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L’Alimentation des Vaches Laitières en Pays Tropicaux
Georges Cothenet,
Docteur Vétérinaire – ABADAS
Sommaire :
1. L’affouragement des bovins
2. L’alimentation des vaches laitières
3. L’alimentation des génisses futures laitières
4. Le sevrage précoce des veaux
5. L’utilisation du lait de Soja
Ce document est le fruit de travaux réalisés dans différents pays tropicaux
(Martinique, Brésil, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Sénégal, Indonésie,…) pendant une
quarantaine d’années.
Il a pour but de donner les principales recommandations utiles à connaître pour obtenir
de bonnes performances sous climats chauds avec des solutions simples et à la portée de
tous les éleveurs africains.
Les normes, et d'une façon générale, les éléments chiffrés figurant dans ce dossier
technique ont été établis sur la base de résultats recueillis sur place. En aucun cas, ils
ne sauraient constituer une garantie d'obtention des mêmes performances sous
d'autres conditions nutritionnelles, de densité, d'ambiance physique ou biologique.
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1. L’AFFOURRAGEMENT DES BOVINS EN PAYS TROPICAL
11-QUELS ALIMENTS DOIT-ON FOURNIR A DES BOVINS ?
Alimentation de base (aliment de lest) :
Fourrages verts
Fourrages conservés (foins, ensilages)
Indispensable au bon fonctionnement de la digestion et de la rumination.
Exemple : culture de Niébé :
Selon les besoins et la production, on devra compléter avec d’autres aliments.
12-LES FOURRAGES VERTS.
Il s’agit de Graminées variées, naturelles ou cultivées et de Légumineuses (Niébé).
Ils sont pâturés directement par les bovins ou coupés pour être distribués aussitôt aux
animaux.
En zone sahélienne difficulté saison sèche très longue. Ces fourrages manquent
en général avant la fin de celle-ci.
Prairies naturelles.
Prairies cultivées: il est possible de semer ou repiquer certains fourrages : l’herbe à
éléphants (Pennisetum purpureum ou Miscanthus giganteus, fourrage à très haut
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rendement, très intéressant pour l’ensilage), le Brachiaria (mutica), le Pangola (Digitaria
decumbens), le Panicum (maximum), le Niébé (Vigna unguiculata),….
Utilisation en pâturage direct ou coupés et distribués frais.
Pâturage de Pangola et plantation d’herbe à éléphants.
Les fourrages verts contiennent de 65 à 80 % d’eau (soit 20 à 35% de matière sèche
selon leur état de maturité.
13-LES TECHNIQUES DE STOCKAGE DE FOURRAGES
Objectif: conserver du fourrage pour la saison sèche afin de garantir une alimentation
régulière du bétail toute l’année.
Condition : la récolte de fourrages pour constituer des réserves n’est possible que sur
des prairies suffisamment bien entretenues dans cet objectif ou en cultivant des
fourrages. La fauche aide à la repousse et à l’entretien des prairies permanentes.
Techniques de stockage de fourrages:
Le fanage, ou dessiccation, le produit obtenu est le foin (85% de matière sèche).
L‘ensilage, ou conservation par voie humide, le produit obtenu est l’ensilage (40%
de matière sèche environ).
14-LE FOIN
Fourrage vert coupe séchage naturel (ou fanage) immédiatement après la coupe
par exposition au soleil (sans pluie) pendant 2 à 3 jours, directement sur le sol.
Retourner régulièrement à la fourche pour aérer le fourrage.
Stocker le foin ainsi récolté à l’abri des intempéries, dans un local couvert et bien aéré.
Quand faut-il couper les fourrages pour obtenir un foin de bonne qualité ?
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Si on les coupe trop tard, l’herbe aura mûri, aura commencé à sécher sur pied, ils seront
trop riches en cellulose. On produira de la ‘’paille’’, donc un fourrage de moins bonne
valeur nutritive.
Stade optimal: début d’épiaison rendement optimal en matière sèche et en valeur
nutritive.
Exemple du Panicum maximum au Brésil :
Stade végétatif Matière
sèche
Protéine
digestible Energie métabolisable
Avant floraison 18% 2,20% 580 k.calories
Début d'épiaison 22% 1,70% 480 k.calories
Fin de floraison 24% 1,60% 450 k.calories
Après la floraison 28% 0,90% 440 k.calories
Avantages et inconvénients du foin :
Le fanage est la méthode de conservation du fourrage la plus utilisée dans de nombreux
pays, y compris en pays tropicaux.
Avantages :
Techniquement simple et facile à réaliser, ne nécessite pas de matériel coûteux: faux,
râteaux, fourches,…
Inconvénients :
Besoin d’avoir 2 à 3 jours sans pluie pour sécher le fourrage vert coupé.
Nécessité de posséder un hangar de stockage suffisamment grand pour protéger le foin
de la pluie.
14-L’ENSILAGE.
Qu’est-ce que l’ensilage ?
L’ensilage est une méthode de fermentation lactique destinée à conserver le fourrage à
l’état humide, à l’abri de l’air, par tassement. Ses avantages sont d’ordre technique et
nutritionnel.
1) Il permet d’équilibrer la production fourragère tout au long de l’année.
2) Il a pour effet de valoriser la matière sèche du fourrage ensilé en augmentant sa
digestibilité.
L’herbe verte mise en conservation subit différents processus biologiques qui vont
occasionner des pertes importantes s’ils ne sont pas dirigés et limités. On cherche donc
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à perdre le minimum de matière sèche et de valeur nutritive, et à éviter de synthétiser
des substances toxiques.
Les processus biologiques:
1) Phénomènes dus aux enzymes: les herbes ensilées respirent (consommation
d’Oxygène, dégagement de gaz carbonique et de chaleur). Si l’ensilage est bien étanche
à l’air ce phénomène s’arrêtera de lui-même par manque d’Oxygène.
2) Phénomènes de fermentation bactérienne: 4 stades successifs selon les bactéries
qui en sont à l’origine:
- la fermentation lactique,
- la fermentation butyrique,
- la fermentation acétique,
- la fermentation putride.
- La fermentation lactique: est due aux bactéries lactiques, qui se développent de
préférence entre 20 et 45°C. Leur action est donc favorisée par l’élévation thermique
due aux phénomènes enzymatiques. Elles ont également besoin des glucides des plantes
pour se multiplier et produire de l’acide lactique.
Conséquence : abaissement du pH (à 4 environ) et inhibition des autres fermentations.
- La fermentation butyrique: apparaît après la 1ère, quand la quantité d’acide lactique
diminue et que le pH remonte (due à des Clostridium) mauvaise conservation, odeur
désagréable.
- La fermentation acétique odeur de vinaigre, néfaste pour la santé des vaches.
- La fermentation putride production d’ammoniac, d’amines toxiques et de
moisissures provenant d’une mauvaise fermeture du silo.
Les pertes en matière alimentaire:
Comme dans tous les procédés de conservation, on enregistre des pertes de matière
alimentaire:
- Pertes dues à la combustion des glucides: respiration des plantes et fermentation
lactique.
- Pertes par dégradation de la matière azotée: production d’ammoniac, signe de
mauvaise conservation.
- Pertes par destruction des pigments caroténoïdes: bien qu’ils soient mieux
conservés dans l’ensilage que dans le foin.
- Pertes par drainage: toutes les fermentations produisent un jus qui contient des
éléments nutritifs mais doit être absolument évacué vers l’extérieur.
- Pertes par les parois et par le dessus du silo: contact possible avec l’air si la bâche
est déchirée ou mal fermée.
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L’ensilage sous vide:
- Particularités des pays tropicaux : très forte hygrométrie de l’air, fréquence des
précipitations en période de pousse de l’herbe. Il est nécessaire d’utiliser une méthode
très rapide.
- Besoin d’une méthode économique, simple et souple: la méthode d’ensilage sous vide
sous film ou bâche plastique étanche (méthode néo-zélandaise). Il suffit de disposer
d’un simple espace plat facilement accessible, qui ne risque pas d’être inondé ni
détérioré par des animaux. Toutes les formes sont permises: fosse, meule, tranchée,
voire en sacs….
- Méthode qui donne de bons rendements: les pertes sont faibles (2 à 3% dans les
meilleurs cas).
- Méthode sure: les risques d’échec sont faibles en ensilage sous vide.
Le procédé d’ensilage sous vide comporte 6 étapes:
1-La préparation du silo,
2-La coupe du fourrage et le pré-fanage,
3-La construction du tas de fourrage,
4-La couverture du silo,
5-La mise en place de la protection finale.
6-L’utilisation de l’ensilage.
La préparation du silo:
Choisir un sol bien drainé. Eventuellement creuser un fossé autour du silo pour évacuer
les eaux de pluie ou de ruissellement.
Installer le silo dans un endroit abrité du vent.
Nettoyer l’emplacement, le débarasser de tout ce qui risque de déchirer le film
(bâche) plastique (cailloux, souches d’arbres,…). Eventuellement, recouvrir cet
emplacement d’une couche de paille ou de feuilles séchées de bananiers.
Eventuellement: on peut placer des cordes transversalement par rapport à l’axe de la
meule de fourrage, elles serviront à cercler le silo après sa fermeture.
On déroule le film butyle (noir, plus opaque) ou polyéthylène (épaisseur 0,25 à 0,5
mm) préalablement découpé de façon qu’un volet puisse se rabattre par-dessus la meule
lors de la fermeture.
Attention à ne pas perforer le film en le piétinant pendant le remplissage du silo!
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La coupe du fourrage et le pré-fanage:
La fauche peut-être manuelle à la faux ou à la faucille, ou mécanisée quand le
producteur possède l’équipement nécessaire.
Il est important de couper le fourrage au meilleur moment du point de vue de sa
valeur nutritive et de sa richesse en glucides: au stade floraison pour des graminées
(herbe), ou au stade des grains laiteux ou pâteux pour du maïs fourrage.
Prendre le fourrage qui n’a pas été souillé par la terre et si possible le hacher. Le
hachage n’est pas indispensable mais permettra un meilleur tassement donc permettra
de chasser plus d’air. D’autre part, au moment de sa consommation, l’ensilage sera plus
facile à extraire.
Pour des fourrages à haut rendement comme le Pennisetum (+ de 2 m de hauteur), le
hachage est indispensable.
Si le fourrage est très humide, on peut le pré-faner: laisser l’herbe 3 ou 4 heures sur
le sol, exposée au soleil diminution du taux d’humidité (vers 75 à 70%) meilleure
conservation de l’ensilage.
La construction du tas de fourrage:
Déposer à la main ou à la fourche le fourrage coupé.
Installer avec précaution la première couche d’herbe coupée afin d’éviter de déchirer le
film butyle ou polyéthylène.
Tasser le tas de fourrage en montant dessus, après chaque couche de 30 à 40 cm
d’épaisseur. Le tassement est extrêmement important pour chasser l’air de la masse de
fourrage.
Veiller à la stabilité des parois verticales de la meule afin qu’elles ne s’écroulent pas lors
du tassement.
Le remplissage du silo doit se faire rapidement et si possible à l’abri de la pluie.
Si on dispose de mélasse, on peut la pulvériser à l’arrosoir après le dépôt de chaque
couche de fourrage en diluant à 50% avec de l’eau. Au total on pourra en ajouter jusqu’à
5% du poids de fourrage frais.
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Drain: avant la première couche de fourrage, on peut éventuellement installer un tuyau
PVC (perforé sur toute sa longueur comprise dans le silo), terminé à l’extérieur par une
vanne. Il pourra permettre de vidanger les éventuels jus de fermentation produits.
La couverture du silo:
Le film plastique doit être déroulé à partir du côté des vents dominants, ainsi le vent
aura tendance à le plaquer sur la meule de fourrage, et la fermeture du silo sera abritée
du vent.
Bien étaler la bâche afin d’éviter les plis (prises au vent).
Sur les bords, on peut soit coller le film, soit l’enrouler ou déposer de la terre par-
dessus pour fixer les rebords de la bâche:
La mise en place de la protection finale.
Pour protéger la bâche, on peut installer au dessus des pneus usagés ou étaler de la
terre:
Les silos fosse ou couloir:
Plate-forme horizontale, éventuellement cimentée entre deux murs en béton ou meule
sous bâche plastique noire.
Meule d’ensilage: largeur 2 à 5 mètres de largeur, longueur selon la quantité d’herbe à
ensiler.
Tasser après chaque couche de 30 à 40 cm de fourrage déposée, (pour chasser l’air).
Hauteur du silo 1 à 2 mètres, une fois bien tassé et terminé.
Bâche plastique noire 1 au-dessous (si non cimenté) et 1 au-dessus, dès la fin du
chantier.
Recouvrir de terre pour achever le tassement et protéger la bâche.
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Les différents types d’ensilage:
Ensilages d’herbes (graminées) :
-Prairies naturelles ou cultivées (Pennisetum ou Miscanthus) dont le rendement est le
plus important,….
-Couper entre 1,50 et 2 mètres de hauteur maxi, au stade floraison (15% de matière
sèche).
-Hacher fibres = 30 cm de longueur maxi.
-Un ensilage d’herbe bien tassé comprend ± 250 kg de matière sèche / m3.
-1 kg de matière sèche permet de produire 1,5 à 2 litres de lait.
Ensilage de maïs :
-Plante entière, coupé et haché au stade des grains laiteux ou pâteux (30 à 32% de
matière sèche).
-Fourrage plus énergétique que l’ensilage de graminées, très intéressant pour les vaches
laitières.
L’utilisation de l’ensilage:
Au bout de 3 mois l’ensilage est prêt à être consommé.
L’éleveur ouvre l’un des côtés du silo et:
Soit laisse le bétail accéder librement au tas d’ensilage (attention à la quantité
d’ensilage consommée, l’ensilage est très appétant),
Soit distribuer aux vaches chaque jour, à l’auge la quantité prévue.
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Les conditions de la réussite d’un ensilage:
-Couper des fourrages riches en glucides: stade floraison pour les graminées (à l’épiaison
il est trop tard) ou grains laiteux ou pâteux pour le maïs.
-Ensiler des fourrages à teneur en eau réduite (faire un léger pré-fanage si nécessaire)
afin d’éviter le développement de fermentations butyriques (mauvaises conservation et
appétence).
-Chasser le plus possible l’air du silo: tassement manuel, pompe à vide sur tracteur….
-Eventuellement: utilisation de Mélasse conservateur arroser chaque couche
tassée avec 1 ou 2 arrosoirs de mélasse conservation et appétence. Les glucides
(sucres) les fermentations lactiques nécessaires à la conservation de l’ensilage.
-Utilisation possible de l’ensilage à partir de 3 mois de conservation.
Avantages et inconvénients de l’ensilage:
Avantages:
-Les ensilages sont très appétissants pour les vaches qui les consomment facilement.
-Dans les pays tropicaux, la croissance végétale coïncide avec la saison des pluies, qui
rend parfois la fenaison difficile alors que l’ensilage ne nécessite pas de séchage ou un
séchage rapide.
-Les aliments granulés sont coûteux et l’ensilage permet de maintenir les vaches en bon
état pendant la saison sèche et de réduire les pertes de productivité des troupeaux
hors-saison.
Inconvénients:
-La production de fourrage ensilé nécessite un équipement plus coûteux. Dans le cas de
l’ensilage en sacs, il est important de veiller à préserver les sacs afin de permettre leur
réutilisation l’année suivante.
-Besoin de fourrages très productifs pour faire de l’ensilage.
15-QUANTITES DE FOIN OU D’ENSILAGE A PREVOIR.
Quantité que l’on prévoit de
distribuer par vache & par jour
Pour 5 vaches laitières
1 jour 1 semaine 6 mois
Foin ou
ensilage
2 kg 10 kg 70 kg 1 820 kg
5 kg 25 kg 175 kg 4 550 kg
Ensilage 10 kg 50 kg 350 kg 9 100 kg
Dès que l’on a suffisamment de fourrage disponible pour produire de grandes
quantités d’ensilage, il est préférable de réaliser un ensilage en meule ou en
couloir.
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2-L’ALIMENTATION DES VACHES LAITIÈRES
21-CONDITIONS D’OBTENTION D’UNE BONNE PRODUCTION LAITIERE.
Pour produire du lait, l’éleveur doit réunir 3 conditions :
Posséder des vaches ayant un bon potentiel laitier,
Veiller au bon état de santé de son troupeau,
Leur fournir une alimentation suffisante et équilibrée toute l’année.
211-Qu’est-ce qu’une vache à bon potentiel laitier :
Vache issue de races acclimatées et à potentiel prioritairement laitier : le zébu Goudali
semble supérieur au zébu Azawak.
Si l’on a un bon niveau technique et des ressources fourragères suffisantes, on peut
utiliser le croisement de races locales avec des races européennes par IA.
(Montbéliarde, Tarine, Brune des Alpes…).
Autre possibilité importation de zébus brésiliens de race Gir sélectionnés pour leur
potentiel laitier (15 à 20 litres de lait / jour).
Ils sont adaptés aux climats chauds.
Mais, la meilleure vache du monde ne donnera pas de lait si elle n’est pas alimentée
suffisamment en quantité et en qualité.
Jeunes génisses
Goudali
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212-Veiller au bon état de santé du troupeau :
Requérir l’assistance d’un vétérinaire ou d’un zootechnicien.
Il aidera à définir un programme de prévention adapté à la région où est situé l’élevage :
vaccinations, déparasitage, vitamines,….
Attention : les races européennes sont + sensibles aux maladies parasitaires que les
races locales.
22-ALIMENTATION DES VACHES LAITIERES EN PRODUCTION.
221-Notion de capacité d’ingestion :
Plus le fourrage est fibreux (donc pauvre en éléments nutritifs) moins la vache va
pouvoir en consommer, donc moins elle produira de lait, et inversement, plus le fourrage
est riche plus la vache en consommera!
Une vache laitière de 300 kg peut consommer jusqu’à 5 kg de matière sèche. Selon
les fourrages proposés, les quantités consommées sont très variables :
Fourrage Consommation quotidienne
en fourrage brut
Production de
lait permise
Herbe jeune 20 à 24 kg 4 à 6 litres
Herbe mature 15 à 17 kg 2 à 3 litres
Foin de bonne qualité 5 à 6 kg 2 à 4 litres
Paille 3 à 4 kg 1 à 2 litres
Ensilage de maïs 16 à 17 kg 2 à 4 litres
Pour un fourrage de bonne qualité, une vache peut ingérer jusqu’à 7 à 8% de son poids.
222-les Aliments Concentrés :
Vache croisée
Montbéliarde au
Burkina : jusqu’à 15
litres de lait / jour
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Ajoutés à la ration de base (fourrage) ils augmentent très significativement la
production laitière.
Attention, la quantité de matière sèche qu’ils apportent doit être déduite de la
quantité totale de matière sèche ingérée par la vache laitière.
Matières premières simples : maïs broyé, son de blé, tourteau de coton, drêches,
graines de soja….
Aliments composés : il s’agit de mélanges homogènes de plusieurs matières premières
préalablement broyées (granulés ou en farine).
Les matières premières concentrées :
Les graines de soja peuvent être distribuées crues, mais aplaties (légèrement écrasées)
jusqu’à 2 kg par jour à des vaches laitières sans les torréfier.
Au niveau nutritionnel, 1 kg de graines de soja crues équivaut à 1.5 kg de tourteau de
coton ou 3 kg de son de blé, et permet la production de 4 litres de lait.
Les aliments composés:
Aliments composés du commerce (appelés également complémentaires), ou
Mélanges fabriqués à la ferme: broyage grossier puis mélange de plusieurs matières
premières.
Exemple de formule d’aliment pour vache laitière :
maïs grains 30 kg
graines de soja crues 25 kg
son de blé 35 kg
coquilles d’huitres 5 kg
mélasse de canne 5 kg
100 kg
Distribuer à raison de 1 kg pour 3 litres de lait supplémentaires par jour.
Burkina Faso Son de blé Maïs broyé Tourteau de
coton
Graines de
soja cru
Drêches de
brasserie
Protéine
digestible 11% 5% 24% 34% 5%
Energie
métabolisable 2150 kcal 2650 kcal 2200 kcal 3250 kcal 600 kcal
Matière sèche 86% 87% 91% 90% 23%
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(La mélasse de canne à sucre augmente l’appétence de l’aliment. Elle peut être
remplacée par 5 kg de maïs grains).
Production laitière ainsi obtenue :
Les besoins en minéraux :
Les ruminants ont un besoin quotidien d’ingérer des minéraux: calcium, phosphore,
magnésium, sel…. Par exemple une vache laitière qui produit 5 à 10 litres de lait par
jour a besoin de 25 à 30 grammes de sel par jour.
La meilleure manière de distribuer ces minéraux est sous forme de pierre à
lécher à disposition des animaux.
23 kg d’herbe
jeune
+ 2 kg d’aliment composé
osé
= 10 litres
de lait
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3-L’ ALIMENTATION DES GÉNISSES
Les génisses que l’on destine à la production du lait devront être bien traitées et
préparées à leur première gestation.
Elles devront avoir atteint un poids et un gabarit suffisant à leur première saillie
vers l’âge de 1 an ½ à 2 ans ½ selon la race et le niveau d’alimentation).
Pour cela en plus d’un fourrage de bonne qualité, dès qu’elles seront gestantes, on
pourra leur distribuer de 250 à 500 grammes d’aliment composé complémentaire
par jour, en utilisant la même formule que pour les vaches en lactation, cette
fois-ci enrichie en vitamines (environ 50 grammes pour 100 kg d’aliment
composé).
Age
en mois
Aliment composé Quantité
/jour
Type de fourrage
Jusqu’à
4 mois
Oui +
vitamines
1 à
2 kg
Foin de bonne
qualité
4 à
6 mois
Oui +
vitamines
2 à
3 kg
Herbe en pâturage
6 à
12 mois
Oui 2 kg Herbe, foin ou
ensilage
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4- LE SEVRAGE PRECOCE DES VEAUX (METHODE TRADITIONNELLE)
Il est recommandé de sevrer précocement les veaux afin d’économiser le lait de la mère
et d’en laisser la plus grande quantité possible, disponible à la vente.
Moins le veau boira de lait, plus l’éleveur pourra en vendre pour la consommation
humaine!
L’objectif est d’habituer le veau, le plus rapidement possible, à consommer autre
chose que le lait de sa mère et notamment des aliments solides, ainsi à un sevrage
total au plus tard à l’âge de 35 - 42 jours (5 à 6 semaines).
La consommation rapide d’aliments solides va permettre un développement plus rapide
de la panse (rumen) du veau et de sa capacité à digérer les aliments solides.
Âge en
semaines
Lait
maternel
Aliment (18% protéine)
+ eau
Fourrage
1 Colostrum
(laisser le veau boire)
0 0
2 4 litres en 2 fois À volonté 0
3 4 litres en 2 fois À volonté Petites quantité de
foin de très bonne
qualité
4 4 litres en 2 fois À volonté Foin de bonne qualité
5 Diminuer jusqu’à 35
jours
À volonté
Objectif: consommation = 2 kg d’aliment solide par jour à l’âge de 4 mois.
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5-LE SEVRAGE PRECOCE DES VEAUX AU LAIT DE SOJA.
L’objectif est d’habituer le veau, le plus rapidement possible, à consommer autre chose
que le lait de sa mère et ainsi à un sevrage total au plus tard à l’âge de 1 mois, afin
qu’il laisse plus de lait disponible pour la vente.
Préparation du lait (ou bouillie ou sirop) de Soja : après avoir laissé le veau boire le
colostrum (lait de la 1ère semaine riche en anticorps permettant de développer une
certaine protection contre les maladies infectieuses), on peut lui proposer, dès l’âge de
8 à 15 jours, une bouillie à base de graines de soja qui devront être cuites dans l’eau
chaude :
Exemple de formule de lait de Soja :
Graines de Soja crues * 2 kg
Eau bouillante 10 litres
Laisser bouillir quelques minutes en remuant jusqu’à obtenir un liquide
homogène.
Laisser refroidir et ajouter 50 grammes de sucre en poudre et 20 à 30
grammes d’un complexe minéral et vitaminé.
Bien mélanger et filtrer.
Le lait ainsi produit est distribué au veau.
Le filtrat recueilli pourra être donné à la mère, puis au veau dès qu’il
commencera à consommer des aliments solides.
* il existe du Soja local que les éleveurs peuvent acheter auprès des agriculteurs locaux.
Distribution du lait de Soja :
L’éleveur forcera le veau à boire à la tétine ou directement au seau. Il faut 3 à 4 jours
pour que le veau s’habitue à ce nouvel aliment.
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Dès que le veau consomme correctement ce lait de Soja, on peut réduire son temps de
tétée du lait de la mère jusqu’à sevrage complet, vers l’âge de 1 mois, et alimentation
complète au lait de Soja.
Plutôt que de laisser téter le veau, on peut traire la vache et mélanger le lait de la
mère (ou d’une autre vache) au lait de Soja pour faire boire le veau chaque jour en 2
prises, les rations suivantes:
1ère semaine: lait de la mère (colostrum) à volonté,
2ème semaine: 1 litre de lait de Soja + 3 litres de lait de vache,
3ème semaine: 2 litres de lait de Soja + 2 litres de lait de vache,
4ème semaine: 3 litres de lait de Soja + 1 litre de lait de vache,
Semaines suivantes: 4 litres de lait de Soja par jour.
Parallèlement, à partir de 1 mois, l’éleveur distribuera aux veaux quelques aliments
solides les plus digestes possibles : herbe fraîche peu fibreuse, une poignée d’aliment
complémentaire ou de foin de bonne qualité (c’est-à-dire qui a été produit à partir d’une
herbe encore jeune, coupée avant floraison).
On augmentera progressivement la consommation des aliments solides jusqu’à arrêt
complet du lait de Soja vers l’âge de 3 mois au plus tard.