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  • lcole : espace de cohsion sociale ou scne de violence ?1

    Sarah Van Praet, Sybille SmeetS UniVerSit libre de brUxelleS (Ulb)

    abraham FranSSen,

    FacUltS UniVerSitaireS Saint-loUiS

    1 Sur base des contributions de Benot Galand, John Pitts, Helen Jeffery, Dario Melossi, Esther Massa, Ural Mano, Philippe Vienne, Tim Hope, Herbert Reinke, Klara Kerezsi, Sascha Schierz, Alice Jaspart et Brice Champetier, Emmanuelle Lenel.Cette note de synthse reprend les principaux enseignements et points de dbats du WP 6 Social cohesion and crime prevention , qui sest tenu Bruxelles, les 19 et 20 Fvrier 2009 sur le thme lCole : eSPaCe De CoHSion SoCiale ou SCne De violenCe ? . Prcisons bien quil ne sagit pas dun rsum exhaustif, tant chacune des contributions tait riche, tant aussi cette problmatique a t aborde partir de diffrentes perspectives, tant mthodologiques - des enqutes quantitatives aux tudes ethnographiques - que sur le plan des perspectives disciplinaires - psychosociologique, sociologique, criminologique - et des thmatiques particulires abordes.

    n3115 juin 2009

    Assessing Deviance, Crime and Prevention in Europe. Projet CRIMPREV. Action de Coordination du 6 PCRD, finance par la Commission Europenne. Contrat n 028300.Date de dbut: 1er juillet 2006. Dure 36 mois. Projet coordonn par le CNRS Centre National de la Recherche Scientifique. Site internet : www.crimprev.eu. E-mail [email protected]

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    Synthse des journes dtude Crimprev Social cohesion and crime prevention (Bruxelles, 19-20 fvrier)

    Introduction

    Pendant longtemps sans doute, lunivers scolaire a pu appa-ratre prserv des phnomnes de violences et dinscurit. Depuis une quinzaine dannes, et dans la plupart des pays europens, lespace scolaire est devenu lenjeu de controverses politiques, de recherches scientifiques et dinitiatives locales considrant lcole la fois comme un problme et comme une solution par rapport aux questions de violence et dinscurit. Quelles sont les ralits et les spcificits des phnomnes de violence lcole ? Quelles sont les rponses apportes aux diffrents niveaux ? au regard des enjeux de cohsion sociale et dinscurit, lcole est-elle un problme ou une solution ?

    Pour organiser et articuler les diffrents apports de recherche proposs lors des journes dtude de Bruxelles, nous avons structur notre synthse en quatre questions :

    1 De quoi parlons-nous ? Que savons-nous propos des phnomnes dinscurit et de violence lcole ? 2 Quels sont les modles explicatifs proposs ?3 Quels sont les dispositifs de rponses qui sont mis en uvre dans diffrents pays europens ?4 Quels sont les principaux points de dbat et perspectives approfondir ?

    I - Violences lcole. De quoi parle-t-on ?

    on le sait, particulirement en matire de violence et dinscurit, les donnes ne sont pas donnes . elles sont construites. elles refltent et mettent en uvre des catgories de perception, mi-chemin entre la perception expriencielle, la construction institutionnelle du problme et leur problmatisation scientifique. Particulirement lorsquil sagit dinscurit, il nest pas neutre de dterminer quels indicateurs prendre en compte. Sen tenir aux faits pnaux ? Prendre en compte tous les phnomnes dindiscipline, tels quils sont dfinis par les rglements des diffrents tablissements ou tels quils sont perus par les enseignants ou par les lves ?

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    Dans le champ scientifique galement, lapprhension des phnomnes de violence scolaire est tributaire des perspectives disciplinaires, mettant plus ou moins en exergue tel ou tel niveau (symbolique ou institutionnel par exemple) des phnomnes envisags.

    Schmatiquement, deux perspectives peuvent tre distingues. la premire, que lon dsigne gnralement par violence lcole , met laccent sur les conduites interpersonnelles, dont les protagonistes de lcole sont les auteurs ou les victimes. Cette perspective met en exergue les conduites et les comportements dviants et antisociaux .

    la seconde manire de problmatiser vise davantage la violence de lcole, dsignant par l les violences symboliques et institutionnelles gnres par le fonctionnement du systme scolaire.

    une distinction complmentaire cette premire divergence dapproche oppose les explications qui mettent laccent sur les facteurs et jeux dacteurs internes lcole versus ceux qui mettent en exergue lenvahissement de lunivers scolaire par des phnomnes imports de lextrieur.

    1 - La violence lcole

    une premire approche met laccent sur les conduites individuelles et collectives des lves qui dfient lordre scolaire. les catgorisations proposes par les grandes enqutes de victimation incluent et dtaillent trois types datteintes ou de violences : atteintes verbales, atteintes physiques et atteintes contre les biens.

    Plusieurs constats ont t mis en exergue dans les tudes de victimation prsentes :

    les atteintes les plus frquentes sont les violences verbales, suivies des atteintes contre les biens. les violences physiques sont assez rares. elles sont mme extrmement rares lgard des enseignants ;Ce qui affecte le plus la qualit de la vie dans les coles (violence perue, sentiment dinscurit, dpression)

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    est le rejet par les pairs, suivi par les atteintes verbales rptes et un climat ducatif slectif et stressant ; Pour les enseignants, le problme qui les affecte le plus sont les conflits avec les collgues et avec la direction, suivies des atteintes verbales par les lves, et lindiscipline des lves 2 .

    Ces rsultats soulignent limportance des relations entre pairs, quils soient lves ou enseignants. Ce sont dailleurs les personnes qui se peroivent comme les plus isoles qui sont les plus affectes.

    2 - Lcole, envahie ou prserve ?

    Dans son expos, Helen Jeffery, directrice dun tablissement secondaire dans un quartier a fait tat dune cole totalement envahie par la culture violente de la rue, ses codes vestimentaires, voire la sous-culture des bandes. Cest ici la faible capacit de rgulation de lcole par rapport son environnement extrieur qui est souligne3.

    Dans le mme sens, sur base dune enqute ethnographique dans un tablissement secondaire Bruxelles, Philippe vienne a expliqu comment certains tablissements ont cherch se protger des intrusions, en mettant des gardes de scurit lentre4.

    Pourtant, les situations aigus vcues par certains tablissements ne sont pas une gnralit. Globalement, comme la soulign Benot Galand, lcole apparat comme une aire prserve. le risque de victimation est bien plus faible au sein des tablissements scolaires qu lextrieur, et la plupart des incidents rapports sont attribus des lves de ltablissement.

    2 Rsultats prsents par Benot Galand, Facult de psychologie, Universit catholique de Louvain : Le rle de lenvironnement dans le dveloppement des conduites violentes. 3 Helen Jeffery, Headteacher, George Mitchell School. 4 Philippe Vienne, Institut de sociologie, Universit Libre de Bruxelles : Comprendre les violences lcole.

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    3 - La violence de lcole

    Plusieurs communications ont mis en vidence les logiques plus structurelles dexclusion, dchec scolaire et de marginalisation produites par le systme scolaire. avec des intensits variables selon les contextes nationaux, les systmes scolaires se caractrisent par la hirarchisation de leurs filires et de leurs tablissements, aboutissant une vritable sgrgation des publics, en fonction de leur milieu social et de leur origine ethnico-culturelle. une partie des lves sont relgus dans des tablissements de la dernire chance plus communment considrs comme des coles poubelles. en particulier plusieurs communications ont mis en vidence limportance de la marginalisation scolaire des lves issus des minorits ethnico-culturelles5.

    II - Quels sont les modles explicatifs proposs ?

    on peut distinguer les diffrentes analyses apportes aux phnomnes de la violence scolaire en fonction du niveau explicatif auquel elles se situent. on peut ainsi, de manire classique, distinguer :

    les explications macro-sociologiques qui renvoient des facteurs et des logiques structurelles qui touchent lorganisation de la socit et du systme scolaire dans son ensemble ;les explications mso-sociologiques qui se focalisent davantage sur la dynamique dun tablissement scolaire considr comme une organisation particulire ;les explications micro-sociologiques qui privilgient la prise en compte des caractristiques individuelles et des squences concrtes dinteractions au sein de lcole;

    5 Dario Melossi, Esther Massa, Facolt di Giurisprudenza, Universit di Bologna : The children of immigration, deviance, social control: a study in the schools of Emilia-Romagna ; Ural Mano, Facults universitaires Saint-Louis, Violence symbolique et dynamiques identitaires de jeunes Schaerbeekois ; Klara Kerezsi, National Institute of Criminology, Budapest : Dropping out or being marginalized: Roma children in the Hungarian school system.

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    1 - Les explications macro-sociologiques

    A - Handicap socioculturel et domination symbolique

    un premier type dexplication - que la vulgarisation des sciences humaines a largement contribu diffuser - est celle du handicap socioculturel . les jeunes qui passent lacte seraient le plus souvent des jeunes issus de familles dont le niveau socioculturel et socioconomique est trs bas et qui, faute dun niveau dducation suffisant, ne parviendraient pas exprimer leurs insatisfactions par le langage et en consquence, explosent . ou encore, ces jeunes exprimeraient par leur violence les malaises familiaux quils ressentent et leur dcalage par rapport aux normes (ducatives, scolaires, culturelles) de linstitution scolaire. on retrouve galement une version ethnicisante de ce type dexplications ds lors quil est question des jeunes dorigine trangre dont les difficults lcole tendent tre imputes au handicap que constituerait leur milieu dorigine.

    Ces explications spontanes qui attribuent aux caractristiques des jeunes et de leur milieu social et familial la cause des problmes comportementaux trouvent une autre version, plus critique, dans les explications en terme de domination symbolique et institutionnelle. Si le constat de la plus grande distance des jeunes de milieu populaire et dorigine trangre lgard de linstitution scolaire est partag, il ny est pas tant vu comme une caractristique intrinsque que comme le produit de la domination symbolique et institutionnelle exerce par le systme scolaire lui-mme. la violence lcole serait surtout la violence de lcole au travers des mcanismes de slection et de relgation. les recherches prsentes par Dario Melossi et esther Massa montrant limportance de la stigmatisation qui affecte les lves dorigine trangre.

    B - Les effets diffrencis des mutations socioculturelles

    De manire complmentaire, plusieurs intervenants ont mis laccent sur les mutations socioculturelles qui traversent linstitution scolaire, en affectant de manire diffrencie les diffrentes catgories de jeunes. lexemple des missions de

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    tlralit o les maillons faibles sont limins, non pas tant sur base de leurs mrites ou de leur travail que de leur personnalit , les jeunes sont particulirement soumis aux logiques de comptition du march de lemploi dont les exigences ne cessent de se relever, mais aussi de celle du march scolaire .

    Face ces injonctions, une partie des jeunes se retrouvent dans une situation parfois contradictoire et paradoxale. il y a un foss important entre ceux qui disposent des ressources conomiques, culturelles et sociales de leur autoralisation, et les jeunes la fois exclus du march de lemploi et dpendants de la consommation pour affirmer une identit sociale. on peut ainsi parler dune entre par le haut dans la mutation, partir de ressources fortes (tudes intressantes, voyages ltranger, mobilit, connexion informatique et culturelle...) ; et dune entre par le bas , partir de lexprience de la prcarit ou de lexclusion, de lenfermement dans son quartier. l o les uns surfent , les autres galrent . Dans tous les cas, cest le malaise existentiel de la jeunesse qui constitue le terreau sur lequel se dveloppent des conduites risques , dpressives ou expressives.

    2 - Les explications mso-sociologiques : leffet tablissement scolaire

    Si ces explications structurelles sont incontestables et constituent bien la toile de fond de lapprhension de la violence de et lcole, elles sont pourtant loin dtre suffisantes. Dune part, ces explications ne rendent pas compte des diffrences importantes de trajectoires scolaires au sein dune mme catgorie socioculturelle. caractristiques socioculturelles quivalentes, tous les jeunes ne sont pas galement en souffrance par rapport lcole. Positivement, un certain nombre dentre eux sont mme dans une dynamique de russite et dpanouissement. Des intervenants ont notamment soulign, la russite scolaire accrue des jeunes (et en particulier des jeunes filles) issus de limmigration, condition sociale gale. Dautre part, une explication trop massive ne permet pas dexpliquer et de comprendre pourquoi, public quivalent (du point de vue de lge, de lorigine, de la filire dtude),

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    tous les tablissements ne sont pas galement concerns par les problmes de violence et dchec. les enqutes de victimation autant que les perceptions des acteurs et observateurs de lcole rvlent clairement limportance de ltablissement scolaire comme niveau explicatif.

    Pour une bonne part, ces diffrences sont lies la composition diffrentielle des publics scolaires. alors que les tablissements disposant dune bonne rputation peuvent compter sur une population scolaire stable, les tablissements au bas de lchelle doivent faire face des populations instables dlves, se renouvelant parfois de 65% dune anne lautre et connaissant un important retard scolaire (une partie significative des lves tant dailleurs majeurs). Ce turn over concerne galement les enseignants. Cette hirarchie des tablissements se manifeste galement au travers dun environnement (cadre spatial, cadre de vie) dgrad, par la dqualification de certaines filires de formation dans lesquelles il devient difficile de se mobiliser sur un projet scolaire et social.

    Pourtant, certains tablissements, minoritaires, connaissent une paix scolaire relle malgr une prcarit sociale leve des lves. lenqute de Galand tablit que, populations comparables, certains tablissements semblent davantage crer un climat de violence que dautres. les facteurs qui interviennent positivement sont en tout cas la qualit la fois ducative et pdagogique des relations entre enseignants et lves, la qualit du leadership de la direction, la solidarit du corps enseignant.

    3 - Les explications micro-sociologiques

    De manire complmentaire et corollaire aux thories de la domination et de la relgation, tout en pouvant aisment sinscrire dans un contexte de crise-mutation normative, plusieurs interventions ont mis laccent sur la capacit de rsistance des lves ainsi domins et relgus. les acteurs scolaires, mmes domins, ont des capacits de rsistance6

    6 Willis, 1990.

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    face la culture scolaire dominante. loin dtre de pures victimes du systme , ils cherchent galement tre acteurs de leur exprience scolaire7. partir de ses observations ethnographiques, Philippe vienne a ainsi mis en vidence les multiples ngociations informelles menes par les lves dans leurs interactions avec les enseignants et les ducateurs. Comme les recherches de Franois Dubet lont galement montr, lexprience scolaire se caractrise, simultanment, par ladhsion aux vertus de la scolarit et par des mcanismes de rsistance lemprise de lcole et au jugement scolaire. la rsistance au jugement scolaire et linjustice des enseignants deviennent des thmes forts dans les passages lacte violent lcole.

    Dans le contexte dune institution scolaire qui sest massifie (accueillant des nouveaux publics) alors mme que le sens de son cadre normatif sest affaibli (le rglement ne simpose plus de lui-mme, les frontires du permis, de linterdit, du tolr sont en permanence questionnes), le thme de la justice merge comme une catgorie fondamentale rgissant les rapports entre les adultes et les jeunes lcole.

    III - Quels sont les dispositifs de rponses qui ont t mis en place ?

    Plusieurs niveaux et stratgies de prvention et de rponse la violence en milieu scolaire ont t voqus au cours du sminaire :

    1 - Les rformes globales de lenseignement

    Sous linfluence notamment des enqutes PiSa, la plupart des pays europens connaissent des rformes de leurs systmes ducatifs en vue den accrotre lefficacit (taux de diplms, diminution de lchec scolaire) et lquit. Bien que les journes dtude de Bruxelles nait pas directement abord lanalyse compare des effets de la mise en uvre de ces rformes, on peut toutefois se demander dans quelle mesure ces rformes contribuent rduire, ou au contraire paradoxalement accrotre, lcart entre la promesse dmocratique de

    7 Dubet, 1991.

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    lcole et les logiques effectives de relgation, vcues comme disqualification individuelle. la mme question paradoxale peut tre pose propos des mesures de discrimination positive (affirmative action). Si le principe de donner plus ceux qui ont moins apparat peu contestable, on peut toutefois se demander dans quelle mesure il ne contribue pas figer la sgrgation des publics scolaires, voire les stigmatiser. l galement, une valuation en profondeur sur la mise en uvre de ces rformes et des dynamiques dtablissements quelles gnrent serait ncessaire.

    2 - Initiatives au niveau des tablissements scolaires

    Cest plus gnralement au niveau des tablissements scolaires considrs comme unit daction que sont mises en uvre diffrentes mesures en vue de prvenir et de grer les phnomnes de violence scolaire. Dans sa communication, Helen Jeffery, headteacher dun tablissement rput difficile londres, a soulign limportance dune combinaison de mesures de contrle (surveillance et contrle des accs, limitation des sorties dlves, imposition dun code vestimentaire, tolrance zro contre la dtention darmes lcole) et de mesures favorisant limplication et la mobilisation des diffrents acteurs (possibilit pour les lves de donner leur avis sur les enseignants engager, amlioration des procdures de communication, dveloppement dactivits culturelles participatives). en outre, il sagit pour ltablissement de renforcer les liens positifs avec son environnement social, par ltablissement de partenariats avec diffrents services publics et avec les employeurs, par limplication de la communaut locale.

    en conclusion, les chercheurs insistent sur le fait que, pour que les mesures envisages soient rellement porteuses deffets, ce qui importe est la qualit des processus sociaux qui prsident leur choix et leur mise en application, afin de permettre lappropriation individuelle et collective dune dynamique densemble au sein de ltablissement.

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    3 - Les dispositifs spcifiques de prvention et de gestion de la violence scolaire : la mdiation scolaire

    De manire plus spcifique, le dveloppement dans diffrents pays europens de la fonction de mdiateur scolaire constitue une des rponses privilgies aux difficults perues de violence et plus globalement de relations entre les acteurs scolaires. John Pitts en a prsent plusieurs expriences en Grande-Bretagne, en italie et en Belgique8.

    les mdiateurs qui entrent en fonction ont diffrents profils professionnels (enseignants, psychologues, travailleurs sociaux), mais ils sont surtout choisis pour leurs qualits humaines et relationnelles . la mdiation vise favoriser, conserver ou rtablir le climat de confiance qui doit prvaloir dans les relations entre llve, ses parents et ltablissement scolaire. Quant ses modalits, on peut distinguer :

    le choix dune mdiation interne de premire ligne, localise au sein dun tablissement. la mdiation consiste alors avant tout en un travail relationnel entre les jeunes et linstitution scolaire. lorsque cest ncessaire, elle se ralise aussi par des visites dans les familles, par la concertation avec des membres de lquipe ducative, et avec dautres intervenants sociaux.

    Loption dune mdiation externe de seconde ligne, o le mdiateur est davantage un intervenant externe. le mdiateur a alors un rle daccompagnement des quipes ducatives en place, leur proposant suivis et conseils, des rfrences et des formations pour les rendre autonomes dans leurs dmarches (mise en place de la dlgation dlves dans une logique participative ; cration de lieux de parole, de dialogue, dcoute, de convivialit ; suivi personnalis des lves en dcrochage scolaire, projets concrets et pratiques contre le racket, la maltraitance, les assutudes, etc.)

    8 John Pitts, University of Bedfordshire, Reintroducing Ethnic Minority Children and Young People into Education and Training: The Findings from a Small Five nation Study.

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    Si le principe de la mdiation apparat consensuel, il a t soulign, en particulier par Sascha Schiertz9, que ses usages peuvent tre divergents : tantt elle est considre comme un mode de contrle et de gestion des lves qui perturbent lordre scolaire; tantt au contraire elle peut tre conue comme une action en vue de reconstruire, de manire procdurale, un nouvel ordre scolaire davantage ngoci.

    il a galement t relev que les mdiateurs sont souvent issus des minorits ethniques et culturelles. leur double inscription socio-culturelle leur permet une action de mdiation interculturelle10.

    IV - Questions souleves

    lcole, aujourdhui, nest pas un lieu dinscurit. le risque dy tre victime dune atteinte directe grave y est minime et les faits les plus traumatisants y sont galement les plus rares. Par contre, lcole constitue pour un certain nombre dlves et denseignants un lieu de souffrances. la violence lcole est un symptme qui merge au croisement des rapports sociaux (de domination, de conflit), des dynamiques du systme scolaire (le march scolaire entre coles citadelles et coles poubelles) et du jeu des interactions entre les diffrents protagonistes.

    Si la proccupation par rapport aux phnomnes de violence et plus globalement de qualit relationnelle au sein des coles a suscit un florilge de dispositifs et dinitiatives, ceux-ci se dclinent surtout au gr des contextes locaux et des conceptions nationales de lducation. il faut pointer que la plupart de ces dmarches ne partent pas dun a priori strictement scuritaire, mais participe plutt dune tentative de construire de nouveaux modes de rgulation au sein de linstitution scolaire. en cela, leur valuation doit davantage tenir compte des dynamiques institutionnelles et relationnelles quelles contribuent tablir que dune approche strictement

    9 Sascha Schierz, University of Vechta, ISBS, Abteilung Soziale Arbeit : Building Cultures of Conflict? Discourses on School Violence and Mediation in Germany.10 Ural Mano, Facults universitaires Saint-Louis, Violence symbolique et dynamiques identitaires de jeunes Schaerbeekois ; Klara Kerezsi, National Institute of Criminology, Budapest : Dropping out or being marginalized: Roma children in the Hungarian school system.

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    comptable des phnomnes de violence dont nous avons clairement vu quils taient avant tout un baromtre du climat scolaire au sein des tablissements.

    en conclusion mthodologique, on peut dire quaborder aujourdhui la question scolaire au travers de la catgorie de linscurit et du crime est, politiquement, une fausse bonne ide . Tout dabord, parce cette catgorie, pourtant polymorphe et polysmique ne sest pas impose comme catgorie spontane de perception des diffrents acteurs. il est question de malaise , de difficults relationnelles , d anomie et de sentiment de crise parfois ou encore de violences , mais trs rarement d inscurit et de criminalit . aborder les enjeux scolaires, et ils sont nombreux, au travers de la catgorie du crime, risque donc surtout dalimenter un discours alibi , rduisant la complexit structurelle, institutionnelle et interrelationnelle des diffrentes expriences scolaires une approche par trop univoque.

    inversement, on peut galement dire quaborder la question scolaire au travers de la catgorie de linscurit peut, heuristiquement et scientifiquement, constituer une bonne fausse ide . Fausse ide pour les raisons dj mentionnes, mais bonne nanmoins en cela que, lorsquelle est prise au srieux de manire thoriquement et mthodologiquement solide, lentre par les phnomnes de violence permet denvisager les diffrentes facettes de lcole, dans ses tensions et ses mutations tout en tant lcoute de lexprience et des reprsentations de ceux qui en sont les acteurs. Cest bien cette perspective que nous ont invit les diffrentes communications prsentes dans le cadre du WP 6 Bruxelles.

  • Mentions lgales : Directeur de la publication : Ren LEVY Dpt lgal : en cours ISBN n 978 2 917565 55 1Diffusion : Reproduction autorise moyennant lindication de la source et lenvoi dun justificatif. Maquette : CampingDesign

    Crimprev info n 31 - 15 juin 2009

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    Bibliographie

    Dubet F., Les lycens, Seuil, 1991.Willis P., Moving culture: an inquiry into the cultural activities of young people, london, Calouste Goulbenkian Fondation, 1990.

    abraham Franssen - Facults universitaires Saint-louis - 43, boulevard du Jardin Botanique - B 1050 Bruxelles [email protected]

    Sybille Smeets - Sarah van Praet - universit libre de Bruxelles - 50, avenue du Prsident F. D. Roosevelt - B 1050 Bruxelles

    [email protected]@ulb.ac.be