DOSSIER DE PROMENADE COMMENTÉE
Clés :
Période : Juillet 1918;
Lieux : Cuchery (51200)
Belligérants : Allemands, Britanniques, Italiens, Français;
Latitude : 49.130734
Longitude : 3.8241
Titre : Les combats entre le Bois de Courton et le Bois du Roi Juillet 1918
Thèmes : Le flanc ouest de la Montagne de Reims est l'objet de violents combats en juillet 1918.
Distances : Circuit d'environ 16 km reconnu par Monsieur Jean Vedovatti. Le circuit peut être facilement
scindé en deux
Les combats entre le Bois de Courton et le Bois du Roi Juillet 1918
Le circuit pédestre, Départ de la promenade au centre du village Cuchery..
0. départ pour La Croix du Balai
1. Exposé à La Croix du Balai :
40ème division, composition,
dispositif de défense. Bataillon
du 161ème R.I.- 15 Juillet 1918
2. Attaque du 18 Juillet : 82ème
RI, 4ème RI, 54 BTS - 20 Juillet
: 44 BTS - 26 Juillet : 82ème
RI, 329ème RI + chars
3. Lisière de la forêt de Courton
et du Bois du Roi, en 12 jours
huit divisions interviennent dans
ce secteur
4. Attaque par le 53ème BTS
appuyé par lance-flammes d'une
section du génie le 26 Juillet
5. La Poterne - jonction du
5ème CA avec 2ème CAit,
52ème RIC avec 52ème RIit et
plus encore avec des Sénégalais
6. Un peloton du 161ème RI tient cette position durant 3 jours avant d'être relevé (cote 242)
7. Paradis - Les violents combats pour tenter de reprendre ce hameau les 18-20, 23-26 Juillet
8. La Grand Mare - arrêt casse-croûte
9. Cimetière Britannique (Ecossais)
10. Assauts allemands le 15 Juillet avec des chars sur les lignes françaises et italiennes, liaison 5ème CA et
2ème CAit
11. Champlat - 1 ère position depuis le 1er Juin 1918 et retour sur Cuchery par les lisières de la Cohette
N° 1 - Croix du Balai
Après avoir envahi, en août, la Belgique, le 3 septembre 1914, les armées allemandes arrivent dans notre
région refoulant nos troupes vers le sud. Le 6 septembre nos soldats s'arrêtent, font face et à la surprise la
plus complète passent à la contre offensive.
A leur tour les Allemands se replient, s'arrêtent et s'installent défensivement sur une ligne allant de Ville
Tourbe, nord de Reims, nord de Soissons. La première Bataille de la Marne est terminée. La guerre de
tranchées commence.
Notre région est libérée au cours des journées des 10 et 11 septembre et désormais, pendant près de quatre
ans, va vivre sous le bruit des canonnades et des mouvements continuels de troupes.
Le 27 mai 1918, les Allemands lancent une très violente offensive sur la ligne située de Reims à Soissons
(Chemin des Dames). Le dispositif de défense assurée par les troupes françaises et britanniques est enfoncé.
Soissons tombe, Reims est presque encerclé, Château-Thierry est aux mains des Allemands ainsi que la rive
nord de la Marne entre Château-Thierry et l'amont de Dormans, la rive sud reste aux mains des Alliés.
C'est dans ce contexte que notre 40ème Division d'Infanterie intervient dans la région dès le 30 mai, après
de très durs combats dans les bois de Courmont, Bonval et la Cohette, afin de stopper le mouvement ennemi
vers la Montagne de Reims, l'avance allemande est enrayée le 1er juin 1918. Les régiments de la 40ème D.I.
sont répartis comme suit : le 161ème R.I. tient la ligne Champlat, La Neuville au Larris, lisières nord-est du
Bois de la Cohette, le 150ème R.I. tient Cuchery et le Bois de la Cohette, le 251ème R.I. Cuisles, Baslieux
et Le Rodemat. En plus de ses trois R.I., la 40ème D.I. est renforcée par les 6ème, 54ème et 77ème
Bataillons de Tirailleurs Sénégalais, elle est commandée par le Général Laignelot.
A nouveau les combats d'infanterie cessent en dehors de quelques coups de mains. Afin de reconnaître de
part et d'autre les positions d'avant postes mais aussi de tenter de capturer des prisonniers pour en tirer des
renseignements. C'est ainsi que plusieurs de nos patrouilles de nuit sont accueillies près de Boujacourt, dans
le Bois de la Cohette, au Moulin de Jonquery, au Moulin de l'Etau par des coups de fusils et des rafales de
mitrailleuses. Les tirs d'artillerie plus ou moins violents continuent, très loin, sur les arrières. L'artillerie à
longue portée peut tirer jusqu'à 27 kilomètres.
Il est évident qu'à partir de cette ligne de front, résultant de l'offensive allemande du 27 mai, d'autres
batailles sont inévitables :
- Les Français peuvent attaquer sur les deux flancs de la poche, dans le but de la réduire;
- Les Allemands par une attaque sur la montagne de Reims et franchissement de la Marne, d'une part et
attaque sur le front des Monts de Champagne, d'autre part, dans le but de faire tomber Reims, y capturer la
Vème Armée qui en assure la défense et la couverture.
De cette hauteur de la Croix du Balai, cote 223, nous dominons le vallon du ru de Belval. Au fond, vers
l'ouest, Cuchery, avec sur les hauteurs nord ouest le Bois de la Cohette, en haut sur le rebord du plateau, au
nord, la Neuville au Larris Puis le hameau de Paradis au nord est, la ferme de la Charmoise dans le fond à
l'est, le hameau d'Orcourt tout près à 500 ou 600 mètres au sud.
La 40ème Division, depuis son arrivée dans la région, fin mai, tient le secteur. En 1918, un bataillon
d'infanterie est composé, en général, de 600/650 hommes répartis en 3 compagnies et d'une compagnie de
mitrailleuses avec 8 pièces. Chaque compagnie dispose d'une dizaine de fusils mitrailleurs. Un régiment
d'infanterie est formé de 3 bataillons et d'une compagnie de commandement et services (C.H.R. Compagnie
Hors Rang). Un bataillon du 150ème R.I. assure la défense du Bois de la Cohette. Un bataillon du 161ème
R.I. tient les lisières nord de la Cohette et la Neuville au Larris. Un bataillon du 150ème R.I. tient Orcourt et
les bois au sud de ce hameau. Un bataillon du 161ème R.I. tient les hauteurs boisées situées tout de suite à
l'est de la cote 223 et dominant toute la tête de ravin du ru de Belval.
Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1918, les Allemands passent à l'offensive tout d'abord par un formidable
pilonnage d'artillerie qui dure plusieurs heures puis, au lever du jour c'est l'infanterie qui passe à l'assaut.
Très rapidement les défenseurs de la Cohette et de la Neuville au Larris, rescapés du bombardement, sont
infiltrés, puis encerclés. Les Allemands continuent leur progression, descendent les pentes de la Cohette
arrivent à Cuchery et se regroupent.
Sur ses positions le 1er Bataillon du 161ème R.I. a pour mission de tenir à tout prix. Les hommes sont à leur
poste de combat prêts à faire feux. Dès 7 heures, sous la protection d'un barrage roulant les Allemands
gravissent les pentes du Calvaire, immédiatement après les fusils, les fusils mitrailleurs et les mitrailleuses
du bataillon les prennent sous leurs feux. L'assaillant est décimé et se replie.
D'autres éléments qui progressent vers la Charmoise subissent le même sort. Plus tard les assaillant
s'infiltrent dans le ravin d'Orcourt ils sont fauchés par une section de mitrailleuses qui a pris position à La
Fortelle.
A 14 h 50, des mitrailleuses allemandes et un canon de 77 qui ont réussi à prendre position au Calvaire sont
contre-battus par nos mitrailleuses. A 17 h 30, le Commandant reçoit l'ordre de se replier sur la 2ème
position aux environ de Grand Pré. Le mouvement s'effectue à partir de 17 H 30. Le repli se fait avec une
couverture de protection successive dans un ordre parfait, les blessés sont évacués, les armes et munitions
récupérées. Le bataillon passe sous les ordres du 52ème R.I.C. et occupe les premières lignes de la seconde
position, qui est devenue première position. Il est le dernier bataillon du 5ème Corps d'Armée a s'être replié.
Du 15 au 19 juillet, ce bataillon a perdu : 7 officiers, 11 sous officiers et 143 hommes.
N° 2 - Plateau de la Cote 247
Sur ce plateau de la Cote 247 (247 sur les cartes d'Etat Major françaises de 1918, 245 sur les cartes I.G.N.
actuelles) nous arrivons au contact des avants postes de la deuxième position française d'avant l'attaque
allemande du 15 juillet. Un réseau de fils de fer barbelés protège ce plateau orienté sud ouest, nord est, plus
particulièrement dans la zone de pâturage située au sud de la route Orcourt - Grand Pré. En fin d'après midi
du 15 juillet, les groupes de combats allemands arrivent au contact de notre deuxième position et s'y
installent défensivement, en prévision de marches en avant ultérieures. Les bosquets, chemins, lignes de
laies sont occupées, des mitrailleuses y sont installées.
Nous voici donc ici dans
les premières lignes, ne
pas confondre première
position et première ligne.
La première position, à
cette période, est une zone
de combat organisée sur
une profondeur de 5 à 6
kilomètres, alors que la
première ligne est là où
l'on se trouve au contact
des éléments avancés
adverses. Sur cette
première ligne de furieux
combats vont se dérouler
durant une dizaine de
jours.
Les 16 et 17 juillet les
Allemands continuent
leurs assauts en direction
d'Epernay mais pas sur ce
plateau où ils subiraient de
trop grandes pertes. Leurs
attaques se situent au nord
du Hameau de la Poterne
en s'infiltrant dans la forêt
de Courton et sud ouest
par le Bois du Roi et la
Ferme des Savarts. Ici
seulement des accrochages
entre patrouilles et
éléments de
reconnaissance. Au soir du
17 l'avance des Allemands
est définitivement enrayée
sur l'ensemble du front.
Le 18 juillet, la 9ème Division française, qui est composée des 4ème, 82ème et 329ème R.I., complétée par
les 35ème, 44ème et 53ème Bataillons de Tirailleurs Sénégalais, commandée par le Général Gamelin, est
arrivée la veille en secteur, passe à l'attaque.
Au nord de la route Orcourt - Grand Pré, le 4ème R.I., mais plus particulièrement un détachement de
Sénégalais parvient à s'emparer du petit bois situé à environ 250 mètres au sud est de la cote 247. Le 82ème
R.I. attaque au sud de la route. Il débouche des lisières ouest du Bois du Roi. A peine sorti il se heurte au
réseau de barbelés dans lequel aucune brèche n'a été pratiquée, il est pris sur ce terrain absolument plat, par
des feux rasants, de flancs et de face des mitrailleurs allemands. Après avoir subi de lourdes pertes il se
replie à l'intérieur des bois.
Le 20 juillet la 9ème Division reprend son attaque, toujours le même secteur pour le 82ème R.I.. Des
brèches ont bien été pratiquées dans les réseaux de barbelés malheureusement ces travaux ont été repérés
par les Allemands qui se sont empressés d'y braquer leurs mitrailleuses. Quand l'attaque se déclenche, à
nouveau, c'est sous un tir extrêmement violent et meurtrier effectué par les "Maxim". Une fois encore le
82ème R.I. se replie. Mais pouvait-il en être autrement. Quatre ans de guerre n'ont pas encore suffit à
modifier le comportement de certains.
Le 44ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais a pour mission d'attaquer à cheval sur la route Grand Pré -
Orcourt, de conquérir la cote 247 puis de s'avancer en direction de la Croix du Balai, cote 223. Il a été mis à
sa disposition un canon de 37 avec 80 obus, dont 20 sont utilisés afin de détruire au préalable un nid de
mitrailleuses. Les 60 autres devant être employés à neutraliser les mitrailleuses qui se révèlent pendant
l'attaque.
A 8 heures, l'assaut est donné, les groupes de combat franchissent les brèches réalisées dans les réseaux de
barbelés. Les mitrailleuses allemandes crépitent, malgré les pertes les Tirailleurs avancent et se font
décimés. Le canon de 37 a, à peine, épuisé sa dotation d'obus, qu'il est pris sous un tir de 77 qui détruit la
pièce et tue ses servants. Quelques Tirailleurs atteignent la cote 247. Ils sont hachés par les mitrailleuses.
Une cinquantaine d'Allemands débouchant des bosquets de la tête de ravin de la Fortelle passent à la contre
attaque, une vingtaine de Sénégalais commandés par le Sous Lieutenant Belfis entrent en lutte avec eux et
les massacrent presque tous.
Ne recevant pas de soutien, ne pouvant se replier, le 44ème B.T.S. continue à se faire hacher en épuisant ses
munitions même celles récupérées sur les morts et les blessés. Dans le début de l'après-midi, l'aumônier
protestant de la 9ème D.I., venu soigner le Sous Lieutenant Belfis qui était blessé, repart en arrière et revient
chargé de musettes de cartouches.
Dans la nuit seulement, les débris, trop avancés, du 44ème B.T.S. pourront se replier, sous un
bombardement !
Les pertes : Officiers Européens "Indigènes"
Tués 2 19 133
Blessés 5 34 190
Disparus 1 8 89
Total 8 61 412
Les disparus sont ou bien prisonniers, pour certains, ou tués, pour la plus part. Le total global de ces pertes
n'est pas celui d'une division ! Non ! Simplement un bataillon !
N° 3 - Hameau de Grand Pré
Au hameau de Grand Pré, nous sommes a un point extrême de l'avance allemande.
Le 15 juillet, l'assaillant en est arrivé aux abords. Il faudra pas moins de 11 jours de combats pour le
repousser et atteindre Belval qui est à moins de 800 mètres, ce qui laisse entrevoir l'âpreté des combats.
Sur le plateau, en direction de Fleury-la-Rivière, vers le sud, se trouve le Bois du Roi, vers le nord ouest, le
Bois de Courton. Sur ce glacis, qui s'étant de la Marne jusqu'au Bois des Eclisses pas moins de 12 divisions
alliés sont intervenues en 12 jours.
Au sud, de la route en direction de Fleury-la-Rivière : la 8ème Division, la 7ème Division, la 1ère Division
de Cavalerie et même un régiment de la 168ème Division (le 37ème R.I.)
A cheval sur la route : la 10ème Division Coloniale, la 9ème Division, la 40ème Division
Au nord de la route jusqu'à l'Ardre : la 8ème Division Italienne, la 120ème, la 14ème Division, la 51ème
Division écossaise, la 62ème Division Britannique ont participé à ces combats.
A partir du 18 juillet, ne pouvant plus progresser, les Allemands effectuèrent de violents bombardements au
gaz sur le Bois du Roi, le Bois de Fleury et le Bois de Nanteuil, qui n'est pas celui qui figure sur les cartes
I.G.N. actuelle, sur les cartes d'Etat Major de 1918, c'est la partie de la forêt située au nord ouest du Bois de
Fleury et sud est de la Poterne. Une forte proportion de nos troupes y furent soumise et le nombre
d'évacuations, pour intoxication, considérable.
N° 4 - Le 53ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais
Le 26 juillet, le bataillon a pour mission de donner l'assaut aux Allemands qui occupent, depuis le 15 juillet,
le village de Belval-sous-Châtillon et de reconquérir cette localité. Ce bataillon a déjà donné l'assaut, le 18
juillet, vers la Ferme des Savarts contre des éléments de la 1ère Division de la Garde, sa furia fut telle que
des éléments de cette unité d'élite, complètement épouvantés, furent recueillis vers Montigny et Baslieux
puis renvoyés dans les lignes, pourtant ils n'en étaient pas à leurs premiers combats.
L'attaque sur Belval est faite avec l'appui de 8 lance-flammes Schilt, le 329ème R.I. encadre le bataillon en
attaquant les pentes ouest et est du village. Dans un premier temps le 53ème B.T.S. qui occupe le "Point du
Jour" et les bois au sud est de Belval se recule, quelque peu afin de ne pas être atteint par le tir de
neutralisation d'artillerie qui précède l'attaque. A l'heure "H", les Sénégalais s'élancent, "coupe coupe" à la
main, pour certains, grenades pour d'autres, les hommes du Génie interviennent au lance flammes, ensemble
ils enlèvent le premier pâté de maisons.
Les mitrailleuses allemandes crépitent particulièrement celles installées derrière le mur parallèle au mur sud
du cimetière et celles de la pente abrupte, 200 mètres est de l'église que le 329ème n'a pas pu atteindre. Ils
atteignent quelques autres maisons, sont repoussés à la grenade, repartent à l'assaut. La lutte est sanglante et
sans merci, par trois fois l'assaut est donné. D'un côté comme de l'autre on ne fait pas de prisonniers. Puis
chacun se retranche derrière des pans de murs à quelques dizaines de mètres d'intervalle. Le 53ème y passe
la nuit, les Allemands, discrètement, abandonne le village.
Au cours de cette journée, le 53ème B.T.S. a perdu : 50 tués, 71 blessés et 35 disparus. Le 18 sur la Ferme
des Savarts, ses pertes furent de 32 tués, 132 blessés et 15 disparus.
Dans le cimetière communal de Belval-sous-Châtillon une vingtaine de soldats y sont inhumés dont
quelques Tirailleurs Sénégalais. Les tombes sont disposées le long du mur ouest. Les hommes qui y
reposent ont été tués avant le 15 juillet 1918. Leur mort est due soit à des tirs de harcèlement de l'artillerie
allemande, soit d'accident ou de maladie.
N° 5 - Hameau de la Poterne
C'est aux abords du Hameau de la Poterne que se situe, pour la deuxième position, la liaison entre le 5ème
Corps Français et le 2ème Corps Italien. Cette liaison est assurée, les 15 et 16 juillet, c'est à dire lors des
journées les plus critiques de la bataille par notre 52ème Régiment d'Infanterie Colonial, d'une part, et par le
52ème Régiment d'Infanterie Italien, d'autre part. De quoi assurer un maximum de confusion dans la
transmission des ordres et informations. Les Allemands feront un effort particulier sur ce point sensible.
A noter que le 52ème Régiment d'Infanterie Coloniale appartenait à la 10ème Division Coloniale, 5ème
C.A., Vème Armée, et que cette division, à gauche de son front, région de Troissy, avait installé son 33ème
Régiment d'Infanterie Coloniale avec le 33ème Régiment d'Infanterie "métropolitain", 51ème D.I., 3ème
C.A., VIème Armée. Curieux raisonnement de l'Etat Major ou bien inconscience ?
N° 6 - Nord de la Poterne
Le 15 juillet, le Hameau de la Poterne est sur la première ligne de la deuxième position dont la défense est
assurée par le 52ème R.I.C.. Devant l'assaut allemand les rescapés des unités de la première position, tenue
par la 40ème Division, se replient derrière la 2ème position. Toutefois des éléments du 161ème R.I., mis
aux ordres du 52ème R.I.C. au cours de son repli, sont placés en avant du 52ème à 250 mètres, au nord
ouest de la localité. Pratiquement encerclés, isolés, sans aide, ils tiendront jusqu'au 17 au soir avant d'être
relevés.
N° 7 - Le Hameau de Paradis
Dans la matinée du 15 Juillet, les Allemands s'emparent de cette petite localité tenue par les Italiens. Ce
hameau n'est ni sur la ligne de résistance principale, ni sur la ligne de seconde position, il n'est donc que
faiblement pourvu d'organisation défensive et de garnison. Pourquoi ?
Dès que l'état-major allemand prend conscience de son échec offensif (17 Juillet) le hameau de Paradis est
organisé défensivement. Sa résistance et celle de la croupe Croix du Balai - Grand Pré vont bloquer toutes
nos contre attaques dans la haute vallée du ru de Belleval.
Depuis ces hauteurs les Allemands ont des vues excellentes sur tous nos mouvements dans les têtes de
ravin. Les nids de mitrailleuses peuvent s'apporter mutuellement des appuis latéraux par des tirs
d'interdiction.
Les combats pour la possession de ce petit hameau vont être acharnés. Ainsi du 15 Juillet au 27 Juillet 1918,
si l'on se réfère au Journal des marches et opérations de l'infanterie divisionnaire de la 9ème division, il a été
pris et repris 9 fois dont cinq fois pour la seule journée du 20 Juillet.
Ce 20 Juillet, la 9ème division doit s'emparer du hameau avec en première ligne le 35ème Bataillon de
Tirailleurs Sénégalais, à sa gauche dans les pentes un bataillon du 4ème R.I., à sa droite dans le Bois de
Courton des éléments écossais de la 51ème D.I.W. (Division Britannique) et en soutien un autre bataillon du
4ème R.I..
Presque aussitôt qu'il a quitté sa base de départ, le 35ème B.T.S. est pris de très violents feux de
mitrailleuses et ses pertes sont lourdes. Il est alors dépassé par le bataillon de soutien du 4ème R.I.
(Bataillon Charlent) qui, d'assaut, s'empare de Paradis en y capturant la garnison. Dans l'après-midi une
contre-attaque allemande le rend aux Allemands, à 18 heures 30 le Bataillon Charlent le reprend et dans la
soirée les Allemands en reprennent possession.
Le 21, le 4ème R.I. attaque, encore une fois, le village, pour cela il a l'aide d'une compagnie de lance-
flammes. A 9 heures 50, les Français sont maîtres de Paradis mais en sont presque immédiatement rejetés.
Le 22, la 9ème D.I. veut en finir avec la prise de Paradis. Malgré les difficultés d'acheminement des pièces
et des munitions une batterie d'Artillerie de Tranchée de 58 est mise en position. Les mortiers de tranchée de
58 N° 2 (Crapouillots) envoient des projectiles de 35 à 40 kg avec une charge d'explosif d'environ 10 kg, la
portée est d'environ 500 m, les effets destructeurs et démoralisants de ces bombes sont terribles.
Cette batterie d'Artillerie de Tranchée et une batterie d'Artillerie Lourde doivent écraser le village avant
l'attaque d'infanterie. De 15 heures à 17 heures, deux heures durant, les bombes et les obus de gros calibres
tombent. Puis le tir destructeur cesse, l'infanterie française sort de ses trous de protection et tente de se
lancer mais déjà les mitrailleuses allemandes rescapées du bombardement sortent des caves étayées et
fauchent nos fantassins. L'attaque a échoué.
Les 23, 24 et 25 Juillet, il n'y a pas de tentative d'attaque, quelques patrouilles s'approchent prudemment en
reconnaissance vers les ruines. Elles sont aussitôt prises sous le feu des mitrailleuses et tirs de barrage
d'Artillerie.
Le 27 juillet, Les 35ème et 60ème R.I. de la 14ème D.I., qui ont relevé la veille, dans ce secteur, la 9ème
D.I., passent à l'attaque de la position. Dans la nuit du 26 au 27 les Allemands ont quitté le hameau pour se
replier sur Ville-en-Tardenois. Paradis est réoccupé conjointement par ces deux régiments. Seules quelques
brèves rafales de mitrailleuse provenant des hauteurs boisées situées à 250 m à l'ouest sont envoyées par des
retardataires pour couvrir leur décrochement.
N°8 - Aire de pique nique de la Grande Mare, sur la route Paradis -
La Neuville-aux-Larris.
Cet endroit est le 14 Juillet 1918 la limite entre le 5ème Corps d'Armée Français commandé par le Général
Pellé pour le coté sud et le 2ème Corps d'Armée Italien pour la partie nord. Le 54ème Bataillon de
Tirailleurs Sénégalais occupe les pentes coté sud. Dans la journée du 15 Juillet, fortement bousculés par le
mouvement offensif allemand, les Français et les Italiens se replient sur La Poterne.
N° 9 - En arrivant à La Neuville-aux-Larris, venant du hameau de
Paradis, un cimetière militaire côtoie le cimetière communal.
Il s'agit d'une nécropole britannique parfaitement entretenue.
Dans les derniers jours de
Mai 1918, notre front du
Chemin des Dames ayant
cédé devant l'offensive
allemande, la 19ème
Division Britannique est
envoyée,
précipitamment, dans la
région de Ville-en-
Tardenois pour soutenir
les divisions françaises et
tenter de stopper l'avance
allemande.
Dans un premier temps,
prise dans la tourmente,
elle doit aussi se replier.
Puis à partir du 1er Juin
notre front se stabilise et
la 19ème Division
s'établit défensivement
sur la rive gauche de
l'Ardre : Montagne de
Bligny - Bois des
Eclisses.
Avant d'être relevée par la 8ème Division Italienne elle subit plusieurs attaques allemandes dont un assaut
particulièrement brutal le 6 Juin.
Les tombes dont les plaques signalent la mort de soldats en Mai ou Juin sont des sépultures de soldats de la
19ème D.I.W. décédés au cours de ces combats ou dans des sections médicales installées à La Neuville-aux-
Larris.
Toutefois, la majorité des sépultures sont datées des 20, 22, 24 Juillet 1918. Plus particulièrement du 20.
Vers la mi-Juin, la 19ème D.I.W. est donc relevée par la 8ème D.I.It. du 2ème C.A.It., qui, lui, prend
position sur les deux rives de la vallée de l'Ardre, depuis les abords de La Neuville jusqu'au nord-ouest de
Sainte Euphraise. Ce C.A. va subir le choc de l'offensive allemande et devra se replier sur la 2ème position
jalonnée par La Poterne - Pourcy - Courmas après avoir subit des pertes considérables.
Le 20 Juillet les Italiens sont relevés par le 22ème C.A.W. qui est composé de la 62ème D.I.W. et de la
51ème D.I.W.. Cette dernière est la célèbre division écossaise. Le 20 Juillet, l'entrée en ligne de ce corps
d'armée se fait en donnant directement l'assaut par dépassement des lignes : la 62ème sur la droite de
l'Ardre, la 51ème sur la gauche, à partir d'une ligne : Pourcy - La Poterne.
L'assaut donné par les Ecossais est impétueux, les défenses allemandes bousculées. Dans leur élan les
groupes de combats de la 51ème D.I.W. parviennent jusqu'aux lisières nord-ouest du Bois de Courton
devant La Neuville et à Nappes; mais à sa droite la 62ème D.I.W. est stoppée devant Marfaux et à sa gauche
la 9ème D.I. (Française) qui attaque aussi ne parvient pas à reprendre Paradis. Les Ecossais sont trop en
flèche et sous les contre attaques allemandes sont contraints de se replier sur une ligne nord-est de Paradis -
est d'Espilly. Leurs pertes sont lourdes.
D'autres assauts donnés le 22, 24 et 26 Juillet leur occasionnent de nouvelles pertes. Ainsi la majorité des
sépultures de ce cimetière sont celles de ces soldats écossais tués aux combats dans les Bois de Courton. On
peut remarquer le jeune âge de ces hommes du : Gordon Iglanders, Seafort Iglanders, Black Watch et autres.
N° 10 - Sur ce
plateau nous
sommes à un
point de liaison
du 5ème Corps
Français et du
2ème Corps
Italien.
Dans la matinée du 15
Juillet l'infanterie
allemande y a donné
l'assaut appuyée par des
chars d'assaut.
Il est possible que ces chars
fussent de fabrication
britannique ou même
française. Durant la 1ère
guerre mondiale, les
Allemands n'ont fabriqué
que très peu d'engins. Par
contre lors de leurs
offensives du printemps
1918 ils s'emparèrent de
nombreux chars qu'ils ont
utilisés sur différents
secteurs. Notamment sur le
fort de La Pompelle (Tanks
britanniques)
N° 11 - A Champlat, là, se situe la 1ère ligne le 14 Juillet 1918.
En effet depuis le 1er Juin 1918, l'offensive allemande du 27 Mai est venue s'échouer ici sous les feux de
notre 161ème R.I. et de quelques éléments disparates d'autres unités dont quelques groupes de la 19ème
D.I.W..
Les Allemands sont à Boujacourt. Le fond du vallon qui courre vers le nord est la ligne de no man's land.
Sur chacune des pentes, chacun s'y installe défensivement avec quelques avant postes et réseau de fils
barbelés.
Dans le courant du mois de Juin un tir d'obus incendiaires effectué par l'artillerie française sur le Bois
Bourquet (2000 m au nord de Champlat) met le feux et en chasse, provisoirement les Allemands qui le
quittent en s'enfuyant sous le regard des soldats du 161ème.
Quelques jours seulement avant le 15 Juillet, par ordre de notre 5ème Armée (Général Berthelot), le 2ème
C.A.It. étend son front sur sa gauche, le 161ème est relevé à Champlat par des éléments du 19ème R.I.It.,
qui, comme pratiquement toutes les unités de première ligne, seront anéantis ce 15 Juillet. Champlat est
réoccupé par la 14ème D.I. (Française) le 27 Juillet.