L’Université du Québec (UQ) et ladémocratisation de l’éducation
Quelques repères sur l’évolution de la population étudiante de l’UQ
85e Congrès de l’ACFAS, Montréal, 10 mai 2017
Pierre DorayCIRST et Département de sociologie, UQAM
Sylvie BoninDirection de la recherche institutionnelle, UQ
Introduction
• Éducation et formation des étudiants, un des apports fondamentaux des universités au développement d’une société• Accès aux études universitaires• Insertion sociale et professionnelle
• Démocratisation quantitative (part d’une génération qui y accède)• Démocratisation qualitative (les formes ou les traits de la démocratisation)
• Fondation de l’Université du Québec• Faire face à la croissance démographique• Accessibilité accrue aux études universitaires• Constituantes régionales ou spécialisées
• Démocratisation géographique ou institutionnelle
• Angles d’observation retenus• Établissement : localisation géographique ou mission• Étudiants : accès selon le sexe, l’âge, l’origine sociale et le capital culturel
Angles d’observation
Massification de l’enseignement supérieur
• La régionalisation des études
• Les vocations particulières des constituantes
• Les études à temps partiel
• Les études de 2e et 3ecycles
• La démocratisation selon le genre
• La démocratisation par l’éducation des adultes
• L’effet de l’origine sociale • Situation socio‐économique
• Étudiants de première génération
Création de l’UQ
• Loi fondatrice de l’UQ sanctionnée le 18 décembre 1968
• Création de l’UQAM, de l’UQTR, de l’UQAC et du Centre d’études universitaires de Rimouski (UQAR en 1972)
• INRS en décembre 1969, début des cours hiver 1970; ENAP en septembre 1970
• Janvier 1970, Services universitaires du Nord‐Ouest québécois temporairement rattachés à l’UQTR (UQAT en 1983)
• Création des Services universitaires de l’Outaouais en septembre 1971 (UQAH en 1981, UQO en 2002)
• Début des cours offerts à la TÉLUQ en septembre 1972
• En 1972, création de l’Institut de microbiologie et d’hygiène (IAF en 1974, rattaché à l’INRS en 1998)
• Création de l’ÉTS en mars 1974, devenue une école d’ingénieurs en 1990
Massification des études universitaires
Inscriptions québécoises
En nombre d’étudiants• Hausse de 143 % des inscriptions
universitaires au Québec depuis 1970
• Croissance continue sur la période, sauf années 1990 (droits de scolarité)
0
50 000
100 000
150 000
200 000
250 000
300 000
350 000
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
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2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Nombre d’inscriptions – Tous cycles – 1970‐2015
Univ. urbaines hors UQ Univ. région hors UQ Univ. urbaines UQUniv. région UQ Total UQ Total hors UQTotal
En proportion d’étudiants• Arrivée de l’UQ – rééquilibrage
entre universités (1970‐1981)
• Part des universités urbaines hors UQ passée de 80 % à 60 %
• Période de stabilité
• En 2015, près du tiers à l’UQ, dont 17 % dans les universités urbaines
Regard par l’institutionDémocratisation géographiqueDémocratisation institutionnelle
Démocratisation géographique
• Avant l’UQ, 2 des 8 établissements en dehors de Mtl et Qc (Estrie)
• Avec l’arrivée de l’UQ, 5 autres établissements en région + TÉLUQ• 1970 : 12 % des inscriptions en région • 2015 : 23,5 % des inscriptions en région (dont 16,5 % dans les constituantes de l’UQ)• 2015 : 27 % des inscriptions aux cycles supérieurs en région
• Importance d’une offre de cours à proximité
Université du Québec• Des campus dans 10 régions
• Présente dans toutes les régionsen considérant les cours hors campus
• Dans 60 villes et municipalités
Établissement àvocation générale
Tous régimes et cycles confondus
Premier cycle àtemps partiel
UQAM 17 % 29 %
UQTR 38 % 55 %
UQAC 55 % 69 %
UQAR 32 % 42 %
UQO 45 % 47 %
UQAT 51 % 54 %
Réseau 33 % 44 %
Principal motif du choix de l’établissement : Proximité
Démocratisation institutionnelle• Inscriptions de l’ÉTS augmentent à partir de
1990 (reconnaissance du diplôme)• Croissance soutenue malgré une baisse des
étudiants en techniques physiques
• Progression rapide des inscriptions à la TÉLUQ en début de période, puis diminution entre 1983 et 1993
0
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
12 000
14 000
1970
1972
1974
1976
1978
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1982
1984
1986
1988
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2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Inscriptions – Établissements spécialisés
INRS ENAP ÉTS TÉLUQ
Constituantes à vocation particulière• INRS, un institut de recherche
(2e et 3e cycles)
• ENAP, dédiée principalement à la formation des cadres et des professionnels de la fonction publique (2e et 3e cycles)
• TÉLUQ, formation à distance
• ÉTS, École d’ingénieurs pour les diplômés de l’enseignement technique au collégial
Inscriptions à temps partiel
• Bien que le nombre d’étudiants universitaires à temps partiel au Québec soit en hausse, la part du temps partiel est toutefois en baisse
• 18 points de pourcentage de moins entre 1970 et 2015
• Malgré la baisse, part de temps partiel demeure plus élevée à l’UQ• En région, la moitié étudie encore à temps partiel en 2015
• Les proportions les plus élevées sont à la TÉLUQ, l’UQAT et l’UQAR
• ENAP et HEC ont des parts supérieures à 50 %
Universités 1970 1982 2000 2015
Urbaines hors UQ 52 % 45 % 33 % 28 %
Région hors UQ 19 % 34 % 38 % 34 %
Urbaines UQ 57 % 56 % 51 % 39 %
Région UQ 67 % 72 % 60 % 49 %
Total 52 % 50 % 41 % 34 %
Proportion d’étudiants à temps partiel dans les universités québécoises
Massification des études supérieures
• Proportion des étudiants aux cycles supérieurs en hausse sur la période 2000‐2015
• Hausse pour chacun des regroupements
• Particulièrement marquée pour Sherbrooke
10,0%
15,0%
20,0%
25,0%
30,0%
35,0%
40,0%
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
Part des cycles supérieurs sur le total des inscriptions
Univ. urbaines hors UQ Univ. région hors UQUniv. urbaines UQ Univ. région UQ
• Au niveau de la province• En 1970, 9 % des étudiants
étaient aux 2e et 3e cycles
• En 2015, la part atteint 23 %
• Croissance de près de 530 %
• UQ joue un rôle de plus en plus important aux cycles supérieurs
• Part des universités urbaines hors UQ a perdu 33 points de pourcentage sur la période
• En 2015, l’UQ forme 27 % des étudiants de 2e et 3e cycles
Regard par les publicsSelon le genreSelon l’âge Selon l’origine socialeSelon le lieu de naissance
Présence des femmes
• Le nombre de femmes à l’université a augmenté rapidement (de 33 % à 58 %)
• Contribution particulière des constituantes en région à l’accès des femmes (67 %)
• 70 % ou + de femmes dans tous les domaines, sauf SPA (40 %) et admin (58 %)
25,0%
30,0%
35,0%
40,0%
45,0%
50,0%
55,0%
60,0%
65,0%
70,0%
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014
Proportion de femmes selon le type d’universités – 1970‐2015
Univ. urbaines hors UQ Univ. région hors UQ Univ. urbaines UQ Univ. région UQ Total
Accès selon l’âge(Adultes : 25 ans et plus au 1er cycle (étrangers exclus)
• UQ : Croissance jusqu’en 1992 (50 000), puis redescend; Davantage en région jusqu’en 1995
• Plus d’adultes à l’UQ que hors UQ (2015: 51 % pour UQ vs 32 % pour hors UQ)
• Une plus grande part d’adultes pour UQ en région que UQ urbaines
• Proportion diminue dans le temps à l’UQ pour les deux types d’universités (étudiants en moyenne plus jeunes)
0
10000
20000
30000
40000
50000
1976
1978
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1988
1990
1992
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1996
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2002
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Inscriptions des adultes – 1976‐2015
Univ. urbaines hors UQ Univ. région hors UQ Univ. urbaines UQ
Univ. région UQ Total UQ Total hors UQ
0,5
0,55
0,6
0,65
0,7
0,75
0,8
0,85
0,9
0,95
1
1976
1978
1980
1982
1984
1986
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2002
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Part du temps partiel chez les adultes
Univ. urbaines hors UQ Univ. région hors UQUniv. urbaines UQ Univ. région UQ
Origine sociale
Situation socio‐économique – Emploi des parents• Absente des données administratives, Série partielle grâce aux enquêtes
• Catégorie d’emploi du père – Enquêtes ICOPE de 2001 à 2011• 2001 : personnel spécialisé ou technique (42 %), personnel de bureau, soutien et intermédiaire,
professionnels, cadres supérieurs et administrateurs
• 2011 : personnel spécialisé ou technique (35 %), cadres supérieurs et administrateurs, professionnels, personnel de bureau, soutien et intermédiaire
• Évolution de la situation des nouveaux étudiants à l’université
• L’UQAM se distingue des établissements en région : un peu plus de familles au statut social plus élevé (un peu plus de cadres, d’administrateurs et de professionnels)
Scolarité des parents – Étudiants de première génération• Concept créé aux É‐U (1970), utilisé au Québec depuis 15‐20 ans par l’équipe de
recherche Transitions et la recherche institutionnelle de l’UQ
• Évolution du concept : parents sans diplôme universitaire versus sans expérience universitaire
Étudiants de première génération
• Davantage d’EPG dans les universités en région
• Baisse significative de la proportion des EPG en plus de 20 ans• Les EPG demeurent majoritaires en région en 2016
• Proportionnellement plus d’EPG en sc. infirmières, administration et éducation
• Moins en droit, sciences pures et arts
• Selon NSSE 2011, plus d’EPG à l’UQ que dans les établissements hors UQ
76% 72% 73% 68% 64% 59%59% 54% 52%44%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
1993‐94 1996‐97 2001 2006 2011 2016
Proportion d’EPG au 1er cycle à l’UQ selon ICOPE
Univ. région UQ Univ. urbaines UQ
Définition ICOPE :SANS expérienceuniversitaire
Recrutement à l’étranger
• Baisse démographique inquiète les établissements• Pression pour recruter à l’étranger• Part d’étudiants étrangers au Québec est passée de 4,5 % en 1975 à 12,2 % en 2015• Hausse plus marquée au cours des cinq dernières années
0,0%
2,0%
4,0%
6,0%
8,0%
10,0%
12,0%
14,0%
16,0%
2000
2001
2002
2003
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2006
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2008
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2014
2015
Proportion d’étudiants étrangers – Tous cycles – 2000‐2015
Univ. urbaines hors UQ Univ. région hors UQ Univ. urbaines UQ Univ. région UQ Total
4,5 % au Québecen 1975
Synthèse
• Croissance des effectifs universitaires depuis 1970 (sauf années 1990)
• Avec l’arrivée de l’UQ, offre de cours partout sur le territoire (proximité)
• Rééquilibrage entre universités, puis une certaine stabilité par la suite
• Stabilité de la proportion, mais évolution des caractéristiques
• Femmes majoritaires dans presque tous les domaines d’études
• Étudiants de l’UQ deviennent avec le temps un peu plus « traditionnels »• Rajeunissement de la clientèle
• Diminution de la part du temps partiel
• Proportion des étudiants de première génération en baisse
• Davantage d’étudiants aux cycles supérieurs
• Part croissante d’étudiants étrangers
Questions
• Stratégies universitaires• Globalement, la croissance absolue des universités et la stabilité du poids relatif de
chacune dans le temps, et spécialement depuis les années 2000, ne remettent‐ils pas en question la chasse à la clientèle que mènent les universités ?
• Missions et orientations des universités • Devons‐nous renouveler les missions de démocratisation et de justice du réseau de
l’UQ devant la tendance à la baisse des adultes en retour aux études, des EPG, des étudiants à temps partiel et de la recomposition socio‐économique des étudiants et étudiantes ?
• Les universités québécoises ont su contrecarrer la baisse des jeunes par une diversification de leur public, est‐ce que cela sera encore possible ? (Impact probable de la baisse démographique)
• Comment ajuster l’offre d’activités de formation pour accomplir la mission de démocratisation des savoirs ? Doit‐on diversifier nos actions (ex. dans le non‐crédité) ?
• Comment assurer un financement juste pour assurer cette diversification ?