Vamp AcaT6

7/30/2019 Vamp AcaT6

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SACRIFICE ULTIME

Un meurtre. L'amour. La jalousie. Et un dernier sacrifice. La

Reine est morte et le monde des Moro ne sera plus jamais lemme. Rose attend une excution injuste et une seule personne

est capable de l'en empcher. La jeune dhampir ne peut compter

que sur les deux hommes de sa vie, Adrian et Dimitri, pour laretrouver. Dans cette situation inextricable, Rose aura besoin del'aide de ses ennemis et de remettre en question la confiance

qu'elle portait ceux qu'elle croyait de son ct. Et si, pour

retrouver la libert, Rose devait sacrifier ce qu'elle a de plus

cher au monde ?


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Du mme auteur, chez Castelmore

Vampire Academy :1. Surs de sang2. Morsure de glace3. Baiser de l'ombre4. Promesse de sang5. Lien de l'esprit6. Sacrifice ultime

Venez visiter

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Richelle Mead
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SACRIFICEULTIME

Vampire Academy - tome 6

Traduit de l'anglais (tats-Unis)par Karen Degrave

Ce roman est ddi Rich Bailey et Alan Doty, les professeurs

qui ont eu la plus grande influence sur mon criture, ainsi qu'tous mes amis enseignants qui aident aujourd'hui les jeunesauteurs. Continuez vous battre pour la bonne cause !


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Remerciements

Avant tout, merci aux lecteurs loyaux et enthousiastes du mondeentier qui nous ont accompagnes, Rose et moi, tout au long decette srie. Je n'aurais pas pu faire ce voyage sans vous, et

j'espre que vous aimerez autant les prochaines aventures quiattendent les Moro et les dhampirs.Je remercie aussi ma famille et les amis qui m'ont soutenue, etparticulirement mon mari, qui m'merveille toujours par sapatience, son amour et son aptitude partager les hauts et les basd'une artiste . Je dois aussi un grand merci Jesse McGathapour m avoir fourni l'nigme de la fort, que je n'aurais jamais

pu inventer et encore moins rsoudre.Comme toujours, je suis galement reconnaissante envers Ionsceux qui travaillent dans les coulisses pour faire existerces livres : Jim McCarthy qui, en plus d'tre mon agent, mesert l'occasion de thrapeute et dfend ma cause sans relche ;Lauren Abramo, qui ne cesse de trouver des pays dont je n'aijamais entendu parler pour y envoyer Rose ; Jessica Rothenberg

et Ben Schrank, d'exceptionnels diteurs que je souponnede s tre passs de nourriture et de sommeil pour parfaire cesromans ; ainsi que mon attache de presse Casey Mclntyre, quiorganise mes tournes et mes interviews en prenant grand soinde ne pas me faire rater un rendez-vous chez le coiffeur. Pourfinir, je remercie tous ceux qui ont travaill sur cette srie chezPenguin Books et chez Dystel & Goderich Literary

Management, ainsi que mes diteurs internationaux. Vous tesbien trop nombreux pour que je vous cite tous, mais c'est grce avous que l'histoire de Rose se fait connatre. Merci.


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Chapitre premier

'ai toujours eu horreur des cages. Je dteste mme aller au

zoo. La premire fois que jen ai visit un, j'ai failli faireune crise de claustrophobie en Voyant ces pauvresanimaux. Je n'arrive pas concevoir qu'une crature

puisse vivre de cette manire. Parfois, j'prouve mme un peu depiti l'gard des criminels condamns finir leurs jours dansune cellule. Et je n'ai assurment jamais song y finir lesmiens.

JMais la vie semblait s'ingnier me placer dans des situationsInattendues, ces derniers temps - parce que j'tais bel et bienderrire les barreaux. H! Hurlai-je en agrippant les barres d'acier qui mesparaient du monde extrieur. Combien de temps allez-vous megarder ici? Quand mon procs aura-t-il lieu ? Vous ne pouvezpas m'enfermer dans ce cachot pour toujours !

D'accord: ce n'tait pas exactement un cachot au sens mdivaldu terme, c'est--dire un endroit obscur avec des haines fixesaux murs. C'tait une petite cellule aux murs et au soluniformment blanc, o rien n'accrochait le regard. La picetait immacule, strile, glaciale. A vrai dire, c'tait bien plusdprimant qu'aucun cachot moisi n'aurait pu l'tre, les barreauxtaient froids et dsesprment rigides sous mes doigts. Le refletdes nons sur le mtal me faisait mal aux yeux. J'apercevaisl'paule du garde post avec raideur prs de la porte de macellule, et je savais que quatre autres surveillaient le couloir,hors de mon champ visuel. Je savais aussi qu'aucun d'eux ne


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rpondrait mes questions, mais cela ne m'empchait pas de lesharceler depuis deux jours.Lorsque le silence habituel succda mes hurlements, je poussaiun profond soupir et m'affalai sur la couchette qui occupait uncoin de la cellule, et tait aussi austre et incolore que tous leslments de mon nouveau foyer. Oui... Je commenais vraiment regretter de ne pas tre enferme dans un vritable cachot. Lesrats et les toiles d'araignes m'auraient au moins fourni unesource de distraction. Je rivai mon regard au plafond et prouvaiaussitt la sensation oppressante qui me torturait depuis mon

arrive: l'impression que les murs et le plafond se rapprochaientpour m'touffer, qu'ils allaient rduire mon espace jusqu' enchasser tout l'air respirable.Je me redressai subitement, le souffle court. Ne regarde pas lesmurs et le plafond. Rose, me morignai-je. A la place, jefocalisai mon attention sur mes mains jointes et m'efforai decomprendre comment j'avais pu me retrouver dans ce ptrin.

Une premire rponse s'imposait: quelqu'un m'avait pige enme faisant accuser d'un crime que je n'avais pas commis. Et il nes'agissait pas d'un dlit mineur, mais d'un assassinat. On avait eul'audace de me faire accuser du pire crime qu'un Moro ou undhampir puissent commettre. Je ne prtends cependant pasn'avoir jamais tu. Je l'ai fait. J'ai aussi transgress un bonnombre de rgles - et mme de lois. Mais le meurtre de sang-

froid m'est totalement tranger, et encore plus lorsqu'il s'agit decelui d'une reine.Bien sr, la reine Tatiana n'tait pas mon amie. C'tait lasouveraine froide et calculatrice des Moro, une race devampires vivants, dous de pouvoirs magiques, qui ne tuent pasles humains dont ils boivent le sang. Tatiana et moi avions euune relation tumultueuse pour diverses raisons. D'une part, je

sortais avec son petit-neveu Adrian. D'autre part, je n'approuvaispas sa politique concernant la manire de combattre les Strigo -les vampires non-morts et malfiques qui menaaient notreexistence tous. Tatiana m'avait jou plusieurs mauvais tours,


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mais je n'avais jamais dsir sa mort pour autant. Quelqu'und'autre l'avait souhaite, en revanche, et cette personne avaitlaiss une piste d'indices qui menait droit moi, parmi lesquelsle plus grave : on avait retrouv mes empreintes sur le pieu enargent qui avait servi la tuer. Il tait pourtant bien normal qu'ilsoit couvert de mes empreintes, puisqu'il m'appartenait. Sauf quepersonne ne semblait trouver cet argument pertinent.Je soupirai encore et tirai de ma poche un morceau de papierfroiss ; ma seule lecture disponible. Je le serrai entre mesdoigts. Il tait inutile que je relise le message, que j'avais

mmoris depuis longtemps. Sa teneur m'avait fait remettre encause ce que je croyais savoir sur Tatiana. Elle m'avait faitremettre en cause beaucoup de choses.Lasse de mon environnement dprimant, je m'en chappai enme glissant dans celui de quelqu'un d'autre: ma meilleure amie,Lissa. Lissa tait une Moro avec qui j'tais lie psychiquement,ce qui me permettait de m'introduire dans son esprit et de voir le

monde travers ses yeux. Tous les Moro matrisaient l'une desformes de magie lmentaire. Lissa tait une spcialiste del'esprit, un lment psychique qui la dotait d'un pouvoir degurison. C'tait trs rare parmi les Moro, qui matrisaient engnral des lments plus physiques, et nous ne comprenionsencore que partiellement les dons incroyables que gnraitl'esprit. Elle s'tait servie de sa magie pour me ramener d'entre

les morts, quelques annes plus tt, et c'tait de l que venaitnotre lien.Me glisser dans son esprit me libra de ma cage, mais ne m'aidagure rsoudre mon problme. Lissa s'efforait de prouvermon innocence depuis l'audition au cours de laquelle on avaitprsent toutes les preuves charge contre moi. Le fait que monpieu soit l'arme du crime ne constituait qu'un dbut. Mes

adversaires s'taient empresss d'voquer mes relationsconflictuelles avec la reine, et avaient mme dnich un tmoinaffirmant que j'tais seule l'heure du crime, ce qui me laissaitsans alibi. Le Conseil avait estim les preuves suffisantes pour


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justifier la tenue d'un procs en bonne et due forme. C'tait leverdict qui serait alors prononc qui allait dcider de mon sort.Lissa tentait dsesprment d'attirer l'attention des gens et de lesconvaincre qu'on m'avait pige. Mais comme la Cour tait eneffervescence cause des prparatifs des funrailles de Tatiana,mon amie avait beaucoup de mal se faire entendre. La mortd'un monarque tait un vnement important. Des Moro et desdhampirs, des demi-vampires comme moi, arrivaient tous lesjours des quatre coins du monde pour assister la crmonie.On avait vu les choses en grand en matire de nourriture, de

fleurs et de dcorations. On avait mme prvu des musiciens.Les noces de Tatiana, si elle s'tait marie, n'auraient peut-trepas t si minutieusement orchestres. Les prparatifs taient sifbriles que personne ne se souciait de moi. De l'avis gnral,j'avais t mise hors d'tat de commettre un nouveau crime. Onavait trouv l'assassin de Tatiana. Justice tait faite. L'affairetait classe.

Une soudaine agitation dans la prison m'extirpa de l'esprit deLissa avant que j'aie vraiment pris conscience de sonenvironnement. Quelqu'un tait entr dans le couloir et discutaitavec les gardes en demandant me voir. C'tait mon premiervisiteur depuis mon incarcration. Le cur affol, je me jetaicontre les barreaux en esprant qu'on venait m'annoncer quetoute cette histoire n'tait qu'une regrettable erreur. Mais mon

visiteur n'tait pas exactement celui que j'esprais. Le vieillard, l'accueillis-je sans entrain. Que fais-tu l?Abe Mazur se planta devant moi. Comme toujours, il taitimpressionnant voir. Nous tions au cur de l't - un tchaud et humide, puisque la Cour tait situe dans la campagnepennsylvanienne -, mais cela ne l'empchait pas de porter uncostume. C'tait un vtement voyant, coup sur mesure,

agrment d'une cravate en soie violette ainsi que d'une charpeassortie, trop excessif pour tre de bon got. Ses bijoux en ortincelaient sur sa peau mate et sa courte barbe noire semblaitavoir t taille rcemment. Abe tait un Moro. Il n'tait pas de


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sang royal mais avait tant d'influence que cela revenait aumme. Fortuitement, c'tait aussi mon pre.Je suis ton avocat ! rpondit-il joyeusement. Je suis venu teprodiguer mes conseils, videmment.Tu n'es pas avocat, lui rappelai-je. Et tes derniers conseilsn'ont pas donn beaucoup de rsultats.C'tait mesquin de ma part. Mme s'il n'avait aucune formationen droit, Abe m'avait dfendue pendant mon audition. Puisqu'onm'avait enferme et qu'on s'apprtait me juger, celle-ci nes'tait pas droule pour le mieux. Mais la solitude m'avait

donn l'occasion de rflchir, et Abe avait eu raison lorsqu'ilm'avait dit qu'aucun avocat, si dou soit-il, n'aurait pum'pargner le procs. Je devais au moins lui accorder qu'il s'taitlanc dans un combat perdu d'avance, mme si je comprenaismal pourquoi, vu la superficialit de notre relation. Je luisupposais deux motivations : une mfiance l'gard de lanoblesse et un sentiment de devoir paternel - dans cet ordre.

Ma prestation tait parfaite, protesta-t-il, alors que tondiscours loquent qui commenait par Si j'tais la meurtrire...ne nous a pas beaucoup aids. Il aurait mieux valu que tut'abstiennes de donner cette image de toi au juge.Je ne relevai pas la pique et croisai les bras.Alors, qu'est-ce que tu fais l? Je sais qu'il ne s'agit pas d'unesimple visite de courtoisie. Tu ne fais jamais rien sans une bonne

raison. videmment! A quoi bon faire quelque chose sans raison ? N'essaie pas de m'entraner dans ta logique absurde. Ne sois pas jalouse, rpliqua-t-il en me dcochant un clind'il. Si tu t'en donnes la peine, tu finiras peut-tre par hriter demes brillantes facults intellectuelles.Abe ! Grognai-je. Viens-en au fait.

D'accord, d'accord... Je suis venu t'informer que la date deton procs allait peut-tre tre avance. Quoi ? C'est une excellente nouvelle !


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A mon avis, du moins. Son expression suggrait le contraire.Aux dernires nouvelles, mon procs ne devait se tenir que dansplusieurs mois. La seule pense de rester enferme dans cettecellule si longtemps rveillait ma claustrophobie. Rose... As-tu bien conscience que ton procs ressemblerabeaucoup ton audition ? On y prsentera les mmes pices conviction et on te dclarera coupable. Peut-tre... mais on peut encore dcouvrir la preuve de moninnocence d'ici l. (Je compris subitement ce qui l'inquitait.)Que veux-tu dire au juste par avancer ?

Ils aimeraient te juger immdiatement aprs l'lection dunouveau monarque, pour faire de ton procs une sorte decrmonie de clture du couronnement.Je soutins son regard brun. Malgr son ton dsinvolte, la gravitde la nouvelle m'apparut. Mon esprit s'affola. Les funrailles de Tatiana auront lieu cette semaine, etl'lection du nouveau monarque suivra juste aprs ! Es-tu en

train de dire qu'on pourrait me juger dans... deux semaines ?Abe acquiesa. Je me jetai contre les barreaux, le curtambourinant dans la poitrine. Deux semaines ? Tu plaisantes ?Lorsqu'il m'avait annonc qu'on avanait mon procs, j'avaisimagin qu'il aurait lieu seulement un mois plus tt, ce qui melaissait le temps d'enquter pour tablir mon innocence. Bien

sr, je ne savais pas vraiment comment je m'y serais prise. Maisdeux semaines ne suffiraient pas, surtout avec l'agitation quirgnait la Cour. Quelques instants auparavant, j'tais terrifiepar l'emprisonnement interminable qui me menaait.Ctait dsormais le manque de temps qui m'angoissait, et laquestion que je m'apprtais poser risquait d'aggraver monmalaise.

Quand le verdict aura t rendu..., demandai-je en tentant dematriser le tremblement de ma voix, combien de tempsattendront-ils avant d'excuter la sentence ?


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Mme si j'ignorais encore dans quelle mesure j'avais hrit ducaractre d'Abe, nous avions au moins un trait en commun : l'artd'annoncer les mauvaises nouvelles sans dtours. Elle sera srement excute aussitt.Aussitt... (Je reculai, faillis m'asseoir sur la couchette, puissubis une nouvelle pousse d'adrnaline.) Aussitt? Deuxsemaines! Dans deux semaines, je pourrais tre... morte.Parce que telle tait bien la menace qui planait au-dessus de matte depuis qu'on m'avait pige. Les rgicides n'allaient pas enprison: ils taient excuts. Dans le monde des Moro et des

dhampirs, peu de crimes taient punis de la peine capitale. Nousnous efforcions d'appliquer une justice civilise pour prouverque nous valions mieux que les Strigo assoiffs de sang.Nanmoins, nous estimions que certaines personnes mritaientla mort... et en pratique cela englobait les tratres rgicides. Jetremblai en prenant soudain conscience du sort terrible quim'attendait et retins grand-peine mes larmes.

Ce n'est pas juste! Mcriai-je. Ce n'est pas juste et tu le saistrs bien ! Mon opinion n'a aucune importance, rpondit-il calmement.Je suis seulement venu t'apprendre la nouvelle. Deux semaines, rptai-je. Que peut-on faire en deuxsemaines ? Je veux dire... Tu as bien une piste, n'est-ce pas ?Ou... tu peux en trouver une d'ici l ? C'est ta spcialit...

Je disais n'importe quoi en sachant parfaitement que j'avais l'airdsespre et hystrique. De fait, j'tais dsespre et hystrique.Notre champ d'action est limit, m'expliqua-t-il. La Cour nes'intresse qu'aux funrailles et l'lection. La confusion rgne,ce qui est la fois bon et mauvais pour nous.Je m'tais rendu compte de l'ampleur des prparatifs et de lafrnsie qu'ils suscitaient lorsque j'avais regard travers les

yeux de Lissa. Enquter au milieu de ce chaos risquait des'avrer tout bonnement impossible.Deux semaines. Je peux mourir dans deux semaines.


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Je ne peux pas..., dis-je Abe d'une voix brise. Je ne suispas... destine mourir de cette manire.Ah non ? rpondit-il en haussant un sourcil. Parce que tu saisde quelle faon tu es cense mourir ?Au combat.Je m'empressai d'essuyer la larme qui avait russi m'chapper.Je m'tais toujours efforce d'affronter la vie avec bravoure. Iltait hors de question que je m'effondre alors que ma forcemorale m'tait plus ncessaire que jamais... En me battant. En dfendant ceux que j'aime. Pas... l'issue

d'une excution planifie. Un procs est un genre de combat, commenta-t-il. Mme s'iln'est pas physique. Deux semaines, c'est toujours a. Est-ce unemauvaise nouvelle ? Oui, mais c'est toujours mieux que si tonprocs avait lieu la semaine prochaine. Et rien n'est impossible.De nouvelles preuves seront peut-tre dcouvertes d'ici l. Tudois seulement attendre de voir quelle tournure prendront les

vnements.Je dteste attendre. Cette cellule est si... petite. J'touffe. Laprison me tuera avant que je sois excute.J'en doute fort. (Abe avait conserv une expression impassiblequi ne trahissait pas la moindre sympathie. Son affectionpaternelle ne donnait pas dans la tendresse.) Tu as affront sanscrainte des bandes de Strigo et tu ne supporterais pas d'tre

enferme dans une petite pice ? Il ne s'agit pas que de a ! Je vais devoir passer mes journesdans ce trou en sachant que l'heure de mon excution approche,et sans rien pouvoir faire ! Il arrive que les plus grandes preuves que nous ayons endurer ne soient pas les plus manifestement dangereuses.Parfois, rien n'est plus difficile que simplement survivre.

Non. Non ! Mcriai-je en me mettant tourner en rond dansma cellule. pargne-moi ces foutaises moralisatrices! a merappelle les leons de sagesse de Dimitri...


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Il a survcu l'emprisonnement, lui... ainsi qu' bien d'autrespreuves.Dimitri. Je pris une profonde inspiration pour me calmer avantde rpondre. Jusqu' cette accusation de meurtre, Dimitri tait leplus grand problme de ma vie. L'anne prcdente - mme sij'avais l'impression qu'une ternit s'tait coule depuis -, ilavait t mon professeur l'acadmie o j'tudiais pour devenirgardienne et protger les Moro. Il m'avait admirablementforme... entre autres choses. Nous tions tombs amoureux l'unde l'autre, ce qui tait interdit. Nous nous tions dbrouills tant

bien que mal et avions mme fini par trouver un moyen d'treensemble. Cet espoir s'tait vanoui lorsqu'il avait t mordu ettransform en Strigo. J'avais vcu un vrai cauchemar.Puis, grce un miracle que personne n avait cru possible, Lissal'avait re-transform en dhampir en se servant des pouvoirs del'esprit. Malheureusement, les choses n'taient pas redevenues cequ'elles taient avant l'attaque des Strigo. Je jetai un regard

furieux Abe. Dimitri a peut-tre survcu, mais il tait affreusementdprim ! Il l'est toujours... Il s'en veut pour tout.Les atrocits qu'il avait commises lorsqu'il tait un Strigohantaient Dimitri. Il n'arrivait pas se pardonner ses actes etprtendait ne plus tre capable d'aimer personne. La relationamoureuse que j'avais entame avec Adrian n'avait rien arrang.

Aprs de multiples et vaines tentatives pour le faire changerd'avis, j'avais fini par accepter l'ide que notre amour tait del'histoire ancienne. Dsormais, je songeais l'avenir et espraisvraiment vivre quelque chose de srieux avec Adrian. C'est vrai, rpliqua schement Abe. Il est dprim alors quetoi, tu es une vivante allgorie du bonheur.Je soupirai.

Parfois, ta conversation est aussi exasprante que mespropres ruminations. Y a-t-il une autre raison ta visite ou n'es-tu venu que pour m'annoncer la mauvaise nouvelle ? J'aurais tplus heureuse si j'tais reste dans l'ignorance. Je ne suis pas


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destine mourir de cette manire, en voyant le coup venir. Mamort n'est pas cense tre planifie. Il haussa les paules.Je voulais simplement te parler et voir comment tu taisinstalle.De fait, je pris subitement conscience que, depuis son arrive, ilavait observ mon environnement avec soin. Il m'avait toujoursregarde dans les yeux en me parlant et m'avait accord unerelle attention. Notre conversation n'avait pas eu de quoiinquiter les gardes. Nanmoins, de temps autre, Abe avait jetdes regards dans le couloir, dans les recoins de ma cellule, et

remarqu tous les dtails qui pouvaient lui sembler intressants.Abe n'avait pas gagn son surnom de Zmey - le serpent - pourrien. Il passait son temps chafauder des plans et cherchait tourner toutes les situations son avantage. Ma propre tendance laborer des plans insenss semblait tre un hritage familial.Je voulais aussi t'aider passer le temps. (Avec un sourire, iltira quelques magazines et un livre de sous son bras et me les

tendit travers les barreaux.) Voil qui amliorera peut-tre unpeu ta condition.Je doutais srieusement qu'il existe un divertissementsusceptible de rendre supportable le compte rebours pour mamort. Les magazines traitaient de mode et de beaut, et le livretait Le Comte de Monte-Cristo. Je les pris en prouvant lebesoin soudain de plaisanter, afin de rendre ma situation moins

relle.J'ai vu le film. Ton symbolisme subtil ne l'est doncabsolument pas... moins que tu n'aies cach une lime l'intrieur. Les livres sont toujours meilleurs que leurs adaptations aucinma, rpliqua-t-il en commenant s'loigner. Peut-treaurons-nous une discussion littraire, la prochaine fois.

Attends ! (Je jetai le tout sur la couchette.) Avant que tupartes... Avec tout ce qui s'est pass, personne n'a mme song se demander qui avait vraiment tu Tatiana. (Comme Abe tardait


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me rpondre, je lui adressai un regard svre.) Parce que tu mecrois innocente, n'est-ce pas ?D'aprs ce que je savais du personnage, il aurait trs bien pu mecroire coupable et vouloir m'aider quand mme.Je crois ma douce fille capable d'un meurtre, finit-il parrpondre, mais je pense qu'elle n'a pas commis celui-l.Alors qui ?J'y travaille, rpondit-il avant de s'loigner. Mais tu viens juste de dire que nous manquions de temps !Abe ! (Je ne voulais pas le voir partir et me retrouver seule avec

ma peur.) C'est un problme que tu ne peux pas rsoudre ! Souviens-toi de ce que je t ai dit dans la salle d'audience! melana-t-il.Je le perdis de vue et allai m'asseoir sur la couchette enrepensant cette journe au tribunal. A la fin de l'audition, ilm'avait assur, presque avec vhmence, que je ne serais pasexcute et n'irais pas non plus au procs. Abe Mazur n'tait pas

le genre d'homme faire des promesses en l'air, mais jecommenais penser que mme lui avait des limites, surtoutavec un timing si serr.Je sortis de nouveau le morceau de papier froiss de ma poche etle dpliai. Lui aussi provenait de la salle d'audience. Il m'avaitt remis en cachette par Ambrose, le serviteur et l'objet sexuelde Tatiana.

Rose,Si vous lisez ceci, c'est que quelque chose de terrible s'estproduit. Vous me dtestez sans doute et je ne peux pas vous lereprocher. Je veux seulement que vous sachiez que le dcret quej'ai fait voter est prfrable ce que d'autres avaient projet,concernant votre espce. Certains Moro voulaient forcer tousles dhampirs sans exception entrer notre service en se servant

de la suggestion. Le dcret a calm provisoirement cette faction.Je vous ai crit ce message pour vous confier un secret que vousdevez partager avec le moins de gens possible. Il faut queVasilisa occupe le sige de sa famille au Conseil, et il existe un


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moyen. Elle n'est pas la dernire Dragomir. Il y en a un autre :l'enfant illgitime d'Eric Dragomir. Je ne sais rien de plus sonsujet mais, si vous pouvez le retrouver, vous offrirez Vasilisa lepouvoir qu'elle mrite. Peu importent vos fautes et votretemprament, vous tes la seule que je croie capable d'accomplircette mission. Ne perdez pas de temps.Tatiana Ivashkov.

Ces mmes mots, que j'avais dj lus cent fois, suscitaienttoujours les mmes questions. S'agissait-il d'un faux? Tatiana

avait-elle vraiment crit ce message? En dpit de l'apparentehostilit qu'elle me tmoignait, avait-elle assez confiance en moipour me confier ce dangereux secret ? Toutes les dcisionsimportantes chez les Moro taient prises par un Conseil osigeait un membre de chacune des douze familles royales. Maisen ralit les choses se passaient comme s'il n'y en avait queonze. Lissa tait la dernire de sa ligne et la loi lui interdisait de

siger au Conseil tant que sa famille ne se composait que d'elle.Certains avaient tir profit de cette situation pour faire passerdes lois terribles et, si le message disait vrai, d'autres suivraient.Lissa n'aurait pas manqu de s'opposer ces lois, au risque dedplaire certaines personnes, dont une avait dj prouv qu'elletait prte tuer.Un autre Dragomir.

S'il existait un autre Dragomir, Lissa pourrait voter. Et une voixsupplmentaire ferait une immense diffrence. Elle pourraitchanger le monde des Moro et le mien, en faisant pencher levote en faveur de mon innocence, par exemple. Et cela nemanquerait pas de changer le monde de Lissa. Elle s'tait crueseule pendant si longtemps. Mais je ne pouvais m empcher deme demander avec une certaine inquitude comment elle

prendrait la nouvelle. Si j'avais accept l'ide que mon pre taitun gangster, Lissa avait toujours plac le sien sur un pidestal.Cette nouvelle la bouleverserait. Je m'tais prpare toute ma vie


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la protger des dangers physiques, mais je commenais comprendre que d'autres choses encore la menaaient.Avant tout, je devais connatre la vrit. Pour cela, je devaissavoir si ce message tait bien de la main de Tatiana. J'taispresque certaine de pouvoir le dcouvrir, mais cela impliquaitque je me livre un exercice que je dtestais.

Mais pourquoi pas ? Je n avais rien d'autre faire, aprs tout.Je me levai, tournai le dos aux barreaux et focalisai mon regardsur un point du mur. Je rassemblai mon courage, me rptai que

j'tais assez forte pour conserver la matrise de la situation et fistomber les barrires mentales que je maintenais toujoursinconsciemment autour de mon esprit. J'eus l'impression d'trelibre d'une grande pression, comme un ballon qui se videraitde son air.Alors les fantmes se pressrent autour de moi.


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Chapitre 2

'tait aussi perturbant que d'habitude. Des visages etdes crnes translucides et phosphorescents flottaientdans ma cellule. Ils se pressaient autour de moi,comme s'ils cherchaient tous dsesprment me dire

quelque chose, ce qui tait sans doute le cas. Les fantmes quis'attardaient dans le monde des vivants taient des mes qui neparvenaient pas trouver la paix pour une raison ou une autre,ce qui les empchait de poursuivre leur voyage. J'avais conservun lien avec leur monde quand Lissa m'avait ramene la vie, etil m'avait fallu beaucoup de travail et de concentration pourapprendre faire abstraction de leur prsence. Les protectionsmagiques de la Cour tenaient la plupart des fantmes distance,mais prsent je voulais les voir apparatre, mme si c'tait...

dangereux.

C

J'avais l'intuition que l'me d'une reine assassine dans son litdevait avoir quelque difficult trouver la paix. Je n'aperusaucun visage familier parmi ceux qui m'entouraient mais neperdis pas espoir.Tatiana, murmurai-je en me concentrant sur les traits de ladfunte. Venez moi, Tatiana.

Quand mon ami Mason s'tait fait tuer par des Strigo, j'taisparvenue assez facilement faire apparatre son fantme. OrTatiana et moi avions certainement un lien, mme si nousn'tions pas aussi proches que Mason et moi l'avions t.


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Pendant quelques instants, il ne se passa rien. La mme masseconfuse de visages inconnus continuait tourbillonner dans macellule. Alors que je commenais dsesprer, Tatiana apparutsubitement.Elle tait vtue comme on l'avait retrouve, d'une chemise denuit et d'une robe de chambre couvertes de sang. Son image taitple et vacillait par intermittence, comme une image sur l'crand'une tlvision mal rgle. Nanmoins, son attitude altire et lacouronne qu'elle portait lui donnaient le mme air majestueuxque dans mon souvenir. Une fois matrialise, elle ne pronona

pas un mot et ne fit strictement rien. Elle se contenta de riverson regard perant sur moi, ce qui me donna l'impression qu'ellepouvait voir jusqu'au fond de mon me. Des motionscontradictoires, parmi lesquelles la colre et la rancune quej'prouvais toujours en sa prsence, s'veillrent en moi. Mais jefus surprise de ressentir aussi une vague de compassion.Personne ne mritait de mourir de cette manire.

Craignant d'tre entendue par les gardes, j'eus un instantd'hsitation. Mais le volume de ma voix n'avait gured'importance, puisque aucun d'eux ne pouvait voir ce que jevoyais. Je montrai le message Tatiana.Avez-vous crit a ? murmurai-je. Cette histoire est-ellevraie?Elle ne m'avait pas quitte du regard. Le fantme de Mason

s'tait comport de la mme manire. Il ne suffisait pas de faireapparatre les spectres : encore fallait-il trouver un moyen decommuniquer avec eux.J'ai besoin d'en tre sre. S'il existe un autre Dragomir, je letrouverai. (J'estimai inutile d'attirer l'attention sur le fait que jen'tais pas en mesure de chercher qui que ce soit pour lemoment.) Vous devez me rpondre. Avez-vous crit ce

message ? Cette histoire est-elle vraie ?Pour toute rponse, elle continua m'infliger son regard fixeexasprant. Je perdais patience et la pression laquelle mesoumettait la prsence de tous ces fantmes commenait me


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donner la migraine. Tatiana tait aussi agaante morte quevivante.J'tais sur le point de chasser les spectres en rtablissant mesbarrires mentales lorsqu'elle fit un mouvement infime. Ellehocha la tte de manire presque imperceptible, puis baissa lesyeux vers le message et disparut subitement.J'employai aussitt toute ma volont rtablir mes barriresmentales, ce qui fit disparatre les fantmes, dfaut de monmal de tte. Je m'effondrai sur la couchette et regardai lemessage sans le voir. Ce n'tait pas un faux. Il tait bien de la

main de Tatiana. Je voyais mal quelle raison son fantme auraiteue de mentir.Je m'allongeai compltement, posai la tte sur l'oreiller etattendis que ma migraine se dissipe. Je fermai les yeux et meservis du lien pour retourner voir o en tait Lissa.Comme elle n'avait pas cess de plaider en ma faveur depuismon arrestation, je m'attendais la trouver occupe a. Sauf

qu'elle... faisait du shopping.J'tais sur le point de m'offenser de la frivolit de ma meilleureamie lorsque je compris qu'elle cherchait une robed'enterrement. Elle se trouvait dans l'une des boutiques discrtesde la Cour que frquentait l'lite. Je fus surprise de la voir encompagnie d'Adrian, dont le beau visage familier m'apporta uncertain rconfort. Je sondai brivement l'esprit de Lissa et

dcouvris qu'elle l'avait convaincu de l'accompagner pour ne pasle laisser seul.Il n'tait gure difficile de comprendre pourquoi : il taitcompltement sol. C'tait un miracle qu'il tienne encore debout,et je suspectai fortement le mur contre lequel il s'appuyait dytre pour beaucoup. Ses cheveux chtains taient bouriffs, etpas de la manire savante dont il les coiffait chaque matin. Ses

yeux d'un vert profond taient injects de sang. Adrian tait unspcialiste de l'esprit, comme Lissa. Il possdait un pouvoirqu'elle n'avait pas encore russi dvelopper : celui des'introduire dans les rves des gens. Je m'tais tonne qu'il ne


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visite pas les miens depuis mon arrestation et comprenais prsent pourquoi. L'alcool engourdissait les pouvoirs de l'esprit.En un sens, c'tait une bonne chose, puisque l'usage de l'espritgnrait des tnbres qui menaient lentement vers la folie. Maiss'enivrer du matin au soir n'tait pas particulirement sain nonplus.Le voir travers les yeux de Lissa veilla en moi une confusionmotionnelle presque aussi intense que celle que j'avaisprouve devant le fantme de Tatiana. Je ne pus m empcher decompatir sa dtresse. Il s'inquitait visiblement pour moi et les

vnements de la dernire semaine l'avaient autant branl quenous tous. Qui plus est, il avait perdu sa grand-tante, pour qui ilprouvait de l'affection malgr ses manires brusques.Mais je ne pus m'empcher de ressentir aussi... du mpris. J'taispeut-tre injuste son gard, mais c'tait plus fort que moi.J'prouvais beaucoup de tendresse pour lui et comprenais trsbien son chagrin, mais j'tais convaincue qu'il y avait de

meilleures manires d'affronter un deuil. C'tait presque lche desa part. Il se voilait la face en noyant ses problmes dansl'alcool, un comportement l'oppos de la faon dont jeragissais, moi. Jamais je ne me laissais vaincre par l'adversitsans combattre. Du velours, dclara la grante de la boutique Lissa avecassurance. (La vieille Moro prsenta Lissa une volumineuse

robe manches longues.) Les membres du cortge royal portenttraditionnellement du velours.Le cercueil de Tatiana allait tre la fois prcd par une fanfareet escort par un membre de chacune des douze familles royalesjusqu' son tombeau. Personne ne semblait voir d'inconvnient ce que Lissa reprsente officiellement sa famille cetteoccasion. Lui accorder le droit de voter tait une tout autre

affaire.Lissa examina la robe, qui ressemblait davantage un costumed'Halloween qu' un vtement d'enterrement.


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Il fait plus de trente degrs dehors, fit-elle remarquer lagrante. Et l'air est humide. La tradition exige des sacrifices, rpondit la Moro avecemphase. Tout comme les tragdies...Adrian ouvrit la bouche. Il s'apprtait srement mettre uncommentaire dplac et sarcastique, mais Lissa secouaschement la tte pour l'en empcher.N'en auriez-vous pas une autre... sans manches ?La grante carquilla les yeux. Personne n'a jamais port une robe bretelles un

enterrement ! Ce serait scandaleux.Et un short? intervint Adrian. Est-ce acceptable si on le porteavec une cravate ? Parce que c'est ce que j'ai prvu...La Moro s'trangla d'indignation. Lissa jeta un regardddaigneux Adrian. Ce n'tait pas tant d sa plaisanterie,qu'elle ne trouvait que modrment amusante, que parce qu'ellecommenait en avoir assez de son perptuel tat d'brit.

Dans la mesure o on ne me considre pas pleinementcomme la reprsentante officielle d'une des familles royales, jene vois pas pourquoi j'agirais comme telle, conclut Lissa en setournant vers le portant charg de robes. Montrez-moi vos robes manches courtes et bretelles.La grante obtempra en grimaant. Mme si elle prodiguait ses clientes de la noblesse ses conseils vestimentaires avec

assurance, elle n'aurait jamais os leur imposer de porter unvtement plutt qu'un autre. L'ordre social de notre mondeexigeait qu'elle s'incline devant leur choix.Le petit ami de Lissa et sa tante entrrent dans la boutique alorsque la grante se dirigeait vers un autre portant.L'attitude de Christian Ozra tait exactement celle que j'auraisaim voir Adrian adopter. Il tait stupfiant qu'une ide pareille

me traverse l'esprit. Les temps avaient vraiment chang sij'rigeais dsormais Christian en modle. Pourtant, c'tait bien lecas. Je l'observais depuis une semaine travers les yeux de Lissaet je l'avais vu la soutenir avec une dtermination sans faille


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dans la tourmente qu'avaient provoque la mort de Tatiana etmon arrestation. A en juger d'aprs son expression, il avaitquelque chose d'important lui dire.Sa tante, Tasha Ozra, tait elle aussi un modle de force etd'lgance face l'adversit. Elle s'occupait de Christian depuisque ses parents s'taient volontairement transforms en Strigo -et l'avaient attaque, ce qui lui avait laiss de vilaines cicatricessur un ct du visage. Les Moro s'taient toujours reposs surles gardiens pour les protger, mais cette tragdie avait dcidTasha s'occuper elle-mme de sa propre dfense. Elle avait

appris diverses techniques de combat et s'tait entrane manier toutes sortes d'armes. C'tait devenu une vritable dure cuire et, depuis, elle passait son temps inciter les autres Moro l'imiter.Lissa dlaissa la robe qu'elle regardait pour accueillir Christianavec joie. Il tait celui en qui elle avait le plus confiance aprsmoi et il lui offrait le soutien d'un roc dans cette dbcle.

Il parcourut la boutique des yeux sans paratre enthousiasm parson vaste choix de robes.Vous faites du shopping? demanda-t-il en regardant tour tour Lissa et Adrian. Une sortie entre filles ?Tu sais que tu gagnerais changer de garde-robe, ripostaAdrian. Je suis sr que tu aurais fire allure dans un dbardeur.Lissa mprisa leur joute verbale pour concentrer son attention

sur les Ozra.Alors ? Qu'avez-vous dcouvert ? Ils ont dcid de ne pas prendre de mesures, rponditChristian avec une moue ddaigneuse. Du moins pas de mesurespunitives.Tasha acquiesa.Nous essayons de faire admettre l'ide qu'il est intervenu sans

comprendre ce qui se passait, parce qu'il croyait Rose en danger.Mon cur manqua un battement. Dimitri. Ils parlaient deDimitri.


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Soudain, je ne fus plus ni avec Lissa ni dans ma cellule. Je revisle jour de mon arrestation. Je me disputais avec Dimitri dans uncaf. Je lui reprochais de ne plus vouloir m'adresser la parole,sans aborder son refus de reprendre notre relation amoureuse. Jevenais d'estimer que j'en avais assez. Je m'tais rsigne l'ideque tout tait fini entre nous et refusais de le laisser me briser lecur plus longtemps. C'tait ce moment-l que les gardienstaient intervenus. Malgr l'insistance avec laquelle Dimitrim'avait rpt que l'exprience de sa transformation en Strigo lerendait dsormais incapable d'aimer, il avait instantanment pris

ma dfense. Mme si le grand nombre de nos assaillants nousinterdisait tout espoir de l'emporter, cela n'avait eu aucuneimportance ses yeux. Son expression et la comprhensionintuitive que j'avais de lui m'avaient confirm ce que je savaisdj : puisque j'tais menace, il ne pouvait que me dfendre.Et il m'avait dfendue. Il s'tait battu comme le dieu qu'il tait l'acadmie de Saint-Vladimir, o il m'avait appris affronter les

Strigo. Aucun autre homme n'aurait pu vaincre lui seul tousles gardiens qu'il avait mis hors d'tat de nuire dans ce caf.J'tais bien certaine qu'il m'aurait dfendue jusqu' son derniersouffle si je n'tais pas intervenue pour mettre un terme aucombat. A ce moment-l, j'ignorais encore pourquoi une armede gardiens voulait m'arrter. Mais j'avais soudain compris queDimitri risquait de compromettre grandement la fragile tolrance

que lui avait accorde la Cour. Aucun Strigo n'avait jamaisrecouvr sa nature initiale et nombreux taient ceux qui semfiaient encore de lui. Davantage inquite de son sort que dumien, je l'avais suppli de cesser de se battre. J'tais loin dedeviner ce qui m'attendait.Il avait assist - sous bonne garde - mon audition, mais niLissa ni moi ne l'avions revu depuis. Lissa, qui craignait qu'on

ne l'enferme de nouveau, avait fait tout son possible pourpersuader les autorits que son ancienne nature de Strigo n'taitpour rien dans cet acte de rbellion. Pour ma part, je tchais dene pas trop rflchir ce qui l'avait pouss agir ainsi. Mon


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arrestation et mon excution potentielle taient des problmesplus urgents. Mais je ne pouvais m'empcher de m'interroger...Pourquoi avait-il fait cela ? Pourquoi avait-il risqu sa vie pourdfendre la mienne ? tait-ce une simple raction instinctiveface au danger? Avait-il agi par gard pour Lissa, qui il avaitoffert sa loyaut aprs qu'elle l'eut sauv ? Ou m'avait-ildfendue parce qu'il prouvait encore des sentiments pour moi ?Je n'en savais vraiment rien, mais cette rsurrection du Dimitride mon pass avait rveill en moi les sentiments que j'avaisdsesprment tent d'touffer. Je ne cessais de me rpter qu'il

fallait du temps pour se remettre d'une rupture amoureuse. Iltait normal que les sentiments persistent quelque temps encore.Malheureusement, ils duraient plus longtemps lorsque celui quivous les inspirait se jetait au-devant du danger pour vousprotger.Dans tous les cas, les paroles de Christian et Tasha merassurrent un peu sur le sort de Dimitri. Je n'tais pas la seule

dont la vie ne tenait qu' un fil, aprs tout. Ceux qui s'obstinaient considrer Dimitri comme un Strigo voulaient qu'on lui planteun pieu dans le cur. Il est de nouveau enferm, mais pas dans une cellule,expliqua Christian. On l'a seulement contraint rester dans sachambre sous la surveillance de quelques gardiens. On prfrene pas le voir se promener librement tant que les choses ne se

seront pas calmes. C'est toujours mieux que la prison, reconnut Lissa. C'est quand mme absurde, commenta Tasha, davantage pourelle-mme que pour les autres.Dimitri et elle taient proches depuis des annes et, un temps,elle avait mme espr faire voluer leur relation un autrestade. Elle s'tait finalement contente d'tre son amie et

l'injustice dont il tait victime la scandalisait autant que nous. On aurait d le laisser tranquille ds qu'on a compris qu'iltait redevenu un dhampir. Quand on en aura fini avec cettelection, je vais m'assurer qu'on le laisse libre d'aller et venir.


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Ce qui est trange, ajouta Christian d'un air pensif, c'est qu'ilsemblerait que Tatiana, avant qu'on...Christian hsita poursuivre et jeta un coup d'il gn Adrian.Comme il tait ordinairement d'une grande franchise, sa pudeurme surprit.... avant qu'on l'assassine, acheva Adrian d'une voix neutresans regarder personne.Christian dglutit. C'est a. Il semblerait donc qu'elle ait dit certains - pas demanire officielle, videmment - qu'elle croyait vraiment que

Dimitri tait redevenu un dhampir. Elle aurait projet d'aider sarinsertion quand l'autre affaire se serait calme. L'autre affaire en question tait le dcret que mentionnait lemessage de Tatiana et qui faisait passer de dix-huit seize ansl'ge o les dhampirs devenaient gardiens et commenaient protger les Moro. Ce dcret m'avait mise hors de moi mais,comme bien d'autres choses ces derniers temps, je l'avais fait

passer au second plan.Adrian mit un son trange en se raclant la gorge. C'est faux.Christian haussa les paules. D'aprs la rumeur, c'est ce que soutiendraient plusieurs de sesconseillers.Moi aussi, j'ai du mal le croire, dit Tasha Adrian.

Elle n'avait jamais approuv la politique de Tatiana et l'avaitexprim avec vhmence de nombreuses reprises. Mais lescepticisme d'Adrian n'avait rien de politique: il dcoulait del'opinion qu'il se faisait de sa tante. Elle ne lui avait jamais laissentendre qu'elle voulait aider Dimitri recouvrer son ancienstatut de gardien.Adrian n'ajouta rien, mais je sentis que cela avait rveill sa

jalousie. Je lui avais assur que ma relation avec Dimitri tait del'histoire ancienne, mais il devait s'interroger autant que moi surla raison pour laquelle Dimitri m'avait dfendue de manire sichevaleresque.


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Lissa s'apprtait discuter du meilleur moyen de rendre salibert Dimitri quand la grante revint, les bras chargs derobes qui lui inspiraient une moue rprobatrice. Lissa se tut ense mordant la lvre et remit plus tard ses suggestionsconcernant la situation de Dimitri. A la place, elle se prparaavec lassitude faire des essayages et jouer le rle de la petiteprincesse modle.La vue des robes fit sortir Adrian de son hbtude. Est-ce qu'il y a des dos nus dans le tas ?Je regagnai ma cellule en ressassant les problmes qui

semblaient prendre un malin plaisir se multiplier. Jem'inquitais la fois pour Adrian et pour Dimitri. Jem'inquitais pour moi-mme, et aussi pour ce Dragomirprtendument perdu. Je commenais croire qu'il existaitvraiment, mais je ne pouvais strictement rien faire, ce quim'agaait. Ds qu'il s'agissait d'aider Lissa, j'avais besoin d'agirsans attendre. Dans son message, Tatiana m'avait recommand

de ne divulguer ce secret qu'avec prudence. Devais-je confiercette mission quelqu'un ? J'aurais voulu m'en chargerpersonnellement, mais les barreaux de ma cellule et les murs quim'touffaient allaient m'empcher de me charger de quoi que cesoit pendant quelque temps, y compris de ma propre vie. Deuxsemaines.La ncessit de me distraire me fit ouvrir le livre d'Abe, dont

j'entamai la lecture. C'tait exactement l'histoire d'unemprisonnement injuste laquelle je m'tais attendue. Le romantait effectivement bon et m'apprit que simuler ma propre mortne se rvlerait pas un trs bon plan d'vasion. Il rveilla aussi,de manire inattendue, de vieux souvenirs. Je sentis un frissonme parcourir le dos lorsque ma dernire rencontre avec uneMoro nomme Rhonda me revint l'esprit. C'tait la tante

d'Ambrose et une diseuse de bonne aventure. Lorsqu'elle m'avaittir les cartes, l'une d'elles reprsentait une femme attache despes. Un emprisonnement injuste. Des accusations. Descalomnies. Merde. Je commenais vraiment dtester ces


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cartes de tarot. Mme si j'avais toujours tenu cela pour uneescroquerie, les prdictions qu'on m'avait faites avaient eu unefcheuse tendance se raliser. Rhonda m'avait galementannonc que j'allais faire un voyage, mais pour aller o? Dansune vritable prison ? Devant mon peloton d'excution ?Encore des questions sans rponses. Bienvenue dans monmonde. Ne sachant plus que faire, je finis par essayer de mereposer. Je m'tendis sur la couchette et m'efforai de chasser demon esprit les craintes qui m'obsdaient. C'tait difficile.Chaque fois que je fermais les yeux, je voyais un juge abattre

son marteau pour me condamner mort. Ou bien je dcouvraismon nom cit dans les livres d'histoire non comme celui d'unehrone, mais comme celui d'une tratresse.Immobile et ttanise par ma propre terreur, je songeai soudain Dimitri. Je vis son regard calme et l'entendis presque me faire lamorale. Cesse de tinquiter propos de choses que tu ne peuxpas changer. Repose-toi pour tre prte livrer les batailles qui

t'attendent. Ses conseils imaginaires m'apaisrent assez pourque je sombre dans un profond sommeil. Ce repos vritablevenait point aprs les nuits agites que j'avais passes cettedernire semaine.Puis je me rveillai en sursaut.Je me redressai brutalement, le cur affol, et scrutai monenvironnement la recherche du danger, de la menace qui

m'avait tire d'un si profond sommeil. Mais il n'y avait riend'autre que l'obscurit et le silence. Le lger grincement d'unechaise, au bout du couloir, m'informa que les gardes taient leur poste.Je compris tout coup qu'il s'agissait du lien. C'tait lui quim'avait rveille. J'avais ressenti comme une explosion de...quoi ? De tension ? Dangoisse ? Une pousse d'adrnaline ? En

proie la panique, je plongeai profondment dans l'esprit deLissa pour tcher de comprendre ce qui s'tait pass.Mais je ne dcouvris rien.Le lien avait disparu.


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Chapitre 3

vrai dire, il n'avait pas compltement disparu. Il taitengourdi, un peu comme cela s'tait produit quandLissa avait re-transform Dimitri en dhampir. Lamagie qu'elle avait alors utilise avait t si puissante

qu'elle avait provisoirement grill notre lien. Sauf qu'aucuneexplosion magique ne venait de se produire. C'tait comme siLissa avait intentionnellement rig un mur mental entre nous.Comme toujours, j'avais une perception minimale de sonexistence : elle tait en vie et allait bien. Alors, qu'est-ce quim'empchait de ressentir ses motions ? Elle ne dormait pas,puisque je percevais une conscience sur le qui-vive de l'autrect de ce mur. L'esprit me la dissimulait... et c'tait elle quil'avait dcid.

A

Que se passait-il donc? C'tait un fait acquis que notre lien nefonctionnait que dans un sens. Je pouvais ressentir ce qu'elleressentait, tandis que l'inverse n'tait pas possible. En outre, jepouvais choisir les moments o je m'insinuais dans son esprit.J'essayais en gnral de m'en abstenir (quand je n'tais pas enprison) pour lui laisser un peu d'intimit. Lissa, quant elle, nepouvait dcider de rien, et cette vulnrabilit la contrariait

parfois. De temps autre nanmoins, elle se servait de sa magiepour se cacher de moi, mais c'tait rare et cela lui demandait uneffort considrable. Elle s'en donnait la peine cet instant, et jesentais toute l'nergie qu'elle dployait pour faire persister cet


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tat. Il ne lui tait pas facile de m'interdire l'accs son esprit,mais elle y parvenait. videmment, je me moquais du comment : c'tait le pourquoi qui m'intressait.Ce fut srement ma pire journe en prison. M'inquiter pour moitait une chose. Mais pour elle ? C'tait une torture. Si j'avais dchoisir entre sa vie et la mienne, j'aurais accept mon excutionsans hsiter. Je devais savoir ce qui se passait. Avait-elle apprisquelque chose? Le Conseil avait-il dcid d'annuler mon procspour m'excuter immdiatement ? Essayait-elle de me protgerde cette nouvelle ? L'usage de l'esprit tait dangereux pour elle,

et cette barrire mentale requrait une grande quantit de magie.Pourquoi prenait-elle ce risque ?A cet instant, je compris quel point avec stupeur je me reposaissur notre lien pour veiller sur elle. Bien sr, je n'apprciais pastoujours que les penses d'une autre envahissent mon esprit.Malgr la matrise du phnomne que j'avais acquise, il arrivaitencore que ses motions dferlent en moi alors qu'elle vivait des

expriences que j'aurais prfr ne pas partager. Mais tout celan'avait aucune importance cet instant : seule sa scuritcomptait pour moi. L'engourdissement du lien me donnaitl'impression d'tre ampute d'un membre.Je passai toute la journe essayer de me glisser dans sa ttepour en tre refoule chaque fois. C'tait exasprant. Je n'eusaucun visiteur, et le livre et les magazines d'Abe avaient perdu

tout attrait pour moi depuis longtemps. L'impression d'tre unanimal en cage rveilla de nouveau ma fureur et je passai encoreun long moment hurler aprs les gardes sans aucun rsultat.Les funrailles de Tatiana auraient lieu le lendemain et monprocs suivrait peu de temps aprs.Lorsque vint l'heure de se coucher, la barrire mentale disparutenfin... parce que Lissa s'tait endormie. Notre lien fut de

nouveau clair, mais son esprit se drobait moi dans le sommeil.Je n'allais y trouver aucune rponse. Ne pouvant rien faired'autre, je me couchai mon tour en me demandant si elle metiendrait encore l'cart le lendemain.


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Ce ne fut pas le cas. Notre lien tait bel et bien restaur et je pusde nouveau voir le monde travers ses yeux. Lissa se rveilla ttet se prpara pour les funrailles. Je ne vis ni ne ressentis rienqui me permette de comprendre pourquoi j'avais t tenue l'cart la veille. Lissa me laissa m'introduire dans son espritcomme d'habitude et j'en vins presque croire que je l'avaisimagine riger sa barrire mentale.Non... Il y avait bien quelque chose, mme si c'tait peineperceptible. Elle me cachait certaines de ses penses. Ellestaient insaisissables, m'chappaient chaque fois que je croyais

pouvoir les saisir. Je fus surprise qu'elle ait encore l'nergie demaintenir cet cran aprs son effort de la veille, mais cela meconfirma dans l'ide qu'elle m'avait volontairement tenue l'cart de son esprit. Que se passait-il ? Pourquoi prouvait-ellele besoin de me cacher quelque chose ? Qu'aurais-je pu faire,enferme dans ce trou rats ? Mon malaise s'intensifia. Quellehorrible chose ignorais-je donc ?

J'observai Lissa se prparer sans rien remarquer d'inhabituel. Larobe qu'elle avait fini par choisir avait des manches courtes et luiarrivait au genou. Elle tait noire, videmment. Mme si ellen'avait rien d'une robe de soire, elle allait en faire grimacer plusd'un. En d'autres circonstances, cela m'aurait ravie. Elle dcidade porter ses cheveux dtachs. Leur couleur blond platinetranchait nettement sur le noir de sa robe lorsqu'elle vrifia son

reflet dans la glace.Christian l'attendait dehors. Je dus reconnatre qu'il s'tait faitbeau. Il portait une chemise lgante et une cravate, ce qui taitrare. Il n'tait pas all jusqu' enfiler une veste et affichait uneexpression o se mlaient la nervosit, le mystre et soninsolence habituelle. Ds qu'il aperut Lissa, son visage setransforma l'espace d'un instant: il rayonna tandis qu'il lui jetait

un regard merveill. Puis il lui offrit un petit sourire et la pritbrivement dans ses bras, ce qui apaisa un peu son anxit. Ilsvenaient de se remettre ensemble aprs une rupture qui avait tun calvaire pour tous les deux.


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Tout va bien se passer, murmura-t-il alors qu'il reprenait sonair inquiet. a va marcher. Nous pouvons le faire.Elle ne rpondit rien mais le serra plus fort avant de s'carter,puis ils se dirigrent en silence vers le point de dpart du cortgefunbre. Cela me parut louche. Lissa lui prit la main et puisa desforces ce contact.Le droulement des obsques des monarques moro n'avait paschang depuis des sicles et l'poque o la Cour se trouvait enRoumanie et non en Pennsylvanie. Les Moro taient ainsi : ilsmlaient la modernit et la tradition, la magie et la technologie.

Le cercueil de la reine serait port hors du palais et conduit engrande pompe travers la Cour jusqu' son immense glise. Seulun public tri sur le volet assisterait la messe. Aprs l'office,Tatiana serait enterre dans le cimetire de l'glise auprs de sesprdcesseurs et de certains Moro de haut rang.Le trajet du cortge tait facile reprer. Des bannires noir etrouge flottaient de part et d'autre et le sol avait t recouvert de

ptales de roses. Les gens s'y pressaient dans l'espoird'apercevoir celle qui avait t leur reine. Beaucoup de Morovenaient de trs loin, certains pour rendre un dernier hommage Tatiana, d'autres pour assister l'lection du nouveau monarquequi se droulerait au cours des deux semaines suivantes.Les membres du cortge royal, parmi lesquels la plupart desfemmes portaient des robes en velours noir que la grante de la

boutique aurait approuves, entraient dj dans le palais. Lissas'arrta avant de les suivre pour dire au revoir Christian, dontpersonne n'attendait qu'il reprsente sa famille lors d'unvnement de ce genre. De nouveau, elle le serra fort contre elle,puis lui donna un rapide baiser. Lorsqu'il s'carta, une lueurcomplice fit briller ses yeux bleus, due au secret qu'ils mecachaient.

Lissa se faufila dans la foule jusqu' l'entre du palais qui servaitde point de dpart du cortge. L'difice ne ressemblait pas auxchteaux europens. Avec ses faades en pierre et ses hautesfentres, il ressemblait tous les autres btiments de la Cour.


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Nanmoins, il s'en distinguait par quelques particularits commesa hauteur et l'escalier en marbre qui permettait d'y accder.Quelqu'un fora Lissa s'arrter en l'attrapant par le bras, ce quifaillit lui faire bousculer un vieux Moro.Vasilisa?C'tait Daniella Ivashkov, la mre d'Adrian. Daniella tait pluttsympathique pour une Moro de sang royal et avait accept marelation avec Adrian - du moins elle l'acceptait avant qu'onm'accuse de meurtre. Sa tolrance provenait surtout de sacertitude qu'Adrian et moi nous sparerions ds qu'on m'aurait

attribu un poste. Daniella avait aussi demand l'un de sescousins, Damon Tarus, d'tre mon avocat, mais j'avais dclinson offre en choisissant Abe pour me reprsenter. Je n'taistoujours pas certaine d'avoir pris la bonne dcision, mais celaavait sans doute terni la considration que me portait Daniella,ce que je regrettais.Lissa lui offrit un sourire nerveux. Elle tait impatiente de

prendre place dans le cortge et d'en finir avec la crmonie. Bonjour, lui dit-elle.Daniella portait une longue robe en velours noir et ses cheveuxbruns taient relevs grce de petites barrettes en diamant. Sonjoli visage tait creus par l'inquitude.As-tu vu Adrian ? Je ne l'ai trouv nulle part, mme pas danssa chambre.

Lissa soupira en dtournant la tte.Je ne sais pas o il est, mais je l'ai vu hier soir. Il revenaitdune quelconque fte. (Lissa hsita, comme si cela 1embarrassait de poursuivre.) Il tait... vraiment sol. Je ne l'avaisjamais vu dans cet tat. Il allait je ne sais o avec des filles. Jesuis dsole, madame Ivashkov. Il est srement vanoui quelquepart.

Daniella se tordit les mains et je compris sa consternation.J espre que personne ne le remarquera. Nous pourrions dire...qu'il tait terrass par le chagrin. Il s'est pass tant de choses.


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Pourquoi s'apercevrait-on de son absence ? Tu leur diras quelpoint il tait boulevers, n'est-ce pas ?J'aimais bien Daniella, mais son obsession de noble toujoursvouloir prserver les apparences commenait vraimentm'agacer. Je savais qu'elle adorait son fils, mais elle semblaits'inquiter davantage de ce que les autres penseraient d'uneviolation du protocole que du repos de l'me de Tatiana. Bien sr, rpondit Lissa. Je ne voudrais pas que les gens... Jen'aimerais pas que a se sache. Merci. Maintenant, vas-y! dit-elle en lui montrant les portes,

sans que l'inquitude disparaisse de son visage pour autant. Tudois aller prendre ta place. (A la surprise de Lissa, Daniella luitapota gentiment le bras.) Et ne sois pas nerveuse. Tu vas trsbien t'en sortir. Garde la tte haute !Les gardiens posts aux portes reconnurent Lissa et la laissrentpasser. Le cercueil de Tatiana se trouvait dans l'entre. Lissa sefigea, blouie, et faillit en oublier pourquoi elle tait l.

Le cercueil en lui-mme tait une uvre d'art. Il tait fait d'unbois noir qu'on avait poli jusqu' le rendre brillant. Ses deuxcts taient orns de scnes champtres ralises avec despeintures mtallises de toutes les teintes. Il y avait de l'orpartout. Mme les btons destins aux porteurs en taientrecouverts. On y avait galement enroul des guirlandes de rosesmauves, ce qui compliquerait sans doute leur prise en main -

mais il faudrait s'en contenter.La reine reposait dans le cercueil ouvert, au milieu d'autres rosesmauves. J'eus une impression trange. Je passais mon temps voir des cadavres. J'en semais moi-mme sur mon chemin.Pourtant, le corps embaum de Tatiana gisant paisiblement aumilieu des fleurs me donna la chair de poule. Ce spectacleperturba galement Lissa, d'autant plus qu'elle n'avait pas eu

aussi souvent affaire la mort que moi. Tatiana tait vtue d'unelumineuse robe de soie violette - la couleur traditionnelle desfunrailles royales - dont les longues manches taient ornesd'un entrelacs de perles. J'avais souvent vu Tatiana porter du


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rouge, la couleur des Ivashkov, et je me rjouis que la traditionl'ait revtue de violet. Une robe rouge m'aurait beaucoup troprappel les photos de son corps ensanglant que j'avais vues lorsde mon audition et que j'essayais d'oublier.On avait mis des rivires de pierres prcieuses et des colliers deperles autour de son cou, ainsi qu'une couronne orne dediamants et d'amthystes sur ses cheveux grisonnants. Celui quil'avait maquille avait fait du bon travail, mais cela ne suffisaitpas masquer sa lividit. Les Moro tant naturellement ples,leur peau prenait une couleur crayeuse... aprs la mort, la

couleur de celle des Strigo. Cette vision frappa Lissa sivivement qu'elle vacilla lgrement et dut dtourner les yeux.Malgr le parfum enttant des roses, une lgre odeur deputrfaction flottait dans l'air.L'organisatrice des funrailles repra Lissa et lui ordonna deprendre place dans le cortge aprs avoir dplor son choixvestimentaire. Ramene la ralit par ces vifs reproches, Lissa

alla se placer droite du cercueil, o se trouvaient dj cinqautres nobles, et dtourna les yeux pour ne plus voir la dpouillede la reine. Les porteurs firent leur apparition peu aprs, sesaisirent des btons dcors de guirlandes de roses et hissrent lecercueil sur leurs paules pour l'emporter lentement vers la foulequi attendait dehors. C'taient tous des dhampirs. Leurscostumes de crmonie me droutrent un instant, mais je

compris vite qu'il s'agissait des gardiens de la Cour... l'exception d'un seul : Ambrose. Il tait aussi beau qued'habitude et marchait en regardant droit devant lui, le visageimpassible.Je me demandai quel point la mort de Tatiana l'avait affect.Mes propres problmes avaient tendance me faire oublierqu'une vie s'tait acheve, celle de quelqu'un que beaucoup

aimaient. Ambrose avait dfendu Tatiana quand j'avais critiquson dernier dcret. En le voyant travers les yeux de Lissa, jeme pris regretter de ne pas tre l en personne pour lui parler.Il devait bien savoir quelque chose de plus au sujet de la lettre


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qu'il m'avait transmise. Je ne pouvais croire qu'il n'ait fait quejouer les messagers.La mise en branle du cortge me tira de mes rflexions. Lecercueil tait prcd par une autre procession, constitue denobles en costume d'apparat qui attiraient le regard, et degardiens en uniforme qui portaient des bannires. Un groupe defltistes fermait la marche en jouant un air funbre. Lissa, quitait trs doue pour les apparitions publiques, suivait l'allurelente et rgulire du cortge avec grce et lgance, sans cesserde regarder droit devant elle. Je ne pouvais la voir de l'extrieur,

videmment, mais il m'tait facile d'imaginer le spectacle qu'elleoffrait la foule. Elle tait belle, altire et mritait d'hriter desdroits des Dragomir. Il fallait esprer que les gens seraient deplus en plus nombreux s'en apercevoir. Si quelqu'un avait eul'ide de changer la loi relative au droit de vote, il nous auraitpargn bien des tracas en nous dispensant de nous lancer larecherche de son frre - ou de sa sur - perdu.

Le trajet du cortge jusqu' l'glise prit du temps. La chaleurhumide persista, mme lorsque le soleil entama sa descente versl'horizon. Lissa commena transpirer, mais elle savait que soninconfort tait peu de chose en comparaison de celui desporteurs. La foule, pour sa part, ne semblait pas souffrir de lachaleur. Les gens l'arrire tendaient le cou pour tenterd'apercevoir le cortge. Si Lissa ne prtait gure attention aux

spectateurs, je voyais bien qu'eux ne s'intressaient pas qu'aucercueil. Ils l'observaient, elle. La nouvelle de ce qu'elle avaitfait pour Dimitri s'tait rpandue dans le monde des Moro etceux qui croyaient ses pouvoirs de gurison taient dsormaisaussi nombreux que les sceptiques. En voyant les expressionsmerveilles ou fascines de certains, je me demandai un instantqui, de Lissa ou de Tatiana, ils taient rellement venus voir.

L'glise apparut enfin au bout du chemin, ce qui tait une bonnenouvelle pour Lissa. Mme si le soleil n'tait fatal qu'auxStrigo, sa chaleur et sa lumire gnaient tous les vampires.


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Puisque Lissa tait autorise assister au service funbre, elleallait bientt profiter de l'air conditionn.En observant son environnement, je ne pus m'empcher detrouver ma vie passablement ironique. Deux immenses statuesd'anciens monarques moro trnaient au milieu des jardins quis'tendaient de part et d'autre de l'glise. Elles reprsentaient unroi et une reine devenus lgendaires pour avoir contribu rendre le monde des Moro prospre. Mme si elles taientsitues bonne distance de l'glise, les statues surplombaient lesenvirons de manire inquitante, comme si elles surveillaient

tout. Je connaissais bien le jardin qui s'tendait autour de lastatue de la reine. On m'y avait fait travailler pour me punir dem'tre enfuie Las Vegas. Le vritable but de ce voyage, quetout le monde ignorait, avait t de faire vader Victor Dashkovde prison. Victor tait un ennemi de longue date, mais son frre,Robert, un spcialiste de l'esprit, pouvait nous expliquercomment sauver Dimitri. Si les gardiens avaient dcouvert que

j'tais l'origine de l'vasion de Victor, que j'avais laisss'chapper par la suite, ils ne se seraient srement pas contentsde me faire faire du classement et du jardinage... Au moins,j'avais ralis du bon travail dans ce jardin, songeai-je avecamertume. Si on m'excutait, je laisserais quand mme monempreinte sur la Cour.Le regard de Lissa s'attarda longuement sur l'une des statues

avant de revenir se poser sur l'glise. Elle transpirait de plus enplus, et je finis par comprendre que ce n'tait pas seulement cause de la chaleur. Elle tait tendue. Mais pourquoi ? Pourquoitait-elle si nerveuse ? Ce n'tait qu'une crmonie ; elle n'avaitqu' suivre le mouvement gnral. Pourtant... C'tait bien l.Quelque chose d'autre la tracassait. Elle me cachait toujours unensemble de penses, mais son inquitude en laissa chapper

quelques-unes :On est trop prs... On va trop vite...Trop vite? Ce n'tait vraiment pas mon impression. Je n'auraisjamais pu marcher si lentement et prouvais beaucoup de


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compassion l'gard des porteurs. A leur place, j'aurais envoyles convenances au diable et me serais mise courir versl'glise. Bien sr, cela aurait sans doute un peu secou le corps.tant donn que l'organisatrice des funrailles avait tcontrarie par la robe de Lissa, j'osais peine imaginer saraction si Tatiana tait tombe de son cercueil.On distinguait de mieux en mieux l'glise, dont les dmesclairs par la lumire du soleil couchant jetaient des refletsambrs et orangs. Lissa se trouvait encore plusieurs centainesde mtres de l'difice, mais le prtre qui attendait sur le parvis

tait bien visible. Sa longue chasuble de brocart dor taitpresque aveuglante tant elle brillait, et il portait une coiffecylindrique surmonte d'une croix, elle aussi dore. Je trouvaisde mauvais got qu'il ait choisi un costume plus blouissant quecelui de la reine, mais sans doute les prtres s'habillaient-ilstoujours ainsi lors des grandes occasions. Peut-tre tait-ce pourattirer l'attention de Dieu. Le prtre dploya sa riche chasuble en

levant les bras pour accueillir le cortge. La foule et moi nepmes qu'carquiller les yeux devant tant de splendeur.Imaginez donc notre surprise lorsque les statues explosrent.


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Chapitre 4

t quand je dis qu elles explosrent, je l'entends au senspropre du terme. Des flammes et de la fume sedployrent en corolle comme les ptales d'une fleurfrachement close autour de ces pauvres monarques,

avant qu'ils volent en clats. Durant quelques secondes, je restaiabasourdie. J'avais l'impression de regarder un film d'action.L'explosion rsonna comme un coup de tonnerre et fit tremblerle sol. Mais, grce ma formation de gardienne, je repris vite ledessus et entrepris d'examiner les dgts afin d'analyser lasituation. Je remarquai immdiatement que les statues avaientexplos vers l'extrieur des jardins. Aucun bloc de pierre n'taitretomb sur le cortge funbre, seulement des gravats et de lapoussire, si bien que personne n'avait t bless. Prsumant queles statues ne s'taient pas dsintgres spontanment, j'en

dduisis que ceux qui avaient provoqu l'explosion lui avaientdonn une orientation prcise.

E

Mais la question technique mise part, d'immenses colonnes deflammes sont toujours effrayantes. Tout le monde voulut s'enfuirdans le plus grand dsordre. Comme chacun prit une directiondiffrente, des collisions et des bousculades se produisirent.Mme les porteurs dposrent leur prcieux fardeau pour

s'enfuir. Ambrose fut le dernier quitter son poste.Il regarda Tatiana pendant quelques instants, la bouche ouverteet les yeux carquills, mais finit par disparatre au milieu desspectateurs aprs avoir jet un dernier coup d'il aux statues.


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Quelques gardiens tentrent de maintenir l'ordre et d'orienter lafoule vers le chemin par o le cortge tait arriv, mais sansgrand rsultat. Les gens ne songeaient qu' sauver leur peau ettaient bien trop terrifis et paniques pour se rendre la raison.Tout le monde, sauf Lissa.A ma grande surprise, elle n'tait pas tonne.Elle s'attendait cette explosion.Malgr les gens qui la poussaient sans mnagement de touscts, elle ne se mit pas aussitt courir. Elle resta plante l oelle se trouvait au moment de l'explosion et observa les dgts

que celle-ci avait causs. Elle semblait particulirement inquite l'ide que quelqu'un ait pu tre touch par un bloc de pierre...mais a n'tait pas arriv. Comme je l'avais dj observ,l'explosion n'avait fait aucun bless. S'il devait y en avoir, ceserait cause de la bousculade.Satisfaite, Lissa se retourna et commena marcher avec lesautres. (Plutt : elle marchait alors que les autres couraient.) Elle

n'avait fait que quelques pas lorsqu'elle vit un imposant groupede gardiens au visage svre courir en direction de l'glise.Certains s'arrtrent pour aider ceux qui fuyaient la catastrophe,mais la plupart poursuivirent leur route vers le site de l'explosionpour voir ce qui s'tait pass.Lissa s'arrta encore et sentit peine celui qui la suivait luiheurter le dos. Elle observa attentivement les gardiens, valua

leur nombre et reprit sa route. Ses penses secrtescommenaient se dvoiler, ce qui me permit de dcouvrir desparties du plan qu'elle m'avait cach. Elle tait contente.Nerveuse, aussi. Mais ce qu'elle ressentait surtout, c'tait...Du bruit dans le couloir me fit immdiatement rintgrer monpropre esprit. Des grognements et des exclamations troublaientle silence habituel de la prison. Je bondis de ma couchette et me

pressai contre les barreaux pour tcher de voir ce qui se passait.Le btiment tait-il sur le point d'exploser, lui aussi ? Ma cellulefaisait face un mur, de sorte que je n'apercevais qu'une partiedu couloir et non l'entre. Nanmoins, je vis les gardiens qui


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taient posts tout au fond passer en courant devant ma cellulepour intervenir dans ce qui ressemblait manifestement unealtercation.Comme j'ignorais ce que cela signifiait pour moi, je me tinsprte tout. Il pouvait s'agir d'amis comme d'ennemis. Peut-treun groupe d'extrmistes attaquait-il la Cour pour imposer sesexigences au gouvernement moro. Je scrutai ma cellule duregard sans rien trouver pour me dfendre et jurai mentalement.C'tait le livre d'Abe qui s'approchait le plus d'une arme, mais iln'allait pas tre trs efficace. Si mon pre avait t le dur cuire

qu'il prtendait tre, il aurait vraiment gliss une lime l'intrieur... ou m'aurait apport un livre plus gros, commeGuerre et Paix.La bagarre cessa, et j'entendis un bruit de course venir dans madirection. Je serrai les poings, reculai de quelques pas et meprparai me dfendre contre n'importe qui.N'importe qui se rvla tre Eddie Castile et Mikhail Tanner.

Je ne m'attendais pas voir des visages amicaux. Eddie tait unami de longue date rencontr Saint-Vladimir, un gardienfrachement diplm, tout comme moi, et qui m'avaitaccompagne dans un grand nombre d'entreprises hasardeuses, ycompris l'vasion de Victor Dashkov. Mikhail, quant lui, taitplus g que nous. Il devait avoir dans les vingt-cinq ans et nousavait aids sauver Dimitri dans l'espoir que Sonya Karp, une

femme qu'il avait aime et qui s'tait transforme en Strigo,puisse l'tre aussi. Je les dvisageai tour de rle. Que se passe-t-il ? demandai-je.Nous aussi, nous sommes contents de te voir, rpondit Eddie.Il transpirait et semblait encore surexcit par la fivre ducombat. Quelques marques rouges sur son visage attestaient qu'ils'tait effectivement battu. Il tenait une arme que j'avais dj vue

dans l'arsenal des gardiens: une sorte de matraque qui permettaitde neutraliser les gens sans les tuer. Mais Mikhail avait quelquechose de bien plus prcieux: les deux cls - lectronique etmcanique - qui ouvraient ma cellule.


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Mes amis avaient organis mon vasion. C'tait incroyable.D'habitude, les plans dlirants taient ma spcialit.Avez-vous... ?Je fronai les sourcils. L'ide de m'vader m'emplissait de joie,mais la logistique que cela impliquait tempra monenthousiasme. Ils avaient visiblement provoqu l'altercation quej'avais entendue... mais, avant cela, il n'avait pas d leur trefacile d'atteindre le couloir.Avez-vous neutralis tous les gardiens du btiment?Mikhail acheva d'ouvrir la porte de ma cellule, d'o je sortis sans

perdre de temps. Aprs avoir eu la sensation d'touffer pendantdes jours, j'eus l'impression de me trouver au sommet d'unemontagne, environne par un espace infini et le visagefouett par le vent. Il n'y avait plus aucun gardien dans le btiment, Rose...ou peut-tre un... en dehors de ceux-l.Eddie indiqua d'un geste l'extrmit du couloir, o l'affrontement

avait eu lieu et o mes gardes se trouvaient vanouis, puisquemes amis avaient sans aucun doute veill ne tuer personne. Les autres gardiens se sont rendus sur le lieu de l'explosion,compris-je. (Les lments commenaient s'assembler dansmon esprit, y compris le fait que l'explosion n'avait pas surprisLissa.) Oh non!... Vous avez incit Christian dtruire desuvres d art moro.

Bien sr que non ! s'cria Eddie, qui semblait scandalis parl'atrocit de ma suggestion. D'autres spcialistes du feu auraientpu comprendre qu'il l'avait fait. C'est dj a, rpondis-je en prenant conscience que j'auraisd faire plus confiance leur bon sens.Mais peut-tre pas...Nous avons employ du C4, expliqua Mikhail.

Mais o donc avez-vous... ?Je perdis la voix en dcouvrant qui attendait l'extrmit ducouloir. Dimitri.


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J'avais souffert de ne pas savoir ce qui lui arrivait pendant monincarcration, et les quelques informations que Christian etTasha avaient livres Lissa son sujet n'avaient fait qu'aiguiserma frustration. La rponse se tenait devant moi. Dimitri taitplant au bout du couloir, dans toute la gloire de ses deux mtresde haut. Il tait aussi imprieux et aussi intimidant qu'un dieu.Son regard vif enregistrait tout chaque instant, et son corpsmince et puissant tait prt ragir n'importe quelle menace.Son expression tait si intense et si passionne qu'il m'taitimpossible de comprendre comment on pouvait encore le

prendre pour un Strigo. Dimitri dbordait de vie et d'nergie. Lamanire dont il m'avait dfendue lors de mon arrestation merevint l'esprit ds que je posai les yeux sur lui. Son expressiontait la mme. A vrai dire, c'tait une expression que j'avais vued'innombrables fois: celle que les gens craignaient etadmiraient... et celle que j'avais aime.Tu es l aussi ? (Je tchai de garder l'esprit que ma vie

amoureuse embrouille n'tait pas, pour une fois, la chose laplus importante du monde.) Je te croyais assign domicile. Il s'est chapp, expliqua Eddie d'un air narquois. (Je comprisaisment ce que cela signifiait: Mikhail et lui l'avaient aid s'chapper.) Les gens n'en attendent pas moins de la part d'untype violent qui est sans doute encore un Strigo, n'est-ce pas ?Ils ne seront pas non plus surpris qu'il soit venu te dlivrer,

ajouta Mikhail en entrant dans le jeu. Surtout aprs t'avoirdfendue comme il l'a fait la semaine dernire. A vrai dire, toutle monde va penser qu'il t'a fait vader tout seul, sans l'aide depersonne.Dimitri ne dit rien. Sans cesser de surveiller attentivement lesalentours, il m'observa pour s'assurer que j'allais bien et parutsoulag.

Allons-y! finit-il par lancer. Nous n'avons pas beaucoup detemps.Ce constat tait un euphmisme, mais quelque chose mechiffonnait dans le plan brillant chafaud par mes amis.


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Les gens ne croiront jamais qu'il a fait a tout seul! m'criai-je en comprenant o Mikhail voulait en venir. (Ils espraientqu'on attribuerait Dimitri l'entire responsabilit de monvasion. Je dsignai les gardes inconscients nos pieds.)Ils ont vu votre visage ! Pas vraiment, intervint une nouvelle voix. Pas aprs unelgre amnsie provoque par l'esprit. A leur rveil, ils ne sesouviendront que de ce Russe instable - sans vouloir t'offenser. Il n'y a pas de mal, rpondit Dimitri tandis quAdrian,apparaissait dans l'embrasure de la porte.

J'carquillai les yeux en tchant de garder la bouche ferme. Lesdeux hommes de ma vie se trouvaient cte cte. Mme siAdrian ne semblait gure capable de se battre coups de poing,il tait aussi srieux et aussi vigilant que les combattants quil'entouraient. Son regard tait clair et ptillait d'intelligence.Alors l'vidence me frappa: il tait parfaitement sobre. L'tatdans lequel je l'avais vu quelques jours plus tt n'tait-il qu'une

ruse ? Ou s'tait-il forc reprendre le dessus ? Quoi qu'il ensoit, je sentis un sourire s'panouir sur mon visage. Lissa a menti ta mre, tout l'heure, lui fis-je remarquer. Tues cens tre ivre mort quelque part.Il me rpondit par un sourire ironique.Eh bien... Ce serait sans doute la chose la plus intelligente etla plus agrable que je pourrais faire cet instant. Avec un peu

de chance, c'est ce que tout le monde croira. Nous devons y aller, insista Dimitri, de plus en plus nerveux.Nous cessmes aussitt de plaisanter et nous tournmes vers lui.L'attitude de Dimitri qui m'avait frappe, celle qui donnaitl'impression qu'il tait capable de tout et mnerait toujours lavictoire, incitait les gens lui offrir leur soutien inconditionnel.A en juger par leurs expressions, c'tait exactement ce

qu'prouvaient Eddie et Mikhail, qui avaient recouvr tout leursrieux. Cette confiance aveugle m'tait aussi naturelle qu' eux. cet instant, mme Adrian semblait croire en Dimitri. Je ne pusm'empcher d'admirer l'effort qu'il avait fait pour surmonter sa


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jalousie, ainsi que les risques qu'il avait pris, et ce d'autant plusqu'Adrian avait rpt de nombreuses reprises qu'il refusait departiciper une entreprise dangereuse ou de se servir de l'esprit des fins illgales. Las Vegas, par exemple, il nous avaitsimplement accompagns et s'tait cantonn un rled'observateur. Bien sr, il s'tait enivr la plupart du temps, maiss'il avait t sobre cela n'aurait sans doute rien chang.Lorsque je voulus avancer, Adrian m'arrta en tendant la main.Attends! Il y a quelque chose que tu dois savoir avant de noussuivre. (Dimitri, dont le regard brillait d'impatience, s'apprta

protester.) Il le faut, insista Adrian en soutenant son regard sansciller. Rose... Ton vasion... va plus ou moins passer pour unaveu de culpabilit. Tu vas devenir une fugitive. Si les gardienste trouvent, ils n'auront pas besoin du verdict d'un procs pour tetuer.Quatre paires d'yeux me dvisagrent tandis que j'assimilais lesens de ses paroles. Si je m'enfuyais maintenant et qu'on me

retrouve, j'tais certaine d'y passer. Si je restais, je conservais lachance infime qu'on dcouvre la preuve de mon innocencedurant le bref laps de temps qui me sparait de mon procs. Cen'tait pas impossible. Mais, si on ne dcouvrait rien, j'tais toutaussi srement condamne. Je devais choisir entre deux paris, etmes chances de survie taient minces dans un cas comme dansl'autre.

Adrian semblait aussi partag que moi. Nous savions tous deuxqu'aucune des solutions n'tait la bonne. Il s'inquitaitsimplement pour moi et voulait que j'aie conscience des risquesque je courais. Pour Dimitri, en revanche... la question ne seposait pas. Son expression tait loquente. C'tait un partisan dela loi et du devoir. Mais dans ce i as-l ? Dans une situation sidsespre ? Pour lui, mieux valait vivre en fugitif et mourir en

combattant, si telle devait tre l'issue.Ma mort n'est pas cense tre planifie.Allons-y! dclarai-je.


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Nous nous prcipitmes hors de la zone de dtention, en mt htede passer la suite du plan.Tu as d employer une grande quantit d'esprit pour tromperles gardiens, ne puis-je m'empcher de faire remarquer Adrian. C'est vrai, reconnut-il. Et mes pouvoirs limits ne mepermettent pas de le faire trs longtemps. Lissa serait srementcapable de faire croire une dizaine de gardiens qu'ils ont vudes fantmes. Moi? Je peux peine faire oublier quelques-unsqu'ils ont vu Eddie et Mikhail. C'est pourquoi nous avionsbesoin de quelqu'un qui attire l'attention. Dimitri tait le parfait

bouc missaire. Merci, alors.Je lui pressai doucement la main, dont la chaleur secommuniqua la mienne, et renonai ajouter que je n'tais pasencore tire d'affaire. Cela aurait amoindri son hrosme. Mmes'il nous restait encore de nombreux obstacles franchir,j'apprciai qu'il se soit ainsi impliqu et qu'il ait respect mon

choix de m'vader.Adrian me jeta un regard oblique. Eh bien... Je suis cens tre fou, non ? (Son regard se mit briller d'affection.) Et il n'y a pas grand-chose que je refuseraisde faire pour toi. Plus c'est stupide, mieux a vaut...Lorsque nous atteignmes le rez-de-chausse, je pus constaterqu'Eddie n'avait pas exagr en disant qu'il n'y avait plus aucun

gardien dans le btiment. Les bureaux et les couloirs taientdserts. Nous nous prcipitmes dehors sans un regard en arrireet l'air frais me rendit toute mon nergie. Et maintenant ? demandai-je mes sauveurs. Maintenant, nous t'accompagnons jusqu' la voiture danslaquelle tu vas t'enfuir.Les garages n'taient pas trs loin, mais ils n'taient pas non plus

tout proches. Il y a beaucoup d'espace dcouvert parcourir, leur fis-jeremarquer sans mentionner le problme qui devait tre vident


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pour tous : les gardiens n'hsiteraient pas m'abattre s'ils mevoyaient.Je vais me servir de l'esprit pour nous faire passer inaperus,rpondit Adrian. (Il ne supporterait plus trs longtemps de puiserdans son pouvoir.) Les gens ne nous reconnatront pas moinsde s'arrter et de nous dvisager.Ce qu'ils ne feront sans doute pas, ajouta Mikhail. Ils ne nousremarqueront srement mme pas. Dans un tel chaos, chacun sesoucie trop de soi-mme pour faire attention aux autres.J'observai les environs et constatai la justesse de sa remarque. Le

btiment de la prison se trouvait loin de l'glise, mais les gensqui fuyaient l'explosion avaient dj atteint cette partie de laCour. Certains couraient se rfugier chez eux, d'autrescherchaient des gardiens des yeux dans l'espoir qu'ils lesprotgent, d'autres encore... allaient dans la mme direction quenous : vers les garages. Les gens sont assez terrifis pour vouloir quitter la Cour,

compris-je. (Nous nous dplacions aussi vite que cela nous taitpossible sans distancer Adrian, qui ne tenait pas la mme formephysique que les dhampirs.) Les garages vont tre pris d'assaut.Les vhicules officiels de la Cour et les voitures des visiteurstaient gars au mme endroit.Tant mieux, commenta Mikhail. Le chaos est notre alli.Les alas de ma fuite m'empchaient de me concentrer

suffisamment pour que je puisse plonger tout fait dans l'espritde Lissa. Je me contentai d'effleurer notre lien et sentis qu'elle setrouvait, saine et sauve, au palais. Et que fait Lissa pendant ce temps ? demandai-je. J'taisravie qu'elle ne soit pas directement implique dansmon vasion insense, croyez-moi. Nanmoins, comme Adrianl'avait fait remarquer, le pouvoir de suggestion de Lissa tait

plus dvelopp que le sien et nous aurait t bien utile cetinstant. De plus, avec le recul, il me semblait dsormais videntqu'elle tait au courant de ce plan depuis le dbut. C'tait celaqu'elle m'avait cach.


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Lissa doit rester vierge de tout soupon, rpondit Dimitri sansdtourner les yeux de son but. Il ne doit y avoir aucun lien entrel'explosion ou ton vasion et elle. (Son ton tait ferme.II la considrait encore comme son sauveur.) Il faut qu'elle soitvue au milieu des autres nobles, de mme que Christian. ( Ilfaillit sourire mais se retint.) Tous deux seraient mes deuxpremiers suspects si quelque chose explosait. Mais les gardiens ne les souponneront plus aprs avoirconstat que l'explosion n'a pas t provoque par magie,commentai-je. (L'explication que Mikhail m'avait donne un peu

plus tt me revint l'esprit.) O avez-vous trouv du C4,d'ailleurs ? L'usage d'explosifs militaires est un peu extrme,mme pour vous.Personne ne me rpondit, car trois gardiens venaient soudain denous barrer la route. Ils n'taient donc pas tous l'glise. Dimitriet moi nous plames immdiatement en tte de notre grouped'un mme mouvement, comme nous l'avions toujours fait

lorsque nous nous battions ensemble. D'aprs Adrian, sonillusion ne fonctionnerait plus si l'on nous dvisageait. Je voulaisdonc m'assurer d'tre en premire ligne avec Dimitri dansl'espoir que ceux qui nous suivaient chapperaient l'attentionde ces trois gardiens. Mes rflexes dfensifs prirent le dessus etje me jetai instinctivement dans la bataille sans hsiter mais,quelques fractions de seconde plus tard, j'eus pleinement

conscience de ce que je faisais.Je m'tais dj battue contre des gardiens et en avais chaque foisprouv du remords. J'avais neutralis les gardes de la prison deTarasov, ainsi que quelques-uns des gardiens de la reine venusm'arrter. Pourtant, je ne connaissais aucun d'entre eux. Le seulfait de savoir qu'ils taient mes collgues tait assez perturbant.Et l? L, je me retrouvai face l'un des plus grands dfis de

mon existence, si drisoire qu'il puisse paratre. Aprs tout, cestrois gardiens ne faisaient pas le poids contre Dimitri et moi. Leproblme tait que je les connaissais. J'avais rencontr deuxd'entre eux peu aprs l'obtention de mon diplme. Ils


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travaillaient la Cour et s'taient toujours montrs aimablesenvers moi.Le troisime gardien n'tait pas seulement quelqu'un que jeconnaissais. C'tait une amie, Meredith, l'une des rares filles dema classe Saint-Vladimir. Je perus dans son regard un lgermalaise, semblable au mien. Elle aussi trouvait cette situationanormale. Mais c'tait une gardienne, prsent. Elle avait reula mme formation que moi et on lui avait inculqu le sens dudevoir toute sa vie. Elle me prenait pour une criminelle, et medcouvrait libre et prte l'attaquer. La procdure officielle lui

ordonnait de me neutraliser et je n'en attendais pas moins de sapart. C'est ce que moi-mme j'aurais fait si les rles avaient tinverss. Ainsi allait la vie.Dimitri attaqua les deux garons aussi rapidement et aussibrutalement que d'habitude. Meredith et moi nous fmes face.Elle commena par essayer de me plaquer au sol de tout sonpoids en esprant sans doute m'immobiliser le temps de recevoir

des renforts. Sauf que j'tais plus forte qu'elle. Elle auraitpourtant d le savoir. Combien de fois nous tions-nousentranes ensemble en cours de sport ? J'avais presque toujoursgagn... et il ne s'agissait plus d'un entranement. Je repoussaison attaque et lui assenai un coup de poing dans la mchoire enpriant pour ne rien lui casser. Elle resta concentre malgr ladouleur, mais je pris encore l'ascendant. Je la renversai en

l'agrippant par l'paule. Sa tte heurta violemment le sol sansqu'elle perde conscience. Je ne parvins pas dcider si je devaism'en rjouir ou non. Je changeai aussitt de prise pour l'toufferet attendis que ses yeux se ferment. Ds que je fus certainequ'elle s'tait vanouie, je la relchai, le cur gros.Je tournai les yeux vers Dimitri, qui venait de neutraliser sesdeux adversaires. Nous nous remmes en route comme si rien ne

s'tait pass, mais je ne pus m'empcher de jeter un coup d'il Eddie en sachant que mon visage devait trahir mon chagrin. Luiaussi semblait pein, mais il tenta de me rassurer tandis quenous poursuivions notre course vers les garages.


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Tu as fait ce que tu devais faire, me dit-il. a va aller pourelle. Elle aura une bosse, mais rien de grave.Je n'y suis pas alle de main morte... Les mdecins sauront s'occuper de sa commotion. Combiende fois cela nous est-il arriv l'entranement ?Jesprais qu'il disait vrai. La frontire entre le bien et le malcommenait me paratre un peu floue. Avec un peu de chance,il y avait un bon ct cette msaventure : Meredith avait peut-tre t assez surprise de me voir pour ne pas avoir remarquEddie et les autres. Ils n'avaient pas particip l'affrontement et

j'esprais que l'illusion d'Adrian avait continu fonctionner sureux, tandis que Dimitri et moi attirions l'attention sur nous.Nous atteignmes enfin les garages, plus frquents qued'habitude. Quelques Moro taient dj partis. Une noble faisaitune crise d'hystrie parce que son chauffeur avait les cls de savoiture et qu'elle ignorait o il tait. Elle interpellait tous ceuxqui passaient pour leur demander s'ils pouvaient faire dmarrer

son vhicule en manipulant les fils de contact.Dimitri nous fit fendre la foule sans ralentir. Il savait exactemento nous allions et je compris que toute l

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