L’image de prosperité nationale du Mexique
à l’Exposition universelle de Paris 1900
École des hautes études en sciences sociales Centre Alexandre-Koyré
Mémoire de Master 2Mention Histoire des sciences
Dirigé par Christiane Demeulenaere-Douyère et par Liliane Hilaire-Perez
Esteban Sánchez Oeconomo
ÉcoledeshautesétudesensciencessocialesCentreAlexandre-Koyré
MémoiredeMaster2MentionHistoiredessciencesDirigéparChristianeDemeulenaere-DouyèreetparLilianeHilaire-Perez
EstebanSánchezOeconomo
Note:19/20
L’imagedeprospériténationaleduMexiqueàl’ExpositionuniverselledeParis1900
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àOscar
àHélène
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5
Introduction 7Histoiresfrançaisesetmexicaines 7Historiographie:lesexpositionsuniverselles 9Présentationdelarecherche 18Sources 20Méthodologie 22
LeMexiqueetlesexpositionsuniverselles 25Lapolitiqueextérieureduporfiriat(1876-1910) 25LeMexiqueauxexpositiosnuniverselles 30Libéralismeetpositivismemexicains 36
LepavillonnéogrecduMexique 45L’expositionuniverselledeParis1900 45Leprojetdelacomissionmexicaine 52Constructiondupavillon 60Organisation,choixetinstallationdescontributions 68Récompensesobtenues 80Publicationsfrançaisessurlepavillon 84
Unenationmoderne 93Labibliothèqueduministèredelapromotion 96Connaissanceduterritoire 107Administrationpublique 115Présencedespositivistesmexicains 129Histoire,artetnation 137L’expositionretrospective 141Lesalondesbeaux-arts 147Architecture 152
ConclusionUneimagedeprospériténationale 161Annexes 175
1.Tableau:expositeursmexicainsàl’expositionuniverselledeParis1900 1772.Tableau:Membresdelacommissionmexicaineetpersonnesconcernés 1793.Tableau:dépensespourlaparticipationmexicaineen1900 1834.LalittératurepromotionnelleporfirienneenFrance 1855.Photographies:LepavillonnéogrecmexicainàParis1900 1896.Iconographie:constructiondupavillonmexicainde1900 1997.LespavillonsofficielsduMexiqueauxexpositionsuniverselles 2058.Photographies:objetsmexicainsàParis1900 2099.Photographies:l’artmexicainàParis1889 215
Bibliographie 223Archives 223Sourcesimprimées 225Bibliographiegénérale 229
6
7
Introduction
Histoiresfrançaisesetmexicaines
Les expositions universelles, carrefours commerciaux, intellectuels et techniques
fédérant l’ensemble de l’activité humaine, furent des épisodes essentiels pour la
consolidation des principaux paradigmes culturels du XIXe siècle. De par leur
organisation encyclopédique des industries et du travail, elles constituaient des
espaces privilégiés pour formaliser et pour mettre en circulation des regards
compréhensifs sur le monde. Elles occupèrent une fonction essentielle dans la
diffusion des idéologies capitalistes européennes: leur mise en ordre du monde
hiérarchisait les civilisations selon des critères matériels, socio-culturels et
biologiques.Lesexpositionsvéhiculaientainsidesrécitsoùl’Occidentindustrielétait
lesommetdel’histoiredel’humanité,etsous-tendaientunegradationdespeupleset
deshommesselonlesignetéléologiqueduprogrès.
Leur volonté de cohérence générale était toutefois mise en suspension par la
multiplicitédesacteurs.Lesexpositeurscherchaientavanttoutàremplirlescritères
conventionnels pour être considérés comme modernes et subvenir ainsi à leurs
intérêtscommerciaux.Unevraieconcurrence,médiéepardiversesstratégiesdemise
enscène, incitait lespaysàconvoiterdespositionsconvenablesdans l’échellede la
modernité.
Des sciences vulgarisées aux images nationales présentées, les discours étaient
conditionnés par leurs fonctions multiples, entrelaçant des regards savants, des
objectifs publicitaires et les exigences de divertissement propre à ces évènements.
Plus est, le remaniement des critères par des acteurs subalternes du système
économique mondial impliquait des usages détournés d’instruments intellectuels
censésnaturaliserleurmarginalité.
8
La présente recherche aborde le cas particulier du pavillon mexicain présenté à
l’ExpositionuniverselledeParis1900.Celui-cis’insèredanslecadred’unepolitique
nationale d’attraction de capitaux étrangers et dans une tradition en matière
d’expositionscultivéesurprèsdevingt-cinqans.S’ilfutconvenablementadaptéaux
critères demodernité de l’exposition et de l’époque, sa signification découlait plus
particulièrement de versions locales de doctrines empruntées principalement à la
France:en1900,lesidéesetlesvaleursdulibéralismeetdupositivismecirculaient
profusémentparmilesmilieuxcultivésdupays.Àtraversdecesgrillesdelecture,le
pavillon portait un discours qui visait à présenter une nation riche en ressources
offrant aux investisseurs la sécurité financière d’une administration scientifique
efficace. Ainsi, leMexique exposait une image nationale sélectivemais ajustée à la
compréhensionquesesélitesavaientdecequedevaitêtreunÉtat-nationmoderne.
Ce travail, qui cherche à aborder un évènement culturellement productif pour le
Mexique et à dégager sa relation avec la France, se situe sur un terrain pluriel. En
conséquence,lecorpsbibliographiquerassembléproposed’établirundialogueentre
des historiographies étrangères. Pour le reste, cette étude se situe au carrefour de
l’histoiredesidées,del’histoireculturelleetdel’histoiredessciences.
D’unepart,lesthèmesquicorrespondentàl’historiographiefrançaiseportentsurla
consécration d’idéologies, de théories et d’idées découlant de la tradition du
positivismeausenslarge.C’estaussidesthèmescorrespondantàl’expériencedela
modernitédanssasensibilité françaisepostrévolutionnaire, libéraleetrépublicaine.
En somme, on s’intéresse à l’importance culturelle de la France, et plus
particulièrementdeParis,danslemondeduXIXesiècle.
D’autre part, on réunit une littérature qui traite de l’avènement d’une modernité
mexicaineàlafinduXIXesiècleetduprojetéconomique,politiqueetculturelquila
porta.Notrebibliographiesignale laconstructionet l’historicitéd’imagesnationales
présentéesàl’étrangerpourintégrerlepaysauxcircuitséconomiquesmondiaux.Elle
insèrecesépisodesàl’histoirepluslargedunationalismeetdulibéralismemexicains.
Nousavonségalementrassemblédestravauxquitraitentdel’influencedelaFrance
sur leMexique: les élites locales furent durablementmarquées par les critères de
9
l’arbitrecultureldelamodernité.Danscecadre,l’histoiredupositivismemexicainest
essentielle. Lecture originale et hétérodoxe d’idées provenant directement ou
indirectement de France, il devint un paradigme incontournable pour connaître,
penseretinventerlanationmexicaine.
Ces approches convergent dans le faisceau historiographique des expositions
universellesdeladeuxièmemoitiéduXIXesiècle1.Enfaisantunretoursurplusieurs
manières de les étudier, cette introduction cherchera à dégager des points de vue
théoriquesetthématiquesopératifspournotreétude.Nousprésenteronsparlasuite
lesproblématiquesetlesobjectifsfixésdanslecadredecetterecherche,lessources
etlesméthodesauxquelselleaurarecours,ainsiquesastructure.
Les expositions universelles fêtaient les dynamiques économiques, politiques et
culturellesdumondemoderne. Leur étudepermet ainsi de scruter ses idées et ses
valeurs:lascienceetl’industrie,leprogrèsetlaliberté(économiqueetpolitique),les
nationalismesetl’universalismeoccidental.Ellesserévèlentéloquentespoursaisirla
placequ’unpays comme leMexique,périphériquemais indépendant, trouvait et se
faisaitdansleshiérarchieséconomiquesetculturellesmondiales.
Historiographie:lesexpositionsuniverselles
En France, une reconduction de l’étude des expositions universelles a prit place
pendant les années 1980. Les débats suscités par l’avènement du centenaire de
l’exposition parisienne de 1889 ont stimulé un renouvellement des recherches
académiques sur le sujet, éveillant un intérêt pour des thématiques telles que les
enjeuxcommerciauxetpolitiquesdecesfêtes,leurl’impactsurlepaysageurbainde
lacapitale,ainsiquelepatrimoineartistiqueetarchitecturalquienarésulté.2
1Unebibliographiegénéraleetexhaustivesur lesexpositionsuniversellesaétéentrepriseaudébutdes années 2000 et rassemble plus de 1200 textes, dont 300 sur les exposition nationales,internationales et universelles françaises. Voir Jean COFFEY, Alexander GEPPERT et Tammy LAU,International Exhibitions, Expositions Universelles and World’s Fairs, 1851-2005: A Bibliography,Berlin/Fresno,FreieUniversität/CaliforniaStateUniversity,2000.2Pascal ORY, Les expositions universelles de Paris, Paris, Ramsay, 1982; Pascal ORY, Lamémoire dessiècles.L’Expouniverselle, Paris,Complexe,1989;MadeleineREBERIOUX, «Approchesde l’histoiredes
10
Parallèlement,danslesillagedeL’Orientalismed’EdwardSaïd3etdanslavoguedes
cultural studieset despostcolonial studies,est apparue en ces années une approche
formellement intéresséepar ladimension culturellede ces évènements. Le courant
futporténotammentparlestravauxdePaulGreenhalghetdeTimothyMitchelldans
le monde anglophone et ceux de Sylviane Leprun en France4. Leurs thèmes de
prédilectionsont laconstructiondeculturescoloniales, lamiseenscènederegards
artistiquesetscientifiquessurl’autreetlesexpériencessubalternesdelamodernité
liésàcesprocessus.5
Ce terrain, qui correspond à la mise en circulation de discours savants
idéologiquementefficaces,estintimementliéàl’histoiredesscienceshumaines,dont
les expositions universelles sont un pôle essentiel. Ce furent les lieux de leur
institutionnalisation, de leur affermissement épistémique et de leur
patrimonialisationmuséographique.L’anthropologie, l’ethnographie, l’archéologieet
la préhistoire furent consolidées dans unmême élan scientifique à travers de leur
muséification. Les collections ethnographiques importées en France grâce aux
missions scientifiques financées par le Ministère de l’instruction publique furent
rassemblées autour d’institutions comme le Muséum ethnographique desmissions
scientifiques, le Muséum d’histoire naturelle et le Musée d’ethnographie du
expositionsuniversellesàParisduSecondEmpireà1900»,BulletinduCentreD’HistoireÉconomiqueetSocialedelaRégionLyonnaise,1,1979,p.1‑20;MadeleineREBERIOUX,«Miseenscèneetvulgarisation :L’Exposition universelle de 1889», Le mouvement social, numéro spécial, 149, 1989, p.160; AnneRASSMUSSEN etBrigitte SCHROEDER-GUDEHUS,Les fastesduprogrès : leguidedesexpositionsuniverselles,1851-1992, Paris,Flammarion,1992;LindaAIMONEetCarloOLMO,Lesexpositionsuniverselles :1851-1900,Paris,Belin,1993.3EdwardSAID,L’Orientalisme,L’Orientcrééparl’Occident,Paris,Seuil,1980.4PaulGREENHALGH,EphemeralVistas :TheExpositionsUniverselles,GreatExhibitionsandWorld’sFairs,1851-1939, Manchester, Manchester University Press, 1988; Timothy MITCHELL, Colonizing Egypt,Cambridge, 1988; Sylviane LEPRUN, Le théâtre des colonies : scénographie, acteurs et discours del’imaginairedanslesexpositions,1855-1937,Paris,L’Harmattan,1986;SylvianeLEPRUN,«PaysagesdelaFranceextérieure:lamiseenscènedescoloniesàl’ExpositionUniversellede1889»,Lemouvementsocial, 149, numéro spécial,Mise en Scène et Vulgarisation: L'ExpositionUniverselle de 1889, 1989,p.99‑128.5 Édouard VASSEUR, «Autour de l’exotisme et de l’altérité dans les expositions universelles etinternationales : premier bilan d’un renouveau historiographique», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Les expositions universelles et les cultures extra-européennes,France,1855-1937,Paris,Archivesnationales/Somogy,2010,p.215.
11
Trocadéro.6
Lepointdejonctionentrel’histoiredesexpositions,l’histoiredesscienceshumaines
etcelledesculturescolonialesestplus largement laquestiondelaraceentantque
processusdeconstructionde ladifférence7.Lanotionde«race»construiteetmise
en circulation à cette époque découlait du remaniement d’idées esthétiques,
théologiquesouappartenantàdesrégimesdeconnaissanceendéclinversdescadres
depenséescientifiquequibénéficiaientàpartirdeladeuxièmemoitiéduXIXesiècle
d’uneautoritésavanteincontestée.
Ce racisme scientifique, terrain où faisaient concurrencedes théories protéiformes,
avaitpourfonctionessentielled’attester,demesureretdecataloguerdesdisparités
biologiques etmorales entredes groupeshumains. L’entreprise, cristalliséedans le
cadredisciplinairedel’anthropologie,fournissaitdesgrillesdelecturequisignalaient
l’humanitécommeétantconstituéedepeuplesinégaux.
La relation idéologique entre le regard savant et l’exotisme est centrale dans les
travaux de Nicolas Bancel, de Pascal Blanchard et de Sandrine Lemaire sur les
exhibitionshumainesduXIXeetduXXesiècles.Leursétudess’intéressentsurlaplace
de la mise en scène ethnographique dans la consolidation institutionnelle et6Armelle LEGOFF, «À l’origine dumusée du Trocadéro : lesmissions scientifiques duministère del’Instruction publique», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Lesexpositions universelles et les cultures extra-européennes, France, 1855-1937, Archivesnationales/Somogy, 2010, p. 216; Bastien NOËL, «Exposition universelle de 1878. L’archéologie auservice des contestations contemporaines»,Diacronie, 18, Le esposizioni: propaganda e costruzioneidentitaria, 2014, p.13; Marie-Sophie CORCY, «Exposer l’invention, des expositions universelles auConservatoire des arts etmétiers»,LaRevue.Muséedesartsetmétiers.Numérospécial, Innovations,collections, musées, 51‑52, 2010, p.78‑87; Marie-Sophie CORCY, «La muséification des galeries duconservatoire des arts et métiers : le cas de l’exposition rétrospective du travail et des sciencesanthropologiquesdel’expositionuniversellede1889»,inChristianeDEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ(éd.), Les expositions universelles. Les identités au défit de la modernité, PressesuniversitairesdeRennes,2014,p.234;NéliaDIAS,LeMuséed’ethnographieduTrocadéro(1878-1908).Anthropologie et muséologie en France, Paris, CNRS, 1991; Raymond CORBEY, «EthnographicShowcases,1870-1930»,CulturalAnthropology,2,1992,p.338‑369.7Juan Pedro Viqueira considère la «race» comme une catégorie problématique, puisqu’il la définitcommeétantcadréeparlestraditionsscientifiquesduXIXesiècleetnonopérationnellepourd’autressystèmesdepensée(commelasqualitésd’AncienRégime).OnpréfèrecependantsuivreJean-FrédéricSchaub, qui considère que la catégorie de «race» est historiographiquement souhaitable en luidonnantunedéfinitionlargeenglobanttoutprocessusdeconstructiondeladifférenceetpouvantêtredonc adéquate pour analyser des régimes de connaissance très divers. Voir Juan pedro VIQUEIRA,«Reflexionescontralanociónhistóricademestizaje»,Nexos,https://www.nexos.com.mx/?p=13750,p.;Jean-FrédéricSCHAUB,Pourunehistoirepolitiquedelarace,Paris,ÉditionsduSeuil,2015.
12
épistémologiquedel’anthropologiefrançaise8.Cependantdescritiquessuggèrentque
leurspositionshistoriographiquessonttournéesversuneappréciationmanichéenne
etsouventmisérabilisteàl’égarddelasituationintégraledesacteurssubalternes.9
Faceàceregardparfoisconsidéréstérile,ClaudeBlanckaertprojetteuneperspective
remarquablement nuancée, offrant une œuvre vaste sur l’histoire des sciences
humaines et sociales au XIXe siècle. Dans le cas de l’anthropologie française, il
proposeunehistoireinstitutionnellequiretracelacomplexitédesdébatsthéoriques
etdesrapportspolitiquesquiconstituaientleterreausurlequelellefutconstruite.10
Dansdestravauxrécents,poursuivantenlignedroitecetteperspective,AliceConklin
etnotammentCaroleReynaudPaligotseproposentdedépasser lamiseenrelation
conventionnelle du racisme scientifique avec le conservatisme réactionnaire pour
signaler l’alliance fécondeentre le républicanismeet l’anthropologie raciale11. Il est
eneffetindispensabledenoterl’affinitéidéologiqueentrelespolitiquescolonialesde
laIIIeRépublique,dontlesvaleursfurentmatérialiséesauseindesplusimportantes
expositions parisiennes, et les disciplines ethnographiques qui firent rentrer
l’humanité dans un régime de connaissance qui légitimait l’avènement des
dynamiquescoloniales.
Cependant, la prépondérance des imaginaires ethnologiques ne découlait pas d’un
circuitferméentrescienceetvulgarisationmuséale.Lesformesdedivertissementde
8NicolasBANCEL,PascalBLANCHARD,GillesBOETSCH,ÉricDEROOetSandrineLEMAIRE,Zooshumains,XIXeetXXesiècles:DelaVénushottentoteauxrealityshows,Paris,LaDécouverte,2002;NicolasBANCELetDavidTHOMAS(éd.),L’inventiondelarace :desreprésentationsscientifiquesauxexhibitionspopulaires,Paris,LaDécouverte,2014.9Claude BLANCKAERT, «Spectacles ethniques et culture de masse au temps des colonies», Revued’HistoiredesSciencesHumaines,7,2002,p.223‑232;ZahiaRAHMANI,MaureenMURPHY,ToddSHEPARD,Elvan ZABUNYAN et Rémi LABRUSSE, «Arts, violences, identités : l’apport des études postcoloniales»,Perspective.Actualitéenhistoiredel’art,1,30juin2012,p.56‑69.10Claude BLANCKAERT,De la race à l’évolution: Paul Broca et l’anthropologie française (1850 - 1900),Paris,Harmattan,2011;ClaudeBLANCKAERT,Lanaturedelasociété:organicismeetsciencessocialesauXIXe siècle, Paris, L’Harmattan, 2014; Claude BLANCKAERT, L’Histoire des sciences de l’Homme.Trajectoire,enjeuxetquestionsvives,Paris,L’Harmattan,1999.11 Alice CONKLIN, Exposer l’Humanité. Race, ethnologie et empire en France (1850-1950), Paris,PublicationsscientifiquesduMuséumnationald’Histoirenaturelle,2015;CaroleREYNAUDPALIGOT,Del’identiténationale. Science, race etpolitique enEuropeetauxÉtats-Unis. XIX-XX siècle, Paris, PressesUniversitaires de France, 2011; Carole REYNAUD PALIGOT, La République raciale (1860-1930), Paris,PressesUniversitairesdeFrance,2015.
13
masse inaugurées par les expositions universelles furent un facteur commercial
déterminantdanslaconstructiondesculturescoloniales.Danscecadre,lesdiscours
sur l’autre étaientalimentésparunexotismerentablequi renforçait leshiérarchies
culturelles en montrant des lieux oniriques et incompatibles avec la modernité
occidentale.Lesobjetsarchéologiquesetethnographiquesprésentés, inclusdansun
vaste corpus d’éléments culturels extra-européens, servaient pour satisfaire la
curiositéorientalistepropreàlaculturecolonialemétropolitaine.CatherineHoideir
montreque lesenjeuxcommerciaux, souventà labasede luttes institutionnelleset
politiques pour construire des images coloniales, étaient le principal facteur de
tensionentreattractionetexhibitionscientifiquelorsdesexpositionsuniverselles.12
Destravauxtrèsvariésrendentcomptedeceprocessusdeconstructiond’images.De
l’avènement de l’égyptomanie13à l’orientalisation de l’Andalousie14, en passant par
lesimplicationspolitiquesetdiplomatiquesdesreprésentationsdelaTunisie15oula
création d’architectures exportables aux colonies africaines16, une historiographie
abondante montre les débordements complexes entre exotisme rentable, diffusion
12CatherineHODEIR,«Lesexhibitionshumainesdanslesexpositionsuniverselles :entrecatégorisationscientifiqueetexotisme ?World’sColumbianExposition,Chicago,1893»,inNicolasBANCELetDavidTHOMAS(éd.),L’inventiondelarace :desreprésentationsscientifiquesauxexhibitionspopulaires,Paris,LaDécouverte,2014,p.247‑259.13MarieStéphanieDELAMAIRE,«L’Égypteàl’Expositionuniversellede1867 :unenations’affirme?»,inJeanMarcelHUMBERT(éd.),Bonaparteetl’Égypte.Feuetlumières,Paris,Hazan,2008,p.376‑380.14ManuelVIERADEMIGUEL,«Absolutisme, fanatismeetorientalisme : l’imageexotiquede l’Espagneàtravers le Kaléidoscope des expositions universelles du XIXe siècle», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ(éd.),Lesexpositionsuniverselles.Lesidentitésaudéfitdelamodernité,Rennes,PressesuniversitairesdeRennes,2014,p.234.15Isbelle WEILAND, «Entre Tunisie fantasmée et Tunisie réelle : la présence tunisienne dans lesexpositions universelles. Paris, 1855-1900», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiquesexpositions... Les expositions universelles et les cultures extra-européennes, France, 1855-1937, Paris,Archivesnationales/Somogy,2010,p.215;IsbelleWEILAND,«LaTunisieauxexpositionsuniversellesde1851à1900»,thèsededoctorat,Écoledeshautesétudesensciencessociales,Paris,2013;IsbelleWEILAND,«Lesexpositionsuniverselles,instrumentsdel’actiondiplomatique:lesinvitationsfaitesàlaTunisie de 1851 à 1900», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE et Liliane HILAIRE-PEREZ(éd.), Lesexpositionsuniverselles.Lesidentitésaudéfitdelamodernité,Rennes,PressesuniversitairesdeRennes,2014,p.234.16Hans-JürgenLÜSEBRINCK,«Imagesdel’AfriqueetmiseenscèneduCongoBelgedanslesexpositionscolonialesfrançaisesetbelges(1889-1937)»,inPierreHALENetJánosRIESZ(éd.),Imagesdel’Afriqueetdu Congo/Zaïre dans les lettres françaises de Belgique et alentour : actes du colloque international deLouvain-la-Neuve(4-6février1993),Bruxelles,Textyles/Kinshasa,1993,p.75‑88.
14
d’idéologies,discoursscientifiquesetcultureslocales.17
Lespayspériphériquesquiseprésentaientauxexpositionspouvaientsetrouverdans
des situations diverses: certains n’étaient pas rattachés à des modalités formelles
d’assujettissementcolonial.Finalement,ledegréd’indépendanceetd’implicationdes
acteursconcernésétaitunfacteurconséquentdansl’agencementd’imagesnationales.
Un pays comme le Mexique, qui était souvent un participant majeur lors les
expositions, avait le champ libre pour constituer ses pavillons et ses contributions
officielles.
En France, les études sur la présence de l’Amérique latine aux expositions
universelles restent rares. Néanmoins, un intérêt pour ce terrain a été cultivé
récemment18,notammentavecunesériedemonographiesproduitesparChristiane
Demeulenaere-Douyère sur les participations mexicaines dans les expositions
parisiennes19. Dans l’un des ouvrages qu’elle a récemment dirigé et dans d’autres
publications, des historiens se sont intéressés aussi aux cas du Brésil 20 et de
17BenedictBURTON,«InternationalExhibitionsandNational Identity»,AnthropologyToday, 6,1991,p.5‑9;ChristelleLOZERE,«Expositionsprovincialeset identitéscolonialesauXIXesiècle»,Diacronie,numéro spétial, Le esposizioni: propaganda e costruzione identitaria, 18, 2014, p.17; ChristianeDEMEULENAERE-DOUYERE, «Avant les expositions coloniales. Les colonies dans les expositionsindustriellesetuniversellesduXIXesiècle», inDésirsd’ailleurs.LesexpositionscolonialesdeMarseille1906 et 1922, Marseille, Alors Hors du Temps, 2006, p. 23‑31; Zeynep CELIK,Displaying theOrient:ArchitectureofIslamatNineteenth-centuryWorld’sFairs,Berkeley,UniversityofCaliforniaPress,1992.18 Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE, «Expositions internationales et image nationale : les paysd’Amérique latine entre pittoresque « indigène » et modernité proclamée», Diacronie, 18, « Leesposizioni: propaganda e costruzione identitaria », 2014, p.14; Pascal RIVIALE, «Entre exotisme etpragmatisme :l’AmériquelatinedanslespremièresexpositionsuniversellesenFrance(1855-1889)»,in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Les expositions universelles et lescultures extra-européennes, France, 1855-1937, Paris, Archives nationales/Somogy, 2010, p. 215;Florence PINOT DE VILLECHENON, «L’Amérique latine dans les expositions universelles», Revuehistorique,586,1993,p.511‑517.19Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE, «Le Mexique s’expose à Paris : Xochicalco, Léon Méhédin etl’exposition universelle de 1867», Histoire(s) de l’Amérique latine, 3, 2009, p.12; ChristianeDEMEULENAERE-DOUYERE,«1867:LosParisinosdescubrenelMéxicoantiguo»,Istor.RevistadeHistoriaInternacional, 50, 2012; Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE, «Entre archéologie savante, intentionpolitique et divertissement grand public : La Révélation du Mexique ancien dans les expositionsuniverselles (1867-1889)», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE et Liliane HILAIRE-PEREZ(éd.), Lesexpositionsuniverselles.Lesidentitésaudéfitdelamodernité,Rennes,PressesuniversitairesdeRennes,2014,p.234.20DavidCIZERON,ReprésentationsduBrésillorsdesexpositionsuniverselles,Paris,L’Harmattan,2009;PauloCOELHOMESQUITASANTOS,AdilsonRODRIGUEZDACOSTAetFlávioLAYSCASSINO,«L’Écoledesminesd’Ouro Preto (Brésil) et l’exposition universelle de 1889. Entre science et affaires», in Anne LaureCARRE, Marie-Sophie CORCY, Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE et Liliane HILAIRE-PEREZ(éd.), Les
15
l’Argentine 21 , pays pour lesquels les expositions ont constitué des enjeux
commerciaux majeurs. La recherche sur les participations latino-américaines, en
rapportant les expériences d’États qui appartenaient à «un autre Occident»22, est
susceptible d’offrir des contributions pertinentes pour la compréhension générale
desexpositionsuniverselles.
Il est essentiel de noter que les images nationales construites étaient en dernière
instance un aspect culturel collatéral aux échanges commerciaux et techniques des
expositions. Elles étaient liées en grande mesure aux significations culturelles
internes de ces évènements. L’histoire des techniques offre des perspectives
fondamentales pour saisir les projets intellectuels qui les animaient 23 . Elles
permettent une compréhension substantielle sur le sens des catégories et des
nomenclatures portées par les expositions sur l’ensemble du travail humain. Leurs
organisateurs ont toujours établi des critères stricts pour ordonner les objets
exposés;cesstructuresmanifestentlestatutéconomique,politique,socialetculturel
destechniques,dessciencesetdesformesdeproduction.
«Universelles» depuis 1855, les expositions comportaient la technique commeexpositionsuniversellesenFranceauXIXesiècle.Techniques.Publics.Patrimoines,Paris,CNRS,2012,p.482;MariaElizaLINHARESBORGES,«L’expositionuniversellede1867,àParis,etlemuséecommercialde Rio de Janeiro (Brésil)», in Anne Laure CARRE, Marie-Sophie CORCY, Christiane DEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ(éd.),LesexpositionsuniversellesenFranceauXIXesiècle.Techniques.Publics.Patrimoines,Paris,CNRS,2012,p.482.21MariaElizaLINHARESBORGESetPaulineRAQUILLET,«L’Argentineàl’Expositionuniversellede1889»,Équipe Histoire et Société de l’Amérique latine ALEPH, 1997; Barth VOLKER, «Nation et altérité :l’Argentine auxExpositions universelles de1867,1878 et 1889 àParis»,AmériqueLatineHistoireetMémoire.LesCahiersALHIM,15,2008.22 Marcello CARMAGNANI, El otro occidente: América Latina desde la invasión europea hasta laglobalización,Mexico,ElColegiodeMéxico/FondodeCulturaEconómica,2004;EdmundoO’GORMAN,La invención de América; el universalismo de la cultura de Occidente, Mexico, Fondo de CulturaEconómica,1958.23Ana CARDOSO DEMATOS, Irina GOUZEVITCH et Marta LOURENZO(éd.), Expositions universelles,muséestechniquesetsociétéindustrielle/WorldExhibitions,TechnicalMuseumsandIndustrialSociety,Lisbonne,Ediçoes Colibri/CIDEHUS-UE/CIUHCT, 2009; Ana CARDOSO DE MATOS, Christiane DEMEULENAERE-DOUYEREetMaríaHelenaSOUTO,«TheWorldExhibitionsand theDisplayofScience,TechnologyandCulture: Moving boundaries», Quaderns d’història de l’enginyeria, 13,http://upcommons.upc.edu/revistes/handle/2099/12864; Anne Laure CARRE, Marie-Sophie CORCY,ChristianeDEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ,LesexpositionsuniversellesenFranceauXIXsiècle,Techniques,publics,patrimoine,Paris,CNRS,2012.Pourunétatdeslieuxhistoriographiquesurlesexpositionsuniversellesàtraversl’histoiredestechniques,voirdanscetouvragel'introductiondeLiliane Hilaire-Perez, «Les expositions universelles en France au XIXe siècle. Lignes de tension etlignesd'horizondanslechamptechnologiqueàl'èredel'industrialisation»,p.13-34.
16
élément fédérant l’industrie et l’art – celle-ci retrouverait ainsi le principe
étymologique de la technè aristotélicienne. On a à faire à un «modèle d’exposition
spécifiquement français qui place les différentes formes de production –industrie,
artisanat,agricultureetarts–sur lemêmeniveauettentederéunir l’ensembledes
artefactsissusdutravaildel’homme».24
L’Étatfrançaisdéployaitàtraversdecesdispositifsunepolitiqueculturellequivisait
àinstaureruncultedelatechniquehéritierduprojetdelatechnologiegénérale,dela
sociologie leplaysienne, ainsi que des utopies saint-simoniennes et comtiennes. Les
publics français étaient éduqués pour la consécration d’une culture technique
susceptibledecontribueraudéveloppementindustrieldontlepaysavaitbesoinpour
concurrencer les autrespuissances européennes.Mais si ladimensionpédagogique
des expositionsétaitdans ce cadre indispensable etprédominante, leurspublics se
montrèrent souvent réticents à des idées qui franchissaient difficilement le seuil
d’uneutopied’élite.
D’autrepart,latechniqueetletravailfurentlesélémentsclédanslaconstructionde
discours établissant une continuité historique du devenir humain, imbriquant de
manière organique passé, présent et futur25. Pendant les expositions universelles,
peuplées d’exhibitions rétrospectives et prospectives sur toutes les activités
humaines, l’anthropologie et l’archéologie permettaient une compréhension de
l’hommebaséesurlecatalogagedesoutilsqu’ilinventedansletemps:
«La culture technique, rameau de la pensée de synthèse, portée par les capacités
analogiquesmenantduconcretàl’abstraction(aureboursdetoutescienceappliquée)
[…]courtdesenquêtesdeLePlay,«promoteurd’uneanthropologiecomparée»pour
décrire «les ressorts réels d’action», à l’archéologie préhistorique qui reçoit sa
24Jean-CharlesGESLOT,«L’Empireetlatechnique.Lediscoursscientifiqueetlaplacedesexpositionsuniversellesdansl’actionculturelleduSecondEmpire»,inAnneLaureCARRE,Marie-SophieCORCY,ChristianeDEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ(éd.),LesexpositionsuniversellesenFranceauXIXsiècle,Techniques,publics,patrimoine,Paris,CNRS,2012,p.347‑359.25Dominique PESTRE, Amir ALEXANDER, Luc BERLIVET, David AUBIN, Kapil RAJ et Heinz Otto SIBUM,Histoire des sciences et des savoirs. Tome 2 : Modernité et globalisation, Paris, Seuil, 2015. «Cetteexaltationéminemmentidéologiquedutravailàtraverslesâges,cettemiseenrelationdupasséetdufutur,estdoncunedestâchespremièresdel’archéologiepréhistoriquecommedisciplinescientifiqueenvoied’institutionnalisation».
17
première consécration publique à l’Exposition de 1867. Dans les expositions
universelles,où«lessociétéssontexpliquéesparl’archéologie»,lapenséetechnique,
objetetmoyendeconnaissance,occupeuneplacecentraledanslapercéedessciences
del’homme.Latechnologierévèlesonhumanisme.»26
Larichessedel’historiographiesurlesexpositionsuniversellessedoitaucroisement
de perspectives exploitant un terrain qui comprime et qui miroite l’extrême
complexitédumondeoccidentaleauXIXesiècle,sesaspirationsà l’universalismeet
lapuissanced’unemiseenordredumondequiambitionnaitunecohérenceintégrale.
La fécondité des dialogues historiographiques, les compatibilités thématiques et
théoriques, sont attestées par des ouvrages collectifs récents sous la direction de
ChristianeDemeulenaere-DouyèreetdeLilianeHilaire-Perez27.Ellesyrassemblentet
entrelacentdestravauxquimettentenévidencel’artificeidéologiqueetl’agencement
politique de cultures techniques, scientifiques, nationales et coloniales. Celles-ci
résultaient de stratégies scénographique où la spatialité muséographique et
architecturalecomposaitla«dimensionfondamentaledelaconstructionsymbolique
et esthétique des expositions», théâtres où l’on bricolait «des fictions naturalistes
auxviséesanthropologico-historiques».28
26LilianeHilaire-Perez, «Les expositionsuniverselles enFranceauXIXe siècle. Lignesde tensionetlignes d'horizon dans le champ technologique à l'ère de l'industrialisation», dans Anne Laure Carré,Christiane Demeulenaere-Douyère, Lilliane Hilaire-Perez, Marie-Sophie Corcy, Les expositionsuniversellesenFranceauXIXsiècle,Techniques,publics,patrimoine,op.cit.,p.23.27Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Les expositions universelles et lescultures extra-européennes,France,1855-1937, Paris, Archives nationales/Somogy, 2010; A.L. CARRE,M.-S.CORCY,C.DEMEULENAERE-DOUYEREetL.HILAIRE-PEREZ,LesexpositionsuniversellesenFranceauXIXsiècle,Techniques, publics, patrimoine..., op.cit.; Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE et Liliane HILAIRE-PEREZ,Lesexpositionsuniverselles.Lesidentitésaudéfitdelamodernité,Rennes,PressesuniversitairesdeRennes,2014.28SylvianeLEPRUN,«De l’amuletteaumonument.Lascénographiedans lesexpositions:unehistoirede proportions», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Les expositionsuniverselles et les cultures extra-européennes, France, 1855-1937, Paris, Archives nationales/Somogy,2010,p.215.
18
Présentationdelarecherche
Ce travail propose de reconstruire et d’expliquer le pavillon que le Mexique a
présentéà l’expositionuniverselledeParis1900. Ilretracesesoriginesetsitueson
contenudanslescontexteséconomiques,politiquesetculturelsquil’ontconditionné.
ÀcetteoccasionlegouvernementautoritairedePorfirioDíaz,connusouslenomde
porfiriat (1876-1911), entreprit de se présenter avec un de ses pavillons les plus
ambitieux.Événementcapitaldelapolitiqueéconomiqueextérieuredurégime,cette
entreprise impliqua un effort budgétairemajeur et constitue unmoment privilégié
pourconstaterl’étatdelacultureintellectuelleettechniquemexicaineàlafinduXIXe
siècle.
Lacaractéristiqueprincipaledupavillonfutlaprésentationd’uneimagenationalede
prospéritébaséesurl’ostentationd’uneadministrationpubliquescientifiqueetd’une
culture intellectuellemoderne.Lescontributionsscientifiquesdediverses instances
gouvernementales offusquèrent la recherche d’un particularisme national qui avait
étérecherchéàtraversdelapromotiondetendancesculturellesoriginales.Lestyle
néogrec supplanta l’exploration de courants artistiques proprement mexicains et
écartalesstratégiesexotisanteexploitéesdanslesoccasionsantérieures.
L’histoire du pavillon néogrec du Mexique reste à faire: il n’a été abordée que
rarement dans l’historiographie et toujours de manière accessoire29. Si d’autres
pavillons plus excentriques ont servi à enrichir l’historiographies sur l’art, le
nationalismeet les identitésmexicaines30,nousconsidéronsquederrièreunformat
laconique se trouve une participation qui cristallise des éléments pertinents pour
l’histoireintellectuelleetculturellemexicaine,ainsiquepourunecompréhensiondes
29MaríadeLourdesHERRERAFERIA,«PueblaenlasexposicionesuniversalesdelsigloXIX :lainsercióndeunaregiónenelcontextoglobal»,thèsededoctorat,BeneméritaUniversidadAutónomadePuebla,Puebla,2015;MauricioTENORIOTRILLO,Artilugiodelanaciónmoderna.Méxicoenlasexposicionesuniversales,1880-1930,Mexico,FondodeCulturaEconómica,1998.30ClementinaDÍAZYDEOVANDO,«MéxicoenlaExposiciónUniversalde1889»,AnalesdelInstitutodeInvestigacionesEstéticas,61,1990,p.109‑171;FaustoRAMÍREZ,«Dioses,héroesyreyesmexicanosenParís,1889», inColoquioInternacionaldeHistoriadelArteXI.Historia,leyendasymitosdeMéxico:suexpresiónenelarte,Mexico,InstitutodeInvestigacionesEstéticas,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1998,p.205.
19
critèresd’accèsàlamodernitédesexpositionsuniverselles.
Cetterechercheproposed’établircertainscontextesgénérauxetdefaireunrapport
exhaustif du contenu du pavillon néogrec afin de saisir sa signification culturelle.
Nouscherchonsàexplorerlestraductionsscientifiquesquedesidéesabstraites–la
nationetlamodernité–onttrouvédanscecadrescénographique.Nousanalyserons
l’imagenationaledeprospéritéde1900partirdesdeuxdimensionsprincipalesque
nous avons détectédans le pavillon : son objectif promotionnel et sont caractère
scientifique.
Nousvoudrionsinsistersurl’originalitédeslecturesqueleMexiquefaisaitd’idéeset
de doctrines provenant desmétropoles, c’est à dire sur sa puissance comme force
culturellement productive, et reprendre ainsi un axe fondamental des études
postcoloniales:«véhiculerdespointsdevuequirenversentleshabituelsparamètres
de centre et de périphérie–avec l’Occident au centre et le reste du monde
marginalisé».31
Nous chercherons à expliquer le sens de l’image présentée en 1900 et son degré
d’adéquationavec leprojetnational local.Nousporteronsun intérêtparticuliersur
l’analyse de l’équilibre établit entre sa dimension scientifique et ses contreparties
historiquesetartistiques.Nousexpliqueronsaussilamanièredontfurentmobilisées
lesdisciplinesscientifiquesconcernées,leshiérarchiesquifurentétabliesentreelles,
et la place de la production scientifique présentée dans la culture intellectuelle
porfirienne.Cetravail,quiportesuruneimagenationaleconstruiteprincipalementà
traversdelangagesscientifiques,sedonnecommeobjectifsprincipauxdevoirdans
quelle mesure celle-ci témoigne de l’état de la culture intellectuelle locale et des
relationsculturellesentretenuesaveclaFranceàlafinduXIXesiècle.
31Z.RAHMANI,M.MURPHY,T.SHEPARD,E.ZABUNYANetR.LABRUSSE,«Arts,violences,identités»...,op.cit.
20
Sources
Les pavillons nationaux du Mexique aux expositions universelles véhiculaient des
imagesextravagantessusceptiblesdecaptiverl’attentiondupublic.Lepalaisnéogrec
de1900portaitletonaustèredelascientificité,maisrépondaitaumêmeprogramme
commercialetfaisaituneapologievigoureusedel’État-nationporfirien.
Une partie conséquente des sources disponibles pour reconstruire ce pavillon
consiste en une production à destination de plusieurs publics avec des objectifs
publicitaires.Non seulement lesdiscourset les contributionsexposéesvéhiculaient
des informations biaisées par la volonté d’impacter et d’intéresser les visiteurs: la
production éditorialemexicaine, les publications françaises relatives à l’exposition,
ainsiquelapresseparisiennefurenthautementsurveillés.
Si une comparaison critique permet de dégager certains faits, ces sources sont
éloquentes surtout du fait qu’elles mettent en évidence l’idéal mexicain de ce que
devait être une nation moderne. Plus qu’aux réalités mexicaines, ces discours
correspondaientauxpromessesetauxaspirationsdurégime.
D’autresélémentsdonnentdesinformationsplusconcrètessurlepavillonetsurses
résultats. Des catalogues, des règlements, de listes de prix32, qui furent édités et
diffusésenFrancecommeauMexiquenouspermettentdeconnaître lecontenudes
contributionsetlaprovenanceinstitutionnelledesobjetsexposés.
Ilexisteunequantitéimportantededocumentstémoignantdelacréationdupavillon
et donnant des points de repère solides pour envisager le caractère artificiel de
l’image nationale présentée. Les actes d’organisation permettent de connaître le
processus interneduprojet. Elles offrentdes élémentspour savoir àquels intérêts
spécifiquesrépondaient les imageset les informationsaffichésaupublic.Entreeux,
les organisateurs reconnaissaient ouvertement les objectifs économiques qui32JulioALVARADO,Comisióngeográfico-exploradorade laRepúblicamexicana.Catálogodes losobjetosque componen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganizaciónytrabajos.,Mexico,OficinatipográficadelaSecretaríadeFomento,1900;SebastiánB.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ.Dumoulin,1901;Listade lasrecompensasobtenidasporexpositoresmexicanosen laexposiciónuniversaldeParis1900,México,OficinatipográficadelaSecretaríadeFomento,1901.
21
commanditaientleprojet.Pourtant,ilssefaisaientaussidesquestionnementssérieux
sursoncaractèrenationaletsur lesmanifestationsscientifiquesayant lieupendant
l’exposition. La diversité des sources, doublée d’une approche critique, permettent
d’évaluerlesensetlesnuancesdel’engagementintellectueldesresponsables.
L’Archive général de la nation (AGN) du Mexique possède un fond documentaire
complet pour reconstruire le pavillon. Les actes d’organisation, les publications
officielles (règlements traduits, listes des prix), les documents concernant la
construction du bâtiment, les rapports finaux des membres de la commission, les
correspondancesentre lesorganisateursetavec ladirection ;onpeut trouvercette
collection en son intégralité dans la section 165, «Exposiciones», du fond
«MinisteriodeFomento».
LaBibliothèquenationaleduMexiqueetlaBibliothèquedigitalehispanique(BHD)de
Madrid nous permettent d’accéder à des documents concernant les participations
mexicaines aux expositions universelles de Paris 1855, la Nouvelle Orléans 1884,
Chicago1893etParis1889.Pourleurpart,laBibliothèquenationaledeFrance(BnF)
etsabibliothèquenumérique(Gallica),lesbibliothèquesduQuaiBranlyetcelledela
Maison des sciences de l’homme, conservent une partie très importante des
nombreuses publications que le gouvernement diffusa à cette occasion. Elles
permettentaussid’accéderàtouteunesériedelivresdel’époquesurleMexiquequi
concernentdirectementouindirectementsaprésentationen1900.
Quant aux catalogues, rapports, revues et publications officielles l’exposition
universelle de Paris en 1900, ils peuvent être consultés en leur intégralité dans le
ConservatoirenumériquedesArtsetMétiers(CNUM)etdanslesarchivesduBureau
internationaldesexpositions(BIE)àParis.
LessourcesdisponiblesauMexiqueetenFrancesontdiverses.Ellesfurentcependant
produites ou encouragées, pour la plus grande partie, par les mêmes acteurs et
institutions. Elles offrent tout demême des informations qui peuvent êtremise en
contraste : les objets et publications constituant l’image nationalemexicaine et les
actes d’organisation témoignent des coulisses de la participation. Il est possible de
connaîtredemanièreprécisel’agencementdelaprésentationmaisaussideprendre
22
un recul critiquepour faireune évaluationde la signification culturelledupavillon
néogrecde1900.
Méthodologie
Les expositions universelles, événements majeurs dans le processus de
mondialisation des échanges commerciaux et techniques, sont des conjonctures
appropriées pour comprendre les aspirations économiques des États-nations
modernes. Ce sont aussi des moyens de communication massifs assurant une
circulation fluide d’idées et d’images. Elles constituent un terrain idéal pour faire
l’histoireculturelled’unpays33:lacréationd’imagesnationalesétaitpromueparles
organisateursetexécutéparlesexpositeurs.
Cette recherche propose d’analyser la place du pavillon néogrec dans le projet
nationalauquelilrépondaitetdanslacultureintellectuellemexicainedel’époque.Il
enestunreflet,maisaussiunmomentfécond.Onl’aborderaàpartirdelaprincipale
stratégie avec laquelle le gouvernement a montré le Mexique: la diffusion d’une
imagescientifiquedeprospériténationale.
Pourcomprendrelasignificationhistoriquedupavillon,évènementéphémère,ilest
donc nécessaire de le situer au croisement de plusieurs contextes : celui du projet
économique et culturel porfirien et celui de la circulationdes doctrines et cannons
culturelseuropéens.
Situer le Palais néogrec dans la tradition expositoire porfirienne revient à le
comprendreentantqu’élémentdelapolitiqueextérieurdugouvernement,etdoncà
le placer dans le projet économique du régime. Il faisait partie des mesures qui
visaient faire la promotion des ressources nationales pour développer le pays à
traversdel’attractiondecapitauxétrangers.34
33ElfieREMBOLD,«ExhibitionsandNationalIdentity»,NationalIdentities,1-3,1999,p.221‑225.34GeneYEAGER,«PorfirianCommercialPropaganda:MexicointheWorldIndustrialExpositions»,TheAmericas,34,1977,p.230‑243.
23
Le pavillon néogrec a aussi une signification qui correspond à son adéquation aux
paradigmes intellectuels et idéologiques mexicains de l’époque. La participation à
l’exposition de 1900 est survenue à un moment qui pour plusieurs auteurs
correspondàlaconsécrationd’uneculturepolitiqueetintellectuellepositivisteavec
des fonctions idéologiquesconcrètes35: ilsupplantaità la finduXIXesiècle laplace
occupéeparlerépublicanismelibéralcommefonddoctrinaldurégime36.HenriFavre
considère ainsi que «le libéralisme avec ses développements positivistes et ses
travestissements spencériensdomine l’horizon intellectuel du XIXe siècle
mexicain».37
Le projet de présenter le pays à l’exposition universelle de 1900 mobilisa une
quantité conséquente d’acteurs et d’institutions. Tracer le parcours intellectuel et
politique des organisateurs et de certains expositeurs est indispensable pour
reconnaître la spécificité de cet événement. Membres d’une oligarchie réduite,
puissante et relativement homogène, ils se situaient tout demême dans un champ
national de débats intellectuels et portaient des projets politiques et économiques
personnels. Le cadre institutionnel est également essentiel: l’importancematérielle
descontributions,leshiérarchiesscientifiquesettechniquesétabliesainsiquelesens
général du pavillon découlaient directement des marges d’action attribuées à une
série d’institutions étatiques, administratives, scientifiques, pédagogiques et
culturelles.
Nous expliquerons la participation du Mexique à l’Exposition universelle de Paris
1900dansceshorizonshistoriques,appuyésparunedémarchecomparative.Nousle
confronterons à des expériences expositoires mexicaines antérieures,
particulièrement à celle de 1889 à Paris, afin de souligner ses caractéristiques
distinctives. Ces pavillons présentaient en effet des configurations sensiblement35LauraAngélicaMOYALÓPEZ,«México.Suevoluciónsocial.Elcarácterylaidentidadnacionalesbajoelrealismopositivista»,thèsedemaîtrise,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,Mexico,1999;Charles HALE, The transformation of liberalism in late nineteenth-century Mexico, Princeton, N.J,PrincetonUniversityPress,1989.36LeopoldoZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia,Mexico,FondodeCulturaEconómica,2014.37HenriFAVRE,«RaceetnationauMexique.Del’indépendanceàlarévolution»,Annales.Histoire,SciencesSociales,4,1994,p.951‑976.
24
différentes entre science, histoire et art, matières primes constituant les images
nationalesduMexique38.Ilscorrespondaienttousàleurscontingenceshistoriques:le
palais néogrec, moins extravagant que ses sœurs, se révèle néanmoins comme un
marqueur éloquent pour saisir les directions économiques, intellectuelles,
idéologiquesetculturellesprisesparlesélitesporfiriennesautournantdusiècle.
L’imagenationaleprésentéedanslepavillonnedépendaitpasexclusivementdeses
organisateurs : c’est dans un cadre règlementaire avec des formalités et des
conditions précises qu’elle prit forme. Les idées que les présentations mexicaines
véhiculaientàproposdelanationetdelamodernitéétaientcontinuellementsujettes
à des reconfigurations qui résultaient de négociations scientifiques, politiques,
économiques et culturelles39. Nous verrons qu’en 1900, l’image duMexique fut en
grandemesuredéterminéeparlesdispositionsculturellesdel’expositionuniverselle.
Cependant,mêmeen ladérivantdeprocessus larges, lesorganisateursarrivèrentà
produireuneimagenationalesynthétiqueetconvenable.Lagrilledelectureofferte
par les langages scientifiques et statistiques permettait d’inventer une nation qui
tenaitdansl’espaced’unpavillon.Finalement,l’imageduMexiquesefaisaituneplace
dans un microcosme qui, tout en affirmant représenter la réalité du monde,
l’idéalisait et produisait des simulations chimériques. En 1900, l’État porfirien
prétendait s’ajusterplusque jamais aux canons culturels et intellectuels européens
pourproclamerl’avènementd’unemodernitémexicaineglorieuse.
38M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.39JeannenePRZYBLYSKI,«VisionsofRaceandNationat theParisExposition,1900:AFrenchContextfor the American Negro Exhibit», in National Stereotypes in Perspective: Americans in France,FrenchmeninAmerica,Amsterdam,Rodopi,2001,p.209‑244;MichaelWILSON,«ConsumingHistory:The Nation, the Past, and the Commodity at l’Exposition Universelle of 1900»,American Journal ofSemiotics,8,1991,p.131‑153;WilliamSCHNEIDER,«Coloniesatthe1900WorldFair»,HistoryToday,31,1981,p.31‑36.
25
LeMexiqueetlesexpositions
universelles
LaparticipationduMexiqueàl’ExpositionuniverselledeParis1900s’insèredansle
cadre d’une politique extérieure qui privilégiait la promotion internationale des
ressourcesdupayspourattirer les investissementsextérieurs.Ceprojet impliquait
deréhabiliterl’imagenationalefaceauxpuissancesmondiales,etcecifutassurépar
la diffusion d’une image de prospérité politique et économique qui soulignait la
consolidation d’une culture administrative et intellectuelle moderne. Les pavillons
mexicains valorisaient d’un coté les ressources naturelles et le développement
industriel du pays, de l’autre les institutions et les réalisations témoignant de
l’administrationscientifiquedespopulationsetduterritoire.
Les tendances idéologiques du régime influencèrent en grande mesure les images
nationales produites pour les expositions universelles. Elles correspondaient
notamment à l’affermissement d’un culte républicain nationaliste qui fut
progressivementécartéparlaconsécrationidéologiquedupositivismecomtienpuis
spencérien.
Lapolitiqueextérieureduporfiriat(1876-1910)
LerégimeautoritairedePorfirioDiaz,connucommePorfiriat (1876-1910),estune
période de l’histoire mexicaine caractérisée comme une étape de consolidation de
l’État-nation libéral, de modernisation des villes et des infrastructures de
communication et de stabilisation politique et économique, grâce à l’ouverture du
pays aux capitaux étrangers après un demi-siècle de guerres internes et
d’interventionsmilitairesexternes40.Richeentravauxsur l’intégrationéconomique,
40Certaines références classiques pour l’histoire du Porfiriat ont été éditées par El Colegio deMéxico.VoirAndrésLIRAetAnneSTAPLES,«ElPorfiriato»,inNuevaHistoriaGeneraldeMéxico,Mexico,ElColegiodeMéxico, 2010,p.; Elisa SPECKMAN, «ElPorfiriato», inNuevaHistoriaMínimadeMéxico,
26
politiqueetculturelledupaysausystèmeinternational,l’étudeduMexiquependant
ce dernier tiers du XIXe siècle est un des terrains les plus prolifiques de
l’historiographienationale.41
LePorfiriat futunepériodedepaix sociale etpolitiquepermettant la revitalisation
des processus économiques et culturels nationaux. Ce fut aussi le moment de
formationd’uneéliteoligarchiqueetd’uneclassemoyenneurbainetirantprofitdela
modernisationdupaysaudétrimentd’unepopulationmajoritairementruralevivant
dansdesévèresconditionsdepauvreté.SouslaPaxporfiriana, legouvernementmit
enmarchedesprojetsdemodernisationdegrandeenvergurequiexcluaientdelarges
secteurs de la population et passa sous silence l’approfondissement des inégalités
sociales.42
Encanalisantdesintérêtsprivéslocauxetétrangers,l’Étatfutl’agentfondamentaldu
développementdupaysgrâceàlaconsolidationdemarchésrégionauxetd’industries
de matières premières, textiles et agricoles43. Dès son arrivée au pouvoir, Porfirio
Díazadoptaunepolitiquepermissivefaceauxcapitauxétrangers,particulièrementà
ceux provenant des États-Unis, de l’Angleterre, de la France et de l’Allemagne. Le
résultat immédiat fut l’affermissement d’une économie fortement dépendante des
intérêtsextérieursetbaséesurdesindustriesd’exportation.44
La théorie économique développée à cette époque au Mexique postulait que le
progrès matériel du pays dépendait de l’introduction de moyens d’exploitation
Mexico, El Colegio deMéxico, 2004, p.; «El Porfiriato», inHistoriaGeneraldeMéxicoVersión2000,Mexico,ElColegiodeMéxico.41Desétudesclassiquesanalysent l’historiographiequiaétéproduitesurcettepériode toutau longdescentdernièresannées.VoirDanielCOSÍOVILLEGAS,«Elporfiriato:suhistoriografía»,inExtremosdeAmérica, Mexico, 1949, p. 331; Benjamin THOMAS et Marcial OCASIO-MELÉNDEZ, «Organizing theMemory of Modern Mexico: Porfirian Historiography in Perspective, 1880s-1980s», The HispanicAmericanHistoricalReview,64-2,1984,p.323‑364.42DanielCOSÍOVILLEGAS,HistoriamodernadeMéxico,Mexico,Hermes,vol.8/.43 Sandra KUNTZ FICKER, Estudios sobre la historia económica de México : desde la época de laindependenciahastalaprimeraglobalización,Madrid,Iberoaméricana,2013.44PaoloRIGUZZI,Reciprocidadimposible? :lapolíticadelcomercioentreMéxicoyEstadosUnidos,1857-1938, Mexico/Toluca, El Colegio Mexiquense/Insituto Mora, 2003; Sandra KUNTZ FICKER, Historiamínimadelaeconomíamexicana,Mexico,ElColegiodeMéxico,2012.
27
étrangersetde lacréationd’unmarché internationalpour lesproduitsmexicains45.
Pouryparvenir,legouvernementauraitàrectifierl’imageprofondémentnégativedu
pays circulant dans les cercles financiers et commerciaux internationaux depuis
l’échec de l’aventure impériale française (1862-1867): suite à l’arrêt du
remboursement de la dette extérieure à la France, à l’Angleterre et à l’Espagne
ordonné par le président Benito Juárez, Napoléon III envahit le pays et installa un
empireéphémère; leprixde la restaurationrépublicaine fut la reprisedes rupture
avec lespuissances européennes. LeMexique, perçu commeunpayspolitiquement
instable et socialement violent, était considéré comme un territoire risqué pour y
établirdesrelationscommerciales.
Pendant les premières années de la décennie de 1880, les élites porfiriennes
formulèrentunepolitiqueextérieurequidemeurasanschangementsmajeursjusqu’à
la fin du régime46 .L’initiative avait pour but d’encourager les investissements
étrangers et les exportations pour allier économiquement le pays avec les grandes
puissances,ceciafindepermettresondéveloppementmatérieletinfrastructurel.47
Dès1877,PorfirioDíazseconsacraavecsesministresàl’améliorationdesrelations
diplomatiques avec les États-Unis. Face au danger interventionniste (le pays avait
perduplusdelamoitiédesonterritoireauprofitdesonvoisintoutaulongduXIXe
siècle), la stratégie adoptée fut de créer l’image d’un territoire idéal pour
l’investissement de capitaux: le Mexique ouvrait ses portes aux industriels, leur
garantissait desprivilèges juridiques etpromettait des exportations. LesÉtats-Unis
furentlepremierdestinataired’unevastelittératuredepublicationsscientifiqueset
publicitaires48qui exploitait l’image romantique duMexique comme terre riche en
45MarcelloCARMAGNANI,Estadoymercado.Laeconomíapúblicadelliberalismomexicano,(1850-1911),Mexico,ElColegiodeMéxico/FondodeCulturaEconómica,1994.46S.KUNTZFICKER,Historiamínimadelaeconomíamexicana...,op.cit.47Luis Nicolau D’OLWER, «Las inversiones extranjeras», in Historia Moderna de México, Mexico,Hermes,1958,vol.7,p.1157;MoisesGONZÁLEZNAVARRO,«Lapolíticacolonizadoradelporfiriato »»,inHomenajeaSilvioZavala,EstudiosHistóricosLatinoamericanos,Mexico,ElColegiodeMéxico,1952,p.786; Sandra KUNTZFICKER, Las exportacionesmexicanas durante la primera globalización, Mexico, ElColegiodeMéxico,2010.48La littérature de promotion porfirienne, qui oscille entre études scientifiques et des récitsromantiques, a été située dans une tradition plus large qui commence avec l’œuvre de Humboldt(EssaipolitiquesurleroyaumedelaNouvelleEspagne,1811)et les récitsdevoyagescommeceluide
28
ressourcesnaturelles.
L’Étatréussitàse fairereconnaîtresur lascèneinternationalepar lesÉtats-Unisen
187849. La reprise du remboursement de la dette extérieure permit ensuite la
réhabilitationdiplomatiquedupaysavec lespuissanceseuropéennes. Il futreconnu
parlaFranceen1880etparl’Angleterreen188550.Lanouvelleimagedeprospérité
nationalefutdiffuséeàgrandeéchelleaumoyendepublicationssubventionnéespar
l’État etmisesen circulationenEurope.À cette entreprise s’ajouta laparticipation,
soutenuepardesinvestissementsmassifs,auxexpositionsuniverselles.
L’institution responsable de renouveler l’image du Mexique fut le Ministère de la
promotion,delacolonisationetdel’industrie(«SecretaríadeFomento,Colonización
eIndustria»).Crééen1853,sonobjectifétaitdeconsoliderl’espaceéconomiquedu
pays à partir de l’association de l’industrie et de l’agriculture nationales avec des
capitaux étrangers51. Il s’occupait aussi de questions économiques non fiscales:
l’industrie, l’exploitationminièreet lesressourcesnaturelles, lescommunicationset
lestransports,etl’explorationduterritoirepardesexpéditionsscientifiques52.Parmi
lesattributionsduministère,figuraientlesoutienàl’expansiondescheminsdeferet
deslignestélégraphiques,ainsiquedesprogrammesd’encouragementàl’exportation
William Bullock (SixMonthsResidenceandTravels inMexico, 1824), industriel et naturaliste qui futaussi un précurseur de la «tradition expositoire mexicaine» avec son exhibition de 1824 dansl’Egyptian Hall de Londres. Voir Paolo RIGUZZI, «México próspero. Las dimensiones de la imagennacionalenelporfiriato»,Historias,20,1988,p.137‑160;BenjaminKEEN,TheAztecImageinWesternThought, New Brunswick, Rutgers University Press, 1971; Harvey GARDINER, «Foreign Traveler’sAccountsofMexico,1810.1910»,TheAmericas,8-3,p.321‑351.49Paolo RIGUZZI, El surgimiento de la integración económica entre México-Estados Unidos : los añoscruciales,1878-1887,Mexico,ElColegioMexiquense,2000.50CosíoVillegasadédiédeuxvolumesdesonHistoriamodernadeMéxicoauxrelationsdiplomatiquesaveclesgrandespuissances.VoirD.COSÍOVILLEGAS,HistoriamodernadeMéxico...,op.cit.,vol.7et8.51MaríaCeciliaZULETA,«LaSecretaríadeFomentoyel fomentoagrícolaenMéxico(1876-1910).Lainvencióndeunaagriculturaprósperaquenofue»,Mundoagrario,1-1,2000,p.37.52Mireya BLANCOMARTÍNEZ, Moncada MAYA et José OMAR, «El Ministerio de Fomento, impulsor delestudio y el reconocimiento del territorio mexicano (1877-1898)», Investigaciones geográficas, 74,avril2011,p.74‑91.«Cabeseñalarqueapartirde1877,cuandoPorfirioDíazesdeclaradopresidenteconstitucional, se inicióunprocesodecentralizacióndelpodery las institucionesseconvirtieronenunadecididaherramientaparaello.Esteprocesoreconocíalaprioridaddecontrolaryadministrarelterritorio;conocersusrecursosparaunaóptimaexplotaciónyterminarconlosconflictosregionalesyfronterizos.Además, la relativaestabilidadpolíticaquesealcanzó,permitióqueelgobiernopudieraimpulsarlosproyectosemprendidosporFomento;enestecaso,lasexpedicionescientíficastambiénsefavorecieron».
29
deproduitsmexicainsetàlacolonisationduterritoirepardesmigrantseuropéens53.
María Cecilia Zuleta établit schématiquement deux périodes dans les politiques du
ministère: «de 1877 à 1886, orientées à la consécution d’un réseau de
communicationsferroviairesetde1886à1900l’expansionducommerceextérieur
etlavariationdesculturesagricolesetdesindustries».54
Leministèredisposaitde l’imprimerie typographique laplus importantedupayset
publiaunetrèsgrandepartiedelalittératurepromotionnellemexicainedelafindu
XIXesiècle.Cespublicationsconstituaientdefaitlestravauxscientifiques,statistiques
et économiques les plus importants de l’époque. Outre la faculté de gérer les
ressources matérielles pour la modernisation, ce ministère supervisait en grande
partie la circulation des connaissances scientifiques sur le territoire et ses
populations.
Une part considérable de cette production scientifique et publicitaire fut éditée
expressément pour être exposée lors des expositions universelles 55 . Celles-ci
fonctionnaient commedesplateformesdepromotionetde consolidation localedes
institutions savantes. En particulier, des dépendances administratives duministère
delapromotion,commelaCommissiongéographiqueexploratrice,l’Institutmédical,
etl’Observatoirenationalastronomiquetirèrentprofitdecettesituation.
PaoloRiguzziconsidèreque«Lapropensionpromotionnelleseconsolidaentantque
structure permanente, faisant partie d’une tendance idéologique (et de philosophie
de l’histoire nationale) enracinée dans la culture gouvernementale du Porfiriat»56.
Comme branche de l’administration, la «promotion»tendait donc vers un
53Don COERVER, «The Perfils of Progress: The Mexican Department of Fomento During the BoomYears,1880-1884»,InteramericanEconomicAffairs,31,p.41‑62.54M.C.ZULETA,«LaSecretaríadeFomentoyelfomentoagrícolaenMéxico(1876-1910).Lainvencióndeunaagriculturaprósperaquenofue»...,op.cit.Traductionpersonnelle.«de1877a1886orientadasa la consecución de una red de comunicaciones ferroviarias y de 1886 a 1900 a la expansión delcomercioexteriorylavariacióndeloscultivosylasindustrias ».55G. YEAGER, «Porfirian Commercial Propaganda: Mexico in the World Industrial Expositions»...,op.cit.56P. RIGUZZI, «México próspero. Las dimensiones de la imagen nacional en el porfiriato»..., op.cit.,p.137.Traductionpersonnelle.«Lapropensiónpromocionalseconsolidóenestructurapermanente,comopartedeunavertienteideológica(ydefilosofíadelahistorianacional)yenraizadaenlaculturagubernamentaldelporfiriato. ».
30
programme économique d’ouverture à l’international, tout en diffusant une culture
promotionnelleayantdesimpactssurlavienationale.Ilconditionnaladirectiondu
projetéconomique,maisaussiidéologiqueduPorfiriat.
LeMexiqueauxexpositiosnuniverselles
Leministèredelapromotionsechargeaitaussid’organiserdesexpositionsauniveau
national. Sa première exhibition de productions industrielles et artistiques
documentéeeutlieule1ernovembre1853àlavilledeMexico57.Il futdotéen1861
d’une deuxième section, «Expositions de produits agricoles, industriels, miniers et
manufacturés » («Sección Segunda: Exposiciones de Productos Agrícolas,
Industriales,Mineros y Fabriles»)58. En1865, cetteDeuxième section fut renforcée
par la création d’un Conseil permanent des expositions et protecteur de l’industrie
(«JuntaPermanentedeExposicionesyProtectorade la Industria»),qui se chargea
desprojetspendant l’EmpirenapoléoniendeMaximiliend’Habsbourg(1862-1867).
Finalement, en 1891, le Porfiriat consacra l’envergure internationale de cette
dépendance administrative en attribuant à la deuxième section la charge des
«Expositions nationales et internationales»(«Exposiciones Nacionales et
Internacionales»).59
Ce fut cependant avant, en 1855 et pendant le gouvernement du conservateur
Antonio López de Santa Anna, que le Mexique fit sa première participation à une
exposition universelle. Le lot envoyé à Paris était principalement composé
d’échantillonsbrutsdemétaux(surtoutdel’argent,dufer,dumercure,ducuivre,de
l’étainetduplomb),maisilcontenaitaussidesmachinesindustriellesetdesproduits
agricoles (céréales, haricots et variétés de maïs). Pedro Escandón, directeur de la
commissionmexicaine,témoignaitdansla«revuepréliminaire»ducatalogueofficiel
delaprécaireintégrationinternationaledupaysàcettepériode:
57ArchivoGeneraldelaNación(AGN),Fomento,SecciónExposiciones,Boîte23bis/dossier1.«Reseñahistóricaqueeltitulardeladependenciadirigealpresidente».58AGN,23bis/2.59Ibid.
31
«L’expositionmexicaineestcellequi,aprèsl’expositiondesÉtats-Unis,offreleplusd’abondanceetlemeilleurassortimentdesproduitsducontinentaméricain.Elleestbienloinmaintenantde
correspondreauvéritableétatdesonindustrie,etsurtoutàl’étendue,àlavariétéetàlarichesse
desonmagnifiqueterritoire.Lacauseenestfacileàcomprendre.Lesparticuliersetlesfabricants
n’ont pas là le stimulant de l’exportation, et par conséquent n’ont point fait d’efforts pour
exposer.»60
Il énumérait les principales causes de cette situation: la jeunesse de la nation, son
instabilitépolitique, l’état avancéde l’industrialisationeuropéenne,mais également
lescontraintesgéographiques: l’altitudedupays, ladistanceetsurtoutl’inexistence
de moyens de communications adéquats. Son rapport de l’exposition universelle
montrequel’idéed’unimpactdécisifdelaparticipationàcesévènementscirculatôt:
il soulignait au ministre de la promotion «l’importance cruciale pour le
développement des jeunes nations qu’auront les foires internationales organisées
parlespaysindustrialisésdanslefutur».61
Cependant, entre 1855 et 1876, aucune source disponible dans les archives
nationales n’atteste d’une participation officielle dans des expositions
internationales62. À l’exception de la reproduction du temple de Xochicalco à Paris
1867,réaliséeauxfraisdeLéonMéhédin,archéologuedelacommissionscientifique
impériale du Mexique63, l’historiographie existante ne récence pas non plus de
participations privées. Qui plus est, uneHistoria de las exposiciones en el siglo XIX
éditée par le ministère de la promotion en 1899 signalait uniquement trois
participationsmexicainesantérieures:Philadelphie1876,Paris1884et laNouvelle
Orléans1884.64
60P.ESCANDÓN,Républiquemexicaine.Cataloguedesproduitsnaturels,industrielsetartistiquesexposésdanslasectionmexicaineàl’éxpositionuniversellede1855...,op.cit.61PedroESCANDÓN,Laindustriaylasbellasartesenlaexposiciónuniversalde1855,Paris, Imprimeriecentrale de Napoléon Chaix, 1856. Traduction personnelle. «La importancia crucial que para eldesarrollo de las jovenes naciones tendrán las ferias internacionales que los paises industrialisadostenganabienorganizarenelfuturo»62AGN,«Sección165,exposiciones.Catálogo».63C.DEMEULENAERE-DOUYÈRE,«LeMexiques’exposeàParis :Xochicalco,LéonMéhédinetl’expositionuniversellede1867»...,op.cit.64PaulBARRÉ,ComisiónMexicanaparalaExposiciónUniversaleInternacionaldeParísen1900,HistoriadelasexposicionesenelsigloXIX,Mexico,TipografíadelaSecretraríadeFomento,1899.
32
Nous pouvons dès lors considérer que la présentation duMexique aux expositions
internationales futunprojet repriset consacréspécifiquementpendant lePorfiriat.
LaseuleparticipationconnueavantcerégimefutcelledelaCentennialExpositionde
Philadelphieen1876souslegouvernementlibéraldeSebastiánLerdodeTejada.Le
projetporfirienderenouvellementde l’imagenationalen’avaitalorspasencoreété
formulé et les responsablesmexicains affrontèrentdes opinions négatives: leNew
York Times commentaitque «tout le monde sait que le produit principal de ces
nouvelles républiques sont leurs fréquentes et régulières révolutions politiques.
Emballerunerévolutionetl’envoyeràPhiladelphieestimpossible».65
YeaneYeager,quiainaugurélesétudessurleMexiqueauxexpositionsuniverselles,
indiquequ’ilfiguraitparmilesexposantslesplusimportantsauxEtats-Unis,oùilse
distinguaparticulièrementparunpavillonmoresqueàlaNouvelleOrléansen1884.
En tant que précurseur de ce domaine d’études, l’approche de Yeager doit être
considéréeavecuncertainreculcarilconsidèrequecepavillonfutleplusimportant
durégimeetindiquequelepaysparticipademanière«significative»àParis1878.66
Legouvernementmexicainneparticipaqu’auxexpositionsuniversellesparisiennes
de1889etde1900.Cefurentcependantdesparticipationsd’uneenvergureinégalée.
MauricioTenorioTrilloindique,enégalisantlecoûtdelamonnaiemexicaineselonle
tauxde1889,quelespavillonscoutèrentrespectivement605318pesoset436644
pesos (soit 19,3% puis 46,8% des budgets correspondants du ministère de la
promotion).Suivaientlesparticipationsàl’expositiondePhiladelphie1876(300000
pesos) et à celle de la Nouvelle Orléans 1884 (198 020 pesos)67. Entre les deux
présentations à Paris, les archives nationales répertorient celles de Madrid 1892,
Chicago 1893, Atlanta 1895, Nashville 1896 et Omaha 189868 . Tenorio Trillo
65CitésansréférencesdansFernandoARECHAVALALASCURAIN,«Lasexposicionesinternacionales.Comopiedrasrodantes,postalesdeunlargoysinuosocamino».,p.4.Traductionpersonnelle.«Todomundosabequeelproductoprincipaldeestasnuevasrepúblicassonsusfrecuentesyregularesrevolucionespolíticas.EmpacarunarevoluciónyenviarlaaFiladelfiaesimposible».66G. YEAGER, «Porfirian Commercial Propaganda: Mexico in the World Industrial Expositions»...,op.cit.67M.TENORIOTRILLO,Artilugiodelanaciónmoderna.Méxicoenlasexposicionesuniversales,1880-1930...,op.cit.,p.348‑349.68AGN,«Sección165,exposiciones.Catálogo».
33
considère que les participations les plus importantes après 1900 furent celles de
Buffalo 1901 (avec un bâtiment colonial), Saint Louis 1904 (un bâtiment de style
renaissance), Boston 1908 et San Antonio 1909. Après 1910, le régime
postrévolutionnaireseprésentaàRiodeJaneiro1922(unédificecolonial),àSéville
1929(unédificepréhispanique),Paris1937(unédificeenverre),etàNewYork1939
(un édifice moderne). Notons qu’il y eut des projets d’organisation d’expositions
universelles à Mexico69, mais que l’entreprise s’avéra financièrement impossible70.
Parcontre, lerégimefêtaleCentenairedel’Indépendanceen1910àlamanièredes
expositionsuniverselles,eninaugurantdesmonuments,enorganisantdesdéfiléset
enprésentantdiversesexpositionsdanslecentredelacapitale.71
Les pavillons de Paris mobilisèrent donc les plus gros efforts budgétaires et
intellectuelsdurégime.En1889,sur3653prixoctroyésauxpaysd’AmériqueLatine,
leMexiqueengagna87372.Onzeansplustard,sur1898prix,ilenrecevait103773
(notonscependantqueleBrésil,l’ArgentineetleChilineparticipèrentpasen1900).
Ces pavillons furent également desmarqueurs importants dans l’histoire culturelle
du pays: d’une part pour le développement de l’indigénisme esthétique et de
l’historiographie libérale, d’autre part pour le triomphe du positivisme et d’une
cultureintellectuellescientifique.74
En effet, leMexique présenta un palais aztèqueen 1889 puis un palais néogrecen
69Historia de las exposiciones desde los tiempos mas remotos hasta nuestros días; carta en que se demuestra la importancia y utilidad de inaugurar inmediatamente una exposición universal en Mexico, Mexico, Imprenta de B. Nichols, 1884 ; Iniciativa para celebrar el Primer Centenario de la Independencia de México con una exposición Universal, Mexico, Oficina tipográfica de la Secretaría de Fomento, 1893 ; Antonio de Medina y Ormaechea, La Exposición Universal del primer centenario Mexicano, Mexico, Oficina tipográfica de la Secretaría de Fomento, 1894 ; Gran Exposición Internacional de México que se abrirá el día 15 de septiembre de 1895 y que se clausurará el día 3 de abril de 1896, Mexico, 1894. 70Clementina DÍAZYDEOVANDO, Las ilusionesperdidasdel generalVicenteRivaPalacio: laExposiciónInternacionalMexicana,1880yotrasutopías,Mexico,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,2002.71Genaro GARCÍA, Crónica oficial de las fiestas del primer centenario de la Independencia de México,Mexico,1911.72Lista de los premios y recompensas obtenidos porMéxico en la Exposición de París de 1889, Paris,OficinatipográficadelaSecretaríadeFomento,1891.73ListadelasrecompensasobtenidasporexpositoresmexicanosenlaexposiciónuniversaldeParis1900...,op.cit.74MUNAL, «México en París 1889, París 1900»,Munal : ExposiciónEl placer y el orden.Orsay en elMunal,http://www.munal.mx/micrositios/placeryorden/03_descargables.html,p.
34
1900.Aveconzeansd’écart,cesbâtimentsetleurscontenustraduisentdesruptures
et des continuités importantes dans plusieurs domaines de la vie nationale. Ils
catalysent des tendances scientifiques, artistiques et idéologiques sensiblement
différenteset témoignentdedeuxstratégiesdistinctesdans laconstructiond’image
nationales.
Bien qu’il existe des travaux sur l’ensemble des participationsmexicaines dans les
expositionsuniverselles,cellede1889areçuuneattentionprivilégiéedelapartdes
chercheurs.Elle constitueàelle seule,par samonumentalitéet sonexcentricité,un
moment remarquable de l’histoire de l’art au Mexique 75 . Le palais soulignait
esthétiquementuncaractèrenationalfondésuruneépopéelibéraleenvéhiculantun
indigénismerenouveléetenproclamant laconsolidationnationaleselon lescanons
durécithistoriquerépublicaindelapremièrepériodeduPorfiriat.76
L’historiographie porfirienne trouva sa consécration dans un ouvrage collectif
monumental dirigé par l’historien et ancienministre de la promotion Vicente Riva
Palacio77,MéxicoaTravésdelosSiglos78,œuvreachevéeen1889etdont lepremier
volume fut écrit par l’archéologue Alfredo Chavero, «prototype de l’indigéniste
mexicaindefindesiècle».79
Lasignificationdupalaisaztèque,étroitementliéeaurécitdeMéxicoaTravésdelos
Siglos,découlaitdubesoindemontreruneentiténationaleconsolidée.Diviséencinq
75F.RAMÍREZ,«Dioses,héroesyreyesmexicanosenParís,1889»...,op.cit.;MontserratGALIBOADELLA,«México y la Exposición Universal de París de 1889», in La Torre Eiffel enMéxico, Mexico, MuseoUniversitario del Chopo; Marco Antonio SILVA BARÓN, «Pinturas mexicanas en París 1889», p.;«México en los pabellones y las exposiciones internationales (1889-1929)», in , Mexico, InstitutoNacionaldeBellasArtes/ConsejoNacionalparalaCulturaylasArtes,2010,p.184.76F. RAMÍREZ, «Dioses, héroes y reyes mexicanos en París, 1889»..., op.cit.; C. DÍAZ Y DE OVANDO,«MéxicoenlaExposiciónUniversalde1889»...,op.cit.77Clementina DÍAZ Y DE OVANDO, Vicente Riva Palacio y la identidad nacional, Mexico, UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1985.78 Vicente RIVA PALACIO(éd.), México á través de los siglos. Historia general y completa deldesenvolvimiento social, político, religioso, militar, artístico, científico y literario de México desde laantigüedadmásremotahastalaépocaactual,Barcelone,Espasaycompañía,1889.79M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.,p.112.
35
tomes, le récit commençait donc avec la période préhispanique80. La diversité des
peuplesmésoaméricainsétaitévacuéeauprofitdel’empireaztèque,centralisésursa
capitale Tenochtitlan, site de la ville de Mexico. Le passé glorifié des indiens était
adapté à l’antifédéralisme du régime, qui avait favorisé la modernisation de sa
capitale avant tout autre lieu. Le deuxième tome abordait les trois siècles de
colonialismeespagnoletlesassociaitauconservatismeetauxprivilègesdel’Église81.
Letroisièmetraitaitdelaguerred’indépendanceenetapportaitunsecondgroupede
héros nationaux82. Le tome IV peignait un premier XIXe siècle trouble83, pendant
lequel le combat contre les ennemismonarchistes, religieux,militaires et étrangers
(espagnols,nord-américainsetfrançais)futdirigéparleslibéraux,guidéseux-mêmes
parBenitoJuárez,lenouveletprincipalhérosnational.84
Dans le dernier tome, José María Vigil faisait une synthèse cohérente de l’histoire
mexicaineetlareliaitaurégimeenplace.Ilécrivaitdanssonintroductionque«peu
de peuples, en effet, présentent un ensemble historique aussi homogène, aussi
compacte, aussi harmonieux, peut-on dire, comme celui qu’offre le Mexique aux
regards de l’observateur»85. Vigil présentait le Porfiriat comme le summum de
l’histoiremexicaine.Lapaixsocialeetpolitiqueétaitassuréeparlafiguretutélairede
PorfirioDíaz(1830-1915),généralhéroïqueayantcombattucontrel’arméefrançaise.
IlétaitmontrécommelesuccesseurdirectdeJuárezetcommeleseulhommecapable
d’assumer une nouvelle étape historique où la guerre céderait à l’ordre.México a
Través de los Siglos consacrait ainsi un culte républicain qui fut investi en divers
degrésdanstouteslesprésentationsporfiriennesauxexpositionsuniverselles.
80Alfredo CHAVERO,Méxicoá travésde los siglos.Tomo I:Historiaantiguayde la conquista (desde laantigüedadhasta1521),Barcelone,1889.81Vicente RIVA PALACIO, México á través de los siglos. Tomo II: Historia del virreinato (1521-1807),Barcelone,1889.82Julio ZÁRATE, México á través de los siglos. Tomo III: La guerra de independencia (1808-1821),Barcelone,1889.83JuanDEDIOSARIAS et Enrique EOLAVARRÍAYFERRARI,Méxicoá travésde lossiglos.TomoIV:Méxicoindependiente(1821-1855),Barcelone,1889.84JoséMaríaVIGIL,Méxicoátravésdelossiglos.TomoV:Lareforma(1855-1867),Barcelone,1889.85Ibid.,p.2.
36
Par contraste avec la signification culturelledupalais aztèque, le palais néogrecde
1900correspondàunepériodedemiseàl’écartdel’indigénismeetduromantisme
libéral au profit d’une adhésion à des courants comme le modernisme. Il reflète
égalementunhorizonintellectueldominéparunpositivismerenouvelé.Cepavillona
rarement été abordé par l’historiographie, quoique les fonds documentaires
disponibles ont été exploités par des historiens commeMaría de Lourdes Herrera
Feria,maistoujoursdemanièreaccessoire86.C’estaussilecasdel’analysequ’enfait
Mauricio Tenorio Trillo dans Artilugio de la nación moderna, ouvrage restant la
référence obligée sur les participations mexicaines aux expositions universelles87.
Cependant,lepalaisde1900représenteladeuxièmeparticipationlapluscoûteusedu
Mexique et il obtint plus de prix que son prédécesseur, avec une contribution
beaucoup plus réduite. Il résulte en fait d’une nette amélioration de la gestion
administrativedanslacollecteetdansl’organisationdescontenus.
Le palais néogrec correspond finement à une deuxième période intellectuelle et
culturelle durégime.Il futconçupardeshommesappartenantàunegénérationde
hauts fonctionnaires et de cadres formés par un système éducatif positiviste; il
témoigne de la consécration de ce que Charles Hale appelle la «politique
scientifique»88.Ilatteste,parcontrasteaupalaisaztèque,dupassagedulibéralisme
romantiqueversl’organicismecomtienetspencérien.Pourcomprendrecepavillon,il
est nécessaire de saisir ses significations culturelles et idéologiques en abordant la
relationhistoriqueentrelelibéralismeetlepositivismemexicains.
Libéralismeetpositivismemexicains
LepaysagepolitiquemexicainduXIXesièclesecaractérisaparlaconfrontationentre
deux factions: libéraux et conservateurs. Cette période d’instabilité politique et
86M.deL.HERRERAFERIA,PueblaenlasexposicionesuniversalesdelsigloXIX :lainsercióndeunaregiónenelcontextoglobal...,op.cit.87M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.88C.HALE,Thetransformationofliberalisminlatenineteenth-centuryMexico...,op.cit.
37
économiquefutmarquéeparlaprédominancedupartilibéral,héritierdesLumières,
quiadoptaunprogrammeprônantunerépubliquedepetitspropriétairesagraires89.
Tout au longd’un sièclemarquéparune série de guerres civiles et d’interventions
étrangères, l’idéologie du libéralisme classique s’étoffa d’un républicanisme
nationalisteet combatif90.Après laGuerredeRéforme(1857-1860)déclenchéepar
lesréformeslibéralesradicalesduprésidentBenitoJuárezetaprèsleSecondEmpire
(1862-1867),larépubliquefutdéfinitivementrestaurée91.LerégimedePorfirioDíaz
se situait idéologiquement dans la continuité de celui de Juárez et consacra
l’associationentrenationet républicanismegrâceàunpanthéonnationaldehéros.
Pour la première fois dans le siècle, un gouvernement disposait de conditions
politiquesetdemoyensmatérielspermettantdecréerunconsensusgénéralautour
desondiscourssurl’histoireduMexique.92
Lepositivisme93futd’abord introduitauMexiquecommeunrenfort idéologiqueau
libéralisme.Importépardeshommesquiavaientnouédesrelationsaveclescercles
positivistesparisiensdès ladécenniede184094, la lecturelocaleducomtismeenfit
89CharlesHALE,ElliberalismomexicanoenlaépocadeMora,Mexico,SigloXXIEditores,1972;AndrésLIRA, «La recepción de la Revolución Francesa enMéxico 1821-1848 JoséMaría LuisMora y LucasAlamán»,Relaciones,ElColegiodeMichoacán,10-40,1989,p.5‑27.90CharlesHALE,«Continuidad,rupturaytransformacionesenelliberalismomexicano».91LuisGONZÁLEZ,«Elliberalismotriunfante»,inHistoriaGeneraldeMéxico,Mexico,ElColegiodeMéxico,2004,p.633‑701.92María DELA LUEZPARCERO, «El liberalismo triunfante y el surgimiento de la historia nacional», inInvestigacionescontemporáneassobrehistoriadeMéxico,Mexico,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico, 1971, p. 775; CharlesHALE, «Losmitos políticos de la naciónmexicana: el liberalismo y laRevolución»,HistoriaMexicana,46-4,1997,p.821‑837.93Le terme «positivisme» réfère à une orientation intellectuelle et à une position philosophiquerelativeà laconnaissancehumainequiproduitdesdescriptionset/oudesrèglesàproposdusavoir.Les doctrines positivistes classiques du XIXe siècle annonçaient le triomphe de la science et luiaccordaient la compétence exclusive comme moyen pour l’homme de connaître le monde. LeszekKolakowskidégagepourlepositivismelescaractéristiquessuivantes:lephénoménalisme(iln’yapasde différence entre l’essence et le phénomène et il est légitime de registrer ce qui se manifeste àl’expérience); le nominalisme (interdiction de supposer qu’un savoir quelconque ait d’autreséquivalentsdanslaréalitéquelesobjetsconcretsetsinguliers);lanégationdelavaleurcognitivedesjugements de valeur et des énoncés normatifs (comme les ordres ou les prohibitions); une foi enl’unité fondamentale de la méthode scientifique. Leszek KOLAKOWSKI, La filosofía positivista, Mexico,REI,1993.94Moises GONZÁLEZ NAVARRO, «Los positivistas mexicanos en Francia», Historia Mexicana, 9-33,septembre 1959, p.119‑129. Gabino Barreda assista aux cours de Comte au Palais Royal. CertainspositivistesorthodoxesmexicainsfurentprochesdelabranchedePierreLaffitte(lecontactavecÉmile
38
unedoctrineliéeavanttoutàl’éducation.Cenefutqu’àpartirdesannées1890quele
positivisme,transposédanslechampdelapolitiqueparunenouvellegénérationde
dirigeantsplusprocheduspencerisme,pritledevantsurlelibéralismecommetoile
defondidéologiquedurégime95.
Une lecture historiographique classique voit dans le libéralisme et le positivisme
mexicainsdeuxphases idéologiquesde la consolidationde l’État-nation96.En1867,
dès la fin de l’intervention française, Gabino Barreda, «père du positivisme
mexicain»97, convaincu Benito Juárez que l’établissement d’un «fond commun de
vérités»98,assuréparunephilosophiesupposémentneutre,permettraitlapaixentre
les idéologiesconcourantesdu libéralismeetduconservatisme.Faceauxnécessités
dumoment,Barredaproposaunelecturedel’histoiremexicaineselonlaloidestrois
états d’Auguste Comte99et créa l’École nationale préparatoire, institution qui allait
Littréparaît avoir étéminimal). C’est le casdePorfirioParra etde sondiscipleAgustínAragón, quiavait une correspondance avec la Société positiviste de Paris. Il fut directeur d’une «SociedadPositivista de México», affiliée à celle de Lafitte. En 1898, pour l’érection à Paris du monument àComte,Aragónorganisaunecollectede8000francsprovenantde600personnes(c’étaitlegroupeleplusgranddetoutslespaysparticipants).95CharlesHALE, «Scientific politics and the continuity of liberalism inMexico», inDosrevoluciones.MéxicoylosEstadosunidos,Mexico,Jus,1976,p.219.96LeopoldoZeaconsidèrequel’avènementd’uneoligarchiebourgeoiseporfiriennefutjustifiéparunsystèmedevaleurstransposédulibéralismeverslepositivisme(leprogrès,l’ordre,unecertaineidéedelaliberté).CharlesHaleconsidèrequel’histoiredesidéesdeZeamanqued’unancragematérieletindique que ces doctrines étaient déployées dans un champ intellectuel et politique complexe lié àl’infrastructure éducative du pays et à son développement économique. Du fait du pluralismeintellectuel qui sous-tendait les sources du positivisme mexicain, des spécialistes tels que MoisésGonzález Navarro et Álvaro Matute regroupent sous le terme «positivisme» un ensemble dedisciplines qui incluent le comtisme, l’évolutionnisme darwinien, l’évolutionnisme spencérien etl’organicismecommemanifestationsd’unemêmetraditionphilosophique.VoirL.ZEA,ElpositivismoenMéxico: nacimiento, apogeo y decadencia..., op.cit.; William RAAT, «Leopoldo Zea and MexicanPositivism: A Reappraisal», The Hispanic American Historical Review, 48-1, 1968, p.1‑18; CharlesHALE,«TheHistoryofIdeas:SubstantiveandMethodologicalAspectsoftheThoughtofLeopoldoZea»,JournalofLatinAmericanStudies,3-1,1971,p.59‑70;C.HALE,Thetransformationofliberalisminlatenineteenth-century Mexico..., op.cit.; Alvaro MATUTE, «Notas sobre la historiografía positivistamexicana»,Secuencia,21,1991,p.49‑64.97ARAGÓN,Essaisurl’histoiredupositivismeauMexique.LedocteurGabinoBarreda.PréfacedeM.PierreLaffitte,directeurdupositivisme,Versailles,1898.98L.ZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia...,op.cit.99AugusteComte(1798-1857)théorisauneréformedelaviehumainequiimpliquaitd’organiseretdefixerdéfinitivementlaconnaissancepourconstruireunenouvellescience,la«sociologie».Danssaloidestroisétats,ilproposaitunethéoriequistructuraitl’histoiredel’humanitéenépoquesorganiques(lasociétécommeentitécollectiveconcrèteetsolidedansletemps)etcritiques(étapesdestructivesqui fonctionnent comme transition entre les moments organiques). L’humanité, ainsi que les
39
formerunenouvellegénérationdecadressupérieurspourgouvernerlepays.
Barreda n‘était pas un comtiste orthodoxe. Sa lecture du positivisme était adaptée
aux circonstancesdu triomphe républicain qu’elle était sensée soutenir. Le 16
septembre1867,fêtedel’indépendanceetdateprincipaleducalendrierrépublicain,
ilprononçasacélèbre«OraciónCívica»100entantqueprésidentdelaCommissionde
réformeéducativedanslavilledeGuanajuato.Cediscoursintroduisait lesprincipes
du positivisme pour expliquer le triomphe libéral. Il voyait dans l’histoire «une
science[…]sujette,commetouteslesautres,àdesloisquiladominentetquirendent
possible la prévision des faits à venir, et l’explication de ceux qui sont déjà
arrivés»101. Il voulait «présenter cette série de faits, apparemment étranges et
exceptionnels,commeunensemblecompactethomogène,commelerésultatfatalet
nécessaire d’un programme latent» 102 mené inconsciemment par «le parti
progressiste».
Il interprétait ainsi l’histoire du Mexique comme un processus d’émancipation
politiqueparrapportàlathéologie.Lelibéralismen’étaitpasuneétapedetransition
dialectiquevers l’espritpositif,mais lui étaitdirectementassociée: il considérait la
constitution libéralede1857 comme«unphare lumineux»doubléde «ces loisde
réformequinousonmissur lechemindelacivilisation»103.Ainsi,Barredainsistait
plussurl’émancipationpolitiqueetéconomiquefaceàlareligionquesurl’avènement
connaissances,passaientpartroisétatssuccessifs: théologique(organique),métaphysique(critique)etpositif(organique).L’étatthéologiquecorrespondaitàunecohésionsocialeassuréeparlacroyanceenl’origineet lacausalitédivines.LesiècledesLumièresétaitunmoment«métaphysique»decrisepréalable à l’état positif, dans lequel la vraie connaissance assurerait un ordre social définitifconcrétisé par la «religion de l’humanité». Comte considérait la métaphysique révolutionnairecontractualiste comme une connaissance erronée et les individus comme des constructionsintellectuelles. La sociologiepositivedémontreraitque la sociétéétaituneunitéorganique.FrançoisCHÂTELET, Histoire de la philosophie, idées, doctrines. La philosophie et L’histoire. 1780-1880, Paris,Hachette,1973.100GabinoBARREDA,Oracióncívica,Mexico,1867.101Ibid.Traductionpersonnelle.«[Lahistoriaesuna]ciencia(…)sujeta,comotodaslasdemás,aleyesqueladominanyquehacenposiblelaprevisióndeloshechosporvenir,ylaexplicacióndelosqueyahanpasado».102Ibid.Traductionpersonnelle.«Presentarestaseriedehechos,alparecerextrañosyexcepcionales,como un conjunto compacto y homogéneo, como el resultado fatal y necesario de un programelatente».103Ibid. Traduction personnelle.« Esas leyes de Reforma que nos han puesto en el camino de lacivilización».
40
d’unmondescientifique.Ilignoraitlareligiondel’humanitécomtienneetconsidérait
que l’Église catholique avait une place au sein de la sociétémexicaine: s’il niait sa
fonction politique, le clergé détenait le pouvoir spirituel pour assurer la paix. Son
positivismeadoptaitainsil’idéedelibertédeconsciencechèreauxlibéraux.104
Barreda insistait sur le besoin d’accéder, «selon le conseil de Comte […] [à] une
doctrine vraiment universelle qui réunisse toutes les intelligences en une seule
synthèse »105. Il reprenait la formule comtienne «amour, ordre et progrès» et la
transformait:«àpartirdemaintenantnotredeviseseraliberté,ordreetprogrès;la
liberté commemoyen, l’ordre commebase et le progrès comme fin»106. Il évacuait
par là une partie substantielle du comtisme et l’adaptait aux doctrines
«métaphysiques»originalementécartées.LePorfiriatrepritetsynthétisa laphrase
pour en faire son slogan officiel, «ordre et progrès». La liberté, qui était «le plus
éthéré des recours rhétoriques de l’élite porfirienne»107pour Tenorio Trillo, fut
investie de significations de plus en plus restreintes à mesure que le régime
s’affermissait.
Lepositivismemexicain fut cependant fidèleaucritèresépistémologiquescomtiens
etàl’immobilitédessciencesqu’ilspromouvaient.En1868,Juárezdécrétalacréation
de l’École nationale préparatoire et fit de Barreda son premier directeur. Celui-ci
élabora un plan d’études strictement ajusté aux principes comtiens. La lecture des
ouvragesdeComteetdeJohnStuartMillyétaitobligatoireetlecursusfutorganisé
selon la hiérarchie de complexificationmenant des sciences générales aux sciences
complexes:mathématiques,astronomie,physique, chimie,biologie, et finalement la
104L.ZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia...,op.cit.,p.481.105G.BARREDA,Oracióncívica...,op.cit.Traductionpersonnelle.«Sacar,conformealconsejodeComte,lasgrandesleccionessocialesquedebenofreceratodosesasdolorosascolisionesquelaanarquía,quereinaactualmenteenlosespíritusyenlasideas,provocaportodaspartes,yquenopuedecesarhastaqueunadoctrinaverdaderamenteuniversalreúnatodaslasinteligenciasenunasíntesiscomún».106Ibid.Traductionpersonnelle.«Queenlodeadelanteseanuestradivisalibertad,ordenyprogreso;lalibertadcomomedio,elordencomobaseyelprogresocomofin».107M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.,p.55.Traductionpersonnelle.«[lalibertadera]elmásetéreodelosrecursosretóricosdelaéliteporfiriana».
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sociologie.108
L’École nationale préparatoire forma une partie substantielle de l’élite politique et
intellectuelle porfirienne. À la fin du XIXe siècle, le positivisme devint le sous-
bassement d’une culture politique plus ample que Charles Hale nomme «politique
scientifique»109.Ellefutmenéeparungrouped’intérêtayantuneforteinfluencesur
PorfirioDíaz, connu sous le nomdes «Scientifiques» («Los Científicos»)110. L’idée
essentielle du style de politique qu’ils allaient promouvoir était que les méthodes
scientifiquespouvaientêtreappliquéespourfavoriserledéveloppementéconomique,
lacohésionsocialeetl’unitépolitiquedupays.111
Les tendances comtiennes et libérales du positivisme furent progressivement
déplacéesparl’influencedestravauxdeHerbertSpencer112.Sesœuvresarrivèrentau
108WilliamRAAT,Elpositivismoduranteelporfiriato,1876-1910,Mexico,1975.109C.HALE,«ScientificpoliticsandthecontinuityofliberalisminMexico»...,op.cit.110Ilestdifficilededéterminersesintégrants,puisqu’hormisl’inexistencedecritèresidéologiquesouphilosophiquesformellementpartagés,ilneconstituaitpasungroupeorganiséetnesereconnaissaitpasentantquetel.AlfonsoDEMARÍAYCAMPOS,«Porfirianosprominentes.OrígenesyañosdejuventuddeochointelectualesdelgrupodelosCientíficos»,HistoriaMexicana,34,1985,p.610‑651.111CharlesHALE,LatransformacióndelliberalismoenMéxicoafinesdelsigloXIX,Mexico,Vuelta,1991,p.54.«Lapolitiquescientifiqueoupositivisteconsidéraitqu’ilfallaitvisualiserlesproblèmesdupaysetformulersespolitiquesd’actiond’unemanièrescientifique.Sescaractéristiquesprincipalesétaient:l’attaque au libéralismedoctrinaire ou «politiquemétaphysique» (…) les exposants de la politiquescientifique au Mexique ont trouvé une inspiration dans l’expérience concrète des républiquesconservatricescontemporainesdeFranceetd’Espagne,etdanssesprésidents,AdolpheThiers, JulesSimon et Emilio Castelar, dont les politiques étaient tenues pour ˝scientifiquement formulées˝»Traductionpersonnelle.« La política científica o positivista planteaba que había que enfocar los problemas del país formular sus políticas de acción de una manera científica. Sus principales características eran: el ataque al liberalismo doctrinario o « política metafísica » (…) los exponentes de la política científica en México hallaron inspiración en la experiencia concreta de las repúblicas conservadoras contemporáneas de Francia y España y en sus líderes, Adolphe Thiers, Jules Simon y Emilio Castelar, cuyas políticas se tenían por « científicamente formuladas ». 112La philosophie de Herbert Spencer rompait avec Comte. Il voyait dans l’évolution un processusmacrocosmiqueconstantrendanttoutefixitéimpossibleIlrefusâtexplicitementlaloidestroisétats,laclassification fixistedessciences,ainsique la religionde l’humanité.Sonreproche fondamentalétaitque Comte ait ignoré le point de vue biologique évolutionniste. Pour Spencer, l’évolution est unprocessus universel et une tendance unique. L’univers peut être expliqué par unemême loi commel’effet d’une même force. Elle consiste en une différentiation croissante du tout tendant vers sacomplexification, processus indéfini de l’homogénéité vers l’hétérogénéité. Kolakowski dégage lesprincipes suivants dans le système spencérien: le mécanisme (l’évolution est réduite à l’action deforcesmécaniques), la foi en l’unitéde l’univers, le naturalisme (une interprétationbiologiquede lasociété), l’empirisme et l’agnosticisme religieux. L’évolution ainsi comprise implique que l’«on peutfaireuneanalogieréelleetprofondeentrelescaractèresstructurauxetfonctionnelsdelasociétéd’uncôté,etlesqualitésrespectivesdesorganismesvivantsdel’autre».Traductionpersonnelle.«Podemosconservar una analogía real y profunda entre los caracteres estructurales y funcionales de la sociedad, por una
42
Mexiqueparlebiaisdetraductionsfrançaisesetilneseraittraduitenespagnolqu’en
1878113. Il devint cependant le théoricien social le plus cité au Mexique et en
AmériqueLatine.114
Lacaractérisationspencériennedelasociétécommeunorganismelibéraitl’histoire
duMexiquedesontonromantiqueet ladéplaçaitsurunterrainoùl’évolutionet le
progrès devenaient les objets d’une appréciation expérimentale115. La civilisation
mexicainepouvaitconserversatotalitéhistorico-socialeetl’exprimeràtraversd’un
discoursscientifique.JustoSierra,l’intellectuelmexicainleplusinfluentdel’époque,
considérait que leMexique, sans une industrie forte, était un organisme anémique
auquelilmanquaitdufer,setrouvantsoumisàlavolontéd’un«merveilleuxanimal
collectif»,lesEtats-Unis,dontl’énormeintestinnepouvaitêtresatisfait116.Cetypede
métaphores était omniprésent dans la théorie sociale de l’époque et investi d’une
hautevaleurépistémique.
Le positivisme mexicain, renouvelé par l’organicisme spencérien, trouva sa
consécration dans le chef-d’œuvre intellectuel du Porfiriat : México: su Evolución
Social.117Publié entre1900et1902 sous ladirectiondeSierra, l’ouvrage réunissait
parte, y las cualidades respectivas de los organismos vivos por otra ». L. KOLAKOWSKI, La filosofíapositivista...,op.cit.,p.119.113C.HALE,LatransformacióndelliberalismoenMéxicoafinesdelsigloXIX...,op.cit.,p.338.«Trèspeudemexicains ont lu Spencer en anglais, et il est clair que lamajeurpartie d’entre eux l’ont connu àtravers France, où son œuvre est arrivée étonnamment tard». Traduction personnelle. «Sólo unospocosmexicanosleyeronaSpencereninglés,yparececlaroquelamayorpartedeellossupierondeélatravésdeFrancia,adondesuobrallegósorprendentementetarde»114 Carl HENRIK LANGEBAEK RUEDA, «Positivismo y Evolucionismo», in Utopías Ajenas, Tomo I:Evolucionismo, Indios e Indigenistas. Miguel Triana y el legado de Darwin y Spencer en Colombia,Colombia,UniversidaddelosAndes,2014,p.49‑54. 115 Héctor DÍAZ-POLANCO, «Evolución y Progreso en el Positivismo», Boletín de AntropologíaAmericana, 6, 1982,p.25‑35; SergioMARTÍNEZ, «Sobre los conceptosdeprogresoy evoluciónenelsiglo XIX», in Historia y explicación en biología, Mexico, Universidad Nacional Autónoma deMéxico/FondodeCulturaEconómica,1998,p.155‑167.116Justo SIERRA et Santiago SIERRA, LaLibertad : periódicopolítico, científico y literario, 3 septembre1879. «Junto a nosotros vive un maravilloso animal colectivo para cuyo enorme intestino no hayalimentaciónsuficiente».117Justo SIERRA, Augustin ARAGON et Santiago BALLESCÁ, México: su evolución social: síntesis de lahistoria política, de la organización administrativa y militar y del estado económico de la federaciónmexicana ;desusadelantamientosenelordenintelectual ;desuestructuraterritorialydeldesarrollodesu población, y de losmedios de communicación nacionales é internacionales ; de sus conquistas en elcampo industrial, agrícola,minero,mercantil, etc., etc. Inventariomonumental que resumeen trabajosmagistraleslosgrandesprogresosdelanaciónenelsigloXIX,Mexico,1900.
43
destravauxportantunregardglobalsurlacivilisationmexicaine.
AngélicaMoyaLópezindiquequelastructuremêmedel’œuvres’inscrivaitdansdes
cadres organicistes. C’était cependant un ouvrage collectif hétérodoxe dont
l’envergure impliquait des croisements théoriques118. Certains auteurs véhiculaient
des idéescomtiennes : lesorthodoxesPorfirioParraet sondiscipleAgustínAragón
ontécritrespectivementleschapitres«ElTerritorioMexicanoysusHabitantes»et
«La Ciencia Mexicana». Le mélange entre les états discontinus comtiens et
l’évolutionnisme spencérien amenait les auteurs à considérer l’étape antérieure au
Porfiriatcommeunephase«d’incapacitéorganique».119
Le ton de l’ouvrage admettait un certain romantisme tardif dans les réflexions
relatives à la nation 120 . Celle-ci était vue comme un ensemble organique où
interagissaient histoire commune et homogénéité ethnique. Sierra concluait le
deuxièmetomeeninsistantsurl’importancedumétissageracialetculturel.
México:suevoluciónsocial(1900-1902) était l’alternativepositiviste au récit libéral
deMéxico a través de los siglos (1889). Les deux ouvrages s’efforçaient de rendre
compteducaractèrenationaldupaysettémoignaientdedeuxmomentsdistinctsde
la culture intellectuelle porfirienne. Leurs auteurs appartenaient tout de même à
«deuxgénérationsquiontpartagédesidéesmoralesetesthétiques[…]etunsystème
de croyances sur l’histoire, le temps et le progrès en commun»121. Avec des écarts
philosophiques, scientifiques et idéologiques sensibles, ils représentent les mêmes
ruptures et continuités que l’on peut repérer sur les deux principaux pavillons
mexicainsauxexpositionsuniverselles,lepalaisaztèquede1889etlepalaisnéogrec
de1900.
118 Laura Angélica MOYA LÓPEZ, «México: su evolución social. 1900-1902. Aspectos teóricosfundamentales»,RevistaSociológica,41,1999,p.127‑156.119Laura Angélica MOYA LÓPEZ, La nación como organismo: México, su evolución social, 1900-1902,Mexico,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico/Porrúa,2003.120L.A.MOYALÓPEZ,México. Suevolución social.El carácter y la identidadnacionalesbajo el realismopositivista...,op.cit.121L.A. MOYA LÓPEZ, «México: su evolución social. 1900-1902. Aspectos teóricos fundamentales»...,op.cit.p110.Traductionpersonnelle.«Dosgeneracionesquecompartieronideasmoralesyestéticas(…)ysistemadecreenciassobrelahistoria,eltiempoyelprogresocomún».
44
45
LepavillonnéogrecduMexique
L’expositionuniverselledeParis1900
La France conclut le XIXe siècle avec la plus grande de ses exposition universelles
parisiennes.Cetévènement,traditionnellementorganisétoutslesonzeans,coïncidait
avecl’annéede1900etclôturasymboliquementl’époque.Ilassociaitunélogedela
grandeur industrielle avec un regard rétrospectif qui offrait un «bilan du siècle».
L’exposition centra son attention sur les bienfaits sociaux du développement
industriel et fut marquée par le retour de tendances culturelles conservatrices,
manifestantl’ambivalenceculturelleduParisfindesiècle122.Jean-ChristopheMabirey
voit une «mystique industrielle occidentale» traduisant une crise de la confiance
dansleprogrès.123
L’exposition laissadestracespérennessur lepaysageurbainde lacapitale.LePetit
Palais, le Grand Palais, le pont Alexandre III et la première ligne de métro
constituaient des prouesses techniques auxquelles s’ajoutait la consécration de
l’électricité, quimarqua l’événement en alimentant des pavillons et des attractions
qui restèrent célèbres: les fontaines du Château d’eau, le trottoir roulant de
l’esplanade des Invalides et le Palais de l’électricité avec ses monuments124. Des
espacesemblématiquescommelaRuedesnations, leVieuxPariset lagrandePorte
monumentale dotaient les lieux du pittoresque caractéristique des expositions
universelles. Seulement deux monuments construits pendant le centenaire de la
Révolutionfurentconservés:laTourEiffeletlaGaleriedesmachines.125
Dans lesactesofficiels,dans lesrèglementsetdans lescatalogues, l’expositionétait
122M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.,p.253‑254.123Jean-ChristopheMABIRE,L’Expositionuniversellede1900,Paris/Montréal,L’Harmattan,2000.124FabienWARIN,«Réflexionssurl’électricitéàl’Expositionuniversellede1900»,Annaleshistoriquesdel’électricité,7,2009,p.25‑40.125LouisROUSSELET,L’expositionuniversellede1900,Paris,Hachette,1901.
46
constammentcaractériséecommeunperfectionnementdel’expériencede1889.Son
envergure, son efficacité dans la classificationdes activités humaines, ainsi que ses
fondements philosophiques, étaient des éléments soulignés comme autant de
progrès.
L’Expositionuniversellede1900futinstituéeparledécretprésidentieldu13juillet
1892126etl’organisationdesesservicesétablieparledécretdu9septembre1893127.
Sonrèglementgénéral,proclaméle4aout1894128,inscrivaitl’événemententrele15
avriletle5novembre1900etluidestinait102hectaresrépartisentreleChampde
Mars,leTrocadéro,lequaid’Orsay,l’esplanadedesInvalidesetlesbordsdeSeine129.
Le Rapport général indique la participation officielle de 40 pays130et estime à 50
millions860801lenombred’entrées131.Ilrécenceautotal83047exposants,dont38
253françaiset44794étrangers.132
Le règlement reprenait engrandepartie lesdispositionsprisesen1889: le service
dépendraitduministreducommerce,del’industrieetdescoloniesetseraitdirigépar
un commissaire général; ils seraient à la têted’une commission supérieure avec le
ministre de l’instruction publique et le ministre de l’agriculture. Le document
prétendaitétablirdesmesuresstablesquipermettraientd’éviterlerecoursfréquent
à des actes complémentaires, contrainte qui aurait caractérisé l’expérience de
1889133.Lastructureorganisationnelledel’Expositionfutdoncétablietôtetdemeura
sanschangementsmajeurs.126ArchivoGeneralde laNación(AGN),Fomento,SecciónExposiciones,Boîte18/dossier2.«Decretdu13juillet1892instituantl’Expositionuniversellede1900».127AGN,18/3.«DecretorelativoalosserviciosdelaExposiciónUniversalde1900».128AGN,18/6.«Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition»,129Ibid.Article6.130Le rapport officiel indique ce chiffre et liste les participants. Il indique aussi que 53pays furentinvités. Cependant,Mabire etHerrera Feria indiquent, sans références, que la quantité s’élève à 58.Expositionuniverselle internationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Tomepremier, Paris, Impimerie nationale, 1902, p.248; J.-C. MABIRE, L’Exposition universelle de 1900...,op.cit.;M.deL.HERRERAFERIA,PueblaenlasexposicionesuniversalesdelsigloXIX :lainsercióndeunaregiónenelcontextoglobal...,op.cit.,p.190.131Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers,Paris,Imprimerienationale,1902,p.883.132Ibid.,p.637.133AGN,18/5.«Règlementgénéraldel’ExpositionuniverselledeParis1900.RapportducommissairegénéralAlfredPicard.Paris,30Juillet1894».
47
Pourdiviseretclassifierlesdomainesdel’activitéetdutravailhumain,lerèglement
instituait18groupes,divisésen120classes134pourorganiserlatotalitédesproduits
nationaux et internationaux. Alfred Picard, nommé commissaire général le 9
septembre1893, précisait dansplusieursdocumentsque «lesdifférentesbranches
de l’activité humaine ont tant de contacts et se pénètrent si souvent qu’aucune
ordonnance ne saurait être irréprochable»135, et il admettait la perméabilité des
frontières entre les groupeset les classes établies. Lanomenclature répondait àun
principe nouveau, le rapprochement des produits avec les agents de la production.
L’article4du règlement indiquaitque«Lesmachinesde toutenature serontmises
autant que possible en action sous les yeux du public, de manière à montrer leur
modedefonctionnementetàinitierlesvisiteursauxdifférentesfabrications».136
Danssonrapportdu30juillet1894relatifàlaclassificationgénérale,Picardsignalait
qu’elle découlait directement de celle de 1889137, dûment retouchée et améliorée
conformémentauxcritiquesetexpériencesaccumulées138.Lenouveauregroupement
octroyait une importance particulière aux systèmes et aux processus d’éducation
comme préalables au progrès humain: «c’est par là que l’homme entre dans la
vie»139. Suivait l’art, «œuvres de génie auxquelles devait être conservé leur rang
d’honneur »140 . Finalement, les «Instruments et procédés généraux des lettres,
sciences et arts» étaient le troisième groupe à occuper un grade distinctif141. Les
groupes suivants comportaient les activités productives, depuis les diverses
industries jusqu’à l’agriculture, l’économiesocialeet l’hygiène, lacolonisation,et les
134AGN,18/6.«Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».Article13.135AlfredPICARD,Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Lebiland’unsiècle(1801-1900).Tome premier. Éducation et enseignement. Lettres. Sciences. Arts, Paris, Impimerie nationale, 1907.;AGN,18/8.«Classificationgénéraledesobjetsexposés.RapportducommissairegénéralAlfredPicard.Paris,30juillet1894».136AGN,18/6.«Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».Article4.137L’expositionuniversellede1889comportait9groupesdivisésen87classes.138AGN, 18/8. « Classification générale des objets exposés. Rapport du commissaire général AlfredPicard.Paris,30juillet1894». 139Ibid. 140Ibid.141Ibid.Picard indiquait que le groupe III avait été regroupé avec l’enseignement en 1889 dans legroupeIIsousl’appellationincorrecte«matérieletprocédésdesartslibéraux».
48
instruments militaires142. Finalement, certaines expositions spéciales réunissaient
des objets qui n’avaient pas été inclus dans la classification générale: l’exposition
historiqued’artancienetl’expositionanthropologiqueetethnographique.
Leregardrétrospectif futuncaractèreprimordialde l’exposition.Lesorganisateurs
répartissaient la totalité des œuvres et des produits entre deux grandes sections
définiesdansl’article3durèglement:«Àl’expositioncontemporaineserajointeune
expositionrétrospectivecentennale,répartieentrelesclassesetrésumantlesprogrès
accomplisdepuis1800danslesdiversesbranchesdeproduction»143.Ainsi,«chaque
groupe, et dans la mesure du possible, chaque classe, aura comme vestibule une
espècedepetitmuséeoucertainscadres»quineremonteraientpasaudelàduXIXe
siècle,exceptionfaitedel’artmilitaire144.Picardindiquait,danssonrapportde1894
sur la classification, que la section centennale, au lieu d’être «concentrée» pour
l’attentionprivilégiéedeséruditsetdeschercheurscommeen1889,seraitdisposée
en 1900 de telle manière que «la visite s’imposera, dès lors, à la masse du
publique»145.L’enverguredecetaspectestattestéeparlefaitquelesvingttomesdu
Catalogue général officiel, édités par l’Imprimerie Lemercier, et les huit tomes du
Rapportgénéraladministratifettechnique, éditéspar l’Imprimerienationale,étaient
complétés par quarante-deux volumes spécifiquement dédiés aux expositions
rétrospectives et cinq volumes consacrés auxmusées centennaux édités chezBelin
frères.146
Dès son institution en 1892, le ministre du commerce Jules Roche affirmait que
«L’exposition de 1900 constituera la synthèse, déterminera la philosophie du XIXe
siècle»147. Il témoignait de la signification de ces événements, intimement liées au
cultemoderneduprogrès,endisantqu’«ellesapparaissentdeloinenloincommedes142Voirannexe1143AGN,18/6.«Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».Article3.144AGN, 18/8. « Classification générale des objets exposés. Rapport du commissaire général AlfredPicard.Paris,30juillet1894».145Ibid. 146Ces ouvrages son disponibles en leur intégralité dans le Conservatoire numérique des arts etmétiers.147AGN,18/2.«Décretdu13juillet1892instituantl’Expositionuniversellede1900.1.Rapportduministreducommerceetdel’industrieauprésidentdelaRépublique».
49
sommetsd’oùnousmesurons le cheminparcouru»148.Huit ansplus tard,quand le
président de la République Émile Loubet inaugura l’Exposition le 14 avril 1900, il
invita «les gouvernements et les peuples à faire avec nous unesynthèse du travail
humain»149,autrementditàdresseruntableaucompletdesprogrèsaccomplisparla
science, l’artetl’industrieauXIXesiècle.L’Expositionde1900reliait lesaspirations
encyclopédiquesetutopiquesd’unecivilisationglobaleunifiéeàunrécithistorique
quisaisissaitladiversitédutravailhumainsouslesignetéléologiqueduprogrès.
Jean-ChristopheMabireconsidèrequel’évènementportatoutparticulièrement«cet
enthousiasme des premiers jours et cette notion du merveilleux qu’on trouve aux
écrits de vulgarisation saint-simoniens»150 . Il lie aussi son ton à la religiosité
scientifique portée dans l’épistémologie fixiste du positivisme comtien. Leministre
Roche,danssonrapportjointaupremierdécret,disaitdesexpositionsque
«L’homme en ressort réconforté, plein de vaillance, et animé d’une foi profonde dans l’avenir.
Cettefoi,apanageexclusifdequelquesnoblesespritsausiècledernier,serependaujourd’huide
plus en plus: elle est la religion générale des tempsmodernes, culte fécond où les expositions
universellesprennentplacecommedemajestueusesetutilessolennités.»151
A côté de cet optimisme affiché, l’exposition universelle devait concilier, dans ses
principes encyclopédiques et dans son organisation spatiale, l’ambivalence entre
l’universalité du travail humain et le particularisme des nations concurrentes. Un
système de regroupement «mixte» tentait de remédier aux défauts propres à
l’organisationdesobjetspargroupesouàleurdivisionparpays.Lerapportgénéral
indiquait que «poussé à l’extrême, le système de la concentration de chaque pays
cessed’obéiràaucuneidéephilosophique»152.Cependant,ils’avéraitnécessairepour
148Ibid.149Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Tomesixième,Paris,Impimerienationale,1902,p.87.«Inaugurationdel’Exposition(14avril1900)»150J.-C.MABIRE,L’Expositionuniversellede1900...,op.cit.,p.11.151AGN,18/2. «Décretdu13 juillet1892 instituant l’Expositionuniversellede1900.1.Rapportduministreducommerceetdel’industrieauprésidentdelaRépublique».152Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Tomepremier...,op.cit.,p.119.«ChapitreV:Concourssurlesdispositionsgénéralesdesbâtiments,jardinsetagencementsdel’exposition(partieurbaine).»
50
lesnationsquiprésentaientdescontributionsmoinsimportantes153.L’administration
pritlamesuresuivante:
«1º Pour les pays d’une importance industrielle secondaire, concentration de tous les produits
dans des pavillons spéciaux édifiés par leurs soins et à leurs frais; 2º pour les grands pays,
répartitiondesproduits,nonparclasse,maispargroupe;juxtapositiondecespaysetdelaFrance,
danschacundeslocauxaffectésauxgroupes.»154
Les édifices nationaux, disposés sur la rive gauche de la seine dans une rue des
nations,représentaienttoutdemêmedesgrandespuissancescommelesEtats-Unis,
la Grande Bretagne et l’Allemagne: l’arrêt administratif contemplait que tout pays
puisse bâtir des pavillons pour réunir des expositions spéciales ou des objets hors
classe. Ce fut le cas pour plusieurs expositions rétrospectives et d’art national.
Puisque les organisateurs encourageaient l’usage d’architectures comportant des
traits culturels locaux, cettemodalité de regroupement promouvait l’exhibition des
caractèresnationauxdespays.Lesvingt-troispavillonsdelaRuedesnations eurent
recours à divers styles d’architecture historique nationale, à l’exception des Etats-
Unis et du Mexique qui construisirent leurs bâtiments selon des modèles gréco-
romains.155
Lespublicationsextra-officiellesàviséepublicitairefaisaientunélogegénéralisédes
pavillons nationaux. Le sens de cette valorisation pouvait cependant varier selon
l’importance industrielle et culturelle assignée par conventionaux différentes
nations:pourdespayscommelaTurquie,lePérououlaPerse,c’étaitprincipalement
le caractère exotique qui retenait l’attention156. La dimension exotisante avait été
déterminante dans l’organisation spatiale même de l’exposition, puisque plusieurs
pays asiatiques et africains indépendants, comme la Chine, le Japon et l’Égypte,
avaient été relégués à l’Est du parc du Trocadéro, à côté des colonies des nations
153Ibid., p. 121. Le rapport indiquait qu’en 1889 «Le principe du groupement subit, d’ailleurs, desexceptionspourlespeuplestelsqueceuxdel’Amériquedusud,quinepouvaientavoiruneexpositionréellementintéressantesansconcentrertoutsleursproduitsdansdespavillonsspéciaux».154Ibid.,p.121.155L.ROUSSELET,L’expositionuniversellede1900...,op.cit.156Ibid.;AlbertQUANTIN,L’Expositiondusiècle,Paris,LeMondemoderne,1900.
51
étrangères et face à la section des colonies françaises157. Un ouvrage extra-officiel
indiquaitqu’«ils’est forméainsi làsur lespentesombragéesdecetadmirableparc
touteunecitéexotique,quirivaliseparlepittoresquegroupementdesesédificesde
stylessivariésaveclecharmantensembledenosconstructionscoloniales».158
Lesactesetlesdiscoursofficiels,lesmanifestationsscientifiquesliéesàl’exposition,
la presse et les publications diverses associaient le développement industriel non
seulementauprogrèssocial,maisaussiaustatutcultureldesnations.Lesexpositions
universelles contribuaient à l’affermissement idéologique du capitalisme, du
colonialisme et des nationalismes par la mise en circulation d’idées qui
naturalisaientlesdynamiquesdumondeindustriel.L’Expositionuniversellede1900
offrait la synthèse de la diversité des nations et des hommes en une unité
correspondant à l’histoire universelle du travail. Le discours du ministre du
commerce Alexandre Millerand lors de son inauguration montre l’aspect
compréhensifdel’idéologiequel’expositionportait:
«L’univers s’est associé à la France dans cette entreprise gigantesque […] Le visiteur del’exposition[devraauxorganisateurs]cemiracledepouvoir,enquelquesminutes,faireletourdu
monde.Destypesdetouteslesarchitectures,groupéscôteàcôtesurlesdeuxrivesdelaSeineen
un chatoyant etharmonieuxdésordre, captiveront son imaginationen amusant sesyeux.Et, par
unenaturelleassociationd’idées,cedécorpittoresqueferanaitreensonespritcetteréflexionoù
se résumecomme lamoralitéde ces assises internationalesque, si éloignésqu’ilsparaissent les
uns des autres par l’éducation, la coutume et le préjugé, tous, fils de races variées, citoyens de
nationalitésdiverses,appartiennentàlamêmefamille,dontleurdevoircommeleurintérêtetde
travailleràgrossirlecommunpatrimoinedescienceetdebeauté.»159
Un pays indépendant mais périphérique comme le Mexique dut organiser sa
présentation en fonction de ces règles, de ces formalités et de ces conventions
philosophiquesetculturelles.Puisquelaparticipationauxexpositionsuniverselles
représentait un enjeu majeur dans le programme économique national, les
157Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomecinquième.,Paris,Impimerienationale,1902.158L.ROUSSELET,L’expositionuniversellede1900...,op.cit.,p.189.159Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Tomesixième...,op.cit.,p.85.«Inaugurationdel’Exposition(14avril1900)».
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organisateurs du pavillon mexicain de 1900 durent établir des stratégies
appropriées afin de créer et de diffuser une image nationale commercialement
efficace.Ilsoptèrentpourlaprésentationd’unÉtat-nationintégralementmoderne.
Leprojetdelacomissionmexicaine
À la fin du XIXe siècle, le régime porfirien disposait d’une expérience en matière
d’expositions acquise au long de vingt-cinq années. Il décida de présenter son
troisième pavillon à l’Exposition universelle de Paris 1900. L’entreprise, étalée sur
trois ans, témoigne de l’efficacité de la mobilisation administrative du régime. Du
pointdevueducoûtetdel’effortd’organisation,cefutlasecondeentrepriselaplus
importante dans l’histoire des expositions mexicaines. Selon les critères de la
commissionmexicaineetdujuryinternational, lesrésultatsfurentplussatisfaisants
qu’en1889.
Enseptembre1895,Leministèredesaffairesétrangèresfrançaisinvitaofficiellement
cinquante-trois«puissances»àparticiperàl’Expositionde1900160.LeMexiquereçut
l’invitationle16octobreparl’intermédiairedediplomatesfrançais.Lacirculaire,qui
rappelait «le succès brillant» des mexicains en 1889, incluait les dispositions
officielles, le règlement, la classification et les rapports leur étant associés. Le
gouvernementacceptaofficiellementl’invitationquelquesmoisplustard, le27avril
1896.161
LaDeuxièmeSection«Expositionsnationaleset internationales»duMinistèrede la
promotion ne commença les préparatifs qu’en août 1896. Comme pour lamajeure
partie des pays participants, le rôle de commissaire fut attribué à un diplomate162.
AntoniodeMieryCelis,ministreplénipotentiaireduMexiqueenFrance,futnommé
160Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier...,op.cit.,p.247‑248.161ArchivoGeneraldelaNación(AGN),Fomento,SecciónExposiciones,Boîte18bis/dossier1.«NotificacióndelencargadodenegociosadinterimBoularddePouqueville».162Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier...,op.cit.,p.249.
53
le 16 août 1896 commissaire général de l’exposition mexicaine163. Ses premières
attributions, définies par Manuel Fernández Leal, ministre de la promotion entre
1891et1901,consistaientàréunirtouteslesinformationsetpublicationspossibles
sur l’exposition universelle et à choisir un terrain approprié pour édifier le
pavillon164.L’article12durèglementgénéralindiquaitqu’ilauraitlaresponsabilitéet
l’exclusivitédeséchangesaveclesorganisateursfrançais:«cedéléguéestseulchargé
detraiteravec leCommissairegénéral, lesdirecteursgénérauxet lesdirecteurs, les
questionsquiintéressentsesnationaux»,notammentcellesrelativesàlarépartition
desespaces,auxconstructions,àl’admissionetl’installationdesproduits.165
Dans sa lettred’acceptation,deMier yCelis assumait cette responsabilité, «malgré
ma santé fragile, et sans avoir auparavant accompli une mission comme celle qui
m’est confiée»166. Il mourut quelques mois avant l’inauguration du pavillon, en
décembre 1899167 , et fut remplacé le 25 janvier 1900 par son homologue en
Angleterre,SebastiánB.deMier,quisechargeadesdernierspréparatifsetrédigeale
rapport officiel récapitulant les travaux de la commission 168 . Du fait de ses
responsabilitésetdesescontraintesdiplomatiques, leministèredécidadenommer
commissaireadjointAntonioM.Anza,architectedupavillon,quiassumaladirection
destravauxàplusieursreprises.169
Ladeuxièmemesurepriseparleministèrefutl’éditionen1897d’unetraductiondes
actes officiels de l’exposition parisienne qui reprenait les documents joints à la
circulaire d’invitation170. Elle incluait la liste dupersonnel français, le décret du13
juillet 1892, le décret du 4 aout 1894, la classification générale et les rapports
correspondants.Cependant,sadiffusionn’estattestéequ’àpartird’avril1898,quand
163AGN,18bis/2.164AGN,18bis/3.165AGN,18/6.«Décretdu5aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».166AGN,18bis/2.Traductionpersonelle.«Aunquealgoquebrantadodesalud,ynohabiendohastaelpresentedesempeñadounacomisióncomolaquesemeconfía(…)».167LeFigaro,19décembre1899,«Deuil».168S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.169AGN,21/4.170ExposiciónUniversalInternacionalde1900,enParis.Actasdeorganización,Mexico,TipografíadelaSecretraríadeFomento,1897.
54
ellefutjointeàunesériedecirculairesofficiellesdistribuéesauxgouverneursetaux
industrielsmexicainsafinderéunirlescontributions.171
Finalement, la deuxième section nomma officiellement les chefs de groupe le 18
janvier1898172.Onremarquequetousfurentdesmembreséminentsdel’oligarchie
porfirienne ayant participé à l’organisation des présentations mexicaines
antérieures173.LesgroupesI, IIetIIIétaientassignésàFernandoFerrariPérez,qui
fut aussi chargé de la section rétrospective 174 . Ferrari Pérez était un célèbre
naturalisteetphotographe,directeurdelaCommissiongéographiqueexploratricedu
Mexique au début des années 1880. En 1900, il dirigeait sa section d’histoire
naturelle. Cette commission avait apporté quelques unes des contributions les plus
importantesauxdeuxexpositionsparisiennes175,grâceàl’influencedeFerrariPérez
etaufaitqu’ellerelevaitdirectementduministèredelapromotion.
Luis Salazar, ingénieur de profession, fut chargé des groupes IV «Matériels et
procédés généraux de la mécanique» et VI «Génie civil. Moyens de transport». Il
avaitproposéunpavillonprécolombien,projetnonréalisé,en1889,etavaitparticipé
à l’édification du palais aztèque. Il était parmi les principaux défenseurs d’une
architecturenationalecombinantdesélémentspréhispaniquesetmodernes,etilétait
connuaussipourlaconstructionduchemindeferentreMexicoetVeracruz.Ildevint
directeur de l’École nationale d’ingénieurs en 1906 176 . Grâce à ses réseaux
professionnels, il put organiser avec les compagniesde cheminsde fer le transport
descontingentsdanstoutlepays.
Le groupe VIII «Horticulture et Arboriculture» fut confié à Mariano Barcena,
ingénieur et naturaliste qui dirigeait l’Observatoire météorologique de la ville de
171AGN,22/9.172AGN,18bis/5173Voirannexe2.Tableau:Membresdelacommissionmexicaineetpersonnesconcernées.174AGN,18bis/5.175J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradoradelaRepúblicamexicana.Catálogodelosobjetosquecomponen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganizaciónytrabajos..,op.cit.176Luis SALAZAR, «La arquitectura y la arqueología», in La crítica de arte en México en el s. XXI,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1997,p.478–487.
55
Mexico, autre institution avec une participation privilégiée. Suite à son décès le 10
avril1899,ilfutremplacéparJoséSegura,chargédesgroupesXII«Agriculture»etX
«Aliments».Seguraétaitingénieuragronomeetdirecteurdel’Écoled’agriculturede
Mexico. Cette institution envoya une importante contribution de documents,
d’échantillons,devariétédecéréales,decacao,decaféetdefruits.
LedernierchefdegroupeproéminentétaitManuelFlores,quidirigeait lesgroupes
XIV «Industries chimiques» et XV «Industries diverses». Pédagogue positiviste,
Flores avait posé les bases philosophiques d’un projet «d’éducation intégrale»
porfirien,àpartird’unelectureéclectiquedeComteetdeSpencer177.Avecledocteur
enpharmacieetchimisteFranciscoRíodelaLozacommeauxiliaire178,ilpréparaune
exposition qui montrait principalement la pharmacopée mexicaine basée sur les
plantes. Cette contribution provenait principalement de l’Institut médical,
établissement favorisé par le ministère de la promotion lors des expositions
universelles.
LegroupeV«Electricité»futdirigéparRafaelRamosArizpe,quipubliadeuxœuvres
largementdiffuséesdans lesquelles il compilaitdes statistiques sur lesapplications
urbainesetruralesdel’électricitéauMexique.CarlosSellerier, ingénieurdesmines,
s’occupaquantàluidepublierunouvragesurlegroupeXI«Mines.Métallurgie».Il
organisauneexpositionquimettait envaleur lesprogrèsaccomplis enunedizaine
d’annéesdansl’extractionminière,principalementcelledesminérauxmétalliqueset
du charbon. Quant à José Ramirez, secrétaire du Conseil supérieur de salubrité, il
organisauneexpositionpour legroupeXVI«Économiesociale.Hygiène.Assistance
publique» pour promouvoir l’une des réussites technologiques majeures du
Porfiriat: l’assainissement de la capitale par l’installation du tout-à-l’égout et d’un
systèmededrainagede40km.
EduardoZarate,procureurgénéralmilitaire,s’occupaitdesgroupesXII«Décoration
etmobilierdes édificespublics et habitations» etXIII «Fils. Tissus.Vêtements». Il
177Díaz ZERMEÑO et Héctor ANTONIO, «El PositivismoMexicano en la educación: Aportes deManuelFlores,entreComteySpencer»,RevistadePedagogía,24-70,mai2003,p.321‑334.178AGN25/3.
56
avaitdirigé lemêmetypedegroupespour lesparticipationsmexicainesen1884et
1889179. L’exposition se concentra sur l’industrie du coton, depuis sa production
locale jusqu’àsontraitementmanufacturier.Finalement, leColonelducorpsspécial
d’État-major,RodrigoValdés,dirigea legroupeXVIII«Arméesde terreetdemer».
Sonexpositionexhibaitdesarmesetdesuniformes,desplansetdesphotographies
d’hôpitauxetd’écolesmilitaires«quimontrentquelegouvernementduMexiqueasu
amélioreretdéveloppersonorganisationmilitaire,enmêmetempsqu’ilmettaiten
valeurtouteslesrichessesdesonsolettouteslesressourcesdesonindustrie».180
Les caractéristiques de la participation mexicaine furent formellement débattues
après l’élection des chefs de groupe en février 1898181. Le compte-rendu de la
premièreréuniondu«conseildeconsultation»182forméàcetteoccasionindiqueque
la commission devait identifier les changementsmajeurs par rapport à 1889. Elle
conclut:«[…]en1900nousallonsluttersurunpiedd’égalitéaveclesautresnations
etnousnepouvonspascomptersurlabienveillancespécialedontnousfumesl’objet
en 89»183. La commission décida qu’il importait de montrer des améliorations
substantiellesdans lesmachines industriellesetmanufacturières,ainsiquedans les
procédésd’extractionsdematièrespremières.Ilétaitdoncnécessairededonnerun
«caractèresélectifetpluscirconscritauxproduitsd’intérêtmajeur».184
Le 29 février, une deuxième réunion eut lieu pour décider si l’organisation devait
releverplutôtdel’Étatoudel’initiativeprivée.Lerapportindiquequelesavisétaient
partagés. Ils résolurent que les particuliers étaient «les premiers intéressés à faire
valoir leurs marchandises» 185 , mais que la nature de l’exposition devait être
«primordialementofficielleet (qu’il fallait) s’efforcerde faireconnaître lepays, ses
éléments exportables, les produits qui puissent être matière à commerce, les179S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.60.180Ibid.,p.65.181AGN,54/11.LeJourdelaréunionn’estpasindiqué.182Ibid.Traductionpersonnelle.«Juntaconsultiva».183Ibid. Traduction personnelle. «en 1900 vamos a luchar bajo un pie de igualdad con las demásnacionesynopodemoscontarconlabenevolenciaespecialdequefuimosobjetoen89».184Ibid.Traductionpersonnelle.«uncarácterselectivoymascircunscritoa losproductosdemayorinterés».185AGN54/18.Traductionpersonnelle.«losprimerosinteresadosenhacervalersusmercancías».
57
industriesquipuissentyêtreimplantées(…)promouvoirl’immigrationetaugmenter
lestransactionscommerciales».186
Lacorrespondanceentrelecommissairegénéraletleministredelapromotionnous
fournitdesinformationsessentiellessurledéveloppementducaractèrecommercial
de l’exposition.Au sujet des circulaires à imprimerpour inviter les gouvernements
desétatsfédérauxàparticiper,MieryCelisexpliquaitle14mars1898:
«Moietlesdirecteursdesdiversgroupessommesd’accordpourdéterminerque,s’ilestessentiel
de montrer les avancements de l’industrie, l’objectif du concours est d’attirer des intelligences
intéresséesparladéveloppementdesrameauxdelaproductionquileurconviennent.Ilparaîtdonc
nécessairedefaireconnaîtreaussilespossibilitésdenôtreterritoire[…][etle]développementdes
rameauxadministratifs[…]pourgarantirlasécuritéetledroitdeleursintérêts.»187
Lesmembresde la commissiondécidèrent ainsi qu’il était essentiel demontrer les
richessesduterritoireetl’existenced’unecultureadministrativemoderne.Lorsdela
troisièmeréunionduConseildeconsultation,FerrariPérez insistasur l’importance
desesgroupesenrappelantquel’Expositionuniverselle«afaituneplaced’honneur
à l’éducation, aux arts et aux sciences, et leprogrèsquenous serons enmesurede
présenterauxjurysdépendradenotrecapacitéàmontrerl’engagementdupaysdans
cesdomaines»188.Lerapportsignalequelesorganisateursdécidèrentdemodifierla
stratégiede1889,quisebasaitsurleprinciped’envoyertoutcequiétaitpossible,
« favorisant lamasseet leschiffresplusque lasélection[…]Dansde tellesconditions,présenter,
par exemple, dematièrespremièresd’excellentequalité, à cotédeproduitsdérivés imparfaits et
encorechers,revientàstimulerl’entrepreneurétrangeretintelligentàfonderdesindustriesplus
186Ibid.Traductionpersonnelle.«Laexposicióndebeserprimordialmenteoficial,yesforzarcepordaraconocerelpaís, suselementosexportables, losproductosquepuedensermateriadecomercio, lasindustriasquepuedanplantearse(…)promover inmigraciónyacrecentartransaccionescomerciales.Segúnotrocriterio,laexposicióndebeserprincipalmentedeparticulares(…)losprimerosinteresadosenhacervalersusmercancías».187AGN, 58/4. Traduction personelle. «Me he puesto de acuerdo con los directores de los diversosgruposparadeterminarquesibienesimportantemostrarlosadelantosdelaindustria,elobjetivodelcertamen es atraer inteligencias interesadas en desarrollar los ramos de producción que lesconvengan.Porello,parecenecesariodaraconoceranteslasposibilidadesdenuestroterritorio(…)[yel] desarrollo de los ramos administrativos (…) para garantizar la seguridad y el derecho de susintereses»188AGN58/6.Traductionpersonnelle.«Laexposiciónapuestoenplazadehonoralaeducación,alasartes y a las ciencias, y los progresos que tengamos a bien presentar a los jurados dependerán denuestracapacidaddedemostrarelcompromisoquetieneelpaísconesastareas».
58
perfectionnées.»189
Lerapportconcluaitque«lanécessitéd’attirerdescapitaux,quiétaitessentielleen
1889,passeàunplanrelativementsecondairedans ledeuxièmeconcours», lequel
impliquerait avant tout «de rendre manifeste aux yeux de l’étranger le progrès
considérabledupays.Cesystèmeconduiraauxmêmesrésultatspardesmoyensplus
efficaces,mais indirects, puisque l’immigration de capitaux et de bras cherche des
paysprospèresets’éloignedesdécadents».190
Lescirculairesdistribuéesàpartird’avril1898auxgouverneursdesétatfédérésafin
d’initier la collecte témoignent de la préoccupation générale des organisateurs,
soucieuxquelepavillonde1900manifestedesaméliorationsparrapportàceluide
1889 dans le sens déterminé. La circulairenº1, dirigée aux gouverneurs des États,
insistaitsur«l’importancedefaireconnaîtredans[cesconcours]l’étatdesrameaux
administratifs et ceux de la production»191.Dans la circulaire nº9, les gouverneurs
demandaient aux citoyensde «démontrerdans ce concours le degréd’avancement
matérieletintellectuelatteintparlanation»192.
Les exposants étaient priés de prendre conscience du fait qu’ils n’allaient pas
bénéficier de l’impression favorable que la nouveauté de la présentation de 1889
avait causée. Les produits, déjà connus, seraient soumis à des examens plus
rigoureux,etlesexposantsdevaientêtreparticulièrementattentifsàlaqualitéetau
choix de leurs objets, «afin de s’assurer la préférence des responsables de
189Ibid. Traduction personelle. «El criterio (…) era el de enviar á París todo lomás que pudiera,atendiendo á la masa y al númeromás que á la selección (…) En tales condiciones, presentar, porejemplo,materiasprimasdeexcelentecalidad,alladodeproductos,derivadosdeellas,imperfectosycarostodavía,eslomismoqueestimularalextranjeroemprendedoréinteligenteáfundarindustriasmásperfeccionadas,paraproducirmejorymásbarato,conseguridadesdelucro.» 190Ibid. «Por estomismo, lanecesidadde atraer el capital, que era lomás imprescindible en1889,pasará á categoría relativamente secundaria en este segundo certamen, en el cual ocupará puestopreferenteeldehacermanifiestoá lasojosdelextranjeroelconsiderableprogresodelpaís.Sistemaque,porotraparte, conduciráalmismoresultadopormediosnomenoseficaces,aunque indirectos,pueslaemigracióndecapitalesydebrazosbuscalospaísesprósperosyseapartadelosdecadentes.» 191AGN, 21/9. «Circular 1». Traduction personnelle. «Ateniendo a la importancia que para elprogreso y desarrollo de la República tiene la concurrencia de México a estos certámenes y lanecesidadquehaydequesedeaconocerenelloselestadoqueguardanlosramosadministrativosylosdelaproducción».192AGN, 22/5. «Circular 9». Traduction personnelle. «Demostrar en aquel certamen el grado deadelantomaterialeintelectualquehaalcanzadolanación».
59
l’assignation des récompenses»193. Le critère de sélection fondamental devait être
d’une part la possibilité de commercialiser les échantillons, et de l’autre, «comme
c’estlecaspourbeaucoupdeproduitsdenotreindustrieetdenotregénie»,queces
échantillons«donnent l’idéedudéveloppement incessant,duprogrès ininterrompu
etdel’étatprésentdel’activiténationale».194
Dans son rapport pour le grand public de 1901, Sebastián B. de Mier reliait la
diminution substantielle des échantillons à une volonté d’efficacité et de qualité. Il
reprenait et modifiait des formules provenant des rapports du conseil
d’administration pour commenter le succès du pavillon. Le palais aztèque aurait
tendu à la massivité, et non pas à la sélectivité, pour manifester les potentiels du
Mexique; mais en 1900 il avait été possible d’exposer la prospérité porfirienne. Il
écrivaitque«silaparticipationduMexiquefut,en1889,totaleetétendueàtousles
ordresdel’activitéhumainepourdémontrernotrepuissancevirtuelle,cellede1900
devait se limiter à mettre en évidence tout ce que nous avions réussi dans la
pratique».195
Mier faisait une appréciation élogieuse et subjective des participations mexicaines
auxexpositionsuniverselles.Sisonouvrageétaitbiaiséparlesoucidelapropagande,
il exprimait tout de même les attentes des organisateurs et la signification
193Ibid.Traductionpersonnelle. «LosexpositoresdebenpenetrarsedequeenelpróximocertamenvamosaserjuzgadosnobajolaimpresiónfavorabledequeporsunovedadpudieroncausarenEuropanuestraprimera exhibicióny lasdeotrospaísesque en circunstancias análogas se encuentran, sinoque siendo ya conocidos nuestros productos, van a ser examinados indudablemente con el mayorcuidadoEsta consideración debe sugerir al expositor la precaución de emplearmayor esmero en laelección,fabricaciónymododeexhibirsusproductos,afindeobtenersegurapreferenciadepartedelosencargadosdeasignarlasrecompensas».194Ibid. Traduction personnelle. «La segunda consideración es de importancia mayor aún. Losexpositoresdebenpenetrarsedelaconviccióndequelosinteresespersonalessuyosylosdelpaísengeneral están, en la especie, vinculados en la exhibición preferente de nuestrasmaterias primas, detodosaquellosartículosque,porunaparte,puedanserobjetosdetransaccionescomerciales,motivarvasta y remuneradora exportación, interesar el consumido extranjero y, por la otra, como pasa conmuchosproductosdenuestra industriaydenuestro ingenio,den la ideadel adelanto incesante,delprogresonointerrumpidoydelestadopresentedelaactividadnacional». 195S.B. DEMIER,México en la Exposición Universal Internacional de 1900..., op.cit., p.26. Traductionpersonnelle.«Si la participación de México fue en 1889 total y extensiva á todos los órdenes de la actividad humana, para demostrar nuestra potencia virtual, la de 1900 necesitaba limitarse á hacer patente todo lo que habíamos ya conseguido en la práctica ».
60
conventionnelle attribuée aux participations. L’auteur considérait que l’objectif
classiquedespavillonsmexicains était dedissiper les inquiétudesdes financiers et
des industriels étrangers résultant d’une ignorance généralisée sur les conditions
matérielles,politiquesetsocialesdupays.196
Selon lui, chaque pavillon avait eu un impact positif sur l’image générale que le
Mexique offrait au monde et il entrevoyait un rapport direct entre cette nouvelle
image et le développement économique du pays. L’exhibition «exceptionnellement
brillante» de minéraux à la Nouvelle Orléans en 1884 aurait entrainé une
convergenceinéditeversleMexiquedecapitauxdestinésàl’exploitationminière.Le
mêmeprocessusauraiteulieuen1889pourl’industrieducuivre.197
En 1900, il s’avérait nécessaire de montrer un pays intégralement moderne. Ceci
convenait à l’image internationale d’un régime instauré depuis vingt-quatre ans et
capable d’établir unbilan favorable sur sonprojet demodernisation. La prospérité
nationale, découlant de l’industrie aussi bien que des politiques scientifiques
permettant de connaître et d’administrer le territoire, était associée aux valeurs
classiques portées par des sensibilités positivistes et républicaines. Mier en
témoignait quand il disait que «les personnes réflexives» étaient de plus en plus
impressionnéespar«leseffortsdugouvernementetdupeuplemexicain[…]visantà
créer des institutions politiques stables et robustes, gardiennes du progrès dans
l’ordre,encourageantlaprospériténationalesousl’ombredelalibertéetdudroit».198
Constructiondupavillon
La commission du Mexique présentait la synthèse comme une stratégie délibérée.
Cependant, certaines contraintes imposèrent d’elles-mêmes l’organisation d’une
196Ibid.,p.6.197Ibid.,p.8.198S.B. DEMIER,México en la Exposición Universal Internacional de 1900..., op.cit., p. 6. Traductionpersonnelle. «(…) Los esfuerzos del gobierno y del pueblo mexicanos (…) para crear institucionespolíticas estables y robustas, amparadoras del progreso dentro del orden, y que fomentasen laprosperidadnacionalálasombradelalibertadydelderecho».
61
expositionmoinsambitieusequecellede1889.Danssonrapport,Mierexpliquaitque
la Trésorerie fédérale, «diminuée» par une crise agricole et monétaire, était
cependant en cours de reconstitutionet que la participation pourrait jouir d’un
financement convenable199. Mauricio Tenorio Trillo indique que la présentation
mexicaine en 1889 coûta 605 318 pesosmexicains, représentant 11,3% et 8%du
budgetduministèredelapromotionpourlesannéesfiscalesde1888-1889et1889-
1890.Ilindiquequelaparticipationen1900coûta523972pesos,correspondantà
46,8%dubudgetpourl’année.200
Lescomptesdisponiblesdanslasection«exposiciones»desArchivesgénéralesdela
nation indiquent, entre juillet 1898 et août 1900 (trois mois avant la clôture de
l’exposition), un coût totalde109839,78pesos.Cette somme,qui correspondaux
frais survenus à Paris, est adaptée au coût final de 1 186 301, 50 francs queMier
recensaitdanssonrapport201.Lescomptesenpesosetenfrancsorganisentlesfrais
demanière différente, mais permettent d’établir que le ministère de la promotion
évaluaapproximativementletauxdechangeàraisond’unpesopour10,8francs202.
Ce tauxcorrespondavec les sommesdestinéesau remboursementducréditouvert
par le service des sections étrangères. Le président Porfirio Díaz approuva des
versementsdelaTrésoreriegénéraledelaFédérationauministèredelapromotion,
«pour situer à Paris», les quantités suivantes: 40,000 (aout 1900), 20,000
(décembre 1900), 10 000 (février 1901), 10,000 (avril 1901), 10,600 (avril 1901),
soit90,600pesos.203
MierindiquedanssonrapportquelaparticipationàParisen1889avaitcoûté2179
144,17francs. Ilestimaitdoncque lacommissionavaitpayé lamoitiédeceprixen
1900, et il considérait que le pavillon néogrec était le deuxième pavillon le plus
199Ibid., p. 7. Traduction personnelle. «El Tesoro Federal, tanmermadono hamuchopor las crisisagrícola ymonetaria, había entrado ya en un período de reconstitución, y todo hacía prever que elcreciente florecimiento de nuestra Hacienda permitiría soportar desahogadamente los gravámenesquenosimpusiéramos».200M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.,p.348‑349.201S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.238.202VoirAnnexe3.Tableau:Dépensespourlaparticipationmexicaineen1900.203AGN,61/3. « Gastos generales de la delegación, para la exposición de 1900 ».
62
importantdansl’histoiredesprésentationsmexicaines204.Lerapportadministratifde
l’expositionuniversellenesignalepaslecoûtdespavillonsdelaRuedesnations:le
règlement sur les dispositions générales des bâtiments décrétait que les pavillons
seraient érigés aux fraisdes commissionsnationales205. Cependant, le créditouvert
parleservicedessectionsétrangèresàvingt-neufpaysmontrequeceluiduMexique
futlecinquièmeleplusélevé(2000,000defrancs),aprèslesEtats-Unis(7112,500),
laRussie(6650,000),laHongrie(3675,000)etlaGrandeBretagne(2500,000).206
Le coût du bâtiment représenta une partie substantielle des dépenses totales. La
commissiondemandaàplusieursprestatairesfrançaisd’établirdesbudgetspoursa
construction le 24 octobre 1898 207 . Etant donné les contraintes pesant sur
l’assignationdu terrain, cene futque le25aout1899que leprésidentDíaz choisit
d’établiruncontratavecMr.L.Dior,quiproposaitleprixlemoinsélevé.208
Le président Díaz demanda de consulter José Yves Limantour, son ministre de
l’économie,pourprépareruncontrat.Celui-ci futmisenplaceentreMieryCeliset
Dior le 31 aout 1899 209 et établissait que la Compagnie se chargerait de la
construction,laconservationetladémolitiondupavillon.Diors’engageaitàsuivreles
plans et le cahier des charges, ainsi qu’à terminer les travaux au plus tard le 31
janvier1900.Leprixaccordéfutde380000francs,payésensixmensualités,dontla
dernièreendécembre1900.Enincluantlescoûtsdelaplateforme,desinstallations,
du système électrique, les salaires des employés auxiliaires et des ouvriers, et tout
autrefraisrelatifàlaconstruction,leprixtotals’élevaità609958francs.210
L’architecte en chef du pavillon, AntonioM. Anza, était l’un des ingénieurs les plus
prestigieuxdu régime. Sonprojet depalais aztèque l’avait emportédevant celui de
204S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.238.205Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier…,op.cit., p.119. «ChapitreV: Concours sur les dispositions générales des bâtiments,jardinsetagencementsdel’exposition(partieurbaine).206Ibid.,p.256.207AGN,31/2.208S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.96.209AGN,32/2.«Contratocelebradoparalaconstruccióndelpabellón».210S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.237.
63
LuisSalazaren1889etilfutchoisisansconcoursdèsjanvier1898pourl’exposition
de1900211.Ileutuneinfluenceconsidérabledanslechoixduterrain,duprestataire
etdansl’établissementdesconditionsducontrat212.Quiplusest,ilfutresponsablede
la dimension symbolique du pavillon et occupa une place essentielle dans toute
l’organisationdelaparticipation;eneffet,aprèslamortd’AntoniodeMieryCelis,il
fut nommé commissaire adjoint et remplaça Sebastián B. De Mier à plusieurs
reprises213. IlarrivaàParis le27Mars1898214pours’assurerduchoixd’un terrain
convenable,mais certainescontraintes retardèrent sonacquisition. Il futdisponible
qu’en septembre et les travaux prirent eux aussi du retard. Le pavillon ne fut
officiellement terminé que le 14 avril 1900215, le jour même de l’inauguration de
l’expositionuniverselle.
Laruedesnationsavaitétéétabliesurlequaid’Orsay,entrelepontdesInvalideset
lepontdel’Alma.LespavillonsétaientdistribuéssurdeuxaxesparallèlesàlaSeineet
séparésparune chaussée.Grâce à l’additiondedeuxplateformesdemêmeniveau,
l’uneencimentpourrecouvrirlatranchéeduchemindeferquipassaitlà,l’autreen
bois pour mettre à niveau la berge de la Seine, une superficie de 23 100mètres
carrésfutobtenuepourvingt-cinqpavillons.L’espace,longde600mètres,accordait
28,50 mètres de largeur pour la chaussée juxtaposée à la Seine et 10 mètres de
largeur pour l’autre. Ceci permit d’aménager des sous-sols qui seraient
postérieurementdestinésàaccueillirdesrestaurants,ainsiqu’unpassageservantde
promenoircouvertsurlabergebasse.216
AntoniodeMieryCelissollicitaàAlfredPicardunterrainde3000mètrescarrésle18
avril 1898217 ; la concession fut refusée. Ceci nous indique que la commission
211AGN,18bis/5.212AGN,31/10.213AGN,20/5;21/4.214AGN,31/10.215S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.97.216Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tometroisième. ChapitreXIX.Pavillonsetouvragesdiversde l’enceinteurbaine.3.Terrasseduquaides nations», pp. 146-151.; S.B. DEMIER,México en la ExposiciónUniversal Internacional de 1900…,op.cit.,p.97.217AGN,58/10.
64
comptaitconstruireunpavillonplusgrandquelepalaisaztèque,quiavaitoccupéun
espacede2100mètrescarréssurleChampdeMars218.MieryCelisargumentaquele
pavillondevraitcontenir,outredeuxexpositionsspéciales, lescontributionsdedix-
septgroupes219.Le25janvier1900,ladirectiondel’expositionproposaauMexique
unterrainsituédel’autrecotédupontdel’Alma,àcôtéduPalaisdesarméesdeterre
etdemer.Dansunpremiertemps,l’espaceattribuéétaitde75mètresdelonget28,5
mètresdelarge,soit2137,5mètrescarrés.Maislaconstructionetlamodificationdu
palaisvoisinréduisirentfinalementl’espaceà60mètresdelongueuret25mètresde
largeur,soit1315mètrescarrés220.
En effet, le rapport administratif et technique de l’Exposition universelle indique
qu’«ungrandescalierde10mètresde largeur,reliant laplateformeà laberge,prit
placeentrelePalaisduMexiqueet lePalaisdesarméesdeterreetdemer»221.Ses
balustrades étaient juxtaposées au palais néogrec222. Lemême rapport indiqueque
«lesarchitectesduPalaisdesarméesdeterreetdemeronteuàcouvrirlecheminde
fer des Moulineaux, non seulement sous cet édifice, mais encore aux abords et
notamment sous le palais du Mexique»223. Le décompte des coûts est cependant
effectué «en laissant de côté la zone […] qu’occupait le palais duMexique»224. La
correspondancegénéralemontrequelaDirectiongénéraledel’exploitationimposaà
lacommissionmexicainedepayerl’espacequ’iloccupaitsurcetteplateformedèsle
27janvier1899,deuxjoursaprèsl’attributionduterrain.Dufaitdelaréductiondesa
surface,lasommeinitialede52275francsfutréduiteà41820francs.225
218J. GODOY,México en París : reseña de la participación de la República Mexicana en la ExposiciónuniversaldeParísenl889…,op.cit.219AGN,58/10..220Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomecinquième..,op.cit.,p.69.221Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomedeuxième,Paris,Imprimerienationale,1902,p.236.«ChapitreIX.Palaisdesarméesdeterreetdemer.15.Travauxextérieurs».222VoirAnnexe6.Tableau:Iconographierelativeàlaconstructiondupavillonmexicainde1900.223Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomedeuxième…,op.cit.,p.227.224Ibid.,p.237.225AGN,31/10
65
Le 10 juillet 1899, Antonio Anza présenta auministère de la promotion huit plans
pour le pavillon, qui furent approuvés par Picard le 25 juillet226. En raison de
restrictionssécuritairesconcernantleséchageducimentdelaplateforme,lestravaux
necommencèrentofficiellementquele25septembre1899227,aumêmemomentque
ceux de l’édifice contigu. Mier y Celis indique qu’un hiver «exceptionnellement
rigoureux» compromit la vitesse de construction du pavillon, qui fut officiellement
achevéele14avril1900228,soitdeuxmoisetdemiaprèsladatelimitestipuléedans
lecontrat.
En décembre 1899, Anza dirigea au ministère de la promotion un rapport sur les
travaux229. Comme pour la majorité des pavillons nationaux, le palais néogrec fut
construitàpartird’unestructuredecolonnesetdepoutrellesenacier, sur laquelle
furent installés des piliers en bois. L’ossature fut recouverte et décorée par une
application de staff fabriqué avec du plâtre et des fibres qui permettait de donner
«l’apparencedematériauxsolides».230
L’espacenetoccupéparlabaseétaitde41,75mètredelongueuretde25mètresde
largeur, avecdeuxhexaèdres aux rayonsde8,90mètres sur les côtés. Le rectangle
centralfutinvestidevingt-quatrecolonnesioniques«dontlechapiteauétaitprisdu
temple d’Erechthée à Athènes, une des plus belles constructions du siècle de
Périclès»231. Ces colonnes soutenaient le premier étage et formaient une loggia
italiennequidégageaitdeszonesouvertes.Lacornicheétaitcouronnéesurlescôtés
pardesobélisques;Anzaprécisaitquesadécorationétaitdestylenéogrec,«dontles
formes courbes sont elliptiques, hyperboliques ou paraboliques, mais jamais
circulairescommechez lesromains». Il indiquaitque lestyledupavillon«rappelle
celuidecertainsédificespubliquesquiseconstruisentactuellementenAllemagne»
et qu’il consistait en une «architecture de la Renaissance de Florence virilisée par
226VoirAnnexe6.227AGN,31/10.228S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.97.229AGN,31/8.«DescripcióndelafachadadeledificiodeMéxicoparalaexposicióndeParís».230VoirAnnexe6231S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.108.
66
l’influencesaxonne»232.Ildisaitqu’ilavaitprivilégiélanécessitéd’éviteruncontraste
désagréable avec le Palais des armées de terre et de mer; mais ses esquisses de
projetsmontrentquelechoixdustylenéogrecdataitaumoinsdedécembre1898.233
L’intérieurdupavilloncomprenaitdeuxétagesetunsous-solavecunesallede34,60
mètres de longueur et de 5,90mètres de largeur. La commission établit vingt-cinq
contrats, principalement par l’intermédiaire de L. Dior et de M. Beaulieu, pour
aménager et décorer l’édifice234. Tous les meubles acquis seraient par la suite
transférés à la ville de Mexico, pour le ministère de la promotion235. Beaulieu se
chargead’aménager lesalondesBeaux-Artspour lasommede21mille francset le
sous-sol pour celle de cinq mille francs. Cependant, le contrat le plus coûteux se
montaità65millefrancs,pourM.deCheminaisquilouapourl’ensembledupavillon
desvitrinesnoiresquiseraientrepeintesenblanc.Lesdépensespourl’installationet
lecourantélectriquesfurentrespectivementde20milleetde40millefrancs236.Mier
yCeliscomptemille lampespourl’intérieuret983lampespourl’extérieur237,dont
trentechandeliersquidonneraient,selonlesmotsd’Anza,«uncaractèreféérique»à
laloggia.238
Le salon des Beaux-Arts, situé sur l’un des hexagones latéraux (l’autre hexagone
comprenait l’escalier principal), était en même temps un salon de réceptions. Il
comprenait les deux étages et recevait un éclairage zénithal. Le mur circulaire fut
doté d’une base en bois imitation acajou avec des applications de bronze doré, sur
lequel futposéungrandmiroir, etqui fut couvertd’une tapisserieprovenantde la
Manufacture des Gobelins. Il comportait un canapé, deux fauteuils, quatre chaises
232AGN,31/8.Traductionpersonnelle.«Losperfilesdesuscornisassondeestiloneo-greco,enelquetodas las formas curvas son elípticas, hiperbólicas ó parabólicas ; pero nunca circulares como en elromano.»;«SuestilorecuerdaeldealgunosdelosedificiospúblicosqueseconstruyenactualmenteenAlemania»;«ArquitecturarenacentistadeFlorenciavirilizadoporlainfluenciasajona». 233Ibid.234Ibid.235AGN,31/3.236AGN,68/25,«InstalacionesenelPabellónmexicano,informes,reglamentaciones».237S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.238.238AGN, 68/25. «Los treinta candelabros que decoraran el pórtico de la fachada iluminaran estaprofusamentedándoleuncarácterfeérico».
67
tapissées, trentechaiseset trois tablesrondes, le toutenacajouavecdesdécorsen
bronzedoré«styleEmpire».239
Outre les contributions réparties en groupes dans les deux étages principaux, la
commission avait prévu d’installer un restaurant au sous-sol. Le ministère de la
promotion établit le 15 novembre 1899 un contrat240avec Sylvain Daumont, qui
installerait le restaurant sur un espace de 204 mètres carrés et verserait 3% des
entréesbrutes.Ce contrat stipulaitque les ingrédients seraientdebonnequalité et
qu’ilpréparerait«selonlegoûtdupublicdesplatsdestylenettementnational»241.Il
fut convenu qu’il vendrait du café mexicain promu avec des affiches, ainsi que du
chocolat et des friandises traditionnelles des États du Jalisco, du Michoacán, de
Querétaro et de Puebla. Afin de promouvoir l’exportation de vins nationaux et de
boissonsalcoolisées,DumontferaitvenircesproduitsduMexiqueetlesvendraitau
public.
Cependant, aumoment de l’installation, quand le terrain se révéla trop petit pour
recevoir la totalité des contributions, la commission décida d’utiliser le sous-sol
comme annexe de l’exposition et le contrat fut finalement résilié le 22 décembre
1899242 . Le sous-sol fut utilisé pour les plus lourds et volumineux, ainsi que
l’expositiondelaRépubliqueduSalvador.
Le 2 novembre 1899,Mier y Celis accepta la demande queRafael Zaldivar, envoyé
extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Salvador à Paris, lui avait fait pour
exposerdesobjetsdanslepavillonmexicain.Cependant,Anzamanifestadescraintes
quandàlaperted’espacequecelaimpliqueraitpourleMexique,etle14novembrele
directeur de l’exploitation Delauney Belleville refusa la sollicitude du Salvador en
invoquant son caractère tardif. La résiliation du contrat du restaurant permit
cependantderenouvelerlademande,quifutacceptéele9janvier1900.Anzaattribua
239AGN,31/3.240AGN,32/5.241Ibid.Traductionpersonnelle.«Prepararsegúnlosgustosdelpublicoplatillosdeestilonetamentenacional».242AGN,32/4.
68
au Salvador une vitrine de 2,60mètres sur 1,60mètres. Cependant, le contenu de
cetteexpositionnefutpasrecensédanslecatalogueduMexique.243
Danslecatalogueofficieldel’expositionuniverselle,lanoticesurleMexiqueindiquait
que«M.Anzaavaittiréunexcellentpartidubelemplacementdontildisposait»244.
Les coulisses de l’organisation révèlent que la commissionmexicaine dut affronter
unesériedecontraintesprincipalementliéesàlagestiondesterrainsparladirection
générale de l’exposition. La taille dupavillon, qui passait des3millemètres carrés
souhaités à 2137,5 mètres carrés, aurait permis au Mexique d’avoir le troisième
pavillon le plus grand dans la Rue des nations, juste après celui de l’Italie (2852
mètres)etceluidesÉtats-Unis(2421mètres)245.Maisl’agrandissementduPalaisdes
arméesdeterreetdemerentraînauneréductiondelasurfaceà1315mètrescarrés.
Decefait,leMexiquepassaàavoirleseptièmepavillonnationallepluspetitduquai
d’Orsay246. La situation obligea à la commission de reconsidérer ses critères de
sélectionpourobjetsetleurdisposition.
Organisation,choixetinstallationdescontributions
Aprèslanominationdeschefsdegroupesenjanvier1898247,ladeuxièmeSectiondu
ministère et la commission commencèrent à organiser la collecte des objets des
exposantsmexicains.Ellesdiffusèrentl’événementdanstoutlepaysetorganisèrent
le recueil des contributions avec la collaboration des administrations des états, et
grâceauréseaudecheminsdefers’étendantsur13615kilomètres248.Chaquechef
était responsable de concevoir le contenu des expositions de ses groupes, de
contacterlesexposantsoffrantlespièceslesplusintéressantesetdesuperviserleurs243AGN,68/17.244 Exposition internationale universelle de 1900. Catalogue général officiel, Paris, ImprimerieLemercier,1900,p.129.«LaRépubliqueduMexiqueàl’ExpositionUniversellede1900».245Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actes officiels. Tableaux statistiques et financiers, Paris, Imprimerie nationale, 1902, p.671‑704.«Tableaunº4.Répartitiondesespacesaffectésauxsectionsétrangères».246Ibid.,p.688.247AGN,18bis/5.248E.SPECKMAN,«ElPorfiriato»…,op.cit.
69
propositions. Certaines institutions scientifiques, proposant des contributions
considéréescommeparticulièrementpertinentes, furentdirectementcontactéespar
leministreFernándezLealetlecommissaireMieryCelis.Uneimportantepartiedes
recherches, des expéditions et des publications scientifiques sélectionnées fut
financéeparleministèredelapromotion.
Entre mars et avril 1898, la Deuxième Section distribua une série de circulaires
destinées aux gouverneurs des États, aux institutions publiques, aux compagnies
privées concernées, aux industriels, aux intellectuels et aux citoyens, invités par le
gouvernementàparticiperàlaconstitutiondel’exhibitionmexicaineàParis.Ladate
limitepour lesdemandes («lospedimentos») était le15décembre1898249, cequi
permettaità lacommissiondedisposerd’uneannéepoursuperviser les travauxen
connaissantlecontenudescontributions.
La première de ces circulaires, expédiée le 24 mars 1898 et rendue officielle le 5
avril250,initiaitleprocessusdecollecteensollicitantlacollaborationdesgouverneurs
desvingt-sept états.Elle futdistribuéeaccompagnéede cinqéditionsdu règlement
traduitenespagnoletdedeuxversionsenfrançais.Ellediffusaitlesnomsdeschefs
de groupes et ordonnait la mise en place de commissions locales chargées de
communiquer avec la commission de Paris, en suggérant une répartition des
responsabilitéssimilaire.Lescommissionslocalesdevaientétablirlecontactavecles
«agriculteurs, miniers et autres industriels», préparer une exhibition officielle de
chaque état «pour que tous les rameaux de l’administration soient dûment
représentés».251
Lescirculairesnº2etnº3du6avril1898étaientdestinéesauxagentsdesminesainsi
qu’aux agentsde l’agriculture et les chargeaient d’inviter et de stimuler la
participation des personnes concernées252. La circulaire nº4 du 4 mai 1898 fut
249AGN,11/9.250DiarioOficialdelaNación,5deabril1898.251AGN,21/9.Traductionpersonnelle.«Agricultores,minerosydemásindustrialesdeeseestado»;«quetodoslosramosdesuadministraciónquedendebidamenterepresentados».252AGN,21/11.
70
distribuée directement aux entreprises industrielles, minières et d’exploitation des
eaux253.
Les chefs de groupes eurent recours à des modalités d’organisation similaires.
Fernando Ferrari Pérez, pour les groupes I, II, III et la Section rétrospective, fit
parvenirdenombreusescirculairesauxéditeursdejournaux,auxartistes,historiens,
écrivains,photographesetarchitectesmexicains.Ildemandaitaussiauxgouverneurs,
à travers un formulaire standardisé, d’envoyer des informations concernant
l’instructionpubliqueetlesécoles.Enseptembre1898,RafaelRamosArizpe,pourle
groupe V, demandait notamment aux gouverneurs une liste de personnalités
éminentes de l’industrie électrique, afin de les inviter personnellement. Comme les
autreschefs, ildemandaitdesplans,desnotices,desphotographiesetaffirmaitaux
exposants qu’il était «persuadé qu’une complète exhibition des applications faites
parcerameaudessciences[…]seraunmoyenefficacedefaireconnaîtreledegréde
cultureoùsetrouvecetimportantétat»254.JoséSegura,danssonrapportfinalpour
les groupes VII et IX, précise avoir envoyé des circulaires aux «propriétaires
d’haciendasetdefermesagricoles,auxindustriels[…]etplusgénéralementàtoutes
les personnes qui, par leur illustration, patriotisme et position sociale, pourraient
m’aider».255
Parmilescirculairesgénéralesdelacommissionmexicaine,lescirculairesnº5etnº6
du 6 avril 1898 concernaient soixante-six compagnies de chemins de fer. Elles
sollicitaient des données statistiques, des plans et des photographies,mais surtout
elles demandaient les «concessions spéciales» à offrir pour le transport du
personneldescommissionsetdesobjets256.DansunelettreàAntonioM.Anzadu23
avril 1900, Sebastián B. de Mier lui rappelait que «plus de cinquante» avaient
253AGN,21/10.254AGN, 22/9. Traduction personnelle. «(…) persuadido de que una completa exhibición de lasaplicacionesquesehanhechodeesteramodelasciencias(…)seráunamediosegurodedaraconocerelgradodeculturaaqueseencuentraeseimportanteEstado».255AGN,68/35.«Mandécircularesapropietariosdehaciendasyfincasagrícolas,industriales(…)yengeneral a todas aquellas personas que por su ilustración, patriotismo y posición social creí quemepodríanayudar».256AGN,21/12.
71
«adjudiqué d’importantes concessions en bénéfice de ce ministère»257. Gabriel
Mancera, ingénieur et entrepreneur, répondait le 14 avril 1898 que sa compagnie
feraituneremisede50%pourlesobjetsetpermettraitàtoutlepersonneldevoyager
gratuitement. Mancera avait représenté le Mexique à l’Exposition universelle de
Philadelphie en 1876, et y avait établit des liens qui lui permirent de construire le
chemindeferd’HidalgoetduNordeste.258
Leréseaumexicaindecheminsdefers,symboledelamodernitéporfirienne,étaitun
secteurd’excellencedelaprésencemexicaineauxexpositionsinternationales.Dansla
pratique, ce réseau fut fondamentalpourmeneràbien lesprojets.Lescompagnies,
qui étaient enmajoritédes concessionsprivées, assuraient la communication entre
les différents agents de l’organisation, le transport d’objets et de personnel, mais
aussil’exécutiond’expéditionsscientifiques.QuandPorfirioDíazarrivaaupouvoir,il
n’yavaitque640kmdevoies ferrées,principalemententre lacapitaleet leportde
Veracruz.Àlafindurégime,lepayscomptait19280kmdevoiesreliantlesvilleset
les régions avec les ports et la frontière du Nord. Le développement du réseau,
préalable fondamental pour l’amélioration des participations mexicaines aux
expositions internationales, fournissait5582kmdecheminsde feren1885,8544
km en 1890, puis 13 615 km en 1900259. Les rapports du Jury du groupe VI de
l’Expositionuniversellede1900 indiquent578kmen1875,10897kmen1892,et
environ13000en1900.260
Le ministère de la promotion rembourserait les compagnies selon les concessions
accordées, de façon à ce que leurs responsables aient seulement à recevoir des
indications télégraphiques pour faciliter le transport d’objets et de personnes. Le
ministère s’occuperait aussi des transports en dehors du territoire national. Le
rapport administratifde l’expositionuniverselle signale,dans le tableaudes crédits
257AGN, 58/4. Traduction personnelle. «Más de cincuenta de estas compañías han tenido a bienadjudicarimportantesconcesionesenbeneficiodeesteministerio».258M. de L. HERRERA FERIA, Puebla en las exposiciones universales del siglo XIX : la inserción de unaregiónenelcontextoglobal…,op.cit.259E.SPECKMAN,«ElPorfiriato»…,op.cit.260Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportsdujuryinternational.GroupeVI.Géniecivil.Moyensdetransport.Premièrepartie.Classes28à32,Paris,Imprimerienationale,1902,p.400.
72
accordésauxpays,quelesfraisdetransportdesobjetsverslaFrancerevenaientsoit
auxexposants,soitaucommissariatgénéral,àl’exceptionduMexiqueetdelaCorée,
lesdeuxseulspaysdontlesgouvernementsfinancèrenteux-mêmescettedépense.261
Les «pedimentos», formulaires de candidature pour les contributions, étaient
disponibles gratuitement dans les bureaux locaux de tous les états et dans les
dépendances ministérielles relevant de l’agriculture et de l’administration du
territoire 262 . Ils signalaient les principales dispositions auxquelles devait se
soumettretoutexposant:
«Lescoûtsd’emballageetdetransportjusqu’àlastationdechemindeferlaplusprocheoujusqu’à
la capitale, s’il n’y a pas de voie ferrée, seront payés par le particulier, le territoire ou l’état qui
effectue l’envoi.Lesexposantsn’aurontpasàpayerdechargespour l’occupationdes locauxdans
l’édificeduMexiqueàParis,nipourletransportenchemindeferouennavireàvapeur,jusqu’au
lieudel’Exposition,maisdevrontpayerlesinstallationsspéciales».263
Lescandidatsdevaientindiquerplusieursinformationssurleursobjets,dontleprix
courant, le volume de production, ses propriétés et applications, et ils devaient
mentionnersi lapièceavaitétéproduitespécialementpour l’exposition264.Pour les
exposants les plus importants, la demande n’était qu’une formalité, car ils furent
recherchésetcontactésaupréalableparlescommissions.
Plusieurs institutions participantes furent elles aussi directement contactées par le
ministredelapromotionetparlecommissairegénéral.Ellesavaienttoutesconcouru
à des expositions universelles antérieures et se trouvaient pour la plupart
administrativement liées au ministère. Elles furent convoquées à participer entre
févrieretmars1898,soitdeuxmoisavant ladiffusiondescirculairesgénérales.En
décembre, Fernández Leal les invita à envoyer des sollicitudes d’admission, ce qui
261Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier…,op.cit.,p.256.262AGN,11/9.263AGN,67/6.Traductionpersonnelle.«Losgastosdeempaqueyconducciónhasta laestaciónmáspróximadeferrocarril,óhastalaCapital,sinohubiesevíaférrea,correránporcuentadelparticular,delterritorioódelEstadoquehacíaelenvío(…)LosexpositoresnotendránquesufragargastoalgunoporarrendamientodelocaleneledificiodeMéxicoenParís,niportransporteporferrocarrilóbuquedevapor,hastaellugardelaExposición,perosítendránásucargolosdeinstalacionesespeciales».264AGN,67/6.
73
permettraitdecataloguerleursobjetsuneannéeàl’avance265. LadeuxièmeSection
finança la recherche de ces entreprises ainsi que la fabrication des objets qu’elles
allaientexhiber.
La Commission géographique exploratrice envoya sa participation complète le 5
février 1900. La contribution la plus importante fut celle de sa section d’histoire
naturelle, directementdirigéeparFernandoFerrari Pérez (chef des groupes I, II et
III),quienétaitledirecteur.Ildemandaenmars1899àl’ÉtatduGuerrerodefournir
des chasseurs pour tuer des oiseaux, des reptiles et des mammifères qui seraient
ensuitetraitésparuntaxidermisteaufraisduministère266.Àpartirdejuin,ilengagea
desauxiliairesde laCommissionen tantqu’«agentsvoyageurs»pour collecterdes
échantillons dans tout le pays et enrichir ainsi la section d’histoire naturelle.
Francisco Rio de la Loza acheta des peaux à Tepic et Otto Krieger rassembla de
nombreux insectes. La collection s’accrut au point d’excéder les possibilités de
rangementdisponibles,etladeuxièmeSectiondûacheter300boîtespourinsectes267.
D’autresagentsvoyageurs,commeJoséRivera,profitèrentdeleursexcursionsetde
la gratuité des transports pour distribuer des prospectus et des sollicitudes de
participationdanslesÉtatsdeVeracruz,CampecheetYucatán.268
L’InstitutGéologiqueenvoyale22août1898unedemandedebudgetpoureffectuer
des analyses géologiques et des relevés topographiques entre les ports d’Acapulco
(côtepacifique)etdeVeracruz(côteatlantique).Leministèreluioctroyales10760
pesos demandés et fit les démarches nécessaires auprès de trois compagnies de
chemin de fer pour faciliter les déplacements des topographes entre le Veracruz,
Puebla, Oaxaca et le Guerrero. La deuxième section demanda aussi aux
gouvernements locaux de contacter les maires et les propriétaires des terrains
265AGN,54/11.266AGN,42/2267Ibid.268AGN,20/11
74
concernés, pour obtenir l’autorisation de ses travaux. L’institut géologique envoya
toutessesproductionsle2février1900.269
L’Institut médical, spécialisé dans les plantes médicinales mexicaines, notifia le
commencement de ses travaux le 23 septembre 1898. Il reçut 3 200 pesos pour
financerdesexcursionsdanslesÉtatsduMorelosetduGuerrero, letransportétant
assuréentreavriletmars1899parlaCompagniedescheminsdeferdeCuernavaca
etduPacifique.Ilremituninventairefinalavecsesobjetsle12janvier1900.270
L’Observatoiremétéorologiquecommençaàpréparersacontributionenaoût1898.
Le11novembre1899,ilfitparvenirauministèreuneboite,reçueparFerrariàParis
le 18 novembre, contenant des publications, des cartes climatologiques et des
tableaux en partie effectués à la demande du ministère271. Ses employés avaient
bénéficiédedéplacementsgratuitsdanstoutlepaysetfurentassistésparaumoins
quatre municipalités (Cuernavaca, Guadalajara, Morelia, et Puebla), préalablement
contactéesparFernándezLeal272.Finalement, l’ObservatoiredeTacubaya,àMexico,
et le Département des poids et mesures commencèrent leurs travaux le 8 février
1898 et demandèrent au ministère de financer des postes auxiliaires pour 2000
pesos.Ilsenvoyèrentleurstravauxenjanvier1900.273
Cesparticipationsinstitutionnellesmontrentqueleministèredelapromotionétablit
une coordination efficace des diverses instances publiques et privées en vue de la
production des objets présentés à l’exposition universelle. Par ailleurs, d’autres
projets bénéficièrent de ressources importantes tout en provenant d’institutions
indépendantes au ministère. C’est le cas du Conseil supérieur de salubrité et de
l’Académiedejurisprudence,exposantshabituelsdesexpositionsinternationales,qui
n’informèrent pas de l’état de leurs contributions en dehors des demandes
d’admission 274 . L’avancement des travaux d’autres exposants importants, des
269AGN,54/12.«ParticipacióndelInstitutoGeológico».270AGN,54/10.«ParticipacióndelInstitutoMédicoNacional».271AGN,43/13.«ParticipacióndelObservatoriometeorológicoMagnético».272AGN,54/15.273AGN,54/8.274Ibid.
75
institutionsfédéralestellesquelaSociétémexicainedegéographieetdestatistiques
et laSociétémexicained’histoirenaturelle,ne futpasenregistrépar lacommission.
Enfin, de nombreuses autres institutions régionales et municipales concoururent
également par le biais du processus de sélection officiel en communicant avec les
commissionslocales.
Si le rapport final de l’Exposition de Sebastián B. deMier recense 2143 exposants
mexicainseffectifs275,leministèreavaitreçuuntotalde3500demandesd’admission,
à la fermeture du concours le 15 décembre 1899276. Entre janvier 1899 et février
1900277, ladeuxièmesectionentreposalesobjetsdans l’entrepôtdesBetlemitas,un
ancien hôpital appartenant auministère et dont le réaménagement s’éleva à 1000
pesos278 . Mier signale qu’une partie des contributions, «pour certains groupes
considérables»,arrivaàlavilledeMexicotrèstardivement279,etlacorrespondance
entreAnzaetFerrariPérezindiquequ’àlafindefévrier1900lacommissionrecevait
encore des boîtes à Paris280. Manuel Flores, dans son rapport final transmis à
FernandezLealle1eraout1900,préciseque,dufaitduretard,«beaucoup»deboites
furent envoyées à Paris sans avoir été ouvertes au préalable au Mexique et qu’en
conséquenceunepartiedelasélectiondûtêtreeffectuéesurplace.281
Lacommissionreçutautotal337boîtes282.Enraisonduretarddanslaconstruction
dupavillon,l’installationnecommençaquedansladeuxièmequinzained’avril1900.
Miersignalequ’unebonnepartiedesobjetsn’avaitpasencoreétéexaminéeetqueles
chefsdegroupesne connaissaientpas leurs caractéristiquesphysiques283.Eneffet,
surlesvingt-quatrequestionsduformulairededemandedeparticipation,aucunene
275S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.247.276AGN,58/13.277AGN,42/2.278Ibid.279S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.115.280AGN,54/23.281AGN,67/6. Seulement certainesdesboîtesqui furentouvertes àParis sontmentionnéesdans lacorrespondance.282AGN,68/25.283S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.115.
76
portaitsur lepoidset la tailledesobjetsàexposer284.Enavril1900, lacommission
savait seulement «que les produits prédominants étaient ceux de l’agriculture, les
mineraisetleslivresetcollectionsscolaires».285
LerécitdeMierfaituneapologiedesexploitsdelacommissionetprincipalementdes
exploits des chefs de groupe. Son rapport sur la construction et sur les travaux
d’installationestengrandemesureunechroniquedesrusesetastucesconçuespour
contourner certaines contraintes. Ces contraintes sont indirectement mais
systématiquement liées à la direction générale de l’exposition et aux expositeurs
mexicains, et le texte ne signale presque aucunedifficulté dans l’organisation de la
commissionetentresesmembres.Les lettresflatteusesadresséesauministrede la
promotion et au président Díaz ne mentionnent aucun désagrément ou conflit
interne. Le circuit de communication entre les acteurs, tel que le montrent les
archives,estverticaletnecontientpasdetracedecontactsentreleschefsdegroupe,
endehorsdesréunionsgénérales.Cecircuitmontreavant tout laprédominancede
codes de comportement de cordialité entre les membres. Par exemple, il est
impossible de déterminer à quel moment l’ignorance des dimensions et poids des
produits s’avéra être un problème ou une erreur, ni quelle instance ou quelle
personneenfutresponsabilisée.
Si l’onpossède lesélémentspourcomprendre le retardementde laconstructionde
l’édifice et celui de la livraison des boîtes, il reste difficile d’évaluer l’efficacité des
chefsdegroupesqui,selonlesrapports,nepouvaientprocéderàlasélectiondécisive
qu’au moment où les objets arrivaient à Paris. Cependant, le transport des
contributions institutionnellesmontrequepour les processus internes leministère
mit en place une organisation efficace et qu’il fut capable de produire ses
contributionsdanslesdélaisimposés: lesinstitutionsrelevantdeluiremirentleurs
travauxauplustardenfévrier1900.
QuandàMier, ilexpliquait leretarddesopérationspar latailledupavillon :«Jene
peux pas cacher au ministère qu’un local plus grand aurait été plus favorable à
284AGN,67/6.285S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.115.
77
l’expositionmexicaine; que l’inévitable retard que l’inauguration a souffert émane
principalementdelanécessitédecirconscrireunevastecontributionàunlocalréduit
pourlecontenir»286.Eneffet,l’espaceneserévélalargementinsuffisantqu’àl’étape
delasélectionréaliséeàParis.Dansunelettredu5marsauministreFernándezLeal,
Anza expliquait que «les 3 000mètres sollicités au début ne suffiraientmêmepas
pour que l’exposition soit complète». Il notifiait qu’une réunion aurait lieu pour
«établir surquels critères l’onchoisira lesmeilleursobjets»287.L’alternative finale
fut «sacrifier des exposants ou réduire chaque contribution»288. Selon Mier, les
commissaires optèrent pour une diminution équitable des pièces. Cependant, une
comparaison du catalogue définitif avec les demandes d’admission révèle que les
institutionsprochesduministèrefurentprivilégiées.
Lesboîtesconcernant laparticipationde1900,auxArchivesgénéralesde lanation,
ne contiennent que quelques exemples de «pedimentos». Cependant, une liste de
touteslesdemandesfaitesjusqu'àdécembre1900futproduiteinvolontairement.Le
rapport de Mier recensait 2143 exposants289, tandis que le rapport général de
l’exposition indiquait la quantité de 3478, en spécifiant les classes290. Le 15 février
1900, la direction générale avait demandé au Mexique d’envoyer son catalogue
complet291. La commission, qui n’avait pas encore effectuée d’inventaire définitif,
formaunelisteprovisoireetl’envoyale17février292.Dansunelettredumêmejour
adressée à Fernandez Leal, Mier expliquait qu’elle avait du envoyer une liste
contenantles3500demandesd’admission,sanstripréalable.Mierexpliquedansson
rapportfinalquecettelistecirculalargemententrelesjurysetqu’ellenefutrectifiée286AGN,68/24.«Nodeboocultaraesasecretaríaqueunlocalmasvastohubierasidomasfavorableala exposición mexicana; que el inevitable retardo que la inauguración a sufrido han dimanadoprincipalmentede lanecesidaddecircunscribiruncontingentemuyvastoenun local reducidoparacontenerlo».287AGN, 54/23. «Ni los 3000 metros solicitados previamente alcanzarían para que la exposiciónquedecompleta(…)lacomisiónsereuniráparaestablecerbajoquécriteriosseescojeranlosmejoresobjetos».288S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.114.289Ibid.,p.247.290Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers…,op.cit.,p.659.291AGN,58/13.292Ibid.
78
qu’avec la publication du Catalogue officiel spécial du Mexique293 à l’imprimerie
Lemercier294. Cependant, le Catalogue général officiel de l’exposition295, édité au
préalableparlamêmemaisond’édition,indiquelesmêmesquantitésparclasseque
lerapportgénéraladministratif,soituntotalde3478exposants.Ceciveutdireque,
tandisquelelivredeMieretlecataloguespécialduMexiquecontiennentleschiffres
actualisés, les deux ouvrages français utilisèrent la liste des demandes d’admission
antérieure à l’épuration finale effectuée par les chefs de groupes296. Cette liste
contient des objets qui ne furent pas présentés et exclut en même temps des
participantsquin’avaientpasétéprévusaumomentdesonexpédition.
Lacomparaisonentrelalistedesdemandesetlecataloguedéfinitifpermetd’établir
certainsconstats.D’abord,s’iln’estpasexcluquelescollectionsaientétéréduites,la
commissionchoisitdeprésenterlatotalitédescontributionsinstitutionnellesquele
ministère de la promotion avait financées, à l’exception d’une exposition d’art
indigène.Demême, lagrandemajoritédesobjetsduministère (principalementdes
livresetpublications)restaitsur la liste finale.Deuxièmement, ilyeutdesproduits
d’institutions municipales filtrés, tandis que ceux des niveaux régional et fédéral
furent retenus dans leur presque totalité. L’exposition conserva cependant sa
diversité et les exposants particuliers ayant perdu des objets se trouvaient être
surtoutceuxquienavaientleplus.Finalement,lacommissiondécidadegardertous
lesproduitsdestinésàlavente,notammentletabacetlescigarettesmanufacturées,
ainsiquedesobjetsenonyx.297
L’exhibitionfutinauguréele8mai,bienquelesous-soln’aitétéouvertaupublicque
le9 juin298. Lepaysparticipaitdans97des120classes et exposaitdesobjetsdans
293CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900…,op.cit.294S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.132.295Expositioninternationaleuniversellede1900.Cataloguegénéralofficiel…,op.cit.296Lerapportgénéraladministratiffutpubliéen1902,maisilestcompréhensiblequelessourcesdesestableauxd’ensemblesoientprochesousimilaireàcellesutiliséeparlecataloguegénéral,etqu’ellesexcluentuncatalogueparticuliercommeceluiduMexique. Il sembleraitque lacommissionn’aitpasprévuoun’aitpaspuéviterquelerapportfinalreprennelalisteprovisoirelargementdiffuséecommedéfinitive:larectificationfutfaitechezunparticulieretpasavecladirectiongénérale.297AGN,68/19.298AGN,68/24.«Inauguracióndelpabellónmexicanoydemásfiestasenlaexposición».
79
touslesgroupes299.Lacollectionfutdiviséeentroispartiescorrespondantauxétages
de l’édifice. Au premier, des vitrines furent installées pour contenir les objets de
petite taille. Le rez-de-chaussée, doté d’étagères destinées aux objets de taille
moyenne,hébergeaaucentredesmachinesélectriquespourfabriquerdescigarettes
de la compagnie «El Buen Tono», opérées par des «ouvrières pittoresques et
richement vêtues»300. Le sous-sol était destiné dune part aux objets lourds ou
requérantplusieurspointsd’observation,etd’autrepartàunepartiesubstantiellede
l’exhibitiondelaCommissiongéographiqueexploratrice.301
Le 9 août 1900, les chefs de groupe reçurent l’instruction de rédiger des rapports
pour contribuerà lapublicationdu livredeMier. Ils y indiquent lesobjets lesplus
importantsdanschacundeleursgroupes,selondescritèrestelsquelesrécompenses
reçues, l’intérêt manifesté par les visiteurs et les industriels, leur qualité et leur
originalité.302
CarlosSellerierfitétatdesventesd’objetsenOnyx«présentéspourlapremièrefois
demanièreintéressanteetartistique»303.Ilmentionnaégalementlaforteimpression
produiteparlescompagniesminières«ElBoleo»,«Pachuca»et«RealdelMonte»,
dufaitde«l’importanceetexacteclassificationdeleursproduits»304.L’expositionde
«ElBoleo»montraittouteslesphasesd’exploitationducuivreetétaitillustréeavec
desphotographiessursesdiversétablissement305.
Pour le groupeVII «Agriculture» et VIII «Aliments», José Segura avait réuni 670
exposants,ainsiqu’uneexpositionduministèrede lapromotionsur3000produits.
Ceuxquiobtinrentleplusdesuccèsfurentlavanille,l’henequenetlecafé.Legroupe
IXprésentaitunecollectiondeboisdetouteslesespèces,surtoutd’ébèneetd’acajou,
299 Voir Annexe 1. Tableau: expositeurs mexicains et prix obtenus par groupe à l’expositionuniverselledeParis1900.300AGN,68/24.Traductionpersonnelle.«obreraspintorescayricamenteataviadas».301AGN,68/24.302AGN,68/35303Ibid.Traductionpersonnelle.«Presentadosporprimeravezdemanerainteresanteyartística».304Ibid.Traductionpersonnelle.«LaspoderosascompañíasdelboleoydePachucayrealdelmontellamanlaatenciónporlaimportanciayexactaclasificacióndesusproductos».305AGN,68/24.
80
provenantdesÉtatsdeColima,TabascoetYucatán.Pour le groupe IV, Luis Salazar
insistaitparticulièrementsuruncompresseurd’airconçuparFranciscoArevaloqui,
bienquenonprimé,avaitintéressédesindustrielsaméricainsetallaitêtreprésenté
danslarevueaméricaine«L’aircomprimé».
Ferrarisoulignal’importancedescontributionsinstitutionnellesenindiquantqu’elles
relevaient de deux domaines: la collaboration pour développer la connaissance du
territoiremexicain;lesprogrèsdansl’éducationetl’administrationpublique.Seulle
groupeXVII«Colonisation»futfaiblementillustré,avecunseulouvrage306,quireçut
tout de même une mention honorable et dont l’importance est attestée par la
distributiongratuitede500copiesparlecommissaire.307
Récompensesobtenues
L’organisation et les stratégies d’exposition déployées par le Mexique paraissent
avoir été fécondesdans lamesureoù le pays obtint davantagedeprix qu’en1889,
avec une participation substantiellement plus réduite. L’Exposition universelle de
1900 établit un système de récompenses hiérarchisé dont la distribution serait
assuréeparunjuryinternationalcomposédemembresdetouteslescommissions308.
Commeen1889,ilétaitdiviséentroisniveaux:jurysdeclasses,jurysdegroupeset
jurysupérieur.Lesrécompenses,sousformedediplômessignés,serépartissaienten
cinqcatégories:grandsprix,médaillesd’or,médaillesd’argent,médaillesdebronze
etmentionshonorables309.Lesexpositionscollectivesnerecevaientqu’unprix(pour
lesplurinominales,undiplômeétaitdistribuéà chaquemembre). Les travauxpour
l’assignation des prix commencèrent à la fin demai 1900 et la distribution en fut
effectuée le 18 août. Au total 45 944 récompenses furent dispensées, dont 3 156
306CatalogueSpécial.GroupeXVII/Classe113.AlbertoCorrea.Ouvragesurlasituationéconomiquedel’étatduTabasco.307AGN,59/1.«Obrasqueseremitenalcomisariogeneralparasudistribuciónenlaexposición»308Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers…,op.cit. «Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».Article76.309Ibid.Article88.
81
grands prix, 8 889médailles d’or, 13 330médailles d’argent, 12 108médailles de
bronze et 8 422mentions honorifiques. La France et ses colonies reçurent 23 632
récompenses. Suivaient les Etats-Unis (2378), l’Italie (2019) et la Grande-Bretagne
(1865).310
LeMexiqueoccupait la9emeplace,avec1088311récompenses,dont33grandsprix,
114médaillesd’or,242médaillesd’argent,342médaillesdebronzeet357mentions
honorables. En 1889, il avait reçu 873 récompenses, dont 14 grands prix et 114
médailles d’or. C’est à dire qu’en 1900, 51% des exposants furent récompensés,
tandisqu’en1889iln’yenavaiteutque31%.
Quant aux jury mexicain, il comptait douze titulaires et cinq suppléants, parmi
lesquelssetrouvaientFerrari(classe3),LuisSalazar(classe29),JoséSegura(classe
41),CarlosSellerier(classe63),EduardoZarate(clase84),FranciscoRiodelaLoza
(classe 87) et Manuel Flores (classe 91)312. Finalement, le gouvernement français
accorda pour la première fois la Légion d’honneur auxmembres des commissions
étrangères. Mier fut nommé Commandeur, Antonio Anza, Officier et les auxiliaires
RamónFernándezetManuelGarcíaTorres,Chevaliers.313
DanssondernierrapportàParis,dirigéauprésidentDíazetrelatifauxrécompenses,
Mier établissait quels étaient les trois groupes avec lesmeilleures exhibitions, «les
trois grandes sources de richesse du pays»314. Le groupe VII «Agriculture» fut
couronnéavec10grandsprix,dont9concernantlaclasse39(Produitsalimentaires
d’originevégétale).Cette classe reçut144prix surun totalde209prixassignésau
groupe VII. Il s’agissait principalement d’échantillons de café, de céréales et de
310Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers…,op.cit.«Tableaunº7.Statistiquesdesrécompensesd’exposantsparpays,parclasseetparnaturederécompense».311Les actes officiels indiquent 1037 prix. Pour les récompenses distribuées au Mexique, nousutilisons la liste éditéepar leministèrede lapromotion.VoirListadelasrecompensasobtenidasporexpositoresmexicanosenlaexposiciónuniversaldeParis1900,México,Tipografíade laSecretraríadeFomento,1901.312AGN,68/35313AGN,55/6.«distincioneshonoríficasalacomisión».314AGN,68/35.Traductionpersonnelle.«Lastresgrandesfuentesderiquezadelpaís».
82
légumineuses.LeMexiquefutletroisièmepaysleplusrécompensédanscegroupe315.
LerapportduJuryinternationalindiqueque,danslaclasse39, lepaysmanquaitde
documentation relative à l’avenir de son agriculture. Il signalait que, sur les 350
exhibitions mexicaines, les plus intéressantes étaient celles du ministère de la
promotion,cellesdesÉtatsduChiapas,duVeracruz,duNayaritetduGuerrero,ainsi
quecelledelaSociétéagricolemexicaine316.NotonsqueMieravaitparticipéetgagné
un grand prix ainsi qu’une médaille d’or pour les céréales de ses haciendas.
Cependant,sanominationcommemembreduJurysupérieurleplaçaobligatoirement
horsconcours.317
LegroupeXI«Mines.Métallurgie» fut le secondàgagner leplusde récompenses :
quatregrandsprixet13médaillesd’or.LesrapportsduJuryindiquentqueseule la
compagnie duBoleo apportait des informations intéressantes318, que la production
du plomb avait quadruplé depuis 1889319et que les exposants avaient rapporté
d’excellentséchantillonsdefer.320
LegroupeIII«InstrumentsetProcédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts»gagna
trois grands prix et dix médailles d’or grâce à la bibliothèque composée par le
ministèredelapromotion.MierexpliquaitquelesuccèsdugroupeIIIsedevait«àla
profusionetsupérioritédelacontributionlittéraire,scientifiqueetphotographique;
à la contribution bibliographique du ministère de la promotion et en général à la
hautecultureintellectuelledupays».321
315Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers…,op.cit.«Tableaunº7.Statistiquesdesrécompensesd’exposantsparpays,parclasseetparnaturederécompense».316Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe VII.Agriculture.Classes35à42,Paris,Imprimerienationale,1902,p.570.317AGN,55/8.318Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe XI.Minesetmétallurgie.Deuxièmepartie.Classe63(TomeII),Paris,Imprimerienationale,1902,p.274.319Ibid.Premièrepartie.Classe63(TomeI),p.64. 320Ibid.Quatrièmepartie.Classes64et66,p.86.321AGN, 68/35. Traduction personnelle. « Debió su éxito a la profusión y superioridad del contingente literario, científico y fotográfico; al bibliográfico de la secretaria de fomento y en general a la alta cultura intelectual del país ».
83
La distribution de récompenses était un facteur déterminant pour établir des
consensussurlaqualitédesobjetsexhibésetelleavaitunimpactnonnégligeablesur
leursuccèscommercial.Lesverdictsexprimaientlareconnaissancegouvernementale
internationale et accordaient un prestige utile aux exposants décorés. Les prix ne
reflètent cependant qu’indirectement le sens des échanges commerciaux et
industriels effectués lors des expositions universelles et le processus d’attribution,
depuis le choix desmembres du jury jusqu’à la délivrance des diplômes, est aussi
politique et diplomatique. La commission mexicaine de 1900 fournissait des
informations, dans sa correspondance, sur des négociations entreprises pour pour
obtenir des prix. Ainsi,Mier expliquait auministre Fernandez Leal lesmanœuvres
qu’ilavaitentreprisentantquemembreduJurysupérieur322.IlnégociaavecPicard
l’attributiondedouzeplacesaulieudedixauxjurystitulaires,ainsiquelafacultéde
choisir les classes correspondantes. Ildéfendit, sans succès,unparticuliermexicain
quiavaitexposédes sucres jugésdequalité, sans recevoirdeprix323.Finalement, il
assurait avoir convaincu Mr. Bartholdi et Mr. Bourguereau, membres du jury du
groupe II «Œuvresd’art»,dedéfendre leMexique. Il lesmiten relationavec Jesús
Contreras,quileurmontral’expositionmexicained’artetquifutrécompenséavecun
grandprixetnomméChevalierdelaLégiond’honneur.324
Le succès du Mexique, en termes de récompenses reçues à l’Exposition de 1900,
résulteenpartiedel’expérienceaccumuléeparsacommissionaufildesexpositions
précédentes,enpartiedesnégociationsavecladirectionetlesjuryspourobtenirdes
résultats favorables, et aussi de la stratégiede synthèse choisie. Paradoxalement, il
résulte aussi de l’obligation imposée à la commission de sélectionner sur place les
meilleursobjetspourlesdistribuerdansunespacesubstantiellementplusréduitque
celuide1889.
322AGN,68/35323CatalogueSpécial.GX/C29.LuisGarcíaPimentel.Janletelco,ÉtatdeMorelos:Sucres.324CatalogueSpécial.GII/C9.JesúsContreras.México..«Malgrétout»,sculptureenmarbre.
84
Publicationsfrançaisessurlepavillon
Les journalistes français et étrangers circulant à Paris pendant l’Exposition
universelle de 1900 firent la chronique de son déroulement et de ses évènements
spéciaux en adoptant généralement un ton festif et élogieux sur les célébrations.
L’imagenationaleduMexiqueélaboréeparsacommissionfutbienreçueetassimilée
parlapresse,danslamesureoùdenombreuxarticlesdiffusèrentdesinformationset
des opinions répondant exactement aux objectifs du projet promotionnel mis en
œuvreparleministèredelapromotion.
Les journaux avaient comme sources principales le pavillon, les membres de la
commissionetleslivresdistribuésetreproduisaientsouvent–parfoistextuellement–
le contenu des publications officielles et publicitaires éditées ou financées par le
ministère.Si les idéesdiffuséesparces journauxfaisaient largementéchoaux idées
constitutivesdelaculturepromotionnelleporfirienne325,ilfautcependantdistinguer
la presse et les publications françaises de la production proprementmexicaine. En
effet, comme les discours coïncidaient et que le régime de Porfirio Díaz
subventionnait depuis ses débuts des publications françaises sur leMexique326, les
frontières restaient troubles. De plus, les archives témoignent d’une possible
influencedelacommissionsurlecontenudecertainsjournauxetouvragesfrançais
concernantl’Expositionuniverselle.
Lespublicationsfrançaisesetmexicainessontcependantdesélémentsdistinctsdans
lecircuitpromotionnelporfirien,concrètementséparéesdufaitdeleurproductionet
leurdistribution.Lesouvragesduministère,offertsouvendussurlepavillon,étaient
en grande partie des objets exposés. Certains furent commandés et les contrats
établis avec leurs auteurs montrent que leurs contenus avaient été supervisés.
D’autres étaient des ouvrages classiques, sélectionnés pour leur importance et
réimprimés au Mexique327 . Par contre, aucun projet officiel ne fut établi pour
325G. YEAGER, «Porfirian Commercial Propaganda: Mexico in the World Industrial Expositions»…,op.cit.;P.RIGUZZI,«Méxicopróspero.Lasdimensionesdelaimagennacionalenelporfiriato»…,op.cit.326VoirAnnexe4.LittératurepromotionnellesurleMexiquecirculantenMexiquejusqu’à1900.327VoirAnnexe4.
85
contrôler les articles de presse. Tout en diffusant l’image souhaitée, leurs auteurs
dépendaient d’instances organisationnelles et financières étrangères au
gouvernementmexicain.
La distinction était opérée par les organisateurs eux-mêmes. Mier, qui d’une part
reconnaissait dans son rapport public l’importance de la littérature publicitaire et
évoquait ladistribution,en1889eten1900,de livrescommandéspar leministère,
soulignaitparailleurslanon-interventiondelacommissionausujetdespublications
périodiques: «il neme correspondait pasd’intervenirdans la rédactiondes études
publiées par la presse, ni de déterminer le sens que celle-ci imprimerait à ces
appréciations»328.Ilselimitaà«fourniràtouslesrédacteursquilesouhaitaientles
donnéeset informationsqu’ilsdemanderaientparrapportauxsujetsetproduitsdu
Mexique;etjeduleurdonneruneampleliberté[…]»329.Ilajoutaitque,mêmesicette
libertéavaitpu«porterpréjudiceauprogrammepublicitaire,perçucommeporteur
de certaines incohérences, elle imprimait à leurs appréciations une marque
d’impartialité spontanée» 330 . Finalement, Mier considérait que «l’ensemble
correspond,engrandemesure,auprogrammequej’auraisentrepris».331
Leministère était attentif à la presse et aux publications des autres pays. Antonio
Anza se chargea d’envoyer à Fernández Leal, entre novembre 1899 et juillet 1899,
certains articlesmentionnant le pavillonmexicain: cinq exemplaires duFigaro (29
novembre 1899), cinq de La revue de Paris (décembre 1899) et douze de La
IlustraciónEspañolayAmericana(1erjanvier1900)332.Ilenvoyaaussiunexemplaire
328S.B.DEMIER,Méxicoen laExposiciónUniversal Internacionalde1900…,op.cit., p.184. Traductionpersonnelle. «No me era dado inmiscuirme en la redacción de los estudios que publi- cara la prensa, ni tampoco determinar el sentido que esta imprimiera á sus apreciaciones, favorables ó contrarias»..329Ibid.Traductionpersonnelle.«Suministraryámandarquesesuministrasenátodoslosredactoresquelodesearan,cuantosdatoséinformessolicitasenrelativosáasuntosóproductosdeMéxico;ytuvequedejarlesamplialibertad,lomismoenlaeleccióndetemas,queenlamaneradecomentarnuestrascosas». 330Ibid.Traduction personnelle. «Esta libertad de acción, en que forzosamente tuve que dejar á laprensa,sienalgopudodañarálacomposicióndelprogramadepublicidad,queseresentíadeciertaincoherencia,encambioimprimíaásusapreciacionesunsellodeespontáneaimparcialidad»..331Ibid.Traductionpersonnelle. «(…)numerosos artículos y ecos relativos áMéxico, cuyo conjuntocorresponde,engranparte,alprogramaqueyohubieraqueridosesiguiese».332AGN,59/1.«Publicacionesdiversassobrelaexposición».
86
duJournalofficieldelaRépubliquefrançaisedu15avril1900aulendemainde
l’inaugurationgénérale,puisdestranscriptionsdesdiscoursd’ÉmileLoubetet
duministreducommerceMillerandle8mai.Le19, il fitparveniràFernándezLeal
cent exemplaires de la Revue technique de l’exposition universelle de 1900, qui fut
distribuéaupremierministreetauxministresdesrelationsétrangères,delajustice,
desfinancesetdelaguerre333.Ilenvoyaégalementle23maiunguidedelalibrairie
Chaixcontenantunarticlesur lepavillonmexicain.Finalement,dansune lettrenon
datée,Anzafaisaitunelisteexhaustivedetouslescataloguesetpublicationsspéciales
des pays étrangers, envoyés au Mexique pour être conservés à la bibliothèque du
ministèredelapromotion.334
Quantàlacommissionmexicaine,Ferrariproposaunesouscriptionau«Courrierde
la presse». Cette compagnie, qu’il avait engagée pour l’Exposition de 1889, se
chargeaitdedécouperetréunirdesarticlestraitantuncertainthèmepouruncoûtde
25francspourdeslotsde100335.Lacommissionréunitainsi722articlesentrele4
avril 1898 et février 1901. Puisque le Courrier de la presse envoyait
systématiquement tout article comportant lemot-clé «Mexique», plus de lamoitié
des 722 articles est constituée, soit de coupures de presse plus générales, soit de
notesbrèvessur lesactivitésetmouvementsde lacommission.Lesarticles traitant
de façon plus détaillée de la participationmexicaine reprenaient généralement les
thématiques fondamentales établies par le ministère lors de la définition des
caractéristiques de la présentation: qualité des matières premières, sécurité
découlant du progrès des institutions, améliorations depuis 1889. D’autres thèmes
secondairessontrécurrents:legoûtpourl’architecturenéogrecquedanslesédifices
publics du pays, la somptuosité des fêtes organisées dans le pavillon, l’intérêt et le
respect des mexicains pour la culture française. Les évènements qui firent le plus333Ibid.Sans indiquer le tome, Anza disait que la revue contenait un article long et détaillé sur laparticipationmexicaine.Nous n’avons pas retrouvé cet article dans les tomes deLarevuetechniquenumérisésparleCNUM.334Ibid. Les pays en question sont les Mexique, la Servie, l’Mexique, le Guatemala, la Finlande,l’Angleterre, le Danemark, la Roumanie, le Mexique, la Norvège, la Mexique, la suisse, la Russie, laSuède,leJapon,laMexique,laBulgarie,laHongrie,laPrusse,l’Mexique,leSiam,Hawaï,leNicaragua,laBosnieetl’Mexique.335Ibid.«artículosdeperiódicosfrancesessobreMéxico.Setomaunasubscripcióna100recortes»
87
parlerfurentlafêtedelacoloniemexicainedeParispendantl’inaugurationgénérale
(36 articles), la fête nationale du 16 septembre (38 articles) et la mort du
commissaireAntoniodeMieryCelis(51articles).Les journauxayantpublié leplus
d’articlessurleMexiqueétaientLeVoltaire,LeFigaro,L’EchoagricoleetLeNouveau
monde.
Nousavons réunidesexemplesd’articles conventionnels,maisaussi lesarticles les
plus élogieux. Certains reprennent des phrases écrites dans le catalogue spécial ou
contiennent des informations qui ne pouvaient provenir que directement des
membres de la commission. Avant l’Exposition universelle, The Nineteen Hundred
annonçait déjà en octobre 1898 que le pavillon mexicain donnerait une idée «du
progrès accompli par son pays dans les divers domaines de l’administration
publique»336.Undespremiersarticlesdétaillésqui furentcollectés,publiéenmars
1899dansL’Échoagricole,parlaitde«l’initiativeindustrielle,agricoleetcommerciale
peu ordinaire» du pays. Il mentionnait les minerais, l’onyx, les chemins de fer du
Mexique et invitait les français à y émigrer enqualitéde colons337. Pour sapart, le
journal1900rapportaitle10octobre1899queleMexiqueexhiberaitunecollection
d’oiseaux«tuésetnaturalisés».338
Plusieurs journaux parlèrent de la venue de José Yves Limantour, ministre des
financesmexicain,quivisita tous leschantiersde l’expositionenquatre jours. Ils le
louaientd’avoiratteintl’équilibredelabalancefiscaledupays,unexploitquil’avait
conduitauxcôtésdePorfirioDíaz339.LeFigaroillustrécommentaitlavisiteetincluait
une photographie du commissaire, en ajoutant que lesmexicains avaient «déployé
uneactivitéquifaitd’eux,àl’heureactuelle,l’undesétatslesplusrichesdumonde.Il
leur fallait, pour développer cette richesse, la paix dont ils avaient rarement joui
depuisleXVIsiècle»340.Encequiconcernelafêtedelacoloniemexicainedu14avril
336TheNineteenHundred,octobre1898.337L’Échoagricole,«notessurleMexique»,signéG.F.31mars1899.3381900,10octobre1899.Cetteinformationdevaitprovenirdelacommissionetpeut-êtredeFerrariPerezouundesesauxiliairestravaillantsurl’expositiondelasectiond’histoirenaturelle.339LeFigaro;LeJournaldesdébats;Lesdroitsdel’homme;LeTemps;LeNouveaumonde.18octobre1899.340LeFigaroillustré,18octobre1899.
88
1900,plusieurs journauxsignalaient leshonneursqu’elleavait rendusauprésident
Émile Loubet lors de son passage sur la Seine, et commentaient, au sujet de
l’illumination du palais, que «les couleurs nationales s’y entremêlent avec les
couleursfrançaises».341
De son côté, LaRevuedenavigationanticipait, avantmême sa construction, que le
pavillon néogrec serait «un remarquable exemple de monument moderne
mexicain»342 ; un journal montréalais indiquait qu’après son palais aztèque, le
Mexiqueallaitmontrer«leprogrèsaccomplien11ans»343.Lagrandemajoritédes
articlesquidécriventlepalaisaprèssoninaugurationinsistentdefaçonunanimesur
labeautédesloggias,lafinessedesdécorationsetlesassocientaugoûtpourlestyle
néogrecdesconstructionscontemporainesdesvillesmexicaines.LeVoltaireindiquait
que le pavillon «se distingue par la pureté de ses lignes et la sobriété de son
ornementation»344, phrase qui fut réutilisée par plusieurs journaux dans les mois
suivantl’inauguration.LeVoltairepoursuivaitendisantque«lepalaisdeVenise,que
le poète nous dépeint brillant demille feux, est largement dépassé, car le pavillon
mexicain,lui,étincelledanslanuitdetroismildeux-centlampesblanches,rougeset
vertes, dont les reflets sur la seine sont féeriques». Il ajoutait: «rappelons que le
Mexique,encoreimparfaitementconnuenEurope,estenpleineprospérité».Avecun
territoire «cinq fois plus étendu que celui de la France et jouissant de tous les
climats», et après un quart de siècle guidé par Porfirio Díaz, le pays possédait le
deuxième crédit du nouveau monde après les Etats-Unis et avait «un bel avenir
assuré». En constatant les «pas de géants faits par le Mexique dans la voie du
progrès», l’article concluait en disant que Porfirio Díaz, grâce aux «excédents
annuelsderecettesdeplusenplusélevés»,avaitfinancéletransportetl’installation
de troismille exposants: «aucun autre gouvernement ne s’estmontré aussi libéral
avecsesnationaux».
341Le Figaro, 15 avril 1900; Le Voltaire, 16-17 avril 1900. Cette phrase fut reprise par d’autresjournauxpourparlerdelafêtenationaledu16septembre.342Revuedenavigation,11octobre1899.343Sanstitre,sansdate.Provenance:Montréal.344LeVoltaire,sansdate.«Inaugurationdupavillonmexicain».
89
Detouslesjournaux,LeVoltairepublialesarticleslespluslongs.Unarticledu16juin
1900 rappelait que les membres mexicains du jury international étaient aussi des
commissionnésetdescongressistes.Leurspairsfrançaisn’avaientpasétésurprisde
trouver «chez leurs collègues mexicains, une connaissance approfondie de notre
langue[…] C’est que, au Mexique, les études scientifiques et littéraires se font
principalement en français» 345 . L’article, qui notait que Carlos Sellerier avait
«conservé le type gaulois», finissait en signalant que Ferrari, Luis Salazar et José
Ramirez«ontfaitdansnotrelanguedevéritablescoursetcaptivéleurscollèguesdes
heuresdurant».
Il est probable que Le Voltaire ait publié des articles commandés ou du moins
influencés par la commission; celui cité sur l’inauguration du pavillon, celui du 16
juinetunautredu24juin,avaientétéenvoyésàMierparsonadjoint,AlbertHans346.
Le dernier article prétendait «reproduire et compléter» un article de L’Expressde
Mulhouse347,quisoulignaitqueleMexiquefabriquaitsespropresobjetsdeluxe:des
marbres, des jades «qui retiennent longuement le regard des femmes, extasiées
devant les perles noires, blanches, jaunes». Il parlait aussi de l’impression positive
produiteparlasectiondescéréalesetdesproduitsagricoles,maisfinissaitavecune
critiquesévère:«leschaussureset lesgants,enrevanche, sontd’une laideur….Oh,
maisonnepeutrienimaginerdepluslaid![…]Lesgantssontaffreux,ondiraitdes
appareils pour protéger les mains des piqûres des abeilles». Le Voltaire ajoutait
qu’«ilfautrappelerquelesfabricantssontaussihabilesàMexicoqu’àParis»,etque
les chaussures en question avaient été fabriquées en province par des personnes
admises à l’exposition «par trop de bienveillance […] Lamexicaine a le pied aussi
biencambré–etencorepluspetit–quelaparisienne».Quantauxgants,ilsservaient
pour tenir des amarres et n’avaient pas de fonction esthétique: «ces rectifications
faites, l’article de L’Express deMulhouse reste vrai, puisqu’il constate le progrès de
l’industriemexicaine».
345LeVoltaire,16juin1900.346AGN,59/1.347LeVoltaire,24juin1900.
90
Les divers guides et ouvrages sur l’Exposition universelle édités en France
comportent des articles sur leMexique très semblables aux articles de la presse et
utilisentégalementcommesourceslesdocumentsofficielsetpublicitairesmexicains.
Les lignes consacrées au Mexique dans L’Exposition du siècle d’Albert Quantin
indiquaientquedans lepavillon,«lacuriositéallaitsurtoutàdegentillescigarières
contrastant par leur élégance avec l’air malheureux des ouvrières qui travaillaient
plus loin, dans le pavillon des tabacs français»348. L’article prétendait traiter avant
toutduprogrèsdupays:
«Il ne s’agissait plus d’édifier un temple babylonien, commémorant le passé aztèque, comme on
l’avait fait avec tant demajesté en 1889. La jeune République voulait cette fois s’affirmer en un
palais rappelant les constructionsnouvellesdeMexico[…]Depuisunevingtained’annéessous la
présidencedeM.PorfirioDíaz,lepaysdesancienspronunciamientosjouitd’unetranquillitéquia
permisundéveloppementéconomiquepresquecomparableàceluidesEtats-Unis[…]Pourdonner
une idéede laprospéritéduMexique ilsuffiradedireque,sans impôtsnouveaux, lesrevenusde
l’Étatontpresquedoublédepuisquinzeans».349
Leseulguidequ’AnzaavaitenvoyéàMexicocontenaitunarticlesignéA.Coffington
qui reprenait presque toutes les thématiques du projet promotionnel défini pour
l’Exposition de 1900. Il évoquait la transition effectuée depuis 1889, en partant
égalementdupalaisaztèque:
«Les mexicains réclamaient […] comme leur patrimoine les traditions les plus reculées, les
luttesetlessouffrancesdelanationindienneetaffirmaientl’unification,aprèstroissiècles,de
laracemexicaine.[…]Cesontlàdesmanifestationsqu’onnerecommencepas,souspeined’en
amoindrirlaportée,aupointdevueethnique,toutaussibienqu’àceluidel’art[…]Ilyaonze
ans,nousavonseulaglorificationdupassé.Aujourd’huileMexiquetientànousfaireapprécier
leprésent,constituéparledéveloppementéconomiquedupaysqui[…]estentrédepuistrente
années dans une période de calme, de progrès, de prospérité, dont il faut faire remonter en
partie tout l’honneur à la sage administration du président M. Porfirio Díaz. […] La ville de
Mexico[…]voit toussesnouveauxédificesconstruitsdans lestylenéogrec,sicherauSecond
Empire[…]Iln’estpasdepavillonquiprésenteraunevariétéplusgrande,enraisonmêmedela
multiplicité des produits de son sol, qu’il s’agisse d’agriculture ou de minéralogie. Faut-il
rappelerquel’oret l’argentabondentauMexique,quelesminesdel’unetdel’autremétalse348Ibid.349A.QUANTIN,L’Expositiondusiècle…,op.cit.,p.158‑159.
91
comptent par milliers, dont beaucoup même ne peuvent être exploitées, faute de main
d’œuvre.»350
Même certains passages des publications officielles de l’exposition universelle
présentaientce typedecommentaire.Àcotédecritiquesetde jugementsvariables
surlaqualitédesobjetsmexicains,onretrouvedebrèvesmisesencontextesignalant
laprospéritédupays.LerapportdujuryinternationalsurlegroupeIIIintroduisaitla
sectiondédiéeauMexiqueendisantquedepuisqu’ilestentré,«ilyaprèsd’unquart
desiècle,dans l’èredepaixetderéorganisationoùiln’apascessédesemaintenir,
une vive impulsion a été donnée dans le pays aux travaux intellectuels et
techniques». Sur le caractère approximatif de certaines cartes de la Commission
géographique exploratrice, il commentait que «c’est une représentation qui est en
rapportavecl’étatmêmedupaysetquiseranécessairementperfectionnéeàmesure
queleMexiques’avanceradanslavoieduprogrèsoùilmarchesirésolument»351.Le
rapportdesclasse28à32dugroupeVIintroduisaitlasectionduMexiqueavecdes
formules semblables. Le tome V du rapport général indiquait au sujet du pavillon
qu’«au lieu de faire revivre cette fois comme en 1889 l’architecture aztèque si
robusteetsi imposante, legouvernementmexicainc’étaitrattachéaustylenéogrec,
qui est aujourd’hui celui de la plupart des constructions modernes du pays»352.
Finalement, l’annexeducatalogueofficiel contientdescirculairessur lesministères
du pays qui furent directement produites par la deuxième Section. Intégrées au
cataloguespécialduMexique,ellesavaientmisencirculationplusieursdesformules
quel’onretrouvedanslapresseetdanslespublicationsfrançaises.
Onconstatedoncque tant lapresseque lesdocumentspublicitaireset lesrapports
officielsontpuiséunequantiténonnégligeabled’informations sur leMexiquedans
les publications produites par le ministère de la promotion. Ces ouvrages à visée
promotionnelleavaientétésupervisésparlesmembresdelacommissionetportaient350L’ExpositionUniversellede1900,Paris,Chaix,1900,p.167.351Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe III.Instrumentsetprocédésgénérauxdeslettres,dessciencesetdesarts.Classes11à19,Paris, Imprimerienationale,1902,p.328.352Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomecinquième..,op.cit.,p.69.
92
lesidéesqu’ilsavaientconvenudediffuser.Siaucunprojetnefutétabliofficiellement
au sujet des publications extérieures au ministère, le ton de certains articles, qui
circulèrentdans lescorrespondancesdesorganisateurs, faitpenserqu’ilspouvaient
avoir une influence plus ou moins directe sur l’agencement de certains contenus.
Tous ces divers circuits éditoriaux, bien que distincts, facilitèrent la diffusion de
l’imagenationaleconstruiteparlesorganisateursdelaparticipationmexicaine.
93
Unenationmoderne
La fonction première des présentationsmexicaines aux expositions internationales
duXIXe siècleétait la captationde capitauxétrangers.Lemoyen fondamentalpour
accomplir cet objectif était la promotion des ressources naturelles nationales et
chaqueopportunité depromotion impliquait le déploiement de stratégies adaptées
auxnécessitéslocalesetauxexigencesdesexpositions.
Pour l’exposition universelle de Paris en 1900, le gouvernement mexicain suscita
l’intérêtdesindustriels,desentrepreneursetdescolonsétrangersenfaisantvaloirla
sécurité financière et juridique que pouvait offrir une administration publique
moderne.Ilfutconvenuquel’exhibitiondevaitavanttoutaffirmerlaconsolidationde
l’étatàtraversdiversesproductionsdémontrant laqualitédelagestionscientifique
dupays,ainsiquel’existenced’unecultureintellectuellemoderne.
L’engagement promotionnel de la production intellectuelle et culturelle destinée à
des publics étrangers impliquait un certain effacement des frontières entre savoir
scientifiqueetpropagande353.Dans ce contexte, tout le contenudupavillonvisait à
soulignerlaprospériténationaleaumoyendeparamètresanalytiquesdedisciplines
scientifiquesmobiliséesenfonctiondeleurcapacitéàcontribueràlaconstructionde
l’imagesouhaitée.
LecommissaireAntoniodeMieryCelis,dansseslettresauministredelapromotion,
désignait les contenus du pavillon, et particulièrement certaines publications
financées par le ministère, comme de la «publicité». Dans son rapport de la
deuxième réunion du conseil de consultation visant à définir le projet, il concluait
que:
«La publicité destinée à appeler des bras et des capitaux vers un pays doit englober d’un côté
l’indicationet l’étudedesrichessesexploitables,etde l’autreunedescriptioncomplèteduclimat,
353Paolo RIGUZZI, «México próspero. Las dimensiones de la imagen nacional en el porfiriato»,Historias,20,1988,p.137‑160.
94
desinstitutions,descoutumes,delasituationéconomiqueetfinancièredupayscorrespondant,tels
quel’acréélanatureetqueseshabitantsl’ontmodifié.»354
Cet extrait fut repris par son successeur Sebastián B. de Mier, dans la publication
finalesurlaparticipation.Cedernierajoutait,enutilisantaussileterme«publicité»,
que:
«Pour éveiller l’attentionpublique et attirer versnotrepavillondes visiteursdésirant jugernos
produits,ilétaitnécessairedefairerecoursàunepublicitéméthodiqueetordonnée,surtoutsil’on
nesecontentaitpasd’inspirerunvagueetéphémèreintérêtetsil’onaspiraitàpromouvoirl’étude
de nos richesses pour persuader le capitaliste et l’hommed’entreprise de la convenance de leur
exploitation.»355
Mieravaituneidéetrèsprécisedurôlequedevait jouerl’imaged’unÉtatprospère.
Unextraitdesonrapportfinalauministre,reprisaussipourlapublicationofficielle,
signalaitque:
«Quant à la publicité […] mon souhait était que [les contributions] manifestent les différences
fondamentales qui séparaient le Mexique d’hier du Mexique d’aujourd’hui, non seulement en
marquant soigneusement les étapes que le pays a parcouru, mais aussi en accentuant la
démonstrationdesexcellencesdesonétatactuel,delapaixdontiljouit,desgarantiesqu’iloffreà
la vie et à la propriété, des possibilités de profit qu’il offre au capital entrepreneur et au bras
laborieux,delaprospéritésanspareildanslemondeetsansprécédantdansnotrehistoire,deses
finances,des institutions libreset tolérantesqui legouvernent,dudéveloppementdesesréseaux
de communication, des grandes œuvres publiques menées à bien […] et, en complément, (la
démonstration) du progrès des lettres, des sciences et des arts, de la performance de
l’enseignementetdel’assistancepubliqueetlabiographiedenoshommeslesplusremarquableset
denosgouvernantslespluséminents.»356
354AGN,54/18.Traductionpersonnelle.«lapublicidaddestinadaállamaraunpaísbrazosycapitales,debe abarcar, por una parte la indicación y estudio de las riquezas explotables, y por otra unadescripción completa del clima, de las instituciones, de las costumbres, de la situación económica yfinancieradelpaíscorrespondiente,talcomolecreólanaturalezaysushabitanteslemodificaron».355SebastiánB.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ. Dumoulin, 1901, p.181. Traduction personnelle. «Para despertar la atención pública y atraer ánuestro departamento visitantes deseosos de juzgar nuestros productos, era forzoso recurrir á unapublicidadmetódicayordenada,sobretodosinonoscontentábamosconinspirartansólounvagoymomentáneointerés,yaspirábamosápromoverelestudiodenuestrasriquezasparapersuadirdelaconvenienciadesuexplotaciónalcapitalistayalhombredeempresa».356Ibid., p. 183.;AGN,68/35.Traductionpersonnelle. «En cuanto a lapublicidad (…) eramideseo
95
Ilestimportantdenoterquelescaractéristiquesdelaparticipationmexicainefurent
décidées à la suite de l’édition en espagnol des règlements de l’exposition
universelle357.Lacommissiondirigealaproductionetlacollectedescontributionsen
s’adaptantàlahiérarchieétabliedanslaclassificationofficielle,laquelledonnaitune
placed’honneurauxgroupesI«Éducationetenseignement»II«Œuvresd’art»etIII
«Instrumentsetprocédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts».
FernandoFerrariPérez,responsabledecesgroupes,supervisalacompositiond’une
bibliothèqueexhaustivepourl’ensembledupavillonetprivilégialescontributionsde
l’instruction publique tout en intégrant les autres exhibitions traditionnelles du
Mexique: la connaissance du territoire, les services publics, l’assainissement des
portsetdesvilles,lesréseauxdecommunication.
Si les groupes VII «Agriculture» et XI «Mines. Métallurgie» furent les plus
importants, ils étaient suivispar lesgroupes I et III, dont le succès sedevait selon
Ferrari Pérez «à la profusion et à la supériorité de la contribution littéraire,
scientifiqueetphotographique; à la (profusion)bibliographiqueduministèrede la
promotionet,engénéral,àlacultureintellectuelleélevéedupays»358.Cettepartiede
l’expositionobéissaitenquelquesorteàunelogiquedecompensation:d’uncôtéles
exhibitions agricoles etminérales diffusaient l’idée classique selon laquelle le pays
manquait de capital et de main d’œuvre; de l’autre, les ministères et leurs
institutions, ainsi que les gouvernements locaux, exhibaient une administration qui
protégeaitetencourageaitl’initiativeprivée.
pusieranbiendemanifiestolasfundamentalesdiferenciasqueseparanalMéxicodeayerdelMéxicodehoy, no sólo marcando detenidamente las etapas que el país ha recorrido, sino acentuando lademostracióndelasexcelenciasdesuestadoactual,lapazdequedisfruta,lasgarantíasqueotorgaálavidayálapropiedad(…)las posibilidades de lucro que ofrece al capital emprendedor y al brazo laborioso, la prosperidad, sin ejemplo en el mundo y sin precedente en nuestra historia, de su Hacienda., las instituciones libres y tolerantes que le rigen, el desarrollo de sus vías de comunicación, las grandes obras públicas llevadas á buen fin (…) y, como complemento, el progreso de las-letras, las ciencias y las artes, el desenvolvimiento de la enseñanza y de la asistencia pública y la biografía de nuestros hombres más conspicuos y gobernantes más eminentes ». 357ExposiciónUniversalInternacionalde1900,enParis.Actasdeorganización,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1897.358AGN, 68/35. Traduction personnelle. « Debió su éxito a la profusión y superioridad del contingente literario, científico y fotográfico; al bibliográfico de la secretaria de fomento y en general a la alta cultura intelectual del país ».
96
Finalement, les institutions fédérales occupèrent une place privilégiée face aux
organismesdesétatsfédérésetauxparticuliers.L’importancedeleurscontributions
estattestéeparlefaitqu’ellesfurentprivilégiéeslorsdelasélectionfinaleetqu’elles
remportèrentunepartmajeurederécompensesdehautniveau.
Ferrari Perez, qui se chargeait des groupes I et III, s’occupa aussi de l’exposition
rétrospective et de la section artistique, composantes de l’image nationale quelque
peureléguéesausecondplanen comparaisonavec laprésentationde1889.D’une
part, l’adhésiondesartistes locauxauxcanonsesthétiqueseuropéensdémontrait la
modernité mexicaine. De l’autre, le pavillon écartait la volonté d’exprimer le récit
nationalofficiel. Il évacuait le romantisme indigéniste, historiqueounaturalistequi
avait caractérisé le regard historique et les contributions artistiques du palais
aztèque, au profit dumodernisme et du style néogrec, dont le choix fut justifié en
oppositionàlarecherched’unartnational.
Labibliothèqueduministèredelapromotion
La circulaire du Mexique annexée au catalogue général indiquait qu’après la
constructiondescheminsdefer,aprèsl’exploitationdesmineset ledéveloppement
industrielquiendécoulait,«lesarts,lessciences,l'enseignementontpréparéaupays
desgloiresnouvellesetdesgénérationsardemmenttournéesversl'avenir»359.Dans
son livre,Mier note que derrière les produits de l’agriculture, lesminerais et «les
travaux de femme»360, les objets prédominants parmi les boîtes envoyées à Paris
étaient «les livres et collections scolaires». En effet, une partie substantielle des
objets recensés dans le catalogue de l’exposition consistait en des publications
éditorialesetdesalbumsphotographiques,présentsdanslesdix-huitgroupesetdans
presquetouteslesclasses.Laplupartétaientrassemblésdansdescorpusrelevantdes
359 Catalogue officiel spécial du Mexique, Exposition universelle de Paris 1900, Paris, ImprimerieLemercier, 1900; Exposition internationale universelle de 1900. Catalogue général officiel, Paris,ImprimerieLemercier,1900.360S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.115.«(…)trabajosde mujer». La commission envoya une grande quantité d’objets pour le groupe XIII «Fils. Tissus.Vêtements.».
97
groupesIetIII,maislatotalitédespublicationsfutréunieenunmêmeespacesitué
«danslecouloirsemi-circulairederrièrel’escalierprincipal»,où«aétéinstallé:une
bibliothèqueconsidérableavectouslesdocumentsofficielspubliésetenvoyésparles
ministèresdel’État,avecdenombreuxouvragesscientifiquesetlittérairesd’écrivains
mexicains;la collection dematériel et de travaux scolaires des écoles primaires et
cellesdesartsetmétiers».361
Labibliothèquerassemblaitdescollectionsdocumentaires incluantdespublications
dediversesimprimeriesmexicainesselonlescontributeurs,maislamaisond’édition
«Tipografía delministerio de Fomento» y occupait une place privilégiée. C’était la
maison la plus importante du pays et d’après le catalogue, elle avait «contribué
grandementàfacilitersousuncertainpointdevueledéveloppementintellectueldu
pays, en ouvrant largement ses portes aux auteurs, pour l'impression gratuite de
leurs travaux scientifiques et littéraires»362. La «gratuité» des publications est
mentionnée par Ferrari Pérez dans son rapport final et elle concernait les
contributeurs ayant présenté des travaux dans le cadre de l’exposition universelle.
Danscetexte,ildécritlabibliothèquecomme«unegrandecollectiondepublications
d’auteurs mexicains imprimées dans le but exclusif de protéger et promouvoir le
développementdessciencesetdesbeaux-artsdanslaRépublique».363
Àpartir du18 août1898, à la suggestiondeFerrari Pérez, laDeuxième sectiondu
ministère conserva deux exemplaires de chaque publication et prospectus produit
par l’imprimeriepour lepavillonde1900,«afindedonnerune idéede l’impulsion
donnéeauxsciences,àl’industrieetàl’agriculture».Le27août,leministredécidait
361AGN, 68/24. Carte de Ferrari Pérez à Fernández Leal, sans date. Traduction personnelle. «En elcorredor semicircular detrás de la escalera reina(…)se han instalado: una biblioteca muyconsiderable con cuanto documento oficial publicado han enviado las secretarías de Estado y connumerosasobrascientíficasy literariasdeescritoresmexicanos ;Lacoleccióndematerialy trabajosescolarestantodelasescuelasprimariascomodelasartesyoficios.»362CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900…,op.cit.363AGN,68/35.Traductionpersonnelle.«UnagrancoleccióndepublicacionesdeautoresmexicanosquehaimpresoporelúnicoobjetodeprotegereimpulsareldesarrollodelascienciasydelasbellasartesenlaRepública».
98
delesprotégeravecdesreliuressolidessurlesquellesseraitgravé,aprèsjuillet1899,
unnumérocorrespondantausystèmedeclassificationproposéparFerrari.364
Il avait envoyé à Fernández Leal enmars 1899 un numéro de laRevuescientifique
danslequelEd.Sauvagepromouvaitlaclassificationdécimalepourlesbibliothèques
deMelvilDewey.UnautrearticledeCharlesRichet,directeurdelarevue,critiquaitla
classification du Musée britannique qui n’avait pas adopté ces principes. Ferrari
Pérez,quidisaitavoirutilisécesystèmepoursabibliothèquepersonnelle,envoyale3
avriluneextensionde la classificationpourouvragesdegéologieetdeminéralogie
proposéeparleMinistèredel’industrieetdutravaildelaBelgique.Ilajoutaitquele
systèmedeDewey,universel,avaitété recommandépar le congrèsbibliographique
de Bruxelles en 1895. Fernández Leal accepta de classifier selon ce système non
seulement lesouvragesdupavillonmexicain,maisaussi ceuxde labibliothèquedu
ministèredelapromotion.Ilfittraduirelesarticles,ainsiqu’unlivresurDewey,pour
lesenvoyerauxbibliothèquespubliquesetprivéesdupays.365
Concernant lenombretotald’ouvragesrassemblés, leseul indicedisponibledans la
section«exposiciones»desArchivesgénéralesdelanationestunelettredu19juillet
1899 dans laquelle Ferrari Sollicitait 150 pesos pour acheter 10 000 «cartes
spéciales»366quipermettraientdeformeruncatalogueàpartirdusystèmedécimal
deDewey: la traductiondu livreéditéepar leministère recommandaitd’intercaler
dans les livres des cartes indiquant leur numéro367. Cependant, la même lettre
indiquait qu’après cette date les ouvrages du ministère reliés pour l’exposition
comporteraient le numéro gravé, ce qui pourrait les avoir dispensé de l’usage de
cartes.
LecatalogueofficielduMexiqueindiquedenombreuxnomsd’auteursdepublications
pourpresque toutes lesclasses,mais ilnesignaleni les titresde leursouvrages,ni
364AGN,54/6.Traductionpersonnelle.«Paradarideadelimpulsodadoalasciencias,alaindustriayalaagricultura».365AGN,42/2.366Ibid.«Tarjetasespeciales».367LaClasificaciónGeneraldeMelvilDeweyParaBibliotecas.Pubicadapor laOficinaInternacionaldeBibliografíadeBruselas.Traducción,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1900.
99
leurquantité368.Pourlereste,lamajoritédeslivresétaientintégrésdansdescorpus
correspondant à des institutions en tant qu’unités collectives. Le ministère de la
promotionprésentaitdeuxgrandsensembles:ildisposadanslaclasse13«Librairie;
Éditions musicales. Reliure (matériel et produits). Journaux. Affiches» des
publications officielles (principalement des lois et des règlements) ainsi que des
livressurlavilledeMexico369.Danslaclasse3«Enseignementsupérieur.Institutions
scientifiques»,ilexposadesouvrages«ayantpourbutledéveloppementintellectuel
et artistique du pays»370. La liste des prix concernant cette classe signale que les
deuxcontributionsgagnèrentdesgrandprixetqueledeuxièmeémanaitdel’Institut
médical,del’InstitutgéologiqueetduMuséeNationalréunis.Elleindiquaitégalement
quel’«expositioncollectivedugouvernementmexicain»gagnaitelleaussiungrand
prix 371 . Cependant, ces institutions ainsi que les états présentèrent d’autres
publications individuelles ou regroupées parmi d’autres classes. Le ministère
exposait aussides spécimensde typographie372,mais ses contributionsdépassaient
largementledomainedel’édition,carilexhibaittoutesorted’échantillonsagricoles,
minérauxetindustrielsdanstoutslesgroupes.373
Silescataloguesetlesactesdel’organisationnedressentpasuninventaireexhaustif
de la production littéraire disponible dans cette bibliothèque, il est tout de même
possible de connaitre ses éléments les plus pertinents. La totalité des livres du
ministère publiés entre le 18 août 1898 et novembre 1900 fut disposée dans le
pavillon,mais lacollections’étendaitàtoussesouvragespostérieursà1889dont il
368Unexempleest:Cataloguespécial.GroupeIII/Classe13.AntonioPeñafiel,Mexico:«Livres».Lesactesd’organisationnouspermettentdesavoirquePeñafielexposaaumoinsquatreouvrages.369Ibid.,GIII/C13.MinistèredeFomento,delaColonisationetdel’Industrie,Mexico:«Publicationsofficielles.LivresdescriptifsdeMexico».370Ibid.,G I/C 3. Ministère de Fomento, de la Colonisation et de l’Industrie, Mexico: «Publicationsd’auteurs mexicains publiées par ce ministère et ayant pour but le développement intellectuel etartistiquedupays».371Listaderecompensas.«Grandespremios:ExposicióncolectivadelGobiernoMexicano;MinisteriodeFomento(InstitutoMédico,InstitutoGeológicoyMuseoNacional)».372Catalogue spécial. G III/C 11. Imprimerie du ministère de Fomento, Mexico: «Spécimens detypographie».373Àl’exceptiondugroupeXVIII.Ilgagnaitparexempleungrandprixpoursonexpositionchimique:Cataloguespécial.GXIV/C87.MinistèredeFomento,Mexico:«Sels,acides,alcalins,gommes,baumes,corpsgras,goudronsetproduitsdérivés,etc.».
100
restait des exemplaires. Une lettre du 13 mars 1900 de Mier à Fernández Leal
indiquait que «la dernière boîte provenant de la bibliothèque du ministèreest
arrivéeàParis»374,cequimontrequelacollectionfutéquipéeaveclesouvragesd’un
organisme qui devait posséder une grande majorité des publications existantes.
L’institutionquiconservelefondslepluscompletdepublicationsduministèredela
promotionpourlapériodede1898à1900estlaBibliothèquenationaleduMexique
qui récence 98 ouvrages, dont la totalité de ceux que nous citons. Ce sont
principalement des statistiques régionales, des rapports agricoles, des traités
scientifiquesetdesréimpressionsdeloispromulguéespendantlerégime,éditéspour
laplupartàl’occasiondel’expositionuniverselle.
Deplus, ilestpossibledeconnaîtrecertainsdesouvrages lesplus importantsde la
bibliothèque, toutes imprimeries confondues, du fait qu’ils furent distribués à des
«visiteursdistingués»375.Finalement,AntoniodeMieryCelisavaitsignaléàFerrari
Pérez le 7 juillet 1899 que «cette commission devra assurer que nos hommes de
science et de lettres les plus éminents soient représentés avec la totalité de leurs
œuvres»376.Cecinouspermetd’entrevoir laprésencedesouvrageslesplusréputés
desmembresdel’éliteintellectuelleporfiriennequifiguraiententantqu’expositeurs
delivres,oudumoinslavolontédelesafficher,toutennecitantquelesœuvresdont
laprésenceestconfirmée.
La bibliothèque du ministère de la promotion proposait aux visiteurs du pavillon
mexicain des contenus bibliographiques très variés.Mis appart les contribution du
ministère,elleétaitconstituéeprincipalementdelivresenvoyéspartreizeétatsdela
fédération377et par les ministères des affaires étrangères, des finances et de la
guerre; il s’agissait principalement de statistiques, de bulletins, de journaux et de
publications officielles. Mier écrivait que la bibliothèque réunissait «un grand
nombre de nos plus célèbres écrivains, poètes,musiciens, statisticiens, hommes de374AGN,58/13.375AGN,68/25.«Obrasqueseremitenalcomisariogeneralparasudistribuciónenlaexposición».376AGN, 58/13. Traduction personnelle. «Esta comisión deberá asegurarse de que nuestros máseminenteshombresdecienciaydeletrasseanrepresentadosconlatotalidaddesusobras».377AGN,68/35.Aguascalientes,Chihuahua,Guanajuato,Hidalgo,Mexico,Michoacán,Morelos,NuevoLeón,Puebla,Querétaro,Sonora,YucatánetZacatecas.
101
science», ainsi que «les principales maisons d’édition d’œuvres scientifiques,
littérairesetmusicalesdetoutelaRépublique».378
Labibliothèquecomprenaitdesœuvresdesprincipauxreprésentantsdelalittérature
porfirienne, notamment SupremaLey (1896) et Impresiones y Recuerdos (1893) du
naturaliste et chargé d’affaires ad interim au Guatemala Federico Gamboa379, ainsi
que plusieurs livres d’Irineo Paz380, dont Leyendas Históricas de la Independencia
(1894) et Doña Marina (1883). Irineo Pazexposa aussi son journal La Patria, et
participa officiellement comme membre de la commission mexicaine, en tant
qu’assistantauxcongrès.381
Enmatièredejurisprudence,leministèredelapromotionavaitéditédesrèglements
et des lois,mais presque toutes les institutions avaient contribué avec leurs codes
respectifs. L’Académie de jurisprudence édita une publication contenant la
Constitutionde1857etlescodescivil,ducommerceetpénal382,ainsiqu’unouvrage
en collaboration avec le ministère, distribué pendant l’exposition et considéré par
Ferrari comme l’une des pièces de valeur dans son rapport final383: La Procédure
pénaleauMexique,deRicardoRodríguez.384
Mierécrivaitquelabibliothèquefutdotéedelivresprovenantde«presquetoutesles
sociétés et instituts scientifiques du pays». Le catalogue signale les organismes
suivants: L’Académie des sciences exactes385, l’Académie demédecine386, leMusée
378S.B. DEMIER,México en la ExposiciónUniversal Internacional de 1900…, op.cit., p.39. Traductionpersonnelle. «Las principales casas editoras de obras científicas, literarias y musicales de toda laRepública, entre ellas las de Nevé Clemente Antonio, Nagel sucesor,Wagner y Levien ymuchos denuestrosmásconocidosliteratos,poetas,músicos,estadistasyhombresdeciencia,completaronestaclaseconsusmejoresproducciones».379Cataloguespécial.GIII/C13.FedericoGamboa,Mexico.«Livres»;AGN,68/35.380Ibid.GIII/C13.IrineoPaz,Mexico.«1ºLaPatrie,journal.2ºlivres»;AGN,68/35.381IrineoPazestrestécélèbredufaitdedeuxanecdotes:cefutlegrand-pèreduprixNobelOctavioPazetiltuaenduelSantiagoSierra,frèredeJustoSierra,l’intellectuelleplusrenommédel’époque.382AGN,54/16.383AGN,68/35.384Catalogue spécial. G III/C 13. Ricardo Rodríguez, Mexico: «Livres».; RODRIGUEZ Ricardo, LaProcédurepénaleauMexique.385Ibid.GI/C3.Académiemexicainedesciencesexactes,physiquesetnaturelles,Mexico:«Annuairedel’Académie.Brochurerelativeàl’inaugurationdel’Académie.»386IbidGI/C3.Académienationaledemédecine,Mexico:«Journaldel’Académie».
102
national387 , la Sociétés agricole388 , la Société pharmaceutique389 , la Société de
géographie et de statistique 390 , la Société d’histoire naturelle 391 et la Société
scientifique«AntonioAlzate»392,ainsiquel’Institutmédical, l’Institutgéologique,la
Commission géographique exploratrice, les observatoires astronomiques et
météorologiquesetlaSectiondespoidsetmesuresduministèredelapromotion393.
Les institutions scientifiques régionales envoyèrent surtout des travaux relatifs à
l’instructionpublique:onretrouve,entreautres,l’Institutdessciences394etl’Institut
des sciences et arts de Oaxaca395, l’Institut scientifique et littéraire de Toluca396et
l’InstitutSinaloense.397
Finalement, la bibliothèque comportait au moins quarante-deux albums
photographiques,dontceluidel’Écolenationaledesbeaux-arts398,desalbumssurdes
monumentshistoriques399etplusieurscollectionssurlepatrimoinearchéologiquedu
pays.
AntoniodeMier yCelis avait écrit à FernándezLeal le 18 juillet 1899: «parmi les
ouvragesdelabibliothèque,commevouslesavez,lesplusessentielsserontceuxque
le ministère aura commandé ou choisi pour les distribuer aux visiteurs
387IbidGI/C3.MuséenationaldeMexico:«Publicationsscientifiques».388IbidGVII/C39.Sociétéagricolemexicaine,Mexico:«Statistiqueagricole.Bulletindelasociété».389IbidGI/C3.Sociétépharmaceutiquemexicaine,Mexico:«LaFarmacia,journaldelaSociété».390IbidGI/C3.Sociétémexicainedegéographieetdestatistique,Mexico:«Bulletindelasociété».391IbidGI/C3.Sociétémexicained’histoirenaturelle,Mexico:«Journaldelasociété».392IbidGI/C3.Sociétéscientifique«AntonioAlzate»,Mexico:«MémoiresetrevuedelaSociété».393Ibid.GI/C3.Sectiondespoidsetmesures,Mexico:«Législationettravauxofficielsdubureaupourl’emploietlavulgarisationdusystèmemétriquedécimal».394Ibid.GI/C3.Institutdessciencesdel’Étatd’Oaxaca,Oaxaca:«Rapportettravauxscolaires».395Ibid. G I/C 3. Institut des sciences et arts de l’État d’Oaxaca, Oaxaca.: «Rapport et travauxscolaires».396Ibid.GI/C3.InstitutscientifiqueetlittérairedeToluca,Toluca:«Livresd’instruction».397Ibid.GI/C3.InstitutSinaloense,Mazatlán:«Journauxdel’Institutettravauxscolaires.»398Ibid.GI/C4.ÉcolenationaledesBeaux-ArtsdeMexico,Mexico:«Peintures,Sculpturesetgravures.Photographiesdel’école».399Ibid.GI/C4.Secrétariatd’ÉtatetduDépartementdesCommunicationsetTravauxpublics,Mexico:«Palais du pouvoir législatif, convocations et projet primé au concours. Monuments publics.MonumentàHidalgo.Monumentauxmartyresd’Uruapan.AlbumdesstatuesplacéesdanslachausséedelaReformaetbrochureexplicativeavecphotographiesdespersonnesquilesreprésentent.PalaisdeChapultepec.Monumentauxhérosdel’IndépendancedeMexico.Modèle,mémoireetphotographies.»
103
distingués»400. Au moins vingt titres portant sur des thématiques variées furent
offerts au public: rapports statistiques de l’administration publique, recherches
scientifiques, ouvrages sur l’histoire nationale, et publications de propagande pour
l’investissementdecapitaux.401
Certainsétaientofferts,d’autresvendus.Lesquantitésdeslotsvariaient,ainsiqueles
instructions pour leur distribution: par exemple, on trouvait 2000 exemplaires
disponiblesenfrançaiset500enespagnol402d’unlivredepropagandecommerciale
commandéàRafaeldeZayasEnríquez,LesÉtats-Unismexicains403.Àl’autreextrême,
leministrede lapromotionavait faitparveniràParisdixexemplairesd’unouvrage
classiquedel’historienconcepteurdupalaisaztèque,AntonioPeñafel :Monumentos
Antiguos del Arte Mexicano404 . À cause de son coût «excessif», il priait de le
«distribueràdesgensquienprofiteraient».405
Ladistributiondesouvragesdevait donc être effectuée selondes critères variables
d’un livre à l’autre. Certainspourraient avoir étédonnés àdehauts fonctionnaires,
auxmembresdescommissionsétrangères,àdesindustrielsetàdescapitalistesouà
despersonnalitésprestigieusesetàd’éminentsexposants.SebastiánB.deMierétait
libredechoisir lesdestinataires,maisaucundesrapportsetdes lettresdisponibles
nementionne lespersonnes enquestion. L’attributiondut être sélectivepuisque le
400AGN,68/25.«Obrasquese remitenal comisariogeneralparasudistribuciónen laexposición».Traduction personnelle. «De entre todas las obras de la biblioteca lasmás esenciales, cómo tiene abiensaberusted,seránaquellasqueesteministeriohayapedidooescogidoparaserdistribuidasalosvisitantesdistinguidos».401Voir Annexe 4. Littérature promotionnelle sur leMexique circulant enMexique à la fin du XIXesiècle.402AGN,68/25.Lacommissionavaitprévuinitialement3000exemplairesenfrançais.403RafaeldeZAYASENRIQUEZ,LesÉtats-unismexicains : leursressourcesnaturelles, leurprogrèset leursituationactuelle,Mexico,MinistèredeFomento,1899;RafaeldeZAYASENRIQUEZ,LosEstadosUnidosMexicanos: sus progresos en veinte años de paz 1877-1897 : estudio histórico y estadístico, Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1900.404Antonio PEÑAFIEL, Monumentos del arte mexicano antiguo: ornamentación, mitología, tributos ymonumentos,Berlin,A.Asher,1890.405AGN, 68/25. Traduction personnelle. «Para distribuir a personas que le aprovechen, sobre todoPeñafiel,porsuexcesivocosto».
104
stock revenait à 6190 exemplaires pour dix des ouvrages concernés406et Mier
estimaitqueletotaldesentréesaupavillonmexicains’élevaitàunmillion.407
Les trois publications le plus largement distribuées furent celles de Gustave
Gostkowski (2000 exemplaires), de Ricardo de María y Campos 408 (1000
exemplaires) et de Zayas Enriquez. Gostkowski était un publiciste franco-mexicain
ayantdéveloppéuneexpertiseenmatièredepropagandemexicaineenFrancedepuis
1889.Àcetteépoque,ilavaitsignéuncontrataveclecommissaireDíazMimiagaafin
defairepublierdesarticlesfavorablesauMexiquedanslapresse409.C’estleseuldes
publicistes mentionnés dans le livre de Mier, et il le décrivait comme un homme
«habituéàdonnerletonleplusconvenableenFranceàuneœuvredepropagandeet
de vulgarisation»410. Le livre était court et avait été conçu en opposition aux deux
principales publications publicitaires de la présentation de 1889, commandées à F.
Bianconi.Ils’agissaitd’unlivreetd’unecartecommerciale411dont«lemanqued’un
plan d’ensemble qui leur aurait permis de laisser une trace plus profonde dans
l’espritpublique»auraitétéperçuparlapresse.412
Cependant, la propagande la plus influente fut sans doute celle de Zayas Enríquez,
dans la mesure où son livre contenait des circulaires qui furent annexées au
CataloguespécialduMexique.Certainspassagescorrespondaientaussiàceuxmisen
annexe au Catalogue général officiel de Lemercier. Comme nous l’avons vu, ces
documents circulèrent amplement parmi les jurys et furent utilisés par la presse
comme sources d’information. L’image de prospérité nationale qu’ils diffusaient,
406AGN,68/25.407S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.87.408Ricardo de MARIA CAMPOS, Renseignements commerciaux: sur les Etats-Unis Mexicains, Mexico,ImprimerieduMinistèredeFomento,1899.409Mauricio TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales,1880-1930,Mexico,FondodeCulturaEconómica,1998,p.97.410S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.183.411F. BIANCONI, LeMexiqueà laportéedes industriels, des capitalistes, desnégociants importateurs etexportateursetdestravailleurs,Paris,Chaix,1889;F.BIANCONI,TexteetcartecommercialeduMexique,Paris,1889.412S.B.DEMIER,Méxicoen laExposiciónUniversal Internacionalde1900…,op.cit., p.182. Traductionpersonnelle.«Resentíansede la faltadeunplandeconjunto,que leshubierapermitidodejarhuellamáshondaenelespíritupúblico».
105
concernant l’administration publique et particulièrement le développement de
l’éducation,dominaitdèslespremièrespages:
«Ledéveloppementdes cheminsde fer, des ports et de toutes les communications intérieures asuiviunemarcherationnellesûrequiimpressionne[…]Peuàpeu,l’industrieestvenueàsontouroffrirdesressourcesvariéesàlarichessenationale;puis,lesarts,lessciences,l'enseignementontpréparé au pays des gloires nouvelles et des générations ardemment tournées vers l'avenir.L’impression est vraiment imposante et même grandiose […] Les documents, statistiques etphotographiesexposéesmontrentlesgrandssacrificesconsentisparleGouvernementenfaveurdel'instruction primaire et supérieure. Comme en France, l'instruction primaire est obligatoire etgratuite au Mexique, et la loi se montre rigoureuse envers les parents ou chefs d'industrie quinégligent d’envoyer aux écoles les enfants […] Des écoles spéciales sont affectées aux jeunesindiens, et le Gouvernement votait encore récemment un crédit d'un million de piastres pourl’édificationde nouveauxbâtiments scolaires […] Il possèdedes établissements universitaires depremierordre.»413
Le catalogue et le livre de Zayas faisaient une introduction fondamentale pour les
diverspublicsdupavilloncarilsprésentaientlefonctionnementministérieldel’état
porfirien, ce qui permettait de cartographier rapidement les institutions publiques
qui avaient contribué à l’exhibition. La présentation du ministère des finances
établissait une vue schématique sur la prospérité économique du pays: après
indiquerqu’ils’occupaitdesimpôtsfédérauxetdelagestiondesdépensespubliques,
la circulaire indiquait les montants en argent mexicain correspondant aux
importations (107 619 441 pesos) et aux exportations (148 453 834 pesos) pour
l’année fiscale 1898-1899. Un «tableau des recettes et dépenses ordinaires
effectives»indiquaitauxextrêmes43945699pesosderecetteet41472264pesos
dedépensesen1894-95contre60139212pesosderecetteset53499541pesosde
dépensesen1898-99.
Suivait laprésentationduministèredescommunicationsetdestravauxpublics,qui
listaitsesdépendances(lacommissionhydrographique, l’administrationdespostes,
la directions générale des télégraphes) ainsi que ses domaines d’intervention: les
monuments, l’assainissement de la capitale, les travaux des ports. Il était lié par la
questiondelasalubritépubliqueauministèredel’intérieur,quidirigeaitlesservices413Catalogue officiel spécial du Mexique, Exposition universelle de Paris 1900…, op.cit.; R. de ZAYASENRIQUEZ,LesEtats-unismexicains…,op.cit.
106
d’hygiène et leur surveillance par le biais du Conseil supérieur de salubrité. La
mission de ce ministère était d’assurer le respect «des droits de l’homme et du
citoyen,delalibertédescultes»etils’occupaitdelapoliceurbaine,del’étatcivil,de
l’assistancepublique,desprisonsetdesfêtesnationales.Letexteassuraitqu’ilavait
réussi à garantir la «sureté publique»: «Les progrès réalisés à ce sujet sont
extrêmementremarquableseton leurdoitengrandepartie l'évolutionéconomique
réalisée par le Mexique, à cause de la confiance qu'ils inspirent à l'industrie, au
commerceetàtoutessortesd'entreprisesmexicainesouétrangères».
Le«ministèredeFomento,colonisationetindustrie»étaitdécritcommeayantpour
but de «contribuer à sauvegarder les intérêts matériels du pays (…) quoique
certainesdesesfonctionssoientintimementliéesavecleshautesmanifestationsdela
vie intellectuelle d’une peuple». Entre autres, le texte signalait qu’il s’occupait du
développement industriel, des poids et des mesures, de la propriété minière, de
l’agriculture,del’immigration,delagéographiedupays,desbrevetsd’invention,des
expositions nationales et internationales, des propriétés thérapeutiques de la flore
mexicaine et des statistiques du pays. Il indiquait tout particulièrement qu’«au
Mexique,lesinventeurssontprotégésparuneloispécialequirépondlargementaux
besoins du pays» et que «sous l'égide du Code actuel, qui facilite la concession et
donnelasécuritépour l'exploitationdesmines,cette industrie,quiestunedesplus
prospèresduMexique,estarrivéeàl'apogéedesasplendeur».
Finalement, laprésentationduministèrede la justiceetde l’instructionpubliquece
concentrait sur les questions d’éducation, et indiquait que le système mexicain
comprenait «l’instruction primaire, l’instruction «préparatoire» (secondaire) et
l’instruction professionnelle». Les deux dernières se partageaient en plusieurs
branchescorrespondant aux établissementssuivants : les écoles normales de
professeurs et de jeunes filles, l’École nationale préparatoire, ainsi que les écoles
nationalesdejurisprudence,demédecine,desingénieursetdesbeaux-arts.
LetextedeZayas,conçupoursonouvrageetpourlescataloguescommepréalableà
lavisitedupavillon,expliquaitlefonctionnementdupayseninsistantsurtoutesles
thématiques définies par la commission comme relevant de l’image nationale qui
107
devait être présentée. Par extension, la bibliothèque portait le même esprit et
prétendaitoffrirunportraitexhaustifdesprogrèsmatérielset intellectuelsdupays
depuis le début du régime porfirien. Elle conformait une partie substantielle de
l’exposition, dans laquelle les institutions et les gouvernements, fédéraux et locaux,
furentenmêmetempsexpositeursetobjetsd’étude.
De plus, en cartographiant la division institutionnelle du travail scientifique, la
bibliothèque liait l’éventail des disciplines subsidiées par le gouvernement à un
projet national qui solidarisait la connaissance du territoire à l’administration
publique.Laprojectionstatistiqueetscientifiquedesrichessesagricolesetminérales
du pays, ainsi que celle d’une administration publique robuste, doublées de
l’ostentation d’une culture intellectuelle moderne, avaient été conçues comme
élémentsprimordiauxduprojetpromotionneldupavillonmexicain.
Connaissanceduterritoire
Les institutions et les disciplines scientifiques engagées dans la production de
connaissances sur le territoire avaient une place primordiale dans l’exposition
mexicaine.LaCommissiongéographiqueexploratrice futparticulièrement favorisée
parleministèredelapromotion,quiéditapourelleleseulcatalogueauxiliairedela
présentationenraisonde l’importancedesescontributions414.Expositeurclassique
du Mexique lors des expositions universelles, sa section d’histoire naturelle fut
avantagée en 1900 du fait que son directeur, Fernando Ferrari Pérez, était un des
organisateurslesplusimportantsparmileschefsdegroupe.
L’envergure de l’exhibition géographique et les conditions institutionnelles qui ont
permissaprééminencedécoulentde l’importanceque legouvernementattribuaità
ce rameaux dès le début du régime. Le catalogue de la Commission géographique
introduisaitsonassortimentdecartesetd’objetsavecunerevuehistorique:
414Ilyavaitaussiuncataloguegénéralpourlabibliothèque,maiscelui-cinefutpaséditéetimpriméentantquepublicationofficielleduministère.
108
«Pendant le long intervalle occupé par nos convulsions politiques et par nos guerres civiles et
étrangères, l’urgence de former une carte du pays qui puisse remplir ses principales urgences
politiquesetmilitairesfutpatente.Mais,unefoisqueleMexiqueeutentrédanslapériodeactuelle
depaixetderéorganisation,cetteurgencerevêtitlecaractèred’unenécessitéimpérieuse».415
Le porfiriatmit en place unprocessus de centralisationdupouvoir dans lequel les
institutions occupèrent une fonction essentielle. Mirreya Blanco Martínez indique
que«ceprocessusreconnaissaitlaprioritédecontrôleretd’administrerleterritoire;
deconnaîtresesressourcespouruneexploitationoptimaleetpourtermineravecles
conflits régionaux et frontaliers»416. Avec la pacification intérieure du pays et sa
réhabilitationinternationale,Legouvernementpossédaitlesmoyensmatérielsetles
conditions propices pour continuer des projets expéditionnaires qui avaient été
particulièrementfavoriséspendantl’interventionnapoléonienne.
Deplus, la territorialitéétaitunélément fondamentalde la figurationnationalequi
fut exploité en abondance lors les expositions universelles. L’image du Mexique
circulant en Europe à cette époque découlait en partie d’une tradition d’images
pittoresquesetallégoriquessur lesrichessesnaturellesdupays,entretenuetoutau
longduXIXesièclesuiteàl’influencedelasensibilitéphysiocratiqueetdel’œuvrede
Humboldt417.C’étaitunlieucommundeconsidérerqueleterritoireavaitété
«Doté ainsi par la divinité (quand lamentalité scolastique prédominait), ou par la nature (avec
l’influencedesLumières),ouqu’ildépendaitdesadécouverteetmiseauprofitparseshabitants
(aumomentdupositivismeetdulibéralisme)[…]Danslesdiscoursrelatifsaudéveloppementet415JulioALVARADO,Comisióngeográfico-exploradorade laRepúblicamexicana.Catálogode losobjetosque componen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganización y trabajos., Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1900, p.3. Traductionpersonnelle. «Duranteel largo intervaloocupadopornuestrasconvulsionespolíticasypornuestrasguerrascivilyextranjeras,sehizopatentelaurgenciadeformarunacartadelpaísquepudierallenarlasprincipalesurgenciaspolíticasymilitares.PeroapenasentradoMéxicoenelactualperiododepazyreorganización,esaurgenciarevistióelcarácterdeunanecesidadimperiosa».416Mireya BLANCOMARTÍNEZ,MoncadaMAYA et José OMAR, «ElMinisterio de Fomento, impulsor delestudio y el reconocimiento del territorio mexicano (1877-1898)», Investigaciones geográficas, 74,avril2011,p.74‑91.Traductionpersonnelle.«Cabeseñalarqueapartirde1877,cuandoPorfirioDíazes declarado presidente constitucional, se inició un proceso de centralización del poder y lasinstituciones se convirtieron en una decidida herramienta para ello. Este proceso reconocía laprioridaddecontrolaryadministrarelterritorio;conocersusrecursosparaunaóptimaexplotaciónyterminarconlosconflictosregionalesyfronterizos».417IrmaBeatrízGARCÍAROJAS,«Elcuernodelaabundancia:mitoeidentidadeneldiscursosobreelterritorioylanaciónmexicanos»,RevueHISTOIRE(S)del’AmériqueLatine,1,2005,p.28.
109
au projet de nation du Mexique au XIXe siècle était présente l’idée de la richesse et sa
représentationiconographiqueoccidentale,lacornedel’abondance.»418
Le projet promotionnel porfirien prolongeait la tendance territorialiste du
nationalismemexicain en l’investissantdans laproduction scientifique et culturelle
desesinstitutions.Lesexpositionsuniversellesfurentdesplateformesprimordiales
dansladéfinitiondeladirectionetducaractèredecetaspectdel’entiténationale.En
1889,laterritorialitémexicainefutportéparlesdisciplinesgéographiquesmaisaussi
par la consécration de l’école artistique paysagiste et naturaliste de José María
Velasco. Celle-ci était liée à la connaissance scientifique du territoire, mais lui
accordait un caractère romantique et intégrait les allégories libérales du récit
nationalofficiel.
En 1900, La propagande mexicaine continuait à signaler un pays «doué
prodigieusement de richesses naturelles, et faible en capitaux propres pour les
exploiter»419.Cependant,l’imagegénéralevéhiculéeévacuaitpresqueintégralement
l’aspect pittoresque précédemment exploité. La territorialité fut abordée
essentiellementàtraversdedisciplinesquipermettaientdecernerscientifiquement
l’espace national: la géographie, la cartographie et la géologie. Elles rendaient des
représentationsgraphiquesduterritoirequil’abordaiententantqu’objetàmaîtriser
danslecadreduprojetdeconsolidationdel’État-nation.
Le catalogue spécial du Mexique indiquait qu’une des attributions essentielles du
ministèredelapromotionétaitd’encadrer«touslestravauxrelatifsàlaformationde
lacartedupays,soitsurleterrain,soitdanslesbureaux»,principalementàtravers
de la Commission géographique exploratrice qui «d’accord [sic] avec sa
dénomination et les besoins actuels du pays, lève par des procédés expéditifs une
418Ibid.,p.2.Traductionpersonnelle.«Seconsiderabaqueelmexicanohabíasidounterritoriodotadodetalformaporladivinidad(cuandopredominabalamentalidadescolástica),oporlaNaturaleza(conla influencia de la Ilustración) o que dependía de su descubrimiento y aprovechamiento por sushabitantes (en momentos del Positivismo y del Liberalismo) (…) En los discursos relativos aldesarrolloyalproyectodenacióndelMéxicodelsigloXIXestabapresentelaideadelaabundanciaysurepresentacióniconográficaoccidental,lacornucopia».419S.B. DEMIER,México en la ExposiciónUniversal Internacional de 1900…, op.cit., p.21. Traductionpersonnelle. «Países como el nuestro, poco poblados relativamente á su extensión, dotadospródigamentederiquezasnaturales,yescasosdecapitalespropiosparaexplotarlas».
110
premièrecartegéographiquedelaRépublique».420
Le catalogue des contributions de la Commission contenait un texte du colonel et
ingénieur Julio Alvarado qui présentait son histoire et ses fonctions. Alvarado
expliquaitqu’ilyavaitune«immensedisproportionentrel’ampleurdelasuperficie
duterritoirenationaletlesressourceslimitéesdontdisposaitlacommission»421,ce
qui impliquait que sa production scientifique ne vise aucunement le degré de
précisiondesétudesgéodésiqueseuropéennes.Ilajoutaitcependantqu’ilétaitprévu
que les données collectées soient utilisées par une commission géodésique qui
approfondiraitlaqualitédestravaux,etinsistaitsurlefaitquel’institutionétaitdigne
dereconnaissanceinternationaledufaitdesconditionsd’adversitéqu’elleaffrontait.
Parcontraste,lecatalogueauxiliairedelacommissionéditéen1889,justifiantavec
lesmêmesargumentslaqualitédescontenus,assumaittoutdemêmequeleMexique
occupait«unrangdecultureinférieuràlaFranceetàd’autresnationsquiprennent
partàl’exposition».422
Julio Alvarado signalait que les triangulations géodésiques étant impossibles, la
commission faisait ses relevés géographiques par des procédés astronomiques. La
section de cartographie, qui exposait la majorité des objets présentés, opérait des
réductions de ces données à diverses échelles selon un système de distribution
propre à la commission. Celui-ci permettait, entre autres, de garder les noms
multiples de certains endroits et populations en langue «indigène, vulgaire,
religieuse,légale».
Il indiquait que la section préférait produire ses cartes générales en fractions
permettant des rectifications subséquentes. Lamajeure partie des cartes recensées
420CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900...,op.cit.421J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradoradelaRepúblicamexicana.Catálogodelosobjetosquecomponen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganizaciónytrabajos..,op.cit.,p.4.Traductionpersonnelle.«(…)inmensadesproporciónqueexisteentre la gran superficie del territorio nacional y los limitados recursos de que la comisión podíadisponer».422Agustín DIAZ, Commission géographique exploratrice de la République Mexicaine. Catalogue desobjetscomposantlecontingentdelacomission,Paris,1889,p.3.
111
étaientdoncdesatlasdisposésdanslabibliothèqueduministèredelapromotion423.
Les principaux travaux présentés furent des cartes des villes et des régions dont
l’échellevariaitde1:2000000à1:20000.À l’exceptiond’unecartedePapantla
(étatVeracruz)quiprésentaitlarégionselonlesespacesoccupéspardespopulations
indigènes en utilisant des critères ethnographiques424, tous les atlas suivaient les
divisionsadministrativesetfédéralesduterritoire.
Lasectionprésentaitaussi70cartesgénéralesdelaRépubliqueàl’échellede1:100
000 produites depuis la création de la commission en 1877. La plus importante
d’entreellesétaitunatlasauxfractionslithographiéesetdisposéessurvingtvolumes
de dix feuilles chacun425 . Finalement, la section ajoutait dix-sept «manuscrits
originaux de calculs géodésiques et astronomiques pour la détermination de
coordonnéesgéographiques».426
Lecataloguede lacommissionnementionnequedescarteset travauxdirectement
liés à la section cartographique. Les travaux géologiques, les itinéraires
topographiques et l’exposition d’histoire naturelle, considérés comme les plus
importants par Ferrari427, ne sont pas répertoriés. Alvarado donnait tout demême
desrenseignementshistoriquesetpratiquessurlasectiond’histoirenaturelle,quise
chargeaitdela«collectionetpréparationdesexemplairescorrespondantauxzones
explorées»428. Pendant l’exposition de la Nouvelle Orléans en 1884, sesmembres
avaientcollaboréavecdes professeursdelaSmithsonianInstitutionpouridentifier
desspécimensetpour«corroborerlanouveautéd’espècesinconnues»429.ÀParisen
1889,ilsavaientcomparéleurséchantillonsbotaniquesàceuxduJardindesplantes
puislesavaienttransportéauMuséebritannique,cequipermitdefairede«bonnes
423AGN,68/25424Cataloguedelacommissiongéographique.Cartenº52.425Ibid.Cartenº87.426Ibid.nº74à81.«Manuscritosoriginalesdecálculosgeodésicosyastronómicosparadeterminarcoordenadasgeográficas».427AGN,68/35,428J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradoradelaRepúblicamexicana.Catálogodelosobjetosquecomponen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganizaciónytrabajos..,op.cit.,p.30.429Ibid.,p.32.
112
classifications».430
La section naturelle avait établi les mêmes critères de classification pour ses
spécimensqu’en1889,àl’exceptiondelapartiezoologiquequiintégraitlesdivisions
du systèmedeClausau lieude cellesdes catalogues spéciauxpubliéspar leMusée
Britannique 431 . Les insectes coléoptères étaient arrangés selon la Genera de
Lacordaire,lapartiebotaniquesuivaitleGeneraPlantarumdeBenthametdeHooker,
et les échantillons géologiques et paléontologiques étaient accordés au système du
nord-américain J. D. Dana 432 . Les collections avaient été formées grâce aux
expéditions des «agents voyageurs» Francisco Río de la Loza pour les plantes, et
d’Alfredo Notni pour les reptiles, mammifères et insectes, mais seul ce dernier
apparaissaitcommeexpositeursdanslecataloguespécial.433
La commission géographique réunissait la totalité de ses contributions en trois
grandes sectionsrepartiesdans les classes3«Enseignement supérieur. Institutions
scientifiques» 434 , 14 «Cartes et appareils de géographie et de cosmographie.
Topographie»435et 119 «Cartographie. Hydrographie. Instruments divers»436. Elle
obtint deux grands prix pour les groupes I et II, ainsi qu’unemédaille d’or pour le
groupe XVIII437. En 1889, elle avait concentré ses contributions dans la classe 16
«Classes et appareils de géographie et Cosmographie. Topographie» du groupe II
«Educationet enseignement.Matériauxetprocédésdesarts libéraux», gagnantun
grand prix pour cette participation438. Alvarado notait dans son catalogue de 1900
430Ibid.431A. DIAZ, Commission géographique exploratrice de la République Mexicaine. Catalogue des objetscomposantlecontingentdelacomission...,op.cit.,p.51.432J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradora…opcit.,p.30.433CatalogueSpécial.GI/C3.AlfredoNotni,Mexico:«Papillons».434Ibid.,GI/C3.Commissiongéographiqueexploratrice,Xalapa (Veracruz):«Travauxscientifiques,astronomiques,topographiquesetd’histoirenaturellesurleMexique».435 Ibid., G I/C 14. Commission géographique et exploratrice, Xalapa (Veracruz): «Cartestopographiquesetgéographiques».436 Ibid., G XVIII/C 119. Commission géographique exploratrice, Xalapa (Veracruz): «Grandecollectiondecartesettravauxtopographiques,géodésiques,cartographiques,albumsdecartes,etc.».437Lista de las recompensas obtenidas por expositores mexicanos en la exposición universal de Paris1900,México,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1901.438ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine, Paris, Imprimerie Générale Lahure, 1889. G II/C 16. Commission géographique
113
quelacommissionavaitaussigagnéun«prixextraordinaire»àlaNouvelleOrléans
en1884439.Àcetteépoque, leministèrede lapromotionobtintaussiungrandprix
relatifàlarecherchegéographiquepoursacartechorographiquedelacapitale.440
Lesautres institutionsduministèrede lapromotionprésentèrentdescontributions
moins ambitieuses. Cependant, l’organisation de leurs travaux avait impliqué la
mobilisationderessourceshumainesetéconomiquesimportantes,et lacommission
mexicaine décida de garder la totalité de leurs objets pendant le filtrage final de
l’exposition441.Lesdeuxobservatoiresgérésparleministère,l’unmétéorologiqueàla
villedeMexico442etl’autreastronomiqueàTacubaya443,reçurentdesmédaillesd’or
pour leurs publications correspondant à leurs sections magnétique et
météorologique.
L’Institut médical, qui fut récompensé avec un grand prix pour l’ensemble de ses
travaux444,avaitétéfondéen1888etprésentéàParispourlapremièrefoisen1900.
L’institutionétaitdanslesmotsdeFerrariPérez«uniqueaumonde»445:spécialisée
dans les plantes médicinales mexicaines, elle exposait des préparations
pharmaceutiques, des herbiers et ses publications446. La commission distribua mil
catalogues de ses quarante-trois herbiers les plus importants447 ainsi que 500
exemplaires de La vie sur les hauts plateaux448, ouvrage traduit en français pour
exploratrice:«Collectiond’albums,livresdecalcul,atlas, itinéraires,cataloguesdenombresdoubles,atlasdesignes, impressionsdiverses.Travauxdestinésàdonnerune idéedesprocédésemployésetdesrésultatsobtenus».439J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradora…opcit.,p.30.440Ibid., G I/C 3. Section des Cartes du Ministère de Fomento, Colonisation et Industrie, Mexico:«CartegéographiquedelaRépubliqueMexicaine.Carteorographiquedudistrictfédéral.»441AGN,68/24.442Ibid.,GI/C3.Observatoiremétéorologiquecentral,Mexico:«Publications».443Ibid.,GI/C3.Observatoireastronomiquenational,Tacubaya:«Publications». 444Lista de las recompensas obtenidas por expositores mexicanos en la exposición universal de Paris1900...,op.cit.445AGN,68/35.446 Catalogue Spécial. G I/C 3. Institut médical national, Mexico: «Publications. Préparationspharmaceutiques.Herbier.Préparationschimiques.Herbierdeplantesmédicinales». 447AGN,54/10.448VoirAnnexe8.HERRERAAlfonsoLuisetDanielVERGARALOPE,Laviesurleshautsplateaux:influencede la pression barométrique sur la constitution et le développement des êtres organisés, traitement
114
l’expositionetannoncécommeayantgagnéunprixdelaSmithsonianInstitution.
Pour sa part, l’Institut géologique était un organisme investi avec la commission
géographiquedanslamissiondeconstruireune«cartegénéraledelaRépublique».
Ceprojetscientifiqueetledéveloppementdesindustriesd’extractionétaientliésen
tant que fonctions duministère: le catalogue spécial présentait l’institut en disant
que «l'action duMinistère sur les mines ne se borne pas à ce qui en concerne la
propriété,carsasphèred'activitéembrassetouslestravauxscientifiquesquirévèlent
l'état du sous-sol du pays». Lesmembres de cette institution avaient réalisé pour
l’expositionunrelevéstratigraphiqueentrelesportsd’Acapulco(côtepacifique)etde
Veracruz (côte atlantique) qui fut remarqué par le jury international, ainsi qu’une
carte géologiquequi fut reproduitedans le rapport final du groupeXI449. L’institut,
qui présentait aussi des cartes des volcans et des dépôts d’onyx ainsi que ses
publications scientifiques450 , gagna un grand prix en raison de son expédition
interocéanique.
Lescataloguesdel’expositionmexicaineconcevaientlaconnaissancegéographiqueet
géologiqueduterritoirecommeunpréalableouuncorolaireàl’exploitationefficace
de ses ressources nationales. Ces disciplines s’alliaient aux expositions
minéralogiques publiques et privées pour montrer l’intérêt d’investir dans le
développementdesindustriesminièresmexicaines.Lerapportdujurypourlegroupe
XI signalait que «les nombreux échantillons envoyés de tous les états duMexique
montraientfortbienlarichesseminéraledecepays»451,etlacompagniefrançaisedu
Boleo, décrite comme la seule à donner «des renseignements intéressants sur son
exploitation»452,obtintdeuxgrandsprixpoursescontributions453.Pourleurpart,la
climatérique de la tuberculose. Ouvrage couronné par l’Institut Smithsonien deWashington (ConcoursHodgkins,1895),Mexico,Mexique,ImprimeriedeI.Escalante,1899.449Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportsdujuryinternational.GroupeXI.Minesetmétallurgie.Deuxièmepartie.Classe63(TomeII),Paris,Imprimerienationale,1902,p.274‑275.450 Catalogue Spécial. G I/C 3. Institut géologique, Mexico: «Cartes. Coupes. Photographies etcollectionminière,géologique,stratigraphiqueetpétrographiqueduMexique».451Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe XI.Minesetmétallurgie.Deuxièmepartie.Classe63(TomeII)...,op.cit.,p.274.452Ibid.
115
Compagnie minière de Pachuca et Real del Monte 454 , ainsi qu’une exposition
collectiveduministèredelapromotion455obtinrentégalementdesgrandsprixpour
l’expositiondemineraisdivers.
La connaissance du territoire était une fonction gouvernementale que l’exposition
mexicaineliaitàl’industrieminière,maisaussiàl’administrationpubliqueengénéral.
IrmaBeatrízRojasconsidèrequ’àlafinduXIXesièclelecaractèreculturel,politique
et juridiquedelanationmexicainefutparticulièrementassociéàsaterritorialité456.
Lorsdel’expositionuniversellede1900,lacartographieduprogrèsnationalfutune
stratégie privilégiée pour insister sur la modernisation intégrale du pays. Les
contenus du pavillon mexicain étaient reliés en dernière instance par la volonté
d’afficher l’étalement du pouvoir public sur un espace national matériellement et
juridiquementpropiceàl’initiativeprivée.
Administrationpublique
Lepavillonmexicaindel’expositionuniverselledeParis1900présentaitsescontenus
principalement sur deux fronts : l’un correspondait aux compagnies privées et aux
particuliers qui exposaient un éventail d’échantillons concentrés sur les groupes
d’agriculture, de mines et de produits textiles. L’autre revenait aux expositions
gouvernementales, qui recouvraient l’ensemble de la nomenclature mais se
centraientprincipalement sur l’administrationpublique.Elles concernaient tous les
niveaux du gouvernement (fédéral, régional et local) et mobilisaient une vaste
gammed’acteursinstitutionnels.
453Cataloguespécial.GXI/C63.CompagnieduBoleo,SantaRosalia(Basse-Californie):«Mineraisdecuivre. Photographies. Installations électriques. Société française.»; G XI/C64: «Barres de cuivrepoliesetbrutes.Unmorceaudemattepauvreà60p.100environ.Unmorceaudemattericheà70p.100environ.Statistiques.Photographies.Sociétéfrançaise».454Ibid., G XI/C 63. Compagnie minière Pachuca et Real del Monte, Pachuca (État d'Hidalgo):«Mineraisdivers.Plantopographiqueetminier.Vuesphotographiques».455Ibid.,GXI/C63.MinisteriodeFomento,Mexico:«Expositioncollectiveplurinominale».456IrmaBearízGARCÍAROJAS,«HistoriadelavisiónterritorialdelEstadomexicano :representacionespolítico-culturales del territorio», thèse de doctorat, Universidad de Guadalajara/UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,Guadalajara/Mexico,2009.
116
Laprééminencede l’expositiongéographiqueprovenaitdu faitqu’elleétait liéeaux
rameauxduministèredelapromotion,maisellen’offraitqu’unefractiond’unregard
global sur leprojetnationalporfirien,dont ledéploiementdépendaitde l’ensemble
des ministères et de leurs institutions. Les ministères des communications et des
travaux publics, de l’intérieur, et de justice et instruction publique eurent une
fonction primordiale dans l’agencement de l’image nationale exposée. Lors de ses
conseilsdeconsultation,lacommissionmexicaineavaitdéfinilaprioritédemontrer
ledéveloppementdupaysàtraversdestatistiquessurlesservicesetlespopulations,
de l’ostentation de l’assainissement des villes et des ports,mais aussi à travers de
l’éducation,qui serait ledomaine fondamental traitépar lespouvoirsdécentralisés.
Ainsi, les objets contribuant à construire une image de prospérité étaient
principalement rattachés aux groupes III «Éducation et enseignement», V
«Électricité», VI «Génie civil. Moyens de transport» et XVI «Économie sociale.
Hygiène.Assistancepublique».
Le ministère de la promotion était responsable de la Direction générale des
statistiques de la République Mexicaine, qui présentait des publications457parmi
lesquellessedistinguaitlepremierrecensementdémographiquenationaleffectuéen
1895458. Ce travail, qui constituait l’undes grandsprojets statistiquesdu régime et
avaitvaluunemédailled’oràladirection,n’étaitpascataloguéindividuellementmais
futmentionnédansplusieursdespublicationsdistribuées(notammentdansleslivres
deGustaveGostkowski et deRafael de Zayas Enríquez ainsi que dans leCatalogue
spécial). Entrepris sous la direction de l’historien Antonio Peñafiel, concepteur du
palaisaztèque,ilintégraitdescritèresvariés(âge,genre,étatcivil,lieudenaissance,
langue, religion, éducation, occupation) et fut considéré comme un outil
457Cataloguespécial.GIII/C14.DirectiongénéraledeStatistiquedelaRépubliqueMexicaine,Mexico:«Publicationsdeladirection».458AGN,68/35;DIRECCIÓNGENERALDEESTADÍSTICA,CensogeneraldelaRepúblicaMexicanaverificadoel20octubrede1895.,México,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1899.
117
indispensablepourundiagnosticintégraldespopulations459.Ilestimait13,6millions
d’habitantsauMexiquedont476413pourlacapitale.460
Leministèreexposadeuxautrestravauximportantseffectuésspécifiquementpourle
pavillon.Lepremierétaitun«tableaucomparatifdesprogrèsréalisésparlesEtats-
Unismexicains,durantlesquinzedernièresannées»461quiintégraitdesdonnéessur
le développement des industries agricoles et d’extraction, ainsi que sur le
développementéconomiqueet infrastructureldesportsetdescentresrégionaux462.
L’autreétaituncadrecomparatifdel’administrationpubliqueauMexiquecommandé
à Inocencio Cucalón463. Il cartographiait le développement des télégraphes, des
réseaux électriques et des établissements publics (principalement les écoles, les
hôpitauxet lesprisons)464suruneplageelleaussidequinzeans.Cela témoignedu
lienintimequelaprésentationétablissaitentreledéveloppementindustrieldupays
et la consolidation du pouvoir public. L’importance de cet aspect de la prospérité
nationale est attestée aussi par le fait que le ministre Fernández Leal envoya dix
exemplaires du tableau de Cucalón pour être distribués en demandant qu’il fut
encadréetexposédansunendroitvisible.465
Leministèredescommunicationsetdes travauxpublics futomniprésentparmi les
contributions relevant de l’administration du fait que ses domaines d’intervention
correspondaitàceuxdesautres.Ilpartageaitlaprésentationdestravauxpublicsdans
le groupe VI, mais était le seul à s’occuper du groupe V. Des huit contributions
conformant legrouped’électricité, cinqprovenaientdecompagniesprivéesetdeux
d’institutionsfédérales;aucungouvernementrégionalnilocalcollabora.Lacirculaire
envoyéepar le chefdugroupeRafaelRamosArizpepourorganiser laparticipation
459125añosdelaDirecciónGeneraldeEstadística1882-2007,Mexico,InstitutoNacionaldeGeografíayEstadística,2009.460CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900...,op.cit.461Cataloguespécial.G III/C14.MinistèredeFomento,Colonisationet Industrie,Mexico :«TableaucomparatifdesprogrèsréalisésparlesÉtats-UnisMexicains,durantlesquinzedernièresannées».462AGN,68/35.463Catalogue spécial. G III/C14. Inocencio Cucalón, Mexico.: «Tableau statistique des progrès deMexico».464AGN,68/35.465Ibid.
118
signalait que les publications statistiques officielles seraient élaborées à partir des
données fournies par ces entreprises. Il leur déléguait la responsabilité de
représenter leurs régions respectives et écrivait qu’il était «persuadé qu’une
complète exhibitiondes applications faites par ce rameaudes sciences […] sera un
moyen efficace pour faire connaître le degré de culture où se trouve cet important
état».466
Lescinqcompagniesquiconcoururentàl’exposition,établiesàMexicoetdansl’état
d’Hidalgo, présentèrent essentiellement des plans et des photographies pour les
classes 23 «Production et utilisation mécanique de l’électricité»467, 25 «Éclairage
électrique»468et 27 «Applications diverses de l’électricité»469. On y retrouve la
compagnieminièredeRealdelMonteyPachucaquiavaitgagnéungrandprixdansle
groupeXI.470
En plus de cartes décrivant les réseaux électriques 471 , le ministère des
communicationsprésentaitdeuxorganismesqu’iladministrait,laDirectiongénérale
destélégraphesfédéraux472etl’Administrationgénéraledespostes473,quigagnèrent
touteslesdeuxdesmédaillesd’ordanslaclasse26«Télégraphie.Téléphonie».Dans
sonrapportfinalàSebastiánB.deMier,RamosArizpedisaitavoirconstruitunecarte
générale qui indiquait toutes les lignes télégraphiques et téléphoniques du pays,
466AGN, 22/9. Traduction personnelle. «(…) persuadido de que una completa exhibición de lasaplicacionesquesehanhechodeesteramodelasciencias(…)seráunamediosegurodedaraconocerelgradodeculturaaqueseencuentraeseimportanteEstado».467CatalogueSpécial.GV/C23.Compagniemexicained'électricité,Mexico:«Plansetphotographiesd'installations pour le service de la forcemotrice» ; GV/C23. Compagnie de transmissionde forcemotriceélectrique,Régla (Étatd’Hidalgo): «Plansetphotographiesdes installationsdemachinesetdesinstallationshydrauliques».468Ibid., G V/C 25. Société mexicaine d'électricité, Mexico: «Installations pour fournir la lumièreélectriqueàMexico.Plans.Photographies».469Ibid.,GV/C27.CompagniedeGuadalupe,Pachuca(Etatd’Hidalgo):«Plansetphotographiesdesinstallationsdesmachinesélectriquespourlebrouillagedesminéraux».470Ibid.,GV/C27.CompagnieminièredeRealdelMonteyPachuca:«Photographiesd'installationdemachinesélectriquespourl'épuisementdeseauxdesmines».471Ibid., G V/C 26. Direction générale des Télégraphes fédéraux, Mexico: «Carte du Mexiqueindiquantlesboisemployésdanslaconstructiondeslignestélégraphiquesfédérales».472Ibid., G V/C 26. Direction générale des Télégraphes fédéraux, Mexico: «Repetidor Gutierrez.Organisationgénérale.Lois.Règlements.Bulletintélégraphique.Cartes,etc.».473Ibid.,GV/C26.AdministrationgénéraledesPostes,Mexico:«Organisationgénérale.Tableauxdestatistique.Collectiondetimbres.Lois.Règlements.Matériel».
119
qu’elles furent privées (pour les compagnies électriques et de chemins de fer) ou
publiques(fédéralesouétatiques).Ellemarquaitaussitouteslesmunicipalitésayant
un service d’éclairage publique ou des installations hydroélectriques474 . Ramos
Arizpeécrivaitque«ceréseau,longde116800km,montreledéveloppementdenos
communicationsetparleauxyeuxdesentrepreneurs».475
Il publia une brochure avec les données collectées par les entreprises et les
directions, Estadística de las aplicaciones de la electricidad 476 , puis une étude
historiquesurleserviced’éclairagedanslavilledeMexico477.Malgrélefaitqu’elles
étaient écrites en espagnol, Mier signale dans son rapport qu’elles furent
«profusémentdistribuéesàParisparmilespersonnescapablesdelesapprécieretde
lesutiliser»,etqu’ellesauraientvaluàleurauteurde«notablesrécompenses».478
PourlegroupeVI, l’ingénieurLuisSalazaravaitétéchargéaveclaresponsabilitéde
coordonnerl’expositiondeschampsd’interventionduministèredestravauxpublics.
IlétaitlechefdudépartementdestravauxmaritimesàMexicoetavaitparticipédans
laconstructiondelavoieferréeentreMexicoetVeracruz(côteatlantique).En1900,
il organisa la collaborationdes compagnies de cheminde fer pour le transport des
contributions à l’exposition universelle et pour le déplacement desmembres de la
commission. Si plus de cinquante compagnies avaient soutenu le ministère de la
promotion479, leurparticipationàl’expositionfutencontrasteminimale.Iln’yavait
queseptexpositeurspour laclasse32«Matérieldescheminsde feret tramways»,
dontcinqcompagnies.Lesplus importantesétaient leCheminde fercentral480et le
474Cettecarten’apparaîtpasindividuellementdanslecatalogue,maispourraitavoirétéintégréeàlacontribution de la Direction générale des télégraphes fédéraux dans le groupe 26 sous la rubrique«cartes».475AGN,68/35. Traduction personnelle. « Esta red, cuya longitud total es de 116,800 kilómetros, muestra el desarrollo de nuestras comunicaciones y habla á los ojos de los hombres de empresa. »476RafaelRAMOSARIZPE,Estadísticadelasaplicacionesdelaelectricidad,Mexico,1900.477RafaelRAMOSARIZPE,ElalumbradopúblicoenlaciudaddeMéxico:Estudiohistórico,Mexico,1900.478S.B. DEMIER,México en la Exposición Universal Internacional de 1900..., op.cit., p.43. Traductionpersonnelle.«[obras] que se distribuyeron profusamente en París entre las personas capaces de apreciarlas y utilizarlas, y que por sí solas hubieran valido á su autor notables recompensas, si hubiera figurado como expositor ». 479AGN, 58/4. Traduction personnelle. «Más de cincuenta de estas compañías han tenido a bienadjudicarimportantesconcesionesenbeneficiodeesteministerio».480Cataloguespécial.GVI/C32.Chemindefercentralmexicain,Mexico:«Renseignementsdiverssur
120
Chemindeferinternational481mexicainsqui,demêmequelerestedesparticipants,
présentèrent essentiellement des photographies, des statistiques, et des
renseignements techniques et historiques482 . Seule une compagnie du Yucatán
participaitcommeexpositeurendehorsdelaclasse32.483
Danssonrapport,Mierindiquaitqu’ilyavaitunecartedescheminsdeferimportante
danslaclasse29«Modèles.Plansetdessinsdetravauxpublics»,maisellenefigure
sur aucun des catalogues et aucun travail préparatoire de la classe VI ne la
mentionne484 . Malgré le fait que cette exhibition était mineure, les principales
publications publicitaires ainsi que le catalogue spécial et le catalogue officiel
mentionnaientledéveloppementdesvoiesferrésparrapportà1889.
Leministèredescommunicationsetdestravauxpublicsorganisadesexhibitionsplus
importantesencequiconcernesesautresattributions.L’uned’ellesétaitlagestionet
connaissancedesressourcesaquifèresàtraversdelaCommissionhydrographique485
et de la Commission d’inspection du fleuve Nazas486, qui présentèrent une carte
hydrographiqueduMexiqueetdesétudesscientifiquesqueSalazarconsidéraitdans
sonrapport final commedescontributionsmajeures487.Leministèregéraitaussi la
Directiongénéraledesphares488,quireçutunemédailled’orpourson«approchetrès
complèteetintéressantesurl’équipementdenoscôtes».489
lematérielroulant,machines,personnel,etc.Itinéraires,photographies».481Ibid.,GVI/C32.Chemindeferinternationalmexicain,Mexico:«Photographies».482Ibid., G VI/C 32. Chemin de fer de Merida (Yucatán), Mexico: «Renseignements historiques etstatistiques, photographies»; G VI/C 32. Chemin de fer de Jalapa à Teocelo (Veracruz), Mexico:«Règlement,photographies,sectiondurail»;GVI/C32.ChemindeferdeTorresàMinasPrietas(ÉtatdeChihuahua),Mexico:«Photographies»;GVI/C32.Gouvernementdel'ÉtatdeMichoacán,Morelia:«Photographiesdescheminsdefer».483Ibid.,GIX/C50.CheminsdeferSud-OrientauxdeYucatán,Merida:«Collectiondebois».484S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.41.485Catalogue spécial. G VI/C 29. Commission hydrographique des États-UnisMexicains, Mexico:«Albumphotographiquedespointsderepère fixésdans les travauxdenivellementpratiquéspar ladivisiondelavalléedeMexico.Étudesurl'explorationdelacouchephréatiquedel'Ajusco.Curvesdesvitesses,débits,etcruesdesrivièresdelavalléedeMexico».486Ibid., G VI/C 29. Commission d'inspection du fleuve Nazas, Ciudad Lerdo (État de Durango):«Mémoireetplans.Règlementspourladistributiondeseaux». 487AGN,64/35.488Cataloguespécial.GVI/C29.Directiongénéraledesphares,Veracruz;«Plansdespharesen1891et en 1900. Projet général d'éclairage dans les côtes de la RépubliqueMexicaine. Projet d'éclairage
121
Cependant, la fonction principale du ministère –et celle qui fut prioritairement
publicisée dans le pavillon– était la prise en charge des actions d’assainissement
urbain et côtier dans tout le pays. Son exposition insistait particulièrement sur les
travaux effectués dans les ports et dans la ville de Mexico. La majeure partie des
ingénieurs responsables de ces projets faisaient partie d’un organe associé au
ministère de l’intérieur, le Conseil supérieur de salubrité. L’exposition hygiénique
mexicaine était en conséquence conformée par les contributions de ces deux
ministères et montrait essentiellement les grands travaux publics porfiriens de
salubritéavecsescorolairesinstitutionnelsetjuridiques.Elleétaitrépartieentreles
groupesVIetXVIetseconfondaitavecl’administrationdeshôpitaux,desprisonset
desinstitutionsd’assistancepublique.
La gestion des ports était assurée par le Département des travaux maritimes du
ministèredestravauxpublics.Sacontribution,quigagnaungrandprixdanslaclasse
29,contenaitdesmonographies,desdessins,desphotographiesetdesmodèlesdes
portsmexicains490.Lescirculairesducataloguemettaientenavantlestravauxrelatifs
aux installations de Mazatlán et de Veracruz, et le livre de Mier soulignait
entre Veracruz et Anton Lizardo. Éclairage provisoire dans la côte orientale de Yucatan. Plans,rapports, et photographies des phares à Sacrificios, Isla de Enmedio, Santiaguillo, Arcas, Selvaplaya,Alacranes,Progreso, IsladeLobos,SalinaCruz,Zapotitlan,PuertoAngel,etCaboCorrientes.Balisagedans les ports de Isla del Carmen et La Paz. Étude sur la visibilité des phares dans les environs deVeracruz.ÉtudesurlatransparenceatmosphériqueàVeracruz.Règlementpourleservicedesphares.Personneletdépensesdansleservicedesphares.Tableauxsurlaconsommationdecombustibledansles phares. Modèle du phare de Salina Cruz. Modèle du phare de Santiaguillo. Modèle du phare deZapotitlan.ModèledebalisepourVeracruzetAntonLizardo.AppareilpourlephareduCapSanLucas(Basse-Californie).AppareilàfeupermanentpourlerécifdeMadagascar».489AGN,64/35.490Catalogue spécial. G VI/C 29. Ministère des Communications et des Travaux publics, Mexico:«Rapportsurlestravauxd'améliorationduportdeVeracruz.Photographies.Projetd'assainissementdelavilledeVeracruz.Mémoires,dessins,etphotographies surlesportsdeSantaRosalía,Mazatlán,Altata,SalinaCruz,Coatzacoalcos,IsladelCarmen.Frontera,Progreso,etSanJuanBautista.TravauxdelaCommissionduSuchiate.MémoiresurlestravauxdedéfensecontreleseauxduRioBravodelNorte.Mémoire sur l'assainissement de LagunoMadré.Mémoire sur les travaux de dessèchement dans lavallée de Mexico. Rapport sur les travaux de canalisation à l'embouchure du fleuve Panuco pourl'améliorationduportdeTampico-Modèlesetdessinsdelabarreetdesjetées.Vueducanaletduport.Photographies. Routes de Guadalajara à Tepic et à San Blas. Contrat de reconstruction et entretien.RoutedeTrinidadàSaltodeAgua(ÉtatdeChiapas).Contratdeconstruction.RoutedeCiudadVictoriaàTula(ÉtatdeTamaulipas).Contratpoursonachèvementetmaintien.»
122
l’importance d’un ouvrage d’Alejandro Prieto sur l’assainissement du port de
Tampicoayantgagnéunemédailled’argent.491
Poursapart,l’assainissementdelacapitaleaumoyend’unlongsystèmededrainage
relevait d’une collaboration entre leministère des travaux publics, leministère de
l’intérieur, le Conseil supérieur de salubrité, le Conseil municipal et le conseil
d’assainissementdelavilledeMexico.L’entrepriseconstitualeprojetd’ingénieriele
plus ambitieuxdu régimeet fut inauguré le17mars1900par leprésidentDíaz492.
«L’œuvregrandiosedudrainagede lavalléedeMexico»493consistait enun réseau
d’égoutsdequarantekilomètres inspirédutout-à-l’égoutparisienquipermettaitde
nettoyerleslacsintérieursdelavallée,deviderl’eaudescrues,d’assécherlesmarais
et de remédier aux fréquentes inondations. Les travaux furent présentés par le
conseil d’assainissement494avecdesplans, desphotographies etdesmonographies.
Leprincipalconcepteurdusystème,l’hygiénisteRobertoGayol495,reçutunemédaille
d’orpoursestravauxtechniques.
Lapartie de l’expositionhygiéniquequi correspondait spécifiquement auministère
de l’intérieur se circonscrivait au groupe XVI. José Ramirez, chef du groupe et
secrétaire général du Conseil supérieur de salubrité, s’occupa surtout d’organiser
l’exposition de cette institution. «Courte,mais intéressante»496, la contribution du
conseilgagnaungrandprixpoursespublicationsettableauxgraphiquesrelatifsàla
mortalité par maladies et à ses programmes de vaccination contre la rage497. Les
491Ibid.,GVI/C29.AlejandroPrieto, ingénieur,Tacubaya:«Etudesurl'assainissementdelavilledeTampicoetterrainsenvironnants».492Claudia AGOSTONI,Monuments of Progress. Modernization and Public Health inMexico City, 1876-1910, Mexico, 2003. De ce fait, les publications de l’exposition universelle contenaient desinformationscontradictoiresursonétatd’avancement.493Ibid.494Ibid.,GXVI/C112.Conseild'assainissement,Mexico:«Photographiesdesédificesetdes travauxd'assainissementdelaVilledeMexico».495Ibid., G VI/C 29.Roberto Gayol, ingénieur, Mexico: «Plan, dessins et mémoire sur les travauxd'assainissementdelavilledeMexico».496S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.497Cataloguespécial. GXVI/C111.Conseil SupérieurdeSalubritéduMexique: «Photographiesdesinstallations sanitaires du Conseil Supérieur de Salubrité, tableau graphique de la mortalité par letyphus,tableaugraphiqueprésentantlerésultatobtenuparl'applicationdesinjectionscontrelarage,plansde laVilledeMexicoavec ladistributiondesmaisonsde santépour lesmaladies infectieuses,
123
circulaires du catalogue prenaient soin de noter que la législation sanitaire
développéeparleconseil,concentréedanslecodesanitairede1894,concordaitavec
laconventioninternationaledeDresdepourlapréventiondemaladiesépidémiques.
Le catalogue concluait que ces «intelligentesmesures contribueront à diminuer la
mortalité dans des proportions considérables et à rendre les quelques endroits
insalubresduMexiqueabsolumentinoffensifspourlesEuropéensquionttantàfaire
danscerichepays».498
JoséRamirezindiquaitdanssonrapportfinalquetroisprospectusfurentlargement
distribuésauxvisiteursdupavillon:«DescriptionabrégéeduProjetd'asséchement
delavilledeMexico»,«ÉtablissementsetAsilesdel'AssistancePubliquedeMexico»
et«RésuméduProjetdel'HôpitalgénéraldeMexico»499.Ilsattestentdel’importance
que la santé et l’hygiène publiques avaient au sein de l’exposition. Au Mexique,
c’étaient des dimensions fondamentales de l’administration porfirienne et furent
portées par certains de intellectuels les plus célébrés du régime; l’hygiénisme
françaiset lepasteurismedevinrentdesparadigmesincontournablesdès lesdébuts
des années 1880. Eduardo Liceaga, président du Conseil supérieur de salubrité et
adhérantprécoceàlabactériologie,maintenaitunecorrespondancepersonnelleavec
Louis Pasteur et avait rapporté directement de France des échantillons de lapins
infectésde la ragepourproduiredesvaccins. Il avait étudié le systèmeparisiende
cloaques et il commença à implémenter le tout-à-l’égoutdans la ville de Mexico à
partir de 1887500 . Il présenta à l’exposition parisienne de 1889 des bouteilles
contenantdeseaux ferrugineusesnaturelles501eten1900 ilgagnaunmédailled’or
poursestravauxscientifiques.502
publicationsduConseilSupérieurdeSalubrité».498Ibid.499AGN,64/35.500EduardoLICEAGA,Misrecuerdosdeotrostiempos,Mexico,1949.501Catalogueofficiel,1889.GVI/C 64.Eduardo Liceaga,Mexico: «12 siphons et 12 bouteilles, eauxferrugineusesnaturelles».502Cataloguespécial.GIII/C13.EduardoLiceaga,Mexico:«Publicationssurlamédecine».
124
En dehors de la classe 111, dans laquelle il participait par le biais du Conseil
supérieurdesalubrité,leministèredel’intérieurfaisaitsescontributionsrelevantde
la santé publique dans la classe 112 «Assistance publique». Il présentait des
photographiesdesesétablissementetgagnaunemédailled’orpoursesdessinsetses
plansdel’Hôpitalgénéraldelacapitale503.ConçuparLiceagaetparRobertoGayol,il
réunissait l’Écoledemédecineet l’Écoledepharmacieetcomprenaitvingtpavillons
oùétaientaffectésdeslaboratoires,dessallesd’opérationsetunasiled’aliénés.
Le catalogue de l’exposition mentionnait un grand établissement pénitentiaire qui
réunissait toutes les conditionsdésirablesd’hygièneetqui serait inaugurédans les
plusbrefsdélais.Cette«institutionqueréclamaientimpérieusementl'étatdeculture
dupayset l'esprithumanitaireetprogressistedenotreépoque»504n’estmentionné
nullepartailleurs.IlestfortprobablequecesoitlePalaisdeLecumberri,inauguréle
19 septembre1900parPorfirioDíaz.Cetteprison,qui comportaituncorps central
polygonal conçu selon le modèle du panoptique du philosophe anglais Bentham,
devait figurer à coup sûre parmi les publications de la bibliothèque. Elle avait été
construiteaveclacollaborationd’AntonioM.Anzaetfutconsacréecommel’unedes
grandesréférencesdustylenéogrecauMexique.505
Quant aux gouvernements des états, la collaboration pour l’exposition de
l’administration porfirienne concerna presque exclusivement l’instruction publique.
La bibliothèque contenait des publications sur les administrations régionales qui
traitaient d’autres domaines, mais le catalogue les classifiait comme ayant été
soumisesparlesministèresetpardesexpositeursparticuliers.Ilestpossiblequ’elles
aientétéenvoyéespar lesgouvernements locaux,maisseuls lesdocumentstraitant
de l’éducation furent associés aux états et aux municipalités. La circulaire
d’organisation envoyée aux gouverneurs en avril 1898 les priait de préparer une
503Ibid., G XVI/C 112. Secrétariat de l'Intérieur, Mexico: «Médicaments divers, élaborés dans lesdépartements de l'assistance publique, photographies des divers départements de l'assistancepublique.Photographiesdesdivershôpitaux,dessinduprojetd'hôpitalgénéral,dresséparMr. leDr.EduardoLiceagaetl'ingénieurRobertoGayol».504Ibid.505Le Palais de Lecumberri accueille les Archives générales de la nation depuis 1976.ElPalaciodeLecumberri,Mexico,ArchivoGeneraldelaNación,1990.
125
exhibitionofficielledel’état«pourquetouslesrameauxdesonadministrationsoient
dument représentés»506. Cependant, parmi toutes les circulaires envoyées, la seule
qui leur demandait formellement des contributions pour ce qui relevait de
l’administrationpubliqueétaitcelledeFernandoFerrariPérezpourlegroupeI,avec
unformatstandardisépourcollecterdesinformationssurlesservicesd’instruction.
Dans la classe10«Architecture»,dans laquelle leshôpitauxet lesprisonsdupays
étaient convenablement représentés507, seul le gouvernement de San Luis Potosí
présentaitdesédificespubliques508.Danslaclasse111«Hygiène»,iln’yavaitquele
gouvernementdeZacatecasà transmettredesdocumentssursesétablissementsde
bienfaisance et sur son hôpital civil509, et les seules institutions régionales non
éducatives qui envoyèrent des objets furent les prisons des états d’Hidalgo et de
Monterrey510 . Pour le groupe VI, il y avait sept participations provinciales et
municipales, dont cinq relevaient de la classe 31 «Sellerie. Bourrellerie» et une
consistait en des photographies de chemins de fer du Michoacán, soit aucune
expositionsurdestravauxpubliques.511
En contraste avec cette lacune, la plus grande partie des objets relevant de
l’instruction publique, recensés dans les groupes I et III, provenaient des
gouvernements des états et des institution d’enseignement régionales. Fernando506AGN,21/9.Traductionpersonnelle.«Agricultores,minerosydemásindustrialesdeeseestado»;«quetodoslosramosdesuadministraciónquedendebidamenterepresentados».507Cataloguespécial.GII/C10.DépartementduCorpsmédicalduMinistèred'EtatdelaGuerreetdelaMarine,Mexico:«Plansd'hôpitaux»;GII/C10.Emilio,López,Puebla:«Projetdereconstructiondel'hospice de Puebla»; G II/C 10. Carlos y Antonio Medina y Ormachea, Mexico: «Projet depénitentiaire».508Ibid.GII/C10.GobiernodelEstadodeSanLuisPotosi,SanLuisPotosi:«Photographiesetplandupénitentiaire de l'Étal. Photographies et plan du théâtre de « La Paz ». Photographies et plan del'Institutcivildel'État».509Ibid.GXVI/C111.Gouvernementdel'ÉtatdeZacatecas,Zacatecas:«Documentsetphotographiesdel'hôpitalcivil,mémoireetphotographiesdesétablissementsdebienfaisance».510Ibid.GXIII/C70.Prisondel'Étatd’Hidalgo,Pachuca:«Tabledenuit.»;GXIII/C86.PénitencierdeMonterrey,Monterrey:Souliers».511Ibid.GVI/C28.Municipalitéd’Atotonilco,Hidalgo:«Chaux»;GVI/C30.ÉcoledesArtsetMétiersde Guadalupe, Zacatecas: «Diverses pièces pour chariot»; G VI/C 30. Gouvernement de l’état deMexico,Toluca:«Sellebrodée»;GVI/C30.Gouvernementdel’ÉtatdePuebla,Puebla:«Sellegarnie,freinetharnachements»;GVI/C30.MunicipalitéTepetitlan,Hidalgo:«Fûtpourselle»;GVI/C30.Gouvernement de l’État de Zacatecas: «Frein»; G VI/C32. Gouvernement de l’État de Michoacán,Morelia:«Photographiesdescheminsdefer».
126
FerrariPerezincluaitdanssonrapportfinalunelistedanslaquelleilsignalait,parmi
touteslescontributions,cellesquiauraientétévaloriséesoùdistinguéesparlesjurys
etparlesmembresdelacommissionmexicaine512.Cettelistepermetdechoisirdes
exemples pertinents dans le catalogue, qui listait 110 contributions relatives à
l’éducationpourlegroupeIenplusdesgrandscorpusdesministères.
Les contributions des gouvernements des états et des institutions régionales se
concentrèrentexclusivementsurlegroupeI.FerrariPérezremarquaitpourlaclasse
1 «Éducation de l’enfance. Enseignement primaire. Enseignement des adultes» les
travaux des états deMorelos, de San Luis Potosi, deMonterrey et de Zacatecas513.
Dans la classe 2 «Enseignement secondaire», il notait les contributions du
gouvernement de Oaxaca et de Jalisco514, et pour à la classe 3 «Enseignement
supérieur.InstitutionsScientifiques»illistaitcellesdesgouvernementsdeOaxaca,de
Querétaro,deSanluisPotosíetdeTabasco515.Pourl’essentiel,lesdocumentsremis
étaient des législations régionales, des statistiques et des renseignement sur
l’organisationgénéraledesécoles.
Quant aux établissementsmunicipaux, SebastiánB. deMier insistait dans son livre
sur l’importancedesécolesnormalesetdesécolesd’artsetmétiers516. Il indiquait
512AGN,68/35.513Catalogue spécial. G I/C 1. Gouvernement de l’État de Morelos, Cuernavaca: «Statistique del'Instructionpubliquedansl'ÉtatdeMorelos»;GI/C1.Gouvernementdel’ÉtatdeSanLuisPotosi,SanLuisPotosi: «Histoirede l'Instructionpubliquedans l'ÉtatdeSanLuisPotosi»;G I/C1.Conseildel'Instruction publique de Monterrey, Nuevo León: «Mémoires sur l'Instruction publique (1892-1895)»;GI/C1.Directiondel'InstructionprimairedeMonterrey,NuevoLeón.«Bulletind'Instructionprimaire, statistique scolaire»; G I/C 1. Direction Générale de l'Instruction publique de Zacatecas:Organisation.statistiqueetaméliorationdel'Instructionpubliquedansl'ÉtatdeZacatecas».514Ibid.,GI/C2.Gouvernementdel’ÉtatdeOaxaca,Oaxaca:«Législation,organisationetstatistiquedel'enseignementsecondaire;GI/C2.Gouvernementdel’ÉtatdeJalisco,Guadalajara:«Statistiquedel'Instructionpublique».515Ibid.,GI/C3.Gouvernementdel’ÉtatdeOaxaca,Oaxaca:«Législation,organisationetstatistiquede l'enseignement supérieur de l'État»; G I/C 3. Gouvernement de l’État de Querétaro, Querétaro:«Loietorganisationdel'enseignementprofessionnel.Planetfaçadeducollègecivildel'État»;GI/C3.Gouvernementdel’ÉtatdeSanLuisPotosí,SanLuisPotosí.:«Histoiredel'instructionpubliqueclansl'État»; G I/C 3. Gouvernement de l’État de Tabasco, San Juan Bautista: «Règlement de l'institutJuarez.Loissurl'instructionpublique».516S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.37.
127
que les écoles pour professeurs de Mexico517et de Oaxaca518avaient obtenu des
récompensespourleurstravauxmanuels,maiscelles-cinesontpassignaléesdansla
listeofficielle.UncollectifdetroisécolesdeOaxaca519gagnaunemédailledebronze
danslaclasse1,demêmequel’écoledesartsetmétiersdePuebla520pourlaclasse6
«Enseignement spécial industriel», et l’écoledes arts etmétiers de l’établissement
pénitencierdeZacatecas521obtintunemédailled’argent.
Il y eut aussi beaucoup d’auteurs qui exposèrent individuellement des méthodes
d’écritureetdelecture,destravauxcalligraphiques,desprogrammesscolairesetdes
étudesstatistiques.JesúsSánchezécrivitunlivresurlesétablissementsrattachésau
gouvernement fédéral522 qui fut distribué au public et dans lequel il indiquait
l’existencede425écolesélémentaires,de23écolesd'instructionprimairesupérieure
etde16écolesnocturnesquicomptaientautotal55752élèvesen1898.
L’administration fédérale participa à l’exposition d’instruction publique avec trois
grands corpus de documents intégrés à la bibliothèque. Le Ministère de justice et
d’instruction publique présenta en deux parties la législation nationale de
l’enseignement accompagnée de statistiques pour tous les niveaux. La première
partie correspondait à l’enseignement primaire523et gagna une médaille d’or. La
deuxième traitait le secondaire524et obtint une médaille d’argent. L’exposition fut
complétée par le ministère de la promotion, qui disposa dans la classe 1 une
collection de documents sur l’instruction publique et privée entre 1898 et 1899525
517Cataloguespécial.GI/C3.Écolenormalepourprofesseurs,Mexico:«Travauxscolaires».518Ibid.GI/C3.Écolenormaledeprofesseurspourdames,Oaxaca:«Travauxscolaires».519Ibid.GI/C3.Écoleofficielle«DelfinaOrtegadeDiaz»,Oaxaca:«Travauxscolaires»;GI/C3.ÉcolePestalozzi,Oaxaca:«Travauxscolaires»;GI/C3.ÉcoleOfficielle,Oaxaca:«Travauxscolaires».520Ibid.GI/C6.ÉcoledesArtsetMétiers,Puebla:«Différentstravaux».521Ibid.G I/C 3. École des Arts et Métiers du pénitencier, Zacatecas: «Travaux typographiques etscolaires».522JesúsSÁNCHEZ,Brevenoticiadelosestablecimientosdeinstrucción,dependientesdelasecretariadeestado,México,TipografíaLaEuropea,1900.523 Ibid. G I/C 1. Ministère de la Justice et de l'Instruction publique, Mexico: «Législation etorganisationdel'InstructionprimairedépendantduGouvernementfédéral2°Travauxscolaires».524 Ibid. G I/C 2. Ministère de la Justice et de l'Instruction publique, Mexico: «Législation etorganisationdel'instructionsecondairedépendantduGouvernementfédéral.Travauxscolaires».525Ibid.G I/C1.MinistèredeFomento,de laColonisationetde l’Industrie,Mexico: «Collectiondesdocumentssurl’Instructionpubliqueofficielleetparticulière,1898-99,auMexique».
128
pourlaquelleilobtintungrandprix.Lesgrandesécolesnationales,quidépendaient
du ministère de justice, furent présentées dans ces trois corpus fédéraux sous la
rubrique«travauxscolaires».Lesécolesnationalesde jurisprudence,demédecine,
desingénieurs,d’agricultureetdesartsetmétiersétaientlesinstitutionsd’éducation
lesplusprestigieusesdupays.Ellesavaientcommeconditiond’accèslepassagepar
l’écolenationalepréparatoire,dontl’objectifétaitdeformerlesélitesadministratives
et intellectuelles du pays selon un programme d’études qui adoptait la hiérarchie
épistémologiquedupositivismecomtien.526
En 1900, aucun de ces établissements fédéraux d’éducation ne participa en tant
qu’expositeur individuel. Comme pour la plus grande partie de l’exposition sur
l’administrationpubliquedupays,lesministèresetleursdirectionss’étaientoccupés
d’organiser et de regrouper leurs travaux dans leurs contributions collectives.
L’exception faite pour les établissements d’instruction publique décentralisés,
présentés un à un dans le catalogue et associés à leurs localités, témoigne de
l’importance attribuée à ce rameau et d’une division précise du travail dans
l’agencementglobaldel’exhibition.
L’image de prospérité nationale présentée en 1900 était liée en grande mesure à
l’ostentation d’une administration basée sur des politiques scientifiques. Celles-ci
étaientsujettesauxvaleursclassiquesdupositivismeetdurépublicanismeetfurent
mises en avant du fait de leur adéquation aux principes philosophiques de
l’expositionuniverselle,qui solidarisaient ledéveloppement industriel et leprogrès
social. Le gouvernement établissait un bilan du projet porfirien qui prétendait
affirmer,pourlapremièrefois,queleMexiqueétaitunpaysintégralementmoderne
aumême titreque le restedesnations civilisées. Mier témoignait de cette volonté
danssonlivrequandilparlaitdes«effortsdugouvernementetdupeuplemexicain
[…]pourcréerdesinstitutionspolitiquesstablesetrobustes,gardiennesduprogrès
526LeopoldoZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia,Mexico,FondodeCulturaEconómica,2014.
129
dans l’ordre, encourageant la prospérité nationale sous l’ombre de la liberté et du
droit».527
Présencedespositivistesmexicains
L’exposition de l’administration publique et de la culture intellectuelle mexicaine
correspondàlaconsécrationlocaledela«politiquescientifique»528,tendancemenée
par une génération de fonctionnaires éduqués sous les préceptes du positivisme.
L’avènementdecestyledepolitiqueest liéà laconsolidationd’ungrouped’intérêt
connucomme«losCientíficos»(«LesScientifiques»),conformépardesmembresde
l’éliteintellectuellemexicainequiprônaientuneadministrationscientifiquedupays.
Leur idéologie se détacha progressivement de la lecture mexicaine libérale du
comtisme pour se tourner vers des postures plus proches de l’organicisme et de
évolutionnismespencériens.
Cependant, les «Científicos» ne constituaient pas un groupe organisé et ne se
reconnaissaientpas en tantque tel529. Les intellectuelsporfiriensne sedésignaient
pas non plus par l’appellation «positiviste» et ne partageaient pas de manière
formelle leurs principes philosophiques. Les hygiénistes, pédagogues, ingénieurs,
médecins, avocats et économistes porfiriens possédaient néanmoins une sensibilité
commune qui peut être caractérisée comme positiviste 530 . Ils assumaient des
postures scientifiques généralement compatibles, engageaient leurs débats au sein
d’unmêmechamp intellectuel,etcollaboraientactivementen tantquepartisansdu
mêmeprojetnational.
527S.B. DE MIER, México en la Exposición Universal Internacional de 1900..., op.cit., p. 6. Italiquesajoutées.Traductionpersonnelle. «(…)Los esfuerzosdel gobiernoydelpueblomexicanos (…)paracrear instituciones políticas estables y robustas, amparadoras del progreso dentro del orden, y quefomentasenlaprosperidadnacionalálasombradelalibertadydelderecho». 528Charles HALE, The transformation of liberalism in late nineteenth-century Mexico, Princeton, N.J,PrincetonUniversityPress,1989.529L’appellation,àl’originesatirique,estconventionnelledansl’historiographiemexicaine.AlfonsoDEMARÍA Y CAMPOS, «Porfirianos prominentes. Orígenes y años de juventud de ocho intelectuales delgrupodelosCientíficos»,HistoriaMexicana,34,1985,p.610‑651.530WilliamRAAT,Elpositivismoduranteelporfiriato,1876-1910,Mexico,1975.
130
Laparticipationmexicaineàl’expositionuniversellede1900futimprégnéeparcette
sensibilité. Le projet et les expositions produites concordaient étroitement avec la
tendance intellectuelle et idéologique de la politique scientifique. De plus, on peut
constater l’affinité positiviste d’une partie importante des personnesmobilisées en
tant qu’organisateurs ou en tant que contributeurs à travers de leurs parcours
éducatifs, scientifiques ou politiques. La présence des positivistes mexicains à
l’expositionuniversellerésultedeleurrattachementformelàlaparticipationentant
quemembresdelacommissionouentantqu’exposants,maisaussideleurconcours
auxcongrèsetaupavillonentantquevisiteurs.
L’assistanceauxcongrès internationauxde1900futunemissionscientifiquequine
relevaitpasde lapromotion.Dece fait,elletémoignede l’engagementduministère
de la promotion dans le développement des institutions scientifiques du pays. Le
ministre écrivait à Mier y Celis dans une lettre du 13mars 1898 que les Congrès
servaient «à collecter des savoirs utiles aux aspirations nationales» et a «récolter
des documents inédits, des publications originales et récentes, des travaux et des
étudesinconnuesauparavant».531
Les congrès tenus lors des expositions universelles parisiennes étaient des
évènements scientifiques internationaux dirigés à des publics spécialisés. Ils furent
systématiquementorganisésaprèsl’expositionparisiennede1878etconsacrésavec
celles de 1889 et de 1893 à Chicago532. En 1900, ils furent soumis au règlement
instituéparl’arrêtministérieldu11juin1898533quilesdistribuaitendouzesections
etlesrattachaitaupatronagedugouvernementfrançais.Cedocumentfuttraduitpar
le ministère de la promotion mexicain et distribué avec une liste des congrès en
531AGN, 58/4. Traductionpersonnelle. «Recoger enseñanzas y leccionespropias para satisfacer lasnecesidades o aspiraciones nacionales; y cosechar documentos inéditos, publicaciones originales yrecientes,trabajosyestudiosnoconocidosantes».532Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomesixième,Paris,Imprimerienationale,1902,p.3.533Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers,Paris,Imprimerienationale,1902,p.481.«Règlementpourlescongrèsdel’expositionuniversellede1900»
131
décembre 1898. Il était consultable dans les bureaux locaux des états qui
distribuaientlesformulairesdecontribution.534
La commission ne fit cependant aucune incitation pour présenter des travaux et
aucunmexicainneparticipaauxcongrèsde1900commeconférencier.SebastiánB.
Mier écrivait sur son rapport que «peu de personnes ontl’autorité suffisante pour
collaborer de manière active» avec les «éminences scientifiques, littéraires,
artistiques,politiquesetfinancièresdumondeentier»535.Ilconsidéraittoutdemême
qu’ilétaitindispensabled’assisterofficiellement,raisonpourlaquelleilorganisades
commissions spéciales pour 82 des 127 congrès tenus536. Leurs membres furent
parfoisinscritsauxcomitésd’honneuretilsbénéficièrentduremboursementdeleurs
cotisationspersonnelles.537
Mierfitparticiperplusieurschefsdegroupeetleursauxiliaires,maisileutégalement
recoursàdespersonnesexternesàlacommission.Cecinouspermetded’apercevoir
la présence à Paris de certains contributeurs de la bibliothèque. Amado Nervo,
célèbrepoèteetécrivainmoderniste,futrequispourlecongrèsdethéâtre.L’écrivain
naturalisteIrineoPazassistaàneufcongrèset l’urbanisteMiguelÁngeldeQuevedo
se présenta à huit. Entre autres, ils assistaient aux congrès d’enseignement des
sciencessociales,d’électricitéetd’assistancepubliqueetbienfaisanceprivée.
Danssonrapportfinal,FernandoFerrariPerezlistait«certainsdescongrèsauxquels
lacommissionaccordaleplusd’importance»538:ceuxd’enseignementprimaire(Paz,
Quevedo),d’hygièneetdémographie(Paz,Quevedo),debibliographie(Ferrari,Paz,
GustavoBaz,AlfredoChabert), d’agriculture (Chabert), d’éducation sociale (Salazar,
Quevedo, Sellerier), de méthodes d’essai des matériaux de construction (Anza,
534AGN,42/2.535S.B. DEMIER,Méxicoen laExposiciónUniversal Internacionalde1900...,op.cit., p.155. Traductionpersonnelle.«Pocas son las personas con autoridad suficiente para colaborar de un modo activo (…) [con] las eminencias científicas, literarias, artísticas, políticas y financieras del mundo entero ». 536AGN,57/2.537AGN,57/8.538AGN,68/35.Traductionpersonnelle.«Algunosdeloscongresosaloscualesestacomisiónacordómayorimportancia».
132
Salazar, Quevedo), des bibliothécaires (Ferrari, Chabert) et des architectes (Anza,
Salazar,Quevedo,Contreras).539
Enplusdel’assistanceàcesévènements,ilestpossibledeconnaîtrelacirculationdes
élites mexicaines à l’exposition universelle à travers de la presse. Elle enregistra
notamment un élément écarté dans les actes officiels: les invités aux fêtes du
pavillon.Le17avril1900,leVoltairechroniquaitl’assistancedelacoloniemexicaine
à l’inauguration du pavillon et notait la présence d’Ignacio Altamirano, écrivain
renomméet diplomatequi appartenait à la Sociétéde géographie et statistique. Ce
journal indiquait également la présence à Paris de trois grands représentants du
positivisme mexicain communément considérés comme des «Científicos»: Pablo
Macedo, JoaquínCasasúsetCarlosDíazDuffoo540.Lapresseavaitaussiremarquéla
visiteàParisduministredesfinancesJoséYvesLimantour541,leaderdugroupeayant
œuvrépourconsoliderson influenceauprèsduprésidentDíazaudébutdesannées
1890.542
Ilyavaitd’autrespositivistesporfiriensprésentsdanslabibliothèque,dontcertains
avaient organisé la participation ou assisté aux congrès. Leurs domaines d’études
concernaientsurtoutl’hygiénismeetlapédagogie,etcertainsd’entreeuxétaientles
représentantslespluscélèbresducomtismeetduspencérismeauMexique.
LeshygiénistesEduardoLiceagaetLuisE.Ruizavaientétéformésàl’Écolenationale
préparatoire par Gabino Barreda, «pèredu positivismemexicain»543. Liceaga avait
fondéavecBarredal’AcadémienationaledemédecineetdirigealeConseilsupérieur
de salubrité de 1884 jusqu’á 1914. Pour sa part, Ruiz fut à la tête de la Direction
généraledel’InstructionpubliquedeMexicodèssacréationen1896.Leministèrede
lapromotionpubliaen1900sonœuvrelaplusinfluenteetlaprésentaàParis544.Ce
539AGN,57/8.540LeVoltaire,16-17avril1900,«LeMexiqueàl’exposition».541AGN, 68/15 ; Le Figaro; Le Journal des débats; Les droits de l’homme; Le Temps; Le Nouveaumonde;LeFigaroillustré,18octobre1899.542A.DEMARÍAYCAMPOS,«Porfirianosprominentes.OrígenesyañosdejuventuddeochointelectualesdelgrupodelosCientíficos»...,op.cit.543L.ZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia...,op.cit.544Cataloguespécial.GIII/C13.LuisE.Ruiz,Mexico:«Livres».
133
Traitéélémentairedepédagogie,dédiéàDíazetauministredejusticeetd’instruction
publique JoaquínBarranda, établissait des principes pour l’administration sanitaire
desétablissementsd’éducation.LelivreévoquaitlaphilosophiedeGabinoBarredaet
affirmaitque la santépubliqueprésentaitundéveloppement analogueà celuide la
pensée, divisé selon les trois phases comtiennes théologique, métaphysique et
scientifique.545
Quant à José Ramírez, chef du groupe XVI et secrétaire du Conseil supérieur de
salubrité, ilassistaauxcongrèsdebotaniqueetàceluid’hygièneetdémographie. Il
avaitparticipéàl’élaborationducodesanitairede1894etfutnommémembredela
Société française d’hygiène546. En 1900, il présentait à l’exposition son livre La
VegetaciónenMéxico.Finalement,MiguelÁngeldeQuevedo,assistantàhuitcongrès,
était considéré comme le plus grand urbaniste de la ville de Mexico. Il s’était
spécialisé dans la dotation d’espaces verts pour assainir et embellir la capitale et
contribuaàconstruireplusieursquartiersrésidentielsetouvriersausuddelaville.547
LesdeuxcomtiensorthodoxesmexicainslesplusimportantsdelafinduXIXesiècle,
Porfirio Parra et son disciple Agustín Aragón, furent commissionnés comme
assistantsauxcongrès.Parrapritpartàceluid’hygièneetdémographie. Ilavaitété
forméparGabinoBarredaetprésentaitdanslabibliothèquedupavillonnéogrecun
texte dont le titre était « Caracteres generales o unidad del método positivo o
científico» («Caractères généraux ou unité de la méthode positive ou
scientifique») 548 . Aragón, pour sa part, assistait aux congrès d’enseignement
populairegratuit549,dureposdudimanche, etd’aquicultureetpêche.Ilétatproche
de la Société positiviste de Paris, à laquelle il affilia sa «Sociedad Positivista de
México»,etentretenaitunecorrespondanceprivéeavecPierreLaffitte.Ilsechargea
545LuisE.RUIZ,Tratadoelementaldepedagogía,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1900.546Hilda Flores OLVERA et Helga OCHOTERENA-BOOTH, José Ramírez (1852-1904): vida y obra, UNAM,1991.547MiguelAngeldeQUEVEDO,Relatodemivida.,S.l.,1943.548AGN,68/35.549Ce congrès, noté comme «Enseñanza popular gratuita» dans le livre de Mier, ne correspond àaucun de ceux qui sont recensés dans le rapport français des congrès. CHASSELOUP-LAUBAT, Rapportgénéralsurlescongrèsdel’expositionparM.deChasseloup-Laubat.Expositionuniverselleinternationalede1900àParis,Paris,Imprimerienationale,1906.
134
en1898decollecterhuitmilfrancspourcontribueràlaconstructiond’unmonument
à Comte, projet dans lequel s’investirent Ezequiel Chávez et Pablo Macedo,
participantsde l’exposition.Cedernier fitundiscours le2septembre1900, jourde
l’inauguration,danslequelilinsistasurl’importancedeComteauMexiquesuiteàla
restauration républicaine 550 . Aragón et Parra furent les derniers grands
représentants mexicains du comtisme et s’efforcèrent de maintenir le programme
originaldel’écolenationalepréparatoirependantlesdernièresannéesdurégime.
D’autres intellectuels, principalement des pédagogues, adoptaient des postures
hétérodoxes.Manuel Flores, chef des groupes XIV et XV et exposant dans la classe
13551,avaitétécondiscipledeParrasouslatutelledeGabinoBarredamaisproposait
un projet «d’éducation intégrale» à partir d’une lecture éclectique de Comte et de
Spencer.Sa théorie justifiait lapolitiquesocialeetéconomiquedugouvernementet
mettait l’individu au servicede l’État et dudéveloppement industriel552. EnriqueC.
Rébsamen553etEzequielA.Chávez554setrouvaientaussiparmilesauteurséminents
de l’exposition d’instruction publique. Ils avaient participé au projet porfirien de
refondation du système d’éducation national et développèrent des conceptions
pédagogiquesprincipalementinfluencéesparlesécolesdepenséedePestalozzietde
Spencer.555
Malgrésonimportance,iln’existeaucunindicedelaprésencedanslabibliothèquedu
chef-d’œuvre intellectueldupositivismemexicain,México:suEvoluciónSocial556,qui
550Moises GONZÁLEZ NAVARRO, «Los positivistas mexicanos en Francia», Historia Mexicana, 9-33,septembre1959,p.119‑129.551Cataloguespécial.GIII/C13.ManuelFlores:«Livre».552Díaz ZERMEÑO et Héctor ANTONIO, «El PositivismoMexicano en la educación: Aportes deManuelFlores,entreComteySpencer»,RevistadePedagogía,24-70,mai2003,p.321‑334.553Catalogue spécial.G I/C 1. Enrique Rébsamen, Xalapa (Veracruz): «Publications scolaires»; GIII/C13.EnriqueRébsamen,Xalapa:«MexicoIntelectual,journal».554Ibid.GIII/C13.EzequielChavez,Mexico:«Livresscolaires».555ElssiéNUÑEZCARPIZO,«ElPositivismoenMéxico :impactoenlaeducación».556Justo SIERRA et Agustín ARAGON,México: su evolución social: síntesis de la historia política, de laorganización administrativa y militar y del estado económico de la federación mexicana ; de susadelantamientosenelordenintelectual ;desuestructuraterritorialydeldesarrollodesupoblación,ydelos medios de communicación nacionales é internacionales ; de sus conquistas en el campo industrial,agrícola, minero, mercantil, etc., etc. Inventario monumental que resume en trabajos magistrales losgrandesprogresosdelanaciónenelsigloXIX,Mexico,SantiagoBallesca,1900.
135
futéditéàBarceloneen1900.Cependant,desdouzeauteursquiavaientcontribuéà
l’ouvrage,onpeutconfirmerlaparticipationdesixàl’expositionuniverselle:Agustín
Aragón et Porfirio Parra (qui avaient assisté à des congrès et présenté des textes),
EzequielA.Chavez(quiprésentaitdeslivrescolaires),CarlosDíazDuffoo(quiassista
au congrès de Crédit populaire), Gilberto Crespo y Martinez (qui présentait des
livres557,dontunéditéparleministèredelapromotion558)etPabloMacedo(dontle
Voltairementionnaitlaprésenceàlafêted’inaugurationdupavillonetquiparticipaà
l’hommageparisienàComte).
Il est possible que des œuvres appartenant aux reste des auteurs de México: su
EvoluciónSocialaientétédisposésdans lapartienoncataloguéede labibliothèque.
Dans tout les cas, une traduction en français fut imprimée en 1902 par le même
éditeur559, cequi témoignede lavolontéde fairecirculer l’ouvrageenFrance. Ilest
intéressantdenoterqu’aucundesdouzeauteursn’estmentionnédans le catalogue
delaprésentationde1889,quipoursapartdénombraitlatotalitédescontributions
éditoriales560. Il est aussi remarquable que Justo Sierra, directeur de l’ouvrage,
ministre d’instruction publique entre 1905 et 1911, et l’une des grandes figures
historiquesde l’instructionpubliquemexicaine,n’aitétémentionnédansaucundes
ouvragesetdocumentsrelatifsàlaparticipationmexicainede1900.
Mais la grande lacune du pavillon néogrec relevait du regard scientifique sur la
questionraciale.Enpremierlieu,pasunseulcontributeurfédéralnetouchalesujet
(endehorsduministèrede lapromotionquipréparauneexhibition indigénistequi
fut finalement écartée). Il n’était pas évoqué non plus dans les publications
commandées.Deplus,aucuntitred’ouvragedanslecataloguespécialnecorrespond
au thème, mais il faut noter que la majeure partie de la bibliothèque ne fut pas
recensée.Ilesttoutdemêmeévidentqu’aucunepartiedel’expositionetqu’aucundes
travauxmisenavantnetraitèrentformellementlaquestion.557Cataloguespécial.GIII/C13.GilbertoCrespoyMartínez,Mexico:«Livres».558GilbertoCRESPOYMARTINEZ,Datosparavariosestudiosrecogidos,México,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1899.559J.SIERRAetA.ARAGON,México:suevoluciónsocial...,op.cit.560ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.
136
Noterl’absenced’undiscoursofficielougénéralsurlaraceestpertinentdufaitqu’à
cette époque le thème était un aspect omniprésent dans la vie intellectuelle du
Mexique.Virtuellement,touslespositivistesmexicainsavaientengagédesréflexions
àunmomentouunautre sur l’ethnicitémexicaineet sur le «problème indien»561.
Pour traiter la question, ils opéraient divers croisements théoriques entre les
paradigmes de l’anthropologie européenne et le comtisme, le spencérisme et le
darwinisme. Les théories résultantes s’accordaient généralement sur une idée
essentiellequidonnaitauxcaractèrestransmissiblesdeseuropéenslaprioritéfaceà
ceux inférieurs des indiens. Lemétissage, qui tendrait vers un blanchissement des
populations,avaitétéabordédanslecadreduprojetnationalporfirien562.Unouvrage
comme México: su Evolución Social définissait la nation comme un ensemble
organiqueoù interagissaient l’histoirecommuneet l’homogénéitéethnique,et Justo
Sierraleconcluaiteninsistantsurl’importancedumétissageracialetculturel.563
Plusieurs des positivistes mexicains présents à l’exposition universelle de 1900
avaient produit des travaux ou véhiculé des idées localement influentes sur la
questionraciale,notammentAgustínAragón,PorfirioParra, JoséYvesLimantouret
Manuel Flores564. De plus, la participation aux congrès internationaux témoigne du
fait que les membres de la commission n’étaient pas indifférents à ces questions.
L’anthropologueGustavoBaz,officierdelalégiond’honneuretmembredelasociété
d’américanistes à Paris, fut accompagné par l’archéologue Francisco del Paso y
Troncosoaucongrèsd’américanistesetaucongrèsethnographique.
Cependant, l’exposition de l’administration publique et de la culture intellectuelle
était centrée sur des aspects relevant de l’utilité industrielle et commerciale sans
561Henri FAVRE, «Race et nation auMexique. De l’indépendance à la révolution»,Annales.Histoire,SciencesSociales,4,1994,p.951‑976.562Ibid.; Salomón NAHMAD, «Las ideas sociales del positivismo en el indigenismo de la épocaprerrevolucionariaenMéxico»,AmericaIndígena,33-4,1973,p.1772.563LauraAngélicaMOYALÓPEZ,«México.Suevoluciónsocial.Elcarácterylaidentidadnacionalesbajoelrealismopositivista»,thèsedemaîtrise,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,Mexico,1999.564MoisesGONZÁLEZNAVARRO, «Las ideas raciales de los científicos»,HistoriaMexicana, 37-4, 1988,p.575; Martin STABB, «Indigenism and Racism in Mexican Thought: 1857-1911», Journal of Inter-American Studies, 1, 1959, p.406; William RAAT, «Los intelectuales, el positivismo y la cuestiónindígena»,HistoriaMexicana,20-3,1971,p.412‑427.
137
rendrecomptedesproblématiquesracialesqui,auMexique,leurétaientassociées.La
faculté des indiens à devenir des citoyens à travers de l’instruction publique et
civique, aussi bien que la nécessité de colons européens racialement aptes à
industrialiserlepays,étaientdesthématiqueslocalesquinefurentpasabordéespar
les contributions statistiques et scientifiques du pavillon. Le catalogue mexicain
mentionnait seulement que «des écoles spéciales sont affectées aux jeunes
indiens» 565 sans préciser les établissements concernés et, hors de l’exposition
rétrospective,iln’yavaitqu’unobjetdeprovenanceindigène.566
En 1900, l’ethnicité et l’élément indien furent relégués au domaine des regards
rétrospectif et artistique. Cependant, ces présentations suivirent une tendance à
écarter lesmanifestationsd’originaliténationale(historique,artistiqueetraciale)et
sepenchèrentsurlaprojectiond’uneculturemoderneajustéeauxcanonseuropéens.
Histoire,artetnation
Le traitement historique et artistique de l’entité nationale opéré par le pavillon
néogrecduMexiquedivergeaitparrapportauxprésentationsantérieures.En1900,
ledéclindecertainestendancesesthétiquescoïncidaitavecunestratégieexpositoire
quiécartaitlerecourstraditionnelaupittoresque.Larevendicationdemodernitéde
l’administration publique porfirienne trouvait à cette occasion un corolaire
esthétique dans l’adéquation aux tendances stylistiques françaises. Plusieurs
propriétés classiques de l’image nationale mexicaine se retrouvaient sensiblement
atténuées: la figuration romantique de la territorialité, La recherche du
particularisme national à travers du regard archéologique et ethnographique, ainsi
quel’énonciationdel’épopéenationaledulibéralisme.
L’image du Mexique ne perdait pas ces attributs, mai la présentation porta une
attention diminuée envers la caractérisation culturelle du pays. Lesmembres de la
565CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900...,op.cit.566Ibid. G XIII/C 82. Luis Trejo, Querétaro: «Filatures et tissus de fabrication indienne en fibred’agaveetfibrelechugilla».
138
commissionmirentenvaleurlesmanifestationsconformesauxcanonseuropéenset
adoucirentconsidérablementlescontenusrelevantdesthématiquesconventionnelles
dunationalismemexicain.
L’importance donnée lors de la présentation de 1889 à l’originalité culturelle
contraste avec la sobriété du pavillon néogrec. Le palais aztèque avait connu le
triomphed’unpaysagismequiétaitscientifiquemaisaussinationaliste,l’approbation
gouvernementale de l’indigénisme pictural et architectural, ainsi qu’une promotion
vigoureusedudiscourshistoriqueofficiel.En1900,lemodernismeetlestylenéogrec
sesuperposaientàcestendancesetréclamaientleurprotagonismedanslafacturede
l’imagenationale.
MauricioTenorioTrilloconsidèreque«l’indigénismeporfirienfutfondamentaldans
laconstructiondel’imagenationale»etqu’ilestimpossibledecomprendrelaculture
mexicainedelafinduXIXesièclesanslui.Puisqu’ilsetrouvait«aucroisement[…]de
discussions esthétiques, anthropologiques, arquéologiques, sociologiques et
médicales»567,laplacedel’indiendanslanationétaitambiguë568.Cependant,lerécit
national du porfiriat revalorisait la période préhispanique. Les expositions
universelles furent des moments propices pour la mise en valeur du patrimoine
archéologique national ainsi que pour la peinture et l’architecture historiques à
thème indigéniste. Presque toutes les participations furent des marqueurs
567M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930..., op.cit., p.333. Traduction personnelle. « El indigenismo porfiriano fue fundamental en laconstrucción de la imagennacional no sólo porqueno hay formade entender la cultura delMéxicofinisecularsinél, sinoporque lejosdeseruncomponentenacionaleraunelementocosmopolitadelnacionalismo en general. El indigenismo porfiriano se ubica en la encrucijada de universalesdiscusiones estéticas, antropológicas, arqueológicas, sociológicas ymédicas. Nunca antes la epopeyanacional había sido a tal grado parte de la civilización occidental. Por ello era tan científica comoracista;estabatancargadadeinteresessocialesyfilantrópicos,comodeexotismoyorientalismo;eraetnografíayautoetnografía».568LuisVILLORO,LosgrandesmomentosdelindigenismoenMéxico,Mexico,ElColegiodeMéxico,2014.LephilosopheLuisVilloro considèrequedepuis la conquêteet jusqu'auXXe siècle, l’indienaétéunsujet d’appropriations permettant de définir les identités mexicaines. Le terme «indigénisme»correspondà«unensembledeconceptionsthéoriquesetdeprocessusconscientielsqui,àtraverslesépoques, ontmanifesté cequiest indien». Il signale ainsi, dans une périodisation historiographiqueconventionnelle,troisgrandsmomentsdel’indigénismeauMexique:«cequiestindienmanifestéparlaprovidence », « cequi est indienmanifesté par la raison universelle » (c’est le cas des Lumières, dulibéralismeetdupositivisme),et«cequiestindienmanifestépar l’actionet l’amour»(quiréfèreauprojetpostrévolutionnaire).
139
importants pour ces domaines : les commissions mexicaines organisèrent des
contributions ethnographiques conséquentes pour la Nouvelle Orléans 1884 ainsi
quepourChicago1893,quifurentdemêmequ’en1889desmomentsderatification
nationaldel’artindigéniste.
L’autregrandetendanceartistiqueétaitlafigurationnaturalistedelaterritorialitéet
des ressources du pays. Celle-ci était intimement reliée aux représentations
scientifiques de l’espace national, qui participaient à la «génération d’une culture
visuelle sur la construction de l’état national positiviste»569. Pendant la deuxième
moitié du XIXe siècle, les formats privilégiés pour énoncer la connaissance du
territoireétaientlesdisciplinescartographiquesainsiquelapeinture,lalithographie
etlaphotographie.AuMexique,«Lespaysagistes,dessinateursetgraveurssemirent
auservicedelacirculationcommercialeetdeladiffusiondesimagesspécialiséesen
thèmesscientifiquestoutenenvariantleurdegréd’engagementaveclavéracitéoula
libre idéalisation»570du patrimoine archéologique, de la flore, de la faune et de la
géologiedupays.
Les grands représentants de la territorialité mexicaine lors des expositions
universelles furent le célèbre cartographe Antonio García Cubas (qui exposa ses
travaux en 1876, 1884, 1889, 1893 et en 1900) ainsi que le peintre José María
Velasco, qui consacra le triomphede son école paysagiste en1889 et fut couronné
aveclalégiond’honneur.Parcontraste,aucundespeintrespaysagistesprésentsdans
l’exposition artistique mexicaine de 1900 ne gagna de prix. La mise en valeur du
territoire se trouva en quelque sorte bornée à la cartographie des sections
scientifiques des ministères. Leurs travaux correspondaient à une transition de
l’encyclopédisme pittoresque représenté par l’œuvre de García Cubas vers des
569Museo Nacional de Arte, «Territorio ideal. José María Velazco: perspectiva de una época »,expositionpermanente,Mexico.Taductionpersonnelle.«(…)generacióndeunaculturavisualsobrelaconstruccióndelestadonacionalpositivista».570Ibid.Traductionpersonnelle.«Lospaisajistas,dibujantesygrabadoressepusieronalserviciodelacirculacióncomercialyladivulgacióndelaimágenesespecializadasenasuntoscientíficos,variandoelgradodecompromisoconlaveracidadolalibreidealizacióndelasruinasyobjetosarqueológicos,delos estudios de arboles o la interpretación de la flora y fauna marina y continental o de la erasgeológicas».
140
langages foncièrement statistiques propres à l’administration publique
scientifique.571
En 1900, les styles et les thèmes traditionnellement exploités furent proscrits à la
faveur de postures esthétiques que les organisateurs considéraient conformes à
l’imaged’unemodernisation infrastructurelleet intellectuelle intégraleduMexique.
Les membres de la commission, les jurys et la presse se concentrèrent presque
exclusivement sur la sculpture moderniste de Jesús Contreras et de ses pairs, qui
furentlesseulsartistesfinancésparleministèredelapromotionpourproduireleurs
œuvres. Par ailleurs, l’ingénieur Antonio M. Anza conçut son projet de pavillon
néogrecdès1898etabandonnacertainesréférencesconcrètesàl’histoirenationale
qu’ilavaitoriginalementprévu.Iljustifiasonchoixenexpliquantl’inutilitéd’explorer
unartproprementmexicaineteninsistantsurlaconvenancedustylenéogrecpour
projeterlamodernitéporfirienne.
Contreras et Anza, principaux responsables de la dimension artistique de la
participationde1900,assumaientdesposturesesthétiquesradicalementdifférentes
decellesqu’ilsavaientappuyé1889.Ilsétaient,avecAntonioPeñafiel,lesprincipaux
responsablesdupalaisaztèque:Anzaen fut l’ingénieuretContreras ledécoraavec
deshauts-reliefsenbronzereprésentantdesgouvernantspréhispaniques.
Si en 1900 le traitement esthétique de l’entité national explorait des alternatives
radicalement différentes, il n’évacuait pas pour autant les éléments conformant
l’image classique du Mexique. Les ouvrages de la bibliothèque et les contenus
disséminésdanslepavillon,particulièrementdanssasectionrétrospectiveetdansle
salon des beaux-arts, évoquaient les héros nationaux, la richesse du patrimoine
archéologiqueetlabeautéduterritoire.
Les publications officielles présentaient de manière méthodique l’industrie et
l’administrationpubliquemexicaines,mais elles faisaient constamment recours aux
élocutions du romantisme libéral républicain. La première phrase de la notice
571CaseyWALSH,«StatisticsandAnthropology:TheMexicanCase»,inACompaniontoLatinAmericanAnthropology,Blackwell,2008,p.352‑371.
141
concernant le Mexique dans le catalogue officiel de l’exposition universelle en
témoigne:
«Après de longues et douloureuses années de discussions politiques, de troubles et de révoltes,
après avoir connu les tristesses de la guerre el de l'invasion, leMexique a sumettre à profit la
libertéet lapaixconquisesà forced'héroïsmepar lesdéfenseursdeson indépendance. L'œuvre
accompliedepuisvingtansdanscepaysméritel'admirationdespeuplescivilisés.»572
IlestsignificatifqueLechefd’œuvredel’historiographielibérale,MéxicoaTravésde
los Siglos, n’ait pas été distribué parmi les visiteurs distingués et qu’il ne soit pas
recensé dans le catalogue. Entre les publications offertes, on trouve cependant un
livre de 1890 d’Antonio Peñafiel, Monumentos del Arte Mexicano573, ainsi que les
Biographies des mexicains illustres 574 dont les statues ornementaient l’avenue
principaledelacapitale.
Les contributions à vocation indigéniste furent principalement des albums
photographiquesderuines,despublicationsd’historienscélèbresetdeséchantillons
ethnologiquesetarchéologiques.L’aspectromantiquede la territorialitéquantà lui
était porté par les quelques photographies, lithographies et peintures de paysage
présentées.L’histoireet l’art,enjeuxmajeursdanslaprojectiondel’entiténationale
lors des expositions universelles, furent des dimensions sensiblement atténuées en
1900.
L’expositionretrospective
Le15décembre1898,FernandoFerrariPérezécrivaitauministrede lapromotion
FernándezLealqu’ilavaitreçudeplusieursétatscertainsobjetsqui,«dufaitd’être
572Expositioninternationaleuniversellede1900.Cataloguegénéralofficiel...,op.cit.573A.PEÑAFIEL,Monumentosdelartemexicanoantiguo:ornamentación,mitología,tributosymonumentos...,op.cit.574FranciscoSOSA,Biographiesdesmexicainsillustresdontlesstatuesontétéérigéesparlesétatsdelafédérationsur lacalzadade laReforma,Mexico, Imprimeriede laDirection généraledes télégraphesfédéraux,1900.
142
anciens et spéciaux, ne peuvent être classifiés convenablement» 575 . Comme il
proposait de les utiliser pour créer une section spéciale, Fenández Leal le chargea
d’organiseruneexpositionrétrospectivepourlepavillonnéogrec.
Le catalogue mexicain décrivait l’exposition comme «une foule de documents
concernantl’histoirepolitiqueetsocialeduMexique»576.Siellepouvaittrouverune
certainecohérencedanslesensdelarétrospectiontechnique,lasectionétaitsurtout
un regroupent éclectique constituée par des objets inclassables, par les collections
personnellesdecertainsmembresdelacommission,ainsiquepar lescontributions
desétatsetdesparticuliersàvocationproprementrétrospective.Brèveetgénérale,
elle exposait des objets indigènes préhispaniques et modernes, des produits et
manufactures de la période coloniale et divers éléments du syncrétisme religieux
mexicain. Jesús contreras577, Manuel Flores578, Sebastián B. de Mier579et d’autres
expositeurs580présentaientdiversgroupementd’objets,dontdes«petitstableauxde
sainteté»,desécharpes,desbroderiesetdesfaïencesdel’étatdePuebla.Lemairede
575AGN,36/11.Traductionpersonnelle.«Herecibidodevariospuntosdelpaís,algunospedimentosdeexpositorescuyosobjetos,porserantiguosyespeciales,nopuedenclasificarseconvenientementeenlaclasificaciónfrancesaporfaltadeunaclaseadecuada».576ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.577 Catalogue spécial. Exposition rétrospective. Jesús F. Contreras, Mexico: «Plateaux laqués,commencement[sic]duXIXesiècle.VaseenfaïencedePuebla,XVIIIesiècle.PlatenfaïencedePuebla,XVIII siècle. Pictural peint surmétal, XVIII siècle. Petits tableaux de sainteté peints surmétal, XVIIIsiècle.Monnaied'or».578Ibid.ManuelFlores,Mexico:«Écharpe».579Ibid.SebastiánB.deMier,Mexico:«1cabinetincrustéd'ivoire,XVIIIesiècle.2fauteuilsincrustésd'ivoire,XVIIIesiècle.1 fauteuilenchênesculpté,commencement[sic]duXVIIIsiècle.2 tableauxdesainteté, XVIIIe siècle. 3 panneaux brodés de soie et applications, commencement du XVIII siècle. 1chasuble,broderiesenreliefetor,commencementduXVIIIesiècle.1chapeet1chasubleenbrocart,XVIIIsiècle.13plaquesenbronzedoré,bas-relief,XVIIIsiècle.1petitbraseroenargent,XVIIIesiècle.1coffretenécaille,XVIIIsiècle.2vasesàcouvercle,enfaïencedePuebla,XVIIIsiècle.2pectorauxensoiebrodée, cadres ovales, XVIII siècle. 1 petit tableaude sainteté, cadre écaille avec incrustations, XVIIIsiècle.3bandesdebroderiesoie,oretargent,XVIIIsiècle».580Ibid.M. de Escandón, Mexico: «Groupes de figures en relief, en argent, l'un du XVIIIe siècle etl'autreducommencement[sic]duXIXesiècle.Echarpesensoiededifférentescouleurs,XVIIIsiècle»;HermenegildoGarcía,Zitacuaro(Michoacán):«Métalancien»;RosaZayasdeMalo,Paris:«Tableaudesainteté,cadreenargentduXVIIIsiècle.Petitcoffretécailleetargent».
143
Ixtlán, à Oaxaca, avait envoyé une photographie de «lamaison où naquit le digne
BenitoJuárez»581,hérosultimedulibéralisme.
LecartographeAntonioGarcíaCubasfaisaitsesseulescontributionspourl’exposition
dans cette section: une carte de la vallée deMexico au XVI siècle et une carte de
terres découvertes et conquises par les espagnoles au XVI siècle582. Il présentait
l’année suivante des cartes arquéologiquespour la section XVI «Ethnologie» de
l’expositionpanaméricainedeBuffalo1901583etavaitprésentéen1889quatrecartes
dontune«oro-hydrographique»etunplandelacapitaleàl’échelle1:50000584.Les
travaux de García Cubas, d’habitude promus comme éléments distingués des
expositions, n’étaient pasmentionnésdans les circulaires du cataloguede1900ni
danslelivredeMier.
Quantauxobjetsarquéologiquesetethnographiques,lesgouvernementsdesétatsde
Mexico,deMorelosetdeOaxacacontribuèrentàlabibliothèqueavecdesalbumsde
photographies des monuments et d’objets anciens585. Le gouvernement de Oaxaca
envoyauncabinetarchéologiqueappartenantaudocteurFernandSologurenqui fut
placéaveclescollectionsdeNatalicioArellanoetdudocteurGregorioBarroeta.586
581Ibid.PrésidentMunicipalde Ixtlán,Oaxaca:Photographiede lamaisonoùnaquit ledigneBenitoJuarez».582Ibid.AntonioGarcíaCubas,Mexico:«CartedelavalléeetdelavilledeMexicoaumilieuduXVIesiècle.CartedesterresdécouvertesetconquisesdanslaRépublique,parlesEspagnolsauXVIesiècle».583Listade lasRecompensasObtenidasporExpositoresMexicanos en laExposiciónPan-AmericanadeBuffalo,NuevaYork,EstadosUnidosdeAmérica,1901.,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1902.584ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine..., op.cit. Il avait aussi présenté six livres dont des cours de géographie universelle, desstatistiques de la république et des Atlas pour écoles. Ces objets furent disposés dans les classes 8«Enseignementsupérieur»et16«cartesetappareilsdegéographie».585 Catalogue spécial. Exposition rétrospective. Gouvernement de l’état de Mexico, Toluca:«PhotographiesdesruinesetantiquitésdeXilotepecetvuesdeTenancingo»;Gouvernementdel’étatdeMorelos,Cuernavaca:«Albumdephotographiesdemonumentsantiques,panoramasetpaysagesdel'ÉtatdeMorelos»;Gouvernementdel’étatdeOaxaca,Oaxaca:«Albumphotographiquedespalaisde Mitla, Arbol del Tule et cabinet archéologique du Dr. Femand Sologuren. Photographies d'in-strumentsanciensdeCalvanja».586Ibid. Natalicio Arellano, Zinapécuaro (Michoacán): «Pipes en argile. Sculpture antique. Piècesd'obsidienne»;GregorioBarroeta,SanLuisPotosi:«Collectionsethnologiques».
144
Leministèreavaitprévudeparticiperavecuneexpositiond’artindigène587quiserait
la contribution la plus importante de la section. Ferrari proposa au ministre de
financer le projet le 23 septembre 1898. Soumis parM. Durand, il servirait «pour
renforcer l’exposition mexicaine et pour faire connaître le goût artistique de nos
indigènes»588.Durandreçutunegratificationde800pesoset leremboursementde
sesfraisdevoyagelorsdequatreexcursionsdanslesquellesilfutaccompagnéparsa
femmeetparun traducteur. Ils sedéplacèrentdans les régionsdeMexico,Morelia,
Morelos et Oaxaca entre octobre 1898 et mai 1899 et réunirent une collection
importantequimélangeaitdemanièreéclectiquedesreproductionsd’objetsanciens,
desphotographiesdemonuments, deshabits préhispaniques, desmodèlesd’armes
anciennes,desobjetstissésdel’artisanatcontemporainetdesobjetsdela«salledu
calendriertoltèque»duMuséenational.
Entreautres,l’assortimentcontenaitdesphotographiesde«touslestemplesanciens
deMexico, de Guatemala, duHonduras et de toutes les Amériques du centre, dont
l’œuvre de la race mexicaine est la plus grande»589. L’exposition décrivait avec
précision la diversité des dieux aztèques à travers de photographies de statues et
intégraitdestableauxélaborésàpartirdesrecherchesd’AntonioPeñafiel.
Cettecontributionfutcependantécartéependantlasélectionfinaled’objetsàParis:
Ferrari signalait à Fernández Leal en novembre 1900 que les trente boîtes qui la
contenaient avaient été gardées intactes dans des entrepôts à la Villette590. Cette
exhibitiondevait être installéedans le sous-sol, qui fut réservé auderniermoment
pour les objets lourds et pour la participation de la commission géographique
exploratrice.
587 Ibid. Ministère de Fomento, Mexico: «Objets et reproductions de l’art indigène antique etmoderne».588AGN,42/2.Traductionpersonnelle.«paradarrealcealaexposiciónmexicanayparadaraconocerelgustoartísticodenuestrosindígenasqueesloqueelsr.Durandseproponeprincipalmente».589Ibid. Traduction personnelle. «Una colección de fotografías ampliadas de todos los templosantiguosdeMéxico,Guatemala,HondurasytodaslasAméricasdelCentro,siendolasobrasdelarazamexicanagrande,delacualMéxicoeralafuenteprincipal».590Ibid.
145
Les organisateurs de la participation mexicaine avaient financé une importante
exhibition archéologique et ethnologique pour le pavillon néogrec. Cependant, les
prioritésdel’expositionétaientautresetlacontributionfutécartéeensatotalité.Ceci
témoignedupoidsdesprérogativesdéfinies lorsdes conseilsde consultation,mais
l’ont peut aussi remarquer qu’il n’y eut aucune réticence formelle envers
l’organisationd’uneexpositionindigéniste.
Parmi les titres disponibles de la bibliothèque, on trouve plusieurs ouvrages qui
abordaient le thème. Alfredo Chavero, auteur du chapitre sur le Mexique
préhispanique dansMéxico aTravés de los Siglos, présentait un livre en 1900591. Il
avait contribué en 1889 avec neuf publications dans la classe 8, dont sonHistoria
Antigua de México, son discours prononcé aux funérailles de Benito Juárez et des
tragédies à thème indigéniste592. En 1900, il y avait également une publication de
Francisco del Paso y Troncoso593 , archéologue commissionné pour les congrès
d’américanistes etd’ethnographie. Leministèrede lapromotionpublia etdistribua
aussi un livre de Leopoldo Batres 594 , inspecteur général des monuments
archéologiquesentre1885et1911.Finalement,parmilesouvragesduministère,on
trouve une édition en espagnol d’un extrait de laDescriptive Sociologyde Herbert
Spencer,ElAntiguoYucatán.595
Poursapart,AntonioPeñafielprésentaiten1900plusieurspublications596dontune
éditée par le ministère, Nomenclatura Geográfica de México. Il y avait aussi
MonumentosdelArteAntiguoMexicano,quifutdistribuéeen10exemplaires.Peñafiel
étaitomniprésentauxexpositionsuniverselles,maiscontrairementauxprésentations
antérieures,neformapaspartiedelacommissionen1900.PourlaNouvelleOrléans
en 1884, il avait préparé une collection de 25 objets parmi lesquels il y avait des
591CatalogueSpécial.GIII/C13.AlfredoChavero,Mexico:«CódiceBorgiano».592ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.593CatalogueSpécial.GIII/C13.FranciscodelPasoyTroncoso,Mexico:«Livre».594Leopoldo BATRES, Mida, Álbum descriptivo é ilustrado, Mexico, Tipografía de la Secretaría deFomento.595HerbertSPENCER,ElAntiguoYucatán,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1898.596CatalogueSpécial.GIII/C13.AntonioPeñafiel,Mexico:«Livres».
146
tableauxsurl’écritureetsurlesdieuxaztèques597.Ilavaitaussicollaboréentantque
professeurduMuséenationalpourpréparerlacontributiondesasectiond’histoireet
d’archéologie598(en 1900, le musée contribuait seulement à la bibliothèque599).
Peñafiel participa aussi comme chef du groupe d’ethnographie et d’archéologie à
Chicago1893600.UnanaprèsParis1900,lacommissionmexicainepourl’exposition
panaméricaine de Buffalo 1901 organisa une importante exhibition indigéniste.
Peñafiel,chefde lasectionXVI«Ethnologie»,gagnaunemédailled’argentpourses
«publications,idoles,moulages»etleministèredelapromotionreçutunemédaille
d’or pour son «exhibition collective d’ethnologie et d’archéologie». Antonio García
Cubas participait aussi avec des cartes archéologiques pour lesquelles il reçut une
mentionhonorable.601
Ces évènements montrent qu’au moment de l’exposition universelle de 1900, le
Mexique organisait toujours des expositions ethnologiques pour ses participations.
On peut remarquer que lemobile de fond était le pragmatisme: les exposition de
Chicago et de Buffalo comportaient des groupes d’ethnologie, ce qui impliquait la
nécessité de produire des contributions relatives à ce domaine. Pour sa part, le
pavillonnéogrecde1900allaitprésenteruneexposition indigéniste importantequi
fut intégralement financée par le ministère puis écartée en raison des problèmes
d’espace et des priorités de la commission. Ces épisodesmontrent à quel point les
classificationsetlesconditionsinternesdesexpositionsuniversellesdéterminaientla
direction que les images nationales des pays pouvaient prendre. Dans le cas du
Mexique, les commissions formées se donnaient l’objectif de répondre
minutieusement aux circonstances spécifiques de chaque exposition, raison pour
laquelle l’image de prospérité nationale de 1900 fut intimement liée aux principes
philosophiques,auxclassificationsetauxrèglementsétablisparladirectiongénérale.
597AGN,75/10.«ElseñorAntonioPeñafielremiteunacoleccióndeantigüedadesmexicanas».598AGN,75/2.«ElseñorJesúsSánchez,directordelMuseoNacional,remiteobjetosarqueológicos».599CatalogueSpécial.GIII/C13.MuséenationaldeMexico:«Publicationsscientifiques».600AGN,82/3.«AntonioPeñafiel.Sustrabajos,programa,etc.comoencargadodelgrupoetnografíayarqueologíamexicanasparalaexposicióndeChicago».601Listade lasRecompensasObtenidasporExpositoresMexicanos en laExposiciónPan-AmericanadeBuffalo,NuevaYork,EstadosUnidosdeAmérica,1901..,op.cit.
147
Lesalondesbeaux-arts
L’exhibition des artistes mexicains de 1900 se caractérisa par le triomphe du
modernisme602surtouteslestendancesstylistiquesclassiquementcultivéeslorsdes
expositions universelles. L’expérience contrastait particulièrement avec l’exposition
de1889,qui avait consacréepour sapart lepaysagismenaturaliste etprésenté les
grandesœuvresdelapeinturehistorique603.Lesdeuxoccasions,considéréescomme
des moments forts de l’histoire de l’art mexicain604, relèvent de deux conceptions
différentesdelaplacedel’artdansleprojetnational.
Il est fondamental de noter que les dispositions réglementaires des expositions
universellesconditionnèrentlaformeetlecontenudechacunedecesprésentations,
dont les configurations furent opposées. L’article 19 de du règlement général pour
l’exposition de 1900 statuait que «l’exposition contemporaine est ouverte aux
œuvresdesartistesfrançaisetétrangersexécutéesdepuislepremiermai1889»,et
l’article 21 dictait que «le nombre d’ouvrages que peut exposer chaque artiste est
limité à 10»605. Tous les objets présentés remplissaient ces conditions et aucun
artisteneprésentaplusdequatrepièces.Lesœuvresrécompensées,notammentles
sculpturesmodernistes,avaientétéexécutéesaprès1898.
Pour sa part, le règlement pour l’exposition de 1889 ne signalait pas de limite
quantitativepourlesœuvresprésentées,cequipermitàJoséMaríaVelascod’exposer
quatre-vingtdesespeinturesetdessins.Parcontre,l’article22interdisaitl’admission
depiècesexécutéesavant lepremiermai1878606.Malgré laclause, leséléments les
602VoirAnnexe8.Photographiesd’objetsrelatifsàlaprésentationmexicaineàl’expositionuniverselledeParis1900.603 Voir Annexe 9. Photographies relatives aux courants artistiques mexicains représentés àl’expositionuniverselledeParis1889604MUNAL, «México enParís 1889, París 1900»,Munal :ExposiciónElplaceryelorden.OrsayenelMunal,http://www.munal.mx/micrositios/placeryorden/03_descargables.html,p.605Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actes officiels. Tableaux statistiques et financiers..., op.cit., p.61. «Décret du 5 aout 1894 portantRèglementgénéralpourl’Exposition».606AlfredPICARD,Expositionuniverselleinternationalede1889àParis.Rapportgénéral.Piècesannexes.Actes officiels. Tableaux statistiques et financiers, Paris, Imprimerie nationale, 1892. «Arrêté duministre du commerce et de l’industrie en date du 26 aout 1886, portant règlement général del’exposition».
148
plusimportantsdel’expositionartistiquemexicaineavaientétépourlaplupartpeints
avant cette date. Ceci implique d’abord que c’était des objets non admissibles et
explique la pénurie de récompenses. Deuxièmement, la commission de 1889 avait
décidé de former une collection avec des œuvres qui constituaient une culture
visuellenationalequin’étaitpasencadréechronologiquementparleporfiriat(1876-
1910).
Unapartieconséquentedesœuvresavaientétéproduitedansladécenniede1870et
certaines dataient de la période de la restauration républicaine (1867), moment
pendant lequel l’École nationale des beaux-arts développa un usage renouvelé des
thèmespréhispaniques:«l’académieparticipadans leschangementsopéréspar les
libéraux,quiconsolidèrentunprojetculturelquiexaltaitlanarrationdelamémoire
historiqueàtraversdecertainsaspectsdescivilisationsprécolombiennes».607
Dans lacontributiondeonzepeinturesde l’école,deuxœuvressedistinguèrent:El
Descubrimiento del Pulque (1869) de José Obregón et El Senado de Tlaxcala de
RodrigoGutierrez(1875)608.Ilsreprenaientdesépisodesdelamythologietoltèqueet
tlaxcaltèque et les dépeignaient dans des formats néoclassiques avec des tons
romantiques. La pièce de Gutierrez avait été commandée pour décorer un cabinet
archéologique et fut présentée postérieurement à Chicago en 1893, où une autre
œuvreindigéniste,ElSupliciodeCuauhtémoc(1893)deLeandroIzaguirre,obtintune
médailled’or.609
Lapartiesubstantielledel’exposition,constituéeparlespeinturespaysagistes,sortait
aussi du cadre établi par l’exposition et allait au moins jusqu’à 1875. José María
Velasco,chefdugroupeI«Beaux-arts.Architecture.Gravure»,organisal’exposition
demanièreàprésenter soixante-sixde sespeinturesdans la classe1«Tableauxet
607MUNAL,«MéxicoenParís1889,París1900»...,op.cit.Traductionpersonnelle.«DeestamaneralaAcademiaparticipóenloscambiosquetrajeronconsigolosliberales,loscualesafianzaronunproyectoculturalenelqueseexaltabalanarracióndelamemoriahistórica,atravésdealgunosaspectosdelascivilizacionesprecolombina».608ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.«Classe1:Tableauxetaquarelles»609FaustoRAMÍREZ,«Dioses,héroesy reyesmexicanosenParís,1889», inColoquioInternacionaldeHistoriadelArteXI.Historia, leyendas ymitosdeMéxico: su expresión en el arte, Mexico, Instituto deInvestigacionesEstéticas,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1998,p.205.
149
aquarelles»etquatorzepiècesdans la classe2 «peinturesdiverseetdessins».Le
catalogue spécifiât qu’encore sept tableaux avaient été exécutés par ses disciples,
pouruntotalde147objetsdanslasectionartistique.610
Velasco fut le plus grand représentant porfirien d’une culture visuelle naturaliste
fondamentale dans la construction de l’entité nationale. Celle-ci englobait tous les
domaines liés à la territorialité, s’étendait au delà du XIXe siècle et absorbait les
œuvres de personnages comme Humboldt ou Désiré de Charnay. Velasco eut une
formation scientifique, fut membre de la société mexicaine d’histoire naturelle et
devint illustrateur pour le Musée national. En plus d’un contenu botanique et
géologique à caractère scientifique, ses œuvres intégraient des symboles et des
allégoriesdel’étendueterritorialedurépublicanismeetdelamodernitéporfirienne,
notammentàtraversdelafigurationdecheminsdefer.611
En 1889, il obtint une médaille d’argent et fut nommé chevalier de la légion
d’honneur. Il avait désigné commeauxiliairesdu groupe I l’historienAntonioRivas
Mercado,directeurdeMéxicoaTravésdelosSiglos,ainsiqueJesúscontreras,quien
plusdedécorerlepalaisaztèqueprésentadesbustesenmarbredePorfirioDíazetdu
commissairemexicainManuelDíazMimiaga.Onze ans après,Velasconeprésentait
aucune peinture et Contreras fut commissionné par le chef du groupe d’art pour
superviserlestravauxdesartistesmexicains.
Dans l’exposition artistique mexicaine de 1900, la classe 7 «Peintures. Cartons.
Dessins»eutseulementunepeintureàthèmereligieux612àrecevoirunemédaillede
bronze. La peinture de paysage était représentée par quatre œuvres613, dont un
tableau de Rosalio Balverna intituléCerrode las campanas614. Cette pièce était une
610ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.611María Elena ALTAMIRANO PIOLLE, Rafael DONIZ et Rafael PIERA, JoséMaría Velasco paisajes de luz,horizontesdemodernidad,Mexico,Equilibrista,2014.612Cataloguespécial.GII/C7.LeonardoMurilloRome:Tableauaupastel,«Tentation».Étuded'aprèsnature.Portrait.Tableauàl'huile.613Ibid.GII/C7.MercedSamoraSenorina,Colima(Mexico):Tableauàl'huile,«leVolcandeColima»;JoséCleofasAlmanza,Zacatecas:tableauxál'huile.Paysages.Tableauxàl'huile.614RosalioBalvanera,Querétaro.Dessinàlaplume,«Têted'étude».Tableauàl'huile,«CerrodeLasCampanas».
150
référence à l’histoire de la restauration libérale, puisqu’il dépeignait la colline où
l’EmpereurMaximilien d’Habsbourg fut fusillé par ordre deBenito Juárez en1867.
Les autres références au républicanisme furent apportées par des miniatures
d’«hommes illustresde»de lavilledeQuerétarode JoséFriasyFrias615etpardes
portraitsàl’huiledeJesúsEscuderoyEspronceda,affichésàlasuite,dePorfirioDíaz
etdesprésidentsfrançaisFelixFaureetÉmileLoubet616.Laseuleœuvreartistiqueà
thème indigéniste du pavillon futDerniersmoments d’un guerrier aztèque de Jesús
GarcíaCoromina.617
Lapartieessentiellede l’exposition,couronnéepar lesorganisateursaussibienque
parlesjurys,futlasculpturemodernisteenmarbredesartistesmexicainsrésidantà
Paris,disposéedans laclasse7«Sculpturesetgravuresenmédailleset surpierres
fines».GuillermoCárdenas reçutunemédailledebronzepourLaSoif618etAgustín
Ocampounemédaille d’argent pouruneœuvre intituléeDésespoir619, qui faisait un
traitement irrégulier du marbre «à la Rodin»620. Jesús contreras présentait une
sculpture en bronze de Gabino Barreda, «père du positivisme mexicain», ainsi
qu’une sculpture du poète Manuel Acuña. Il Conféra à l’exposition d’art sa perle,
Malgrétout,quifutprisepouruneallégoriedel’épreuvequel’artisteavaitenduréen
perdantsonbrasdroitetpourlaquellenonseulementilreçutungrandprixmaisfut
aussinomméchevalierdelalégiond’honneur.621
Contreras avait été nommé inspecteur des étudiants boursiers («Inspector de los
alumnos pensionados») enmars 1898. Le catalogue duMexique rappelait que «le
615Ibid. G II/C 7. José Frias y Frias, Querétaro: Miniature à l'aquarelle, « Hommes illustres deQuerétaro».616Ibid.GII/C7.JesúsEscuderoyEspronceda,Mexico.Portraitàl'huile:«PorfirioDiaz«,«SaMajestélaReineRégenteetleRoid'Espagne»,«M.EmileLoubel».»M.FélixFaure».617Ibid.GII/C7.JesúsGarciaCoromina,Morelia(Michoacán):Tableauàl'huile:«Derniersmomentsd'unguerrieraztèque». 618Ibid.GII/C9.GuillermoCárdenas,Paris:sculptureenmarbre,«LaSoif».Étudeenplâtre.619Ibid.G II/C 9 Agustín Ocampo, Paris: sculpture enmarbre, « Désespoir ». Émail sur porcelaine.Portrait.Motifdedécoration.620Fausto RAMÍREZ,Museo Nacional de Arte. Una ventana al Arte Mexicano de cuatro siglos, México,MuseoNacionaldeArte,1994,p.120,Mexico,MuseoNacionaldeArte,1994.621Ibid.G II/C 9. Jesús Contreras, Mexico: sculpture en bronze de M. Gabino Barreda. Groupe enmarbredupoèteManuelAcuña.Epéeavecpoignéed'or.«Malgrétout»,sculptureenmarbre.
151
gouvernementvoteannuellementdescréditspourl’entretienàParisetàRomed’une
centainequantitédejeunesgenssedestinantàlacarrièreartistiqueetprésentantdes
aptitudes sérieuses»622. Le ministère de la promotion subventionna en décembre
1899lestravauxdeGuillermoCárdenasavec1600francsetceuxd’AgustínOcampo
avec1000francs,laconditionétantquelesrésultatsdevraientêtrejugés«dignesde
la subvention»623. Contreras fut gratifié avec 300 pesos mensuels dès mars 1898,
quand il fut commissionné pour étudier «tous les rameaux des beaux-arts» à
l’exposition universelle624 . Le 27 octobre 1898, le commissaire Mier y Celis le
présentaàAlfredPicardafindel’aiderdanslatâche625.LerapportdeContrerasn’est
pasdisponibledans la section«exposiciones»desArchivesgénéralesde lanation,
mais il est clair qu’il fut appuyé par les organisateurs français. Il participa à
l’inaugurationducongrèsd’enseignementdudessinavecuntoastdanslequelilfitun
éloge de la France, «la sainte, l’idéale, l’éternellemère latine», ainsi que de Paris,
«l’ineffableJérusalemdeceuxquipensent».626
UnarticleduVoltairedu16juin1900témoigneduprocessusparlequelilobtintsa
récompense, ainsi que de l’enthousiasme avec lequel la presse aborda sa
contribution:
«Le jury de sculpture c’est présenté [le jeudi 14] au pavillon. En prévision de cette visite, Mr.
SebastiánMier,avaitpriéBartholdi, l’éminentauteurdelastatuedelalibertééclairantlemonde
[…]dereprésenterencetteoccasionsongouvernement.Lemaîtreavaitaccepté,avecautantplus
d’empressement, qu’un de ses meilleurs élèves, Mr. Jesús contreras, est mexicain et exposant.
Après leur examen, les artistesmaitres, français et étrangers composant le jury, ont exprimé le
désir de voir personnellement M. Jesus F. Contreras, ainsi que la photographie de ses œuvres
antérieures[…][Il]aétérappeléetareçulesfélicitationslesplusflatteuses.C’estunhommejeune
encore,quiaétécruellementéprouvéparsuitedelapertedubrasdroit,maisàqui,malgrétout,un
magnifiqueavenirsembleréservé,car,chezlui,laconceptionnobles’allieàl’exécutionvivante.»
622CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900...,op.cit.623AGN,36/12.624AGN,66/18. « Jesús Contreras. Se le comisióna para que estudie todos los ramos de las bellas artes »625AGN,36/12.20/3,626Premier congrès international de l’enseignement du dessin tenu à Paris en l’hôtel du Cercle de lalibrairie du 29 août au 1er septembre 1900. Exposition universelle internationale de 1900. Titre VII :receptionsetfêtes,Paris,CercledelaLibrairie,1902,p.294.
152
L’adéquationdelaparticipationmexicaineauxcanonsdumodernismefutfructifère.
Elle témoigne du pragmatisme des commissions lors de l’organisation des
expositions. Contrairement aux autres expériences, les tendances stylistiques qui
avaient été développées localement avantmême le début du régime ne furent pas
exploitées. Leministère concentra ses ressources pour financer les travauxque les
étudiants mexicains développaient à Paris même. La supervision du projet fut
attribuée à Jesús Contreras, qui entre 1889 et 1900 avait opéré un tournant de
l’indigénismeverslemodernisme.
Architecture
L’urbanisme porfirien, largement influencé par l’héritage haussmannien, reprit des
tendances françaises pour le tracé urbain et pour l’implémentation de mesures
d’hygiène dans les principales villes du Mexique. La capitale fut le scénario
d’importantestransformationsquiconsistèrentdansl’assainissementdelaville,dans
la création de nouveaux quartiers et dans la construction d’édifices publics627. Le
régimeinstalladanssesavenuesprincipalesunréseaudemonumentsquiracontait
chronologiquement les grands évènements du récit historique officiel. Mauricio
Tenorio Trillo considère que la ville de Mexico devint «un livre d’histoire» qui
disposait spatialement l’épopéenationale depuis la périodepréhispanique jusqu'au
triompherépublicain.628
Àl’expositionuniverselledeParis1900, leministèredestravauxpublicssechargea
d’organiser la présentation du développement infrastructurel du pays. Ses
contributionsaugroupeVI«Géniecivil.Moyensdetransport»présentaient,enplus
des travaux d’assainissement, des édifices à caractère public de tout le pays: des
écoles,deshôpitaux,deshospicesetdesprisons.
627C. AGOSTONI,MonumentsofProgress.ModernizationandPublicHealth inMexicoCity,1876-1910...,op.cit.628MauricioTENORIOTRILLO,«1910MexicoCity:SpaceandNationintheCityoftheCentenario»,JournalofLatinAmericanStudies,28,1996,p.75‑104.
153
Le ministère s’occupait aussi de la construction des monuments fédéraux629 . Il
présentait pour la classe 10 «architecture» desmodèles des statues des héros de
l’Indépendance placées dans la «Calzada de la Reforma». Cette avenue avait été
construitependantl’interventionnapoléonienneselonlemodèledesChamps-Élysées
et fut transformée en symbole républicain par les libéraux630. L’exposition était
complétéedanslabibliothèquepardesalbumsphotographiquesainsiqueparlelivre
de Francisco Sosa distribué au public, Biographies des mexicains illustres dont les
statuesontétéérigéesparlesétatsdelafédérationsurlaCalzadadelaReforma631.Le
ministèreprésentaitaussi leChâteaudeChapultepec, résidenceprésidentielle,ainsi
que le projet de Palais législatif initié par Porfirio Díaz en 1897 et accordé à
l’architecte Émile Bénard, qui serait évoqué dans le cataloguemexicain comme un
«palaisdescongrèsremarquable»dontlesdimensionsseraientsupérieuresàcelles
ducapitoledeWashington.632
Laclasse10contenaitaussiunprojetdeprisonélaboréparCarlosAntoniodeMedina
yOrmachea,unarchitectequis’étaitdistinguéparlapromotion,àplusieursreprises,
d’unprojetd’expositionuniverselleàMexico.Ilprétendaitl’organiserselonl’exemple
des expositions françaises, «nation qui marche au devant de l’évolution
progressiste»633.Jesúscontrerasexposaitpoursapartunprojetpourlepavillonqu’il
avait soumis auministèrede la promotion et qui ne fut paspris en comptedu fait
629Cataloguespécial.GII/C10.Secrétariatd'ÉtatetdudépartementdesCommunicationsetTravauxpublics,Mexico:«Palaisdupouvoir législatif,convocationsetprojetpriméauconcours.Monumentspublics.MonumentàHidalgo.Monumentauxmartyresd'Uruapan.Modèlesdesstatuesplacéesdanslachaussée de la Reforma et brochure explicative avec photographies des personnes qui lesreprésentent. Palais de Chapultepec. Albums de photographies. Monument aux héros del'IndépendancedeMexico.Modèle,mémoireetphotographies».630Verónica ZÁRATE, «El Paseo de la Reforma como eje monumental», inMiradas Recurrentes. LaciudaddeMéxicoen lossiglosXIXyXX,Mexico, InstitutoMora/UniversidadAutónomaMetropolitanaAzcapotzalco,2004,p.62‑82.631F.SOSA,Biographiesdesmexicainsillustres...,op.cit.632Díazposa lapremièrePierrependant les fêtesducentenairede l’Indépendanceen1910,mais leprojetfutabandonnésuiteàl’éclatementdelaRévolutionmexicaine.633AntonioDEMEDINAYORMAECHEA, IniciativaparacelebrarelPrimerCentenariode laIndependenciadeMéxicoconunaexposiciónUniversal,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1893;AntonioDEMEDINAYORMAECHEA,LaExposiciónUniversaldelprimercentenarioMexicano,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1894.
154
d’être reçu après la nomination d’Antonio M. Anza comme architecte 634 .
Significativement,ils’agissaitd’unédificenéogrec635.Finalement,Anzamontraitdes
photographies des deux pavillons qu’il avait érigé aux expositions universelles
parisiennes:lepalaisaztèqueetlepalaisnéogrec.636
LesstylesarchitecturauxdéveloppésauMexiqueàlafinduXIXesièclefurentreliés
au débat sur la recherche du caractère national. Dans ce cadre, la construction de
pavillonspour lesexpositionsuniversellesétaitun thèmeessentiel,dans lamesure
où elle impliquait la ratificationdu gouvernement envers les styles explorés et les
architecteschoisis.Puisquel’architecturedespavillonsformaitendernièreinstance
l’imagegénéraleprésentéeàl’international,laquestionétaitprisetrèssérieusement
parl’administrationetlechoixultimeétaitopéréparPorfirioDíaz.
Le palais aztèque de 1889 fut conçu par l’historien Antonio Peñafiel, construit par
l’ingénieurAnza et orné de hauts-reliefs par Contreras. Ce dernier avait revêtu ses
hérosenbronzeavecdescouronnesetdestuniquesgréco-romainesquirelevaientde
la tendance néoclassique de l’indigénisme libéral. Pourtant, Peñafiel fit publier un
prospectus en français, en anglais et en espagnol dans lequel il insistait sur
l’authenticitédesonpavillon.637
Lapublicationcommençaitpar signalerque«L’édificeest construitd’après le style
aztèquelepluspuretaveclesmatériauxdemonouvrageL’artmexicainancien»,et
qu’ilavaitétéapprouvépardes«savantsetéminentsarchéologues».Lebâtiment,de
70mètresdelongueuret30mètresdelargeur,étaitforméparunepartiecentralequi
symbolisantlareligionaztèqueetpardeuxpavillonslatérauxquifaisaientréférences
mythologiques.Laformedupavillonavaitétéempruntéeàunmuredel’ancienpalais
HuexotlaetauxtempledeXochicalcodansl’étatduMorelos.638
634AGN,31/8.635Cataloguespécial.GII/C10.JesúsContreras,Mexico:«Projetd’édificepouruneExposition».636Ibid. G II/C 10. Antonio M. Anza, Mexico. Édifice pour l’Exposition de Mexico à l’ExpositionuniverselledeParis1889et1900.637AntonioPEÑAFIEL,Explicationdel’édificemexicainàl’ExpositionInternationaledeParisen1889,Barcelone,1889.638Le temple de Xochicalco avait était reproduit à l’exposition universelle de 1867 aux frais d’unancien membre de la commission scientifique du Mexique, Léon Méhédin. DEMEULENAERE-DOUYERE
155
Quant aux bronzes de Contreras, Peñafiel indiquait qu’ils symbolisaient «l’histoire
préhispaniquedanscesévènementsfondamentaux»:
«Lapartiehistoriquereprésentéeentre lesdeuxpavillons latérauxet leportiquesecomposede
six figures: à droite les rois Izcoatl, Nezahualcoyotl et Totoquihuatzin, la Triple alliance des
monarchies de Mexico, Texcoco et Tlacopan; à gauche du portique Cacama, Cuitlahuac et
Cuauhtémoc,lespersonnagesdelachutetragiquedel’empiremexicain.»639
Le livre concluait en énonçant qu’«aujourd’hui, devant toute l’Europe, le Mexique
élèveunmonumentauplusbravedesesaztèques,àItzcoatl,auplusinfortunédeces
défenseurs,àCuauhtémoc».
Sien1900lechoixdurégimefutdiamétralementdifférent,ledébatsurlecaractère
nationaldel’architectureainsiquel’alternativepréhispaniquen’étaientpasépuisés.
Luis Salazar, chef du groupe VI en 1900, faisait encore à cemoment l’apologie de
l’architecturehistorique. Il avaitproposéunprojetd’édificepréhispaniqueen1889
qui ne fut pas sélectionné et collabora avec Anza pour construire le sien. Salazar
publiaen1899unarticleintitulé«Laarquitecturaylaarqueología»640danslequelil
prônait une combinaison pragmatique des techniques anciennes et modernes. Il
soutenait aussi que l’ornementation mésoaméricaine pouvait offrir au Mexique un
styleauthentiquementnationaletconsidéraitqu’ilavaitétécorrectementappliquéau
pavillonde1889etaumonumentàCuauhtémocdansla«CalzadadelaReforma».
Cependant,lespublicationsofficiellesdel’expositionmexicainede1900portaientdes
opinions négatives envers les architectures nationales des pavillons étrangers. Le
catalogueindiquaitquelestylenéogrecavaitété«soutenudanstouteslespartiesde
l’édificeavecunehomogénéitéquisembleoriginale,comparéeaudéliredecouleurs
etdestylesbigarrésqu’ontrouveencemomentsurlesbordsdelaSeine».Ilassurait
aussique«l’aspectenestimposantetd'ungrandeffet,obtenuavecunesobriétéde
Christiane, «Le Mexique s’expose à Paris : Xochicalco, Léon Méhédin et l’exposition universelle de1867»,Histoire(s)del’Amériquelatine,vol.3,2009,p.12. 639A.PEÑAFIEL,Explicationdel’édificemexicainàl’ExpositionInternationaledeParisen1889...,op.cit.,p.8.640Luis SALAZAR, «La arquitectura y la arqueología», in La crítica de arte en México en el s. XXI,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1997,p.478–487.
156
moyens qui s'éloigne résolument de ce que nous appellerions volontiers le ˝Style
Exposition˝».641
Le pavillonmexicain de 1900 s’inscrivait dans une tendance qui avait été cultivée
pour certains bâtimentsmexicains, notamment dans le «CentroMercantíl» achevé
en1898etdanslaprisondeLecumberriinauguréeen1900.Anza,danssonrapportà
Fernández Leal en tant que commissaire adjoint, rappelait que le style néogrec
provenait de l’école d’Athènes créée pendant le Second Empire et qu’il avait été
importéauMexiquepar l’architecteRodríguezArangoiti. Ilsignalaitaussiqu’ilétait
«complément nouveau, […] basé dans les formes helléniques d’harmonie et de
proportion que, comme dit Taine, aucun peuple du monde n’a été capable de
surpasser»642. Anza, qui considérait que le néogrec avait donné à la France ses
édifices modernes les plus importants, listait comme principales références la
BibliothèqueSainte-GenevièvedeLabrouste, laGareduNorddeReynaudet l’Opéra
Garnier.
Son projet original pour le pavillon mexicain comptait afficher des éléments de
l’histoire mexicaine. Dans une description qu’il faisait parvenir au ministre de la
promotion le 14 décembre 1898, il indiquait que «la façade comprend un corps
central et deux latéraux qui rappellent les trois époques de l’histoire duMexique:
l’Indépendance,laRéformeetlaPaix».Ilallaitdisposerauxlesextrémitéslesfigures
proéminentesdesdeuxpremièrespériodes,MiguelHidalgoetBenitoJuárez,«etdans
les lieuxd’honneur sont inscrits avec des lettres en or, les nomsdes héros qui ont
contribué avec leurs écrits ou leur épée au triomphe de l’idée». Finalement,
l’emblèmenationaldevraitêtreinstallédanslesfrisesdestroisparties643.Cependant,
àl’exceptiondel’emblèmedisposésurlafriseaudessusdelaloggia,aucunélément641Expositioninternationaleuniversellede1900.Cataloguegénéralofficiel...,op.cit.642AGN,65/35.Traductionpersonnelle. «Unestilo completamentenuevo (…)basadoen las formashélénicas de proporción y armonía que, como dice Taine, ningún pueblo del mundo a podidosobrepasar»643 AGN, 31/8. «Descripción de la fachada del edificio». Traduction personnelle. «La fachadacomprendeuncuerpocentralydos lateralesquerecuerdanlastresgrandesépocasde lahistoriadeMéxico: la Independencia, la reforma y la paz. (…) Las figuras prominentes de los dos primerosperiodos, Hidalgo y Juárez, coronan los cuerpos laterales del edificio y en los lugares de honor, sehayaninscritosconletrasdeoro,losnombresdeloshéroesquecontribuyeronconsusescritosoconsuespadaaltriunfodelaidea».
157
nationalnefutgardé.Laseulecaractérisation«mexicaine»quefaisaitAnza,reprise
par la presse, était que la loggia ouverte octroyait «le ton typiqueméridional qui
caractériseparfaitementleclimatdenotrepays».644
Anza fit aussi un rapport en tant qu’architecte en chef du bâtiment. En dehors des
descriptions techniques de l’édification, il proposait une justification argumentée
pour défendre le choix du style néogrec645. Son texte commençait par rappeler
l’importance accordée par la direction de l’exposition à lamanifestation des styles
nationaux des pays qui s’exposaient: «Les architectes puisèrent dans la riche
collection des monuments de leur nationalité, ce qui, selon leur tempérament,
caractérisait le mieux leurs matériaux de construction, leur race, leur moyen, leur
genre,leuridéal».646
Entre autres, il donnait l’exemple de l’Italie, qui avait regroupé des fragments du
Palaisducaletde laBasiliquedeSanMarcdeVenise.Cependant, il considéraitque
dans ce cas le pavillon ne symbolisait pas l’Italie de l’Empire romain, mais l’art
«˝abstrait, infini, silencieux˝qui relie les formes du Moyen âge à celles de
l’antiquité»647. Cet art aurait été développé en Europe spécifiquement dans des
contextesdebienêtreéconomique:Anzavoyaitunrapportentreleprogrèsmatériel
d’unenationetsafacultéàcultiverunstylearchitecturalsatisfaisant.
Ilposait immédiatementunproblème:«commenttraitercettequestionpournotre
pays?». Dans le cas du Mexique, il voyait trois grandes périodes stylistiques: la
période primitive, la domination espagnole et l’indépendance. La première, menée
par des races complémentent différentes de celles qui peuplaient l’Europe, eut un
moment de splendeur attesté par les ruines archéologiques du pays. La deuxième,
exécutéepardesarchitectesprovenantdelamétropole,constituaitl’héritageurbain644AGN,31/8.Traductionpersonnelle.«(…)Eltonotípicomeridionalquecaracterizaperfectamenteelclimadenuestropaís».645AGN,65/35;S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.AnnexeD.646Ibid.Traductionpersonnelle.«Losarquitectostomarondelaricacoleccióndelosmonumentosdesu nacionalidad, aquello que, según su temperamento, caracterizaba mejor sus materiales deconstrucción,suraza,sumedio,sugénero,suideal». 647Traduction personnelle «Simboliza Italia el arte « abstracto, infinito, silencioso », que liga lasformasdelaEdadmediaálasdelaantigüedad».
158
mexicain. Il ajoutait que ce style se rapprochait de l’art romain, dont les
manifestations «impressionnent par leur caractère colossal, contrairement à l’art
grec qui, avec des petits monuments, éveillait dans l’âme l’idée de beauté et de
grandeur».648
Ladernièrepériodeenglobaitl’Indépendance,lelibéralismeetlerégimeporfirien.Le
pays était sur la voie du progrès et jouissait d’une prospérité commerciale qui
permettrait d’engendrer un style authentiquement national. Cependant, du fait que
cesconditionsétaientrécentes,lesécolesdebeaux-artsn’avaientpaseuletempsde
créer une architecture nationale : «tout cela sera l’œuvre de demain,mais jusqu’à
aujourd’hui, auMexique, onnepeutpas signalerun seul immeuble en architecture
entièrementnationale».649
Anza pensait que les arts «marquent parfaitement les évolutions des peuples,
signalentleurstendances,accentuentleursidéesetsuiventleursmodes»650.Pourle
Mexiquemoderne, l’architecture idéalen’étaitpasnationale,puisquecelle-ci était à
venir. Le pays pouvait toutefois avoir recours à un style universel qui parlerait du
caractèredesongouvernementmieuxqued’autrestentativesépuiséesparl’histoire:
«Tous les pavillons dans la rue des nations […] ont préféré l’emploi d’architectures graves et
nouvelles.LeMexique,quicommeonl’avun’apasunearchitecturequilecaractérise,quirappelle
auregardportésurlafaçadedupavillonsanationalité,commel’ontl’Italie,l’Espagne,laNorvège,
etc.devaitadopterunstylesérieuxquirévèlelecaractèredugouvernementquirégitsondestinet
lestylenéogrec,quisatisfaisaitcescondition,futadopté.»651
Le texte d’Anza s’accouplait avec le ton accordé à l’exposition de 1900 par la
648Ibid. Traduction personnelle. « Sorprenden por lo colosal á diferencia del arte Griego que conpequeñosmonumentosdespertabaenelalmalaideadelobelloydelogrande».649Ibid.Traductionpersonnelle.«Todoestoseráobrademañana,perohastahoy,enMéxico,nosepuedeseñalarunsoloedificiodearquitecturaenteramentenacional». 650 Ibid. Traduction personnelle. «Las artes que son influenciadas por tantas causas, marcanperfectamente las evoluciones de los pueblos, señalan sus tendencias, acentuando sus ideas ysiguiendosusmodas».651Ibid.Traduction personnelle. «Todos los Pabellones de la calle de las naciones, en que estas están representadas, prefirieron primero emplear arquitecturas graves y nuevas. México, que como hemos visto no tiene una arquitectura que lo caracterice, que á la simple vista de la fachada de su Pabellón, recuerde su nacionalidad, como la tienen Italia, España, Noruega, etc., debía adoptar un estilo serio que revelara el carácter del Gobierno que rige su destino y el estilo Neo-Greco, que satisfacía estas condiciones, fue el adoptado ».
159
commission. Par contre, il entrait en franche contradiction avec les postures qui
avaientfournilesmatièrespremièresdel’imagenationaleen1889.Sontexte,inséré
dans la publication officielle et coïncidant avec le ton du catalogue, contredisait
ouvertementlesidéesqueSalazaravaitformuléàlamêmeépoque:pendantquel’un
considérait qu’une architecture nationale était inexistante, l’autre prônait le retour
pragmatique au passé archéologique. Les actes d’organisation ne laissèrent aucune
trace des tensions qui auraient pu surgir au sein de la commission, pour ce thème
commepourlechoixdesartistesmodernistesoupourlamiseàl’écartdel’exposition
indigéniste.
Lapostureesthétiqued’Anza,etplus largement les tendancesartistiquesqui furent
promues au sein du pavillon néogrec, s’accordaient au projet de la commission et
complétaient l’image nationale qui fut officiellement encouragée. Celle-ci montrait
d’abord un pays prometteur et en développement industriel, administré
scientifiquement et possédant une culture intellectuellemoderne. LeMexique était
aussiencomplèteadéquationaveclesgoûtsartistiquesdesmétropoles,avecParisen
premierlieu.
160
161
Conclusion
Uneimagedeprospériténationale
Cetravailaproposéderestituerlaparticipationmexicaineàl’expositionuniverselle
de Paris 1900 en mettant à jour le rôle de diverses instances officielles dans son
organisation et dans l’agencement de ses contenus. Il a aussi proposé d’expliquer
l’expérienceenlasituantdansdescontexteséconomiquesetculturelspluslargeset
enlacontrastantavecdesparticipationsantérieures.L’exhibitionexposaitplusieurs
aspects primordiaux de la vie nationale au Mexique et synthétisait le projet de
modernisationduporfiriat (1876-1910)enundiscoursqui réussit àmaintenirune
cohérenceglobale.
Cette participation recouvrait les thèmes classiques de la culture promotionnelle
porfirienne: la publicisation des richesses minérales, agricoles et textiles du pays
ainsi que l’existence de conditions institutionnelles favorables au développement
industriel. Elle se distingua par la projection d’une image de prospérité nationale
singulièrement appuyée sur l’ostentationd’une administration scientifique et d’une
cultureintellectuellemoderne.Lesinstitutionsconcernéesfirentunecartographiedu
progrès national qui solidarisait la connaissance du territoire avec l’administration
publique. Le régime établissait en somme un bilan favorable de son projet de
modernisationdupaysaprèsunquartdesiècleaupouvoir.
Cetravailacommencéparévoquerl’importancedesexpositionsuniversellesdansla
mondialisationdeséchangescommerciaux,techniquesetindustrielsàlafinduXIXe
siècle. Elles fédéraient, dans une démarche encyclopédique, l’ensemble de l’activité
humaine et diffusèrent de discours qui naturalisaient les dynamiques du monde
capitalisteetcolonial.Unaspectcollatéraldeceséchangesfutlacirculationd’images
nationales construites pour répondre à des intérêts commerciaux selon diverses
modalités. Dans ce sens, les expositions universelles sont des conjonctures
appropriéespourfairel’histoireculturelledesÉtats-nationsmodernes.
162
Le régime autoritaire de Porfirio Díaz donna à ces évènements une place
fondamentaledanssonprojetéconomiqued’ouvertureàl’international.Leministère
delapromotionfutchargéd’assurerdesfluxdecapitauxétrangersparlebiaisd’un
programmedepropagandequicherchaitàréhabiliterl’imagedupaysetàpubliciser
ses ressources. Dans ces circonstances, les images nationales produites par le
Mexique furentprincipalementdérivéesdes ressources intellectuelleset culturelles
offertesparlelibéralismeetparlepositivisme.
Lacommissionmexicainepourl’expositionuniverselledeParis1900futintégréepar
des membres de l’oligarchie porfirienne ayant contribué aux présentations
antérieures652. Afin demanifester les progrès accomplis par le pays, Leur projet se
proposait une diminution quantitative et une amélioration qualitative des
contributionsparrapportà laprésentationmexicainede l’expositionuniversellede
Paris 1889653. Ils décidèrent que l’exhibition insisterait tout particulièrement sur
l’existence d’une culture administrativemoderne afin de garantir aux investisseurs
étrangersqu’ilsjouiraientdesécuritéfinancièreetjuridique.
La sélectivité fut affichée comme une stratégie délibérée, mais le commissaire
AntoniodeMieryCelisdemandaaudirecteurgénéraldel’expositionAlfredPicardun
terrainde3000mètrescarrés654.Cecidémontrelavolontédeconstruireunpavillon
plusgrandquelepalaisaztèquede1889,quiavaitoccupépoursapartunesurfacede
2100mètres carrés. Une série de contraintes principalement liées à la gestion des
terrains par la direction générale impliquèrent de réduire l’espace à 2137 mètres
carrés puis à 1315mètres carrés655. LeMexique, qui prétendait avoir le troisième
652VoirAnnexe2.Tableau:Membresdelacommissionmexicaineetpersonnesconcernées.653SebastiánB.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ. Dumoulin, 1901, p.26. «Si la participation duMexique fut, en 1889, totale et étendue à tous lesordresdel’activitéhumainepourdémontrernotrepuissancevirtuelle,cellede1900devaitselimiteràmettreenévidence toutcequenousavionsréussidans lapratique».Traductionpersonnelle.«Si laparticipacióndeMéxicofueen1889totalyextensivaátodoslosórdenesdelaactividadhumana,parademostrar nuestra potencia virtual, la de 1900 necesitaba limitarse á hacer patente todo lo quehabíamosyaconseguidoenlapráctica».654AGN,58/10.18avril1898.655Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomecinquième.,Paris,Imprimerienationale,1902,p.69.
163
pavillonleplusgranddanslaruedesnations656,passaàavoirleseptièmelepluspetit
parmivingt-troispays.657
L’organisation d’une présentationmoins ambitieuse découlait aussi de la réduction
danslebudgetduministèredelapromotion658.ÀParis,lacommissionenregistrades
dépenses pour 109,839.78 pesos659, soit 1 186,301.50 francs660(le même rapport
indiquait que le coût en 1889 avait été de 2 179,144.17 francs). Le service des
sections étrangères de l’exposition ouvrit pour le Mexique un crédit de 2 500,000
francs, lecinquièmeleplusélevéparmilesparticipants661.Lepaysinvestit380000
francs dans la construction de son pavillon, somme qui s’élevait à 609,958 francs
aprèslestravauxd’installation.662
Quant à la captation des contenus du pavillon, la commission et leministère de la
promotion recueillirent des contributions dans tout le pays en mobilisant et en
coordonnant des instances gouvernementales fédérales, régionales et locales ainsi
que des compagnies privées et des expositeurs particuliers. Plus de cinquante663
entreprises de chemin de fer collaborèrent en mettant à disposition un réseau de
communications qui s’étendait sur 13 615 kilomètres en 1900. Ces compagnies
assurèrentletransportd’objetsetdepersonnelainsiquel’exécutiondenombreuses
expéditionsscientifiquesentreprisespourl’exposition664.LeMexiquefutundesdeux
656Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actes officiels. Tableaux statistiques et financiers, Paris, Imprimerie nationale, 1902, p.671‑704.«Tableaunº4.Répartitiondesespacesaffectésauxsectionsétrangères».657Ibid.,p.688.658Mauricio TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales,1880-1930,Mexico, Fondo de Cultura Económica, 1998, p.348‑349.Mauricio Tenorio Trillo indiquequelaprésentationmexicaineen1889coûta605318pesosmexicains,représentant11,3%et8%dubudgetduministèredelapromotionpourlesannéesfiscalesde1888-1889et1889-1890.Il indiquequelaparticipationen1900coûta523972pesos,correspondantà46,8%dubudgetpourl’année.659VoirAnnexe3.Tableau:dépensespourlaparticipationmexicaineen1900.660S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.238.661Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier, Paris, Imprimerienationale, 1902,p.119. «ChapitreV: Concours sur lesdispositionsgénéralesdesbâtiments,jardinsetagencementsdel’exposition(partieurbaine),p.256.662Ibid.,p.237.663AGN,58/4.23avril1900.Lettred’AntonioM.AnzaàSebastiánB.deMier.664 Le développement du réseau, préalable fondamental pour l’amélioration des participationsmexicainesauxexpositionsinternationales,fournissait5582kmdecheminsdeferen1885,8544km
164
seuls pays à financer intégralement le transport des objets de ses expositeurs en
dehorsduterritoirenational.665
Laconstitutiondescontributionsfutsuperviséeparlacommissionetlecontactavec
lesexpositeursfutassuréparl’intermédiairedecommissionsrégionales.Leministère
diffusadanstoutlepaysunesériedecirculairesdestinéesauxgouverneursdesétats,
auxinstitutionspubliques,auxcompagniesprivées,auxindustriels,auxintellectuels
et aux citoyens pour les inviter à participer avant le 15 décembre 1898. Certains
organismes publics furent contactés directement par le ministre de la promotion
Manuel Fernández Leal ou par Mier y Celis, et une partie importante de leurs
recherches, de leurs expéditions et de leurs publications scientifiques furent
financées directement par le ministère. Le rapport final recensa 2143 expositeurs
mexicainseffectifspouruntotalapproximatifde3500demandesd’admission.666
Du fait du retard dans le transport des contributions, la majeure partie des 337
boîtes667envoyéesnefutexaminéequ’unefoisarrivéeàParis668.Lesmembresdela
commissionmanquaientd’informationspréalablessurlesdimensionsdesobjets669et
en avril 1900, mois de l’inauguration de l’exposition universelle, ils savaient
seulement«quelesproduitsprédominantsétaientceuxdel’agriculture,lesminerais
en1890,puis13615kmen1900.Les rapportsdu JurydugroupeVIde l’Expositionuniversellede1900indiquent578kmen1875,10897kmen1892,etenviron13000en1900.Expositionuniverselleinternationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe VI. Génie civil. Moyens detransport.Premièrepartie.Classes28à32,Paris,Imprimerienationale,1902,p.400.665 Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier...,op.cit.,p.256.;AGN,67/6.«Lescoûtsd’emballageetdetransportjusqu’àlastationdecheminde fer la plus proche ou jusqu’à la capitale, s’il n’y a pas de voie ferrée, seront payés par leparticulier, le territoire ou l’état qui effectue l’envoi. Les exposants n’auront pas à payer de chargespourl’occupationdeslocauxdansl’édificeduMexiqueàParis,nipourletransportenchemindeferouennavireàvapeur, jusqu’au lieude l’Exposition.Traductionpersonnelle.«Losgastosdeempaqueyconducciónhasta la estaciónmáspróximade ferrocarril, óhasta laCapital, si nohubiesevía férrea,correránporcuentadelparticular,delterritorioódelEstadoquehacíaelenvío(…)LosexpositoresnotendránquesufragargastoalgunoporarrendamientodelocaleneledificiodeMéxicoenParís,niportransporteporferrocarrilóbuquedevapor,hastaellugardelaExposición,perosítendránásucargolosdeinstalacionesespeciales».666AGN,58/13.667AGN,68/25.668AGN,67/6.669S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.115.
165
etleslivresetcollectionsscolaires»670.Lepavillonserévélatroppetitpourcontenir
la totalité des objets et les organisateurs durent modifier la répartition spatiale
prévue. Ils annulèrent un contrat de restaurant et écartèrent une exposition d’art
indigène afin d’utiliser le sous-sol comme annexe pour disposer les objets les plus
lourds.
Lacommissionentrepritdefiltrerdesobjetsetoptapourleurdiminutionéquitable.
Unecomparaisonentre lecataloguedéfinitifet la listedesobjetsenvoyésàParis671
révèle cependant que les institutions gouvernementales furent privilégiées: à
l’exceptionde l’expositiond’art indigène, la totalitédes contributionsministérielles
furentconservées.Tandisquecertainsobjetsdesgouvernementsmunicipauxfurent
écartés, ceux des instances régionales furent presque tous retenus. L’exposition
définitivefaisaitparticiperleMexiquedans97des120classesetdansles18groupes
del’expositionuniverselle.672
LasélectionopéréeparaîtavoirétéfécondedanslamesureoùleMexiqueobtintplus
deprixqu’en1889.Ilfutleneuvièmepaysleplusprimé,avec1088récompenses673
dont 33 grands prix, 114médailles d’or, 242médailles d’argent, 342médailles de
bronze et 357mentions honorables. En 1889, le pays avait reçu 873 récompenses,
dont14grandsprixet114médaillesd’or,soit31%desexpositeurscontre51%en
1900.
Lesgroupesaveclesmeilleuresexhibitions,«lestroisgrandessourcesderichessedu
pays» 674 selon le commissaire Sebastián B. Mier, furent Le groupe VII
670Ibid.671Lalisted’expositeurspubliéeparlecataloguefrançaisetutiliséeparlesrapportsofficielscontenaitles3500demandesd’admissionoriginalesetnonpasles2143expositeurseffectifs.CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900,Paris,ImprimerieLemercier,1900;Expositioninternationaleuniversellede1900.Cataloguegénéralofficiel,Paris,ImprimerieLemercier,1900.672 Voir Annexe 1. Tableau: expositeurs mexicains et prix obtenus par groupe à l’expositionuniverselledeParis1900.673Les actes officiels indiquent 1037 prix. Pour les récompenses distribuées au Mexique, nousutilisons la liste éditéepar leministèrede lapromotion.VoirListadelasrecompensasobtenidasporexpositoresmexicanosenlaexposiciónuniversaldeParis1900,México,Tipografíade laSecretraríadeFomento,1901.674AGN,68/35.Traductionpersonnelle.«Lastresgrandesfuentesderiquezadelpaís».
166
«Agriculture»675(10 grands prix, dont 9 pour la classe 39 «Produits alimentaires
d’originevégétale»),legroupeXI«Mines.Métallurgie»(4grandsprix)etlegroupe
III«InstrumentsetProcédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts»(3grandsprix).
Laréussitedecederniersedevaitàlabibliothèquecomposéeparleministèredela
promotion,etselonMier,«àlaprofusionetsupérioritéde lacontributionlittéraire,
scientifiqueetphotographique;àlacontributionbibliographiqueduministèredela
promotion et en général à la haute culture intellectuelle du pays»676. Le succès du
Mexique à l’exposition universelle résulte de l’expérience accumulée au fil des
présentations précédentes, des négociations avec la direction et avec les jurys afin
d’obtenir des résultats favorables, et de la synthèse des contributions, fut elle
stratégiqueouimposée.
L’imagenationaleduMexiqueconstruiteparlacommissionetportéeparlepavillon
futlargementassimiléeetrediffuséeparlapresseetparlespublicationsofficielleset
extra-officielles françaises. Les journaux reproduisaient souvent le contenu des
publicationséditéesoufinancéesparleministère.Sicesouvragesétaientsupervisés
danschaqueétapedeleurfacture,aucunprojetofficielnefutétablipourcontrôlerles
articles journalistiques. La presse propagea tout de même l’image souhaitée en
reprenant sesthèmesfondamentaux: laqualitédesmatièrespremières, lasécurité
découlantduprogrèsdesinstitutionsetlesaméliorationsdepuis1889.
Cetteimagedonnaitunrôlefondamentalàl’administrationpubliquepourgarantirla
sécurité financière et juridique que l’État pouvait offrir aux investisseurs. La
prospériténationalefuténoncéeàtraversdesparamètresanalytiquesdesdisciplines
scientifiques mobilisées par l’exposition, dont l’engagement promotionnel eut
tendanceàeffacerlesfrontièresentrescienceetpublicité.
675LeMexiquefutle3èmepaysleplusrécompensépourcegroupe.Expositionuniverselleinternationalede 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique. Actes officiels. Tableaux statistiques etfinanciers...,op.cit.«Tableaunº7.Statistiquesdesrécompensesd’exposantsparpays,parclasseetparnaturederécompense».676AGN, 68/35. Traduction personnelle. « Debió su éxito a la profusión y superioridad del contingente literario, científico y fotográfico; al bibliográfico de la secretaria de fomento y en general a la alta cultura intelectual del país ».
167
Lacommissionavaitdirigélaproductionetlacollectedescontributionsens’adaptant
à lahiérarchieétabliedans laclassificationofficiellede l’expositionuniverselle.Elle
attribuaainsiuneplaceprivilégiéeauxgroupesI«ÉducationetEnseignementetIII
«InstrumentsetProcédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts».L’undesprincipaux
élémentsdupavillonfutunebibliothèquequiréunissaitl’ensembledespublications
exposéesetquiprivilégialescontenusdel’instructionpublique,toutenintégrantles
élémentstraditionnelsdelaculturepromotionnelleporfirienne: laconnaissancedu
territoire,l’existencedeservicespublicsetderéseauxdecommunicationefficaceset
l’assainissementdesportsetdesvilles.
Du fait d’être directement administrées par le ministère de la promotion, des
institutions engagées dans la production de connaissances territoriales comme la
Commissiongéographiqueexploratrice, l’Institutmédical, l’Institutgéologiqueet les
observatoires astronomiques eurent une place primordiale dans l’exposition. Le
projet promotionnel du ministère prolongeait la tendance territorialiste du
nationalisme mexicain en l’investissant dans la production de ses institutions
scientifiques.Lescataloguesdel’expositionmexicaineconcevaientlaconnaissancedu
territoirecommeunpréalableouuncorolaireàl’exploitationefficacedesressources
nationales. Ils alliaient ainsi les contributions géographiques et géologiques aux
expositionsminéralogiques,publiquesetprivées,afindemontrerl’intérêtd’investir
dansl’industrieminièremexicaine.
L’exposition liait aussi la connaissance du territoire à l’administration publique en
général. La cartographie du progrès national fut une stratégie privilégiée pour
insister sur lamodernisation intégraledupays. Cet aspectde l’exposition concerna
tous les niveauxdu gouvernement (fédéral, régional et local) etmobilisa une vaste
gammed’acteursinstitutionnels.Lacommissionmexicaineavaitdéfinitôtlapriorité
demontrerledéveloppementdupaysàtraversdestatistiquesetdetravauxsurles
services publics, sur l’assainissement des villes et des ports et sur l’éducation, qui
seraitunedomainetraitéessentiellementparlespouvoirsdécentralisés.
Lesexhibitionslesplusimportantesfurentorganiséesparlesministèresdejusticeet
d’instructionpubliqueetparleministèredel’intérieur.Ilstraitèrentnotammentles
168
actionsd’assainissementurbainetdesports,eninsistantenparticuliersurleprojet
de drainage de la ville deMexico. Leministère de l’intérieur, à travers du Conseil
supérieur de salubrité, présenta une exposition qui abordait les dimensions
scientifiques et juridiques de l’hygiénisme. En somme, la salubrité publique fut
répartieentre lesgroupesVI«Géniecivil.Moyensdetransport»etXVI«Économie
sociale. Hygiène. Assistance publique» et se confondait avec l’administration des
hôpitaux,desprisonsetdesinstitutionsd’assistancepublique.
Lacollaborationdesétatspourl’expositiondel’administrationporfirienneconcerna
presque exclusivement l’instruction publique. La plus grande partie des objets
recensésdanslesgroupesIetIIIprovenaientdesgouvernementsetdesinstitutions
régionales d’enseignement. En 1900, les contributions relatives à l’administration
publique furent principalement intégrées aux présentations collectives des
ministères,à l’exceptiondesétablissementsd’instructionqui furent présentésunà
undanslecatalogueetassociésàleurslocalités.
Laparticipationmexicaineàl’expositionuniversellede1900,etplusparticulièrement
les expositions de l’administration publique et de la culture intellectuelle, furent
imprégnéesparunesensibilitépositivistequiémanaitdelaconsolidationlocaledela
«politiquescientifique»677.Celle-civéhiculaitdestendancesidéologiquesfortement
influencéesparlesphilosophiesd’AugusteComtepuisdeHerbertSpencer.Àtravers
de leurs parcours éducatifs, scientifiques ou politiques, on constate l’affinité
intellectuelleaveclepositivismemexicaind’unepartieimportantedesorganisateurs,
descontributeursetdesparticipantsauxcongrèsinternationaux.
Lors de cette présentation, la caractérisation scientifique de l’entité nationale se
superposa à ses figurations historiques et artistiques, dimensions largement
exploitées lors de présentations antérieures. L’image de 1900 évacuait les
romantismesindigéniste,historiqueetnaturalistetoutparticulièrementinvestisdans
le palais aztèque de 1889 au profit du modernisme et du style néogrec. Les
contributions scientifiques des instances gouvernementales offusquèrent la
677Charles HALE, The transformation of liberalism in late nineteenth-century Mexico, Princeton, N.J,PrincetonUniversityPress,1989.
169
rechercheduparticularismenationalqui avait été traité auparavantà traversde la
promotiondetendancesculturellesoriginales.
La revendication demodernité de l’administration publique porfirienne trouva un
corolaire esthétique dans l’adéquation aux tendances stylistiques françaises.
Plusieurspropriétésclassiquesde l’imagenationalemexicainese retrouvaientainsi
sensiblementatténuées:lafigurationromantiquedelaterritorialité,Larecherchedu
particularisme national à travers du regard archéologique et ethnographique, ainsi
quel’énonciationdel’épopéenationaledulibéralisme.
Lesorganisateursde laparticipationmexicaineavaient financéuneexhibitiond’art
indigène pour le pavillon néogrec. Cependant, les priorités de l’exposition étaient
autres et la contribution fut écartée quand il se révéla nécessaire de filtrer des
contenus. Pourtant, le Mexique avait préparé des contributions indigénistes
importantes pour les expositions de la Nouvelle Orléans 1884, Chicago 1893 et
Buffalo1901.Lefaitquecesévénementsaientcomportédansleursclassificationsdes
groupesd’ethnologiemontreque lemobilede fondétait lepragmatisme,etque les
conditions imposées par les expositions déterminèrent profondément les images
nationalesqueleMexiquepouvaitexposer.
Quant à sa section artistique, l’exhibition mexicaine de 1900 se caractérisa par le
triomphedumodernisme678.L’expériencecontrastaitparticulièrementaveccellede
1889, qui avait consacrée pour sa part le paysagisme naturaliste et présenté les
grandesœuvres de la peinture historique indigéniste679. Une partie de l’exposition
artistique de 1889 exhibait une culture visuelle nationaliste exécutée lors de la
consolidation libérale antérieure au régime. Quant au reste, plus de la moitié des
contributionsavaientétéproduitesparlechefdegroupeJoséMaríaVelasco,quien
futrécompenséaveclalégiond’honneur.
678VoirAnnexe8.Photographiesd’objetsrelatifsàlaprésentationmexicaineàl’expositionuniverselledeParis1900.679 Voir Annexe 9. Photographies relatives aux courants artistiques mexicains représentés àl’expositionuniverselledeParis1889
170
Par contraste, toutes les pièces primées en 1900, notamment les sculptures
modernistes,avaientétéexécutéesaprès1898.Leministèredelapromotionfinança
les projets que certains artistesmexicains développaient à Paris même et chargea
Jesús Contreras de superviser l’exhibition. Ce dernier gagna un grand prix et fut
nomméchevalierdelalégiond’honneurpoursasculptureenmarbreMalgrétout.680
La présentation mexicaine traduisait aussi une inclination pour l’architecture
européenne. Les publications et la presse diffusèrent l’idée d’un goût local pour le
style néogrec, qui fut choisi pour le pavillon dès les débuts du projet. L’architecte
Antonio M. Anza écarta les références historiques qu’il avait prévu initialement et
justifiaseschoixenargumentantque leMexiquen’avait toujourspasdéveloppéun
styleproprementnational.Celui-ciémaneraitnaturellementdu faitde laprospérité
économique,maisen1900l’architectureidéaleétaitunstyleuniverselsusceptiblede
s’accorderà lamodernitéporfirienne.Lapostured’Anzas’accouplaitautongénéral
de l’exposition,mais entrait en franche contradiction avec celles qui avaient fourni
l’imagede1889.Lepalaisaztèque,qu’il avait construitetque Jesúscontrerasavait
décoré,évoquaitl’épisodepréhispaniquedel’épopéenationaleetdonnaitauMexique
uncaractèreexotique.
Les tendances artistiques promues au sein du pavillon néogrec s’accordaient au
projet de la commission et complétaient l’image nationale qui fut officiellement
encouragée. Celle-ci montrait un pays prometteur et en développement industriel,
administré scientifiquement, détenteur d’une culture intellectuelle moderne et en
complèteadéquationaveclesgoûtsartistiquesdesmétropoles.
L’image de prospérité nationale duMexique relevait surtout des aspirations et des
promessesdurégime,etelle répondait spécifiquementàdes intérêtscommerciaux.
Cependant,l’expériencepermitlacréationetladiffusionderessourcesintellectuelles
etartistiquesenrichissantespourlepays.Dufaitdeleurcapacitédemobilisation,les
participations mexicaines aux expositions furent des dispositifs de promotion qui
donnèrentauMexiquecertainesdesesressourcesculturellesleplusimportantes.
680CatalogueSpécial.GII/C9.JesúsContreras.México..«Malgrétout»,sculptureenmarbre.
171
Finalement,lerégimecherchaitàsynthétisertoutslesaspectsdelavienationaleen
undiscourscohérent.Cetravailacherchéàexplorerlestraductionsscientifiquesque
des idées abstraites – la nation et la modernité – ont trouvé dans le cadre de la
présentationmexicaineà l’expositionuniversellede1900.Nousavonssuggéréqu’il
était en adéquation avec les tendances idéologiques et philosophiques du projet
nationallocal.Nousavonsaussianalysélamanièredontlesdisciplinesscientifiques
concernées furent mobilisées et nous avons expliqué leur place dans la culture
intellectuelle porfirienne: le pavillon néogrec liait la connaissance du territoire à
l’administrationpubliquepourcartographierleprogrèsnational.Ainsi,lesprincipaux
éléments de l’exposition gouvernementale furent les contributions des disciplines
géographiques, l’exhibitiondestravauxetdesservicespublics,et laprésentationde
publicationssurlesystèmed’éducationnational.Finalement,nousavonssoulignéle
déséquilibre inédit entre la dimension scientifique de l’image produite et ses
contreparties historiques et artistiques: en 1900, le particularisme national fut
atténuéparl’adéquationauxcanonsculturelseuropéens.
Ce travail a insisté sur l’importancedes lecturesque leMexique faisait demodèles
intellectuels et culturels provenant desmétropoles. Les tendances idéologiques du
régime influencèrent en grande mesure les images nationales produites pour les
expositions universelles. Elles correspondaient notamment à un culte libéral et
républicainprogressivementécartéparlespositivismescomtienpuisspencérien:le
palais néogrec fut conçu par des hommes appartenant à une génération de hauts
fonctionnaires formés dans un système éducatif positiviste. En 1900, le Mexique
exposaituneimagedeprospériténationaleajustéeàlacompréhensiondesesélites
decequedevaitêtreunÉtat-nationmoderne.
Notre étude s’est limitée à analyser une image construite par des agents
institutionnels et officiels. Plus encore, elle ne s’est occupée que de ses éléments
exécutés, financés ou promus par des acteurs gouvernementaux, et nous n’avons
traitéque superficiellement son impact sur lespublics étrangers.Nousn’avonspas
abordé la partie substantielle de l’exposition, qui consistait dans les contributions
publiquesetprivéespourlesgroupesd’agriculture,desminesetdesproduitstextiles.
172
Nous n’avons pas abordé non plus l’influence des expositions universelles sur les
cultures techniques et sur la production agricole et industrielle locales. Cette
rechercheamisdecotélaquestionfondamentaledesreconfigurationstechniqueset
identitaires à l’œuvre dans les régions qui devaient répondre aux exigences du
gouvernement central. C’est des thèmes qui comprennent l’organisation des
contributions régionales, l’impact des classifications et des techniques exportées et
standardisées,mais aussi les négociations politiques et culturelles avec les acteurs
locaux.
Cetravails’inscritdansunterrainhistoriographiquequiatraditionnellementanalysé
la facture fédérale des représentations internationales du Mexique. La recherche
récente insiste sur l’importance d’une analyse régionale pour saisir la structure
globaledecesévénements.LacontributiondeMaríadeLourdesHerreraFeriasurla
placedel’étatdePuebladanslesexpositionsuniversellesestdanscesenséclairante.
Elle démontre que «la négociation était obligée, car elle impliquait une constante
transformation,destructionetréinventiondesidentités locales,desesmythesetde
ses traditions, et surtout de ses systèmes de loyauté». L’état de Puebla, renfort du
protectionnisme économique national, n’offrit jamais de réponses immédiates ou
homogènes et «passa de l’indifférence, avec des vues de résistance, à une
collaborationnégociée».681
Finalement, le retard dans la captation des contributions régionales en 1900, que
nous n’avons pas cherché à caractériser au delà du contraste avec l’efficacité des
institutions fédérales, relève aussi de négociations sur la manière dont la nation
devait être représentée.Lesexpositeursadoptèrentdesattitudesenvers lepouvoir
fédéralquiévoluèrentaufild’unquartdesiècle.Lamissiond’unorganismecommele
ministèredelapromotion,quivisaitl’adaptationdupaysàdesmodèleséconomiques
et culturels internationaux, aurait été impossible à combler sans la médiation
681María de Lourdes HERRERA FERIA, «Puebla en las exposiciones universales del siglo XIX : lainsercióndeunaregiónenelcontextoglobal»,thèsededoctorat,BeneméritaUniversidadAutónomadePuebla, Puebla, 2015, p.347‑349. Traductionpersonnelle. «La negociación era obligada en tantoqueimplicabalaconstantetransformación,destrucciónyreinvencióndelasidentidadeslocales,desusmitosytradiciones,y,sobretodo,sussistemasdelealtades.»;«Pasódelaindiferencia,convistosderesistencia,aunacolaboraciónnegociada».
173
d’instancesrégionalesetlocalesadaptéesàdescirconstancesextrêmementvariables.
Il est essentielde reconnaîtreque lesorganisateursde laparticipationmexicaineà
l’expositionuniversellede1900ne formaientqu’unpôledans le réseaupermettant
deconfectionneruneimagenationaleglobale.Sesmatièrespremièresfurentfournies
parunemultiplicitéd’acteursirréductibleàl’uniténationalepromuefaceauxpublics
étrangers.
174
175
Annexes
176
177
1.Tableau:expositeursmexicainsàl’expositionuniverselledeParis1900
Source:CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900,Paris,ImprimerieLemercier,1900
Groupes
Nombredeclasses
Classescomportantdes
objetsmexicains
Expositeursmexicains
Prix,médaillesetmentionsobtenues
1.Éducationetenseignement 6(1-6) 5 235 392.Œuvresd’art 4(7-10) 4 55 113.Instrumentsetprocédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts
8(11-18)
8
277
61
4.Matérielsetprocédésgénérauxdelamécanique
4(19-22) 1 4 3
5.Electricité 5(23-27) 4 8 56.Géniecivil.Moyensdetransport.
7(28-34) 6 40 42
7.Agriculture 8(35-42) 12 408 2098.Horticulture.Arboriculture. 6(43-48) 6 32 209.Forêt.Chasse.Pêche.Cueillettes.
6(49-54) 4 106 64
10.Aliments 8(51-61) 8 262 21811.Mines.Métallurgie. 3(62-64) 3 221 9012.Décorationetmobilierdesédificespublicsethabitations
10(65-74)
8
88
6
13.Fils.Tissus.Vêtements. 11(85-75) 7 280 14314.Industriechimique 5(86-90) 5 134 8315.Industriesdiverses 9(91-99) 7 48 3616.Économiesociale.Hygiène.Assistancepublique
12(100-111) 2 11 5
17.Colonisation 3(112-114) 1 1 118.Arméesdeterreetdemer 6(115-120) 6 29 22
Total 121 97 2239 1088
178
179
2.Tableau:Membresdelacommissionmexicaineetpersonnesconcernés
Nom Fonction Profession/domaine
Participations Salaire(mois)
Activités,publications,ouvragesprésentés
ManuelFernándezLeal(1831-1909)
Ministredelapromotion
Ingénieur Chicago1893 DE -México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris, Imprimerie de J. Dumoulin, 1901.
AntoniodeMieryCelis
Commissaire(16-08-1896/18-12-1899)
MinistreplénipotentiaireduMexiqueen
France
Paris1889 DE -México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris, Imprimerie de J. Dumoulin, 1901.
SebastiánB.deMier
Commissaire(25-01-1900)
MinistreplénipotentiaireduMexiqueenAngleterre
Paris1889Chicago1893
DécorécommandantdelaLégiond’honneur- México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris, Imprimerie de J. Dumoulin, 1901.
AntonioM.Anza(1847-
1925)
Commissaireadjoint
(25-01-1899)
Ingénieur Paris1889Chicago1893
373pesos
PEÑ Architecte des pavillons de 1889 et 1900
DécoréofficierdelaLégiond’honneur -Explication de l’édifice mexicain à
l’Exposition Internationale de Paris en 1889, Barcelone, 1889 (avec Antonio Peñafiel)
FernandoFerrariPérez(?-1927)
GroupesI,II,III,V,XIVsectionrétrospective
Jurydelaclasse3
Ingénieur
Nouv.OrléansParis1889Chicago1893
333pesos
Directeurdelasectiond’histoirenaturelledelaCommissiongéographiqueexploratrice
LuisSalazar(1849-?)
GroupesIV,VI Ingénieur Paris1889SaintLouis1904
150pesos
RafaelRamosArizpe
GroupeV Ingénieur Paris1889 -Estadística de las aplicaciones de la electricidad, Mexico, 1900. -El alumbrado público en la ciudad de México: Estudio histórico, Mexico, 1900.
JoséSegura(1845-?)GroupeVII,X,VIIIJurydelaclasse41
Ingénieuragronome
Philadelphie1876Nouv.Orléans1884
Paris1889Chicago1893
166pesos
MarianoBarcena(1842-1899)
GroupeVIII Ingénieur Philadelphie1876Nouv.Orléans1884
Chicago1893
JoséRamirez(1852-1904)
GroupesIX,XVI MédecinSecrétairedu
Conseilsupérieurdesalubrité(positiviste)
Nouv.Orléans1884Paris1889Chicago1893
150pesos
Fondateurdel’Institutmédical
CarlosSellerier
GroupeXIJurydelaclasse63
Ingénieurdesmines
Chicago1893Buffalo1901
252pesos
-Data Referring to Mexican Mining Prepared in View of the Participation of Mexico on the Universal Exposition of paris in 1900, Mexico, Hoeck, 1901.
180
EduardoZarate(1853-1913)
GroupesXII,XIIIJurydelaclasse84
Avocat Philadelphie1876Nouv.Orléans1884
Paris1889Chicago1893
375pesos
ManuelFlores(1853-1924)
GroupesXIV,XVJurydelaclasse91Assistantauxcongrès
Pédagogue(Positiviste)
Paris1889 100pesos CollaborateurdansMéxico:suevoluciónsocial,1900-1902
RodrigoValdez GroupeXVIII Colonel Paris1889 235pesos
FranciscoRíodelaLoza AdjointGroupesXIV,XV
Jurydelaclasse87Assistantauxcongrès
Pharmacien/chimiste
133pesos
JesúsContreras(1966-1902)
AdjointgroupesI,II,III,
ExposantAssistantauxcongrès
Sculpteur Paris1899 Gratification11710pesos
Sculpteurdereliefsenbronzeindigénistesen1889Grandprix:«Malgrétout»,sculptureenmarbreDécoréchevalierdelaLégiond’honneur
AntonioPeñafiel(1839-1922)
Exposant Ethnologue,archéologue,historien
Nouv.Orléans1884Paris1889Chicago1893Paris1900Buffalo1901
Concepteurdupalaisaztèquede1889Responsabledesexpositionsd’ethnologie/archéologieen1884,1893et1901.-Monumentosdelartemexicanoantiguo:ornamentación,mitología,tributosymonumentos,1890
EduardoLiceaga(1839-1920)
Exposant Médecin,hygiénistePrésidentdu
Conseilsupérieurdesalubrité(positiviste)
Paris1889Chicago1893
EnriquedeZayas propagande Paris1889 Gratification8000pesos
-Los Estados Unidos Mexicanos: susprogresosenveinteañosdepaz1877-1897,Mexico,,1900.-Les États-unis mexicains : leursressources naturelles, leur progrès etleursituationactuelle.Mexico,1899.
GustaveGostowski Propagande -Exposition Universelles Internationale
de 1900. Mexique, Études, notes et renseignements utiles au capitaliste, Paris, Brunoff, 1901.
PaulBarréExposant
PublicationauMexique
-Historia de las Exposiciones en el Siglo XIX, Mexico, Tipografía de la Secretraría de Fomento, 1899.
JoaquínCasasús(1858-1916)
ExposantVisiteurdistingué
Économie(Positiviste)
Paris1889
JulioAlvarado
PublicationauMexique
ColonelProfesseuraucollègemilitaire
-Comisión geográfico-exploradora de la República mexicana. Catálogo, 1900.
JoséYvesLimantour(1854-1935)
Gestiondubudget
Visiteurdistingué
Ministredesfinances
(Positiviste)
181
IrineoPaz(1836-1924)
AssistanceauxCongrèsExposant
Écrivainnaturaliste
Paris1889
CarlosDíazDufoo(1861-1941)
AssistanceauxCongrès,adjointhonorairedesgroupesI,II,III
EconomisteEcrivain
(Positiviste)
Chicago1893 CollaborateurdansMéxico:suevoluciónsocial,1900-1902
EmilioPimentel(1855-1929)
AssistanceauxCongrès
GouverneurduOaxacaAvocat
(Positiviste)
AgustínAragón(1870-1954)
AssistanceauxCongrèsExposant
IngénieurPédagogue(Positiviste)
CollaborateurdansMéxico:suevoluciónsocial,1900-1902
PorfirioParra(1854-1912)
AssistanceauxCongrèsExposant
Médecin(Positiviste)
CollaborateurdansMéxico:suevoluciónsocial,1900-1902
MiguelÁngeldeQuevedo
AssistanceauxCongrès
UrbanisteHygiéniste(positiviste)
GabrielMancera(1839-1925)
Transportd’objets
EntrepreneurIngénieur
Propriétairedecheminsdefer
Philadelphie1876
Sources:
ArchivoGeneraldelaNación,section«Exposiciones».
DEMIERSebastiánB.,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ.Dumoulin,1901.
Catalogue officiel spécial du Mexique, Exposition universelle de Paris 1900, Paris, Imprimerie Lemercier, 1900.
TENORIO TRILLO Mauricio, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930, Mexico,FondodeCulturaEconómica,1998.
182
183
3.Tableau:dépensespourlaparticipationmexicaineen1900
Prixenpesosmexicains
jusqu’enaout1900
Prixenfrancsjusqu'àdécembre
1900GroupesI,II,IIIetsection
rétrospective4622
GroupesIV,VI 1732 GroupeV 983
GroupesVIIetX 1473.80 GroupeVIII 3830.01
GroupesIX,XVI 2173.14 GroupeXI 3240.02
GroupesXIIetXIII 2804.03 GroupesXIVetXV 2839.56
Fraisdelacommissionjusqu’enjuin1900
2593.22
GratificationJesúsContreras 11,710.66 Salaired’AntonioM.Anzajusqu’en
aout19005600
Fraisdeconstructiondupavillon 24,961.90 342,000682Télégrammesentrelecommissaire
etlaministère639.77 7322
Fraismineurs 393.42 4315.7Livresetpublicationsdiverses,
suscriptionsàlapresse11,078.85
(dont8000pourZayas)88,552
Fraisdesemployés 268.30 Employésauxiliaires 2860.84 31,310Employésdelasection
cartographique187.13 2103
contributiondel’InstitutGéologique
7388.74
contributiondel’InstitutMédical 1479.07
contributiondelacommissiongéographicoexploratrice
5926.02
Transportenchemindeferdesagentsduministère
53.54
Stockagedansl’entrepôtdeBetlemitas(Mexique)
1000
Total 109,839.78 1,186,301.50682AGN, 32/2. «Contrato celebrado para la construcción del pabellón». Le contrat de constructionpour 380,000 francs établissait le dernier paiement en décembre 1900 ; en aout 1899, la quantitépayéerevenaità342,000francs.
184
Note: Les prix en pesos mexicains et en francs indiqués ne correspondent pasdirectement. Les comptes disponibles dénombrent le coût total selon des critèresdifférents et correspondent à des tranches de dates différentes. Par exemple, lescomptes en francs associent la majeure partie des salaires aux frais généraux dupavillon,quisontrepartieentrelesfraisdesgroupespourlescomptesenpesos.
Nousavonsreproduitlescritèresdescomptesenpesosetindiquélesprixenfrancsquileurcorrespondentapproximativement.
Ces coûts, ainsi que le contraste entre lesprixde certains éléments remboursés aucrédit de l’exposition, nous permettent d’estimer que leministère de la promotionévalualetauxdechangeàraisonde1pesopour10.8francs.
Sources:
Archivo General de la Nación, Sección exposiciones, Boîte 61, dossier 3. « Gastos generales de la delegación, para la exposición de 1900 ». DE MIER Sebastián B., México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris, Imprimerie de J. Dumoulin, 1901, p. 238.
185
4.LalittératurepromotionnelleporfirienneenFrance
I.PublicationsfrançaisessurleMexiqueéditéesavecdessubventionsdel’État
mexicain(1884-1903)
Chroniquesdevoyages
LeclercqJ.,VoyageauMexique,Paris,Hachette,1885.
LejeuneL.,TerresMexicaines,Paris,1886.
BertieMarriott,UnParisienauMexique,Paris,Dentu,1887.
CastetsE.,MexiqueetCalifornie,souvenirsetdescriptions,Paris,1887.
ChambrantE.,DeBarcelonnetteauMexique,Paris,Plon,1892.
ChambonL.,UngasconauMexique,Paris,P.Dupont,1892.
Imagenationale
DupindeSaintAndré,LeMexiqueaujourd'hui,Paris,PlonNourret&Co.,1884.
Sainte-CroixL.,OnzemoisauMexique,Paris,LibrairiePlon,1897.
GostkowskiG.,DeParísaMéxico,Paris,1899.
ArnaudP.,L'émigrationetlecommerceauMexique,Paris,Boyer,1902.
StephanC.,LeMexiqueéconomique,Paris,LibrairieduNouveauMonde,1903.
LejeuneL.,AuMexique,Paris,LéopoldCerf,1892.
Source: Apéndice bibliográfico, dans Riguzzi, Paolo, «México próspero. Lasdimensionesde la imagennacionalenelporfiriato»,Historias,n°20,1988,pp.137-160.
186
II.Publicationsdistribuéespendantl’expositionuniversellede1889
BIANCONI F., Le Mexique à la portée des industriels, des capitalistes, des négociants
importateursetexportateursetdestravailleurs,Paris,Chaix,1889.BIANCONIF.,TexteetcartecommercialeduMexique,Paris,1889.
DIAZAgustín,CommissiongéographiqueexploratricedelaRépubliqueMexicaine.Catalogue
desobjetscomposantlecontingentdelacomission,Paris,1889.BUSTO Emiliano, L’administration publique au Mexique : étude comparative et succincte
entrelessystèmesadministratifsdesfinancesdeFranceetduMexique :avecuneétudesommairesurl’administrationpubliquedanslesdeuxpays,Paris, ImprimeriedePaulDupont,1889.
INSTITUTOMEDICONACIONAL,Travaux,Paris,ElEstudio,1892.OLAGUIBEL Manuel, Memoria para una bibliografía científica de México en el siglo XIX,
Mexico, 1889.
PAZ Irineo, Los hombres prominentes de México, 1889.
PEÑAFIELAntonio,Explicationdel’édificemexicainàl’ExpositionInternationaledeParisen1889,Barcelone,1889.
SECRETARÍA DE FOMENTO, La Comisión Mexicana en la Exposición Internacional de Paris,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1889.
BESTAlberto,AlbertoBest,NoticiasobrelasaplicacionesdelaelectricidadenlaRepúblicamexicana,Mexico,TipografíadelaSecretraríadeFomento,1889.
ZAYAS ENRIQUEZ Rafael de, Statistique de l’État de Veracruz dressée par M.R. de ZayasEnriquez,...,Paris,Impr.deL.Beillet,1889
Sources:GODOY José,México en París : reseña de la participación de la República Mexicana en laExposiciónuniversaldeParísenl889,Mexico,TipografíadeAlfonsoE.López,1889.Exposition Universelle Internationale de Paris 1889, catalogue officiel de l’Exposition de la République Mexicaine, Paris, Imprimerie Générale Lahure, 1889.
187
III.Publicationsdistribuéespendantl’expositionuniversellede1900
BATRESLeopoldo,Mida,Álbumdescriptivoé ilustrado,Mexico,Tipografíade la SecretaríadeFomento.
CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900,Paris,ImprimerieLemercier,1900.*
MARIA CAMPOS Ricardo de, Renseignements commerciaux: sur les Etats-Unis Mexicains,Mexico,ImprimerieduMinistèredeFomento,1899.*
(1000exemplairesofferts)
CUCALÓN Inocencio, Cuadro comparativo de la administración publica en México en losúltimos15años,Mexico,1899.
(10exemplairesofferts)
CORREAAlberto,ReseñaeconómicadelestadodeTabasco(RepúblicaMexicana).porAlbertoCorrea,México,OficinatipográficadelaSecretaríadefomento,1899.*
(500exemplairesofferts)GOSTKOWSKIGustave,AuMexique :études,notesetrenseignementsutilesaucapitaliste,à
l’immigrantetautouriste,Paris,Brunoff,1901.(2000exemplairesofferts)
HERRERAAlfonsoLuisetDanielVERGARALOPE,Laviesurleshautsplateaux:influencedelapression barométrique sur la constitution et le développement des êtres organisés,traitementclimatériquedelatuberculose.Ouvragecouronnéparl’InstitutSmithsoniende Washington (Concours Hodgkins, 1895), Mexico, Mexique, Imprimerie de I.Escalante,1899.
LEMCKE Heinrich, Mexico, das Land und seine Leute.: Ein Führer und geographischesHandbuch unter besonderer Berücksichtigung der gegenwärtigen wirtschaftlichenVerhältnissedesLandes.,Berlin,1900.
(50exemplairesofferts)
MEDINA Y ORMACHEA Antonio, Legislación de los pueblo Latin-Americanos (100 exemplaires en vente, 150 francs) MOLINA,«cartasyplanos»(80exemplairesofferts). PEÑAFIELAntonio,Monumentosdelartemexicanoantiguo:ornamentación,mitología,
tributosymonumentos,Berlin,A.Asher,1890.* (10exemplairesofferts)
RAMOSARIZPERafael,ElalumbradopúblicoenlaciudaddeMéxico:Estudiohistórico,Mexico,1900.*
RAMOS ARIZPE Rafael, Estadística de las aplicaciones de la electricidad en la RepúblicaMexicana,Mexico,1900.*
RODRIGUEZRicardo,LaProcédurepénaleauMexique(BSG)
188
SÁNCHEZ Jésus, Breve noticia de los establecimientos de instruccion, dependientes de lasecretariadeestado,México,TipografíaLaEuropea,1900.*
SELLERIERCarlos,DataReferringtoMexicanMiningPreparedinViewoftheParticipationofMexicoontheUniversalExpositionofparisin1900,Mexico,Hoeck,1901.*
SOSA Francisco,Biographiesdesmexicains illustresdont les statuesont été érigéespar lesétatsdelafédérationsurlaCalzadadelaReforma,Mexico,ImprimeriedelaDirectiongénéraledestélégraphesfédéraux,1900.*
ZAYASENRIQUEZRafaelde,LosEstadosUnidosMexicanos:susprogresosenveinteañosdepaz1877-1897 : estudio histórico y estadístico, Mexico, Tipografía de la Secretaría deFomento,1900.*
(500exemplairesofferts)
ZAYASENRIQUEZRafaelde,LesÉtats-unismexicains :leursressourcesnaturelles,leurprogrèsetleursituationactuelle.TraductionparAugusteGénin,Mexico,MinistèredeFomento,1899.*
(2000exemplairesofferts)
Prospectus
«DescriptionabrégéeduProjetd'asséchementdelavilledeMexico»
«ÉtablissementsetAsilesdel'AssistancePubliquedeMexico»
«RésuméduProjetdel'HôpitalgénéraldeMexico»
Cataloguede43herbiersdel’InstitutMédical(1000exemplairesdistribués)
Sources:
ArchivoGeneraldelaNación,32/12;54/6;58/1;59/1;68/25.DE MIER Sebastián B., México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris,ImprimeriedeJ.Dumoulin,1901.
*OuvragesdisponiblesàlaMédiathèqueduQuaiBranly.
189
5.Photographies:LepavillonnéogrecmexicainàParis1900
Vuelatéraledel’édificeduMexique
Illuminationàl’électricitépendantlafêtedu16septembre
190
ProduitsChimiques
Produitsindustrielsetmanufacturesdiverses
191
Tabacetparfumerie
Galerieavecvuesurlaseine
192
Salondebeaux-artsetderéception
Salondebeaux-artsetderéception
193
Partiebassedel’escalierPartiehautedel’escalier
Cuirsetpeaux
194
Produitsnaturels
VinsetliqueursGrainesetproduitsnaturels
195
Sectionrétrospective
196
Ministèredelaguerre
Galeriesupérieureetprojetdemonument
197
Source:
DEMIERSebastiánB.,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ.Dumoulin,1901.
Numérisation:
RafaelFierroGossman.Imagesdisponiblessur:https://grandescasasdemexico.blogspot.com/2015/12/mexico-en-paris-1900.html
Datedeconsultation:25aout2018.UniversidadAutónomadeNuevoLeón.DireccióngeneraldeBibliotecas(imagesavecmarqued’eau)
198
199
6.Iconographie:constructiondupavillonmexicainde1900
Photographie.Vuedusquelettedupavillonmexicainde1900.AGN,31/8.
Photographie.Vuedupavillondepuislesalondesbeauxarts.AGN,31/18.
200
Photographie:moluresenstaffetenplâtre.AGN,31/18.
Photographie:intérieurdulocallouépourconstruirelesmouluresdupavillon
mexicain.AGN,31/18.
201
AntonioM.Anza.Planpourlepavillonmexicainde1900.AGN,32/2.
AntonioM.Anza.Planpourlepavillonmexicainde1900.AGN,32/2.
202
AntonioMAnza.Planpourlepavillonmexicainde1900.AGN,32/2.
AntonioMAnza.Planpourlepavillonmexicainde1900.AGN,32/2.
Photographiespersonnelles
203
Revue technique de l’exposition universelle de 1900. 1. Première partie. Architecture et construction. Tome I, Paris, 1900.
Page110,fig.72.«CouverturedelatranchéedescheminsdeferdesMoulineauxsousle palais des armées de terre et de mer et de l’Hygiène et sous le pavillon duMexique».
Numérisation:Conservatoirenumériquedesartsetmétiers.
204
Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique. Tome deuxième, Paris, Imprimerie nationale, 1902.
Page 224. «Palais des armées de terre et de mer. Rotonde d’extrémité vers le pont del’Alma.»Numérisation:Conservatoirenumériquedesartsetmétiers.
205
7.LespavillonsofficielsduMexiqueauxexpositionsuniverselles
NewOrleans,1884.LekiosquemoresqueouMexicanAlhambra,JoséRamónIbarrola.
Numérisation:INAH,FototecaNacionalDigital
206
Paris,1889.LePalaisaztèque,AntonioPeñafieletAntonioM.Anza.
Numérisation:INAH,FototecaNacionalDigital
207
Paris,1900.LePalaisnéogrec,AntonioM.Anza.
Numérisation:INAH,FototecaNaciolDigital
208
209
8.Photographies:objetsmexicainsàParis1900
Jesús F. Contreras, à Mexico. « Malgré tout ». 1898, marbre. 160x173x69 cm. Groupe II, clase 9 : « Sculptures et gravure en médailles et sur pierres fines. »
Source : MUNAL, Museo Nacional de Arte. Photographie personnelle.
210
Agustín Ocampo, à Paris. « Désespoir ». 1900, marbre. 54x104x53 cm. Groupe II, clase 9 : « Sculptures et gravure en médailles et sur pierres fines »
Source : MUNAL, Museo Nacional de Arte. Photographie personnelle.
x 53 cm Sala 25
211
Antonio García Cubas, à Mexico. « Carta histórica y arqueológica » Exposition rétrospective du Mexique Source : MUNAL, Museo Nacional de Arte. Photographie personnelle.
212
Commission géographique exploratrice, à Xalapa (état de Veracruz) « Valée de Mexico » Groupe III, clase 14 : « Cartes et appareils de géographie et de cosmographie. Topographie »
Source : MUNAL, Museo Nacional de Arte. Photographie personnelle.
213
Institut médical national, à Mexico. « La vie sur les hauts plateaux » Groupe I, clase 3 : « Enseignement supérieur. Institutions scientifiques »
Source : Archivo General dela Nación, boîte 54/dossier 10. Photographie personnelle.
214
Cartesd’exposantsmexicains.Source:Archivo General dela Nación, boîte 22/dossier 2. Photographie personnelle.
215
9.Photographies:l’artmexicainàParis1889
José María Velazco, à Mexico. « Catedral de Oaxaca ». 1887, Huile sur toile. Groupe I, clase 1 : « Tableaux et Aquarelles ».
Source : MUNAL, Museo Nacional de arte. Photographie personnelle.
216
José María Velazco, à Mexico. « Valle de México ». 1878, Huile sur toile. Groupe I, clase 1 : « Tableaux et Aquarelles ». Source : MUNAL, Museo Nacional de arte. Photographie personnelle.
217
José Obregón, à Mexico. « El descubrimiento del pulque » ou « Xochitl présente au roi Tépancalzin le pulque qu’elle vient de découvrir ». 1869, Huile sur toile. Groupe I, clase 1 : « Tableaux et Aquarelles ».
Source : MUNAL, Museo Nacional de arte. Photographie personnelle.
218
PEÑAFIEL Antonio, Explication de l’édifice mexicain à l’Exposition Internationale de Paris en 1889, Barcelone, 1889.
«ProyectodeEdificioMexicanopara laExposición InternacionaldeParis1889,presentadopor los doctores señor Antonio Peñafiel e ingeniero Antonio M. Anza y aprobado por laSecretaríadeFomento».
Source:ArchivoGeneraldelaNación.«SecciónExposiciones».Photographiepersonnelle.
219
Jesús Contreras, à Paris. « Izcoatl : serpiente de obsidiana ». 1888-1889, Haut relief en bronze. 360x225 cm. Source : Jardín de la Triple Alianza, Mexico. Photographie personnelle.
220
Jesús Contreras, à Paris. « Nezahualcoyotl : coyote en ayuno, o coyote al asecho ». 1888-1889, Haut relief en bronze. 360x225 cm. Source : Jardín de la Triple Alianza, Mexico. Photographie personnelle.
221
Jesús Contreras, à Paris. « Totoquihuatzin : entrada de aves ». 1888-1889, Haut relief en bronze. 360x225 cm. Source : Jardín de la Triple Alianza, Mexico. Photographie personnelle.
222
223
Bibliographie
Archives
FranceBDHBibliotecadigitalhispánicaBIEBureauinternationaldesexpositionsBnFBibliothèquenationaledeFranceCNUMConservatoirenumériquedesartsetmétiersMQBMédiathèqueduQuaiBranlyMexiqueBNMBibliotecaNacionaldeMéxicoINAHFototecadigitaldelInstitutoNacionaldeAntropologíaeHistoriaUANLUniversidadAutónomadeNuevoLeónAGNArchivoGeneraldelaNación/InstitucionesGubernamentales:épocamodernaycontemporánea/AdministraciónPúblicaFederalS.XIX/Fomento/Sección165:Exposiciones
224
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Sourcesimprimées
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Imprimerie nationale, 1902. Premier congrès international de l’enseignement du dessin tenu à Paris en l’hôtel du Cercle de
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Exposition internationale universelle de 1900. Catalogue général officiel, Paris, Imprimerie Lemercier, 1900.
L’Exposition Universelle. 1900, Paris, Chaix, 1900. Musée rétrospectif de la classe 14 : cartes et appareils de géographie et de cosmographie,
topographie à l’exposition universelle internationale de 1900, à Paris : rapport du comité d’installation, Saint-Cloud, Belin frères, 1900.
Revue technique de l’exposition universelle de 1900, « Première partie. Architecture et construction ». Tome I, Paris, 1900.
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RAMOS ARIZPE Rafael, El alumbrado público en la ciudad de México: Estudio histórico, Mexico, 1900.
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ZAYAS ENRIQUEZ Rafael de, Les États-unis mexicains : leurs ressources naturelles, leur progrès et leur situation actuelle, Mexico, Ministère de Fomento, 1899.
Lista de las recompensas obtenidas por expositores mexicanos en la exposición universal de Paris 1900, México, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1901.
Catalogue officiel spécial du Mexique, Exposition universelle de Paris 1900, Paris, Imprimerie Lemercier, 1900.
La Clasificación General de Melvil Dewey Para Bibliotecas. Pubicada por la Oficina Internacional de Bibliografía de Bruselas.Traducción, Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1900.
Exposición Universal Internacional de 1900, en Paris. Actas de organización, Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1897.
Publicationsmexicainespourl’expositionde1889
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DIAZ Agustín, Commission géographique exploratrice de la République Mexicaine. Catalogue des objets composant le contingent de la comission, Paris, 1889.
GODOY José, México en París : reseña de la participación de la República Mexicana en la Exposición universal de París en l889, Mexico, Tipografía de Alfonso E. López, 1889.
PEÑAFIEL Antonio, Explication de l’édifice mexicain à l’Exposition Internationale de Paris en 1889, Barcelone, 1889.
RIVA PALACIO Vicente (éd.), México á través de los siglos. Historia general y completa del desenvolvimiento social, político, religioso, militar, artístico, científico y literario de
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México desde la antigüedad más remota hasta la época actual, Barcelone, José et Santiago Ballescá, 1889.
SECRETARÍA DE FOMENTO, La Comisión Mexicana en la Exposición Internacional de Paris, Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1889.
Lista de los premios y recompensas obtenidos por México en la Exposición de París de 1889, Paris, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1891.
Exposition Universelle Internationale de Paris 1889, catalogue officiel de l’Exposition de la République Mexicaine, Paris, Imprimerie Générale Lahure, 1889.
Reglamento économico para las funciones de la junta y personas auxiliares de la comisión mexiana, Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1889.
Autrespublicationsmexicaines
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Imprimerie centrale de Napoléon Chaix, 1856. ESCANDÓN Pedro, République mexicaine. Catalogue des produits naturels, industriels et
artistiques exposés dans la section mexicaine à l’éxposition universelle de 1855, Typographie de Firmin Didot Frères, 1855.
LICEAGA Eduardo, Mis recuerdos de otros tiempos, Mexico, 1949. DE MEDINA Y ORMAECHEA Antonio, La Exposición Universal del primer centenario Mexicano,
Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1894. DE MEDINA Y ORMAECHEA Antonio, Iniciativa para celebrar el Primer Centenario de la
Independencia de México con una exposición Universal, Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1893.
QUEVEDO Miguel Angel de, Relato de mi vida., S.l., 1943. SIERRA Just et Augustin ARAGON, Le Mexique, son évolution sociale : synthèse de l’histoire
politique, de l’organisation administrative et militaire et de l’état économique de la fédération mexicaine, Mexico, José et Santiago Ballescá, 1902.
SIERRA Justo et Agustín ARAGON, México: su evolución social: síntesis de la historia política, de la organización administrativa y militar y del estado económico de la federación mexicana ; de sus adelantamientos en el orden intelectual ; de su estructura territorial y del desarrollo de su población, y de los medios de communicación nacionales é internacionales ; de sus conquistas en el campo industrial, agrícola, minero, mercantil, etc., etc. Inventario monumental que resume en trabajos magistrales los grandes progresos de la nación en el siglo XIX, Mexico, José et Santiago Ballescá, 1900.
Lista de las Recompensas Obtenidas por Expositores Mexicanos en la Exposición Pan-Americana de Buffalo, Nueva York, Estados Unidos de América, 1901., Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1902.
Historia de las exposiciones desde los tiempos mas remotos hasta nuestros días; carta en que se demuestra la importancia y utilidad de inaugurar inmediatamente una exposición universal en Mexico, Mexico, Imprenta de B. Nichols, 1884.
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