée par Pasteuret Metchnikov : combattre le vivant

par le vivant. Le principe actif servantà empêcher la croissance des micro¬bes est un produit sécrété par d'autresmicrobes.

Beaucoup de lecteurs se rappelle¬ront l'enthousiasme suscité par l'appa¬rition du premier antibiotique : lapénicilline. Grâce à elle, les médecinsont eu raison de la méningite, de lasepticémie, de la pneumonie et de biend'autres maladies.

Mais certaines bactéries (leur nom¬bre a considérablement augmenté avecle temps) sont devenues indifférentesà la présence de cet antibiotique.Diverses modifications de structure

ont permis de constituer d'autres anti¬biotiques, mais peu de temps aprèssont apparues des bactéries résistantà ces nouvelles substances.

Pour reprendre la judicieuse compa¬raison du savant soviétique BorisE. Votchal, la situation ainsi crééerappelait la rivalité de Barbicane et deNicholl dans le roman de Jules Verne,De la Terre à la Lune. Barbicane

inventait des obus de plus en plusmeurtriers et Nicholl des blindages deplus en plus épais et impénétrables.

Ainsi les micro-organismes ontappris à tenir tête aux préparationsmédicamenteuses utilisées contre eux.

Presque simultanément, on s'estaperçu, en la pratiquant largement entant que mesure d'hygiène collective,que le moment était venu d'apportercertains correctifs à la vaccination,cette méthode, pourtant sanctionnéepar le temps, entraînant divers typesde complications.

Ces deux problèmes de la micro¬biologie ont un important aspect socialpuisqu'ils concernent une partie nota¬ble de la population mondiale.

Les savants sont restés longtempssans pouvoir expliquer le phénomènede la résistance des micro-organismesaux antibiotiques, bien que les méca¬nismes en fussent connus dans leurs

grandes lignes : il s'agit de la pertetemporaire ou définitive par les germesde leur sensibilité aux agents anti¬microbiens.

De nos jours, l'attention se porte deplus en plus sur les « plasmides »,éléments géniques d'une espèce par

ticulière qui se transmettent d'unebactérie à l'autre. On présume queles plasmides favorisent l'élaborationpar certains micro-organismes de fer¬ments spéciaux qui inhibent l'actionde l'antibiotique.

L'objectif numéro un des chercheursest donc de mettre au point des sub¬stances capables de « contrer » larésistance des micro-organismes. Dansun deuxième temps, il conviendrad'assurer une régulation génique pourneutraliser les facteurs concourant à

l'apparition de la résistance.

Une longue expérience des vaccina¬tions préventives de masse ne peutque confirmer de manière éclatanteleur rôle capital dans la prophylaxiede nombreuses maladies infantiles etd'autres affections, comme les mala¬dies typhiques et parasitaires. Mais ilest non moins évident que la vaccina¬tion peut s'accompagner de réactionssecondaires et de complications qui nesont pas admissibles au stade actueldes connaissances médicales.

Notre principal adversaire, à cetégard, est l'allergie qu'on peut définircomme une hypersensibilité de l'orga¬nisme aux substances médicamenteu¬

ses et, notamment, aux sérums et auxvaccins. C'est à cause d'elle qu'oncesse de vacciner les enfants lorsqueéclate une épidémie de grippe.

Les progrès scientifiques actuelsnous permettent d'escompter la miseau point de vaccins encore meilleursqui ne provoqueraient ni réactionssecondaires ni accidents et qui seraientdes vaccins chimiques préparés à par¬tir d'antigènes « protecteurs ».

Un membre de l'Académie de Méde¬

cine de l'U.R.S.S., Pavel Zdrodovsky,a d'ores et déjà proposé des vaccinsde ce genre contre le typhus et latyphoïde. Pour élaborer des vaccinsanalogues contre la peste, la tularémie,la tuberculose, etc., des chercheurs

d'autres pays utilisent, en particulier,les membranes des cellules micro¬biennes.

Les vaccins « vivants », employésnotamment contre ¡a variole, la rou¬

geole et la rage, sont actuellementétudiés de très près par les spécialis¬tes. Ces vaccins contiennent des

substances accessoires dépourvuesd'action immunisante ; d'autre part, ila été établi, à une date relativement

récente, que les micro-organismes uti¬lisés peuvent subsister dans l'orga¬nisme hôte et être à l'origine d'uneinfection chronique.

C'est pourquoi les vaccinations derappel successives qui sontincontestablement un moyen efficacede renouveler au bout de quelquetemps une immunité en voie de dispa¬rition peuvent ne pas être exemptesd'effets sur l'organisme ; il convientdonc de ne les pratiquer que dans lescas où elles sont véritablement indi¬

quées.

Ainsi de nouveaux problèmes enremplacent d'autres désormais résolus.L'immunologie la science qui étudieles moyens de défense de l'être vivant

est née de l'investigation des réac¬tions de rejet que les microbes susci¬tent de la part de l'organisme.

Le célèbre bactériologiste françaisCharles Nicolle écrivait, vers 1930, queles hommes de l'avenir « sauront de

mieux en mieux se défendre et pré¬server leurs proches et leurs animauxdomestiques contre la horde insenséeet indisciplinée des maladies infectieu¬ses ». Aujourd'hui, toutefois, les immu-nologistes ont élargi le champ de leursrecherches pour y inclure l'étude desproblèmes, tels que les transplanta¬tions d'organes et de tissus, et letraitement des tumeurs malignes,recherches qui revêtent un intérêt capi¬tal pour l'humanité.

Oganès V. Baroyan

20

Les mille talents des microbesTour à tour médecins, cuisiniers,

fromagers, parfumeurs, jardiniers,

viticulteurs... ou gaziers

par Kei Arima

LES micro-organismes savent utili¬ser sous des formes très diver¬

ses tous les éléments naturels. Cette

flexibilité a rendu possible la vie telleque nous la connaissons sur terre.

Pourtant, c'est tout juste si l'hommeapprend aujourd'hui à mettre en ex¬ploitation le vaste potentiel contenudans les gènes des micro-organismes.De même qu'il est arrivé à domesti¬quer animaux et plantes sauvages età les faire vivre dans ses prés etdans ses champs, il s'efforce actuel¬lement, dans les laboratoires de pointeet des usines modernes, de dompteret d'améliorer les micro-organismessauvages...

Je suis engagé dans la recherchemicrobiologique depuis que j'ai obtenumes diplômes à l'Université de Tokyo,en 1942. Au cours de ces trente an¬

nées, j'ai vu l'utilisation des micro¬organismes progresser de façon spec¬taculaire.

1QAIÎ 1Q»ïn La P|uPart des antiDi°-Iü'tU'IuüU tiques importants ontété trouvés pendant ces dix années ;ils doivent en être considérés comme

les progrès les plus caractéristiques(voir article page 5). Ils serventsurtout à traiter les infections bacté¬

riennes (voir article page 17). Tou¬tefois, la découverte constante denouveaux antibiotiques en a quelquepeu élargi l'application, jusqu'à in¬clure des maladies provoquées par

KEI ARIMA est professeur de microbio¬logie appliquée à l'Université de Tokyo.Les recherches qu'il poursuit depuis près detrente ans ont conduit à de nombreuses

découvertes, y compris une nouvelle enzymedestinée à cailler le lait et qui est maintenantutilisée industriellement dans la fabrication

du fromage. Vice-président du Comité d'ex¬perts sur la microbiologie appliquée de lacommission mixte Unesco-ICRO (Organi¬sation internationale de recherche sur la

cellule), il est aussi consultant auprès del'Unesco pour le programme de coopérationrégionale dans le domaine des sciencesfondamentales en Asie du Sud-Est.

certaines moisissures, le rachitisme ou

de grands virus. Ajoutés aux aliments,les antibiotiques améliorent la crois¬sance des animaux ; mais cet emploides antibiotiques communs accélèrel'apparition de bactéries résistantes.Pour l'éviter, on a mis au point desantibiotiques réservés exclusivementaux animaux.

Plus récemment, la bléomycine a puêtre employée pour traiter certains can¬cers, et l'on espère trouver dansl'avenir d'autres antibiotiques efficacescontre ces tumeurs. La rifampycine amodifié radicalement le traitement de

la tuberculose, et probablement celuidu trachome.

IQCn Le succès marquant deI ïjJU" 1 3DU cette période a été. l'em¬ploi de micro-organismes dans cer¬taines réactions chimiques difficilesou impossibles à réussir par les pro¬cédés classiques. En 1950, par exem¬ple, Hench rapportait qu'une hormone,la cortisone, avait des effets remar¬

quables contre l'arthrite rhumatismale.

Une grande demande de cortisones'ensuivit. Or, dans la production dela cortisone à partir de la progestérone,il existait une transformation particu¬lière qui demandait 10 réactions chi¬miques différentes, toutes à très faiblerendement.

En 1956, Peterson réussissait cettetransformation en un seul temps, parfermentation, avec un rendement pro¬che de 100 en utilisant la moisis¬sure Rhyzopus Nigricans. Depuis, lesmicro-organismes ont permis d'obtenirbeaucoup d'autres hormones Steroides.

1QRÍ1 1Q7fl *-es recherches menéesIDDU'Iu/U pendant ces dix annéesont permis de produire des acidesaminés et des nucleotides en grandesquantités par fermentation microbien¬ne. Les acides aminés sont les unités

de construction des protéines ; lesnucleotides sont les constituants de

l'ARN (acide ribonucléique), lequel aun rôle capital : transmettre l'informa¬tion génétique dans les cellules vivan¬tes (voir article page 5).

Pour des régimes alimentaires plusnourrissants. Il existe 20 acides ami¬

nés, dont neuf sont essentiels à l'hom¬me. Si les protéines des céréales sontinférieures aux protéines animales,c'est pour la raison qu'elles ne con¬tiennent pas certains de ces acidesaminés essentiels. La valeur nutritive

d'un régime à base de céréales peut

donc être améliorée par adjonction deces acides aminés manquants.

Ces substances peuvent être synthé¬tisées chimiquement. Mais le procédéentraîne beaucoup de gaspillage. Ildonne en effet chacun de ces acides

sous deux formes différentes, difficilesà séparer l'une de l'autre. Or, il setrouve que les micro-organismes neproduisent que la forme qui convient.

Mais la production commercialed'acides aminés à l'aide de micro-orga¬nismes se heurte à un problème : ilexiste d'élégants mécanismes régula¬teurs qui stoppent l'action des micro¬organismes une fois les besoins deceux-ci satisfaits. Lorsque la concen¬tration en acides aminés atteint un

certain niveau, ces mécanismes peu¬vent ainsi inhiber toute synthèse sup¬plémentaire : c'est l'inhibition rétro¬active.

Toute l'admiration que nous pouvonsavoir pour l'élégance de ces contrôlesnaturels ne doit pas nous empêcherde découvrir quelque moyen pour leséviter, les tourner ou en retarder l'ac¬tion, si nous voulons que les micro¬organismes produisent des acidesaminés en grandes quantités. Il nousfaut arriver, en somme, à introduireune sorte de minuscule tournevis dans

une mécanique de précision mesurantseulement un millième de millimètre,dans le but de modifier la direction du

métabolisme.

Les microbiologistes japonais ontétudié tout particulièrement ce pro¬blème. Ils ont mis au point plusieursméthodes ingénieuses qui permettentd'obtenir précisément ce résultat.

En 1956, S. Kinoshita, S. Udaka,K. Tanaka et K. Nakayama sont arri¬vés à isoler une bactérie qui, cultivéedans les conditions voulues peut pro¬duire en grandes quantités, à partir deglucose, un agent aromatique bienconnu : l'acide glutamique.

En irradiant la même bactérie, on

obtient un mutant, grâce auquel on peutproduire en grande quantité une subs¬tance appelée lysine. Or, la lysine ason importance. C'est l'un des troisacides aminés essentiels qui manquentau blé et au mais. En ajoutant à lafarine de blé ou de maïs notamment,

0,25 % de lysine, on améliore leurvaleur biologique qui devient alorséquivalente à celle du lait. L'adjonc¬tion de lysine est d'un emploi efficacedans l'élevage des animaux. ^

21

y Pour donner du goût à l'insipide.Dès les temps anciens, le varech etle thon séché servaient d'aliments sai¬

sonniers au Japon. Depuis le début dusiècle, on sait que l'élément qui donneau varech sa saveur est l'acide gluta-mique ; pour le thon, le responsableest un sel, l'acide inosinique. L'acideglutamique a donné naissance à uneindustrie importante. En 1955, K. Saka-guchi et A. Kuninaka ont découvertdes agents aromatiques puissants, desnucleotides qui, mélangés au gluta¬mate, avaient plus d'effet qu'employésséparément.

La production de ces nucleotides de¬vint alors souhaitable. Une fois de plus,ce fut un micro-organisme, une moisis¬sure qui permit d'y parvenir. Cettemoisissure utilise l'une de ses enzy¬mes pour décomposer l'ARN des le¬vures (produites par les usines depulpe de bois). De cet ARN, elle faitles deux agents aromatiques désirés.Cette enzyme se trouve dans le veninde serpent, mais la moisissure estévidemment beaucoup plus pratiqued'emploi I

Une fois ces deux substances pro¬duites en abondance, bien des alimentsinsipides, et pourtant utiles à la satis¬faction des besoins alimentaires mon¬

diaux, pourront être rendus savoureux.

Enzymes et fromages gloutons. Lesprotéines connues sous le nom d'en¬zymes accélèrent, dans les cellulesvivantes, les réactions qui conduisentà la synthèse des acides aminés etdes nucleotides. On connaît 1 500 sor¬

tes différentes d'enzymes ; chacuneeffectue une étape caractéristique dela synthèse ou de la fragmentation.Certaines enzymes donnent elles-mêmes lieu à une production commer¬ciale, par exemple pour convertirl'amidon en glucose ou purifier le jusde pomme... Mais les enzymes obte¬nues à partir des micro-organismes onttrouvé de nouvelles applications.

Dix pour cent de la production lai¬tière mondiale servent à faire chaqueannée environ 5 millions de tonnes defromage. Dans la transformation dulait en fromage, le plus important estla coagulation des protéines, que l'ondéclenche habituellement par additionde présure. La présure est une enzy¬me qui s'obtient dans l'estomac desveaux de lait.

Autrefois, environ 40 millions deveaux étaient abattus chaque annéedans ce but. Mais comme il y a pénuriede boeufs depuis une dizaine d'années,les éleveurs préfèrent actuellementlaisser grandir leurs veaux. La produc¬tion de fromage ayant, elle, doublédepuis quinze ans, c'est désormais àun manque de présure que l'industriedoit faire face.

En 1960, S. Iwasaki et moi-mêmeavons pu isoler une moisissure capa¬ble de produire en grandes quantitésune enzyme analogue à la présureet très puissante. Un seul gramme dela préparation purifiée suffit pour faire700 kg de fromage. Ainsi un micro¬organisme a-t-il non seulement aidé àla transformation de. l'industrie laitière,

mais aussi, du même coup, permisde produire plus de viande de bmuf...

En 1966, A. Kambayashi et Y. Taka-saki ont isolé d'un micro-organisme uneenzyme capable de dégrader l'amidonde pomme de terre en un sucre dontles propriétés sucrantes sont analo¬gues à celles du sucre de canne.

Problèmes d'alimentation en tous

genres. Les micro-organismes sont ca¬pables de synthétiser des protéines àpartir de substances que l'on trouvedans les déchets industriels. Et ils

peuvent aussi fabriquer des protéinesbeaucoup plus vite des milliers defois... que plantes et animaux.

En 1963, A. Champagnat fit connaîtreque l'on pouvait employer une levurepour produire industriellement la pro¬téine dite SCP (single cell protein, ouprotéine à cellule unique) en partantdes paraffines, un sous-produit desraffineries de pétrole. Cette protéineest bien équilibrée en acides aminésessentiels et riche en vitamines.

En valeur nutritive, elle vaut le pois¬son ou les haricots. Essayée sur desporcs et des poulets, elle a passé lesexamens de sécurité avec succès. Sitoutes les paraffines provenant de laproduction pétrolière actuelle étaientconverties en protéines, la productionserait d'environ 700 millions de tonnes.

Produite en grandes quantités, cetteprotéine exigerait peu de place, ce quin'est pas le cas dans la plupart dessolutions envisagées pour résoudrele problème de l'alimentation dans lemonde. Chaque année, il y a 70 millionsd'êtres humains en plus, ce qui néces¬site 2 millions de tonnes de protéinessupplémentaires.

Si l'on faisait appel au soja, 40 mil¬lions d'hectares seraient nécessaires.Si l'on faisait appel à la protéine SCP,deux mille réservoirs de 200 m3 suf¬firaient, lesquels n'occuperaient pasmême un hectare.

La population. On connaît l'impor¬tance des pilules contraceptives dansla régulation des naissances. Ces pi¬lules sont pour la plupart composéesde deux substances hormonales, dontune extraite d'un igname que l'ontrouve à l'état sauvage dans lesrégions montagneuses du Mexique etde l'Amérique centrale. La productionannuelle est voisine de 700 tonnes ;mais son coût augmente rapidement :les plantes sauvages ont été tropexploitées et la culture s'avère longueet difficile.

Mais il existe d'autres substancesnaturelles dont la structure chimiquepermet leur conversion : le cholestérolest l'une d'elles. On l'extrait des corpsgras présents dans la laine de mouton,à raison de 70 000 tonnes par an.

L'obtention des hormones à partirdu cholestérol est une opération extrê¬mement difficile à réussir par lesméthodes de la chimie organique.Aussi, voilà dix ans, avons-nous com¬mencé, M. Nagasawa et moi-même, àchercher des micro-organismes capa¬bles de mener à bien cette délicate

transformation.

Nous avons concentré nos efforts

sur une bactérie capable de briserpresque toutes les liaisons carbone ducholestérol, y compris celles du noyau.Dans un second temps, la bactérie futcultivée en présence de corps chimi¬ques capables d'inhiber sélectivementles enzymes responsables de la frag¬mentation.

Après avoir passé en revue quelquedeux cents substances, l'une d'elles

montra les propriétés recherchées et ildevint alors possible de produire trèscommodément l'androstane en partantdu cholestérol. Nous espérons doncque ce procédé, une fois passé austade industriel, rendra plus accessi¬bles un certain nombre de produits :

les contraceptifs oraux ;

les hormones, comme l'adrénaline,employées pour soigner l'arthrite rhu¬matismale et d'autres types d'inflam¬mations -,

les hormones qui accélèrent le dé¬veloppement des tissus chez l'hommeet les animaux. On les utilise, chezl'homme pour stimuler la réparationdes tissus endommagés, par exempleaprès une opération chirurgicale ; etchez l'animal pour accroître la pro¬duction de viande ;

enfin, les hormones mâles et femel¬les employées dans les traitements desubstitution, en particulier chez lespersonnes âgées.

Microbiologie et environnement. Lesmicro-organismes jouent aussi un rôlecapital dans le nettoyage de l'environ¬nement. Ils ont une fonction importantedans les trois principales méthodes detraitement des eaux d'égout, la méthodedes boues actives, celle de filtrage etcelle de fermentation (voir articlepage 29).

Dans la méthode des boues actives,les déchets liquides sont portés à unetempérature qui favorise la propagationdes bactéries et des protozoaires. Cesmicro-organismes sont ensuite injectésdans les boues. Ils y forment des grou¬pes qui absorbent les matières organi¬ques et inorganiques.

En présence d'oxygène, ces matièressont décomposées en gaz carboniqueet en eau. Cette méthode a un défaut :un grand nombre de cellules micro¬biennes y sont produites, lesquellesentraînent une pollution secondaire.

La seconde possibilité est celle dugoutte à goutte, ou filtrage. Lesdéchets sont répartis sur des surfacesde pierre ou sur des blocs, lesquelsse couvrent rapidement d'une mincecouche boueuse. Dans cette couche

se développent des micro-organismesqui pratiquent une oxydation très effi¬cace. Dans les niveaux les plus pro¬fonds, les déchets subissent une dé¬composition anaérobie.

Cette méthode est semblable à cellequi se fait naturellement dans les coursd'eau. Simple, peu coûteuse, ellen'entraîne pas une production de bouesexcessive. Elle reste toutefois relative¬

ment lente, sauf si l'on peut disposerd'énergie pour le recyclage.

Ces deux types de traitement néces¬sitent la présence d'air en quantités

22

Dessins Jean-Marie Clément © Courrier de l'Unesco

suffisantes. La troisième méthode, lafermentation au méthane, demande,

elle, un réservoir fermé d'où l'oxygèneest exclu. Ici, des bactéries particuliè¬res convertissent d'abord les déchets

organiques en substances comme lesacides organiques. Ensuite, une bacté¬rie du méthane convertit les acides

organiques en méthane et en gaz car¬bonique.

Cette méthode a pour inconvénientsa lenteur : la conversion complètedes déchets demande normalement

dix jours. L'avantage est que plus de80 % de l'énergie contenue dans lesdéchets peut être récupérée sousforme de gaz méthane.

Or le méthane est un combustible

facile à utiliser et propre.

Les micro-organismes, source d'éner¬gie. Supposons que la totalité desdéchets produits aux Etats-Unis parles êtres humains et les animaux

domestiques soit décomposée par fer¬mentation au méthane : cela permet¬trait de satisfaire 3 '% des besoinsénergétiques de ce pays.

On peut calculer, de plus, que sides cultures d'algues étaient faites aux

Etats-Unis, en vue de cette fermenta¬tion, sur 5 '% des terres, leur produc¬tion permettrait au méthane de satis¬faire tous les besoins du pays enénergie vers l'année 2020.

Les possibilités que je viens d'évo¬quer reposent sur les facultés de bio¬dégradation des micro-organismes. Aucontraire de ce qui a été fait pour lessynthèses, les scientifiques n'ont guèrecherché à améliorer ce que les micro¬organismes savent faire par eux-mêmesdans ce domaine.

Quand la moisissure Penicillumnotatum a été découverte, elle pro¬duisait vingt unités de pénicilline parmillilitre. Par la suite, la « domesti¬cation » de cette moisissure a permisd'accroître sa production un millier defois. On ne peut citer aucune réussitecomparable dans le domaine de la bio¬dégradation.

Citons quelques-uns des problèmesauxquels les microbiologistes devraientaujourd'hui s'attaquer :

Développer des méthodes efficacespour convertir en azote atmosphérique,les nitrates rejetés par les plantes etl'agriculture, et en excès dans nos

cours d'eau et nos lacs, Ils provoquentdéficience en oxygène et donc putré¬faction.

Développer une méthode de traite¬ment des boues (boues actives), danslesquelles l'énergie fournie par la dé¬composition bactérienne n'entraîne pasune production de boues excessive.

Sélectionner des micro-organismesadaptés à la décomposition des poly¬mères et des substances toxiques.

Nous avons, certes, fait beaucoupde progrès dans la domestication desmicro-organismes. Pourtant, le travailn'en est qu'à ses débuts. Depuisleur apparition sur Terre, il y a quatremilliards d'années, ils se sont adaptés àtous les types d'environnements conce¬vables ici-bas.

En conséquence, ils constituent uneimmense bibliothèque d'informationssur la façon de résoudre au mieux lesdivers problèmes physiques et chimi¬ques. Ces informations se trouventdésormais à notre portée. En les utili¬sant, nous devrions pouvoir nous atta¬quer à certains des problèmes les plusgraves qui assaillent l'humanité.

Kel Ar¡ma

23

Les bienfaits des micro-organismes dans la nature

Depuis la nuit des tempsune certaine

coexistence pacifiquepar John R. Porter

ON oublie souvent que toutesles formes de vie, depuis les

plus petits micro-organismes jusqu'auxplantes et aux animaux les plusgrands, pratiquent réellement les typesd'associations les plus divers, allantdu bénéfice mutuel à la compétition.

Il en résulte pourtant cet équilibredélicat qui existe dans la nature entreles espèces vivantes, entre elles etleur environnement. Et les cycles na¬turels en dépendent (voir page 26).

Les micro-organismes connus dansla nature comptent plusieurs milliersd'espèces. Toutes ces espèces peu¬vent agir les unes sur les autres, ouencore sur les formes de vie supé¬rieures. Les effets de ces interactions

sont neutres, bénéfiques ou nuisibles ;ils entraînent divers changementschez les uns ou les autres, ou encoredans l'environnement.

Exemple bien connu d'une relationnaturellement bénéfique entre deuxmicro-organismes : le lichen. Unealgue et un champignon s'associent,forment ensemble une structure quiressemble à une plante ; cette struc¬ture grandit lentement jusqu'à devenirvisible à l'oeil nu.

Cette algue et ce champignon peu¬vent être cultivés séparément en la¬boratoire ; mais dans la nature, ilssont toujours découverts ensemble àl'état de lichen. Et l'on a longtemps

JOHN ROGER PORTER, microbiologisteaméricain, est président du Comité d'expertssur la microbiologie appliquée de la Com¬mission mixte Unesco-ICRO (Organisationinternationale de recherche sur la cellule).Professeur de microbiologie è l'Universitéd'/owa, il est connu pour sa découverte desfonctions des vitamines dans la nutrition

bactérienne. Il a publié de nombreusesétudes dans le domaine de la microbiologieet a été de 1951 à 1961 rédacteur en chef

du ir Journal of Bacteriology » (édité auxÉtats-Unis). Depuis de nombreuses années ildéploie ses efforts pour l'application de lamicrobiologie dans les pays en voie dedéveloppement.

pensé que le lichen n'était qu'un seulet même organisme.

Les lichens sont très répandus. Ilsse rencontrent sur les rochers, lesarbres, sur d'autres objets solidesencore. Dans des conditions extrê¬

mes, comme celles du désert ou des

régions polaires, ils peuvent consti¬tuer la forme de vie prédominante ;ils s'avèrent en effet' extraordinaire-

ment résistants à la chaleur, au froidet à la dessiccation.

Leur croissance étant très lente, ilarrive que les géologues les utilisentpour estimer l'âge des objets glaciai¬res. Mais les lichens sont aussi ex¬

trêmement sensibles à la pollutionatmosphérique et ils disparaissentrapidement des zones industrielles,lorsque les conditions ne leur sontplus favorables. Ainsi peuvent-ils ser¬vir de signal d'alarme aux écologistespour les détériorations de l'environ¬nement.

Il arrive souvent que les micro¬organismes entretiennent des rela¬tions bénéfiques avec des formes devie supérieures. Plantes et animauxleur fournissent en effet un environ¬

nement favorable. Mais les diverses

parties d'une plante, d'un animal oumême d'un organe diffèrent physique¬ment et chimiquement.

Il peut y avoir des milieux qui favo¬risent certains types de microbes etnon d'autres. Plantes et animaux pos¬sèdent aussi des mécanismes de dé¬

fense variés, susceptibles d'empêcherl'invasion de certains microbes oud'en inhiber la croissance.

Les tiges et les feuilles de plantesqui vivent en climat sec possèdentsouvent un revêtement brillant quiles aide à retenir l'humidité. Il est

possible que ce revêtement soit aussiresponsable du petit nombre de mi¬crobes que l'on trouve à la surfacede ces plantes et qu'il empêche lesmicro-organismes de pénétrer à l'in¬térieur de la plante.

Sous les tropiques, beaucoup deplantes aquatiques et marines ont de

grandes quantités de microbes surleurs tiges et leurs feuilles : cela estdû à l'environnement humide où elles

se développent. Elles ont souvent desmaladies et souffrent de bien d'au¬

tres ennuis à cause des micro-orga¬nismes.

Les racines des plantes se trou¬vent dans un milieu où l'humidité est

ordinairement moins changeante et lanourriture plus abondante que dansl'air. Elles sont en association perpé¬tuelle avec des micro-organismes.Certains n'ont que peu d'effet sur lacroissance de la plante, d'autres luisont hautement bénéfiques.

Mais d'autres encore peuvent êtreextrêmement nocifs et provoquer, parexemple, des maladies de la racinechez les céréales, les arbres fruitierset les plantes des jardins.

De toutes les relations entre les

micro-organismes et les racines desplantes, il faut en citer une particuliè¬rement intéressante et importante :celle qui existe entre les légumineuseset les bactéries du genre rhizobium(qui vit dans les racines).

Dans les légumineuses, on trouvedes plantes économiquement impor¬tantes : l'alfa, le trèfle, les lupins, lesharicots, les pois, le soja. Les bacté¬ries, disposées en chaînes, sont ca¬pables d'envahir les racines de cesplantes, provoquant la formation denodules. Dans les nodules, les bacté¬ries tirent leurs aliments de la plante,les sucres par exemple, et en échangeconvertissent l'azote atmosphérique(inassimilable par les plantes) en am¬moniac.

L'ammoniac est lui-même trans¬formé en acides aminés, matériauxde construction de toutes les protéi¬nes. Le processus de la fixation del'azote est souvent cité comme l'undes meilleurs exemples connus desymbiose à bénéfice mutuel. C'est

aussi l'une des interactions biologi¬ques les plus importantes qui se pro¬duisent dans la nature : on estimequ'environ 10 milliards de tonnes

24

Dessins Jean-Marie Clément Ü Courrier de l'Unesco

d'azote sont fixées chaque annéedans le monde par les organismesvivants. La plus grande partie, grâceà ce processus.

Ni la légumineuse, ni le rhizobiumne sont capables de fixer l'azoteseuls ; or cette relation symbiotiqueentre eux a pour résultat de rendrel'azote atmosphérique accessible auxplantes, et elle fournit des protéinesaux hommes et aux autres animaux.

Autre type de symbiose entreplantes et micro-organismes : la racinemycorhizale. Il s'agit d'une associa¬tion entre un champignon et la partienourricière de la racine : le champi¬gnon augmente de façon notable lacapacité de la racine à absorber leséléments nutritifs.

Il existe plusieurs sortes d'associa¬tions mycorhizales. On n'en exploiteencore qu'un petit nombre actuelle¬ment. Elles ouvrent de vastes pers¬pectives pour l'avenir et devraientpermettre de mieux utiliser les élé¬ments nutritifs rares et chers destinés

aux plantes, de faire ainsi des écono¬mies sur l'emploi des fertilisants.

Certaines légumineuses peuventmême posséder deux systèmes sym¬biotiques à la fois : l'un pour fixerl'azote, l'autre pour récolter les élé¬ments nutritifs dans le sol.

Bactéries, champignons, protozoai¬res et virus sont causes de nombreu¬

ses maladies des plantes. Les pertesainsi provoquées chaque année dans

la production de bois, de fibre et deproduits forestiers sont en fait siconsidérables qu'un des grands pro¬blèmes de notre époque est de contrô¬ler les effets nocifs des micro-orga¬nismes sur les cultures et les forêts.

Entre insectes et micro-organismesexiste une grande variété d'asso¬ciations. Aux unes comme aux autres,

certaines sont utiles, certaines nuisi¬bles. Des coléoptères qui forent lebois vivent ainsi sur les champignonsqu'ils déposent dans leurs tunnels.Des fourmis passent une partie deleur temps à cultiver des champi¬gnons.

Il arrive aussi que des micro-orga¬nismes vivent dans le corps même desinsectes : ainsi les protozoaires quidigèrent la cellulose dans l'intestindes termites. Mais les insectes peu¬vent être sujets aux maladies micro¬biennes et l'on en tire avantage : desinsecticides biologiques permettentde contrôler certains insectes nuisi¬bles aux récoltes et aux forêts.

En général, les microbes sont spé¬cifiques d'un insecte particulier etrestent sans effet sur les autres for¬

mes de vie, au contraire de la plupartdes insecticides chimiques en usage.Beaucoup d'espèces aquatiques, allantdes protozoaires à des vers et à desmollusques, et d'épongés à des in¬vertébrés supérieurs, vivent en asso¬ciation étroite avec des micro-orga¬nismes, en particulier avec des alguesvertes qui sont capables d'utiliser

l'énergie solaire. Les algues synthé¬tisent la nourriture pour ces espècesà peu près comme les plantes le fontpour les animaux. En échange, ellesreçoivent des éléments nutritifs éla¬borés par leurs partenaires.

Les animaux et spécialement lesmammifères, possèdent presque tou¬jours une flore microbienne « nor¬male ». Cette flore se trouve en par¬ticulier dans les régions du corps encontact avec le monde extérieur : la

peau, les cavités buccales, la partiesupérieure du tube respiratoire et letube digestif.

Si l'on observe une goutte de saliveau microscope, on est stupéfait parle nombre et la variété des micro¬

organismes qui apparaissent. Le rôlede la flore microbienne qui se trouvesur la peau, dans la bouche ou lesvoies respiratoires supérieures restemal connu. On sait par contre que lesmicro-organismes de l'intestin aidentà la digestion et synthétisent des vita¬mines importantes pour leur hôte.

A l'intérieur des organes, dans lesang ou la lymphe, les micro-organis¬mes n'ont d'habitude pas accès. Sont-ils observés dans ces tissus en quan¬tités significatives, il y a normalementmaladie.

Mais c'est chez les ruminants quel'on trouve une des relations les plusbénéfiques entre micro-organismes etanimaux. Vaches, moutons, chèvres,

chameaux, daims et girafes possèdent

SUITE PAGE 34

Architectes et gardiens de la biosphère

NOS ANCETRESLES MICROBESpar Jan Wilhelm M. La Rivière

LES micro-organismes ont étéles premiers habitants de la

terre. De toute la monnaie de la vie,

ils sont les pièces à la fois les plusanciennes et les plus petites : déjàprésents en abondance dans lesocéans il y a quatre milliards d'an¬nées, ils peuvent à bon droit êtreconsidérés comme les ancêtres de

toutes les autres formes vivantes,

l'homme y compris.

La vie a atteint sa diversité pas¬sée et présente par le processus del'évolution : des changements géné¬tiques survenant au hasard les mu¬tations entraînent des variations

parmi lesquelles l'environnement sé¬lectionne celles qui lui sont le mieuxadaptées. Or les micro-organismesont joué un rôle dominant dans laformation de notre environnement

actuel, en particulier dans la compo¬sition de l'atmosphère.

On peut dire qu'ils ont influencé lavie terrestre de deux façons : d'aborden fournissant les molécules capablesde transmettre le « souvenir » des

expériences ancestrales, le matérielgénétique de base ; ensuite en par¬ticipant de façon indirecte à la sélec¬tion exercée par un environnementqu'ils ont contribué à construire.

Ce double rôle du monde micro¬

scopique n'est pas seulement unecuriosité historique remarquable :actuellement comme dans le passé,les formes vivantes supérieures nepeuvent survivre que par l'activitécontinuelle de cet univers invisible.

Les relations entre les différents

domaines de la vie apparaissent clai¬rement dans les cycles du carbone,de l'oxygène, de l'azote et du soufre.

JAN WILHELM M. LA RIVIÈRE, mi¬crobiologiste néerlandais, est président delàCommission internationale d'écologie micro¬bienne de l'Association internationale des

sociétés de microbiologie. Secrétaire duComité d'experts sur la microbiologie appli¬quée de la Commission mixte Unesco-ICRO(Organisation internationale de recherchesur la cellule), il travaille à la recherchemicrobienne en relation avec les nouvelles

techniques de traitement des ordures et derecyclage de l'eau, notamment pour lespays en voie de développement.

Ces éléments sont ceux qui, avec l'hy¬drogène, le phosphore et quelquesautres, constituent des substancesdont toute vie est faite. Quant auxcycles, ils sont les mécanismes parlesquels la matière organique mortese reconvertit et fournit les matériaux

qui serviront à construire de la nou¬velle vie. Les micro-organismes ensont les principaux agents.

Le tableau de la page 27 illustre,de façon simplifiée, le cycle du car¬bone. La matière organique forméepar photosynthèse à partir du gazcarbonique, de l'eau et de la lumièreest due, dans la proportion de 30 à50 % aux algues microscopiques duplancton océanique ; et les micro¬organismes en décomposant les orga¬nismes morts, assurent 90 % desretours de gaz carbonique dansl'atmosphère. Si ce processus étaitstoppé, le gaz carbonique contenudans l'atmosphère tomberait à zéroen l'espace d'un siècle, et les plan¬tes ne pourraient plus pousser.

Les micro-organismes sont à labase de la productivité océaniquele plancton constituant dans les mersle premier étage de la chaîne alimen¬taire et ils sont en même tempsles principaux responsables de ladécomposition naturelle des déchets.On sait que toute vie animale reposesur la vie végétale, bien que l'une etl'autre deviennent inévitablement aprèsla mort la proie des microbes qui lesdécomposent.

Il arrive d'ailleurs que cette attaquemicrobienne commence avant la

mort ; nous connaissons bien cesmicro-organjsmes trop zélés : ce sontles agents des maladies infectieuses.Mais dans la masse totale des micro¬

organismes terrestres, qui est du mêmeordre de grandeur que celle des for¬mes de vie supérieure, les pathogè¬nes ne représentent même pas 0,1 %.

Il arrive que la décomposition nesoit pas complète, ou qu'elle se fasselentement : dans le fond des lacs, parexemple, ou encore lorsque la pres¬sion est élevée comme au fond des

océans. Dans ces cas-là peuvent seformer des produits comme l'humusou les combustibles fossiles (pétrole,méthane).

Dernier point à comprendre : laphotosynthèse fabrique la quantitéexacte d'oxygène dont le processusde minéralisation aura besoin. Cela

montre les relations étroites qui exis¬tent entre les deux cycles du carboneet de l'oxygène.

On peut dire, par conséquent, etpour commencer, que tout l'oxygènelibre présent dans l'atmosphère esten équilibre parfait avec la massetotale de la matière organique ter¬restre.

Par bonheur, la matière organiqueprésente dans les divers types desédiments est si abondante et si fine¬

ment disséminée que, même sil'homme brûlait la totalité des combus¬

tibles fossiles, le « compte en ban¬que » de notre oxygène atmosphé¬rique ne subirait qu'une baisse de20,94 à 20,80 % en concentration.

Dans le cycle de l'azote il y a enréalité deux cycles. L'un se limite àl'eau et au sol. Les composés azotésminéraux sont extraits par les micro¬bes des végétaux et des animauxmorts ; ils fournissent ainsi les maté¬

riaux azotés nécessaires à la synthèsede nouvelles plantes ; les animauxet nous-mêmes utilisons pour l'azoteles services des végétaux, tout commedans le cycle du carbone.

La seconde partie du cycle vientdu fait que l'un des composés azotésminéraux, le nitrate, peut être trans¬formé en azote libre par conversionmicrobienne. Cette fuite est heureu¬

sement compensée : certains micro¬organismes sont capables de conver¬tir l'azote en protéines ; le secondcycle est ainsi complet.

De plus, l'azote atmosphérique estabsorbé par la foudre et parl'homme : les quantités d'ammoniacet de nitrates produites par l'indus¬trie des engrais atteignent aujour¬d'hui le même ordre de grandeur quel'azote fixé par les bactéries.

L'activité déployée par les micro¬organismes dans ces cycles est consi¬dérable, aussi bien en quantité qu'enqualité : chaque année, ils dévorentimplacablement l'équivalent de la pro¬duction totale de la Terre en matière

vivante, végétale et animale. Ils dé-

su ITE PAGE 34

26

le CARBONE ^EST UN ÉLÉMENTQUI ENTRE DANS LACOMPOSITION DETOUTE MATIÈRE

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EBOUEURS

DE NOTRE PLANETEpar Albert Sasson

SI les micro-organismes sont res¬ponsables de plusieurs formes

de pollution (prolifération des microbesdans les eaux et les effluents liquides

d'origine industrielle ; corrosion despierres et des édifices ; contaminationdes matières alimentaires, etc.), ilssont d'autre part indispensables àl'élimination des déchets organiquessolides et en suspension dans leseaux. La décomposition des déchetspar les microbes représente l'opéra¬tion de microbiologie industrielle laplus importante sur la planète.

La rénovation et le recyclage deseaux usées sont indispensables nonseulement d'un point de vue sanitaire,mais encore à l'économie de l'eau.

L'épuration biologique commence parune décantation secondaire ; les ga¬doues sont ensuite introduites dans un

digesteur où elles subissent une fer¬mentation, qui produit du méthane. Cegaz est mélangé au gaz de ville dontil améliore le pouvoir calorifique. Lesboues digérées renferment beaucoupde substances nutritives : on les addi¬

tionne souvent aux ordures ménagèresen vue d'enrichir le compost résultantde la décomposition de ces dernières.

Par ailleurs, des recherches activessont menées dans plusieurs pays surla croissance de plusieurs espècesd'algues unicellulaires sur des eauxusées. Au Japon, par exemple, uneusine a été construite dans laquelledes algues utilisent le gaz carboniquedes eaux usées, produisant ainsi uneeau propre ; la production quotidienne

ALBERT SASSON, microbiologiste ma¬rocain, est consultant auprès de la Divisiondes sciences écologiques, à l'Unesco. An¬cien professeur à la Faculté des sciencesde Rabat. Maroc, il est l'auteur de plu¬sieurs ouvrages dont : Développementet environnement (éditions Mouton. Paris.La Haye, 1974) et le Rôle des micro¬organismes dans la biosphère et l'avenir dela microbiologie appliquée (Institut scienti¬fique chérifien, Rabat, 1970).

de cette usine pilote est de 27 kgd'algues et de 9 087 I d'eau purifiée;les algues sont concentrées et ajou¬tées à la nourriture du bétail. Des

essais analogues sont effectués dansune station de recherches dépendantde l'Institut de Microbiologie dePrague (Tchécoslovaquie).

Les résidus solides obtenus pardécantation des eaux usées ainsi queles ordures ménagères peuvent êtrefermentes dans des usines spéciale¬ment conçues pour cet usage et quiproduisent des composts riches enmatière organique bio-dégradable.Celle-ci est un excellent engrais(fumure organique), mais aussi unamendement (amélioration des pro¬priétés physiques des sols).

La production des ordures ména¬gères est comprise dans les payseuropéens entre 650 et 1 000 g parjour et par habitant. Au Brésil, enrégion subtropicale, elle est de 600 gpar jour et par habitant en zoneurbaine ; au Maroc, à Rabat, elle a étéévaluée à 500 g par jour et par habi¬tant. Dans les régions subtropicales ettropicales, elle diminue sérieusementdans les bourgs et les villages (250 gpar jour et par habitant en moyenne).

Les ordures fraîches contiennent

des millions de germes par gramme.Leur dégradation aérobie comporteplusieurs étapes à la suite desquellesles microbes pathogènes et les para¬sites sont tués et le compost résultantrenferme des substances antibiotiquesainsi que des germes qui ne sont pasantagonistes des microbes du sol. Lerendement de ce traitement des

ordures et de leur transformation en

compost est de l'ordre de 40 à 50 kgde compost pour 100 kg d'ordures.

L'addition de compost se fait à desdoses variables : entre 20 et 40 tonnes

par hectare. Le compost exerce uneprofonde influence sur les proprié¬tés physiques des sols ; incorporéà des sols sableux, il augmente leurcapacité de rétention de l'eau et desengrais, ce qui accroît la productivité

(15 à 20 % pour les agrumes, parexemple). Dans les sols lourds, il enaugmente la perméabilité et les empê¬che de devenir boueux en période depluie. Dans le cas des sols en pente,il réduit considérablement l'érosion.

Si l'on prend le cas d'une ville de100 000 à 150 000 habitants, elle pro¬duira 50 à 100 tonnes d'ordures brutes

par jour, soit 17 à 25 tonnes decompost par jour, ce qui permettra lafumure de 200 à 300 hectares.

Les micro-organismes et les mine¬rais : il est aujourd'hui devenu évidentqu'à de rares exceptions près les mine¬rais à haute teneur en cuivre, nickel,

chrome, étain et molybdène ne se ren¬contrent plus couramment. On ne peutde façon économiquement rentabletraiter les minerais à faible teneur avec

les procédés métallurgiques qui s'ap¬pliquent à ceux ayant une concentra¬tion forte ou moyenne. Certains mi¬crobes peuvent par contre être utiliséspour extraire ces métaux, à la suitede leur dissolution par l'eau ou l'acidesulfurique. °

On sait par exemple que les sulfuressont souvent naturellement lessivés et

donnent des solutions riches en mé¬

taux. C'est ainsi que du cuivre a puêtre récupéré d'une eau riche en cetélément, à Anglesey, au 16e siècle ;d'eaux de drainage, à Rio Tinto, enEspagne, il y a trois cents ans environ.

On a isolé il y a une dizaine d'an¬nées du Rio Tinto une bactérie ressem¬

blant à Thiobacillus ferroxidans. Cette

espèce fut d'ailleurs découverte lorsd'examens faits dans des mines de

charbon en Pennsylvanie : la bactériefut isolée des liqueurs de lessivagede la pyrite contenue dans la houille ;l'acidité élevée des effluents avait poureffet de tuer la végétation environ¬nante et cette conséquence remarqua¬ble fut à l'origine des recherches surla nature du lessivage. Un microbeidentique fut isolé par la suite deseaux chargées en cuivre de BinghamCanyon aux Etats-Unis. Les travauxmenés au laboratoire montrèrent alors Y

29

u»que des minerais soufrés contenant aumoins huit métaux pouvaient être atta¬qués par ce germe.

Pour donner une idée de l'impor¬tance de ce processus de lessivagemicrobiologique, il est bon de signalerqu'aux Etats-Unis on a produit dansles mines de cuivre 370 millions de

tonnes de déblais à faible teneur en

1966. En 1965, 10 % de la productionde cuivre de ce pays a été extraite deces déblais traités par les micro-orga¬nismes.

On estime que le cuivre ainsi récu¬péré revient à 1 000 dollars la tonne(le prix de référence est de 1 400 dol¬lars la tonne sur le marché mondial).Si donc, 50 P/0 du cuivre contenu dans1 million de tonnes de déblais renfer¬

mant 0,3 '% de métal pouvaient êtrerécupérés, cela représenterait un gainde 600 000 dollars. Le procédé de les¬sivage microbiologique paraît rentablesur le plan économique. Dix pays aumoins le pratiquent, dont le Mexique,l'URSS, les Etats-Unis (dans ce der¬nier, on connaît onze mines de cuivrequi emploient ce procédé).

Les Thiobacilles, ainsi que des Ferro-bactériales, peuvent également inter¬venir dans l'extraction de l'uranium de

certains minerais, comme la branné-rite. L'uranium passe en solution sousforme de sulfate d'uranyle et peut enêtre extrait par diverses méthodes.

On prévoit que vers 1985 lademande d'uranium dans le monde

aura décuplé et, par conséquent,l'extraction par lessivage biologiquesera un procédé tout à fait rentable.

Dans les mines de Stanrock, auCanada, on a extrait 7 500 kg par moisd'oxyde d'uranium, in situ : les mineursarrosent les parois des galeries où sesitue l'action des microbes, la solutionest pompée à la surface et l'uraniumen est extrait ; cela évite la manuten¬

tion et le transport de tonnages trèsimportants de minerais sans grandevaleur, ce qui serait indispensabledans le cas de techniques plus clas¬siques.

La Suède possède des dépôtsconsidérables de schistes renfermant

un peu d'uranium et il est certaine¬ment possible de concentrer cet élé¬ment à la suite de l'action indirecte

des bactéries (le prix de revient nedoit pas être considéré comme exor¬bitant quand on sait que la tonne d'ura¬nium vaut plus de 16 000 dollars).

Des bactéries hétérotrophes ontpermis de mettre en solution l'orcontenu dans des latérites aurifères

de l'Ouest africain. Un composé orga¬nique, soluble dans le butanol et pro¬duit par la bactérie, formerait uncomplexe avec l'or.

A Irkoutsk, à l'Institut des métauxrares, des chercheurs russes étudientles procédés biométallurgiques de dis¬solution et de précipitation de l'or etils ont rapporté que 30 % de l'orcontenu dans le minerai étaient extraitsen vingt heures et mis en solution.

Dans le cas du manganèse, les mi

nerais généralement exploités sontdes oxydes : manganite et pyrolusite.L'oxydation peut être un processuschimique ou biochimique ; dans cecas, il est réalisé par des bactériesappartenant aux genres Leptothrix etGalionella (Ferrobactériales). Le lessi¬vage associé à une corrosion avancéea permis l'extraction du manganèse deminerais à faible teneur.

L'utilisation des micro-organismespour l'extraction de certains métaux acertains avantages peu ou pasd'énergie requise, faibles investisse¬ments, coût des réactifs très réduit.Mais c'est un processus qui est trèslong. Pour qu'il soit tout à fait ren¬table, il doit être employé en mêmetemps ou à la suite des méthodesd'extraction habituelles. Il faut enfin

souligner que cet aspect de la micro¬biologie appliquée implique des recher¬ches interdisciplinaires en géologie,en chimie minérale, en biochimie, enmicrobiologie et dans les domaines del'industrie minière.

Albert Sasson

\

30

Sur la voie

du développement

RÉSEAU UNESCOPOUR LA MICROBIOLOGIE

Edgar J. DaSilva

Fabian Fernandes

)

EDGAR J. DASILVA, microbiologisteindien, est vice-président de la Fédérationmondiale des collections de cultures. Il

collabore à la section des sciences de la vie

de ¡'Unesco et s'y occupe du programmeUnesco-ICRO (Organisation internationalede recherche sur la cellule) au niveau desapplications de la microbiologie dans lespays en voie de développement.

FABIAN FERNANDES, microbiologisteindien, est secrétaire général adjoint del'Association internationale des sociétés de

microbiologie et chef du département demicrobiologie du Centre de recherche Ciba-Geigy de Bombay (Inde). Membre duComité d'experts sur la microbiologie appli¬quée de la Commission mixte Unesco-ICRO(Organisation internationale de recherchesur la cellule), il s'attache actuellement à pro¬mouvoir de nouvelles méthodes d'enseigne¬ment de la microbiologie dans les pays envoie de développement.

LA microbiologie et les micro-orga¬nismes jouent un rôle unique

dans le développement et le progrèstechnologique. Grâce à la microbiolo¬gie appliquée, les pays en développe¬ment voient s'ouvrir des perspectivesnouvelles. En effet, les ressources etles conditions nécessaires à de telles

applications existent dans ces pays.

La microbiologie, qui occupe uneposition clef dans les sciences de lavie : médecine, biologie, industrie, etc.,est par excellence une discipline où lacoopération internationale peut s'exer¬cer avec le plus grand profit pour tousles hommes.

C'est pourquoi l'Unesco a mis enplace, au cours des vingt dernièresannées, un important programme mon¬dial de recherche dans les domaines

de la microbiologie et de la biologiecellulaire et moléculaire.

L'Unesco contribua à la création, en1962, de l'Organisation internationalede recherche sur la cellule (ICRO), etn'a cessé depuis lors de coopérer trèsétroitement avec celle-ci.

Grâce, en partie, à ces sciences,trois grands problèmes mondiaux pour¬raient trouver une solution : productionet distribution d'aliments, accroisse

ment démographique, expansion d'unenseignement adéquat des sciences.

Lancé par l'Unesco et la Commissionde l'ICRO sur la microbiologie, un pro¬gramme destiné à promouvoir unemeilleure connaissance des micro¬

organismes a été mis en suvre sousforme de conférences internationales,

de cours de formation, d'échanges dechercheurs, de colloques, etc.

Quatre grandes conférences inter¬nationales ont eu lieu durant ces douze

dernières années. Elles ont permisd'établir une coopération entre desmicrobiologistes des pays en voie dedéveloppement et leurs confrères despays industrialisés.

La première de ces conférencess'est tenue à Stockholm en 1963. Y ont

participé des chercheurs, des hautsfonctionnaires, des représentants desgouvernements et des responsables dela politique scientifique de tous pays.Les délibérations ont porté sur la pro¬duction par les micro-organismes devitamines, d'acides aminés, de médi¬caments et d'enzymes.

La deuxième conférence, réunie àAddis-Abeba en 1967, a bénéficié du ^concours de nombreux microbiologis- r

31

Lettre à un microbiologiste enCher et jeune ami,

C'est à toi que j'adresse cette lettre,à toi et à tes camarades, à vous tousqui aimez le vent du changement etqui êtes aujourd'hui à la recherched'entreprises capables de vous éleverle cGur dès votre jeune âge etjusqu'à votre vieillesse.

Je traiterai ici de l'un des secteurs

clefs de la science. Une branche dansl'arbre immense que constituent lesentreprises humaines : la microbiolo¬gie. C'est en effet par elle que lesrameaux de la biologie moléculaire serattachent au tronc puissant de latechnologie. Elle offre aussi un exem¬ple stimulant de la façon dont certainesapplications scientifiques destructivespeuvent, si l'on porte le regard un peuplus loin, se convertir et devenir socia¬lement très utiles.

La Convention des Nations Unies

interdisant les armes biologiques etbactériologiques, et signée le 10 avril1972 à Washington, Moscou et Lon¬dres, a été, en fait, le premier accord

CARL-GORAN HEDEN, bactériologistesuédois, est président du Département debactériologie et de bioengineering à l'InstitutKarolinska de Stockholm (Suède). Il faitactuellement des recherches sur l'usagepacifique de l'énergie et de la technologiemicrobiennes dans le domaine alimentaire.

Président du Comité consultatif international

sur les incidences mondiales du programmede microbiologie appliquée, il est membredu Comité d'experts sur la microbiologie dela Commission mixte Unesco-ICRO.

international qui ne se contente pasde supprimer un système d'armesexistant, mais s'attache aussi à lereconvertir.

Un environnement amélioré par lalutte biologique contre les parasites,par un recyclage des déchets et unemeilleure répartition des sites de pro¬duction de l'énergie, par de nouveauxremèdes miracles et des aliments bon

marché obtenus par fermentation : cene sont là que quelques-unes des pos¬sibilités qui se présentent.

La plus importante pourrait bienêtre constituée par les divers pro¬cessus microbiologiques capables defournir une « technologie intermé¬diaire » adaptée aux pays peu indus¬trialisés dont les activités agricolesfournissent des substrats favorables àla culture des microbes utiles.

Ces pays possèdent une agricultureet peuvent donc produire le substratnécessaire à la croissance micro¬

bienne. Tous ces hommes que la mal¬nutrition expose à être défigurés parla leishmaniose, affaiblis par la malariaou atteints par d'autres maladies infec¬tieuses, représentent autant de défispour la microbiologie appliquée et pourles organismes des Nations Unies quientendent mobiliser les micro-organis¬mes à des fins pacifiques.

Nous lisons tant de choses aujour¬d'hui sur les insuffisances de notresociété et sur la détérioration de l'envi¬

ronnement que nous oublions certainsévénements survenus au siècle der¬

nier : une augmentation sans précédentdes possibilités humaines et de l'espé¬rance de vie. Pour cette dernière, on

l'attribue souvent en grande part àl'impact des antibiotiques, aux théra¬peutiques chimiques et aux vaccins.

Mais si l'on considère le nombre

d'enfants tués en Grande-Bretagne parla tuberculose, la diphtérie, la scarla¬tine et la pneumonie en 1940 (avant lesantibiotiques et les vaccins modernes)et si l'on compare ces taux à ceux de1900, on découvre un rapport qui estrespectivement de 537 à 24, de 215à 5, de 31 à 3, de 2 450 à 990 (il s'agitdu nombre de morts par 100 000enfants de 0 à 1 an).

Si l'on remonte d'un siècle avant

1940, l'effet des transformations socia¬les apparaît avec plus de force encore.Un enfant qui naissait alors en Angle¬terre ne pouvait guère espérer vivreque vingt et un ans si ses parents nedisposaient que d'une pièce. Quaranteans, s'ils disposaient de quatre pièces.

Ce rappel n'est pas inutile je ledois au docteur Sven Heinild mais

il ne doit pas servir à minimiser l'effetqu'a eu la microbiologie sur un certainnombre de phénomènes sociologiquesà grande échelle, comme la dissémina¬tion des idées, des hommes ou desbiens.

Une telle dissémination supposaitque l'on maîtrise au préalable lesgrandes maladies épidémiques. Lesuccès dans ce domaine a été si grandqu'une maladie comme la variolepourra être vaincue dans peu d'années

à condition qu'aucune guerren'intervienne.

Cependant, il a fallu attendre lescent dernières années pour voir lesmicro-organismes fournir les moyens

tes africains. Elle a ainsi contribué à

la percée de la microbiologie dans cecontinent. Une des conséquences decette Conférence a été le lancement

d'un programme de recherches concer»nant la production à grande échelle del'algue comestible Spirulina, pro¬gramme entrepris par la suite à l'Uni¬versité d'Osaka, au Japon.

Les résultats de ce programme derecherches ainsi que d'autres expé¬riences ont été présentés à la troi¬sième conférence, à Bombay (Inde)en 1969. Cette conférence a aidé à la

création de départements universitairesspécialisés à Bombay et Goa et l'insti¬tution de bourses d'une durée de deux

ans à l'Université de Bombay.

Un symposium a eu lieu pendantcette conférence. Des chercheurs

américains; japonais, mexicains, philip¬pins, tchèques, indiens, israéliens,néerlandais et soviétiques y ont parti¬cipé à des discussions sur la produc¬tion de protéines à partir du pétrole etde résidus d'autre provenance. Dansce domaine, l'Unesco a collaboré étroi

tement avec le groupe consultatif desNations Unies sur les protéines.

L'avenir de la microbiologie dans lespays en développement a été l'objetd'un des principaux thèmes de la qua¬trième conférence, tenue au Brésil, àSäo Paulo en 1973. La conférence a

permis d'organiser de nombreux coursainsi que des réunions d'études surdes sujets tels que le rôle de la micro¬biologie dans la recherche d'une écolo¬gie humaine équilibrée, l'avenir de lamicrobiologie dans les pays en déve¬loppement, etc.

Les scientifiques des pays indus¬triels ont été frappés par les facultésd'innovation de leurs collègues venusdes pays en développement. Ceux-ci,privés d'appareillage perfectionné, ontrésolu déjà, en effet, bien des problè¬mes avec les moyens du bord.

La prochaine Conférence internatio¬nale est prévue pour 1976 à Kuala-Lumpur (Malaisie). Elle mettra l'accentsur un certain nombre de problèmesimmédiats concernant la microbiologiealimentaire fondamentale, l'énergie et

la microbiologie industrielle, la qualitéde la vie, la préservation des micro¬organismes utiles, ainsi que la micro¬biologie fondamentale.

Des recherches sur l'économie des

sols azotés sont d'ores et déjà entre¬prises partout dans le monde : enAfrique par le Pr. Aba Ayanaba (Nige¬ria), en Indonésie par le Dr SusonoSaono, au Brésil par le Pr. JohannaDobereiner et, au Centre de recher¬ches biologiques de l'Académie hon¬groise des Sciences par le Dr AdamKondorosi et un consultant de

l'Unesco, le Pr. Rolin Hotchkiss.

Dans le cadre du programmeUnesco-ICRO, des séries de cours ont

été organisées dans plusieurs pays :Brésil, Tchécoslovaquie, Ethiopie, Inde,Indonésie, Japon, Malaisie, Mexique,Nigeria, République arabe d'Egypteet Sri Lanka (Ceylan). Ces cours ontmontré l'importance des applicationsde la microbiologie et de la technolo¬gie des fermentations microbiologîquespour le développement national.

Les membres de la commission

32

herbepar Carl-Göran Héden

d'une nouvelle transformation majeurede notre environnement ; ils nous ont

montré, par exemple, la façon dont lescellules économisent énergie et maté¬riaux : des lignes de communicationet de transport courtes, des systèmesde séparation simples, des circuits decontrôle multiples et une intégrationtrès poussée.

Nul doute que de tels principes, toutcomme les préférences de la naturepour des produits recyclables, influen¬ceront les pratiques industrielles del'avenir. Dès aujourd'hui, l'industriefait appel aux catalyseurs biologiquesque sont les enzymes et elle pourraittirer profit avant la fin de ce sièclede certains systèmes transporteursd'énergie analogues à ceux observéschez des micro-organismes.

Très efficaces à des températureset des pressions peu élevées, cesprocédés offrent mille possibilitésd'économiser non seulement l'énergie,mais aussi, et en grandes quantités,les métaux de construction.

Mais si les enzymes ouvrent desperspectives fascinantes, il est proba¬ble que les procédés les plus éco¬nomiques pour réaliser nombre desynthèses seront fournis par la fer¬mentation ; la génétique microbiennea eu de quoi peindre l'avenir en cou¬leurs brillantes : on sait par elle queles bactéries peuvent même apprendreà fabriquer des substances inhabituel¬les : des substances que les organis¬mes supérieurs sont seuls à produire ;or, ces derniers sont souvent desproducteurs peu commodes et peuefficaces (il en est ainsi de la produc

tion de certaines hormones, pourlaquelle une synthèse par~ les micro¬organismes est bien préférable à celleprovenant d'un élevage animal).

On peut aussi raisonnablement envi¬sager le transfert à des organismessupérieurs de propriétés microbiennes.Par exemple, pour guérir certainesdéficiences enzymatiques graves chezl'homme, on pourrait réaliser le trans¬fert, par des microbes, des gènes res¬ponsables de la synthèse des enzymesfaisant défaut.

En outre, si on pouvait isoler desgermes capables de s'associer auxracines des plantes cultivées les pluscourantes, par exemple les céréales,avec pour conséquence une fixationd'azote atmosphérique comparable àcelle enregistrée chez les légumineu¬ses, les conséquences sociales et éco¬nomiques d'une telle opération seraientconsidérables.

De toute évidence, si vous décidezde devenir microbiologistes, vous aureztoutes les occasions d'améliorer le sort

de l'humanité. Mais ne vous appuyezpas trop sur le fait que Louis Pasteur,en quittant le collège de Besançon,avait en chimie l'appréciation « médio¬cre ». Certes, ce faible niveau nel'empêcha pas de fonder la stéréo-chimie, mais quand il posa, plus tard,les fondations de la microbiologiemoderne, les connaissances valablesdont il pouvait partir n'étaient vraimentpas très nombreuses.

D'autre part, celui qui étudie lamicrobiologie actuellement, doit grim¬per sur les épaules de ses innombra¬bles anciens s'il veut poser les yeux

sur quelque chose de nouveau. Lessecteurs les plus prometteurs se trou¬vent aux points de rencontre avec les

autres sciences : le microbiologistedoit donc avoir aussi de bonnes

connaissances en mathématiques, enbiophysique, en biochimie, et connaîtreencore l'essentiel d'une au moins de

ces disciplines mères : médecine ouscience vétérinaire, agronomie ouscience de l'alimentation, biologie ouscience de l'engineering, au choix...Cela veut dire beaucoup de travail et,dans bien des régions du monde, peude satisfaction d'ordre économique.

En revanche, on peut avoir la satis¬faction d'influencer les choix quel'humanité doit faire lorsque, manifes¬tement, elle approche, comme aujour¬d'hui, de la croisée des chemins : une

direction est celle de la spécialisation,du durcissement et de la capacitédestructrice ; une autre mène à denouveaux horizons en matière de

coopération et de développement del'esprit humain.

Le grand défi n'est plus celui del'espace interplanétaire, mais celui decet espace intérieur qui n'a rien àvoir avec la recherche égocentriquede nouvelles dimensions spirituelles :l'espace dont il s'agit renferme lemicrocosme de ces formes de vie

invisibles qui nous baignent de notrepremier à notre dernier soupir. Pourles pénétrer, un microscope ne suffitpas, il y faut aussi des connaissances.Comme l'a écrit Goethe : « Pour voir,il faut savoir. »

Bien à vous.

Carl-Göran Héden

ICRO-Unesco ont eux-mêmes donné

des cours au Brésil, à Cuba, en Ethio¬pie, en Inde, en Indonésie, .au SriLanka et en Thaïlande. En 1974, futorganisé à Bandung (Indonésie) unenseignement sur « la conservation etl'emploi des micro-organismes dans larécupération des déchets et les fer¬mentations en Asie du Sud-Est ».

Dans ces domaines, l'Unesco a jouéun rôle de pionnier. En 1965, sous ladirection du Pr. Salvador Luria (Etats-Unis), prix Nobel de Physiologie-Méde¬cine en 1969, la commission Unesco-ICRO sur les modifications génétiqueset les interactions virus-cellules a

lancé une étude conduisant à réaliser

un « Registre international des stocksgénétiques microbiens ».

Un an après, l'Unesco a réuni ungroupe d'experts pour discuter desproblèmes relatifs aux cultures micro¬biennes et aux techniques de conser¬vations des ressources génétiques.

Collaborant étroitement avec le

département des collections de cultu¬res de l'Association internationale des

sociétés de microbiologie, l'Unesco aaidé la Fédération mondiale des cultu¬res de micro-organismes à établir un« Répertoire mondial des collectionsde cultures de micro-organismes ».

Des appuis supplémentaires sontvenus de l'Organisation Mondiale dela Santé, des Nations Unies et de

l'Organisation du Commonwealth pourla recherche scientifique et technique.

Ce répertoire se base sur plusieursséries de listes traitées en ordinateur

et relatives aux microbes avec ou sans

noyau, aux virus des animaux, des bac¬téries et des plantes, aux cultures detissus d'animaux, d'hommes, d'insec¬tes et de plantes ; le tout venant de350 collections de cultures faites dans

les pays développés ou en voie dedéveloppement (voir dessins page 28).

La collaboration avec le Programmedes Nations Unies pour l'environne¬ment a permis au Centre mondial dedonnées sur les micro-organismes del'Université de Brisbane en Australie,

d'accroître son action.

On a pu également réunir desinformations concernant les collections

de cultures intéressantes, ainsi queleur préservation, dans les pays envoie de développement.

En outre, l'Unesco et l'ICRO ont crééun programme de bourses d'étudesdestinées à offrir une formation appro¬fondie à de jeunes microbiologistes depays en développement.

Ce programme a permis à de jeuneschercheurs d'être reçus dans deslaboratoires à l'étranger. Venant deCuba, Ghana, Guatemala, Ethiopie,Inde, Indonésie, Malaisie, Nigeria etSoudan, ils ont été reçus en Tchéco¬slovaquie, Suède, Malaisie, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis.

De la même façon qu'elle a contri¬bué au progrès technologique desnations développées, la microbiologiepeut aider les pays en développementà résoudre nombre de leurs problèmes.

Edgar J. DaSilva

Fabian Fernandes

33

NOS ANCETRES LES MICROBES (suite de la page 26)

passent ainsi les capacités de l'animalle plus féroce que nous connaissons :l'homme lui-même.

Le secret de leur puissance résidedans leur petite taille et dans lagrande surface qu'ils possèdent doncpar gramme de matière vivante. Cefait, ajouté à la brièveté de leurs lignesde transport internes, permet auxplus voraces d'entre eux d'absorberdeux fois leur poids en un quartd'heure.

L'ubiquité des micro-organismesillustre parfaitement leurs possibili¬tés : on les trouve dans la mer Mortetout comme dans l'eau distillée ; dansles couches supérieures de l'atmo¬sphère tout comme au plus profonddes océans ; dans les sources chau¬des comme dans les régions polaires.Ils élisent même domicile dans lesintestins des mammifères, où ils ai¬dent à la digestion, et ils se fixent surles conduites souterraines en fer,

qu'ils contribuent à corroder.

Dire que les micro-organismes sonttout aussi indispensables à l'environ¬nement de l'homme que l'oxygène etl'eau, dire que cela représente l'es¬sentiel de leurs bienfaits à notre

égard, ce serait encore les sous-estimer. On connaît les énormes quan¬

tités d'oxygène, d'eau, d'hydrates decarbone et de protéines qu'un hommeabsorbe pendant sa vie, lorsque sonrégime alimentaire est convenable.

Or la production de toutes cessubstances repose sur une ou plu¬sieurs fonctions des micro-organis

mes. Des algues de l'océan produi¬sent environ la moitié de l'oxygèneainsi consommé ; il n'y aurait pasd'eau potable si les micro-organismesne s'occupaient pas de purification ;les céréales et les plantes sucrièresne pousseraient pas si les microbesmanquaient à produire le gaz carbo¬nique et étaient incapables de fixerl'azote ; les herbivores eux-mêmesne grandiraient pas sans la popula¬tion microbienne qui se développedans leur rumen et fractionne la cel¬

lulose en substances digestibles.

C'est une redoutable montagne queproduirait un seul homme pendant savie si les micro-organismes n'étaientpas là pour dégrader ses déchets etles restituer aux cycles naturels.

Au lieu de rester passivement dé¬pendant du monde microbien poursurvivre, l'homme a appris à l'exploi¬ter consciemment et à l'employer àdivers usages (comme on l'exposeailleurs dans ce numéro). L'un desprincipaux emplois est le traitementdes eaux d'égouts. La plus impor¬tante industrie microbiologique dansle monde ne représente rien d'autre,pour l'essentiel, que l'intensificationpar la technologie de la minéralisationnaturelle réalisée par les micro-orga¬nismes.

Elle intervient là où les rejets sontsi chargés que les micro-organismesse trouvent totalement débordés et

ne peuvent accomplir leur tâche sansaide. Les hommes n'ont toutefois pasencore appris à faire du traitementdes ordures autre chose qu'une lutte

contre une nuisance : un apport posi¬tif au fonctionnement des cycles na¬turels. L'énergie et les minérauxcontenus dans les ordures sont tropsouvent dissipés dans l'environne¬ment au lieu d'être réinjectés danscelui-ci aux endroits stratégiques, làoù les cycles naturels pourraient enavoir besoin.

Mais sous la pression des événe¬ments nous sommes en train d'ap¬prendre qu'il vaut mieux recycler nosdéchets que seulement les traiter. Lesleçons nous viennent de plusieurscôtés à la fois. Le recyclage est ainsiindispensable au cours des séjoursprolongés dans l'espace. Dans ce cas,les systèmes prévus pour entretenirla vie à bord reproduisent fidèlementles cycles bio-géochimiques de cetautre vaisseau spatial qu'est notreterre.

Il n'y a pas cent ans que l'hommea commencé à comprendre les cyclesbio-géochimiques et le rôle qu'y jouentles microbes. C'est seulement depuisquelques dizaines d'années qu'il com¬mence à en avoir des notions quan¬titatives. Plus attentifs, nous nous

sentons aussi plus intéressés à ce queces systèmes, qui nous permettent devivre, ne soient pas altérés.

Les efforts des Nations Unies pourpréserver et améliorer l'environne¬ment devraient permettre de surveillerattentivement la partie microbiologi¬que de cet environnement.

J. W. M. La Rivière

UNE CERTAINE COEXISTENCE PACIFIQUE (suite de ta page 25)

un organe spécial qu'on appelle lerumen. Dans cet organe, la digestiondes matières végétales complexes(celle de la cellulose par exemple), sefait par l'activité de micro-organismesparticuliers. Dans le rumen, la nourri¬ture se mêle à la population micro¬bienne et demeure là huit à neuf heures.

Pendant ce temps, les moléculesde la cellulose et des autres poly¬saccharides complexes sont fragmen¬tées en sucre par plusieurs espècesde bactéries et de protozoaires. Dansles sucres ainsi produits commenceune fermentation qui donne divers aci¬des organiques et des gaz gazcarbonique et méthane.

Les acides organiques sont absor¬bés et utilisés par le ruminant commesource d'énergie, ou bien convertisen acide aminés et en vitamines qui

serviront à l'organisme.

L'alimentation des êtres humains en

viande et autres produits repose pourune grande part sur ces animaux ;l'activité microbienne qui se dérouledans le rumen possède donc unegrande importance économique.

Il arrive aussi que les micro-orga¬nismes entrent en compétition et pro¬voquent des maladies chez les ani¬maux supérieurs. Les principes desmaladies infectieuses ont donné lieu

aux découvertes les plus spectacu¬laires et les plus significatives du siè¬cle passé. Ces découvertes ontconduit à des mesures thérapeutiqueset préventives qui ont eu beaucoupd'influence sur les conditions de vie

de l'humanité.

Non seulement il a été possible deproduire en grand nombre des plan¬tes et des animaux résistant aux mala¬

dies, mais bien des maladies humai¬nes les plus redoutables ont étémises au pas.

Le contrôle des maladies infectieu¬

ses a été assuré par des mesuresd'hygiène publique dont beaucoupsont dues pour une part à la micro¬biologie : amélioration des conditionsd'hygiène, campagnes de vaccination,découverte des antibiotiques.

Voici par exemple dans quelle pro¬portion a baissé depuis trente ansle nombre des cas observés pour cer

taines grandes maladies : lèpre :99 % ; fièvre jaune : 86 % ; choléra :85 % ; variole : 83 % ; typhus : 63 %.

Ces exemples pourraient fairecroire que, dans sa compétition avecles microbes, l'humanité l'a emporté :encore un peu de temps et toutes lesmaladies infectieuses seront vain¬

cues. Un tel espoir n'est pas vain.

Malheureusement, les chiffres mon¬trent qu'un certain nombre de mala¬dies connues et que l'on croyaitcontrôlées, recommencent à se ré¬pandre : il en est ainsi pour la rou¬geole, les oreillons, la dysenterie, lesmaladies vénériennes. De plus lesconnaissances restent très incomplè¬tes sur un grand nombre de maladiesrépandues dans le monde entier. Labilharziose en est un exemple, mala¬die débilitante dont sont atteintes

environ 200 millions de personnes.

D'autre part, plusieurs maladies àvirus sont mal comprises. Il faut doncque les microbiologistes en appren¬nent encore bien davantage sur lesassociations de micro-organismes.

John R. Porter

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¡rinçahon

en devenir

Les Presses de l'Unesco, Paris, 1975

Prix : 50 Francs français

Vient de paraître

après APPRENDRE A ÊTRE...

...L'ÉDUCATION EN DEVENIR

La publication de la grande étude de l'Unesco Apprendre àêtre* trouve aujourd'hui un prolongement du plus haut intérêtavec la parution de ce volume de 435 pages, L'éducation endevenir. D'éminents spécialistes du monde de l'éducation expo¬sent les fruits de leur expérience et de leurs réflexions sur desthèmes de grande actualité :

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L'avenir de la profession enseignante;L'apport de la technologie moderne.

H L'éducation en devenir présente en effet de larges extraitschoisis parmi les 81 documents qui avaient été rédigés à la de¬mande de l'Unesco par des personnalités telles que Jean Piaget,Ivan lllich, Gunnar Myrdal, Paulo Freiré, etc., documents sur les¬quels s'est fondée l'étude publiée sous le titre Apprendre à être.

* Coédition Unesco-Fayard, Paris, 1972. Ce rapport de laCommission internationale sur le développement de l'éduca¬tion avait fait l'objet d'un numéro spécial du Courrier de¡'Unesco, en novembre 1972.

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ALBANIE. N. Sh. Botimeve Nairn Frashen, Tirana AL¬

GÉRIE. Institut pédagogique national, 11, rue Ah-Haddad,Alger. Société nationale d'édition et de diffusion (SNED),3, bd Zirout Youcef, Alger. RÉP. FED. D'ALLEMAGNE.Unesco Kurier (Édition allemande seulement) . 53 Bonn 1,Colmantstrasse 22, CCP Hambourg, 276650 Pour lescartes scientifiques seulement : Geo Center, D7 Stuttgart80, Postfach 800830. Autres publications : Verlag Doku¬mentation, Possenbacher Strasse 2, 8000 München 71(Prinz Ludwigshohe) RÉP. DEM. ALLEMANDE.Buchhaus Leipzig, Postfach 140, Leipzig InternationaleBuchhandlungen, enRDA AUTRICHE. Verlag GeorgFromme et C°, Arbeitergasse 1-7, 1051 Vienne. BELGI¬QUE. Ag pour les pub de l'Unesco et pour l'édition fran¬çaise du « Courrier » Jean De Lannoy, 1 12, rue du Trône,Bruxelles 5. C C P 708-23 Édition néerlandaise seule¬

ment NV Handelmaatschappij Keesing, Keesinglaan2-18, 2100 Deurn.e-Antwerpen BRÉSIL. Fundaçao Getù-ho Vargas, Serviço de Publicaçoes, Caixa postal 21120,Praia de Botafogo, 188, Rio de Janeiro, GB BULGARIE.Hemus, Kantora Literatura, bd Rousky 6, Sofia CAME¬ROUN. Le Secretaire général de la Commission nationalede la République fédérale du Cameroun pour ('Unesco,B P. Nc 1061, Yaounde Information Canada,Ottawa (Ont ) CHILI. Editorial Universitaria S A , casilla10220, Santiago RÉP. POP. DU CONGO. Librairie po¬pulaire, B P 577, Brazzaville COTE-D'IVOIRE. Centred'édition et de diffusion africaines B P 4541, Abidjan-Plateau. DAHOMEY. Librairie nationale, B P 294, Porto

Novo DANEMARK. Ejnar Munksgaard Ltd, 6, Nörre-gade, 1 165 Copenhague K. EGYPTE (RÉP. ARABE D').National Centre for Unesco Publications, N° 1 Talaat Harb

Street, Tahnr Square, Le Caire , Librairie Kasr El Nil, 38, rue

Kasr El Nil, Le Caire ESPAGNE. Toutesles publicationsy compris le « Courrier » Ediciones Iberoamericanas,S A., calle de Oñate, 15, Madrid 20 , Distribución de Publi¬

caciones del Consejo Superior de Investigaciones Científi¬cas, Vitrubio 16, Madrid 6 , Librería del Consejo Superiorde Investigaciones Científicas, Egipciacas, 15, BarcelonaPour le « Courrier » seulement Ediciones Liber, Apartado

17, Ondárroa (Vizcaya) ÉTATS-UNIS. Unipub, a XeroxEducation Company, Box 433, Murray Hill Station, NewYork, NY. 10016 FINLANDE. Akateeminen Kirja-kauppa, 2, Keskuskatu Helsinki FRANCE. LibrairieUnesco, 7-9, place de Fontenoy 75700 Pans CCP12 598-48 GRÈCE. Anglo-Hellemc Agency 5 KoumpanStreet, Ath'ènes 138. HAITI. Librairie « A la Caravelle »,36, rue Roux, B P. 111, Port-aux-Phnces HAUTE-

VOLTA. Librairie Attie, B P. 64, Ouagadougou LibrairieCatholique « Jeunesse d'Afrique », OuagadougouHONGRIE. Akademiai KónyvesboVt, Váct U 22, BudapestV A K V Konyvtárosok Boltja, Nepkoztarsasag utja 16, Bu¬dapest VI INDE. Orient Longman Ltd Nicol Road,Ballard Estate Bombay 1 ; 17 Chittaranjan Avenue, Cal¬cutta 13, 36a Anna Salai Mount Road, Madras 2 B-3/7 AsafAli Road, Nouvelle-Delhi, 80/1 Mahatma Gandhi Road,

Bangalore-560001 3-5-820 Hyderguda, Hyderabad-500001Publications Section, Ministry of Education and SocialWelfare, 72 Theatre Communication Building, ConnaughtPlace, Nouvelle-Delhi 1 Oxford Book and Stationery Co ,17 Park Street, Calcutta 16, Sandia House, Nouvelle-Delhi

IRAN. Commission nationale iranienne pour l'Unesco,av Iranchahr Chomah N° 300, BP.1533, Teheran, Kha-

razmie Publishing and Distribution Co. 229 DaneshgaheStr., Shah Avenue P O Box 14/486, Téhéran. IRLANDE.

The Educational C° of Ir Ltd, Ballymont Road Walkins-town, Dublin 12 ISRAËL. Emanuel Brown, formerlyBlumstem's Book-stores 35, Allenby Road et 48, NachlatBenjamin Street, Tel-Aviv Emanuel Brown 9 ShlomzionHamalka Street, Jerusalem ITALIE. Licosa (LibreríaCommissionana Sansoni, S p A ) via Lamarmora, 45, Ca-sella Postale 552, 50121 Florence. JAPON. EasternBook Service Inc C P O Box 1728, Tokyo 100 92. RɬPUBLIQUE KHMÈRE. Librairie Albert Portail, 14, avenueBoulloche, Phnom-Penh LIBAN. Librairies Antoine,

A Naufal et Frères, B P 656, Beyrouth LUXEM¬BOURG. Librairie Paul Brück, 22, Grand-Rue, Luxem¬

bourg MADAGASCAR. Toutes les publications .Commission nationale de la République malgache. Minis¬tère de l'Éducation nationale, Tananarive MALI. Librai¬rie populaire du Mali, B P 28, Bamako MAROC. Librai¬rie « Aux belles images », 281, avenue Mohammed-V, Ra¬bat. CCP 68-74 « Courrier de l'Unesco » . pour les mem¬bres du corps enseignant Commission nationale maro¬caine pour l'Unesco 20, Zen kat Mourabitine, Rabat (CCP324-45) MARTINIQUE. Librairie « Au Boul'Mich », 1,rue Pernnon, et 66, av. du Parquet, 972, Fort-de-France.MAURICE. Nalanda Co, Ltd, 30, Bourbon Street Port-

Louis MEXIQUE. CILA (Centro mteramencano de Li¬bros Académicos), Sullivan 31 bis, Mexico, 4 D,F. MO

NACO. British Library, 30, boulevard des Moulins,Monte-Carlo. MOZAMBIQUE. Salema & Carvalho Ltda

caixa Postal, 192, Beira. NIGER. Librairie Mauclert, B P.868, Niamey. NORVÈGE. Toutes les publications : Jo-han Grundt Tanum (Booksellers), Karl Johans gate 41/43,Oslo 1. Pour le « Courrier » seulement : A S. Narvesens,Litteraturtjeneste Box 6125 Oslo 6 NOUVELLE-CALÉDONIE. Reprex S.A.R L , B P. 1572, Nouméa.PAYS-BAS. « Unesco Krrier » (Édition néerlandaise seu¬lement) Systemen Keesing, Ruysdaelstraat 71-75,Amsterdam-1007 Agent pour les autres éditions et toutesles publications de l'Unesco N V Martinus Nijhoff LangeVoorhout 9 's-Gravenhage. POLOGNE. Toutes les pu¬blications : ORWN PAN. Palac Kultury i Nauki, Varsovie.Pour les périodiques seulement « RUCH » ul. Wronia 23,Varsovie 10. PORTUGAL. Dias & Andrade Ltda, LivranaPortugal, rua do Carmo, 70, Lisbonne. ROUMANIE.ICE. Libri P.OB 134-135, 126 calea Victonei, Bucarest.Abonnements aux périodiques Rompresfilatelia, calea Vic¬tonei nr 29, Bucarest ROYAUME-UNI. H M. StationeryOffice, PO. Box 569, Londres S E 1. SÉNÉGAL. La Mai¬son du Livre, 13, av. Roume, BP 20-60, Dakar. LibrairieClairafnque, B P 2005, Dakar ; Librairie « Le Sénégal » B P.1594, Dakar. SUÈDE. Toutes les publications : A/B CE.Fntzes Kungl. Hovbokhandel, Fredsgatan, 2, Box 16356,103 27 Stockholm, 16 Pour le «Courrier» seulement.

Svenska FN-Forbundet, Skolgrand 2, Box 150-50, S-10465Stockholm - Postgiro 184692. SUISSE. Toutes les publi¬cations : Europa Verlag, 5, Ramistrasse, Zurich CCP. 80-23383 Payot, 6, rue Grenus, 1211, Genève 1 1, C.C P. 1 2 236.

SYRIE. Librairie Sayegh Immeuble Diab, rue du Parle¬ment. B P. 704, Damas. TCHÉCOSLOVAQUIE.S N T L , Spalena 51, Prague 1 (Exposition permanente) ;Zahranicni Literatura, 11 Soukenicka, Prague 1 Pour laSlovaquie seulement : Alfa Verlag Publishers, Hurbanovonam 6,893 31 Bratislava. Librarie Évangélique,BP 378, Lomé ; Librairie du Bon Pasteur, BP 1164, Lomé ,Librairie Moderne, BP 777, Lomé TUNISIE. Sociététunisienne de diffusion, 5, avenue de Carthage, TunisTURQUIE. Librairie Hachette, 469 Istiklal Caddesi ; Beyo-glu, Istanbul. U.R.S.S. Mejdunarodnaja Kniga, Moscou,G-200 URUGUAY. Editorial Losada Uruguaya, S.A.Librería Losada, Maldonado, 1092, Colonia 1340, Montevi¬deo VIET-NAM. Librairie Papeterie Xuán-Thu, 185-193,rueTu-Do, BP 283, Saigon YOUGOSLAVIE. Jugoslo-venska Knjiga, Terazi|e 27, Belgrade. Drzavna Zalozba Slo¬vénie Mestni Trg. 26, Ljubljana. RÉP. DU ZAIRE. LaLibrairie, Institut national d'études politiques, B P. 2307,Kinshasa Commission nationale de la Rép. du Zaïre pourl'Unesco, Ministère de l'Éducation nationale, Kinshasa

Un mariage heureuxCe numéro est entièrement illustré par des dessinshumoristiques réalisés pour le « Courrier del'Unesco » par Jean-Marie Clément et Safoura As-sia (voir page 5). Les dessins de cette page mon¬trent que si les micro-organismes sont quelquefoisles pires ennemis de l'homme (en haut à droite), ilssont aussi ses meilleurs alliés, nécessaires à la vie

sur notre planète. Témoin cet heureux mariage :dans les racines des haricots, pois, soja, etc., desbactéries se nourrissent du sucre de ces légumi¬neuses; en échange, elles permettent à ces plantesde fixer l'azote de l'air et de produire ainsi desprotéines, éléments indispensables à l'alimenta¬tion des hommes et des bêtes. Inspirés par cetteunion naturelle, les savants espèrent exploiter,pour le profit des hommes, d'autres types d'asso¬ciations entre micro-organismes et végétaux.Dessins Jean-Marie Clément et Safoura Assia' « Courrier de l'Unesco >»