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UNIVERSITE PARIS VAL-DE –MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ******************* ANNEE : 2007 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine générale Présentée et soutenue publiquement le : A : CRETEIL (PARIS XII) Par : Melle Djedjiga BEHTANI Née le 9 septembre 1971 en Algérie TITRE : Facteurs prédictifs d’acquisition du Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) dans un service de soins de suite et de réadaptation. DIRECTEUR DE THESE : MME Karine GIRAUD LE CONSERVATEUR DE LA BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE Signature du Directeur de thèse Cachet de la bibliothèque universitaire

UNIVERSITE PARIS VAL-DE –MARNE FACULTE DE MEDECINE DE …doxa.u-pec.fr/theses/th0417063.pdf · staphylocoque à coagulase positive) est un cocci gram positif appartenant à la famille

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UNIVERSITE PARIS VAL-DE –MARNE

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

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ANNEE : 2007 N°

THESE

POUR LE DIPLOME D’ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

Discipline : Médecine générale

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Présentée et soutenue publiquement le :

A : CRETEIL (PARIS XII)

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Par : Melle Djedjiga BEHTANI

Née le 9 septembre 1971 en Algérie

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TITRE : Facteurs prédictifs d’acquisition du Staphylococcus aureus résistant à la

méticilline (SARM) dans un service de soins de suite et de réadaptation.

DIRECTEUR DE THESE :

MME Karine GIRAUD

LE CONSERVATEUR DE LA

BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

Signature du

Directeur de thèse

Cachet de la bibliothèque

universitaire

2

3

A ma mère pour son soutien inconditionnel durant toutes ces années d’études.

4

Mes sincères remerciements :

Au Dr. GIRAUD qui a dirigé ma thèse.

Au Dr. VINCENT qui a permis que cette étude se déroule dans son service.

Au Dr. MAISON pour son aide méthodologique.

A Mr J.P DEVEAUX pour son aide.

Au Dr. CHATAP.

Au Dr. AKPABIE, président du CLIN du C.H. E. Roux.

A ma sœur pour son aide.

5

TABLE DES MATIERES

I. INTRODUCTION : ……………………………………………………...

1. GENERALITES ……………………………………………………….

2. RESISTANCE …………………………………………………………

3. TRANSMISSION ET DIFFUSION DU SARM ……………………...

a) Transmission interhumaine ………………………………………..

b) Pression de sélection des antibiotiques ……………………………

4. STRATEGIE DE LUTTE CONTRE LA DIFFUSION DES SARM …

5. PROBLEMATIQUE …………………………………………………..

a) Généralités …………………………………………………………

b) En gériatrie ………………………………………………………...

p.6

p.7

p.7

p.9

p.10

p.11

p.12

p.13

p.13

p.14

II. ENQUETE : ……………………………………………………………..

1. GENERALITES ……………………………………………………….

2. MATERIEL ET METHODE ………………………………………….

a) Patients …………………………………………………………….

b) Critères d’inclusion ……………………………………………......

c) Critères de non inclusion …………………………………………..

d) Recueil des données ……………………………………………….

e) Analyse statistique ………………………………………………...

p.17

p.18

p.18

p.18

p.19

p.19

p.20

p.21

III. RESULTATS : …………………………………………………………

1. CARACTERISTIQUES GENERALES ………………………………

a) Provenance ………………………………………………………...

b) Dépendance ………………………………………………………..

c) Caractéristiques liées à l’état du patient …………………………...

d) Caractéristiques liées aux antécédents du patient …………………

2. FACTEURS PREDICTIFS D’ACQUISITION DU SARM …………..

a) Sexe ………………………………………………………………..

p.22

p.23

p.23

p.24

p.26

p.27

p.28

p.28

6

b) Provenance ………………………………………………………... p.28

c) Dépendance ………………………………………………………..

d) Facteurs de risque liés à l’état du patient ………………………….

e) Facteurs de risque liés aux antécédents du patient ………………...

p.29

p.31

p.32

IV. DISCUSSION : ………………………………………………………....

1. CARACTERISTIQUES GENERALES ………………………………

2. FACTEURS PREDICTIFS D’ACQUISITION DE SARM…………...

3. CONCLUSION ………………………………………………………..

4. SARM ET MEDECINE DE VILLE ………………………………......

p.33

p.34

p.36

p.37

p.39

V. BIBLIOGRAPHIE : ………………………………………………….....

p.41

VI. GLOSSAIRE : ………………………………………………………..... p.47

7

I. INTRODUCTION

8

1. GENERALITES :

Le staphylococcus aureus (aussi appelé staphylocoque doré ou

staphylocoque à coagulase positive) est un cocci gram positif appartenant à la

famille des micrococcaceae. Il fait partie de la flore commensale de l’organisme,

de façon transitoire ou permanente, colonisant volontiers la muqueuse des fosses

nasales antérieures des sujets sains, la muqueuse vaginale et le périnée, la peau et

la région axillaire. Il est estimé qu’entre 30 à 50% des adultes sains sont colonisés

par S. aureus dans le nez avec 10 à 20% de porteurs chroniques (25). De plus ce

germe résiste bien à la dessiccation et peut survivre dans l’environnement sur du

matériel inerte (tissus, plastiques…) (2).

Le S. aureus est un agent pathogène fréquemment retrouvé dans de

multiples infections nosocomiales et communautaires. Il est l’un des principaux

agents étiologiques des infections cutanées, ostéo-articulaires, des pneumonies

bactériennes et des bactériémies.

2. RESISTANCE :

Avant l’arrivée des antibiotiques, les infections causées par S. aureus

étaient une cause fréquente de morbidité et de mortalité. L’arrivée de la

pénicilline dans les années 1940, antibiotique de choix pour les infections causées

par ces germes, offrait un avantage thérapeutique important. Cependant la

sensibilité de S. aureus à la pénicilline fut de courte durée. Les premières souches

de S. aureus résistantes à la pénicilline ont été identifiées dès 1942. Aujourd’hui

70 à 90 % des souches de S. aureus sont résistantes à la pénicilline (29).

Au début des années 1960, le développement des pénicillines semi-

synthétiques à visée anti-staphylococcique, de la famille de la méticilline a été

suivi de l’émergence rapide de staphylococcus aureus résistant à la méticilline

(SARM). En France 15 % des souches de S. aureus étaient résistantes à la

9

méticilline dès 1962 (2). Cette résistance à la méticilline s’est également

accompagnée d’une résistance à d’autres antibiotiques : streptomycine,

tétracycline, érythromycine. Le pourcentage de ces souches est passé de 31% en

1964 à 45% en 1970 (2). Puis l’acquisition successive de la résistance à la

gentamicine (1975), à la rifampicine (1980), aux fluoroquinolones (1984), à la

fosfomycine et à l’acide fucidique (1990) a été inéluctable (2). Dans les années

1990 S. aureus est résistant pratiquement à tous les aminosides, les macrolides, les

tétracyclines, et dans plus de 50 % des cas à la rifampicine (22).

Depuis le début des années 1980, SARM circule de façon endémique dans

les hôpitaux français mais ce problème de résistance aux antibiotiques ne

concerne pas uniquement la France, c’est un phénomène mondial observé au

niveau des cinq continents (6, 29, 39). Cependant les taux de résistance diffèrent

d’un pays à l’autre. En Europe les pays scandinaves (Finlande, Danemark, Suède,

Pays-Bas) ont su maintenir les taux de résistance de S. aureus à moins de 3 % en

empêchant la diffusion de SARM par l’application d’une politique basée sur le

dépistage et l’isolement des patients porteurs ou infectés par SARM et en adoptant

une politique stricte de restriction des antibiotiques dès les premières épidémies

observées entre 1982 et 1985 (2, 39).

En France les taux de résistance sont parmi les plus élevés d’Europe (38).

Ce n’est que dans les années 1990 que la France a commencé à mettre en place un

programme national de lutte contre le SARM avec la création du comité technique

national des infections nosocomiales (CTIN) et des comités de lutte contre les

infections nosocomiales (CLIN), en éditant les premières "100 recommandations

pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales" en 1992 (11),

alors que les premières épidémies ont été observées dans les années 1980 (2).

Depuis, les hôpitaux français se sensibilisent progressivement à la lutte et à la

prévention, mais l’application de ces mesures est lente à venir (23). Les résultats

de l’enquête faite auprès de 39 hôpitaux de l’Assistance Publique-Hôpitaux de

Paris (AP-HP) après dix années de programme de prévention, entre 1993 et 2002

10

(37), révèlent que le pourcentage de résistance chez S. aureus est passé de 39 à

28% dans les hôpitaux de court séjour, de 62 à 27% en réanimation, de 39 à 30%

en chirurgie et de 33 à 35% en médecine. La sensibilité des SARM aux

antibiotiques a beaucoup augmenté entre 1993 et 2002 : 12 à 80% pour la

gentamicine, 5 à 19% pour la tobramycine, 8 à 43% pour l’érythromycine, 27 à

82% pour la rifampicine. En revanche la résistance aux fluoroquinolones reste

quasi constante (95% environ).

Pendant plus de 30 ans, la vancomycine a été considérée comme

l’antibiotique de choix face aux infections à SARM. Cependant plusieurs cas

d’infection à SARM n’ayant pas répondu au traitement par les glycopeptides, en

l’occurrence la vancomycine, ont été rapportés au Japon en 1996 (20) et aux

Etats-Unis en 1997 (29). La France semblait être épargnée puisqu’un seul cas

d’infection due à ce germe avait été décrit dans le Lancet en 1998 (30) au sujet

d’un patient immunodéprimé souffrant d’une septicémie à SARM dans un hôpital

du centre de la France. Puis entre octobre 1998 et mars 1999 une souche

épidémique du SARM de sensibilité diminuée à la vancomycine est également

responsable de cas groupés d’infection et de colonisation dans quelques hôpitaux

de la région parisienne (1).

D’après les résultats de la même enquête (37) : en 2002, 6% des SARM sont de

sensibilité intermédiaire à la teicoplanine mais sensible à la vancomycine.

3. TRANSMISSION ET DFFUSION DU SARM :

S. aureus est un hôte habituel de l’homme, puisqu’il fait partie de la flore

commensale de l’organisme. Cette dernière va se trouver modifiée au cours des

hospitalisations par acquisition de la bactérie multi-résistante présente à l’état

endémique dans les hôpitaux français (21).

Deux facteurs essentiels vont déterminer l’émergence et la diffusion des SARM :

la transmission interhumaine et la pression de sélection des antibiotiques (2, 34).

11

a) Transmission interhumaine :

Les voies de transmission interhumaines de S. aureus sont diverses,

multipliant les risques de contamination croisée en milieu hospitalier.

La transmission est rarement directe de patient à patient à moins que celui-

ci ne soit porteur de lésions à risque élevé de dissémination, telles que les lésions

étendues infectées ou les infections des voies respiratoires productrices de

particules contaminantes (2, 6). La transmission de S. aureus est le plus souvent

semi-directe, c'est-à-dire manuportée : le personnel soignant se contamine lors des

soins effectués chez un patient infecté ou colonisé (2, 6). Après déposition sur la

peau, les SARM peuvent persister plusieurs heures en l’absence de lavage des

mains. Cependant le lavage hygiénique ne suffit pas à éliminer la totalité des

germes résistants de cette flore transitoire, un lavage antiseptique est nécessaire

(6). De même, le port de gants est recommandé lors des soins afin de limiter la

contamination des mains, mais il ne permet pas totalement de l’éviter : un lavage

antiseptique des mains est de nouveau recommandé après retrait des gants (6).

Des gants mal utilisés exposent à un risque supplémentaire de transmission s’ils

ne sont pas immédiatement retirés après les soins. Il est estimé que le

manuportage est ainsi responsable de 80% des infections nosocomiales (14).

Une transmission indirecte par le matériel (stéthoscope, brassard à tension,

thermomètre…) est possible lorsqu’il est mal utilisé ou partagé par les patients

sans être désinfecté. Les SARM peuvent persister plusieurs semaines dans un

environnement sec et hostile (6).

Le personnel soignant n’intervient que très rarement comme réservoir de

SARM puisque ces souches ne s’implantent normalement pas chez le sujet sain.

Mais un portage asymptomatique de SARM a été retrouvé chez 2 à 3% des

personnels soignants lorsque une enquête de portage nasal a été faite dans un

contexte d’épidémie (2, 6). Cependant ce portage est transitoire.

12

La transmission interhumaine est facilitée en milieu hospitalier par le

rapprochement des patients porteurs et non porteurs. Les patients colonisés ou

infectés constituent le principal réservoir de SARM. La circulation des malades

porteurs de ces germes résistants entre les différents services et les différents

hôpitaux expliquent la diffusion des SARM. La méconnaissance de ces réservoirs

explique l’installation de façon endémique des bactéries multirésistantes dans les

hôpitaux français. Plus l’implantation de ces souches est ancienne dans une

institution hospitalière, plus les tentatives d’éradication sont difficiles voir

illusoires (6).

b) Pression de sélection des antibiotiques :

En moins de 60 ans d’antibiothérapie, pratiquement tous nos germes

commensaux (staphylocoques, streptocoques, pneumocoques, entérocoques,

colibacilles…) ont acquis une résistance croissante à presque toutes les classes

d’antibiotiques. Le risque d’augmentation de la résistance est surtout élevé

lorsqu’une population importante est traitée simultanément par des antibiotiques.

La pression de sélection est très importante en milieu hospitalier en raison du

grand nombre de patients traités : 40% des patients hospitalisés en France

reçoivent une antibiothérapie (14). La résistance est surtout favorisée par l’usage

massif, souvent inutile voire injustifié des antibiotiques dans des situations dans

lesquelles ils n’ont aucun effet, ou lorsqu’ils sont mal utilisés : administration

d’une dose trop faible, intervalle de temps trop long entre deux prises (4). Korinek

A-M rapporte, lors d’une enquête sur la consommation des antibiotiques (21), que

moins de 20% des antibiotiques de réserve dispensés dans les services

(vancomycine, teicoplanine, imipénème, ceftazidime) sont utilisés pour traiter les

infections à bactéries multirésistantes (BMR). Le reste des prescriptions s’adresse

à des patients non porteurs de BMR, pour lesquels un traitement empirique a été

instauré dans l’hypothèse d’une infection à bactéries multirésistantes.

13

La présence d’une BMR à l’état endémique dans un établissement

entraîne une prescription de ces molécules, à large spectre le plus souvent, qui

vont eux même sélectionner les souches bactériennes les plus résistantes.

La diminution du réservoir de SARM dépend de notre capacité à contrôler

la pression de sélection des antibiotiques par l’application des recommandations

sur le bon usage des antibiotiques éditées pour la première fois en 1996 par

l’Agence nationale pour le développement de l’évaluation médicale (ANDEM)

(8).

Une étude faite sur la rationalisation des antibiotiques dans un centre hospitalier

général de Saint-Lô sur trois ans a montré qu’il était possible de diminuer la

consommation des antibiotiques de 46% sans que cela n’entraîne de surmortalité

(14).

4. STRATEGIE DE LUTTE CONTRE LA DIFFUSION DES SARM :

Les « 100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections

nosocomiales» ont été réévaluées en 1999 (11). Les principales mesures de lutte

contre la diffusion du SARM reposent essentiellement sur :

�Une éducation du personnel soignant en matière d’hygiène et tout

particulièrement le lavage antiseptique des mains. L’implantation des solutions

hydroalcoliques depuis 2002 dans les hôpitaux vient renforcer les programmes de

prévention (26, 37).

�La signalisation des patients porteurs de bactérie multirésistantes (dans

les unités de soins, dans la chambre du patient, lors des transferts inter-services ou

inter-hôpitaux).

�L’isolement géographique des malades quand il est possible en chambre

seule, ou regroupement des patients infectés ou colonisés par une BMR dans la

même chambre est parfois préconisé.

14

�Et surtout l’isolement technique lors des soins : lavage des mains avant

et après tout contact avec le patient, port de gants, de surblouses, l’utilisation de

matériel exclusivement réservé au malade, de lunettes de protection et de masque

lors d’actes exposés.

Tous les établissements où un programme de lutte contre les infections

nosocomiales est mis en place (avec surveillance annuelle et sensibilisation du

personnel soignant au risque lié aux bactéries multirésistantes, large formation et

information lors de la diffusion des protocoles, présentation régulière des résultats

de surveillance) ont vu leurs indicateurs de surveillance des SARM diminuer de

façon significative (26).

L’enquête réalisée dans le centre hospitalier général de Pontoise dans ces

conditions révèle une diminution significative des taux de SARM dans

l’établissement de 46% en1999 à 37% en 2001 (26).

5. PROBLEMATIQUE:

a) Généralités :

Depuis une dizaine d’années, la maîtrise de la diffusion des bactéries

multirésistantes aux antibiotiques est devenue un sujet prioritaire de lutte contre

les infections nosocomiales. SARM est la principale BMR isolée dans les

hôpitaux français et un des principaux germes responsables d’infections

nosocomiales. Entre 1990 et 1992 il occupe la première place parmi les germes

responsables d’infections nosocomiales en réanimation (2). En 1996 il est estimé

qu’un malade sur 100 à 200 admis à l’AP-HP, soit 2500 à 5000 malades par an, y

acquiert une infection nosocomiale à SARM (19). D. Talon écrit en 1999 que la

mortalité liée à ces bactéries serait de 1250 à 2000 cas par an (34).

L’enquête de prévalence 2001 (32), faite sur l’ensemble des établissements

publiques et privés d’hospitalisation français, « un jour donné » (77% de

15

participation), révèle que 20% des germes responsables d’infections contractées à

l’hôpital sont des S. aureus, isolés en deuxième position après Escherichia coli

(23%).

b) En gériatrie :

Les hôpitaux gériatriques ne sont pas à l’abri des infections nosocomiales

(10, 31). L’enquête de prévalence nationale des infections nosocomiales de 2001 a

montré que le taux de prévalence « un jour donné » des infections nosocomiales

était de 6,4% dans les services de soins de longue durée et de 11,9% en soins de

suite et de réadaptation (32). Ces taux étaient supérieurs à ceux constatés en

service de médecine (6,4%).

La présence de bactéries multirésistantes ne semble pas rare en gériatrie. Dans un

nombre non négligeable d’infections nosocomiales, une bactérie multirésistante

est mise en évidence. Ainsi dans cette même enquête, S. aureus est également

isolé en 2ème position (23%) après E. coli (24%) parmi les germes responsables

d’infections nosocomiales et 67% des souches sont résistantes à la méticilline.

Les services de soins de suite et de réadaptation jouent un rôle

prépondérant. Ils se trouvent à l’interface des services de court séjour et du

domicile. Dans ces services, la majorité des patients viennent des services

hospitaliers de court séjour (médecine ou chirurgie). Les objectifs de soins

consistent à poursuivre les soins médicaux mis en place en court séjour, à évaluer

les pathologies chroniques et à conduire la rééducation et la réadaptation

fonctionnelle afin que le patient retrouve une autonomie maximale et qu’un retour

au domicile soit envisageable avec les aides qui lui sont nécessaires ou qu’une

autre solution d’orientation lui soit proposée.

Les unités de soins de suite et de réadaptation de gériatrie sont souvent

considérées comme étant des réservoirs de bactéries multirésistantes. De

nombreuses études ont souligné l’importance du portage de SARM donnant des

chiffres allant de 10 à 57% (10, 24, 33) et le pourcentage de souches résistantes à

16

la méticilline chez S. aureus est bien supérieur à celui observé dans les unités de

court séjour : 64,9% vs 36,5% dans l’enquête faite en 2003 par le CCLIN Paris-

Nord à partir des laboratoires des hôpitaux de l’interrégion Paris Nord (9).

Plusieurs facteurs expliquent ce risque accru de portage :

� Ces services accueillent des personnes habituellement très âgées, poly-

pathologiques, dépendantes le plus souvent physiquement pour les gestes de la

vie quotidienne. L’implantation de ces bactéries multirésistantes est favorisée

par les perturbations des défenses immunitaires liées au grand âge, par la

présence de co-morbidité et du fait de la modification de la flore commensale

suite à des prescriptions d’antibiotiques. L’étude faite dans un service de

médecine d’un hôpital de la région parisienne en 2003 montre bien qu’un âge

supérieur à 80 ans est significativement associé à une colonisation à SARM

(15).

� La durée du séjour est par définition prolongée dans ces services et par

conséquent la durée d’exposition au risque d’acquisition de la bactérie est plus

longue. Une étude faite au Centre Hospitalier intercommunal de Créteil en

1999 a montré que le taux de portage de SARM a pratiquement été multiplié

par deux, en deux mois d’étude dans un SSR gériatrique (24).

� Enfin la difficulté d’appliquer les mesures standard d’isolement. Si l’isolement

technique est envisageable, l’isolement géographique ne peut être aisément

mis en place. En effet d’un point de vue éthique l’isolement géographique

peut avoir des conséquences désastreuses sur le patient âgé (isolement,

syndrome de glissement, dénutrition, dépression, grabatisation…) allant à

l’encontre des objectifs principaux des SSR dont la priorité est la

resocialisation et la récupération d’une autonomie maximale.

Plusieurs études ont montré l’intérêt du dépistage systématique des patients

porteurs de SARM, surtout en réanimation, car une fois colonisé, Brun Buisson C.

écrit qu’un patient a environ une chance sur deux ou sur trois de ne pas devenir

infecté (6). L’intérêt du dépistage systématique, à l’admission, des patients dans

17

les services de gériatrie est souvent controversé compte tenu des coûts et de la

charge de travail qui s’ajoute au personnel soignant généralement en faible

effectif dans ces services (16, 18, 24). Aussi ils conseillent de limiter le dépistage

systématique aux seuls patients à risque.

On suppose de façon empirique que les services de gériatrie sont des réservoirs de

SARM, seulement on ne connaît pas réellement l’ampleur de l’endémie, les taux

d’importation ou d’acquisition de SARM en gériatrie, car aucune enquête à

l’échelle nationale ou même régionale n’a jusqu'à ce jour jamais été entreprise

dans ces services.

Aussi l’objectif de notre étude est :

�D’évaluer le taux d’importation et d’acquisition de SARM dans un

service de SSR gériatrique de l’AP-HP en région parisienne.

�De déterminer si l’existence de certains facteurs identifiés dès

l’admission du patient dans le service peut influer sur l’acquisition de la bactérie.

Notre hypothèse est que certains patients ont des caractéristiques particulières

(celles que nous avons recherchées sont les plus fréquemment citées dans la

littérature) et sont vraisemblablement plus susceptibles que d’autres d’acquérir la

bactérie. Identifier ces facteurs de risques nous permettrait de renforcer les

mesures préventives déjà en vigueur dans notre établissement et éventuellement

d’instaurer des mesures d’isolement afin de limiter l’acquisition de cette bactérie

multirésistante chez ces patients.

18

II. ENQUETE

19

1. GENERALITES :

Le service de soin de suite et de réadaptation se situe au troisième étage du

bâtiment dénommé Calmette de l’hôpital E. Roux. Il est constitué de deux unités

disposées de part et d’autre de l’ascenseur. Chaque unité se divise en deux ailes

(petite aile et grande aile) qui se rejoignent au niveau d’une grande salle commune

qui sert de réfectoire et de salle d’activité.

La grande aile comprend 8 chambres doubles et 8 chambres simples.

La petite aile comprend 4 chambres doubles et 5 chambres simples.

Chaque unité peut donc accueillir 37 patients.

Chaque chambre possède une salle d’eau avec un coin toilette, un lavabo, un

savon liquide médical doux, un distributeur d’essuie-mains jetables et une

poubelle.

2. MATERIEL ET METHODE :

a) Patients :

Cette étude épidémiologique rétrospective a été réalisée sur une période de

trois mois allant de novembre 2002 à février 2003 sur l’ensemble des patients

entrants dans le service de soins de suite et de réadaptation du Dr. Vincent à

l’hôpital Emile Roux (Limeil-Brévannes, 94, AP-HP).

Durant cette période tous les patients admis dans le service devaient

bénéficier d’un prélèvement de dépistage de SARM dans les 48 heures suivant

leur arrivée. Les sites prélevés sont les plus fréquemment colonisés par le SARM,

c’est à dire les fosses nasales, les plaies cutanéo-muqueuses (escarres, ulcères,

cicatrices chirurgicales) et les urines. Le dépistage des deux premiers sites se

faisait à l’aide d’un écouvillon stérile simple, humidifié, en frottant plusieurs fois

sur les muqueuses (un écouvillon par site). Les urines étaient recueillies de façon

20

stérile pour pratiquer un ECBU. Chaque prélèvement était étiqueté et conservé

éventuellement dans le réfrigérateur en attendant d’être acheminé au laboratoire

dans les meilleurs délais.

Les patients inclus dans l’étude devaient de nouveau subir des

prélèvements, au niveau du nez et des plaies éventuelles, à leur sortie. Aucun

prélèvement n’a été effectué durant le séjour, sauf bien évidemment ceux à visée

diagnostique. Nous ne nous sommes pas intéressés aux évènements survenus chez

le patient durant l’hospitalisation et le personnel soignant ne devait rien changer

dans ses habitudes de prise en charge des soins avec notamment mesures de

précaution « contact » (isolement technique) autour des patients dépistés positifs

pour le portage de SARM à l’admission. Aucun isolement géographique n’était

pratiqué dans notre service.

b) Critères d’inclusion :

� Patients âgés de plus de 60 ans.

� Transférés d’un service hospitalier de court séjour ou en provenance de leur

domicile.

� Dépistés négatifs pour le portage de SARM à l’entrée dans le service.

c) Critères de non inclusion :

� Les patients dépistés positifs au SARM à l’entrée dans le service.

� Les patients hospitalisés en SSR par bascule tarifaire.

� Les patients transférés d’une autre unité du service de gériatrie.

21

d) Recueil des données :

A l’arrivée de chaque patient, le médecin ou l’interne responsable de

l’unité rassemblait sur un questionnaire pré-établi les éléments suivants :

♦L’identification du patient par les trois premières lettres du nom.

♦La date d’entrée dans le service et la date du prélèvement.

♦L’année de naissance.

♦Le sexe.

♦La provenance.

♦L’antécédent d’hospitalisation dans les six derniers mois.

♦Le degré de dépendance inspiré des données du Programme de

Médicalisation du Système d’Information (PMSI) simplifiées :

∗ Mobilité : 1=se déplace seul, 2=aide partielle, 3=lit/fauteuil.

∗ Toilette : 1=la fait seul, 2=aide partielle, 3=aide totale.

∗ Incontinence : 1=absence, 2=urinaire, 3=totale.

∗ Alimentation : 1=seul, 2=aide partielle, 3=aide totale.

♦L’existence de plaies cutanéo-muqueuses : cicatrice chirurgicale, ulcère,

escarre …

♦L’existence d’un sondage urinaire à l’entrée.

♦La présence d’un tableau infectieux (infection urinaire, infection

cutanée, pneumopathie…) lors de l’admission.

♦La prise d’antibiotique dans les deux derniers mois précédant cet

épisode.

♦L’existence d’un diabète.

22

e) Analyse statistique :

Taux d’importation : il à été défini comme le pourcentage de patients porteurs de

SARM à l’admission sur le nombre total de patients dépistés durant la période de

l’étude.

Taux d’acquisition : il a été défini comme le pourcentage de patients ayant un

dépistage de SARM négatif à l’admission et devenant positif à la sortie sur le

nombre total de patients inclus dans l’étude.

.Nous allons comparer le taux d’acquisition de SARM des patients présentant une

des caractéristiques relevée à l’admission au taux d’acquisition des patients ne

présentant pas cette même caractéristique. Les données sont traitées à l’aide du

logiciel Microsoft Excel. Les tests statistiques comparatifs utilisés sont le Chi 2 et

le Student-Fisher pour un seuil de risque α ou p ≤ 5%.

23

III. RESULTATS

24

1. CARACTERISTIQUES GENERALES :

65 patients ont été hospitalisés durant la période de l’étude :

� 8 des 65 patients ont été exclus de l’étude car ils avaient été dépistés

positifs pour le portage de SARM (taux d’importation=12,3 %).

� 16 ont également été exclus à la fin de l’étude car ils n’ont pas été dépistés

à leur sortie soit par oubli de la part de l’infirmière (n=8), soit que le

patient soit décédé (n=4) ou transféré d’urgence dans un service de court

séjour (n=4).

Au total, 41 patients, dépistés négatifs pour le SARM à l’admission, ont été inclus

dans l’étude. 18 des 41 patients ont acquis le SARM à leur sortie ou durant leur

séjour (taux d’acquisition=44 %).

L’âge moyen de notre population était de 84,23 ans (± 6,24). Elle était constituée

de 10 hommes (24%) et 31 femmes (76%).

a) Provenance :

21 patients provenaient des services de médecine, 15 de chirurgie et 5 seulement

de leur domicile.

Figure 1 : Répartition des patients (n====41) selon la provenance:

Médecine 51%Chirurgie

37%

Domicile

12%

25

b) Dépendance :

Les critères de dépendances ont été évalués par le médecin qui accueillait le

patient.

Tableau 1 : Répartition des patients (n====41) en fonction de leur degré de dépendance :

Mobilité Toilette Alimentation

Fait seul 11 7 26

Aide partielle 10 13 5

Aide totale 20 21 10

continence

Continent 12

Incontinence Urinaire 8

Incontinence totale 21

Figure 2 : Distribution des patients (n====41) en fonction de leur degré de mobilité.

Se déplace seul

27%

Aide partielle

24%

Lit/Fauteuil

49%

26

Figure 3 : Distribution des patients (n====41) en fonction du degré de dépendance à

l’alimentation.

Figure 4 : Distribution des patients (n====41) en fonction de leur dépendance à faire la toilette.

Mange seul

64%

Aide partielle

12%

Aide totale

24%

Fait seul 17%

Aide partielle

32%

Aide totale

51%

27

Figure 5 : Distribution des patients (n====41) en fonction du degré de continence.

c) Caractéristiques liées à l’état du patient :

Figure 6 : Distribution des patients (n====41) en fonction de leurs caractéristiques à l’admission.

� 15 patients présentaient un état infectieux à l’admission.

� 17 patients avaient une plaie chirurgicale, un ulcère ou des escarres.

� 6 patients avaient une sonde urinaire.

Continent 29%

Inc.Urin. 20%

Inc.Totale 51%

37

63

41

59

15

85

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

% de patients

Tableau infectieux à l'entrée

Plaies Sondage urinaire

Présent Absent

28

d) Caractéristiques liées aux antécédents du patient :

Figure 7 : Distribution des patients (n====41) en fonction de leurs antécédents.

15

85

51

29

20

61

39

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

% Patients

Diabète Prise d'antibiotiques

< 2mois

Hospitalisation <

6mois

Présent Absent Inconnu

� 6 patients étaient diabétiques.

� 21 patients avaient pris des antibiotiques dans les 2 mois précédant

l’hospitalisation. 12 patients n’en avaient pas pris et 8 ne savaient pas.

� 25 patients avaient été hospitalisés dans les 6 derniers mois (cet épisode

exclu).

29

2. FACTEURS PREDICTIFS D’ACQUISITION DE SARM :

a) Sexe :

Figure 8 : % d’acquisition du SARM en fonction du sexe des patients (n====41).

50

42

38

40

42

44

46

48

50

% d'acquisition de SARM

Hommes Femmes

50% des hommes (n=5) ont acquis le SARM à la sortie contre 42% chez les

femme (n=13). Au seuil de risque α ≤ 5% le sexe n’apparaît pas comme facteur

de risque significatif d’acquisition.

b) Provenance :

Figure 9 : % d’acquisition du SARM en fonction de la provenance des patients (n====41).

43% (n=9) des patients provenant des services de médecine avaient acquis le

SARM contre 60% (n=9) des patients provenant des services de chirurgie.

Lorsque nous effectuons le test du Chi 2, pour un risque α ≤ 5%, nous ne

0%

43%

60%

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

% d’acquisition de SARM

Domicile Médecine Chirurgie

30

trouvons pas de différence significative. Aucun des patients provenant du

domicile n’a acquis le SARM à sa sortie mais étant donné le faible effectif (n=5)

nous n’avons pas effectué de test comparatif.

c) Dépendance :

Figure 10 : % d’acquisition du SARM en fonction du degré de mobilité des patients (n====41).

Au seuil de risque α=5% la mobilité n’est pas retrouvée comme facteur de risque

prédictif significatif d’acquisition de SARM.

Figure 11 : % d’acquisition du SARM en fonction de la dépendance à l’alimentation.

Au seuil de risque α=5% l’autonomie pour l’alimentation n’apparaît pas

suffisamment significative (p=0,13) comme facteur de risque prédictif

d’acquisition du SARM.

27

40

55

0

10

20

30

40

50

60

Se déplace seul Aide partielle Lit/fauteuil

% d’acquisition de SARM

54

27

0

10

20

30

40

50

60

Mange seul Avec aide

% d’acquisition de SARM

31

Figure 12 : % d’acquisition du SARM en fonction de la dépendance à la toilette des patients

(n====41) à l’admission.

Au seuil de risque α=5% l’autonomie pour la toilette n’est pas un facteur prédictif

d’acquisition du SARM.

Figure 13 : % d’acquisition du SARM en fonction de la continence des patients (n====41)

Au seuil de risque α=5% la continence n’apparaît pas significative comme facteur

de risque prédictif d’acquisition du SARM.

42

50

43

38

40

42

44

46

48

50

52

Continent Inc. Urinaire Inc. Totale

% d’acquisition de SARM

43

44

Fait seul Avec aide

% d’acquisition de SARM

32

d) Facteurs de risque liés à l’état du patient :

Figure 14 : % d’acquisition du SARM en fonction de l’état des patients (n====41) à l’admission.

� 67% (n=10) des patients chez qui nous avions diagnostiqué une infection à

l’admission ont acquis le SARM contre 31% (n=8) chez les patients ne

présentant pas d’infection. Au seuil de risque α=5% la présence d’un tableau

infectieux à l’admission apparaît significatif (p=0,03) comme facteur prédictif

d’acquisition du SARM.

� 50% (n=10) des patients qui avaient une plaie chirurgicale, un ulcère ou des

escarres à l’admission ont acquis le SARM contre 33% (n=8) chez les patients

ne présentant aucune plaie. Cependant la différence n’est pas suffisamment

significative (p=0,12).

� Etant donné le faible effectif de patients présentant une sonde urinaire à

l’admission nous n’avons pas pu effectuer de test comparatif.

67

31

59

33

0

10

20

30

40

50

60

70

% d’acquisition de SARM

Tableau infectieux Plaies

Présent Absent

33

e) Facteurs de risque liés aux antécédents du patient :

Figure 15 : % d’acquisition du SARM en fonction des antécédents des patients (n====41).

43 42

56

25

0

10

20

30

40

50

60

% SARM +

Prise antibiotiques < 2mois Hospitalisation < 6 mois

Présent Absent

� 43% (n=9) des patients ayant pris des antibiotiques dans les 2 mois précédant

l’hospitalisation ont acquis le SARM contre 42% (n=5) chez les patients

n’ayant pas pris d’antibiotiques. Aucune différence significative n’est

retrouvée.

� 56% (n=14) des patients ayant été hospitalisés dans les 6 derniers mois

précédant cet épisode ont acquis le SARM contre 25% (n=4) chez les patients

n’ayant eu aucune hospitalisation. On observe une différence significative

(p=0,05).

� Etant donné le faible effectif des patients diabétiques (n=6), nous n’avons pas

effectué de test comparatif.

34

IV. DISCUSSION

35

1. CARACTERISTIQUES GENERALES :

� Seulement 41 patients ont pu faire partie de notre enquête alors que nous en

avions inclus 57 au début de l’étude. Nous ne pensions pas trouver autant de

patients (n=16, 28%) ayant échappé au dépistage de sortie et cela a pu

constituer éventuellement un biais : un peu plus d’un patient sur quatre n’a pas

été dépisté ce qui n’est pas négligeable. 4 patients (7%) sont décédés et 4

également ont été transférés durant l’hospitalisation. Cela démontre à quel

point, il est difficile parfois d’entreprendre des enquêtes avec suivi de patients

depuis leur admission jusqu’à leur sortie en milieu gériatrique.

� L’âge moyen de notre échantillon (84,23 ± 6,24 ans) est particulièrement

élevé, plus que ce que nous retrouvons dans la littérature (de 77 à 81 ans de

moyenne d’âge) (3, 18, 24). Une enquête menée dans notre service sur une

durée d’étude plus longue d’un an en 1999 a également montré une moyenne

d’âge élevée de 83,4 ± 8,7 ans (17), ce qui peut expliquer une plus grande

vulnérabilité de nos patients vis-à-vis de l’acquisition du SARM. Quelques

études ont montré (15, 28) qu’un âge supérieur à 80 ans représentait un facteur

de risque de colonisation par SARM.

� Notre échantillon est également constitué de patients très dépendants pour les

gestes de la vie quotidienne puisque seulement 27% se déplacent seuls, 29%

sont continents et 17% sont autonomes pour la toilette. Pour chaque critère de

dépendance plus de 70% des patients nécessitent la présence d’un soignant

voire plus.

� Plus d’un patient sur trois (37%) que nous adressent les services de court

séjour a une infection à l’admission, c’est bien plus que ce qui a été retrouvé

lors de l’enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales en 2001

qui estimait un taux d’infection importée en SSR « un jour donné » à 3,5%

(32). 41% des patients avaient une plaie (escarre, ulcère ou cicatrice

chirurgicale) à l’admission, ce qui n’est pas négligeable. Les plaies

36

représentent un réservoir important de germes, majorant le risque de diffusion

croisée (par manuportage) entre patients (18).

� Un patient sur deux avait pris des antibiotiques dans les deux mois précédant

l’hospitalisation. Un patient sur cinq ne se rappelait pas s’il en avait pris. Cela

nous rappelle que ces patients très âgés présentent également des troubles de

la mémoire et que nous aurions pu intégrer le MMS (Mini Mental Statut) dans

le questionnaire d’arrivée.

� 61% des patients avaient été hospitalisés dans les 6 derniers mois précédent

cet épisode.

Notre enquête a finalement été réalisée sur une population bien particulière

puisqu’elle était très âgée, très dépendante pour les gestes de la vie quotidienne,

fragilisée par les infections, les escarres et autre plaie, les nombreuses

hospitalisations et prescriptions d’antibiotiques. Cela peut expliquer le taux élevé

d’acquisition de SARM à 44%, qui est beaucoup plus élevés que celui retrouvé

dans d’autres études allant de 17,2% à 36,4% (16, 18, 24), et met en évidence la

charge de travail qui pèse sur le personnel soignant dans notre service (d’où le

nombre important de patient ayant échappé au dépistage de sortie).

Ce fort taux d’acquisition peut également s’expliquer par le fait que le dépistage

de sortie s’effectuait au niveau du nez et des plaies alors que dans la plupart des

études il se limite aux fosses nasales. Une étude menée dans un SSR sur le choix

d’une stratégie de dépistage de SARM a montré que le dépistage nasal était

efficace dans 64% des cas alors que, combiné au dépistage d’ulcères et d’escarres

son efficacité était de 91% (36).

37

2. FACTEURS PREDICTIFS D’ACQUISITION DE SARM :

Seulement deux facteurs de risque apparaissent significatifs comme étant

prédictifs d’acquisition du SARM dans notre étude : la présence d’un tableau

infectieux à l’entrée (p=0,03) et un antécédent d’hospitalisation dans les 6 derniers

mois (p=0,05). Etant donné le nombre de patients ayant comme antécédent une

hospitalisation dans les six derniers mois (61%) il est difficile d’envisager de les

placer en chambre individuelle à titre protecteur puisque cela concernerait plus de

la moitié des patients entrant en SSR. De même pour les patients présentant un

tableau infectieux à l’admission, nous ne recevons les résultats biologiques que

bien après avoir attribué une chambre au patient.

Même si les tests statistiques ne sont pas suffisamment significatifs on

constate que plus le patient est dépendant pour la mobilité, plus le risque

d’acquisition de SARM est important. Ce constat est également observé pour les

plaies : les patients présentant une plaie à l’admission ont un risque plus important

d’acquérir le SARM. La charge de soins est plus importante chez ces patients ce

qui multiplie le risque de transmission croisée par manuportage.

Les patients venant du domicile (n=5) ne sont pas colonisés en général par

le SARM (qui est une bactérie nosocomiale) à l’arrivée, mais ne se sont pas

colonisés également dans le service. Un effectif plus important serait nécessaire

pour appuyer ce constat.

Les facteurs de risque les plus souvent retrouvés dans la littératures sont :

existence de plaies (16, 18, 35), antécédents d’hospitalisation (16), perte de la

mobilité (18), et prise d’antibiotiques (16, 35). Cependant ces enquêtes étudient

les facteurs de risques associés à la colonisation ou à l’acquisition de SARM et

aucune d’entre elle ne porte sur les facteurs prédictifs d’acquisition du SARM. La

démarche est différente : dans le premier cas les patients sont déjà colonisés ou

ont acquis le SARM et les auteurs étudient les facteurs de risques associés à cette

38

colonisation ; dans le second cas, nous supposons que l’existence d’un certain

facteur va influer sur l’acquisition du SARM.

Nous n’avons trouvé qu’une seule étude portant sur les facteurs prédictifs

d’acquisition du SARM en gériatrie : elle se déroule en Irlande, dans un service de

soins de longue durée, portant sur 910 résidents. Les facteurs prédictifs

d’acquisition retrouvés sont : le sexe masculin, l’âge supérieur à 80 ans, la

résidence dans l’établissement depuis plus de six mois, une antibiothérapie dans

les trois mois précédent l’hospitalisation, un antécédent d’hospitalisation dans les

six derniers mois, un mauvais état cutané et un MMS inférieur à 14 (28).

3. CONCLUSION :

Notre enquête n’a révélée que deux facteurs prédictifs d’acquisition du

SARM mais nous en aurions probablement trouvé davantage si notre effectif avait

été plus important.

Notre hypothèse de départ était d’identifier à l’arrivée du patient les

facteurs de risque d’acquisition de la bactérie multirésistante pour isoler ces

patients (et non isoler ceux qui étaient déjà colonisés). D’une part l’isolement

géographique est pratiquement impossible en gériatrie dont la principale

préoccupation est de réhabiliter le patient et d’autre part les deux facteurs de

risques identifiés ne le permettent pas.

Il faut donc insister sur l’importance des mesures préventives de lutte

contre les bactéries multirésistantes déjà en place dans les SSR (27) :

� Le lavage antiseptique des mains avant et après chaque contact

avec le patient.

� Le respect des règles d’isolement technique lors des soins.

� L’utilisation de matériel exclusivement réservé au patient et insister

sur la décontamination de ce matériel lorsqu’il est partagé.

39

� La sensibilisation des médecins qui doivent être les promoteurs de

cette prévention.

� La formation continue des personnels soignants, médecins, internes

et externes sur les règles simples d’hygiène hospitalière.

� L’information des services d’aval, et combien elle est appréciée de

nos collègues chirurgiens et réanimateurs, du portage de SARM

lors des transferts.

� L’information des visiteurs, bénévoles et tout intervenant auprès du

patient de l’existence de bactéries multirésistantes dans les

hôpitaux et les inciter à utiliser les solutions hydro-alcooliques

(SHA) mises à disposition.

� Et promouvoir le bon usage des antibiotiques.

Mais il faut reconnaître que dans de nombreux services de gériatrie, les conditions

et l’organisation du travail, l’architecture des services rendent difficile

l’application de ces recommandations.

Notre étude a été réalisée avant l’introduction des SHA dans notre établissement.

Depuis, leur utilisation n’a cessé d’augmenter. Le rapport du CCLIN Paris-Nord

de 2003 (9) a montré l’étroite relation qui existe entre l’augmentation de

l’utilisation des SHA et la diminution de l’incidence des infections à SARM en

court séjour, surtout en réanimation où son utilisation est la plus importante. Il

serait intéressant d’étudier à nouveau les taux d’importation et d’acquisition de

SARM depuis leur utilisation en gériatrie.

40

4. SARM ET MEDECINE DE VILLE :

Le problème de résistance aux antibiotiques chez S. aureus ne concerne pas

uniquement l’hôpital. Depuis quelques années, nous assistons à l’émergence, en

ville, de SARM que l’on appelle communautaire (SARM-C) chez des patients

n’ayant présenté aucune hospitalisation dans les deux années précédant l’épisode.

Ce SARM est différent du SARM hospitalier, puisqu’il atteint essentiellement des

patients jeunes en s’attaquant aux tissus mous donnant des infections cutanées

nécrosantes (abcès, panaris, furoncles), avec éventuellement pneumopathie

nécrosante. Plusieurs cas ont ainsi été décrits dans le monde. Le Scandinavian

Journal of Infectious Deseases (7) rapporte 14 cas d’infections sévères à SARM-

C chez des enfants d’âge moyen de 3 ans. Le taux de mortalité était de 64%, et

40% ont présenté des séquelles. Deux épidémies de SARM-C ont été rapportées

par le CCLIN Est (5), dans 5 établissements de long séjour allemands concernant

117 cas avec infections cutanées et pneumopathies nécrosantes. Une épidémie

familiale a également été décrite, en France, à Saint Brieuc avec furonculose

récidivante et pneumopathies nécrosantes pouvant être gravissime en raison de la

résistance aux antibiotiques du SARM (12).

SARM circule dans la communauté ce qui est une préoccupation nouvelle dans la

mesure où une dissémination plus large peut avoir des conséquences

potentiellement désastreuses. Il serait intéressant d’étudier si l’utilisation des SHA

s’est également développée en ville.

S. aureus n’est qu’un exemple parmi les bactéries ayant développé des

résistances aux antibiotiques. Nous l’avons choisi comme sujet d’étude car il est

endémique dans les hôpitaux français et dans le monde entier. Parmi les bactéries

responsables d’infections communautaires courantes, le pneumocoque constitue

un modèle exemplaire. Très longtemps sensible à la pénicilline, il représente

aujourd’hui, par son antibio-résistance un vrai danger. En 2001 prés de 53% des

souches sont résistantes à la pénicilline, 30% à l’amoxicilline, 52% à

41

l’érythromycine et 16% pour le céfotaxime (4). En 2002 la France tient la

première place dans l’Europe pour la prévalence de résistance des pneumocoques

(13).

La corrélation entre la consommation des antibiotiques et la résistance bactérienne

a clairement été démontrée. Avec 100 millions de prescription d’antibiotiques par

an (13), la France est le plus gros consommateur d’antibiotiques en Europe. C’est

pour cela que l’assurance maladie a lancé, en 2002, une campagne largement

diffusée pour un meilleur usage des antibiotiques sur le thème « les antibiotiques

c’est pas automatique », entraînant une baisse significative de 16% des

prescriptions d’antibiotiques sur trois ans (13). Une baisse de 25% classerait la

France parmi les consommateurs moyens en Europe et permettrait de commencer

à lutter efficacement contre la résistance bactérienne (13) car l’objectif principal,

avant d’être économique, est avant tout sanitaire, en diminuant la pression de

sélection des antibiotiques par un usage raisonné et adapté des antibiotiques.

42

V. BIBLIOGRAPHIE

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48

VI. GLOSSAIRE

49

BACTERIE MULTIRESISTANTE (BMR) : une bactérie est dite multirésistante

lorsque, du fait de résistances naturelles et/ou acquises, elle n’est sensible qu’à un

petit nombre de familles ou de sous-familles d’antibiotiques.

BACTERIEMIE : on parle de bactériémie lorsqu’on a au moins une hémoculture

positive d’un prélèvement sanguin (prélevé au pic thermique ou à une

hypothermie) à au moins un germe réputé pathogène avec ou sans autre signe

clinique.

CLIN : Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales. Il est l’instance

officielle de l’établissement de santé chargée de l’organisation de la lutte contre

les infections nosocomiales. Le rôle du CLIN consiste à organiser, planifier et

animer la lutte contre les infections nosocomiales dans chaque établissement de

santé français. Tous les établissements de santé, publics et privés, sont dans

l’obligation, depuis 1998, d’organiser, en leur sein, la lutte contre les infections

nosocomiales.

CCLIN : Centre de Coordination de la Lutte contre le Infections Nosocomiales.

Le Dispositif national de prévention des infections nosocomiales s’est structuré en

France avec la création de cinq Centres régionaux de Coordination de la Lutte

contre les Infections Nosocomiales et du Comité Technique national des

Infections Nosocomiales (CTIN) en 1992.

COLONISATION : un patient qui a un prélèvement positif au SARM (plaies,

urines, crachats,…) mais qui ne présente pas de signes ou de symptômes

d’infection à ce microorganisme est dit colonisé. La colonisation peut être

transitoire ou chronique.

ECBU : Examen cytobactériologique des urines.

ENDEMIE : une endémie se définie comme la présence constante d’une infection

ou d’un micro-organisme dans une région donnée.

50

EPIDEMIE : une épidémie est définie comme l’apparition d’un nombre de cas

supérieur au nombre attendu à un moment et dans un endroit donné.

INFECTION NOSOCOMIALE : une infection est dite nosocomiale si elle

apparaît au cours ou à la suite d’une hospitalisation et si elle était absente à

l’admission à l’hôpital. Un délai d’au moins 48 heures après l’admission (ou un

délai supérieur à la période d’incubation lorsque celle-ci est connue) est

communément accepté pour distinguer une infection nosocomiale d’une infection

communautaire.

TAUX D’INCIDENCE : le taux d’incidence est calculé en rapportant le nombre

de nouveaux cas d’infection (par exemple) survenant durant une période donnée

au total des durées de temps d’exposition au risque des patients pendant cette

même période.

INFECTION COMMUNAUTAIRE : une infection est dite communautaire

lorsqu’elle existait ou était en incubation à l’admission du patient à l’hôpital,

contrairement à l’infection nosocomiale qui est acquise à l’hôpital. Un délai de 48

heures est pris comme seuil de séparation.

PREVALENCE DES INFECTIONS NOSOCOMIALES : est une proportion

calculée en rapportant le nombre d’infections un jour donné au nombre de patients

présents ce même jour.

PORTAGE DE SARM : un patient est dit porteur de SARM lorsqu’un

prélèvement d’au moins un des sites habituels de colonisation par Staphylococcus

aureus (narines, aisselles, plis inguinaux, périnée) est positif.

SHA : solution hydro-alcoolique.

SARM : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline.

ANNEE : 2007

NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : BEHTANI Djedjiga

DIRECTEUR DE THESE : DR. K. GIRAUD

TITRE DE LA THESE : Facteurs prédictifs d’acquisition du staphylococcus aureus

résistant à la méticilline (SARM) dans un service de soins de suite et de réadaptation.

RESUME : Depuis plus d’une dizaine d’années la maîtrise de la diffusion des bactéries

multirésistantes est devenu un sujet prioritaire dans les hôpitaux. Le SARM tient une place

prépondérante parmi les BMR puisqu’il occupe la deuxième place parmi les bactéries

responsables d’infections nosocomiales et que sa diffusion est facilitée par le

manuportage.

Les unités de gériatrie sont souvent considérées comme étant des réservoirs de SARM.

Aussi l’objectif de cette étude était d’étudier les patients admis dans un service de SSR de

l’AP-HP de la région parisienne durant trois mois allant de novembre 2002 à février 2003,

de définir le taux d’importation et d’acquisition d’une colonisation à SARM et de

déterminer si l’existence de certaines caractéristiques propres au patient, dès l’admission

dans le service, pouvait influer sur l’acquisition de la bactérie.

41 patients d’âge moyen de 84,23 ans (± 6,24) ont été étudiés. Les taux d’importation et

d’acquisition étaient respectivement de 12,3% et 44%. Les facteurs prédictifs

d’acquisition de SARM retrouvés étaient : la présence d’un tableau infectieux à l’entrée et

l’antécédent d’hospitalisation dans les six derniers mois.

MOTS-CLES :

- Staphylococcus aureus.

- Résistance méticilline.

- Infection croisée, sujet âgé.

- Service de gériatrie.

ADRESSE DE L’U.F.R : 8, rue du Général SARRAIL

94010 CRETEIL CEDEX