UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II
- LE MIRAIL
CENTRE D’ÉTUDES DU TOURISME, DE
L’HÔTELLERIE ET DES INDUSTRIES DE
L’ALIMENTATION
MASTER ALIMENTATION Parcours « Sciences sociales appliquées à l’alimentation »
MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE
L’alimentation
des migrants maliens :
de la campagne à la ville
Présenté par :
Julie LEPORT
Année universitaire : 2009 – 2010 Sous la direction de : Laurence Tibère
3
UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II
- LE MIRAIL
CENTRE D’ÉTUDES DU TOURISME, DE
L’HÔTELLERIE ET DES INDUSTRIES DE
L’ALIMENTATION
MASTER ALIMENTATION Parcours « Sciences sociales appliquées à l’alimentation »
MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE
L’alimentation
des migrants maliens :
de la campagne à la ville
Présenté par :
Julie LEPORT
Année universitaire : 2009 – 2010 Sous la direction de : Laurence Tibère
4
Remerciements
Je tiens à remercier, en premier lieu, Laurence Tibère pour le temps consacré à
l’encadrement de ce mémoire, pour son soutien et ses conseils précieux tout au long
de l’année.
Je remercie également Bernard Maire et l’ensemble de l’équipe du projet ALIMI pour
la confiance et le soutien qu’ils m’ont accordé dans la réalisation de ce travail.
Mes remerciements s’adressent également à Sébastien Rayssac pour ses réponses
toujours rapides aux questions de méthodologie.
Merci à mes proches pour leurs relectures et leur soutien.
5
Sommaire
REMERCIEMENTS 4
SOMMAIRE 5
INTRODUCTION GÉNÉRALE 6
MÉTHODOLOGIE 8
PARTIE I : LA SITUATION NUTRITIONNELLE AU MALI 10
1 LE PROJET ALIMI : LA CULTURE ALIMENTAIRE À L’ÉPREUV E DE LA MIGRATION.
CONSÉQUENCES POUR LES POLITIQUES ALIMENTAIRES 11
2 PRÉSENTATION DU MALI 14
3 LA NUTRITION AU MALI 22
PARTIE II : ALIMENTATION, NUTRITION ET MIGRATIONS 4 6
1 DE LA NUTRITION À L’ALIMENTATION COMME FAIT SOCIAL TOTAL 47
2 L’ESPACE SOCIAL ALIMENTAIRE POUR TRAITER DE L’ALIME NTATION DES MIGRANTS.
52
3 NOTION D’IDENTITÉ ET D’ADAPTATION EN SITUATION DE M IGRATION 54
4 VARIÉTÉ ET DIVERSITÉ EN SITUATION DE MIGRATION 58
PARTIE III : L’ALIMENTATION DES MIGRANTS MALIENS 61
1 LES MODÈLES ALIMENTAIRES MALIENS À TRAVERS L’ESPACE SOCIAL ALIMENTAIRE
62
2 INFLUENCE DE LA MODERNITÉ SUR LES MODÈLES ALIMENTAI RES MALIENS 71
3 LES DIFFÉRENCES URBAINS-RURAUX 73
CONCLUSION GÉNÉRALE 84
BIBLIOGRAPHIE 87
ANNEXES 91
ANNEXE A : QUESTIONNAIRE DE DIVERSITÉ DANS LE CADRE DU PROJET ALIMI 92
ANNEXE B : PROPOSITION DE QUESTIONNAIRE DANS LE CAD RE DE L’ÉTUDE ALIMI 94
TABLE DES SIGLES 112
LISTE DES FIGURES 113
TABLE DES MATIÈRES 114
6
Introduction Générale
« Nourrir le Monde du XXIème siècle » tel était le thème du Sommet Mondial de
l’Alimentation en 1996 à Rome. Depuis quelques années, de nombreux congrès,
sommets et conférences sont dédiés à la question de l’alimentation dans le monde.
Satisfaire les besoins alimentaires d’une population mondiale toujours plus
importante relève d’un défi planétaire qui suscite l’intérêt de nombreux protagonistes :
chercheurs, politiques, membres d’ONG (Organisation Non Gouvernementales)…
Parmi les grandes questions, celle de l’alimentation des pays en développement
semble plus que jamais d’actualité avec des situations de transition nutritionnelle
accélérée qui placent côté à côte des problèmes de dénutrition et des situations de
maladies chroniques liées à l’excès.
La nécessité de la gestion de l’alimentation dans les pays en développement fait
l’objet d’une prise de conscience de leur gouvernement. Ce problème complexe
mérite une attention particulière et pluridisciplinaire afin d’obtenir des résultats
prometteurs et durables.
C’est le cas du Mali qui fait partie des quatre pays les plus pauvres du monde et au
sein duquel l’alimentation revêt une importance cruciale face aux défis économiques,
sociaux et climatiques.
L’étude des modèles alimentaires maliens est donc une première étape
indispensable vers la prise en compte des conséquences économiques, politiques et
sociales de l’alimentation.
D’un autre point de vue, cette étude permet d’améliorer la connaissance des
habitudes alimentaires des migrants maliens présents en France et en
complémentarité avec d’autres travaux, de faciliter la gestion de la société
multiculturelle française d’aujourd’hui afin de permettre les échanges et l’adaptabilité
de chacun. La diversité des cultures fait la richesse de notre pays.
7
Le présent travail d’analyse des modèles alimentaires de la population malienne a
pour objectif d’appréhender les habitudes alimentaires au Mali afin de cerner le rôle
de la migration sur l’alimentation. Il s’inscrit, en outre, dans le cadre d’un projet plus
vaste d’étude des modèles alimentaires des migrants maliens en France.
Nous nous concentrerons donc sur l’alimentation des individus qui quittent leur village
d’origine pour s’installer plus ou moins définitivement à la capitale Bamako ; c’est-à-
dire les migrants maliens au Mali. L’intérêt réside dans la mise en évidence des
adaptations qu’effectuent ces individus en situation de migration dans un
environnement restant relativement proche de celui d’origine.
La question de départ à laquelle ce mémoire tente de répondre est la suivante : Est-il
pertinent d’envisager une différenciation sociale entre les modèles alimentaires
urbains et les modèles alimentaires ruraux ?
Deux hypothèses ont guidé notre recherche :
1. La plus grande variété de produits disponibles améliore-t-elle la situation
nutritionnelle des migrants maliens à leur arrivée en ville ?
2. Existe-t-il des modifications dans les habitudes alimentaires des migrants
maliens ?
Afin de mener à bien ce travail nous nous intéresserons dans une première partie à la
situation nutritionnelle au Mali et aux différences observées selon le lieu de
résidence. Puis dans un deuxième temps nous traiterons de la question théorique de
l’influence de la migration sur l’alimentation et la nutrition afin dans une troisième
partie de cerner plus spécifiquement l’alimentation des migrants maliens à travers
l’étude de leurs modèles alimentaires et la recherche d’aliments emblématiques du
milieu urbain et du milieu rural.
8
Méthodologie
1 Recherche bibliographique
Le travail présenté ici consiste en une revue de littérature. Après avoir défini un sujet
de recherche, la recherche documentaire permettra d’établir un cadre théorique à la
question de départ. Pour traiter de l’alimentation des migrants, nous nous placerons
au carrefour de plusieurs disciplines : la sociologie de l’alimentation, la nutrition et
l’économie en particulier.
Cette approche pluridisciplinaire nous permettra d’appréhender les modèles
alimentaires des migrants maliens dans leur globalité et d’identifier les phénomènes
d’adaptation ainsi que leurs conséquences nutritionnelles.
Selon les champs, nous traiterons de points particuliers vers lesquels nous
orienterons notre recherche bibliographique :
- La notion d’identité et d’adaptabilité dans le cadre de migrations
- Les données nutritionnelles concernant le Mali et en particulier les régions de
Kayes et de Bamako
- La variété et la diversité : quel lien en situation de migration ?
- Les modèles alimentaires maliens et leurs variations ou spécificités selon les
zones urbaines ou rurales
- La modernité alimentaire dans les villes maliennes
- L’alimentation de rue : pourquoi ? Comment ? En quelle quantité ? Ses
conséquences nutritionnelles ?
La collecte des données nutritionnelles nous amènera probablement à étudier
l’aspect économique de l’alimentation puisque les études en termes de budget
consacré à l’alimentation sont les plus nombreuses. Gardons à l’esprit qu’elles ne
reflètent pas nécessairement la réalité de la consommation. Elles permettront,
toutefois d’effectuer des comparaisons sur le long terme et d’appréhender la
consommation au niveau national.
9
Après l’étude de ces documents, l’objet du travail sera d’en dégager une
problématique.
2 Objectifs et suivi de la recherche
Cette recherche se place dans le cadre du projet ALIMI et précède un stage que nous
effectuerons au cours de l’été prochain.
L’écriture de ce mémoire nous permettra de nous faire une première idée du terrain
sur lequel nous évoluerons lors du stage. Son objectif est, avant tout, de faire
ressortir les différences au niveau des modèles alimentaires entre les ruraux et les
urbains ainsi que leurs conséquences nutritionnelles. Une fois ces différences mises
en évidence, il s’agira de formuler des questionnements concernant la nutrition à
intégrer dans un questionnaire global adressé aux populations de migrants maliens.
La place des questions de nutrition étant restreinte au sein de ce questionnaire, il
conviendra de s’assurer de la particulière pertinence des questions posées en
fonction des résultats obtenus lors du travail préliminaire.
11
L’étude des modèles alimentaires maliens ne peut se faire sans une certaine
connaissance du terrain et des conditions de vie des populations. C’est pourquoi
nous commencerons par proposer une brève présentation du projet ALIMI dans le
cadre duquel s’intègre ce travail de recherche ainsi que du Mali. Puis nous
présenterons un état des lieux de la connaissance de la situation nutritionnelle au
Mali à partir de documents consultés en France.
1 Le projet ALIMI : La culture alimentaire à l’épre uve de la
migration. Conséquences pour les politiques aliment aires
S’il est acquis que la gestion des migrants à l’intérieur du pays est une question
politique majeure au Mali, qu’en est-il de cette même question dans les pays
d’accueil et en particulier en France ? Le projet ALIMI s’inscrit dans le cadre de ce
questionnement afin de tenter d’y apporter une réponse.
1.1 Composantes institutionnelles
Le projet ALIMI est un projet de l’Agence Nationale de Recherche. Il regroupe quatre
partenaires en France :
- EHESS-CNRS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales – Centre
National de la recherche scientifique)/Centre Edgar Morin à Paris traitant de la
partie socio-ethno-anthropologique.
- CIRAD (Centre de Coopération internationale de recherche agronomique pour
le développement)/UMR Moisa à Montpellier travaillant sur l’approche socio-
économique.
- Université de Toulouse/Certop (Centre d’Etudes et de Recherche Travail,
Organisation, Pouvoir) à Toulouse abordant les thèmes sociologies et
géographiques.
- IRD (Institut de Recherche pour le développement)/UMR Nutripass à
Montpellier responsable du traitement nutritionnel des données.
12
Dans les pays concernés, le travail se fait en collaboration avec des partenaires
locaux :
- ONG Migration and Development à Taliouine au Maroc.
- ATTM (Association Taghbaloute de Tourisme en Montagne) à Tadla au Maroc.
- Faculté des Sciences Ben Msik, département de santé publique à Casablanca.
- Bureau d’études Miseli à Bamako.
1.2 Justification du thème d’étude
La France comptait en 2004 près de 5 millions de migrants soit 8% de la population
française. Ils représentent donc une composante socio-économique importante de la
société française. En dépit de cela, les migrants sont mal connus et les études les
concernant sont rares. Seules quelques informations statistiques sont disponibles.
Parmi les 5 millions de migrants en France, la majorité sont originaires du Maghreb
(30%), d’Afrique Sub-Saharienne (14%) et d’Asie (14%). Concernant la migration en
elle-même, on note que l’âge de la migration a tendance à diminuer, les migrants
arrivent de plus en plus jeunes en France mais aussi plus formés. On assiste à une
féminisation de la population migrante à hauteur d’environ 50% actuellement en
France. Aujourd’hui, les migrants quittent leur pays d’origine vers la France avec la
volonté de s’installer à long terme et de faire leur vie en France. Concernant la « vie
de migrants en France », la précarité et la fragilité sont très présentes malgré des
disparités importantes liées à l’origine géographique, au sexe, à l’âge d’arrivée, etc.
L’étude de ces migrants présente un grand intérêt scientifique afin de combler un
« vide littéraire » sur le sujet.
De plus, la connaissance de leurs modes de vie et en particulier de leurs habitudes
alimentaires apparaît essentielle pour préserver l’équilibre de la société, pour
maîtriser l’économie alimentaire du pays et enfin pour mieux gérer les politiques de
santé et d’action sociale. En effet, l’alimentation peut être vue comme un support
privilégié de dialogue, de communication et d’intégration. Par ailleurs, les habitudes
alimentaires des migrants influent sur les modes de consommation de la population
française en général. Leur étude permettrait de comprendre, en partie, l’évolution des
styles alimentaires dans notre société. La demande d’étude émane des acteurs de
l’industrie agro-alimentaire pour lesquels l’enjeu économique prime. Les résultats
13
d’une telle étude leur permettront d’adapter leur offre en fonction de la demande.
C’est dans ce contexte qu’est né le projet ALIMI.
1.3 Question de départ, objectif et hypothèses
La question générale posée aux différents partenaires du projet est la suivante :
« Comment la migration affecte-t-elle les styles et le bien-être alimentaires des
personnes d’origine malienne et marocaine en France ? ».
Plusieurs objectifs ont été fixés pour permettre de répondre à cette question :
- Étudier les reconfigurations sociales en situation de migration : lieu de vie,
réseau social, cellule familiale, etc.
- Analyser les changements dans l’espace social alimentaire, les processus
d’identification et de différenciation : Comment l’environnement et les
reconfigurations sociales influent-ils sur l’alimentation du migrant et sur son
sentiment d’identité ?
- Étudier les processus et agents d’acculturation.
Les hypothèses clés énoncées sont les suivantes :
- Les migrants participent à la culture alimentaire nationale : modèles
alimentaires dynamiques, reconstruits dans l’interaction sociale.
- La migration comme changement dans le statut socio-économique,
l’environnement socio-culturel et matériel et le mode de vie : nouvel espace
social alimentaire.
1.4 Méthodologie
Le choix des populations étudiées résulte de plusieurs facteurs :
- Les migrants en provenance du Maghreb et d’Afrique Sub-Saharienne
représentent une part importante des migrants en France
- Les migrations en provenance du Maroc sont, pour la plupart, des migrations
anciennes alors que les migrations en provenance du Mali sont plus récentes.
Ce choix est légitimé par la complémentarité de ces deux approches dans le
cadre du sujet traité.
- De manière très pragmatique, des relations pré existaient au projet avec des
partenaires dans ces deux pays.
14
Ce projet se déroule sur 3 ans, de 2008 à 2011 et se compose d’une première phase
d’étude qualitative constituée d’entretiens individuels, de récits de vie, de focus
group, d’observation en situation et d’interrogation de personnes ressources. Puis la
seconde phase sera quantitative avec la diffusion d’un questionnaire sur les modèles
alimentaires et le bien-être alimentaire.
Les premières conclusions de l’étude qualitative révèlent la mise en place, par les
migrants, d’un « bricolage » vivant et non pas de rejet ni de résistance face à la
culture et aux produits locaux. Un second point important semble être le fait que,
malgré des situations souvent précaires, une grande attention est portée à la qualité
de l’alimentation.
La comparaison des modèles alimentaires ruraux et urbains au sein d’un même pays
éclaire sur les changements dus à la migration dans un environnement socio-culturel
relativement fermé. L’objectif étant de mettre en évidence les modifications
spécifiquement induites par un environnement socio-culturel différent.
Avant de mettre en lumière les différences entre les modèles alimentaires urbains et
ruraux qui pourraient avoir des conséquences nutritionnelles, il est indispensable de
s’attacher à l’étude du Mali et de sa situation nutritionnelle.
2 Présentation du Mali
2.1 Géographie
Le Mali, pays de la région du Sahel, d’une superficie de 1 241 000 km2 dont près de
60% appartient à la zone subsaharienne, est situé en Afrique de l’Ouest. C’est le plus
vaste pays de la région après le Niger. Il est limité au Nord par l’Algérie, à l’Ouest par
le Sénégal et la Mauritanie, au Sud par la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et la Guinée
et à l’Est par le Niger. Le relief est peu accidenté, le pays est constitué de plaines et
de bas plateaux d’une altitude moyenne de 500 m. Le point culminant se trouve dans
la partie centrale du pays, à 1155 m d’altitude (Mont Hombori). Ce vaste pays est
traversé par deux fleuves : Le fleuve Sénégal et le fleuve Niger. Ces fleuves irriguent
15
principalement la partie sud du pays. Le Mali peut être séparé en 3 zones climatiques
principales :
- La zone soudanaise au sud, couvrant près de 25% du territoire, sur laquelle les
précipitations s’élèvent de 700 à 1500 mm/an.
- La zone sahélienne accusant des précipitations de 200 à 500 mm/an. Le delta
intérieur du Niger est une nappe d’inondation de 300 km de long sur 200 km de
large au cœur de cette zone qui joue un rôle de régulateur climatique sur
l’ensemble de la région.
- La zone Saharienne avec moins de 200 mm de pluie par an. Les pluies sont
particulièrement irrégulières dans cette région couvrant près de 60% du territoire
national.
Les frontières du pays ont été déterminées pendant la période coloniale et ne
tiennent compte ni des contraintes géographiques, ni des aires ethnoculturelles.
QuickTime™ et undécompresseur
sont requis pour visionner cette image.
Figure 1 : Carte du Mali
16
2.2 Population
En 2009, la population malienne est estimée à 13,4 millions d’habitants dont plus de
48% de moins de 15 ans. L’âge moyen est de 15,8 ans avec une espérance de vie à
la naissance qui ne dépasse pas 52 ans. Le taux d’accroissement de la population
est de 2,6 en 2009 avec un taux de fécondité en 2006 de 6,6 enfants par femme. En
2008, 32% de la population vivait en milieu urbain contre 23% en 1990. 99% des
maliens sont sédentaires, les 1% restants étant nomades.
Bamako, capitale du Mali, est la plus grande ville en terme de population. Les autres
villes importantes sont Mopti, Ségou, Gao, Sikasso et Kayes. Du fait de l’urbanisation
croissante des dernières décennies, la population de Bamako est passée de 700 000
habitants en 1984 à plus de 1 800 000 en 2009. Certaines projections annonce 4 000
000 d’habitants à Bamako en 2025.
La langue officielle est le français mais de nombreux dialectes sont utilisés selon les
ethnies.
La densité moyenne est de 10 hab/km2 avec une répartition très inégale puisque 90%
de la population vit sur 25% du territoire.
De nombreuses ethnies cohabitent : Bambara (35%), Peuhl (12%), Touareg et
Maure, Senoufo, Sarakolé, Songhaï, Malinké, Bobo, Minianka, Toucouleur,
Somonono, Bozo, Dogon, etc.
2.3 Histoire et politique
La république du Mali est née le 22 septembre 1960 au terme de la période coloniale.
Avant cela, sur l’actuel territoire du Mali se sont succédés trois grands empires :
l’empire du Ghana du 3ème au 12ème siècle après JC, l’empire du Mali du 13ème au
15ème siècle puis l’empire de Songhaï pendant les 15ème et 16ème siècles.
Au 9ème siècle, les importants échanges commerciaux entre les pays musulmans et
l’empire du Ghana ont entraîné une large diffusion de l’islam à travers tout le pays.
Aujourd’hui, 90% de la population malienne est musulmane.
Du 16ème siècle au début du 19ème siècle, différents royaumes se sont succédés dans
cette région. À chaque conflit, les frontières ont été modifiées.
17
Durant la deuxième moitié du 19ème siècle, les français ont entrepris la colonisation de
la région depuis le Sénégal où ils étaient déjà installés. Ils ont ainsi opéré des
découpages territoriaux leur permettant de mettre en place leur système administratif.
À chaque découpage correspond un nouveau nom, ainsi le pays s’est appelé Soudan
Français dès 1890 puis successivement, de 1899 à 1920, Haut Sénégal,
Sénégambie-Niger et Haut Sénégal-Niger avant de redevenir Soudan Français de
1920 jusqu’à l’indépendance en 1960.
Au cours de cette période coloniale, les français créèrent l’Office du Niger dont
l’objectif était de « devenir le principal fournisseur de coton des industries textiles de
la France coloniale, le grenier à riz de l'Afrique de l'Ouest et un lieu d'innovations
techniques et sociales »1. La culture du coton a été un échec et a donc été
abandonnée dès les années 70. Aujourd’hui, le gouvernement favorise le
développement de la culture du riz dans un objectif d’autosuffisance du pays voire de
production de denrées à destination des autres pays de la sous région.
Sur le plan des échanges commerciaux, la balance du pays a été déficitaire pendant
presque toute la période coloniale. Le Mali a donc hérité d’une dette importante lors
de l’indépendance.
La décolonisation commença en 1956 avec la victoire aux élections du parti politique
Rassemblement Démocratique Africain (RDA) qui fit voter une loi donnant une large
autonomie au Soudan Français. Puis le Sénégal et le Soudan Français créèrent en
1959 la fédération du Mali qui après négociations avec la France obtint son
indépendance le 20 juin 1960. La République du Mali fut proclamée le 22 septembre
1960 après l’éclatement de la Fédération du Mali suite à des désaccords importants
entre maliens et sénégalais.
La première République fut marquée par la montée du socialisme dans tous les
secteurs avec notamment la mise en place de champs collectifs dans le monde
agricole, la création de la Société Malienne d’Importation et d’Exportation (SOMIEX)
détenant le monopole des exportations et des importations et de la Régie des
Transports du Mali (RTM) responsable de l’ensemble des transports de
1 Office du Niger, Histoire de l’Office du Niger, [en ligne], consulté le 10 mars 2010, disponible sur http://www.office-du-niger.org.ml
18
marchandises du Mali. Au cours de cette période socialiste, le Mali noua de bonnes
relations avec les autres pays socialistes, créa des écoles et favorisa l’éducation de
sa population.
Suite à un coup d’Etat militaire, le 19 novembre 1968, la première république fut
renversée. La deuxième république lui succéda avec tout d’abord la prise de pouvoir
par le Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN) de 1968 à 1978. Cette période
peut être assimilée à une dictature puisque les milices policières surveillaient
étroitement tous les opposants au pouvoir. Sur le plan économique, le pays reçu
l’aide de nombreux pays et en particulier de la France. Le mécontentement de la
population était grandissant et la situation du pays instable sur tous les plans.
C’est dans ce contexte que Moussa Traoré pris le pouvoir en 1978 et ce jusqu’en
1991. La situation ne changea guère et le pays ne survécut que grâce à l’aide
extérieure.
C’est seulement en 1991 que l’on assista à la chute du régime de Moussa Traoré
dans un contexte sanglant. À partir de cette période, une transition s’opéra vers une
démocratie multipartis sous la direction d’Amadou Toumani Touré. En 1992 Alpha
Oumar Konaré fût élu président de la République du Mali : c’est le début de la 3ème
république. Il restera à ce poste pour les deux mandats autorisés par la constitution
soit jusqu’en 2002. À cette date, Amadou Toumani Touré lui succède. Ce dernier est
réélu en 2007 et est le président actuel du Mali.
2.4 Économie
L’économie du Mali est principalement basée sur l’agriculture. Le Mali possède, en
zones sahélienne et soudanaise des potentialités vivrières élevées du fait du climat.
L’alternance des saisons sèches et humides présente un contexte favorable au
développement du monde agricole et à la production vivrière. Cependant, cette
économie agricole répond à un fragile équilibre que la moindre sécheresse ou
invasion de criquets déstabilise de façon préoccupante entraînant des périodes de
famine.
Le secteur agricole emploie 80% de la population active du pays.
19
La situation économique du Mali est donc soumise aux variations climatiques mais
également à l’état du commerce international et aux fluctuations des taux
d’échanges. Le Mali n’ayant pas d’accès direct à la mer, ses exportations hors
continent dépendent des ports de pays voisins.
Le fleuve Niger et le fleuve Sénégal jouent un rôle essentiel dans les transports de
marchandises mais ceci de façon irrégulière en fonction des saisons. En effet, le
fleuve Niger n’est navigable que six mois par an entre juillet et janvier. Il occupe une
place primordiale dans le pays tant au niveau économique qu’au niveau du
développement et de la répartition des terres.
De façon plus générale, le Mali dépend fortement de l’aide internationale.
L’indicateur de développement humain (IDH)2 du Mali est de 0,371 (il était de 0,245
en 1975) ce qui le place au 178ème rang sur 182 pays.
L’indicateur de pauvreté humain (IPH) du Mali est de 56,4%, ce qui le place en
107ème position sur 108 pays en voie de développement juste avant le Tchad. À la
naissance, un enfant avait, en 2005, un risque sur 3 de mourir avant l’âge de 40 ans.
75% des personnes de 15 ans et plus sont analphabètes.
La population malienne est passée de 5,4 millions à 11,6 millions entre 1975 et 2005
avec un taux d’accroissement de 2,5. Les prévisions en termes de population
annoncent 15,7 millions d’habitants en 2015 d’après un taux d’accroissement de 3
entre 2005 et 2015. Le taux d’urbanisation augmente considérablement. En effet, il
est passé de 16% en 1975 à 33% aujourd’hui et les prévisions pour 2015 sont de
36% de la population totale vivant en ville.
2 L’IDH prend en compte différentes dimensions : la longueur de la vie et l’état de santé (espérance de vie), les
connaissances (taux d’alphabétisation et taux d’enrôlement) et le niveau de vie (PIB par personne).
L’indice de pauvreté humaine pour les pays en développement s’attache aux mêmes dimensions mais sous un
autre angle. Il considère la probabilité à la naissance de ne pas survivre jusqu’à 40 ans, le taux d’alphabétisation,
le pourcentage de la population sans accès à une source d’eau assainie et le pourcentage d’enfants en sous
poids pour leur âge.
20
En 2004, 29% de la population malienne était sous-alimentée. En 2005, 23% des
nouveaux-nés présentent une insuffisance pondérale, 33% des enfants de moins de
5 ans présentent une insuffisance pondérale pour leur âge et 43% des enfants de
moins de 5 ans présentent une insuffisance de taille pour leur âge.
En 2005, le taux de mortalité infantile chez les enfants de moins de 5 ans est de 218
pour 1000 contre 400 pour 1000 en 1970. Le PIB (Produit Intérieur Brut) annuel est
de 392 USD par habitants en 2005 soit 1033 PPA3 (parité de pouvoir d’achat) USD
par habitant en 2005. Les importations représentent 37% du PIB et les exportations
26% en 2005. Le Mali a reçu en 2005 une aide publique au développement
correspondant à 51,1 USD par habitant soit 13% du PIB.
2.5 Migrations
Les flux migratoires représentent une réalité importante au Mali. Deux types de
migrations sont observés : les migrations internes majoritairement des zones rurales
vers les zones urbaines et les migrations externes du Mali vers d’autres pays.
Les migrations internes font parties du mode d’utilisation de l’espace. En effet, le
climat et son alternance de saisons sèches et de saisons humides favorisent les
mouvements saisonniers de populations. Mais plus récemment, ce sont des
migrations d’une autre nature qui font leur apparition : de nombreux habitants des
zones rurales se déplacent vers les villes. D’après Yves MARTIN-PREVEL4,
épidémiologiste et chercheur en nutrition publique à l’Institut de Recherche pour le
Développement, ces migrations s’expliquent, selon les cas, de façon différente : des
jeunes ayant un niveau d’éducation supérieur et venant chercher les avantages de la
ville d’une part et d’autre part des personnes très défavorisées qui rejoignent la ville
en dernier recours pour diminuer le nombre de bouches à nourrir et augmenter les
sources de revenu dans une attitude collective. Cette dernière explication est d’autant
3 PPA (parité de pouvoir d’achat) Un taux de change qui prend en compte les différences de prix entre les pays et
permet une comparaison internationale des produits et revenus réels. Au taux de PPA en USD (utilisé dans ce
rapport), 1 USD PPA correspond au même pouvoir d’achat dans l’économie nationale que 1 USD aux États-Unis.
4 MARTIN-PREVEL Yves (2010), Sociologie du développement, Enseignement suivi dans le cadre du Master 1 Alimentation, CETIA, Université de Toulouse 2, Toulouse.
21
plus représentée que les conditions climatiques sont mauvaises. La désertification,
en particulier au Nord du pays, favorise ce type de migrations. Les régions d’origines
sont principalement Gao, Tombouctou, Kidal et Kayes. Bamako et Ségou
apparaissent comme les grands carrefours des migrations internes. Le
rapprochement familial est en passe de devenir la principale motivation des
migrations tant internes qu’internationales au Mali.
Les migrations internationales représentent une part importante des migrations
maliennes et se font, pour 90% d’entre elles vers des pays d’Afrique et en particulier
d’Afrique de l’Ouest. Concernant les 10% restant, ils se dirigent pour la majorité vers
l’Europe et la France en particulier. Ces déplacements peuvent être envisagés pour
une courte période, le temps de se procurer suffisamment d’argent pour aider la
famille en rentrant au pays ou pour une plus longue période, une installation
potentiellement définitive dans le pays d’accueil. Dans ce dernier cas, des envois
d’objets, de nourriture et d’argent seront faits vers le pays d’origine. La région de
Kayes est la plus touchée par l’émigration vers l’international. Selon le REMUAO
(Réseau Migrations et Urbanisation en Afrique de l’Ouest), l’émigration touche 40%
de la population de la zone de Kayes et en particulier les hommes de 20 à 30 ans et
les femmes de 15 à 25 ans. Concernant le nord du pays, tout comme pour les
migrations internes, la désertification est un motif important de migration vers
l’international. Les migrants sont principalement des hommes actifs dont l’objectif
premier est de trouver des sources de revenus et non pas de combler un manque de
travail. De ce fait, les villages se trouvent en partie dépourvus de leur main d’œuvre.
Cela entraîne de grands changements d’organisation : les femmes doivent assurer le
travail effectué auparavant par les hommes alors même qu’elles n’y sont pas
préparées.
Les migrations internes et externes représentent donc une préoccupation majeure
dans la gestion du pays en particulier en ce qui concerne la nutrition.
22
3 La nutrition au Mali
Le Mali, par sa situation géographique et son histoire, a subi de nombreuses crises
alimentaires. Ces crises ont été provoquées par différents facteurs. On distingue des
facteurs liés à l’environnement comme la sécheresse, les invasions de criquets, les
inondations, le vent, l’ensablement et le tarissement des sources d’eau ; des facteurs
liés aux ressources financières : la perte d’emploi et la hausse des prix ; des facteurs
de santé avec la survenance d’épidémie et la fréquence des maladies et enfin des
facteurs politiques entraînant des déplacements forcés de population et un climat
d’insécurité.
Sur le plan alimentaire, la sécheresse a été l’une des principales explications des
crises au Mali et en particulier dans la partie Nord du pays. En 1973-74, la situation
fut particulièrement catastrophique. Puis les années suivantes, l’amélioration n’a pas
été suffisante pour rattraper le déficit vivrier accumulé. Ce déficit s’est encore
aggravé lors d’une nouvelle sécheresse en 1983-84. Puis en 1990-91, 1995-96,
1997-98 et en 2000-2001 la faible pluviométrie et/ou les invasions de criquets
frappèrent une fois de plus le pays. La crise politique en Côte d’Ivoire de 2002-2003
associée à un déficit pluviométrique sur le territoire a affecté l’économie du Mali, les
habitants, en particulier les citadins, en ont subi les conséquences, notamment sur le
plan alimentaire. En 2004-2005, une mauvaise campagne agricole et une invasion de
criquets ont de nouveau placé le Mali dans une situation critique. On note qu’en
2005-2006 et 2008-2009, les conditions climatiques ont été favorables et ont permis
aux ménages de reconstituer leurs stocks. Cependant, l’annonce d’une mauvaise
récolte couplée à des prix toujours élevés laissent présager une année 2009-2010
difficile en particulier pour les ménages les plus vulnérables.
3.1 La situation nutritionnelle au Mali
3.1.1 La sécurité alimentaire
Les populations maliennes se trouvent régulièrement confrontées à l’insécurité
alimentaire. Ce concept renvoie à la situation de non sécurité alimentaire. La sécurité
alimentaire a été définie lors du Sommet de la FAO (Food and Agriculture
23
Organization) à Rome en 1996 ainsi « lorsque tout le monde, à tout moment, a un
accès physique et économique suffisant à une nourriture saine et nutritive, afin de
satisfaire ses besoins quotidiens et ses préférences alimentaires pour une vie active
en bonne santé ». Cette définition aborde 3 piliers de la sécurité alimentaire :
• La disponibilité alimentaire correspondant aux produits disponibles sur le
marché.
• L’accessibilité alimentaire c’est-à-dire la capacité d’un individu ou d’un ménage
à accéder à la nourriture que ce soit par acte d’achat ou par auto-production.
• L’utilisation alimentaire renvoyant à la capacité du corps à absorber les
aliments et à les utiliser de manière optimale en fonction de l’état physique et
psychologique de l’individu.
Face à des situations d’insécurité alimentaire, les ménages utilisent différentes
stratégies et en particulier des stratégies dites alimentaires. Ainsi la diminution des
quantités servies par repas apparaît comme la première mesure prise dans les
foyers. La substitution d’un aliment par un autre moins onéreux et la diminution du
nombre de repas sont également observées.
Les résultats des Enquêtes de Base sur la Sécurité Alimentaire et la Nutrition
(EBSAN) I et II5, révèlent que l’insécurité alimentaire sévère touche 11% des
ménages en période de soudure et 8% des ménages en période post-récolte. Cette
différence s’explique par la nature même de la période de soudure. Ce terme désigne
la période précédant la récolte et au cours de laquelle les céréales viennent à
manquer. Selon la FAO6, l’insécurité alimentaire a diminué au Mali. Les risques ne
sont plus liés à la disponibilité céréalière mais à la pauvreté profonde.
Aujourd’hui, il existe un indicateur de l’état nutritionnel des populations largement
utilisé qui est le nombre de personnes sous-alimentées. Cet indicateur de la FAO est
obtenu en considérant le nombre total de calories disponibles dans un pays, par
exemple, c’est-à-dire les aliments disponibles convertis en calories rapporté au
5 République du Mali – Etude de Base de la sécurité alimentaire et de la nutrition Juillet 2007 et mars 2008, 6 Profil nutritionnel des pays – République du Mali – 2010, FAO.
24
besoin calorique minimum total de la population considérée. On obtient ainsi une
estimation du nombre de personnes susceptibles d’être sous-alimentées. Cet
indicateur ne perçoit que l’aspect calorique de l’alimentation, or on sait aujourd’hui
qu’au-delà d’une quantité suffisante de calories, l’organisme humain a besoin d’une
alimentation de qualité, lui apportant les nutriments et micronutriments nécessaires à
son maintien en bonne santé. Malgré cela, cet indicateur permet néanmoins, d’une
part une comparaison des différents pays et d’autre part une prise en compte de
l’évolution au cours du temps.
Ainsi, concernant le Mali, la proportion de personnes sous-alimentées était de 14%
en 1990-92 puis elle a diminué progressivement pour atteindre 10% en 2004-06.
D’après l’Enquête Budget – Consommation (EBC) de 1988-89 présentée par la
Direction Nationale de la statistique et de l’informatique du Mali, 16,6% des adultes
présentent un indice de masse corporelle inférieur à 18,5 et sont donc en situation de
maigreur. Ce chiffre est significativement plus élevé chez les femmes (19,1%) que
chez les hommes (14,5%).
3.1.2 La sécurité nutritionnelle
La sécurité nutritionnelle diffère de la sécurité alimentaire en cela qu’elle prend en
compte de nouvelles dimensions, au-delà de la seule alimentation. Yves MARTIN-
PREVEL, épidémiologiste à l’Institut de Recherche pour le Développement, propose
la définition suivante : « La sécurité nutritionnelle implique non seulement la
consommation de calories et de nutriments en quantités suffisantes mais également
le savoir et les aptitudes nécessaires à l’adoption d’un régime alimentaire équilibré et
de bonne qualité, notamment en ce qui concerne les besoins spéciaux des jeunes
enfants et des femmes en âges de procréer, et encore l’accès aux services de santé
et un environnement salubre, garantissant l’utilisation biologique effective des
aliments consommés. ».
Le schéma ci-dessous, issu des travaux de l’UNICEF (Fond des Nations Unies pour
l’Enfance) illustre cette vision.
25
QuickTime™ et undécompresseur
sont requis pour visionner cette image.
Figure 2 : Cadre conceptuel de la malnutrition - UN ICEF
La prise en considération de ces dimensions d’apparence extra-alimentaire, permet la
mise en place d’actions de développement coordonnées et efficaces selon les causes
identifiées.
L’utilisation de ce modèle permet une approche globale de la situation nutritionnelle
d’un pays sans se limiter à une approche strictement alimentaire qui serait biaisée
par l’omission des aspects annexes. L’observation d’une situation de mal nutrition est
un premier pas vers sa prise en charge. Cependant, traiter la malnutrition sans en
connaître les causes ne permet pas de résoudre les problèmes sur le long terme.
L’acceptation au niveau international de ce cadre conceptuel de la malnutrition
constitue une grande avancée.
26
3.1.3 La transition nutritionnelle
La transition nutritionnelle se caractérise par le passage d’une situation à forte
prévalence des dénutritions à une situation de quasi disparition des famines
accompagnée d’une augmentation des maladies non transmissibles liées à
l’alimentation que sont principalement le surpoids, le diabète et les maladies
cardiovasculaires. Les changements d’habitudes alimentaires sont responsables de
ce double effet de diminution des dénutritions et d’augmentation des pathologies
chroniques.
Cette transition s’est faite très progressivement dans les pays industrialisés. Les pays
en développement l’effectuent de façon accélérée actuellement. En effet, récemment,
un changement des habitudes alimentaires et une diminution de l’activité physique
ont été constatés particulièrement dans les milieux urbains. On assiste à une
augmentation de la consommation de lipides, de sel et de sucres simples ainsi qu’à
une diminution de la consommation de fibres. Suite à cela, le surpoids, l’obésité et
toutes les pathologies associées à un excès alimentaire sont apparues. La rapidité de
ces transformations provoque aujourd’hui la co-existence des dénutritions toujours
très présentes et de ces nouvelles pathologies. Cette co-existence s’observe au sein
du pays mais également au sein d’un même groupe d’individus voire chez un même
individu. En effet, une personne obèse par excès calorique peut tout à fait se trouver
en situation de carence en micronutriments. Cette double charge représente un défi
dans la gestion du pays.
Le contexte particulier des pays en développement explique la tournure que prend
cette transition nutritionnelle. En effet, on assiste à des modifications culturelles et
techniques causées par l’urbanisation rapide et l’industrialisation. L’accès à une offre
alimentaire abondante est facilité. La communication commerciale, publicité et
marketing, touche rapidement les populations urbaines du fait de la concentration des
habitations en ville et du développement de la grande distribution. Le mode de vie
tend à devenir sédentaire au sein des villes. Et enfin, l’hypothèse d’une
« programmation fœtale » est avancée par certains scientifiques : les carences
nutritionnelles au cours de la vie fœtale et de la petite enfance entraîneraient une
27
adaptation physiologique du corps lui permettant de vivre dans des conditions de
manque mais ayant pour contre partie une plus grande propension à développer des
pathologies liées aux excès alimentaires en cas de changement d’habitudes de vie.
Le vieillissement de la population laisse également plus de place aux maladies liées
aux excès par une plus longue exposition aux facteurs de risques.
Ces modifications de l’environnement et des modes de vie s’effectuent dans un
contexte où le surpoids et l’embonpoint restent valorisés et sont signes de richesse,
de statut social voire de bonne santé. Une femme maigre en particulier renvoie une
image négative de son mari dont on dira qu’il ne sait pas l’entretenir.
16,2
12,6
13,5
14,6
11,4
10,1
16,8
13,1
15,3
0
11,2
12,4
0
18,519,2
0
7,6
8,7
1,2
3,7
5,2
0
8,2
11,2
0
1,62
0
5
10
15
20
25
1995-96 2001 2006 1995-96 2001 2006 1995-96 2001 2006
Total Urbain Rural
<18,49 : maigreur
25 à 29,99 : surpoids
>ou= 30 : obésité
Figure 3 : Evolution de la corpulence des femmes en tre 1995 et 2006 au Mali
Selon le graphique ci-dessus, établi à partir des données des Enquêtes
Démographiques et de Santé du Mali (EDSM) II – III et IV, le phénomène de
transition nutritionnelle au Mali est clairement observable.
Notons que ces trois enquêtes ne concernent que les femmes et que
l’échantillonnage a différé d’une enquête à l’autre : en 2006, l’étude concernait les
femmes en âge de procréer, en 2001, les femmes ayant eu une naissance vivante au
cours des 5 dernières années et en 1995-96, les femmes ayant eu une naissance au
28
cours des trois années précédant l’enquête. De plus, l’enquête de 2006 a été
conduite en partie pendant la période de soudure contrairement aux deux autres qui
ont eu lieu en dehors de cette période.
La mesure utilisée ici est l’indice de masse corporelle (IMC). Il est calculé à partir du
poids en kg et de la taille en m : poids/(taille x taille). Cet indice permet d’avoir une
photographie de la situation à un moment donné, mais il est très sensible aux
variations de poids et donc varie beaucoup d’une période de l’année à l’autre. Cela
peut expliquer les chiffres importants de maigreur en 2006 puisque l’enquête a été
partiellement menée pendant la période de soudure. Le surpoids et l’obésité
dépendent très peu des périodes de l’année.
Globalement, la maigreur semble reculer contrairement au surpoids et à l’obésité
dont la prévalence augmente nettement. La situation est caractéristique de la
transition nutritionnelle puisque les taux de surpoids et d’obésité sont bien plus élevés
en ville que dans les zones rurales.
Les résultats de l’année 2006 reflètent la moindre dépendance des femmes vivant en
milieu urbain face à la période de soudure. En effet, contrairement aux zones rurales,
la prévalence de la maigreur est en baisse dans les zones urbaines.
Un élément également à noter est le caractère récent du recensement des personnes
en surpoids dans les enquêtes : en 1995-96, toute l’attention était portée aux
situations de maigreur.
Bernard MAIRE et Francis DELPEUCH résument la situation ainsi : « Le défi est de
fournir au plus grand nombre la possibilité d’un régime diversifié et suffisamment
abondant, tout en limitant la pénibilité des tâches et tout en sachant prévenir la
montée de l’obésité et des maladies chroniques. »7
7 MAIRE Bernard, DELPEUCH Francis, « La transition nutritionnelle, l’alimentation et les villes dans les pays en développement », Cahiers d’études et de recherches francophones/Agricultures, Volume 13, Numéro 1, Janvier Février 2004, pp. 23-30.
29
3.2 Nutrition maternelle et infantile
Dans les pays en développement en situation de transition nutritionnelle, cohabitent
tous les types de malnutritions.
3.2.1 Les malnutritions : définitions
La malnutrition correspond à l’inadaptation des apports aux besoins d’une population.
Le mot malnutrition décrit n’importe quel désordre nutritionnel de carence ou d’excès.
3.2.1.1 Les malnutritions par excès
On distingue deux malnutritions par excès : le surpoids et l’obésité. Selon l’OMS, un
individu est en surpoids lorsque son Indice de masse corporelle (IMC) est compris
entre 25 et 29,99 et il est obèse lorsque son IMC est supérieur ou égal à 30.
La plupart du temps, le surpoids et l’obésité sont liés à un excès de masse grasse
causé par un excès d’apport calorique. La forte augmentation de la prévalence de
ces pathologies dans les pays en développement témoigne de la transition
nutritionnelle.
3.2.1.2 Les malnutritions par carence
Malnutritions par carence, dénutrition, sous-nutrition sont des synonymes.
La dénutrition est caractérisée par un déséquilibre de la balance apports/besoins. Ce
déséquilibre peut concerner la quantité de calories mais aussi la quantité de
protéines ou la quantité de micronutriments. Nous nous intéresserons ici aux
dénutritions des mères et de leurs enfants.
Plusieurs types de dénutritions se distinguent les unes des autres :
• Chez les femmes, la dénutrition est détectable par une faible corpulence et/ou
une petite taille. Cette situation entraîne, lors des grossesses, une
augmentation du risque de décès de la mère lors de l’accouchement et un
risque très fort de petit poids de naissance de l’enfant représentant en soi, une
forme de dénutrition puisqu’il est rare et difficile pour ces enfants de rattraper
le retard accusé à la naissance.
• Chez les enfants, le recours aux indices de Waterloo permet de différencier la
maigreur du retard de croissance. Ces définitions reposent sur une approche
30
normative, Après avoir mesuré certains paramètres, la comparaison à la
médiane d’une population de référence permet de déterminer la gravité de la
situation : la dénutrition est dite modérée si les résultats montrent un écart de -
2 écarts types par rapport à la médiane et sévère si l’écart est de -3 écarts
types.
Indices de Waterloo P/T > -2ET P/T < ou = -2ET
T/âge > -2ET Dénutrition absente
Maigreur
T/âge < ou = -2ET Retard de croissance
Maigreur et Retard de croissance
La maigreur ou émaciation, appréhendée par le rapport poids/rapport à la
taille, donne une idée de la situation à un moment donné. Elle peut être due à
une sous-nutrition récente ou aigue. Ainsi de grandes différences peuvent être
observées selon la saison, le contexte climatique, la situation économique.
Cette forme de dénutrition est particulièrement visible. Sa cause première est
un déficit d’apports caloriques, mais d’après l’EBSAN II, d’autres facteurs
peuvent être mis en cause comme, par exemple, la contraction par l’enfant de
maladies et en particulier de diarrhées, qui augmente le risque de maigreur, ou
à l’inverse l’accès à l’eau potable qui limite ce risque.
Le retard de croissance est défini par la mesure de la taille par rapport à l’âge.
Il reflète une dénutrition chronique caractérisée par un déficit d’apports en
protéines et/ou micronutriments. Le problème est lié à un déficit de qualité de
l’alimentation et non pas à un déficit de quantité. Il est peu visible, en
particulier lorsqu’on ne connaît pas l’âge de l’enfant. D’après l’EBSAN II, en
dehors des causes alimentaires directes, le risque de retard de croissance est
diminué chez les enfants ayant une couverture vaccinale satisfaisante et/ou
ayant accès à l’eau potable.
31
On observe un cycle intergénérationnel de la dénutrition : les mères dénutries
enfantent d’enfants de faible poids de naissance qui deviendront, pour les filles, des
jeunes femmes de petite taille et de faible corpulence qui, à leur tour, donneront
naissance à des enfants dénutris.
L’insuffisance pondérale mesurée par le rapport du poids par rapport à l’âge est
également utilisée. Elle présente l’avantage d’être plus facilement mesurable, mais
ne donne que peu d’indications sur l’état de santé des enfants et sur les actions à
mener. Après un premier dépistage grâce à cette mesure, il est donc indispensable
de mesurer les deux autres rapports.
Les différentes dénutritions sont d’origine multifactorielle. L’alimentation joue un rôle
important dans leur apparition, mais elle n’est pas la seule cause. En effet, l’état de
santé plus général, les infections respiratoires, les diarrhées par exemple, influent sur
la capacité du corps à utiliser les ressources qui lui sont apportées. Le niveau
d’éducation des mères et l’attention portée aux enfants semblent prendre une place
importante parmi les causes des dénutritions. Enfin, l’accès aux ressources de toutes
sortes (financières, alimentaires, de santé, d’éducation) apparaît être un facteur
primordial de l’apparition des dénutritions.
Toutes malnutritions confondues, les plus malnutris sont les plus pauvres quelle que
soit la disponibilité alimentaire.
3.2.1.3 Les conséquences des dénutritions
Les dénutritions entraînent une augmentation du risque de mortalité et de contraction
de maladies infectieuses de type diarrhéiques ou respiratoires par exemple. En outre,
la dénutrition provoque un déficit intellectuel et une grande fatigue qui, chez les
adultes, peuvent entraîner une baisse de la productivité et une augmentation de
l’absentéisme et donc une baisse des revenus.
Chez les enfants, l’apparition de maladies infectieuses dans un contexte de manque
de soins de santé, diminue la capacité du corps de ces enfants à utiliser les aliments
ingérés et augmente donc l’état de dénutrition. Il en résulte une baisse de l’efficacité
du système immunitaire.
32
La dénutrition de la population représente un réel handicap pour le pays du fait de la
baisse d’efficacité des travailleurs par fatigue physique ou par déficit intellectuel. La
dénutrition influe directement sur le Produit Intérieur Brut d’un pays.
De plus, rappelons que ce phénomène se perpétue d’une génération à l’autre si
aucune mesure efficace n’est prise.
L’état nutritionnel d’une population est donc bien à la fois une cause et une
conséquence du développement d’un pays. Le coût social et économique pour le
pays est colossal. Ce constat participe à l’essor des politiques visant à réduire la
malnutrition dans les pays les plus touchés. Le taux de malnutrition est aujourd’hui
considéré comme un bon indicateur du niveau de développement d’un pays et
permet de prédire un certain nombre de problèmes de santé à venir à l’échelle du
pays.
3.2.2 La situation au Mali
D’après l’enquête Budget – Consommation de 1988-89 présentée par la Direction
Nationale de la statistique et de l’informatique du Mali, près de 24% des enfants de 0
à 10 ans souffraient de retard de croissance. Ce taux est plus élevé en milieu rural
qu’en milieu urbain. Ces données peuvent être analysées dans leur ensemble mais
présentent l’inconvénient de ne pas permettre de comparaison dans le temps. En
effet, les erreurs de mesure liées à la difficulté de mesurer un enfant fausseraient les
résultats.
En revanche, les différentes Enquêtes Démographique et de Santé au Mali de 1987,
1995-96 et 2001 permettent une approche en termes d’évolution des données.
33
24
11
3130
23
40
34
13
34
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
Retard de croissance Maigreur Insuffisance pondérale
1987
1996
2001
Figure 4 : Evolution des niveaux de dénutrition che z les enfants de moins de 3 ans entre 1987
et 2001
On observe une augmentation continue du nombre d’enfants atteints de retard de
croissance. Les modes de calcul utilisés en 2006, différents des modes de calculs
utilisés dans les enquêtes précédentes ne permettent pas d’effectuer une
comparaison. Les données de l’enquête de 2001 ont été retraitées afin de permettre
cette comparaison au moins entre les deux enquêtes EDSM III et IV. Ainsi, les
résultats de l’EDSM IV de 2006 montrent une diminution du taux de retard de
croissance qui passe de 38% en 2001 à 34% en 2006.
Les données concernant la maigreur reflètent une dénutrition récente ou aigue, ainsi
la comparaison dans le temps revient à comparer deux photographies sans pour
autant pouvoir en déduire quoi que ce soit quant à l’évolution. En 1996, les conditions
climatiques difficiles entraînant une mauvaise récolte pourraient expliquer la forte
prévalence de maigreur chez les enfants de moins de trois ans. Notons, que les
données de 2006 affichent également une forte prévalence de maigreur chez ces
enfants pouvant être relié à la situation critique de 2005.
34
Les EBSAN I et II ont été effectuées respectivement en juillet 2007, période de
soudure, et mars 2008, période post récolte. Les différences de résultats observées
peuvent, en partie, être expliquées par le contexte de récupération des données.
Maigreur Retard de croissance
Insuffisance pondérale
EBSAN I 9,7 25,3 26,3
EBSAN II 6,1 25,7 23,3
Figure 5 : taux de prévalence des dénutritions selo n la période de l'année au Mali
On constate, une fois de plus, que l’amélioration de la disponibilité des aliments en
période post-récolte entraîne une diminution significative du taux de maigreur, ou
dénutrition aigue, et du taux d’insuffisance pondérale. En revanche, le taux de retard
de croissance, ou dénutrition chronique reste stable. Il reflète une situation
d’insécurité alimentaire permanente. Ainsi, concernant l’étude de la dénutrition et son
évolution, la maigreur permet de déceler une situation d’urgence, en cas de crise par
exemple, et le retard de croissance permet de suivre l’évolution dans le temps de la
situation alimentaire et nutritionnelle des populations.
Concernant les mères, l’âge moyen de la première grossesse est de 17 ans. Ce
constat renvoie aux problèmes liés à la petite taille et à la faible corpulence. En effet,
les filles-mères n’ont, pour certaines, pas terminé leur croissance. Cet état augmente
les risques de mortalité de la mère lors de l’accouchement car la taille du bassin
maternel est trop étroite par rapport à la circonférence de la tête du bébé. Une fois de
plus, les enfants dont la mère est dénutrie ont de forts risques d’accuser un retard de
croissance, un déficit intellectuel et une moindre résistance aux maladies.
3.2.3 Prise en charge globale des enfants et dénutrition
Les indices développés précédemment indiquent la prévalence de la dénutrition sur
une base chiffrée. Cependant, d’autres facteurs permettent d’appréhender la
dénutrition. L’observation des pratiques alimentaires des jeunes enfants, l’accès aux
soins de santé ainsi que la disponibilité de la mère à s’occuper de son enfant sont
autant de points cruciaux en termes de dénutrition.
35
3.2.3.1 Les pratiques alimentaires des jeunes enfants
Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), les pratiques alimentaires
optimales pour limiter le risque de dénutrition et assurer un bon développement de
l’enfant sont les suivantes : débuter l’allaitement dès la première heure après la
naissance, répondre à la demande du nourrisson en terme d’allaitement, nourrir
l’enfant exclusivement au sein jusqu’à l’âge de 6 mois, proposer une alimentation de
complément appropriée et saine à partir de 6 mois, augmenter l’allaitement en cas de
pathologies du nourrisson et poursuivre l’allaitement au delà de la deuxième année
de vie.
Ces recommandations ne sont pas toujours appliquées. Au Mali, selon l’EDSM IV, en
2006, la quasi totalité des enfants sont ou ont été allaités. Cependant, seuls 45%
d’entre eux ont été mis au sein dans l’heure suivant la naissance. Or, le colostrum
produit par la mère immédiatement après l’accouchement est extrêmement riche en
nutriments et apporte des anti-viraux et des anti-bactériens à l’enfant. Parmi les
enfants allaités, 31% ont reçu un aliment autre que le lait maternel avant la première
tétée.
Notons, cependant, que la situation semble s’améliorer de ce point de vue puisque,
selon EDSM II, en 1995-96, seuls 9,5% des enfants avaient été allaités au cours de
la première heure de vie.
Concernant l’alimentation des enfants de 0 à 6 mois, la pratique de l’allaitement seul
augmente très nettement depuis plus de 20 ans : cette pratique concernait 10% des
enfants de moins de quatre mois en 1995-96 et concerne 45% des enfants de moins
de quatre mois en 2006. La grande majorité des autres enfants de moins de quatre
mois reçoivent de l’eau en plus de l’allaitement maternel.
À partir de l’âge de 6 mois, l’allaitement exclusif ne suffit plus à couvrir les besoins du
nourrisson, il est donc nécessaire d’introduire de nouveaux aliments. Pourtant, au
Mali, seuls 30% des enfants de 6 à 9 mois reçoivent ce régime alimentaire en 1995-
96 comme en 2006. La grande majorité des autres enfants de 6 à 9 mois
consomment le lait maternel et éventuellement de l’eau (14% consomment
36
uniquement du lait maternel et 47% consomment de l’eau en plus du lait maternel en
2006).
La promotion de l’allaitement maternel pourrait constituer un levier dans la prévention
de la dénutrition infantile. Cependant, pour cela, les mères doivent pouvoir avoir
accès aux soins de santé et à l’éducation.
3.2.3.2 L’accès aux soins de santé
L’accès aux soins de santé joue un rôle primordial dans l’état nutritionnel des enfants.
Or, cet accès est largement déterminé par la présence ou l’absence d’un centre de
santé fonctionnel dans le village. D’après l’EBSAN I, 52% des villages possèdent un
centre de santé opérationnel. En admettant les propos du Programme de
Développement Sanitaire et Social (PRODESS) du Mali : “Les personnes vivant dans
les ménages situés à moins d’une demi-heure d’un établissement de santé ont un
accès satisfaisant aux soins de santé”, 59% de la population accèdent de façon
satisfaisante aux centres de santé. Ce taux varie énormément d’une région à l’autre
avec près de 100% à Bamako, 71% dans la région de Kayes, qui sont les régions les
mieux équipées et seulement 29% dans la région de Kidal. D’après le CFSVA
(Analyse de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité), le Mali compte en moyenne
1 médecin pour 22 500 habitants ce qui le place parmi les pays les pires du monde.
Au-delà de l’accès aux centres de santé, le type de toilettes disponible dénote de la
situation d’hygiène des ménages. Seuls 3% des maliens, d’après l’ESBAN I, ont
accès à des toilettes modernes avec chasse d’eau. La grande majorité (75%) utilisent
des toilettes traditionnelles et 22% se soulagent directement dans la nature.
L’accès à l’eau potable diminue les risques de maladies et de dénutritions. 75% des
maliens boivent de l’eau provenant du robinet, de forage ou de puits améliorés. Cette
eau est considérée comme potable avec une qualité satisfaisante.
Concernant les enfants, une bonne couverture vaccinale semble liée à un moindre
risque de dénutrition, notamment de dénutrition chronique. D’après l’OMS, un enfant
a une bonne couverture vaccinale lorsqu’il a reçu, avant l’âge de 1 an, le BCG, le
vaccin contre la rougeole, le vaccin contre la polio (3 doses), le DTCoq (3 doses)
ainsi que le vaccin contre la fièvre jaune. D’après le EDSM IV, 42% des enfants de 12
37
à 24 mois répondent à ces critères. Ces données étant basées sur le carnet de
vaccination et sur les déclarations des mères lorsque le carnet n’était pas disponible.
Ce chiffre est en nette progression depuis l’EDSM III puisqu’en 2001 seuls 19% des
enfants de 12 à 24 mois avaient une bonne couverture vaccinale. Cette amélioration
s’est faite en particulier dans les zones rurales où le taux d’enfants ayant une bonne
couverture vaccinale est passé de 22% à 46%. Ce taux reste cependant inférieur au
taux observé en milieu urbain (plus de 50%).
La contraction de maladies influe sur la dénutrition aigue, en particulier les infections
respiratoires aigues (IRA) et les diarrhées. D’après l’EDSM IV, 5,6% des enfants de
moins de 5 ans ont souffert de toux dans les deux semaines précédant le passage de
l’enquêteur. Notons que ce chiffre est particulièrement élevé à Bamako (8,2%).
Concernant les diarrhées, 13% des enfants de moins de 5 ans ont présenté un
épisode diarrhéique au cours des deux semaines précédant le passage de
l’enquêteur avec une différence notable entre le milieu urbain (9%) et le milieu rural
(15%).
La santé des mères joue un rôle important pour la santé de l’enfant. Les carences en
micronutriments constituent des paramètres significatifs de l’état de santé de la mère.
Afin d’apprécier les carences en vitamine A et en fer dans l’EBSAN I, l’évaluation
clinique de la cécité crépusculaire, symptôme caractéristique d’une carence en
vitamine A et la pâleur reflétant l’anémie ferriprive ont été évaluées. Les résultats
montrent que 5,5% des femmes en âge de procréer souffrent de cécité crépusculaire
et 20,4% de ces femmes présentent une pâleur telle que l’on en déduit une carence
en fer.
La carence en vitamine A de la mère peut avoir de graves conséquences : les risques
de mortalité maternelle à l’accouchement et de fausse couche sont augmentés, la
concentration en vitamine A du lait maternel sera faible et l’enfant souffrira donc à
son tour de carence en vitamine A qui peut entraîner une cécité et un retard de
croissance et qui augmente le risque d’infection puisque la vitamine A joue un rôle
important dans le système immunitaire.
38
Quant à la carence en fer, elle augmente le risque de décès maternel à
l’accouchement et entraîne un retard de croissance de l’enfant ainsi qu’un déficit
cognitif. Tout comme la vitamine A, le fer est indispensable au bon développement du
système immunitaire, une carence favorise donc les infections.
La vaccination anti-tétanique des mères constitue également une mesure primordiale
dans la prise en charge des femmes enceintes. Le tétanos est une cause importante
de décès néonatal. D’après l’EDSM IV, 56% des femmes ayant eu un enfant dans les
5 ans précédant l’enquête, étaient protégées contre le tétanos lors de leur dernière
grossesse. On remarque que ces chiffres sont plus élevés à Bamako (74%) et chez
les femmes ayant un niveau d’instruction élevé (83%).
La fréquence des consultations pré et post natale est un indicateur de l’accès aux
soins. Des relations ont été établies entre ces consultations et l’état nutritionnel des
enfants.
Selon l’EBSAN I de 2007, au niveau national, 59% des femmes enceintes ont fait au
moins une consultation prénatale. Ce chiffre tombe à 36,4% selon l’ESBAN II en
2008. Cette grande différence s’explique en partie par l’époque de relevé des
données : en effet, pendant la récolte, les femmes n’ont pas le temps d’aller consulter
et de plus, la saison des pluies rend plus difficile les déplacements vers les centres
de santé. Ces chiffres diffèrent légèrement selon les EDSM III et IV qui annoncent
57% en 2001 et 70 % en 2006 avec d’importantes différences selon le lieu de
résidence : 64% en milieu rural et 87% en milieu urbain.
Quels que soient les chiffres, l’important réside dans l’ordre de grandeur et dans
l’évolution. Ainsi, la proportion de femmes enceintes n’ayant fait aucune consultation
prénatale reste préoccupante malgré une amélioration ces dernières années.
Le contenu des consultations prénatales est aussi important que leur fréquence.
Selon les femmes interrogées au cours de l’EDSM IV, seules 29% des femmes ayant
reçu des soins prénatals ont été informés des signes de complications liés à la
grossesse. En revanche, le poids, la taille et la tension artérielle sont mesurés de
façon quasi systématique lors de ces consultations. 61% des femmes ont reçu une
complémentation en fer et 62% un anti-paludéen. Les prélèvements d’urine et de
39
sang sont fréquemment effectués à Bamako (respectivement 81% et 79%) alors
qu’ils sont plus rares dans la région de Kayes par exemple (34% et 26%
respectivement).
Au mali, la proportion de décès maternels et de décès du nouveau-né reste
importante et ces décès surviennent pour la majorité dans les 48 heures suivant
l’accouchement. Cela pointe l’importance des soins post-natals.
Selon l’EDSM IV, seules 45% des femmes accouchent dans un établissement de
santé avec de grandes disparités entre les zones rurales (33%) et les zones urbaines
(78%). Parmi les femmes ayant accouché en dehors d’un établissement de santé,
70% n’ont reçu aucun soin post-natal.
3.2.3.3 Les pratiques de soins ou caring
Le caring est une notion apparue dans les années 1990 afin de nommer les causes
sous-jacentes de la malnutrition qui n’étaient ni directement liées à la santé physique
ni à l’alimentation. Le caring est un anglicisme dont l’origine vient du mot « care »
signifiant soin dans le sens de « prendre soin » contrairement au mot « treatment »
que nous traduisons aussi par le mot « soin » en français mais, cette fois, dans le
sens « soin médical ». Ainsi, le caring regroupe les soins psycho-affectifs, les
facteurs socio-culturels et le niveau d’éducation. La relation mère-enfant se pose en
arrière fond de cette notion. La qualité de cette relation dépend de la disponibilité de
la mère, de son accès à l’information, aux connaissances, de son état psychosocial et
nutritionnel, de son accès à la santé. Yves MARTIN-PREVEL note que « même dans
un contexte défavorable de pauvreté ou de crise économique, de bonnes pratiques
de caring peuvent permettre une meilleure croissance et un meilleur
développement »8.
En effet, d’après l’ESBAN I, les déterminants de la dénutrition infantile sont, non
seulement, l’état de santé et le régime alimentaire de l’enfant, mais également l’état
de santé et d’instruction de sa mère, le niveau de revenu de sa famille, l’accès à l’eau
potable, l’âge de la mère.
8 MARTIN-PREVEL Yves et collaborateurs, « Nutrition, urbanisation et pauvreté en Afrique Subsaharienne », Médecine Tropicale, 2000, 60-2, pp.179-192.
40
Le niveau d’instruction de la mère est un critère important dans la gestion de la santé
en général et plus particulièrement de la santé nutritionnelle de son enfant. Selon
l’EBSAN I, 75% des mères n’ont aucune instruction. Bamako et Kayes se
démarquent avec des taux plus faibles d’analphabétisme (respectivement 38 et 58%).
Ce niveau d’instruction des mères influe notamment sur la bonne couverture
vaccinale de l’enfant. En effet, selon l’EDSM IV de 2006, les enfants dont les mères
n’ont aucune instruction sont 46% à être correctement vaccinés contre 70% des
enfants dont les mères ont atteint le secondaire ou plus.
Dans une situation où les maladies infectieuses représentent un problème majeur de
santé des enfants, l’hygiène des mères apparaît être un point à surveiller. Le lavage
des mains reflète l’importance donnée à l’hygiène. Selon l’EBSAN I, la grande
majorité des mères se lavent les mains lors des opérations clés liées à l’hygiène :
préparation des repas, avant de manger, après avoir mangé, avant de faire manger
l’enfant, après être allé aux toilettes et après avoir aidé l’enfant à aller aux toilettes.
Mais seule une faible proportion de ces femmes utilise du savon ou un autre
détergent, les autres utilisant de l’eau seule.
Les pratiques de soins dépendant de façon importante de la relation mère - enfant, il
semble nécessaire de s’intéresser au statut de la femme dans la société afin
d’appréhender ses marges de manœuvre concernant l’éducation de ses enfants.
Le travail des femmes, aura par exemple un rôle important concernant le temps
qu’elles pourront consacrer à leurs enfants.
D’autre part, les femmes ont besoin d’avoir accès au budget du ménage pour
accéder à la nourriture et éventuellement pouvoir emmener leurs enfants dans un
centre médical si nécessaire sans pour autant devoir attendre l’autorisation du
gestionnaire du budget.
41
3.3 Les différences urbain - rural : focus sur la r égion de Kayes et la ville de
Bamako
L’importance de l’urbanisation au Mali a bouleversé le paysage démographique et
économique du pays. Cependant comme le montre le graphique ci-dessous, la
différence de pauvreté entre la ville et la campagne pré-existe à ce phénomène.
De plus, la proportion de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté en ville
est à relativisé puisque l’on observe de grosses différences au sein même des villes.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
1988 1994 2001 2005
Urbain
Rural
Total
Figure 6 : Incidence de la pauvreté monétaire au Ma li entre 1988 et 2005
La forte urbanisation observée au Mali ces dernières années a entraîné d’importantes
disparités entre la ville et la campagne sur le plan nutritionnel.
D’après Yves MARTIN-PREVEL9, la sécurité alimentaire en terme qualitatif s’exprime
par la qualité nutritionnelle et la diversité des aliments, leur qualité sanitaire et leur
9 MARTIN-PREVEL Yves et collaborateurs, « Nutrition, urbanisation et pauvreté en Afrique Subsaharienne », Médecine Tropicale, 2000, 60-2, pp.179-192.
42
acceptabilité culturelle. C’est ici que les différences entre les milieux ruraux et urbains
ressortent. En milieu urbain, l’accès aux aliments est plus grand ce qui favorise une
alimentation plus diversifiée : moins de céréales, plus de produits animaux, de sucres
simples et de graisses.
Cependant la quantité de calories consommées apparaît, selon l’enquête Budget -
Consommation de 1988-89, légèrement plus importante en milieu rural (2300 kcal)
qu’en milieu urbain (2200). Sa répartition est, en revanche, bien différente entre la
ville et la campagne comme le montre le tableau ci-dessous issu de l’EBC 88-89.
Répartition de l’apport énergétique par nutriments selon le milieu de résidence
Globalement l’alimentation est hyperglucidique et pauvre en lipides. Ces
caractéristiques sont accentuées en milieu rural. L’énergie glucidique provient
essentiellement de l’aliment de base c’est-à-dire des céréales. L’alimentation rurale
est donc plus énergétique mais moins diversifiée.
Concernant la région de Kayes et la ville de Bamako, cette tendance se confirme
avec un apport calorique moyen de 2400 à Kayes et de 2100 à Bamako.
L’apport protéique est satisfaisant en quantité, cependant il provient majoritairement
des céréales et des légumineuses et peu de la viande, du poisson ou du lait. Or, les
protéines d’origine végétale sont moins bien utilisées par l’organisme.
Outre la consommation alimentaire, des différences notoires apparaissent sur l’état
de santé des populations entre le milieu urbain et le milieu rural.
En termes de vaccination des enfants, on constate que seuls 29% des enfants de 12
à 24 mois ont une couverture vaccinale complète dans la région de Kayes contre
En % de l’énergie totale Urbain Rural
Glucides 78,4 84,3
Lipides 7 3,8
Protéines 14,6 11,9
Figure 7 : Répartition de l'apport énergétique par nutriments selon le milieu de résidence
43
59% à Bamako. De manière plus globale, les taux de vaccination sont plus faibles en
milieu rural qu’en milieu urbain.
Selon l’EDSM IV, la prévalence de la diarrhée est de 21% dans la région de Kayes et
de 8% à Bamako.
Concernant la notion de caring, Yves MARTIN-PREVEL10 note qu’en milieu urbain,
de nombreux facteurs pèsent sur la capacité des femmes à s’occuper de leurs
enfants. En effet, en ville, les femmes sont très souvent amenées à travailler pour
assurer un revenu suffisant à leur famille. Le temps qu’elles passent au travail voire
dans les transports représente du temps qu’elles ne passent pas à s’occuper de leurs
enfants. En revanche, il leur permet de gagner de l’argent qu’elles géreront, la plupart
du temps, elles-mêmes. Or, il semble acquis maintenant que lorsque le budget est
géré par les femmes, il est principalement utilisé pour l’alimentation de toute la
famille.
Concernant le travail des femmes, des différences d’activités professionnelles sont à
noter : à Kayes, 78% des femmes ayant un emploi travaillent dans le secteur de
l’agriculture, de la pêche ou de l’élevage alors qu’à Bamako 58% travaillent dans le
secteur de la vente et des services. Le problème de la garde des enfants se pose de
manière plus pesante en milieu urbain qu’en milieu rural où les femmes travaillent
souvent avec leurs enfants sur le dos.
Enfin, une des composantes majeure du caring est l’accès à l’éducation des femmes.
Cet accès semble facilité en ville par rapport à la campagne. Selon l’EDSM IV, 88%
des femmes n’ont reçu aucune instruction en milieu rural alors qu’elles ne sont que
59% en milieu urbain. La région de Kayes est caractéristique du milieu rural avec un
taux de femmes non instruites de 86%. Quant à la ville de Bamako, elle accuse le
taux le plus faible de femmes non instruites. Notons également que seules 3,3% des
femmes de Kayes ont atteint le secondaire alors qu’elles sont 31% à Bamako.
Ces différences observées entre le milieu urbain et le milieu rural sont à relativiser.
En effet, depuis quelques années, on constate de grandes disparités au sein des
10 MARTIN-PREVEL Yves (2010), Sociologie du développement, Enseignement suivi dans le cadre du Master 1 Alimentation, CETIA, Université de Toulouse 2, Toulouse.
44
villes avec des personnes en situation d’extrême pauvreté côtoyant des personnes
aux revenus importants et ce dans une même ville voire un même quartier. Il faudrait
désormais parler « des » villes. Faute de données, nous n’approfondirons pas cette
analyse ici.
Conclusion
La situation nutritionnelle du Mali apparaît donc préoccupante et en particulier
concernant les femmes et les enfants. De plus, un mauvais état nutritionnel de la
population affecte le développement socio-économique du pays. Il est donc
primordial d’améliorer l’état nutritionnel afin de développer le capital humain du pays.
Face à ce constat, le gouvernement malien a fait de la sécurité alimentaire durable un
objectif premier de sa politique. Ainsi, un volet « sécurité alimentaire durable et
souveraineté alimentaire » a été inséré dans la Loi d’Orientation Agricole votée en
2006. Déjà en 2002, la stratégie nationale de sécurité alimentaire, visant à satisfaire
les besoins alimentaires des populations, est apparue et s’est traduite par le
Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA). Ce dernier qui intègre des
objectifs directement liés à l’alimentation comme l’augmentation et la diversification
de la production agricole ainsi que le développement de la transformation des
produits locaux vise aussi et surtout à l’amélioration des revenus des populations ce
qui renvoie aux questions d’accessibilité. Ce programme insiste sur la nécessité
d’une interaction entre le secteur agricole et les autres secteurs tels que la santé,
l’éducation, les transports, etc. Parallèlement, le Commissariat à la Sécurité
Alimentaire (CSA) a été créé en mai 2004. Il est chargé de définir, piloter et
coordonner l’ensemble des actions ayant trait à la sécurité alimentaire. Il coordonne,
par exemple, le Système d’Alerte Précoce (SAP). Ce SAP, mis en place depuis 1986,
assure un suivi nutritionnel de la population à travers quelques sites sentinelles. Il a
pour objectif de prévoir les crises alimentaires et d’améliorer leur gestion en
identifiant lesdites situations de crises. Dans le même temps, le Programme de
Restructuration des Marchés Céréaliers (PRMC) a été créé et joue un rôle
complémentaire vis à vis du SAP puisqu’il distribue des denrées alimentaires
gratuitement dans les zones identifiées en crise par le SAP.
45
Le gouvernement a également créé différentes divisions en charge de nutrition et/ou
d’alimentation au sein de ses ministères : la Division du Suivi de la Situation
Alimentaire et Nutritionnelle de la Cellule de Planification et de Statistiques et la
Division Nutrition de la Direction Nationale de la Santé.
La volonté d’agir sur la nutrition et la sécurité alimentaire est affichée et bien
présente, mais la multiplication des institutions en charge de ces sujets favorise le
flou et limite l’efficacité par manque de coordination notamment. Notons que
l’insécurité alimentaire rurale liée aux facteurs climatiques a diminué. En revanche,
une insécurité alimentaire de nature nouvelle l’a remplacée liée à la pauvreté urbaine
et péri-urbaine. Cette dernière nécessite une prise en charge différente que l’on voit
apparaître dans le PNSA mais il faudra probablement quelques années avant de
pouvoir en constater les éventuels effets.
47
Concernant l’alimentation des migrants et l’évaluation de leur bien être alimentaire, la
dimension socio-anthropo-ethnologique est indispensable. Mais la question de la
nutrition apparaît également primordiale dans le traitement des données et la
compréhension du problème posé.
La question de la pluridisciplinarité pour traiter l’alimentation est une question
récurrente et qui ne fait pas consensus ni dans les sciences humaines ni dans la
nutrition. D’où vient ce clivage des disciplines ? Et comment les réconcilier ?
Après avoir tenté de répondre à ces questions, nous présenterons les outils et
concepts nécessaires à l’étude des modèles alimentaires des migrants maliens.
L’espace social alimentaire permet une approche pluridisciplinaire de l’alimentation.
Le contexte particulier de la migration nécessite la prise en compte spécifique du
caractère identitaire de l’alimentation ainsi que de la notion d’adaptabilité face à un
changement d’environnement. Enfin, il semble pertinent d’évaluer la qualité de
l’alimentation en considérant la variété et la diversité du régime alimentaire considéré.
1 De la nutrition à l’alimentation comme fait socia l total
L’articulation de la nutrition et des sciences humaines représente un défi majeur dans
l’étude de l’alimentation des pays en développement.
1.1 De la nutrition …
La nutrition est, au sens commun, « la transformation et l’utilisation des aliments dans
l’organisme » et au sens physiologique, « l’ensemble des processus d’assimilation et
de désassimilation qui ont lieu dans un organisme vivant, lui permettant de se
maintenir en bon état et lui fournissant l’énergie nécessaire. »11
Longtemps, elle a été considérée comme la seule façon de traiter de l’alimentation
humaine. Les médecins avaient le monopole de son étude.
Au 19ème siècle, l’alimentation apparaît au sein de la discipline économique dans les
travaux d’Engel qui étudie la consommation des ménages et propose une loi
concernant le lien étroit entre le niveau économique d’un foyer et la part de dépenses
11 Dictionnaire le nouveau petit robert,dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, nouvelle édition du Petit Robert de Paul Robert, texte remanié et amplifié sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey, 1999, éd. dictionnaire le Robert 1993.
48
destinée à l’alimentation. À ce moment, l’alimentation est un moyen d’aborder un
thème économique et non pas un sujet d’étude à part entière.
1.2 … Au fait social total
En 1895, E. Durkheim porte la naissance de la sociologie en tant que champ
scientifique autonome en prônant l’autonomie du social. Il définit le fait social comme
suit :
« Un ordre de faits qui présentent des caractères très spéciaux : ils consistent en des
manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu, et qui sont douées
d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui. Par suite, ils ne
sauraient se confondre avec des phénomènes organiques, puisqu’ils consistent en
représentations et en actions ; ni avec les phénomènes psychiques, lesquels n’ont
d’existence que dans la conscience individuelle et par elle. »12
Par cette définition, Durkheim exclut l’alimentation en tant que fait social car cette
dernière comprend une composante biologique importante. Dans le même temps, il
inclut l’étude des manières de table comme fait social. Dès lors, l’ambiguïté et la
difficulté de l’étude de l’alimentation sont explicitées. En effet, l’ « autonomie du
social » dont parle Durkheim ne s’applique pas à l’alimentation.
L’alimentation est posée comme lieu d’indexation, d’ « exemplification » d’autres
disciplines et non comme objet d’étude à part entière.
La nutrition, discipline scientifique, biologique, attachée à la médecine reste donc une
discipline bien distincte de la sociologie et des sciences humaines en général.
M. Mauss, neveu de Durkheim et père de l’ethnologie française, s’inscrit dans le
courant fonctionnaliste : les phénomènes sociaux peuvent être décrits à travers les
fonctions qu’ils assurent et chaque fait social a une fonction, rien n’est laissé au
hasard. Il propose un premier pas vers l’interdisciplinarité : « Les techniques du
corps, le psychologique articulent le social et le biologique »13. Il faudra, cependant,
attendre E. Morin, sociologue et philosophe français du 20ème siècle, pour appliquer
cette pluridisciplinarité à l’étude de l’alimentation. « Comment ne voit-on pas que ce 12 DURKHEIM Emile, Les règles de la méthode sociologique, (1895) PUF, Paris, Quadrige, 1983, p. 5-6. 13 MAUSS Marcel, « Les techniques du corps », Anthropologie et sociologie, PUF, Paris, 1925.
49
qui est le plus biologique - le sexe, la mort - est en même temps ce qui est le plus
imbibé de symboles, de culture ! Nos activités biologiques les plus élémentaires, le
manger, le boire, le déféquer, sont étroitement liées à des normes, des interdits, des
valeurs, des symboles, des mythes, des rites, c’est-à-dire, à ce qu’il y a de plus
spécifiquement culturel »14. Ainsi est ébauchée la sociologie de l’alimentation posant
l’alimentation comme un fait bio-psycho-socio-culturel.
1.3 Le paradigme interdisciplinaire
Les enjeux d’articulation des disciplines dans l’étude de l’alimentation restent très
actuels. Le clivage des disciplines universitaires représente un obstacle au
développement d’un paradigme interdisciplinaire. Il convient de consolider et de
faciliter les relations inter-disciplinaires notamment entre les sciences humaines et les
sciences de la nutrition.
Le premier point à éclaircir afin de permettre un travail coopératif semble être la
question du vocabulaire. La communication n’est possible que si les termes employés
renvoient à une même définition aux yeux de chacun des acteurs impliqués.
Or, on constate que pour un même terme, les définitions diffèrent selon les
disciplines. Ainsi le mot « Alimentation » renvoie, pour les nutritionnistes, à la manière
de satisfaire les besoins physiologiques en termes de quantité et de qualité
d’aliments voire de répartition des apports. Cette notion d’alimentation est bien plus
large aux yeux des sociologues. En effet, elle recouvre la façon de se procurer les
aliments, la façon de les préparer, le choix de ces derniers, les règles constituées
autour de la prise alimentaire, les représentations que cachent la consommation des
aliments, la commensalité, etc. En bref, tout ce qui a trait, de près ou de loin, à l’acte
alimentaire mis à part le calcul nutritionnel. L’alimentation, telle que nous
l’emploierons dans la suite de ce mémoire, intègre ces différentes approches et
recouvre 4 dimensions : hédonique, nutritionnelle, commensale et symbolique.
14 MORIN Edgar, Le paradigme du goût : la nature humaine, Le seuil, Paris, 1973.
50
1.4 Les modèles alimentaires : une notion à définir
Dans une approche pluridisciplinaire de l’alimentation, la notion de modèles
alimentaires semble ressortir en particulier de la part des acteurs provenant des
sciences humaines. Là encore, la définition de ce terme est indispensable.
Les modèles alimentaires sont définis par Jean-Pierre Poulain15 comme un ensemble
de règles socialement définies et relevant de l’allant de soi qui fixent le choix des
aliments, les interactions entre acteurs de la filière, les modes de préparations
culinaires, les formes de consommation et les rythmes alimentaires. On peut les
considérer comme l’articulation du culturel et du naturel : la mise en scène des
valeurs d’une culture et le résultat des contraintes matérielles du milieu. Ils
permettent aux mangeurs d’articuler les différentes dimensions de l’alimentation
évoquées ci-dessus : hédonique, nutritionnelle, commensale et symbolique et
facilitent ainsi la prise de décision. Les ambivalences de l’alimentation sont
nombreuses et bien connues des sociologues de l’alimentation. Claude Fischler,
sociologue français, directeur de recherche au CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique) et directeur du centre Edgar Morin, les explicite dans
différents concepts16 :
- Le paradoxe de l’omnivore : l’Homme en tant qu’omnivore doit innover et
expérimenter pour satisfaire ses besoins en fonction des fluctuations des
ressources. Cela implique une prise de risque car les aliments inconnus sont
potentiellement dangereux. L’omnivore doit donc trouver un équilibre entre le
désir d’innovation (néophilie) et la peur de la nouveauté (néophobie).
- Le principe d’incorporation : Lors de la consommation d’un aliment, le mangeur
incorpore non seulement des nutriments, mais il incorpore également des
symboles. Enfin, la consommation d’un aliment, incorpore l’individu au sein
d’un groupe.
- La pensée magique : Cette notion est illustrée par la phrase « Je deviens ce
que je mange ». En effet, les nutriments ingérés, une fois absorbés et
15 POULAIN Jean-Pierre, Manger aujourd’hui, Attitude, normes et pratiques, Editions Privat, Paris, 2002, pp.23-38 16 FISCHLER Claude, Gastronomie et gastro-anomie. Sagesse du corps et crise bio-culturelle de l’alimentation moderne, revue Communications, Année 1979, Volume 31, Numéro 1, page 189 – 210
51
assimilés, deviennent partie intégrante du corps du mangeur. Mais ce dernier
acquiert également les caractéristiques symboliques de l’aliment.
Les modèles alimentaires permettent de gérer ces ambivalences en réduisant
l’espace de décision du mangeur par l’établissement de règles à respecter sans
même y penser et diminuent ainsi l’anxiété, caractère constant de l’alimentation
humaine.
Les modèles alimentaires structurent les formes de sociabilité et peuvent donc être
considérés comme faisant parti de la définition d’une société. Ils permettent aux
membres de cette société de se construire une identité à travers des processus
d’identification et de différenciations internes ou externes à cette société. Leur
construction s’effectue au gré des expériences, essais et erreurs réalisées par un
groupe humain. À ce titre, les modèles alimentaires sont des objets mouvants, en
perpétuelle évolution selon le contexte.
Les modèles alimentaires relèvent de deux dimensions :
- Ils constituent un ensemble de connaissances techniques transmis de
génération en génération permettant aux individus d’opérer des choix parmi
les aliments disponibles dans leurs milieux, de les conserver, de les préparer
pour en faire des plats et enfin de les consommer.
- Ils intègrent un ensemble de symboles grâce auxquels les mangeurs se
construisent une identité personnelle et collective.
La mise en évidence des modèles alimentaires se heurte au fait que la majorité des
valeurs qui les constituent relèvent de « l’allant de soi » et ne sont donc pas
explicitées de prime abord par les mangeurs. C’est lors de la transgression de ces
règles que la prise de conscience a lieu.
Ces modèles varient dans le temps et dans l'espace, d’une société à l’autre, d’où
l’importance de cette approche concernant l’alimentation des migrants qui évoluent
de leur société d’origine vers une société d’accueil : Que deviennent leurs modèles
alimentaires ?
Une fois le vocabulaire défini, l’articulation des différents angles d’approches et points
de vue permettra d’obtenir une réflexion riche voire complète d’un même fait, telle
52
que l’alimentation. Dans l’étude de l’alimentation des migrants, la prise en compte de
la complémentarité de l’anthropologie, de l’histoire, de la nutrition, de la sociologie, de
la géographie et de l’économie apparaît indispensable.
2 L’espace social alimentaire pour traiter de l’ali mentation des
migrants.
L’espace social alimentaire est un outil proposé par Jean-Pierre Poulain pour
permettre l’étude des modèles alimentaires. Dans l’étude de l’alimentation des
migrants maliens, son usage semble pertinent afin de cerner les différentes
dimensions de leur alimentation liées à la migration.
C’est G. Condominas qui développa le concept d’ « espace social » en 198017, il le
présentait comme « le lieu d’articulation du naturel et du culturel ». Jean-Pierre
Poulain retiendra ce terme pour développer son espace social alimentaire car, selon
lui, il présente trois principaux intérêts :
- La notion d’espace renvoie, d’un point de vue étymologique, non seulement à
l’espace physique mais également à l’espace temporel ce qui permet
d’aborder l’alimentation de façon dynamique et non pas figée.
- Il permet d’articuler et non plus d’opposer le déterminisme culturel et le
déterminisme biologique.
- Enfin, il permet d’appréhender les relations entre l’homme et la nature.
L’espace social alimentaire est composé de six dimensions et son auteur précise lui-
même que d’autres dimensions pourront être ajoutées si le besoin s’en fait ressentir :
• L’espace du mangeable représente l’ensemble des produits que
l’individu ou le groupe d’individu définit comme aliments c’est-à-dire qu’il
considère comme mangeables. Cette inclusion dans l’espace du
mangeable relève d’aspects biologiques et nutritionnels car les produits
choisis comme aliments doivent satisfaire un besoin physiologique ;
Mais cet espace du mangeable contient aussi et surtout des aspects
culturels puisque l’aliment doit répondre à un besoin identitaire, 17 CONDOMINAS George, L’espace social à propos de l’Asie du Sud-Est, Flammarion, Paris, 1980
53
symbolique. C’est ce deuxième aspect qui explique qu’un aliment
pourtant riche nutritionnellement et non nocif ne soit pas retenu comme
aliment. L’exemple des insectes dans nos sociétés occidentales est
parlant : ils sont extrêmement riches en protéines, vitamines et
minéraux et sont pourtant non consommés par la majorité des
mangeurs occidentaux.
• Le système alimentaire est défini comme l’ensemble des étapes
menant l’aliment de son milieu d’origine à l’assiette du mangeur. Selon
le contexte, ce chemin sera plus ou moins long, les acteurs seront plus
ou moins nombreux, l’aliment sera plus ou moins transformé. Quoi qu’il
en soit, à chaque étape, les dimensions économiques, technologiques
et sociales seront prises en compte dans le système alimentaire.
• L’espace du culinaire représente l’ensemble des actions techniques et
symboliques effectuées par les individus pour participer à la
construction de l’identité culturelle du produit et le rendre
consommable : organisation de la cuisine, technique culinaire, etc.
• L’espace des habitudes de consommation regroupe les règles et
codes relatifs à la prise alimentaire : la position dans laquelle les
individus consomment leurs aliments, la structure des prises, les
manières de table.
• La temporalité alimentaire fait référence aux différentes alimentations
consommées au cours de la vie (alimentation enfantine, alimentation
d‘adulte, alimentation de fin de vie, etc.) mais aussi aux variations
alimentaires saisonnières et enfin au rythme journalier : horaires des
repas, répartition des différents temps forts de la journée (travail, repos,
alimentation, loisir, etc.), horaires des repas.
• L’espace de différenciation sociale renvoie au concept de Bourdieu.
L’alimentation d’un individu est largement déterminée par la classe
sociale à laquelle il appartient et ce même individu utilise l’alimentation
pour affirmer son appartenance sociale en privilégiant tel ou tel aliment
à connotation sociale forte.
54
Le bien être alimentaire des migrants pourra être analysé à partir des six dimensions
de l’espace social. En effet, l’espace social alimentaire permet une vision globale de
l’alimentation avec non seulement ses dimensions qualitatives et quantitatives mais
aussi ses dimensions sociales et culturelles. Il permet d’aborder un phénomène aussi
complexe que l’alimentation des migrants dans son ensemble.
3 Notion d’identité et d’adaptation en situation de migration
En situation de migration, la question de l’identité apparaît primordiale. En effet,
l’ensemble des repères géographiques, affectifs, professionnels s’en trouve
bouleversé.
La notion d’identité est une notion complexe. Nous retiendrons, ici, la définition
proposée par Laurence Tibère18 : L’identité correspond à l’ensemble des processus
par lesquels l’individu ou le groupe d’individus s’appuie sur les ressources
personnelles, sociales et culturelles dont il dispose pour instaurer de l’unité et de la
cohérence en son sein et pour exprimer ce qu’il est ou qu’il « pense » ou « veut »
être. Ces processus s’inscrivent dans la relation à l’autre et procèdent par
mouvements d’identification – distanciation.
Au regard de cette définition, l’importance que peut avoir la migration sur l’identité se
dessine. L’identité est en perpétuelle redéfinition, c’est une notion dynamique
(re)modelée par l’interaction. Face à un changement d’environnement, « les
ressources personnelles, sociales et culturelles dont il dispose » sont modifiées.
L’individu doit, donc, s’adapter à ce nouveau contexte.
Le projet ALIMI a pour ambition de « mesurer » le bien-être alimentaire vécu des
migrants. Pour cela, la notion d’identité est une voie d’entrée possible. Les hésitations
identitaires créées par ce mouvement géographique mettent les migrants en situation
instables vis-à-vis d’eux-mêmes et du groupe. Des questions aussi simples que : « de
18 TIBERE Laurence (2010), Sociologie de l’alimentation, Enseignement suivi dans le cadre du Master 1 Alimentation, CETIA, Université de Toulouse 2, Toulouse.
55
quel endroit je parle quand j’utilise l’expression « chez moi » ? » attestent du
processus complexe que représente la reconstruction d’une identité dans un espace
nouveau.
Les migrants procèdent donc, plus ou moins consciemment, à des adaptations qui
leur permettront de se reconnaître et de pouvoir ainsi s’identifier en tant qu’individu et
au sein d’un groupe.
Dans cette situation, Frazier distingue deux processus d’adaptation : l’assimilation de
la culture d’accueil et l’acculturation.
L’acculturation peut être définie comme un échange de caractéristiques culturelles
entre deux cultures et non pas comme l’abandon d’une culture au profit de l’autre.
Deux modèles d’acculturation peuvent être mis en évidence :
- Le pendulisme : L’individu se réfère, selon les situations, à une culture puis à
l’autre.
- Le métissage : l’émergence d’une culture par un processus de mélange des
cultures de départ. La limite de cette notion réside dans l’hypothèse faite que
les deux cultures de départ soient pures, clairement définies. Pour pallier cela,
l’utilisation du terme intégration sera préféré.
Suite à l’étude de ces deux modèles, la question d’une troisième alternative se pose :
l’innovation. Les individus se trouveraient dans la situation de créer une nouvelle
culture qui leur serait propre en modulant les acquis des deux cultures d’origine. De
ce point de vue, on pourrait parler d’une culture spécifique aux migrants. Notons que
cette notion qui reste à définir demeure à l’état de questionnement.
L’alimentation joue un rôle important d’identité au sein d’une société, d’appartenance
interne et de différenciation par rapport à l’extérieur. Ainsi, l’alimentation peut être vue
comme une façon d’aborder les questions identitaires des migrants.
Du point de vue des biologistes, l’adaptation renvoie aux mutations génétiques qui
s’effectuent au fils de l’évolution de l’Homme sur plusieurs générations afin de
s’adapter au milieu dans lequel ce dernier évolue.
56
L’adaptation peut également être phénotypique, c’est-à-dire toucher l’expression des
gènes. Dans ce cas, elle peut être physiologique lors de l’adaptation à la température
par exemple ou sensorielle et n’est pas nécessairement irréversible.
Enfin, le phénomène d’adaptation d’un point de vue anthropologique considère les
modifications de comportements effectuées selon une pression sociale ou un
apprentissage.
D’un point de vue global, l’Homme n’a pas rendu son lieu de vie plus agréable
puisqu’il a favorisé la pollution, la dégradation de l’environnement. On assiste donc à
une mal-adaptation de l’Homme à son milieu. Selon la première définition de
l’adaptation citée précédemment, la question du temps d’adaptation se pose. En
effet, les changements des sociétés modernes ont été très rapides à l’échelle de
l’humanité. L’hypothèse selon laquelle les mutations génétiques permettant
l’adaptation à ce nouveau mode de vie n’auraient pas eu le temps de se réaliser est
avancée.
D’un point de vue alimentaire, l’homme n’a pas su s’adapter à la situation de pléthore
auquel il fait face tant dans les pays développés que dans les villes des pays en
développement renvoyant ces derniers au problème de la transition nutritionnelle
évoquée précédemment suite à l’urbanisation galopante.
En termes d’adaptation, Igor De Garine pose la question de l’adaptation biologique
face à l’adaptation culturelle. Il affirme que l’adaptation à l’environnement culturel
n’est pas nécessairement liée aux besoins biologiques19.
Il définit les besoins alimentaires des hommes comme pouvant être satisfaits par une
multitude de « régimes alimentaires ». L’Homme choisit de consommer une partie
des aliments que lui propose son environnement : ces aliments doivent répondre à un
besoin nutritionnel et à un besoin culturel lié à la société dans laquelle il évolue.
De nombreux hommes de sciences et en particulier les nutritionnistes postulent
l’existence d’une autorégulation par la faim en fonction des besoins physiologiques,
une écoute de son corps qui conduirait à une consommation parfaitement adaptée
19De Garine Igor, Culture et Nutrition, Communications, Année 1979, Volume 31, Numéro 1, pp. 70-92
57
aux besoins biologiques. Cette hypothèse est vivement remise en cause dès lors que
l’on tente une approche objective des choix alimentaires. Le choix d’une tubercule
comme aliment de base dans des régions d’Afrique de l’Ouest alors même que les
céréales sont plus riches en protéines végétales ne trouve pas d’explication
physiologique. C’est ailleurs que les raisons de ce choix apparaissent : la rentabilité
de la culture et la facilité de stockage permettent une meilleure adaptation aux modes
de vie choisis. La biologie semble, ici, dépassée par la culture.
Selon Igor De Garine, l’adaptation consiste à s’affranchir des contraintes naturelles
pour répondre aux contraintes culturelles. Ce dernier note également que les choix
alimentaires d’une société influencent le milieu dans lequel elle vit autant que
l’environnement influence les pratiques alimentaires dans un processus de
réciprocité.
En terme de migrations, cette approche pose la question de l’influence culturelle, et
en particulier sur l’alimentation, des migrants dans la société d’accueil.
Comment les migrants ruraux arrivant en ville ressentent-ils cette question identitaire,
en particulier face à la modernité alimentaire observée dans les principales villes
d’Afrique de l’Ouest ?
Igor De Garine note que face à l’influence d’un groupe ethnique fort (politiquement,
économiquement, etc.), les peuples traditionnels tendent à adopter leurs modes de
vie quitte à renoncer à des valeurs qu’ils défendaient pourtant du plus profond de
leurs êtres depuis des générations. Ces adaptations peuvent avoir des conséquences
dramatiques sur un peuple voire causer sa disparition biologique et culturelle.
Dans le cas de l’arrivée en ville d’un individu venant de la campagne, le « groupe
ethnique fort » mentionné par I. De Garine peut être représenté par la population
urbaine. Cependant, il semble que, dans ce cas, les adaptations ne causent pas la
disparition de l’individu. À terme, les changements opérés par les migrants pourraient
entraîner, tout au plus, la disparition de certaines coutumes et la mise en place de
nouveaux modèles alimentaires. En ce sens, le terme de disparition pourrait
s’appliquer aux modèles alimentaires.
58
La confrontation avec ce que l’on appellera la modernité alimentaire en milieu urbain
peut être difficile.
La modernité alimentaire est, dans nos sociétés occidentales, définie par un
affaiblissement des normes sociales encadrant la prise alimentaire et ainsi une
augmentation de la réflexivité des mangeurs. Certains auteurs insistent sur la
situation de forte anxiété dans laquelle se trouve le mangeur alors que d’autres
avancent la thèse de la construction de nouvelles normes par les mangeurs. Pour
reprendre une formule de Claude Fischler : la gastro-anomie aboutirait-elle à de
nouvelles gastronomies ?20. L’affaiblissement de l’appareil normatif est imputé à
plusieurs phénomènes caractéristiques de la modernité : la médicalisation, la
judiciarisation et la politisation de l’alimentation. Tous découlent en outre de la
mondialisation.
Dans le contexte des villes d’Afrique de l’Ouest, la mondialisation caractérise
également la modernité alimentaire mais probablement de manière différente. Ainsi,
le trait principal que l’on peut retenir est l’accès à de nombreux produits industrialisés
et donc l’augmentation considérable de l’espace du mangeable. Dans un contexte où
l’insécurité alimentaire, au sens de l’incertitude d’avoir accès à suffisamment
d’alimentation d’un jour à l’autre, est encore présente, la gestion des « nouveaux »
aliments par les migrants en ville semble un point crucial de l’étude de leurs modèles
alimentaires.
4 Variété et diversité en situation de migration
La disponibilité de nombreux aliments en ville implique une augmentation de la
variété alimentaire pour les migrants venant du milieu rural. Cette variété entraîne
t’elle une augmentation de la diversité alimentaire ?
La variété alimentaire se définit comme le nombre de produits différents consommés
par un individu pendant une période donnée : chaque produit ayant la même
importance dans l’analyse des résultats et ce, quelle que soit la quantité consommée.
20 FISCHLER Claude, Gastronomie et Gastro-anomie, 1979, Communication, Volume 31, N°1, pp. 189-210
59
La diversité alimentaire, quant à elle, se définit comme le nombre de groupes
d’aliments représentés dans la consommation d’un individu pendant une période
donnée parmi une classification établie, qui peut, cependant, différer d’une étude à
l’autre. La classification suivante, utilisée par Hatloy Anne. et al. en 199921, en est un
exemple : féculents, légumes, huile et sucre, fruits, noix, viande, lait, poisson, feuilles,
œufs. Le questionnaire de diversité proposé par la FAO contient 16 groupes :
Céréales, légumes et tubercules riches en vitamine A, tubercules blancs et racines,
légumes verts foncés à feuilles, autres légumes, fruits riches en vitamine A, autres
fruits, abats, viandes, œufs, poissons, légumineuses-noix et graines, lait et produits
laitiers, huiles et graisses, sucrerie, épices-condiments et boissons.
La mesure de ces deux indicateurs sera effectuée grâce à un rappel des aliments
consommés le jour ou la semaine précédant l’enquête. Ces aliments seront ensuite
classés selon l’indice à calculer. Cette mesure, relativement simple, a permis à divers
auteurs d’établir des corrélations entre la diversité alimentaire et l’état nutritionnel des
femmes à Bamako22, entre la variété alimentaire et la pratique d’un régime
alimentaire équilibré23. Le score de diversité alimentaire a également été proposé
comme indicateur de l’accès des ménages à l’alimentation24.
L’utilisation du questionnaire de diversité est un outil pratique et rapide pour évaluer
les changements qualitatifs du régime alimentaire d’un individu ou d’un ménage.
La notion de diversité semble directement liée à la variété dans l’ensemble de ces
études. Cependant, dans un contexte de migration du milieu rural vers le milieu
urbain, cette relation n’apparaît plus évidente. La plus grande variété est favorisée
par l’accès au marché. Qu’en est-il de la diversité ? Cette question mériterait une
étude de terrain approfondie et reste, à priori, sans réponse aujourd’hui.
21 HATLOY Anne et al., « Food variety, socioeconomic status and nutritionel status in rural ans urban areas in Koutiala (Mali) », Public Health Nutrition, 3, 1999, pp. 57-65. 22 KENEDY Gina et al., « Dietary diversity as a measure of the micronutrient adequacy of women’s diets : Results from Bamako, Mali site », Food and Nutrition Technical Assistance, Washington DC., 1999. 23 TORHEIM LE. Et al., « Validation of food variety as an indicator of diet quality assessed with a food frequency questionnaire for Western Mali », European Journal of Clinical Nutrition, 2003, pp. 1283-1291. 24 SWINDALE Anne, BILINSKY Paula, Score de diversité alimentaire des ménages (SDAM) pour la mesure de l’accès alimentaire des ménages : Guide d’indicateur, Washington D.C., Projet d’Assistance technique en matière d’Alimentation et de Nutrition,l’Académie pour le Développement de l’Education, 2006.
60
Conclusion
La nécessité d’un traitement pluridisciplinaire de l’alimentation pour évaluer les
variations de styles et de bien-être alimentaires en situation de migration apparaît
évidente.
L’utilisation de l’espace social alimentaire permet une étude fine et précise des
modèles alimentaires maliens. Les six dimensions de cet espace couvrent des
aspects divers de l’alimentation en dépassant la seule prise en compte des aliments
consommés, et amène une complémentarité à l’approche nutritionnelle.
Dans le contexte de notre travail, les notions d’identité et d’adaptabilité appellent une
attention particulière. L’alimentation représente une façon d’affirmer son identité, et
au-delà, elle façonne cette identité. Ainsi, les modifications d’environnement induites
par la migration entraînent parfois la perte de certains repères identitaires et
nécessitent d’opérer une adaptation plus ou moins rapide au nouveau lieu de vie afin
de se reconstruire une identité propre.
Pour appréhender les principales modifications alimentaires opérées par les migrants
dans cette phase d’adaptation à leur nouvel environnement, l’utilisation des notions
de variété et de diversité alimentaires permet une approche en terme de choix des
aliments. Cette approche ne prétend pas à l’exhaustive, mais présente l’avantage
d’être facilement exploitable et de présenter des résultats significatifs quant aux
conséquences nutritionnelles de la migration.
L’approche globale de l’alimentation des migrants maliens se fera grâce à l’utilisation
de ces différents concepts.
62
Sur le plan mondial, la thèse de l’uniformisation des modèles alimentaires est souvent
avancée. Sur le plan nutritionnel, les tendances de consommation, d’apports
nutritionnels et de rations semblent en effet coïncider : la consommation de glucides
tend à diminuer partout sur la planète, parallèlement, celle de lipides augmente.
Cependant, la situation est tout autre sur le plan culturel. La mondialisation entraîne
des modifications des différents modèles alimentaires et non pas une disparition des
particularités.
L’alimentation des migrants maliens est mal connue. Les différentes questions que
l’on peut se poser sont les suivantes : Assiste-t-on à une assimilation de la culture
urbaine ? A un métissage ou à l’intégration des deux cultures ? Ou encore à
l’apparition d’une culture spécifique aux migrants ? La possibilité d’un rejet total ou
d’une adoption complète de la culture urbaine est également à envisager.
Afin d’appréhender les éventuelles modifications alimentaires liées à la migration,
l’étude des modèles alimentaires maliens dans leur ensemble puis des modèles
ruraux et des modèles urbains s’impose.
1 Les modèles alimentaires maliens à travers l’espa ce social
alimentaire
1.1 L’alimentation malienne …
Le Mali, l’un des quatre pays les plus pauvres du monde, fait partie des pays où la
faim et la peur de manquer marquent le quotidien de ses populations. Dans ce
contexte, le « bien manger », pour les populations maliennes, correspond à manger
beaucoup.
Gérard Dumestre25 tente de comprendre comment évoluent les modèles alimentaires
au Mali. Quelles sont les influences réciproques entre villes et campagnes ? Pour
cela, il met en avant trois axes qui définissent, selon lui, ces modèles.
25 DUMESTRE Gérard, « De l’alimentation au Mali », Cahiers d’études africaines, 1996, n°144, pp. 689-702
63
• Le premier axe oppose le nécessaire au superflu
L’alimentation de base est composée d’une céréale accompagnée d’une sauce, plus
ou moins garnie en légumes, viande, poisson. Cette nourriture est monotone et sa
consommation est codifiée, ritualisée, familiale. Elle constitue le plat commun que l’on
retrouve dans chaque famille que ce soit en ville ou à la campagne et qui est
automatiquement partagé avec les gens de passage, comme un droit. Il répond à la
faim « normale » et à pour vocation de satisfaire les besoins vitaux. Le goût n’est, ici,
pas la priorité.
À cela s’oppose l’alimentation dite superflue, les négelafen (littéralement « choses du
désir ») correspondant à tout ce qui éveille le désir tant salé que sucré. Leur
consommation, souvent individuelle ou entre amis, n’est pas encadrée par des
règles. Elle se fait à toute heure, en tout lieu. Le plaisir est le seul but recherché. La
qualité prime sur la quantité. Cette liberté individuelle entraîne toutefois une
dimension fluctuante, la consommation de négelafen dépend de l’argent disponible,
elle est donc très variable selon les ressources, par opposition à la stabilité du repas
commun.
Gérard Dumestre avance que le nécessaire et le superflu s’opposent et se
complètent : « d’un côté, la règle, la quantité, la frugalité, la gratuité ; de l’autre,
l’exception, la qualité, la variété, la cherté. Ici la nécessité, là le plaisir. »
Le repas de fête constitue le lien par excellence entre le nécessaire et le superflu : Ce
sont bien les femmes qui préparent le repas, mais elles sont nombreuses. Les
céréales sont présentes, mais on y trouve également de la viande grillée, du gras, du
sucre. C’est un repas pris en famille, mais les amis sont également présents. « Le
repas de fête allie la quantité à la qualité, la contrainte à la liberté, la famille aux
amis : il réconcilie pour un jour le nécessaire et le superflu ».
64
• Le deuxième axe oppose le « croyant » au « païen »
Au Mali, 90% de la population est de confession musulmane, ainsi le terme
« croyant » renvoie à cette religion.
Le « croyant » est associé à la restriction, à la pureté par opposition au « païen » qui
renvoie à une consommation libre, excessive, associée au plaisir.
Le consommateur « croyant » n’accorde pas d’importance à ce qu’il mange, ses
choix sont restreints à des aliments « autorisés », les aliments fermentés, macérés et
faisandés lui sont, par exemple, interdits, tout comme l’alcool. Le consommateur
« païen », lui, recherche de la volupté dans l’acte alimentaire.
L’opposition « croyant » « païen » se retrouve dans bien d’autres domaines de la vie
quotidienne. Les vêtements « croyants » sont sobres, simples, uniformes, les
comportements sont sans excès, mesurés, réfléchis. Du côté païen, les vêtements
sont colorés, ont des formes variées et les comportements sont plus libres.
• Le troisième axe oppose le moderne au traditionnel
Gérard Dumestre évoque différentes causes de l’évolution des modèles alimentaires :
- Des améliorations pratiques considérables qu’apporte la ville : eau courante,
cuisine au gaz, électricité
- Des changements d’habitudes de vie : horaires de travail, scolarisation des
enfants, transports urbains
- Une offre de produits plus large
- L’influence des modèles alimentaires occidentaux et orientaux.
Les nouveaux produits ne sont pas accessibles à tous mais les exemples du cube
Maggi et du riz, aujourd’hui complètement intégrés dans l’alimentation quotidienne
des citadins quels que soient leurs revenus démontrent que ces produits se font une
place et modifient progressivement le paysage alimentaire. De même le lait en
poudre semble avoir désormais remplacé le lait frais en ville.
La modernité a donc une forte influence sur l’alimentation des citadins mais aussi, par
répercussion, sur l’alimentation des habitants des zones rurales.
65
Au sein de chacune de ces oppositions, l’une des composantes se développe au
détriment de l’autre : le superflu, le païen et le moderne prennent de l’importance
alors que le nécessaire, le croyant et le traditionnel en perdent. L’affaiblissement des
normes et la montée de l’individualisme, liés à la monétarisation de l’économie et à la
forte urbanisation, semblent associés à ces tendances.
Par ailleurs, le terme d’opposition utilisé pour définir les trois axes nécessite d’être
modéré. En effet, plus qu’opposés, les deux pôles des différents axes apparaissent
imbriqués et complémentaires.
La description de l’alimentation malienne selon ces trois axes reste très actuelle 15
ans après le travail mené par Gérard Dumestre. Cependant, la question dune
nouvelle opposition apparaît : les aliments locaux face aux aliments importés.
Auparavant, les aliments importés entraient automatiquement dans la catégorie
« moderne » et les aliments locaux dans la catégorie « traditionnel ». L’opposition
moderne – traditionnel couvre, non seulement les différents aliments mais également
la façon de les préparer. Aujourd’hui, certains aliments importés sont intégrés dans
des préparations traditionnelles : dans ce cas, l’aliment est-il considéré moderne ou
traditionnel ? La prise en compte du caractère importé ou local des aliments permet
une appréhension plus précise de l’alimentation malienne actuelle.
1.2 … À travers l’espace social alimentaire
Afin d’appréhender l’alimentation au Mali dans sa globalité, nous utiliserons le
concept d’espace social alimentaire de Jean-Pierre Poulain et ses 6 dimensions.
- L’ordre du mangeable
Traditionnellement, un repas malien est constitué d’une base céréalière
accompagnée d’une sauce. La base céréalière peut être le mil, le sorgho ou le riz et
plus rarement le fonio, le maïs, les tubercules ou les légumineuses. Le couscous est
réservé à des occasions spéciales. La sauce, quant à elle, sera composée de
différents aliments selon le résultat souhaité et selon la base céréalière qu’elle
accompagne. Les ingrédients les plus courants des sauces sont le gombo frais ou
sec, la tomate, l’oignon frais ou sec, la pâte ou l’huile d’arachide, le beurre de karité,
66
l’huile de palme, le bouillon cube, le soumbala, les feuilles d’oignons, les feuilles de
baobab, les feuilles d’oseille. Selon les revenus des ménages, la viande et le poisson
fumé, sec ou frais seront plus ou moins présents. La seule boisson consommée au
cours du repas est l’eau.
L’espace du mangeable ne se limite pas à cela puisque l’alimentation malienne est
également représentée par les négelafen. Les boissons sucrées, le thé, les fruits et
les brochettes de viandes représentent les principaux aliments consommés en
dehors des repas, de manière individuelle.
Concernant le petit-déjeuner en particulier, la consommation de bouillie de céréales
reste très présente bien que le petit-déjeuner « à l’occidentale » de type café au lait et
pain appelé « café complet » pris en dehors du domicile se développe notamment en
ville.
Notons que les choix alimentaires maliens sont souvent orientés par des interdits
qu’ils soient religieux ou symboliques. L’œuf donné à l’enfant qui ne parle pas encore
risquerait de le rendre muet. Ce même œuf consommé par un jeune enfant le rendrait
voleur ou aveugle et ralentirait la cicatrisation d’un récent circoncis. Sa consommation
fait l’objet d’un interdit chez les jeunes femmes excisées car elles risqueraient de
voler des œufs à leur belle-famille après leur mariage, enfin la femme enceinte
proscrira l’œuf de son alimentation au risque d’accoucher d’un enfant au crâne aussi
fragile qu’une coquille d’œuf. Les exemples d’interdits alimentaires ne manquent pas,
en particulier pendant la grossesse : la femme ne consommera, par exemple, pas de
rat car l’enfant serait voleur, ni de citron car il aurait une peau écaillée. L’allaitement
est aussi prétexte à divers interdits alimentaires, la femme ne consommera pas de
citron ni de tamarin car ils feraient tourner son lait.
Des aliments spécifiques revêtent des rôles symboliques comme les noix de colas
utilisées pour signifier son respect au chef de village ou à un aîné ou bien pour
demander la main d’une fille à son père ou encore pour présenter ses condoléances
en cas de décès.
67
- Le système alimentaire
Selon les aliments considérés, le système alimentaire sera plus ou moins simple. La
part de l’autoproduction au Mali reste importante malgré l’urbanisation. Le système
alimentaire se compose de la récolte puis du stockage et enfin de la préparation
avant consommation. Les consommateurs connaissent bien les aliments qu’ils
consomment et ont une prise directe sur l’ensemble du système.
Certains produits sont achetés, au marché par exemple et le contrôle du
consommateur diminue et se limite à un contrôle lors de l’acquisition du produit puis
lors de sa préparation. Dans ce contexte, la relation avec le vendeur joue un rôle
important.
Enfin, les produits industriels échappent à tout contrôle de la part du consommateur.
Le produit vient parfois de très loin et les conditions de sa production restent, la
plupart du temps, inconnues du consommateur. L’anxiété du mangeur se trouve alors
exacerbée par la méconnaissance du système alimentaire.
En dehors de la consommation à domicile, l’alimentation extérieure suit un tout autre
système alimentaire. L’aliment est vendu prêt à consommer, l’ensemble du système
alimentaire échappe au consommateur.
- L’espace du culinaire
La cuisine est un acte exclusivement féminin. Un homme faisant la cuisine est
considéré comme une situation anormale et s’accompagne d’un jugement négatif.
Notons également que dans les familles polygames, la femme qui prépare le repas
sera celle qui partage le lit du chef de famille. Chaque femme possède ses propres
ustensiles de cuisine qui marquent son statut au sein du foyer.
Concernant la répartition des rôles, les femmes détiennent le pouvoir de reproduction
et endossent donc la responsabilité de la semence et de la récolte, elles cultivent les
condiments dédiés à la préparation de la sauce dans leur parcelle de jardin. Les
hommes, eux, veillent sur le bon déroulement de ces opérations et labourent et
irriguent les champs afin d’assurer une bonne récolte. Ils chassent et pêchent afin
d’assurer un apport protéique à leur famille. Les femmes veillent sur l’intérieur du
foyer alors que les hommes assurent le lien avec l’extérieur.
68
La préparation des repas se fait, la plupart du temps à l’extérieur de l’habitation.
Chaque femme mariée possède un foyer constitué de trois pierres au centre duquel
on place du bois ou du charbon et qui permet de cuire les différents aliments dans
des marmites. Le symbolisme de ce foyer à trois pierres est fort puisque ces pierres
renvoient aux trois organes sexuels que sont le clitoris et les deux petites lèvres
coupés lors de l’excision de la femme. Ainsi, à travers l’excision, la femme gagne son
droit à avoir un foyer dans les deux sens du terme : un foyer matériel que nous
venons d’évoquer et une famille c’est-à-dire devenir épouse et mère. Elle prend alors
la responsabilité de production et de reproduction au sein de la famille.
- L’espace des habitudes alimentaires
Les repas sont soumis à de nombreux rituels que chacun se doit de respecter. Les
hommes et les femmes ne mangent pas ensemble. Les enfants prendront le repas
selon les cas, à part, avec les femmes ou avec les hommes.
Le déroulement du repas des hommes répond à certaines règles. Après l’arrivée des
plats, chacun se lave les mains puis le chef de famille répartit les aliments de manière
équitable devant chaque convive. C’est seulement lorsque le chef de famille
commence à manger en prononçant la formule invitant à commencer que chacun
peut, de la main droite, entamer le repas en se contentant de la part qui lui est
réservée.
Pour terminer le repas, les convives boivent au récipient commun, se lavent les
mains en remerciant le chef de famille puis s’en vont. Les femmes viennent
rechercher les plats lorsque tout le monde a terminé.
D’autres règles d’usage s’ajoutent à ces rituels :
o Ne pas parler pendant le repas
o Ne pas prendre une nouvelle poignée avant d’avoir terminé la
précédente
o Garder les yeux rivés sur le plat, ne pas regarder les autres convives
o Le plus jeune tiendra le plat de la main gauche pour éviter que ce
dernier ne bouge
o Ne montrer aucun signe extérieur de satisfaction ou d’insatisfaction, le
plaisir n’étant pas la préoccupation du repas.
69
Concernant les habitudes alimentaires, la période de grossesse et d’allaitement
renvoie à plusieurs impératifs et interdits liés à l’alimentation. En effet, pendant la
grossesse, le sperme nourrit le fœtus et les rapports sexuels sont donc nécessaires.
Au contraire, le sperme empoisonne le lait au point de risquer la mort de l’enfant
allaité, les rapports sexuels sont donc proscrits pendant toute la durée de
l’allaitement.
- La temporalité
De manière générale, les maliens consomment trois repas par jour : un repas le
matin, un repas le midi et un repas le soir. Ces trois repas sont consommés à
domicile et en famille la plupart du temps.
En dehors de ces trois repas, la consommation hors foyer représente une part
importante de l’alimentation au Mali. La prise la plus courante se fait à 10h puis
parfois dans l’après-midi et enfin dans la soirée.
L’alternance des saisons influe beaucoup sur l’alimentation, en particulier dans les
zones rurales. En effet, en période de post récolte, les greniers sont pleins et
permettent ainsi aux populations de manger à leur faim. Puis au fur et à mesure que
passe l’année, les greniers se vident. La période de soudure est caractérisée par un
manque alimentaire survenant au moment des travaux des champs ce qui explique
l’augmentation de la dénutrition dite maigreur pendant cette période. La période de
soudure dure plus ou moins longtemps selon la quantité de céréales récoltée à la
saison précédente.
En termes de temporalité, la religion musulmane qui concerne la grande majorité des
maliens implique une période de jeun annuel : le ramadan.
Enfin, la temporalité s’exprime également à travers les différentes périodes de la vie.
Au Mali, dès le sevrage, les enfants consomment les mêmes aliments que les
adultes. Les aliments consommés en dehors des repas diffèrent cependant selon
l’âge. En effet, les enfants ont le privilège de consommer des fruits, les jeunes
hommes adultes consomment davantage des brochettes de viande et du thé. Quant
aux personnes âgées, la sagesse qu’ils véhiculent leur confèrent le respect de tous et
certains avantages en particulier alimentaires : des aliments ou plats leurs seront
70
réservés, ils sont en droit de réclamer de la bouillie ou de la tisane par exemple à tout
moment et ils conservent la fonction de répartition au sein de la famille.
- La différenciation sociale
La structure des repas reste stable quels que soient l’environnement social et le
niveau socio-économique. D’après Ag Bendech et al.26, le choix de la base du repas
diffère selon le niveau de revenu du ménage. Le riz est, par exemple, consommé plus
fréquemment dans les familles riches contrairement au mil et au sorgho qui sont
pratiquement absents de ces foyers. Le mil et le sorgho sont consommés sous forme
de tô27 dans les familles pauvres lors du repas du soir. La composition de la sauce
varie également selon le niveau de revenu : pour le déjeuner, la sauce est composée
de 12 à 16 aliments différents dans les familles les plus aisées et de seulement 8 à
10 dans les familles les plus pauvres. La viande et le poisson en particulier sont
fréquemment absents des sauces dans les foyers pauvres.
La fréquence de préparation des plats au cours de la journée évolue avec le revenu
du ménage. Les familles les plus riches préparent deux fois plus de plats par jour que
les familles à revenu intermédiaire et pauvres. Ainsi, dans les familles pauvres, le
même plat est servi au déjeuner et au dîner alors qu’il diffère le plus souvent dans les
familles riches.
La prise individuelle du petit-déjeuner, notamment du petit-déjeuner « à
l’occidentale », ainsi que l’utilisation de table haute et de couverts lors des repas ne
s’observent que dans les familles riches.
Les grandes étapes de la vie apparaissent comme une occasion de signifier sa
position sociale à travers la qualité et l’abondance du repas de fête servi.
Il semble que la différenciation se fasse davantage entre les ménages riches et les
ménages pauvres qu’entre la ville et la campagne. Le niveau de revenu semble donc
plus discriminant que le lieu de résidence.
26 AG BENDECH Mohamed et al., « Variabilité des pratiques alimentaires à domicile des familles vivant à Bamako (Mali) selon le niveau socio-économique », Cahiers Santé, 1996 ; 6, pp. 285-297. 27 Le tô est une pâte épaisse fabriquée à base de farine de mil ou de sorgho et d’eau. Du tamarin ou du citron sont parfois ajoutés. Il est servi accompagné d’une sauce.
71
2 Influence de la modernité sur les modèles aliment aires maliens
La modernité renvoie à la société contemporaine et au temps présent. L’étude de la
modernité tente de répondre à la question : pourquoi aujourd’hui n’est plus comme
hier ?
Pierre Bourdieu indique que « chaque acte renvoie tout à la fois au modèle ancien,
qui participait d’un système partiellement ou totalement détruit, à la situation nouvelle,
et enfin, au modèle à venir qui s’annonce avec les bizarreries ou les contradictions de
la conduite présente. »28
Le passage entre la tradition et la modernité est donc un processus lent et progressif
et non pas le fait d’une rupture brutale.
Cette définition générale de la modernité s’applique à l’alimentation. On parle alors de
modernité alimentaire.
L’affaiblissement de l’appareil normatif qui encadre l’alimentation, et l’augmentation
de la réflexivité des mangeurs face à leur alimentation caractérisent la modernité
alimentaire selon les sociologues de l’alimentation. Partant de ce constat, les
interprétations varient et se complètent. Pour Claude Fischler, l’augmentation du
choix de produits disponibles sur le marché couplée aux recommandations
diététiques plus ou moins divergentes augmentent l’anxiété des mangeurs
« l’alimentation ne structure plus le temps, c’est le temps qui structure
l’alimentation ». Jean-Pierre Corbeau avance que l’anomie liée à la modernité
favorise d’une part le métissage et d’autre part une attitude conservatrice des
mangeurs qui deviennent des « mangeurs pluriels » en jonglant entre ces différentes
attitudes. Enfin, Jean-Pierre Poulain prolonge ces deux approches en soulignant que
la modernité entraîne effectivement une situation d’anomie, mais qu’elle participe,
dans un processus dynamique, à la recomposition de nouvelles normes.
28 Bourdieu Pierre et al., Travail et travailleurs en Algérie, 1963 cité par Fournier Tristan
72
Pour les pays en développement et plus particulièrement le Mali, la modernité
alimentaire est largement liée à la mondialisation, à l’ouverture mondiale des
marchés alimentaires. Ce phénomène est ressenti en premier lieu dans les grandes
villes comme Bamako.
Dans les pays nouvellement industrialisés, la modernité alimentaire est facilement
désignée comme principale responsable de tous les maux d’apparition récente. La
libéralisation des marchés et l’industrialisation mettent en péril la diversité des
cultures alimentaires, la globalisation et l’occidentalisation favorisent la transition
nutritionnelle caractérisée notamment par la montée de l’obésité et le développement
des supermarchés entraîne une augmentation de la consommation de produits
industrialisés au détriment des produits locaux.
Gérard Dumestre29 évoque, parmi les conséquences de la modernité, la réduction
des saveurs. Les plats, plus fades, sont moins chargés en épices. Les goûts sucrés
et salés autrefois présents dans un même plat sont aujourd’hui distingués à l’image
des modèles occidentaux.
La distanciation entre l’Homme et la nourriture est aussi un aspect marquant de la
modernité. En effet, l’apparition de divers ustensiles comme la cuillère utilisée à la
place de la main augmente la distance entre l’Homme et sa nourriture.
Le développement de l’usage d’assiettes individualise l’alimentation puisqu’on ne
mange plus dans le plat commun.
La mise en scène du repas évolue également : l’utilisation de tables basses voire de
tables hautes apparaît de plus en plus courante dans les familles citadines alors que
les repas se prennent traditionnellement au niveau du sol.
La corrélation semble importante entre le mobilier utilisé et le degré d’urbanisation
des familles : dans les zones rurales, les repas sont pris sur une natte ; dans les
familles modestes citadines la table basse est couramment utilisée ; enfin dans les
familles bourgeoises citadines, les repas sont pris sur une table haute.
29 DUMESTRE Gérard, « De l’alimentation au Mali », Cahiers d’études africaines, 1996, n°144, pp. 689-702
73
La modernité alimentaire entraîne donc une évolution des modèles alimentaires.
L’érosion des normes encadrant l’alimentation est bien présente, cependant elle
permet l’apparition de nouvelles structures normatives. Les difficultés auxquelles
doivent faire face les mangeurs en situation d’érosion des systèmes normatifs
traduisent le caractère primordial de l’alimentation dans la construction identitaire. En
l’absence de repères alimentaires, les mangeurs doutent de leur propre identité. Face
à des produits inconnus ou mal-connus, et selon le concept de pensée magique de
Claude Fischler : « Je deviens ce que je mange », ils ne savent plus qui ils sont.
L’Afrique Sub-saharienne a fait l’objet d’une volonté d’industrialisation, de
modernisation de la société par l’importation d’aliments et de techniques venant des
pays industrialisés. Ces tentatives ont, dans leur quasi-totalité, échouées. Par la
suite, une autre stratégie a été adoptée : mettre en valeur le potentiel local grâce à
des procédés modernes. Là encore, les retombées sont décevantes. « Pourtant on
assistait à une tentative de construire une modernité alimentaire sur la base des
traditions et non plus de modèles exogènes ». D’après Nicolas Bricas, l’explication de
ces échecs se trouve dans le fait d’opposer les produits importés aux produits locaux.
La modernité alimentaire ne se résume pas à cette opposition, elle est un
phénomène bien plus complexe par lequel les individus s’approprient de nouveaux
aliments en les préparant de façon traditionnelle ou bien utilisent de nouvelles
techniques pour traiter des aliments traditionnels.
3 Les différences urbains-ruraux
3.1 Les particularités urbaines
L’urbanisation est caractérisée par le développement des rapports marchands et de
la monétarisation, le développement du salariat et du temps de transport avec pour
conséquence la diminution du temps accordé à la préparation et l’augmentation de
l’alimentation à l’extérieur.
Les modèles alimentaires urbains sont proches des modèles alimentaires ruraux. La
tradition reste très présente. Cependant, dans le contexte particulier de la vie urbaine,
74
l’intégration des nouveaux produits, proposés en alimentation de rue notamment, est
favorisée.
L’alimentation de rue apparaît comme une des principales particularités de
l’alimentation urbaine.
3.1.1 L’alimentation de rue
L’alimentation de rue est un phénomène complexe dont plusieurs définitions ont été
proposées. Nous retiendrons, ici, la définition de la FAO.
Selon la FAO en 1990, le secteur informel de l’alimentation est défini par « le secteur
produisant des aliments et des boissons prêts à être consommés, préparés et/ou
vendus par des vendeurs et des marchands ambulants, spécialement dans les rues
et dans les autres lieux publics similaires ».
Cette définition correspond à ce que l’on appelle aujourd’hui plus communément
l’alimentation de rue.
À Bamako, comme dans de nombreuses villes d’Afrique, cette alimentation de rue est
de plus en plus présente. Cette pratique n’est pas récente, mais subit une forte
augmentation au sein des villes. En effet, l’urbanisation rapide, l’insécurité alimentaire
des ménages, les contraintes liées à l’environnement urbain que sont l’augmentation
du temps de transport et le développement du travail des femmes, l’attrait pour les
goûts nouveaux et le pouvoir d’achat parfois faible des ménages représentent les
principales explications du développement de l’alimentation de rue dans les capitales
africaines.
L’alimentation de rue comprend les plats complets que les travailleurs consomment
sur place en guise de déjeuner (le riz-sauce est le plus couramment rencontré) mais
également des produits de type négelafen consommés, la plupart du temps, entre les
repas et souvent plus gras et plus sucrés.
À Bamako, en 1994, 65% des individus dans un quartier pauvre et 76% dans un
quartier riche consommaient au moins un aliment dans la rue chaque jour. 98% des
enfants fréquentant l’école recevait de l’argent de poche de leurs parents destinée à
acheter des aliments dans la rue. Le rôle de cette alimentation de rue diffère selon le
75
niveau de revenus des ménages. En effet, dans les familles les plus pauvres, elle
aura pour vocation de combler le déficit d’apport du plat familial alors que dans les
familles les plus riches, la recherche du plaisir apparaît comme argument principal.
Notons cependant, que quel que soit le niveau de revenu, l’affirmation des goûts et
de la liberté individuelle ainsi que le désir de socialisation sont des arguments
avancés par les individus eux-mêmes. L’alimentation à domicile doit avant tout
répondre à une « utilité nutritionnelle » et favoriser la satiété alors que l’alimentation
de rue peut répondre à un plaisir individuel et permet également de marquer son
statut social dans le cas des populations les plus aisées.
Ce mode d’alimentation présente de nombreux avantages tant du côté des
consommateurs que du côté des vendeurs. En effet, elle permet une diversification
du régime alimentaire à faible coût chez les individus de familles pauvres en
proposant des aliments non présents au domicile comme les fruits ou la viande. Dans
des situations de grande précarité et dans les conditions de vie difficiles liées au
milieu urbain, certains ménages ne possèdent pas l’espace ni le matériel nécessaire
à la préparation des repas, le recours à l’alimentation de rue apparaît alors comme
une bonne alternative. En outre, l’utilisation de l’alimentation de rue par les membres
d’un ménage, peut permettre de réduire les pressions pesant sur la qualité des repas
et donc sur la cuisinière. L’alimentation de rue représente une source de revenus
parfois importante pour le ménage des vendeurs. A Bamako, le chiffre d’affaire
journalier global pour l’alimentation de rue située autour des écoles est de 737
millions de FCFA soit 1,12 million d’euros. Dans ce secteur, selon la FAO, en 1996,
80% des vendeurs de rue à Bamako étaient en fait des vendeuses. Cette activité
permet donc l’insertion économique des femmes dans la mesure où elle est
facilement conciliable avec le rôle de mère de famille. Le capital de départ nécessaire
pour démarrer une activité de vente d’alimentation de rue est faible ce qui permet à
des ménages pauvres d’accéder à une source de revenus fiable. Sur un plan plus
large qu’est celui du dynamisme économique de la ville, l’alimentation de rue
représente un débouché important pour les produits de l’agriculture locale et
dynamise donc le marché.
76
Parallèlement à ces avantages, l’alimentation de rue présente certains inconvénients
voire des risques pour la santé des consommateurs. La demande en aliments de rue
provient en grande partie des populations pauvres ainsi le prix à la vente doit rester
raisonnable pour répondre aux attentes des clients. Pour atteindre cet objectif malgré
la fluctuation des prix d’achats des matières premières, les vendeurs ont recours à
différentes stratégies comme la substitution de certains ingrédients par d’autres
moins coûteux ou la dilution des boissons par de l’eau dont la qualité n’est pas
assurée. L’aspect informel de ce marché d’alimentation de rue implique l’absence de
réglementation et de contrôle. Les vendeurs, n’ayant, pour la majorité, pas suivi de
formation spécifique, ignorent les règles élémentaires d’hygiène. Les risques
d’intoxication alimentaire sont donc réels. Ce caractère informel mais plus ou moins
toléré favorise également la concurrence parfois brutale des vendeurs entre eux.
Comme nous l’avons évoqué ci-dessus, la vente d’alimentation de rue représente
une source de revenus complémentaire pour les ménages les plus pauvres. Dans
cette situation, les vendeurs ne possèdent, pour la plupart, pas le matériel nécessaire
et adéquat à la préparation et à la conservation dans de bonnes conditions des
aliments proposés. Les risques sanitaires augmentent encore de ce fait. D’après
Pascale Gerbouin-Rerolle et al.30, dans certaines villes d’Afrique, le papier des sacs
de ciment est recyclé en emballage pour les aliments de rue. Les conditions de
préparations des aliments de rue correspondent donc aux conditions dans lesquelles
les ménages les plus démunis préparent leurs propres plats ajoutées au fait que les
aliments sont servis à un public plus large et que leur conservation s’étale sur un
temps plus long. La multiplication de ces petits commerces sur la voie publique
entraîne un encombrement des voies de circulation et une difficulté de gestion des
déchets et des eaux usées qui aggrave l’organisation déjà précaire des villes
d’Afrique.
30 GERBOUIN-REROLLE Pascal et al., « Alimentation de rue : situation et perspectives d’action », Cahiers santé, 1993, 3, pp.367-374.
77
L’alimentation de rue n’est pas un phénomène récent, mais actuellement, les
gouvernements africains prennent conscience du caractère durable du phénomène et
de son rôle sur l’économie et la consommation urbaine et tentent de réfléchir aux
moyens de favoriser cette activité tout en effectuant des contrôles sanitaires
notamment.
L’alimentation de rue est une caractéristique du milieu urbain. Cependant, la
consommation hors repas est également présente en milieu rural par la
consommation individuelle de petits animaux capturés, de fruits cueillis ou encore de
thé. Les produits de type fruits ou brochettes de viande proposées en alimentation de
rue en ville répondent à une habitude de consommation traditionnelle. L’alimentation
hors domicile en milieu urbain est donc fortement influencée par la modernité, mais
émerge du modèle rural traditionnel.
3.1.2 L’agriculture urbaine et péri-urbaine
Les populations urbaines dépendent majoritairement du marché alimentaire.
Cependant, certains individus ont développé une agriculture dite urbaine consistant à
cultiver une petite parcelle de terre et/ou à élever quelques bêtes afin de subvenir à
une partie de leurs besoins. Des parcelles plus grandes, en périphérie de la ville,
accueillent également des cultures gérées par des habitants de cette ville.
Cette forme d’approvisionnement permet à des ménages pauvres d’avoir accès à des
ressources permanentes ou occasionnelles selon les cas. Notons, également, que
ces pratiques favorisent la diversité alimentaire.
Les risques que présentent cette agriculture sont bien réels : la pollution liée aux
cultures et aux animaux et les problèmes d’hygiène et donc de sécurité sanitaire des
aliments nécessitent une gestion et une surveillance particulière.
78
3.2 Les particularités rurales
De grandes différences apparaissent entre l’alimentation urbaine et l’alimentation
rurale du fait de l’organisation même de la vie selon le lieu d’habitation. L’alternance
des saisons influe de manière bien plus importante en milieu rural puisque l’accès
aux aliments ne dépend que peu du marché mais dépend beaucoup des récoltes et
des disponibilités alimentaires. L’autoconsommation caractérise l’organisation et les
modes d’approvisionnement en zone rurale. La dépendance au marché et donc aux
revenus est plus faible en milieu rural.
En milieu rural, les relations de proximité autour de l’alimentation s’expriment de
plusieurs façons : la proximité d’approvisionnement par l’autoconsommation et les
échanges locaux, la proximité de préparation puisque l’ensemble des opérations de
transformation sont effectuées au sein du foyer dans la plupart des cas et enfin la
proximité de consommation avec la concordance des lieux de travail, d’habitat et de
consommation. En ville, cette proximité est remise en cause par l’accès aux aliments
par le marché, l’utilisation de produits transformés et la dissociation du lieu de travail
et du lieu d’habitation. Elle reste cependant importante par la persistance de
l’approvisionnement à travers les réseaux familiaux notamment.
Ainsi, la gestion de l’alimentation et son appréhension diffère en ville et à la
campagne. L’alimentation des ménages urbains dépend fortement de leurs revenus
et des fluctuations du marché alors que l’alimentation des ménages ruraux dépend en
premier lieu des conditions climatiques et de l’abondance de la récolte.
Considérant ces aspects, il semble évident que les modèles alimentaires ruraux et
urbains présenteront des différences notoires. Le graphique ci dessous témoigne des
différences observées en terme d’aliments d’après l’Enquête Budget-Consommation
de 1989. Pour des raisons de lisibilité du graphique, les céréales ne sont pas
représentées ici. Leur consommation coïncide entre le milieu urbain et le milieu rural.
79
0
5
10
15
20
25Tubercules/Fˇculents
Lˇgumes tubercules
Lˇgumes
Feuilles vertes
Fruits
Lˇgumineuses
Viandes
Poissons
Volailles
Lait et produits laitiers
Sucres et produits sucrˇs
Huiles et corps gras
Pain et p‰tisserie
Sel
Condiments
Boissons non alcoolisˇes
Boissons alcoolisˇes
Thˇ, cafˇ, chicorˇe
RuralUrbain
Figure 8 : Postes de dépenses des ménages selon les groupes d'aliments au Mali - EBC 1989
On observe quelques différences significatives : les légumes, les tubercules, les
matières grasses, le sucre et la viande sont plus consommés en milieu urbain alors
que les fruits, les légumineuses, les produits laitiers et les condiments le sont
davantage en milieu rural.
Peut-on pour autant parler de deux modèles alimentaires différents ? La continuité
des pratiques du fait des relations permanentes entre le monde urbain et le monde
rural semble bien réelle. Certains évoquent un mimétisme alimentaire des
populations rurales par rapport aux populations urbaines. L’influence de la ville sur
les modèles alimentaires ruraux existe, cependant elle est synchrone d’une influence
de la campagne sur la ville. La notion de mimétisme apparaît dès lors restrictive et la
réalité semble davantage correspondre à une influence réciproque.
80
3.3 Les migrants : un modèle alimentaire qui leur e st propre ?
« La ville est bien autre chose qu’une excroissance rurale ; elle apparaît comme un
espace de continuité et de mémoire des systèmes antérieurs et un lieu où naissent et
se cristallisent des aspirations nouvelles. L’ensemble est modulé par un paysage
urbain intégrant des contraintes économiques, des contraintes d’habitat et de
nouvelles formes d’organisation sociale et psychologique liées à l’image de « soi » en
ville. »31
L’urbanisation relativement récente des pays en développement a de nombreuses
conséquences. Parmi celles-ci, on observe la marchandisation de l’alimentation,
l’augmentation de l’offre alimentaire en terme de produits du fait du développement
de l’industrie agro-alimentaire et le brassage des populations venues de tout le pays
voire des pays voisins.
Lorsqu’ils sont confrontés au milieu urbain, les individus opèrent des changements
alimentaires, mais les rythmes de ces changements sont différents selon les
individus. Les modifications liées à l’urbanisation s’effectuent de manière plus
progressive au sein des unités familiales où la tradition reste très présente. En
revanche, les hommes seuls, les migrants temporaires représentent un public très
réceptif aux innovations et notamment aux aliments de rue.
Au-delà des produits choisis, les modes d’approvisionnement et les façons de les
préparer sont autant de terrains d’expression de l’évolution alimentaire :
- L’évolution dans le choix des produits : intégration de nouveaux produits ou de
nouveaux plats au sein de l’alimentation
- L’évolution des procédés : les produits traditionnels pourront être traités grâce
à des innovations techniques. Les produits frais seront, par exemple,
conservés au réfrigérateur.
31 O’DEYE Michèle, BRICAS Nicolas, « A propos de l’évolution des styles alimentaires à Dakar », Etude Altersial,
Ministère des Relations extérieures, service coopération et développement, 1985.
81
- L’évolution dans l’organisation sociale : la circulation, la transformation et la
consommation des produits subissent parfois de profondes modifications :
division du travail, alimentation de rue, relations ville-campagne
- L’évolution de la matière première : Les matières premières diffèrent alors que
les plats obtenus restent les mêmes. Le lait en poudre remplace, par exemple,
le lait frais dans la préparation de lait caillé.
- L’évolution par extension de débouchés : l’ensemble de la population urbaine
a accès à une gamme de produits très large dont certains étaient auparavant
réservés à une faible part de la population.
La recherche de produits emblématiques de l’alimentation urbaine est nécessaire,
mais ne suffit pas : la manière dont ces produits sont préparés, l’organisation sociale
associée à leur consommation jouent également un rôle important dans l’évolution
des pratiques liées à l’urbanisation.
En termes de produits, la mondialisation apporte une offre toujours plus grande. Les
populations s’approprient certains d’entre eux, parfois tels qu’ils sont proposés à la
vente, parfois en les transformant à leur manière. Quelques aliments sont devenus
incontournables dans les villes maliennes. Parmi eux on compte le thé, consommé
entre les repas souvent en groupe, entre hommes, servi avec une grande quantité de
sucre, autre produit importé. L’apparition récente du thé « Lipton », désignant ici tous
les thés en sachet, marque la modernité urbaine. La mayonnaise, les sardines à
l’huile et les conserves de légumes sont couramment consommées en ville. Enfin, la
consommation de pain et plus largement de produits à base de blé, est intégrée aux
habitudes alimentaires des urbains maliens.
Au-delà du choix des aliments, les migrants ruraux arrivant en ville sont confrontés à
de nouvelles situations sociales alimentaires et à de nouvelles formes culinaires.
Ainsi, les règles traditionnelles strictes de commensalité tendent à s’assouplir en ville.
Dans certains cas, des femmes prennent leur repas avec des hommes. Les hommes
migrants arrivant seuls en ville se regroupent parfois au sein de groupes et
82
consomment donc leur repas ensemble de façon régulière alors qu’ils n’ont pas de
lien de parenté.
L’accès à l’électricité modifie la gestion de l’acte culinaire et la conservation des
aliments grâce aux techniques de cuissons et aux réfrigérateurs. L’eau potable
accessible par le réseau public en ville améliore la qualité de l’alimentation dans les
foyers reliés à ce réseau.
Conclusion
L’étude des modèles alimentaires maliens représente une tâche importante qui
nécessite des distinctions plus précises que celle consistant à traiter séparément les
modèles urbains et les modèles ruraux. En effet, la variété des modèles observables
au sein du pays est grande. Selon les zones géographiques et selon les modes de
vie et les ethnies, les différences apparaissent significatives. Les Peulh, peuple
d’éleveurs, consomment par exemple une quantité plus importante de lait et de
viande que le reste de la population. Les modèles alimentaires soudanais diffèrent
des modèles alimentaires sahéliens en raison des conditions climatiques différentes
auxquelles les populations sont confrontées. Plus encore que la distinction entre le
milieu rural et le milieu urbain, il semble que le niveau de revenu des ménages et le
quartier de résidence au sein de la ville soient plus discriminants en ce qui concerne
les habitudes alimentaires.
Dans le cadre du travail présenté ici le facteur discriminant retenu est bien le type de
milieu : urbain ou rural. L’objectif n’étant pas d’obtenir une description précise des
modèles alimentaires mais de mettre en avant les modifications significatives
d’habitudes et de choix alimentaires liées à la migration voire caractéristiques de
cette migration. En ce sens, l’observation des modèles ruraux et des modèles urbains
prend tout son sens.
Au terme de cette étude, des éléments apparaissent tout à fait stables quel que soit
le milieu de vie : la structure du repas composé d’une base céréalière accompagnée
d’une sauce se retrouve dans la totalité des familles. Certaines spécificités peuvent
être relevées parmi les habitudes urbaines, se différenciant des modèles ruraux :
l’alimentation de rue en est un exemple parlant. Certains aliments semblent
83
caractéristiques de la ville comme la mayonnaise, le cube Maggi®, le pain, le lait en
poudre ou concentré, les sardines en boîte ou les légumes en conserve, bien que
leur consommation gagne les zones rurales progressivement.
Les migrants semblent jouer un rôle central à la fois dans la conservation des
traditions en milieu urbain et dans la diffusion de nouvelles habitudes alimentaires
provenant de la ville en milieu rural lors de leurs passages plus ou moins longs et
plus ou moins fréquents dans leurs villages d’origine.
84
Conclusion Générale
La migration est un phénomène complexe et ses conséquences sur les individus et
sur les sociétés de départ et d’accueil ne le sont pas moins. Si l’on veut prétendre à
une étude exploitable des données obtenues dans le cadre d’une étude de la
migration, il est nécessaire d’aborder cette question sous divers angles.
À ce titre, l’alimentation apparaît comme un outil pertinent et à privilégier du fait des
nombreuses possibilités d’analyse qu’elle offre sur l’étude des migrations.
L’approche nutritionnelle, qui permet une approche technique et médicale, aspire
également à une approche plus globale en terme de bien être et de santé physique et
psychologique des individus. La situation nutritionnelle des populations maliennes est
l’une des pires du monde notamment par l’importance de la malnutrition.
L’approche culturelle et sociologique de l’alimentation, par l’utilisation de l’espace
social alimentaire, met en exergue les différents rôles de cette dernière dans la
société et les étroites relations entre culture et alimentation. La compréhension
globale d’une situation nutritionnelle préoccupante ne peut se faire sans prendre en
compte l’ensemble des aspects culturels de l’alimentation.
Ainsi, si on la considère comme faisant partie intégrante du projet ALIMI, l’étude des
modèles alimentaires urbains et ruraux au Mali est pertinente car elle permet
d’identifier les modifications alimentaires liées à la migration.
Grâce à ce travail de recherche, une problématique se dégage et appelle un travail
de terrain : La migration entraîne-t-elle une augmentation de la diversité alimentaire ?
Quels sont les aliments emblématiques du modèle alimentaire urbain ? du modèle
alimentaire rural ? Existe-t-il un modèle alimentaire propre aux migrants ?
85
Concernant l’approche opérationnelle de réponse à cette problématique, un
questionnaire est en cours d’élaboration dans le cadre du projet ALIMI. Une partie de
ce questionnaire est consacrée à un questionnaire de diversité sur l’alimentation de la
semaine précédant l’enquête. Cette proposition se justifie par le fait qu’une
amélioration de la diversité alimentaire est directement corrélée à une amélioration de
la qualité du régime alimentaire. Ce questionnaire permet l’obtention de données
relativement fiables concernant la nutrition sans pour autant procéder à un « rappel
des 24 heures » quantifié32 qui nécessiterait un temps d’enquête bien trop long.
Une fois la décision prise d’utiliser le questionnaire de diversité, la mise en évidence
des aliments emblématiques de l’alimentation urbaine et de l’alimentation rurale
permettra d’intégrer ces derniers au questionnaire afin d’obtenir des informations
concernant le rôle de la migration par rapport aux modèles alimentaires. Une
proposition de questionnaire de diversité adapté au cas du Mali est présentée en
annexe A. Il est conçu pour être passé en face à face avec les personnes enquêtées
par des enquêteurs formés et en langue locale, en l’occurrence le Bambara à
Bamako. Les différentes fréquences ne leur seront pas proposées d’office, c’est à
l’enquêteur de convertir les réponses en fréquence par jour ou par semaine. Ce
questionnaire de diversité s’inscrit au sein d’un questionnaire plus large traitant de
l’alimentation et du bien être alimentaire des enquêtés. Une ébauche du
questionnaire complet, qui est en cours d’élaboration, est présentée en annexe B afin
de percevoir la globalité dans laquelle s’inscrit le questionnaire de diversité. La
version finale devrait permettre une passation en une heure maximum.
La finalisation du questionnaire devrait amener une première phase de test au cours
des premières semaines du stage que nous effectuerons à Bamako puis la passation
des premiers questionnaires pendant la suite du stage.
En parallèle, l’approfondissement des recherches concernant la situation
nutritionnelle au Mali se poursuivra sur place au cours du stage à venir en accédant
aux ressources nationales.
32 Consiste à obtenir d’un individu des données concernant l’ensemble de ses prises alimentaires de la veille ainsi que toutes les informations liées à ces prises : heure, quantité, qualité, lieu, …
86
Par l’appréhension des modifications alimentaires liées à la migration des maliens au
Mali, cette étude peut permettre d’améliorer la prise en compte des besoins
nutritionnels et alimentaires des migrants maliens en France. En effet, la situation de
migrants des maliens en France doit être envisagée au regard notamment de leur
origine rurale ou urbaine.
87
Bibliographie
Classement thématique des sources consultées et mobilisées
Le Mali
• Ambassade de France à Bamako, La France au Mali, [en ligne], consulté le 7 mars 2010, disponible sur http://www.ambafrance-ml.org/spip.php?article289.
• Centre d’information et de gestion des migrations, Population et migrations au Mali, [en ligne], consulté le 10 mars 2010, disponible sur http://www.cigem.org.
• COULIBALY Salif et al., Enquête démographique et de Santé, Mali, 1995-96, Calverton, Macro International Inc., 1996.
• Direction nationale de la statistique et de l’informatique (DNSI) et Comité permanent inter Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), Profil démographique et socio-économique du Mali 1960-2000, Bamako.
• FAO, Profil Nutritionnel des pays – République du Mali, 2010. • La Banque Mondial, Recueil de statistiques 2008 sur les migrations et les
envois de fonds, [en ligne], consulté le 10 mars 2010, disponible sur http://econ.worldbank.org
• Observatoire économique et statistique d’Afrique Sub-saharienne, [en ligne], consulté le 7 mars 2010, disponible sur http://www.afristat.org/
• Office du Niger, Histoire de l’Office du Niger, [en ligne], consulté le 10 mars 2010, disponible sur http://www.office-du-niger.org.ml
• Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Rapport Mondial sur le Développement humain 2007/2008, New York, Ed. Green Ink, 2007
Nutrition – Dénutrition
• Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) et Système d’Alerte Précoce (SAP), enquête de base sur la sécurité alimentaire et la nutrition I et II, Juin 2007 et mars 2008, Bamako
• Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA), Programme Alimentaire Mondial (PAM), UNICEF, Analyse de la Sécurité Alimentaire et de la Vulnérabilité (CFSVA) 2006, Bamako.
• DE GARINE Igor, « Culture et nutrition », Communication, 1979, Volume 31, Numéro 1, pp. 70-92.
• Demographic and Health Surveys – DHS, Nutrition des jeunes enfants au Mali, Calverton, 1996
• Enquête Démographique et de Santé au Mali (EDSM I, II, III et IV), Nutrition des jeunes enfants et des mères au Mali, 1987, 1995-96, 2001 et 2006, Bamako.
• FAO, La sixième enquête mondiale sur l’alimentation, 1996, Rome.
88
• LEFEVRE Pierre, de SUREMAIN Charles-Edouard, « Les contributions de la socio-anthropologie à la nutrition publique : pourquoi, comment et à quelles conditions ? », Cahiers Santé, 2002, 12, pp. 77-85.
• MAIRE Bernard, DELPEUCH Francis, « La transition nutritionnelle, l’alimentation et les villes dans les pays en développement », Cahiers d’études et de recherches francophones/Agricultures, Volume 13, Numéro 1, Janvier Février 2004, pp. 23-30.
• MARTIN-PREVEL Yves et collaborateurs, « Nutrition, urbanisation et pauvreté en Afrique Subsaharienne », Médecine Tropicale, 2000, 60-2, pp.179-192.
Variété – Diversité
• HATLOY Anne et al., « Food variety, socioeconomic status and nutritionel status in rural ans urban areas in Koutiala (Mali) », Public Health Nutrition, 3, 1999, pp. 57-65.
• KENEDY Gina et al., « Dietary diversity as a measure of the micronutrient adequacy of women’s diets : Results from Bamako, Mali site », Food and Nutrition Technical Assistance, Washington DC., 1999.
• FAO Nutrition and Consumer protection Division, Guidelines for measuringhousehold and individual dietary diversity, Version 3, Rome, 2007.
• SWINDALE Anne, BILINSKY Paula, Score de diversité alimentaire des ménages (SDAM) pour la mesure de l’accès alimentaire des ménages : Guide d’indicateur, Washington D.C., Projet d’Assistance technique en matière d’Alimentation et de Nutrition,l’Académie pour le Développement de l’Education, 2006.
• TORHEIM LE. Et al., « Validation of food variety as an indicator of diet quality assessed with a food frequency questionnaire for Western Mali », European Journal of Clinical Nutrition, 2003, pp. 1283-1291.
Socio anthropologie
• LALLEMENT Michel, Histoire des idées sociologiques des origines à Weber, 3ème édition, Circa, Paris, Armand Collin, 2006.
• POULAIN Jean-Pierre., Sociologies de l’alimentation, Paris, PUF, 2002. • POULAIN Jean-Pierre, Manger aujourd’hui, Attitude, normes et pratiques,
Paris, Editions Privat, 2002, pp.23-38. • FISCHLER Claude, « Gastronomie et gastro-anomie ». Sagesse du corps et
crise bio-culturelle de l’alimentation moderne, revue Communications, Année 1979, Volume 31, Numéro 1, page 189 – 210
Alimentation des migrants
• CALVO Emmanuel, « Toujours africains, déjà français », Politique Africaine, Ed. Karthala, Paris, 1997, vol. 67, pp. 48-55.
• MAIRE Bernard, MEJEAN Caroline, Que savons-nous de l’alimentation des populations migrantes ?, UR106, IRD, Montpellier, 2009.
89
Alimentation de rue
• AG BENDECH Mohamed et al., « Proposition d’une méthode d’estimation de l’apport nutritionnel des plats vendus dans la rue », Médecine Tropicale, 1996, 56 ; pp. 361-366.
• AG BENDECH Mohamed et al., « Assessment of diatary intakeat home and outside the home in Bamako (Mali) », Ecology and food and nutrition, 1998, vol. 37, pp. 135-162.
• AG BENDECH Mohamed et al, « Complémentarité des alimentations à et hors domicile à Bamako (Mali) : aspects nutritionnels et économiques. Quelle rationalité dans les choix des consommateurs ? », Revue épidémiologique et santé publique, 1999, pp. 151-164.
• CANET Colette, N’DIAYE Cheikh, « L’alimentation de rue en Afrique », FNA/ANA, 17/18, 1996.
• DIALLO Amadou S., « Contribution à l’étude de la valeur nutritive des repas de rue dans la ville de Conakry », Voies alimentaires d’amélioration des situations nutritionnelles, 2ème atelier international, Ouagadougou, 23-28 novembre 2003, pp. 219-228.
• GERBOUIN-REROLLE Pascale et al., « Alimentation de rue : situation et perspectives d’action », Cahiers santé, 1993, 3, pp.367-374.
Alimentation Afrique de l’Ouest
• AG AYOYA Mohamed et al., « Determinants of anemia among pregnants women in Mali », Food and nutrition Bulletin, vol.27, n°1, 2006.
• AG BENDECH Mohamed et al., « Approche de la consommation alimentaire en milieu urbain. Le cas de l’Afrique de l’Ouest », Cahiers Santé, 1996 ; 6. pp. 173-179.
• AG BENDECH Mohamed et al., « Variabilité des pratiques alimentaires à domicile des familles vivant à Bamako (Mali) selon le niveau socio-économique », Cahiers Santé, 1996 ; 6, pp. 285-297.
• BILINSKY Paula, SWINDALE Anne, Mois d’approvisionnement alimentaire adéquat (MAHFP) pour la mesure de l’accès alimentaire des ménages : Guide d’indicateurs., Washington D.C., Projet d’Assistance technique en matière d’Alimentation et de Nutrition, l’Académie pour le Développement de l’Education, 2007.
• BRICAS Nicolas, « L’évolution des styles alimentaires », 1992, In BOSC P. M., DOLLE V., GARIN P. et YUNG J. M. (Eds.) Le développement agricole au Sahel ; Tome I : Milieux et défis. Montpellier, France, CIRAD , Coll. Documents systèmes agraires n°17, pp. 179-210
• BRICAS Nicolas, « Les caractéristiques et l’évolution de la consommation alimentaire dans les villes africaines », Alimentation, techniques et innovations dans les régions tropicales, in Muchnik J. (Ed.). Paris, France, L'Harmattan, pp. 127-160
90
• BRICAS Nicolas, « La pluralité des références identitaires des styles alimentaires urbains en Afrique », GDR Economie & Sociologie « les Marchés Agroalimentaires » - Montpellier – 23 & 24 Mars 2006
• BRICAS Nicolas et al., Nourrir les villes en Afrique sub-saharienne, Collection Villes et Entreprises, Paris, Editions L’Harmattan, 1986.
• BRICAS Nicolas, SECK Pape Abdoulaye, « L’alimentation des villes de Sud : les raisons de craindre et d’espérer », Cahiers Agricultures, 2004 ; 13, pp. 10-14.
• DUMESTRE Gérard, « De l’alimentation au Mali », Cahiers d’études africaines, 1996, n°144, pp. 689-702.
• KOPPERT Georgius et al., « Consommation alimentaire dans trois populations forestières de la région côtière du Cameroun : Yassa, Mvae et Bakola »,in HLADIK C.M. et al., L’alimentation en forêt tropicale : interactions bioculturelles et perspectives de développement, Paris, Editions UNESCO, 1996, pp. 447-496.
• MAINBOURG Evelyne, Manger et boire à Bamako (Mali), Thèse de doctorat en sociologie, Tours, Université François Rabelais, 1986.
• O’DEYE Michèle, BRICAS Nicolas, « A propos de l’évolution des styles alimentaires à Dakar »
• Programme Alimentaire Mondial et UNICEF, Mali : Analyse de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité, 2005.
Autour du sujet
• de GARINE Igor, « Adaptation biologique et bien-être psycho-culturel », Bulletins et Mémoires de la Société d’anthropologie de Paris, 1990, Volume 2, Numéro 2, pp. 151-173.
• JANIN Pierre, « Leçons d’une crise alimentaire annoncée au Mali », IRD-00335691, 30 octobre 2008.
• Dictionnaire le nouveau petit robert, dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, nouvelle édition du Petit Robert de Paul Robert, texte remanié et amplifié sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey, éd. dictionnaire le Robert 1993, 1999.
92
Annexe A :
Questionnaire de diversité dans le cadre du projet ALIMI
Combien de fois avez-vous consommé les différents aliments suivants au cours des 7
derniers jours (hors repas de fête) ?
Groupes d'aliments
Aliments Fois/jour Fois/semaine 0 fois
Fruits Agrumes (oranges, pamplemousse, citron…)
Autres fruits (banane, pomme, papaye, melon, ananas, etc.)
Légumes frais (y compris les
légumes consommés
dans la sauce)
Légumes verts (choux, feuilles, salade…)
Légumes colorés (tomate, carotte, citrouille, betterave…)
Autres légumes (navet, aubergine, courge et courgette…)
Haricots gombo
Tubercules Manioc, pomme de terre, patate douce, igname, plantain
Légumineuses Niébé, néré
Céréales Pâtes (vermicelles, spaghetti, macaroni…)
Pain
Riz
Mil, sorgo
Viandes Bœuf/mouton/chèvre
Volaille (poulet, canard..)
Œufs Œufs
Poissons Poisson frais
Poissons en conserves (sardines)
Poissons ou mollusques séchés/fumés
Lait et produits laitiers
Lait frais
Lait en poudre (Nido)
Lait concentré liquide
Lait caillé
Yaourt
Mayonnaise (Calvé)
Fromage fondu de type « Vache qui rit »
93
Produits sucrés et/ou riches en
graisses
Bonbons, chocolat
Pâte à tartiner
Glaces, sorbets
Beignets sucrés ou salés
Biscuits sucrés ou salés
Matières grasses
Beurre, margarine
Beurre de karité
Huile de palme
Huile d'arachide
Oléagineux Arachides (grillés, bouillies, en pâte)
Condiments Cube Maggi ou bouillon
Piment
Soumbala
Sel
Boissons Café/Café au lait
Thé
Boissins alcoolisées
Boissons sucrées gazeuses (sodas)
Jus de fruits
Autres boissons
94
Annexe B :
Proposition de questionnaire dans le cadre de l’étude
ALIMI
Numéro de l’interviewé : Numéro de l’enquêteur : Date interview (Jour/Mois/Année) : Hier, nous étions : (à compléter par l’enquêteur) □ Lundi □ Mardi □ Mercredi □ Jeudi □ Vendredi □ Samedi □ Dimanche Pour vous, hier était : □ un [lundi] comme les autres [lundi]
□ un jour particulier :………………………………… Durée de l’interview ? (heure, min, secondes début/fin) Texte de présentation : je travaille pour le Centre Edgar Morin/EHESS et nous réalisons une étude sur l’alimentation. Nous souhaiterions vous poser quelques questions sur le sujet, auriez-vous 1 heure à me consacrer ? Je tiens à vous préciser qu'il ne s'agit absolument pas d'un test ou d'un examen. Au contraire, ce qui nous intéresse, ce sont vos opinions, vos idées, vos convictions, vos soucis, vos attentes par rapport à l'alimentation. Il n'y a donc pas de bonnes ou de mauvaises réponses. De plus, c’est un entretien anonyme, donc sentez-vous tout à fait libre de dire ce qui vous vient à l'esprit. INFORMATIONS PRELIMINAIRES Sexe : H/F Age : année de naissance Composition du ménage : Avec combien de personnes habitez-vous actuellement (en dehors de vous) ?
- combien y a t-il d’enfants de moins de 12 ans qui habitent avec vous ? - combien y a t-il de jeunes hommes de 12 à 18 ans qui habitent avec vous ? - combien y a t-il de jeunes femmes de 12 à 18 ans qui habitent avec vous ? - combien y a-t-il de femmes adultes de plus de 18 ans qui habitent avec vous ? - combien y a-t-il d’hommes adultes plus de 18 ans qui habitent avec vous ?
95
Statut matrimonial : Vivez-vous (plusieurs réponses possibles) : - sans conjoint : précisez (célibataire/divorcé/veuf/conjoint ailleurs) - avec votre/vos conjoint(s) ici (précisez le nombre de femmes : voir avec la
CNIL) - autre - NR
Logement : Dans quel type de logement habitez-vous ? Type de logement Appartement, studio Maison individuelle, pavillon Foyer HLM ou autre logement social Hôtel meublé Squat Autre : précisez PRATIQUES ALIMENTAIRES Avant de parler de votre alimentation quotidienne, nous allons commencer par une question sur votre vie. Globalement, sur une échelle de 1 à 7, en considérant que 1 signifie « totalement insatisfait » et 7 « totalement satisfait », pourriez-vous noter votre niveau de satisfaction par rapport à votre vie en général (ces derniers jours) ? Dans le reste de l’enquête, le terme d’« alimentation » sera utilisé pour parler de tout ce qui se rapporte à l’alimentation au sens large, c'est-à-dire pas seulement à la consommation mais aussi à l’approvisionnement, la préparation, la dégustation seul ou à plusieurs, etc… De la même façon que vous avez répondu à la question précédente en notant votre satisfaction globale de la vie sur une échelle de 1 à 7, nous allons maintenant vous demander de noter, sur la même échelle, votre satisfaction par rapport à votre alimentation dans votre vie en général (ces derniers jours) ? APPROVISIONNEMENT Qui fait les courses pour votre foyer (QCM) ?
- vous-même - votre conjoint/mari/femme - vos enfants - appartenance à une caisse de solidarité alimentaire - l’employé de maison - autre
96
Est-ce que vous ou la personne qui fait les courses vous vous rendez : Jamais Parfois Souvent Tous les
jours au marché au supermarché/hypermarché dans un discount alimentaire (ED, Lidl, Franprix…)
à la ferme, abattoir à l’épicerie de quartier aux magasins exotiques (asiatiques, africains...)
au libre-service (Mali) Autre, précisez Utilisez-vous une liste pour faire vos courses ? Seriez-vous prêt à acheter ici ? O/N De l’huile d’argan du Souss Du safran du Souss De l’eau de rose Si oui, où souhaiteriez-vous pourvoir acheter ce/ces produit(s) ? Si oui, à quel prix seriez-vous prêt(s) à payer :
- un litre d’huile d’argan du Souss - 1 gramme de safran du Souss
Si vous faites vos courses : Quand vous faites vos courses, vous tenez compte : Classer 3 premiers Critères (O/N) Classement Des effets sur la santé Du goût Des effets sur la silhouette/ligne
Des effets sur le poids Des effets sur la peau De l’origine du produit Du caractère naturel De la saisonnalité Du prix De la fraicheur De la date de péremption De la quantité De la marque De l’information sur l’emballage
Autre, précisez
97
Qu’est-ce que vous recevez de votre pays/région d’origine ? (que vous demandez qu’on vous envoie/rapporte, que vous rapportez-vous lors de vos déplacements, que l’on vous envoie sans que vous le demandiez) / (ne pas énoncer)
- condiments, épices - feuilles - poisson séché - viande séchée - produits laitiers - huile d’argan ou d’olive - fruits secs - autre, précisez
Achetez-vous hallal ? Viande Autres produits
(précisez) toujours chaque fois que j’en ai la possibilité
à certaines occasions jamais Au cours de la dernière année, avez-vous pratiqué le jeûne pour des raisons religieuses (comme le Ramadan) ? O/N CUISINE Combien de fois par jour fait-on la cuisine là où vous vivez ? Combien de temps passe t-on chez vous en moyenne à la cuisine un jour de semaine ? Combien de temps passe t-on chez vous en moyenne à la cuisine un jour de week-end ? Savez-vous cuisinez français/le manger français ? noter de 0, je ne sais pas du tout, à 10, je sais parfaitement Savez-vous cuisinez le manger africain ? noter de 0, je ne sais pas du tout, à 10, je sais parfaitement
98
Journée de la veille Nous allons maintenant nous intéresser à votre journée d’hier, et plus particulièrement à tout ce que vous avez fait et expérimenté en relation avec l’alimentation et les repas (planification des repas, courses, préparation, dégustation) ainsi qu’à votre satisfaction et vos émotions à chaque moment. Pour commencer, nous allons donc vous demander de vous remémorer votre journée d’hier depuis le moment où vous vous êtes levés et jusqu’au moment où vous vous êtes couchés. Pensez à votre journée comme une suite continue d’épisodes ou de scènes de films. Appelons ces épisodes des « séquences » de votre journée. On peut considérer que la séquence est finie quand vous changez de lieu, si vous finissez une activité ou si les personnes avec qui vous interagissez changent. Nous voudrions donc que vous identifiiez les « séquences » de votre journée d’hier au cours desquelles vous avez fait une ou plusieurs activités en rapport avec l’alimentation au sens large.
Horaires/Durées Séquence (dénomination par l’enquêté)
Si on reprenait l’échelle utilisée au début pour la satisfaction (de 1 à 7), quelle note mettriez-vous pour l'alimentation ou tout ce qui a touché à l'alimentation dans votre journée d’hier plus particulièrement ?
99
Nous allons maintenant revenir au découpage de votre journée d’hier et nous allons détailler, séquence par séquence, les activités liées à l’alimentation. Pour chaque séquence alimentaire, nous allons vous demander de nous indiquer la durée de l’épisode, de décrire précisément les activités dans lesquelles vous étiez impliqués (possibilité d’activités simultanées) ainsi que les personnes avec qui vous interagissiez… Nous vous demanderons ensuite de noter, pour chaque séquence, votre niveau de bien être/plaisir/bonheur/satisfaction alimentaire sur la même échelle que celle utilisée jusqu’ici (échelle de 1 à 7) et de nous expliquer ce qui vous amène à mettre cette note. Puis, nous nous intéresserons aux moyens, selon vous, de gagner un point sur cette même échelle pour chacune des séquences. Numéro de la séquence : Description des activités : Lieu : Durée (si non relevée au moment du découpage de la journée) : Personnes avec qui vous interagissiez : □ Seul □ Avec des amis □ Avec des parents □ Autre : Nombre total de personnes : Niveau de satisfaction de la séquence (1 à 7) : Justification de la note : Moyens de gagner un point : Question : Après avoir réfléchi et découpé votre journée d’hier, pourriez vous nous dire quel a été votre niveau de satisfaction par rapport à votre alimentation en général pour la journée d’hier (toujours sur l’échelle de 1 à 7)? Question : Maintenant que vous avez bien votre journée d’hier en tête, pourriez-vous nous dire quelle a été la séquence alimentaire la plus importante pour vous dans cette journée (par rapport au découpage précédent) ?
100
CONSOMMATION ET LA COMMENSALITÉ
Nous allons à présent détailler tous les repas que vous avez pris la veille.
Prenez-vous… Heure de prise Durée de la prise
Lieu (où le prenez-vous ?) Lieu Avec qui le prenez-vous ? Avec qui
Oui Non Code Heure min Chez
vous Lieu de travail
Restaurant Restauration rapide
Code En
famille
Seul Amis, Voisins
Code
Petit-déjeuner � 1 � 2 /__/ /__//__/,/__//__/ � 1 � 2 � 3 � 4 /__/ � 1 � 2 � 3 /__/
Collation matin � 1 � 2 /__/ /__//__/,/__//__/ � 1 � 2 � 3 � 4 /__/ � 1 � 2 � 3 /__/
Déjeuner � 1 � 2 /__/ /__//__/,/__//__/ � 1 � 2 � 3 � 4 /__/ � 1 � 2 � 3 /__/
Collation après-midi
� 1 � 2 /__/ /__//__/,/__//__/ � 1 � 2 � 3 � 4 /__/ � 1 � 2 � 3 /__/
Dîner � 1 � 2 /__/ /__//__/,/__//__/ � 1 � 2 � 3 � 4 /__/ � 1 � 2 � 3 /__/
Collation soir � 1 � 2 /__/ /__//__/,/__//__/ � 1 � 2 � 3 � 4 /__/ � 1 � 2 � 3 /__/
Vous-même
Votre conjoint
Les deux
Les enfants L’employé Code
Dans une assiette
individuelle autre Code Assis Code
Petit-déjeuner �1 �2 �3 �4 �5 � 6 � 2 � 3 /__/ � 7 /__/Collation matin �1 �2 �3 �4 �5 � 6 � 1 � 3 /__/
� 7/__/
Déjeuner �1 �2 �3 �4 �5 � 6 � 1 � 3 /__/� 7 /__/
Collation après-midi �1 �2 �3 �4 �5 � 6 � 1 � 3 /__/
� 7/__/
Dîner �1 �2 �3 �4 �5 � 6 � 1 � 3 /__/ � 7 /__/Collation soir �1 �2 �3 �4 �5 � 6 � 1 � 3 /__/
� 7 /__/�3 �4 �5 � 6/__/ � 2 �1 �2
�3 �4 �5 � 6/__/ � 2 �1 �2
�3 �4 �5 � 6/__/ � 2 �1 �2
�3 �4 �5 � 6/__/ � 2 �1 �2
�3 �4 �5 � 6/__/ � 2 �1 �2
autre
/__/ � 1 �1 �2 �3 �4 �5 � 6
Accroupi Au solSur une table
basse
Sur une table à manger
hauteautre
Dans le plat
commun Debout
Qui prépare le repas ? Dans quoi mangez-vous? Comment mangez-vous?
Suivez-vous un régime ? O/N
Vos enfants fréquentent-ils la cantine scolaire ? O/N
Nous allons maintenant vous demander combien de foi s vous avez consommé les différents aliments suivants au cours des 7 derniers jours, ho rs fêtes : Groupes d'aliments
Aliments Fois/jour Fois/semaine 0 fois
Fruits Agrumes (oranges, pamplemousse, citron…)
Autres fruits (banane, pomme, papaye, melon, ananas, etc.)
Légumes frais (y compris les
légumes consommés
dans la sauce)
Légumes verts (choux, feuilles, salade…)
Légumes colorés (tomate, carotte, citrouille, betterave…)
Autres légumes (navet, aubergine, courge et courgette…)
Haricots gombo
Tubercules Manioc, pomme de terre, patate douce, igname, plantain
Légumineuses Niébé, néré
Céréales Pâtes (vermicelles, spaghetti, macaroni…)
Pain
Riz
Mil, sorgo
Viandes Bœuf/mouton/chèvre
Volaille (poulet, canard..)
Œufs Œufs
Poissons Poisson frais
Poissons en conserves (sardines)
Poissons ou mollusques séchés/fumés
Lait et produits laitiers
Lait frais
Lait en poudre (Nido)
Lait concentré liquide
Lait caillé
Yaourt
Mayonnaise (Calvé)
Fromage fondu de type « Vache qui rit »
Produits sucrés et/ou riches en
graisses
Bonbons, chocolat
Pâte à tartiner
Glaces, sorbets
Beignets sucrés ou salés
Biscuits sucrés ou salés
Matières grasses
Beurre, margarine
Beurre de karité
Huile de palme
Huile d'arachide
102
Oléagineux Arachides (grillés, bouillies, en pâte)
Condiments Cube Maggi ou bouillon
Piment
Soumbala
Sel
Boissons Café/Café au lait
Thé
Boissins alcoolisées
Boissons sucrées gazeuses (sodas)
Jus de fruits
Autres boissons
Sécurité alimentaire (questionnaire FANTA) A chacune des questions suivantes, nous allons vous demander de répondre par oui ou par non. En cas de réponse positive, nous vous reposerons la même question en vous demandant de préciser si la situation s’est produite rarement (1 ou 2 fois), parfois (3 à 10 fois) ou souvent (+ de 10 fois) au cours du mois dernier. OUI -> à quelle fréquence ? Lors du dernier mois… NON
Jamais Rarement Parfois Souvent
1. … étiez-vous préoccupé que votre ménage n’avait pas assez de nourriture ?
2. … est-ce que vous-même ou un membre de votre ménage n’a pas pu manger les types de nourriture que vous préférez à cause d’un manque de ressources ?
3. …est-ce que vous-même ou un membre de votre ménage a mangé une variété limitée d’aliments parce que les ressources étaient insuffisantes ?
4. …est-ce que vous-même ou un membre de votre ménage a mangé une nourriture que vous ne souhaitiez pas manger à cause du manque de ressources pour obtenir d’autres types de nourriture ?
5. … est-ce que vous-même ou un membre de votre ménage a mangé un repas plus petit que vous n’auriez souhaité parce qu’il n’y avait pas assez à manger ?
6. … est-ce que vous-même ou un membre de votre ménage a mangé moins de repas par jour parce qu’il n’y avait pas assez de nourriture ?
7. … est-il arrivé que le ménage soit complètement sans nourriture parce qu’il n’y avait pas de ressources pour en acheter ?
8. … est-ce que vous-même ou un membre de votre ménage est allé au lit en ayant faim parce qu’il n’y avait pas assez de nourriture ?
9. …est-ce que vous-même ou un membre de votre ménage a passé toute une journée et toute une nuit sans manger parce qu’il n’y avait pas assez de nourriture ?
103
REPRESENTATIONS Ce que bien manger veut dire (produits, conduites, ordre des choses) (post-codée) « Bien manger », pour vous, c'est quoi ? (relance « Bien manger pour vous, c'est quoi encore ? ») Pour être sûr de bien manger, où iriez-vous : (post-codée)
• dans l'espace : près de chez vous ou très loin • et dans le temps : passé, présent ou futur.
Pourquoi ? Et où n'iriez-vous surtout pas pour bien manger ? Pourquoi ? Manger africain » pour vous, c’est quoi ? en 3 mots « Manger français » pour vous, c’est quoi ? en 3 mots « Si vous deviez définir en une ou deux phrases le type de cuisine que vous mangez ici, que diriez-vous ? (Relance : "Quel autre type de cuisine mange-t-on encore, chez vous ?") Je vais vous citer une liste d'affirmations. Pour chacune d'elles, vous me direz si vous êtes : tout à fait d'accord, plutôt d'accord, plutôt pas d'accord ou pas du tout d'accord. Note Il est important de bien se remplir le ventre Il ne faut pas manger varié Il faut manger équilibré Il faut manger au moins 3 fois par jour Je ne fais pas attention à ce que je mange Il faut manger ce qu’on aime Il n’y a pas d’heure pour manger Je suis le seul responsable de mon alimentation, c'est à moi de faire les bons choix
Il ne faut pas écouter les conseils des médecins sur l’alimentation Il n’y a pas de différences entre les aliments et les médicaments. Niveau de satisfaction avec certains aspects liés à l’alimentation et la santé Quelle note de 0 (pas du tout d’accord) à 10 (0 à 5 ?) (tout à fait d’accord) donneriez-vous à : Note Je suis satisfait de ma santé Je suis satisfait de ce que je mange au quotidien Je suis satisfait de la qualité des produits alimentaires que je mange tous les jours
Je suis satisfait de mon poids actuel Je me trouve trop gros(se) Je me trouve trop maigre
104
Pour vous, est-ce que XXX joue un rôle important sur la santé ? Noter de 0 (pas du tout important) à 10 (très important). Note L’alimentation Le sport et l'exercice Les régimes Le goût Le jeûne La joie de vivre Le stress, les soucis Bien dormir Manger ensemble Le travail versus le loisir ? Selon vous, est-ce que XXXXX est bon ou pas pour la santé ? notez de 0 (pas du tout) à 10 (tout à fait) Voir quali 0 à10 (sain) 0 à 10 (plaisir ?) Les produits laitiers Les fruits Les légumes Le poisson La viande (dont le poulet) Les céréales (riz, maïs, mil, blé, pain, etc)
Le vin Le lait bio Les pommes de terre, les patates douces
Les boissons gazeuses (sodas) Le cube Maggi Les épices, le piment L’huile Les œufs Les bonbons, biscuits, gâteaux, etc.
Les fritures (beignets, frites, alocos, etc.)
« Naturel », pour vous, qu’est-ce que ça veut dire ? en 3 mots
105
Information Vous sentez-vous personnellement informé sur les questions d’alimentation et de santé ? (de 0, pas du tout, à 10 parfaitement) De qui obtenez-vous des conseils sur l’alimentation ? (ne pas énoncer) citer 3 sources d’information.
- la télévision - la radio - les Imams, marabouts - votre famille - vos amis - vos collègues - vos enfants - votre conjoint - votre voisinage - des agents de la santé, des PMI - des revues, magazines - des livres de recettes - etc.
Parmi ces trois sources d’information, quelle est celle en laquelle vous avez le plus confiance ? Individualisme v ersus Commensalisme Tolérance aux particularités individuelles. Imaginez qu’il y a de la famille ou des amis qui viennent manger chez vous. L’un d’eux vous dit avant de venir :
1 qu'il ne mange pas de sel 2 qu'il est diabétique 3 qu'il n'aime pas les légumes
En tenez-vous compte au moment de préparer ? O/N
Etendue du choix. Vous avez envie de manger une glace ou un gâteau. Vous avez le choix entre deux marchands. Le premier offre un choix de 50 variétés différentes. Le second propose une sélection de 10 variétés. A prix égal, lequel choisiriez-vous ?
1 Celui qui propose 50 variétés différentes 2 Celui qui propose une sélection de 10 variétés.
Portraits de mangeurs ou de mangeuses Je vais maintenant vous décrire le portrait de plusieurs mangeurs. Pouvez-vous me dire si vous vous sentez tout à fait, plutôt, plutôt pas ou pas du tout proche de chacun de ces mangeurs.
106
A adapter ? Tout à fait
proche
Plutôt proche
Plutôt pas
proche
Pas du tout
proche Le mangeur A fait attention à ce qu’il mange et il fait du sport. Il fait attention à son poids et à sa santé.
Le mangeur B préfère parfois manger seul que de manger à plusieurs personnes.
Le mangeur C ne supporte pas de manger seul, il mange toujours avec d’autres personnes. Il aime la convivialité.
Le mangeur D aime se faire plaisir en mangeant ; Manger est un des grands plaisirs de l'existence.
Le mangeur E il fait très attention à la qualité des produits qu'il achète et mange. Il mange surtout des produits bio ou naturels.
Avenir et perceptions des changements Parlons maintenant des différences entre ici et votre pays/région d’origine (ou celui de vos parents). Pouvez-vous nous dire pour chaque mot suivant, si vous considérez que c’est mieux, moins bien ou pareil par rapport au pays ? ou ce que vous avez le sentiment d’avoir gagné ou perdu ou si rien n’a changé ? MOT Gagné/Mieux Perdu/moins
bien Pareil/Rien n'a
changé NR / NSP
Variété Goût Connaissance Temps Traditions Qualité Plaisir Hygiène Pouvoir d’achat Choix Fraicheur Confiance Santé Poids Activité physique
Maladies Fatigue Moral
107
Autre, précisez PROFIL DEMOGRAPHIQUE, SOCIAL, ECONOMIQUE ET SANITAI RE (suite) Education & niveau de vie Quel est votre niveau scolaire ? (ne pas suggérer) et celui de votre conjoint ? (mettre une croix) Niveau d’éducation Personne interrogée Conjoint Jamais été scolarisé Alphabétisé A été à l’école coranique Nombre d’années de scolarisation
NSP/NR Autre, précisez Si vous avez été scolarisé, quel est le diplôme le plus élevé que vous ayez obtenu ? et votre conjoint ? Quelle est votre activité actuelle ? et celle de votre conjoint ? Activité Personne interrogée Conjoint Travail A la recherche d’un travail Femme/homme au foyer Retraité ou pensionné En formation, études Autre : précisez Si vous travaillez, précisez quelle est votre activité ? (domaine d’activité, statut) (occupation & pénibilité du travail) De quel type de contrat s’agit-il ? Type de contrat Personne interrogée Conjoint CDD CDI Interim à votre compte activité non déclarée Autre, précisez Avez-vous déjà travaillé dans le domaine de la restauration ? O/N Précisez si en France ou au pays ? Au cours du dernier mois, combien de jours avez-vous travaillé en moyenne ? Au cours du dernier mois, combien d’heures avez-vous travaillé en moyenne par semaine ? Quelle est ou était la profession de votre mère ? Quelle est ou était la profession de votre père ?
108
Au cours de la dernière année, avez-vous bénéficié d’aide alimentaire : jamais/parfois/souvent De quel organisme ? De la soupe populaire Des restos du cœur De la banque alimentaire D’une épicerie solidaire D’une association Autre, précisez Au cours du dernier mois, pouvez-vous m'indiquer quels ont été vos revenus ? (ne pas énoncer) Au cours du dernier mois, pouvez-vous m'indiquer quels ont été les revenus de votre foyer (toutes sources confondues) ? (ne pas énoncer) Tranches de revenus Revenus de la pers
interrogée Revenus du foyer
0 à <250 euros 250 à <500 euros 500 à <750 euros 750 à <1000 euros 1000 à <1500 euros 1500 à <2000 euros > 2000 euros Au cours du dernier mois, combien d’argent avez-vous envoyé à la famille au pays ? Etes-vous : Statut d’occupation Propriétaire Locataire Co-locataire Hébergement à titre gratuit
Hébergement payant Autre : précisez Avez-vous investi dans un bien immobilier (maison, appartement, terrains, etc) ? O/N (accès à la propriété) Où ? Lieu France Pays/région d’origine Autre pays : précisez
109
Gestion du budget et dépenses alimentaires A quel degré les membres du foyer contribuent-ils aux dépenses alimentaires ? (ne pas énoncer) Degré de contribution des membres du foyer
Celui/ceux qui travaille(nt) Seulement le mari Seulement la femme Surtout le mari Surtout la femme Les deux parents Les enfants Autre, précisez Qui gère le budget alimentaire du foyer ? (ne pas énoncer) Gestion du budget alimentaire la personne interrogée son conjoint les deux parents les enfants Autre, précisez Payez-vous un « toucher » ? O/N A qui ? Toucher à la famille à une caisse de solidarité alimentaire
autre, précisez Combien avez-vous dépensé pour l’alimentation de votre foyer hier ? Combien avez-vous dépensé pour l’alimentation de votre foyer la semaine dernière ? Combien avez-vous dépensé pour l’alimentation de votre foyer le mois dernier ? Combien de personnes vivent sur ce budget alimentaire ? Perception de son niveau de vie actuel(le) : mauvais, plutôt mauvais, plutôt bon, très bon
110
Origines de la personne et de son conjoint Combien d’années avez-vous vécu en France au total ? (nombre d’années de résidence) De quelle(s) culture(s) vous sentez-vous le plus proche ? (question ouverte à post-coder)
- soninkée/bambara/peule, malienne, berbère, marocaine, arabe - une culture française - une culture européenne - une culture de « migrants » - une culture du monde - une culture de quartier, etc. - autre
D’où vous sentez-vous originaire (région/cercle/ville-village) ? D’où est originaire votre conjoint (région/cercle/ville-village) ? Pour les jeunes nés en France : D’où est originaire votre père ? votre mère ? (région/cercle/ville-village) Avez-vous la nationalité française ? Si non, quelle est votre situation juridique ?
- sans papiers - régularisé - naturalisé - réfugié politique - autre
Langues Quelle(s) langue(s) parlez-vous avec les personnes avec qui vous habitez ? (choix multiple) O/N Français Bambara Soninké Pular Berbère Arabe Autre, à précisez Si le français n’est pas votre langue maternelle, pouvez-vous évaluer votre niveau d’aisance ou de difficulté avec la langue française par une note sur 4 (pas du tout, plutôt pas, plutôt, très à l’aise)
- pour lire - pour parler - pour écrire
111
Parcours migratoire Combien de temps avez-vous vécu dans une grande ville avant de venir en France ? Avez-vous vécu dans d’autres pays que la France ? O/N Si oui, lesquels ? Si oui, combien de temps ? Vous rendez-vous dans votre pays/village d’origine :
- plus de 2 fois par an - 1 à 2 fois par an - 1 fois tous les 2 ans - Moins souvent - Jamais
Relations sociales Appartenez-vous à une association (hors caisse de solidarité –alimentaire- en France) : Oui/Non Si oui, de quel type d’association êtes-vous membre ?
- une association de femmes - une caisse villageoise - une association de quartier - une association africaine - une association soninkée - autre, précisez
Au cours de la dernière année, combien de fois avez-vous participé à des fêtes ou cérémonies (mariages, décès, naissance, journées associatives…) ? Religion : Pouvez-vous m'indiquer quelle est votre religion ou celle de votre famille ? 1 Musulmane 2 Catholique 3 Protestante
4 Juive 5 Une autre religion 6 Non-croyant / Athé 7 NR
Indicateurs de santé jamais occasionnellement régulièrement tous les jours
Faites-vous la prière ?
Faites-vous de l’exercice physique ?
Consommez-vous de l’alcool ?
Fumez-vous ?
Taille (cm) |__||__||__|, |__| Poids (kg) |__||__||__|, |__| Tour de taille (cm) |__||__||__|, |__|
112
Table des sigles
ATTM : Association Taghbaloute de Tourisme en Montagne
CERTOP : Centre d’Etudes et de Recherche Travail, Organisation, Pouvoir
CFSVA : Analyse de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité
CIRAD : Centre de Coopération internationale de recherche agronomique pour le
développement
CMLN : Comité Militaire de Libération Nationale
CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique
CSA : Commissariat à la Sécurité Alimentaire
EBC : Enquête Budget – Consommation
EBSAN : Enquêtes de Base sur la Sécurité Alimentaire et la Nutrition
EDSM : Enquêtes Démographiques et de Santé du Mali
EHESS-CNRS : Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales – Centre National
de la recherche scientifique
FAO : Food and Agriculture Organization
IDH : Indicateur de Développement Humain
IMC : Indice de Masse Corporelle
IPH : Indicateur de pauvreté humain
IRA : Infections Respiratoires Aigues
IRD : Institut de Recherche pour le développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PIB : Produit Intérieur Brut
PNSA : Programme National de Sécurité Alimentaire
PPA : Parité de Pouvoir d’Achat
PRMC : Programme de Restructuration des Marchés Céréaliers
PRODESS : Programme de Développement Sanitaire et Social RDA :
Rassemblement Démocratique Africain
REMUAO : Réseau migration et urbanisation en Afrique de l’Ouest
RTM : Régie des Transports du Mali
SAP : Système d’Alerte Précoce
SOMIEX : Société Malienne d’Importation et d’Exportation
UNICEF : Fond des Nations Unies pour l’Enfance
113
Liste des figures
Figure 1 : Carte du Mali ............................................................................................ 15
Figure 2 : Cadre conceptuel de la malnutrition - UNICEF ......................................... 25
Figure 3 : Evolution de la corpulence des femmes entre 1995 et 2006 au Mali ....... 27
Figure 4 : Evolution des niveaux de dénutrition chez les enfants de moins de 3 ans
entre 1987 et 2001 ................................................................................................... 33
Figure 5 : Taux de prévalence des dénutritions selon la période de l'année au Mali 34
Figure 6 : Incidence de la pauvreté monétaire au Mali entre 1988 et 2005 .............. 41
Figure 7 : Répartition de l'apport énergétique par nutriments selon le milieu de
résidence .................................................................................................................. 42
Figure 8 : Postes de dépenses des ménages selon les groupes d'aliments au Mali -
EBC 1996 ................................................................................................................. 79
114
Table des matières
REMERCIEMENTS ............................................................................................................................................ 4
SOMMAIRE .......................................................................................................................................................... 5
INTRODUCTION GÉNÉRALE ......................................................................................................................... 6
MÉTHODOLOGIE .............................................................................................................................................. 8
1 RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE ........................................................................................................ 8
2 OBJECTIFS ET SUIVI DE LA RECHERCHE .......................................................................................... 9
PARTIE I : LA SITUATION NUTRITIONNELLE AU MALI .... ................................................................. 10
1 LE PROJET ALIMI : LA CULTURE ALIMENTAIRE À L’ÉPREUV E DE LA MIGRATION.
CONSÉQUENCES POUR LES POLITIQUES ALIMENTAIRES ..... .......................................................... 11
1.1 COMPOSANTES INSTITUTIONNELLES ........................................................................................................ 11
1.2 JUSTIFICATION DU THÈME D’ÉTUDE ......................................................................................................... 12
1.3 QUESTION DE DÉPART, OBJECTIF ET HYPOTHÈSES ................................................................................... 13
1.4 MÉTHODOLOGIE ...................................................................................................................................... 13
2 PRÉSENTATION DU MALI ...................................................................................................................... 14
2.1 GÉOGRAPHIE ........................................................................................................................................... 14
2.2 POPULATION............................................................................................................................................ 16
2.3 HISTOIRE ET POLITIQUE ........................................................................................................................... 16
2.4 ÉCONOMIE ............................................................................................................................................... 18
2.5 M IGRATIONS ........................................................................................................................................... 20
3 LA NUTRITION AU MALI ........................................................................................................................ 22
3.1 LA SITUATION NUTRITIONNELLE AU MALI .............................................................................................. 22
3.1.1 La sécurité alimentaire ................................................................................................................... 22
3.1.2 La sécurité nutritionnelle ................................................................................................................ 24
3.1.3 La transition nutritionnelle ............................................................................................................. 26
3.2 NUTRITION MATERNELLE ET INFANTILE .................................................................................................. 29
3.2.1 Les malnutritions : définitions ........................................................................................................ 29 3.2.1.1 Les malnutritions par excès ...................................................................................................................... 29 3.2.1.2 Les malnutritions par carence ................................................................................................................... 29 3.2.1.3 Les conséquences des dénutritions ........................................................................................................... 31
3.2.2 La situation au Mali ........................................................................................................................ 32
3.2.3 Prise en charge globale des enfants et dénutrition ......................................................................... 34 3.2.3.1 Les pratiques alimentaires des jeunes enfants .......................................................................................... 35 3.2.3.2 L’accès aux soins de santé ........................................................................................................................ 36
115
3.2.3.3 Les pratiques de soins ou caring ............................................................................................................... 39 3.3 LES DIFFÉRENCES URBAIN - RURAL : FOCUS SUR LA RÉGION DE KAYES ET LA VILLE DE BAMAKO .......... 41
PARTIE II : ALIMENTATION, NUTRITION ET MIGRATIONS . ............................................................ 46
1 DE LA NUTRITION À L’ALIMENTATION COMME FAIT SOCIAL TOTAL ................................ 47
1.1 DE LA NUTRITION … ............................................................................................................................... 47
1.2 … AU FAIT SOCIAL TOTAL ....................................................................................................................... 48
1.3 LE PARADIGME INTERDISCIPLINAIRE ....................................................................................................... 49
1.4 LES MODÈLES ALIMENTAIRES : UNE NOTION À DÉFINIR ........................................................................... 50
2 L’ESPACE SOCIAL ALIMENTAIRE POUR TRAITER DE L’ALIME NTATION DES MIGRANTS.
52
3 NOTION D’IDENTITÉ ET D’ADAPTATION EN SITUATION DE M IGRATION ........................... 54
4 VARIÉTÉ ET DIVERSITÉ EN SITUATION DE MIGRATION .... ....................................................... 58
PARTIE III : L’ALIMENTATION DES MIGRANTS MALIENS .. ............................................................. 61
1 LES MODÈLES ALIMENTAIRES MALIENS À TRAVERS L’ESPACE SOCIAL ALIMENTAIRE
62
1.1 L’ ALIMENTATION MALIENNE … .............................................................................................................. 62
1.2 … À TRAVERS L’ESPACE SOCIAL ALIMENTAIRE ...................................................................................... 65
2 INFLUENCE DE LA MODERNITÉ SUR LES MODÈLES ALIMENTAI RES MALIENS ............... 71
3 LES DIFFÉRENCES URBAINS-RURAUX .............................................................................................. 73
3.1 LES PARTICULARITÉS URBAINES .............................................................................................................. 73
3.1.1 L’alimentation de rue...................................................................................................................... 74
3.1.2 L’agriculture urbaine et péri-urbaine............................................................................................. 77
3.2 LES PARTICULARITÉS RURALES ............................................................................................................... 78
3.3 LES MIGRANTS : UN MODÈLE ALIMENTAIRE QUI LEUR EST PROPRE ? ....................................................... 80
CONCLUSION GÉNÉRALE ............................................................................................................................ 84
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 87
ANNEXES ........................................................................................................................................................... 91
ANNEXE A : ....................................................................................................................................................... 92
QUESTIONNAIRE DE DIVERSITÉ DANS LE CADRE DU PROJET ALIMI ......................................... 92
ANNEXE B : ........................................................................................................................................................ 94
PROPOSITION DE QUESTIONNAIRE DANS LE CADRE DE L’ÉTU DE ALIMI .................................. 94
TABLE DES SIGLES ....................................................................................................................................... 112
LISTE DES FIGURES ..................................................................................................................................... 113
TABLE DES MATIÈRES ................................................................................................................................ 114
116
Titre : L’alimentation des migrants maliens : de la campagn e à la ville
L’urbanisation au Mali s’explique en partie par les migrations internes des
populations rurales vers les villes. En centrant l'étude de ce phénomène sur les
questions alimentaires et en combinant les aspects sociologiques, culturels et
nutritionnels cette étude tente de mettre en lumière les conséquences de la migration
sur l'alimentation. L’alimentation urbaine influencée par la modernité reste
néanmoins empreinte de tradition. Les modèles alimentaires ruraux, quant à eux,
résultent d’une forte tradition confrontée aux innovations apportées par les villes.
Mais qu’en est-il alors des modèles alimentaires des migrants venus de leur village à
Bamako ? L’étude de leurs modèles alimentaires sert de prisme à l’analyse des
changements de leur environnement de vie. La mise en évidence des aliments
emblématiques de l’alimentation urbaine constitue un point de départ dans l’étude de
ces variations alimentaires et nutritionnelles en situation de migration.
Mots clés : Mali, Alimentation, Nutrition, Modèles alimentaires, migration, migrant,
ville, campagne.
Title: Malian migrants alimentation: from the countryside to the city
Mali's urbanisation is partly explained by intern migrations from the countryside to the
city. By focusing the study of this phenomenon on the dietary questions and by
combining sociological, cultural and nutritional aspects, this study intends to highlight
the consequences of migration on alimentation. Urban alimentation is influenced by
modernity but stays nevertheless marked with tradition. Rural dietary habits are the
result of the confrontation of strong tradition and innovations coming from the cities.
But what can we say about the dietary habits of the migrants coming from the
countryside to Bamako? Studying their dietary habits allows analysing the changes
that occur in their lifestyle. Highlighting staples and key aliments of urban
alimentation is a starting point in the study of these changes in the alimentation and
the diet of people in migration.
Key words: Mali, Alimentation, Nutrition, Dietary habits, Migration, Migrant, City,
Countryside