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Voyage Plongée Thaïlande - Stage Divemaster Khao Lak
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WHO WANTS TO BE A
DIVEMASTER?
Khao Lak
14 février – 31 mars 2015
C. Macqueron, Divemaster ‘Ducky’ DM #359996
Préambule
Je suis parti six semaines à Khao Lak en Thaïlande début 2015 pour y
passer mon diplôme de divemaster, un diplôme professionnel de guide de
plongée PADI (Professional Association of Diving Instructor, association
internationale d’origine américaine).
Pourquoi cette formation ? La réponse est assez simple : parce que j’aime
la plongée, que je souhaite progresser à tous les niveaux (technique mais
pas seulement), parce que j’aime bien faire « quelque chose » lorsque je
voyage plutôt que d’être un simple touriste, parce que la plongée pourrait
être une piste de reconversion professionnelle à long terme, et enfin parce
que j’aime l’aventure et qu’avec 6 semaines de formation de plongée en
Thaïlande, j’étais à peu près sûr d’être servi à ce niveau-là !
Bon, étant ingénieur, ce n’était pas forcément facile de partir 6 semaines
d’affilée. Mais cela faisait 6 ans que je travaille et que, chaque année, je ne
posais pas tous mes congés. Du coup, mon CET (compte épargne temps)
commençait à être suffisamment rempli pour que je puisse y puiser six
semaines sans même avoir besoin de toucher à mes congés de l’année.
Il a ensuite fallu convaincre ma hiérarchie de me laisser partir six semaines.
En temps normal ça aurait été non, mais là, je m’y suis pris comme il faut
en les prévenant avec un an d’avance, du coup ils n’ont pas pu invoquer le
besoin de ma présence sur un projet spécifique (vu qu’ils n’ont jamais de
visibilité sur un an...). Il a quand même fallu remonter à mon N+3, mais
enfin, bref, c’était bon, mes congés étaient validés.
En amont, au-delà de l’achat des billets d’avion et du matériel de plongée
(un divemaster se doit d’avoir l’intégralité de son équipement personnel),
il a fallu que je valide les diplômes de plongée prérequis pour prétendre à
la formation de divemaster. J’étais seulement advanced open water quand
j’ai pris la décision de passer le divemaster, j’ai donc dû valider le rescue
diver ainsi que l’EFR (Emergency First Response) au préalable. (J’ai aussi
passé la spécialité deep diver, mais ça, c’était du bonus, non obligatoire).
Pour ce faire, j’ai fait une semaine de formation dans les environs de
Marseille, chez Au-delà Plongée, un petit club très sympa que je
recommande chaudement. J’y suis allé avec mon pote Charles, et j’en ai
également profité pour « devenir fédé » (pas pédé…), c’est-à-dire pour
intégrer la FFESSM (Fédération Française d’Études et de Sports Sous-
Marins). Jusque-là je n’étais affilié qu’à PADI, ce qui, en France, n’est pas
toujours optimal on va dire. J’ai donc décidé de passer le RIFAP (Réaction
et Intervention Face à un Accident de Plongée) et le niveau 3 de la
FFESSM en plus de ma formation rescue et EFR de PADI.
Pour resituer un peu mon parcours de plongée : j’ai fait mon baptême
lorsque je vivais à Dakar, à 10 ans, en 1995, mais sans que ça ne débouche
sur grand-chose, principalement car nous sommes rentrés en France cette
année-là, et aussi parce que dans la famille on se contentait très largement
de l’apnée. J’ai ensuite refait un baptême lors de vacances en Guadeloupe
en 2002, quand j’étais encore au lycée, puis je me suis inscrit en 2003 dans
une association pour passer le niveau 1 FFESSM avec mon école
d’ingénieurs, avec mon grand frère, mais on a abandonné : il y avait
beaucoup de monde, et puis c’était un peu loin, bref, c’était compliqué. Le
temps a passé. Je suis devenu ingénieur, je commençais à avoir quelques
ronds, et lors d’un premier voyage en Thaïlande, à Phuket, en 2011, je m’y
suis remis, en passant l’open water (plus ou moins l’équivalent du niveau 1
de la FFESSM).
Pendant mon open water à Phuket, en Thaïlande, en novembre 2011
J’ai enchaîné avec l’advanced open water en 2012 (plus ou moins
l’équivalent du niveau 2 de la FFESSM), à Nice, formé par Polo, un pote
triple moniteur de plongée (brevet d’état, moniteur FFESSM et moniteur
PADI). Et, donc, EFR/rescue/RIFAP/niveau 3 à Marseille en septembre
2014 comme je l’ai déjà dit. Pendant toute cette période 2011-2014, j’ai eu
la chance de pouvoir plonger en Thaïlande, aux Fidji, à Nice, à Marseille
et en Indonésie.
Pendant mon advanced open water à Nice, en juin 2012
Au global, j’avais 48 plongées au compteur avant de partir en Thaïlande
pour la formation divemaster. Ce n’est pas beaucoup, mais bon, c’est ainsi,
et puis c’est quand même un peu plus que le minimum requis, qui est de
40 plongées.
Pourquoi ce texte ?
Parce que j’aime écrire, tout simplement. Et puis je sais que ça fait plaisir
à certains de mes proches de lire mes conneries. Et aussi, ça peut servir à
aiguiller certains dans leurs voyages et/ou dans leurs choix de formation.
Du coup, je donne pas mal de détails techniques, notamment sur les
durées, les prix, etc.
Les photos
Je m’excuse pour les photos : il n’y en a pas des masses, et la qualité est
souvent moyenne. Mais bon, on était en formation, pas en safari photos,
donc il est normal que je n’ai pas passé mon temps avec un appareil, et
puis de toute façon je ne suis pas doué pour ça. Quand les photos sont
potables, c’est qu’elles ne sont probablement pas de moi, mais empruntées
à mes collègues ^_^.
Le choix de la formation
En fouinant sur internet, on trouve des centaines d’offres de formation
divemaster. Comment trouver la bonne ? Mon principal critère a été la
durée et le volume de la formation. En effet, pour moi, un guide de
plongée, ça doit avoir de l’expérience, et ça, ça ne s’invente pas. Même s’il
est théoriquement possible d’être divemaster avec seulement 60 plongées
(40 avant de commencer + 20 pour la formation, ce sont les minimums
standards), j’ai cherché les clubs qui proposaient le maximum de choses.
Notamment parce que, même si je commençais avec plus que le minimum,
je savais que ce n’était quand même pas très lourd. Ensuite, je voulais de
l’exotisme, et des mers chaudes. C’est sans doute moins exigeant que les
mers froides, mais enfin, je voulais que cela reste quand même un peu fun.
Enfin, même si je ne cherchais pas du tout à baisser les coûts (vu que je
cherchais du volume, ça aurait été tout simplement contradictoire), je
cherchais quand même un bon rapport qualité/prix. Ainsi qu’en endroit
qui propose vraiment du lourd côté plongées. Et puis, j’adore l’Asie. En
combinant tout ça, et en étant attentif aux retours clients de type Trip
Advisor (mais pas que), j’ai convergé vers la formation de Wicked Diving
(prononcer Wikid Diving), à Khao Lak, en Thaïlande : 41 plongées, dont
27 au cours de 3 croisières de 3 jours chacune aux îles Similan et Surin et
à Richelieu (quelques-uns des meilleurs spots de plongée du monde), 6
semaines de formation, des programmes écologiques et sociaux
intéressants (j’y reviendrai), dans un petit club à taille humaine avec
seulement 4 élèves divemasters par session, le tout pour 2150$, logement
inclus (ainsi que la bouffe pendant les croisières). Pour être tout à fait
honnête, ça ne m’a pas semblé une bonne offre, mais plutôt une putain de
super bonne offre. Il y avait quelques autres formations intéressantes,
notamment à Bali, mais rien ne m’a semblé aussi convaincant. L’immense
majorité consistait en des formations rapides de 15 jours, avec des groupes
jusqu’à 15 élèves en même temps, bref, limite industriel : non merci ! Et
puis, j’avais contacté les différents clubs par email, et là encore, Wicked
Diving atomisait littéralement la concurrence dans ses temps et qualité de
réponse : ça transpirait le solide, l’engagé et le sérieux. Bref, c’était plié.
Wicked Diving propose exactement la même formation en Indonésie, sur
l’île de Florès, à Labuan Bajo. Du coup, j’ai beaucoup hésité entre Khao
Lak et Labuan Bajo, et j’ai finalement opté pour Khao Lak car le logement
y était inclus dans le prix, mais aussi parce que j’avais déjà plongé à Labuan
Bajo et jamais aux îles Similan. Le choix fut cornélien, mais enfin, je ne
pouvais pas être à deux endroits en même temps !
PADI ou FFESSM ? Niveau 4 ou divemaster ?
En France, quand on parle de plongée, impossible de ne pas « tomber »
dans l’éternel débat PADI « versus » FFESSM. PADI est l’indéniable
« leader » à l’international : victoire écrasante par K.O. en termes de
« popularité » et de nombre de plongeurs. En France, c’est évidemment la
fédération française (la FFESSM, donc), qui est « leader ». Et les deux se
mènent la guéguerre, que l’on peut notamment voir sur de nombreux
forums. Un rapprochement a eu lieu il y a quelques années entre les deux
entités, débouchant sur des possibilités d’équivalences et de passerelles
entre les différents niveaux PADI et FFESSM. Ces connexions ont été
annulées par PADI récemment. La Fédé, donc, souvent vue comme
« sectaire », ne serait pas la plus sectaire des deux, tout du moins sur ce
point… En réalité, la question est plus complexe que ça, et est
principalement liée à des évolutions des programmes PADI. Il est possible
que de nouveaux accords soient trouvés. Ensuite, le débat de fond porte
sur la qualité intrinsèque des deux systèmes de formation. PADI est
fondamentalement commerciale, c’est un business, ce qui est souvent mal
vu et raillé par la Fédé. Une blague qu’on entend souvent, c’est que PADI
signifierait « Put Another Dollar In », « PAy & DIve » voire, carrément,
« PAy & DIe »…
Les formations fédérales sont généralement vues comme plus techniques
– et donc souvent comment meilleures et plus sérieuses. Je ne me lancerai
pas dans un plaidoyer pour l’un ou pour l’autre : c’est un débat sans fin. Je
suis certifié dans les deux systèmes (N3 fédéral, divemaster PADI). Mon
sentiment est que les formations fédérales sont, selon les niveaux,
équivalentes, un peu ou fortement plus poussées sur le physique et la
technique, mais parfois moins large sur le pédagogique.
En fait, la plus grosse différence, c’est que chez PADI, en loisirs (la
précision est importante), on ne va jamais au-delà (et même rarement à)
40 m de profondeur, et l’on ne reste jamais suffisamment longtemps à une
profondeur suffisante pour avoir à faire des paliers de décompression.
Alors qu’à la FFESSM, on est formé pour faire de la décompression, et à
partir du niveau 3, on peut aller jusqu’à 60 m de profondeur. C’est la plus
grosse différence, qui donne beaucoup plus d’ « ampleur » à la plongée
fédérale : en allant plus profond, plus longtemps, en s’autorisant la
décompression, on accède évidemment à plus de choses. Chez PADI, il
est tout à fait possible de faire de la décompression et d’aller au-delà de
40 m, simplement, ce n’est plus de la plongée loisirs, c’est ce que PADI
appelle « Tec » : technical diving, ou plongée technique. La plongée loisirs
PADI s’autorise moins de choses que la FFESSM, ce faisant, elle prend
aussi moins de risques et expose donc (beaucoup ?) moins ses plongeurs
aux accidents de décompression. Car une fois qu’on rentre dans la
décompression, on ne peut plus remonter « cash » : il faut faire ses paliers.
La philosophie de PADI, c’est que, en loisirs, on peut remonter à tout
moment en cas de pépin (ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il est
toujours facile de remonter…).
Si on regarde plus précisément le niveau 4 fédéral et le divemaster PADI,
deux formations similaires (mais évidemment non identiques), il en ressort
clairement que le niveau 4 est notablement plus exigeant physiquement et
techniquement que le divemaster (épreuves de natation plus difficiles,
remontées assistées poussées, remontée sans détendeur depuis 20 m,
apnée jusqu’à 10 m). Mais il est aussi moins large, dans le sens où il n’inclut
pas du tout les aspects formation/enseignement : un niveau 4 est guide de
plongée, point barre, tandis qu’un divemaster est guide de plongée mais
également assistant instructeur, il peut donc participer très largement à
l’enseignement des élèves. La formation divemaster inclut également des
éléments de gestion de club, de magasin et de marketing (ce qui, loin d’être
vu comme un plus, est généralement au contraire mal vu par la Fédé,
puisque le côté commercial de PADI y apparaît). Au final, un divemaster
PADI, c’est une sorte de sous-N4 fédéral (physiquement et
techniquement) mais auquel on aurait ajouté des éléments pédagogiques
assez semblables à ceux de l’Initiateur FFESSM.
De toute façon, c’est comme pour tout : je pense qu’il existe des mauvais
divemasters comme il existe des mauvais niveaux 4, un peu comme il
existe de manière générale des bons plongeurs et des mauvais plongeurs
(et des bons chasseurs et des mauvais chasseurs ^_^). J’ai encore
récemment plongé sur Marseille avec une niveau 4 vraiment bien, et un
niveau 3 absolument catastrophique… Et j’étais le seul PADI. Bref.
Il est important de savoir que, en France, un divemaster PADI n’est
absolument pas reconnu et n’aura donc aucun droit d’exercer ses
prérogatives PADI.
Pour plonger en France, il vaut mieux être fédéral. Pour plonger à
l’étranger, autant être PADI (même si en pratique je ne connais pas de cas
où des fédéraux auraient été refusés à l’étranger).
Je n’irai pas plus loin sur ce sujet polémique, à part en mentionnant ce
texte qui, en plus d’être assez drôle, me semble être une synthèse honnête
des deux approches par quelqu’un qui, comme moi, appartient aux deux
systèmes.
Avant de partir : primo, le visa
Pour des séjours inférieurs à 30 jours, il n’est pas nécessaire de faire un
visa pour le Royaume de Thaïlande. Mais comme j’allais y rester 6
semaines, il m’en fallait un. Le site de l’ambassade indique la procédure et
les papiers nécessaires. Il faut notamment une attestation de la banque
comme quoi on a au moins 1500€ sur son compte courant.
J’ai préparé tout mon dossier et j’y suis allé le 23 janvier. J’ai fait
l’ouverture, ça caillait sévère. Une quinzaine de personnes attendaient avec
moi.
Il y a deux guichets, cela prend environ 5 min par personne. Compléter les
papiers chez soi fait évidemment gagner du temps, sinon, il y a une table
et des stylos pour le faire sur place. Pour moi, tout est allé très vite : je suis
arrivé à 9h30 et à 10h10 c’était plié, j’étais sorti. J’avais juste peur de ne pas
avoir certains justificatifs, la procédure étant parfois peu claire. Ils
demandent notamment un titre de séjour en France pour les Français.
What the fuck ? J’ai supposé que c’était du « bluff » et, en effet, pas de
souci. Ils demandent aussi les billets d’avion. L’impression des billets
électroniques est suffisante. Le site officiel de l’ambassade, plein de fautes
de français, est aussi parfois déconcertant, notamment lorsqu’il vous
propose de « cliquer ici ou là ». Pourquoi deux liens pour envoyer sur une
même page ?
Bref. On laisse son passeport et on ressort avec un papier qui dit de
repasser la semaine suivante. Ils donnent une date précise à partir de
laquelle le visa sera prêt.
La semaine suivante, comme prévu, je récupère mon visa, sans soucis.
Avant de partir : secundo, le matériel
Pour le stage divemaster, il faut théoriquement avoir son matériel. En
pratique, il est évidemment toujours possible de le louer. Mais bon, sur 6
semaines, la location n’est vraiment pas super intéressante en termes de
coûts (environ 200€ chez Wicked). Et puis, plonger avec son propre
matériel, s’y faire, s’en imprégner, c’est important, et ce n’est évidemment
pas possible avec du matériel de location : après les 6 semaines, on laisse
le matos, et plus tard, on plongera avec autre chose. Dommage.
J’ai donc acheté mon matériel. J’avais déjà mon tuba, mon masque et mes
palmes (chaussantes, sans straps, je préfère) avec mes « chaussettes ».
J’avais acheté une combinaison intégrale 5 mm basique pour le N3 à
Marseille (90€), mais pour la Thaïlande, je préfère prendre un shorty.
J’opte pour du 1 mm (30€). Une intégrale, ça protège plus (pas que du
froid : ça protège aussi des coupures, des méduses, etc.), mais c’est vraiment
trop chiant à enfiler et à retirer, et puis, ça coupe vraiment trop le contact
avec l’eau. Je suis de ceux qui trouvent que moins il y a de néoprène, plus
on ressent l’eau, mieux c’est : je kiffe l’eau, c’est comme ça ^_^. Bref.
J’avais aussi déjà acheté, toujours pour le N3, un ordinateur de plongée,
un truc basique mais qui gère quand même pas mal de choses (dont le
Nitrox) : le Mares Puck (150€). Mais ils me l’ont vendu avec une pile quasi
vide : après même pas dix plongées, la pile était à plat. Du coup, j’ai gueulé,
et ils ont pris à leurs frais le changement de pile avec requalification du
bloc et acheminement. Et comme la procédure était trop longue pour que
tout soit fait avant mon départ en Thaïlande, ils m’ont prêté gratuitement
un Nemo Wide (bien meilleur que mon Mares Puck) pour toute la durée
du stage, frais d’acheminement inclus. Bref, même s’il a fallu que je gueule
un peu, au final, merci, bravo et respect à La Palanquée News, le magasin
en ligne en question.
J’avais aussi déjà acheté mon gilet/stab, en okkaz, au club où j’avais passé
mon N3 : une Sea Quest, pour 100€.
Il me manquait encore ceinture, compas, sac, pointeur, SMB (grosse
« saucisse » orange fluo que l’on gonfle sous l’eau pour l’envoyer en surface
comme système de signalisation), ardoise et, évidemment, détendeurs (1er
étage, embout principal et embout de secours). J’ai acheté tout ça en neuf
au Vieux Plongeur (qui appartient à Décathlon désormais m’a-t-on dit)
pour environ 340€.
Le tout, mis bout à bout, m’a coûté environ 720€. J’ai aussi acheté une
caméra GoPro (HD Hero 3), dans le doute. Même si je suis pas obsédé
par ces trucs-là, je me suis dit que ça pourrait quand même être une bonne
idée (pas tant que ça au final, mais bon).
Mon équipement complet
14 février
Il est 10h20 quand je quitte mon appart de Saint-Quentin-en-Yvelines.
C’est la Saint Valentin. Il pleut, je suis seul et il fait froid. Bref, ça sent la
loose. Mais je ne me sens pas très concerné, car je suis en partance pour
LA grande aventure. J’ai deux changements de RER et je suis surchargé :
un gros sac à dos façon backpack, mon gros sac de plongée et mon bagage
cabine, pas tout petit.
Le RER B est étrangement vide, je ne vais pas me plaindre, j’ai de la place
et je suis peinard.
J’arrive au comptoir de Qatar Airways pour l’enregistrement. Je demande
si je peux garder mon matériel « critique » de plongée avec moi en cabine.
En effet, les détendeurs, c’est un peu coûteux et je ne voudrais pas qu’ils
soient perdus bêtement. Mais c’est plein de métal, c’est lourd, la fille prend
peur et me dit non, alors que je suis à peu près sûr que normalement c’est
autorisé. Bon, du coup, j’envoie tout ça en soute. J’espère qu’ils ne vont
rien perdre, mais au moins ils ne vont pas me bloquer bêtement à
l’embarquement. J’ai quand même gardé avec moi mon ordinateur et mon
ordinateur de plongée (il ne faut quand même pas déconner). Et mes clés,
aussi. Très important de garder ses clés avec soi. Demandez à mon pote
Boris qui, en rentrant des îles Lofoten, n’avait pas les clés de son appart
car la compagnie avait perdu son sac… Bref.
J’arrive en salle d’embarquement, devant un gigantesque A380. Je n’ai
encore jamais pris cet avion qui m’obsède tant depuis que j’ai, quoi, 10
ans ? Je me souviens que je lisais tout ce qui existait à son sujet à l’époque :
bien avant qu’il ne s’appelle A380, j’étais déjà incollable sur l’ « A3XX »
comme on disait à l’époque. C’est un peu grâce à lui que je suis devenu
ingénieur. Même si la vie a fait que je ne travaille pas dans l’aéronautique,
mais dans le nucléaire. Qu’importe : ce que je kiffe, c’est la mécanique des
fluides, et avec mon boulot, je suis servi ! (Et avec la plongée je vais être
encore plus servi ^_^.)
Bon, l’A380 est quand même bien caché derrière une énorme passerelle,
c’est un peu frustrant. Rien à voir avec l’hypnotisant ballet des A380 de
Korean Air auquel nous avions assisté à Séoul, en transit pour les Fidji.
En attendant l’embarquement, je fais un peu le point. Ça fait un an que je
prépare cette aventure. Au moment de basculer dans le concret, ça fait
bizarre. Et quitter le travail fut une souffrance : non pas que je kiffe mon
job à ce point, non, c’est juste qu’il y avait tellement de sujets ultra
importants en cours que j’ai dû refiler à des collègues (ou abandonner en
pleine action…), que ce fut une sacrée grosse loose. On m’a même lancé,
en réunion, que ce que je faisais s’assimilait à de l’ « abandon de poste » :
bonjour l’ambiance des derniers jours… Bon, j’essaie de ne plus y penser,
j’espère qu’en revenant dans 6 semaines tout ce sera bien passé (mais je
n’y crois pas un instant, et l’avenir me donnera atrocement raison).
C’est l’heure d’embarquer. Sur la passerelle, je vois que la trappe du train
d’atterrissage avant est affublée d’un amusant « PD » ^_^.
Je prends place et, justement, il y en a, de la place ! Je suis en classe
économique, mais quand même, c’est pas mal. Il y a un grand écran tactile,
et la télécommande aussi est tactile ! L’avion est grand, beau, fonctionnel
jusque dans les moindres détails, bref, c’est un triomphe d’ingénierie à tous
points de vue, c’est la grande classe. Je suis tout ému de découvrir enfin
cet « A3XX » tant fantasmé.
C’est l’heure de l’apéro, nous sommes sur Qatar Airways, et on nous sert
de l’alcool si on en veut, j’avoue être surpris. Le poulet est vraiment très
bon.
Après le dîner, dans l’obscurité de la cabine, je termine la lecture de D’autres
vies que la mienne d’Emmanuel Carrère, un auteur français que j’ai découvert
récemment grâce à mon petit-frère avec Le Royaume, et que j’aime
beaucoup. Je ne sais pas ce qu’il se passe, je suis peut-être simplement
épuisé, mais je suis rarement touché comme ça par une histoire : je trouve
la fin du livre, qui parle d’un cancer tragique, absolument bouleversante,
au point que j’ai du mal à me reconnecter à la réalité.
On nous sert un sandwich au poulet, froid, dans le noir. Étrange.
L’atterrissage à Doha se fait au soleil couchant. C’est assez classe, surtout
avec toutes les caméras embarquées sur l’A380, même si l’image n’est pas
toujours très bonne (« C’est de la sous-D » comme dirait mon petit-frère,
comprendre : de la sous-définition ^_^).
Me voilà donc en transit à Doha. J’appréhendais vachement, après mon
dernier transit absolument cauchemardesque à Jeddah en rentrant
d’Indonésie. Mais l’aéroport de Doha est incomparable avec celui de
Jeddah. Ici, tout est grand, beau, propre, frais sans être glacé, ce qui est
parfait. Le wifi est disponible partout, des iMacs géants sont à disposition
en libre-service, les toilettes sont pimpantes, lustrées toutes les dix minutes
avec une réelle abnégation, et il y a même des salles de repos, en semi-
obscurité, avec des banquettes très agréables pour s’allonger. La grande
classe. Et tout est ouvert 24h/24. Il y a des annonces en français pour les
vols à destination de Paris. Putain. Les aéroports de Paris, à côté, c’est tout
pourri. Jeddah aussi.
Je me fais un Burger King avec une glace. Il est possible de payer en euros.
Ils ont tout compris, ici. Je donne un billet de dix euros, on me rend deux
riyals.
Le Burger King qui fait du bien
Je zone dans l’aéroport géant. Je tombe nez à nez avec un A350. Je suis
surpris, je croyais que l’avion n’était pas encore prêt. Je découvre une
pancarte, qui indique que Qatar Airways est la première compagnie à le
tester. Putain. Ils sont surprenants, ces qataris.
Un T-Rex dans l’aéroport de Doha…
Je finis par me poser sur un pouf pour glander. Un Indien regarde un
Bollywood sur son smartphone avec le son à fond… Pfff… J’avoue que
les Indiens me fatiguent vite depuis mon séjour là-bas ^_^…
Je commence (et termine…) Houellebecq économiste de Bernard Maris. Pas
parce que Maris a récemment fait la une avec les autres tués de Charlie
Hebdo, mais parce que je lis plus ou moins tout ce qui parle de
Houellebecq. Bon, le livre est intéressant. Une fois terminé, j’attaque un
nouveau livre : Limonov, d’Emmanuel Carrère (again). Un petit pavé, qui
s’avère passionnant dès le début.
15 février
Vol sans histoire sur un Boeing 777. Il y a juste eu un moment où le
connard derrière moi a gueulé parce que j’ai incliné mon siège, alors que
c’était tout à fait normal, tout le monde le faisait. Bref. J’ai réussi à dormir
un bon gros coup, ce qui n’est pas dans mes habitudes en avion, mais ça
fait grave du bien. Pour une fois, donc, je ne suis pas trop atomisé en
arrivant.
Atterrissage en fin de journée à l’aéroport de Phuket.
Petit aparté : j’aurais pu économiser quasiment 300€ en passant par
l’Ukraine, mais les vols étaient à des horaires impossibles (et je n’avais pas
non plus très envie de transiter par une zone de guerre où l’on abat des
avions civils…). J’aurais aussi pu économiser 150€ en passant par
Bangkok, mais ça m’aurait fait une escale en plus, avec changement
d’aéroport avec mes gros sacs pour reprendre un avion pour Phuket, en
étant à la merci du moindre retard me faisant rater mon dernier vol. J’ai
donc décidé que j’avais (un peu) passé l’âge d’optimiser tous les coûts au
détriment du confort, alors j’ai finalement opté pour ce Paris-Doha-
Phuket très agréable sur Qatar Airways pour 690€ A/R.
La descente de l’avion se fait rapidement, je récupère mes sacs, pas de
perte, je passe la douane avec mon visa, un vendeur me donne une carte
SIM gratos (tout est easy dans ce pays), et me voilà à attendre le taxi que
Wicked Diving est censé m’avoir envoyé (c’est compris dans le prix du
stage).
Je ne sais pas comment c’est possible, j’ai dû me planter quelque part :
nous avons atterri avec une heure d’avance. Je poireaute donc pendant une
heure, dans une chaleur étouffante, à devoir chasser tous les taximen qui
veulent m’arnaquer. Quatre Français à l’air totalement idiot commandent
(méchamment) un taxi pour Patong. Pas difficile de voir qu’ils n’y vont
que pour les filles…
Après une heure pile, avec une pancarte sans faute à mon nom, voilà mon
chauffeur. Ponctuel, le mec ! Il me demande d’attendre, car il est garé plus
loin. Dix minutes plus tard, me voilà donc dans le taxi, en fait un minibus
pour moi tout seul, climatisé et tout, bref pour l’instant pas de vieux plan
foireux ^_^.
La route pour Khao Lak, au nord de Phuket, prend 1h20, tranquille. Le
taxi me dépose pile devant Wicked Diving, sur la grande rue de Khao Lak.
Aoy, une fille du staff, m’explique que mon bungalow ne sera pas
disponible avant après-demain. C’est de ma faute : je suis arrivé avec deux
jours d’avance sur Khao Lak, pour décompresser un peu et me remettre
du décalage horaire avant de commencer. Et je me doutais bien que le
bungalow serait encore occupé, tout ça est logique ; ce qui n’est pas
logique, c’est que je n’ai rien fait pour parer à cette éventualité que j’avais
pourtant très bien envisagée. Bravo moi ! Sur les conseils d’Aoy, me voilà
à la recherche d’une piaule de l’autre côté de la rue. Tout est complet.
Putain… Après quelques minutes, je finis par trouver une chambre avec
clim, pour 950 THB. C’est assez cher, je me serai contenté de beaucoup
plus spartiate, genre dortoir avec ventilo, mais bon, il n’y a plus rien de
disponible, c’est de ma faute, j’assume ! Je change 200€ au taux de 1€ pour
36,31 THB. Pas de commission. Ne surtout pas changer ses euros à
Roissy : le taux y est tout pourri et ils vous glissent une énorme
commission dans le fion. Je m’en étais douloureusement rendu compte à
l’occasion de mon premier séjour en Thaïlande.
Je m’installe dans la chambre. J’ouvre mon gros sac. Il y a manifestement
eu un attentat à la crème solaire : les tubes ont explosé. Il y en a partout.
Putain. J’avais pourtant stocké les crèmes dans des sacs plastiques…
Je meurs de faim. Je descends dans la rue pour voir. Je fais quelques mètres
et je tombe sur un McDo. Oui, il y a un McDo à Khao Lak. Putain. Bon,
il se trouve que j’aime ça, moi, le McDo, et je suis fatigué, donc pour ce
soir ça sera ça (mais j’ai déjà commencé à repérer des petits bouis-bouis
thaïlandais pas chers pour la suite). Pour 205 THB, je me fais un menu
double cheese avec un grand coca. Trop bon.
Je zone un peu dans la rue, je continue de voir si je peux choper une autre
piaule moins chère pour demain, mais je ne trouve rien. Tant pis.
À 20h05, me voilà douché. Il y a quelques fourmis dans le lit, mais bon, ce
n’est pas le genre de truc qui me gêne. La clim est un peu poussive, mais
c’est pas plus mal : j’ai tendance à tomber malade avec ces conneries-là.
Je me couche à 22h30, bercé par le compresseur du frigo.
16 février
Je me lève à 4h du matin. Le décalage horaire fait évidemment des siennes.
J’ai fait des rêves totalement absurdes basés sur la… scintigraphie. Si, si. Il
est 22h en France, du coup je ne saisis pas bien le sens de ce réveil, mais
bon. Je glande un peu, je lis, puis je me recouche à 7h, et me re-réveille à
10h. Je sors me balader, et je trouve un dortoir pour 300 THB, au Sea
Weed Hostel, pile en face de Wicked Diving. C’est un dortoir mais il se
trouve que, là, j’y suis tout seul, c’est plutôt cool. Je joue avec des petits
chatons tout chou. Il fait beau, atrocement chaud. Khao Lak est comme
on me l’a décrite : très calme. Rien à voir avec Phuket, enfin, surtout
Patong. J’avance dans Limonov, c’est toujours aussi passionnant. Pour
déjeuner, je me fais un riz frit à l’ail dans un petit boui-boui, c’est excellent,
pour 80 THB.
Je me pointe chez Wicked Diving. Je tombe sur un type qui a l’air d’être le
boss (c’est bien ça en effet), je lui demande si c’est lui Alex, avec qui j’ai
échangé par email ces derniers jours. Il me dit que non, lui, c’est Keith. Il
est très sympa, on échange un peu, on parle du programme divemaster,
puis il dit, « Ah, voilà Alex ! », du coup je me retourne, et… je tombe sur
une femme ! Le choc. C’est idiot mais bon, avec un nom pareil (Alex),
j’avoue que je n’ai pas envisagé une seule seconde que j’avais affaire à une
femme. Mais aucun problème bien évidemment, c’est cool. Et elle est
plutôt très belle, en plus, alors ̂ _^. Et, donc, Alex, en fait, c’est Alexandra,
mais personne ne l’appelle comme ça.
On discute un peu, elle est super sympa, et me dit qu’elle est très chargée
en ce moment. On se donne donc rendez-vous demain, à 9h30, pour le
démarrage officiel du stage. Ça me va !
Je marche jusqu’à la plage, qui est à environ 300 m de la route qui forme
Khao Lak. Premier bain. Bon, c’est joli, sans être fabuleux, on va dire. Le
ciel est un peu couvert, mais ce n’est pas plus mal car il est 14h et je suis
encore blanc comme un cul, donc ça protège un peu quoi. Il y a aussi une
sorte de brume sur la mer, qui limite pas mal la visibilité.
Dans D’autres vies que la mienne, que j’ai fini dans l’avion, Emmanuel Carrère
raconte aussi l’histoire du tsunami en Asie en 2004. Il y était. Pas ici, à
Khao Lak, lui était au Sri-Lanka, mais enfin, ça m’a marqué. Je ne
connaissais pas le sujet du livre, je l’avais juste entamé car c’était du
Carrère, et tomber sur une histoire de tsunami juste avant que je ne vienne
ici, ça m’avait fait un drôle d’effet. En plus, il explique que, ce jour-là, il
devait aller faire de la plongée, mais qu’il avait finalement renoncé, et c’est
ce qui l’avait sauvé. Bref, pile mon « sujet »… Et, donc, allongé sur la plage,
je repense à cette vague de 14 m qui a tout détruit ici. La vague n’a pas
atteint le centre-ville de Khao Lak, mais elle a tout détruit entre la plage et
la route, et c’est évidemment là que se concentrent tous les hôtels… Tout
le monde ici à Khao Lak a perdu (au moins) quelqu’un. Le sujet est un peu
tabou, on peut le comprendre, aussi bien pour les Thaïlandais que pour les
Occidentaux qui vivent ici. J’ai aussi vu récemment The Impossible, film qui
raconte le tsunami à Khao Lak. Ce n’est pas spécialement un grand film,
mais les scènes du tsunami sont absolument renversantes, elles ont été
tournées dans un décor de plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés,
qui a réellement été submergé par une vague recréée, pas d’images de
synthèse, c’est assez bluffant. Bref.
Je repasse à l’hôtel, je consulte mes mails, et je vois qu’Alex convie tous
les stagiaires pour aller boire une bière dans l’après-midi, avec ceux qui
viennent de terminer et ceux qui sont sur le point de commencer.
Je me pointe donc à Wicked. On boit des grandes bières bien fraîches dans
des mugs. Parmi les anciens stagiaires : Nora, une suédoise, Taryn, une
australienne, Kyle, un américain, et Bus, un néerlandais. Bref, un sacré
mélange. Ils sont tous jeunes, d’environ mon âge. Kyle est grand,
extrêmement baraqué, blond comme pas possible, les yeux bleus et a l’air
parfaitement mais gentiment stupide, bref, on dirait l’ultime cliché du
surfeur. Au cours de la soirée, je révise mon jugement : il est très loin d’être
con, super marrant et extrêmement sympa, il raconte ses looses dans les
exercices en piscine, on se tape des barres de rire. Je me dis que ça me fait
chier qu’il ne soit pas dans mon groupe, tiens. Il doit quitter la « soirée »
car il vient d’être embauché par Wicked pour bosser comme divemaster
sur le bateau qui part ce soir.
Parlons un peu de mon groupe : je suis un peu inquiet. En plus de moi
(donc), il y a Sandra. Je précise tout de suite que ce n’est pas son vrai nom :
je ne dirai pas que du bien d’elle, mais je me suis dit que je lui devais un
minimum d’égard, donc je ne la citerai pas nommément. De la même
manière, je ne montrerai jamais son visage, en tous cas jamais clairement.
Bref. Sandra, donc, a 23 ans. Elle vient d’obtenir son diplôme de prof de
sciences au primaire, est américaine (Texas…). Et elle est obèse. Vraiment.
Je trouve ça incroyable qu’elle se lance dans une aventure pareille avec un
physique pareil. Je lui demande comment elle sent les épreuves de natation.
Elle me dit qu’elle est inquiète (bah oui tu m’étonnes !). Je lui demande si
elle s’est entraînée du coup ou, au moins, si elle s’est testée pour connaître
ses temps. Elle me dit que non, comme si c’était tout naturel. Bon. Ça me
fait chier, pour plusieurs raisons : j’espérais tomber dans un groupe bien
physique pour me botter le cul (je ne suis moi-même pas la sveltesse
personnifiée), eh bah, c’est râpé. Et puis, avoir un énorme thon dans le
groupe (je suis désolé, c’est la vérité), bah c’est quand même moins sympa
que d’avoir une jolie fille, ou même juste une fille normale, quoi. C’est pas
du sexisme ou je ne sais quoi, c’est juste humain. En plus, c’est la grosse
américaine typique, qui parle tout le temps, très fort (elle hurle, pour être
tout à fait précis), qui a un humour catastrophiquement nul, et absolument
aucune culture (pour vous donner une idée, et là ce n’est même plus une
question de culture puisqu’on parle de quelqu’un de mondialement connu,
elle ne sait pas qui est Richard Gere bordel !). Et puis, il y a Rob. Robert.
Un ingénieur canadien retraité. Il relève clairement le niveau. Bon,
physiquement, vu son âge, il ne va pas spécialement beaucoup remonter
la moyenne, mais il est super sympa, cultivé, intelligent, bref, super
intéressant. Et puis avoir un retraité dans le groupe c’est quand même
plutôt amusant. Il est venu avec sa femme, Carol. Elle n’est pas inscrite au
divemaster, elle finit tout juste son open water. Elle a 53 ans et est plutôt
très belle (pour son âge tout au moins). C’est édifiant. Côte-à-côte : Sandra,
23 ans, un thon absolu, et Carol, 53 ans, beauté à peine fanée. J’ai du mal
à comprendre comment on peut en arriver là, mais bon, c’est ainsi. Le
quatrième stagiaire n’est pas encore arrivé. Un certain Mitch, qu’on ne
verra que demain. J’espère qu’on va pas tomber sur un gros blaireau (ou,
pire : un gros connard). Je discute un peu avec Rob des épreuves
physiques, il s’est penché sur le sujet, il a une idée de ses capacités et de
ses temps. Il semble bien raisonnable. Bon, chacun a des choses à
organiser pour son arrivée ou pour son départ (sauf moi, déjà posé au
dortoir d’en face), on se sépare donc en début de soirée. Le premier
contact est positif (à part Sandra… bon, elle n’est pas méchante, au
moins), j’ai hâte d’entrer dans le vif du sujet ! Anticipons : Sandra galèrera
grave sur les épreuves de natation. Mais elle y parviendra. Tout juste, à
l’arrache totale, façon minima, mais elle y arrivera. Certains diront que ça
en dit long sur la qualité des formations PADI. D’autres se diront qu’elle
n’était pas si nulle que ça. Mon cœur balance. En fait, il est indéniable que
les minima requis en natation ne volent pas super hauts, notamment en
comparaison du niveau 4 de la FFESSM, comme je l’ai déjà dit. Et je
trouve ça très dommageable, je pense que PADI devrait augmenter le
nombre d’épreuves physiques et leur difficulté. Mais disons que quand on
est sérieux, on essaye de viser les bornes hautes des standards, et là, il faut
quand même un peu s’accrocher. Soulignons aussi que la natation ce n’est
pas l’alpha et l’oméga, il faut aussi avoir la technique, l’intelligence, etc. Le
problème, c’est que Sandra est catastrophique sur à peu près tout… Bon,
je suppose que je force le trait, et qu’elle est moi, on était juste à 100% pas
compatible.
Une partie de la Team
Le soir, je dîne au Ann Restaurant. Le nom n’est même pas indiqué, c’est
tout près de Wicked, à l’angle de la route qui mène aux bungalows de
Wicked. Ce petit resto, qui fait aussi mini supermarché, me fera office de
« cantine » cheap pour les semaines à venir quand je voudrai faire un truc
simple et/ou que je serai seul. La femme (qui est aussi la proprio, je le
découvrirai plus tard, de nos bungalows) n’est vraiment pas souriante, et
même, disons-le, vraiment pas sympa (Carol la traitera plus tard de
« fucking bitch »…). Son mari est en revanche un super brave type, sympa,
souriant et serviable. En tous les cas, c’est plutôt bon, pas cher, et
raisonnablement proche des bungalows. Alex me dit qu’elle est tombée
malade après avoir mangé ici, moi, jamais.
Je me fais un riz frit à l’ail et aux œufs (60 THB). C’est une pure tuerie,
même si j’ai peut-être un peu trop chargé en piment… Un gros Français
antipathique boit de la bière en attendant sa pute d’un âge avancé. Bref,
exactement le genre de truc qu’on s’attend à voir en Thaïlande mais qu’on
aimerait bien ne pas voir. Je le recroiserai souvent, celui-là, mais c’est à peu
près le seul sur Khao Lak, qui est globalement très calme et très saine de
ce point de vue.
Il y a partout des photos du roi de Thaïlande. Je lui trouve un air vraiment
niais, notamment avec ses grosses lunettes et ses oreilles décollées, mais
bon, on ne rigole pas avec le roi en Thaïlande ; je m’abstiendrai donc de
tout commentaire pendant mon séjour.
Pour le dessert, je me fais deux cônes au McDo : j’ai toujours adoré les
glaces du McDo, et là, à 15 THB la glace, c’est un rapport qualité/prix
absolument dément, donc je vais me gaver !
Je rentre au dortoir, comme prévu je suis tout seul dans cette grande
chambre pour 6. Je m’endors vite, aidé par le décalage horaire et bercé par
le ventilateur.
17 février
Je me suis fait une méchante insomnie de minuit à 5h30. Foutu jetlag !
Je me lève à 8h30. Je sors pour tenter de prendre un petit-déjeuner, mais
tout est fermé. Peu de choses ouvrent avant 10h ici, pas même le Mc Do.
L’échec. Je meurs de faim. Je finis par prendre un Fanta et un yaourt dans
une supérette.
Me voilà à Wicked pour le grand début. On commence évidemment par
de la paperasse. On doit aussi verser 5000 THB de caution pour les
bungalows (on nous annonce qu’à la fin on ne nous rendra que 4500, les
500 restants étant pour les factures d’eau et d’électricité). Nous
rencontrons enfin Mitch, Mithra de son vrai nom (inusité), une espèce
d’indo-canadien d’une quarantaine d’années, gigantesque (il doit faire 2 m
de… circonférence ^_^) et totalement improbable, infirmier, toujours
motivé. Il sera mon voisin de bungalow pour les 6 semaines à venir. Il est
excellent, ça fait plaisir.
Petite pause, que l’on prend dans le shop directement. Il y a un distributeur
d’eau glacée (bonheur) et d’eau chaude pour se faire du café (mais perso
par cette chaleur c’est pas mon kif). Je discute un peu avec Bus, l’ex-DMT
néerlandais. Je lui rachète son couteau de plongée (je n’en ai pas et Alex
insiste) pour 400 THB.
Le coin vente de matos du shop
Les bureaux
La salle de cours se trouve au-dessus de la salle principale, au premier
étage. La chaleur est épouvantable dans l’escalier, mais la salle est
heureusement climatisée. C’est un peu bas de plafond, il n’y a pas de
fenêtre (juste un petit trou dans le toit), les chaises sont un peu fatiguées,
bref, ce n’est pas de la première fraîcheur, mais ça reste tout à fait
convenable. Pour la théorie, Alex passe des PowerPoint avec son Mac. En
petit groupe de 5, c’est vraiment bien.
Alex nous donne une copie du « Wicked Agreement », qui est une sorte
de contrat de conduite. C’est du classique, mais toujours bon à rappeler. Il
est notamment bien indiqué qu’aucun dérapage ne sera toléré en ce qui
concerne l’alcool, qui doit être consommé de manière plus que modérée
pendant notre temps libre et est totalement prohibé les journées de
plongée.
Nous devons également nous acquitter de 9000 THB pour l’achat du « kit
divemaster PADI », qui comprend la sacoche, le livre de cours,
l’encyclopédie sur la plongée, l’eRDPML [table électronique], l’autocollant
officiel (qui sert de preuve d’achat et d’identifiant dans le système PADI)
et le classeur. C’est un peu cher pour ce que c’est, je vous l’accorde. Les
mauvaises langues diront que c’est du PADI tout craché… Mais c’est à
peine plus cher que le kit rescue, et beaucoup plus fourni.
Le kit divemaster PADI
Et puis, mon classeur est pété, ça commence bien ! Alex en commande un
autre immédiatement.
La première matinée se termine tranquillement. Ça s’annonce excellent.
J’ai parfois un peu de mal à suivre car tout le monde dans le groupe parle
l’anglais nativement (Alex est anglaise, « la grosse » est américaine avec un
accent comme pas permis et les deux autres sont canadiens), mais
globalement ça va. Mon expression orale est un peu rouillée, je vois que
ça fait parfois sourire Alex (et ce sera bientôt à l’origine de mon mythique
surnom…), mais ça va, elle est bienveillante, et au final je me remets vite
en selle .
Très vite, je trouve le surnom de Mitch : Mitchalodon (en rapport à sa
taille), ça fait marrer tout le monde (y compris le principal intéressé
heureusement ^_^).
Bref, nous voilà tous les quatre officiellement « DMTs » (DiveMasters
TraineeS), soit « élèves divemasters ». C’est ainsi que nous apparaissons
sur les deux gigantesques tableaux/planning du club.
Alex nous file nos t-shirts officiels Wicked Diving. J’opte pour celui avec
la tortue. Ils sont tous très beaux, mais l’impression est épaisse et en
plastique, pas franchement des plus agréables (surtout en pays chaud !).
Mitch est tellement massif qu’il ne rentre même pas dans du XXXXL…
La fin d’après-midi approche, Alex nous dépose avec l’énorme 4x4 du club
dans nos bungalows. Ce sont quatre bungalows de taille raisonnable, situés
à 10 minutes à pieds du club, un peu perdus dans la jungle. Khao Lak n’est
déjà pas très animée, mais là, c’est carrément le trou ^_^ ! Rob trouve très
vite un surnom aux bungalows : les « jungalows » (mélange de jungle et de
bungalow pour ceux qui n’auraient pas suivi).
La route vers les jungalows
Les jungalows, donc : de modestes constructions en dur environnés de
verdure, avec une salle de bain avec douche, une chambre et un balcon.
Pas de cuisine, mais un petit réfrigérateur, c’est déjà très bien. Un grand lit
double aux ressorts durs comme du béton. Une table, deux chaises, un
ventilo qui fait pas mal de bruit mais qui brasse quand même pas mal d’air.
Un peu spartiate mais éminemment correct. Et, surtout, le wifi, joliment
dénommé « DMT Village » ! Bon, le réseau n’est pas des plus puissants,
surtout pour moi et Mitch qui sommes assez loin de la borne qui est à une
trentaine de mètres, sur la terrasse de Rob et Carol. En gros, je ne capte
pas dans ma chambre, mais sur le balcon oui, c’est bien suffisant.
Je m’installe rapidement, puis je pars changer de la thune en ville.
Notre « jungalow » (Mitch à gauche, moi à droite)
Bon, c’est pas tout ça : on part s’envoyer quelques bières et cocktails entre
DMTs. Le Cuba Libre est à 99 THB au Dream Bar. Le cocktail n’est pas
fameux (et même un peu dégueu…), mais c’est pas grave, ils ont un petit
chiot tout chou, du nom de Donut, une sorte de copié-collé de celui de
Labuan Bajo, et ça suffit largement à mon bonheur .
***DONUT*** Le p’tit chou !
Mitch picole sévère (3 mojitos en 20 minutes !) et offre sa tournée. Un peu
bourrés, nous partons dîner au Banana Dive Inn, situé sur la petite route
perpendiculaire à la route principale, plus ou moins à mi-chemin entre le
club et les jungalows. La taulière est très sympa, elle fait de la boxe thaï
(effectivement on n’a pas envie de lui chercher des noises). Alex nous avait
prévenus : c’est ultra copieux, ultra bon et ultra bordélique. Tu demandes
un plat, tu te retrouves avec autre chose (classique, en Asie, ai-je envie de
dire [cf. nos aventures hong-kongaises] ^_^). Beignets, samossas, onion
rings, curry, riz, poulet, bières, c’est l’orgie (290 THB). Mitch, Rob et Carol
sont toujours aussi sympas et excellents (et Sandra est toujours aussi
horripilante, si bien que cette dualité plaisir-horreur sera plus ou moins
constante pendant ces 6 semaines…). Repus et épuisés, nous nous retirons
dans nos jungalows. Je me douche, puis glandouille un peu sur internet.
Un chat roux s’invite et s’endort sur mon pieu en ronronnant. Tout ça
s’annonce plutôt sympa.
Le chat roux (aussi connu sous le nom de « asshole », cf. plus loin)
18 février
J’ai passé une bonne nuit, même si, globalement, le lit est quand même
plutôt bien pourri. Je suis réveillé par Mitchalodon qui écoute du Michael
Jackson à fond. Je me dis qu’il va falloir que je lui en parle, paske bon…
J’aime bien Jackson, mais aussi fort, le matin, moyen.
Ce matin, Alex nous emmène à la salle d’équipement, où Wicked stocke
tout son matos. C’est un grand local, situé à environ 200-300 m du shop.
C’est mitigé. Il y a de bonnes choses et de vraiment mauvaises. Je vous
livre ici mon ressenti global suite aux 6 semaines de stage : c’est grand mais
pas assez au moment du rush où l’on prépare le Mariner (le bateau de
croisière de Wicked), c’est super mal aéré (ce qui est vraiment très nul pour
sécher le matos, surtout dans un pays aussi humide, et ultra nul quand il
fait ultra chaud) et, surtout, la zone de rinçage et de séchage du matériel
est vraiment toute pourrie : c’est à l’extérieur, sur un trottoir d’à peine un
mètre de large, qui donne sur la jungle et un petit marigot dégueulasse. Le
trottoir est glissant, les tuyaux d’eau mal connectés, les bacs de flotte
fuyards, les fils et cintres pour étendre le matériel pas assez nombreux. On
n’y accède que par une petite porte, tout le monde se bouscule, bref,
quelque part, c’est un triomphe de l’échec ergonomique. En plus, ça donne
sur l’extérieur, ça n’est pas protégé, alors quand on laisse le matos sécher,
n’importe qui pourrait venir le voler (ça arrive parfois, apparemment, mais
rien à signaler pendant nos 6 semaines). Je ne comprends pas que Wicked
ne fasse pas quelque chose, en agrandissant la plateforme, en la décapant,
et ajoutant des bacs, des tuyaux, en montant des murs pour fermer, des
grilles pour aérer, bref, ça n’est pourtant pas compliqué à imaginer, et
même si ça coûterait un peu cher (et encore), ce serait une formidable
avancée pratique (et de confort). On en a parlé à Alex, elle a admis que ce
n’était pas optimum, mais sans plus. Étrange. C’est excessivement curieux,
d’autant plus que sur quasiment tout le reste, Wicked est vraiment au top.
Je ne comprends pas comment ils peuvent en rester là. Bref.
Concernant le gonflage des bouteilles : Wicked ne possède pas de
compresseur (à terre, sur le Mariner il y en a évidemment un), et sous-traite
donc le gonflage à Sea Dragon, un grand club de Khao Lak. Ce qui
suppose des allers retours nombreux (voire incessants…) chez Sea Dragon
et un comptage compulsif des bouteilles. Dans l’absolu ce n’est pas
choquant : un compresseur est un vrai investissement, et demande
beaucoup d’entretien. En plus, Wicked reste un petit club, surtout pour
les activités en dehors du Mariner. Donc ça se comprend. Et puis ça évite
d’avoir un monstrueux bordel qui pétarade et qui pue les gaz
d’échappements, ça n’est peut-être pas plus mal (parce que le compresseur
sur le Mariner, bonjour…). C’est juste chiant de passer son temps à
poser/récupérer des montagnes de bouteilles chez Sea Dragon. Mais, vous
savez quoi ? C’est aussi ça le métier de la plongée ! Donc on la ferme et on
subit, c’est normal, c’est le « jeu » ^_^ !
Dans la salle, ce n’est pas trop mal organisé : bouteilles vides d’un côté,
bouteilles pleines de l’autre, un manomètre pour les tester. La bouffe et les
boissons sur de grandes étagères. Les combinaisons et les stabs sur des
cintres, rangées par tailles. Les masques, les palmes et les chaussons sur
d’autres étagères. Deux grands tableaux pour inscrire ce qui est en stock
et ce qui est de sortie, avec qui, où, pour combien de temps. Les sacs, où
l’on range les équipements des clients, avec des étiquettes à leur nom, puis
les sacs de matériel de rechange. Des outils, des pièces de secours (straps,
embouts, etc.). Enfin, le matériel de secours (bouteilles d’oxygène, kits
médicaux). C’est plutôt pas mal, du moins en théorie. En pratique, au
moment du rush, chacun a sa façon de préparer le matériel et de manager
l’équipe, chacun a sa façon de remplir le tableau, et ce manque de
cohérence générale (et parfois de leadership aussi je dirais) engendre assez
fréquemment un beau bordel. Et quelques loupés, aussi, mais étrangement
assez peu, comme quoi, finalement, je râle peut-être beaucoup pour pas
grand-chose, puisque ça ne marche pas trop mal du tout.
Pour une sortie à la journée, en gros, ça se passe comme ça : on prépare le
maximum de choses le soir précédent la sortie. On a le nombre de
plongeurs, leur taille et la liste de ce dont ils ont besoin (équipement
complet la plupart du temps, car c’est rare qu’ils aient du matos avec eux).
On prépare un sac pour chaque plongeur, avec une étiquette à son nom.
Puis on prépare un sac avec un matériel de secours complet en cas d’oubli,
d’erreur ou de panne. Pour ce matos de rechange (« spare » en anglais),
comme on ne peut pas prendre toutes les tailles, on prend une taille
« moyenne » du groupe de plongeurs. On prépare aussi la boisson : 1,5 L
d’eau minérale minimum par personne, plus 2 soft drink par personne
(canettes de 33 cL, on prend un mix de Coca, Fanta, Ice-Tea, Sprite, etc.).
Ensuite, on prépare le « save-a-dive kit » qui contient des outils et des
petites pièces de rechange (embouts par exemple) puis, évidemment, le kit
de secours : bouteille d’oxygène pur, avec toute la connectique, le
téléphone satellite si nécessaire, les numéros à appeler en cas d’urgence,
les fiches de procédure de secours, et la pharmacie : aspirine, eau chaude,
vinaigre, bandages, pansements, etc. On prépare également le lestage,
généralement on prend 5 kg par personne, stocké sur des ceintures,
séparément des sacs de matos. Les bouteilles sont parfois préparées la
veille, mais pas toujours, ça finit généralement en urgence au petit matin.
Les repas sont amenés le matin même par Pe-Toy. Pour finir, chaque
membre du staff prépare son propre matos, dont il est évidemment
responsable.
Pour le Mariner, c’est pareil, mais en beaucoup plus massif, je vous raconte
pas le bordel de la préparation pour 20-24 clients + le staff + les
montagnes de bouffe pour 3 jours…
Après cette visite du store room, où nous passerons beaucoup de temps
les 6 prochaines semaines, Alex nous donne un cours de matériel, sur les
principales pannes, comment gérer le matériel défectueux chez Wicked,
etc.
On fait un petit point sur le matériel, du coup. De mon côté, j’ai quasiment
tout. J’achète juste, pour environ 1300 THB, le flexible entre ma stab et
mon détendeur, un sifflet de signalisation, ainsi qu’une corde avec
enrouleur et un mousqueton. Les autres avaient besoin de pas mal de
choses, ils passent donc commande. J’hallucine quand je vois les prix des
ordis de plongée : environ deux fois plus cher qu’en France (le reste est
tout à fait correct). Mitch et moi avons tous deux un Nemo Wide (une
belle bête massive mais classe et surtout très lisible avec son grand écran)
qui a tapé dans l’œil de Rob. Il achète donc le même. Alex présente les
différents types de SMB, et il s’avère que le mien est réputé pour être bien
mais très fragile. Alex me dit qu’il ne tiendra probablement pas très
longtemps en croisière. On verra bien !
Nous déjeunons avec Bus, qui part bientôt pour un mois au Vietnam. Il
aura passé 6 mois en Asie. Je me fais un classique nouilles-nems-coca
(130 THB). Nous allons ensuite au bureau de l’immigration avec Alex,
pour qu’elle nous « déclare ». Le bureau en question est une roulotte en
plein cagnard en bord de route. Les palabres s’éternisent, Alex nous dit
qu’elle n’a pourtant jamais eu de problème, mais là, ça coince. Les flics
veulent voir le propriétaire des jungalows. Alex l’appelle, voilà donc la
proprio (la « méchante » dont j’ai déjà parlée, donc ^_^) qui rapplique en
scooter, mais apparemment ça ne va toujours pas, les flics veulent voir un
contrat, la proprio les envoie chier. Grosse ambiance. Pendant ce temps-
là, nous cuisons en plein soleil… Alex abandonne et nous dit que, de toute
façon, même si nous devenons de fait des « hors la loi », tout le monde
s’en fout, ça n’est pas bien grave.
Nous retournons au club pour avancer dans le cours théorique et voir plus
en détails ce qui nous attend pendant la formation, dont voici le contenu,
tel que défini dans le Manuel Instructeur officiel de PADI :
lecture du manuel divemaster, avec complétion des revues de
connaissances
validation de l’examen final sous forme de QCM
création d’un EAP : Emergency Assistance Plan (rédaction illustrée
d’un plan de secours) pour un site de plongée donné
validation des exercices physiques (waterskills exercises) (12 points
minimum) :
o 400 m nage libre sans aucun équipement entre moins de 6 min
30 (5 points) et plus de 13 min (1 point)
o 800 m en snorkeling entre moins de 14 min (5 points) et plus
de 21 min (1 point)
o pousser ou remorquer un plongeur en surface, les deux
plongeurs étant intégralement équipés, sur 100 m, entre moins
de 2 min 10 (5 points) et plus de 5 min 30 (1 point)
o se maintenir en surface sans la moindre assistance ni
équipement de flottabilité pendant 15 min, avec les mains hors
de l’eau pendant les 2 dernières minutes (5 à 1 points)
validation d’un exercice de sauvetage de plongeur inconscient : mise
à l’eau, récupération sur le fond, remontée contrôlée, appel à l’aide,
déséquipement, insufflations en surface tout du long, remorquage,
sortie de l’eau
démonstration des 24 skills (compétences) en piscine (chaque
exercice est noté de 1 à 5, il faut totaliser au moins 82 points, avoir
au moins 3 à chaque exercice, et avoir au moins un 5/5) :
o 20 exercices de scuba diving (plongée bouteille)
o 4 exercices de snorkeling (palmes-masque-tuba)
exercices pratiques :
o dive set up and management (préparation de site et
management) : choisir un site de plongée selon les besoins et
niveau des plongeurs, préparer l’équipement de secours (first
aid kit, oxygène, bouées, etc.), accueil des plongeurs, gérer le
compte des plongeurs avant la mise à l’eau et après la sortie,
préparer la signalisation du site (drapeau, etc.) et la ligne de
descente, écoute des besoins des plongeurs, etc.
o mapping project (cartographie) : création d’une carte d’un site
de plongée
o dive briefing, avec au moins les points suivants : nom de site
(et pourquoi), description du site, description du rôle du guide,
points d’entrée et de sortie, procédures de plongée, procédures
d’urgence, signes spécifiques au site, système de comptage des
plongeurs, orientation sur site, pre-dive safety check
o research & recovery (recherche et récupération) : recherche
d’un objet sous l’eau selon différentes méthodes adaptées à la
situation, petit objet et gros objet (10 kg), exécution des nœuds
d’attache en vue de la récupération, remontée et récupération
du gros objet avec un outil approprié (ballon gonflable par
exemple)
o deep dive scenario (plongée profonde) : réaliser une plongée
profonde, avec préparation d’une bouteille de secours installée
à la profondeur du palier de sécurité, descente selon une
procédure appropriée (le long d’une ligne par exemple) à
vitesse maîtrisée, navigation au compas autour de la ligne,
remontée à vitesse appropriée, palier de sécurité de 3 min à
5 m sans se tenir à une ligne
o échange intégral de l’équipement avec son partenaire, sous
l’eau, avec utilisation d’un seul détendeur pour deux
exercices du rôle de divemaster :
o scuba review en piscine : réaliser une session de revue des
compétences d’un plongeur certifié mais nécessitant un
« rafraîchissement » : préparation du matériel, explication de la
séance, réalisation des exercices, vérification de leur bonne
reproduction par le plongeur, identification, correction et
explication de ses erreurs, etc.
o skin diver et snorkeling : donner un cours
o discover scuba diving : baptême de plongée en assistance d’un
instructeur en piscine (un divemaster n’est pas habilité à faire
un baptême seul sans instructeur), guidage d’une plongée en
milieu naturel
o discover local diving : guidage de plongeurs certifiés en milieu
naturel : évaluation des conditions de plongée, briefing,
procédures, guidage, gestion des problèmes, déploiement du
SMB, remontée, sortie (ici c’est plus une simulation que de la
situation réelle, avec des jeux de rôle, notamment pour les
problèmes)
practical assessments (nom étrange car un peu trop générique à mon
goût, qui correspond en fait au rôle d’assistant instructeur et de guide
de plongée) :
o assister un cours d’open water en piscine et en milieu naturel
o assister un cours de « Continuing Education » (advanced open
water, rescue, etc.)
o guidage de plongeurs certifiés en milieu naturel et conditions
réelles
professionnalisme : grande catégorie générale, chère à PADI :
dynamisme, proactivité, acceptation et respect des procédures, mise
en avant permanente de la sécurité, rôle de mentor, attitude positive,
respect des autres et de l’environnement, look, etc.
(Petit aparté a posteriori, je me rends compte qu’hormis quelques petites
choses, tout a été suivi à la lettre par Alex et le staff, notre formation est
donc quasi complète. Les seuls petits écarts, si je devais en signaler, sont
les suivants. Sur l’exercice de plongée profonde, nous n’avons pas mis en
place de bouteille de sécurité à la profondeur du palier. À la place, Alex a
emmené une bouteille de secours avec détendeur complet avec elle. Ce qui
est tout à fait justifié. J’aurais juste aimé, comme je le dirai plus tard, que
nous ayons tous emmené une bouteille de secours. Ça n’est pas nécessaire
que tout le monde en ait une, mais pour l’exercice ça aurait vraiment été
bien. Toujours sur la plongée profonde, nous n’avons pas fait de
navigation autour de la ligne. Mais bon, on a fait pas mal de navigation
pendant les 6 semaines. Certes pas à grande profondeur… Ensuite, nous
n’avons pas guidé de plongée en milieu naturel de type baptême. Ça, c’est
dommage, c’est un manque. Nous avons guidé beaucoup de plongées,
mais avec des plongeurs certifiés, pas sur des baptêmes, où les choses sont
nécessairement un peu différentes. Ceci dit nous avons assisté des élèves
open water en milieu naturel, donc totalement débutants aussi. Ça ne doit
pas être trop éloigné de ce qu’on aurait dû faire en baptême. Concernant
le guidage en milieu naturel, Alex ne nous a pas spécialement fait faire de
jeux de rôle avec de la gestion de problèmes. Elle a dit à demi-mot qu’elle
considérait que lors de nos guidages en conditions réelles, des problèmes,
nous allions en rencontrer, et que cela suffirait. C’est vrai que nous avons
eu à gérer des descentes difficiles, des oublis de matériel, des pertes de
palme, des gros consommateurs, des gens qui n’arrivaient pas à gérer leur
flottabilité, qui ne tenaient pas leur palier, des plongeurs fatigués, d’autres
qui lâchent la corde de remorquage, etc. Et puis, en piscine, tous les
exercices d’assistance et de sauvetage ont été faits et refaits, et on en a aussi
vu plein lors de l’assistance sur le rescue. Je dirais donc ceci : il y a peut-
être eu un léger manque sur le papier, mais en pratique, le job a été plus
que largement fait. De manière générale, parfois, tout n’a pas été fait d’un
bloc, mais en pointillés sur les 6 semaines, tout a indéniablement été traité.)
Retour au récit du 18 février : à l’énoncé du programme, que je connaissais
déjà évidemment dans les grandes lignes, je suis à la fois excité (ça a l’air
excellent), un peu inquiet (ça s’annonce quand même chaud sur certains
trucs notamment le sauvetage) et serein (la partie physique : je me suis
entraîné, mes résultats sont bons).
Je constate qu’il n’y a pas de remontées assistées au programme. C’est vrai
que c’est parfois un peu coton comme exercice, même si au final je m’en
étais vraiment bien tiré pendant le N3 et que j’aurais bien aimé en refaire.
Interrogation : pourquoi PADI ne s’y met pas ? En fait, PADI nous fait
bien faire de la remontée assistée (plongeur inconscient ou binôme
conscient) mais c’est moins technique qu’à la FFESSM. En fait, c’est un
point sur lequel on insiste et travaille beaucoup à la fédé, un peu parfois
comme si c’était l’alpha et l’oméga de la plongée, alors que chez PADI ça
n’est qu’un élément parmi d’autres.
Bref.
La principale source de « pression » dans le programme, c’est évidemment
sur les exercices de guidage : lorsqu’Alex et les autres instructeurs nous
estimeront prêts (et il ne faudra pas trop traîner…), nous serons amenés à
guider des groupes de vrais plongeurs/clients, du briefing au debriefing,
en passant bien évidemment par toute la gestion de plongée sous l’eau.
Avec la garantie d’avoir quelques surprises, la réalité de la plongée étant ce
qu’elle est ! Bon, pendant la formation N3, j’en ai déjà fait un peu, du
guidage. La différence, c’est qu’ici, ce sera plus intensif, sur un assez grand
nombre de plongées, avec des groupes jusqu’à 4 plongeurs (voire plus…),
qui seront pour certains des novices (alors que pendant la formation N3
on était entre N3, donc quand même déjà d’un certain niveau et d’une
grande rigueur). Au début, nous nous entraînerons entre nous, l’un jouant
le rôle du guide et les autres le rôle des plongeurs/clients, le tout sous l’œil
« inquisiteur » d’Alex (ou autre) puis, le moment venu, sur le Mariner et
pendant les day-trips, il faudra se confronter à la réalité !
La journée prend fin, je suis claqué, je m’achète quelques litres de coca (et
aussi quelques bières…) et je rentre à mon jungalow.
Avec Mitch, on se pose sur notre balcon, en descendant tranquillement
quelques bières. Je lui parle du N3, il a l’air bien tenté par une expérience
fédérale.
Je me pose sur mon plumard et j’avance dans la lecture du manuel
divemaster. Chaque chapitre est ponctué (comme toujours chez PADI) de
petits QCM au fil des pages, puis d’une revue de connaissances où il faut
rédiger ses réponses. Le tout est revu avec l’instructeur, daté et signé, et
l’instructeur doit en garder la trace (découpage des pages ou photocopies)
pour pouvoir démontrer en cas de problème (ou de simple audit) que les
formations ont bien été réalisées selon les règles.
Je vais dîner chez la méchante, 90 THB pour des nems et du riz frit au
poulet. Très bon. Énorme pluie pendant le dîner. Ça ne rigole pas, ici !
J’attends un long moment, puis je me dis que c’est parti pour des plombes,
donc je brave les éléments. Je tente une glace au McDo, mais il est fermé,
et je suis trempé jusqu’aux os.
En mode défaite, je me rentre pour me coucher.
19 février
Réveil à 8h30. Il faut être au club à 9h30, puis on passe au store room pour
préparer notre matos pour notre première session en piscine. Nous
récupérons les bouteilles chez Sea Dragon, puis c’est parti pour la piscine
de l’hôtel Loma (« dauphin » en thaï). C’est un petit hôtel-restaurant
charmant à quelques minutes de voiture du shop. La piscine n’est pas
immense, 10 m seulement, mais c’est plus ou moins partout pareil en
Thaïlande : il n’y a pas de grande piscine technique. Certains clubs, comme
Sea Dragon, ont une micro piscine vaguement pensée pour la plongée (un
peu de profondeur, genre 3 m), mais c’est tout. Wicked doit donc louer
des séances en piscine (c’est 200 THB par personne pour une demi-
journée (c’est inclus dans le forfait divemaster)). En plus du Loma, il y a le
Mangosteen. Et aussi Kuk Kak, mais la piscine y est atrocement acide (j’en
suis sorti avec des brûlures…), heureusement, nous n’y serons allés que
deux fois. Wicked ne garde cette option qu’en ultime recours.
La piscine de Loma est donc assez petite, mais en plus de nous il n’y a que
quelques clients, ainsi qu’un instructeur qui enseigne un cours d’open
water à deux personnes, au final, ça va, on ne se marche pas trop sur les
palmes. Les clients sont surtout allemands, et, comme souvent, avoir des
plongeurs dans la piscine devient une véritable attraction, et pas mal de
gens se décident comme ça à passer leur open water.
Aujourd’hui, Alex va nous présenter (et nous faire répéter) toutes les skills
que nous devrons parfaitement maîtriser d’ici la fin du stage, pas seulement
en réalisation, mais aussi et surtout en démonstration, c’est-à-dire avec le
discours et les explications qui vont bien (en surface), les bons gestes de
communication sous l’eau, une occupation de l’espace réfléchie, une
bonne orientation face aux élèves, des gestes lents, exagérés et
intelligemment découpés, avec insistance sur les points difficiles et
importants de façon à favoriser l’apprentissage. Car un divemaster, en tant
qu’assistant d’instructeur, doit pouvoir aider dans la formation des élèves.
Nous devons donc pouvoir enseigner les gestes techniques, et pour cela il
faut une grande maîtrise à la fois de la technique du geste mais aussi de la
pédagogie et de la mise en scène.
Alex commence par la présentation et l’assemblage du matériel. C’est
propre, intelligent, fluide et maîtrisé. Elle demande qui veut se lancer en
premier. J’y vais ! Étant encore un peu rouillé en anglais, je patine un peu,
mais globalement, ça se passe bien, je suis assez content de moi. Le tout
est de ne rien rater, ne rien oublier, tout en restant fun. Pour cela, il faut
trouver son style, éventuellement s’inspirer des autres (mais ne pas tomber
dans le plagiat bien évidemment). À chaque fois que l’un d’entre nous
trouve une bonne idée ou une bonne blague, on se dit, « Putain l’enculé,
je vais essayer de la recaser ! », mais en même temps, impossible de le faire
entre nous, sinon au secours les répétitions…
Alex a bugué devant ma ceinture jaune flashy : elle kiffe. Et, surtout, ma
boucle de ceinture n’est pas une boucle classique : elle a une forme de tête
de requin. Elle surkiffe ̂ _^. Ce soir, je lui enverrai le lien internet du Vieux
Plongeur où elle pourra commander la même.
Sandra passe après moi. On ne peut pas lui enlever ses qualités
pédagogiques, aussi bien dans le discours que dans la gestuelle. Mais,
justement, c’est presque trop policé, trop « précalculé », perso je trouve ça
lisse, même si c’est indéniablement efficace. Avec Rob et Mitch, on est
tous plus dans le réel et la déconne, c’est moins rôdé mais je pense (et j’en
aurai la confirmation tout au long de ces 6 semaines), que ça passe mieux.
Pour le contrôle pré-plongée (le pre-dive safety check), on utilise
l’acronyme BWRAF (Buoyancy – Weights – Releases – Air – Final ok).
Alex nous apprend plusieurs moyens mnémotechniques, certains sont
politiquement corrects, d’autres sont franchement trash. Quelques
exemples : Bruce Willis Ruins All Films, Bangkok Women Really Are
Fabulous, Before Wanking Reconsider A Fuck (!!!)… Bref, à choisir selon
le public ^_^.
Vient le temps de se mettre à l’eau. Les exercices sous l’eau sont parfois
faciles, parfois ardus, mais surtout, mon nouveau masque est totalement
embué (je l’avais pourtant « traité ») et j’ai le soleil dans la gueule, autant
dire que je n’y vois absolument rien. En plus, l’eau n’est pas de la plus
grande transparence, à tel point que je ne vois même plus Alex quand elle
est à 2 m de moi. Je parviens à suivre, mais bonjour la galère…
Alex fait toutes les démonstrations et on passe après, donc c’est
relativement facile car à chaque fois elle vient juste de faire l’exercice, on
l’a donc encore bien dans notre mémoire « tampon », mais je commence
à comprendre que pour la suite, quand elle nous laissera nous démerder,
sur 24 exercices, avec la quantité de choses dont il faut se souvenir, ça va
être coton… D’autant plus que pour valider tout ça, nous n’avons droit
qu’à un seul joker : si on rate une seule skill, on peut la refaire (et là,
évidemment, interdiction de se louper), mais si on en rate deux, on est bon
pour *tout* recommencer, ce qui correspond en gros à une séance de trois
heures en piscine, plus la gestion du matos avant et après, donc ça devient
vite lourd ! Mais ça, le fait que nous avons droit à un joker, Alex ne nous
le dira que le moment venu. Jusqu’au bout, on pensera qu’on n’a pas le
droit à l’erreur. Management par la peur… ^_^
Les exercices s’enchaînent, mes rétines fondent, mais je suis plutôt content
de moi. Techniquement, je galère pas mal moins que les autres, ma
flottabilité est vraiment bonne. Sandra chie pas mal dans la colle, elle finit
plusieurs fois en surface.
Quand arrivent les exercices de skin diving, c’est un peu la délivrance.
Mine de rien, cette reprise fut assez éprouvante, et mes yeux sont au bord
de l’agonie.
Sandra se révèle globalement pitoyable en skin diving, en étant notamment
infoutue de faire 15 m en apnée horizontale. J’hallucine. (Tout le monde
hallucine, en fait.) Elle nous explique qu’elle n’a jamais fait d’apnée. Si je
résume : elle nage comme une merde et ne sait pas faire d’apnée, et prétend
devenir plongeuse professionnelle. Putain… Bon, elle va s’entraîner. Pour
le physique, y aura pas grand-chose à faire, pour l’apnée, ça peut se tenter.
Bref.
On remballe le matériel, ce qui est également une skill : montrer comment
désassembler, vider, rincer et ranger son équipement.
Nous déjeunons tardivement, vers 16h, on est tous épuisés. Alex nous
débriefe : globalement elle est plutôt contente (bon, elle m’avouera à la fin
qu’elle était quand même inquiète pour Sandra…). J’avise mes bras, mon
torse : j’ai méchamment cramé. Putain…
De retour au jungalow, je me repasse mentalement toutes les skills, je fais
une liste des exercices, des gestes, des découpages, des erreurs que j’ai
commises, des bonnes choses que j’ai vues chez Rob, Mitch et Sandra et
que j’essaierai d’assimiler, des choses qu’Alex a bien aimées dans mes
démos, pour les réitérer et les renforcer. Elle va également nous filer un
DVD de démonstration SSI (Scuba Schools International, l’un des grands
concurrents de PADI, mais finalement très semblable) pour que l’on
s’entraîne en le regardant, et elle nous a dit qu’elle sera toujours dispo pour
discuter des gestes, mais uniquement en dehors des séances en piscine, car
en piscine elle veut que l’on vole de nos propres palmes. J’aime bien sa
pédagogie.
J’apprends que Keith était là le jour du tsunami. Il en parle peu. En fait,
presque personne n’en parle, mélange de tabou et de pudeur, ce que je
comprends tout à fait.
Avec Mitch, on descend quelques bières et on grignote sur le balcon, on
fait le point de la journée, on joue avec le chat. C’est très sympa.
Je sors dîner. J’échappe de justesse à la pluie. Rob et Carol n’ont pas eu
cette chance : ils sont trempés…
Je me pose à ma « cantine ». Il n’y a plus de nouilles. Allons bon ! Je me
rabats sur un riz frit avec des œufs et un pad thaï (plat traditionnel à base
de pâtes) au poulet, le tout pour 90 THB.
20 février
En préparant le matos au store room ce matin, Alex m’a montré comment
assembler mon détendeur, tout neuf, qui était en pièces séparées.
Seconde journée de skills en piscine, au Mangosteen cette fois.
Aujourd’hui, Alex continuera de nous montrer et de nous apprendre, mais
les prochaines fois nous ferons tout sans aide de sa part.
Stupeur avant de se mettre à l’eau : certaines bouteilles ne sont
franchement pas pleines. C’est Sandra qui a merdé, elle nous a pourtant
assurés qu’elle avait vérifié. Je la crois : elle a dû vérifier, simplement elle
ne l’a pas bien fait. Alex n’est pas contente du tout, mais assume : elle nous
explique que c’est elle l’instructrice et que nous ne sommes encore que des
élèves, et donc que c’est de sa responsabilité, que c’est à elle de revérifier
tout ce que l’on fait (elle souligne d’ailleurs en passant que la politique dans
le club, même si tout le monde nous utilise comme de la main d’œuvre et
de la chair à canon, c’est de ne *jamais* nous faire confiance et de tout
revérifier ^_^). Je souligne que nous sommes des élèves, certes, mais des
élèves en stage professionnel, et donc que la limite est ténue : c’est une partie
de notre formation que d’apprendre à être pro et à ne pas faire ce genre
de connerie, Mitch abonde dans mon sens, et lui et moi on a beau ne pas
beaucoup aimer Sandra, on s’associe donc à son erreur. Alex dit que oui,
bien sûr, le stage divemaster est à la croisée des deux mondes, et donc que
nous devons vraiment commencer à nous y mettre sérieusement et que ce
genre de connerie ferait bien de ne pas se reproduire, mais enfin, nous n’en
sommes qu’au tout début, et elle comprend qu’on patine encore, et donc
prend sur elle la responsabilité de ce type d’erreurs, tout au moins pendant
la première semaine. Après, ça pourrait barder, en effet, nous dit-elle avec
un grand sourire ! C’est là qu’on voit bien l’intérêt de prendre,
systématiquement, une bouteille de secours. Celle-là est bien pleine. On la
refile à Sandra, vue sa consommation éléphantesque. Nous autres nous
partageons les « restes » au mieux.
La piscine du Mangosteen est plus profonde que celle du Loma, c’est
pratique, mais elle est aussi plus étroite, et à bords inclinés, ce qui laisse
finalement peu de volume sous l’eau. Le Mangosteen est un peu perdu
dans la campagne, il n’y a presque personne, c’est désert, un peu surréaliste
mais très sympa.
Le soleil est épouvantable, et la piscine n’est évidemment pas à l’ombre.
J’ai mis de la crème, mais avec l’eau… Je finirai la journée rouge comme
une peau de gland !
L’eau du Mangosteen n’est pas beaucoup plus transparente que celle du
Loma, et mon masque, que j’ai pourtant re-traité, continue de s’embuer à
fond. Avec le soleil dans la gueule, je suis complètement aveugle. Je
commence à me dire que ça ne va vraiment pas le faire… mais bon, je
m’accroche.
Alex insiste sur le côté technique des gestes aujourd’hui, elle nous montre
des idées de découpage, tout en insistant sur le fait que nous ne sommes
pas forcément obligés de tout faire comme elle, que ce qu’elle nous
propose ne sont que des pistes : à nous de trouver notre style, tout en
respectant les fondamentaux bien sûr.
Alex nous explique aussi qu’en tant que divemaster, nous devons être
irréprochables dans notre attitude et notre technique afin de donner
l’exemple. En effet, les gens apprennent par l’exemple, en regardant : on a
vite fait de prendre de mauvaises habitudes ou de négliger certaines choses
malgré ce que l’on a appris, tout simplement en observant que personne
ne fait ci ou ça. Ainsi, même si des petites choses ne nous semblent plus
nécessaires à notre niveau, nous nous devons absolument de les faire pour
que les novices le fassent également. Et, surtout, nous n’avons pas le droit
de commettre les erreurs classiques du type « je mets mon masque sur le
front paske ça me saoule de le garder ». Si on fait ça, Alex nous colle
(gentiment) une droite et on lui doit une bière. Un masque, ça se garde en
place sur le visage, ou bien ça se met autour du cou. Pas sur le front : c’est
la meilleure façon de le perdre. Et si on fait ça, non seulement on risque
de le perdre, mais en plus nos élèves vont à tous les coups faire la même
connerie. Être irréprochable définit le « role modeling », et c’est
fondamental. Ne pas avoir son tuba, ou ne pas avoir de quoi fixer son tuba
à la lanière de son masque sont aussi des erreurs qu’en tant que divemaster
nous n’avons pas le droit de faire. Mitch s’est fait coller une droite sous
l’eau pour avoir retenu sa respiration l’espace d’une seconde sur l’exercice
de lâcher de détendeur… (Car, oui, c’est la règle n°1 en plongée : ne
*jamais* retenir sa respiration (risque de blessure ou de mort par dilatation
des gaz à la remontée)).
Aujourd’hui, on insiste un peu sur la respiration en débit continu : un
détendeur est conçu pour, en cas de problème, se mettre en débit continu
plutôt que de se bloquer, pour d’évidentes raisons de sûreté. Tout
plongeur doit y avoir été confronté pendant son entraînement, pour savoir
ce que ça fait et, surtout, évidemment, pour savoir gérer cette situation.
On répète aussi le retrait/remise de masque, la nage sans masque, la
flottabilité neutre, le pivot sur genoux, le retrait/remise de ceinture et de
l’équipement complet.
Sur la fin des exercices, la problématique des bouteilles non pleines nous
rattrape inéluctablement. J’avais une des bouteilles les moins pleines, je
fais signe à Alex que ça ne va vraiment pas le faire. Je lui avais déjà signalé
les 50 bar, là, je lui indique 30. Je passe donc en priorité la fin des exos,
puis les autres finissent après moi. Plus tard, Alex m’expliquera, dépitée,
qu’elle a fini avec… 5 bar ! Et quand on sait que sur la fin les manomètres
ne veulent plus dire grand-chose…
Petite parenthèse : en théorie, on a appris à se lester au plus juste. Alex est
évidemment 100% d’accord avec ça, mais elle me dit aussi que se lester un
peu plus pour faire les démos en piscine peut aider (sauf pour la skill de
flottabilité pure, où là, il faut vraiment être nickel, sinon ça ne marche tout
simplement pas). Par ailleurs, en tant que divemaster, on peut être amené
à devoir donner du lestage à un client au cours d’une plongée, et donc que
toute la difficulté est d’être parfaitement lesté + une marge. Ce qui ne veut
pas dire que PADI nous autorise (ni ne nous encourage) à nous surlester.
Ni qu’un divemaster doive se contenter de filer du plomb à un plongeur
qui galère sans chercher à corriger la technique de plongée qui pourrait
être défaillante. Non, la flottabilité de quelqu’un qui galère se corrige
effectivement par la technique, simplement, il faut être pragmatique : avoir
un plomb en rab n’est jamais une mauvaise idée. Bref, fin de la parenthèse.
Après avoir remballé et ramené le matos, on déjeune au Lamuan Seafood,
qui deviendra notre « cantine » du midi : bon, pas trop cher, tout près du
club (et aussi parce qu’Alex adore ce resto et que, quand même, c’est notre
boss, donc on la suit ^_^). Sans être standing, ce n’est pas un simple boui-
boui. Je me fais un pain grillé au beurre à l’ail et des macaronis, pour 140
THB, puis avec Rob on va se bouffer des glaces au McDo, lui aussi est un
grand amateur ^_^, pendant que les autres se prennent un café frappé.
L’après-midi, c’est théorie. Alex est parfaite, une vraie encyclopédie,
marrante, bref, géniale de bout en bout.
En soirée, avec Mitch, on révise la théorie sur le balcon, tout en
descendant quelques bières. D’ailleurs, on est à court. Nous enfourchons
donc le scooter violet ridicule de Mitch pour aller au ravitaillement au
supermarché. Les canettes de 50 cL sont à 50 THB environ. On se pose
au Go Pong pour dîner. C’est un peu loin à pieds, même si ça se fait. En
scooter c’est très rapide.
Intéressante lecture vendue en supermarché…
J’aime beaucoup le Go Pong : c’est petit, bordélique, hyper bon et pas cher
du tout. On tombe sur Ann et Garry, qui nous invitent à leur table (pour
papoter mais aussi parce qu’ils ont oublié leurs lunettes et que sans elles ils
y voient comme à travers une pelle et donc ils ont besoin de notre aide
pour le menu ^_^). Ils sont en couple et sont tous deux instructeurs. Ils
ont leur propre club, en Turquie : Bamboo Diving. Ils y passent six mois
par an, les six mois restants ils sont ici, à Khao Lak. Ann est à plein temps
chez Wicked, Garry, lui, est en freelance sur la région. Il nous explique
qu’hier il a déposé 3 CV, restés sans réponse, mais que c’est un 4ème club,
chez qui il n’avait pas déposé de CV, qui vient de l’embaucher. Totalement
délirant ̂ _^. Il nous explique aussi qu’il s’était à moitié pété le bras la veille
de son examen d’instructeur et que, bien évidemment, il avait atrocement
souffert et monstrueusement galéré. Pour la flottabilité, en sustentation, il
était allé toucher le fond puis la surface avec sa main valide, en faisant le
signe « no no » (comprendre : ne pas toucher ni le fond ni la surface), et
l’examinateur avait trouvé ça très bien vu, super inspiré, alors qu’en fait il
faisait juste comme il pouvait avec un bras défoncé ^_^.
On passe une super soirée, ils sont vraiment super sympa. Et d’ailleurs,
demain, je ne suis pas avec Alex mais avec Ann.
On rentre aux jungalows. J’avance dans le manuel, que je compte boucler
le plus vite possible, puis dodo.
21 février
Aujourd’hui, nous ne sommes pas tous les 4, c’est juste Sandra et moi. Car,
oui, je suis en binôme avec Sandra jusqu’à la fin du stage, décision d’Alex
qui me mortifie au plus haut point. Je préfère ne pas trop y penser, mais,
vraiment, c’est la méta-loose. (En fait, un retournement de situation dans
quelques temps fera que je serai avec Rob, pas tout de suite, mais dans pas
trop longtemps quand même, et c’est Mitch qui « récupèrera » Sandra. Il
m’en veut encore à l’heure où j’écris ces lignes, 4 mois après la fin du stage
^_^).
Et, en plus d’être avec Sandra, aujourd’hui on refait de la piscine, pendant
que Mitch et Rob font leur première sortie en mer, pour aider à la
construction d’un récif artificiel. Autant dire que j’ai les boules : d’un côté
de la piscine avec Sandra, de l’autre de la vraie plongée en mer, avec du
bricolage sous-marin en prime ! Putain j’ai la « haine » ^_^ !
La construction du récif
Première chose que nous demande Ann : aller chercher sa box contenant
son matos à son jungalow. Je n’ai pas compris comment c’est possible,
mais elle l’a oubliée (enfin, apparemment, c’est Garry le fautif). Elle nous
demande de faire vite, je lui dis que moi je veux bien, mais comment ? On
en a pour une bonne demi-heure pour faire l’aller-retour, en plus sa box
est monstrueuse. « Take the side-car, silly ! » me lance-t-elle. Ah, oui, pas
con ^_^. Nous voilà donc à tenter de démarrer le side-car du club. Sandra
n’y connaît rien, et je dois bien avouer ne pas être un spécialiste non plus :
nous sommes désemparés comme des poules devant un couteau. Pas
moyen de démarrer l’engin. Bon, en fait, je faisais bien tout comme il faut,
c’est juste que, comme finit par me l’expliquer Keith en arrivant, le « son
of a bitch » est super récalcitrant. Il kicke comme un malade, à tel point
que j’ai l’impression qu’il va le péter, mais il finit par démarrer. Nous voilà
donc en route pour les jungalows en side-car. Je n’ai jamais conduit un
truc de ce style, juste des scooters classiques, l’inertie du side sur la gauche
est extrêmement déstabilisante, en accélération et en freinage, c’est l’enfer.
Sandra panique et refuse d’essayer, c’est donc moi qui m’y colle, normal.
Enfin, bon, c’est pas la mort, je prends vite le coup. On trace, on chope la
box, et nous voilà de retour au club, mission accomplie !
Le Monkey Dive, un petit hôtel sympa, sur la route vers les jungalows
Aujourd’hui, donc, c’est piscine again. Nous ne travaillons pas directement
nos skills, non, nous sommes là pour assister Ann qui donne un cours
d’open water à Carol (oui, la femme de Rob) et Franck. Carol en est à
son… troisième open water. Elle n’est jamais allée au bout. Elle paniquait.
Mais comme Rob se lance vraiment à fond dans la plongée, elle s’accroche.
Je prends la taille de Franck, lui fait tester son matos pour être sûr qu’il
rentre dedans, puis avec Sandra on va au store room pour tout préparer :
bouteilles, matos, sacs, eau, matos de secours, etc. Ann nous fait confiance.
Soit elle est folle soit Alex ne lui a rien dit pour le loupé d’hier ^_^. Mais
bon, pas (trop) de risque, avec Sandra, on fait les choses sérieusement, pas
question de réitérer la connerie d’hier ! On essaie de s’appliquer, donc,
mais Pe-Toy, l’un des hommes de main et conducteurs du club, très sympa
mais qui ne parle pas anglais (il ne sait que dire « I dunno »… super !),
vient nous embrouiller comme pas possible au sujet des bouteilles vides et
pleines. Je parviens à circonvenir les dégâts en attendant l’arrivée d’Ann,
qui finit de gérer l’incident. Elle m’explique que Pe-Toy est génial mais
absolument incapable de s’adapter à une situation hors « procédure » (ici,
une bouteille non prévue à déposer chez Sea Dragon)… Putain. C’est bon
à savoir. Et puis il ne faut pas confondre Pe-Toy avec Pe-Tong, ils ont
plus ou moins la même tête et font le même job, mais faut pas se louper
^_^ !
Nous voilà de retour au Mangosteen. Assister un instructeur si tôt dans
notre stage n’est pas idéal, car nous manquons de pratique, mais bon, c’est
comme ça. Ann est super, punchy, marrante, vraiment géniale. Elle n’est
plus toute jeune, en fait elle traverse la ménopause, et nous en parle
comme de l’aventure d’une vie, avec un humour absolument décapant. Je
me tape des barres toute la journée.
Ann dirige le cours, normal, c’est elle l’instructrice. Nous, nous
intervenons en deuxième, soit sur demande directe d’Ann, soit pour
aider/corriger les élèves sur l’équipement ou les skills. Sandra s’occupe de
Carol, moi de Franck. Je lui montre comment s’équiper, puis je le laisse
faire, en le corrigeant lorsque nécessaire. Sur demande d’Ann, je fais
également la démonstration de la mise à l’eau en « giant stride » (grand pas
en avant). Tout se passe bien, je parviens même à délicatement gérer,
tranquille, sans me laisser désarçonner, le chaton du coin qui veut
absolument jouer avec mes palmes, sous le regard amusé d’Ann.
On se marre bien, et je sens même qu’on parvient à réellement être utile,
c’est assez inattendu aussi tôt dans le cours, ça fait plaisir.
À un moment, Ann s’emmêle les pinceaux, et mélange « snorkel » (« tuba »)
et « scuba » (« self-contained underwater breathing apparatus » :
scaphandre, quoi). Elle nous sort donc un magnifique « snuka » diving,
tout le monde est plié de rire, c’est trop bon ^_^.
On continue à assister, on fait même quelques démos sous l’eau. On
remballe le matos.
Mon masque s’est encore pas mal embué, mais je sens qu’il commence à
se calmer, c’est cool.
Je pète mes lunettes de soleil, toutes neuves, simplement en les mettant
sur mon nez : elles se cassent en deux, net. Putain. Je suis vraiment maudit
avec les lunettes de soleil en vacances : soit je les pète soit je les perds, c’est
systématique (hormis les « lunettes miraculées » de Kuata, aux Fidji).
De retour en ville, je change 250€ (taux : 36,11 THB pour 1€) pour payer
mon kit PADI.
En allant au jungalow, je me fais la remarque qu’on n’a même pas eu le
temps de débriefer avec Ann, je me dis que c’est trop bête, surtout qu’on
était censé lui faire remplir/signer une fiche d’évaluation sur laquelle Alex
avait bien insisté. Je me dis que je vais me faire gentiment défoncer, quand
Ann arrive en scooter à ma hauteur, et s’arrête, le temps de papoter et de
débriefer, comme ça, à la cool. Elle est contente de nous, surtout si tôt
dans notre stage. On discute, elle me donne plein de conseils, c’est super,
puis elle repart, et là je me rends compte que j’ai encore oublié de lui
demander de signer mon papelard… putain !
De retour en ville, je me prends une grande bière et des œufs frits
(135 THB le tout) pour dîner. Je commence à connaître un peu les gens, à
reconnaître quelques têtes. Il y a notamment ce Russe, qui vient picoler et
fumer à la « cantine », mais jamais manger.
Je vois passer Mitch, sur son scooter violet ridicule.
Puis je vois passer Rob, Carol et Sandra. J’ai déjà dîné, mais je me joins
tout de même à eux. Je me fais un fabuleux mango lassi (70 THB). Puis,
pour le dessert, on ne se refait pas : j’accompagne Rob pour aller choper
des glaces au McDo. On en prend deux chacun, à emporter. On a à peine
traversé la rue que je me retourne et je vois que Rob n’a déjà plus qu’une
seule glace à la main. L’espace d’un instant, je me dis qu’il l’a déjà bouffée,
mais je me ravise : non, c’est impossible. Moi-même, qui bouffe à vitesse
supraluminique, j’ai déjà bien cogné ma première glace, mais je ne l’ai pas
encore finie. Désarçonné, je lui demande donc où est sa deuxième glace.
Il me jette un regarde de dément, et me dit : « I inhaled it. » (« Je l’ai
respirée/absorbée par le nez »). Je suis mort de rire, lui aussi ^_^. Putain,
j’ai trouvé mon maître ! Puis, je comprends sa performance surhumaine :
Carol surveille de près ce qu’il bouffe, il ne pouvait donc absolument pas
se pointer devant elle avec deux glaces, il se serait fait défoncer. Ainsi donc,
la peur, comme d’habitude, se révèle un formidable moteur ^_^.
De retour au jungalow, je tombe sur Mitch qui finit son dîner sur le balcon.
On se boit quelques cocas, on papote jusque « tard » (22h… c’est hyper
tard sous les tropiques avec notre rythme de vie actuel, d’habitude à 20h
je suis couché !), il me raconte sa journée et, surtout, la construction du
récif, depuis le largage des parpaings en surface jusqu’au transport et
l’assemblage sous l’eau, ça avait l’air démentiel. J’ai les méga-boules d’avoir
raté ça, putain. Il me dit qu’à peine le récif artificiel assemblé, une
gigantesque seiche est venue s’y installer, pépouze, sous leurs yeux ébahis.
Un peu blasé, mais quand même content de ma journée, je vais me
coucher.
22 février
Levé 8h. Petit café au club. Aujourd’hui, on continue d’assister Ann sur
son cours d’open water. On va au store room pour préparer le matos de
piscine de la journée, ainsi que le matos du long-tail de demain, car, oui,
ça y est, demain nous allons enfin en mer (« longue queue », c’est comme
ça que s’appellent les petits bateaux ici, en rapport à leur moteur monté
sur une grand perche à l’arrière, qui fait une sorte de longue queue, donc).
On attend que Pe-Toy se pointe avec les bouteilles, apparemment il a
encore fait des siennes. En attendant, je m’achète une nouvelle paire de
lunettes de soleil pour remplacer celles que j’ai pétées la veille, des fausses
Ray-Ban, pour 300 THB. Je fais aussi quelques photocopies pour Alex, car
on commence à manquer de paperasses (documents officiels PADI et
SSI). J’en profite aussi pour avancer dans le manuel, puis ça y est, nous
embarquons enfin pour la piscine.
Nous voilà de retour au Loma, pour la deuxième journée de piscine du
cours de Carol et Franck. Carol gère vraiment bien, en même temps,
comme je l’ai dit, c’est son troisième open water ! Franck, lui, qui gérait
bien hier, galère sévèrement aujourd’hui, comme s’il avait eu une brusque
perte de confiance : ce qui ne posait pas de problèmes hier devient
quasiment insurmontable aujourd’hui, c’est vraiment bizarre. Il passe son
temps à paniquer et à retourner en surface… C’est pas gagné ! Du coup,
Ann passe pas mal de temps en solo avec lui pour débloquer la situation.
Pendant ce temps-là, j’ai la responsabilité de Carol (pendant que Sandra
glandouille je ne sais plus quoi). Je fais réviser à Carol un certain nombre
de skills, et je lui donne aussi pas mal de tuyaux, elle apprécie vachement.
Ann est aussi très contente d’avoir un (élève) divemaster sur lequel elle
peut compter, elle me dira plus tard que j’ai vraiment fait du bon boulot.
C’est l’heure de déjeuner, je me fais un burger avec un soda (110 THB). Je
retrouve ici le Fanta orange de mon enfance en Afrique, pas le même qu’en
France, c’est absolument divin, la nostalgie en prime, un pur bonheur (j’en
achèterai plusieurs litres pour les mettre au frigo dans mon jungalow !).
Puis, on ne se refait pas, deux glaces au McDo ^_^ !
En soirée, je continue d’avancer dans le manuel, puis je vais dîner au Go
Pong : du porc croustillant avec du riz frit, 3 œufs frits et un grand thé
glacé fait maison, le tout pour 85 THB, c’est tout bonnement fabuleux !
Je me rentre au jungalow, je repasse du dentifrice dans mon masque pour
la énième fois, pendant de longues minutes, en espérant enfin arriver à un
résultat potable. Et puis dodo.
23 février
Levé 7h aujourd’hui, ça pique un peu, mais bon, je suis super motivé, car
aujourd’hui on va plonger !
On passe au store room pour charger le matos, 17 bouteilles à charger
aujourd’hui, que du bonheur ! Rob et Mitch viennent avec nous, mais
pendant que Sandra et moi on assistera le cours d’Ann, eux seront avec
Alex pour faire l’exercice de « search & recovery » ainsi qu’un peu de
technique (frog kick, flottabilité, etc.).
Le pick-up nous emmène au port de Tap Lemu (~20 minutes de route au
sud de Khao Lak), d’où nous prenons le long-tail nommé « Wicked
Diving » (Wicked a donc son propre long-tail, là ils ne louent pas) pour
aller à Khao Nayak (~30 min de bateau). Tap Lemu, c’est un peu trash,
c’est un vieux port dégueu, quoi. Il y a de grands navires militaires et un
gigantesque abri anti-tsunami (béton monté sur pilotis). La plage, vaseuse
et puante, est pleine de détritus et de poissons pourris. Ça donne vraiment
pas envie. On est obligé de patauger dans une eau douteuse pour charger
le matos…
Heureusement, une fois en mer, arrivés à Khao Nayak, c’est déjà
vachement mieux. Tap Lemu est un port, et les ports c’est souvent trash,
même en France, donc bon, pas de quoi s’exciter. Le seul truc, c’est que
Wicked pourrait faire comme Sea Dragon : arrimer le long-tail sur un quai
plutôt que de nous laisser patauger, et embaucher un capitaine un peu plus
débrouillard.
Bref, nous voilà donc à Khao Nayak, pour les deux premières plongées en
mer de l’open water de Carol et Franck. Je suis le binôme de Carol, Sandra
est celui de Franck. Ann fait son briefing, elle explique quels exercices
Franck et Carol vont devoir faire, dans quel ordre, et aussi ce qu’elle attend
de ses deux élèves divemasters.
On se met à l’eau. La visibilité est toute pourrie, on ne voit pas à un mètre.
Le fond n’est qu’une étendue de sable, il n’y a rien d’intéressant. La loose.
Mais c’est un cours open water, on se concentre sur les exercices, et je ne
suis pas là pour faire du tourisme mais pour apprendre mon rôle de
divemaster, donc je me fiche pas mal des conditions de plongée. Et puis,
c’est connu, Khao Nayak, on n’y va pas vraiment pour faire de belles
plongées, on y va pour se former. C’est idéal pour ça, le spot est facile et
pas loin. On se limite à 10 m de profondeur (la limite officielle est de 12 m
d’après les standards PADI pour ces deux premières plongées).
C’est ma première plongée depuis environ cinq mois, je suis moi-même
un peu rouillé, et pas encore habitué à mon matos, mais j’ai la
responsabilité de Carol, donc je ne dois rien laisser paraître. Mais pas de
soucis, je reprends vite mes marques, et je prends plaisir à jouer ce nouveau
rôle de divemaster. Sur la fin de la plongée, je déploie mon parachute (ou
SMB, pour surface marker buoy). Ma technique est un peu approximative,
en plus je n’avais pas ma bobine, ce qui n’aide pas, mais enfin, ça
fonctionne. Clairement, il faudra progresser. Au retour en surface, Ann
me dit que c’est très bien, je dois juste modérer mon enthousiasme ^_^.
J’avais par exemple tendance à reprendre en main Carol un peu trop vite
après qu’Ann avait fait les premières démos, mais je l’ai senti sur le coup,
je ne suis donc pas surpris de sa remarque, et ça montre que je suis déjà
bien conscient de ce qui est mon périmètre. Carol, de son côté, est très
contente, elle me dit qu’elle s’est sentie super en confiance avec moi, et
comme la confiance a toujours été son problème sur ses précédentes
tentatives d’open water, elle est ravie ! Elle me demande juste de plus
m’interposer entre elle et Franck pour la protéger davantage ; il est vrai
que Franck kicke comme un malade, gesticule en tous sens, et peut vite
devenir une gêne. [Plongée #1 – Khao Nayak, Khao Lak – 39 min @
10,3 m]
On remonte sur le long-tail. On peut remonter tout équipé par l’échelle,
mais le bateau n’est pas énorme, ce n’est pas super pratique.
Généralement, on préfère donc se déséquiper dans l’eau, et passer notre
matos au capitaine, qui le hisse sur le bateau. C’est là que le capitaine n’est
pas génial : il n’y connaît manifestement rien en matériel de plongée, donc
il le prend n’importe comment, au risque de provoquer de la casse, par
exemple en mettant toute la charge sur le premier étage du détendeur, au
lieu d’utiliser les sangles de la stab. C’est vraiment con. On ne lui demande
pas d’être plongeur, mais quand même, son boulot c’est d’emmener des
plongeurs (puisqu’il est quasiment à temps plein pour Wicked et n’est donc
pas juste là une journée de temps en temps), donc il devrait connaître ce
genre de choses. Le capitaine du long-tail de Sea Dragon, de ce point de
vue, est infiniment meilleur : il sait comment marche le matos et donc
comment le manipuler. Mieux : à force d’assister aux cours, auxquels il
s’intéresse vraiment, il connaît les gestes de sauvetage, sait remonter un
plongeur inconscient, administrer de l’oxygène, faire un massage
cardiaque, etc. C’est génial de le voir donner des conseils aux élèves
pendant les cours de rescue ^_^ ! Et c’est gagnant-gagnant : lui il récupère
de jolis extras de la part des instructeurs et divemasters !
Nous déjeunons sur le bateau. Du riz, de la viande, des légumes, des
épices. C’est simple, bon et copieux. C’est la cuisine de la femme de Pe-
Toy, c’est génial, le seul problème, c’est que c’est *toujours* la même
chose. Aujourd’hui, c’est la première fois, donc ce n’est évidemment pas
un souci, mais Ann me dit qu’elle en a un peu (voire énormément ^_^)
plein le cul, et dans pas si longtemps que ça, je la rejoindrai sur ses
positions…
On mange dans des gamelles métalliques, avec une cuiller métallique
(lavées puis réutilisées, là où tous les autres clubs utilisent des boîtes en
polystyrène qui finissent souvent en déchets à l’eau, un très bon point pour
Wicked). Il y a de l’eau minérale et des soft drinks (coca, jus, etc.) bien frais
dans la glacière. Ça, c’est cool. Chez Sea Dragon, c’est juste de l’eau
déminéralisée sortie de l’osmoseur. En revanche, chez Sea Dragon, il y a
un plateau de fruits pour le dessert, ce qu’il n’y a pas chez Wicked. Bref,
chacun ses forces, chacun ses faiblesses !
Après la bouffe, et avant la deuxième plongée, Alex nous fait passer le
premier test physique, plutôt très facile : se maintenir en surface pendant
15 minutes sans assistance, avec les mains hors de l’eau pendant les deux
dernières minutes. Il y a un peu de houle, c’est la seule difficulté, et encore.
C’est un peu long, donc un peu chiant. Pour s’occuper, Rob se met à
chanter. Mitch l’accompagne, façon Gospel, sur « Allelujah », c’est très
sympa ^_^. Tout le monde score 5/5 (même Sandra !). En même temps,
faut avouer que c’est vraiment pas difficile.
C’est parti pour la deuxième plongée. Sur l’exercice d’orientation, paumée
dans l’eau trouble, Carol se perd. Heureusement que moi j’ai bien géré la
navigation et que je retrouve le chemin jusqu’à Ann, sinon paye ton
divemaster de merde ^_^. Carol galère sur la fin, elle est trop légère. Je lui
dis de bien expirer et d’arrêter de palmer. L’arrêt du palmage aide, mais
elle a beau expirer, elle est trop légère. Ann me fait signer de lui filer un
plomb, je m’exécute. Ann me confie Carol pendant un long moment
pendant qu’elle travaille avec Franck. Au fond, je fais répéter quelques
exercices à Carol, en attendant qu’Ann revienne nous chercher. On est
seul, dans un brouillard épais. Je commence à trouver le temps un peu
long, mais Ann finit par réapparaître.
On termine sur l’exercice de remontée sur détendeur de secours, je ramène
tranquillement Carol en surface, elle est en confiance, c’est bien. Pendant
la remontée, je ne sais pas pourquoi, j’ai un méchant début de crampe,
mais je gère ça tout seul, pas question de foutre la merde sur un tel
exercice. [Plongée #2 – Khao Nayak, Khao Lak – 49 min @ 9,9 m]
On remballe le matériel, décharge le bateau, charge le 4x4, décharge le 4x4,
ramène les bouteilles vides, récupère des pleines, rince puis range tout au
store room. Pff c’est épuisant !
Les deux dernières plongées de l’open water de Franck et Carol se feront
sur la prochaine croisière sur le Mariner, où nous ne serons pas. Je suis un
peu déçu de ne pas pouvoir finir ce que l’on a commencé, de ne pas
participer aux dernières plongées de Carol, mais bon, c’est ainsi. Je ressens
les premiers frissons, plaisirs et déception du divemaster avec ses élèves !
Le métier rentre, c’est bizarre et très sympa en même temps . Je suis
aussi content de constater que mon masque commence à se calmer coté
buée. Les tonnes de dentifrice auront enfin fini par le raisonner !
De retour au jungalow, je consulte mes mails. Je vois que ça part
totalement en couille au boulot. AREVA annonce notamment plusieurs
milliards d’euros de pertes… Putain…
Mes affaires commencent à sentir le fennec, donc je dépose mon linge
chez une gentille dame qui fait du lavage/repassage (50 THB le kilo), à
cent mètres du jungalow.
Dîner façon burger et pain à l’ail (130 THB).
Douche, puis théorie avec le manuel. J’avance aussi dans Limonov, puis je
descends quelques bières avec Mitch.
24 février
Je suis réveillé à 5h par Mitch qui skype avec ses associés australiens. Il me
fera souvent le coup pendant le stage. Au final, je saurai tout de sa stratégie
d’entreprise (en plus d’être infirmier, il vend du pinard et du cidre), de qui
il s’apprête à virer, etc. Bref !
Je consulte mes mails. AREVA annonce 4,9 milliards d’euros de perte. Je
me dis que si ça continue comme ça, je ferais aussi bien de jamais rentrer
en France… Un collègue m’annonce aussi les dernières décisions sur les
projets au taf, c’est du grand n’importe quoi… Putain ça va être
l’hécatombe quand je vais rentrer ! Ça donne pas envie…
Ce matin, on fait de la théorie, et quelques revues de connaissances. Je
discute un peu avec Carol, qui me redit qu’elle a beaucoup aimé plonger
avec moi la veille.
Le midi, on déjeune au Lamuan, comme d’hab. Je me laisse tenter par la
salade de papaye (80 THB). Même peu épicée, elle arrache la gueule, et
pourtant je suis un fan de piment… Cela dit, ça reste très bon. Je complète
d’un burger (80 THB aussi), parce que la salade toute seul, ça fait pas
beaucoup.
Sandra n’arrête pas de hurler, de lancer des conneries à l’américaine du
style « Oh my God », « And I was like… », putain, j’ai envie de lui claquer
sa grande gueule. Mitch se prend la tête aussi… Rob l’aime bien, lui. Il m’a
dit pourquoi : elle ressemble beaucoup à sa fille. À cela, je me fais deux
remarques : d’un côté, je comprends qu’il l’apprécie, c’est quasi mécanique,
mais putain, d’un autre côté, si sa fille est comme elle, au secours… Alex
l’apprécie aussi, ou du moins ne semble pas aussi énervée que nous. Il lui
arrive de lui répliquer un peu sèchement, mais c’est à peu près tout.
Coupons la poire en deux : d’un côté, c’est juste moi qui suis incompatible
avec sa personnalité. De l’autre, c’est elle qui en tient quand même une
sacrée méga couche.
Alex nous annonce que, demain, on retourne faire des skills en piscine, et
que si on réussit tout, ce sera notre dernière session en piscine, mais que
c’est hautement improbable ^_^. Elle nous file le DVD de démonstration
SSI pour qu’on puisse s’en inspirer.
Le soir, je dîne à ma cantine d’un pad thaï au calamar et d’un riz frit au
beurre (100 THB). Je bouquine du Limonov en attendant mes plats, qui ce
soir tardent pas mal. Le gros Français avec sa pute est là. Il passe un savon
au téléphone à un de ses partenaires. Apparemment, ils gèrent un bizness
plus que douteux. Après avoir raccroché, il raconte un gros bobard à sa
pute au sujet de l’engueulade au téléphone, mais de toute façon il est clair
qu’elle n’en a strictement rien à foutre de ses histoires, du moment qu’il la
paye…
Après dîner, comme convenu, je me pointe vers 20h chez Rob avec des
bières. Mitch et Sandra sont là aussi. On se pose devant le DVD SSI. C’est
éblouissant : le type qui fait les démos est une vraie rockstar sous-marine
^_^. J’apprends un max d’astuces, en termes de communication vers les
élèves. Un chaton ultra chou se pointe sur la terrasse. On le surnomme
« BWRAF » ^_^.
Garry se pointe pour nous faire un petit coucou. Voyant le DVD, il nous
donne aussi pas mal de tuyaux. Très sympa. Les bières descendent.
Je retourne à mon jungalow vers 22h. Il y a des fourmis absolument
partout, pourtant je n’ai rien laissé traîner comme bouffe qui pourrait les
attirer, c’est juste comme ça, c’est l’Asie. Perso, ça ne me dérange pas, mais
je sais que ça rend Carol complètement folle.
Je me douche. Je constate que j’ai commencé à arrêter de cramer,
maintenant j’entre dans la phase où je commence à bronzer, c’est bon, ça !
25 février
Je suis réveillé tôt par un putain de camion qui décharge avec fracas des
parpaings juste sous mon balcon. Sympa.
Nous revoilà donc en piscine, au Loma, pour démontrer les 24 skills.
Putain, c’est long. Mon masque ne s’embue plus trop, mais j’ai quand
même les yeux atomisés, je ne sais pas pourquoi.
J’ai l’impression que ma session s’est bien passée, mais Alex ne veut rien
nous dire sur le moment. On remballe le matos, puis débrief au Lamuan.
J’ai échoué, en n’ayant que 2/5 sur le pre-dive safety check pour n’avoir
pas fait la démonstration du retrait/réengagement des poids à largage
rapide (je me suis contenté de les présenter et d’en expliquer le principe
oralement), et aussi 2/5 au désassemblage du matériel pour avoir oublié
de sécher le dust cap (couvercle qui protège le premier étage du
détendeur). Le reste était très bien, mais avec deux erreurs, je ne valide pas.
Les autres aussi ont échoué, pour d’autres raisons. Mitch a notamment fait
l’erreur, à un moment, de descendre avec son tuba en bouche au lieu de
son détendeur. Je l’ai vu faire, mais je n’ai pas eu le temps de le prévenir.
Il a bu une méga tasse, c’était très drôle, et Alex lui a collé une nouvelle
droite, on était tous plié de rire ^_^. Alex nous explique qu’il n’y a rien
d’étonnant à ce que l’on ait échoué aujourd’hui, en fait, elle n’a jamais vu
personne valider les skills à ce stade-là, donc tout est normal.
Ça fait quand même chier, paske putain, 3h en piscine, c’est quand même
ultra casse couille ^_^ !
Je bouffe un pad thaï (80 THB) avec un lemon shake (une pure tuerie,
60 THB), puis avec Rob et Sandra on va se taper des glaces (en fait, de
toute façon, dès qu’avec Rob on va au McDo, Sandra se tape l’incruste).
L’après-midi, théorie. Et là, c’est le « drame » ^_^ : au moment où Alex
reparle du mouvement pour descendre sous la surface en snorkeling,
comme le mouvement en question est exactement celui que fait un canard
pour plonger, je dis : « like a duck » (« comme un canard »). Et là, gros
blanc. Tout le monde me regarde avec des gros yeux. En fait, ils ont tous
compris « like a dick » (« comme une bite »). En plus, à ce moment-là, je
n’avais pas fait gaffe, mais Alex faisait un geste plutôt ambigu avec ses
mains… Ce n’était pas du tout volontaire de ma part, mais apparemment
j’ai fait un strike, là ^_^. Tout le monde éclate de rire. On met cinq bonnes
minutes à s’en remettre, et mon haut fait d’armes me vaut désormais mon
surnom officiel : Duck. (Ou Ducky, pour les intimes.) Eh ouais. Fini
« Corentin », de toute façon beaucoup trop compliqué à l’international. Je
m’appellerai désormais Ducky. Sur le Mariner, je n’essaierai même pas de
me présenter autrement…
Une image que j’avais faite suite à l’invention de mon surnom (et qu’Alex s’était empressée de placarder ^_^)
Soirée classique : lecture du manuel puis de Limonov, bières avec Mitch sur
le balcon. Pour le dîner, on prend le scooter de Mitch pour aller jusqu’à
Baniang, le petit village d’à côté, un poil plus fourni en restaurants. Le
trajet se fait en quelques minutes à peine, il fait frais, c’est sympa, mais je
ne suis jamais totalement serein sur les routes, comme ça…
On traverse une petite place appelée « Little Italy », qui reconstruit en effet
tout un quartier italien façon Venise. C’est très kitsch, mais très sympa
quand même. On se pose dans un restau un peu plus loin. On se prend
des springs rolls et des onion rings, des grandes bières, puis des calamars
à l’ail et au poivre. On s’en sort pour 280 THB chacun. C’est super bon.
On discute tranquillement de nos vies, on se rend compte qu’on est tous
les deux plus ou moins des gros dépressifs et pessimistes de la life. C’est
amusant, ça crée des liens ^_^.
On dit aussi beaucoup de mal de Sandra, ça nous libère et nous fait un
bien fou !
Bref, super soirée. Retour aux jungalows puis dodo.
26 février
Je suis au club à 7h50, en binôme avec Sandra. Aujourd’hui, pas de théorie,
pas de piscine, pas de plongée… mais de l’initiation ! On va en effet
emmener en mer des enfants du coin pour les initier au snorkeling, et faire
du nettoyage de plage.
Ça fait partie des actions écologiques et sociales de Wicked : 2% des
bénéfices de Wicked sont réinvestis dans ce type d’action. La construction
du récif artificiel, auxquels ont participé Rob et Mitch, en fait partie.
L’éducation des enfants à la natation et à l’environnement marin aussi. Et
ça va plus loin que la simple natation ou snorkeling : ceux qui sont
vraiment motivés (et assez âgés) sont sélectionnés et sont formés
gratuitement à la plongée, jusqu’au grade d’instructeur : open water,
advanced open water, rescue, divemaster et, donc, instructeur. Ils suivent
le cursus SSI et non pas PADI, afin d’économiser (un peu) sur les licences
mais aussi parce que Wicked est un grand « supporter » de SSI. C’est
vraiment bien, je trouve, que Wicked forme des thaï gratuitement au
métier de la plongée. Ils embauchent ensuite certaines de ces personnes,
les autres peuvent aller travailler dans d’autres clubs. Alors, bien sûr, c’est
aussi un coup de com’ : les actions écologiques et sociales de Wicked
permettent la construction d’une image très valorisante pour le club, et
très appréciée des touristes, ça n’est donc évidemment pas totalement
désintéressé. Et puis, avoir du personnel thaï, ça aide toujours à
l’intégration du club dans le tissu social (il me semble même que c’est en
partie obligatoire). Alors, quitte à avoir du personnel thaï, autant le former
soi-même pour avoir vraiment ce que l’on souhaite. En pratique, c’est
vraiment du gagnant-gagnant, et le staff est véritablement super impliqué.
Wicked travaille et finance également des activités de nettoyage de plage
(comme ce que l’on va faire aujourd’hui), d’éducation (une école
d’orphelins du tsunami, notamment) ou autres, comme le recyclage des
métaux lourds (piles et batteries notamment) ou la conception de produits
écologiques (savon par exemple).
Et, donc, aujourd’hui, nous emmenons des petits monstres faire du
snorkeling sur le récif à Khao Nayak. C’est Christa, une des instructrices
de Wicked, qui anime cette journée, aidés par Sandra et moi, ainsi que deux
autres jeunes Anglais impliqués dans ce type d’action et par Bang, un jeune
thaï intégré au programme de formation de plongée par Wicked (il vient
de finir l’advanced open water et commence bientôt le rescue).
Apprendre aux enfants à nager rencontre une grosse difficulté : les parents
qui, souvent, ne veulent pas que leurs enfants apprennent à nager, ni même
qu’ils s’approchent de l’eau, parce qu’un proche de la famille a été tué lors
du tsunami. On peut évidemment comprendre le traumatisme ; tout le
travail est alors d’essayer d’expliquer que l’apprentissage de la natation est
sécurisé, que c’est un atout que de savoir nager, et, même, s’il faut en
arriver là dans la discussion, que ça peut augmenter notablement les
chances de survie en cas de nouveau tsunami…
On gère et charge tout le matos, et c’est parti pour Khao Nayak. Les petits
monstres arrivent, ils sont une vingtaine, âgés de 6 à 17 ans, et
accompagnés d’une de leur enseignante, principalement pour aider à la
traduction.
Bang écrit nos noms occidentaux en thaï avec un marqueur sur nos bras,
pour aider les enfants à nous identifier. Ça crie déjà « Duck ! Duck ! » dans
tous les sens ^_^ !
On se répartit en deux long-tails, et puis c’est parti. On n’a pas assez de
matos, alors on file des stab à certains gamins, faute de gilet de sauvetage,
mais ça remplit la même fonction, et ils sont fiers comme des paons d’être
plus ou moins équipés avec du matos de plongée ^_^. J’ai aussi filé mon
masque, mon tuba et mes lunettes, tant pis, je ferai sans, vaut mieux que
les gamins en profitent !
Christa me demande de me mettre à l’eau en premier pour y attendre les
petits monstres. Elle nous demande de faire super gaffe bien sûr, et
notamment de veiller à ce qu’ils restent loin de l’hélice (même si elle ne
tourne pas, comme la « longue queue » est au-dessus de l’eau, avec la houle,
elle monte et descend et peut vite fracasser un crâne qui passe par là…) et
de faire respecter la discipline, notamment le fait de rester par groupe de
deux. En pratique, c’est l’anarchie la plus totale : ils se jettent tous à l’eau
au même moment, et comme ils ne savent pas bien nager, il y en a une
bonne dizaine qui me sautent dessus et s’accrochent à moi comme si j’étais
une bouée… à un moment, j’ai bien failli finir noyé ^_^ !
Je lutte pour faire en sorte qu’ils restent par groupe de deux, ils sont
terriblement indisciplinés, mais en même temps, c’est la première fois
qu’ils sortent en mer avec un masque, ils découvrent tant de nouvelles
choses qu’on ne peut pas leur en vouloir… Je renonce à leur expliquer
comment nettoyer la buée dans leur masque, ou comment l’éviter, c’est
trop le bordel, ils sont trop nombreux ! La visibilité, aujourd’hui, n’est pas
mauvaise du tout, ça change de l’autre jour, c’est cool.
Après la première session baignade collective, Christa m’attribue Ann Aoy,
une petite de six ans qui galère particulièrement, pour que je sois son
« prof » particulier. Je lui règle son masque, la soulève quand elle coule,
l’aide à garder la tête hors de l’eau dans la houle. Elle finit par prendre
confiance et est ultra motivée, ça fait plaisir à voir !
Maintenant, place au nettoyage. On accoste sur une petite plage, chacun
prend un grand sac poubelle, et c’est parti. La quantité de saloperies est
phénoménale, notamment le plastique. En à peine une demi-heure, tous
nos sacs sont remplis, on en a chacun rempli plusieurs, il y en a des
dizaines, c’est colossal.
Ma protégée du jour
Au retour, on découvre que les singes ont saccagé notre pic-nic, ils en ont
foutu partout et se sont barrés dans la jungle avec un nombre non
négligeable de repas… Putain, les sombres petits enculés ! Et quand on
commence enfin à manger, on les entend courir, sauter et hurler dans les
arbres autour de nous. Les rapaces…
Après manger, on retourne nager avec les gamins. Ann Aoy est à fond,
une vraie pile électrique, c’est génial. Bon, par contre, elle ne veut
absolument pas me lâcher la main. À chaque fois que je la lâche, c’est la
panique totale… Elle s’amuse à prendre en chasse tout le monde, je l’aide
parfois un peu en la poussant ou en la remorquant, elle est ravie. Les autres
jouent le jeu et font comme s’ils paniquaient lors de la prise en chasse. Moi
qui d’habitude n’aime pas du tout les gamins, je dois avouer que je
m’amuse bien, et même beaucoup ! Vers la fin de la journée, elle ne
panique plus quand je la lâche et, même, finit par partir toute seule d’elle-
même. Elle vérifie que je sois toujours à portée de bras, mais elle se lance,
c’est vraiment cool. Elle nage (ou barbote…) super vite, elle double tout
le monde, et arrive première à la plage. Elle est trop fière (j’avoue que moi
aussi ^_^).
On rassemble les sacs pour faire un texte avec (« Beautiful ? »), on prend
la pose devant, puis on fait la chaîne pour charger toute cette merde sur
l’un des long-tails, qui se retrouve chargé à ras-bord.
Parmi les déchets qu’on a ramassés, beaucoup sont signés, car frappés du
logo d’une compagnie qui fait des excursions en mer. On hésite à tout
balancer sur leur devanture, mais on se ravise…
Un couple d’occidentaux, avec leur fille, accoste sur la plage, avec un long-
tail probablement loué à la journée. Ils repartent très vite, manifestement
gênés de glander comme des porcs pendant que nous on bosse…
On remet aux enfants leur diplôme d’ « ocean protector », ils sont ravis
(nous aussi ^_^).
Arrivés au port, on décharge tout ça, puis on compacte tout sauvagement
dans les pick-up de Wicked, direction la décharge avec Keith, Bang et Tom
(un des instructeurs de Wicked). On se retrouve donc en plein cagnard
dans une décharge puante, ça fait rêver…
Pour nous récompenser, sur le retour, Keith nous paie des gigantesques
bières glacées, tellement glacées que c’est presque des beer-shake ^_^. Je
discute un peu avec Tom, un Anglais (quasiment tout le staff de Wicked
est anglais), un mec super, qui me dit qu’il est super content d’avoir un
boss aussi cool et impliqué que Keith. Tout le staff est vraiment génial, en
fait !
De retour au club, on rince et range tout, comme d’hab.
Je dîne d’un pad thaï avec du riz frit à ma cantine pour 100 THB. Deux
jeunes Français, chacun équipé d’un énorme Reflex, prennent en photo
leurs plats… pourquoi pas !
Je me couche tôt, car demain ce sera une grosse journée : exercice de
« search & recovery » à Khao Nayak, exercices techniques, puis
embarquement sur le Mariner, pour la première de nos trois croisières de
trois jours. Les choses méga sérieuses vont commencer…
27 février
Levé 6h45. Ça y est, à peine remis du décalage horaire, les insomnies me
reprennent. Je me suis endormi super tard. Du coup, ce matin, ça pique sa
mère…
Je prépare mon sac pour le Mariner. Je fais dans le rudimentaire, mais je
n’oublie pas la GoPro.
Je checke mes mails, apparemment ça part en vrille total au boulot, entre
les annonces catastrophiques d’AREVA et les projets gérés n’importe
comment, ça a l’air sanglant…
Mitch me dépose au club en scooter. On prépare le matos au store room,
et c’est parti pour Khao Nayak.
Stupeur : le long-tail de Wicked n’est pas là. Tout le monde regarde Alex,
avec qui on blaguait justement à ce sujet depuis plusieurs jours, car des
fois il arrive qu’on oublie de réserver le bateau… Alex nous affirme qu’elle
l’a bien fait. Le capitaine finit par arriver, il était juste à la bourre… ouf !
Mitch et Rob sont aussi de sortie avec nous, cette fois-ci ce sont eux qui
assistent un cours d’open water. Ils aident donc Inge, une jeune Belge (qui
est aussi la copine de Tom). Elle est grande, blonde, incroyablement
athlétique, c’est impressionnant. Il n’y a qu’une seule élève, Rachel. Ce
n’est vraiment pas idéal pour Mitch et Rob : ça fait deux divemasters pour
un seul élève, soit ils se marchent sur les palmes, soit ils ne font pas grand-
chose. Je suis bien content que ça se soit mieux goupillé pour nous ! Et
puis, Inge est géniale mais aussi super stricte, limite militaire pour ce que
j’ai pu en voir, Mitch et Rob ont intérêt à palmer droit ! ^_^
Sandra et moi, on se prépare pour l’exercice de « search & recovery ». Alex
nous explique la procédure : elle va aller déposer au fond, assez loin, une
ceinture de plombs de 10 kg que nous devrons retrouver puis ramener en
surface à l’aide d’un ballon gonflable.
On apprend les différents nœuds, on se familiarise avec le ballon, et
notamment avec la valve de purge.
Pendant qu’Alex va déposer la ceinture, Sandra et moi discutons
méticuleusement de notre plan : on choisit le schéma de recherche, en
« U », l’orientation et la longueur des branches du « U » d’après les
indications d’Alex. On part sur des branches de 40 m. On se répartit
ensuite les rôles : je ferai la navigation avec le compas et en comptant les
cycles de palmage, pendant que Sandra se tiendra à moi par mon épaule
pour garder la cohérence du binôme, et cherchera la ceinture au fond. Pour
la récupération, nous devrons tous les deux faire les nœuds, puis, pour la
remontée, je gonflerai le ballon avec mon détendeur de secours. Sandra
donnera la vitesse de remontée en suivant son ordinateur, je n’aurais qu’à
me caler sur elle, et je pourrai ainsi me concentrer sur la stabilité du ballon
ainsi que sur la valve avec laquelle je devrai continûment purger l’air qui
va se dilater pour éviter une accélération incontrôlée et dangereuse.
Alex revient au bateau. Au loin, on voit un SMB, qu’elle a accroché à la
ceinture pour être sûr de pouvoir la retrouver au cas où nous échouerions
lamentablement. Du coup, en surface, on a un repère visuel, ça casse un
peu le réalisme de l’exercice, mais le SMB est suffisamment loin pour qu’il
ne soit pas vraiment d’une grande aide, si ce n’est que cela confirme la
nécessité de la grande ampleur du schéma de recherche qu’on a décidé. Et
puis, de toute façon, dans la réalité, si un plongeur a perdu un objet qui
nécessite d’être retrouvé, il est quand même heureusement toujours
capable de nous donner un ordre d’idée de la distance et de la direction,
sans quoi rien n’est possible. Je ne vais pas donner ici un cours de
recherche, mais c’est quand même assez précis et codifié, selon la taille de
de l’objet, sa localisation grossière supposée et le type de fond associé. Au
final, les indications d’Alex et le SMB nous donnent juste ce dont on a
besoin, ce n’est donc pas si irréaliste que ça.
On fait notre pre-dive safety check, puis on se met à l’eau. Au moment de
descendre, Sandra me demande dans quelle direction on va aller. Je tombe
des nues : on s’était mis d’accord sur le bateau. Et voilà qu’elle remet en
cause le type de schéma, sa longueur, la direction, bref, tout, quoi. On perd
dix bonnes minutes à tout remettre d’équerre, et on retombe au final pile
sur ce qu’on avait déjà dit. J’hallucine complet, mais je garde mon calme,
inutile de rajouter de l’énervement au grotesque. Alex nous reprochera
sévèrement cette discussion à l’eau à la fin de la journée : un plan ça se
décide SUR le bateau, pas après la mise à l’eau ! Je ne peux que lui donner
raison, c’est d’ailleurs ce qu’on avait fait, impossible de lui expliquer que
Sandra ait été à ce point frappée d’amnésie une fois à l’eau. Je n’ai même
pas essayé d’en reparler avec Sandra, elle est juste totalement cinglée… Je
me suis repassé le film plusieurs fois, me disant que c’était peut-être moi
qui était passé à côté de quelque chose, mais, vraiment, je ne pense pas
avoir rêvé le plan discuté sur le bateau, ou alors je suis bon à enfermer…
bref !
Nous descendons. La visibilité n’est pas brillante, mais tant mieux : j’ai
toujours détesté les exercices de recherche où l’on fait semblant de
chercher en appliquant une procédure complexe juste pour la forme alors
que l’on peut voir l’objet tout du long car la visibilité est trop bonne.
Aujourd’hui, au moins, on ne pourra pas tricher, si on trouve l’objet ce
sera grâce à nos compétences et à rien d’autre ! En descendant, je prends
soin de me perdre un peu pour n’avoir plus aucun repère mental sur la
direction globale à prendre, je veux m’en remettre uniquement au compas.
Avec Sandra, comme convenu, on mesure la distance de visibilité pour
caler la taille des petites branches du « U » sur les conditions réelles, nickel,
on est étrangement efficace après tout ce bordel en surface ! La visibilité
est de 5 m environ. Nous commençons donc les recherches. J’organise
méticuleusement la navigation, en comptant scrupuleusement les
distances (40 x 5 m, donc), et en maintenant solidement le cap. Au milieu
de la quatrième grande branche du « U », au bout de quinze bonnes
minutes, Sandra me tape sur l’épaule et me fait signe qu’elle a trouvé la
ceinture ! Hourra ! On a donc trouvé l’objet, sans gruger, avec une visibilité
vraiment moyenne, après avoir suivi précisément la procédure. Ça fait
plaisir.
Il faut maintenant faire les nœuds. Alex m’indique de commencer. Je
réussis les deux premiers nœuds sur trois sans soucis, mais je galère sévère
sur le dernier. En surface, pourtant, je n’avais eu aucun souci, mais ce
n’était pas la même corde, et là je galère. Je fais signe à Alex que je n’y
arrive pas. (Elle avait remarqué…) Elle me remontre comment faire, et là,
c’est bon, j’y arrive. Putain… C’est au tour de Sandra : elle y arrive fingers
in the nose… Je m’incline. Elle a beau être horripilante, sur ce coup-là, elle
me bat à plate couture. Mais bon, c’est un travail d’équipe, alors… Next :
remonter le bousin. Sandra prend du recul, je gonfle le ballon,
délicatement, jusqu’à la flottabilité neutre, puis un dernier petit coup d’air
pour commencer la remontée. Je me cale sur la vitesse de remontée de
Sandra, comme prévu. La valve n’est pas facile à gérer, je sais qu’il n’y a
pas d’arrêtoir, si je l’ouvre trop, elle se décroche et on perd toute la
flottabilité. J’y vais donc mollo, mais les gaz se dilatent beaucoup plus que
je ne pensais, c’est pas évident. Je m’applique, quand soudain, pschttt !!!
Le ballon décolle à toute vitesse. L’espace d’une seconde, je crains de me
prendre la ceinture sur la gueule, mais très vite je comprends que ce n’est
pas possible. Si le ballon est remonté, c’est que la ceinture a coulé : cet
enculé de nœud a lâché. La ceinture gît quelques mètres sous nos pieds, en
effet. Avec Sandra, on regarde vers la surface : le ballon n’est en fait pas
remonté bien loin, il a sans doute basculé puis s’est vidé. Le voilà qui
retombe délicatement sur nous. Plutôt coopératif, le ballon, donc ! C’est
toujours ça de pris. Nous redescendons, bien décidés à remonter cette
sombre petite salope de ceinture lestée ! Je fais un méga nœud de bourrin,
Sandra vérifie, Alex confirme : cette fois-ci, ça devrait tenir. Je regonfle. Je
gère la valve en suivant la remontée de Sandra. Cette fois-ci tout se passe
bien, on ramène l’objet en surface puis au bateau : mission accomplie !
[Plongée #3 – Khao Nayak, Khao Lak – 39 min @ 9 m].
L’exercice du ballon (là c’est pas nous, mais le précédent groupe de divemasters)
Alors qu’on s’apprête à remonter sur le bateau, Alex balance des plombs
au loin, et nous dit, avec un grand sourire : « Désolé les gars, j’ai perdu des
plombs, vous pouvez aller les chercher ? ». Putain… Bon, c’est reparti ! Et
tant qu’on y est, même s’il n’est pas trop dur de les retrouver à l’arrach, on
y va sérieusement, avec un schéma de recherche circulaire. Hop, retour en
surface, ce coup-ci c’est bon ! [mise à jour de la plongée #3 – Khao Nayak,
Khao Lak – 48 min @ 9 m]
Déjeuner sans histoire, puis on se remet à l’eau pour la deuxième plongée
du jour. Alex nous enseigne le frog-kick, que j’avais déjà vu, mais que je
n’avais jamais pratiqué. C’est une autre façon de palmer, plus horizontal
que le mouvement vertical classique. L’intérêt ? Ça sollicite moins les
mollets (ce qui diminue les risques de crampe), mais aussi, et surtout,
comme ça crée une poussée horizontale et non pas verticale, ça soulève
beaucoup moins de sédiments. Pour éviter de pourrir la visibilité quand
on est proche du fond, c’est excellent, et pour la plongée en épave, c’est
quasiment obligatoire sinon on finit dans le noir (avec tout ce que ça
implique en termes de confort mais aussi et surtout en termes de sécurité :
ne rien y voir en milieu confiné est une très bonne façon de provoquer un
désastre). Et puis, le frog-kick est réversible contrairement au mouvement
classique, et permet donc de faire marche arrière. Outre que c’est assez
efficace pour se la péter, c’est assez efficace tout court, pour montrer un
point d’intérêt puis se retirer pour que chacun puisse en profiter. Et aussi,
comme ça génère moins de poussée verticale inutile, le frog-kick offre un
meilleur rendement. Enfin, comme son nom l’indique, le frog-kick donne
un air de grenouille assez débile, mais bon. C’est pas classe, mais c’est
efficace.
Alex nous fait aussi faire divers exercices dans diverses positions, à 45°, la
tête à l’envers, en faisant l’hélicoptère, etc. On regarde jusqu’où on peut
larguer du lest tout en gardant une bonne flottabilité.
Enfin, Alex nous montre comment envoyer proprement son SMB en
surface : on sort le SMB, on le déroule proprement, on sort notre bobine
puis on attache le câble au bas du SMB avec le mousqueton. Beaucoup de
plongeurs gonflent leur SMB avec leur détendeur de secours, Alex nous
apprend à faire autrement, en gonflant le SMB directement en exhalant.
L’intérêt est que ça libère une main et qu’on n’a pas à
décrocher/utiliser/raccrocher notre détendeur de secours. Concrètement,
avec la main droite, on tient la bobine devant nous, prête à se dévider,
câble tendu pour éviter qu’il ne s’accroche quelque part sur notre
équipement, et avec la main gauche, on ouvre bien la base du SMB, on
l’approche de notre bouche sur la gauche, on incline la tête sur la droite,
et on exhale fort et rapidement trois fois, ce qui a pour effet de gonfler le
SMB super facilement avec les gaz expirés, sans qu’on ait à lâcher notre
détendeur. Il n’y a plus qu’à relâcher le SMB, bras droit bien tendu vers
l’avant, la bobine se dévide, et voilà, le SMB est en surface, propre et bien
gonflé comme une bonne grosse bite bien turgescente ! Lors de la
remontée, il suffit de rembobiner le câble, tranquille. [Plongée #4 – Khao
Nayak, Khao Lak – 32 min @ 8,8 m]
Un SMB bien « propre » en surface (c’est pas nous ici)
Là c’est nous… bon ici c’est minable mais rassurez-vous c’est pas représentatif, on s’en sortait vraiment bien en fait ^_^
On rentre sur Khao Nayak, sur tout le trajet retour, le capitaine laisse
traîner l’échelle dans l’eau… Pas débrouillard, le gars.
De retour à Khao Lak, on range le matos au store room, et on aide à la
préparation du matos pour le Mariner, c’est un bordel monstre et il fait une
chaleur funiculaire, c’est un enfer…
Je repasse vite fait à mon jungalow pour prendre une douche, puis me
voilà au club. On embarque à l’arrière du pick-up au complet, les 4 DMTs
avec notre instructrice préférée, Alex. Il y a une heure et demie de route
jusqu’à Khura Buri, au nord de Khao Lak, vers Phang Nga. Les croisières
partent soit de Khura Buri, face au parc national des îles Surin, soit de Tap
Lemu, face au parc national des îles Similan. Khura Buri, c’est un peu loin,
mais ça permet à Alex de nous briefer sur l’organisation du Mariner, et ce
n’est pas rien !
Arrivés sur le quai à la tombée de la nuit, on fait la chaîne pour charger le
bateau : sacs de plongée, bouffe et autres (notamment des pains de glace
absolument énormes). Il fait toujours aussi chaud, même si la nuit est en
train de tomber. Une fois tout le matos à bord, Alex nous montre
comment préparer le deck dive. Organisé en U, le deck dive contient les
emplacements bouteille, avec un banc et du volume de rangement sous le
banc. Les plongeurs sont affectés à deux groupes principaux : on se met à
l’eau en deux fois pour ne pas se marcher sur les palmes, dans un groupe
il y a un espace vide entre chaque plongeur pour faire de la place. Les
bouteilles sont en place, on accroche les sacs nominatifs sur les bouteilles,
en suivant le plan. Au sein de chacun de ces deux groupes, il y a
généralement 4 sous-groupes qui forment autant de palanquées, chacune
dirigée par un instructeur… ou un divemaster ! Le dive-deck préparé, on
commence à assembler notre matos.
Les clients arrivent. On dépose leurs sacs dans leurs cabines, on
commence à essayer de repérer qui est qui (ultra important, et je ne suis
pas super doué à ce petit jeu…). On distribue le welcome drink, une noix
de coco fraîche avec son jus.
On laisse Tom, le trip leader, présenter le bateau, l’équipage, le staff de
plongée, ainsi que toutes les procédures générales. C’est fun, efficace, bref,
c’est bien rôdé ! On escorte ensuite les clients jusqu’à leur cabine. Horreur :
quelqu’un m’a volé ma welcome coconut ! Car, oui, nous sommes des
clients aussi. C’est « juste » qu’on a le cul entre deux chaises : nous sommes
des clients, mais en stage professionnel. On est là en tant que client, mais
aussi pour apprendre à gérer et servir les clients… drôle de
positionnement !
Je prends une sea-sickness pill : j’ai jamais eu le mal de mer, mais je n’ai
pas envie de commencer maintenant. Alors, comme en plus la mer bouge
pas mal, je ne prends pas de risque !
On range le bordel laissé par les clients sur le pont principal (car, oui, on
doit aussi aider à servir les repas et à tout débarrasser, mais pour l’instant,
on découvre encore comment ça marche).
Côté chambre, je suis avec Mitch, dans une cabine du pont inférieur, là où
se situent l’essentiel des couchages. Ce sont de petites cabines simples,
fermées par une porte en bois coulissante, à lits monoplace superposés.
Chacun a une petite étagère, un oreiller, des draps, une serviette, du savon,
une prise électrique, une lampe et un ventilateur. Mitch est équipé de
l’attirail de Dark Vador pour dormir, une espèce de respirateur qu’il se
sangle au visage et qui le met en surpression pour l’empêcher de ronfler…
À l’avant du pont inférieur se trouvent les cabines du staff. Un peu plus
simples que les nôtres, et simplement séparées par des rideaux. C’est aussi
beaucoup plus bordélique chez eux : ils ont plein de matos à gérer et sont
toujours ultra occupés !
Sur le pont supérieur, juste derrière la cabine du capitaine, il y a aussi deux
cabines « deluxe », avec grand lit double et climatisation. Mais comme les
chiottes sont sur le pont inférieur, perso, je ne trouve pas ça si « deluxe »
que ça. Il y a trois cabines de chiottes, qui font aussi douches. C’est propre
et assez spacieux, avec une eau raisonnablement chaude.
Bon, allez, présentation exhaustive du Mariner pour ne pas avoir à y
revenir !
Pont inférieur avec le dive deck à l’arrière (en rouge, la cabine que j’ai partagée avec Mitch ou Rob pendant toutes les croisières)
Pont principal
Pont supérieur
Je me couche dès que je peux, car demain on se lève à 6h et on aura une
très grosse journée !
28 février
Levé 6h avec Mitch, comme prévu. Étrangement, j’ai plutôt très bien
dormi. J’apprends que nous sommes arrivés aux îles Surin vers minuit,
après un départ vers 19h. Je descends un grands jus d’ananas frais devant
le lever de soleil.
Tant que j’y suis : les jus et le lait sont gratuits, les sodas sont à 30 THB et
les bières sont à 60 THB. C’est au staff (et donc en partie à nous) de veiller
à ce que les frigos en soient toujours pleins. Quand il y en a plus, on
ravitaille depuis les gigantesques glacières.
Mitch et moi sommes également de corvée « knock-knock » : on veille à
ce que tout le monde soit levé en faisant du porte à porte.
Alex nous donne un court théorique matinal, puis c’est parti pour le
briefing et la première plongée.
La première plongée se fait sur Aow Pakkak. C’est super pépère, on ne
fout rien, on est en mode touristes. Alex guide la plongée, l’eau est calme
et parfaitement transparente, un vrai bonheur. Quelques belles murènes,
et des lion fish. On déploie nos SMB comme Alex nous l’a appris, c’est
assez propre, c’est cool [Plongée #5 – Aow Pakkak, Surin – 41 min @
24,4 m].
Les appareils photo et caméras sont interdits lors de cette première
plongée, pour que chacun se concentre sur sa technique de plongée et que
le staff puisse un peu juger du niveau de tout le monde, sans que ça parte
dans tous les sens avec les prises d’image. D’ailleurs, Wicked est très strict
sur le sujet : si un plongeur fait chier tout le monde avec son appareil photo
ou sa caméra (en faisant fuir la faune, en se jetant sur tout ce qui bouge,
en poursuivant les raies, en monopolisant les spots et en imposant son
rythme aux autres juste pour prendre des photos), on lui explique
gentiment qu’il a intérêt à se calmer, ou alors son appareil lui sera
confisqué. Cela suffit généralement à faire rentrer les choses dans l’ordre,
mais il arrive qu’on tombe sur super connard, qui met en avant que c’est
lui le client et que le client est roi (sans voir qu’il fait chier d’autres clients-
rois…). Dans ces cas-là, on lui dit que s’il n’est pas content, il doit aller
voir ça avec le capitaine, qui est l’autorité suprême. Le capitaine étant une
montagne de muscle thaï qui ne parle pas vraiment anglais, les
négociations s’arrêtent généralement à ce stade. La première plongée
permet tout de même de tester l’étanchéité à vide des caissons des
appareils.
À la sortie de l’eau, il faut se déséquiper rapidement pour être dispo pour
aider le staff. Il faut par exemple que quelqu’un vérifie, en cochant sur le
tableau du dive deck, que tous les plongeurs ont bien regagné le bateau.
C’est là qu’il est bon de déjà connaître tous les noms de tout le monde, ce
qui n’est pas tout à fait mon cas…
Le petit-déjeuner est servi après la première plongée. C’est ultra bon et
ultra copieux. Œufs frits, lards frits, toasts, beurre, confitures, céréales, lait,
fruits frais, légumes, c’est la fête ! C’est même trop riche, on a tendance à
se lâcher et à le regretter pendant la plongée d’après… Et puis, le mélange
des odeurs de bacon et de gaz d’échappement, au bout d’un moment, c’est
trop. Je n’en suis qu’au début, je me lâche, mais sur la fin du stage, ce sera
céréales, fruits et lait, et encore, très léger !
Pour ceux qui ne peuvent pas attendre la fin de la première plongée pour
manger, les fruits/lait/céréales/thé/café sont disponibles 24h/24.
Après le petit-déj, Alex vient nous annoncer la grande nouvelle : on va
commencer les exercices de guidage ! Pas encore avec des clients bien sûr,
juste entre nous, surveillés par Alex, mais quand même, ça commence !
Alex demande qui veut se lancer. Je me connais, ça va me stresser, alors
autant se déstresser au plus vite, et puis de toute façon on passera tous à
la casserole, donc je me porte volontaire.
Alex nous explique les grandes lignes : « safety first », bien sûr. Partout,
toujours. Et ça commence bien avant la plongée, en se renseignant bien
sur les directives, les conditions, en briefant bien ses clients, en essayant
de voir si certains sont stressés, en analysant pourquoi, en essayant de
réduire ou d’éliminer ce stress. Ça peut être n’importe quoi, par exemple
un plongeur qui n’a pas bien compris la procédure de mise à l’eau dans le
courant et qui n’ose pas redemander, il faut juste l’amener en douceur à
expliquer le problème, puis tout lui réexpliquer calmement avec un grand
sourire.
Sous l’eau, une des principales composantes la sécurité, c’est de toujours
respecter les règles de la décompression. Sur de la plongée loisir, la règle
est simple : toujours rester dans la zone de non-décompression, c’est-à-
dire suivre un profil profondeur/durée qui ne nécessite jamais de réaliser
des paliers de décompression obligatoires. Ce qui n’empêche pas de
réaliser, autant que faire se peut (c’est-à-dire tout le temps sauf situation
urgence), un palier non obligatoire (typiquement, 3 min à 5 m) mais qui
augmente les marges de sécurité, que l’on cherche toujours à maximiser.
Pour rester dans la « no deco », soit on suit les tables de plongée, soit on
utilise un ordinateur de plongée. Un ordinateur est personnel et ne doit
jamais être prêté ou remplacé lors d’un séjour plongée, car la compression
est cumulative et donc fonction des plongées précédentes et donc unique
à chaque plongeur. Le rôle du guide est de connaître le fonctionnement
des ordinateurs utilisés, la théorie sous-jacente, et de monitorer en
permanence les paramètres d’importance, et de veiller à ce que chaque
plongeur fasse de même : en plus de monitorer son air, chacun doit
monitorer sa « no-deco », c’est-à-dire la durée restante avant l’entrée dans
la zone où un palier de décompression va devenir obligatoire. Sur certaines
plongées (moins de 18 m de profondeur par exemple), le risque de rentrer
en « deco » est très faible, mais à partir de 25-30 m, il faut se montrer
vigilant. À 40 m, la « no-deco » sur les tables PADI n’est plus que de
9 min… Typiquement, on veille à ne pas descendre sous 10 min de no-
deco, et on s’interdit de descendre sous 5 min. Pendant le palier de sécurité
non obligatoire, il faut veiller à ce que chacun effectue bien la durée totale.
Chacun n’arrivant pas dans la zone de palier (6 à 3 m généralement pour
les ordinateurs), tout le monde ne sera pas prêt à remonter en surface en
même temps. Du coup, en fin de plongée, on ressemble un peu à des
autistes qui se regardent bizarrement en se faisant des doigts… Les doigts
indiquant bien évidemment les minutes restantes ^_^.
Sous l’eau, il faut aussi être capable de reconnaître une situation à risque,
de reconnaître un plongeur en difficulté, d’agir en conséquence. On espère
évidemment ne jamais en arriver là, mais en cas de gros souci, il faut être
capable de remonter de manière sûre un plongeur, de le gérer en surface,
de sortir le plongeur de l’eau, d’administrer les premiers secours. C’est le
cœur de la formation EFR/rescue PADI et RIFAP/N3 FFESSM, que je
ne détaillerai pas ici. La formation divemaster inclut des révisions de
certains de ces éléments.
Il est également impératif d’avoir un plan de plongée. Ça peut être un peu
vague, mais pas trop, en tous les cas on ne se met jamais à l’eau sans avoir
une idée de ce que l’on va y faire, et il faut toujours avoir un plan B (par
exemple itinéraire de secours si le courant est plus fort que prévu).
Ensuite, le leadership : il faut que tout le groupe ait bien identifié qui est
le guide et soit bien prêt à suivre toutes les consignes. Ça passe par un
briefing spécifique de sa palanquée, un contrôle rapproché des binômes,
le rappel des procédures, en faisant bien passer le courant avec tout le
monde, la vérification que les pre-dive safety check sont faits, que tout le
monde est prêt et en ordre de marche. Il faut s’assurer que chacun ait bien
compris comment va se dérouler la plongée, que tout le monde connaît
bien les paramètres (profondeur et durée maximale, procédure de
remontée, etc.) pour qu’il n’y ait pas de surprises sous l’eau. Le guide
prévient aussi qu’il va demander à chacun, à intervalle régulier, combien il
lui reste d’air, que quoiqu’il arrive si quelqu’un arrive à tant de bar, on
commence la procédure de retour, etc. Et si le guide oublie de demander
et que quelqu’un atteint telle limite d’air, ce quelqu’un doit se signaler.
D’ailleurs, on révise les signaux de communication tous ensemble.
Le guide se met à l’eau en premier, récupère ses plongeurs, guide la
plongée, et, très important, le guide est toujours le dernier à sortir de l’eau,
après s’être assuré que tout son groupe est bien sorti.
En surface, avant de descendre, il faut gérer son groupe, s’éloigner du
bateau pour ne pas gêner la mise à l’eau des autres groupes, et ensuite
appliquer proprement le plan de la plongée, qui peut impliquer qu’on ne
traîne absolument pas en surface et qu’on descende très vite, ce qui peut
générer du stress et nécessite en tous les cas beaucoup de rigueur.
Ensuite seulement vient la gestion sous l’eau. Le guide est le guide, il doit
agir comme tel, c’est lui qui donne le tempo. Ce qui ne veut pas dire
bourriner, bien au contraire. Une plongée n’est, généralement, jamais assez
lente, et l’erreur typique du guide débutant est de foncer. La conséquence,
c’est qu’on rate tous les points d’intérêt et on crame tout le monde, on
remonte vite car tout le monde est en panne d’air et tout le monde est
vénère. Donc : il faut y aller lentement, tout en restant devant
(généralement). Il faut savoir montrer aux autres les points d’intérêt : telle
créature peu visible, un phénomène particulier, etc. Il faut essayer de le
montrer à tout le monde, ou de faire en sorte que chacun se passe le mot.
Un pointeur métallique aide à indiquer les objets ou bestioles, ainsi qu’à
faire du bruit en le tapant sur sa bouteille pour attirer l’attention.
Il faut respecter les vitesses de descente et de remontée, et respecter un
profil de plongée le plus propre possible : profond au début, peu profond
à la fin, en évitant de faire le yo-yo.
Ce concept du profil « du plus profond au moins profond » a été établi,
historiquement, pour des raisons physiologiques, notamment par rapport
à la décompression. On pense aujourd’hui que les profils atypiques,
inversés et/ou en dents de scie sont beaucoup moins dangereux qu’on ne
le pensait à l’époque. Il n’empêche, en termes de décompression, ce profil
« historique » reste bénéfique, car il revient plus ou moins à effectuer un
long et lent palier de décompression. Et comme la philosophie de la
plongée c’est « safety first », il n’y a rien à y redire. Par ailleurs, le fait
d’appliquer systématiquement ce type de schéma permet à chacun de s’y
retrouver, en établissant une routine qui permet à chacun de retrouver ses
marques, de ne pas être déboussolé, de pouvoir gérer sa décompression,
de savoir où on en est globalement dans la plongée. Du coup, malgré les
données de la science moderne qui semblent indiquer que des profils bien
différents du profil « historique » ne seraient pas de véritables problèmes,
le profil « historique » perdure, et pour de bonnes raisons.
Il faut également veiller à ce que l’on descende au rythme du plus lent, en
veillant aux problèmes d’oreilles (équilibrage) notamment, et en
maintenant l’intégrité du groupe : il y a toujours un connard qui va droit
au fond pendant qu’un autre galère quasiment en surface, ce n’est pas bon,
il faut rester groupé, il faut discipliner le groupe et faire accepter son
autorité.
Il faut veiller à la consommation d’air de chacun, et savoir être réactif, par
exemple en changeant la profondeur prévue pour modérer la
consommation si un plongeur s’avérait particulièrement gourmand… En
fin de plongée, on peut être amené à refaire des groupes, pour que ceux
qui ont peu consommé puissent rester le plus longtemps possible sous
l’eau, tout en remontant de manière sécurisée ceux qui ont trop pompé.
Généralement, on se parle entre guides lorsqu’on se croise, et si nécessaire
on fait des regroupements, un guide reste sous l’eau tandis que l’autre
remonte ceux qui le nécessitent. Il faut savoir bien se parler entre guides,
et bien se faire comprendre des clients pour ne perdre personne.
De manière très générale, il faut toujours savoir s’adapter. Par exemple, on
peut rencontrer ponctuellement un fort courant, dans ce cas il vaut mieux
éviter de lutter, car on va s’épuiser, pomper tout son air, produire de
l’inconfort, de l’essoufflement, du malaise voire de la panique chez les
autres (en tous cas sûrement du ressentiment à la fin de la plongée si ce
n’était pas justifié !). Bref, à éviter. Quand il y a vraiment du courant, soit
on sait qu’il n’y en a pas pour très longtemps (par exemple on sait que l’on
va être exposé sur 20 m mais qu’ensuite on sera à l’abri), dans ce cas on
peut tenter d’y aller, en signalant bien aux plongeurs qu’il va falloir palmer,
soit on fait signe qu’il y a trop de courant et qu’on se déroute. En tous les
cas, il est toujours nécessaire de communiquer, a minima pour montrer aux
autres qu’on est conscient que la situation n’est pas optimale et qu’on a un
plan. Il n’y a rien de pire qu’un guide qui envoie tout le monde à la baston
sans même s’en rendre compte et que tout le monde galère sans savoir
quand ça va s’arrêter…
Autre chose très importante, il ne faut jamais être statique : il faut toujours
qu’une plongée soit dynamique, sans quoi les plongeurs vont s’ennuyer,
commencer à se poser des questions, ce qui peut générer dissipation, perte
d’attention, éparpillement du groupe, décisions individuelles, anxiété,
énervement, etc. On peut éventuellement revenir sur ses « pas », mais ça ne
doit pas être trop anarchique, il faut que l’on sente la dynamique et la
logique de la plongée. Mais cela doit toujours se faire avec le bon rythme :
dynamique ne veut pas dire bourriner, au contraire.
Il est aussi important d’avoir un groupe homogène en niveau et en
attentes. Des plongeurs expérimentés ne veulent pas voir la même chose
que des débutants. Les débutants veulent souvent bouger, tandis que les
expérimentés veulent prendre leur temps et aller dans les détails. Les
débutants sont généralement faciles à satisfaire : en gros, il suffit de les
emmener sous l’eau et de les ramener sains et saufs ^_^. Il n’y a donc pas
trop de pression sur le ressenti des clients sur la plongée, en revanche, les
débutants risquent plus de faire des conneries et doivent être surveillés
comme le lait sur le feu. C’est tout le contraire des expérimentés, qui ne
sont (a priori, mais il faut toujours se méfier), moins prompts aux
comportements dangereux, donc pas trop de pression de ce côté-ci, en
revanche, ils seront beaucoup plus difficiles à satisfaire, donc grosse
pression de ce côté-là… Bon, des fois, en tant que guide, le seul fait d’être
devant permet de voir les choses en premier et de les montrer et donc de
passer pour un type qui trouve plein de trucs ̂ _^. Et, quand on ne connaît
pas un site, il suffit parfois de suivre en loucedé, à quelque distance, un
autre groupe guidé par quelqu’un qui, lui, connaît le coin…
Quand tout le monde sort de l’eau avec la banane, c’est une vraie
récompense pour le guide, car c’est parfois vraiment une grosse pression
tout du long !
Rob, devant le panneau de briefing de Turtle Rock
On se met à l’eau, donc, et moi en premier. Je perds une palme. Super, ça
commence bien. Heureusement elle ne coule pas à pic et je peux la
récupérer facilement. Je vérifie que tout le monde est là et prêt à descendre,
et puis c’est parti, on glisse sous les eaux. Nous sommes à Turtle Rock. Je
n’ai évidemment jamais plongé ici, et je ne reconnais absolument pas le
site tel que briefé : ça commence bien… Bon, je prends la tête, je pars à
l’Est, comme prévu. On arrive sur un roc titanesque, presque sphérique,
qui doit bien faire 15 m de haut. Vue la taille du truc, et sa majesté, je me
dis que même si ce n’était pas sur la carte du briefing, cela fera notre
principale étape. Je commence par la base à 23 m de fond, puis je
commence une très lente remontée en spirale tout autour. Je prends mon
temps, je montre des lion fish et autres bestiaux. Je gère mon air, vérifie la
conso de chacun. Je me retourne souvent pour vérifier que tout va bien,
je demande aux binômes de bien rester groupés. Arrivés vers le haut du
roc, on tombe sur un magnifique barracuda. Je juge que nous sommes aux
2/3 de la plongée, mais je n’ai plus rien à nous mettre sous la dent, or, je
ne dois pas rester statique et attentiste. Tout autour, c’est le grand bleu à
perte de vue, je ne vois rien d’intéressant, mais je dois trouver quelque
chose. On pourrait longer le fond, même sablonneux : il y a souvent des
choses à voir pour qui sait regarder. Mais cela ferait un piètre profil de
plongée, nous ne sommes pas censés redescendre, et puis niveau
consommation ça ne le ferait pas. Je sais, d’après le briefing, dans quelle
direction est la côte. Elle ne doit pas être bien loin même si on ne la voit
pas, j’y trouverai des eaux peu profondes et des rochers à inspecter. Ma
décision est prise. Elle implique de se jeter dans le bleu, sans repères
visuels, sans rien d’intéressant, avec la crainte de ne rien trouver, mais tant
pis, j’y vais, mes souvenirs de la carte sont frais et mon compas ne ment
pas. Je fais signe à tout le monde qu’on y va, et qu’il va falloir palmer un
peu pour ne pas traîner. Il ne faut pas redescendre, mais je le fais quand
même un tout petit peu, pour quand même voir le fond. Tout le monde
me suit, c’est cool : ils ont compris ma stratégie. La traversée du bleu me
semble interminable, mais je garde un œil sur mon ordi, et je vois qu’en
réalité ce n’est pas si long que ça. Nous arrivons comme prévu sur un haut
fond rocheux, avec suffisamment de choses pour terminer la plongée.
Sandra arrive à 70 bar, la limite prévue pour commencer à remonter
jusqu’à 5 m et pour déployer les SMB, ce que chacun fait proprement. On
fait notre palier de sécurité de 3 minutes à 5 m, comme prévu, puis nous
voilà en surface. Je fais signe au Mariner avec mon SMB pris à l’horizontale
à deux mains au-dessus de ma tête pour former un « O » (« OK »). J’attends
que le Mariner donne un coup de « klaxon » pour me signifier qu’il m’a vu.
Je veille sur l’intégrité de mon groupe, je rappelle la procédure de
remontée. Tout se passe bien, sauf que je remonte avant Alex, alors que
j’aurais dû remonter en dernier. On a toujours du mal à se situer par
rapport à celle : simili-client ou instructrice ? Là, j’aurais dû la traiter
comme une cliente jusqu’au bout [Plongée #6 – Turtle Rock, Surin –
41 min @ 23,2 m]. Je suis content de moi mais épuisé mentalement. Gérer
une plongée, ce n’est pas encore quelque chose de naturel, il y a tant à faire
sous l’eau, tant de paramètres à prendre en compte, alors quand en plus
on ne connaît pas du tout le site…
Déjeuner. Titanesque comme toujours. Chacun renseigne ses paramètres
(profondeur, durée, tels qu’indiqués par l’ordinateur, faune spécifique
rencontrée) dans le registre.
Après le déjeuner, pendant la pause, on débriefe. Alex me demande ce que
je pense de ma plongée. Je lui dis que je suis plutôt content, j’explique ma
démarche. Elle demande aux autres ce qu’ils en pensent, ils sont plutôt
contents aussi. Enfin, Alex donne son avis. Le verdict tombe : elle est très
contente de moi. Elle me dit que j’aurais pu/dû attendre d’être plus proche
du fond pour partir vers l’Est, au début, pour que chacun puisse avoir une
meilleure référence visuelle (important pour les débutants), mais ça va, on
n’était pas non plus totalement perdu dans le bleu. C’était aussi, au moins
inconsciemment, mon sentiment : on avait quand même un repère.
Ensuite, elle me dit que ma décision de m’attarder sur l’énorme roc était
bonne : il ne figurait certes pas dans le briefing, mais il valait le coup d’être
vu et c’était une bonne prise de décision de ma part. Elle est aussi contente
du rythme, du profil, de ma « surveillance » du groupe. Elle me dit que
j’aurais dû décider plus rapidement de partir dans le bleu vers le haut fond,
qu’il y a eu une petite période de flottement, mais elle a bien compris que
j’en étais conscient et que j’évaluais mes options. Et, oui, j’ai déconné en
ne sortant pas en dernier, mais elle comprend aussi qu’on a parfois du mal
à cerner son rôle à chaque instant. Au global, donc, elle est très contente.
Du coup, je suis ravi aussi ^_^. À la fois de mon guidage, mais aussi de la
plongée en elle-même, qui était, j’ai oublié de le préciser, quand même
vachement belle !
Petit repos bien mérité, puis c’est parti pour la 3ème plongée de la journée.
Ce coup-ci, c’est Rob qui guide. Il n’a pas grand-chose à faire côté
orientation, car on se contente, en accord avec le briefing, de longer le
récif de la côte sur notre main droite. On n’a même pas à faire demi-tour.
Rob, probablement un peu stressé, consomme comme un porc, et doit
donc déployer son SMB car il arrive à 70 bar. On fait de même. Bref, petite
plongée peinarde, pas fabuleuse mais pas nulle non plus. Côté guidage,
Alex peut difficilement évaluer Rob, qui n’a pas eu grand-chose à faire
[Plongée #7 – Stork Island, Surin – 39 min @ 20,5 m].
En surface, on apprend que certains ont entr’aperçu un requin, ce qui,
inévitablement, déclenche la plus folle des effervescences comme toujours
quand il est question de requin… Perso, après avoir plongé en mode
feeding avec les bull sharks aux Fidji, j’ai un peu de mal à être impressionné
par les requins désormais (oui, je sais : le feeding, c’est pas bien). Mais là,
j’apprends que c’était un requin-baleine. Putain, là, ça m’intéresse. Il faisait
dans les 4 m apparemment. Là, j’ai les boules d’avoir loupé ça, car c’est
aussi un peu pour ça que je suis venu à Khao Lak !
Goûter à base de papayes et de cookies, avec des dauphins autour du
bateau, tranquille .
En fin de journée, pendant que les clients vont glander sur la plage, nous,
nous sommes de corvée tests physiques. C’est parti pour le 400 m nage
libre (en tournant autour du bateau). Les lunettes de natation sont
autorisées, je croyais que ce n’était pas le cas, donc je n’ai pas les miennes.
Putain la loose… Rob, lui, a des petites lunettes roses de pédé ^_^.
Je termine 1er, devant Mitch, après lui avoir involontairement défoncé les
côtes avec un coup de pied ^_^. Je fais 7 minutes 40 secondes, c’est un
peu mieux que mes temps à l’entraînement (faut dire que, même fatigué,
là, j’étais super motivé). Je marque donc 4 points sur 5 possibles. Sandra
termine bonne dernière, avec un temps vraiment minable. Je constate
qu’elle ne sait même pas crawler correctement : elle maintient la tête hors
de l’eau. Nan mais « à l’eau » quoi…
On passe ensuite au remorquage ou, plutôt, au poussage de plongeur
inconscient. Je marque 4 points aussi.
Je termine avec les yeux explosés : sans lunettes, l’eau de mer, plus les
relents de gasoil, ça n’aide pas…
On se descend une grande bière pour fêter tout ça, puis Alex nous donne
un long cours théorique sur l’identification des espèces sous-marines. Je
suis très mauvais à ce niveau-là : je connais très peu de noms (et j’avoue
ne pas être super intéressé). Les modes de vie des bestioles, oui, c’est
intéressant, après, connaître toutes les variations de chaque petit truc,
bof… mais il va bien falloir que je m’y mette : en tant que divemaster, il
est attendu de moi que je sois capable de nommer un grand nombre de
bestioles pour pouvoir, notamment, répondre aux interrogations des
clients.
1er mars
Levé 6h30. Rob et moi sommes assignés au « current check » (vérification
du courant : force, direction) avec Kui, un des divemasters thaï de Wicked.
D’après ce qu’on peut voir en surface, il n’y a pas franchement de courant :
les bateaux ne sont pas alignés, les amarres ne sont pas tendues. Mais le
capitaine, comme toujours et il a raison, insiste pour qu’on fasse un check
en bonne et due forme.
On monte dans le zodiac, qui nous dépose pile à la verticale du Richelieu
Rock. On se met à l’eau. Elle est fraîche, putain ! Il fait encore à peine jour,
du coup les bestioles se comportent encore à moitié comme pendant la
nuit. Je vois notamment passer une énorme murène en train de chasser à
toute vitesse, chose qu’elles ne font pas pendant le jour (elles restent dans
leur trou). Le Richelieu Rock est hyper impressionnant, la lumière est
faible mais merveilleuse, les murènes chassent, c’est magique. Le current
check c’est généralement chiant, mais là, c’est un privilège de faire ce petit
snorkeling au soleil levant. Je me dis que la plongée là-dessous, tout à
l’heure, va être colossale !
J’en oublie presque pourquoi je suis là : vérifier le courant. J’observe les
algues, je me laisse dériver : ça bouge un peu quand même. Je regarde où
est le soleil pour m’orienter : ça vient du Nord. Kui laisse pendre un câble
avec un poids. Le câble se tend un peu et se courbe, en suivant le profil de
vitesse (moi qui suis mécanicien des fluides, ça me plaît particulièrement,
de pouvoir ainsi visualiser le profil de vitesse). On sent que ça va bouger
un peu. D’autant plus que le rock est massif, donc il bloque le courant,
même faible, et le concentre fortement dans certaines zones de passage.
Donc non seulement ça va bouger mais en plus le courant sera complexe,
3D. On voit bien là les limites du current check en surface et même avec
un câble pour voir la variation vers le fond : ça ne renseigne pas sur ce que
l’on va précisément rencontrer. (Et Sandra en fera les frais tout à
l’heure…)
On remonte sur le bateau, pile pour le briefing. On annonce le courant.
Les guides savent à quoi s’en tenir. Sandra fait de l’huile…
De notre côté, c’est Mitch qui va nous guider, et je suis en binôme avec
Alex. On se met à l’eau, on glisse vers les profondeurs. On n’abuse pas
trop, la limite est fixée à 30 m, on va jusque 27. C’est fabuleux. Il y a pas
mal de monde, mais c’est tellement beau que je m’en fous. On tombe sur
une Mantis Shrimp, la « terreur des profondeurs ». Depuis le temps que je
voulais en voir une, je suis trop content. Et c’est effectivement totalement
psychédélique comme créature, en termes de couleurs. Je vous renvoie à
cette BD, écrite par un de mes auteurs-humoristes préférés (The Oatmeal),
pour la description de cette bestiole totalement improbable. C’est une BD
à mourir de rire, que j’ai évidemment faite tourner chez Wicked, où elle a
eu un succès dingue. Mitch était plié de rire et s’est ensuite mis, parfois, à
arriver derrière moi en chuchotant « Embrace the darkness… » tellement
il a kiffé ^_^.
Un extrait de la BD de The Oatmeal
Le guidage de Mitch est bon, il gère bien. Il a fait le bon choix dès le début,
il est parti du côté protégé du rocher, un peu comme tous les autres
groupes, pour éviter le courant.
Sandra consomme son air à toute vitesse, comme d’habitude, nous
contraignant à la remontée. On a tous les boules. On déploie nos SMB et
on remonte après le palier, tant pis [Plongée #8 – Richelieu Rock, Surin –
38 min @ 26,8 m].
Petit-déj, tranquille. Je discute avec Ali, un Français. Il est niveau 3, avec
plus de 700 plongées, c’est sa passion. Il se fait au moins deux ou trois
séjours plongée par an, généralement comme ça, en croisière. Ça lui revient
cher, mais quand on aime on ne compte pas !
Mise à l’eau pour la deuxième plongée, cette fois c’est Sandra qui dirige. Je
le sentais mal et mes craintes se confirment : elle chie puissamment dans
la colle. Au début, nous sommes protégés par le courant, c’est super beau,
je repère plein de scorpion fish bien camouflés, mais en arrivant au bout
d’une crête, on se retrouve exposés. Je sens le truc venir. Je vois Sandra
lutter comme une merde. À aucun moment elle ne communique, alors
qu’elle aurait très bien pu faire une pause, à l’abri, dans l’angle, juste avant
de se jeter dans la gueule du loup (à supposer qu’elle décide de faire ce
choix-là). Surtout que, d’après la topologie, on est en droit de penser qu’il
n’y a pas plus de 30 m de galère avant de se retrouver de nouveau protégés.
Personnellement, j’aurais fait une pause, fait signe à tout le monde qu’il y
avait un fort courant et donc qu’il fallait palmer vite, bien derrière moi, et
j’aurais emmené tout le monde rapidement du côté protégé. Mais là, il est
manifeste que Sandra n’a rien décidé du tout, elle est juste arrivé au bout,
n’a pas fait de pause, a tourné, s’est retrouvée exposée et s’est mise à
paniquer. Elle a tracé toute seule sans rien dire, n’a pas trouvé d’endroit
protégé (elle s’est arrêtée au milieu de nulle part et s’est éloignée des parois
alors que c’est un peu la règle n°1 du courant : en paroi (latérale ou fond),
le courant s’atténue), s’est retournée, bien verticale et donc en mode
parachute face au courant, nous a regardés avec des yeux de bovins, et
s’est mise à dériver. Elle a plus ou moins arrêté de palmer, fatiguée, ne
sachant plus que faire. J’assiste à la scène, 20 m plus loin, dans la zone
protégée que j’avais prévue. Alex prend les choses en main. Rob et Mitch
me rejoignent, Alex fait signe à Sandra de se rapprocher, lui indique où se
mettre. Sandra reprend un peu ses esprits, et le cours de la plongée
reprend. Mais pas bien longtemps : quelques minutes plus tard, Sandra,
toujours sans rien communiquer, déploie son SMB : elle est à 60 bar, on
doit remonter. Je suis vraiment blasé. Le site était fabuleux, j’ai vu de très
belles choses, et je suis content d’avoir su analyser la situation liée au
courant (même s’il n’était pas nécessaire d’être polytechnicien sur ce coup-
là), je me dis que j’aurais bien géré la plongée si j’avais été aux commandes,
et là on se retrouve à remonter bêtement, de manière prématurée, tout ça
parce que Sandra n’a pas suivi des règles pourtant élémentaires : prendre
son temps, juger, communiquer, décider. Enfin bon, c’est comme ça. Ça
reste une plongée très belle et très formatrice [Plongée #9 – Richelieu
Rock, Surin – 34 min @ 20,6 m].
De retour sur le bateau, pendant le petit-déjeuner, Sandra est décomposée.
Je vois qu’Alex ne sait pas trop comment aborder la situation, tant les
erreurs de Sandra sont flagrantes et n’auraient jamais dû être commises.
Avec le recul, au moins, Sandra fournit une bonne analyse de ce qu’il s’est
passé, je dois lui reconnaître ça. Mais elle est incapable de dire pourquoi
elle s’est jetée dans le courant sans réfléchir et pourquoi elle n’a fait que de
la merde par la suite : ne pas chercher de zone abritée, se foutre dans la
zone la plus exposée, y rester, dans la pire des positions, ne pas chercher
à communiquer avec son groupe, et ne même pas essayer de rejoindre son
groupe qui, cela crevait pourtant les yeux, était dans une zone protégée ! Il
n’y avait pourtant aucun élément stressant en amont (sauf le fait, bien sûr,
que c’était son premier guidage, et je dois avouer que ça peut être un sacré
déclencheur de stress, mais enfin, quand même, à ce point-là !). Je la vois
au bord des larmes. Je n’en rajoute pas. Je ne l’apprécie guère, mais pas au
point d’être méchant. J’essaie de la rasséréner un peu, sans grand succès
(je ne pense pas être super doué pour ces choses-là, étant moi-même un
pessimiste dépressif…). Alex lui dit que c’est pas grave, ça arrive, qu’on va
tous faire des conneries, que c’est normal car on est là pour apprendre.
Elle a évidemment raison et, même si elle enfonce un peu des portes
ouvertes sur le fond, sur la forme, son discours est vraiment bon. (Oui,
oui, je suis toujours aussi fan d’Alex ^_^.) Là où elle y va peut-être un peu
fort en revanche, c’est qu’elle annonce à une Sandra désemparée qu’elle va
devoir s’y remettre tout de suite et guider la prochaine plongée. Choix
audacieux, perso j’aurais laissé les choses décanter, je doute que Sandra
reprenne du poil de la bête aussi vite, mais bon, je fais confiance à Alex.
La suite sera malheureusement catastrophique. Quand on apprend
pendant le briefing qu’il va y avoir un fort courant sur Tachai Pinnacle, je
vois que Sandra panique. Alex lui donne des conseils/consignes strictes
qui devraient aider. Las. On est censé se mettre à l’eau très vite et, tout de
suite, descendre le long de la ligne. Sandra tarde trop en surface. Je dois
avouer que Mitch et moi, qui sommes en binôme, n’avons pas aidé, donc
je ne lui jette pas (totalement) la pierre : on s’est mis à l’eau un peu trop
sur tribord, et avons dû palmer un peu pour rejoindre Sandra. Mais même
là, elle a continué à tergiverser, alors qu’il fallait descendre au plus vite. Du
coup, on loupe le point de chute abrité, et on se retrouve avec le courant
dans la gueule. Ça ne me semble pas catastrophique pour autant : il y a
plein d’énormes rocs qui, outre le fait qu’ils sont très classes, constituent
autant d’abris super efficaces. Il suffit donc de trajecter intelligemment
entre les rocs pour éviter le courant. En plus, perso, je trouve ça super
amusant : on a un peu l’impression d’être en infiltration sur un champ de
bataille, que le courant est l’ennemi, et qu’on se déplace dans les tranchées.
En plus, c’est beau. Mais, inexplicablement, au bout d’à peine quelques
minutes pourtant pas trop mal gérées, Sandra décide de se jeter dans la
gueule du loup. Encore. Elle nous fait faire n’importe quoi, on lutte, on
fatigue. Elle finit par abandonner, se retrouve perdue dans le bleu, une fois
encore bien verticale façon parachute (voire sac poubelle…), et se fait
emporter. Alex, bien à l’abri comme nous, la regarde, médusée, et lui fait
de grands signes. Sandra finit par se reprendre, et nous rejoint. Nous
progressons de nouveau entre les rocs, dans un paysage lunaire, c’est
magnifique, mais il est déjà temps de remonter : Sandra arrive à 60 bar.
Putain… On déploie nos SMB, Alex nous indique qu’elle veut qu’on fasse
ça de manière synchronisée. On réussit admirablement, ce qui donnera à
Alex un point de satisfaction sur lequel broder, parce que le reste du
debrief ne sera évidemment pas glorieux… [Plongée #10 – Tachai
Pinnacle, Similan – 32 min @ 21,2 m].
L’après-midi, on commence le cours théorique pour la spécialité Nitrox.
Ce n’est pas inclus dans la formation divemaster, et ce n’est évidemment
pas obligatoire, mais ça me semble être un vrai plus, donc je me lance.
Mitch, lui, est déjà certifié Nitrox, ce qui lui laisse le loisir de glandouiller
tranquillement (mais en fait, comme d’hab, Mitch ne glande pas : il se rend
utile pour les autres. Brave Mitchalodon ! ^_^). J’hésite à suivre le cursus
PADI, mais Alex a déjà lancé tout le monde sur SSI. Elle me dit que, bien
sûr, je peux très bien faire le PADI, mais c’est un peu plus cher alors que
le contenu est exactement le même. Je me laisse entraîner côté SSI avec
mes collègues, en espérant qu’en France ils ne me feront pas chier sous
prétexte que c’est SSI. Je découvrirai plus tard que, bien évidemment, la
FFESSM ne reconnaît pas le Nitrox SSI. Mais, en pratique, beaucoup de
clubs en France reconnaissent SSI (encore heureux), et donc ce n’est pas
(toujours) un souci. Et au terme de cette formation SSI, je peux dire que
c’est en tout point similaire à la formation FFESSM, pour avoir assisté au
cours Nitrox FFESSM suivi par Charles pendant notre formation niveau
3 en septembre dernier à Marseille.
Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais, en gros, le Nitrox est un
mélange gazeux semblable à l’air, appauvri en azote et enrichi en oxygène :
typiquement 32 ou 36% (contre 21% pour l’air). On peut monter jusqu’à
40%. Au-delà, comme pour la FFESSM, il faut une formation
supplémentaire. Plonger au Nitrox n’est en effet pas anodin du tout, et
s’apparente un peu à de la plongée technique (c’est-à-dire la plongée au-
delà du simple loisir). Au-delà de 40%, c’est réellement de la plongée
technique. L’intérêt du Nitrox, c’est de pouvoir allonger la durée de non-
décompression et/ou d’ajouter des marges de sécurité face au risque de
décompression. Mais cela a un prix : l’oxygène est moins embêtant que
l’azote en termes de décompression, car il est métabolisé plutôt que
simplement dissous dans le sang, mais il est aussi potentiellement toxique :
on risque des irritations des voies pulmonaires et, surtout, une perte de
conscience accompagnée d’une crise de convulsions. Sous l’eau, c’est pas
une bonne idée : cela mène généralement et assez logiquement à la mort
par noyade. Pour éviter ces risques, le Nitrox apporte des contraintes
complémentaires : il faut être rigoureux dans la conception et l’analyse du
mélange gazeux et savoir calculer puis respecter une profondeur maximale
fonction du pourcentage d’oxygène. On ne peut donc pas plonger aussi
profond au Nitrox qu’à l’air. D’ailleurs, la profondeur limite de la plongée
à l’air selon la FFESSM (60 m) correspond en fait à ce même risque de
toxicité à l’oxygène, qui apparaît évidemment aussi avec l’air, mais plus
profondément qu’avec le Nitrox. Autre chose à bien intégrer : le Nitrox
ne protège pas plus de l’ivresse des profondeurs que l’air.
Goûter à base de mangues et de riz au lait, c’est absolument divin. Il y a
aussi des beignets au sucre, c’est l’orgie la plus totale ^_^.
Sandra est en train de se morfondre, toute seule à une table. J’essaie de
l’aider un peu, mais je ne sais pas quoi faire.
Une bouteille Nitrox
On commence à se préparer pour la plongée de nuit, l’île de Koh Bon est
en vue. On prépare les lampes torche, ce qui consiste en gros à changer
toutes les batteries (pas des piles, on travaille avec des batteries) et à vérifier
et graisser tous les joints d’étanchéité. Les joints s’avèrent être d’immondes
petits salopards super relous à retirer, c’est vraiment super pénible.
Ensuite, avec Mitch, on se fait une grosse session ravitaillement des frigos,
qui ont manifestement été dévalisés pendant l’après-midi.
La nuit tombe, Alex fait le briefing de la plongée de nuit. Je ne suis pas
très expérimenté dans le domaine, je n’en ai fait qu’une seule, en 2012,
pendant ma formation advanced open water à Nice. Du coup, même si je
ne pars pas de zéro, j’apprends pas mal de choses pendant le briefing. Et,
une fois de plus, Alex se révèle être une vraie rockstar : son briefing est
génial, drôle, intelligent, bref, Alex, quoi.
Alex nous lâche seuls dans la nature : je suis en autonome avec Mitch. Rob
est avec Sandra. Alex nous a donné comme consigne de respecter
scrupuleusement la durée maximale (40 min, contre 60 min usuellement
pour les plongées de jours), la profondeur maximale (15 m) et, surtout, de
retrouver le bateau !!! Toute dérogation à ces consignes entraînera un beer
fine… c’est-à-dire une amende à honorer par une tournée de bière !
Je suis un peu claqué, je laisse donc Mitch guider notre binôme. Je n’en
suis pas moins vigilant pour autant. Dès les premiers 50 m sous l’eau, je
signale à Mitch qu’il dévie notablement du cap qu’on s’était fixé : il en
prend acte, me dit ok, et corrige le tir. Mitch est équipé de tout un tas de
lumières de signalisation, dont certaines clignotantes. Ce n’est pas très
puissant, donc ça ne produit pas de pollution lumineuse (le crime de lèse-
majesté de base en plongée de nuit !), en revanche ça lui donne un petit
côté guirlande de Noël parfaitement ridicule et donc très amusant ! Les
poissons-perroquets sont en train de dormir, à l’arrêt, couchés et
vaguement calés entre les coraux. Ça aussi, c’est très amusant. Nous
arrivons face à une paroi : nous avons atteint l’île. Comme convenu, on
oblique bâbord. Au bout de quelques minutes, stupeur : il y a plein de
lumière au-dessus de nous : nous revoilà sous le Mariner ! Putain, qu’est-ce
qu’on a branlé ? C’est inexplicable d’après notre « plan de vol », on s’est
forcément loupé à un moment. Bon, tant pis, mieux vaut ça que de se
perdre au large. Il nous reste 10 min à tirer environ, nous repartons donc
faire un petit tour. On s’éloigne vachement du bateau, je fais signe à Mitch
qu’il est temps de rentrer. On fait notre palier, on déploie nos SMB (non
nécessaire mais c’est pour s’entraîner) [Plongée #11 – Koh Bon, Similan
– 40 min @ 15,2 m].
Une fois en surface, gros doute : c’est bien le Mariner ce bateau ? De nuit,
on met quelques instants à réaliser. Mitch est déjà en train de râler parce
qu’on va se faire beer-finer, mais je le rassure : c’est bien Kui sur le pont,
et, regarde gros boulet, c’est écrit Mariner en toutes lettres ! Il se calme ̂ _^.
On remonte, Alex peut constater qu’on a respecté tous les paramètres
(même si honnêtement on a eu de la chance vu comment on a merdé sur
l’orientation !). Elle nous félicite. Rob et Sandra sont déjà là, ils nous
regardent, tout penauds : ils vont devoir payer l’amende. Ils se sont perdus
et sont remontés au milieu de la baie, dans le noir absolu, et ont dû nager
en surface jusqu’au bateau. Avec Mitch on joue les gros fiers et les gros
durs devant eux, mais en « coulisse » on n’est pas dupe : on n’a pas été
franchement meilleurs…
Bref, on est content. J’ai vu plein de scorpion fish, beaucoup plus faciles à
voir la nuit que le jour : ils deviennent tout rouges sur fond noir, pour une
raison qui m’échappe (sont-ils alors vraiment rouges ou bien est-ce une
histoire de longueur d’onde ou je ne sais quoi ?). En revanche, on n’a pas
vu la méga baston de murènes dont plein de plongeurs parlent. Ça c’est la
blase.
Cordons bleu absolument divins pour le dîner.
Dodo bien mérité.
02 mars
Levé 06h15. En prenant un café avec Rob devant le soleil levant, je lui
avoue tout sur notre coup de chance d’hier soir pendant la plongée de nuit.
Beau joueur, il le prend bien, et nous félicite pour cette réussite (même si
ce n’en était pas une).
La première plongée du jour est une plongée profonde, en accord avec les
standards PADI qui imposent un « deep dive scenario » pour la formation
divemaster. Plongée profonde, au sens de PADI, et en loisirs, c’est dès
18 m et jusqu’à 40 m. Dire qu’une plongée est profonde dès 18 m est un
peu fort de café, mais bon, il faut bien tracer une limite. Un certain nombre
de plongeurs considèrent plutôt la zone au-delà de 25-30, mais bon. Bien
consciente du côté un peu ridicule de la chose, et comme on a déjà fait du
quasi 30 m ces derniers jours, Alex nous emmène à 40 m pour couper
court à toute discussion ^_^. Bon, il ne s’agit évidemment pas juste d’aller
profond pour valider le « deep dive scenario ». Alex nous fait donc réviser
les spécificités de la plongée profonde, notamment les procédures de
descente et de remontée, la règle dite des « 3 tiers » (le premier tiers de l’air
est dédié à la plongée, le second tiers est dédié à la remontée, le dernier
tiers doit être conservé comme marge de sécurité), et nous fait faire un peu
de calcul de consommation. Elle emmène également une bouteille de
secours avec détendeur complet, une « pony bottle » comme on dit,
accroché à son barda. J’aurais bien aimé qu’on soit tous équipés d’un
matériel redondant comme elle, mais ce n’est malheureusement pas
possible. Tant pis.
Nous descendons donc rapidement, au petit matin, jusqu’à 40 m. C’est
magnifique, et, comme souvent chez moi, je sens assez bien l’effet de la
narcose : je suis un peu abruti, mais pas trop, juste ce qu’il faut pour être
bien (un peu comme après une ou deux pintes de bière, en gros). On croise
une raie, qui glandouille tranquillement. Sans faire exprès, je fous un gros
kick dans les côtes de Mitch, qui me dégaine aussitôt le « international
hand signal », c’est-à-dire le gros doigt du « va te faire foutre » ! Je m’excuse
platement, on se marre comme des cons, bref, on est bien.
C’est ma première plongée au Nitrox. Je ne sens aucune différence.
Comme nous avions prévu d’aller profond, le Nitrox n’est pas très élevé,
28%, c’est la limite pour descendre à 40 m (en tous cas chez PADI et SSI
qui imposent une pression partielle d’oxygène maximale de 1,4 bar, tandis
que la FFESSM considère un peu plus (1,6) ce qui fait du Nitrox 32% max
à 40 m). Certains se sentent euphoriques, boostés par le Nitrox. Il est
intéressant de noter que ces effets ne sont pas démontrés scientifiquement
(ce qui ne veut cependant pas dire qu’ils n’existent pas, les publications sur
le sujet parlent juste de « signalements anecdotiques »). Moi, en tous cas,
je ne sens rien, ni pendant ni après la plongée.
On remonte tranquillement. Rob se fait rappeler à l’ordre par Alex, car à
un moment, au lieu de remonter avec nous, il se laisse descendre de
quelques mètres.
On croise un type qui plonge seul, dans une combinaison kaki, avec un
matériel photo hors de prix. Un Japonais, qui plonge un peu n’importe
comment. Il vient nous prendre longuement en photo pendant notre
palier de sécurité. Dans le genre photo inutile. Alex lui fait signe qu’il est
totalement cintré, il s’en va. Un peu dérangé, le mec…
On déploie nos SMB, et retour en surface. [Plongée #12 – Koh Bon,
Similan – 30 min @ 40 m].
Je suis très content de la plongée, jusqu’à ce que j’apprenne qu’on a encore
raté un requin-baleine. Putain… Bon, ceux qui l’ont vu en font des tonnes.
Ils hurlent comme des cons. Apparemment, ils l’ont touché, et l’ont bien
emmerdé… Des gros cons, quoi. Ils ne sont pas de chez Wicked. De chez
nous, Ali, le Français, l’a vu. Il me dit qu’il faisait 3 ou 4 m, pas 10 comme
l’ont dit les teubés surexcités…
Comme le dira Alex plus tard : voir un requin-baleine, c’est une question
de chance, pas de compétence. Elle a sûrement raison. Je suis blasé quand
même… mais bon, c’est ainsi.
Avec Rob, on prend rapidement notre petit-déjeuner, car nous devons
commencer la check-list du bateau : on vérifie le contenu des cabines
(gilets de sauvetage…), et que tout est fonctionnel : éclairage, ventilos,
prises électriques, etc. On doit aussi vérifier l’oxygène, les kits de secours,
les batteries, le téléphone satellite, etc. Bref, grosses check-list de fin de
croisière à passer en revue. C’est globalement ultra chiant, mais nécessaire.
Et c’est tout indiqué pour les pauvres petits stagiaires divemasters ^_^.
C’est parti pour la deuxième plongée, la dernière de cette première
croisière. C’est plongée loisir, Alex guide, on profite. C’est une plongée
semi-dérivante. Nous sommes de nouveau au Nitrox. Comme nous
n’avons pas prévu de descendre aussi profond que ce matin, notre Nitrox
est plus fort (32%). Je ne ressens toujours aucune différence. On tombe
sur une gigantesque raie manta. Il y a un peu de courant. Je ne suis pas en
difficulté du tout, mais Alex me propose de m’accrocher sur un rocher
inerte (pas de coraux fragiles). Je ne dis pas non. La raie est assez loin au
début, disons 30 m, mais elle évolue en faisant des cercles qui l’amènent
de plus en plus proche de nous. Alex et moi sommes l’un à côté de l’autre,
et la raie finit par passer juste au-dessus de nous. C’est magique. Elle est
gigantesque, tranquille, majestueuse, et si proche. Alex a beau avoir
l’habitude, je vois à son regard qu’elle est enchantée, je crois que ces
rencontres avec ces créatures sont toujours aussi fortes. Ça ne dure
malheureusement pas longtemps : un boulet se « jette » dessus, la manta
prend peur puis s’éloigne. Putain, y a vraiment des gros cons sous l’eau
parfois. Tant pis ! Et, évidemment, j’avais pas ma GoPro avec moi… Je
pourrai cependant récupérer des photos.
La plongée continue. Nous sommes soudain happés dans un nuage d’eau
« glacée » (disons trois bons degrés de moins, ça se sent vraiment), trouble,
verdâtre et agitée. C’est ce qu’on appelle le « green monster » : un courant
froid, riche en nutriments, qui provient du fond marin. En langage
technique, c’est de l’ « upwelling ». Comme c’est de la nourriture, ça attire
beaucoup la faune, et c’est souvent ce qui fait la richesse et donc la
renommée des grands sites de plongée (les Galápagos par exemple : c’est
un des plus gros upwellings du monde, et l’un des meilleurs spots de
plongée du monde, si ce n’est le meilleur).
Nous arrivons au bout d’une crête, il y a pas mal de courant, beaucoup de
plongeurs, et encore plus de poissons. Et ces poissons sont en chasse, ils
se déplacent à toute vitesse, d’une façon à la fois ordonnée et désordonnée,
brutale, par à-coups, scintillants au soleil ; moi qui fait de la simulation
pour métier, j’y vois un champ vectoriel de toute beauté.
Il est temps de remonter, nous déployons nos SMB. En surface, devinez
quoi ? On apprend qu’on a encore loupé un requin-baleine… Putain mais
c’est pas possible, ce vieux running gag de merde ! Bon, je me dis qu’avec
encore quasiment un mois dans le coin, je vais bien finir par en voir un
(coupons court à tout suspens : non) [Plongée #13 – Koh Bon, Similan –
41 min @ 22,4 m].
Nous déjeunons rapidement, puis nous nous attaquons à la suite des
check-list. C’est très chiant, mais bon, c’est le jeu. En plus, avec le soleil,
moi qui suis ultra sensible, je commence à me payer une grosse migraine.
Et il fait ultra chaud. Super… Je vois venir ceux qui pensent que ça
pourrait être à cause du Nitrox : non. J’ai très souvent des migraines de
merde de ce type, et je n’avais jamais touché au Nitrox avant ce matin.
Bref. Je me réfugie sur le pont, mais il fait trop chaud. Je me planque dans
ma cabine, mais la clim y est évidemment anémique et il y fait à peine plus
frais. Je récupère un peu, mais quelle misère cette migraine…
Les plongées sont terminées, et nous avons quelques heures avant de
rallier le continent. Nous rinçons/nettoyons donc tout le matos.
Heureusement qu’on a beaucoup d’eau douce sur le Mariner. Nous autres
DMTs ne sommes pas encore bien rôdés au fonctionnement sur le
Mariner, donc on gêne les autres plus qu’autre chose. Bon, là on gêne, mais
la prochaine fois, maintenant qu’on a bien compris, on devrait être bien
efficace. Je galère pas mal avec ce que me dit Dan, j’ai beaucoup de mal à
comprendre son anglais, mais Mitch a bien saisi ma détresse : il me traduit
tout ce qu’il peut dès qu’il peut. Quelle brave bête ce Mitch ^_^ !
Arrivés au port de Tap Lemu, on descend un max de choses, et on aide au
chargement de la prochaine croisière. Je me retrouve notamment à
convoyer des énormes blocs de glace…
On monte ensuite dans les 4x4 de Wicked pour rentrer sur Khao Lak.
Tom, le trip leader, en profite pour lire les évaluations clients : il est super
content, car toutes les évaluations sont super positives. En même temps,
chez Wicked, ils font vraiment du super boulot : l’encadrement est bon,
l’ambiance est super sympa, donc je ne suis absolument pas surpris. Bon,
la propension de la cuisine à être ultra pimentée est quand même assez
commentée ^_^.
Direction le store room, pour déballer et ranger tout le matos. Putain, la
plongée, c’est vraiment cool, mais quelle misère à gérer tout ce matériel…
Tout est rangé. Nous sommes enfin « libres » ! Victoire ^_^ ! Je fonce à
mon jungalow pour gober de l’aspirine, descendre un grand coca bien
glacé, et prendre une méga douche (heureusement il y a de l’eau, c’est pas
tous les jours comme ça…). Ça fait du bien de se poser un peu, tranquille,
loin de la « fureur » et du coup de feu permanent du Mariner !
Je checke mes mails. Étrangement, il n’y a pas de mauvaises nouvelles en
provenance du taf. Bon, cool.
Je glande un peu, puis je me remets sur le manuel divemaster, que je
termine (sauf la partie sur la table de plongée électronique, que je ne
connais pas encore). Je pensais pouvoir avancer sur le Mariner, mais je n’ai
absolument pas eu le temps, on était pris tout le temps.
Je réfléchis à la suite : le Mariner, c’était génial, mais j’en ai quand même
chié physiquement et mentalement. C’était usant. Et ce n’était que le
début : on va nous en demander de plus en plus, notamment sur le guidage
de plongées, je sens que ça va devenir coton… Mais bon, je vais pas me
plaindre, je savais pour quoi je signais…
La migraine finit par passer, ça va beaucoup mieux, mes idées
s’éclaircissent. Et demain : day off !!! Putain ça va faire du bien…
03 mars
Je me suis fait une bonne nuit de sommeil, j’en avais bien besoin. Les coqs
n’ont commencé à faire du bruit que vers 6h du mat’, c’est cool. Je me
souviens qu’à Tahiti ces connards commençaient dès 2h…
Je continue Limonov, en glandant tranquillement sur le balcon, jusqu’à ce
qu’il commence à faire un peu trop chaud.
Je pars faire un tour en ville. Je dois changer de l’argent, je constate que
l’euro est méchamment en train de s’effondrer. Autre mauvaise nouvelle
d’ordre économique : le prix des glaces chez McDo est passé de 15 à 18
THB ! Crime contre l’Humanité ! Augmentation de 20% !!! J’annonce la
triste nouvelle à Rob, que je croise en ville, il trouve que c’est un scandale
absolu ^_^.
Je retourne au jungalow. Avec Mitch, on fait le point sur la croisière. On
parle longuement des piètres performances de Sandra en natation, ça nous
fait du bien, ça nous détend ^_^. Et, globalement, les autres membres du
staff sur le bateau ont aussi été pas mal gonflés par Sandra, notamment
parce qu’elle a passé son temps à hurler…
Là où Mitch n’est pas content, c’est que Wicked lui a facturé deux
suppléments Nitrox pour les deux plongées concernées, alors que lui
n’avait rien demandé…
Un type passe en scooter devant nous, une machette dans une main, un
bébé dans l’autre, le guidon en freestyle… classe !
On part faire un tour pour déjeuner d’un énorme burger (150 THB) avec
un Fanta (25 THB).
L’aprem, je glande dur. Le soir, je sors dîner d’un excellent kebab, mais un
peu petit, et sans frites, pour 80 THB. Le système de cuisson rayonne
comme c’est pas permis, je sais pas comment fait le cuistot, juste à côté,
pour pas mourir…
Comme j’ai encore faim, je me pose dans un petit resto qui fait des
brochettes grillées en terrasse. Je prends une brochette de poulet mariné,
pour 135 THB. Rob et Carol passent par là et se joignent à moi pour dîner,
je commande donc l’upgrade à 290 THB avec le litre de bière. Rob,
évidemment, me suit. Carol aussi. Mais comme elle boit peu, ça nous
retombe dessus. Je ne me plains pas. Rob non plus, je le soupçonne même
d’avoir prévu le coup pour pouvoir picoler sans se faire engueuler ^_^…
On passe une super soirée, on se marre bien, la musique live est super
bonne, bref, c’est top. Avec Rob, on enchaîne sur quelques glaces au
McDo (on ne se refait pas ^_^). On rentre se coucher, un peu bourré,
heureux et rassasiés.
04 mars
On fait de la théorie aujourd’hui au lieu de la session piscine qui était
prévue, car Alex est malade (une espèce de gastro…).
On déjeune tranquille au Lamuan, onion ring et coca pour moi (130 THB).
L’après-midi, on continue la théorie, notamment sur les aspects
commerciaux. C’est quelque chose qui est très souvent reproché à PADI,
dont certains s’amusent à dire, comme je l’ai déjà dit, que PADI signifie
PAy & DIve (payez & plongez), voire, même, PAy & DIe (payez et
mourez)…
La réalité, c’est que, oui, évidemment, PADI est un business. La plongée
est un loisir. C’est du tourisme. Et ça doit être profitable, comme
l’hôtellerie ou n’importe quel truc du même genre (vous reprochez à votre
hôtel, resto ou guest house de chercher à faire des bénéfices ?). Mais au-
delà de cette évidence (pas évidente pour tout le monde apparemment), la
philosophie de PADI n’est vraiment pas dérangeante. Elle est même
plutôt saine : il est bien indiqué (et assez logiquement, d’ailleurs), que le
commerce doit être mutuellement profitable, et donc que ce n’est pas en
niquant ses clients à tout va que ça va fonctionner. En effet, ce n’est pas
en enfilant ses clients sur un stage, une journée, une vente d’équipement
ou une croisière, que le business va marcher. Car si on vous enfile, vous
ne revenez pas. PADI n’a donc aucun intérêt à vous enfiler sauvagement.
Les mauvaises langues diront que du coup PADI vous enfile sur le long
terme et que c’est encore pire que le court terme… La vérité, c’est que si
vous vous faites enfiler sur le long terme, c’est de votre faute : ou bien
vous êtes idiots ou bien vous aimez ça… Bref, oui, PADI est un business
et pas un truc associatif, mais il n’y a rien de bien méchant là-dedans. Entre
Carouf, votre garagiste, la SNCF, la RATP, Air France et PADI, qui vous
enfile le plus ? Probablement pas PADI…
Ensuite, en tant que professionnel PADI, pour rester « actif », il faut payer
une cotisation annuelle, d’environ 100€. C’est plus que la FFESSM, mais
la FFESSM n’est pas gratuite non plus, et ce n’est pas une entité pro. Alors,
payer 100€ à PADI tous les ans quand on a fait de la plongée son métier,
perso, ça ne me semble pas totalement déconnant. 100€ c’est sans doute
un peu élevé, mais bon, une fois de plus, quand c’est votre boulot,
finalement…
Et puis, après, c’est comme partout : vous avez des vendeurs sans
scrupules et des gens plus à l’écoute de votre vrai besoin. Comme les
vendeurs de bagnole…
Là où ça y va « fort », c’est lorsqu’on nous explique qu’un professionnel
PADI n’est pas dans le business du tourisme ou du sport, ni même du
loisir, mais de la… transformation. Oui, oui. La transformation mentale, le
changement de vie, la transformation de l’être. C’est indéniablement
grotesque amené comme ça, sans finesse (à l’américaine…), même si sur
le fond il y a une part de vérité. Pour Alex par exemple, la plongée a tout
changé. Avant de découvrir le monde sous-marin, elle était vendeuse de
télés en Angleterre, maintenant elle est monitrice de plongée en Asie du
Sud-Est, elle fait de la plongée technique au trimix, elle a sillonné le
Pacifique et elle dirige une école de divemasters. Là, déjà, on se moque
moins... Bref.
Nous terminons la journée avec l’examen Nitrox SSI. Où l’on se rend
compte que les tables SSI c’est pas toujours brillant, et qu’il y a même deux
petites erreurs dans les réponses officielles d’une des versions de l’examen.
Alex remplit immédiatement une fiche qu’elle envoie à SSI pour le leur
signaler. De quoi alimenter les doutes envers SSI ? Franchement, je ne me
souviens plus des deux questions, mais non.
Nous passons ensuite au store room pour préparer la journée de demain,
où l’on ira plonger sur le Boon-Sung Wreck (épave du Boon-Sung).
Je dîne avec Mitch au Walker’s Inn, un resto qui fait aussi guest house,
c’est grand, propre, sympa, avec de la bonne zik. Les tarifs du resto sont
un peu plus élevés que la moyenne, car ce n’est pas juste un petit boui-
boui. Je me fais un grand burger avec des frites et un coca, pour 175 THB.
05 mars
Nous sommes au store room à 7h30, on prépare le matos pour l’excursion
sur le Boon-Sung. Quand Alex arrive à 8h, tout est prêt. Eh oui, on est
devenu efficace ! Elle revérifie tout, dans le doute, mais c’est nickel, on n’a
pas fait la moindre erreur. Elle est super contente de nous !
Nous partons donc pour la plage de Pakarang, en 4x4 Wicked. Il y a quatre
clients avec nous : un couple d’Allemands et un couple d’Espagnols,
encadrés par une divemaster freelance embauchée pour la journée par
Wicked.
L’Allemande est prise du mal de mer, elle vomit au bout de même pas
5 min, et passera la journée à dormir en position fœtale. Ça fait cher la
journée de pas-plongée…
En arrivant sur le site, Mitch est de corvée amarrage : c’est pas compliqué,
faut juste choper le câble sur la bouée et s’accrocher. Mais il se vautre
comme une grosse loose, perd à moitié son pantalon, et tombe à l’eau
comme une grosse merde. On est tous mort de rire. En plus il est tombé
dans les méduses et ressort défoncé ^_^.
On se met à l’eau. Alex est avec nous. Sandra guide, pendant que Mitch,
Rob et moi on doit trouver différentes bestioles et les montrer à Alex, en
faisant les bons signes d’identification.
La descente se fait dans l’épaisse couche de méduses qui nous défoncent
sévèrement la gueule. Je suis content d’être en shorty. Ça ne protège pas
autant qu’une intégrale, mais ça protège quand même plus que ce avec
quoi Mitch et Rob plongent : maillot-lycra. On pousse tous des hurlements
tellement on se fait défoncer la gueule. Et les hurlements, sous l’eau, avec
le détendeur, c’est que du bonheur…
Heureusement, les méduses ne sont présentes que sur les trois premiers
mètres, nous aurons la paix ensuite sur l’épave.
À un moment, Mitch me demande quelle no-deco il me reste. Je lui
annonce 50 min, car c’est que m’indique mon ordi, mais je trouve ça
bizarre. Lui aussi : il me dit qu’il n’a plus que 10 min. On se regarde,
étonnés. Je secoue les épaules et montre mes mains, paumes vers le haut,
signe plus ou moins non-officiel mais néanmoins international pour dire
« je ne comprends pas / je ne sais pas ». Puis, je comprends : la plongée
précédente sur le Mariner a été faite au Nitrox 32%, avec l’ordi réglé en
conséquence, et j’ai oublié de le re-régler pour une plongée à l’air. Erreur
de débutant de merde... Je prends mon ardoise, et j’écris « Nitrox » dessus.
Je la montre à Mitch : il comprend tout de suite et explose de rire comme
un gros connard ^_^. Je me dis que je vais me faire méchamment
engueuler par Alex en surface… En attendant, avec Mitch, on convient
que je reste au-dessus de lui et qu’on se cale sur sa no-deco à lui…
Putain… En tous les cas, c’est une démonstration éclatante par l’exemple
que le Nitrox a un effet bœuf sur la durée de no-deco !
L’identification de poiscailles, mon point faible et exercice du jour, se
passe bien. Je trouve toutes les bestioles demandées pendant le briefing,
notamment 5 scorpion-fish sur les 3 demandés. Je trouve même 3 putain
de nudibranches, des créatures toutes petites et ultra bien camouflées, qui
font souvent figure de Saint Graal des petites saletés difficiles à trouver. Je
suis on fire today, Alex m’applaudit sous l’eau ^_^. Je me dis que ça va
compenser la boulette nitroxienne… ou pas. On verra bien.
Il est temps de remonter. Les méduses sont toujours là, et même un peu
plus profondes qu’à la descente. Le palier est donc fait dans une soupe de
méduses, on se fait sévèrement démonter la gueule… À un moment,
Mitch pète un plomb et se met à hurler comme un ouf en secouant la
corde d’amarrage… Alex est morte de rire ^_^. Normal, elle, elle est en
intégrale… [Plongée #14 – Boon-Sung, Khao Lak – 51 min @ 19,1 m].
*Mitch*
Le guidage de Sandra était correct. Mais en même temps, c’est une épave,
difficile de d’y perdre, et il n’y avait aucune difficulté (pas de courant,
notamment). En plus, nous sommes des plongeurs quand même assez
expérimentés, pas des novices qui faisons plein de boulettes, on est
discipliné, donc elle n’a quasiment rien à faire. On aurait pu simuler des
bêtises, on en a parlé avec Alex, mais elle ne préfère pas, ou alors elle s’en
charge (mais n’en fera rien, je suppose qu’elle préfère laisser à Sandra
gagner de la confiance, vu comment ça s’est passé sur le Mariner…).
On se déséquipe. Tout penaud, je vais voir Alex et je lui avoue que mon
ordi était encore réglé sur Nitrox. Elle me regarde avec un drôle d’air. Avec
un grand sourire, elle m’avoue qu’elle a fait exactement la même
connerie… et qu’il est donc difficile pour elle de m’engueuler ! Elle me dit
que ce genre de choses arrive, même aux instructeurs expérimentés (la
preuve). Et que ça fait chier, et qu’il faut espérer que cette journée nous
serve un peu de leçon. Elle me demande quelle est la procédure à suivre.
Je lui dis que, ayant plongé sur un ordi au Nitrox, tout notre profil est
faussé, y compris notre intervalle de surface, et donc que la plongée d’après
sera faussée aussi. Je réfléchis une seconde. Je complète en disant que, en
revanche, les heures d’entrée et de sortie, les durées et profondeurs
indiquées par nos ordis sont correctes. Et donc qu’il suffit de regarder ce
que cela donne sur les tables (en espérant ne pas se retrouver en deco…),
et qu’on peut ensuite effectuer la prochaine plongée en restant dans les
données de la table. Alex me répond que c’est exact, mon diagnostic est le
bon. Je regarde la table et, évidemment, d’après elle, on est entrés en
deco… Putain. Mais à peine, et surtout parce qu’on est obligé d’arrondir
les chiffres. Mitch, Rob et Sandra sont largement bons d’après leurs
ordinateurs, forcément moins pénalisants que la table. Bon. Étant donné
qu’il n’y a pas de raisons que nous ayons eu un profil très différent des
leurs, on peut considérer qu’on est bons. On est à la limite, on va dire,
c’est vraiment pas propre, j’en suis bien conscient, mais ça ne semble pas
inquiétant. On prend un gros intervalle de surface pour marger tout ça. Je
calcule l’azote résiduel et j’indique les paramètres maximaux à ne pas
dépasser pour la prochaine plongée. Alex me dit que c’est bon, et que cette
boulette aura donc au moins eu le mérite de nous forcer à raisonner pour
trouver une solution, et d’utiliser un peu les tables.
Seconde plongée. Sandra est toujours au guidage. Je trouve une petite
murène aux yeux blancs, dont on dit qu’elles sont aveugles. Je « demande »
à Alex si je peux « jouer » avec la murène, comme Alex nous l’a montré.
Elle me dit oui. Je présente donc mon doigt à la mini murène. Elle le sent,
sort un peu de son trou, s’entortille doucement autour. C’est mignon tout
plein. Mais elle ne mordille pas, comme cela avait été le cas lorsqu’Alex
nous avait montré ce qu’on peut faire avec ces murènes aveugles.
On tombe sur un scorpion-fish titanesque.
Petite plongée tranquille, et, cette fois, c’est moi qui aie trop consommé
(je ne sais pas trop ce que j’ai branlé, mais bon, ça arrive) ! Je fais signe à
Sandra que je suis à 70 bar. Elle en prend acte (elle était à 75…), on finit
notre petit tour, et on commence la remontée. [Plongée #15 – Boon-Sung,
Khao Lak – 42 min @ 18,6 m]. Alex est moyennement contente du
guidage de Sandra, notamment parce qu’on avait dit qu’on ne devait pas
dépasser 40 min, et que malgré deux rappels, Sandra a fait durer la plongée
42 min.
Retour sur Khao Lak, on décharge le bateau, rince et range le matos avec
une efficacité professionnelle et une grande organisation au store room,
sous l’œil attendri d’Alex, ravie de nos progrès ^_^.
Au club, on tombe sur les clients qui viennent de finir la deuxième partie
de la croisière. Car, oui, les croisières se font en fait sur deux fois trois
jours. Tout le monde ne fait pas les six jours, nous par exemple (les DMTs)
on ne les fait jamais, mais bref, là, on retrouve quelques-uns de nos potes
des trois premiers jours et qui avaient continué. On discute de leurs
aventures, j’apprends (avec un soulagement un peu salaud ̂ _^) qu’ils n’ont
pas vu d’autres requins-baleines, mais en revanche, ils ont vu deux
énormes mantas super joueuses.
J’achète un mouth piece formable à chaud car j’ai défoncé mon mouth
piece de base, et Alex m’a bien vendu le truc formable (et puis, c’est jamais
que 5€…). Je plonge le truc dans un mug d’eau bouillante, je laisse reposer
dix secondes, puis je mords dedans à pleines dents. Le truc épouse pile la
forme de ma gueule, c’est très agréable.
On sort boire un coup au Dream Bar. On picole assez dur, on raconte
plein de conneries, bref c’est bien cool. Je m’inquiète de l’absence de
Donut, le petit chiot tout chou, mais le serveur me rassure : il est juste
chez le véto pour les vaccins. D’ailleurs, à peine dix minutes plus tard, le
voilà qui arrive, fraîchement vacciné et toujours aussi chou ! Il fait fondre
tout le monde ^_^.
On continue de picoler, il y a une grande Allemande qui parle parfaitement
le français, c’est amusant.
Il est temps de dîner, parce que l’alcool commence à taper méchamment.
Je fais le mauvais choix, et je me retrouve finalement avec Sandra, Mitch
et Scott au Walker’s. Mitch et Scott sont supers, mais je n’avais pas
compris que Sandra serait là, putain je peux plus la voir. Elle me saoule
pendant tout le dîner… j’aurais dû filer avec l’autre groupe. La mort dans
l’âme, je passe le reste de la soirée à écouter Sandra hurler… En plus la
bouffe met des plombes à arriver. Heureusement, c’est vachement bon
(schnitzel et bière, 275 THB).
N’y tenant plus, je me casse, mais je ne retrouve pas l’autre groupe.
L’échec. Je rentre donc au jungalow, tout dépité.
06 mars
Aujourd’hui, on devait aller faire des skills, mais finalement c’est annulé
car Alex n’a pas pu réserver de piscine. C’est pas plus mal, j’avais vraiment
pas envie d’aller en piscine aujourd’hui…
Mitch et Rob partent assister Inge sur un cours d’EFR (Emergency First
Response : premiers secours, associé au cours de rescue).
Je reste donc avec Sandra. La loose. Alex nous fait passer la matinée dans
le magasin, à nous montrer comment tout fonctionne, depuis
l’emplacement et la nature des formulaires aux catalogues de prix, en
passant par le système informatique (tout est sous Google Doc chez
Wicked), la logistique pour les bateaux, les différents partenariats avec les
autres clubs (souvent ils se refilent des gens entre eux selon les dispos), la
salle d’essayage, la zone de réparation du matos, le petit coin magasin
d’équipement, etc. Elle nous parle aussi de ses techniques de conseil et de
vente, c’est très instructif. Je signale quelques incohérences dans les prix
avec et sans matériel, Alex me répond que, oui, en effet, j’ai l’œil, elle va
faire changer ça.
Je croise Rob dans le magasin, qui semble-t-il rentre de son cours d’EFR.
J’entends un drôle de bruit, puis un hurlement. Je me retourne, et je vois
Rob, étalé par terre, qui se tord de douleur en se tenant le genou, en hurlant
comme un porc. Il a manifestement glissé, est tombé sur le genou et s’est
pété la rotule… Super. Bon, je m’accroupis à côté de lui. Il me regarde
droit dans les yeux, s’arrête de hurler et me dit : « Putain mais casse-toi
Ducky, je joue la comédie pour le cours d’EFR, ça se voit pas ou quoi ? »…
Bon. Il joue bien la comédie ce con-là, il m’a bien eu ! ^_^
Je profite d’une pause pour lire un article d’un magazine de plongée qui
traîne, intitulé : « divemasters : the heart and soul of the PADI system ».
Je me sens en effet assez concerné, l’article flatte bien notre ego ^_^.
On déjeune au Lamuan, comme d’hab. Je me fais un poulet au curry, ultra
épicé et brûlant, avec un Fanta, pour 175 THB.
Nous avons l’après-midi libre. Je décide de rester un peu au shop, pour
glander, voir comment ça se passe. Je jette un œil au grand tableau blanc
où est le planning. Je vois que je suis planifié sur une croisière sur le Mariner
qui termine le 31 mars. Soit le jour de mon vol retour vers Doha puis Paris.
Ça va pas le faire du tout, pour des raisons logistiques mais aussi et surtout
pour des raisons de sécurité : on ne peut pas prendre l’avion n’importe
comment après avoir plongé, il faut laisser passer un certain délai
(typiquement 12 à 24h). Je signale la chose à Alex, qui me répond un peu
sèchement, comme si je mettais en cause ses capacités à monter un
planning : « Pourtant on vous avait bien donné les dates de fin du stage et
les dates auxquelles vous pouviez reprendre l’avion. » Je ne comprends pas
pourquoi elle le prend aussi mal, et surtout, j’insiste, en lui soulignant que,
justement, j’avais fait très attention aux dates retour, et que j’avais fait
confirmer à Wicked par mail que l’avion que je proposais de prendre était
ok, avant d’acheter mes billets. Je dois même ressortir l’email. Là, elle me
dit : « Ok, bon, on a dû se planter. » Bah oui ! Heureusement que j’avais
gardé le mail… Alex réfléchit quelques instants, mais je vois la chose
venir : il n’y a pas 36 solutions, je dois échanger avec Mitch. Je prends sa
place sur la prochaine croisière. C’est cool paske je me retrouve avec Rob,
fini le binôme avec Sandra ! Par contre, le Mariner part dans… 2h. Je ne
dois pas traîner et repasser au jungalow pour faire mon sac et tout. Mitch
se pointe comme une fleur au shop sur son scooter violet, prêt à
embarquer sur le Mariner. Je lui annonce la nouvelle. Il est effondré. Il avait
trop hâte d’embarquer, et en plus il comprend qu’il va devoir se « taper »
Sandra pour tout le reste du stage ! Moi, je suis aux anges, et ça aussi il l’a
bien compris. Bon, je n’y suis pour rien, donc il ne m’en veut pas, mais je
vois bien qu’il est blasé pour l’éternité ^_^. En tous cas, j’ai bien fait de
regarder le planning plutôt que d’aller à la plage ou de glander au jungalow
sur mon temps libre, sinon je n’aurais probablement pas pu faire ma
troisième croisière, et ça, ça aurait vraiment été les méga boules…
Je fonce faire mon sac, puis je vais aider au store room. On monte dans le
4x4, direction Tap Lemu. On charge tout le matos sur le Mariner.
Ce coup-ci, c’est Dan qui est trip leader, et je serai dans son groupe de
plongée. Il y a également Lena, Taryn et Kui côté divemasters, et Christa
côté instructeur (Dan est instructeur aussi).
J’ai déjà réussi à bien intégrer une bonne partie des noms des clients. Avec
Rob, on est beaucoup amusés pour le mimétisme de Sarah et Farah, et
quand j’explique à Rob (qui était manifestement le seul à ne pas avoir
compris…) qu’en plus elles sont en couple, il en perd son latin ^_^.
J’aide Sarah à monter son équipement. Son détendeur sent les égouts.
Super. J’explique le problème à Dan, on change juste le mouth piece et
c’est bon.
Il y a aussi Carol (pas la femme de Rob, rien à voir). Là on parle d’un mec,
un Israélien complètement cintré, qui se prétend divemaster alors qu’il ne
comprend rien à la notion d’ordinateur de plongée. Il est dans le groupe
de Taryn, qui prend peur, et va en parler à Dan, pour qu’il prenne les
choses en mains. Au final, Carol semble être un gros connard incompétent
qui n’est pas divemaster mais « master scuba diver », c’est-à-dire un rescue
diver avec 5 spécialités et au moins 50 plongées. Mais apparemment ses
instructeurs ont été gentils, paske v’là l’engin…
Lena a dans son groupe une femme qui veut absolument mettre 8 kg de
plomb dans les poches de sa stab. Outre le fait que 8 kg c’est beaucoup
trop, il est en plus hors de question de les mettre dans les poches, car elles
ne permettent pas de largage rapide en cas d’urgence. Là aussi Lena
abandonne et demande à Dan de régler le problème. Pauvre Dan, il passe
un putain de début de croisière, j’ai l’impression que ça va être chaud ^_^ !
Avec Rob, on se rend le plus utiles possible, et je pense qu’on a bien géré
notre première soirée. On se couche tôt, vers 21h30, satisfaits, mais bien
conscients que la croisière ne fait que commencer…
07 mars
Levé 6h15. Je glandouille un peu, je regarde la liste des plongeurs, j’essaie
de terminer de mémoriser tout le monde. Je constate qu’il est indiqué que
j’ai plus de 100 plongées au compteur, ce qui n’est franchement pas vrai…
Je croise Bernhard, un néerlandais qui m’a l’air bien taré. Il a paumé son
dentifrice, je lui prête le mien. Il m’explique aussi qu’il a une oreille
bouchée. Comment il a fait ça, celui-là ? On n’a même pas encore
commencé à plonger ?! Bon. Je lui explique qu’il peut essayer de se mettre
de l’alcool médical dans l’oreille : en diminuant la tension de surface du
liquide dans l’oreille, ça permet souvent l’écoulement de la masse de
liquide gênante. Je lui mets un dé à coudre dans l’oreille. Il se secoue
comme un clébard, et repart, tout content. Drôle de type.
Avec Rob, on est de corvée current check, avec Kui. On se pèle un peu le
cul, et le check à l’eau, avec la corde jusqu’au fond, confirme nos
observations depuis la surface : zéro courant, ça va être une plongée bien
tranquille.
Je fais ma première plongée dans le groupe de Lena plutôt que Dan, car
ils ont pas mal de novices sur lesquels ils veulent garder un œil. Je suis
donc chargé de veiller sur Anna, une grande toute maigre qui n’a que 6
plongées au compteur, et qui n’a pas plongé depuis… plusieurs années.
Elle patauge un peu, mais ça va, je n’ai finalement pas besoin d’intervenir.
La plongée est belle, tranquille, tout se passe bien. Retour pépère sur le
bateau. [Plongée #16 – Anita’s Reef, Similan – 44 min @ 19,1 m].
J’aime bien le style de Lena. C’est une grande frileuse, elle plonge donc
avec un lycra intégral sous une combi intégrale… ! Elle parle super bien
thaï, elle est donc un énorme atout dans le club, mais n’est pas 100%
Wicked, elle est en freelance. Je discute un peu avec elle, notamment pour
voir un peu comment elle a géré sa plongée, qu’est-ce qui a motivé ses
choix, notamment en termes de trajectoire.
Bernhard demande à tout le monde, avec sa voix de canard ridicule, où est
son briquet. Il nous fera le coup, systématiquement, après chaque plongée.
Et, systématiquement, son briquet sera retrouvé au même endroit, sous
une couchette sur le pont supérieur. Il est vraiment cintré celui-là… En
plus, il ne ressemble à rien, et est marié à une jolie petite chinoise, qui
semble essayer de se cacher quand il part dans ses délires… Bref.
Petit-déjeuner, puis deuxième plongée. Je suis dans le groupe de Dan. Sur
la plongée précédente, on a « découvert » que deux des Suédois (Björn et
Anders) consomment leur air comme des TGV. Dan m’annonce donc que
je vais probablement devoir les remonter et les ramener au bateau assez
vite, pendant que lui continuera la plongée avec les autres, qui
consomment beaucoup. C’est là qu’avoir deux encadrants (ici Dan
instructeur et moi divemaster) est super utile et permet de contenter tout
le monde, sans frustrer plusieurs personnes en les remontant juste parce
qu’un boulet consomme comme un porc. C’est donc typiquement le genre
de plongée sur laquelle je peux jouer mon rôle de divemaster, c’est super.
On se met donc à l’eau : Dan ouvre la marche, je la ferme. En me foutant
à l’eau, mon octopus (détendeur de secours) se déclenche et se décroche :
il fuse à toute vitesse, se déplace comme une anguille. Le temps que je
récupère et arrête ce bâtard, j’ai perdu plus de 40 bar… putain de sa race.
On n’a pas encore commencé la plongée et j’ai déjà niqué, en gros, un
quart de mon air (sans compter la réserve de 50 bar que nous ne sommes
pas censés utiliser sauf en cas d’urgence). J’ai trop les boules, car ça
compromet méchamment mes chances de pouvoir remplir mon rôle. Pire :
je pourrais être le « réactif » limitant et être celui qui force les autres à
remonter. J’annonce à Dan, qui m’a vu me débattre avec mon octopus,
qu’il ne me reste plus que 150 bar. Il me regarde une seconde, puis me
répond, laconique : « Ok. Breathe slowly. » Super. Un homme de peu de
mots, le Dan ! Bon, en gros, il pense que c’est jouable. Moi aussi, mais
bon, ça s’annonce tendu du string. Grosse pression sur ma gueule, putain.
On glisse sous les eaux. J’optimise tout pour économiser mon air : comme
je ferme la « marche », je trajecte au plus court, sans faire le moindre
méandre ou écart. Je respire très lentement, très profondément. Je me mets
dans la position la plus hydrodynamique possible. Et je reste constamment
plus haut que les autres, disons 2-3 m. En étant un poil moins profond, je
respire un air un poil moins comprimé, et donc je consomme un poil
moins. Je ne fais aucune fioriture, aucun écart, je suis et je veille. Quand
Dan demande aux autres combien d’air il leur reste, je vois Björn, le grand
Suédois, annoncer 100 bar. Yes ! Je suis à 115 ! J’ai réussi mon opération :
consommer (beaucoup) moins que lui pour que, en partant avec beaucoup
moins, je finisse avec plus. Un dixième de seconde après l’annonce de
Björn, Dan me jette un œil : j’annonce 110. Il me fait un bon gros « ok »
accompagné d’un signe de tête qui en dit long : il est content, il a vu que
j’avais bien géré. Je suis soulagé. On continue la plongée, et quand Björn
arrive à 70, Dan me le confie, lui et Anders qui est à 80, pour que je reparte
vers le bateau et les fasse remonter. Je les remonte de quelques mères, je
prends la direction du Mariner, puis quand Björn arrive à 60, je déploie
mon SMB et on remonte pour faire notre palier de sécurité. En surface,
je me signale au Mariner, qui vient nous chercher. J’aide Björn et Anders à
remonter, puis je monte à mon tour, très heureux d’avoir pu remplir mon
rôle malgré le démarrage difficile avec cette méchante perte d’air. C’est
quelque chose qui arrive parfois, notamment quand le détendeur est
orienté vers le bas et se prend l’eau violemment à la mise à l’eau. Je ferai
beaucoup plus attention les prochaines fois, paske putain, c’est vraiment
pas marrant, surtout quand on est encadrant. Avec des plongeurs
économes, j’aurais été bien niqué ! Je finis à 80 bar, eux à 50. [Plongée #17
– West of Eden, Similan – 43 min @ 14,9 m].
Pendant le déjeuner, des grosses tortues (environ 1 m) viennent zoner
autour du bateau.
Current check avec Rob, depuis le zodiac. Pe Dao, qui dirige le zodiac,
prend un malin plaisir à essayer de faire tomber Rob. Apparemment c’est
la grande blague entre le staff occidental et le staff thaï : se foutre à l’eau
les uns les autres dès que possible ^_^.
La troisième plongée est bien sympa. Nous sommes sur Turtle Head, là
où j’avais fait mon premier guidage sur la première plongée. Je ne
reconnais absolument pas le site : il est très grand et nous avons fait la mise
à l’eau à un endroit totalement différent. Je regarde Dan se déplacer, il est
super impressionnant : il frôle le décor sans jamais le toucher ou presque,
et ne fais quasiment aucun geste. L’économie pure, la grande classe. Sarah
et Farah passent plus de temps à se câliner sous l’eau qu’à profiter de la
plongée, Dan hallucine un peu, et finit par renoncer à essayer de leur
montrer quoi que ce soit. Les Suédois ont été mis dans un autre groupe,
je n’ai donc plus à m’en occuper. Enfin, à la fin, on récupère Björn, qui
avait été mis sur une bouteille de 15 L (tout le monde est sur du 12, la 15
est dédiée aux gros consommateurs comme lui). Sur du 15 L, il tient
évidemment plus longtemps, et il semble aussi s’être amélioré, donc il finit
la plongée avec nous. Sur la fin, le green monster nous enveloppe. Sarah
et Farah, qui ne portent aucune protection thermique, le sentent bien
passer… [Plongée #18 – Turtle Rock, Similan – 55 min @ 14,4 m].
L’aprem, après le déjeuner, pendant que les clients vont glander sur la
superbe plage de je ne sais plus quelle île, Rob et moi restons sur le bateau
pour faire l’épreuve du 800 m palmes/masque/tuba. Je mets 1,5 tour de
Mariner dans la gueule de Rob. Je finis en 12 min 47, ce qui me vaut, je
crois, un 4/5. Rob me paie deux grandes bières glacées pour ma victoire
En attendant le retour des autres, Rob et moi glandons copieusement sur
le pont supérieur, façon coucher de soleil. On discute de la récente
découverte de l’épave du HMS Erebus au Canada. Lui ça lui parle beaucoup
car il est canadien, et moi ça me parle aussi beaucoup car j’ai lu Terror de
Dan Simmons, basé sur cette histoire, que je lui recommande chaudement.
Il n’en avait pas entendu parler, mais se promet de le lire. Rob me file un
de ses magazines, le Canadian Geographic hors-série spécial sur le sujet.
C’est passionnant. Je découvre aussi que Rob est, comme moi, un grand
fan de Sacha Baron Cohen, et notamment du mankini… ^_^
Au loin, sur l’île, on voit nos plongeurs qui commencent à redescendre du
rocher « Donald Duck » (qui ressemble vaguement à la tête de Donald, en
effet).
Pendant le dîner, je discute pas mal avec Dan, qui m’explique qu’il est là
depuis 3 ans, et qu’avant ça il était ingénieur en métallurgie, en Angleterre.
Intéressants, tous ces gens !
Après le dîner, Christa fait une présentation très sympa de l’association
« Shark Guardian », qui œuvre à la protection des requins et de l’océan (et
de l’environnement en général). La lune est énorme, rouge sang. C’est
fabuleux.
Je me couche tôt, content de ma journée, aussi bien sur le plan technique
des plongées que sur le reste, j’ai noué pas mal de relations sympas avec
les clients, et je commence à trouver ma place dans le staff Wicked.
Je m’endors assez vite, épuisé et bercé par le doux ronronnement des
moteurs, en me disant que je suis déjà à mi-parcours du stage.
08 mars
Levé 6h. Je suis en charge de réveiller les clients. Je précise qu’on n’aura
jamais eu de dormeurs invétérés récalcitrants le matin. Sans doute parce
que la plongée ça crève et que tout le monde se couche tôt, et aussi sans
doute parce que la croisière coûte cher et donc que personne ne veut en
rater une miette !
Je suis aussi de corvée current-check. RAS.
On se met à l’eau pour la première plongée du jour, sur Elephant Head.
C’est une de mes plongées préférée sur les croisières : profonde, avec des
énormes rocs qui forment des tunnels dans lesquels on se glisse. J’adore le
frisson de la sensation d’enfermement, voir les bulles piégées sous les rocs.
C’est géant. Dan guide et donne en même temps un cours d’advanced à
Farah, Elephant Head est idéal pour y faire la plongée profonde (30 m
max, on s’arrête à 28,7 m) requise par l’advanced. Il lui fait faire quelques
calculs mentaux pour lui montrer les effets de la profondeur sur ses
processus mentaux. Elle se traîne sévère … ^_^. Je n’ai pas grand-chose à
faire, je ferme juste la marche en veillant au pépin. Dan me fait déployer
mon parachute car Farah est arrivée à 60 bar. Pendant le safety-stop, elle
et Sarah merdent dans les grandes largeurs, incapables de tenir le palier,
elles se sont retrouvées en surface, Dan a dû aller les chercher pour les
redescendre un peu, pendant que je restais avec les autres à 5 m. En
surface, on découvre qu’on est super loin du bateau. L’attente est longue
et, le moment venu, Sarah et Farah (toujours elles…) loupent la corde.
Putain. Il faut aller les chercher… Elles sont gentilles mais un peu
fatigantes ! [Plongée #19 – Elephant Head, Similan – 42 min @ 28,7 m].
Petit-déjeuner. En zonant sur le bateau, j’essaye d’« assassiner » quelqu’un
sur le diving deck avec un rouleau de PQ. Taryn a en effet instauré un jeu :
« Murder on the Mariner », où l’on doit « tuer » des gens en leur refilant un
objet précis dans un lieu précis. Je n’arrive évidemment à rien : pas facile
d’être crédible avec du PQ sur le diving deck (encore que…).
C’est parti pour la deuxième plongée du jour. Plongée pépère qui ne reste
pas dans les mémoires. Sarah et Farah se révèlent une nouvelle fois
incapables de tenir le palier. Putain… [Plongée #20 – Christmas Point,
Similan – 59 min @ 20,5 m].
Le seul truc vraiment bien de la plongée, c’était le briefing, assuré comme
un chef par un Rob qui était absolument on fire : techniquement c’était
bon et précis, pour le reste il a raconté absolument n’importe quoi,
notamment pour essayer d’expliquer le nom du site, tout le monde était
plié de rire, c’était génial ^_^. C’était la 20ème plongée du stage, sur les 41
prévues, nous en sommes donc à la moitié !
Déjeuner. Carol, le connard, qui fait déjà chier à peu près tout le monde
sous l’eau en se comportant comme une brêle et en faisant fuir toutes les
bestioles, passe son temps à prendre des selfies sur le pont. Il nous
demande de le prendre en photo toutes les 5 min. C’est inconcevable : soit
il ne se rend pas compte qu’il gonfle tout le monde, soit il n’en a
absolument rien à foutre, dans tous les cas c’est « prodigieux ».
Troisième plongée, sur Three Trees (nom donné car il y a un groupe bien
visible de trois grands arbres aux troncs bien blancs juste au-dessus du
site). Je ne me souviens pas qu’ils aient annoncé du courant pendant le
briefing. Pourtant, pendant la descente, je me rends compte que ça
« souffle » très fort. J’espère que ça va se calmer au fond. Mais non. Le
courant n’est pas colossal, mais vraiment bien fort. En plus, apparemment,
je ne sais pas ce qu’on a branlé, mais on a raté le site, qui est loin devant
nous. Nous sommes sur un fond vide et sablonneux. Pas le choix : on
rejoint le site en palmant face à un courant vraiment méchant. C’est nul.
Dan ne « dit » rien, il trace, comme un Terminator. J’arrive à suivre, mais
c’est fatigant, et je vois que tous les autres sont à la ramasse. Notamment
Farah et Sarah, dont l’énervement est très facilement lisible. Dan continue
sur sa route. Bon. Je suppose qu’il se dit qu’il n’a pas le choix, qu’il ne faut
pas tergiverser, et aussi que comme c’est un vrai athlète il ne saisit pas
l’ampleur de la difficulté. J’essaye de faire comprendre à Sarah et Farah
que se tenir par la main, les bras bien tendus, face au courant, c’est
vraiment une mauvaise idée pour la traînée : elles offrent une résistance
maximale au courant et vont s’épuiser. Elles ne comprennent rien. Pfff…
On finit par arriver sur le site. On pourrait se reposer un peu à l’abri
derrière un roc, mais Dan décide de foncer. Je l’ai connu plus inspiré. Mais
peut-être ma « lecture » est-elle biaisée ? Bon. On tombe sur une très belle
et grande murène, mais c’est à peu près tout. Pendant le safety-stop,
devinez qui ne parvient pas, une nouvelle fois, à tenir le palier ? Bref, c’était
plutôt nul. … [Plongée #21 – Three Trees, Similan – 46 min @ 20,7 m].
De retour sur le bateau, à peine déséquipé, je me fais « assassiner » par
Lena avec un pot de miel devant les toilettes… Putain. Rien vu venir. Une
vraie serial-killeuse la Lena, je suis déjà sa 7ème victime !!!
Pendant la traversée vers Koh Bon, je prépare les torches avec Dan, pour
la plongée de nuit, puis je change le mouth piece de Nicolas, un des deux
Français à bord. Je lui parle du mouth piece thermoformable, il a l’air bien
tenté. La discussion dérive sur les plongées profondes, qu’il ne peut pas
faire car il n’est qu’open water, je lui parle donc de l’advanced, qu’il peut
faire pendant la croisière (lui reste les 6 jours complets). Il est super
emballé. Je l’emmène voir Dan, qui scelle le deal. Pas un moment je n’ai
fait ça dans une démarche commerciale, je regretterai la chose plus tard,
car conformément à ce que nous a dit Alex pendant le « cours » sur le côté
commercial, tout le staff Wicked a droit à 5-15% de commission sur tout
ce que l’on parvient à vendre, y compris nous autres les petits DMTs (bon,
c’est illégal, car nous n’avons pas de visa travail, mais bon ...). J’ai merdé
grave ^_^.
J’avance dans la lecture de Money, Money, un roman de Martin Amis. Un
passage me fait mourir de rire, à tel point que je contamine une
Australienne qui, me voyant raide, se met aussi à rire comme une abrutie
pendant dix bonnes minutes… Trop bon ^_^.
Pendant que nous sommes au mouillage devant Koh Bon, attendant la
nuit, nous assistons à une scène assez géniale : un serpent de mer en
surface qui se fait attraper par un rapace, qui l’emmène très haut, le lâche,
le rattrape, puis disparaît dans la montagne. Pauvre serpent…
C’est parti pour la plongée de nuit ! Je me joins au groupe de Christa, où
je me mets en binôme avec Rob. Nous sommes 7 en tout, mais Christa ne
s’occupe pas de nous. On éteint tous nos lampes pour jouer avec les algues
bioluminescentes, c’est absolument génial. Rob et moi tombons sur un
serpent en train de chasser. C’est trop fort. Une gigantesque se murène se
met à ses côtés. Les deux chassent côte à côte, s’ignorant royalement (et
nous ignorant encore plus superbement). Une deuxième murène géante se
pointe. C’est démentiel. Les deux murènes quittent le serpent, et partent
chasser à deux, à toute vitesse. On les suit. On les voit tourner autour d’un
rocher, puis se jeter sur on-ne-sait-quoi. Elles semblent percuter le rocher,
avec une violence inouïe. Je jurerai avoir entendu un bruit d’impact ^_^.
Avec Rob, on se regarde, éberlués, on n’avait jamais vu ça, c’est vraiment
trop bon ! On voit aussi plein de scorpion fish tout rouges, mais après la
scène des murènes, on s’en fout pas mal ^_^.
On fait le safety-stop sous le bateau. En rejoignant la surface, Christa est
morte de honte : elle s’est trompée de bateau. C’est la première fois de sa
carrière nous dit-elle. Bon, c’est pas grave. On nage vers le Mariner. Je me
mets sur le dos pour regarder la voute étoilée. C’est magnifique. Le zodiac
du Mariner nous a repérés et vient nous chercher. Pas question de monter
à bord, on s’accroche à une corde et on se fait remorquer. Ça va vite, c’est
brutal, ça secoue, on disparaît dans une soupe de bulles, de palmes et de
plongeurs, j’adore ça ^_^. Il va de soi que cela se fait masque bien serré et
détendeur en bouche… [Plongée #22 – Koh Bon, Similan – 47 min @
11,8 m].
Pour le dîner, comme pour tous les repas, j’aide à remonter les plats depuis
la cuisine jusqu’au pont principal (et à toute la logistique en général :
monter/descendre les plats, les assiettes, les couverts, dresser/débarrasser
les tables, préparer le pain grillé, etc.). Je me fais gentiment engueuler par
la cuisinière parce que j’ai apparemment mal placé un des plats. Je ne
comprends rien au fond de l’argumentation, mais je me confonds en
excuses, qui manifestement ne la calment pas. Lena vole à mon secours.
Les choses se calment. Lena m’expliquera plus tard qu’elle n’a pas non
plus compris où était le problème… Bon, aucune importance.
Il est 21h20, je suis absolument épuisé. Je vais me coucher.
09 mars
Levé 6h, classique. Je vois Bernhard errer devant les chiottes. Son visage
s’illumine quand il me voit : il veut me taxer mon dentifrice…
Les odeurs sur le dive deck sont de plus en plus étouffantes : bacon grillé,
mazout, épices… De bon matin, je trouve ça de plus en plus raide.
Je me prends un bol de céréales avec une pomme, puis c’est parti pour la
première plongée du jour.
Dan guide et fait faire à Nicolas sa plongée profonde pour son advanced.
Il fait le Nitrox en même temps. Bon choix ! Je ne fais pas grand-chose, à
part fermer la marche en veillant sur tout le monde, comme d’habitude.
[Plongée #23 – Koh Bon, Similan – 44 min @ 26,7 m].
C’est l’heure du petit-déj. Je n’en peux plus de ces montagnes de bouffe et
de gras, je me contente de bouffer des pommes et des bananes.
Dan se fait « assassiner » par Élodie, une française, avec un masque. Il s’est
fait avoir comme un bleu. Même moi qui n’ait pas été très perspicace à ce
petit jeu, j’ai vu le coup venir ^_^.
C’est parti pour la deuxième plongée du jour, la dernière de cette deuxième
croisière. Comme souvent sur Koh Bon, cette deuxième plongée est une
sorte de remake de la première. C’est moi qui fait le briefing (et l’appel
juste avant pour que tout le monde ramène son cul). Le fait que la plongée
soit un remake me facilite les choses, mais en même temps j’essaie de ne
pas juste répéter ce qui a déjà été dit, donc je brode un peu. Je blague
notamment sur les potentiels requins-baleines, en expliquant que ce ne
sont après tout que des (très) gros poissons totalement idiots, ce qui fait
marrer tout le monde. J’explique aussi que, comme c’est la dernière
plongée du séjour, et qu’on a beaucoup sollicité nos organismes, le safety-
stop sera allongé, et passe donc de 3 à 5 min. Je déclare, enfin, la plongée
ouverte, et c’est le branle-bas de combat !
On se met à l’eau et, très vite, on tombe sur une gigantesque raie manta,
que j’ai l’occasion de filmer avec ma GoPro. Ça fait super plaisir. Je trouve
aussi un serpent qui chasse entre les pierres. Je le suis sur quelques mètres,
puis il décide de remonter vers la surface pour respirer. Il slalome
tranquillement entre les plongeurs, très près d’eux (beaucoup n’ont rien
vu…), puis disparaît, 20 m plus haut. Il peut être particulièrement flippant
de voir un serpent nager comme ça parmi les plongeurs, surtout qu’il fait
manifestement en sorte d’être au plus près des gens. On m’a expliqué (je
ne sais pas à quel point c’est vrai) qu’il se sert de nous comme d’un « écran »
pour être invisible à ses prédateurs pendant les phases de montée et de
descente où il est particulièrement exposé. C’est bon à savoir : il ne nage
pas vers nous pour nous mordre mais pour se protéger. C’est même *très*
bon à savoir, vu que les serpents, comme les requins, sont de très grands
déclencheurs de panique, et que la panique sous l’eau c’est vraiment pas
bon du tout… Bref, j’assiste à une scène à la fois très belle et très intrigante,
totalement nouvelle pour moi, je n’avais jamais vu ça. Sur la fin, on tombe
sur deux grosses seiches bien sympa, pas peureuses du tout, qui changent
de couleurs à toute vitesse, c’est vraiment marrant. Pendant le safety-stop,
une nouvelle fois, Farah galère. Je lui refile un plomb parce que ça
commence vraiment à suffire. Et hop, tout va mieux, comme par
magie ^_^ (elle est vraiment sous-lestée à chaque fois d’un bon kilo).
[Plongée #24 – Koh Bon, Similan – 44 min @ 25,2 m].
Déjeuner. La deuxième croisière se termine, nous faisons cap sur Tap
Lemu. Je suis épuisé, mais moins que sur la précédente croisière. Je n’ai
pas eu de migraine. Et je sens que je commence à faire mon taf
correctement. Bref, je suis plutôt content. Bon, la croisière n’est pas tout
à fait finie : il reste à se taper les check-lists (chiant à mourir) et à rincer,
sécher et ranger les équipements (ça, c’est déjà moins chiant je trouve,
même si c’est beaucoup plus fatigant).
Je discute pas mal avec les Suédois, je suis presque sûr de leur avoir vendu
un day-trip sur le Boon-Sung.
On arrive à Tap Lemu. On décharge le matos, charge les ravitaillements,
puis direction le store room pour tout ranger. On est efficace, mais putain,
qu’est-ce que c’est pénible…
Je croise Mitch. Il m’explique qu’il s’est fait renverser en scooter, percuté
par un autre scooter. Il était avec Sandra à ce moment-là. Tout le monde
n’a heureusement eu que des égratignures, mais comme c’est la Thaïlande
et que Mitch est un étranger, comme le veut la « tradition », même s’il
n’était pas du tout en tort, absolument tout lui est retombé dessus :
amende, frais de réparation des scooters et frais d’hôpitaux, et tout le
monde s’est gavé en gonflant les factures. Apparemment c’est la
« procédure » classique. Bref, avoir un scooter en Thaïlande c’est super
sympa et super pratique, mais c’est aussi super dangereux et
potentiellement super onéreux.
On croise Alex, qui nous propose d’aller au meeting de Shark Guardian à
Baniang ce soir. Je suis pas super chaud (je suis explosé, et c’est quand
même assez loin et assez tard et assez long), donc je ne promets rien. Elle
me dit qu’elle comprend tout à fait.
Avec Rob, on se pose pour boire un coup et souffler un peu. Il prend une
énorme bière plus un mango-shake, de mon côté je me contente d’un
mango-shake. Dan passe par là et prend quelques minutes pour nous
débriefer. Il n’a pas dit un mot ou presque pendant trois jours, nous
laissant un peu dans l’expectative, et là, boom, il nous dit qu’il est super
content de nous, qu’on a bien géré les problèmes auxquels on a été
confronté, et qu’on a bien fait notre taf de débutant divemaster. Il a
également beaucoup aimé mon briefing. Purée, ça fait plaisir !
Mark (un des plongeurs, qui repart pour les trois prochains jours), se joint
à nous pour descendre une bière. Je ne l’ai pas encore présenté : c’est un
Anglais qui vit en Suède, où il est infirmier pour enfants handicapés. C’est
un type super, qui a le cœur sur la main, et qui nous a raconté tout un tas
d’histoires super poignantes sur son métier. Il est aussi extrêmement drôle,
on s’est tapé des barres tous les jours avec lui. Il revient sur une de ses
marottes : le mode de vie des Suédois, qu’il juge, avec beaucoup d’affection
et un humour décapant, totalement dysfonctionnel, terriblement solitaire
et profondément asocial. On se marre comme des baleines quand il nous
raconte ses misérables tentatives pour aller boire une bière le soir après le
travail. Je ris d’autant plus que je vois très bien de quoi il parle, pour avoir
vécu 9 mois là-bas pendant mes études ^_^.
Bon, il est temps de se rentrer au jungalow. Je me prends une énorme
douche, puis je me pose avec une grande bouteille de coca glacé. Je
consulte mes mails. Il n’y a (étrangement) pas eu de nouvelle loose au
boulot. Un animal, non-identifié, quelque part dans l’arbre en face, fait un
tel boucan que je suis obligé de battre en retraite depuis le balcon jusque
dans ma chambre. Je sais pas ce que c’était mais putain…
Je sors dîner d’un kebab (80 THB) puis d’un burger parce que j’ai encore
les crocs (80 THB). Le mec qui fait les kebabs est un putain de héros : à
trois mètres du panneau radiant et en petit t-shirt je trouve la chaleur
terrifiante, lui est à 50 cm et en manches longues… Respect éternel.
Retour au jungalow. Je ne suis pas allé au meeting Shark Guardian, j’étais
trop claqué. En revanche, je n’ai pas glandé : j’ai rédigé l’article demandé
par Alex pour le blog de Wicked. Rob a déjà écrit le sien, publié la semaine
dernière. L’idée c’est de publier un article tous les 10 jours environ.
Mon texte est intitulé « The DMT Diary » (« Journal d’un DMT »), j’y ai
mis beaucoup de temps et d’amour, et j’ai vraiment hâte de voir ce qu’Alex
et les autres vont en penser… Bon, le texte n’est pas 100% honnête, dans
le sens où, évidemment, je ne vais pas aller raconter que je déteste Sandra,
mais pour le reste…
Voici le texte.
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The DMT Diary
Close encounter with the Mitchalodon on the Boon-Sung Wreck
Khao Lak, march 9th, 2015.
This is it. We are already halfway of our PADI divemaster internship
program at Wicked Diving, Khao Lak. “We” refers to Rob, an insanely
cool retired engineer from Canada, who brought his lovely wife Carol in
his bags, Mitch Alodon, aka “8-Ball”1, a strange indo-canadian mix of fun
and never-ending enthusiasm, Shorty2, a young teacher from Minnesota
and me, Ducky, a nearly-30-years-old engineer in computational fluid
dynamics.
Our nicknames are somewhat strange, I’ll give you that, and I’d rather not
explain where mine comes from (give it a try by changing a letter in the
“duck” word to have a glimpse of what’s possibly going on here).
Our group of four forms a 4-atoms-yet-to-be-discovered molecule that we
could call “fun-tanyl” ‘cause, you know, we are just having so much fun in
here. You be the judge : three-days liveaboards to the Similan Islands,
swimming with giant mantarays, daytrips in the vicinity of Khao Lak to
the Boonsung wreck, excruciatingly funny (or not!) exercises like “oh-
dear-god-I-lost-my-weight-belt-somewhere-in-the-Andaman-Sea-please-
just-bring-it-back-to-me-you-ass***”, shadowing and assisting instructors
in the pool and in the sea, going to the restaurant every day and every
night, having wonderful thai food (I refer to it as “wonderfood”), driving
side-cars, inventing new state-of-the-art tec-diving techniques such as
“snuka” diving (ask Anna, one of our super instructor), and so on.
So, we are DMTS. This acronym is not a new form of STD, it’s just Dive
Master Trainees, the name we are referred to when the staff wants
something done like in the ancient age where slaves where a common
source of, well, you know.
I’m joking. Sure, our daily work here includes its fair share of tank’n’stuff
carrying but, see, in “fair share” there is “fair”, so, that’s part of the job,
man. Deal with it. Sure, there are moments where you are in the store
room, exhausted after a rough day, sweating like a pig in its final moments
to the slaughterhouse, picking-up the damn heavy tank your instructor
told you to – oh, *fuck* ! Was it this one or the other one? Holy Mother of
1 Le deuxième surnom de Mitch, instauré par Alex, en concurrence directe avec mon concept de « Mitch-alodon ». Les deux surnoms ont coexisté pacifiquement ^_^. 2 Le surnom de Sandra. « Shorty », pour « short », « court », parce qu’elle n’est vraiment pas grande.
Shit! Which one is full, which one is only 120-and-something-fuck bars?
Damn it! But there are also those moments, where amazement and
wonder merge, like when a giant mantaray is flying over you. Or, when
proceeding to a usually-not-so-funny current-check in the first cold hour
of the day, you drop your jaw over a peaceful hunting moray sneaking in
the magnificence of the Richelieu Rock. (Or when you finally find one of
those tiny little nudibranchs bastards.)
Let’s talk about the big stuff. As you’d have guessed, we’ve seen
mantarays. But what about the other guy, you would ask? Well, we’ve not
seen any whale-shark yet, but some divers on our boat saw one. We were
just not lucky enough to be near it. Because, make no mistake: as our
instructor Alex(andra) says, you’re not in a zoo, and seeing a whale-shark
does not require any talent, it’s just good luck you should thank at the end
of the day. As for the talent, with Alex, you’re in good hands to learn, trust
me. (And as for the size of the whale-shark, again, I didn’t see it but reports
from this dive vary from 3 to 10 meters according to the divers. The
Wicked team says 3, the oh-my-god-I-touched-it-hell-yeah-I’m-so-cool
yelling guys say 10, I think you know which one I’d trust. Anyway, a 3
meters whale-shark is not small, it’s already a massive piece of wonder.)
The only problem here in Wicked Diving is: the DMT has a rather short
life expectancy. In three weeks we’ll be done. Like turtle-babies urging to
the sea, we’ll try to make our way in the wonderful world of scuba, erf,
sorry, snuka diving.
Ducky.
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10 mars
Levé à 8h, ça fait du bien de dormir un peu plus que d’habitude ! J’ai un
putain de mal d’oreilles aujourd’hui, heureusement que j’ai pas eu ça sur le
bateau.
J’arrive au shop, Alex m’accueille avec un grand sourire devant
l’ordinateur : elle vient de finir mon texte pour le blog et elle a adoré !
Elle me dit qu’elle va peut-être devoir juste enlever un ou deux « fuck »
mais que sinon elle est trop contente. Bref, du coup, je suis bien content
moi aussi ^_^.
Journée shop, pour voir un peu comment ça se passe. C’est super calme,
aucun client. Du coup, elle nous montre le site PADI Pro : comment se
loguer, où trouver les formulaires importants, comment vérifier les
certifications de quelqu’un, son statut actif ou non, etc.
Je me retrouve à imprimer et agrafer tout un tas de paperasses PADI et
SSI, c’est passionnant…
Je commence la lecture de Diver Down, un bouquin sur les accidents de
plongée : ce qui les provoque, comment essayer de les éviter, et,
évidemment, le récit des accidents en eux-mêmes. Certains sont
absolument terrifiants…
Bang, l’un des élèves thaï, arrive et nous gratifie d’un good morning que je
trouve assez amusant vu l’heure (12:10 ^_^).
On déjeune au Lamuan. Je me fais un riz au curry et un coffee shake
(absolument fabuleux) pour 140 THB.
L’après-midi est une alternance de photocopies, d’agrafage et de lecture.
Alex, un peu désœuvrée, nous montre quelques-unes de ses plus belles
vidéos de plongée, notamment une où cinq raies manta géantes ont tourné
autour d’eux, toutes proches, pendant plus de cinquante minutes… La
vidéo, montée avec « Wonderful Life », est enchanteresse.
Les photos de notre journée avec les enfants ont été imprimées et affichées
dans le shop. Je donne l’impression d’être un garde du corps sur les
photos…
J’essaie de récupérer les vidéos des skills SSI, mais rien n’y fait : le Mac
d’Alex refuse de « communiquer » avec moi, que ce soit ma clé USB, le
disque-dur externe d’Alex, le bluetooth, la micro-SD de ma Surface Pro 3
ou celle de mon téléphone Android. Putain c’te loose…
Et puis, soudain, en l’espace de 40 min, 6 clients défilent. On les enregistre,
fait le sizing, etc. Il y a notamment deux *énormes* femmes qui ne rentrent
dans aucune BCD, on doit en louer chez Sea Dragon à leur taille (quintuple
XL, au bas mot). Lorsqu’on voit qu’elles commencent à se vexer, on essaye
d’arrondir les angles, en disant que c’est nous qui ne sommes pas assez
équipés, et que ça n’a rien à voir avec leur tour de taille…
Après cette dure journée, on va descendre quelques bières et quelques
mojitos (divins) sur la plage devant le coucher de soleil, au Cintara Hotel.
Une chanteuse est là, sa voix est assez moyenne, ou bien l’installation est
pourrie, je ne sais pas, mais elle est très jolie.
Avec Rob, nous nous lançons dans de grands débats philosophiques :
l’Israélien Carol était-il juste un connard ou carrément un enculé ? Et
Bernhard était-il vraiment un gros teubé ou bien faisait-il juste
semblant ^_^ ? Sa femme n’était-elle avec lui que pour obtenir la
nationalité néerlandaise ?
Carol (la femme de Rob, pas le connard de la croisière), se joint à nous.
Il est l’heure de dîner. Un peu éméchés, on décide de se lâcher, et on se
pose dans un resto italien. Je me prends une bruschetta au gorgonzola, une
pizza regina et une énorme bière. C’est pas mal du tout, pour de l’italien-
thaïlandais. C’est mon plus gros resto jusqu’ici, je m’en sors pour
400 THB.
Sur le retour, sur la route du jungalow, à pieds sous la pleine lune, je repère
une gigantesque mante religieuse sur le bitume. Je la montre à Rob. Il
décide de la prendre en photo avec son iPhone. Au moment du flash, la
mante panique et saute sur Rob, qui panique en retour. Il part en courant
et en hurlant, comme dans un dessin-animé de Tex-Avery, c’est
délicieusement grotesque. Il revient vers nous, hors d’haleine. Je constate
que la mante est sur son épaule. Je le lui dis, le plus calmement possible,
pour tenter de calmer les choses, mais Rob se met en panique totale et
pousse des petits cris de pédé, s’agite dans tous les sens, court, et finit par
se vautrer de tout son long sur le bitume. Carol devient elle aussi
totalement hystérique. C’est complètement surréaliste. J’essaie de calmer
tout le monde, bordel, c’est qu’un insecte, putain ! Je m’approche de Rob,
et l’aide à se relever. Je constate que la mante est cette fois-ci à terre. Pas
blessée. J’avais peur que, dans la panique et la chute, il l’ait écrasée, mais
ouf, pas de casse. Rob n’est pas blessé non plus, jusque quelques
contusions. On va récupérer l’iPhone, qui a lourdement chuté sur le béton
dans l’action. Il n’est pas abîmé, grâce à sa coque. Tout va bien qui finit
bien. Mais putain, il a complètement craqué le Rob ^_^…
Je dépose mon linge à la laundry. Je glande un peu sur Internet avec un
coca, puis je me couche.
11 mars
On a piscine aujourd’hui. Le pauvre Mitch est en croisière avec Sandra, ne
restent donc plus que Rob et moi à terre. Ce qui est une bonne chose : la
session piscine sera plus courte, plus facile, moins pénible. Avec Rob on
se motive à fond, on se dit qu’il faut absolument se sortir les doigts du cul
et en finir avec ces foutues skills aujourd’hui. (Nous échouerons,
évidemment.)
Le Loma et le Mangosteen étant indisponibles, nous voilà partis pour Kuk
Kak : quelques petites chambres, une guest house désertée. La piscine est
de bonne taille mais elle est tellement acide que c’en est terrifiant. Je m’en
sortirai avec des brûlures (sans déconner). Bref, l’endroit est moyen.
Heureusement qu’il y a un super bon chien tout sympa pour jouer avec
nous .
Je commence par foirer ma démonstration du pre-dive safety check. Je
n’en sais évidemment rien sur le coup : Alex est une vraie tombe pendant
les skills.
Rob, lui, loupe sa mise à l’eau en giant stride.
Bref, en gros, dès le début, nos ambitions dévorantes sont déjà réduites à
néant. On fait fort ^_^.
Bon, quand je dis qu’on se loupe, c’est au niveau démonstratif hein, on
n’est quand même pas des billes : on sait faire un pre-dive safety check et
on sait se mettre à l’eau, simplement, il ne faut pas oublier que les skills
c’est plus que faire l’action, c’est la faire de manière pédagogique.
Une fois les skills terminées (et ça va effectivement beaucoup plus vite à
deux qu’à quatre), Alex reste en mode tombe. Rob et moi on a compris :
on a probablement chié dans les grandes largeurs. On ne dit pas un mot
mais on a quand même grave les boules.
Comme nous sommes allés assez vite, Alex nous fait réviser l’exercice de
sauvetage, qui consiste à approcher un plongeur inconscient sous l’eau,
vérifier qu’il est effectivement inconscient, le remonter proprement en
maintenant le détendeur dans sa bouche, en libérant le plus possible les
voies aériennes (tête en arrière en gros), l’amener en surface en respectant
la vitesse de remontée, le stabiliser en surface, se signaler/appeler les
secours, se déséquiper et déséquiper la victime tout en réalisant des
insufflations selon le bon tempo, remorquer la victime jusqu’à la berge/le
bateau, et sortir le corps.
Rob s’en sort comme un chef. De mon côté, je dois m’y reprendre à trois
fois : je rencontre les pires difficultés à stabiliser Rob en surface, du coup
toute la réalisation de l’exercice est bancalo-foireuse.
Sur le chemin du retour, j’ai donc les double méga boules : on a loupé les
skills pile au moment où on n’était que deux et où on pouvait plier le truc,
et j’ai fait de la merde au rescue. Sa race. Qu’est-ce à dire ? Suis-je si
mauvais que ça ? J’avais pourtant bien géré ces exercices pendant
l’EFR/rescue/RIFAP/N3. Je suppose que ça dépend pas mal de la
personne sur laquelle on « opère », et de son équipement. Et aussi, ça met
en lumière l’importance de répéter fréquemment ces exercices de
sauvetage, c’est ce qu’on appelle le recyclage : il faut pratiquer pour ne pas
rouiller.
On rince et range le matos, puis on déjeune au Lamuan. Je suis pas
d’humeur, je prends juste quelques nems et une eau gazeuse (120 THB).
Alex nous débriefe, et ne fait que nous confirmer ce qu’on avait bien
compris : on a échoué. On a tous les deux raté 2 skills sur les 24. Putain.
On va devoir tout refaire pour 2/24… C’est d’autant plus frustrant
qu’Alex nous dit qu’on a vraiment super bien géré toutes les autres skills.
On passe au rescue : sans surprise, Rob est félicité par Alex. Moi, c’est
évidemment moins reluisant, mais Alex me dit que même si j’ai grave
merdé, en fait ça ne tenait pas à grand-chose : il faut juste que je sois plus
ferme sur la prise initiale (quitte à être violent, de toute façon le type est
déjà dans de sales draps ^_^), et une fois que la victime est stable, elle me
dit que tout devrait rouler (l’avenir lui donnera raison).
Avec Rob, on va se consoler en allant « inhaler » deux glaces chacun au
McDo. Puis on prépare le matos pour la sortie de demain sur le Boon-Sung.
Alex nous explique que Carol (la femme de Rob, pas le connard) sera avec
nous, et donc qu’on sera un petit groupe de 4, et que Rob et moi on devra
guider chacun une plongée. Carol se pointe, d’ailleurs.
On va tous se poser au Cintara Hotel sur la plage (très beau, très sympa)
pour boire des grands coups en mode coucher de soleil. Je paie ma
tournée. Je m’envoie trois gigantesques mojitos (3 pour le prix de 2, 2x200
THB). Je suis un peu déçu, car les mojitos sont beaucoup *beaucoup*
moins bons qu’hier, mais bon. La chanteuse d’hier est de retour. Ce coup-
ci je la trouve très bien. Ça devrait être l’install, hier…
James, un ami d’Alex, se pointe. C’est un plongeur qui est divemaster
depuis 25 ans et qui n’a jamais voulu devenir instructeur, car ce qu’il aime,
c’est être guide de plongée, point barre, il ne souhaite pas enseigner. Ça se
tient. On discute longuement, je comprends qu’il était là pendant le
tsunami, il était de sortie, en mer. Quand ils sont rentrés tout était détruit.
Mais il ne souhaite pas en dire beaucoup plus : je comprends tout à fait et
n’insiste pas.
Comme Carol est avec nous demain sur le Boon-Sung, et qu’elle n’y est
jamais allée, on commence à la briefer. Rob a alors l’idée aussi diabolique
que géniale de dire que c’est une grosse plongée de merde. Il y va par
petites touches, crescendo. Je me dis que c’est vraiment un gros bâtard
(mais je me hâte évidemment de lui emboîter le pas ^_^). On explique que
c’est loin, que la plage est immonde, que la visibilité est toute pourrie, que
l’épave est toute petite et à peine visible, qu’il n’y a quasiment aucune
bestiole à part des méduses, etc. Je me dis que ça ne va jamais tenir : Rob
lui a sûrement déjà parlé de l’épave, et sûrement pas en des termes aussi
« élogieux ». Mais elle ne percute pas et marche à fond. C’est géant. Alex
nous regarde faire, de plus en plus amusée, l’air de se dire « Putain, mais
qu’ils sont cons, ces deux-là ^_^ ». Elle n’intervient pas et se planque
derrière son cocktail noix de coco pour que Carol ne la voit pas pliée de
rire par les énormes conneries que racontent ses deux abrutis d’élèves ̂ _^.
James aussi assiste à la scène, d’abord médusé puis amusé. À un moment
Carol n’y tient plus, elle lâche « Mais putain pourquoi on plonge là-bas ? »,
prenant quasiment Alex à partie. Celle-ci ne se démonte pas et concède
que, oui, c’est une plongée de merde, mais bon, c’est comme ça, et puis, la
merde, c’est très formateur. James acquiesce. Carol, qui s’était levée,
presque indignée, se rassoit, sans un mot, et attaque son énième cocktail.
Gros silence. On n’arrive plus à se contenir. Rob finit par exploser de rire.
Il se fait copieusement engueuler par Carol. Il doit se planquer derrière sa
noix de coco pour éviter les coups. Bref, on commence à être bien chaud,
l’alcool nous monte bien à la gueule…
On joue au pierre-feuille-ciseau le premier guidage de plongée demain. On
dégaine trois fois de suite la même chose. Il faut attendre la quatrième
partie pour voir Rob gagner, ciseau contre feuille. Je déclare que puisqu’il
a gagné, il guide la première plongée. Ce qui n’a absolument aucun sens, et
revient même plutôt à une grosse défaite. Je ne pensais pas à mal, mais on
est méchamment bourré, donc bon, ce n’est pas étonnant que je raconte
n’importe quoi. Il accepte sans broncher, sans comprendre que je viens de
l’enfumer sans le vouloir, façon « pile je gagne, face il perd. »
On part dîner au Lamuan. Mes plats mettent 50 min à arriver, j’ai trop les
crocs, c’est insoutenable. Mais très bon : club sandwich et chicken
sandwich, 160 THB.
Sur le chemin de retour, je repense à la quenelle que j’ai glissée à Rob sans
le vouloir sur le guidage de demain. Je m’apprête à tout lui « avouer » au
moment où il me sort, absolument synchro : « Tu sais, je repensais au
pierre-feuille-ciseau de tout à l’heure : j’ai gagné, et pourtant, c’est moi qui
doit guider la première plongée. En quoi j’ai gagné au juste ? Je comprends
pas. » Je lui sors du tac au tac « J’y repensais aussi. Je sais pas. Ça n’a aucun
sens ce que j’ai dit tout à l’heure. » On éclate de rire. Il me dit que, bon, de
toute façon, guider en premier peut effectivement avoir des avantages
(c’est vrai), et donc que, c’est décidé, il guidera effectivement en premier.
Sur ces bonnes paroles pleines de sagesse, on va se coucher.
12 mars
On prépare tout le matos et on charge le camion, c’est parti pour un
nouveau day-trip sur le Boon-Sung !
Nous plongeons donc à 4 : Rob, Carol, Alex et moi. Sur le long-tail, il y a
également Inge, qui donne un cours d’open water à trois plongeurs.
Carol n’a pas d’ordinateur, nous allons donc plonger à la table. Rob,
comme convenu hier, guide la première plongée. Ça commence par un
briefing approximatif, où il présente à peine l’épave et oublie de préciser
qu’il ne faut pas y rentrer. Il reste aussi assez évasif sur la plongée à la table,
mais précise quand même la durée que nous ne devrons pas dépasser.
Sous l’eau, son guidage est correct, mais pas brillant. Il est parfois un peu
perdu, ne semble pas toujours bien en charge. Et il oublie de demander à
Alex où elle en est de sa conso, alors qu’elle avait bien rappelé qu’elle devait
être traitée comme une plongeuse lambda. Sur la fin, je vois qu’il ne
retrouve pas le mouillage, je lui indique discrètement la direction. Nous
croisons un joli banc de calamars sur la fin. [Plongée #25 – Boon-Sung,
Khao Lak – 45 min @ 18 m].
En surface, Rob est assez tendu pendant le débrief. Je ne saisis pas bien,
je me dis qu’il est déçu de sa plongée. Je m’assure qu’il est bien
opérationnel pour la prochaine plongée. Il me dit ok. Bon. Ça roule.
Dès le début de l’intervalle de surface, je prends les choses en main en tant
que guide de la prochaine plongée. Je ne fais pas mon gros lourd pour
autant : je rappelle juste que Carol n’a pas d’ordi, je rappelle les paramètres
de la dernière plongée, la durée de l’intervalle de surface et ce que ça
implique pour la prochaine plongée, puis je souhaite un bon appétit à tout
le monde en m’attelant à servir la bouffe avec Rob (oui, servir la bouffe et
les boissons fait aussi partie de nos attributions, mais je pense l’avoir déjà
dit plusieurs fois ^_^).
Il est temps d’y aller. Comme convenu avec Alex, même si c’est la
deuxième plongée du jour, je refais un briefing complet, pour jouer
l’exercice à fond. Je rappelle notamment ce que l’on a vu de l’épave ce
matin, et j’indique que nous allons faire la partie restante.
Je prends un rythme cool, mais je veille à rester en avant et à imprimer une
dynamique. Je gère mon temps, je regarde souvent ce qu’il se passe, pense
à demander l’air de chacun, sans être intrusif. Je montre une murène
honeycomb, des scorpion fish, des lion fish et même trois putain de
nudibranchs ! J’étais on fire ^_^. Bon, j’ai eu un peu de chance je suppose,
mais je l’ai aussi forcée, cette chance, en m’appliquant vraiment à fond.
Arrivé au bout de l’épave, d’où j’étais censé partir « dans le bleu » (bon,
dans le « vert » on va dire car l’eau n’est vraiment pas toujours bleue sur le
Boon-Sung) pour aller au récif artificiel, je me rate un peu, et je pars d’un
peu trop loin. Je ne trouve donc pas le récif, Alex doit me corriger, mais
de très peu. Je sais qu’elle ne m’en tiendra pas trop rigueur : nous avions
discuté d’aller sur le récif alors que je n’y étais personnellement jamais allé,
elle m’en a vaguement parlé, et c’était ma décision d’y aller. Elle m’a dit
que c’était ambitieux mais elle a apprécié que je tente. Bref, nous y
sommes. Je fais le tour de la première partie, puis je pars dans le vert vers
la deuxième partie, que je trouve facilement. Je suis lucide sur le temps
qu’il nous reste, et mets tout le monde en ordre de marche pour le retour.
Alex a apprécié mon « autorité » à un moment où l’attention du groupe
était un peu flottante. Sur le retour, dans le vert, je prie très fort pour
retrouver l’épave. D’après la distance parcourue, on devrait y être. Putain.
Je jette un œil à Alex. Malgré son détendeur, je vois qu’elle me sourit. Elle
voit que je pose la bonne question au bon moment, tranquillement. Elle
me sauve les fesses en m’indiquant comment corriger mon cap. L’épave
n’était vraiment pas loin, mais putain, la visi est vraiment pourrie
aujourd’hui… Je suis conscient d’avoir raté le récif à l’aller et l’épave au
retour, mais je sais aussi que je n’étais pas totalement à côté de mes pompes
non plus. En tous les cas, je ne laisse pas ça polluer mon mental pour la
gestion de la plongée. Je me dirige tranquillement vers le point de
remontée. Nous sommes pile dans les temps et l’air de tout le monde est
bon (allez, je suis un poil juste). Je gère tranquillement la remontée. Un
rémora (poisson à ventouse) essaie de se coller à moi. Je déteste ça, putain,
ça me révulse, les trucs qui se collent. Je psychote à moitié quand je sens
quelque chose vers le bas de ma combi, mais je gère. On remonte pile dans
les temps. [Plongée #26 – Boon-Sung, Khao Lak – 45 min @ 18 m].
Alex me débriefe pendant le retour, elle est très contente, ça fait plaisir .
Sur la plage, il y a pas mal de vagues. Le déchargement du long-tail, et
notamment des bouteilles, est une grosse galère. Et puis, notre 4x4 n’est
pas là. Un minibus arrive, envoyé d’urgence par Wicked, apparemment y
a eu un souci de bagnole. Mais le mec ne veut pas nous prendre sous
prétexte qu’on est mouillé. Bah, oui : des plongeurs à la plage, il y a des
chances que ça mouille un peu. Putain, les bras cassés, sérieux. Pour autant,
il ne veut pas partir sans être payé. Alex lui explique, pas très gentiment,
mais avec beaucoup d’humour, que ce n’est pas du tout son problème. Un
autre véhicule veut bien nous prendre, mais une fois montés, il ne démarre
pas. Alex commence à s’impatienter. Le mec invente des gros mythos. Il
finit par lâcher le morceau au bout de vingt minutes, après d’interminables
palabres : on est trop lourd, il ne veut pas abîmer sa caisse. Putain… Alex
pète un câble et traite le type de « retarded ». Elle appelle le shop, je ne sais
pas qui décroche, mais je soupçonne Pe-Toy : la discussion qui suit est un
mélange incongru de thai et d’anglais, qui ne mène absolument nulle part,
et quand Alex raccroche, le type rappelle sans cesse, mais pour ne rien dire.
Alex est folle de rage. C’est sans doute débile, mais j’adore ça : la situation
est totalement ubuesque, et Alex est trop drôle quand elle s’énerve ^_^.
Inge est explosée de rire aussi ^_^. On laisse partir ceux qui peuvent
(jusqu’à ce que le type trouve ça trop lourd), et nous attendons, Alex, Rob
et moi, en plein cagnard, avec toutes nos caisses, nos sacs et nos bouteilles.
Keith finit par se pointer avec un gros pick-up. Alex ne dit plus rien, elle
fulmine de rage. Keith n’ose rien dire ^_^. Faut dire que c’était vraiment
du grand n’importe quoi…
On rentre au store room, on rince. Avec Rob, on va se boire un grand
mango-passion shake en attendant que ça sèche. C’est là qu’il me dit qu’il
n’a pas du tout apprécié l’attitude d’Alex. Je lui dis que, oui, c’est vrai
qu’elle s’est emportée, mais que je la comprends. Il me répond qu’il ne
parle pas de ça, mais de la façon dont elle l’a traité pendant la plongée et
pendant le débrief. Putain… d’où ça sort, ça ? J’ai raté un épisode, là. Je
lui demande de préciser. Il me dit qu’il trouve qu’Alex a saboté sa plongée
en jouant la flâneuse, et il n’a pas du tout aimé son attitude pendant le
débrief. Bon. Je rassemble mes pensées. Ai-je laissé ma sympathie pour
elle (et le fait qu’elle apprécie mon travail) affecter mon jugement ? Je
réévalue la journée, mais non, je ne vois pas. Je marche sur des œufs. Rob
reconnaît volontiers que son guidage n’était pas très bon. Bon, déjà, on est
d’accord là-dessus, il n’est pas énervé juste parce qu’il n’apprécierait pas la
critique. Je dis à Rob que je ne trouve rien à redire sur le fond des
commentaires d’Alex, et sur la forme, pas grand-chose non plus. Elle
aurait pu être plu souriante, certes, mais je ne l’ai pas trouvée méchante
pour autant. Je me dis simplement qu’elle doit penser que nous sommes
quand même bien avancés dans le stage, et qu’elle doit arrêter de nous
materner. Il me dit qu’il l’a trouvée « totalement non professionnelle ».
Putain. Carrément. Je suis scié. Je me repasse le film, et, non, vraiment, je
ne vois pas. Je lui dis que je n’ai senti de tel. Il n’arrive pas à préciser plus.
Bon. Je lui dis, sans vraiment le penser mais pour arrondir les angles, que
je comprends (un peu) son point de vue. Je ne suis pas super fier de moi
de ne pas être totalement honnête avec lui, mais, vraiment, je ne vois rien
de pendable dans le débrief d’Alex, et je veux quand même apaiser Rob le
plus possible. Je me dis aussi que j’ai peut-être raté quelque chose, après
tout. Je lui dis aussi que, s’il pense vraiment ça, il ne peut pas le garder
pour lui : il doit absolument avoir une discussion avec elle, pour repartir
sur de bonnes bases. On convient que demain, après le cours théorique,
semble un bon créneau pour qu’il ait une discussion en tête à tête avec elle.
On retourne au store room pour ranger le matos qui a (un peu) séché. Je
suis un peu embêté de l’ambiance entre Rob et Alex. Je rumine dans mon
coin.
De retour au jungalow, je tombe sur Mitch qui rentre de croisière. On se
pose en terrasse avec une bière. Il m’explique que Sandra a fait chier tout
le monde sur le bateau, sans s’en rendre compte, comme d’hab. Elle a
évidemment passé son temps à hurler. Dan a demandé à Mitch de faire
quelque chose, du genre : « Allez, steuplé, c’est ta collègue de stage, quoi,
steuplé, aide moi ! ». Ce à quoi il a répondu : « Nope. » Il a aussi précisé
qu’il était désolé mais qu’il ne pouvait plus la voir, il partageait sa cabine et
c’était déjà beaucoup (trop…) et que ce n’était pas son rôle. De mon point
de vue, il avait globalement raison, même s’il aurait pu arrondir les angles
(en fait, non, le connaissant, il n’aurait rien arrondi du tout, et je pense qu’il
en était conscient, d’où son refus de se mêler à tout ça.) Dan a donc dû
recadrer Sandra, et, évidemment, elle a pleuré. Nan mais putain quoi...
Cette fille est désespérante, vraiment. Mitch me raconte ensuite qu’il a
assisté Deaw, un instructeur thai, sur le cours d’open water d’une
Française. Apparemment, ce fut un enfer (mais super formateur) : elle était
absolument terrifiée, et ne plongeait que parce que son mec le voulait. Un
grand classique, et l’une des meilleures recettes qu’on ait inventées pour
provoquer une catastrophe. Apparemment, la fille a fondu en larmes,
hystérique, à plusieurs reprises. En plus, ils ont eu plein de méduses…
Putain, ils ont dû se marrer, sur le bateau ^_^. Au final, ils ont su trouver
les mots, et elle a validé son open water.
Je dîne à ma « cantine ». Deux vieux Allemands un peu crado s’installent à
ma table, sans gêne. Et les plats mettent deux plombes à arriver ce soir.
Heureusement que j’ai un bouquin. J’ai envie d’assassiner la vieille… Je
bouffe en vitesse mon riz et mon pad thai (90 THB) et je rentre me
coucher.
13 mars
Aujourd’hui, théorie. C’est vraiment intéressant mais il y a plein de
coquilles dans les slides PADI. Je finis par demander à Alex comment c’est
possible, parce que je ne conçois pas qu’ils puissent avoir laissé passer ça.
Elle me dit qu’en fait ce ne sont pas des slides PADI, mais des slides
conçus par eux-mêmes, sur la base du programme PADI. Et elle reconnaît
qu’il y a « quelques » corrections à faire ^_^. Ah, bon, ok, je comprends
mieux !
On déjeune au Lamuan, je me fais des onion rings, du pain à l’ail et un
coca (190 THB).
L’après-midi, on poursuit la théorie, puis, avec Mitch, on fait le sizing de
deux clients. Une femme s’étonne de rentrer dans du XL alors qu’à
l’époque il lui fallait du XXL et qu’elle n’a pas spécialement maigri. Avec
Mitch, on lui répète ce qu’Alex nous a expliqué il y a quelques jours : les
fabricants ont décalé les appellations de leurs tailles, pour des raisons de
politiquement correct, des clients étant mal à l’aise de devoir rentrer dans
du triple XL. Je ne sais pas si c’est vrai ou si c’est une légende urbaine.
Alex nous prend en photos pour la certification Nitrox SSI.
Je me pose en terrasse avec une bière avec Mitch. On dit gentiment du mal
de Sandra, ça nous fait un bien fou putain, surtout Mitch qui a vraiment
pris super cher pendant la croisière ^_^. Quand il m’en parle, je sens une
vraie souffrance dans sa voix. C’est impressionnant comment elle arrive à
nous taper sur le système (tout en étant, rappelons-le et soyons honnêtes,
vraiment pas méchante, mais juste super énervante et dramatiquement
incompétente). On enchaîne sur un dîner, je me fais des nems en entrée,
un burger au poulet pour tester, le tout évidemment avec un coca (220
THB).
Je n’ai pas revu Rob après l’avoir laissé avec Alex à la fin du cours. Je suis
un peu nerveux de découvrir ce qu’il va en ressortir.
14 mars
Ça fait aujourd’hui un mois jour pour jour que j’ai commencé cette grande
aventure divemasterienne.
Je croise Rob avant d’aller au shop, je lui demande comment ça s’est passé
avec Alex. Il me dit qu’elle n’a pas voulu reconnaître avoir franchi la limite
mais qu’elle s’est excusée s’il avait mal vécu tout ça. Il semble s’être fait
une raison et être passé à autre chose. Bon. Ce n’est pas idéal comme
situation, mais ça me semble être un moindre mal. Je me demande
comment ça va être entre eux aujourd’hui. Réponse : comme si de rien
n’était. Ils ont même bien ri tous les deux. Cool. Je sais que Rob est capable
de vachement compartimenter ses sentiments, mais je ne pense pas que ce
soit blague d’un côté et rancœur profonde de l’autre, donc je me dis que
globalement tout roule à peu près.
Théorie, donc, ce matin. Et on passe la certification O2 Provider de SSI.
Je n’ai rien demandé donc je trouve ça plutôt gonflé, mais bon, ça coûte
seulement 15€ et c’est pas inintéressant. C’est quand même un peu bidon,
en mode remake de l’EFR et du RIFAP. Bon. Pas tout compris, je crois
que c’est Sandra qui voulait le faire, et la connaissant elle a dû dire que tout
le monde était partant. Je laisse couler, ça n’a aucune importance (EDIT :
je suis un énorme connard, encore pris la main dans le sac à dire du mal
de Sandra, après vérification, ces formations étaient prévues dans la
formation Wicked de base).
On déjeune au Lamuan (pour changer). Je tente la salade de papaye
« crispy » (80 THB). J’adore la salade de papaye, surtout la papaye verte,
mais je n’ai jamais essayé la crispy. C’est bof : c’est de la papaye frite, donc
paye ta salade quoi. C’est pas mauvais, mais bon, c’est pas transcendant.
Et c’est trèèès épicé, évidemment ^_^. Je complète avec du riz blanc (20
THB) et une eau gazeuse (40 THB).
L’aprem, on fait quelques revues de connaissance histoire d’avancer dans
le manuel.
On prépare le matos pour le Boon-Sung demain (oui, encore le Boon-Sung).
On marche sur la plage. Mitch, qui n’est pas un grand marcheur, nous
abandonne lâchement. On continue avec Rob, Carol, Sandra et Anders
(l’un des Suédois de la croisière). Je lui demande pourquoi il n’est pas venu
faire la plongée sur le Boon-Sung, vu qu’ils avaient l’air super motivés. Il
m’explique qu’ils ont tous été malades à tour de rôle. Ah oui. Forcément.
Et qu’ils font beaucoup la fête. Ah oui…
On va jusqu’à Baniang. Ça fait un peu loin, mais la plage est très belle, c’est
cool. On se pose au Yellow Bar, un super petit bar-resto pour profiter du
coucher de soleil.
La vue est splendide, les cocktails sont très bons. L’ambiance est géniale,
le seul truc qui fait chier ce sont les gloussements incessants de Sandra.
Putain elle m’aura vraiment pourri mon séjour celle-là, c’est dingue… On
reste dîner. Je me fais un poulet curry-cacahuète absolument fabuleux. Et
c’est copieux comme c’est pas permis, c’est la première fois depuis le début
du séjour que je lutte vraiment pour finir un plat !
Rob teste Sandra sur sa culture générale (c’est devenu un jeu absolument
consternant). Les constatations du jour ne sont guère réjouissantes : elle
ne connaît pas Michael Douglas. C’est pourtant même pas de la culture G
ça, bordel… Elle est sidérante.
Nous rentrons par la plage, de nuit. Rob et Carol font les cons comme
deux adolescents, c’est à la fois franchement ridicule, très drôle et très
attendrissant. À un moment, Rob raconte l’histoire de la mante religieuse
de l’autre jour. Devant les yeux de bovins écarquillés de Sandra, je suggère
à Rob non pas de raconter l’histoire mais carrément de la jouer. Je vois son
œil s’illuminer devant l’évidence. J’en étais sûr : il démarre au quart de tour
^_^. Le voilà en train de courir, de sauter et de hurler en tous sens, c’est
trop bon. Les passants le croient fou ^_^. Et, évidemment, l’histoire
implique qu’il se jette au sol. Il en fait des tonnes, en se vautrant
lourdement et en faisant des roulades, mimant une lutte à mort avec une
créature gigantesque. Il est trop bon, ce mec. Et dire que c’est un retraité,
putain…
Une fois la scène achevée, c’est une nouvelle fois le drame : Rob a perdu
ses lentilles de contact dans le feu de l’action. Carol est paniquée (il ne lui
en faut pas beaucoup). Putain… Tout ça est parfaitement absurde ^_^. Je
mets mon téléphone en mode lampe-torche et, miracle, on retrouve les
lentilles de Rob.
Retour au jungalow, et dodo.
15 mars
Nous voilà de retour sur le Boon-Sung Wreck. J’avoue que je commence à
me dire que de ne plonger que sur le Boon-Sung ou à Khao Nayak en dehors
des croisières, ça m’embête un peu. Il existe deux autres épaves que
j’aimerais beaucoup faire. Il y a le Prem Chai, une sorte de sister ship du
Boon-Sung. Il paraît que c’est moins bien, mais au moins ça nous changerait.
Et il y a aussi le Sea Chart, récent et gigantesque, que j’aimerais beaucoup
faire, d’autant plus que c’est une plongée assez profonde (28-40 m), chose
que l’on fait peu pendant le stage. Mais du coup peu de clients veulent aller
sur le Sea Chart, car c’est de la « profonde », et puis, il y a du courant. Je
pense que j’aurais dû insister un peu plus pour faire autre chose que le
Boon-Sung. Tant pis. Le Boon-Sung reste une super plongée, hein : une belle
et grande épave, facile, accessible, qui regorge de trucs.
Et puis, aujourd’hui, nous réalisons l’exercice divemaster de mapping
(cartographie). Donc ça change un peu de d’habitude, c’est cool. Nous
emmenons tous nos ardoises et nos crayons, évidemment.
Alex n’est pas là aujourd’hui. C’est Taryn qui pilote la journée. Elle est
avec 4 clients, et nous, nous sommes en autonomes.
Je suis en binôme avec Mitch. Rob est avec Sandra (ouf). On se met
d’accord sur le fait que chaque binôme va s’occuper d’une partie de
l’épave, puis qu’on inversera les rôles pour la deuxième plongée. Ensuite,
avec Mitch, on se met d’accord sur un certain nombre de signes
spécifiques à l’exercice du jour : « mesure cette longueur », « mesure cette
profondeur », « fais-le », « je m’en occupe », « mesure cet angle », etc. Les
distances seront mesurées simplement en nombre de cycles de palmage,
pas besoin d’être super précis et de perdre du temps avec des moyens plus
précis. On décide de commencer par un survol global pour tracer
l’essentiel, puis de revenir sur chaque partie pour les détails.
On se met à l’eau. Très vite, nos craintes depuis la surface se confirment :
la visibilité est totalement pourrie. On y voit comme à travers une pelle.
Pour faire de la cartographie, c’est génial. Je me dis tout de suite qu’on va
avoir du mal à faire un survol global intéressant, car on ne voit vraiment
rien à moins de se coller sur l’épave. Super. En plus, on ne reconnaît rien,
on n’arrive même pas à avoir sur lequel des trois points de descente on
est. On n’est pas sur la croix, c’est sûr, mais sinon, pas moyen de savoir :
on ne connaît pas encore l’épave par cœur (ce sera le cas à la fin du
stage…), et on ne voit vraiment rien. Mitch me regarde avec des yeux de
merlan frit, puis écrit sur son ardoise : « C’est la bonne jambe ? » (l’épave
est en V, qu’on a donc séparé en deux « jambes », une par binôme). J’en
sais rien. Je lui fais le signe international du « je ne sais pas » : paumes vers
le haut, secouage d’épaules. J’écris « faisons un tour pour voir ». Il est ok.
On distingue quelques plongeurs dans la soupe, pas moyen de savoir si
c’est Rob et Sandra ou d’autres personnes. En plus, il y a pas mal de
courant. Comme si on avait besoin de ça, putain, normalement y a presque
jamais de courant sur le Boon-Sung, c’est une blague ou quoi ? Bon. On a
l’air au bon endroit. J’écris à Mitch : « On commence ». Il me dit ok. Je
dessine les principales structures, lui mesure les longueurs et les
profondeurs et me les donne. C’est super brouillon. L’épave est trop
grande, je n’ai plus de place sur mon ardoise. Je la retourne. Putain, c’est
vraiment la lutte. Je pensais pas que ce serait aussi difficile, c’est
surprenant. Et, putain, ne pas pouvoir se parler est atrocement frustrant.
On peut écrire, mais c’est lent, imprécis, et si on ne se comprend pas, la
discussion s’enlise. En plus, nos gommes ne marchent pas bien, et nos
ardoises sont trop petites. Elles sont bien, mais pas pour faire de la carto.
Putain, sa race. Je me rends aussi compte que nos compas sont hyper
perturbés par l’épave métallique, et que, même sans ça, le nord indiqué sur
la carte « officielle » de l’épave par Wicked n’est manifestement pas bon
du tout. Bref, ça tourne à la grosse loose… On parvient tout de même à
faire quelque chose de (vaguement) potable. Et même si je n’ai pas pu tout
dessiner, j’ai mémorisé un certain nombre de choses qui ne figurent pas
sur la carte de Wicked, et donc on va pouvoir apporter quelque chose, au-
delà du simple exercice. Je me rends aussi compte qu’avoir vu une carte
de l’épave n’aide finalement pas, car elle est vraiment imprécise, et il est
difficile de se la sortir de la tête. Mitch me fait signe qu’il veut qu’on aille
au récif artificiel. Je lui réponds non sans hésiter : on n’a carrément plus le
temps. Et vues nos performances du jour, hors de question de se lancer
dans le « vert » comme ça ! ^_^. Il n’insiste pas, il comprend bien la
situation. On retrouve le point de descente (un peu de réussite dans un
océan de loose), et on commence notre remontée. Taryn, qui s’était mise
à l’eau après nous avec 4 clients, passe par là et en profite pour nous refiler
un de ses clients qui a consommé comme un énorme bourrin : soit elle
nous le file soit elle remonte tout le monde maintenant, alors que certains
sont encore à 100 bar, et auront donc toutes les raisons de gueuler. De la
chance qu’on soit là et qu’on se soit croisé ! On prend réception du colis,
elle nous remercie, puis on remonte tranquillement en faisant notre safety
stop. Je gère le client de Taryn, manifestement incapable de tenir son
palier. Je passe mon temps à le corriger. Nous voilà sur le bateau, on a fait
la durée prévue, ça, c’est cool. [Plongée #27 – Boon-Sung, Khao Lak – 47
min @ 15,7 m].
Rob et Sandra sont sortis 10 min avant nous. Ça ne m’étonne pas, côté
consommation, Sandra est généralement épouvantable, et Rob n’est pas
super économe non plus.
En discutant tous les quatre, on se rend compte que Rob et Sandra ont
cartographié la même partie que nous… Putain. Je me rends compte que
notre discussion pré-plongée était loin d’être brillante. On n’a pas vérifié
que tout le monde se soit vraiment bien compris. La raison ? Mitch n’en
peut tellement plus de Sandra que la discussion était vraiment difficile. J’ai
essayé de faire le médiateur, mais je me rends compte que je n’ai pas été
bon du tout. En y repensant, je dois bien avouer que j’ai même carrément
lâché l’affaire, en me disant qu’on verrait bien, que ça irait mieux sous l’eau.
Faute grave. C’est une des principales règles en plongée : rien ne s’améliore
jamais sous l’eau. S’il y a un problème, il doit absolument être réglé avant
de se foutre à l’eau. Se dire « on verra bien » est la meilleure façon de
provoquer un accident et de ne plus jamais rien « voir » du tout. Bon, là,
aucun élément lié à la sûreté n’était en jeu, donc personne n’a mis en
danger personne, ce qui est l’essentiel (ce qui explique probablement
pourquoi j’ai lâché l’affaire aussi vite, après tout, ce n’était jamais qu’un
problème de dessin). En revanche, on a niqué l’exercice bien comme il
faut. Enfin, la perturbation magnétique de l’épave, le courant et la visibilité
ont fait le reste. Au final, on a collectivement merdé comme des bêtes. Je
suis pas fier. Mais je pense que c’est bien de vivre un bon gros fiasco de
ce type, surtout dans un cadre qui n’implique pas la sûreté. C’est formateur
sans qu’on se soit foutu en danger.
On discute de la plongée suivante. Manifestement, tout le monde a saisi
l’ampleur des « dégâts », et là on se parle vraiment, à fond. Mitch parvient
même à blaguer avec Sandra. Je suis scié ^_^ !
Pause bouffe. On souffle un grand coup.
Bang, qui passe son rescue, se fout à l’eau pour aller pisser, sauf qu’il se
jette avec sa ceinture de plomb et zéro moyen de flottaison. Il disparaît
sous les eaux quelques secondes, on s’apprête à sauter à l’eau, quand il
revient en surface. C’est un putain d’athlète, il a une force colossale dans
les bras et les jambes. Il remonte sur le bateau, retire ses plombs, puis se
refout à l’eau. C’est quand même bien l’échec pour lui : faire une erreur
pareille pendant son cours de rescue… Bon, en me repassant la scène, je
constate qu’on était quand même bien tous au taquet : il avait à peine
touché l’eau, que tous, on était conscient de la situation et prêts à nous
foutre à l’eau. Je ne sais pas bien comment une telle acuité est possible,
faut croire qu’en tâches de fond inconscientes, y a quand même vachement
de trucs qui se passent dans nos têtes ^_^ ! Bref. Les jeunes reprennent
leurs exercices de sauvetage.
Bang en plein rescue !
Biiim !!!
Retour à l’eau. Cette fois-ci, on sait où on est, et on est sûr de ce qu’on a
à faire. On a aussi pris des automatismes dans la communication et les
actions, je sens que Mitch et moi, on est devenu bien efficaces. On parvient
à faire ce qu’on voulait. Je fais un « V » à Mitch, pour lui dire que je veux
qu’on mesure la distance entre les deux jambes du V. Il me dit ok. On se
place au point convenu de la jambe, puis on part dans le vert en suivant
notre compas et en comptant méticuleusement les cycles. Au bout d’un
certain temps, on n’a toujours rien trouvé, et on se dit qu’on a dû merder
quelque part, la distance ne peut pas être aussi grande. On convient de
revenir sur nos « pas-lmes ». Bon, déjà, on retrouve bien notre point de
départ, c’est toujours ça de pris. On fait une seconde tentative. Même
résultat. Putain, on est vraiment des grosses burnes ! Tant pis. L’heure
tourne. Je fais signe à Mitch qu’il faut arrêter les frais et qu’il vaut mieux
remonter. Il me dit ok, et nous voilà donc sur le retour. [Plongée #28 –
Boon-Sung, Khao Lak – 42 min @ 17,9 m].
Sur le bateau, je vois Rob tout penaud. Je lui demande ce qu’il se passe. Il
m’explique qu’ils se sont perdus dans le vert en tentant, comme nous, de
mesurer la distance dans le V. Putain, je me dis qu’on n’était peut-être pas
si nul que ça, finalement ̂ _^ ! Je lui explique qu’on n’a pas réussi non plus,
ce qui lui met du baume au cœur, mais qu’en revanche on n’a pas poussé
le bouchon jusqu’à se perdre. Là, il se sent un peu looseux : ils ont nagé
trop loin et n’ont pas eu la présence d’esprit comme nous de renoncer à
temps. Quand ils ont finalement fait demi-tour, c’était beaucoup trop tard,
et ils n’ont jamais retrouvé l’épave. Ils sont donc remontés comme des
cons. Bon, ils ont fait ça proprement, en déployant leur SMB et tout.
On rentre sur Khao Lak. On débarque, transporte, rince, range, bref,
comme d’hab quoi. On est rôdé maintenant. Et Taryn est super efficace,
putain, elle a super bien géré la journée. Elle est plus carrée qu’Alex (qui
n’est pas bordélique pour autant hein, loin de là).
Je rentre au jungalow, accompagné de Sandra, qui continue de me gueuler
dans les oreilles. Putain j’en ai marre. Soudain, je vois un énorme lézard
(50 cm facile) dans les feuilles en bord de route. Je passe de l’autre côté de
la barrière et j’essaie de le prendre en photo, mais pas moyen. Je suis bien
dégoûté, il était vraiment gigantesque. Sandra me regarde avec des grands
yeux écarquillés, elle ne comprend manifestement pas pourquoi je voulais
le prendre en photo. Je ne cherche même pas à débattre…
Je prends une douche, puis je commence à dessiner la carte du Boon-Sung,
pendant que j’ai les idées claires. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud !
Pour ça, j’utilise One Note sur ma Surface Pro 3, avec le stylet, c’est
vraiment pratique pour dessiner. Bon, je ne finalise pas, mais je fais un bon
gros premier jet, quoi.
Je sors dîner au Go Pong. Du poulet frit, des œufs frits et un thé glacé
maison (85 THB). Divin. Au moment de partir, un 4x4 cartonne un
scooter juste devant le restaurant. Sur le scooter, il y avait une mère et sa
petite fille, et personne ne portait de casque, évidemment. Je m’approche.
Bon, apparemment, il n’y a pas de vraies blessures. C’est heureux, et même
miraculeux, parce que pour avoir vu la chute, c’était vraiment pas gagné.
Un attroupement se forme, inévitablement. Je m’en vais. J’ai encore un
peu faim, envie de sucré, je m’achète un snickers dans une épicerie. Je sais
pas si c’est une contrefaçon ou autre, mais c’est vraiment dégueu…
Je croise Bang et Tong qui me prennent en side-car (le Go Pong c’est un
peu loin). Un autre accident de scooter se produit juste sous nos yeux.
Décidément… Rien de grave là non plus.
Je change des euros. On me soumet à un interrogatoire invraisemblable,
chose à laquelle je n’avais pas eu droit jusqu’ici, je ne comprends pas.
L’euro est en chute libre.
Quand je rentre, je croise Gary et Anne qui sortent dîner. Elle a mis sa
belle robe rouge comme souvent, façon grande soirée, lui est habillé
n’importe comment, comme souvent. Ils sont vraiment marrants tous les
deux !
16 mars
Je dors beaucoup et bien en ce moment, ça me change de la France. Bref.
Je me lève tôt, 7h, alors que j’aurais pu pousser jusque 8h30, ça montre
bien que je suis bien reposé en ce moment. Du coup, j’avance dans la
lecture de Diver Down.
Aujourd’hui, skills en piscine ! J’espère que c’est la dernière ! Je suis
remonté à fond. Bon, on est 4, ça va être beaucoup plus pénible qu’à 2,
mais j’essaie de faire abstraction de ça.
J’espère qu’on va aller au Loma. Pas de bol, on va à Kuk Kak. La piscine
d’acide sulfurique. Putain. Ça me douche grave. Fait chier.
Je gère grave la présentation et l’assemblage d’équipement, le pre-dive
safety check et la mise à l’eau. Je suis à fond, sur une bonne dynamique.
Mais à la fin de la démonstration de flottabilité, que je pense vraiment avoir
faite de manière nickel, je vois qu’Alex fait la gueule. Putain de sa race. J’ai
dû me vautrer quelque part. Je ne comprends pas, tout était pourtant
parfait dans ma tête. Je demande, blasé : « Ce n’était pas bon ? ». Elle me
répond : « Eh bien, je ne sais pas. As-tu bien pensé à regonfler ta stab à la
fin ? ». Putain. Non, j’ai oublié. Focalisé sur le fait d’être bien en surface
pile à mi-masque avec une respiration normale, pour couler nickel en
expirant, puis remonter nickel en inspirant, j’avais fait le plus dur, et, tout
content, j’ai oublié le plus simple : regonfler ma stab à la fin. Sa race. C’est
foutu pour cette fois… J’ai les méga boules. Je décide que je m’en fous, et
que je vais gérer grave le reste, avec panache. Peu importe. Et, de fait,
j’enchaîne tout nickel.
Mitch, lui, se loupe sur le déséquipement/rééquipement sous l’eau de la
stab (il s’est tapé une crampe). Il foire aussi la nage sans masque, je ne sais
pas ce qu’il branle, il rampe comme une merde sur le fond de la piscine (il
m’expliquera plus tard s’être tapé une deuxième crampe… putain, Mitch,
sérieux !).
À la fin des skills avec bouteille, juste avant de passer aux skills de skin
diving, Alex annonce : « Bon, ce que je ne vous ai pas dit, c’est qu’en réalité,
même à l’examen d’instructeur, vous avez droit à un joker. » Tempête dans
le bocal qui me sert de tête : je me dis que si je n’ai loupé qu’une seule skill,
ce que je pense vraiment être le cas, je peux encore m’en sortir et en finir
une bonne fois pour toutes (sous réserve de ne pas louper les skills de skin
diving et de déséquipement, mais ça devrait aller large). Alex complète :
« Pour certains d’entre vous, ça ne changera rien. » Putain. Mais allez,
accouche, Alex, bordel ! Elle fait durer le suspense, je vois à son grand
sourire qu’elle y prend du plaisir cette petite diablesse ^_^ ! Bon. Ça y est.
Elle me regarde. « Ducky, que dirais-tu de nous refaire la démonstration
de la flottabilité ? ». YEEEES ! Intérieurement, je jubile. Je sais que je peux
le faire. La fin du calvaire ne tient plus qu’à un fil, enfin, plus qu’à une
expiration en l’occurrence. Pas intérêt à me louper. Je me prépare. « Quand
tu veux, Ducky. » Je m’exécute. Je fais le speech, les signes. Je vide ma stab.
Je montre que je suis à mi-masque. J’expire, je descends. J’inspire, je
remonte. Je regonfle ma stab. Je vois Alex noter quelque chose sur son
ardoise, avec un grand sourire. J’ai réussi ! HELL YEAH ! Bon, par contre,
interdiction de se louper sur le reste. Alex ne propose rien aux autres : soit
ils ont tout réussi, soit ils ont loupé plus d’une skill, dans tous les cas, c’est
réussi ou loupé. Mitch a compris : il s’est vautré. Sandra et Rob pensent
comme moi : ils sont encore en course. J’ai quand même un doute pour
Rob. Sandra, en revanche, me semble avoir fait un sans-faute aujourd’hui.
Bref.
On enchaîne avec le skin diving, où j’excelle (et j’ai intérêt : mon surnom
vient quand même de là ^_^ !). Sandra, en revanche, a toujours échoué
jusque-là sur les apnées. Mais elle s’est bien entraînée là-dessus (le seul truc
sur lequel elle a vraiment été sérieuse, je ne vais pas lui enlever, même si,
bon, très honnêtement, 15 m d’apnée c’est bidon). Elle réussit.
On passe au déséquipement. Tout le monde s’en sort nickel.
On rince le matos avec le jet de la piscine (je doute que ce soit utile, c’est
sûrement la même eau, qui doit donc être atrocement acide). On range le
matos dans un silence monastique. Tout le monde se demande
fiévreusement quand Alex va lâcher le morceau, mais personne n’ose
demander, on joue tous les gars détachés qui n’en ont rien à foutre. C’est
un peu ridicule ^_^. Soudain, Alex lève les yeux de son ardoise, nous
regarde, fait une pause énigmatique et dit : « Félicitations à Shorty et Ducky
qui ont validé les skills aujourd’hui ! ». Je vois Mitch et Rob, blasés mais
beaux joueurs, qui nous applaudissent. Je suis super content, putain .
On déjeune au Lamuan. Je me fais un poulet curry avec du riz et une
grande eau gazeuse (180 THB). Alex nous fait un débrief détaillé. Sandra
n’a rien raté, moi j’ai dû utiliser mon joker, mais au final je la bats aux
points : je fais 118/120, elle 114/120. Alex nous dit qu’elle a rarement
l’occasion de mettre d’aussi bonnes notes. Mitch et Rob sont recalés, donc.
Mitch, c’est sur les points déjà évoqués. Pas de bol, une crampe, c’est pas
tout à fait de sa faute, encore que, sur la nage, franchement il aurait pu
gérer ça. Rob, je ne sais plus à quoi il a échoué. Ils sont dégoûtés mais se
disent que la prochaine fois ça devrait aller, d’autant plus qu’ils ne seront
que deux, ce qui rend l’exercice beaucoup moins pénible comme je l’ai déjà
dit.
Je passe au shop. Je croise Dan qui prépare la prochaine croisière : il me
demande mon aide sur le nom d’un client français. Je lui explique
comment prononcer « Jean-Baptiste » et je lui confirme que c’est bien un
prénom, pas un nom.
Je retourne au jungalow. Il n’est que 15h30. Je prends une bonne grosse
douche, avec un des savons coco de Wicked, d’une transparence
stupéfiante. La piscine sulfurique de Kuk Kak m’a littéralement défoncé
le cou, là où frotte mon shorty. C’est hyper douloureux. Et je me suis
défoncé un genou, aussi. Putain de piscine de merde, sérieux ^_^ !
Je termine Diver Down. Super instructif, je recommande.
Je sors dîner au Walker’s, une grande escalope panée arrosée d’un bon
coca (180 THB), puis je vais me faire un McFlurry au McDo. Ils n’ont pas
de Daim’s, tant pis, je le prends au choco. Le McFlurry est tout petit, à
peine froid, le chocolat est dégueulasse et y en a beaucoup trop. Bref, full
total échec. Les glaces au McDo, faut prendre les glaces de base (les cônes),
le reste c’est cinq fois plus cher et pas bon du tout.
Je passe à la « cantine », qui fait aussi magasin, pour me ravitailler en coca.
Ça sent à fond la sauce samouraï en cuisine, j’en peux plus de cette sauce
sérieux, elle me tape sur le système. Et la taulière est vraiment pas sympa,
une vraie grande pétasse. Son mec, en revanche, c’est un super type. Le
contraste est super impressionnant.
Œuvres typiques dans le coin
Je rentre au jungalow, je croise Carol, excédée, car il n’y a une nouvelle
fois pas de pression, et donc pas moyen de se doucher. Elle me dit qu’elle
va aller se la faire, cette grande salope (rappelons que notre proprio et celle
qui tient la « cantine » sont la même personne) ^_^.
17 mars
Aujourd’hui, nous sommes censés aller visiter la chambre hyperbare
médicale, à Phuket. Je me lève à 8h, on a rendez-vous au shop à 9h.
En prenant ma douche, je me fais la réflexion que mon bronzage délimité
par mon shorty est devenu absolument ridicule. Mais bon, c’est comme
ça…
Je croise un énorme serpent sur la route. Il avance tranquillement sur le
bitume, pépouze. J’arrive au shop un peu en avance. Sandra est déjà là.
Mitch arrive aussi. On apprend que la visite est annulée : ils ont un patient
qui est arrivé dans la nuit et qui est en traitement, ils ne peuvent pas nous
faire la visite. Putain. Et demain ce ne sera pas possible non plus.
Bon. Je glande un peu au shop, je lis un peu. Mitch part sur Phuket quand
même, en bus, il doit y aller de toute façon pour faire une visite médicale
complète pour son futur job en Australie.
Je zone dans Khao Lak, je déjeune au Go Pong (poulet frit, œufs, frits,
double thé glacé maison, bref, la routine, 120 THB).
Je me pose à la plage, pour glandouiller, nager et lire un peu. Je finis par
rentrer, il fait une chaleur funiculaire. Je glande au jungalow, puis je reviens
à la plage vers 16h30, quand la température se fait plus clémente.
L’eau est délicieuse, toute douce et toute suave. Putain, se baigner sans
combinaison, sans néoprène, sans matos qui pèse douze tonnes, sans
produits chimiques, sans masque, bref, sans rien, et profiter juste du
contact de l’eau sur la peau, flotter sans entraves, qu’est-ce que c’est bon !
J’adore l’eau, et ces derniers temps, j’avais presque oublié le plaisir pur et
simple de la mer au naturel. La plongée bouteille, c’est fabuleux, mais c’est
autre chose. Le retour aux bases me fait un bien fou.
Je commence à lire The Complete Diver, une énorme encyclopédie sur la
plongée, extrêmement complète, parfois irrévérencieuse, pleine d’humour
et de vérité, c’est assez génial.
Je marche jusqu’au Yellow Bar. J’y prends un petit apéro, et j’y reste dîner.
Je me prends le club sandwich avec des frites, ce qu’avait pris Rob l’autre
soir et m’avait bien tenté (mon poulet curry cacahuètes était fabuleux mais
je n’ai pas envie de le reprendre). Je me prends une eau gazeuse citronnée
avec ça, le tout pour 170 THB. C’est super bon et copieux. Je suis le seul
client, c’est un peu curieux.
18 mars
Journée off today. C’est cool, ça permet de souffler. Je me lève tôt quand
même, à 8h, faut croire que j’ai pris le rythme !
Je dépose des affaires au laundry, car je pars bientôt en liveaboard et toutes
mes affaires commencent à sentir un peu le fennec. Je commence aussi à
préparer mon retour en France, en commandant des billets de trains pour
les week-ends qui vont arriver. Rien que de penser à la France, je suis
déprimé…
Je travaille sur ma carte du Boon-Sung, et j’avance dans The Complete Diver,
dont certains passages révèlent douloureusement la nature profondément
débile des unités impériales, comparées au système métrique, où tout y est
infiniment plus simple. D’ailleurs, en parlant de ça, je ne peux pas
m’empêcher de mettre le texte suivant, que je trouve formidablement
drôle (en plus d’être vrai) :
Je ne sais plus d’où je sors ce truc, mais bref, j’adore. Je le fais suivre aux
autres. Ils surkiffent aussi (même Alex qui pourtant est anglaise…).
Je déjeune à ma cantine. Je me prends un sandwich au fromage avec des
frites et du riz, ce n’est pas fameux (120 THB).
Rob nous envoie un mail : il veut qu’on bosse tous ensemble l’EAP :
l’Emergency Action Plan. On a déjà essayé de bosser dessus à plusieurs,
et c’est évidemment parti en couilles, principalement à cause des relations
géopolitiques mitcho-sandriennes, qui commencent d’ailleurs à créer un
problème collatéral robo-mitchien. Déjà qu’à la base, je n’aime pas
travailler en groupe, dans des conditions pareilles, ça me gonfle carrément.
Seulement voilà : Rob a vraiment l’air d’y tenir, et comme j’aime beaucoup
Rob, eh bah, je me dis ok. Mais je sais pertinemment que c’est voué à
l’échec. En plus, il propose qu’on s’y mette ce soir, à 19h. Dans quel
monde une réunion commencée à 19h peut-elle aboutir à quelque chose
de bon ? Bref, ça craint du cul.
Le déroulement de la réunion me donne raison : déjà, on commence en
retard, parce que Mitch procrastine, ce qui n’améliore pas les relations
mitcho-robiennes. Ça commence fort : Rob et Mitch se lancent des piques
dans tous les sens, Sandra prétend avoir avancé alors qu’elle n’a rien foutu.
Moi non plus je n’ai rien foutu, mais je n’ai jamais prétendu le contraire.
Mitch n’en a pas ramé une non plus mais déclare que le schéma de Rob
(qui est le seul à avoir bossé) est pourri. Paye ton ambiance… Je me mets
en mode spectateur. Je pourrais jouer le médiateur. Mais je n’en ai aucune
envie. Je sais qu’il est impossible de faire bosser Mitch et Rob en présence
de Sandra, et de toute façon je ne le souhaite pas. Je me dis que je ferais
tout tout seul dans mon coin et pour ma pomme, et que ce sera très bien
ainsi. Dans l’hypothèse improbable où il sortirait quelque chose de cette
réunion parce que Rob referait tout tout seul (je ne compte pas sur Mitch
pour s’y mettre : c’est un type super mais il ne bossera pas ce truc-là, quant
à Sandra je n’attends plus rien d’elle depuis longtemps), je verrais comment
m’en inspirer.
On se sépare en n’ayant pas franchement avancé (quelle surprise) et sur
une ambiance finalement moins pourrie que prévue (mais quand même
loin d’être grandiose).
Je pars dîner au Walker’s avec Rob et Carol. Les spaghettis napolitaines
sont très bof et peu copieuses (120 THB), mais la discussion avec Rob et
Carol est sympa, ça change de la réunion de tout à l’heure.
Retour au jungalow et dodo.
19 mars
J’ai eu la chiasse cette nuit, du coup j’ai pas vraiment bien dormi et j’étais
levé à 6h20.
On repart en day-trip sur le Boon-Sung. Ça me saoule un peu de ne pas aller
ailleurs, mais bon. Nous sommes 12, ça fait beaucoup, il est même
question que je ne vienne pas. Bon, le capitaine va gueuler, mais tant pis,
c’est parti.
Avec les deux plongées, plus la bouteille de secours, ça fait 25 bouteilles à
trimballer. Paye ta loose putain, surtout sur la plage de Pakarang. Parlons
de la bouteille de secours justement : en déchargeant le matos comme un
bourrin, Pe-Toy heurte une des bouteilles, qui s’ouvre. Tout le monde se
met à paniquer en entendant le bruit caractéristique d’une bouteille qui se
vide violemment. On cherche laquelle est ouverte, le temps passe, je me
dis que c'est foutu, elle sera beaucoup trop vidée pour être utilisable. Mitch
finit par trouver la bouteille incriminée, et la ferme. On ne se fait pas
d’illusion. C’est mort. Heureusement qu’on avait une bouteille de secours.
Maintenant, on n’en a plus. On vole sans filet. Pas le moment de faire une
connerie.
Il y a deux Françaises dans le groupe de Tom. Elles ne parlent quasiment
pas anglais. Tom me demande donc de leur faire le briefing. Je me rends
compte que celle qui a 200 plongées confond 5 min de temps restant avant
entrée en décompression et palier de sécurité à 5 m. Putain… En plus, elle
arrête pas de la ramener, comme quoi elle est meilleure qu’un Niveau 3
même si elle est que Niveau 2. La deuxième femme, c’est sa copine, elle
n’a que 18 plongées au compteur. L’autre joue les mamans protectrices,
mais elle n’arrête pas de l’engueuler et de la dénigrer. Putain, dans le genre
amour vache façon « Je t’aime, moi non plus », on en tient des bonnes, là!
Si j’étais sa meuf ça ferait longtemps que je lui aurai collé une droite, mais
l’autre laisse couler. Bon, c’est pas mes oignons. Sauf que voilà que l’autre
la ramène encore, elle trouve que la sortie est super coûteuse, et comme
elle est énervée et ne sait pas parler anglais, c’est sur moi que ça tombe.
Elle m’engueule pendant 5 bonnes minutes. Je lui explique avec un grand
sourire que ce n’est pas mon problème, si elle trouve ça trop cher, elle doit
s’en plaindre à Wicked, pas à moi, je ne suis qu’un stagiaire. Je lui dis aussi
que puisque c’est si cher que ça, elle n’avait qu’à pas venir, ça marche aussi.
J’essaie aussi de lui expliquer que, non, ce n’est pas aussi cher qu’elle le
croit, tous les clubs sont plus ou moins aux mêmes prix, et en plus elle
s’est trompée dans sa conversion en euros. Elle n’en démord pas et
continue de me saouler. Putain. Je suis content quand vient le moment de
se mettre à l’eau : elle va la fermer pendant les 40 prochaines minutes…
Première plongée avec Rob qui guide, pour monter un peu en
compétences. Alex m’a dit que j’allais beaucoup guider sur la prochaine
croisière, et que j’ai évidemment encore plein de choses à apprendre moi
aussi, mais elle trouve que je m’en sors vraiment bien, donc elle me lâche
la bride et c’est Rob qui guide. Sandra qui, elle, est carrément totalement
nulle en guidage (Alex ne le formule pas ainsi, mais bon, c’est l’idée) doit
aussi encore beaucoup travailler, et guide donc une autre plongée sous la
supervision d’Anna. Du coup, je suis bien tranquille aujourd’hui, et je peux
sortir la GoPro pour filmer l’épave, ça nous aidera pour la cartographie.
Avec Mitch, on en profite pour enfin déterminer la distance dans le V. On
doit s’y reprendre à trois fois (!!!) mais on finit par y arriver, on est trop
content. Vers les 2/3 de la plongée, Rob me fait un drôle de signe (il forme
un tube avec ses mains… m’enfin ???), et enchaîne avec le signe
interrogatif. Putain, mais de quoi il me parle, lui ? Je mets quelques
secondes à percuter : le « tube » c’est la forme du récif artificiel : il me
demande comment y aller, car lui n’a jamais fait de guidage vers là-bas. Je
lui fais signe que j’ai compris, puis je fais signe aux autres de me suivre : je
prends le relai de Rob sur le guidage. Je longe l’épave, je me lance dans le
vert et j’emmène tout le monde sur le récif, cette fois-ci sans la moindre
erreur (j’avais fait mes repérages la dernière fois), puis je rends le guidage
à Rob, qui s’en sort bien, et gère le retour tout seul, proprement, il retrouve
bien le point de remontée et on remonte pile dans les temps. Belle gestion,
Rob ! [Plongée #29 – Boon-Sung, Khao Lak – 45 min @ 19,3 m].
La deuxième plongée est guidée par Mitch. Tout se passe bien. [Plongée
#30 – Boon-Sung, Khao Lak – 49 min @ 17 m].
On rentre. De nouveau, trimballer toutes ces bouteilles est un pur
bonheur…
Au store room, Mitch découvre que plusieurs milliards de fourmis se sont
introduites dans sa caisse de matériel, c’est un truc de ouf. Il entreprend
de tout nettoyer par les eaux, façon génocide biblique de fourmis… Sandra
se vautre comme une merde dans la merde derrière le store room, comme
la grosse merde qu’elle est (oui, je sais, je suis méchant). Elle est tartinée
d’une boue puante. Je trouverais ça très drôle si elle n’empuantissait pas
tout le store room… Je suis abasourdi par sa capacité sans cesse
renouvelée à nous les briser.
Je passe récupérer mon linge, propre et repassé (60 THB).
Pas de pression pour se doucher. Trop cool !
20 mars
Aujourd’hui, on devait avoir un cours théorique sur l’environnement, et
les actions locales de protection, dispensé par Brandon, de Shark
Guardian, mais c’est annulé : sa femme vient d’accoucher !
À la place, Alex nous fait faire de la revue de matériel. On démonte, nettoie
et remonte des détendeurs. Idem avec les manomètres. On change des
joints, on lubrifie des trucs. C’est intéressant.
Un type que j’avais croisé au Lamuan récemment se pointe pour s’inscrire
à un cours de rescue. C’est un australien gigantesque, qui se révèle être un
des élèves du prochain groupe de divemasters. Un ex-flic. Impressionnant,
le mec. Ça fait bizarre de voir la « relève » arriver. On se sent déjà en fin
de parcours… Il n’a que 25 plongées au compteur au lieu des 40 requises
pour commencer le cours. Alex hallucine sévère, et c’est pas avec les
quelques plongées du rescue qu’il arrivera à 40… Elle lui dit de s’inscrire
au rescue, certes, mais aussi à plein de day-trips pour faire avancer le
compteur. Le mec n’a pas l’air de s’en faire…
Déjeuner au Lamuan, brochettes de poulet satay, riz frit et mango lassi
(180 THB).
L’après-midi, cours sur l’ « employabilité » dans le monde de la plongée,
notamment sur Khao Lak. Elle nous explique les éléments différentiants
(parler chinois, français, etc.), nous montre des CV, etc. Je la trouve parfois
très dure avec certains CV, et elle aime bien des CV que moi je trouve
bidons. Bah putain… Je note ^_^ ! On tombe néanmoins d’accord sur
certains profils. Dans le tas, on tombe sur un énergumène qui a mis une
photo de lui sur quasiment toute la hauteur de la page, en slip de bain,
manifestement pour étaler son corps musclé, bronzé (et huilé...). On dirait
un gigolo, on se croirait dans Magic Mike, on est tous pris d’un fou rire
pendant plusieurs minutes ^_^…
Le CV d’Alex est sobre, strict, bien.
Avec Rob, on embarque dans 2h sur le Mariner pour notre dernière
croisière. Alex nous a dit qu’on va devoir être au taquet et qu’on va guider
grave. La pression monte. Je passe au jungalow prendre une douche et
faire mon sac, puis je suis de retour au shop. Je sympathise avec Linda,
une cliente anglaise de… 72 ans !!! Je la pense veuve. Mais non, son mari
est aussi en vacances en Thaïlande, c’est juste qu’il n’aime pas la plongée,
donc il est resté dans le nord, à Chang Maï. Plonger à son âge, c’est pas
banal, je trouve ça même assez héroïque. Elle est super sympa. Elle sera
dans le groupe de Kyle, le bodybuildé, ça va être joli le contraste !
Je vais aider au store room. Tom, le trip leader, gère bien les choses : c’est
à peine le bordel. Je discute un peu avec Kyle, notamment de Linda, il me
dit que ça lui met un peu la pression, mais que ça devrait aller. Il est super,
ce mec. C’est un ancien vendeur de bouffe bio de Californie, super posé,
pas du tout m’as-tu-vu contrairement à ce que son look de surfeur blond
bodybuildé laisserait penser. Ça fait quelques semaines maintenant qu’il
travaille en tant que divemaster depuis la fin de son stage (il était dans le
groupe avant moi, pour rappel), je lui demande un peu comment il vit les
choses. Il trouve ça super, mais vachement répétitif. Il ne pense pas
continuer plus d’une saison. Bon, il est l’heure de charger le matos dans
les 4x4.
On arrive à Tap Lemu. C’est toujours aussi dégueu, mais au moins on n’est
pas sur la plage, pensé-je. Perdu ! Il faut aller chercher le zodiac, qui traîne
sur la plage, pour le remettre à l’eau. Putain. La plage est immonde,
évidemment. Le zodiac est dégonflé, posé entre deux chalutiers en train
de s’effondrer. On regonfle le zodiac avec une bouteille de plongée, c’est
quasi instantané, c’est génial ^_^. On traîne le zodiac dans la merde, en
essayant de pas se blesser sur les bouteilles brisées et autres détritus.
On embarque. Je commence à repérer les clients. Il y a des noms bien
chelous : Timea et Par, par exemple. Il y a trois Thomas, c’est hyper
pratique. Deux Suédois (que je soupçonne d’être un couple de vieux gays,
mais qui restent discrets, et puis ils font ce qu’ils veulent hein). Un couple
d’Américains installés à Paris, ultra sympas, qui parlent parfaitement
français. Deux Français. Un grand black, Steven, un Américain, qui est le
sosie presque parfait du black que l’on voit sur toutes les brochures PADI
^_^.
Le staff : Tom, le trip leader, Inge (sa copine, instructrice), Kui (divemaster
thaï), Kyle (divemaster), Taryn (divemaster) et Deaw (instructeur thaï).
Plus Rob et moi, bien sûr, façon 7ème et 8ème roues du carrosse.
Deaw m’a l’air d’être un gros branleur. Je soupçonne un temps qu’il ne soit
là que parce qu’il est thaï. Je l’ai mal jugé. J’ai aussi été influencé par ce que
des gens m’avaient dit de lui, pas vraiment en bien. Car au final, après trois
jours de croisière, mon avis est le suivant : c’est un type super sympa, hyper
serviable, très compétent sous l’eau et extrêmement drôle (son briefing
sera mémorable).
On prépare le dive deck. Il fait une chaleur épouvantable. Je bois pas loin
de trois litres de flotte…
Je me retrouve dans la même piaule et la même couchette que pour les
deux précédentes croisières.
Énorme dîner. Les discussions sont animées, très sympas.
Je suis content de notre soirée : avec Rob on a été efficace, on n’a gêné
personne du staff, Tom est content, on a tous les noms des clients en tête,
on a bien sympathisé avec tout le monde, bref, on est au taquet !
Dodo.
21 mars
Je me lève tôt, vers 6h30, mais Steven m’a devancé. Je prends un café avec
lui. Il a l’air dépité, je lui demande comment s’est passée sa nuit. Il m’avoue
ne pas avoir dormi : il est dans la cabine d’Éric, qui apparemment ronfle
comme un diesel. Je compatis ^_^.
J’ai faim, mais le petit-déj n’est qu’après la première plongée, et je n’en
peux plus du gras. Du coup je me fais des corn-flakes.
Je discute un peu avec Carmen, une Italienne, mais qui parle
principalement allemand. Apparemment y a une zone en Italie comme ça.
M’enfin ???
C’est parti pour la première plongée. C’est la plongée
d’observation/réadaptation. On est 7 dans notre groupe, Tom guide. Rob
et moi on ferme la marche. La visibilité est très bonne, la plongée est bien
pépère, il y a plein d’énormes poissons perroquets. Il y a aussi pas mal de
putains de poissons territoriaux qui nous bectent pas mal, je me fais même
agresser la gueule ! [Plongée #31 – Anita’s Reef, Similan – 57 min @
18,1 m].
Petit-déj. Je me contente de fruits et de quelques céréales. Je regarde avec
un certain dégoût les œufs frits, les patates et le lard. Je ne pensais pas
pouvoir saturer de ce genre de choses, eh bah, si ! Le mélange de gras et
de gaz d’échappement, j’en peux plus bordel…
Des dauphins s’approchent du bateau, sautent en tous sens. Le temps
qu’on décide de se mettre à l’eau avec eux, ils sont déjà loin. Je m’équipe
façon palmes-masque-tuba et on saute dans le zodiac avec Carmen. C’est
parti pour une folle pourchasse des dauphins, on se met à l’eau, mais on
ne trouve que des méduses qui nous défoncent la gueule. On essaie à
plusieurs reprises, mais ils sont insaisissables. On retourne au bateau, un
peu dépité.
À peine monté à bord, Tom m’annonce la couleur : je guide la prochaine
plongée ! Bon, c’est pas une surprise ^_^. Je suis attentif pendant le
briefing, ainsi qu’aux conseils de Tom. Il y aura du courant…
On se met à l’eau. Je constate que Kyle a gardé sa casquette orange fluo
sous l’eau. Tout dans le style ^_^ ! Je guide 4 clients, Tom est là en back-
up en cas de coup dur, et Rob ferme la marche. La descente se passe bien,
je constate qu’il y a effectivement du courant, et assez méchant. J’espère
qu’au fond ça ira mieux, mais non. En plus, le courant n’est pas dans le
sens attendu. Putain. Je tente un peu, je vois que ça va pas le faire : je fais
signe à Tom qu’il y a trop de courant, il confirme. Je fais signe à tout le
monde qu’on se déroute à cause du courant, je vois Tom qui valide d’un
signe de tête mon nouveau cap. Cool. On se balade dans une zone avec
pas mal d’énormes rochers, c’est bien stylé. Mon groupe est composé de
débutants, je sais qu’ils se fichent de voir des petites choses, j’imprime un
rythme pas trop lent, sans bourriner pour autant. On croise une tortue
toute chou. Je vérifie l’air de tout le monde. Au détour d’un roc, nous
sommes confrontés à un courant super méchant. Je me retourne vers Tom
et les autres, je leur indique qu’on se déroute une nouvelle fois. Je suis
contraint de faire faire quelques montagnes russes au groupe. Il faut
généralement éviter les profils de profondeur en dents de scie, mais là je
n’ai pas trop le choix, et puis les variations ne sont pas énormes non plus.
On continue entre les rocs. Thomas arrive à 60 bar, je commence la
remontée. Je déploie mon SMB et je veille à ce que tout le monde tienne
bien son palier. En surface, on découvre que le bateau est suuuper loin.
Du coup, ils nous envoient le zodiac. On se fait remorquer dans l’eau,
détendeur en bouche, solidement accrochés à la corde. C’est une vraie
machine à laver. Markus merde, lâche la corde, je le rattrape in extremis.
On finit le trajet en se tenant par la main. Je sers bien fort les dents sur
mon détendeur et je prends cher en silence… [Plongée #32 – Shark Fin
Reef, Similan – 52 min @ 16,9 m].
Tom me débriefe pendant le déjeuner. Il est très content de ce que j’ai fait.
Il valide mes « montagnes russes » pour éviter le courant, il me dit qu’il
aurait globalement fait pareil, quoique de manière un peu moins rapide. Il
s’avère aussi qu’on a fait une route très différente de tous les autres
groupes, d’où notre éloignement du bateau, car on a pris un cap assez
différent des autres face au courant, mais Tom insiste sur le fait qu’il aurait
fait comme moi. Les autres n’ont pas galéré, leurs choix n’étaient pas
mauvais, juste différents. Le site proposait de nombreuses possibilités.
Je discute aussi avec les autres personnes de mon groupe, ils sont ravis de
la plongée, notamment Paul et Timea, les deux Américains qui parlent
français, que je trouve de plus en plus sympas. Je me sens bien, c’est cool !
Des énormes poissons-licornes tournent autour du bateau pendant la
pause.
C’est parti pour la troisième plongée du jour, c’est Rob qui guide ce coup-
ci. Je lui ai filé mon pointeur et ma bobine pour son SMB (il a égaré la
sienne). Il s’en sort super bien je trouve. La plongée est très belle, bien
pépère. On avait déjà plongé ici, mais aucun souvenir. [Plongée #33 –
West of Eden, Similan – 54 min @ 18,6 m].
C’est l’heure du goûter. Il y a de la glace ! Nom de dieu ! Le congélo est un
peu à la peine, mais elle n’est pas fondue pour autant, en fait, elle est juste
parfaite ! Putain que c’est bon !!!
À un moment, en descendant sur le pont inférieur, je me vautre dans
l’escalier (qui est ultra raide et super glissant…). Ma position est mauvaise,
le vol plané est total, je sens que ça va finir super mal, quand Rob surgit
par hasard sur le dive deck, et me réceptionne bien malgré lui. Le choc est
terrible. On se relève tous les deux, à moitié assommés. Gros coup de
chance : on est sonnés, mais pas blessés. J’étais pourtant sûr de lui avoir
démonté la gueule, mais bon, on va pas se plaindre ! Je sais pas dans quel
était j’aurais fini sans lui. Ou dans quel était aurait fini quelqu’un d’autre,
comme la toute menue Timea par exemple, à la place de Rob… Bref !
C’est la pause plage. Pendant les précédentes croisières, nous avions des
épreuves de natation à valider, mais tout ça c’est validé, donc nous
pouvons enfin prendre part l’excursion à terre !
Je décide de rejoindre l’île à la nage, après validation du staff. Ça ne me
prend que quelques minutes. L’île est magnifique, la plage aussi, le sable
est fin et blanc et, ici, tout est nettoyé, donc tout est parfaitement propre,
façon carte postale. Il y a un campement, avec des tentes de type militaire.
Des énormes chauves-souris dorment dans les arbres, trente mètres au-
dessus de nous. Il y a aussi quelques bungalows.
Je prends un bain avec les Italiennes. Je trouve un billet de 20 THB, puis
un autre de 100 THB. Tout le monde hallucine ^_^. Ça me payera les
bières de ce soir ^_^.
Petite session freesbee, puis les filles ont l’idée saugrenue de faire une
pyramide humaine. Je dis saugrenue, paske évidemment, ce sont tous les
mecs qui se retrouvent en bas et qui en prennent plein la gueule ^_^ !
Linda est au taquet, elle se trimballe partout avec sa GoPro au bout de son
stick à selfie, ça fait plaisir de voir une personne âgée aussi jeune dans sa
tête !
Au retour, nous sommes tellement chargés que l’on commence à couler…
On arrive au bateau pile à temps, trente secondes de plus et c’était la cata…
On se boit quelques bières avec Rob.
Dîner, puis dodo à 20h, je suis crevé.
22 mars
Levé 5h55. Je prends un café, je profite du calme sur le bateau. Je remplis
les frigos de jus et autres softs.
Rob me rejoint pour le café. Il semble fatigué. Je lui demande ce qui ne va
pas. Il me dit rien de spécial, il espère juste ne pas merder aujourd’hui, il a
une espèce de mauvais pressentiment. J’essaie de lui redonner un peu le
sourire en blaguant, et pour lui rappeler que c’est normal de faire des
erreurs : « The question is not to know IF we are going to fuck up, the
question is : HOW are we gonna fuck things up ? ». Ça a l’air de le
rasséréner un peu ^_^.
La première plongée se fait à Elephant Head. C’est Tom qui guide, car
c’est la profonde d’un cours advanced. Ma ceinture se décroche et tombe
au fond. Putain. J’ai 2 kg dans les poches, qui ne sont pas tombés, je jette
un œil au fond : ce n’est pas loin, 8 m je dirais, je sais que c’est jouable. Je
réagis très vite : je vide mes poumons à fond et je palme vers le fond. Je
récupère ma ceinture, et la remets, propre, comme répété je ne sais
combien de fois en piscine. Paul et Timea me regardent, morts de rire !
Mais au début ils ont cru que c’était leur ceinture, ils en menaient pas large
pendant quelques secondes. Je suis content d’avoir une ceinture jaune ultra
flashy : c’est dans ces moments-là que ça aide !
On descend très lentement (10 minutes…) à cause de l’oreille de Thomas.
Pendant la descente, le green monster se pointe et nous enveloppe. Pas
moyen de fuir : on attend Thomas. On perd trois bons degrés : 26°C au
lieu des 29° usuels. Le green monster a une autre action : il nous pousse
vers le haut, assez fortement, c’est impressionnant. On entend un bang-
bang, signe qu’il y a quelque chose : je me retourne, je vois Tom qui fait
signe qu’il y a un requin. Je vois en effet la queue d’un petit squale, qui
disparaît dans les bulles d’un plongeur… La plongée continue, on passe
dans les swim-thru (tunnels), c’est toujours aussi sympa. De l’autre côté,
un fort courant oblige Tom à slalomer entre les énormes rocs. Des
énormes thons glandent tranquillement. Très stylé. [Plongée #34 –
Elephant Head, Similan – 50 min @ 27,2 m].
Petit-déjeuner, puis c’est parti pour la seconde plongée, que je dois guider.
La descente est très lente : Thomas a encore des problèmes d’oreille. Je ne
lui mets pas la « pression », ce serait contre-productif, en revanche j’essaye
de l’aider en lui disant de déglutir et de se masser les oreilles/mâchoires.
J’en profite pour repérer le coin : la visibilité est parfaite. J’ai déjà plongé
sur ce site, mais je ne reconnais rien, on avait probablement fait la mise à
l’eau ailleurs. Mais ça ressemble bien à ce dont m’a parlé Tom. Je le sens
bien. Thomas finit par arriver au fond, la plongée peut enfin réellement
commencer. Je longe le versant prévu, je trouve les deux swim-thru
discutés pendant le briefing, dont celui à 25 m, qui est vraiment super
classe. Je guide lentement mon groupe. De l’autre côté, il y a pas mal de
courant, mais comme il y a beaucoup de rocs, ce n’est pas un problème,
j’ai l’embarras du choix pour les trajectoires, je gère tranquillement,
j’annonce les courants, les directions. On croise un énorme Napoléon.
Puis, au détour d’un roc, on tombe sur un barracuda titanesque, en
stationnaire au sommet d’un rocher. Monsieur fait son show. Tout le
monde est scotché. On croise un autre groupe. Rob lâche son détendeur
et fait quelque chose de super bizarre. Je me dirige vers lui, pas paniqué
mais intrigué, puis je comprends : dans l’autre groupe, il y a Carol, et il lui
fait un « bisou » à distance. Putain… Bon. Thomas arrive à 70 bar. Je me
souviens qu’on ne doit pas remonter dans la zone des rocs, mais bien à
l’écart, donc je commence le retour. Quand je m’estime assez éloigné des
rocs, je déploie le SMB et je gère le palier. Un unicorn fish décide de faire
le palier avec nous ^_^. On lui dit au revoir au moment de remonter…
[Plongée #35 – Christmas Point, Similan – 50 min @ 25,6 m]. En surface,
tout le monde hurle de plaisir, un vrai bonheur ! Le barracuda et les swim-
thru vont laisser de sacrés souvenirs au groupe !
Le King Barracuda !
Tom me débriefe pendant le déjeuner : il est une nouvelle fois très content.
Pendant la pause, je pars faire du snorkeling avec Rob et Carol. On
débarque sur une petite plage isolée, toute petite, genre 50 m2, toute mimi.
Le sable est d’un blanc parfait et d’une finesse hallucinante. Impossible de
pénétrer dans la jungle. En revanche on voit que les marées charrient pas
mal de débris dans les terres.
Troisième plongée du jour. Rob guide. Pendant le pre-dive safety check,
avec Rob, on invente une nouvelle technique pour vérifier que la bouteille
tient bien : on se lance dans un énorme twerk (pas facile avec les palmes
^_^). C’est une idée de Rob, que je ne renie pas ̂ _^. Bref. On part sur une
plongée dérivante, très facile, il n’y a rien à faire. C’est un peu chiant, aussi.
La visibilité est bonne, mais les coraux sont assez morts, et il n’y a pas
grand-chose. Pour une fois que j’ai pris ma GoPro, c’est bien ma veine.
Deux tortues et une murène « sauvent » la plongée. Un banc de bébés
barracudas sympas. [Plongée #36 – Three Trees, Similan – 54 min @
17,7 m].
Le bateau prend la direction de Koh Bon, dernière étape de la croisière.
C’est l’heure du goûter. Il n’y a pas de glace, en revanche il y a de la mangue
et du riz à la coco. C’est une pure tue-riz ^_^…
Je prends quelques corn-flakes. Je suis repu. Je décide d’aller me reposer
dans ma couchette, mais je tombe dans une embuscade sur le dive deck :
les thaï m’invitent à se joindre à eux pour leur déjeuner. Je ne peux pas
refuser ^_^. C’est hyper bon, mais je n’ai absolument plus faim, et puis,
bordel, qu’est-ce que c’est épicé X_X…
On arrive à Koh Bon. Tom m’annonce que je guide la plongée de nuit !
Purée, ça s’arrêtera donc jamais ^_^ ! Bon, bah…
C’est Deaw qui fait le briefing. Il commence par nous passer une
conférence TED sur la bioluminescence dans les abysses pour nous mettre
dans l’ambiance. Puis il présente la carte du site : une grande feuille noire.
Hilarité générale. Il s’excuse : la carte est à l’envers. Il retourne donc son
carton, toujours aussi noir. Tout le monde hurle de rire ^_^. Il continue
sur sa lancée, avec tout un tas de blagues que je ne saurais refaire ici, mais
putain, il est trop fort, on se tape des putains de barre…
Me voilà donc à guider la plongée de nuit. Je demande à tout le monde,
comme d’habitude, de bien faire son pre-dive safety check. Mais
apparemment les consignes n’ont pas été suivies : au moment de
descendre, un des Français se rend compte qu’il a oublié de mettre sa
ceinture… Bon, heureusement que c’est pas une mise à l’eau difficile avec
fenêtre de tir restreinte et tout. On finit par descendre. Je mets le cap au
sud, comme prévu. Soudain, le jour se lève. Allons bon. C’est quoi encore
ce bordel ? Je me retourne : Thomas a allumé une espèce de rampe de
projecteurs ultra puissants. Quand je lui avais demandé s’il n’y allait pas un
peu fort avec son matos, il m’avait dit « Meuh non c’est pas si lumineux
que ça tu vas voir ». Bah je vois. Je suis ébloui. Je lui fais comprendre que
c’est une plongée de nuit, et donc que je veux qu’il éteigne tout son bordel.
Il s’exécute. On avance de 20 m, et boum, il rallume son matos. Je me
retourne de nouveau. Je n’ai même pas besoin de lui faire de signe : en
voyant ma tronche, il éteint de lui-même son bordel. Du coin de l’œil, je
vois Tom qui est plié de rire ^_^. Bon. Une bonne chose de faite. On
reprend. J’oblique vers l’est une fois une fois atteinte la profondeur limite
de 14 m qu’on s’est fixée. Je me retourne, et demande à tout le monde,
comme convenu, d’éteindre sa torche. Il me faut bien une minute pour me
faire comprendre, tant tout le monde est dissipé/émerveillé par la plongée
de nuit (c’est la première pour pas mal d’entre eux). Et là, dans le noir,
chacun s’agite, les algues bioluminescentes s’allument de partout,
clignotent en tous sens. C’est génial. J’entends des cris de joie sous l’eau.
Bordel, ça fait plaisir !!! On rallume les torches et on repart. On rencontre
deux énormes murènes qui chassent comme des folles, un homard peinard
et un énorme crabe en haut d’un rocher. Putain, c’est bon, je fais carton
plein ^_^. On arrive à 20 minutes : la mi-temps. Je fais demi-tour.
Quelques instants plus tard, mon ordinateur s’éteint. Putain. Il est mort ce
con ? Bordel. Bon, c’est pas une plongée profonde, on n’est pas proche de
la décompression, mais bon. Je change ma torche de main. J’éclaire mon
écran. Ouf : c’est juste le rétro-éclairage qui est HS car la pile est faible. Je
continue la plongée. J’ai un peu dérivé en me focalisant sur mon ordi. Tom
me tape sur l’épaule, me le signale. Je lui dis que je comprends, et je corrige
le cap. J’ai aussi un peu laissé aller la profondeur : 15 m au lieu des 14 fixés.
Bon, c’est vraiment pas la mort, hein. Il est temps de rentrer. Je ramène
tout le monde pile sous le bateau. Je suis bien content, car je sais qu’on a
vite fait de se louper sur ce type de plongée… En surface, nouveaux
hurlements de joie, tout le monde est ultra content de la plongée ! Tom
est content de moi malgré mon petit écart, bref, bon bilan ! [Plongée #37
– Koh Bon, Similan – 44 min @ 15,2 m].
Énorme dîner de porc. J’avais trop faim. Je discute énergie atomique avec
les deux Suédois, puis je vais me coucher.
23 mars
Je me lève à 5h30. Je remplis les frigos de softs, puis je me prends un café
et des corn-flakes devant le soleil levant. Erick s’est levé super tôt aussi,
car il dormait sur le pont et s’est fait avoir par la pluie.
Je change de groupe de plongée aujourd’hui : Inge donne un cours de
flottabilité aux Italiennes pour leur advanced, et Par doit faire des photos
pour son cours d’underwater photography. Du coup, Inge a besoin de
quelqu’un, et hop, c’est pour moi ! Je dois emmener Par faire un tour
photo pendant qu’Inge travaille avec les filles, puis on partira tous en explo
et je ferai le guidage.
On se met à l’eau, je promène Par et lui montre quelques bestioles, tout
en restant en vue des filles. Inge me fait signe que c’est bon. Je prends
donc la suite des opérations. Pour bien faire la transition et que tout le
monde se souvienne bien que ce n’est pas Inge qui conduit la plongée à
partir de maintenant, je regroupe tout le monde en binômes et je demande
l’air de chacun, en prenant la tête du groupe. Je pars à l’ouest le long du
tombant, comme convenu. Je repère un poulpe. Une belle bête, bien
dynamique et super mimétique, le gros kif, tout le monde adore. On
continue, on arrive sur la pointe, je contourne en direction du liberty bold,
toujours comme prévu. Les deux filles sont super rigoureuses : en binôme,
formation ultra serrée, palmage militaire, bras croisés, proprement,
invariablement à 1,50 m derrière moi, leurs yeux toujours braqués sur moi
pour ne rien louper de mes instructions. Elles filent sacrément droit
putain. C’est super cool à gérer, mais je me demande à quel point elles
profitent vraiment de leurs plongées, elles ont pas l’air de beaucoup rigoler
^_^. Par, lui, est beaucoup plus relaxe, et du coup plus difficile à gérer : il
part dans tous les sens, perd son groupe, consomme comme un porc.
D’ailleurs, en checkant l’air, je constate qu’il est déjà à 60. Les filles ont
évidemment été beaucoup plus économes : elles sont plus vers 90. Je
signale la situation à Inge, qui n’en avait de toute façon pas perdu une
miette. On convient naturellement que je remonte Par pendant qu’elle
reste avec les filles. Je prends donc le large avec Par, déploie mon SMB et
fait le palier. [Plongée #38 – Koh Bon, Similan – 40 min @ 19,2 m].
Petit-déjeuner, Inge en profite pour me débriefer. Elle est très contente.
Elle m’explique qu’elle a beaucoup aimé ma façon de prendre en main la
plongée au début en regroupant tout le monde derrière moi et en checkant
l’air. Elle me demande même pourquoi je reste pas chez Wicked, elle me
dit qu’elle pense que je ferai un bon instructeur plus tard. Ça fait plaisir,
venant d’une fille rigoureuse comme elle !
Un bateau rasta devant l’île de Koh Bon Pas le temps de souffler que Tom me dit que je dois faire le briefing de la
prochaine plongée. Les gens sont éparpillés, je commence donc par battre
le rappel. J'enchaîne ensuite sur le briefing, pas très compliqué car la
plongée à venir n’est globalement qu’un remake de la précédente (c’est
d’ailleurs comme ça que je présente les choses). La principale différence,
c’est que c’est la dernière plongée, je donne donc quelques consignes
spécifiques pour le matériel à la sortie (Tom m’aide un peu), et j’indique
aussi que cette fois-ci le palier de sécurité à 5 m sera allongé de 3 à 5
minutes. Une pratique qui ne repose pas forcément sur de solides éléments
théoriques, mais néanmoins assez usuelle à la suite de multiples plongées
répétitives.
Seconde et dernière plongée du jour. Je suis toujours dans le groupe
d’Inge, cette fois-ci elle ne donne aucun cours, c’est donc moi qui pilote
de A à Z. On longe de nouveau le tombant puis, arrivé à la première
pointe, au lieu de partir sur liberty bold comme ce matin, je poursuis tout
droit jusque Manta Point, où, comme le nom l’indique, on voit souvent
des raies. Pas de chance aujourd’hui. C’est la loose. Je reviens vers la
première pointe, puis là j’oblique vers liberty bold. Les filles veulent
prendre des photos avec moi, mais leur demande est confuse, je ne
comprends pas où elles veulent en venir, et puis de toute façon, Par,
toujours lui, arrive en bout de course. Je récupère deux autres bourrins
d’un autre groupe, Inge me remercie en faisant un namaste sous l’eau (c’est
son truc le namaste, j’adore ^_^) et j’emmène tout ce beau monde au loin
pour faire le palier de 5 min à 5 m. On n’aura pas vu grand-chose. Pendant
le palier, on voit, au loin, une raie. C’est toujours ça, mais ce n’est pas
brillant. Tant pis, ça ne peut pas toujours être génial ! [Plongée #39 – Koh
Bon, Similan – 44 min @ 23 m].
À peine sortis de l’eau qu’on doit déjà tout rincer, sécher et ranger. Putain
ça chôme pas…
Je constate que mon SMB fait un peu la gueule : il y a quelques accrocs
dans l’enveloppe. Mais il n’est pas encore mort. J’ai donc déjoué les
pronostics d’Alex, qui pensait que mon SMB ne tiendrait pas plus d’une
croisière ^_^.
Gros déjeuner. Je constate que ma montre Casio fait aussi un peu la
gueule : les 39 plongées que je lui ai faites subir récemment l’ont un peu
fatiguée ! C’est quand même solide ces bêtes-là : il suffira de la laisser
reposer quelques temps, et elle sera de nouveau opérationnelle. J’en ai une
de rechange, de toute façon (oui, je me trimballe toujours avec une Casio
de rechange… ̂ _^). Je signe le logbook de mes plongeurs (pas en tant que
divemaster bien sûr car je ne suis pas encore diplômé, mais juste en tant
que rescue diver). Ça fait tout drôle de signer les carnets en mode leader .
Avec Rob, il nous reste à nous taper tout un tas de check-list de fin de
croisière. Deaw nous approche : il veut qu’on le remplace sur une croisière
en avril. On lui explique qu’on est désolés, que ça aurait été avec plaisir,
mais qu’on ne reste pas, qu’on repart chacun dans nos pays respectifs. Il
est over blasé, il demandera à Mitch. Nous, on est content qu’il ait pensé
à nous ^_^.
Pendant le retour, je discute avec Deaw, qui m’explique longuement qu’il
préfère SSI à PADI. Tom passe. Il me redit qu’il est très content de Rob
et moi, et qu’il aimerait bien qu’on reste à Wicked. J’apprécie,
malheureusement, je dois reprendre mon job en France. Mais c’est sûr que
ça fait réfléchir…
On arrive au port. On décharge le matos. Le transport de la gigantesque
bouteille d’oxygène est toujours aussi flippant, notamment lors du passage
du bateau au quai… On file tout ranger au store room. C’est épuisant.
On se requinque avec des grandes bières sur la terrasse de Rob. Rob pue
atrocement des pieds, Carol lui fait une remarque cinglante à ce sujet. Je
ne sais pas pourquoi mais, du tac-au-tac, je le couvre, et je dis que c’est
moi (alors que pas du tout). Il me fait un clin d’œil discret et, plus tard, me
remercie d’avoir pris une balle pour lui, avant de filer se savonner les
arpions ^_^.
On part dîner au Lamuan. Ils y servent souvent une assiette de fruits frais
tranchés à la fin du repas, gratuitement. Là, ils nous la servent d’entrée de
jeu. Pourquoi pas ? Ils ont l’air débordés ce soir… Je me fais un burger,
des brochettes de poulet satay et un mango lassi (240 THB). J’ai abusé, je
suis en limite de renvoi ^_^.
24 mars
Bonne grosse nuit super réparatrice, même pas besoin de faire la grasse
mat’. Je me lève à 7h30.
Ça commence à sentir la fin : je quitte la Thaïlande dans une semaine, on
a validé les skills et Rob et moi on a fait nos 3 croisières, on a vachement
progressé en guidage, etc. Il reste encore des choses, bien sûr, mais
l’essentiel est fait.
Ce matin, cours sur l’environnement avec Brandon. C’est un type sympa,
dynamique, intéressant, super impliqué dans ses divers projets. En
revanche, ce n’est pas vraiment un cours théorique sur l’environnement :
c’est une présentation des divers programmes de protection locale de
l’environnement. D’ailleurs, Alex ne s’y est pas trompée : elle nous fera,
plus tard, un « vrai » cours théorique sur le sujet. L’intervention de
Brandon reste super intéressante, et c’est clairement un des autres plus de
la formation divemaster de Wicked. Bon, après, Brandon nous sort tout
un tas de chiffres dont je doute sérieusement du bien-fondé scientifique.
Il y a même certains éléments qui n’ont aucun sens. Disons que c’est plutôt
pédagogique. Je ne commente pas, car je ne pense pas que ce soit
opportun, Brandon le verrait inutilement comme une attaque. Et puis, je
ne doute pas un instant de sa sincérité et de son efficacité, et ce n’est pas
un « khmer vert », donc je pense qu’il s’agit vraiment d’un type et d’une
action extrêmement utiles.
Nous terminons ensuite les revues de connaissances, le manuel divemaster
est terminé. On va pouvoir passer l’examen final. Je rappelle à Alex qu’elle
doit planifier les évaluations des exercices de sauvetage et d’échange de
matériel sous l’eau.
On déjeune au Lamuan : salades de tomates (abusé : rien à bouffer),
sandwich au poulet, eau gazeuse (200 THB). Rob et Mitch partent en
piscine avec Alex pour ce qu’ils espèrent être leur dernière session de skills.
Du coup, après-midi libre pour Sandra et moi. J’en profite pour apporter
la touche finale à ma carte du Boon-Sung, et pour relire les revues de
connaissances, façon révisions.
Je regarde le grand tableau de planning de Wicked. Je découvre un « DMT
CHALLENGE » jeudi soir, suivi d’un « HANGOVER DAY » vendredi
matin. Bordel. C’est quoi ce truc !? Je reconnais l’écriture d’Alex. Je
demande à Keith qu’est-ce que c’est que cette histoire. Il me répond un
laconique « Tu verras » avec un vieux sourire en coin. Putain, je sens qu’on
va se faire démonter comme des tentes de camping ^_^…
DMT CHALLENGE… HANGOVER DAY…
Demain, visite à la chambre hyperbare (ou pas : j’ai comme l’intuition que
ça sera (encore) annulé).
Mitch a déménagé : il en avait marre du jungalow, et Christa lui loue une
piaule pour 100€ par mois, chez elle, au bord d’une jolie petite piscine à
débordement, dans un coin éloigné du centre-ville, en bordure de jungle.
C’est charmant. Tom et Inge vivent là aussi.
Je passe au store room pour ranger un peu mieux mon matos. Je découvre
que des rongeurs ont attaqué mon mouth piece. Allons bon ? Et le reste
bordel ? Je ne vois rien. Putain.
Je rentre glander au jungalow. Je finis Money money. Putain, qu’est-ce que
c’était drôle comme bouquin. Je n’ai plus l’habitude d’avoir du temps libre,
du coup je me fais limite chier ^_^.
Je pars dîner en solo au Walker’s. Je prends un fish’n’chips, mon premier
poisson depuis que je suis là. Eh bah, c’est dégueulasse : le pané est dur
comme du bois et le poisson est une bouillie infâme. Et mon tonic est
tiède. Bon, je ne dis rien. Le serveur, qui d’habitude a une touffe de
cheveux bouclés pas possible, s’est fait un lissage. C’est… surprenant. Et
très gay ^_^. Mais bon. Le resto est quasi vide. Kyle se pointe. On discute
un peu. Il est toujours aussi excellent. Il répète beaucoup « awesome », en
ça il est très américain, mais il est infiniment plus agréable que Sandra…
Je reçois un SMS d’Alex : comme je le pressentais, la visite au caisson
hyperbare de demain est annulée. Putain, ça fait chier, je sens qu’on la fera
jamais, et c’était aussi un des gros plus de la formation Wicked. Bon. Tant
pis.
Dodo.
25 mars
Examens théoriques finaux ce matin. Je me lève tôt, je révise un peu sur
le balcon. On se retrouve au shop, dans la salle de formation. L’examen
comporte 2x60 questions, je réalise des scores de 95% et 97%. C’est donc
validé ! En même temps, les examens PADI, ça n’est jamais bien
compliqué. Je suis à peu près sûr que même sans avoir lu le manuel ni avoir
suivi les cours, à moins d’être totalement idiot, si on connaît un minimum
la plongée, on doit pouvoir valider. C’est surtout du bon sens, un peu de
physique, de la physiologie, de la règlementation et des tables de plongée.
Mitch fait 95% et 88% (je sais pas ce qu’il a branlé, il a dû picoler hier soir
pour faire un score aussi bas au deuxième exam ^_^).
Pour la carte du Boon-Sung, Alex veut un exemplaire par personne. Moi ça
me va, j’ai terminé, mais les autres pensaient simplement photocopier la
mienne, étant donné qu’ils avaient « aidé » et « validé » ma carte (un peu
trop facile, les gars ! ^_^).
Déjeuner au Lamuan, poulet curry, riz et eau gazeuse (140 THB). C’est
bon, mais ça arrache !
On devait faire les derniers exercices en piscine cet aprem, mais c’est
repoussé à demain.
En attendant, on finit ce foutu EAP. Je photocopie mes revues de
connaissance pour Alex, afin de ne pas avoir à arracher les pages de mon
manuel (PADI requiert que le formateur conserve une preuve de la
formation, ce qui inclut toutes les revues de connaissance, la carte, l’EAP,
etc.).
Le brouillon de ma carte du Boon-Sung
Une partie de notre Emergency Action Plan
Alex nous fait remplir les fiches d’appréciation du stage. Ça sent donc
officiellement la fin… Je mets des très bonnes notes. Seules vraies
déceptions : ne pas avoir pu aller à la chambre hyperbare, et ne pas être
allé sur d’autres épaves que le Boon-Sung (j’aurais beaucoup aimé aller sur
le Sea Chart).
Avec Rob, on se fait des glaces au McDo, puis on va chez le photographe
pour se faire tirer le portrait pour nos futures cartes de divemaster.
Je retourne me poser au jungalow. Et… je me retrouve à sauver une
chauve-souris. Si, si. J’ai relaté l’événement à mes collègues DMTs et à
Alex avec le mail suivant :
###
I saved a bat today.
I was on my balcony when I heard something hitting the road, and a scream. I looked, and I saw a bat, struggling on the road. I also saw the orange cat approaching like he would do just before killing a mouse. I ran out of my jungalow and could stop the little asshole from killing the poor bat. I grabbed the evil creature (the cat, not the bat) from the neck and throw it away, more or less kindly.
The bat was something like 25 cm width. It seemed really bad, screaming and shivering. Judging that even though there is not a lot of traffic on such a small “road”, it seemed nonetheless obvious that the poor creature was going to be crushed at some point.
So I grabbed some plastic bags to avoid bites and diseases and took gently the bat from the road to a nearby grass. She screamed quite loud while being transported. I poured some water in front of her. She was somewhat responsive, and I could see her drinking quite a lot (in my opinion at least). The fucking cat was back to hunt and kill the bat, and he almost succeeded in his killing duty. I was pissed and there was nothing I could do, so I decided to trap the orange asshole in my jungalow for the moment. And then I went back to the bat. She was better, and she managed to crawl to a tree. There, she began to climb. But she was exhausted and just stopped 30 cm above the ground, and wrapped herself into her wings.
I kept the little bastard in my room for two hours or so, hoping that he would forgot about the bat. It was not the case when I released him, but he didn’t find her until several minutes. At this point I yelled at him. He looked at me, and looked at the bat. I knew there was nothing I could do, I mean, I couldn’t trap the bastard forever. I just watched, and he walked away. I guess that the bat resting quietly in the tree was not as exciting as the poor thing struggling and screaming on the concrete.
I left for dinner, taking the bastard with me for two hundred meters, just in case.
When I came back, the bat was gone. She was not where she was before, and no signs of her on the grass.
I guessed the evil asshole had just killed her for his enjoyment, as cats and assholes do.
But I heard something. I raised my eyes, and here she was : two meters high, nicely resting in the tree. She was well aware of my presence, and responsive : I could see her following me with her tiny cute head, and her eyes seemed sharp and vivid.
What a relief.
I’m not sure she will make it through the night and through the bunch of assholes around, but still, that’s a small victory I guess.
All in all, I think I should be exempted from the rescue exercise tomorrow.
(Nah, I’m just kidding of course).
See you.
###
Bref.
Je sors dîner à ma cantine : riz aux œufs et chips (oui, j’aime manger de la
merde ^_^) (60 THB).
Je fais le compte de mes plongées : il va m’en manquer deux sur les 41
prévues. Vu le planning, je n’aurai fait que 6 day-trips au lieu de 7. Fuck.
C’est pas gravissime, mais bon, ça fait chier. Je savais bien que ne pas
participer à la construction du récif serait une loose : j’aurai loupé deux
plongées et loupé une super expérience.
J’ai appris que les deux Françaises relou de l’autre jour sont finalement
revenues plonger sur le Boon-Sung. Je suppose que c’était pas si cher que ça
finalement…
Bon allez, dodo.
26 mars
J’ai mal dormi. Je me lève tôt, à 7h, alors qu’on n’a rendez-vous au store
room qu’à 9h30.
Je passe au shop vers 8h, je croise Alex qui est en train de se bidonner
devant son écran. Je lui demande ce qu’il se passe. Elle m’explique qu’elle
est en train de lire mon mail sur la chauve-souris ^_^.
Bref.
On prépare le matos, et c’est parti pour la piscine de Loma, où tout a
commencé, et où, quelque part, tout va terminer (tout au moins on l’espère
très fort avec Rob ^_^).
On commence par le DSD : Discover Scuba Diving. C’est le baptême de
plongée façon PADI. Ça commence par une petite séance en piscine, et
ça se poursuit en mer ; ça se fait dans la journée. Alex veut nous montrer
comment se passe la partie en piscine. Elle ne nous donne pas de
consignes, alors Rob et moi on démarre au quart de tour et on joue les
teubés ingénus : pendant le speech d’Alex, on pose tout un tas de questions
« stupides ». Alex nous laisse faire, avec un grand sourire, un peu prise à
son propre piège (je pense qu’elle voulait juste faire son speech et ses
démos sans qu’on fasse les idiots ^_^). Je pense qu’elle nous laisse faire
pour deux raisons : parce qu’on la fait bien marrer, et aussi parce qu’elle
voit l’intérêt pédagogique : en posant les questions qui pourraient très bien
arriver en situation réelle, on voit comment Alex répond, c’est intéressant
pour nous de voir comment elle gère ça. Après la théorie, le DSD continue
en piscine. Là encore, Rob et moi on fait les connards : Alex a bien compris
qu’elle boira le calice jusqu’à la lie ^_^. On fait comme si on était de vrais
débutants : on tombe à la renverse, on remplit nos masques, on coule au
fond, on nage avec les bras, etc. Alex voit qu’elle perd un temps fou sur
son horaire, mais elle est morte de rire. (Je pense que la prochaine fois elle
demandera à ses DMTs de la jouer soft ^_^.)
On passe aux choses sérieuses : le DSD n’était qu’une démo de la part
d’Alex, nous n’avions rien à faire (et on l’a bien pourrie ^_^). Maintenant,
c’est à nous de jouer, sur l’exercice de scuba review, qui consiste en la
revue d’un plongeur certifié mais n’ayant plus plongé depuis longtemps et
qui a donc besoin d’un petit rafraîchissement de compétences. En gros,
c’est une skill qu’on doit démontrer de manière nickel comme on a appris
à le faire ces 5 dernières semaines, mais à laquelle il faut ajouter tout
l’ « enrobage » : présentation, justification et objectif de la skill avant la
mise à l’eau, annonce de comment les choses vont se passer sous l’eau,
démonstration sous l’eau puis surveillance/assistance/correction d’un
élève qui répète la skill, et enfin débrief à la sortie de l’eau. Ça peut aussi
se faire dans le cadre d’un cours d’open water. Bref.
Je commence. Mon sujet : déséquipement et rééquipement sous l’eau de
la BCD. J’explique le sujet avec un peu de fun (« You may wonder in what
universe you would be in a position to do that »), en indiquant que c’est
quelque chose qu’il y a peu de chance qu’un plongeur ait vraiment à
accomplir un jour (contrairement à un vidage de masque s’entend) mais
que ça peut néanmoins arriver (plongeur bloqué sous l’eau ?). J’explique
qu’en fait ça permet surtout de mieux connaître son équipement et de
gagner en confiance dans sa mobilité sous l’eau, et que ça, c’est important.
C’est donc plus une tâche théorique que pratique… même si on va devoir
s’y coller en pratique, tout de suite, maintenant. Je fais les principaux gestes
en surface, mais j’oublie de parler des « hand signals » que je vais utiliser
pour communiquer sous l’eau. Alex me demande d’aller me caler plus loin,
au fond de la piscine, le temps qu’elle explique à Rob l’erreur qu’il devra
faire et que je devrai corriger. J’attends donc quelques instants sous l’eau,
puis voilà Rob et Alex qui vont simuler les élèves. J’explique ce qu’on va
faire avec des signes. Je me lance dans ma démo. Ce n’est pas brillant : je
m’emmêle légèrement dans une sangle, c’est rageant, jusque-là j’avais
toujours grave géré cet exercice. Bon, ce n’est pas la cata pour autant.
J’invite Rob à répéter l’exercice. Il se dessangle correctement, mais au
moment de se déséquiper pour retirer sa stab, il le fait du mauvais
côté/mauvais bras. Je le vois tout de suite et je l’arrête. Je lui signale qu’il
se trompe de bras et, surtout, je lui montre ce qu’il se passe en faisant ça :
le détendeur ne passe pas. Et, si on insiste, on perd son détendeur… Il
recommence, ne fait pas d’erreur, je le congratule façon high five
(renforcement positif cher à la philosophie PADI). C’est au tour d’Alex.
Elle ne fait pas d’erreur. Je trouve ça étrange, voire suspect, je me dis que
j’ai manqué quelque chose, mais enfin, ce qui est fait est fait, je n’ai rien
vu, je lui fais un high five en espérant ne pas m’être vautré. On retourne
en surface. Je fais le débrief. Je souligne à Rob l’erreur qu’il a faite, en quoi
c’est un problème, comment il faut s’y prendre, et je finis sur du
renforcement positif. Verdict d’Alex : très bien. J’ai juste été trop vite sur
les hand signals avant de descendre, et je me suis un peu emmêlé. Elle me
confirme qu’elle n’a pas simulé d’erreur sur son rééquipement. Je suis
soulagé !
C’est au tour de Rob. Il doit gérer la remise de ceinture. Son briefing est
très bon, très complet, quoiqu’un peu long. Il va se positionner. Alex me
demande de faire une erreur en tenant ma ceinture à bout de bras devant
moi après l’avoir retirée, pour provoquer une bascule vers l’avant. Elle, elle
simulera une ceinture remise à l’envers (largage mauvaise main : accepté
chez SSI, erreur chez PADI, je trouve ça un peu abusé, mais bon). Sous
l’eau, Rob voit tout de suite mon erreur et me corrige immédiatement, me
réexplique proprement. Nickel, le père Rob ! Je refais l’exercice. Sans le
vouloir, je fais un tour à ma ceinture (pauvre Rob…). Alex hallucine, elle
m’expliquera plus tard avoir pensé WHAT THE ***FUCK*** ARE YOU
DOING, DUCKY ?!? ^_^. Mais Rob est une super star : il me corrige.
C’est au tour d’Alex. Elle fait l’erreur prévue, Rob bugue quelques
secondes, cherchant une erreur, ne trouve rien (et chie probablement
liquide au passage). Il lui fait un high five (le high five de la honte, quelque
part ^_^). Son débrief en surface est très bon, puis Alex lui annonce son
erreur. Il nous explique qu’il s’y attendait, qu’il sentait que quelque chose
clochait, mais qu’il n’avait pas su voir quoi. (Il me confirmera plus tard
avoir fait liquide ^_^.)
Alex est contente de nous. Elle nous précise que sur un examen d’assistant
instructeur (ce qu’un divemaster n’est pas tout à fait, disons à moitié, c’est
un peu bizarre comme prérogative chez PADI) on serait recalé, mais que
là, pour le scuba review du divemaster, on est bon. Et puis, c’est normal
d’avoir fait de la « merde » (encore qu’on n’a pas été si mauvais que ça, loin
de là) : on n’a pas été entraîné à cet exercice-là.
C’est parti pour l’exercice de sauvetage. Rob commence. Il ne s’en sort pas
trop mal, mais échoue tout de même : insufflations approximatives, et il
oublie de se servir de mes sangles à largage rapide. À mon tour (Rob
recommencera plus tard). Je chie liquide, vu comment ça s’est passé la
dernière fois. Je sais que la clé est dans la rigueur et l’application. Je prends
mon temps, je neutralise Rob en le stabilisant vigoureusement, je fais un
geste à la fois. Je gère la fougère. Je fais juste deux petites approximations
(disons plutôt deux gestes non optimisés), et je valide l’exercice haut la
palme. Rob recommence, et valide également. Je refais l’exercice, histoire
de bien tout optimiser, même si Alex me dit que j’ai validé. Tout se passe
nickel, elle me félicite. Putain, ça fait plaiz !
Il ne reste plus qu’un seul exercice : improprement (quoique…) mais
souvent appelé « stress test », il s’agit de l’échange intégral de l’équipement,
sous l’eau, en binôme, sur un seul détendeur. Alex nous laisse 5 min pour
nous préparer, mais on en avait déjà parlé entre nous, donc on est au
taquet. Tout se passe nickel, proprement et facilement, avec échange de
détendeur bien fluide, façon rockstars ^_^. Il y a juste eu un moment sur
la fin où Rob m’avait un peu oublié et conservait le détendeur alors que je
commençais à manquer d’air. Je tapote légèrement le détendeur pour qu’il
comprenne, il s’excuse platement et me le file, je vois du coin de l’œil
qu’Alex est morte de rire. Retour en surface, équipement interchangé,
façon beaux gosses !
Et nous voilà donc… ***DIVEMASTERS*** !!!
(C’est pas encore officiel, il reste de la paperasse, mais nous avons fait tous
les exercices et examens et avons validé toutes les compétences.)
Alex nous félicite chaleureusement. Ça fait ultra plaisir putain !
On range tous le matos, satisfaits du devoir accompli, puis on va déjeuner.
Je me fais un burger avec un tonic (130 THB).
Je demande à Alex si elle a déjà eu des échecs pendant ce stage, elle me dit
que oui, elle a eu récemment une Chinoise avec qui ça ne l’avait pas fait,
pour tout un tas de raisons.
De retour au jungalow, j’entends du bruit à côté, alors que Mitch n’est plus
là, puisqu’il a déménagé. Je sors sur le balcon, et je tombe sur Wen-Wen,
une charmante petite Chinoise, qui vient d’arriver, et qui est du prochain
groupe de DMTs. Elle est hôtesse de l’air chez Singapore Airlines. Super
sympa. En discutant avec elle, je ne peux m’empêcher de me refaire le film,
et je me demande pourquoi il a fallu que nous ayons eu une Sandra dans
notre groupe plutôt qu’une Wen-Wen. Putain de sa race… Mais bon, c’est
la life.
Ce soir, c’est le fameux « DMT CHALLEGE ». Tout Wicked a rendez-
vous chez Keith et Alex pour un énorme barbeuk/soirée où nous autres,
pauvres DMTs, allons être humiliés : Keith et Alex ont organisé un grand
jeu, intitulé « WHO WANTS TO BE A DIVEMASTER ? », avec des
questions pas du tout orientées plongée mais orientées sur la culture
anglaise et américaine (bref : on est foutus ^_^). En plus, la règle du jeu
est du type « Pile il gagne, face je perds ») : si on répond mal à la question,
on doit boire, et si on répond bien, on doit boire aussi (la seule différence
est qu’on a droit à un peu de soft dans l’alcool). Bref, c’est raide. On a le
droit à trois amis, je choisis Tom, Dan et Kyle. Ce-dernier me sort le cul
des ronces sur une question à la con portant sur les gares américaines (nan
mais allo quoi). Ann m’aide aussi beaucoup en faisant des mimes (interdits,
mais bon). Alex nous a imprimé des pancartes à nos noms et surnoms. Je
suis évidemment Ducky. Elle a repris l’image de canard que j’avais faite :
« JUST CALL ME DUCKY » (qu’elle avait déjà placardée sur le panneau
principal ^_^).
Rob est affublé de R.O.B., le robot vidéo de Nintendo. Mitch a droit à sa
boule de billard façon 8-ball, et Sandra est Shorty, avec un fusil à pompe
(en rapport aux armes aux USA… très fin ^_^). Je prends la pose avec
deux canards en bois (what the duck ?) qui traînent chez Alex. Bref.
Comme prévu, on se fait sévèrement démonter la gueule au jeu, et ça finit
par un seau d’eau glacé sur la gueule, façon « ice bucket challenge » ^_^.
(Rob et Sandra ont gagné contre moi et Mitch, mais je ne sais pas du tout
sur la base de quoi.)
Le barbeuk est ultra bon, notamment les brochettes marinées. C’est Pe-
Toy qui gère tout ça, en pull, face aux braises : ce type est un héros. Sa
petite fille de 6 ans est là, elle est toute mimi.
On commence tous à être méchamment arrachés. Keith, en trimballant un
carton de picole, se prend une bouteille sur le pied. Il s’ouvre
méchamment, il y a du sang, du verre et de l’alcool plein la cuisine. Alex
devient totalement hystérique devant cette quantité astronomique de sang,
mais aussi devant la connerie de Keith, qu’elle qualifie de crétin congénital
^_^. Grosse ambiance en cuisine… Bang, fraîchement diplômé du rescue,
nettoie et panse la plaie de Keith, qui continue de picoler, tout en se faisant
engueuler par Alex. C’est grandiose ^_^.
On va poursuivre la soirée dans un bar à Baniang. On y va à 3 sur le scooter
de Mitch : moi, Mitch et un nouveau DMT, Mark, un Australien. On est
suivi par un couple de Français que Mitch a rencontrés au cours de boxe
thaï, et qui nous ont d’ailleurs fait quelques démos bien impressionnantes
(je ne chercherais pas de noises à la fille ^_^). Vu comment on a picolé, ce
n’est pas malin de prendre le scooter…
Au bar, c’est déguisement obligatoire, et façon femme s’il-vous-plaît !
Nous voilà donc avec des robes, des faux nichons et des perruques. On
est explosés. On se retrouve à danser sur le comptoir, le caleçon rentré
dans le cul façon string, avec la patronne qui nous paye des trucs
immondes (on dirait du dentifrice à la vodka). Au moment de partir, c’est
la merde, je ne retrouve pas mon smartphone. Je cherche 5 min avant de
me rendre compte que je l’avais planqué dans mon caleçon, justement
pour pas le perdre… Je me dis qu’il est plus que temps de rentrer putain
^_^. Mais Mitch et Tong veulent continuer, qu’à cela ne tienne, on change
de bar et on s’envoie encore quelques bières. Mais je suis vraiment trop
raide, il faut rentrer. Quelqu’un, je ne sais même plus qui, me ramène en
scooter. Il est à peu près aussi bourré que moi. C’est donc super
dangereux… je ne suis pas fier… Je retrouve mon jungalow, tente de
prendre une douche sans eau, puis m’effondre sur mon plumard.
27 mars
Je me lève tard. Je n’ai étrangement pas trop la gueule de bois, eu égard à
ce que j’ai ingurgité. En revanche, j’ai le bide en vrac, et je suis épuisé.
Je croise Rob, il va bien, il y est allé mollo et est rentré tôt. En même
temps, lui, il assiste Inge sur un cours de rescue aujourd’hui, donc il avait
prévu son coup. Tiens, je déjeune avec Inge, justement. Enfin, déjeuner
est un bien grand mot : on a bu des lemon-shake et des coco-shake, quoi.
Inge me raconte les quelques rares accidents auxquels elle a été confrontés,
notamment un couple de Chinois qui ne savaient pas nager mais qui
avaient quand même décidé d’aller snorkeler. Ils ont été retrouvés, noyés,
main dans la main, échoués sur les rochers, couverts de crabes en train de
les dévorer… Inge a mis longtemps à s’en remettre. Tu m’étonnes…
Bon, je juge que je ne suis pas si défoncé que ça, je décide donc de me
joindre à son cours, mais tranquillou.
Les piscines sont surbookées, donc on se retrouve dans la résidence d’Inge
& Cie, car ils y ont une charmante petite piscine à débordement. Ce n’est
pas bien grand, mais cela fera l’affaire. Il y a aussi deux chiens bien sympas
et deux petits chatons tout chou. C’est cool. Mitch vit ici aussi maintenant.
C’est autrement plus sympa que nos jungalows, mais bon, c’est pas le
même prix non plus, quoi. Je croise Mitch 5 min, il part sur le Mariner pour
sa dernière croisière, avec Sandra. Il est pas dit qu’on se revoit avant mon
départ pour Paris mais, au-moment de se dire au revoir, j’étais sous l’eau
dans la piscine, en train de faire un exercice avec Inge. Sandra, en revanche,
ne m’a pas loupé : elle m’a forcé à la prendre dans ses bras et tout
(bordel…). Bref.
Les deux élèves du jour : Reese et Wen-Wen, deux des quatre futurs
DMTs. Reese, c’est le grand balèze dont j’ai déjà parlé qui est passé au
shop l’autre jour. Wen-Wen a du matériel japonais rose et blanc, façon
Hello Kitty, c’est un peu bizarre mais ça lui va bien, c’est tout mimi.
Comme je suis quand même un peu raide (faire un cours de rescue avec la
gueule de bois est assez haut sur la liste des mauvaises idées je pense), c’est
surtout Rob qui fait le boulot. Il simule notamment des paniques sous l’eau
très convaincantes et très physiques, la petite piscine en prend plein la
gueule. Wen-Wen en chie bien, Reese est en revanche tellement balèze
qu’il maîtrise Rob assez facilement. Sous l’eau, je continue d’être stupéfait
de la ressemblance entre Tom et Inge : mêmes expressions, mêmes
gestuelles, mêmes approches, ils sont d’un mimétisme confondant.
Pour ma part, je simule un malaise suite à un accident de décompression,
une petite noyade, et j’aide surtout avec le matériel. Je donne aussi
quelques conseils à l’un quand Inge est occupée avec l’autre.
Le cours est fini, Reese décide d’aller cueillir des noix de coco, le voilà parti
comme un grand singe dans les arbres… et il revient avec des tonnes de
coco, non sans avoir un peu brutalisé les arbres…
Retour au jungalow. Je mange des chips pour me requinquer. Je glande,
puis je sors dîner d’un bon riz à l’ail à la cantine, avec un énorme coca
(75 THB). Les gamines de la proprio, à peine 5 ans, sont déjà à la caisse.
Dodo.
28 mars
Levé 7h50 alors que je pouvais faire la grasse mat’. Mon organisme est un
peu perdu, je crois.
Encore aujourd’hui et demain à assister le cours de rescue d’Inge, puis ce
sera la fin.
Petit-déjeuner à base de coca et de chips (normal…).
Comme on part bientôt, avec Rob, on rince notre matos et on ramène tout
en side-car à nos jungalows pour tout faire sécher en vue de faire nos
bagages pour le retour sur nos continents respectifs. Pour les deux jours
restants, on utilisera du matos du club.
Rob a déménagé au Phuk Khao Lak car Carol en avait marre des fourmis
au jungalow. Ils sont bien là-bas, c’est grand, propre, classe, avec la clim et
tout. Mais bon évidemment c’est pas le même prix…
Inge a besoin de nous à 14h, il est déjà 13h30, on chope des chips dans un
7-Eleven en guise de déjeuner, et nous voilà prêts au combat.
On se pose sur la plage de Khao Lak. Mark, un autre futur DMT, est là
aussi, mais juste pour regarder, lui a déjà passé son rescue.
Rob et moi on simule des snorkelers paniqués, ils doivent venir nous
chercher avec des bouées.
Inge montre ensuite à Reese et Wen-Wen les techniques de recherche au
compas, ils répètent sur la plage, puis c’est parti en conditions réelles.
Rob et moi on s’équipe. On a pour mission de trouver une zone à au moins
4 m de profondeur (ce qui nous fait nager assez loin, 10 min facile). Là, on
déploie un SMB attaché à une ceinture, et on s’éloigne d’une dizaine de
mètres du SMB, pour attendre, en simulant des plongeurs inconscients,
que Reese et Wen-Wen devront trouver, remonter et ramener sur la plage.
En surface, avec la houle, ils mettent 20 bonnes minutes à rejoindre le
SMB, puis ils s’immergent et commencent à nous chercher en faisant une
trajectoire circulaire. On les voit passer deux fois assez près de nous, mais
ils ne nous voient pas… Bon, évidemment (et heureusement…) ils
finissent par nous trouver. Ils nous remontent en surface, puis nous
remorquent vers la plage. Je joue mon rôle de poids mort à fond, je leur
laisse aucun répit, mon visage passe fréquemment sous l’eau. Putain, c’est
long, le remorquage prend une bonne demi-heure. C’est Reese qui
s’occupe de moi, il fait ça efficacement. Wen-Wen, elle, s’épuise, panique,
puis lâche Rob… qui doit effectuer sur elle un véritable sauvetage : elle
n’en peut plus, c’est lui qui la remorque… Paye ta loose. Inge tire une
tronche de 10 km, logiquement inquiète sur les 6 semaines à suivre avec
elle… [Plongée #40 – Khao Lak – 39 min @ 4,4 m]
Arrivés sur la plage, voyant des plongeurs sortir de l’eau d’autres plongeurs
inconscients, un type arrive en courant, tout excité, se proposant d’aider,
d’appeler les secours. Il commence à prendre en main la situation, il a l’air
un peu habitué. Inge laisse faire quelques instants, puis lui explique que
c’est très gentil de sa part, mais que ce n’est qu’un exercice ^_^. Le gars
repart, soulagé !
Pour l’exercice : Reese et Wen-Wen savent bien que vu le temps qu’ils ont
mis à nous retrouver (plus de 20 min) et à nous remorquer (30 min), nous
sommes théoriquement morts. Il n’y a donc rien à faire. Ils simulent donc
juste un appel pour la forme, mais ne font pas de réanimation. Ils auraient
pu commencer la réanimation dans l’eau, mais c’est très difficile, peu
efficace et, une fois encore, après plus de 20 min sous l’eau, c’est illusoire,
a fortiori dans une eau chaude.
C’est fini pour nous pour aujourd’hui. Inge emmène Reese et Wen-Wen
faire un peu de théorie, pendant que Rob et moi on ramène, rince et range
tout le matos, qui est plein de sable. J’ai été pas mal gêné par le matos du
club, ce n’est pas qu’il est mauvais, mais après 6 semaines intensives avec
mon matos, ça m’a vraiment fait bizarre de changer d’équipement.
Je croise Inge au shop, qui me dit qu’elle est vraiment inquiète pour Wen-
Wen. Reese, en revanche, c’est une machine de guerre, rien à craindre de
ce côté-là. Je dis à Inge que, oui, c’est pas gagné, mais en même temps, il
faut avouer que c’était effectivement assez physique de nager quasiment
une heure équipé en surface avec de la houle, surtout pour une personne
frêle comme Wen-Wen. Et, pendant les 6 semaines qui viennent, elle
n’aura pas à refaire de choses aussi physiques normalement, en tous cas
pas autant d’endurance, donc je pense que ça devrait aller.
Dîner au Lamuan, club sandwich, frites, oignons crus et fruits frais
(150 THB).
Keith chante au Happy Snapper ce soir, mais c’est trop tard pour moi,
après minuit. Je suis trop claqué, je vais me coucher.
Dodo.
29 mars
Levé 7h, au store room à 7h50. Il n’y a personne. Allons bon. Tom se
pointe à 8h10, il me dit qu’Inge ne sera pas là avant 9h. J’avais laissé mon
téléphone éteint : j’ai effectivement un SMS d’Inge qui me dit que c’est
repoussé d’une heure. Bon.
En attendant, je me prends un petit-déj à base de coca et de twix (très sain
^_^, 50 THB).
J’attends au shop. Toujours personne à 9h10, et puis ça pue le rat crevé, il
doit y avoir un animal mort dans le coin, c’est horrible.
Inge arrive finalement à 9h20. Le retard est dû au fait que le long-tail de
Wicked n’est pas dispo, nous sous-louons donc le bateau de Sea Dragon
aujourd’hui. On n’a pas de 4x4 non plus. Putain…
On doit aller au store room en urgence avec le side-car, Inge déteste ça
(comme toutes les femmes, apparemment), donc c’est moi qui m’y colle.
Le démarrage est toujours aussi poussif, et je suis en tongs, donc
évidemment je me défonce un pied sur le bitume. On charge l’engin, mais
j’avais commis la grave erreur d’éteindre le moteur. Impossible de le
redémarrer, bordel ! Qu’à cela ne tienne : c’est en descente jusqu’au shop,
on se la joue donc en roue libre…
Le pick-up de Sea Dragon est pile dans les temps, on charge tout, direction
Tap Lemu, pour plonger à Khao Nayak. Le 4x4 de Wicked est vachement
mieux que celui de Sea Dragon, mais pour le reste, je constate que Sea
Dragon est quand même un cran au-dessus : leur long-tail est beaucoup
plus grand, mieux agencé, avec des supers espaces de rangement, ils ont
un emplacement sur un vrai ponton en béton (contrairement à nous qui
devons marcher dans la vase…), et surtout leur capitaine s’y connaît en
plongée (il a appris sur le tas) : il sait comment soulever le matos hors de
l’eau sans le péter, est capable de signaler à un plongeur qu’un truc ne va
pas avec son équipement, sait hisser sur le bateau une personne
inconsciente, il sait même comment administrer de l’oxygène et faire de la
réanimation, bref, un héros ^_^ ! Leur bouffe est meilleure, aussi, et il y a
des fruits au dessert. Par contre, il n’y a que de l’eau, pas de jus ou de sodas.
Et ils servent la bouffe dans des boîtes en polystyrène ultra polluantes
contrairement à Wicked qui utilise des gamelles et des couverts en métal,
réutilisés. Bon, après, Sea Dragon, c’est un club beaucoup plus grand,
moins humain, où la formation est plus industrielle. Chacun son style, je
ne regrette en aucun cas Wicked.
Nous voilà à Khao Nayak. Inge me demande de me mettre à l’eau
discrètement et de simuler des accidents, genre snorkeler inconscient en
surface, en parallèle de son cours qu’elle donne sur le bateau. C’est assez
fourbe, mais Reese est au taquet : il a bien compris les méthodes d’Inge,
n’hésite pas à l’interrompre dans ses explications sur le pont pour signaler
qu’il voit un snorkeler qui n’a pas l’air d’aller bien. C’est pas évident d’oser
prendre le leadership comme ça, surtout quand tout ça n’est qu’un
exercice, mais lui le fait très bien.
Au moment de sortir un corps de l’eau, Inge explique à Wen-Wen
comment ça marche et lui demande de bien regarder comment fait Reese,
qui a le physique pour sortir n’importe quel gabarit de l’eau. Mais elle ne
lui demande même pas d’essayer : elle part de l’hypothèse, pas totalement
idiote, qu’elle en sera incapable. Je suggère à Inge de laisser quand même
Wen-Wen essayer de la sortir, elle. Et… Wen-Wen y arrive, sous les
applaudissements de tout le monde ! J’avoue que moi-même je n’y croyais
pas, tant elle est frêle, mais Inge est légère aussi, et au final, on a bien fait
de lui demander d’essayer ! J’en profite pour montrer à Inge une technique
de sortie supplémentaire que j’ai apprise pendant le RIFAP. Ça marche
super bien, elle est très contente.
L’eau est d’une transparence absolue. Je n’ai jamais vu ça, on se croirait
aux Similan putain, d’habitude à Khao Nayak la visibilité est vraiment
pourrie. Tant mieux. Bon, par contre, je passe un peu pour un charlot
auprès de Reese et Wen-Wen à qui j’avais dit qu’on y verrait comme à
travers une pelle ^_^.
On se met à l’eau pour la première plongée. J’oublie mon ordi. Bravo le
divemaster… Je demande au capitaine de me le passer. On fait une sorte
de remake d’hier, mais ils n’auront pas à nager autant. Je fais de la merde
en emmêlant le câble du SMB autour de la ceinture, mais bon, je m’en sors.
Wen-Wen me cherche en faisant un U-pattern. L’exercice est hyper biaisé :
la visibilité est tellement bonne que même à 30 m de distance elle me voit.
Wen-Wen fait de la merde, elle ne sait pas se servir proprement de son
compas. J’aurais été à la place d’Inge, je lui aurais fait tout refaire, surtout
qu’on a le temps, mais non, elle laisse la place à Reese. Il me trouve,
proprement, puis Wen-Wen me remonte, elle fait ça bien. Wen-Wen me
déséquipe et me remorque, nickel, puis repasse la main à Reese pour me
remonter sur le bateau. Ils enchaînent à avec la réanimation, l’oxygène, etc.
Le capitaine est au taquet, presque trop : Inge doit calmer ses ardeurs pour
que les autres puissent bosser ^_^. [Plongée #41 – Khao Nayak, Khao
Lak – 18 min @ 6,5 m]
Pendant la pause déjeuner, Inge et moi, on resimule deux accidents en
surface : une panique et un inconscient. Reese réagit super bien.
Deuxième plongée de la journée, et la dernière pour moi. Ça fait bizarre.
L’objectif de la plongée est de forcer Reese et Wen-Wen à anticiper les
problèmes et à bien y réagir lorsqu’ils adviennent. Reese est avec moi,
Wen-Wen avec Inge. On commence les emmerdes avant même la mise à
l’eau, en simulant des erreurs dans l’équipement. J’oublie de connecter
mon LPI. Je laisse Reese gérer le pre-dive safety check. Au moment de
gonfler la stab, évidemment, sans LPI, ça ne marche pas. Il repère et
corrige tout de suite le problème. On se met à l’eau, et on simule une
descente un peu trop rapide. Reese et Wen-Wen ne réagissent pas à temps,
en revanche, quand on impacte lourdement le fond comme des cons, là,
ils réagissent et nous disent de gonfler nos stabs. On se met ensuite à nager
avec les bras. Wen-Wen ne réagit pas, pas Reese me corrige tout de suite,
et me montre la position à tenir. Inge simule une crampe, moi un masque
plein de flotte, et je fais mon connard en ayant remis mon masque à
l’envers (nez vers le haut). Reese me montre comment vider mon masque,
met quelques secondes à comprendre pourquoi ça ne marche pas,
comprend, hallucine gentiment puis me corrige ^_^. Je simule ensuite un
problème avec ma stab, qui se gonfle en continu, ce qui m’entraîne
inexorablement vers la surface. Reese essaye de me retenir, mais ne
parvient pas efficacement à empêcher ma stab de se gonfler en tirant sur
la conduite. Inge lui montre comment faire, avec une position super ferme
et efficace, c’est propre, impressionnant. Je perds une palme. Simule une
crampe. Inge trouve un filet dans lequel elle s’emmêle. Pour ma part, je
m’emmêle au mouillage, en passant le câble entre moi et mon détendeur.
Inge hallucine : c’est vraiment un truc de bâtard (peu probable je veux bien
l’admettre, mais ça pourrait arriver : le gars lâche son embout, le remet,
mais pas de bol, il passe autour de quelque chose). Reese met de longues
secondes à comprendre, mais il me dit de me calmer, analyse la situation,
m’explique que je dois lâcher mon embout, puis le remettre. Il se tient prêt
avec son embout de secours. Bien, le mec. Un peu plus loin, je fais en sorte
de laisser traîner mon embout de secours comme une merde. Reese ne
réagit pas, c’est Inge qui lui montre ce qui ne va pas. Il corrige, en me
refixant proprement mon embout. Enfin, je simule une panne d’air. Là,
Reese fait de la merde : il me dit de me calmer. Non. Une panne d’air, ça
ne se calme pas. Pour tout un tas de choses, il faut calmer le plongeur,
mais pas pour une panne d’air, où là il faut aller vite : protéger son propre
détendeur avec une main, tout en tendant proprement son détendeur de
secours à la victime, puis on s’accroche, on se calme et on remonte. Inge
le corrige. La plongée prend fin. Inge me demande de passer mon SMB à
Reese pour qu’il s’entraîne à le déployer. Pendant qu’il galère avec, Inge
me fait signe discrètement de simuler une perte de connaissance. Reese ne
voit pas tout de suite le problème, mais finit quand même par réagir, puis
me remonte proprement en surface. Ainsi s’achève la dernière plongée de
ma formation ! [Plongée #42 – Khao Nayak, Khao Lak – 51 min @ 7,6 m]
C’est donc vraiment la fin, ce coup-ci. Ça fait vraiment bizarre.
Inge nous félicite tous : moi pour le divemaster, Reese et Wen-Wen pour
le rescue… et le capitaine parce qu’il est vraiment trop fort ^_^ !
Sur le retour, Inge nous débriefe. Elle me prend à part, me redit qu’elle est
très contente de moi, et qu’il faut vraiment que je bosse pour eux, que je
ferais un bon instructeur plus tard. Ça fait super plaisir . On donne tous
un super tip au capitaine pour ses efforts.
De retour au shop, je finalise la paperasse de mon dossier avec Alex, je
récupère la caution de mon jungalow, on finalise les comptes.
On célèbre la fin de notre stage au Dream Bar, avec Alex, Rob, Carol, Tom
et Inge. Donut est là, toujours aussi chou . On se marre bien, puis on va
dîner au Phuk Khao Lak. Avec Rob, on se prend une salade Caesar, le
fromage y est de qualité française, c’est trop bon. On enchaîne avec des
travers de porc qui démontent bien aussi. Le tout arrosé d’un mango
shake. Rob et Carol, qui décollent ce soir minuit pour le Canada, nous
invitent. C’est super sympa de leur part. Grande séance d’adieu. C’est
émouvant.
Je rentre à mon jungalow. Je finis de tout ranger et de nettoyer pour rendre
les clés demain matin. Je fais mes sacs.
Dernière nuit en Asie. Je suis triste.
30 mars
Levé 7h. Je nettoie les derniers trucs dans le jungalow, je récupère les draps
à la laundry. Je ferme mes sacs et je quitte le jungalow. Je porte tout mon
barda en plein cagnard jusqu’au shop. Je ne partirai que dans l’après-midi
pour l'aéroport de Phuket, je compte donc glandouiller au shop toute la
journée, et en profiter pour dire au revoir à tout le monde.
L’odeur de rat crevé s’est bien atténuée, c’est cool. Je rencontre Kim, le
dernier des quatre nouveaux DMTs, dont le cours commence
officiellement aujourd’hui. Il est américano-norvégien, c’est pas banal,
assez âgé, il a fait 38 ans dans l’armée. Il ressemble à un Terminator.
Putain, lui et Reese, physiquement, ils vont casser la baraque. Il me pose
pas mal de questions sur le stage, je lui réponds comme je peux. Il a l’air
bien, quoiqu’un peu étrange. Vers 10h, une thaï se pointe, il me la présente
comme sa « girl friend ». Elle semble ne pas parler un mot d’anglais.
Hmmm… Sont-ils sérieusement ensemble ou bien est-ce un type avec sa
pute ? Je n’en sais rien, mais tout est possible ici. Si c’est la deuxième
option, il risque d’être accueilli fraîchement chez Wicked (surtout par
Alex…). Mais je ne pense pas, c’est un peu gros. Bref.
Je me fais un petit déj à base de coca-croissant-twix (85 THB). Le
croissant, industriel, dans un triple emballage plastique, n’est
étonnamment pas si mauvais que ça.
Alex emmène les DMTs dans la salle du haut, pour l’intro au stage.
J’avance dans ma lecture de The Complete Diver, qui contient quelques
articles absolument passionnants, dont un sur les théories « dissidentes »
sur l’azote et les accidents de décompression.
Il fait atrocement chaud. On sent que la mousson arrive.
Dernier déjeuner au Lamuan avec Alex, et les quatre DMTs. Mark
commande du poisson. Il n’a pas dû lire la politique Wicked : ne pas
manger de poisson en Thaïlande car il n’y existe aucune filière durable
certifiée. C’est un aspect de la politique de Wicked qui peut faire sourire
pour son « bisounoursisme » (moi le premier, je dois bien l’avouer), mais
sur le fond, pourquoi pas : ce n’est pas en ne faisant rien que les choses
changeront. Et puis, Wicked commence à être bien implanté, ils font du
lobbying, ils travaillent avec des ONG et même avec le gouvernement avec
certains de leurs programmes, donc, oui, ils peuvent peut-être à terme
espérer changer certaines choses. Mais Mark n’a apparemment pas saisi
cet aspect-là de Wicked, je suis pourtant sûr que cela été rappelé lors de la
première séance, avec le « Wicked Agreement » qu’ils viennent d’avoir.
Surtout que, bon, si on ne souscrit pas aux idées de Wicked, bin, on ne va
pas chez Wicked. C’est tout. Ou alors, a minima, on se plie à leur politique
pendant la durée du stage. Ça me semble être d’une logique élémentaire,
mais… Bref. Mark a droit à un petit commentaire bien placé de la part
d’Alex, qu’il ne comprend pas. Putain, il est long à la détente, le mec…
Voyant qu’Alex les laisse mariner, lui et ses grands yeux de merlan frit, je
lui explique la situation, pour mettre fin à ses souffrances. Il n’a toujours
pas l’air de saisir le concept. Putain. Bon, ce n’est pas ma guerre, je passe
à autre chose… Je me demande à quel point il a choisi Wicked comme notre
groupe de quatre l’avait vraiment fait, ou bien s’il est arrivé ici un peu par
hasard. Bref. Je me fais un club sandwich et une eau gazeuse (150 THB).
Au moment de payer l’addition, je laisse en tip toute ma petite monnaie.
Je me fais une dernière glace au McDo. Ce petit rituel va me manquer…
Je passe à un bureau de change pour reconvertir en euros mes bahts, mais
ce n’est pas possible dans ce sens-là. Allons bon. Je ferai ça à l’aéroport de
Phuket.
Mitch et Sandra reviennent de leur croisière. Je vais donc pouvoir dire au
revoir proprement à Mitch. (J’aurai aussi « droit » à un deuxième hug de
Sandra… X_X)
Ils n’ont vu ni requin baleine ni mantas, mais Mitch est super content
quand même.
Il est 16h20. Mon taxi pour Phuket arrive (1000 THB). Je charge mes sacs,
puis je file dans la salle de cours pour un dernier au revoir chaleureux à
Alex. Je salue aussi la nouvelle team DMT, je leur souhaite bon vent et
bonne mer.
Le taxi démarre. On se traîne. Je trouvais déjà que partir à 16h30 c’était
limite (le staff de Wicked m’a assuré que non). Il pleut. On se traîne de
plus en plus. Je regarde ma montre. Ça s’annonce quand même short…
On arrive, le type me dépose, je vois qu’il n’y a pas de queue au bureau de
change, je convertis mes bahts en euros en 3 min, puis je file à
l’enregistrement. Je ne suis pas en retard, mais pas en avance non plus,
c’est tout pile : j’enchaîne les queues, les portes et les scans, je me retrouve
dans l’avion sans aucune attente, aucun temps mort, c’est la première fois
que ça m’arrive ! C’était vraiment pile, quoi.
Le Boeing 777 est un peu fatigué, vivement l’A380 à Doha. À côté de moi,
un Français, qui ne parle pas un mot d’anglais, et donc qui ne comprend
rien à ce que raconte l’hôtesse. Bordel, c’est pourtant pas compliqué. Et
puis, quand on comprend rien, on assume, on laisse couler, on ne se lance
pas dans des demandes fantaisistes du style de l’eau, gazeuse, mais pas
trop. Putain… Je ne l’aide pas. Je pourrais, mais non. J’avoue ne pas avoir
beaucoup d’empathie ni de patience pour ces gens-là… On prend un peu
de retard au décollage, car une passagère est malade, il faut la débarquer.
Pas moyen de profiter des divertissements : à peine démarré, mon écran
affiche « Segmentation Violation ». (« Erreur de segmentation »). Oui, oui :
le message d’erreur classique quand on a fait une grosse connerie en
programmation… Putain o_O. Il finit par fonctionner au bout de
quelques heures. Je mate Comment tuer son boss 2 ? Marrant, sans plus. Je
dors environ 2h. Pas beaucoup, mais mieux que rien.
Le passager devant moi est un Indien, insupportable, qui passe son temps
à se trimballer dans l’avion avec sa perche pour prendre des selfies. Au
secours…
Escale à Doha. Un poil bordélique, mais ça reste la grande classe. On
embarque dans l’A380. Le décollage est d’une lenteur ahurissante. Un bel
avion, certes, mais un gros pépère ^_^. Je dors une petite heure. Le retour
va être difficile…
Atterrissage à Paris à 8h25. Il fait 13°C. Il pleut. Super.
On débarque. On se retrouve bloqué dès la passerelle. Ça n’avance pas.
Quand ça repart, ça rebloque 50 m plus loin. Putain, Paris… On doit
passer 3 barrages de contrôles « volants » avant les contrôles classiques.
Sérieusement ? Les contrôles classiques : seuls deux types sont présents. Il
y a bien un sas automatique, mais il est atrocement lent, les indications ne
sont pas claires, personne ne sait si son passeport y est éligible, et personne
n’est là pour aider. Ca n’avance pas. Le sas automatique finit par planter et
par piéger un type à l’intérieur. Un des deux gars des contrôles doit donc
abandonner son poste pour tenter, en vain, de libérer le gars. Donc non
seulement le truc automatique est ultra lent quand il marche, mais en plus,
en fait, il ne marche pas, et monopolise un agent. Au lieu d’accélérer le
débarquement, il le ralentit. Putain, Paris… C’est consternant à quel point
on est mauvais. Je finis par passer. Ça aura pris une heure. Incroyable. Je
récupère mes sacs, puis je passe aux toilettes. Elles sont immondes.
Nouvelle flamboyance des aéroports parisiens…
Après les dernières douanes, je cherche la sortie. Toutes les portes sont
condamnées. Putain mais c’est dingue… On marche comme des cons
pendant dix minutes, canalisés par des agents pour trouver une porte qui
nous laisse enfin passer. Il est absolument scandaleux qu’avec un niveau
de service aussi minable ils osent encore dégainer leur slogan : « Le monde
entier est notre invité. » Bande de sinistres loosers et enculés.
Le trajet en CDG-Val puis RER est, pour une fois, étrangement
fonctionnel.
Me voilà de retour dans ma banlieue pourrie.
Bref, je suis divemaster.
Épilogue
Une fois rentré en France, j’ai rapidement envoyé mon dossier à PADI
Europe, situé en Angleterre. Trois semaines plus tard, je recevais ma carte.
J’étais officiellement divemaster. Numéro de série DM #359996, pour être
plus précis.
J’ai revu Paul sur Paris (un des clients américains que j’ai guidé sur le
Mariner). On a bu beaucoup de bières et on a beaucoup rigolé ^_^.
Mitch et Sandra, contrairement à Rob et moi, sont restés à Khao Lak après
la fin du stage, pour travailler en tant que divemaster.
Pour Mitch ce fut une super expérience. Il a principalement travaillé pour
Wicked, mais aussi pour quelques autres. Il a fait des day-trips et des
liveaboards. La paye est généralement de 1200 THB par jour, parfois 800
mais c’est rare. Il a adoré et s’est fait une solide expérience. Je l’envie. Il
est parti quand les clubs ont fermé, la mousson étant arrivée. Il vit
maintenant en Australie. Je pense très fort à aller l’y voir.
Pour Sandra, tout s’est déroulé comme prévu. Enfin, comme prévu par
moi, pas par elle. Ne tournons pas autour du pot, vous vous en doutez :
elle a merdé dans les grandes largeurs. Sur le Mariner, elle a reçu des
évaluations catastrophiques de la part des clients, même pour une simple
sortie snorkeling par beau temps, sans houle ni courant, tout proche du
bateau : elle a réussi l’exploit de faire sentir ses clients « very unsafe ».
Comme dirait Mitch : « How the fuck does that happen ? ». Keith, le boss
de Wicked, l’a prise entre quatre yeux pour une petite mise au point, dont
je ne connais pas la teneur, mais le résultat fut que Sandra a disparu sans
dire au revoir à personne dès le lendemain. Taryn l’a vue partir, elle lui a
demandé ce qu’il se passait. Elle avait soi-disant trouvé un taf de
divemaster à Phuket. Personne n’y a cru, bien évidemment. Depuis, elle a
totalement disparu... Je ne lui jette pas totalement la pierre : elle était
mauvaise, bon, c’est ainsi. Certes, elle aurait dû s’en rendre compte d’elle-
même et, sa certification en poche, ne pas se lancer avant d’emmagasiner
plus d’expérience et de compétence. Peut-être même qu’elle n’aurait tout
simplement pas dû faire la formation, du moins sans un lourd travail
physique au préalable. Mais peut-on réellement lui reprocher d’avoir
essayé ? Certains pourraient dire que, loin d’être une erreur, c’était même
plutôt courageux de sa part. C’est possible. Je pense plutôt que c’était
inconsidéré. Mais au fond, qui sait ? Non, le vrai problème, de mon point
de vue, est du côté de Wicked : tout le monde savait qu’elle était plus que
moyenne en tant que divemaster. À mon sens, l’embaucher conduisait
fatalement à la catastrophe. Il ne me paraît pas compliqué d’aboutir
rapidement à cette conclusion. J’ai du mal à saisir comment Alex, avec ses
compétences et après 6 semaines, n’a pas su le voir. Peut-être n’a-t-elle pas
voulu le voir ? Et Keith, le boss ? Tous ceux avec qui j’avais discuté avaient
soit clairement exprimé que c’était une loose, soit n’en passait pas vraiment
moins. Je pense qu’il y a eu une erreur de type « ressource humaine » de la
part de Wicked sur ce coup-là. Wicked, ce club que j’ai réellement trouvé
bon à quasiment tous les niveaux, avec un staff véritablement super
sérieux et compétent, a semble-t-il merdé sur ce coup. Keith et Alex ont-
ils simplement voulu lui laisser une chance sans pour autant être dupes sur
le fond ? Possible. Au final : Sandra, grosse vache parfaitement idiote ou
courageux petit bout de femme ? Je ne sais pas. Enfin, si, j’ai mon idée.
Mais je ne suis pas sûr d’être en droit de l’énoncer.
Certains diront que cette histoire avec Sandra est la preuve que la
formation divemaster de PADI n’est pas sérieuse. Je comprends qu’on
puisse le penser, mais ce n’est pas mon avis. Je reste persuadé, comme je
l’ai déjà dit, que, au-delà des systèmes de formation, il y a des bons
plongeurs et des mauvais plongeurs (comme il y a des bons chasseurs et
des mauvais chasseurs et des bons conducteurs et des mauvais
conducteurs ^_^). Les formations sont des outils pour progresser, mais
elles ne sont pas l’alpha et l’oméga. J’ai rencontré des supers divemasters
et instructeurs PADI, comme j’en ai rencontrés des passables voire des
douteux. Je me suis senti mal à l’aise avec certains N3 FFESSM, tout
comme j’ai rencontré de supers N3, N4 et moniteurs fédéraux.
Personnellement, j’ai énormément appris pendant cette formation, dont je
suis extrêmement content. J’ai beaucoup gagné en expérience et en
confiance en termes de guidage et d’assistance. Il est clair que l’on peut
faire le minimum syndical et parvenir à décrocher la certification. Ceux qui
procèdent ainsi sont des blaireaux et/ou des idiots. Récemment, j’ai plongé
avec des N3, des N4 et des moniteurs fédéraux qui ont été très contents
de m’avoir dans leur groupe.
Au final, cette formation fut une expérience extraordinaire, que je
recommande à tous ceux qui en ont l’envie et les moyens, que ce soit pour
progresser, vivre une super aventure ou réellement devenir pro.
Il est possible que j’aille voir Rob et Carol au Canada. Et il est très probable
que j’aille voir Mitch en Australie.
Et maintenant ? Je veux faire un peu de plongée purement loisir pour
souffler un peu. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait récemment, sur l’épave du
Rubis, puis avec une croisière en Méditerranée. Côté formation, quand
j’aurais envie de m’y remettre, je pourrais être tenté par le niveau
d’Initiateur FFESSM, histoire d’avoir le droit d’ « exercer » en France. Le
niveau 4, j’y pense souvent, mais je ne pense pas m’y mettre de sitôt. La
plongée technique m’intéresse : nitrox avancé, recycleur, trimix. Et puis,
évidemment, le stade final PADI : l’instructeur. J’y pense.
ANNEXES
Coût total
Matériel (gilet stab-BCD, détendeur, combinaison, ordinateur, compas,
parachute, ceinture, etc.) : 720€
Billets d’avion : 690€
Kit PADI (valisette, manuel, encyclopédie, eRDPML [table électronique],
classeur) : 250€
Formation divemaster PADI Wicked Diving (cours théoriques, séances en
piscine, 7 day-trips minimum, 3 liveaboards [croisières], hébergement,
frais de banque et de change, etc.) : 1880€
Formations et certifications SSI (Nitrox et 02 Provider) : 190€
Frais sur place (bouffe, boissons) : 530€ (soit ~12€/jour)
Certification PADI + cotisation première année : 100€
Total : 4360€
En réalité, j’avais déjà une bonne partie de mon matériel de plongée, ce
qui fait que le coût réel est plus proche de 4000€, mais bon, vous avez
compris l’idée. La formation divemaster en elle-même dispensée par
Wicked ne représente donc qu’un peu moins de la moitié du coût total.
Quelques chiffres
J’ai effectué 42 plongées, dont 27 en croisière à bord du Mariner, 8 sur
l’épave du Boon-Sung, 6 à Khao Nayak et 1 à Khao Lak. J’ai passé 1857 min
sous l’eau, soit 30,95 h ou 1,29 jour. La durée moyenne des plongées a été
de 44,2 min, la durée maxi d’une plongée de 59 min et la durée mini de
18 min. La profondeur moyenne des plongées a été de 18,5 m, la
profondeur maxi de 40 m et la profondeur mini de 4,4 m.
Tarifs Wicked
Croisière 3 jours : 585 US$
Croisière 6 jours : 995 US$
Day-trip : 2500-3000 THB (70-75€ au cours approximatif pendant mon
séjour)
Open Water Diver : 495 US$ (295 US$ pendant une croisière)
Advanced Open Water Diver : 465 US$ (195 US$ pendant une croisière)
Rescue Diver : 425 US$
Divemaster : 2150 US$
Manuel de survie en Thaïlande
(affiché dans les toilettes de Wicked)