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Etude de cas: la Cyber base® Justice de Gradignan
I – Objectifs de l’étude
L’objectif de l’étude s’inscrit dans une problématique de communication Humain/Machine.
Elle vise la production de nouvelles connaissances sur les modalités d’intégration et de
gestion de la dimension « instrumentée » de services TIC qualifiés dans un environnement
contraint ; notamment dans le cadre de l'expérimentation Cyberbase Justice de la Maison
d'Arrêt de Gradignan. Dans une optique de perfectibilité de l’existant, nous visons à terme la
formulation de préconisations pour le développement des potentialités des espaces Cyber-
base.
Nous focalisons l’attention sur la médiation et la médiatisation du dispositif informatique par
rapport à l’accès à l’information et à l’apprentissage (e.g. recherche d’emploi, bureautique,
alphabétisation). Il s’agit d’approfondir ce que signifie pour l’humain une communication
« interactive » avec un dispositif avec lequel il ne peut pas négocier ses objectifs mais qui
réagit à des commandes. Cette perspective nous amène à articuler notre analyse sur les deux
questions suivantes :
1. Quelles sont les difficultés des utilisateurs par rapport à la gestion des
réactions du dispositif ? Quels sont les écarts entre leurs attentes et les
performances des dispositifs existants ?
2. Quels sont la fonction et l’apport du dispositif par rapport aux objectifs des
apprenants au sein des différents ateliers d’enseignements (Cf. profils) ?
II – L’étude de terrain : méthodes de recueil des données
L’étude de terrain comprend deux méthodes de recueil de données : enregistrements
audiovisuels des activités des apprenants et entretiens semi directifs avec les différents acteurs
de la « Cyberbase justice » (détenus, formateurs, …). L’analyse de ces données nous
permettra de formuler des préconisations pour le développement des potentialités des services
TIC qualifiés en Région Aquitaine.
L’étude empirique en cours se déroule en deux temps, selon une planification préalable
concertée avec les participants du projet " Cyberbase Justice ", à la maison d’arrêt de
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Gradignan. Cette double investigation qualitative sur le déploiement de l’activité en train de
se faire et sur la structuration de l’activité effectuée, sera finalisé à l’identification de la
complémentarité des aspects sonores et visuels dans l’accès et la gestion de l’information
médié et médiatisé par un dispositif numérique.
La méthodologie déployée dans le cadre de la présente recherche offre deux particularités qui
caractérisent son originalité. La première tient au fait qu’elle procède dans toute sa trajectoire,
d’un échange constant avec les acteurs des interventions de formation et d'accompagnement.
Les contraintes du contexte sécuritaire posent en effet des problèmes classiques aux
enseignants en prison quant à leur rôle, qu’on sait traversé d’enjeux spécifiques et complexes.
L’introduction des nouvelles technologies éducatives (notamment le recours aux ressources
numériques) vient questionner de façon cruciale les perspectives liées à l’enseignement en
milieu carcéral, en déplaçant certaines pratiques, certitudes et orientations usuelles. L'accès à
l'information et la résorption en générale de la "fracture numérique" pour des couches
défavorisées représente en enjeu primordial dans la trajectoire de réinsertion des populations
détenues.
La seconde spécificité tient à la méthodologie originale d’enquête déployée dans ce projet.
Pour mieux comprendre le déploiement des activités d’apprentissage (et d’enseignement)
dans les différents ateliers de la Cyber Base® Justice, nous nous sommes intéressés aux
interactions co-produites par les différents acteurs. A cette fin ont été mis en œuvre deus
méthodes de recueil de données. Notamment :
1) des observations directes de type ethnographique supportées par des enregistrements
audiovisuels, des différents usages concernant les différents profils d'utilisateur d'internet,
déterminés par l'administration pénitentiaire ;
2) des entretiens avec les différents acteurs, visant l’explicitation des tâches et des
actions effectuées, par rapport à l’activité de recherche d’information et par rapport à
l’activité d’accompagnement pour sa maitrise. L’intérêt de cette seconde phase de notre étude
est de recueillir les discours des apprenants à propos des tâches effectuées et les discours des
formateurs impliqués dans l’acquisition de la compétence sous-jacente à la maîtrise de la
dimension « instrumentée » de l’activité des utilisateurs.
L'ethnographie fondée sur des enregistrements audiovisuels d'usages d'internet et les
entretiens semi-directifs avec les formateurs et les utilisateurs, ont requis la mobilisation
conjointe des connaissances et savoir faire des deux partenaires en collaboration avec
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l'administration pénitentiaire et les formateurs.
L'observation ethnographique implique la mise en place du dispositif d’enregistrement, la
transcription, le visionnement répété, l'organisation du projet, l'archivage et la
communication. Dans toutes les étapes, une attention particulière est portée à l'anonymat des
personnes filmées (floutage dynamique, non reconnaissance des lieux physiques, etc.) et à
leur droits à l'image.
La mise en œuvre d’entretiens semi-directifs visent l’explicitation de l’action et du vécu de
l’utilisateur-apprenant une fois l’activité effectuée. Ils s’appuient sur les réponses fournies par
ces derniers dans un questionnaire socio-pédagogique proposé au début des séances
d’enregistrement avec une demande d’autorisation de filmer les activités des apprenants. Ils
ont aussi permis de recueillir l'expérience des formateurs et des autres acteurs.
Questionnaire socio-pédagogique :
Par ce court questionnaire nous avons voulu recueillir des informations sur les éléments
suivants :
-‐ informations biographiques : date et lieu de naissance
-‐ niveau de scolarisation
-‐ niveau de familiarité avec l’outil informatique
-‐ finalités dans l’utilisation d’Internet
-‐ objectifs poursuivis au sein de la cyber-base
-‐ difficultés rencontrées dans la réalisation des activités (tâches).
Le questionnaire était proposé à la suite de la déclaration d’autorisation d’être filmé.
III - La mise en place du dispositif d'enregistrement
III.1 - L'observation ethnographique
Au début de cette étude de terrain (juillet 2010), l'équipe de recherche a mis en place un
premier dispositif d'enregistrement fondé sur l'utilisation de deux caméras placées deux coins
différents de la Cyber Base®. Le schéma suivant montre le dispositif d'enregistrement adopté:
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Les deux copies d'écran suivantes montrent les deux prises de vues réalisées par les deux caméras:
* Caméra 1
* Caméra 2
- Le nouveau dispositif d'enregistrement
Pour mieux suivre les interactions, notamment celles entre l'ordinateur et l'apprenant, l'équipe
de recherche a mis en place un nouveau dispositif d'enregistrement comprenant trois caméras.
Les deux premières sont focalisées sur des activités bien particulières tandis que la troisième
caméra a pour objectif d'avoir une vue globale sur les différentes activités réalisées:
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Bureau de l’enseignant
Caméra1 Caméra 2
Les trois copies d'écran suivantes montrent les résultats de ce nouveau dispositif d'enregistrement:
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- Caméra 3
III.2 - La mise en œuvre des entretiens semi-directifs
III.2.1 – Les discours des apprenants
L’objectif des entretiens avec les apprenants est d’expliciter par un retour réflexif leur vécu
par rapport aux activités effectuées au sein de la cyber-base. Notamment les difficultés
rencontrées et les succès obtenus dans leur apprentissage.
Les entretiens se sont déroulés en dehors de l’espace dédié à la Cyber-base dans les locaux de
la Maison d’arrêt dédiés aux rencontres entre les détenus et différents intervenants
professionnels (psychologue, sociologue,…). Il s’agit de petits locaux (chaque côté mesure
1m ou 1,5m) de forme trapézoïdale ou triangulaire, placés au rez de chaussé du bâtiment C
près du local qui héberge la Cyber-base. Pour des questions de sécurité, ils sont parfaitement
transparents vers l’extérieur : au minimum un des côtés de la pièce est constitué d’une baie
vitrée. Selon les cas, la responsable de la Cyber-base était présente. Pour des questions
d’organisation de l’institution sécuritaire et/ou d’emploi du temps des détenus le temps de
l’entretien est toujours limité à 30 minutes.
Contrairement à ce qui avait été prévu au début, le entretiens ont été enregistrés au moyen
d’une caméra placée dans un des angles du local dans lequel ils se sont déroulés. Le choix de
recueillir des données audio-visuelles s’explique par le soucis de rendre visibles les
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contraintes logistiques et temporelles déterminées par le terrain de recueil de la parole des
apprenants.
La limite du temps imparti ne nous a pas permis de mettre en œuvre de vrais entretiens
d’explicitation de l’action (Vermersch, 2006). Cependant les entretiens effectués s’inspirent
de la méthode de Pierre Vermersch. Notamment par le contrat communicationnel passé avec
l’interviewe et le type de questions posées. Pour le premier point, l’apprenant est informé sur
l’objectif de l’entretien et son accord est demandé afin qu’il puisse être réalisé. D’après le
cahier des charges élaboré, les questions sont organisées autour des trois thèmes suivants :
mise en contexte par rapport à la fréquentation de la cyber-base (objectifs, nombre d’heures,
types d’activités et/ou d’ateliers suivis), focalisation sur le vécu d’action des interviewes
(manipulation du dispositif) et leurs interactions (avec l’enseignant et/ou les autres
apprenants) dans des tâches spécifiques, description d’une difficulté récurrente et d’un
apprentissage réussi.
III.2.1 – Les discours des formateurs
L’objectif poursuivi dans les entretiens avec les formateurs est d’identifier comment ils se
représentent leur fonction d’accompagnateur dans les différentes tâches d’apprentissage, quels
sont les problèmes rencontrés avec les différents types de population (adultes et mineurs) et
quel est leur vécu par rapport aux succès et aux difficultés des apprenants. Pour ces entretiens,
qui se sont déroulés surtout à la fin des séances d’enregistrement des activités des apprenants,
on a préféré ne pas élaboré un vrai cahier des charges afin de recueillir la parole des
enseignants « à chaud » tout de suite après leur activité d’accompagnement.
III.2.1 – Les discours des responsables de l’administration pénitentiaire
IV - Le traitement des données du corpus audio-visuel
IV.1 – Les pratiques des apprenants
Le traitement des données audiovisuelles sur les activités déployées dans les ateliers mis en
place au sein des différents profils de la Cyber Base Justice a impliqué les étapes suivantes:
A- Le visionnement des données recueillies
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L'équipe de recherche a commencé, dans un premier temps, à visionner plusieurs fois les
différents enregistrements réalisés à partir du mois de juillet 2010 au mois de juillet 2011. Il
est à préciser que ces nombreux visionnements ont permis d'adapter le dispositif
d'enregistrement pour mieux suivre les différentes interactions des acteurs impliqués dans ce
dispositif de formation en milieu carcéral (voir le dispositif d'enregistrement plus haut)
B- Le repérage des interactions
A partir de ces différents visionnements, trois catégories principales d'interactions ont été
identifiées. Elles concernent:
1- Les activités de formation :
- Explication de CV
- Rédaction de CV
- Correction de CV
- Rédaction de livret professionnel
- Recherche d'offre d'emploi
- Exercices en ligne
- Initiation à l'ordinateur
B- Accompagnement/ suivi/Guidage lors de
- La découverte de l'ordinateur
- La rédaction de CV
- La rédaction de textes
C- Entretiens avec les différents acteurs:
- Formateurs
- Apprenants (adultes/mineurs)
- Responsables de l'administration pénitentiaire
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Le schéma suivant détaille les différentes interactions produites dans le cadre de ces trois
catégories repérées dans le corpus de recherche:
C- La séquentialisation des données
Activités de formation
Accompagnement /Suivi/Guidage
Entretiens avec les acteurs
concernés
Interactions
Enseignant/Apprenants
Interactions
Apprenants/ Ordinateur
Interactions
Enseignant/ Enseignant
Interactions
Apprenant/ Apprenant
Interactions
Enseignant/Apprenant
Interactions
Enseignant/ Chercheurs
Interactions
Chercheurs/ Apprenants
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Avant de procéder à l'analyse de différentes données, il s'avère important de réaliser des
séquences portant sur les différentes activités déjà repérées. En janvier 2011, l'équipe de
recherche a pu réaliser 52 séquences. Ce processus de séquentialisation a exigé la mise en
place d'un système d'indexation pour faciliter le repérage et l'archivage des séquences
réalisées.
Il est à souligner que le système d'indexation adopté se compose de quatre éléments
principaux à savoir:
1 2 3 4
Contexte (Lieu et Date) + Activité+ (Phénomène observé) + Localisation dans l'enregistrement d'origine
- Exemple de l'indexation d'une séquence
- Cyberbase Gradignan juillet 2010 + Enseignement/Guidage+ Vidéo 1, Caméra 1, minute 9
- Dans l'index, cette séquence est intitulée :
CB_GRAD_JUI10-ENS_GUID-V1C109
Dans le cadre de ce processus d'indexation, une liste des sigles a été élaborées par l'équipe de
recherche. Il s'agit d'une liste évolutive qui change selon les nouvelles interactions repérées à
la Cyber base Justice. Voici la liste des sigles proposés:
1) Contexte
SIGLE SIGNIFICATION CB Cyber base
GRAD Gradignan RAU Raudin PUB Public SPE Spécialistes LON long COU Court/Courte JUI Juillet SEP Septembre
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OCT Octobre PEL Pelletier (coordinatrice de la Cyber base
Justice, Gradignan) PRE présentation
11 2011 10 2010
2- Activités
SIGLE SIGNIFICATION - ACCO Accompagnement: - ACTI activité - AID Aide - AL Aide Linguistique - AP Aide Personnalisée - APP Apprentissage - AUT Autoévaluation - CAL Calcul - CLA Clavier - CHOI Choix - CORR Correction - DECO Découverte - DIFFI Difficultés - DISS Discussion - DISP Dispositif - ENSE Enseignement - ENTR Entretien - EXER Exercice -FA Fin d'activité - GUID Guidage -IMPR Impression - INIT Initiation - LP Livret Professionnel -: MIN Mineur - OE Offres d'Emploi - ORDI Ordinateur - PDE Prise en compte du Dispositif
d'Enregistrement - PREP Préparation - Pro profil - QUE Questionnaire - RECHE Recherche - REDA Rédaction - RI Recherche d'Informations - SF Salle de formation - SUIV Suivi - TABL Tableau - TP Travail Personnel