L’attachement, de la théorie à la clinique
00 1° pages Pierrehumbert 18/09/09 12:14 Page 3
Extrait de la publication
ONT PARTICIPÉ À CET OUVRAGE
Michel Bader
Geneviève Balleyguier
Nicolas Favez
France Frascarolo
Bernard Golse
Nicole Guédeney
Olivier Halfon
Philippe Jeammet
Serge Lebovici
Jean-Pierre Lecanuet
Jean Le Camus
Raphaële Miljkovitch
Sylvain Missonnier
Hubert Montagner
Martine Morales-Huet
Blaise Pierrehumbert
Catherine Rabouam
Chantal Zaouche-Gaudron
00 1° pages Pierrehumbert 18/09/09 12:14 Page 4
Extrait de la publication
Sous la direction de
Blaise Pierrehumbert
L’attachement,de la théorie à la clinique
00 1° pages Pierrehumbert 18/09/09 12:14 Page 5
Extrait de la publication
Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représen-tation, intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédéque ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans leconsentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Codede la propriété intellectuelle.L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenueauprès du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20, rue desGrands-Augustins, 75006 Paris, tél. 01 44 07 47 70, fax 01 46 34 67 19.
Conception de la couverture :Anne Hébert
Version PDF © Éditions érès 2012CF - ISBN PDF : 978-2-7492-2690-3Première édition © Éditions érès 2005
33, avenue Marcel-Dassault, 31500 Toulouse, Francewww.editions-eres.com
00 1° pages Pierrehumbert 5/09/12 9:13 Page 6
Extrait de la publication
Introduction« Je t’aime, moi non plus » :théorie de l’attachement et psychanalyseSylvain Missonnier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
L’attachement en FranceBlaise Pierrehumbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
L’imprinting, l’attachement, le lienHubert Montagner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
De l’empreinte à l’amour romantiqueRaphaële Miljkovitch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
L’attachement entre théorie des pulsions et théorie de la relation d’objetBernard Golse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
La transmission intergénérationnelle à travers le prisme de la psychanalyse et de l’attachementOlivier Halfon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
L’attachement chez l’enfantQuelques notions à mettre en évidenceSerge Lebovici . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Table des matières
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 141
Extrait de la publication
Apports de la théorie de l’attachement aux traitements conjoints parents-bébésÀ propos de la construction du cadre et du niveau possible des interprétationsNicole Guédeney, Martine Morales-Huet, Catherine Rabouam, Philippe Jeammet . . . . . . . . . . . . . . . 61
La théorie de l’attachement constitue-t-elleune trahison de la psychanalyse ?Michel Bader. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
John Bowlby et Henri Wallon :des chevauchements possiblesChantal Zaouche-Gaudron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
La théorie de l’attachement : une théorie déterministe ?Raphaële Miljkovitch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
MiscellanéesJean-Pierre Lecanuet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Le bébé, sa mère et sa nounouGeneviève Balleyguier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Comment et à qui s’attache le jeune enfant ?France Frascarolo, Nicolas Favez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
Quelle place pour le père dans la théoriede l’attachement ?Jean Le Camus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Pour aller plus loin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 142
Extrait de la publication
Depuis la publication inaugurale en France dansles années 1980 de la célèbre trilogie Attachementet perte 1, l’œuvre de John Bowlby n’a cessé dedynamiser la réflexion des cliniciens de la psyché.À l’évidence, la théorie de l’attachement est undes paradigmes les plus féconds de la fin dusiècle dernier et sa potentialité heuristique en ce
Introduction« Je t’aime, moi non plus » :
théorie de l’attachement et psychanalyse
Sylvain Missonnier
Sylvain Missonnier, Maître de conférences en psychologie clinique,Paris X-Nanterre, Laboratoire du LASI.
1. PUF, t. 1 1978, t. 2 1978, t. 3 1984.
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 7
début du troisième millénaire s’annonce des plusprometteuse.
DÉCHIREMENTS ?
Dès son apparition, les relations tumultueusesentre ce paradigme novateur et la psychanalyseont occupé le devant de la scène. Plus encore, onpeut affirmer rétrospectivement : cette optionthéorique a puisé une bonne part de sa créativitédans la vivacité de cette conflictualité.
Bowlby s’est toujours considéré dans la filiationfreudienne et il s’est revendiqué psychanalystejusqu’à la fin de sa vie 2. Pour autant, force est deconstater combien la « révision déchirante 3 » decertains points de la doctrine induite par sespropositions a divisé et divise encore aujourd’huila communauté psychanalytique sur la légitimitéde cette revendication.
Le cœur de la théorie de Bowlby peut se résumerlapidairement ainsi : chez l’humain comme chezl’animal, l’attachement est un besoin primaire,inné, biologiquement déterminé de la mêmefaçon que tous les autres besoins fondamentauxliés à la survie.
L’attachement, de la théorie à la clinique8
2. J. Bowlby, 1986, « L’avènement de la psychiatrie dévelop-pementale a sonné », Devenir, 1992, 4, 4, p. 7-31.
3. S. Lebovici, « La théorie de l’attachement et la métapsy-chologie freudienne », Devenir, 4, 4, 1992, p. 33-48.
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 8
Extrait de la publication
Bowlby raconte qu’au départ, c’est sa découvertedes effets du placement sur de jeunes enfantsséparés de leur mère et confiés à des personnesétrangères qui l’a conduit à s’intéresser à l’originede leur détresse. Il écrit : « la seule théorie exis-tant à cette époque était que l’enfant se lie à samère parce qu’elle le nourrit 4 ».
Freud et ses héritiers orthodoxes décrivent eneffet la naissance de l’objet interne comme leproduit de l’étayage du désir sur les expériencesengrammées de satisfaction du besoin nourricier.Avec sa vision de l’attachement inspirée de l’étho-logie animale, Bowlby va s’opposer frontalementà cette conception et remettre en cause les théo-ries de l’étayage et de la naissance de la représen-tation (la satisfaction hallucinatoire du désirs’appuie sur la réactivation des traces mémoriséesd’expériences de plaisir).
SYNERGIE ?
En France, sous l’impulsion de psychanalystesouverts aux échanges avec la psychologie de l’en-fant 5 et prenant le risque d’une relecture critiquede leur doctrine, « l’enfant de l’attachement 6 » va
Introduction 9
4. J. Bowlby, 1986, « L’avènement de la psychiatrie dévelop-pementale a sonné », Devenir, 1992, 4, 4, p. 7-31.
5. R. Zazzo (sous la direction de), L’attachement, Delachauxet Niestlé, 1992.
6. S. Lebovici, « La théorie de l’attachement et la métapsy-chologie freudienne », Devenir, 4, 4, 1992, p. 33-48.
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 9
Extrait de la publication
naître. Rompant avec une ligne de clivage persis-tante, il se situe à l’entrecroisement de l’enfantreconstruit après-coup dans la cure d’adulte et del’enfant ici-et-maintenant de l’observation directe.Il est aussi le fruit de la rencontre du soi géné-tique auto-organisé 7 et du soi interpersonnel 8. Ilva intégrer la transmission générationnelle desmodèles internes d’attachements (internal workingmodels) dans la clinique mais en les enrichissantprofondément : loin d’être des modèles rigides àla transmission implacable, ils restent, toute la viedurant, à la fois dépositaires du mandat généra-tionnel parental et plastiques. Dans cette optiquefédératrice, les schèmes d’attachements réelle-ment vécus par le bébé constituent la fondationde la sexualité infantile qui émerge via lefantasme dans l’après-coup.
« Il n’est certainement plus possible de resteraujourd’hui fidèle à la métapsychologie freu-dienne concernant la naissance de l’objet 9 » écritalors Serge Lebovici, promoteur avisé de l’œuvrede Bowlby. Pour le psychanalyste, cette « révision
L’attachement, de la théorie à la clinique10
7. L. Von Bertalanffy, 1968, Théorie générale des systèmes,Paris, Dunod, 1993 ; H. Atlan, « Entre le cristal et lafumée », Essai sur l’organisation du vivant, Paris, Le Seuil,1979.
8. D.N. Stern, Le monde interpersonnel du nourrisson, Paris,PUF, 1989.
8. S. Lebovici, « La théorie de l’attachement et la métapsy-chologie freudienne », Devenir, 4, 4, 1992, p. 33-48.
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 10
Extrait de la publication
déchirante 10 » ne prend sens que dans la mesureoù elle permet d’argumenter une filiation fantas-matique générationnelle du soi épigénétique dubébé compatible avec le paradigme freudien del’après-coup et, in fine, applicable aux scénariosinteractifs mis en scène par la triade parents/bébéen présence du psychanalyste dans la consulta-tion thérapeutique 11 ou encore dans la répétitiontransférentielle dans la cure type.
Dans cette mouvance d’une confrontation épisté-mologique constructive, la proposition deBernard Golse d’une « pulsion d’attachement 12 »dépasse le caractère « déchirant » de cette révi-sion. De fait, la pulsion d’attachement illustrebien la virtualité clinique d’une mise en perspec-tive des théories freudienne de la pulsion, del’étayage avec celle de l’attachement. L’élégantsyncrétisme auquel Golse nous convie, dynamisel’avenir de la notion centrale de représentation enla libérant d’une double méprise : Bowlby n’a pasune vision uniquement cognitive de la représen-tation coupée de toute affectivité et sa conceptua-lisation ne se réduit pas à une naïve psychologie
Introduction 11
10. S. Lebovici, « La théorie de l’attachement et la métapsycho-logie freudienne », Devenir, 4, 4, 1992, p. 33-48.
11. S. Missonnier, La consultation thérapeutique périnatale,Toulouse, érès, 2003.
12. D. Cupa (sous la direction de), « La pulsion d’attache-ment : info ou intox ? », L’attachement. Perspectives actuelles,EDK, 2000.
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 11
Extrait de la publication
de la présence opposable à une docte métapsy-chologie psychanalytique de l’absence.
Peter Fonagy dans un ouvrage synthétiqueremarquable 13, donne au lecteur des clés supplé-mentaires permettant d’approfondir et decomplexifier la pertinence de cette rencontreentre concepts psychanalytiques et modèles del’attachement. À partir d’une revue critique trèscomplète des diverses options en présence danscette confrontation polémique, il montre qu’il esttemps d’enterrer la hache de guerre et d’envisagerau quotidien du soin psychothérapeutique lacomplémentarité des perspectives intrapsychiqueet interpersonnelle. Outre Fonagy lui-même, desauteurs anglo-saxons comme Karlen Lyons-Ruth,Morris Eagles, Jeremy Holmes, Arietta Slade,Alicia Lieberman (malheureusement pas encoretraduits) illustrent bien la richesse et la diversitéde l’alliance entre une psychanalyse rigoureusemais ouverte et une théorie de l’attachement irri-guée par l’apport substantiel des neurosciences.
Mise en perspective dialectique ne signifie pasconfusion. Dans cet esprit, il est bon de toujoursgarder à l’esprit les éclairantes propositions deDaniel Widlocher 14 pour distinguer (sans les
L’attachement, de la théorie à la clinique12
13. P. Fonagy, Théorie de l’attachement et psychanalyse,Toulouse, érès, 2004.
14. D. Widlöcher, « Amour primaire et sexualité infantile :un débat de toujours », dans Sexualité infantile et attache-ment, Paris, PUF, 2000.
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 12
Extrait de la publication
cliver) la sexualité infantile « une forme de créati-vité psychique précoce et une forme de plaisirassez bien déterminée par le terme d’auto-érotisme ») et ce que le hongrois Michael Balintnommait l’amour primaire qui « ne peut résulterque d’un programme inné, d’un instinct auquelles travaux de Bowlby et de ses successeurs ontapporté un éclairage remarquable. »
En d’autres termes, l’amour primaire de l’attache-ment et l’après-coup fantasmatique de la sexualitéinfantile réussiront à dialoguer à condition d’êtredégagés du charybde d’une lutte de préséance et duscylla d’une tentation de se fondre en une seule entité.
L’AVENIR
Dans la filiation de Bowlby et des recherchesprinceps de ses héritiers (Mary Ainsworth, MaryMain…) de nombreux travaux ont vu le jour. Ens’appuyant sur les fameux protocoles de laStrange Situation, de l’Adult Attachement Interviewet de l’Attachment Story Complement, ils démon-trent combien la recherche clinique en psychopa-thologie peut bénéficier de cette filière.
Dans la diffusion francophone de ces protocoles,le lausannois Blaise Pierrehumbert joue depuis denombreuses années un rôle essentiel de défri-cheur créatif et de généreux passeur 15.
Introduction 13
15. B. Pierrehumbert, Le premier lien. Théorie de l’attachement,Paris, Odile Jacob, 2003. Pour des formations sur l’attache-ment, <www.lecopes.com>
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 13
En France, Raphaële Miljkovitch (Paris X-Nanterre) étudie et diffuse la connaissance de latransmission des modèles d’attachement et de sesavatars 16. Jean Le Camus 17 (Toulouse II) envisagela spécificité de la partition paternelle. De leurcôté, les parisiens Nicole Guedeney (InstitutMutualiste Montsouris) et Antoine Guedeney(Hôpital Bichat) ont recours à la théorie de l’atta-chement dans leur pratique de psychiatres d’en-fants 18. Signe des temps, le second organise undiplôme universitaire traitant exclusivement del’attachement 19. Dans le cadre de la WAIMH fran-cophone 20 qui réunit des professionnels de lapérinatalité et de la petite enfance, Bernard Golseet moi même avons récemment publié un recueiltémoignant de deux journées consacrées à lathéorie de l’attachement, la narrativité et lapsychanalyse 21.
L’attachement, de la théorie à la clinique14
16. R. Milkovitch, L’attachement au cours de la vie, Paris, PUF,2001.
17. J. Le Camus, Le vrai rôle du père, Paris, Odile Jacob,2000.
18. N. Guedeney, A. Guedeney, L’attachement. Concepts etapplications, Paris, Masson, 2002.
19. www.sigu7.jussieu.fr/formation/MentionDIP.php?ND=712
20. Branche francophone de la World Association for InfantMental Health,<www.psynem.necker.fr/Waimh/Francophone/index.htm>
21. B. Golse, S. Missonnier, Récit, attachement et psychana-lyse, Toulouse, érès, 2005.
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 14
Le présent ouvrage est une nouvelle étape dansl’avancée du chantier en cours. Autour de BlaisePierrehumbert, il réunit de nombreux auteurs quitraitent de pièces essentielles de ce puzzle théo-rico-clinique.
Son format synthétique, sa vocation didactique etsa lisibilité en font un incontournable outil pourtous ceux qui veulent s’initier aux rudimentsfondamentaux de la théorie de l’attachement. Leciblage des thèmes traités et l’originalité desouvertures épistémologiques offrent aussi unelecture stimulante pour les connaisseurs. Les unscomme les autres se dégourdiront agréablementles yeux entre deux chapitres en visitant l’espaceInternet dévolu à l’attachement sur le site deCarnet/PSY 22.
Au fond, l’attachement éditorial entre érès et leCarnet/PSY a donné naissance à un ouvrage biensecure !
Introduction 15
22. www.carnetpsy.com/Archives/Dossiers/Items/Attachement/
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 15
Extrait de la publication
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 16
Extrait de la publicationExtrait de la publication
01 Introduction Pierrehumbert 18/09/09 12:15 Page 16
Extrait de la publicationExtrait de la publication
Pour une génération d’étudiants français, l’attache-ment est resté indissociable du fameux colloqueimaginaire, mis sur pied et publié par René Zazzoen 1974, colloque auquel, du reste, John Bowlbyavait contribué. Zazzo présentait cet ouvrage enaffirmant qu’il aurait manqué son but s’il aboutis-sait à un débat pour ou contre la psychanalyse.Dans les pays anglophones, le débat a perdu deson enjeu épistémologique, soit parce que l’atta-chement est passé dans les mains des psycho-logues du développement, soit parce que lespsychanalystes proposant une articulation entre
L’attachement en France
Blaise Pierrehumbert
Blaise Pierrehumbert, psychologue SUPEA, Lausanne (Suisse).
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 17
Extrait de la publicationExtrait de la publication
Pour une génération d’étudiants français, l’attache-ment est resté indissociable du fameux colloqueimaginaire, mis sur pied et publié par René Zazzoen 1974, colloque auquel, du reste, John Bowlbyavait contribué. Zazzo présentait cet ouvrage enaffirmant qu’il aurait manqué son but s’il aboutis-sait à un débat pour ou contre la psychanalyse.Dans les pays anglophones, le débat a perdu deson enjeu épistémologique, soit parce que l’atta-chement est passé dans les mains des psycho-logues du développement, soit parce que lespsychanalystes proposant une articulation entre
L’attachement en France
Blaise Pierrehumbert
Blaise Pierrehumbert, psychologue SUPEA, Lausanne (Suisse).
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 17
Extrait de la publicationExtrait de la publication
Pour une génération d’étudiants français, l’attache-ment est resté indissociable du fameux colloqueimaginaire, mis sur pied et publié par René Zazzoen 1974, colloque auquel, du reste, John Bowlbyavait contribué. Zazzo présentait cet ouvrage enaffirmant qu’il aurait manqué son but s’il aboutis-sait à un débat pour ou contre la psychanalyse.Dans les pays anglophones, le débat a perdu deson enjeu épistémologique, soit parce que l’atta-chement est passé dans les mains des psycho-logues du développement, soit parce que lespsychanalystes proposant une articulation entre
L’attachement en France
Blaise Pierrehumbert
Blaise Pierrehumbert, psychologue SUPEA, Lausanne (Suisse).
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 17
Extrait de la publicationExtrait de la publication
les deux théories, comme Jeremy Holmes ou PeterFonagy, se sont engagés dans une voie que nouspourrions qualifier de pragmatique. La questionserait restée plus sensible en France. SergeLebovici propose une perspective qui ne se laisseréduire ni à l’enfant réel ni à l’enfant du fantasme.Suivant son enseignement, ce cahier ne s’est pasvoulu consensuel autour de l’attachement, mais ilmise plutôt sur la créativité de la confrontation.
On le verra au cours des diverses interventions,toutes francophones : le but est largement atteint.Ce qui n’est pas sans suggérer que les franco-phones ont peut-être un apport spécifique àproposer dans ce domaine. Nous avons égale-ment sollicité pour ce cahier la contribution d’uncertain nombre de spécialistes soulignant les inté-rêts, mais également les insuffisances, de la théo-rie de l’attachement.
HOMMAGE À MARY AINSWORTH
La théorie de l’attachement est désormais orphe-line de père et de mère. Neuf ans après JohnBowlby, Mary D. Salter Ainsworth est décédée, àl’âge de 83 ans, en 1999. Elle était professeurémérite de psychologie à l’université de Virginia.
Elle restera la personne qui a installé fermementla théorie de l’attachement dans la psychologiedu développement. Son nom est indissociable dela situation étrange qu’elle a imaginée alors qu’elletravaillait à l’université John Hopkins, à
L’attachement, de la théorie à la clinique18
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 18
les deux théories, comme Jeremy Holmes ou PeterFonagy, se sont engagés dans une voie que nouspourrions qualifier de pragmatique. La questionserait restée plus sensible en France. SergeLebovici propose une perspective qui ne se laisseréduire ni à l’enfant réel ni à l’enfant du fantasme.Suivant son enseignement, ce cahier ne s’est pasvoulu consensuel autour de l’attachement, mais ilmise plutôt sur la créativité de la confrontation.
On le verra au cours des diverses interventions,toutes francophones : le but est largement atteint.Ce qui n’est pas sans suggérer que les franco-phones ont peut-être un apport spécifique àproposer dans ce domaine. Nous avons égale-ment sollicité pour ce cahier la contribution d’uncertain nombre de spécialistes soulignant les inté-rêts, mais également les insuffisances, de la théo-rie de l’attachement.
HOMMAGE À MARY AINSWORTH
La théorie de l’attachement est désormais orphe-line de père et de mère. Neuf ans après JohnBowlby, Mary D. Salter Ainsworth est décédée, àl’âge de 83 ans, en 1999. Elle était professeurémérite de psychologie à l’université de Virginia.
Elle restera la personne qui a installé fermementla théorie de l’attachement dans la psychologiedu développement. Son nom est indissociable dela situation étrange qu’elle a imaginée alors qu’elletravaillait à l’université John Hopkins, à
L’attachement, de la théorie à la clinique18
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 18
les deux théories, comme Jeremy Holmes ou PeterFonagy, se sont engagés dans une voie que nouspourrions qualifier de pragmatique. La questionserait restée plus sensible en France. SergeLebovici propose une perspective qui ne se laisseréduire ni à l’enfant réel ni à l’enfant du fantasme.Suivant son enseignement, ce cahier ne s’est pasvoulu consensuel autour de l’attachement, mais ilmise plutôt sur la créativité de la confrontation.
On le verra au cours des diverses interventions,toutes francophones : le but est largement atteint.Ce qui n’est pas sans suggérer que les franco-phones ont peut-être un apport spécifique àproposer dans ce domaine. Nous avons égale-ment sollicité pour ce cahier la contribution d’uncertain nombre de spécialistes soulignant les inté-rêts, mais également les insuffisances, de la théo-rie de l’attachement.
HOMMAGE À MARY AINSWORTH
La théorie de l’attachement est désormais orphe-line de père et de mère. Neuf ans après JohnBowlby, Mary D. Salter Ainsworth est décédée, àl’âge de 83 ans, en 1999. Elle était professeurémérite de psychologie à l’université de Virginia.
Elle restera la personne qui a installé fermementla théorie de l’attachement dans la psychologiedu développement. Son nom est indissociable dela situation étrange qu’elle a imaginée alors qu’elletravaillait à l’université John Hopkins, à
L’attachement, de la théorie à la clinique18
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 18
les deux théories, comme Jeremy Holmes ou PeterFonagy, se sont engagés dans une voie que nouspourrions qualifier de pragmatique. La questionserait restée plus sensible en France. SergeLebovici propose une perspective qui ne se laisseréduire ni à l’enfant réel ni à l’enfant du fantasme.Suivant son enseignement, ce cahier ne s’est pasvoulu consensuel autour de l’attachement, mais ilmise plutôt sur la créativité de la confrontation.
On le verra au cours des diverses interventions,toutes francophones : le but est largement atteint.Ce qui n’est pas sans suggérer que les franco-phones ont peut-être un apport spécifique àproposer dans ce domaine. Nous avons égale-ment sollicité pour ce cahier la contribution d’uncertain nombre de spécialistes soulignant les inté-rêts, mais également les insuffisances, de la théo-rie de l’attachement.
HOMMAGE À MARY AINSWORTH
La théorie de l’attachement est désormais orphe-line de père et de mère. Neuf ans après JohnBowlby, Mary D. Salter Ainsworth est décédée, àl’âge de 83 ans, en 1999. Elle était professeurémérite de psychologie à l’université de Virginia.
Elle restera la personne qui a installé fermementla théorie de l’attachement dans la psychologiedu développement. Son nom est indissociable dela situation étrange qu’elle a imaginée alors qu’elletravaillait à l’université John Hopkins, à
L’attachement, de la théorie à la clinique18
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 18
Baltimore, à la fin des années 1960, en vue d’ob-server les processus d’attachement et d’explora-tion, originellement chez vingt-trois jeunesenfants qu’elle suivait depuis leur naissance. Ellevoulait vérifier, grâce à l’observation systématisée,ce que son intuition géniale lui avait fait entrevoirlors d’études « sur le terrain » en Ouganda, c’est-à-dire la présence de certaines différences inter-individuelles au niveau de la relation à la mère,plus particulièrement au niveau de la base secure,normalement offerte par la mère, permettant àl’enfant de s’ouvrir au monde et d’explorer.
Non seulement elle retrouva ces différences, maiselle précisa trois types d’attachement à la mère(attachement secure, anxieux-évitant et anxieux-ambivalent). Ce paradigme expérimental eut unsuccès gigantesque, et on peut se rendre comptede la justesse de l’intuition de Mary Ainsworthlorsque l’on considère que la situation étrange aété répétée des milliers de fois, dans des dizainesd’études (895 mentions de Ainsworth ou de lasituation étrange dans la base de donnéesPsychinfo), et que ces études ont constammentreconfirmé la présence de ces types d’attache-ment. La solidité théorique et expérimentale dece modèle a engendré une créativité inégaléedans la psychologie du développement. Ainsi, ens’appuyant sur ce modèle, les chercheurs se sontfinalement affranchis de l’étude de la relationmère-enfant et de l’approche strictement étholo-gique pour s’intéresser aux représentations d’atta-
L’attachement en France 19
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 19
Baltimore, à la fin des années 1960, en vue d’ob-server les processus d’attachement et d’explora-tion, originellement chez vingt-trois jeunesenfants qu’elle suivait depuis leur naissance. Ellevoulait vérifier, grâce à l’observation systématisée,ce que son intuition géniale lui avait fait entrevoirlors d’études « sur le terrain » en Ouganda, c’est-à-dire la présence de certaines différences inter-individuelles au niveau de la relation à la mère,plus particulièrement au niveau de la base secure,normalement offerte par la mère, permettant àl’enfant de s’ouvrir au monde et d’explorer.
Non seulement elle retrouva ces différences, maiselle précisa trois types d’attachement à la mère(attachement secure, anxieux-évitant et anxieux-ambivalent). Ce paradigme expérimental eut unsuccès gigantesque, et on peut se rendre comptede la justesse de l’intuition de Mary Ainsworthlorsque l’on considère que la situation étrange aété répétée des milliers de fois, dans des dizainesd’études (895 mentions de Ainsworth ou de lasituation étrange dans la base de donnéesPsychinfo), et que ces études ont constammentreconfirmé la présence de ces types d’attache-ment. La solidité théorique et expérimentale dece modèle a engendré une créativité inégaléedans la psychologie du développement. Ainsi, ens’appuyant sur ce modèle, les chercheurs se sontfinalement affranchis de l’étude de la relationmère-enfant et de l’approche strictement étholo-gique pour s’intéresser aux représentations d’atta-
L’attachement en France 19
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 19
Baltimore, à la fin des années 1960, en vue d’ob-server les processus d’attachement et d’explora-tion, originellement chez vingt-trois jeunesenfants qu’elle suivait depuis leur naissance. Ellevoulait vérifier, grâce à l’observation systématisée,ce que son intuition géniale lui avait fait entrevoirlors d’études « sur le terrain » en Ouganda, c’est-à-dire la présence de certaines différences inter-individuelles au niveau de la relation à la mère,plus particulièrement au niveau de la base secure,normalement offerte par la mère, permettant àl’enfant de s’ouvrir au monde et d’explorer.
Non seulement elle retrouva ces différences, maiselle précisa trois types d’attachement à la mère(attachement secure, anxieux-évitant et anxieux-ambivalent). Ce paradigme expérimental eut unsuccès gigantesque, et on peut se rendre comptede la justesse de l’intuition de Mary Ainsworthlorsque l’on considère que la situation étrange aété répétée des milliers de fois, dans des dizainesd’études (895 mentions de Ainsworth ou de lasituation étrange dans la base de donnéesPsychinfo), et que ces études ont constammentreconfirmé la présence de ces types d’attache-ment. La solidité théorique et expérimentale dece modèle a engendré une créativité inégaléedans la psychologie du développement. Ainsi, ens’appuyant sur ce modèle, les chercheurs se sontfinalement affranchis de l’étude de la relationmère-enfant et de l’approche strictement étholo-gique pour s’intéresser aux représentations d’atta-
L’attachement en France 19
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 19
Baltimore, à la fin des années 1960, en vue d’ob-server les processus d’attachement et d’explora-tion, originellement chez vingt-trois jeunesenfants qu’elle suivait depuis leur naissance. Ellevoulait vérifier, grâce à l’observation systématisée,ce que son intuition géniale lui avait fait entrevoirlors d’études « sur le terrain » en Ouganda, c’est-à-dire la présence de certaines différences inter-individuelles au niveau de la relation à la mère,plus particulièrement au niveau de la base secure,normalement offerte par la mère, permettant àl’enfant de s’ouvrir au monde et d’explorer.
Non seulement elle retrouva ces différences, maiselle précisa trois types d’attachement à la mère(attachement secure, anxieux-évitant et anxieux-ambivalent). Ce paradigme expérimental eut unsuccès gigantesque, et on peut se rendre comptede la justesse de l’intuition de Mary Ainsworthlorsque l’on considère que la situation étrange aété répétée des milliers de fois, dans des dizainesd’études (895 mentions de Ainsworth ou de lasituation étrange dans la base de donnéesPsychinfo), et que ces études ont constammentreconfirmé la présence de ces types d’attache-ment. La solidité théorique et expérimentale dece modèle a engendré une créativité inégaléedans la psychologie du développement. Ainsi, ens’appuyant sur ce modèle, les chercheurs se sontfinalement affranchis de l’étude de la relationmère-enfant et de l’approche strictement étholo-gique pour s’intéresser aux représentations d’atta-
L’attachement en France 19
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 19
chement de l’adulte ; ils y ont retrouvé lesmodèles d’attachement décrits par MaryAinsworth. Comme le formulait Evrett Waters,dans son éloge de M. Ainsworth : « Ses contribu-tions sur le plan théorique, méthodologique etexpérimental, aussi bien que son enseignement,sa camaraderie, et sa grâce, forment une basesecure à partir de laquelle des générations d’étu-diants pourront explorer. »
L’attachement, de la théorie à la clinique20
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 20
chement de l’adulte ; ils y ont retrouvé lesmodèles d’attachement décrits par MaryAinsworth. Comme le formulait Evrett Waters,dans son éloge de M. Ainsworth : « Ses contribu-tions sur le plan théorique, méthodologique etexpérimental, aussi bien que son enseignement,sa camaraderie, et sa grâce, forment une basesecure à partir de laquelle des générations d’étu-diants pourront explorer. »
L’attachement, de la théorie à la clinique20
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 20
chement de l’adulte ; ils y ont retrouvé lesmodèles d’attachement décrits par MaryAinsworth. Comme le formulait Evrett Waters,dans son éloge de M. Ainsworth : « Ses contribu-tions sur le plan théorique, méthodologique etexpérimental, aussi bien que son enseignement,sa camaraderie, et sa grâce, forment une basesecure à partir de laquelle des générations d’étu-diants pourront explorer. »
L’attachement, de la théorie à la clinique20
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 20
chement de l’adulte ; ils y ont retrouvé lesmodèles d’attachement décrits par MaryAinsworth. Comme le formulait Evrett Waters,dans son éloge de M. Ainsworth : « Ses contribu-tions sur le plan théorique, méthodologique etexpérimental, aussi bien que son enseignement,sa camaraderie, et sa grâce, forment une basesecure à partir de laquelle des générations d’étu-diants pourront explorer. »
L’attachement, de la théorie à la clinique20
02 Intérieur Pierrehumbert 18/09/09 12:16 Page 20