Dossier - Associations
Les associations céréales / protéagineux sont très utilisées en agriculture biologique (15% de l’assolement national en céréales et oléo-protéagineux en 2012, d’après Agence Bio 2013) pour leurs intérêts agronomiques et leur potentiel de valorisation. La céréale et la légumineuse, récoltées en grains peuvent être vendues à des organismes collecteurs, à des éleveurs ou autoconsommées à la ferme… Or, la filière est rarement bien organisée pour répondre à cette pratique encore innovante des associations de cultures. Elle doit donc s’y adapter, comme le décrit le premier article issu des résultats du projet Perfcom.Faciles à produire et économiques, les associations céréales / protéagineux sont une ressource alimentaire privilégiée pour l’éleveur biologique (la majorité de l’assolement se situe dans les bassins de production des filières animales). Elles possèdent un bon potentiel nutritif pour les animaux comme le montrent les essais réalisés à la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou, où les valeurs nutritives de diverses associations ont été évaluées (article 2). Différentes combinaisons d’espèces peuvent être semées suivant les objectifs attendus de l’association et le contexte pédoclimatique local. En Normandie, les Chambres d’Agriculture étudient des alternatives au pois dans les mélanges récoltés en grain pour gagner en protéines : la féverole et la vesce (article 3). Enfin, les associations peuvent être récoltées immatures pour servir de fourrage (ensilage, enrubannage). L’ADaBio et l’Ardab étudient l’intérêt du maya, association composée de maïs et de soja pour ensilage. | dossier coordonné par Aude Coulombel et Antoine Roinsard (Itab)
Associations céréales/protéagineux Valorisation en alimentation animale
Dossier - Associations
A. C
OU
LOM
BE
L
Soufflerie (impuretés légères)
Grille 1
Réservoir secondaire(petites impuretés) Réservoir principal
(blé)
Réservoir secondaire(pois / féverole)
Arrivée du mélange
Grille 2 Grille 3
Une fois récoltés, la céréale et le protéagi-
neux peuvent avoir différentes finalités :
vente à des organismes collecteurs, vente
directe à des éleveurs, autoconsommation…
Après tri, le blé présente généralement un taux
d’impuretés encore trop élevé (15%) pour une
valorisation en alimentation humaine (ex brisure
de pois). Cependant, il est envisageable d’obtenir
une qualité suffisante en réduisant la casse des
grains à la récolte, en choisissant des variétés
ayant des graines de tailles et formes contrastées
ou en utilisant d’autres systèmes de tri.
Les cultures associées peuvent augmenter les
besoins de conseil et de pilotage des cultures,
et nécessiter chez les organismes coopératifs
une réorientation vers une activité de conseil
plus spécialisé. Enfin, l’adoption des cultures
associées peut aussi être l’occasion pour les
transformateurs de développer des produits à
Une adaptation nécessaire des filièresL’utilisation des cultures associées au niveau des exploitations agricoles peut entraîner des changements importants aux différents maillons de la filière de production, qui nécessiteront des adaptations génératrices à la fois de coûts et de bénéfices. L’organisation logistique des organismes stockeurs peut être remise en question et nécessiter de nouveaux moyens techniques et organisationnels, tout particulièrement pour le tri. | adaptation d’un extrait rédigé par Laurent Bedoussac, Pierre Triboulet et Marie Benoit Magriniet (Inra UMR Agir), issu de la plaquette réalisée dans le cadre du projet Perfcom1, coordonné par Philippe Hinsinger (Inra UMR Eco&Sols)
Source : Coline Josse (stagiaire Inra de l’Ensat)
PLUS DE PROTÉINES DANS LE BLÉ
Les associations céréales /légumineuses améliorent le taux protéique de la céréale dans des conditions d’espèces et d’équilibres adaptés aux potentialités locales (sol et climat). S’il s’agit de blé, sa valorisation en filière blé panifiable en sera facilitée mais seulement si le taux d’impuretés, supérieur à un blé pur, est maîtrisé.
A. C
OU
LOM
BE
L
| 7 |
| 8 | ALTERAGRI JUILLET-AOÛT 2013
Dossier - Associations
plus forte valeur environnementale, de commu-
niquer auprès du consommateur sur ces éco-
démarches, et de se différencier de la concur-
rence pour consolider ou gagner de nouvelles
parts de marché. Par conséquent, le point cru-
cial est qu’une coordination efficace s’établisse
le long des filières pour faciliter les processus
d’apprentissage liés à ces nouvelles façons de
produire, de collecter, de trier. Pour inciter les
acteurs à investir dans ces nouvelles pratiques
de production, il est nécessaire que le surplus de
valeur ajoutée associée à cette éco-démarche
soit partagé aux différents maillons de la filière.
Cette coordination aux différents maillons des
filières est fondamentale dans une perspective
de déverrouillage du système pour favoriser une
transition vers une agriculture plus durable.
EXPÉRIENCES EN HAUTE-NORMANDIEPropos recueillis par le GRAB HN
Claude Vassard, agriculteur dans l’Orne
« J’ai commencé mes premières associations il y a quinze ans. Cultiver des protéagineux en pur était toujours risqué à cause des maladies et du salissement des cultures. Les associations céréales / protéagineux m’ont permis de bien réussir mes légumineuses et en même temps d’améliorer la nutrition azotée de la céréale. Aujourd’hui j’ai des associations qui marchent très bien comme le pois protéagineux / orge d’hiver et le pois fourrager avec blé ou avec avoine, mais j’expérimente toujours. Le point délicat de cette pratique reste le réglage de la moissonneuse- batteuse à la récolte et le triage, mais avec l’expérience et un trieur rotatif équipés de grilles bien adaptées on peut avoir des excellents résultats ».
Pierre Decontes, agriculteur et directeur de la coopérative
céréalière Biocer
« J’associais du pois fourrager et du triticale il y a 35 ans. A cette époque le produit était invendable puisque les fabricants ne l’acceptaient pas. A Biocer, maintenant, on accepte les mélanges, mais il faut toujours que le coût du triage ne soit pas supérieur à l’intérêt de l’association. Les mélanges qui semblent le plus intéressant pour la récolte en grain sont triticale / pois fourrager et orge / pois protéagineux »
Jacques Follet, polyculteur éleveur en Seine-Maritime
« Il y a trois ans, j’ai introduit des associations dans mon assolement. J’ai suivi le conseil de collègues qui avaient expérimenté cette pratique avec succès et celui du conseiller technique du GRAB HN. J’ai essayé les mélanges blé / triticale / avoine / pois. Un grand avantage de cette pratique consiste à être très souple. Selon les conditions climatiques de l’année, je peux choisir de récolter en grain ou en ensilage. Le mélange en grain me donne un concentré de production tout prêt, à condition d’avoir un broyeur si la taille des différentes espèces ne permet pas d’utiliser un aplatisseur. Le produit que j’obtiens suite à l’ensilage est appétant et fibreux avec une valeur alimentaire équilibrée ».
FILIÈRE BLÉ DUR BIO : INCONVÉNIENTS DES ASSOCIATIONS POUR LES COLLECTEURS / PRESCRIPTEURS
Extrait rédigé par
Max Haefliger (Biocivam
de l’Aude), issu de la
plaquette Perfcom p. 24
Nécessité de posséder des trieurs performants, voire densimétriques.
Difficultés pour les techniciens à donner des conseils aux agriculteurs car ils manquent de connaissances sur les associations de cultures notamment dans le choix
des variétés, la date de semis, le désherbage mécanique et la récolte où le taux d’humidité des deux espèces doit être le même pour la conservation des grains.
Besoin de sécuriser la conservation des grains biologiques à la coop.
Difficultés d’acceptabilité du produit par les clients.
Importance de la qualité pour la filière pastière : pas d’impuretés, taux de protéines à peu près égal à 12%.
SEMENCES DE CEREALES ET PROTEAGINEUX
59310 AUCHY-LES-ORCHIES Tél. 03.20.61.81.30 - Fax 03.20.71.68.09
www.lemaire-deffontaines.com
Blés tendres d’hiver et de printemps : PIRENEO, MIDAS, OXEBO, EPOS, SPECIFIK
Epeautre : ALKORTriticales productifs : APRIM, BIENVENU, CONSTANT
Nous vous proposons une gamme de variétés adaptées à l’agriculture biologique
et produites en France par un réseau d’agriculteurs multiplicateurs biologiques.
Orges d’hiver : BASTILLE, SEDUCTION Orges de printemps : EXTASE, CALCULE
Avoines de printemps : DUFFY, TATRAN (nue)
Pois de printemps : NITOUCHE, VERTIGE
| 9 |
L es associations céréales / protéagineux
sont pertinentes en élevages de rumi-
nants bio. Alors que leur culture est simple
et peu coûteuse, récoltées en grains, elles offrent
un concentré plus riche en matières azotées que
les céréales pures. Elles sont également récol-
tables en ensilage immature, avant la sécheresse
estivale : un fourrage dont la valorisation zoo-
technique par des vaches allaitantes est apparue
très satisfaisante.
L’éleveur qui pratique ces associations cherche
à récolter un mélange productif, riche en légu-
mineuses, en évitant la verse, et avec une bonne
maîtrise des adventices.
Les principales associations étudiées ici sont tri-
ticale / pois fourrager (TPf), triticale / avoine / pois
fourrager (TaPf), et blé / pois protéagineux (BPp).
Nous avons également testé les associations
triticale précoce / pois protéagineux (TPp) et
orge / pois protéagineux (OPp), ainsi que l’intro-
duction de vesce commune dans le mélange triti-
cale / pois fourrager (TPfV). Ces essais permettent
de comparer les valeurs nutritives toutes choses
égales par ailleurs.
Valeur nutritive des associations céréales/protéagineux en ABDans les élevages de ruminants conduits en agriculture biologique, les associations céréales / protéagineux récoltées en grain constituent la principale source de complémentation énergétique des rations. Dans six essais en petites parcelles, la valeur nutritive des associations a été comparée à celle des céréales cultivées pures, avec analyse de chaque constituant des associations. Dans les pays de la Loire, c’est l’association triticale / pois fourrager qui apparaît la plus avantageuse pour une récolte en grains. | par J.-P. Coutard (Chambre d’Agriculture de Maine et Loire – Ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou) et Aude Coulombel (Itab)
Des essais en petites parcelles pendant 6 ans
De 2002 à 2008Sur la ferme expérimentale
de Thorigné d’Anjou (49), conduite en AB depuis 1998
Dispositif bloc à 4 répétitions avec des parcelles élémentaires de 3 m sur 10
Fertilisation azotée de la ferme :
fixation symbiotique par les légumineuses, apports de fumier et de compost, restitutions au pâturage par le troupeau allaitant, et rotations de longue durée (5 à 9 ans).
13 modalités comparées (tableau 1)
Analyse de 117 échantillons
A. C
OU
LOM
BE
L
A. C
OU
LOM
BE
L
| 10 | ALTERAGRI JUILLET-AOÛT 2013
Dossier - Associations
RENDEMENT base 100 triticale
PROTÉAGINEUX % dans la récolte
PDIN / kg MS
CULTURE Nb (a) moy. mini maxi moy. mini maxi moy. mini maxi
triticale culture pure 6 100 0 72 59 90
blé culture pure 5 93 81 104 0 70 60 91
orge culture pure 2 59 55 62 0 64 64 64
triticale - pois fourrager (15 g / m²) 3 85 71 95 14 12 19 98 92 104
triticale - avoine (60 g / m²) - pois fourrager (15g / m²) 3 90 82 99 10 8 13 88 75 102
triticale - pois fourrager (20 g / m²) 3 100 92 110 35 22 55 106 97 121
triticale - avoine (30 g / m²) - pois fourrager (20 g / m²) 3 100 90 111 32 23 48 103 95 115
triticale - pois fourrager (30 g / m²) 3 94 85 102 45 31 66 118 104 140
triticale - pois fourrager (20 g / m²) - vesce (20 g / m²) 3 86 76 95 46 29 78 133 110 173
blé 30 - pois protéagineux 70 (65 g / m²) 5 84 65 98 34 11 45 108 92 134
blé 50 - pois protéagineux 50 (45 g / m²) 3 92 86 105 17 4 25 95 81 118
triticale précoce 30 - pois protéagineux 70 (65 g / m²) 3 77 66 98 36 26 42 112 98 133
orge 30 - pois protéagineux 70 (65 g / m²) 2 55 52 59 34 26 42 101 98 104
Pallier la teneur faible des céréales pures en matières azotées
La teneur en matières azotées des céréales
cultivées pures en AB varie beaucoup (de 90 à
140 g / kg MS). En absence de fertilisation miné-
rale, la nutrition azotée de la céréale est sou-
vent limitante (environ 6 fois sur 10 sur la ferme
expérimentale). Dans ces conditions, la teneur
en MAT1 et la valeur PDIN2 sont très faibles (en
moyenne environ 65 PDIN / kg MS), la digesti-
bilité et la valeur énergétique de la céréale sont
légèrement plus faibles (-0,02 à –0,03 UFL / kg
MS). Cela justifie l’utilisation privilégiée des
cultures associées.
Viser 35% de pois dans la récolte
Le choix du protéagineux associé est lié à la
compatibilité des stades de récolte, et à la hau-
teur de végétation. Le pois fourrager nécessite
un tuteur ; il est adapté à des mélanges à base
de triticale, ou de triticale + avoine. Le pois pro-
téagineux est inadapté aux mélanges à base de
triticale (sauf avec des variétés de triticale très
précoces) ; son utilisation est à réserver à des
mélanges à base de blé et d’orge. Les associa-
tions comportant des pois protéagineux sont
composées en pourcentage des densités utili-
sées en culture pure ; sur blé nous avons étudié
les associations blé 30 – pois 70 (B30Pp70) et
blé 50 – pois 50 (B50Pp50). Comparativement
à un blé pur semé à 330 g / m² et un pois semé
à 90 g / m², une association blé 30 – pois 70 est
semée avec 110 g / m² de blé et 65 g / m² de pois.
La proportion de protéagineux récoltés varie
beaucoup (tableau 1) ; elle augmente avec la
densité semée mais avec une variabilité très
importante. Les proportions les plus faibles ont
été constatées en 2003 à la suite d’un gel par-
tiel des protéagineux. “ Avec les associations on
sait ce que l’on sème, et on constate ce que l’on
récolte ”. Les associations TPf et TaPf, avec le pois
fourrager semé à 20 g / m², et les associations
céréale 30 – pois protéagineux 70 produisent
en moyenne un concentré comportant environ
35% de pois.
La teneur en MAT de la céréale associée augmente avec la proportion de protéagineux récoltés
L’augmentation de la valeur azotée des associa-
tions est liée au cumul de deux facteurs : 1/ la
valeur azotée plus élevée des protéagineux,
2/ l’incidence de la présence de protéagineux sur
la valeur azotée de la céréale associée. L’aug-
mentation est constatée sur triticale, blé et orge.
Le rythme moyen d’augmentation est d’environ
6 g de MAT / kg de MS par tranche de 10% de
protéagineux. Pour l’association triticale / pois,
l’augmentation de la teneur en MAT de la cé-
réale (D MAT) en fonction du pourcentage de
protéagineux (%P) est de : D MAT = 0,59 x %P
(R² = 0,75). Lorsque la proportion de protéagi-
Tableau 1 Rendements, pourcentages de protéagineux, et valeurs PDIN des différentes modalités comparées
La productivité par ha des cultures associées est fréquemment inférieure à celle du triticale (exprimée en base 100 du triticale cultivé pur). La variabilité selon les années est importante. Deux associations testées trois ans ont en moyenne une production comparable à la culture pure : TPf et TaPf avec le pois fourrager semé à la densité de 20 g / m². L’augmentation de la densité de protéagineux semés se traduit en moyenne par une baisse des rendements.
(a) Nombre d’années d’essais.
Les données entre parenthèses
correspondent aux densités de
semis en grain au m2
1 Matières azotées totales
2 Protéines Digestibles dans l’Intestin permises par l’azote
| 11 |
neux est élevée, la teneur en MAT de la céréale
peut parfois atteindre 150 g / kg MS. La céréale
est plus compétitive pour l’azote minéral du sol
que le protéagineux en raison d’une croissance
racinaire plus rapide et de besoins supérieurs en
début de cycle. Cette forte compétitivité de la
céréale stimule la fixation symbiotique par le
protéagineux associé.
La vesce judicieuse pour une récolte en fourrage
Dans les essais réalisés, le pois fourrager a une
digestibilité de trois points inférieure à celle du
pois protéagineux et une valeur énergétique infé-
rieure de 0,05 UFL / kg MS (tableau 2). Les teneurs
en MAT et les valeurs PDI sont comparables.
Dans les trois essais comportant de la vesce com-
mune, la teneur en MAT de la vesce commune est
beaucoup plus élevée que celle du pois fourrager
(+ 98 g / kg MS) et la valeur PDIN est plus éle-
vée de 53 g / kg MS. La valeur énergétique des
deux protéagineux est comparable. La teneur en
phosphore de la vesce est nettement plus élevée.
Malgré l’intérêt zootechnique de la vesce, son
utilisation en récolte en grain est limitée par les
risques de verse et d’égrenage en fin de cycle. Elle
sera plutôt réservée à une récolte en fourrage.
La teneur en MAT des pois varie également
beaucoup selon les conditions climatiques des
essais (230 à 300 g MAT / kg MS). Elle varie dans
le même sens que la MAT de la céréale cultivée
pure. Lorsque les disponibilités en azote minéral
du sol sont plus importantes la teneur en MAT
des pois est élevée.
L’intégration d’avoine ne présente pas d’avantage pour la récolte en grains
Six essais ont permis de comparer les associa-
tions triticale / pois fourrager (TPf) et les asso-
ciations triticale / avoine / pois fourrager (TAPf).
Dans les trois premiers, le pois était semé à la
densité de 15 g / m² et l’avoine à la densité de 60
g / m² ; dans les trois suivants le pois fourrager
était semé à la densité de 20 g / m² et l’avoine
à la densité de 30 g / m². Dans les trois premiers
essais, la proportion de protéagineux récoltée est
faible. Cela s’explique pour partie par le gel par-
tiel de 2003 et par la densité de semis modeste
du pois fourrager. Dans l’association TAPf la forte
présence d’avoine s’est traduite par une baisse
sensible de la valeur énergétique du mélange
récolté (-0.07 UFL / kg MS) expliquée par une
valeur énergétique de l’avoine inférieure de 0,26
UFL / kg MS à celle du triticale.
Cela nous a conduit pour les 3 essais suivants à
baisser la densité d’avoine semée (30 g / m² au
lieu de 60) et à augmenter la densité de pro-
téagineux (20 g par m² au lieu de 15) ; dans ces
essais, la proportion de pois récoltée est plus
importante et le concentré produit équilibré
(en moyenne 93 g PDIN / UFL avec 35% de pois).
Globalement, la présence d’avoine ne présente
pas d’intérêt car :
1/ elle ne permet pas d’amélioration signifi-
cative du rendement,
2/ elle risque de faire chuter la valeur éner-
gétique du concentré récolté,
3/ elle tend à faire légèrement baisser la pro-
portion de protéagineux récoltés dans 5 essais
sur 6 (en moyenne de 4%).
Dans les associations à base de triticale, l’aug-
mentation de la densité de protéagineux semés,
au delà de 20 grains par m², s’accompagne en
moyenne :
ASSOCIATIONS CONSEILLÉES
Dans l’état actuel des connaissances, et pour le contexte Pays de la Loire, pour récolte en grains, c’est le mélange triticale / pois fourrager (à 20 grains / m2) qui est conseillé et triticale /pois fourrager / vesce pour l’ensilage. Attention à la verse sur pois et vesce : respecter les proportion !
B 30- Pp 70T PfT A PfT 30 Pp 70O 30 Pp 70T Pf V
Fig 1 Augmentation de la teneur en MAT de la céréale (g / kg MS)
60
50
40
30
20
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Pourcentage de protéagineux
| 12 | ALTERAGRI JUILLET-AOÛT 2013
Dossier - Associations
1/ d’une augmentation de la densité de protéa-
gineux récoltés et de la valeur azotée du mélange,
2/ d’une baisse des rendements,
3/ et d’un fort risque de verse, particulière-
ment avec l’utilisation de vesce.
Pour éviter la verse, la densité de pois fourrager
semés doit donc, dans les conditions de Thorigné
d’Anjou, être limitée à 20 grains par m².
Le triticale est la céréale la plus adaptée
Le triticale est la céréale par excellence de l’éle-
veur biologique. Elle est productive en grain et
en paille ; elle supporte des conditions de milieu
difficiles et est peu sensible aux maladies ; elle
constitue un bon tuteur pour les protéagineux,
et offre une couverture du sol favorable à la maî-
trise des adventices. Sur l’ensemble des essais va-
riétés réalisés sur la ferme expérimentale, l’écart
moyen de productivité en faveur du triticale par
rapport au blé est de 6 q / ha (+13%).
Le blé est plus exigeant que le triticale, plus sen-
sible, moins productif en conditions difficiles et
moins bon tuteur. L’orge, quant à elle, est sen-
sible aux maladies et à la verse. Son potentiel
de production est nettement inférieur à celui
du triticale.
Dans les 5 essais comparatifs blé vs triticale,
avec des variétés productives, la digestibilité et
la valeur énergétique du triticale sont inférieures
respectivement de 1 point de digestibilité et de
0,02 UFL / kg de MS ; mais ces écarts bien que
significatifs sont faibles. La teneur en MAT et les
valeurs PDI sont comparables. La teneur en P du
triticale est plus élevée de 0,5 g / kg MS.
D’après les résultats sur blé / pois protéagineux,
l’association B30Pp70 est moins productive que
le triticale (en moyenne de 16%) ; elle permet
en moyenne de produire un concentré équilibré
(92 g PDIN / UFL), avec une bonne valeur éner-
gétique (1,18 UFL / kg MS). Le blé associé obtient,
comparativement au blé pur, une teneur en MAT
et une valeur PDIN plus élevée (respectivement
+ 22 g de MAT et + 15 g de PDIN / kg de MS).
L’association B50Pp50 obtient logiquement une
plus faible proportion moyenne de protéagineux
(17 vs 34%) ; sa productivité et sa valeur nutri-
tive sont intermédiaires entre la culture pure et
l’association B30Pp70.
Les autres associations céréale 30 – pois pro-
téagineux (T30Pp70, O30Pp70) se sont avérées
décevantes au niveau de leur productivité par
hectare. La baisse de rendement consécutive à
la culture associée est beaucoup plus importante
avec le triticale précoce qu’avec le blé.
% POIS FOURRAGER % 0 10 20 30 40 50 60
MAT g / kg 86 103 120 135 149 163 175
ÉnergieUFL / kg 0,96 0,97 0,98 0,98 0,98 0,98 0,99
UFV / kg 0,96 0,96 0,97 0,97 0,98 0,98 0,98
Azote
PDIN g / kg 56 67 77 87 95 103 111
PDIE g / kg 80 81 82 82 83 83 83
PDIE c. g / kg 84 88 92 96 100 103
Équilibre PDIN / UFL 58 69 79 89 97 105 112
Minéraux absorbables
P abs g / kg 2,5 2,5 2,5 2,6 2,6 2,6 2,6
Ca abs g / kg 0,2 0,2 0,2 0,3 0,3 0,3 0,4
% POIS PROTÉAGINEUX % 0 10 20 30 40 50
MAT g / kg 83 101 118 133 148 161
ÉnergieUFL / kg 0,98 0,99 1,00 1,01 1,01 1,02
UFV / kg 0,98 0,99 1,00 1,01 1,02 1,02
Azote
PDIN g / kg 56 67 77 87 95 104
PDIE g / kg 83 84 84 85 85 86
PDIE c. g / kg 87 91 96 99 103
Équilibre PDIN / UFL 57 67 77 86 94 102
Minéraux absorbables
P abs g / kg 2,2 2,2 2,3 2,4 2,4 2,5
Ca abs g / kg 0,1 0,2 0,2 0,2 0,3 0,3
Tableau 2 Valeur nutritive de l’association triticale – pois fourrager (par kg brut à 86% MS)
Tableau 3 Valeur nutritive de l’association blé – pois protéagineux (par kg brut à 86% MS)
La valeur PDIE des pois, qui semblait sous-estimée,a été corrigée sur la base d’essais zootechniques sur jeunes bovins (publication 3R, voir Pour
en savoir plus)
LA PROPORTION
DE PROTÉAGINEUX
RÉCOLTÉS EST
TRÈS VARIABLE. ELLE
DOIT ÊTRE ÉVALUÉE
À LA RÉCOLTE POUR
PRÉDIRE LA VALEUR
NUTRITIVE (VOIR
LES DEUX ABAQUES
CI-CONTRE). AVEC
35% DE POIS RÉCOLTÉS
LE CONCENTRÉ EST
ÉQUILIBRÉ (90 - 95 G
DE PDIN / UFL).
| 13 |
Estimer la valeur nutritive de ses associations
Prélever des échantillons dans chaque remorque
et constituer après brassage un échantillon
moyen par parcelle et le trier pour déterminer
la proportion de protéagineux (les associations
binaires se trient facilement avec un tamis). Les
analyses de laboratoire posent en effet deux pro-
blèmes : 1/ la représentativité des échantillons,
2/ le choix des hypothèses pour le calcul des
valeurs UF et PDI par le laboratoire, lorsque la
proportion des composantes n’est pas connue.
Une valeur nutritive indicative est proposée dans
les abaques des tableaux 2 et 3 ; ces abaques sont
valables dans les conditions de nutrition azotée
limitante de la céréale cultivée pure. Les résultats
sont exprimés par kg brut standardisé à 86% de
matière sèche ; entre un triticale et une associa-
tion avec 60% de pois fourrager l’écart de valeur
PDIN est de 55 g par kg brut. L’écart maximum
entre la prévision et les résultats observés est de
0,02 UFL et de 5 g de PDIN par kg brut.
POUR EN SAVOIR PLUSFiche technique : Valeur nutritive des matières premières cultivées en AB et utilisées par les ruminants, J.P. Coutard, sur www.itab.asso.fr Publication 3R « Valeur nutritive des associations céréales – protéagineux cultivées en agriculture biologique et utilisées pour la complémentation des ruminants » sur www.journees3r.fr/spip.php?article3015
Le partenaire français de la coopérative agricole allemande
UNE RESSOURCE IMPORTANTE EN ÉLEVAGES MONOGASTRIQUES
Les mélanges céréales / protéagineux sont intéressants en élevage de porcs (en volailles taux plus limité d’incorporation de protéagineux) et souvent à la base des aliments fabriqués par les éleveurs qui fabriquent leur aliment à la ferme (Fafeurs).Ils peuvent être valorisés de deux manières :Intégrés en l’état dans les formules en estimant la proportion relative de céréales et légumineuses à la récolte.Triés à la récolte et incorporés sous forme de deux matières premières. Cette solution est à privilégier car elle permet une meilleure maîtrise de la formulation de l’aliment
complet. Elle nécessite l’achat d’un trieur (dont le prix reste modeste au regard du coût d’installation d’une FAF).Les associations à base de triticale sont à privilégier pour les porcs car cette céréale est plus riche que le blé en lysine, premier acide aminé limitant pour la croissance des animaux. L’association triticale / pois est la plus courante mais il est également possible d’associer du triticale et de la féverole.Les associations à base d’orge peuvent également être intéressantes car l’orge est une céréale riche en fibres qui convient bien dans les formules des truies et des porcelets.
A. R
OIN
SA
RD
| 14 | ALTERAGRI JUILLET-AOÛT 2013
Dossier - Associations
En Normandie, des alternatives à la présence du pois fourrager dans les mélanges récoltés en grain sont étudiées. Les rations de bovins en agriculture biologique sont régulièrement déficitaires en protéines. Produire son concentré avec des associations céréales et protéagineux comportant du pois conduisent à un concentré de type énergétique, autour de 12% de protéines. Le remplacement de pois par la féverole ou la vesce permet de viser 15 à 20% de protéines dans le mélange récolté.| Par Thierry Métivier (réseau AB des Chambres d’Agriculture de Normandie)
L e mélange le plus couramment cultivé en
Normandie dans les fermes d’élevages bio
repose sur une combinaison de triticale
et de pois fourrager. A la récolte, la proportion
de pois plafonne à 20% sous peine de verse de
la culture, et la teneur en matière azotée totale
(MAT) de la graine de pois fourrager se situe aux
alentours de 20% sur brut. Substituer le pois par
de la féverole présente un double avantage :
pas de risque de verse de la culture si on aug-
mente la proportion de féverole au semis et par
conséquent dans le mélange récolté. Ensuite,
la teneur en protéines de la graine de féverole
est en moyenne de 25% sur brut et peut mon-
ter jusqu’à 30%. Une autre piste est d’utiliser
la vesce. Sa graine a une teneur en protéines
supérieure au pois (mais légèrement inférieure à
la féverole), par contre, comme le pois fourrager,
elle peut engendrer facilement la verse.
Résultats irréguliers mais toujours satisfaisants
Le graphique se lit de la manière suivante : lors
de la récolte 2005, l’association triticale et féve-
role a été semée respectivement avec les varié-
tés Kortégo et Iréna, à des densités de 100 et 15
grains / m². Le rendement total de l’association est
de 59 q / ha, ce mélange dose 17,5% de protéines.
La couleur bleu foncé indique la contribution de
la céréale au rendement de l’association, et la
couleur bleu clair indique celle du protéagineux.
Les semis ont lieu à l’automne sauf en 2009.
Pendant ces 5 années, les rendements des
associations sont toujours satisfaisants, régu-
lièrement entre 40 et 50 q / ha. On retrouve le
bénéfice des compensations entre espèces, prin-
cipal intérêt des associations, surtout en année
climatique difficile, comme en 2011 : malgré la
Féverole ou vesce pour un mélange grains mieux doté en protéines
Le nom de ce programme est emprunté à l’épouse de Guillaume le Conquérant, personnage historique qui a marqué la Normandie et l’Angleterre. Les actions multipartenariales se déclinent en ferme vitrine avec une plate-forme régionale d’essais et de démonstration, lieu de nombreuses opérations de communication, en diagnostics de faisabilité de la conversion, en opérations tournées vers les vétérinaires ou les enseignants des établissements agricoles. Le programme opérationnel a démarré en 2011, et bénéficie du soutien du fonds
Ecosystème, en lien avec Danone, dont l’une de ses usines fabrique les produits bio « Les 2 vaches » dans le Calvados. La plate-forme d’essais végétaux est tournée vers plus d’autonomie en ferme d’élevage biologique : lupins et féveroles moissonnés, protéagineux ensilés, espèces de céréales pour les éleveurs, légumineuses fourragères avec luzernes, trèfles violets et trèfles blancs, chicorée, associations maïs et protéagineux à ensiler… Les associations céréales et protéagineux, emblématiques des cultures biologiques, y sont aussi testées.
« REINE MATHILDE », POUR DÉVELOPPER LA FILIÈRE LAIT BIO EN BASSE-NORMANDIE
T. M
ÉTI
VIE
R
| 15 |
disparition des protéagineux avec la sécheresse
printanière, les rendements sont maintenus à
plus de 50 q / ha.
De plus, le rendement du protéagineux dans
l’association équivaut souvent à celui obtenu en
culture pure, alors que les densités de semis sont
moindres. Ainsi, l’association céréale / protéagi-
neux peut-être clairement vue comme un moyen
de faciliter la production de protéagineux (donc de
protéines) en agriculture biologique, sans prendre
le risque d’une culture de protéagineux purs.
Le constat marquant : les proportions de protéa-
gineux sont imprévisibles et fluctuantes selon
les années, même si l’objectif à chaque fois était
pourtant de maximiser leur part ! Quand la féve-
role représente entre 30 et 50% du rendement de
l’association, la teneur en protéines dépasse les
17%, soit 5 points de mieux que la traditionnelle
association triticale / pois fourrager, qui a dosé
12,7% en 2009.
La vesce a permis de récolter une association
bien pourvue en protéines en 2005, mais l’un de
ses défauts majeurs s’exprimait : la culture était
versée. Depuis, la vesce réintroduite en 2011 et
2012 n’a jamais pu être bien présente à la récolte.
Elle disparaissait en cours de végétation. Un sé-
lectionneur atteste de l’apparition de maladies
qui affecte des variétés auparavant résistantes.
En 2013, une nouvelle vesce dans notre dispositif
semble très prometteuse.
TRITICALE ET POIS FOURRAGER
TRITICALE ET FÉVEROLE
TRITICALE ET VESCE
ESCOURGEON ET POIS PROTÉAGINEUX
Hauteurs compatibles Oui, 80 à 110cm Oui, 80 à 110 cm Oui, 80 à 110 cm Oui, 60 à 80 cm
Résistance à la verse Non quand le pois dépasse 25% de contribution au rendement
Oui Non quand la vesce dépasse 25% de contribution au rendement
Oui, le pois protéagineux reste dressé
Simultanéité de maturité Oui même si la floraison indéterminée du pois provoque sur la plante des écarts de maturité
Oui, le triticale doit attendre un peu la féverole.
Oui, même si la floraison indéterminée de la vesce provoque sur la plante des écarts de maturité
Oui (et plus précoce que les formules voisines)
Précaution au semis Aucune Enterrer la graine de féverole plus profondément pour la protéger du gel
Aucune Aucune sinon une protection contre gibier et pigeons très friands de ce pois
Précaution à la récolte Aucune Régler la moissonneuse batteuse pour ne pas perdre trop de céréale. Gérer des tailles de graines différentes pour la transformation.
Aucune, sinon de positionner ce mélange avant une prairie car les repousses dans la culture suivante peuvent être gênantes.
Aucune
Teneur en protéines du protéagineux
20% 30% 30% 20%
Teneur en protéines e l’association
10 à 12% selon proportion de protéagineux
15 à 20% selon proportion de protéagineux
15 à 20% selon proportion de protéagineux
10 à 15% selon proportion de protéagineux
Atouts et limites de ces associations
ES
CO
UR
GE
ON
PO
IS P
RO
T
EM
OTI
ON
EN
DU
RO
180
54
TRIT
ICA
LE V
ES
CE
TULU
S A
NE
TO 1
80 3
0
TRIT
ICA
LE F
ÉV
ER
OLE
TULU
S D
IVA
180
24
TRIT
ICA
LE P
OIS
FO
U.
KO
RTÉ
GO
AS
SA
S 1
50 2
0
TRIT
ICA
LE V
ES
CE
KO
RTÉ
GO
PÉ
PIT
E 1
50 4
0
TRIT
ICA
LE F
ÉV
ER
OLE
KO
RTÉ
GO
IRÉ
NA
90
28
TRIT
ICA
LE F
ÉV
ER
OLE
DU
BLE
T D
IVIN
E 1
50 2
0
TRIT
ICA
LE F
ÉV
ER
OLE
DU
BLE
T D
IVIN
E 9
0 28
TRIT
ICA
LE P
OIS
FO
U.
DU
BLE
T A
SS
AS
150
20
TRIT
ICA
LE F
ÉV
ER
OLE
KO
RTÉ
GO
IRÉ
NA
100
15
TRIT
ICA
LE V
ES
CE
KO
RTÉ
GO
PO
LCA
100
25
TRIT
ICA
LE V
ES
CE
KO
RTÉ
GO
PO
LCA
100
50
BLÉ
FÉ
VE
RO
LE
OR
ATO
RIO
KA
RL
90 1
7
BLÉ
VE
SC
E
OR
ATO
RIO
CO
RA
IL 1
50 7
5
2012 2011 sécheresse avril-mai
2009 semis printemps
2005 2004
Fig. 1 Rendement et pourcentage de protéines des associations
REMARQUE :Une association avec de la féverole intégrée à la rotation compromet la réalisation d’une féverole pure dans cette rotation.
Pou
rcen
tag
e d
e p
roté
ines
Ren
dem
ent g
rain
en
q / h
a 23
21
19
17
15
11
9
7
70
60
50
40
30
20
10
0
4646
11,8
16,5
11,6 10,8
14,2
17,716,1
12,7
17,515,2
21,8
17,9
14,7
58 55 50 5564
40
59
44 3952
35
Dossier - Associations
Orienter les proportions de céréale et de protéagineux grâce à la densité de semis
Les conclusions sont claires : pour (espérer) récol-
ter une proportion importante de protéagineux, il
faut qu’ils soient bien représentés lors du semis.
Dans le cas de l’association triticale avec féverole,
nous retenons à ce jour une densité de 60 60,
c’est-à-dire 60% de la densité de semis en culture
pure du triticale et 60% de celle de la féverole.
La dose totale dépasse les 100% pour couvrir les
risques de gel et de mauvaise levée. En Norman-
die, cela revient à semer 180 grains / m² de triticale
avec 25 grains de féverole, soit respectivement
selon le PMG des variétés 100 kg + 100 kg.
Pour une association triticale et vesce, nous re-
commandons de plafonner la quantité de vesce
à 20 grains / m² pour les variétés résistantes aux
maladies et à fort développement, afin de limiter
le risque de verse. Le triticale sera aussi semé
à 60% de sa densité en culture pure, soit 180
grains / m².
Notre plateforme d’essais 2013 a été semée avec
ces densités. La proportion de protéagineux à la
récolte s’annonce importante, grace au gel peu
important de l’hiver, ce qui a épargné les pro-
téagineux, et grace aux peuplements limités des
céréales, pénalisés par l’humidité excessive.
A la récolte, triticale et féverole présentent des graines de taille différente : un atout pour le tri, une éventuelle difficulté pour le réglage de la moissonneuse-batteuse ou pour l’aplatissage du mélange.
« Concilier productivité et services écologiques par des associations céréale-légumineuse multi services en agricultures biologique et conventionnelle », programme multipartenarial de 3 ans piloté par l’Esa Angers, auquel les Chambres de Normandie et l’Itab ont participé.Ces travaux montrent qu’en agriculture biologique, on confirme plusieurs atouts des associations1 : contribution à un meilleur contrôle des adventices par rapport aux protéagineux purs et amélioration de la teneur en protéines de la céréale. Des observations confirment également que les pois cultivés en association sont moins infestés par les pucerons. Les associations montrent une productivité supérieure de 20% aux cultures pures, c’est-à-dire que la surface nécessaire en cultures pures pour obtenir la même
production que l’association est plus conséquente.Les leviers d’action pour orienter les proportions de graines récoltées sont peu nombreux :
La densité de semis est le plus efficace.
La disponiblité en azote du milieu : plus l’azote est limitant et plus la légumineuse est favorisée.
Le blé a un avantage compétitif sur le protéagineux, pour lequel il est difficile d’atteindre une part importante.
Choix de l’espèce de protéagineux : l’association d’une céréale avec de la féverole permet d’obtenir une plus forte part de protéagineux dans le mélange par rapport à une association avec du pois. 1. Voir dossier Associations céréales-légumineuses : atouts agronomiques, Alter Agri 119
TRAVAUX CASDAR BOUCLÉS SUR LES ASSOCIATIONS CÉRÉALES ET LÉGUMINEUSES
T. M
ÉTI
VIE
R
L’expé en bref
3 ans de 2011 à 20133 sites expérimentaux
au sol à bon potentiel dans l’Ain, le Rhône et la Drôme, en conditions irriguées et non irriguées.
Association maïs-soja (maya) semée en mélange avec écartement inter-rang de 80cm pour permettre le binage de la culture.
Plusieurs modalités de densités testées :- témoin maïs seul, en moyenne à 90 000 gr / ha.- maïs variable (de 60 à 85 000 gr / ha) + soja fixe à 175 000 gr / ha.- maïs fixe à 70 000 gr / ha + soja variable (entre 175 et 275 000 gr / ha).
Itinéraire technique identique entre le maïs seul et le maya.
L a recherche d’une meilleure qualité et
d’une meilleure valorisation des fourrages
pour améliorer l’autonomie alimentaire
sur les fermes et réduire les coûts de produc-
tion est une priorité pour les éleveurs laitiers.
Cette problématique est d’autant plus marquée
en AB, que le prix des concentrés certifiés bio, et
notamment des correcteurs azotés, est très élevé.
Différents travaux menés anciennement sur
des associations maïs / légumineuses ont fait
ressortir que le soja est la légumineuse la mieux
adaptée pour limiter le déséquilibre énergie -
azote du maïs.
Dans la mesure où le soja est aujourd’hui une
culture relativement bien maîtrisée en AB dans
notre région, une étude est en cours afin de
déterminer dans quel contexte l’association
maïs / soja peut s’avérer intéressante et quelles
conditions culturales peuvent permettre de réus-
sir la conduite de ce mélange destiné à l’ensilage.
Cette expérimentation a principalement pour
but de :
Déterminer dans quelle mesure l’association
maïs-soja pour l’ensilage peut permettre d’amé-
liorer la teneur en protéines tout en garantissant
un niveau énergétique et un rendement proches
des valeurs de l’ensilage de maïs seul.
Mettre en avant les principaux critères culturaux
qui vont influer sur le rendement et la teneur en
protéines du mélange récolté.
Préciser les densités de soja et de maïs au
semis qui vont permettre d’obtenir le meilleur
compromis rendement / valeur énergétique / va-
leur protéique.
Des rendements aussi bons pour le maya que pour le maïs seul
Une diminution de 20 ou 30% de la densité de
maïs dans le mélange n’a pas entraîné de baisse
de rendement :
d’une part car à la récolte les plants de maïs
étaient plus vigoureux et plus lourds que dans
la modalité maïs seul.
d’autre part car la perte de rendement en
maïs a été suffisamment modérée (autour de 2
TMS / ha) pour être compensée par le rendement
obtenu en soja.
De même, les variations de densité de soja telles
que nous les avons définies dans nos modalités
(entre 175 et 275.000 gr / ha) n’ont pas eu d’inci-
dence sur le rendement obtenu au final.
A noter que les étés 2011 et 2012 ont été rela-
tivement arrosés, avec des conditions de pousse
globalement favorables. Nous n’avons pas (ou
peu) vécu de situation de concurrence hydrique
Le maya, culture associée maïs/soja pour l’ensilageL’ADaBio et l’Ardab mènent une étude sur l’association maïs / soja destinée à l’ensilage. Les deux premières années d’essais donnent des résultats favorables concernant les rendements, la qualité nutritionnelle et l’intérêt économique d’un tel mélange. | par David Stephany (ADaBio) et Sandrine Malzieu (Ardab)
| 17 |
AD
AB
IO
Fig 1 Comparaison des rendements (en T MS / ha)
Les maya ont obtenu des rendements équivalents au maïs seul, quelles que soient les densités au semis.
Maïs seul Maya moyenne
12,5
1,8
14,6
Dossier - Associations
estivale entre le maïs et le soja, y compris sur
les sites non irrigués. Ces résultats restent donc
à confirmer en année sèche.
Pas d’écart significatif sur les valeurs énergétiques
On pouvait craindre que le fait d’ajouter du soja
dans le maïs pénalise les valeurs UFL (Unité Four-
ragère Lait) du mélange récolté par rapport à un
maïs seul. Ce n’est pas le cas, le témoin et les dif-
férentes modalités de maya ressortant avec des
valeurs relativement homogènes : entre 0,86 et
0,88 UFL en 2011 et entre 0,83 et 0,86 UFL en 2012.
Hausse de la teneur en Calcium
Si la teneur en phosphore du maïs seul et du
Maya est pratiquement identique, la teneur en
calcium est en revanche nettement revalorisée
par le soja, et cela pour toutes les parcelles. Avec
3,3 g / kg MS pour le Maya contre 2,3 g / kg MS
pour le maïs seul, elle reste toutefois assez faible
(valeurs identiques en 2011 et en 2012).
Des teneurs en protéines améliorées mais hétérogènes
Le gain moyen toutes modalités confondues sur
les 2 années est d’un peu plus de 10 g de PDIN / kg1
de MS (40,5 g PDIN pour le maïs seul, 50,8 g de
PDIN pour le maya), soit une amélioration de 25%
de la teneur en PDIN. Sur ce paramètre, cette
moyenne masque toutefois des disparités relative-
ment importantes entre les échantillons analysés,
les écarts allant de + 4 à + 20 g PDIN / kg MS !
Le gain moyen en PDIE est quant à lui bien plus
faible : de l’ordre de 3 g / kg MS.
1 PDIN / PDIE : Protéines Digestibles dans l’Intestin permises par l’azote / Permise par l’énergie
Ets J. MERLE
Z.A. La Combe
43320 CHASPUZAC
Tél : 04 71 05 44 81
NUTRITION ANIMALEMinéraux toutes espècesCertifiés AB
CHERCHONS Distributeurs - Agents commerciauxe-mail : [email protected] - Site : www.eurodynam.com
Présent au SPACE et au SOMMET DE L’ELEVAGE
Fig 2 Comparaison des teneurs moyenne de PDIN et PDIE (en g / kg MS)
Des teneurs en protéines améliorées mais qui restent faibles.
AD
AB
IO
Maïs seulMaya
PDIN PDIE
50,8
40,5
68,2
71,5
| 19 |
Dans la lignée des résultats obtenus au niveau des
rendements, aucun lien entre la teneur en pro-
téines du mélange et la densité de semis n’a pu
être établi2 (contrairement à ce qui a été montré
dans une étude des Pays de la Loire, voir encart).
Ramené à l’hectare, le gain du Maya par rapport au
maïs seul s’établit dans la plupart des cas entre 120
et 150 kg de PDIN / ha, les écarts variant toutefois
de -10 à +170 kg / ha. Contrairement à ce que l’on
pourrait penser, aucun lien direct entre ces écarts et
les rendements du maïs n’a pu être mis en évidence.
Remarques et points de vigilance
Adapter la technique de semis
Le semis des graines de soja et de maïs en un seul
passage avec un semoir à maïs équipé de disques
à soja est probablement la technique présentant
le meilleur compromis temps de travail / effica-
cité et qualité de semis. Elle implique de pouvoir
se procurer des disques à soja et nécessite de
bien régler l’aspiration du semoir pour une bonne
descente des graines.
Il est également possible d’utiliser un semoir à
maïs avec compartiment fertiliseur en plaçant les
graines de soja dans ce dernier. Cette technique
présente néanmoins l’inconvénient de créer un
écart (allant parfois jusqu’à 10 cm) entre le maïs
et le soja, ce qui complique les opérations de
binage par la suite.
Le semis en 2 passages sur la même ligne (sur les
mêmes passages de roues) est quant à lui efficace
en termes de précision de densité de semis mais
il double la charge de travail. Le semis s’effectue
à profondeur classique (2-4 cm). Bien penser à
inoculer les semences de soja avec du rhizobium
pour que les plantes fixent l’azote atmosphérique !
Choisir les indices de précocité
Malgré la recherche d’indices concordants entre
le maïs et le soja, nous avons constaté que le
degré de maturité du soja à la récolte reste assez
aléatoire, celui-ci pouvant subir une accélération
du mûrissement en fin de cycle en cas de coup de
chaud ou de sec. Sur les différents sites expéri-
mentaux des sojas variant de 25 à 45% de MS à
la récolte ont été relevés pour la même variété,
pour des maïs se situant autour de 32% MS.
Globalement, en rhône-Alpes, on peut retenir
les associations suivantes (à adapter selon le
contexte pédo-climatique) :
- maïs indice 240-280 avec soja groupe 00
- maïs indice 280-320 avec soja groupe 0
- maïs indice 340-360 avec soja groupe I
Meilleure gestion des adventices
sur le rang
Effet secondaire de cette association semée sur le
même rang, le soja assure une meilleure couver-
ture du rang que le maïs seul et limite donc la pré-
sence d’adventices entre les pieds de maïs. Nous
n’avons par contre pas remarqué visuellement de
différence de salissement sur l’inter-rang.
Récolte basse à maturité du maïs
C’est la maturité du maïs qui doit déclencher la
récolte, le maïs représentant plus des ¾ de la MS
végétale récoltée.
Il faut chercher à récolter le plus bas possible
(25-30 cm si les terrains sont plats et non cail-
louteux) pour ne pas laisser trop de gousses de
soja sur place et éviter de pénaliser la valeur
protéique du mélange.
Des économies sur les protéines
Sur les années 2011 et 2012, avec un rendement
équivalent au maïs seul et des valeurs protéiques
améliorées, le maya présente d’autant plus d’in-
térêt que le coût de la protéine du commerce est
actuellement élevé en bio.
Si les gains moyens de 120 à 150 kg de PDIN à
l’hectare obtenus en 2011 et 2012 se confirment,
l’économie réalisée sur la protéine équivaudrait à
350-400 kg de tourteau de soja 443 par hectare
(soit environ 350–400 euros). Le tout pour sur
un surcoût au semis (semences + inoculum) de
l’ordre d’une centaine d’euros.
Un bilan chiffré plus précis des coûts supplémen-
taires et des économies réalisées sera présenté à
la fin des 3 années d’expérimentation.
Contact : david.stephany@a dabio.com,
Que dit l’étude sur la culture du Maya en Pays de la Loire (CRAPDL) de 2001–2003 ?
Des comparaisons maïs seul et maïs-soja ont été menées sur 23 parcelles agriculteurs en Pays de la Loire au cours des campagnes 2001, 2002 et 2003. L’association maya est apparue d’autant plus intéressante, techniquement et financièrement qu’elle est conduite sur des parcelles à potentiel modéré. Contrairement à l’étude ADaBio / ARDAB en cours, il avait été montré qu’au-delà de 14-15 t MS / ha, le maïs seul est plus intéressant. Pour des
rendements inférieurs à 15 t MS / ha, le maya permet d’augmenter la teneur en PDIN et la production de PDIN à l’hectare de plus de 30%.Cependant, ces valeurs restent encore faibles (46g PDIN par kg MS contre 37g PDIN par kg MS).Synthèse des essais disponible sur le site www.paysdelaloire.chambagri.fr, rubrique « Publications – Agriculture Biologique ».Contact : [email protected]
2 Explications possibles : densités testées proches ; et / ou en contexte d’azote limitant, une plus faible densité favorise la croissance de chaque pied, qui compenserait la moindre densité. 3 D’une teneur
en protéines brutes de 44%
AD
AB
IO